Les Elevages autour de Saman

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Lubie Séguin
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Lubie Séguin » mer. 30 déc. 2020 21:18

Izel expliqua avoir vu l'aigle piquer dans le fourré et elle se demandait bien qui il attaquait comme ça.

Et elle avait raison. Il les suivait depuis plusieurs journées afin de récupérer l'armure. Il serait stupide de sa part qu'il quitte son guet pour tout simplement aller chasser... Quoique .... Quoique d'un autre côté, il avait besoin comme tous de s'alimenter, et on ne pouvait disparaître ainsi en un claquement de doigts...il était donc possible qu'il ait simplement vu l'opportunité de tuer une proie.

Aussi intriguée, elle décida d'aller voir et la naine décida de la suivre, tout en lui faisant remarquer.

"Je te suis. Même si l'armure te protège, n'oublie pas qu'elle t'affaiblit également."

Izel s'élança, la naine sur ses talons avec moins de difficulté qu'on l'aurait cru, puisque c'était elle qui traçait la voie, Lubie n'avait qu'à marcher dans ses pas.

Elles entendirent alors d'étranges piaillements et accélèrent le rythme. Et lorsque qu'elles arrivèrent à sa hauteur, l'aigle était là près du sol, ses griffes grattant la terre et son bec tentant d'atteindre quelque chose de caché dans son terrier.

Lubie courut vers lui, pioche en main pour lui faire peur, mais sans succès.

Plutôt que de reculer, il ouvrit son bec et ses ailes menaçant ainsi de l'attaquer.

"Je pense qu'on devrait retourner au cheval... il est sans doute seulement à la chasse."
Modifié en dernier par Lubie Séguin le mer. 3 nov. 2021 01:38, modifié 4 fois.

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Izel
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Izel » jeu. 19 août 2021 21:08

Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Izel aperçut que sa lance avait changée. Elle semblait maintenant faite... d'une boule de gui ? Un peu perturbée, elle se demanda ce qui se passait, mais Lubie se hâtait déjà vers l'aigle. Celui-ci, nullement impressionné, pris une posture menaçante, de sorte que la naine songea à reculer. Hors de question !

Izel, marchant péniblement à cause de la petite armure, s'avança vers l'aigle en brandissant sa lance. Était-ce la menace évidente ou le pouvoir de l'armure ? En tout cas, l'aigle s'envola aussitôt avec un piaillement furieux, laissant derrière lui sa cible... et là encore, Izel crut un instant que sa vision lui jouait des tours : un être à l'apparence minuscule, mais à part cela globalement humain, se tenait ici. Il se redressa péniblement, légèrement blessé, et tourna un regard reconnaissant vers ses sauveurs. C'était la première fois qu'Izel voyait un lutin...

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Lubie Séguin
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Lubie Séguin » lun. 6 sept. 2021 01:23

Courageuse ou inconsciente du danger, ou un peu des deux, Izel refusa de rebrousser chemin, elle voulait coûte que coûte voir sur quoi l'aigle s'acharnait.
L'armure affaiblissait déjà Izel, mais celle-ci persistait tout de même à faire face au redoutable rapace.
Lorsqu'elle s'en approcha, l'aigle repartit en vol émettant un cri agressif.

(C'est trop facile ! ) Pensa Lubie en regardant l'oiseau prendre de l'altitude.

Elle reporta ensuite son attention sur Izel et laissa échapper un cri de stupeur.

" Oh "

Devant elle se tenait un être pas plus grand que trois pommes et pourvus d'un petit chapeau bien calé sur sa tête tout en laissant ses oreilles dépasser. Il avait le teint très pâle, ce qui contrastait avec ses cheveux noirs et ses yeux d'un brun très sombre. Ne semblant pas les craindre, il sortit du terrier qu'il avait emprunté, secoua la terre sur ses vêtements et salua les aventurières.

C'était la première fois que Lubie voyait un lutin, et sans se rendre compte que cela pouvait paraître impolie, plutôt que de s'adresser à lui, elle parla à Izel

" Il est tout petit, l'armure doit lui appartenir... donne-là lui immédiatement ! " Dit-elle avec empressement... puis réalisant son impolitesse involontaire, elle rajouta.

"Bonjour, je suis Lubie Séguin."

Et alors qu'ils faisaient connaissance l'aigle fondait en piqué sur eux.
Modifié en dernier par Lubie Séguin le mer. 22 sept. 2021 01:37, modifié 1 fois.

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Izel
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Izel » mer. 8 sept. 2021 08:17

Apparemment, Lubie était toute aussi surprise qu'elle. Elle contemplait le petit homme, émerveillée, faisant remarquer ce que l'esprit légèrement embrumé d'Izel n'avait pas encore réalisé : cette créature était à la taille de l'armure.

Alors que la jeune femme se penchait, émerveillée, le lutin leva des yeux effrayés :

« Attention, il revient ! »

Son avertissement vint juste à temps. Izel se jeta de côté, esquivant de justesse les serres du rapace qui venait de lui piquer dessus ! Il fit encore un tour, puis vint se poser plus loin... et changea de forme. Encore un tzantak...

Même sous forme humaine, il avait encore des serres de rapaces, sans doute des gants passés à ses mains, une grande cape de plumes et un masque d'oiseau, qui laissait juste entrevoir sa bouche.

« Qui êtes-vous ? demanda l'ayajpak. Allez-vous-en ! »

L'homme répondit par un sifflement furieux, à peine humain. Le petit homme s'exclama :

« C'est un membre de la secte des belandars ! Des chamans qui ont rejeté leur humanité pour se comporter comme des bêtes ! Des prédateurs sans pitié ! »

Izel tira la petite armure de son sac :

« Est-ce que cela vous appartient ? »

Le petit homme laissa échapper une exclamation de surprise en voyant l'armure... mais le belandar, lui, poussa un cri de rage et se rua à l'attaque !

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Lubie Séguin
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Lubie Séguin » mer. 22 sept. 2021 01:57

Lubie venait tout juste de se présenter, mais au lieu de faire de même, le lutin préféra les prévenir d'un danger.

« Attention, il revient ! »

Izel, Lubie et le lutin plongèrent suffisamment rapidement pour éviter les griffes acérées du rapace. Voyant son échec en vol , il fit demi-tour pour atterrir non loin d'eux et reprendre une forme humaine. Lubie l'examina avec attention, son habillement l'intriguait, puisqu'il représentait l'animal dans lequel il se transformait : cape de plumes et masque d'oiseau.

Alors que Izel demandait à cette apparition de s'en aller, Lubie, elle préféra se placer devant le lutin pour le protéger ou du moins le cacher de la vue du prédateur ailé.

Pour toute réponse l'homme-aigle se contenta de siffler agressivement.

De son côté, le petit lutin s'avéra plus volubile.


« C'est un membre de la secte des belandars ! Des chamans qui ont rejeté leur humanité pour se comporter comme des bêtes ! Des prédateurs sans pitié ! »


Alors que Lubie se tenait toujours entre le petit homme et le membre de la secte dont Lubie n'avait pas retenu le nom, Izel sortit l'armure de sa tunique et le montra au lutin. Ce dernier surpris ouvrit de grands yeux alors que le belandar se rua à l'attaque.

Gonflée de courage, Lubie resta en place, espérant que le lutin ferait ce qu'il avait à faire et qu'elle ne se serait pas sacrifié pour rien en le protégeant de son corps de naine.

Arrivé à la hauteur de la naine, l'homme aigle l'empoigna par la gorge, sans qu'elle ne put l'en empêcher, la souleva de terre et la projeta plus loin. Lubie tomba lourdement au sol, sur son dos, les poumons vidés d'air momentanément pas la dure réception sur la terre battue.

Elle croyait avoir échoué dans sa tentative, mais il n'en fut rien. Les quelques secondes qu'elle avait servi de bouclier avaient permis au petit lutin d'enfiler l'armure qui lui appartenait.

Ce petit homme dégaina son arme et l'homme-aigle recula. L'armure qu'il avait tant convoité lui était désormais hors de portée. Même si Lubie et Izel ne pouvaient comprendre le pouvoir d'une telle armure, il n'en était autrement du chaman qui avait retiré son masque dévoilant un visage désormais teinté de peur.

Le lutin dégaina son épée et fit un pas en direction du shaman. Ce dernier se transforma immédiatement en aigle et partit sans demander son reste.

Le lutin se tourna vers Izel:
"Allons voir comment se porte votre ami."

Il se nomma, mais Lubie ne put l'entendre puisqu'elle avait perdue connaissance quelques secondes avant.
Modifié en dernier par Lubie Séguin le mer. 3 nov. 2021 01:42, modifié 1 fois.

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Izel
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Izel » sam. 25 sept. 2021 11:35

Mais à ce moment-là, Lubie se précipita en avant pour s'interposer. Izel voulut se porter à son secours, mais son instinct lui dit de plutôt se tourner vers le lutin. Elle lui tendit l'armure tout en dégrafant les attaches, pour qu'il puisse plus facilement l'enfiler. Bien que ses forces commencent dès lors à revenir, lorsque la jeune femme se releva pour venir en aide à son amie, elle chancela et ne parvint pas à se ruer à l'attaque. C'était sans doute heureux pour elle, car le tzantak venait déjà de rejeter la guerrière avec une facilité déconcertante. Il voulut poursuivre son attaque, mais il était trop tard : le lutin en armure se précipita vers lui en brandissant une petite épée. L'homme recula précipitamment, son masque tombant pour dévoiler un visage marqué par la peur. En un instant, il se changea en aigle et prit la fuite.

Izel se pencha vers le masque d'aigle et le ramassa, un peu surprise. Le lutin se présenta :

« Hé bien ! Il était moins une ! Je suis Val-vert, vaillant protecteur des lutins de Tuile-aux-rimes ! »

« Cette armure vous appartient ? » demanda Izel, incertaine.

« Oh oui ! Elle appartient à ma famille depuis des générations ! Elle est plutôt pratique pour éloigner les bêtes sauvages... Mais venez, nous devrions emmener votre amie, pour s'assurer qu'elle va bien... »

Izel inspecta rapidement ses blessures. Elle était juste sonnée, mais un examen par un médecin ne ferait pas de mal. La naine n'était pas légère, mais Izel reprenait rapidement ses forces et elle parvint à la soulever tant bien que mal, suivant le lutin qui la guidait...

(((Izel ramasse le masque à tête d'aigle)))

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Triam
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Triam » mer. 7 sept. 2022 01:28

Le départ se fait dans le silence. Assis à l'arrière, à une distance raisonnable de l'arbre vivant et le nez recouvert par le col de mon manteau, je peux voir Tulorim s'éloigner lentement. Je peux voir du coin de l’œil une minuscule paire de jambes pendouiller du toit. Dans la caravane, les regards ne se croisent pas. Les yeux sont tournés soit dans le vide en face, soit honteusement vers le bas. La réalité se fait pesante, ces elfes noirs, ces orques, ces gobelins viennent de quitter leur demeure, sans doute à jamais, un exode à la recherche d'un monde non partisan, libre de la paranoïa caractéristique de cette nouvelle ère oaxienne.

Les verts pâturages de la campagne whieloise défilent sous mes yeux. Je me rappelle de mon premier voyage, celui qui m'a vu quitter ma Nélys natale pour étudier à l'université de magie de Tulorim. L'an prochain, ce sera Kendra Kâr. Pourquoi me sens-je aussi frustré, alors qu'une telle tragédie se déroule autour de moi ? J'en viens même à les envier, eux qui ont perdu toute attache. Ils m'ont l'air... libres. Non. C'est juste un caprice.

Je sais que Malvales épie chaque battement de cil, chaque souffle, chaque toussotement lâché dans notre convoi. Je retiens cet éternuement depuis une bonne minute, mais contrairement à lui, rien ne me mets plus mal à l'aise que d'attirer tous ces yeux sur moi, ne serait-ce que pour un instant. L'intérieur de mon nez me pique, et mes muscles se contractent contre mon gré, c'est inévitable.

"Aatchoum !"
"Atchou !"

Je ne suis pas le seul à être affecté par le pollen. Un elfe noir, un des rares hommes, à vrai dire, bien qu'il soit dur de déterminer à ses seuls traits s'il est un adolescent ou un quadricentenaire.

"Mes excuses."

Le son de sa voix laisse penser qu'il n'est pas loin de mon âge en années elfes. Il sort un bout de chiffon dans lequel se moucher. Je ne peux m'empêcher de m'attarder sur son apparence singulière. Bien qu'ils ne soient pas riches, les autres shaakts ne portent pas le même genre de guêtres rapiécées à l'extrême qui lui donnaient un air de vagabond. Ses cheveux hirsutes et ses épaules carrées lui donnent un air bien moins domestiqué que les autres, comme s'il n'était que de passage. Au bout d'un moment, il finit par remarquer ma curiosité. Je détourne les yeux, mais il me lance un autre chiffon.

"Il ne faut pas rester comme ça. Surtout avec M. Pique-le-nez juste à côté."

Il adresse un sourire à Malvales. J'ai du mal à ne pas voir ça comme un signe de mépris déguisé.

"Merci." me sens-je obligé de lui répondre.
"Mais de rien. Vous aussi, vous comptez nous suivre jusqu'à Syllive ?"
"Syllive ?"

J'ai déjà entendu ce nom de la bouche de Corsos, mais il ne m'évoque rien.

"La ville brumeuse. Au milieu du lac. Coupée du monde. À ce qu'on dit, ils hébergent n'importe qui tant qu'on respecte Brytha, leur déesse."

La caravane tourne, et un rayon de jour transperce l'obscurité y résidant. Le jeune shaakt grimace et se cache derrière une couverture qu'il avait pliée derrière lui. Dans le silence, les autres elfes couvrent leurs enfants et se cachent derrière des voiles opaques attachés à leurs capuchons.

"En toute honnêteté, je n'aime pas vraiment l'idée de devoir me prosterner devant une femme. Mais au moins..."

Il laisse s'échapper un rire cynique alors qu'il se penche vers moi, ses yeux jaunes s'approchant beaucoup trop près à mon goût. Je finis par remarquer la fine cicatrice qui traverse ses lèvres.

"Au moins, ce n'est pas Khonfas."

Il se rassit sans élaborer. Les autres shaakts baissent la tête, comme si l'évocation du Matriarcat leur rappelait de tristes souvenirs.

"Nous descendons à Saman pour prendre la route de Yarthiss."

Je le précise comme pour mettre un point d'honneur sur le fait que je n'allais pas rester bien longtemps son compagnon de voyage. Il y a quelque chose en lui qui m'insupporte, une arrogance singulière. Il semble comprendre cela et se tait, rabattant sa couverture pour se protéger du soleil.

Je pense soudain à ma charge. J'ouvre une partie de mes bagages pour en sortir le plat cuivré aux gravures mystérieuses. J'ai du mal à croire que cette vieillerie vaille la peine d'un si long voyage, mais au moins, ils restaient sur la route la plus sûr et la plus pratiquée de tout le continent. Leur aventure serait bien pauvre en rebondissements.

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Guasina
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Guasina » mer. 7 sept. 2022 01:29

Les jours s’écoulèrent alors que le convoi avançait à un rythme régulier en direction de Yarthiss. Ne représentant aucune menace pour eux, les gens s'étaient habitués à notre présence. Si certains nous évitaient, ce n'était pas le cas des enfants.
Tout comme moi ces derniers avaient pris l’habitude de demeurer sur les toits des diligences. Ils profitaient des arrêts pour changer de diligence et ainsi jouer avec d’autres amis ou d’autres jeux. Je m’étais vite attachée à la famille composée de trois fillettes shaakt, dont la poupée de la benjamine avait hérité de l’une de mes plus belles robes. Je ne regrettais point mon don, je ne l’avais jamais mis et je n’aurais eu sans doute aucune occasion pour la mettre. Et puis, voir la petite prendre plaisir à jouer avec sa poupée vêtue comme une reine me procurait un grand réconfort.

Puis un matin, j’entendis la benjamine, Colette crier mon nom deux diligences plus loin. J’hélai immédiatement Pataud, sautai sur son dos et me fit conduire jusqu’à la petite.

À mon arrivée, elle pleurait toujours, mais sa sœur Candide tentait de la consoler. La cadette me montra la main de sa frangine, puis me dit :

« Veux-tu la soigner s’il vous plait ? Elle ne veut pas que je m’en occupe, elle veut absolument que ce soit toi. »

Je m’approchai davantage de Colette, regardai la blessure bénigne qui lui fit plus de peur et de pleurs que de mal et lui dis doucement.

« Laisse ta grande sœur s’en occuper, je ne suis pas une guérisseuse moi. »

Sans arrêter de pleurer, boudeuse, elle rétorqua :

« C’est faux ! Papa m’a bien dit qu’il sentait des fluides de lumière en toi ainsi que l’influence de Yuimen ! »

Interloquée et légèrement contrariée, je fis l’effort de garder une voix douce envers la gamine que je trouvais un brin capricieuse.

« Je possède en effet des fluides de lumières, mais je ne sais pas m’en servir pour guérir. »

Là ce fut la plus grande qui parla avant de réfléchir :

« Mais c’est du gâchis. » Mais elle s’en mordit les lèvres immédiatement, ne voulant sûrement pas me blesser.

Bouche bée, je la regardais perplexe. Comprenant que je ne pouvais rien pour elle, Colette tendit enfin sa main blessée et légèrement ensanglantée à sa sœur cadette. Cette dernière prit la main de Colette de sa main gauche et ferma ses yeux pour se concentrer. Lorsque sa main droite fut lumineuse, elle ouvrit les yeux et recouvra la main de la petite de la sienne. Prisonnière des mains de la sœur ainée, je ne pouvais voir la blessure se cicatriser, mais je voyais bien les rayons de lumière s’en échapper.
Quelques secondes plus tard, le soin était terminé et la petite était guérie.

Devant mon regard interrogatif, l’ainée m’expliqua :

« Il s’agit du souffle de Gaïa. »
Devinant ma pensée, elle rajouta :
« Je suis à peine apprentie et je commence à peine à le maitriser, je ne pourrais te le montrer. En plus, il n'y a pas qu'un façon de pratiquer ce sort...chacun l'exécute à sa manière selon sa propre essence... Enfin, c'est ce que papa me répète toujours. »

Ce à quoi je répondis :

« Je comprends… et je pense que je connais quelqu’un qui pourrait me montrer. »

Avec l’espoir de pouvoir guérir à mon tour, je ne perdis pas une seconde pour remonter sur Pataud pour rejoindre le toit de ma diligence, celle-là même dans laquelle se trouvait Triam et Malvales.

Je me devais d'apprendre ce sort. Lors de ma mission dans un autre monde, j'avais eu l'opportunité de rencontrer Yuimen, ou peut-être n'était-ce que son émissaire. Quoi qu'il en soit, il m'avait expliqué qu'il m'avait choisi comme protectrice,... protectrice d'âme. Il avait été avare d'explications, se contentant de me dire que le strict minimum, me laissant découvrir par moi-même ce que ça impliquait. Ainsi, je savais déjà que par l'intermédiaire de mes flèches, je pouvais illuminer le ciel ou bien me lier à mes compagnons afin de les protéger. De nature un peu naïve, j'ignorais que je pouvais exploiter ces fluides de lumières à d'autres desseins. Et guérir les personnes blessées correspondaient à l'idée que je me faisais d'une protectrice. Avant de pouvoir guérir les âmes, je tenterai de les guérir physiquement.


Une fois à destination, je sautai sur le toit, puis je frappai quelques coups pour attirer l’attention. N’entendant pas de réponse, j’entrepris d’aller le rejoindre. Je me dirigeai donc vers l'arrière de la caravane. M’agrippant fermement aux moindres reliefs des rebords, je descendis la paroi latérale de la diligence jusqu’à ce que je sois à une hauteur raisonnable avant de sauter à l’intérieur. J’atterris souplement sur le sol en effectuant une roulade. Sans m’occuper des autres qui me regardaient, telle une importune qui avait fait intrusion dans leur véhicule, je levai la tête en direction de Triam tout en m’adressant à lui.

« Puisque tu travailles dans une boutique de magie, je pense que tu pourrais me filer un petit coup de main. »

Tout en attendant sa réponse, je grimpai sur le bout de son pied, escaladai sa botte droite, puis son mollet. Une fois sur ses genoux, j’attendis qu’il me dépose sur ses épaules, si cela lui convenait bien sûr.

( Début de l'apprentissage (phase 1) de la CC de lumière Souffle de Gaïa : Phase de découverte. )
Modifié en dernier par Guasina le jeu. 8 sept. 2022 01:18, modifié 1 fois.

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Triam
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Triam » mer. 7 sept. 2022 18:49

Nous traversons bien vite les propriétés verdoyantes de riches marchands, champs labourés sans cesse par des travailleurs assujettis par l'or au lieu du sang. Je ne peux m'empêcher de penser que les maîtres bourgeois de Tulorim sont autant de nobles aux yeux du roturier. Derrière les villas s'éloigne la capitale du Wiehl, le royaume du commerce, des intérêts, de l'opportunisme.

Le jour laisse place au soir, et la paix aux aboiements. Nous approchons de Saman, entourée de pâturages jalousement gardés par des chiens qui ne se privaient pas de hurler sur tout ce qui passait. Les innombrables moutons qui parcouraient ces prés appartenaient à la famille Mantelet, connue pour son commerce de laine. Sur des kilomètres, les moutons des Mantelet se faisaient tondre, cernés par des bêtes à croc prêtes à bondir sur le premier venu. Si les alentours de Tulorim avaient démontré la prospérité des commerçants, Saman était l'image parfaite du monopole.

Là encore, les regards qui nous fixaient en passant étaient sans équivoque. Aux yeux de tous, nous étions un attroupement de voleurs et de convoiteurs. Nous n'avions aucune valeur monétaire, donc nous n'avions aucune valeur.

Quelque chose frappe sur le toit de la caravane. Je lève la tête pour voir la petite lutine descendre en s'agrippant avec précaution sur les bords de la caravane. Elle prend une courte inspiration puis bondit d'une hauteur qui aurait dû être dangereuse pour quelqu'un de son gabarit. Elle atterrit des deux pieds joints au sol juste à côté de moi et commence à grimper sur mon genou.

"Puisque tu travailles dans une boutique de magie, je pense que tu pourrais me filer un petit coup de main."
"Un coup de main ?"

Elle m'explique qu'elle voulait apprendre comment utiliser les fluides magiques pour aider son prochain. Je comprends tout de suite de quel sort elle parle : le souffle de Gaïa. L'ayant montée sur mon épaule, je me tourne vers l'extérieur, laissant pendre mes jambes au-dessus de la route dont les carreaux se fondaient les uns dans les autres. Les regards de ceux que ce petit moment d'agitation avait dérangés en revint bien vite à l'indifférence.

"Alors, euh, le souffle de Gaïa..."

Je sors un petit couteau de cuisine de mes bagages et m'en sers pour laisser une fine cicatrice sur ma paume. Ma nervosité à la vue du sang était mitigée par la pression que je me mettais devant mon élève : après tout, je n'avais jamais lancé moi-même ce sort, bien que quelques cours instructifs à l'université de magie m'aient inculqué les bases, bases que je récite devant la petite créature rousse.

"Les propriétés curatives de l'élément lumière, qu'on associe à la déesse Gaïa, reposent sur les principes de stimulation, de soulagement et de transfert. C'est un fluide qui a la capacité d'accélérer la régénération du corps. Pour être exact, le souffle de Gaïa ne soigne pas les blessures, il stimule la zone ciblée pour qu'elle se répare d'elle-même, et c'est pour ça qu'il ne fonctionne que sur des organismes vivants. Contrairement à d'autres fluides élémentaires, celui-ci n'interfère pratiquement jamais avec le fonctionnement naturel du corps, il se contente d'accélérer ou de ralentir ses réactions en soulageant les sensations de douleur."

Je ravale ma salive.

"Bon, maintenant, la pratique..."

Je range le couteau et tend ma main au-dessus de la plaie.

"Pour être honnête, je ne suis jamais allé jusque-là."

Je me concentre sur la plaie tout en partageant mes anciens cours.

"Apparemment, la clé, ça serait de faire le vide dans son esprit et d'essayer de visualiser la fermeture de la plaie."

Je me concentre dessus pendant un certain temps. J'essaie de m'imprégner du fonctionnement du corps, de me débarrasser de la moindre pensée parasite, d'entrer en résonance avec la bienveillance légendaire de la Reine-Soleil. Après plusieurs interminables minutes, je finis par abandonner. J'ai beau sentir les fluides lumineux en moi s'éveiller, s'agiter pour répondre à ma volonté, mais je ne parviens même pas à les diriger sur une si petite entaille. Je reprends mon souffle, contrarié, et je laisse s'échapper un faux rire.

"Haha, toujours rien, hein ? On dirait que je n'ai pas de talent pour la magie, en fin de compte..."

Je rumine intérieurement. Est-ce que les remontrances de ces fichus prêtres de Nélys avaient été souffertes en vain, gâchées sur un élève incapable ? Je peux presque entendre mes parents me reprocher mon manque de volonté, eux qui ne se sont même pas capables de soigner un éternuement. J'essaie de faire fi de mon irritation et je propose à Guasina d'essayer à son tour.

"Peut-être que tu auras plus de chance que moi."

J'ai beau l'encourager, en mon for intérieur, je redoute qu'elle n'y arrive du premier coup. Perdre ainsi devant une lutine, je ne peux m'empêcher de penser que ce ne serait rien de moins qu'une défaite humiliante.

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Guasina
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Guasina » ven. 9 sept. 2022 01:53

Triam sembla d’abord surpris de ma demande :

«Un coup de main ?»

Il tendit alors sa main et j’y pris place, le laissant me déposer sur son épaule. Une fois bien assise, je lui expliquai ce que j’attendais de lui.

« Je possède des fluides de lumières et je sais comment les utiliser pour créer des flèches de lumières ou encore enrober des flèches de bois. Mais Candide, tu sais, l’ainée de la petite famille shaakt, elle m’a dit que je pouvais me servir de cette lumière en moi pour guérir les gens. Je ne le savais même pas, je veux l’apprendre.»


Je venais de lui révéler que ce n’était que depuis quelques minutes que je savais que mes fluides de lumières pouvaient aussi guérir. Je lui avais dit ça tout naïvement sans me soucier s’il allait me juger ou pas. Cela ne me gênait pas de passer pour une naïve, ou pour une ignorante. Ce qui me dérangeait par contre, c’était de posséder cette capacité… ou plutôt être en mesure de le posséder, et de ne pas m’en être encore servi pour aider les gens.

Il sembla comprendre tout de suite de quel sort je parlais.

«Alors, euh, le souffle de Gaïa...»

Tout sourire, je confirmai.

« Oui, c’est bien ainsi que la gamine l’a nommé : le souffle de Gaïa ! » Dis-je enthousiasmée. Puisqu’il connaissait ce sort, j’avais espoir qu’il pourrait me l’enseigner.

Tout en demeurant sensiblement à la même place, Triam changea de position, afin d’être face à l’ouverture arrière et de pouvoir profiter de la vue, et laisser pendre ses jambes à l’extérieur. Pour ma part, je me croisai les pieds et j’admirai une fois de plus le paysage, attendant patiemment la suite.

Lorsque je le vis sortir son petit couteau de son sac, je ne compris pas tout de suite ses intentions. Mais je ne pus échapper un léger hoquet de surprise lorsque je le vis s’entailler la main. C’était une légère entaille ne présentant aucun danger pour sa santé, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il serve lui-même de cobaye afin de faciliter mon apprentissage de ce sort.
Il commença son enseignement en m’expliquant comment fonctionnaient les fluides de guérison, sous mes oreilles attentives, puisque mes yeux ne quittaient la petite blessure traversant la paume de sa main. J’appris donc de quelle façon le fluide de lumière opérait pour soigner. Associé à la déesse Gaïa, il reposait sur trois grands principes : Stimulation, soulagement, transfert.

(Stimulation, soulagement, transfert... Stimulation, soulagement, transfert) Me répétai-je afin de me rappeler.

En fait, le souffle de Gaïa ne soignait pas les blessures, il accélérait plutôt la régénération du corps. Il stimulait la zone ciblée afin que celle-ci se répare d’elle-même. Je me dis qu’en fait le fluide de la lumière agissait un peu comme le soleil sur les plantes, mais je m’abstins de faire de commentaires, je ne voulais pas l’interrompre, et puis ma comparaison n’était peut-être pas adéquate. Puis il rajouta que ce fluide agissait sur les organismes vivants… donc sur les plantes également, pensai-je, tout en ayant en tête, l’image de la magnifique tête fleurie de Malvales. Ce fluide se contentait d’accélérer ou de ralentir les réactions du corps tout en soulageant de la douleur.

Après toutes ces explications, je sentis une certaine fierté montée en moi. Je faisais partie des quelques chanceux qui pouvaient accéder à ce pouvoir de guérison... et quelques secondes plus tard, je fus prise plutôt d’une certaine angoisse, la peur de ne pas être à la hauteur du souffle de Gaïa, à la hauteur des fluides de lumières, à la hauteur de Gaïa, à la hauteur de Yuimen.

(Ouh la ! Prends une grande respiration et calme-toi.) Tenta de me raisonner ma conscience.

(Et si je n’y arrive pas ? Si je ne m’en sers pas adéquatement ? ) Pensai-je nerveuse.

(Tu ne seras pas la première à y arriver, ni la dernière.. Calme-toi et prends une grande respiration.)

Je suivis enfin les conseils de ma Conscience, en prenant une bonne respiration, prête à écouter la suite.
Lorsque Triam affirma que nous étions rendus à la partie pratique, je sentis une certaine nervosité dans sa voix et dans son aura qui avait pris une teinte plus pâle, tirant sur le jaune. Ce n’est qu’après avoir rangé son couteau qu’il m’expliqua qu’il n’avait jamais dépassé la partie théorique, ce qui me surprit et me rendit perplexe. La petite Candide ne se sentait pas apte à me montrer le souffle de Gaïa, alors qu’elle savait l’administrer, Triam se sentait prêt à me le montrer même s'il ne l’avait jamais pratiqué lui-même… Chacun a vraiment sa façon de faire, comme disait Candide.

Ce concentrant sur sa plaie, il m’expliqua :

« Apparemment, la clé, ça serait de faire le vide dans son esprit et d'essayer de visualiser la fermeture de la plaie. »
Je hochai de la tête.

« C’est ce que Candide a fait, je crois. Elle s’est fermé les yeux et s’est concentrée un petit moment avant que la lumière ne sorte de ses paumes. » Je me contentai de cet unique commentaire, demeurant silencieuse afin de ne pas le perturber dans sa concentration.

Les secondes passèrent, puis les minutes, mais il ne se passa rien. Cela avait été plus rapide pour Candide. Je me pinçai légèrement les lèvres, navrée pour lui.

« Haha, toujours rien, hein ? On dirait que je n'ai pas de talent pour la magie, en fin de compte... »

C’était difficile à réussir, je me doutais bien. Et j’avais peur également de ne pas y arriver. Mais nous n’étions pas seuls. Nous étions deux… ou plutôt trois, car Malvales n’était pas loin et ensemble ce serait plus facile.

Je cherchai les bons mots pour l’encourager, mais je ne les trouvai pas.

« Peut-être que tu auras plus de chance que moi. »

En pensant à ma propre expérience comme archer, je trouvai enfin quelque chose pour lui redonner confiance.

« Je ne pense pas que je vais y arriver la première fois. Je me souviens lorsque mon père a mis un arc dans mes mains la première fois, je peinais à la tenir correctement. J’étais incapable de pincer la corde et la tendre d’une main, tout en le tenant fermement de l’autre. Je ne pourrais te dire le nombre de fois que j’ai échappé mon arc par terre en tentant de le bander. »

Ces paroles d’encouragements étaient-elles vraiment destinées à mon compagnon ? Ou était-ce que je tentais moi-même de me consoler devinant mon probable échec… ou peut-être un peu des deux.

Je sautai légèrement de son épaule pour atterrir sur ses genoux. Je m’approchai alors de sa main blessée, qu’il avait déposée sur sa cuisse à mon intention.

Je levai ma tête dans sa direction pour lui nommer le premier principe :

« Stimulation ! C’est bien ça ? » Il se contenta d’un hochement de la tête.

Je m’assis sur ses genoux et réalisai assez rapidement que je risquerais de tomber. La route était un peu cahoteuse, et il y avait régulièrement des soubresauts. Je demeurai tout de même en position assise tout en tenant fermement de ma main droite, le pouce de Triam. Je fermai les yeux.

(Stimuler les fluides… mais comment… les appeler… Où sont-ils ? )

Je pensais alors à Candide qui m’avait dit que chacun exécutait le sort à sa manière selon sa propre essence. Je ramassai alors mon arc, mais aucune flèche. Je pensai alors à mon rôle de protectrice et une flèche de lumière apparut aussitôt… Des fluides, j’en possédais, c’était certain, le souci c’était de trouver la façon de les orienter vers la blessure. Je connaissais les pouvoirs de mes flèches lumineuses et en jetant un coup d’œil à Triam, deux mots me vinrent en tête : Combativité et détermination. Je dirigeai ma flèche vers la paume de sa main et lâchai la corde et la flèche. Cette dernière franchit une courte distance et pénétra Triam.

Mais sa blessure ne se cicatrisa pas... c’était un risque à prendre, mais au moins je lui avais insufflé détermination et combativité.


(((Début de l'apprentissage (phase 2) de la CC de lumière Souffle de Gaïa : Phase de structuration, première partie.)))

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Malvales le fleuri
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Malvales le fleuri » ven. 9 sept. 2022 02:05

Qu'il était amusant de voir les gens prétendre.

Prétendre d'aller bien pour ne pas pleurer, prétendre d'être trop fatigué pour continuer une conversation, prétendre que deux regards ne c'étaient pas croisé. Plein de gens dans cette caravane prétendait. Par exemple, Triam prétendait ne pas être complètement gêné par le parfum que dégageait l'Oudio fleurit, mais lui n'était pas très doué pour ça. Son voisin, l'un des humains (bien que Guasina lui avait dit qu'il s'agissait "d'elfe" ) à l'écorce noire était bien plus doué à ce petit jeu, tendant un mouchoir au jeune homme blond tout en esquissant un sourire sympathique à l'homme-arbre. Et Malvales était aussi très doué pour prétendre: il faisait comme s'il n'avait pas entendu l'humanoïde noir le traiter de "Monsieur Pique-le-nez".

Il faut dire que Malvales avait l'habitude que les gens soient dérangé par sa présence et par son odeur. Il avait aussi l'habitude que les gens parlent de lui comme s'il n'était pas la, comme s'il n'entendait pas. Quelque part, c'était presque un compliment, ça prouvait qu'il pouvait effacer sa présence, ou en tout cas se rendre suffisamment inintéressant pour qu'on ne s'attarde pas sur lui. Ou alors, qu'on le sous-estimait. Dans tous les cas, c'était juste un avantage, après tout, dans la jungle, il avait bien compris qu'il fallait mieux qu'une bête sauvage vous prennes pour un bout de bois inoffensif que quelque chose qui mérite d'être attaquer. Et puis, il n'y avait pas de raison de mal le prendre. Ca prouvait juste que le parfum de ses fleurs, une de ses plus grandes fierté, ne s'était pas estompé.


C'est pour cela que l'oudio répondit au sourire de l'elfe noir par un geste amical de la tête et de la main, prenant bien soin d'envoyer un maximum de pollen dans sa direction.

Ne pas mal le prendre, oui, mais ça ne voulait pas dire qu'on ne pouvait pas se montrer un peu taquin.

Ignorant les toussotement s'élevant dans cette direction, Malvales recommença à observer les autres personnes assisent en face de lui. Il remarqua, dans un coin, que trois petites pousses avaient la tête qui passait à travers un trou à l'arrière de la charrette, semblant embarqué dans une discussion plutôt dynamique. Cela démarquait énormément du reste de l'ambiance du véhicule. Quinte de toux misent à part, la plupart des autres passager manifestaient plutôt des émotions calmes, ternes et négatives. La réflexion de l'oudio fut interrompue par l'arrivée impromptue de Guasina, son autre compagnon de voyage.

Cette dernière semblait avoir un objectif en tête, et alla directement en direction de Triam pour lui demander son aide. Malvales tendit un peu l'oreille de bois, afin d'écouter leur discussion. Ses deux compagnons semblaient tellement prit par cette dernière qu'ils ne semblaient même pas remarquer sa présence. Ils se mirent à parler de blessure, de lumière, de soin et surtout, de magie.

Ah, la magie!

L'une des nombreuses merveilles de ce monde qui intriguait l'oudio. Néanmoins, il n'y était pas autant étranger que d'autre sujet, tel que les grandes villes, la vie en société, ou l'espace personnel. Non, c'était quelque chose qu'il avait eu l'occasion d'observer mainte et mainte fois auprès des anciens oudio de sa jungle natale. La possibilité, par la force de son esprit, de manipuler les éléments, faire apparaitre des choses du néants, créer des murs où se cacher, ou alors des trombes d'eau pour balayer ses ennemis, ou arroser ses amis, ce genre de grande démonstration l'avait toujours impressionné. Même l'un de ses amis explorateur humain était capable de s'en servir, lui ayant un jour fait un petit spectacle à base d'éclair. Mais, si c'était amusant à observer, la curiosité de Malvales pour la chose n'était pas aussi poussée que pour d'autre sujet. Après tout, n'ayant pas la capacité à lancer les sorts lui même, il n'y trouvait qu'un divertissement d'observation qui n'égalait pas celui des insectes, plantes ou animaux qu'il avait pu rencontrer, et dont les possibilités semblaient infinies.

Décidant de se dérouiller un peu les branchages, et peu intéressé par la discussion de ses deux compagnons (dont l'un tentait désespérément de cacher une frustration montante) , il se dressa autant que possible et navigua à l'intérieur de la charrette afin de passer sa tête par le trou à l'arrière, afin de profiter un peu de l'air frais, et observer ce qui se passait à l'extérieur. Mais, alors qu'il s'apprêtait à s'abandonner à l'observation du paysage, il entendit un petit

"Aïe!"

Regardant derrière lui, il réalisa que les trois jeunes pousses de tout à l'heure étaient toujours la, et qu'il venait par inadvertance d'en bousculer une. Sans dire un mot, il tendit son bras dans la direction de la petite pousse, qui avait la l'écorce verte, et l'aida à se redresser. Il put voir la peur et l'inquiétude dans son regard, tandis que la deuxième pousse, à l'écorce noire, se précipita vers la première pour s'assurer que l'homme arbre ne lui avait pas fait de mal. La troisième, elle, restait un peu timidement en retrait. Malvales reconnu son écorce d'un vert un peu différent: il s'agissait de la pousse à laquelle il avait offert une fleur en rejoignant la caravane. Il remarqua que la dite fleur était installée dans les cheveux de la petite créature, derrière son oreille pointue, ce qui l'amusa un peu, content de savoir que son geste avait du faire plaisir.

Toujours sans dire un mot, il se repencha par le trou de la caravane, et repris son observation des pâturage extérieur. Mais, très vite, après avoir entendu des petites voix derrière lui, il sentit quelque chose le pousser légèrement, et remarqua que les petites pousses c'étaient elle aussi penchées par le trou de la caravane, l'une d'entre elle le regardant plein de méfiance, avant de finalement se tourner vers ses deux camarades, murmurer quelque chose, puis lancer un caillou au loin.
Malvales ne dit rien, et prétendit ne pas les voir, mais son attention était désormais rivé sur elles. Visiblement, elles s'adonnaient à un jeu, où elle lançait des petites pierres sur différents objets qui défilait dans le décors. Tronc, champignon, pancarte, nid de poule, tout ce qui se démarquait un peu semblait être une bonne cible.
Il entendait les petites pousses parler, leur voix montants de plus en plus avec l'amusement et l'excitation, comptant des points dont les valeurs semblaient être donnée arbitrairement en fonction du moment.

Mais, au bout d'un certain temps, les pousses se mirent à manquer de munition. Et c'est lorsque l'une d'entre elle manqua de tomber en essayant de se pencher par dessus bord pour ramasser un caillou sur la route que l'oudio décida de briser le silence.


"Ne fait pas ça, tu vas tomber."

La pousse se redressa soudainement, surprise de voir que l'être de bois était capable de parler. Ses deux petites camarades se montraient tout aussi surprises, les trois revenant soudainement silencieuse, regardant l'homme-arbre avec de grand yeux. Cherchant à les faire réagir, Malvales demanda:

"C'est des pierres que vous voulez?"

La pousse à la fleur dans les cheveux hocha timidement la tête. Ce fut une réponse suffisante pour l'oudio, qui se pencha vers l'avant, son long bras se dirigeant vers le sol. Il avait à peine à se cambrer pour pouvoir toucher la terre sous la caravane. Tranquillement, il attrapa une par une toutes les petites pierres qui lui passaient sous la main, enroulant ses doigts autour avant de les remonter et de les tendre aux trois petits êtres. Ces dernières, hésitant au premier abord, finirent chacune leur tour par rapidement prendre les cailloux dans la main qu'il tendait, et il cru même entendre un petit "Merci" s'échapper de la bouche de deux d'entre elles.

S'amusant de leurs réactions, l'oudio repensa à sa vie dans la jungle. Au comportement de ses plus jeunes années, et de comment les ainés de son "clan" lui avait apprit à survivre dans la nature, à se défendre. Pour éviter de se mettre en danger, ils lui avaient apprit à se battre à distance, à lancer tout ce qui lui passait sous la main pour blesser, assommer ou occuper ses potentiels assaillants. L'oudio avait beaucoup pratiquer dans le passé pour se protéger, et, depuis qu'il avait quitter sa jungle natale, il avait un peu honte de reconnaitre qu'il n'avait pas vraiment pratiqué son lancé, ou pensé suffisamment à sa sécurité. Voir les petites pousses jouer lui avait donné envie de se remettre un peu dans le bain, et observer leur mouvement lui avait donné quelque idées. Se penchant à nouveau, il ramassa quelques munition de nouveau, se redressa, saisi un caillou, et observa le décors qui défilait devant lui. Très vite, il remarqua un panneau que la charrette avait dépassé depuis quelques minutes déjà. Il se concentra, les yeux fixé sur le panneau au loin, et d'un mouvement brusque, jeta une pierre dans sa direction.

CHTOK

Un bruit sourd se fit entendre au loin, confirmant le fait qu'il avait bien atteint l'objet de bois. Se tournant vers les petites pousses, il remarqua que ces dernières semblaient un peu impressionnées. Décidant de continuer dans cette ambiance amusante, il continua à jeter des pierres sur des cibles de plus en plus éloigné, rejoins très vite par les pousses ayant reprit leur jeu mais n'arrivant pas à atteindre les même objet que lui. Sentant le plaisir et l'amusement monter en lui, il voulu aller encore plus loin, toucher quelque chose d'encore plus impressionnant. Comme une cible qu'il ne pouvait pas voir.

Il remarqua un arbre, passé depuis pas très longtemps, et décida de se concentrer. Il connaissait bien les arbres, il en était un lui même. Quelque part, il savait un peu instinctivement où il devait viser pour atteindre son objectif. D'un geste vif, à nouveau, il jeta une pierre, qui fendit l'air dans un sifflement aiguë, et alla se perdre au milieu des branches. Un petit craquement se fit entendre et une pomme, visiblement cachée au milieu des branches de l'arbre, tomba, la pierre c'étant clairement planté en plein milieu du fruit.

Plutôt fier de lui, Malvales se dit que c'était quelque chose qu'il devrait s'entrainer à faire régulièrement, peut être tout au long du voyage. Essayer de se baser sur son instinct et pas sa vue pour toucher ses cibles, ça semblait être une assez bonne idée pour quelqu'un au vécu comme le sien. Il se tourna avec fierté vers les petites pousses, qui, à première vue, ne semblaient pas réagir. Peut être n'avaient elles pas vu son superbe tir? Peut être qu'elles étaient habituées à ce genre de prouesses?
Mais, en observant d'un peu plus près, il se rendit compte que chacune d'entre elle tremblait un peu, les yeux brillants légèrement, visiblement essayant de contenir leur excitation et leur envie de crier rapport à son action, visiblement ne voulant pas faire une scène. L'égo de Malvales n'en fut que boosté!


Qu'il était amusant de voir les gens prétendre!


( Début de l'apprentissage (phase 1) de la CC à distance "Tir instinctif" : Phase de découverte. )

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Triam
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Triam » lun. 19 sept. 2022 02:45

"Je ne pense pas que je vais y arriver de suite. Je me souviens lorsque mon père a mis un arc dans mes mains la première fois, je peinais à la tenir correctement. J’étais incapable de pincer la corde et la tendre d’une main. Je ne pourrais te dire le nombre de fois que j’ai fais tomber mon arc par terre en tentant de le bander."

Elle saute sur mes genoux et commence à se concentrer sur ma blessure.

"Stimulation ! C’est bien ça ?"

Elle s'accroche à mon pouce pour que les sursauts de la caravane ne la fassent pas tomber. Elle se concentre, cherche à manipuler les fluides. Ses yeux s'illuminent alors qu'une idée la traverse. D'un geste, elle sorte le petit arc qu'elle tenait en bandoulière et conjure un trait brillant.

"H-hein ?! Attends !"

J'ai à peine le temps de manifester ma surprise que le coup part, et je ressens comme un picotement alors que je lève ma main. Lorsque j'inspecte la blessure, je me rends compte qu'elle ne s'est pas empirée. Guasina était parvenue à diriger la magie de lumière vers la plaie sans parvenir à enclencher de régénération. Je laisse échapper un soupir de soulagement, je n'étais blessé ni physiquement, ni dans mon estime. Je me sens un peu coupable des pensées acides que j'avais déversées sans grande subtilité, mais la petite lutine, innocente qu'elle était, ne semblait pas s'en être souciée. Ceci dit, elle était parvenue à lancer un sort mineur. Je sentais une sensation de vigueur remonter depuis ma main droite. J'imagine que l'apprentie magicienne possède en effet un don pour ce genre de choses.

Elle me fixe avec ce que j'imagine être de l'inquiétude. Je lui souris nerveusement.

"Ah, euh, désolé. J'ai juste été un peu surpris."

Je regarde les dernières émanations fluidiques quitter ma main. Comme c'est étrange. C'est presque comme si cette flèche magique avait été chargée d'une "émotion". C'est comme si une partie de moi, plus confiante et déterminée, prenait lentement le dessus sur mes peurs et mes doutes.

"C'est inutile de se laisser abattre pour si peu, j'imagine. Après tout, si c'était aussi facile, on n'aurait pas besoin de soigneurs."

Je remarque du coin de l’œil un des cavaliers shaakts se laisser dépasser par notre caravane pour se placer tout à l'arrière du convoi, à côté de la charrette qui semblait contenir les provisions du voyage. La ville de Saman, qui ressemblait de loin à une version miniature de Tulorim, commençait à se profiler à l'horizon. Le ciel avait pris une teinte violacée.

"Il semblerait qu'ils ne comptent pas s'arrêter à Saman. Tu as de quoi grignoter ? On va sans doute passer la nuit sur la route."

Je rapproche mon sac pour en sortir des biscuits secs que j'avais emballés avant le voyage. Maintenant que j'y pense, j'aurais dû préparer quelque chose de plus consistant. Je ne m'étais pas représenté la longueur du trajet à venir. Cela dit, hors de question de prendre une pause. Je ne sais pas si c'est à cause de Guasina, mais je ne peux m'empêcher de faire d'autres tentatives pour soigner ma blessure, même avec un petit gâteau entre les dents. Ma manche retroussée, assis en tailleur pour ne pas me laisser distraire par le ballotement de mes jambes, je continue de me concentrer. Le rire des enfants qui jouaient avec Malvales finit par se faire sourd, et au bout d'un moment, j'oublie quelque peu la présence de Guasina.

Avec rien d'autre que le bruit des roues et de la brise nocturne, je continue d'inspecter ma paume à la recherche de cette "zone", ce point déclencheur qui me permettra de débloquer la magie latente et de la soumettre à ma volonté.

C'est alors qu'au beau milieu de la nuit, je ressens l'effervescence, la montée... Mes mains se mettent à briller. Oui ! Oui ! Mais la lumière ne tient pas long. Je ne désespère pas, je suis tout près. Je recherche le mécanisme, l'intention, le muscle qui enclencherait définitivement la réaction, au point que je me mets à ressentir une fatigue tangible. Et puis, ça arrive. Comme une vibration. Je ressens une essence différente de celle qui coule dans mes veines. Je concentre toutes mes forces dessus, plaçant ma main gauche au dessus de la droite comme si j'essayais d'empêcher du savon de glisser, en vain. Car lorsque la réaction se produit, elle m'émerveille par sa faible lueur dans un premier temps, puis je réalise qu'elle devient de plus en plus éblouissante. Avec acharnement, je me concentre tout entier sur ce phénomène, jusqu'à ce que son contrôle ne finisse par m'échapper.

Un rayon de lumière jaillit d'entre mes mains, comme un projectile d'énergie pure. Sa violence est telle que je tombe sur mon dos, et le son strident qui s'en est échappé a fait s'arrêter le convoi tout entier. Craignant une attaque, deux ou trois cavaliers se sont mis à faire le tour des caravanes, à beugler des ordres et à demander d'où venait cette émanation. Puis, d'autre cris, ceux des quelques hommes chargés par les Mantelet de surveiller les pâturages. Ils s'approchent, armes levées, exigeant des explications. C'est Corsos, le garzork qui mène notre cohorte, qui s'avance. Mon cœur se noue. Je vois les visages se distordre, les tons se hausser, et puis je n'en peux plus.

"C'est moi !"

Des yeux accusateurs me toisent. Je ravale ma salive. J'ai envie de disparaître.

"Je... J'étais en train de pratiquer la magie. C'était un accident !"

Tous me dévisagent avec un air indigné, mais c'est Corsos, avec son visage effrayant, qui est de loin le plus furieux. Après que les gardes se soient écartés pour revenir à leurs moutons, dont un qui avait vu sa laine noircir au contact du projectile magique, le cheval de Corsos s'arrête devant moi.

"Toi. Tu réalises qu'on est déjà vus comme des vauriens par ces gueux ? Tu veux qu'ils aillent prendre les fourches et les torches et nous assassinent dans la nuit ?!"

J'ai peine à soutenir son regard. Je fais de mon mieux pour ne pas pleurer, mais ma gorge s'assèche.

"Je suis désolé... C'était un accident... Je voulais pas..."

Il continue à me fixer, du haut de son canasson.

"Qu'est-ce que ça change, que tu sois désolé ? J'ai été clair. Une entourloupe, et je vous laisse sur la route. Je suis sûr que les Mantelet n'vont pas se priver pour demander réparation. Après tout, tu dois bien avoir les moyens, non ?"
"Laisse-le, Corsos."

Je reconnais la voix du jeune shaakt enrhumé. Corsos ne cache guère sa surprise de le voir intervenir. Toujours avec la même nonchalance, il s'adresse au garzork comme s'il était son égal.

"Sérieusement, Vit ? Tu prends la défense du morveux ?"
"En ce qui me concerne, vous êtes tous les deux des morveux. Il a déjà dit que c'était un accident. Et pis, c'est pas comme si vous comptiez faire copain-copain avec ces enculeurs de mouton, pas vrai ?"

Corsos nous fixe tour à tour. Je baisse la tête, trop honteux pour dire quoi que ce soit.

"T'avais jamais prévu de t'arrêter à Saman, de toutes façons."
"Soit. Mais qu'il se tienne. Ce n'est pas un voyage de plaisance. Encore une entourloupe..."
"Oui, oui, on a compris."

Corsos s'éloigne, serrant les poings sur la bride de son cheval. Je me retourne vers l'elfe appelé "Vit".

"... Merci."
"Tu peux les garder. On dirait que vous allez pas descendre à Saman, au final."

Alors que je regarde la ville éclairée par la lumière des lanternes, je ne peux qu'agréer silencieusement.

"C'est tous des cons là-bas, quoiqu'il en soit."

J'arrive à peine à réprimer un léger rire devant son attitude rebelle, mais ses mots avaient sans aucun doute le poids d'une sagesse elfe. Ce n'était pas évident au premier abord, mais il avait sans le moindre doute vécu de très nombreuses années, et il ne les avait pas passées dans l'oisiveté. Nous n'échangeons pas davantage. Il avait clairement agi par principe.

Les mains tremblantes, j'ai du mal à trouver le sommeil, jusqu'à ce qu'il me prenne par surprise. Le voyage sera encore long...

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Guasina
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Re: Les Elevages autour de Saman

Message par Guasina » ven. 23 sept. 2022 03:51

Je me doutais bien que l’apprentissage d’un sort n’était pas chose facile, mais je me savais assez tenace lorsqu’il était question d’apprendre. D’autres auraient peut-être davantage utilisé le mot : Entêtée. Mais peu importe le terme choisi, l’important était de persévérer.

J’avais raté mon premier essai. Je n’avais pas réussi à invoquer mon fluide de lumière afin qu’il guérisse l’éraflure que Triam s’était infligée. Par contre, ma flèche de lumière s’était bien matérialisée lorsque j’avais souhaité insuffler de la détermination à Triam.

Si ce dernier fut surpris lorsque je pointai mon arme en sa direction, il fut vite rassuré. Ma flèche de lumière traversa sa chaire sans lui infliger la moindre douleur ni la moindre blessure… et naturellement la moindre guérison puisque ce n’était pas sa raison d’être. Peu de temps s’écoula avant que le sort fasse son effet. À ma grande satisfaction, l’attitude de mon jeune ami avait changé. Au lieu de s’apitoyer sur son échec, il reprit l’espoir et la motivation de pratiquer de nouveau.
Puis Triam détourna son regard vers un des cavaliers du convoi, et je fis de même. Le cavalier Shaakt s’était arrêté et attendait que tout le convoi le dépasse avant de se remettre en route vis-à-vis la dernière caravane, celle qui servait à entreposer les vivres. Et là, je vis des bras sortir de cette dernière voiture et lui tendre des paquets… que je supposai être de la nourriture. Je ne saisis pas tout de suite ce qu’ils fabriquaient, mais Triam l’ayant compris m’expliqua.

« Il semblerait qu'ils ne comptent pas s'arrêter à Saman. Tu as de quoi grignoter ? On va sans doute passer la nuit sur la route. »

Pour une raison que nous ignorions notre convoi qui s’approchait de Saman, ne s’y arrêterait pas, et poursuivrait sa route jusqu’à tard dans la nuit.

« Oui, j’ai tout ce qu’il me faut. »

Lui répondis-je tout en ramassant un raisin encore tout frais de ma besace.
De son côté, il sortit des biscuits secs et en grignota des bouts tout en s’efforçant inlassablement de guérir sa blessure. De mon côté, j’avais cessé les essais d’apprentissage, je me devais de réfléchir à tout ça avant de faire d’autres tentatives.
Je regardai donc un petit moment Malvales jouer avec les enfants. Puis, je m’agrippai fermement aux côtés de la caravane et montai sur le toit.

Là, je regardais le paysage tout en réfléchissant.

Je possédais des fluides de lumière et j’étais capable des invoquer lorsqu’il s’agissait de matérialiser des flèches lumineuses destinées à redonner confiance et espoir à mes compagnons. Mais tirer des projectiles à l’aide d’un arc était un jeu d’enfant pour moi, puisque j’avais fait ça presque toute ma vie… mon père, à ma demande, avait commencé mon apprentissage, alors que j’étais toute petite et surtout très jeune. Pour ce qui était de l’utilisation de la fronde, ce fut ma tante Béatrice qui m’y initia et je pris rapidement plaisir à me servir du petit lance-pierre qu’elle m’avait offert. Je l’offris ensuite à mon tour à mon frère cadet. Tous ces souvenirs d’entraînements me donnèrent une idée. Je levai mon bras gauche, et je fis le mouvement de poignet nécessaire que j’exécute lorsque je fais exécuter des tours horizontaux à ma fronde. Tout en maintenant le mouvement, je souhaitai intérieurement y faire venir cette tant désirée lumière de guérison.

Après un petit moment, je sentis une chaleur intense envahir tout mon torse, avant d’atteindre mon bras gauche, ma main, puis d’illuminer mes doigts, et y mourir. Cette première brève apparition me fit sourire et me redonna confiance en moi. Je refis donc l’exercice et je sentis beaucoup plus rapidement la chaleur m’envahir et se diriger vers ma main qui tournoyait sous l’action de mon poignet. Je fis plusieurs autres tentatives et je réussis plus que la moitié du temps à illuminer ma main porteuse d’une fronde imaginaire. Épuisée, je décidai de mettre fin à ses exercices pour la journée. Mais avant de me préparer pour dormir, je fouillai dans mon sac et en sortis une petite fiole de fluide. Je la débouchai et je la bus, petites gorgées à la fois, savourant l’absorption du fluide dans mon petit corps de lutine. Puisque le convoi ne s’était pas encore arrêté, je me roulai en boule, plaçai mon sac sous ma tête en guise d’oreiller et m’endormis.

Je fus réveillée en plein milieu de la nuit par des éclats de voix. Ayant reconnu celle de Triam, je me rassis, légèrement inquiète, tendant l’oreille. Il y avait eu un projectile de lumière impressionnant qui avait alerté les cavaliers escortant le convoi. Ces derniers, inquiets, firent le tour des caravanes à la recherche de ce qui avait pu provoquer ce phénomène lumineux. Et apparemment, c’était Triam qui en avait été l’auteur, ce qui m’arracha un sourire.

(Ainsi, il a poursuivi son entraînement.)

Étant situé sur le toit de la caravane, je n’entendis que des brides de la conversation, mais je n’étais pas inquiète, je savais que Triam n’était pas en danger. Corsos, le responsable de tout le convoi le disputait. Le projectile s’était propagé dans les pâturages et Corsos craignait que les paysans réclament réparation. Puis, une autre voix, enrhumée, celle-là prit part à la dispute, défendant mon jeune ami. Les voix s’éteignirent ensuite et le garde repartit.
Pour ma part, je tentai de me rendormir, en vain.

Le convoi étant arrêté, je décidai de mettre pied à terre. Je m’approchai de Pataud, qui s’était également réveillé suite au raffut. Je grimpai sur son dos et il s’envola pour atterrir à quelques dizaines de mètres de notre caravane, au pied d’un vieil arbre meurtri par les intempéries et par les passants mal intentionnés si j’en jugeais les gravures sur son écorce abîmée.

Je reculai de quelques pas et levai la tête pour tenter de le voir en entier, en vain. Il était gigantesque et il avait sûrement été un arbre magnifique dans son jeune temps. Désormais, ses branches étaient moins fournies, son écorce noircie par le feu, et arrachées par endroit, gravée en d’autres. Un peu peinée de le voir dans cet état, je me rapprochai de lui, et du bout des doigts j’effleurai l’écorce meurtrie. Je sentis presque instantanément mes fluides de lumière s’animer à l’intérieur de moi. Il ne m’en faut pas plus pour reprendre mes entraînements.

Si je savais désormais comment appeler la lumière au bout de mes doigts, je n’avais encore tenté aucune guérison… jusqu’à présent. J’imaginai que ce pouvoir de guérison pouvait fonctionner sur tous les êtres vivants. Je pensai à ma fronde et je fis quelques tours de poignet comme si je tentais d’accélérer mon brin largable et aussitôt la lumière prit naissance dans mes doigts. Je me doutais bien que cette façon de faire n’était pas conventionnelle, mais c’était désormais la mienne.

Je commençai tout d’abord au pied de l’arbre, et j’apposai mes deux mains sur la racine qui était fraichement endommagée. Une lumière l’envahit et je vis cette dernière se cicatriser. Encouragée, je grimpai de quelques centimètres et apposai ma main droite à l’endroit ou l’écorce avait été arrachée. Une fois de plus, cette petite blessure se répara. Je poursuivis ainsi sans relâche, cicatrisant ici et là, les blessures mineures du vénérable arbre. Je tentai même de guérir sans contact, en mimant le lancer de la fronde, comme si j’envoyais un petit caillou de lumière par le brin largable. Je m’exerçai un bon moment, jusqu’à ce que la fatigue m’envahit au point que mes réflexes devinrent lents et que mes yeux tendaient à se fermer contre ma volonté.
J’appelai Pataud et il me ramena jusqu’à notre caravane. Une fois sur le toit, je me couchai, me roulai de nouveau en boule et m’endormis aussitôt, un sourire présent sur mes lèvres.

(((-Poursuite de l'apprentissage de la CC de lumière Souffle de Gaïa : Phase 2 ( Phase de structuration deuxième partie. – Phase 3 Phase d’entraînement
- Guasina boit le contenu de la fiole fluide lumière 1/2 qui se trouve dans son paquetage.)))

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