Plaines de Kôchii
- Azra
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- Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 16:35
Re: Plaines de Kôchii
Ceci fait, Azra se rua vers le champ de bataille, accompagné d'un Rendrak flambant-neuf. Non-content de cela, en chemin, il prit le temps de ressusciter quelques cadavres qui traînaient sur le bord. Daemon et Maâra étaient devant, chargeant aux cotés des nains... il allait falloir leur apporter quelques renforts... et il était là pour ça !
Le nécromancien posa pied à terre et usa de tout ce qu'il pouvait comme pouvoir pour invoquer autant de squelettes que possible. Les cadavres de garzok ainsi que de soldats des duchés commencèrent bientôt à se lever autour de lui, ramassant leurs armes, avides de reprendre le combat... Il se trouva bientôt escorté de neuf guerriers en armes, dix en comptant Rendrak. Puis, il invoqua à nouveau sa magie d'ombre pour régénérer ses fluides. Voilà, il était prêt. Devant les nains avaient enfoncé les rangs ennemis, mais la charge semblait perdre en élan... il était temps de leur en redonner un peu !
« Pour le dieu-corbeau ! »
Il il fonça à l'assaut ! Les squelettes n'avaient pas beaucoup de masse, mais ils ne craignaient pas la mort, et cela rendait leur charge d'autant plus meurtrière. Les nains furent assez surpris de ce renfort peu avenant, mais c'était là un problème secondaire pour eux, en cet instant. Les garzoks furent submergés sous une pluie de coups, d'autant que Rendrak menait la charge, et Azra suivait de près.
À nouveau, la dague mortelle chanta en buvant les âmes en masse. Azra avait littéralement l'impression de ne plus tenir qu'un nuage gris en main, une masse concentrée de spectres gémissants par dizaines. Le nécromancien virevoltait dans un tourbillon de cape noire. Il faucha une jambe de son pied avant de poignarder d'un même mouvement un soldat. Se redressant, il trancha ensuite la gorge d'un autre. Les garzok menaçaient de refluer, mais c'est alors qu'un solide officier se présenta, brandissant une lourde hache à deux-mains. Il la balança dans un large mouvement, pulvérisant un squelette.
« Je sais pas ce qu'un nécro fout avec les nains, mais tu n'iras pas plus loin, ordure ! »
« Euh... Rendrak ? »
« Rappelle-moi quand j'aurais moins de monde sur les bras ! »
Le liykor était aux prises avec un guerrier d'élite de Crean. Encore. Bon, Azra allait donc devoir affronter lui-même son adversaire...
Il bondit de côté pour esquiver un lourd coup de hache. Il tenta de se précipiter vers le garzok mais la pointe de la lame de la hache le tint à distance. Bon, ce n'était pas la bonne technique... il évita un deuxième coup et invoqua les ombres pour créer une zone de ténèbres autour de lui. Furieux, l'officier ennemi fondit sur lui en taillant l'air de sa lame, mais le nécromancien avait maintenant l'avantage. Il se glissa sous la garde de l'ennemi avant de porter un coup qui érafla l'ennemi, sans réussir à traverser son armure de cuir. De même coup, le garzok aveuglé put localiser son ennemi et lui donna un coup du manche de sa hache, l'envoyant rouler à terre.
Agile dans sa tenue de cuir, Azra se releva assez vite pour éviter une attaque imprécise et repartit à l'assaut. Cette fois-ci, il projeta son visage masqué directement dans la figure de l'officier ennemi, le sonnant suffisamment pour avoir le temps de le poignarder. Le garzok se plia en deux de douleur et envoya un coup de poing en même temps qu'Azra tentait d'asséner le coup de grâce. Le nécromancien encaissa le choc avec un craquement, sentant un de ses côtes de fendre. Une blessure heureusement plus douloureuse que handicapante, alors que son adversaire, lui, tombait enfin, la dague plantée sous sa gorge.
Plus loin, Rendrak, dont une brassière avait été traversée par un coup puissant, se ruait sur son adversaire pour lui arracher son casque de ses mains griffues ouvrant la voie à ce que ses mâchoires féroces se referment sur la gorge du guerrier d'élite. Ceci fait, il se tourna vers Azra :
« Tu vois qu't'as pas besoin de moi ! »
D'un geste presque distrait, il asséna un formidable coup de poing à côté de lui, écrasant un automate de Khynt qui tentait encore d'attaquer. Les yeux du nécromancien se portèrent vers l'ingénieur des treize. Il était sur son char, balançant la foudre contre l'armée des nains, faisant un massacre. Il était concentré sur les ennemis qui lui faisaient face, inconscient de la menace qui approchait par derrière. Les garzok, démoralisés par cette charge aussi furieuse qu'imprévue, voyaient leurs rangs se relâcher. Certes, la totalité des squelettes du nécromancien étaient morts dans l'assaut, mais ils avaient fait leur office : un sillage de mort avait emporté les lignes ennemies. Les nains survivants continuaient à se battre avec acharnement, faisant honneur à la réputation de pugnacité de leur peuple. La voie était en train de s'ouvrir.
Après un regard à ses compagnons, sans aucun cri de guerre, déterminé à frapper avec un maximum d'effet de surprise, Azra se rua en avant. S'ils pouvaient vaincre Khynt, ils apporteraient un avantage décisif à l'armée... mais pouvaient-ils seulement vaincre un adversaire aussi puissant ?
[XP : 2 (combat)]
Le nécromancien posa pied à terre et usa de tout ce qu'il pouvait comme pouvoir pour invoquer autant de squelettes que possible. Les cadavres de garzok ainsi que de soldats des duchés commencèrent bientôt à se lever autour de lui, ramassant leurs armes, avides de reprendre le combat... Il se trouva bientôt escorté de neuf guerriers en armes, dix en comptant Rendrak. Puis, il invoqua à nouveau sa magie d'ombre pour régénérer ses fluides. Voilà, il était prêt. Devant les nains avaient enfoncé les rangs ennemis, mais la charge semblait perdre en élan... il était temps de leur en redonner un peu !
« Pour le dieu-corbeau ! »
Il il fonça à l'assaut ! Les squelettes n'avaient pas beaucoup de masse, mais ils ne craignaient pas la mort, et cela rendait leur charge d'autant plus meurtrière. Les nains furent assez surpris de ce renfort peu avenant, mais c'était là un problème secondaire pour eux, en cet instant. Les garzoks furent submergés sous une pluie de coups, d'autant que Rendrak menait la charge, et Azra suivait de près.
À nouveau, la dague mortelle chanta en buvant les âmes en masse. Azra avait littéralement l'impression de ne plus tenir qu'un nuage gris en main, une masse concentrée de spectres gémissants par dizaines. Le nécromancien virevoltait dans un tourbillon de cape noire. Il faucha une jambe de son pied avant de poignarder d'un même mouvement un soldat. Se redressant, il trancha ensuite la gorge d'un autre. Les garzok menaçaient de refluer, mais c'est alors qu'un solide officier se présenta, brandissant une lourde hache à deux-mains. Il la balança dans un large mouvement, pulvérisant un squelette.
« Je sais pas ce qu'un nécro fout avec les nains, mais tu n'iras pas plus loin, ordure ! »
« Euh... Rendrak ? »
« Rappelle-moi quand j'aurais moins de monde sur les bras ! »
Le liykor était aux prises avec un guerrier d'élite de Crean. Encore. Bon, Azra allait donc devoir affronter lui-même son adversaire...
Il bondit de côté pour esquiver un lourd coup de hache. Il tenta de se précipiter vers le garzok mais la pointe de la lame de la hache le tint à distance. Bon, ce n'était pas la bonne technique... il évita un deuxième coup et invoqua les ombres pour créer une zone de ténèbres autour de lui. Furieux, l'officier ennemi fondit sur lui en taillant l'air de sa lame, mais le nécromancien avait maintenant l'avantage. Il se glissa sous la garde de l'ennemi avant de porter un coup qui érafla l'ennemi, sans réussir à traverser son armure de cuir. De même coup, le garzok aveuglé put localiser son ennemi et lui donna un coup du manche de sa hache, l'envoyant rouler à terre.
Agile dans sa tenue de cuir, Azra se releva assez vite pour éviter une attaque imprécise et repartit à l'assaut. Cette fois-ci, il projeta son visage masqué directement dans la figure de l'officier ennemi, le sonnant suffisamment pour avoir le temps de le poignarder. Le garzok se plia en deux de douleur et envoya un coup de poing en même temps qu'Azra tentait d'asséner le coup de grâce. Le nécromancien encaissa le choc avec un craquement, sentant un de ses côtes de fendre. Une blessure heureusement plus douloureuse que handicapante, alors que son adversaire, lui, tombait enfin, la dague plantée sous sa gorge.
Plus loin, Rendrak, dont une brassière avait été traversée par un coup puissant, se ruait sur son adversaire pour lui arracher son casque de ses mains griffues ouvrant la voie à ce que ses mâchoires féroces se referment sur la gorge du guerrier d'élite. Ceci fait, il se tourna vers Azra :
« Tu vois qu't'as pas besoin de moi ! »
D'un geste presque distrait, il asséna un formidable coup de poing à côté de lui, écrasant un automate de Khynt qui tentait encore d'attaquer. Les yeux du nécromancien se portèrent vers l'ingénieur des treize. Il était sur son char, balançant la foudre contre l'armée des nains, faisant un massacre. Il était concentré sur les ennemis qui lui faisaient face, inconscient de la menace qui approchait par derrière. Les garzok, démoralisés par cette charge aussi furieuse qu'imprévue, voyaient leurs rangs se relâcher. Certes, la totalité des squelettes du nécromancien étaient morts dans l'assaut, mais ils avaient fait leur office : un sillage de mort avait emporté les lignes ennemies. Les nains survivants continuaient à se battre avec acharnement, faisant honneur à la réputation de pugnacité de leur peuple. La voie était en train de s'ouvrir.
Après un regard à ses compagnons, sans aucun cri de guerre, déterminé à frapper avec un maximum d'effet de surprise, Azra se rua en avant. S'ils pouvaient vaincre Khynt, ils apporteraient un avantage décisif à l'armée... mais pouvaient-ils seulement vaincre un adversaire aussi puissant ?
[XP : 2 (combat)]
- Eldros Rougine
- Messages : 110
- Enregistré le : lun. 7 janv. 2019 14:57
Re: Plaines de Kôchii
Je patiente, loin de la mêlée, encore quelque peu affaibli par mon expérience et n’ayant sans doute pas complètement réussi le sort vu dans les Enfers.
(J’y arriverais Ô Phaïtos. Je ne vous décevrais pas. )
J’observe la bataille, tournant plutôt à notre désavantage j’ai l’impression. Le mur de plantes au sud, l’armée de Karsinar derrière nous survolée par le grand dragon noir. Oranan est déjà condamnée, c’est certain. Ses habitants rejoindront les Enfers, purifiés par le souffle de la créature. Si seulement Khynt m’avait écouté, nous serions en moins mauvaise posture. Lui qui prétendait avoir une stratégie. Pfeuh ! Quel est-elle ? Foncer dans le tas comme des demeurés ? J’ai sans doute surestimé ces fameux Treize. En tout cas ils ne sont pas à la hauteur de leur réputation. En témoigne le retour de Lorener, en piteux état, soutenu par ses hommes. Le premier des Treize, grand général de l’empire Omyrhien. Mis à mal par une troupe de nécromancien fleur bleue et leur ménagerie de clébards crevés. La seule chose qui me pousse à dissimuler mon mépris est l’armée qu’il possède. Il est installé, chouchouté, gavé de potion. Bien loin du sort ingrat qui m’attendait, allongé sur ce lit miteux et puant déjà le cadavre, la merde et le sang.
Je patiente, à nouveau, pendant que la bataille se déroule, me demandant combien de temps Lorener va mettre pour se reprendre avant de m’approcher, silencieux. Il ne prête guère attention à moi, il observe la bataille également, contenant sa colère et sa frustration. Je suis son regard et calmement lui demande ce qu’il a en tête. Peut être une stratégie pour reprendre le dessus, l’aveu de ne pas savoir, mais aucunement… Il geint, tout en se tournant vers moi, mauvais, me demandant de le laisser tranquille et que sa seule préoccupation est de voir mourir ces aventuriers. Je peine à dissimuler mon mépris une fois encore. Voilà qu’il se comporte comme un gosse mauvais perdant. Je sais que je dois à présent peser mes mots avec attention. Il doit se reprendre et je dois éviter de prendre un coup de masse guidé par sa colère. Je reste calme et détourne mon regard de lui pour observer la capitale Ynorienne dont les portes sont déjà effondrées alors que Karsinar a, semble t’il, déjà décidé à charger malgré le plan qu’il avait confié la veille. Une trop bonne occasion ? Un désir de faire au plus vite pour palier des incidents survenus de l’autre côté du mur de Léona ? Ou est-ce simplement que cette bête sauvage est incapable d’attendre ?
« Pour l’instant ils mettent à mal votre armée. »
Lâchais-je, calme, pour le secouer un peu. Hargneux, il rétorque:
"Croyez-vous que je ne le vois pas ? Sans eux la victoire contre cette cavalerie et ces maudits nabots aurait été gratuite."
Il grommelle une phrase inaudible dans son casque avant de sous entendre que je n’ai pas fait pencher la balance. Quel ingratitude. Je suis venu le chercher pour qu’il écrase cette cavalerie menaçante. Je lui avais pourtant annoncé que je serais prit pour cible et qu’il n’aurait qu’à faucher les vies. Perussac serait mort si il m’avait écouté au lieu de pourchasser la liche comme un idiot. Je garde néanmoins mon calme devant l’affront qu’il ose commettre envers un élu de Phaïtos. Au moins il réagit, il ne reste plus qu’à le convaincre de réfléchir à une solution, à m’écouter.
« Tout comme pour vous ils m’ont empêchés d’achever Perussac qui était à ma merci. Mais chercher un responsable est moins utile que chercher une solution. Vous ne pensez pas ? »
Il secoue la tête, prétendant se désoler simplement de ce fait sans en chercher un responsable. Parce qu’il sait que c’est lui. Charger comme des animaux est apparemment la seule stratégie que connait l’armée de la Dame Noire. Il admet cependant son ignorance à demi-mots, réclamant mon avis sans toutefois l’énoncer clairement. Demandant simplement d’un air presque moqueur si moi je possède une solution.
« Certainement. Mais elle sera plus difficile à mettre en place comme nous ne l’avons pas fait plus tôt comme je l’avais conseillé au Général Khynt. Et elle dépend en grande partie de la mobilité de votre armée. Mais tout le monde respecte et craint l’efficacité de votre armée comme vous le savez… »
Je marque une pause, lissant encore ma barbe en regardant toujours vers Oranan. Vers ces troupes stagnantes et inutiles cherchant simplement à faire pression sur une cité en sursis.
« Vous savez, je suis persuadé d’être d’excellent conseil. Mais êtes vous prêts à les écouter General ? »
"La mobilité de notre armée ? En quoi est-elle plus mobile que la leur ? Devons-nous vraiment compter sur la plus grande taille de nos jambes ? Et pour quoi ? les fuir ? Mon, armée est une armée de contact, de combat."
Il grogne. Tel un animal. Voilà donc qui est Crean Lorener. Un gosse mauvais perdant. Trop fier pour demander de l’aide à un homme indubitablement plus intelligent. S’emportant pour tenter de déformer mes propos et me faire passer pour stupide. Devant qui ? Devant ses hommes dont le simple fait qu’ils possédent des pouces opposables m’étonne ? Quelque part il me fait penser à D’Arkasse, cherchant ainsi à m’humilier pour cacher sa propre faiblesse, pour dissimuler son infériorité. Je me pensais l’égal de cette homme, je me trompais.
( Ô Phaïtos. Vous m’avez fait le don d’être au dessus de bien des hommes. )
"Vous en semblez persuadé, oui. Alors pourquoi les retenir, ces conseils ?"
Je ne réponds même pas tant la réponse est évidente. Parce que beaucoup refusent de m’écouter. Laeten m’a écouté, obtenant ainsi un immense butin. Khynt n’a pas prêté une oreille et nous voilà entrain de nous remettre de blessures sévères. Au moins je suis certain maintenant d’avoir son attention. J’accepte enfin de poser mon regard sur lui après avoir jeter un coup d’oeil à la bataille plus proche qui nous concerne directement tout en déclarant.
« Nous avons désormais un avantage sur eux. C’est qu’ils sont confiants. La nouvelle de notre échec au nord va se répandre et les amener à pousser notre position. L’occasion rêvée de tendre un piège… »
Je mee tourne à nouveau vers la bataille et désigne le mur de plantes au sud.
« Il faut reculer jusqu’à ce que nous soyons en mesure de coincer l’armée naine entre nous et les plantes. Nous devons affaiblir notre position au sud et renforcer celle au nord ou c’est nous qui serons prit au piège. Des renforts venant de l’est ne seraient pas de trop. Je peux partir les quérir pour attaquer par le nord si vous me fournissez une monture. Sauf si vous souhaitez me garder à vos côtés. »
"Perdre du terrain pour les enfermer dans un piège. Ce n'est pas bête. Mais ils ne sont pas bêtes non plus. Nous essaierons. Mais de quels renforts parlez-vous donc ? Il n'y a que des ennemis à l'est."
Mon masque de chair se brise, affichant un air confus. L’est ? De quoi parle-t-il ? Non. Non c’est moi. Pourquoi ai-je dis est ? Ma grimace de confusion devient une moue honteuse. Comment ai-je pu me tromper ainsi ? Un enfant sait lire une carte et connait ses points cardinaux ! J’affiche maintenant un air haineux. Cette magie, ce sort, je dois encore en subir les effets ! Maudite liche ! Elle est sans doute responsable de ça !
« Navré. Il semblerait que le sort du nécromancien m’affecte encore… Je parlais des troupes proches d’Oranan. Le général Karsinar peut sans doute se défaire de plusieurs combattants. »
Mais la réaction de Lorener ne se fait pas attendre, il refuse catégoriquement de demander des renforts à Karsinar. Il a beau prétendre que c’est pour qu’il garde une position de siège forte je comprends par ses mots que c’est pas pur fierté. J’ai beau insisté posément, reprenant mon attitude calme et confiante, donnant des arguments pourtant convaincants, il ne change pas d’avis et je comprends qu’il ne le fera pas. Je ne perds pas d’avantage de temps.
« Que décidez vous alors ? »
"De mettre à profit votre plan initial. Mais nous ne devrons compter que sur nos forces pour œuvrer en ce sens. Sauf si vous trouvez d'autres aides. Parmi les aventuriers qui nous suivent, nous. Ou parmi mes confrères. Leona elle-même pourrait savourer l'idée qu'on nourrisse ses plantes de nains."
J’incline la tête. Ce n’est pas une mauvaise idée. Je me renseigne sur sa position, supposant qu’elle se cache parmi ses plantes et il m’assure qu’un allié qui la recherche peut la trouver sans peine. J’accepte cette tâche mais connaissant la méfiance innée des femmes je demande à Lorener une chose pouvant affirmer que je viens de sa part.
"Dites simplement que c'est moi qui vous envoie. Nous ne pouvons plus guère compter sur nos symboles, au vu du nombre de trahisons d'aventuriers dans nos rangs."
« Je ferais au plus vite. »
Je me tourne vers le mur de plante et commence à m’éloigner tout en déclarant:
« Ayez foi Général. Quand on attaque l’Empire… l’Empire contre-attaque. »
[XP : 0,5 (discussion)]
(J’y arriverais Ô Phaïtos. Je ne vous décevrais pas. )
J’observe la bataille, tournant plutôt à notre désavantage j’ai l’impression. Le mur de plantes au sud, l’armée de Karsinar derrière nous survolée par le grand dragon noir. Oranan est déjà condamnée, c’est certain. Ses habitants rejoindront les Enfers, purifiés par le souffle de la créature. Si seulement Khynt m’avait écouté, nous serions en moins mauvaise posture. Lui qui prétendait avoir une stratégie. Pfeuh ! Quel est-elle ? Foncer dans le tas comme des demeurés ? J’ai sans doute surestimé ces fameux Treize. En tout cas ils ne sont pas à la hauteur de leur réputation. En témoigne le retour de Lorener, en piteux état, soutenu par ses hommes. Le premier des Treize, grand général de l’empire Omyrhien. Mis à mal par une troupe de nécromancien fleur bleue et leur ménagerie de clébards crevés. La seule chose qui me pousse à dissimuler mon mépris est l’armée qu’il possède. Il est installé, chouchouté, gavé de potion. Bien loin du sort ingrat qui m’attendait, allongé sur ce lit miteux et puant déjà le cadavre, la merde et le sang.
Je patiente, à nouveau, pendant que la bataille se déroule, me demandant combien de temps Lorener va mettre pour se reprendre avant de m’approcher, silencieux. Il ne prête guère attention à moi, il observe la bataille également, contenant sa colère et sa frustration. Je suis son regard et calmement lui demande ce qu’il a en tête. Peut être une stratégie pour reprendre le dessus, l’aveu de ne pas savoir, mais aucunement… Il geint, tout en se tournant vers moi, mauvais, me demandant de le laisser tranquille et que sa seule préoccupation est de voir mourir ces aventuriers. Je peine à dissimuler mon mépris une fois encore. Voilà qu’il se comporte comme un gosse mauvais perdant. Je sais que je dois à présent peser mes mots avec attention. Il doit se reprendre et je dois éviter de prendre un coup de masse guidé par sa colère. Je reste calme et détourne mon regard de lui pour observer la capitale Ynorienne dont les portes sont déjà effondrées alors que Karsinar a, semble t’il, déjà décidé à charger malgré le plan qu’il avait confié la veille. Une trop bonne occasion ? Un désir de faire au plus vite pour palier des incidents survenus de l’autre côté du mur de Léona ? Ou est-ce simplement que cette bête sauvage est incapable d’attendre ?
« Pour l’instant ils mettent à mal votre armée. »
Lâchais-je, calme, pour le secouer un peu. Hargneux, il rétorque:
"Croyez-vous que je ne le vois pas ? Sans eux la victoire contre cette cavalerie et ces maudits nabots aurait été gratuite."
Il grommelle une phrase inaudible dans son casque avant de sous entendre que je n’ai pas fait pencher la balance. Quel ingratitude. Je suis venu le chercher pour qu’il écrase cette cavalerie menaçante. Je lui avais pourtant annoncé que je serais prit pour cible et qu’il n’aurait qu’à faucher les vies. Perussac serait mort si il m’avait écouté au lieu de pourchasser la liche comme un idiot. Je garde néanmoins mon calme devant l’affront qu’il ose commettre envers un élu de Phaïtos. Au moins il réagit, il ne reste plus qu’à le convaincre de réfléchir à une solution, à m’écouter.
« Tout comme pour vous ils m’ont empêchés d’achever Perussac qui était à ma merci. Mais chercher un responsable est moins utile que chercher une solution. Vous ne pensez pas ? »
Il secoue la tête, prétendant se désoler simplement de ce fait sans en chercher un responsable. Parce qu’il sait que c’est lui. Charger comme des animaux est apparemment la seule stratégie que connait l’armée de la Dame Noire. Il admet cependant son ignorance à demi-mots, réclamant mon avis sans toutefois l’énoncer clairement. Demandant simplement d’un air presque moqueur si moi je possède une solution.
« Certainement. Mais elle sera plus difficile à mettre en place comme nous ne l’avons pas fait plus tôt comme je l’avais conseillé au Général Khynt. Et elle dépend en grande partie de la mobilité de votre armée. Mais tout le monde respecte et craint l’efficacité de votre armée comme vous le savez… »
Je marque une pause, lissant encore ma barbe en regardant toujours vers Oranan. Vers ces troupes stagnantes et inutiles cherchant simplement à faire pression sur une cité en sursis.
« Vous savez, je suis persuadé d’être d’excellent conseil. Mais êtes vous prêts à les écouter General ? »
"La mobilité de notre armée ? En quoi est-elle plus mobile que la leur ? Devons-nous vraiment compter sur la plus grande taille de nos jambes ? Et pour quoi ? les fuir ? Mon, armée est une armée de contact, de combat."
Il grogne. Tel un animal. Voilà donc qui est Crean Lorener. Un gosse mauvais perdant. Trop fier pour demander de l’aide à un homme indubitablement plus intelligent. S’emportant pour tenter de déformer mes propos et me faire passer pour stupide. Devant qui ? Devant ses hommes dont le simple fait qu’ils possédent des pouces opposables m’étonne ? Quelque part il me fait penser à D’Arkasse, cherchant ainsi à m’humilier pour cacher sa propre faiblesse, pour dissimuler son infériorité. Je me pensais l’égal de cette homme, je me trompais.
( Ô Phaïtos. Vous m’avez fait le don d’être au dessus de bien des hommes. )
"Vous en semblez persuadé, oui. Alors pourquoi les retenir, ces conseils ?"
Je ne réponds même pas tant la réponse est évidente. Parce que beaucoup refusent de m’écouter. Laeten m’a écouté, obtenant ainsi un immense butin. Khynt n’a pas prêté une oreille et nous voilà entrain de nous remettre de blessures sévères. Au moins je suis certain maintenant d’avoir son attention. J’accepte enfin de poser mon regard sur lui après avoir jeter un coup d’oeil à la bataille plus proche qui nous concerne directement tout en déclarant.
« Nous avons désormais un avantage sur eux. C’est qu’ils sont confiants. La nouvelle de notre échec au nord va se répandre et les amener à pousser notre position. L’occasion rêvée de tendre un piège… »
Je mee tourne à nouveau vers la bataille et désigne le mur de plantes au sud.
« Il faut reculer jusqu’à ce que nous soyons en mesure de coincer l’armée naine entre nous et les plantes. Nous devons affaiblir notre position au sud et renforcer celle au nord ou c’est nous qui serons prit au piège. Des renforts venant de l’est ne seraient pas de trop. Je peux partir les quérir pour attaquer par le nord si vous me fournissez une monture. Sauf si vous souhaitez me garder à vos côtés. »
"Perdre du terrain pour les enfermer dans un piège. Ce n'est pas bête. Mais ils ne sont pas bêtes non plus. Nous essaierons. Mais de quels renforts parlez-vous donc ? Il n'y a que des ennemis à l'est."
Mon masque de chair se brise, affichant un air confus. L’est ? De quoi parle-t-il ? Non. Non c’est moi. Pourquoi ai-je dis est ? Ma grimace de confusion devient une moue honteuse. Comment ai-je pu me tromper ainsi ? Un enfant sait lire une carte et connait ses points cardinaux ! J’affiche maintenant un air haineux. Cette magie, ce sort, je dois encore en subir les effets ! Maudite liche ! Elle est sans doute responsable de ça !
« Navré. Il semblerait que le sort du nécromancien m’affecte encore… Je parlais des troupes proches d’Oranan. Le général Karsinar peut sans doute se défaire de plusieurs combattants. »
Mais la réaction de Lorener ne se fait pas attendre, il refuse catégoriquement de demander des renforts à Karsinar. Il a beau prétendre que c’est pour qu’il garde une position de siège forte je comprends par ses mots que c’est pas pur fierté. J’ai beau insisté posément, reprenant mon attitude calme et confiante, donnant des arguments pourtant convaincants, il ne change pas d’avis et je comprends qu’il ne le fera pas. Je ne perds pas d’avantage de temps.
« Que décidez vous alors ? »
"De mettre à profit votre plan initial. Mais nous ne devrons compter que sur nos forces pour œuvrer en ce sens. Sauf si vous trouvez d'autres aides. Parmi les aventuriers qui nous suivent, nous. Ou parmi mes confrères. Leona elle-même pourrait savourer l'idée qu'on nourrisse ses plantes de nains."
J’incline la tête. Ce n’est pas une mauvaise idée. Je me renseigne sur sa position, supposant qu’elle se cache parmi ses plantes et il m’assure qu’un allié qui la recherche peut la trouver sans peine. J’accepte cette tâche mais connaissant la méfiance innée des femmes je demande à Lorener une chose pouvant affirmer que je viens de sa part.
"Dites simplement que c'est moi qui vous envoie. Nous ne pouvons plus guère compter sur nos symboles, au vu du nombre de trahisons d'aventuriers dans nos rangs."
« Je ferais au plus vite. »
Je me tourne vers le mur de plante et commence à m’éloigner tout en déclarant:
« Ayez foi Général. Quand on attaque l’Empire… l’Empire contre-attaque. »
[XP : 0,5 (discussion)]
Modifié en dernier par Eldros Rougine le sam. 28 août 2021 03:56, modifié 2 fois.
- Maâra
- Messages : 46
- Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 17:17
- Localisation : Chateau d'Endor
Re: Plaines de Kôchii
Voyant Daemon revenir, épuisé et le regard noir malgré leur improbable réussite à demeuré vivant face à cet assaut, Maâra descend de cheval et lui tend les rênes, décidée à garder cette fois les pieds sur terre.
Une minutes ou deux sont nécessaire à peine pour que tout se mette en branle. Le jeune soldat courageux et ses deux compagnons restent avec les Messagers et les nains pour pourfendre les premières lignes ennemies ; le reste de la cavalerie des Duchés continuera à harceler leur flanc par des assauts successifs. Le mort-vivant d’Azra, en si piteux état qu’il ne peut se mouvoir avec aise, a besoin de soin d’urgence ; Lord Azraël leur promet de les rejoindre le plus vite possible.
Quatre destriers galopent vers les premières lignes, suivies de très près par Stor-Varg qui bondit tel un fauve en chasse. Sa maîtresse court aussi, sautant par-dessus les cadavres comme jadis au milieu de la jungle de Nesindra. Elle distance les nains qui se coordonnent ; les arbalétriers, rompus à l’exercice se séparent de quelques mètres du groupe.
Lorsque les cavaliers ne sont plus qu’à quelques secondes du choc, Maâra stoppe sa course folle en dérapant, accroupie, ses mains noircies de magie sombre vibrent au dessus des terres souillées du sang de tant de sang, tant de mort qu’elle ressent leur présence plus fortement à chaque appel. Aujourd’hui, le Gardien des Morts verra ses enfers submergés d’esprit torturés. Aujourd’hui, ses adeptes asserviront ses âmes repues de colère ; et Maâra aimera plus profondément chaque souffle de ces êtres souillés, violents et purs.
Les âmes damnées, dans leurs corps putréfiés, sortent des brumes derrière les cavaliers et devant des nains aux mines effarées … Maâra leur ordonne de foncer par la brèche créé par les chevaux. Une dizaine de mort-vivant se jettent littéralement sur les Garzoks et les créatures métalliques si identiques les unes les autres.
La violence de leur premier assaut est écrasante et le chaos qui s’en suit n’est finalement qu’illusoire, chacun commence à mieux se connaître, mieux anticiper les actions des autres. Maâra saisit son arc et rattrape les arbalétriers pour assurer les arrières de ses compagnons. D’une flèche, elle transperce l’épaule d’un guerrier à la hache prête à balayer les pattes du destrier du jeune soldat. Un mort-vivant lui arrache la hache des mains, tandis que Stor-Varg l’assidu le fauche d’un bon meurtrier. En trois enjambées, la Sindel rejoint le centre de la mêlée, utilisant deux de ses mort-vivant comme bouclier ; elle envoie les autres sur les lignes ennemies, leur ordonnant d’attaquer par deux toutes menaces s’approchant des chevaux. Une deuxième flèche fauche un automate à la tête, le tuant sur place ; ses boucliers en putréfaction repoussent deux autres automates sous les sabots implacables des destriers.
L’élan donné par l’arrivée des nains leur permet alors de s’enfoncer plus profondément dans la mêlée. De part et d’autre, les cris et ordres fusent. L’armée alliée se réorganise bien plus rapidement que l’armée chaotique des deux généraux et derrière eux, le terrain dégagé par leur passage est repris par les nains qui s’y engouffrent sans hésitation.
Plusieurs mètres sont forcés ainsi, avant qu’un groupe ne les fasse s’arrêter brusquement. Maâra, trop en retrait, se retrouve encerclée. D’un coup d’œil, elle s’aperçoit du vide laissé par ses squelettes et jure intérieurement contre son erreur de s’être laissée ainsi aveuglée et happée par sa soif de sang, par l’atmosphère de Mort et leur progression insolente. Mais son fidèle loup est là, à quelques pas derrière l’un des ennemis lui faisant face, et un grognement dans son dos lui rappelle qu’elle n’est pas seule sur le terrain. Enhardie par le bouillonnement de ses fluides, elle hoche la tête pour donner l’ordre à Stor-Varg de foncer. Le loup se faufile entre plusieurs adversaires pour faire diversion et saute sur l’un deux, l’emportant avec lui au sol.
Des mains de Maâra pendent des lianes sombres et visqueuses qui frémissent violemment lorsqu’elle tend ses bras et relâche son sortilège. Quatre filaments atteignent leurs cibles, dirigés par la nécromancienne qui parvient à les dévier des automates de métal pour ne toucher que des êtres de chair ; dont elle aspire la vie. L’un d’eux meurt sur le coup, deux autres tombent à terre en se tordant de douleur, le troisième rendu fou de douleur ; réminiscence de ce que ce corps à déjà vécu aux mains de leur tortionnaire d’Omyre ; se rue sur Maâra qui n’a le temps que de se saisir de sa dague. Trop faible pour lever haut son arme, il la percute d’un violent coup d’épaule. Ils tombent lourdement, la grise parvient à garder en main sa dague quand l’autre la perd sans s’en inquiéter ; tombée sur elle, il a le dessus. La Sindel se débat comme un vif hornal, touchant de la pointe de sa dague son adversaire sans pourtant le blesser tandis qu’il lui attrape la crinière et lui cogne la tête au sol. Elle pousse un gémissement immonde et inaperçu dans tout ce brouhaha et tente de se dégager en réitérant un coup de dague. Mais là encore, ses capacités à combattre dans une telle position sont maigres et le guerrier, malgré ses blessures, parvient à parer son coup et pire, d’un coup sec sur son poignet la désarme. La dague tombe à quelques centimètres à peine. Elle se cabre et tente de le faire tomber lorsqu’il l’attrape à la gorge, l’empêchant de hurler à l’aide en plus de respirer. Autour d’elle, tout se déforme soudain et la peur finit par tétaniser son esprit, si bien qu’elle échoue à éveiller sa magie. Elle suffoque et ne parvient pas à se coordonner, encore moins à réfléchir. Elle se tortille vainement, tel un poisson hors de l’eau. Son corps tremble, sa vision se trouble, sa respiration est de plus en plus ténue et la suffocation envahissante.
Il lâche une main de sa gorge pour plaquer son bras au sol alors que ses doigts menus venaient de toucher le métal froid de sa dague. Elle gémit, affaiblie par la peur mais luttant encore contre l’étourdissement, elle tente de le frapper de son autre main. Mais la force lui manque, elle ne gagne qu’une dose d’inspiration lorsque sa prise se relâche un peu. En se débattant, elle remarque une pierre, si proche et si loin de sa main libre. Elle tâtonne, se crispe, tend son bras à s’en faire mal, saisie la pierre en s’y griffant le bout des doigts, mais tout ça n’est pas cher payé pour sa survie. Son visage se crispe soudain, figé par une nouvelle force. La pierre en main, elle grimace de douleur par l’effort à fournir et hurle à s’en briser la gorge en frappant la tempe de son bourreau. Enragée par sa stupéfiante réussite, elle se relève, tel un pantin articulé guidé par une force invisible, saisi sa dague et la plante dans la gorge ennemie ; avant de cogner et cogner encore le visage du mort avec sa pierre.
Faible, elle retrouve sa gourde et en boit une rasade aussi difficile à avaler qu’apaisante. A genoux au milieu du champ de bataille, elle inspire profondément malgré la douleur persistante, sentant sa gorge se délivrer.
Elle se redresse assez rapidement, ramasse son arc et l’échange contre sa dague. Devant elle, ses alliés reprennent du terrain. Elle se rapproche et reprend son rôle de support ; à plusieurs reprises elle vise et touche les ennemis direct de ses alliés, leur permettant d’en finir plus rapidement. Stor-Varg, légèrement blessé à la tête et aux pattes arrière revient vers elle. Ensemble, ils continuent d’avancer et de forcer le passage, toujours plus loin dans les lignes où le chaos règne en maître.
Le char n’est plus très loin et Kynth s’est encore avancé dans les lignes alliées ; ils s’en approchent presque par l’arrière. La troupe décide de se coordonner pour frapper fort. Maâra hoche la tête, canalise ses fluides et se lie aux âmes des cadavres frais, s’en délectant tant l’atmosphère en est surchargée … derrière elle, Stor-Varg bloque un automate lui fonçant dessus d’un coup de crâne dans le torse, qui explose sous l’impact. En vient un autre, dont les armes sont soudés aux bras, le loup bondit et pare l’estoc destiné à embrocher l’elfe impuissante en train de relever les morts ; mais ne parvient qu’à dévier le second coup rapide de l’adversaire, tranchant la cuisse de Maâra de haut en bas comme un jambon à l’os.
Aucun mort-vivant ne naîtra en cette seconde. Maâra pousse un hurlement strident, courbée en deux et la tête chancelante, elle titube et tombe à terre. Au dessus d’elle passent plusieurs carreaux d’arbalète qui criblent son adversaire.
Blessée, Maâra prend du retard sur ses compagnons de route. La douleur l’enivre au point de se persuader qu’elle peut tenir le rythme, mais la brusque ruée prévue met un terme à ses orgueilleux espoirs. Epaulée par Stor-Varg, elle s’apprête à boire le contenu de sa gourde lorsqu’elle remarque ; au milieu d’un attroupement fébrile venant d’essuyer de nombreuses pertes sous les coups coordonnés du reste de la troupe ; un Garzok robuste élever la voix et y mettre bon ordre. Avec les plus proches guerriers, il se rue en direction des nains … dont les archers en seconde ligne lâchent une volée de flèches dans leur direction. De nombreuses flèches touchent le sol, à quelques pas derrière leur cible trop rapide, motivée par la hargne de la peau verte. Les premiers nains accueillent ces adversaires avec aisance mais derrière, un autre attroupement se créé, plus gros encore, encouragé par la réussite de la tactique.
Le Garzok est dangereux. Habile, rapide et capable de dicter ses tactiques à ces automates et ces guerriers sans coordination. Maâra lâche sa gourde, silencieuse aux griefs de son compagnon. Elle canalise sa magie et se lie à l’autre monde ; et cette fois, pas de temps à perdre avec la beauté de ce qu’elle sent et ressent ; ses bras dansent et englobent l’air saturé de magie autour d’elle et les relèvent, paume vers le haut, les doigts crispés et tremblants.
Devant le groupe en pleine course apparaissent plusieurs dizaines de mains. Les plus petits d’entre eux trébuchent et chutent sous la poigne des mains, tous sont ralentis et beaucoup sont arrêtés net. Maâra hurle alors, reprise dans la seconde par les nains qui l’accompagnent encore :
« ARCHERS !!!
- ARCHERS ! »
Et cette fois, les flèches touchent. C’est un carnage auquel participe avec des rires rauques les arbalétriers avec elle. Mais la Sindel a le regard ailleurs … vers ce Garzok rusé.
« Tu apprends vite. » Grogne son compagnon, déjà sur le qui-vive. ((S’en est saisissant, t’es aussi excitée par la guerre qu’Eux.)) Son Faera ne précise pas qui, elle le comprend, elle le ressent ; et comment ne pas l’être. Partout du sang, partout la souffrance, partout la Mort ; tout est si pur, si simple que la conquête ou la défaite est le seul horizon des possibles.
Bien plus proche que l’horizon incertain de la guerre, se trouve une peau verte enflammée. D’un geste presque négligeable, il pourfend son adversaire et recule de quelques pas, hors de la zone minée, pour pouvoir se dégager une voie vers la Sindel, déjà prête à le recevoir. Ses yeux noirs l’observent venir à elle; le toisent comme si plus rien autour n’existait tandis qu’il accélère le pas, sa large épée à deux mains appuyée sur son épaule.
La main gauche de Maâra, entourée de fluide d’Obscurité, se pose sur la plaie à sa cuisse encore chaude et dégoulinante. Elle grimace d’avance, essayant d’endiguer les vibrations naissantes dans son esprit, essayant de se convaincre que la douleur sera pire pour lui que pour elle. Elle inspire, concentre ses fluides et son esprit sur sa blessure, sur la douleur, la chaleur et l’odeur de son sang ; et heurt en pleine course la peau verte de son sortilège. La Sindel étouffe un gémissement, ayant l’impression que sa peau se rétracte sous l’effet de l’étrange et douloureuse guérison. Le Garzok, lui, vacille en s’appuyant sur une jambe subitement tranchée au niveau de la cuisse ; et, venant de nulle part, voit un loup mort-vivant se jeter gueule en avant et planter ses crocs dans son bras, l’arrachant presque. Blessé grièvement avant même de porter le premier coup, la peau verte se redresse en hurlant, tant de rage que de douleur et saisi son énorme épée d’une unique main faible et foudroie le vide. Maâra se saisit de sa dague et attaque sournoisement la peau verte au cou, l’égorgeant salement tandis qu’il repoussait l’attaque de Stor-Varg.
Devant elle, la zone est presque entièrement dégagée. Elle court le plus vite possible, suivit de près par les arbalétriers et devancé par Stor-Varg. Plus loin, elle repère le reste de la troupe et la rejoint en buvant une rasade de potion de magie.
(( Utilisation dans le rp : 1 grande potion de soin (blessure grave) - 1 grande potion de mana (8PM) ))
[XP : 3 (combat)]
Une minutes ou deux sont nécessaire à peine pour que tout se mette en branle. Le jeune soldat courageux et ses deux compagnons restent avec les Messagers et les nains pour pourfendre les premières lignes ennemies ; le reste de la cavalerie des Duchés continuera à harceler leur flanc par des assauts successifs. Le mort-vivant d’Azra, en si piteux état qu’il ne peut se mouvoir avec aise, a besoin de soin d’urgence ; Lord Azraël leur promet de les rejoindre le plus vite possible.
Quatre destriers galopent vers les premières lignes, suivies de très près par Stor-Varg qui bondit tel un fauve en chasse. Sa maîtresse court aussi, sautant par-dessus les cadavres comme jadis au milieu de la jungle de Nesindra. Elle distance les nains qui se coordonnent ; les arbalétriers, rompus à l’exercice se séparent de quelques mètres du groupe.
Lorsque les cavaliers ne sont plus qu’à quelques secondes du choc, Maâra stoppe sa course folle en dérapant, accroupie, ses mains noircies de magie sombre vibrent au dessus des terres souillées du sang de tant de sang, tant de mort qu’elle ressent leur présence plus fortement à chaque appel. Aujourd’hui, le Gardien des Morts verra ses enfers submergés d’esprit torturés. Aujourd’hui, ses adeptes asserviront ses âmes repues de colère ; et Maâra aimera plus profondément chaque souffle de ces êtres souillés, violents et purs.
Les âmes damnées, dans leurs corps putréfiés, sortent des brumes derrière les cavaliers et devant des nains aux mines effarées … Maâra leur ordonne de foncer par la brèche créé par les chevaux. Une dizaine de mort-vivant se jettent littéralement sur les Garzoks et les créatures métalliques si identiques les unes les autres.
La violence de leur premier assaut est écrasante et le chaos qui s’en suit n’est finalement qu’illusoire, chacun commence à mieux se connaître, mieux anticiper les actions des autres. Maâra saisit son arc et rattrape les arbalétriers pour assurer les arrières de ses compagnons. D’une flèche, elle transperce l’épaule d’un guerrier à la hache prête à balayer les pattes du destrier du jeune soldat. Un mort-vivant lui arrache la hache des mains, tandis que Stor-Varg l’assidu le fauche d’un bon meurtrier. En trois enjambées, la Sindel rejoint le centre de la mêlée, utilisant deux de ses mort-vivant comme bouclier ; elle envoie les autres sur les lignes ennemies, leur ordonnant d’attaquer par deux toutes menaces s’approchant des chevaux. Une deuxième flèche fauche un automate à la tête, le tuant sur place ; ses boucliers en putréfaction repoussent deux autres automates sous les sabots implacables des destriers.
L’élan donné par l’arrivée des nains leur permet alors de s’enfoncer plus profondément dans la mêlée. De part et d’autre, les cris et ordres fusent. L’armée alliée se réorganise bien plus rapidement que l’armée chaotique des deux généraux et derrière eux, le terrain dégagé par leur passage est repris par les nains qui s’y engouffrent sans hésitation.
Plusieurs mètres sont forcés ainsi, avant qu’un groupe ne les fasse s’arrêter brusquement. Maâra, trop en retrait, se retrouve encerclée. D’un coup d’œil, elle s’aperçoit du vide laissé par ses squelettes et jure intérieurement contre son erreur de s’être laissée ainsi aveuglée et happée par sa soif de sang, par l’atmosphère de Mort et leur progression insolente. Mais son fidèle loup est là, à quelques pas derrière l’un des ennemis lui faisant face, et un grognement dans son dos lui rappelle qu’elle n’est pas seule sur le terrain. Enhardie par le bouillonnement de ses fluides, elle hoche la tête pour donner l’ordre à Stor-Varg de foncer. Le loup se faufile entre plusieurs adversaires pour faire diversion et saute sur l’un deux, l’emportant avec lui au sol.
Des mains de Maâra pendent des lianes sombres et visqueuses qui frémissent violemment lorsqu’elle tend ses bras et relâche son sortilège. Quatre filaments atteignent leurs cibles, dirigés par la nécromancienne qui parvient à les dévier des automates de métal pour ne toucher que des êtres de chair ; dont elle aspire la vie. L’un d’eux meurt sur le coup, deux autres tombent à terre en se tordant de douleur, le troisième rendu fou de douleur ; réminiscence de ce que ce corps à déjà vécu aux mains de leur tortionnaire d’Omyre ; se rue sur Maâra qui n’a le temps que de se saisir de sa dague. Trop faible pour lever haut son arme, il la percute d’un violent coup d’épaule. Ils tombent lourdement, la grise parvient à garder en main sa dague quand l’autre la perd sans s’en inquiéter ; tombée sur elle, il a le dessus. La Sindel se débat comme un vif hornal, touchant de la pointe de sa dague son adversaire sans pourtant le blesser tandis qu’il lui attrape la crinière et lui cogne la tête au sol. Elle pousse un gémissement immonde et inaperçu dans tout ce brouhaha et tente de se dégager en réitérant un coup de dague. Mais là encore, ses capacités à combattre dans une telle position sont maigres et le guerrier, malgré ses blessures, parvient à parer son coup et pire, d’un coup sec sur son poignet la désarme. La dague tombe à quelques centimètres à peine. Elle se cabre et tente de le faire tomber lorsqu’il l’attrape à la gorge, l’empêchant de hurler à l’aide en plus de respirer. Autour d’elle, tout se déforme soudain et la peur finit par tétaniser son esprit, si bien qu’elle échoue à éveiller sa magie. Elle suffoque et ne parvient pas à se coordonner, encore moins à réfléchir. Elle se tortille vainement, tel un poisson hors de l’eau. Son corps tremble, sa vision se trouble, sa respiration est de plus en plus ténue et la suffocation envahissante.
Il lâche une main de sa gorge pour plaquer son bras au sol alors que ses doigts menus venaient de toucher le métal froid de sa dague. Elle gémit, affaiblie par la peur mais luttant encore contre l’étourdissement, elle tente de le frapper de son autre main. Mais la force lui manque, elle ne gagne qu’une dose d’inspiration lorsque sa prise se relâche un peu. En se débattant, elle remarque une pierre, si proche et si loin de sa main libre. Elle tâtonne, se crispe, tend son bras à s’en faire mal, saisie la pierre en s’y griffant le bout des doigts, mais tout ça n’est pas cher payé pour sa survie. Son visage se crispe soudain, figé par une nouvelle force. La pierre en main, elle grimace de douleur par l’effort à fournir et hurle à s’en briser la gorge en frappant la tempe de son bourreau. Enragée par sa stupéfiante réussite, elle se relève, tel un pantin articulé guidé par une force invisible, saisi sa dague et la plante dans la gorge ennemie ; avant de cogner et cogner encore le visage du mort avec sa pierre.
Faible, elle retrouve sa gourde et en boit une rasade aussi difficile à avaler qu’apaisante. A genoux au milieu du champ de bataille, elle inspire profondément malgré la douleur persistante, sentant sa gorge se délivrer.
Elle se redresse assez rapidement, ramasse son arc et l’échange contre sa dague. Devant elle, ses alliés reprennent du terrain. Elle se rapproche et reprend son rôle de support ; à plusieurs reprises elle vise et touche les ennemis direct de ses alliés, leur permettant d’en finir plus rapidement. Stor-Varg, légèrement blessé à la tête et aux pattes arrière revient vers elle. Ensemble, ils continuent d’avancer et de forcer le passage, toujours plus loin dans les lignes où le chaos règne en maître.
Le char n’est plus très loin et Kynth s’est encore avancé dans les lignes alliées ; ils s’en approchent presque par l’arrière. La troupe décide de se coordonner pour frapper fort. Maâra hoche la tête, canalise ses fluides et se lie aux âmes des cadavres frais, s’en délectant tant l’atmosphère en est surchargée … derrière elle, Stor-Varg bloque un automate lui fonçant dessus d’un coup de crâne dans le torse, qui explose sous l’impact. En vient un autre, dont les armes sont soudés aux bras, le loup bondit et pare l’estoc destiné à embrocher l’elfe impuissante en train de relever les morts ; mais ne parvient qu’à dévier le second coup rapide de l’adversaire, tranchant la cuisse de Maâra de haut en bas comme un jambon à l’os.
Aucun mort-vivant ne naîtra en cette seconde. Maâra pousse un hurlement strident, courbée en deux et la tête chancelante, elle titube et tombe à terre. Au dessus d’elle passent plusieurs carreaux d’arbalète qui criblent son adversaire.
Blessée, Maâra prend du retard sur ses compagnons de route. La douleur l’enivre au point de se persuader qu’elle peut tenir le rythme, mais la brusque ruée prévue met un terme à ses orgueilleux espoirs. Epaulée par Stor-Varg, elle s’apprête à boire le contenu de sa gourde lorsqu’elle remarque ; au milieu d’un attroupement fébrile venant d’essuyer de nombreuses pertes sous les coups coordonnés du reste de la troupe ; un Garzok robuste élever la voix et y mettre bon ordre. Avec les plus proches guerriers, il se rue en direction des nains … dont les archers en seconde ligne lâchent une volée de flèches dans leur direction. De nombreuses flèches touchent le sol, à quelques pas derrière leur cible trop rapide, motivée par la hargne de la peau verte. Les premiers nains accueillent ces adversaires avec aisance mais derrière, un autre attroupement se créé, plus gros encore, encouragé par la réussite de la tactique.
Le Garzok est dangereux. Habile, rapide et capable de dicter ses tactiques à ces automates et ces guerriers sans coordination. Maâra lâche sa gourde, silencieuse aux griefs de son compagnon. Elle canalise sa magie et se lie à l’autre monde ; et cette fois, pas de temps à perdre avec la beauté de ce qu’elle sent et ressent ; ses bras dansent et englobent l’air saturé de magie autour d’elle et les relèvent, paume vers le haut, les doigts crispés et tremblants.
Devant le groupe en pleine course apparaissent plusieurs dizaines de mains. Les plus petits d’entre eux trébuchent et chutent sous la poigne des mains, tous sont ralentis et beaucoup sont arrêtés net. Maâra hurle alors, reprise dans la seconde par les nains qui l’accompagnent encore :
« ARCHERS !!!
- ARCHERS ! »
Et cette fois, les flèches touchent. C’est un carnage auquel participe avec des rires rauques les arbalétriers avec elle. Mais la Sindel a le regard ailleurs … vers ce Garzok rusé.
« Tu apprends vite. » Grogne son compagnon, déjà sur le qui-vive. ((S’en est saisissant, t’es aussi excitée par la guerre qu’Eux.)) Son Faera ne précise pas qui, elle le comprend, elle le ressent ; et comment ne pas l’être. Partout du sang, partout la souffrance, partout la Mort ; tout est si pur, si simple que la conquête ou la défaite est le seul horizon des possibles.
Bien plus proche que l’horizon incertain de la guerre, se trouve une peau verte enflammée. D’un geste presque négligeable, il pourfend son adversaire et recule de quelques pas, hors de la zone minée, pour pouvoir se dégager une voie vers la Sindel, déjà prête à le recevoir. Ses yeux noirs l’observent venir à elle; le toisent comme si plus rien autour n’existait tandis qu’il accélère le pas, sa large épée à deux mains appuyée sur son épaule.
La main gauche de Maâra, entourée de fluide d’Obscurité, se pose sur la plaie à sa cuisse encore chaude et dégoulinante. Elle grimace d’avance, essayant d’endiguer les vibrations naissantes dans son esprit, essayant de se convaincre que la douleur sera pire pour lui que pour elle. Elle inspire, concentre ses fluides et son esprit sur sa blessure, sur la douleur, la chaleur et l’odeur de son sang ; et heurt en pleine course la peau verte de son sortilège. La Sindel étouffe un gémissement, ayant l’impression que sa peau se rétracte sous l’effet de l’étrange et douloureuse guérison. Le Garzok, lui, vacille en s’appuyant sur une jambe subitement tranchée au niveau de la cuisse ; et, venant de nulle part, voit un loup mort-vivant se jeter gueule en avant et planter ses crocs dans son bras, l’arrachant presque. Blessé grièvement avant même de porter le premier coup, la peau verte se redresse en hurlant, tant de rage que de douleur et saisi son énorme épée d’une unique main faible et foudroie le vide. Maâra se saisit de sa dague et attaque sournoisement la peau verte au cou, l’égorgeant salement tandis qu’il repoussait l’attaque de Stor-Varg.
Devant elle, la zone est presque entièrement dégagée. Elle court le plus vite possible, suivit de près par les arbalétriers et devancé par Stor-Varg. Plus loin, elle repère le reste de la troupe et la rejoint en buvant une rasade de potion de magie.
(( Utilisation dans le rp : 1 grande potion de soin (blessure grave) - 1 grande potion de mana (8PM) ))
[XP : 3 (combat)]
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.
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- Enregistré le : sam. 6 avr. 2019 23:02
Re: Plaines de Kôchii
Chapitre IV – De chair et d’acier
Un petit attroupement s’est formé à l’écart des combats. Les trois mages noirs, dont Azrael et une troupe naine venue nous prêter main forte. L’un des deux compagnons d’Azrael, prend la parole, une elfe grise me dépassant d’une bonne demi-tête. Elle nous informe que Khynt et ses troupes sèment le chaos parmi les nains. Elle suggère que nous prêtions main forte à nos alliés en perçant les lignes ennemies directement jusqu’au général. A présent que Créan est neutralisé, nous avons effectivement le champ libre pour tenter de contrer un second général d’Oaxaca.
Le plan avancé par l’elfe grise est résolument basique, et extrêmement ambitieux. Les trois mages disposent néanmoins d’une force de frappe impressionnantes. Ils ont terrassé à eux seuls cinq guerriers d’élite et fait détaller l’un des treize ! La cavalerie pourrait de plus nous fournir un appui en menant la charge avec nous. A nous de continuer ensuite la percée, jusqu’à atteindre le général. Je dégaine épée et bouclier et tente de rallier quelques cavaliers à notre troupe.
« Cavaliers, le général Lorener a flanché sous les coups de ces gens – je désigne les trois mages noirs - Aidons-les à faire de même avec Khynt ! A moi cavaliers ! »
Quelques soldats répondent à mon appel, détournant leur monture pour venir se ranger. Je reconnais quelques visages parmi eux, certains ont participé à la manœuvre que j’ai initiée pour nous dégager du piège dans lequel nous nous étions fourrés lors de la première charge. Dans leurs rangs bien sûr, mes frères et sœurs d’armes Bernas et Tessy.
« Une charge sur les guerriers mécaniques, mais ne traînez pas ! On vous suit et on prend le relai. »
Les cavaliers partent au trot et nous les suivons en progressant à petite foulée. Nous avançons à allure réduite, suffisamment pour ne pas nous laisser trop distancer par la cavalerie, et n’accélérons que lors des derniers mètres. Je suis d’ailleurs surpris par la vélocité des nains. Il ne leur faut pas moins d’une demie foulée supplémentaire pour combler chacun de mes pas, deux, si on les compare à l’elfe grise, et pourtant, ils tiennent l’allure sans difficulté.
L’avant garde formée par la cavalerie percute la marée d’automates dans un vacarme assourdissant. Le choc des armes et l’impact des chevaux font ployer la tôle et vibrer les mécanismes. Incapables de résister à la pression, les créatures de métal flanchent et ouvrent leurs rangs. Une clameur s’élève parmi les nains qui s’engouffrent aussitôt dans la faille. Je joins ma voix au tumulte, autant pour encourager mes frères d’armes que pour évacuer mes récentes frustrations. Le résultat mitigé de notre première charge, la mort du roi, l’arrivée du dragon noir... mes tourments s’envolent en un cri, et je me focalise sur le combat qui approche.
La cavalerie fait place nette et nous arrivons au contact des automates. L’arme au clair et saturée de fluides lumineux, je me jette dans la mêlée. Mon épée est un flambeau, une lame aveuglante, qui handicape mes ennemis. Je frappe avec légèreté, dosant chacun de mes coups pour ne pas m’épuiser. Ayant déjà affronté ces créatures, je connais à présent certains de leurs points faibles. Je ne m’échine plus à frapper leur cuirasse de métal, sauf à renfort de bouclier lorsque je souhaite les repousser. Ma lame converge vers les rouages, les articulations et autres câbles visibles par endroits. Ainsi, j’arrive facilement à désactiver un bras, une jambe, et mes adversaires s’en retrouvent fortement diminués. Je ne cherche pas non plus à détruire, juste à repousser mes adversaires, à maintenir une pression constante sur l’ennemi afin de perpétrer notre progression. Combattre ainsi requiert la plus grande attention. Pour garder l’esprit clair, j’en reviens parfois à une approche plus basique consistant à rouer l’adversaire de puissants coups de boucliers, stratégie que les nains appliquent à outrance, non sans un certain succès. Puis, avant que mes muscles ne s’échauffent, je reprends mes assauts tout en finesse.
Nous nous frottons également à des garzoks, sur lesquels je prends soin d’éprouver aussi ma technique. Je frappe, consciencieusement, préférant effleurer l’adversaire d’une caresse acérée à de simples attaques en puissance. Mon arme suinte toujours d’une lueur irritante, me préservant des désagréments d’un sale coup, même si j’écope de quelques bleus et estafilades sans gravité. Je parviens de cette façon à infliger quelques blessures et dégâts à nos adversaires de chair et de métal. Mais je ne cherche pas à tuer ou détruire, mes coups et assauts servent visent uniquement à entretenir notre constante avancée.
Ainsi, notre escouade progresse-t-elle inexorablement vers le noyau de troupes abritant le général Khynt. Chaque mètre gagné nous gonfle d’espoir et exhorte chaque homme, chaque nain à redoubler d’effort. Les mages noirs nous sont d’une aide précieuse, par leur adresse aux armes mais également leurs sortilèges qui pleuvent ici, pour dégager un passage, ou là, pour lever une escadre de mort qui vient croiser le fer à nos côtés. Nous apercevons Khynt à quelques mètres, mitraillant les troupes naines d’éclairs magiques. Ayant traversé l’armée ennemie depuis le front nord, nous arrivons depuis un angle mort, presque de derrière, tant le général et ses troupes ont enfoncés les lignes naines.
Le roi des automates n’a pas encore pris conscience de notre présence. Nous fournissons un ultime effort, galvanisés par la perspective de pouvoir, peut-être, neutraliser un second général de l'armée adverse.
(HRP : tentative d’apprentissage de la posture adresse de guerre. L’apprentissage a été commencé ici et poursuivi là).
[XP : 3 (combat) + 2 (apprentissage validé)]
Un petit attroupement s’est formé à l’écart des combats. Les trois mages noirs, dont Azrael et une troupe naine venue nous prêter main forte. L’un des deux compagnons d’Azrael, prend la parole, une elfe grise me dépassant d’une bonne demi-tête. Elle nous informe que Khynt et ses troupes sèment le chaos parmi les nains. Elle suggère que nous prêtions main forte à nos alliés en perçant les lignes ennemies directement jusqu’au général. A présent que Créan est neutralisé, nous avons effectivement le champ libre pour tenter de contrer un second général d’Oaxaca.
Le plan avancé par l’elfe grise est résolument basique, et extrêmement ambitieux. Les trois mages disposent néanmoins d’une force de frappe impressionnantes. Ils ont terrassé à eux seuls cinq guerriers d’élite et fait détaller l’un des treize ! La cavalerie pourrait de plus nous fournir un appui en menant la charge avec nous. A nous de continuer ensuite la percée, jusqu’à atteindre le général. Je dégaine épée et bouclier et tente de rallier quelques cavaliers à notre troupe.
« Cavaliers, le général Lorener a flanché sous les coups de ces gens – je désigne les trois mages noirs - Aidons-les à faire de même avec Khynt ! A moi cavaliers ! »
Quelques soldats répondent à mon appel, détournant leur monture pour venir se ranger. Je reconnais quelques visages parmi eux, certains ont participé à la manœuvre que j’ai initiée pour nous dégager du piège dans lequel nous nous étions fourrés lors de la première charge. Dans leurs rangs bien sûr, mes frères et sœurs d’armes Bernas et Tessy.
« Une charge sur les guerriers mécaniques, mais ne traînez pas ! On vous suit et on prend le relai. »
Les cavaliers partent au trot et nous les suivons en progressant à petite foulée. Nous avançons à allure réduite, suffisamment pour ne pas nous laisser trop distancer par la cavalerie, et n’accélérons que lors des derniers mètres. Je suis d’ailleurs surpris par la vélocité des nains. Il ne leur faut pas moins d’une demie foulée supplémentaire pour combler chacun de mes pas, deux, si on les compare à l’elfe grise, et pourtant, ils tiennent l’allure sans difficulté.
L’avant garde formée par la cavalerie percute la marée d’automates dans un vacarme assourdissant. Le choc des armes et l’impact des chevaux font ployer la tôle et vibrer les mécanismes. Incapables de résister à la pression, les créatures de métal flanchent et ouvrent leurs rangs. Une clameur s’élève parmi les nains qui s’engouffrent aussitôt dans la faille. Je joins ma voix au tumulte, autant pour encourager mes frères d’armes que pour évacuer mes récentes frustrations. Le résultat mitigé de notre première charge, la mort du roi, l’arrivée du dragon noir... mes tourments s’envolent en un cri, et je me focalise sur le combat qui approche.
La cavalerie fait place nette et nous arrivons au contact des automates. L’arme au clair et saturée de fluides lumineux, je me jette dans la mêlée. Mon épée est un flambeau, une lame aveuglante, qui handicape mes ennemis. Je frappe avec légèreté, dosant chacun de mes coups pour ne pas m’épuiser. Ayant déjà affronté ces créatures, je connais à présent certains de leurs points faibles. Je ne m’échine plus à frapper leur cuirasse de métal, sauf à renfort de bouclier lorsque je souhaite les repousser. Ma lame converge vers les rouages, les articulations et autres câbles visibles par endroits. Ainsi, j’arrive facilement à désactiver un bras, une jambe, et mes adversaires s’en retrouvent fortement diminués. Je ne cherche pas non plus à détruire, juste à repousser mes adversaires, à maintenir une pression constante sur l’ennemi afin de perpétrer notre progression. Combattre ainsi requiert la plus grande attention. Pour garder l’esprit clair, j’en reviens parfois à une approche plus basique consistant à rouer l’adversaire de puissants coups de boucliers, stratégie que les nains appliquent à outrance, non sans un certain succès. Puis, avant que mes muscles ne s’échauffent, je reprends mes assauts tout en finesse.
Nous nous frottons également à des garzoks, sur lesquels je prends soin d’éprouver aussi ma technique. Je frappe, consciencieusement, préférant effleurer l’adversaire d’une caresse acérée à de simples attaques en puissance. Mon arme suinte toujours d’une lueur irritante, me préservant des désagréments d’un sale coup, même si j’écope de quelques bleus et estafilades sans gravité. Je parviens de cette façon à infliger quelques blessures et dégâts à nos adversaires de chair et de métal. Mais je ne cherche pas à tuer ou détruire, mes coups et assauts servent visent uniquement à entretenir notre constante avancée.
Ainsi, notre escouade progresse-t-elle inexorablement vers le noyau de troupes abritant le général Khynt. Chaque mètre gagné nous gonfle d’espoir et exhorte chaque homme, chaque nain à redoubler d’effort. Les mages noirs nous sont d’une aide précieuse, par leur adresse aux armes mais également leurs sortilèges qui pleuvent ici, pour dégager un passage, ou là, pour lever une escadre de mort qui vient croiser le fer à nos côtés. Nous apercevons Khynt à quelques mètres, mitraillant les troupes naines d’éclairs magiques. Ayant traversé l’armée ennemie depuis le front nord, nous arrivons depuis un angle mort, presque de derrière, tant le général et ses troupes ont enfoncés les lignes naines.
Le roi des automates n’a pas encore pris conscience de notre présence. Nous fournissons un ultime effort, galvanisés par la perspective de pouvoir, peut-être, neutraliser un second général de l'armée adverse.
(HRP : tentative d’apprentissage de la posture adresse de guerre. L’apprentissage a été commencé ici et poursuivi là).
[XP : 3 (combat) + 2 (apprentissage validé)]
- Relonor
- Messages : 109
- Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:38
Re: Plaines de Kôchii
L’armée des morts ne cesse de prendre l’ascendant sur les elfes blancs. Cela doit être en rapport avec l’absence de ces maudits mages elfiques. Depuis que les explosions ne sont plus présentes, notre progression ne s’arrête plus. Les lignes des archers ont été atteintes et à chaque seconde qui passe, un nouvel ennemi tombe. Les morts viennent prendre la vie des êtres de chairs. Les lames elfiques s’entrechoquent avec des épées appartenues à d’anciens soldats ou même des lames d’os. Les êtres désincarnés progressent, apportant avec eux un voile d’ombre et de peur. Au milieu de tout cela, Relonor se bat contre les vivants. Luttant inlassablement pour que l’armée des morts triomphe sur ce champ de bataille. Jusque-là, il n’a retrouvé ni la générale, ni la soldate qui l’a meurtri. Pour le moment, sa meilleure prise reste un capitaine, dont le tranchant de la lame sied parfaitement à l’elfe noir. Le shaakt frappe encore et encore, usant de son élémentaire pour semer encore plus de souffrance, grâce à la magie d’ombre et d’une capacité d’utilisation sans limite.
Relonor aimerait ajouter une nouvelle arme de cette qualité à sa ceinture. Malheureusement, ces capitaines se font quelque peu rares. Peut-être est-ce sont idée de jeter la tête du précédent pour semer le doute dans les rangs elfiques qui les a obligé à plus de retenu, ou attendent-ils une opportunité pour frapper et frapper fort. Toujours est-il que les soldats hinïons tombent sous les coups de l’elfe noir. Du moins, jusqu’à ce qu’une flèche frappe fortement pour perforer l’épaule du shaakt, au travers de l’armure, et atteigne même Baalsameth qui demeure malgré tout sur l’épaule de son maître.
"Soigne-toi avec les squelettes !" Ordonne l’invocateur qui craint de voir sa précieuse création disparaître, lui qui ne sait pas ce dont il advient après le trépas de cet être de fluide.
A genoux, il brandit son bouclier pour protéger ses parties vitales et de l’invocation. Plantant sa lame dans une eau plus rouge que jamais, il arrache la flèche dans l’épaule. Du moins il essaie, mais celle-ci est bien enfoncée. Les projectiles ne venant pas seuls, un second vient se planter dans le genou de l’elfe noir, qui réplique par un hurlement à damner les morts. La puissante du projectile s’enfonce profondément dans la chair, atteignant l’os et rend incapable Relonor du moindre mouvement. Il regarde en face de lui pour découvrir une elfe brandissant un arc plus imposant que les autres. D longs cheveux blonds, des courbes alléchantes et un méprisant, qui donne à Relonor l’envie de le transformer en une douce expression de domination. L’archère est accompagnée d’autres elfes avec des arcs.
"Noi…noircie la zone ! Emp…empêchent-les d’attaquer !" Grogne l’invocateur.
Son fidèle serviteur obéi et un voile noir obscurci la position de l’archère.
"Renforce ta magie et quant à vous, arrachez-moi ces maudites brindilles !" Ordonne-t-il à son élémentaire puis aux squelettes encore présents près de lui.
Ces derniers s’exécutent et encore une fois, l’elfe noir hurle de douleur. Il transforme sa souffrance en haine et la porte sur un des squelettes, qui reçoit les blessures de l’enchanteur sans ciller. Alors qu’il se remet, d’étranges cris se font entendre depuis la zone noire.
(L’archère et ses hommes n’ont plus tiré de flèches. J’en conclus qu’ils sont en mouvement, mais vers où ? La gauche ou la droite ?)
Déjouant les pronostiques du shaakt, ces derniers surgissent en face de lui et des morts, en déversant un flot ininterrompu de flèches. La rapidité des tirs décime facilement les fragiles squelettes de l’elfe noir, mais aussi des créatures des nécromants. Ne voulant pas risquer d’être touché à nouveau, l’enchanteur use du son nouveau pouvoir à sa disposition. Il canalise sa magie aérienne pour générer un vortex l’entourant. Alors que celui-ci se forme, il s’interrompt brutalement, sans raison apparente.
(Comment ? Ce n’est même pas une incapacité de générer le sort, c’est quelque chose qui m’échappe et m’empêche de réussir !)
La cheffe des archers profite de ce moment pour tirer un trait, touchant l’elfe noir à la tête. Sans gravité, le choc est rude et le sonne un instant. Normalement, les unités à distances doivent rester retranchées derrière les soldats au corps-à-corps. Toute autre stratégie est vouée à l’anéantissement de l’unité. Cependant, il faut avouer que l’ardeur et la précision de cette unité-là, donne raison quant à la charge qu’ils opèrent. De plus, les lignes sont tellement enfoncées qu’ils ne doivent espérer vaincre l’armée des nécromants, qu’avec beaucoup de bravoure et de chance.
"Utilise les mains pour les arrêter !" Ordonne l’invocateur.
Rien ne se passe dans un premier temps et les elfes blancs décochent un grand nombre de projectiles sue l’armée des morts, ainsi que Relonor que se protège autant que possible derrière son bouclier. Puis, alors qu’il prépare un obus magique, les yeux de la créature luisent d’un éclat rouge et une ombre apparaît sous les pieds des archers. Des mains s’en extraient et immobilise les hinïons présents en attrapant leurs pieds. Incapable de bouger, ils doivent au préalable frapper les mains qui retiennent. Gagnant un peu de répit, les créatures des nécromants se précipitent sur ces maudits adversaires et cela laisse le temps à Relonor de terminer son sort.
"Attaques-en plusieurs à la fois !" Dit-il à son invocation, alors que lui-même use de sa magie pour envoyer son obus magique.
Maître invocateur comme serviteur, ils usent de leur magie pour frapper fortement les elfes blancs. L’impact du sort de l’elfe noir atteint sa cible et provoque une série de cris satisfaisant à ses oreilles. Ses propres alliés sont touchés, mais qu’importent les pertes dans son camp, tant qu’il ne s’agit pas de la sienne. Pourtant, les archers tiennent bon. Formant un demi-cercle avec la cheffe au centre, ils protègent avec une efficacité remarquable ceux au centre qui se replient, trop blessés pour se défendre. Relonor a bien fait de faire le plein de potion de mana. Non seulement, il s’assure cette fois-ci de regagner ses réserves magiques, sans craindre de les épuiser complètement, mais il lui est également possible de frapper à nouveau l’instant d’après. Après avoir bu une de ses potions, il entoure son arme d’une aura venteuse et la lance sur l’archère principale. L’arme file sur sa cible et atteint un archer venu se placer dans la course de la lame. Projeté en arrière, il fait néanmoins tomber la cible principale de l’elfe noir. N’ayant pas eu de nouvelles instructions, l’invocation continue d’agresser les hinïons avec plus ou moins de réussite. Cette demi-réussite du shaakt attire inlassablement l’attention sur lui. Une nouvelle série de flèches le cible. Il ne doit sa survie qu’à l’imposante armure qu’il porte.
"Obscurcie-les encore !" Ordonne-t-il à son invocation alors qu’il se voit obligé de se retirer.
Un voile noir les entours incitant les morts-vivants à les charger.
"Ne les attaquez-pas bêtement ! Encerclez-les pour couper toutes retraites !" Ordonne le shaakt à ses pseudos alliés.
Si certaines ne lui obéissent clairement pas, d’autres semblent effectivement faire le tour. Peut-être ont-elles suivis les consignes de l’elfe noir, ou peut-être ont-elles assez de jugeotes pour couper une possible fuite. L’elfe noir n’en sait rien, mais le but recherché est atteint. Quittant le voile, les archers plus ou moins encore valides se reforment après avoir terrassé les unités mortes qui s’en sont pris à eux dans le noir. La cheffe des hinîons fixent d’ailleurs d’un œil mauvais l’elfe noir, avant d’être à nouveau englobée d’un voile avec les siens.
(Bon, d’ici peu, je vais être pris dans un vrai merdier et transformer en porc-épique elfique ! Il faut je que réussisse le sort pour me protéger de leurs tirs ! Où ais-je échoué ? Mon erreur était-elle d’avoir voulu générer un vortex en usant de ma propre magie comme source ? En y repensant, si je parviens à le faire autrement, je pourrai protéger Baalsameth en cas de besoin.)
"Fait apparaître une nouvelle armée devant moi pour me protéger." Dit-il, pour le protéger et lui offrir le temps nécessaire pour parfaire son sort.
Accroupis et le bouclier en avant pour offrir le moins de surface à cibler, le shaakt recommence à canaliser sa magie aérienne. Au lieu de la générer avec son être comme un noyau, il transforme ses fluides pour faire tournoyer un orbe autour de sa main. Puis il accroît la force, pour entraîner un courant tout autour. Ses fluides subissent une transformation et au lieu de rester un orbe, des filins de mana commencent à s’y échapper. Ce changement de forme dans le mana, lui rappelle le sort pour rappeler les esprits et lui donne une idée.
"Attaquez-les et toi, provoques un nouveau voile noir !" Ordonne-t-il aux squelettes et à son invocation.
Il recommence et pousse davantage ces filins à s’extraire, ce qui entraîne l’air tout autour à tournoyer dans le même sens. Finalement, il parvient à générer un vortex similaire, mais capable de s’associer à quelqu’un d’autre que lui-même. Avant de vérifier son sort en situation, il vide une nouvelle potion de mana et s’équipe d’une nouvelle lame.
Plus confiant que précédemment, il se redresse et court jusqu’à sa cible : la cheffe de ces archers. Luttant à la sortie cercle noir contre ses squelettes, ils voient arriver le shaakt.
"Envoie-lui une ombre pour gêner cette garce !" Ordonne-t-il à sa créature, alors qu’il canalise sa magie.
S’entourant d’une sphère de mana, il provoque sa rotation et fait apparaître de nombreux filins d’air autour de lui. Brassant l’air comme une multitude de mains dotées d’une infinité de doigts, sa magie provoque un puissant vent tout autour du shaakt. Les tirs fusent dans sa direction et se font dévier par cette protection venteuse. Quelques flèches se rapprochent dangereusement de leur propriétaire initial. Arrivant au corps-à-corps, Relonor prépare la suite en se laissant posséder par les esprits alentours, grâce à sa magie d’ombre.
Sa magie opère, tout comme celle de Baalsameth qui recouvre l’archère d’une ombre gênante. Les tirs manquent encore leurs cibles, offrant la possibilité à l’elfe noir de charger sa cible, non, sa proie. Atteinte par le sort d’ombre, la lame de l’enchanteur gorgée de magie aérienne la rend plus rapide. Il atteint l’archère à son bras droit et transperçant son membre de part en part.
(Il te sera plus difficile de me faire chier maintenant ! Tu vas payer pour ce que ta générale et sa petite soldate mon fait !)
"Lève une armée !" Rugit l’invocateur qui se démène pour éviter à sa créature, de recevoir des flèches, maintenant que sont sort s’est arrêté.
Malgré la proximité, les tirs des archers restent assez précis. L’elfe noir est principalement pris pour cible, mais son invocation est également touchée même si elle reste, par chance, encore présente. Le sort pour lever les morts n’agit pas et Relonor s’oblige à garder son protéger à l’abri des tirs, quitte à offrir plus de facilité de tir. Plusieurs flèches l’atteignent, dont certaines gravement. Le contrecoup de son sort opère et une blessure bénigne se fait légèrement sentir sur son torse. Heureusement, l’armée de squelette surgit pour lui offrir un sursis.
"Soigne-toi !" Ordonne l’invocateur à sa créature, alors qu’il fait de même, à cause de l’accroissement de la malédiction
Baalsameth parvient à se soigner complètement, mais Relonor ne parvient pas à calmer son esprit suffisamment pour se soigner, ce qui aggrave sa malédiction encore plus.
"Attaque-les !" Grogne Relonor qui parvient enfin à user de sa magie pour se soigner.
Maintenant qu’un grand nombre de squelettes sont présents, bien qu’ils soient assez faibles, deux douzaines de ces créatures ça pèse dans la balance et gêne particulièrement. Alors que son invocation use de la magie noire pour atteindre au moins trois elfes, Relonor profite de la présence des squelettes en nombre pour frapper un à un les archers. Bien qu’ils aient montré une adresse particulière face aux morts-vivants, le nombre petit à petit réduit à quelques-uns et l’incapacité d’opérer une retraite, leurs a été fatale. Finalement, il le reste plus que deux elfes. L’un gravement blessé, portant sa cheffe, dans un futile espoir de survie. Celui-ci reçoit une lame elfique en travers du ventre, remontant fait couler davantage de sang. Il tombe au sol, attendant que la mort l’emporte. Il ne reste plus que cette garce qui a cru bon de croire qu’un groupe d’archers auraient été en mesure de vaincre l’elfe noir, bien qu’aidé par l’armée des morts autour de lui. Par le biais de son invocation, il fait lever de nouveaux squelettes et les envoie chercher la lame qu’il a envoyée grâce à sa magie. Sa précieuse épée de nouveau en main, il regarde l’hinïonne et pointe sa lame dans sa direction.
"Tu as été valeureuse toi et les tiens. Une dernière volonté ?" Demande-t-il en faisant preuve de miséricorde devant l’adversaire vaincu.
Malgré une telle situation, l’elfe blanche conserve cette espèce d’aura de beauté. Elle regarde Relonor de ses beaux yeux, avant d’ouvrir les fines lèvres de sa bouche.
"Oui. Pour mes hommes je voudrais…"
"Finalement ça ne m’intéresse pas !" Interromps le shaakt qui ouvre le corps de la malheureuse, d’un coup de lame, du bassin jusqu’en haut de la poitrine.
Laissant le corps se vider de son sang, entre deux spasmes de fin de vie, l’elfe noir ramasse l’arc pour garnir sa collection de trophées. Il regagne une partie de sa magie à l’aide des esprits ambiants et avec l’aide de Baalsameth et des squelettes qu’il peut générer, se guéris du reste de ses blessures.
[XP : 3 (combat)]
Relonor aimerait ajouter une nouvelle arme de cette qualité à sa ceinture. Malheureusement, ces capitaines se font quelque peu rares. Peut-être est-ce sont idée de jeter la tête du précédent pour semer le doute dans les rangs elfiques qui les a obligé à plus de retenu, ou attendent-ils une opportunité pour frapper et frapper fort. Toujours est-il que les soldats hinïons tombent sous les coups de l’elfe noir. Du moins, jusqu’à ce qu’une flèche frappe fortement pour perforer l’épaule du shaakt, au travers de l’armure, et atteigne même Baalsameth qui demeure malgré tout sur l’épaule de son maître.
"Soigne-toi avec les squelettes !" Ordonne l’invocateur qui craint de voir sa précieuse création disparaître, lui qui ne sait pas ce dont il advient après le trépas de cet être de fluide.
A genoux, il brandit son bouclier pour protéger ses parties vitales et de l’invocation. Plantant sa lame dans une eau plus rouge que jamais, il arrache la flèche dans l’épaule. Du moins il essaie, mais celle-ci est bien enfoncée. Les projectiles ne venant pas seuls, un second vient se planter dans le genou de l’elfe noir, qui réplique par un hurlement à damner les morts. La puissante du projectile s’enfonce profondément dans la chair, atteignant l’os et rend incapable Relonor du moindre mouvement. Il regarde en face de lui pour découvrir une elfe brandissant un arc plus imposant que les autres. D longs cheveux blonds, des courbes alléchantes et un méprisant, qui donne à Relonor l’envie de le transformer en une douce expression de domination. L’archère est accompagnée d’autres elfes avec des arcs.
"Noi…noircie la zone ! Emp…empêchent-les d’attaquer !" Grogne l’invocateur.
Son fidèle serviteur obéi et un voile noir obscurci la position de l’archère.
"Renforce ta magie et quant à vous, arrachez-moi ces maudites brindilles !" Ordonne-t-il à son élémentaire puis aux squelettes encore présents près de lui.
Ces derniers s’exécutent et encore une fois, l’elfe noir hurle de douleur. Il transforme sa souffrance en haine et la porte sur un des squelettes, qui reçoit les blessures de l’enchanteur sans ciller. Alors qu’il se remet, d’étranges cris se font entendre depuis la zone noire.
(L’archère et ses hommes n’ont plus tiré de flèches. J’en conclus qu’ils sont en mouvement, mais vers où ? La gauche ou la droite ?)
Déjouant les pronostiques du shaakt, ces derniers surgissent en face de lui et des morts, en déversant un flot ininterrompu de flèches. La rapidité des tirs décime facilement les fragiles squelettes de l’elfe noir, mais aussi des créatures des nécromants. Ne voulant pas risquer d’être touché à nouveau, l’enchanteur use du son nouveau pouvoir à sa disposition. Il canalise sa magie aérienne pour générer un vortex l’entourant. Alors que celui-ci se forme, il s’interrompt brutalement, sans raison apparente.
(Comment ? Ce n’est même pas une incapacité de générer le sort, c’est quelque chose qui m’échappe et m’empêche de réussir !)
La cheffe des archers profite de ce moment pour tirer un trait, touchant l’elfe noir à la tête. Sans gravité, le choc est rude et le sonne un instant. Normalement, les unités à distances doivent rester retranchées derrière les soldats au corps-à-corps. Toute autre stratégie est vouée à l’anéantissement de l’unité. Cependant, il faut avouer que l’ardeur et la précision de cette unité-là, donne raison quant à la charge qu’ils opèrent. De plus, les lignes sont tellement enfoncées qu’ils ne doivent espérer vaincre l’armée des nécromants, qu’avec beaucoup de bravoure et de chance.
"Utilise les mains pour les arrêter !" Ordonne l’invocateur.
Rien ne se passe dans un premier temps et les elfes blancs décochent un grand nombre de projectiles sue l’armée des morts, ainsi que Relonor que se protège autant que possible derrière son bouclier. Puis, alors qu’il prépare un obus magique, les yeux de la créature luisent d’un éclat rouge et une ombre apparaît sous les pieds des archers. Des mains s’en extraient et immobilise les hinïons présents en attrapant leurs pieds. Incapable de bouger, ils doivent au préalable frapper les mains qui retiennent. Gagnant un peu de répit, les créatures des nécromants se précipitent sur ces maudits adversaires et cela laisse le temps à Relonor de terminer son sort.
"Attaques-en plusieurs à la fois !" Dit-il à son invocation, alors que lui-même use de sa magie pour envoyer son obus magique.
Maître invocateur comme serviteur, ils usent de leur magie pour frapper fortement les elfes blancs. L’impact du sort de l’elfe noir atteint sa cible et provoque une série de cris satisfaisant à ses oreilles. Ses propres alliés sont touchés, mais qu’importent les pertes dans son camp, tant qu’il ne s’agit pas de la sienne. Pourtant, les archers tiennent bon. Formant un demi-cercle avec la cheffe au centre, ils protègent avec une efficacité remarquable ceux au centre qui se replient, trop blessés pour se défendre. Relonor a bien fait de faire le plein de potion de mana. Non seulement, il s’assure cette fois-ci de regagner ses réserves magiques, sans craindre de les épuiser complètement, mais il lui est également possible de frapper à nouveau l’instant d’après. Après avoir bu une de ses potions, il entoure son arme d’une aura venteuse et la lance sur l’archère principale. L’arme file sur sa cible et atteint un archer venu se placer dans la course de la lame. Projeté en arrière, il fait néanmoins tomber la cible principale de l’elfe noir. N’ayant pas eu de nouvelles instructions, l’invocation continue d’agresser les hinïons avec plus ou moins de réussite. Cette demi-réussite du shaakt attire inlassablement l’attention sur lui. Une nouvelle série de flèches le cible. Il ne doit sa survie qu’à l’imposante armure qu’il porte.
"Obscurcie-les encore !" Ordonne-t-il à son invocation alors qu’il se voit obligé de se retirer.
Un voile noir les entours incitant les morts-vivants à les charger.
"Ne les attaquez-pas bêtement ! Encerclez-les pour couper toutes retraites !" Ordonne le shaakt à ses pseudos alliés.
Si certaines ne lui obéissent clairement pas, d’autres semblent effectivement faire le tour. Peut-être ont-elles suivis les consignes de l’elfe noir, ou peut-être ont-elles assez de jugeotes pour couper une possible fuite. L’elfe noir n’en sait rien, mais le but recherché est atteint. Quittant le voile, les archers plus ou moins encore valides se reforment après avoir terrassé les unités mortes qui s’en sont pris à eux dans le noir. La cheffe des hinîons fixent d’ailleurs d’un œil mauvais l’elfe noir, avant d’être à nouveau englobée d’un voile avec les siens.
(Bon, d’ici peu, je vais être pris dans un vrai merdier et transformer en porc-épique elfique ! Il faut je que réussisse le sort pour me protéger de leurs tirs ! Où ais-je échoué ? Mon erreur était-elle d’avoir voulu générer un vortex en usant de ma propre magie comme source ? En y repensant, si je parviens à le faire autrement, je pourrai protéger Baalsameth en cas de besoin.)
"Fait apparaître une nouvelle armée devant moi pour me protéger." Dit-il, pour le protéger et lui offrir le temps nécessaire pour parfaire son sort.
Accroupis et le bouclier en avant pour offrir le moins de surface à cibler, le shaakt recommence à canaliser sa magie aérienne. Au lieu de la générer avec son être comme un noyau, il transforme ses fluides pour faire tournoyer un orbe autour de sa main. Puis il accroît la force, pour entraîner un courant tout autour. Ses fluides subissent une transformation et au lieu de rester un orbe, des filins de mana commencent à s’y échapper. Ce changement de forme dans le mana, lui rappelle le sort pour rappeler les esprits et lui donne une idée.
"Attaquez-les et toi, provoques un nouveau voile noir !" Ordonne-t-il aux squelettes et à son invocation.
Il recommence et pousse davantage ces filins à s’extraire, ce qui entraîne l’air tout autour à tournoyer dans le même sens. Finalement, il parvient à générer un vortex similaire, mais capable de s’associer à quelqu’un d’autre que lui-même. Avant de vérifier son sort en situation, il vide une nouvelle potion de mana et s’équipe d’une nouvelle lame.
Plus confiant que précédemment, il se redresse et court jusqu’à sa cible : la cheffe de ces archers. Luttant à la sortie cercle noir contre ses squelettes, ils voient arriver le shaakt.
"Envoie-lui une ombre pour gêner cette garce !" Ordonne-t-il à sa créature, alors qu’il canalise sa magie.
S’entourant d’une sphère de mana, il provoque sa rotation et fait apparaître de nombreux filins d’air autour de lui. Brassant l’air comme une multitude de mains dotées d’une infinité de doigts, sa magie provoque un puissant vent tout autour du shaakt. Les tirs fusent dans sa direction et se font dévier par cette protection venteuse. Quelques flèches se rapprochent dangereusement de leur propriétaire initial. Arrivant au corps-à-corps, Relonor prépare la suite en se laissant posséder par les esprits alentours, grâce à sa magie d’ombre.
Sa magie opère, tout comme celle de Baalsameth qui recouvre l’archère d’une ombre gênante. Les tirs manquent encore leurs cibles, offrant la possibilité à l’elfe noir de charger sa cible, non, sa proie. Atteinte par le sort d’ombre, la lame de l’enchanteur gorgée de magie aérienne la rend plus rapide. Il atteint l’archère à son bras droit et transperçant son membre de part en part.
(Il te sera plus difficile de me faire chier maintenant ! Tu vas payer pour ce que ta générale et sa petite soldate mon fait !)
"Lève une armée !" Rugit l’invocateur qui se démène pour éviter à sa créature, de recevoir des flèches, maintenant que sont sort s’est arrêté.
Malgré la proximité, les tirs des archers restent assez précis. L’elfe noir est principalement pris pour cible, mais son invocation est également touchée même si elle reste, par chance, encore présente. Le sort pour lever les morts n’agit pas et Relonor s’oblige à garder son protéger à l’abri des tirs, quitte à offrir plus de facilité de tir. Plusieurs flèches l’atteignent, dont certaines gravement. Le contrecoup de son sort opère et une blessure bénigne se fait légèrement sentir sur son torse. Heureusement, l’armée de squelette surgit pour lui offrir un sursis.
"Soigne-toi !" Ordonne l’invocateur à sa créature, alors qu’il fait de même, à cause de l’accroissement de la malédiction
Baalsameth parvient à se soigner complètement, mais Relonor ne parvient pas à calmer son esprit suffisamment pour se soigner, ce qui aggrave sa malédiction encore plus.
"Attaque-les !" Grogne Relonor qui parvient enfin à user de sa magie pour se soigner.
Maintenant qu’un grand nombre de squelettes sont présents, bien qu’ils soient assez faibles, deux douzaines de ces créatures ça pèse dans la balance et gêne particulièrement. Alors que son invocation use de la magie noire pour atteindre au moins trois elfes, Relonor profite de la présence des squelettes en nombre pour frapper un à un les archers. Bien qu’ils aient montré une adresse particulière face aux morts-vivants, le nombre petit à petit réduit à quelques-uns et l’incapacité d’opérer une retraite, leurs a été fatale. Finalement, il le reste plus que deux elfes. L’un gravement blessé, portant sa cheffe, dans un futile espoir de survie. Celui-ci reçoit une lame elfique en travers du ventre, remontant fait couler davantage de sang. Il tombe au sol, attendant que la mort l’emporte. Il ne reste plus que cette garce qui a cru bon de croire qu’un groupe d’archers auraient été en mesure de vaincre l’elfe noir, bien qu’aidé par l’armée des morts autour de lui. Par le biais de son invocation, il fait lever de nouveaux squelettes et les envoie chercher la lame qu’il a envoyée grâce à sa magie. Sa précieuse épée de nouveau en main, il regarde l’hinïonne et pointe sa lame dans sa direction.
"Tu as été valeureuse toi et les tiens. Une dernière volonté ?" Demande-t-il en faisant preuve de miséricorde devant l’adversaire vaincu.
Malgré une telle situation, l’elfe blanche conserve cette espèce d’aura de beauté. Elle regarde Relonor de ses beaux yeux, avant d’ouvrir les fines lèvres de sa bouche.
"Oui. Pour mes hommes je voudrais…"
"Finalement ça ne m’intéresse pas !" Interromps le shaakt qui ouvre le corps de la malheureuse, d’un coup de lame, du bassin jusqu’en haut de la poitrine.
Laissant le corps se vider de son sang, entre deux spasmes de fin de vie, l’elfe noir ramasse l’arc pour garnir sa collection de trophées. Il regagne une partie de sa magie à l’aide des esprits ambiants et avec l’aide de Baalsameth et des squelettes qu’il peut générer, se guéris du reste de ses blessures.
Consommation de deux grandes potions de mana
Gain de l'arc de l'archère en guise de trophée.
Nouvelle tentative d'apprentissage du sort Armure d’alizé
Lien précédent : http://univers.yuimen.net/viewtopic.php ... 200#p11898
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- TheGentleMad
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Re: Plaines de Kôchii
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Tandis qu'il récupérait de son effort, Kurgoth put voir l'un des juggernauts d'Aerq commencer à décimer les rangs garzoks. Lorsqu'il fut enfin capable de tenir debout, le chevalier s'approcha du monstre et remarqua le mage Xël perché sur sa nuque en train de brailler des ordres. Furieux de voir le mage venir ruiner toute l'avancée qu'il avait permis sur ce flan, le garzok songea un instant à se ruer sur lui pour l'abattre, mais la taille du juggernaut l'en dissuada, un coup d'œil lui suffisait pour savoir qu'il n'était pas de taille à affronter un tel monstre. Se retrouvant impuissant face à cet état de fait, et se doutant que le mage ne fût probablement pas seul, puisqu'il venait de fendre le crâne d'un autre mercenaire ennemi venu secourir Andelys, Kurgoth préféra quitter la zone et profiter que les ennemis soient occupés ici pour tenter de créer un autre enveloppant à l'autre extrémité du champ de bataille.
Se fondant dans la masse mouvante de peaux-vertes et d'acier, il traversa ainsi le champ de bataille jusqu'à arriver dans une zone baignée dans une sinistre pénombre où les garzoks étaient remplacés par des morts-vivants. Ses poils se hérissèrent alors sur tout son corps, la magie le révulsant toujours autant. Il n'avait cependant plus le choix, s'il voulait gagner cette bataille, Kurgoth devait agir ici, parmi les cadavres relevés. Après avoir pris une grande inspiration, le chevalier commença à se frayer un chemin jusqu'à la ligne de front. Là, tout juste eut-il le temps de donner un coup de kitranche sur un bouclier elfique, qu'il aperçut une silhouette fendre la foule sur le dos d'un cheval. Supposant qu'il s'agissait d'un officier ennemi menant une charge, il tranche d'un coup puissant une patte de la bête lorsqu'elle passa devant lui. La cavalière s'écrasa alors dans la boue en même temps que sa monture, perdant son casque au passage.
"Toi... Alors comme ça, tu n'es qu'une traîtresse comme tous les autres !"
Kurgoth venait de reconnaître Silmeria, l'hinïonne au service de Xenair. Sa tenue semblable à celles des soldats elfes alentours étant pour lui une preuve suffisante pour l'accuser de traîtrise, sa paranoïa ne faisant que s'amplifier au fil des trahisons vécues, le garzok se jeta sur elle pour la fendre en deux. La misérable parvint à éviter l'attaque en roulant dans la rizière, mais resta un instant interdite, son épée tirée. Ayant déjà vu les dons magiques de l'assassine, Kurgoth ne voulait pas lui laisser la moindre chance et profita de l'occasion pour tenter de la décapiter. Alors qu'elle esquiva cette nouvelle attaque en se baissant, elle sembla enfin reconnaître le prêtre de Thimoros. Tandis qu'elle lui demandait de confirmer son identité, celui-ci donna un second coup horizontal, au ras de l'eau cette fois, en répondant d'un ton rageur :
"Malheureusement pour toi traîtresse... Mais tu ne m'échapperas pas !"
Reculant pour éviter de nouveau une attaque meurtrière, elle ordonna de cesser le combat en prétendant s'être infiltrée chez l'ennemi. Kurgoth n'était pas dupe et parvint à la tenir à distance grâce à son arme alors qu'elle tenta de l'attaquer.
"Et qu'est-ce qui me prouve que tu n'as pas tout simplement rejoins les tiens ?"
Reculant hors de portée, elle annonça être responsable de la mort du roi ennemi, avant d'accuser le garzok de jouer avec ses victimes, les associant à sa nourriture.
"De la nourriture ? Même les squelettes qui nous entourent ont plus de chair que toi ! J'ai entendu que le roi était mort, mais il me faudra plus que ta parole sur ce sujet pour que je te laisse aller plus loin."
Tout en répondant à l'elfe, la sentinelle tourna la tête, un cri attirant son attention. Il vit alors un soldat se ruer sur lui pique en avant et pivota immédiatement lui-même. En un instant, la pique se brisa sur l'Antre de Balmor et le piquier perdit la tête, décapité par la kitranche des Glaces de Nosvéria. Le chevalier retourna son attention sur l'assassine qui lui tendait, au bout de son épée, un insigne d'Aerq censé justifier ses dires. Kurgoth s'empara de l'objet et releva sa visière pour l'examiner tout en s’éloignant de la ligne de front afin de ne plus être interrompu. Le scarabée de bronze étant parfaitement semblable à ceux qu'il avait vu à Omyre, le prêtre finit par considérer les paroles de l'elfe comme autre chose que des mensonges.
"Où est-il ? Je dois lui parler de toute urgence."
Si Aerq se trouvait en effet dans les parages, il devait absolument être averti des actions de Xël concernant sa créature. Silmeria déclara cependant qu'elle avait été séparée du lieutenant d'Oaxaca et qu'elle devait faire un rapport au nécromant en charge de ce front, demandant à son interlocuteur s'il comptait encore la retarder.
"Non, préviens-les que Xel a pris le contrôle d'un juggernaut d'Aerq sur le flanc Est et s'en sert pour massacrer nos troupes. Nous étions en train de flanquer l'armée kendranne, mais tous ces efforts seront bientôt réduits à néant si personne ne l'arrête."
Il lui rendit ensuite sa broche en la lui jetant. Son message devrait bientôt être transmis, il pouvait à présent se concentrer pleinement sur la bataille contre les troupes elfiques. Mais l'elfe se permit de demander le remboursement du cheval qu'elle avait très probablement volé et qui agonisait dans la boue. Le garzok soupira :
"Quand on aura gagné cette bataille, tu n'auras qu'à te servir parmis ceux capturés qui servaient à transporter le matériel ennemi à l'arrière du frontière. Si un garzok se plaint, envoie-le me trouver."
L'assassine s'éloigna enfin, après lui avoir conseillé de ne pas mourir, comme si cette décision n'appartenait pas uniquement aux dieux. Kurgoth se jeta donc dans la mêlée, mais réalisa rapidement que ces troupes étaient bien plus coordonnées que l'amalgame de paysans et vétérans affaiblis de Shory. Le mur de bouclier hérissé de pique s'avéra un obstacle autant pour lui que pour les morts qui se jetaient dessus dans le chaos le plus total. Profitant des actions inconsidérées des cadavres animés, kurgoth parvint cependant à exploiter des failles éphémères dans le mur pour tuer quelques elfes, mais s'interrompit en voyant une silhouette traverser les rangs ennemis. Parvenant à distinguer un grelot lorsqu'elle bondit par-dessus le mur de boucliers et continua sa course effrénée parmi les morts, le barbare identifia Aerq et abandonna le combat pour se lancer à sa poursuite.
"Messire Aerq, attendez !"
Après plusieurs minutes de course, il parvint à rejoindre le lieutenant qui s'était arrêté près de Silmeria et du puissant Tal'Raban. Surpris de croiser deux généraux en même temps, il resta un instant interdit puis tomba un genou à terre.
"Messire Tal'Raban, cela peut aussi vous intéresser, bien que Silmeria a déjà dû vous faire parvenir quelques informations de ma part. Puisque vous êtes les premiers lieutenants de la Cheffe de Guerre Suprême que je croise depuis le début de la bataille, permettez que je fasse un rapport sur des événements de première importance auxquels j'ai assisté et qui pourraient influencer vos décisions pour le reste de la bataille."
Tandis que l'assassine demande des nouvelles de son mentor, le garzok sentit les regards des généraux peser sur lui avant que le nécromant ne l'autorise à parler. Il commença en s'adressant au maître espion.
"Messire Aerq, un mage dénommé Xël, avec la capacité d'apparaître comme sorti de nulle part, a pris le contrôle de l'un de vos juggernauts et cause de sérieux dégâts sur notre flanc Est. Cela est d'autant plus dommageable que nous avons presque annihilé les troupes de Shory, dont j'ai moi-même tué le commandant, et étions sur le point de flanquer le reste de l'armée. Tous nos efforts sur ce front risquent d'être réduits à néant."
Il déglutit un instant avant de continuer d'une traite :
"Je dois également vous rapporter que l'officier Cromax et le mercenaire Sirat ont trahi notre cause. L'officier Cromax en particulier nous a demandé d'épargner et de laisser fuir la princesse kendranne alors que nous avions l'occasion de la tuer. Il s'est également réjoui de l'arrivée de renforts ennemis qui m'ont empêché de mettre à mort le général Andelys et est allé jusqu'à tenter de convaincre Sirat de changer officiellement de camp en pleine bataille et de se retourner contre nous. Mais l'humoran n'en est pas moins coupable, dès que nous nous sommes approchés du général et de la princesse, alors qu'il n'y avait que lui et moi, avant l'arrivée de Cromax, il a préféré négocier en vain plutôt que les attaquer comme il aurait dû. Par la suite, après avoir laissé s'échapper la princesse, il a avoué ses réels desseins à Cromax : détourner le peuple garzok de la Cheffe de Guerre Suprême pour les unir autour de sa propre personne, soi-disant pour les libérer."
Conscient des accusations qu'il proférait, le chevalier se sentit obligé de conclure.
"Si cela peut vous paraître difficile à croire, je jure devant Thimoros, dont je suis l'un des prêtres, que je ne vous ai exposé que la malheureuse vérité."
Aerq sembla particulièrement affecté par les nouvelles et s'éloigna aussitôt pour "corriger" la situation. Quant à Tal'Raban, il avoua toujours avoir eu des soupçons envers les deux traîtres dénoncés et les désigna officiellement comme des ennemis. Il avertit toutefois de ne pas sous estimer la puissance de chacun d'eux et conseilla de ne pas les attaquer seul à seul. Kurgoth, entendant également le nécromant évoquer des portails de transports dans la fin de sa discussion avec l'assassine, intervint de nouveau avec hâte.
"Des portails ? Ils sont l’œuvre de ce Xël, celui qui contrôle le juggernaut ! Les mercenaires que vous cherchez sont probablement ceux qui m'ont empêché d'achever le général ennemi."
Réfléchissant à la puissance de Sirat et con allégeance changeante, le garzok osa une proposition au général :
"Quant à Sirat, ne faudrait-il pas l'épargner jusqu'à la fin de la bataille ? Je ne me rappelle pas l'avoir entendu accepter de changer de camp comme le demandait Cromax. Peut-être continue-t-il de se battre avec nos troupes, pensant que ses aveux ne vous ont pas encore été rapportés. Sa mise à mort sera plus facile lorsque nous n'aurons plus d'autres ennemis à gérer et ses compétences pourraient nous simplifier la tâche pour remporter la victoire s'il se croit encore accepté comme un allié parmi nous."
L'elfe intervint aussi pour avouer qu'elle connaissait le traître Cromax et espérait pouvoir tirer la situation au clair, même si Kurgoth en avait assez entendu pour que cela ne lui parût pas nécessaire. Le garzok fut cependant surpris de l'entendre accuser le prédateur ultime d'être lui-même un traitre, à cause de ses multiples échecs de recrutement. Le nécromant balaya aussitôt cette hypothèse, ainsi que l'idée du garzok de manipuler l'humoran. Il n'avait d'autre choix que de servir la Cheffe de Guerre Suprême ou mourir et il en était de même pour Cromax. Le garzok se releva donc pour saluer le général avant de se tourner vers celle qu'il devrait vraisemblablement accompagner.
"Très bien, Messire. Nous ferons selon votre volonté. Gloire à la Cheffe de Guerre Suprême. On commence par qui ?"
L'assassine évoqua plusieurs possibilités ainsi que des noms inconnus au barbare, proposant même de se séparer, avant de continuer à discuter un instant avec le général. Soudainement, elle se détourna de ses deux interlocuteurs pour hurler à pleins poumons à l'intention d'Ezak le traître. Mal à l'aise à l'idée de devoir faire équiper avec une personne aussi instable tout en affrontant de puissants ennemis, Kurgoth regarda Tal'Raban en faisant glisser son doigt sur sa gorge, désignant l'elfe de la tête. Le nécromant déclina de la tête avant de reprendre l'assassine sur son attitude qu'elle justifia maladroitement. Lorsqu'elle sembla redécouvrir que Xël était responsable des portails, alors que le chevalier venait de l'énoncer, celui-ci s'inclina respectueusement puis commença à s'éloigner, déjà exaspérer par sa compagnonne d'arme qui s'annonçait être la pire des boulets à traîner.
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[XP : 1 (conversations)]- Silmeria
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Re: Plaines de Kôchii
Contre toute attente, Silmeria avait réussi l'exploit de s'en sortir vivante. Je dois dire que je n'avais pourtant pas donné cher de sa peau à mesure que ses négociations catastrophiques évoluaient. Je pensais qu'on finirait cette aventure dans une cave mais la patience des Elfes avait une limite, et la guerre était leur grande priorité, pas nous. Ils avaient décoché de nombreuses flèches dont une avait terminé sa course fichée dans la selle de la monture que nous chevauchions. Le cheval avait tremblé et poussé un cri déroutant mais n'avait pas cessé de galoper. Nous traversions les lignes comme une flèche sous les flèches, si je puis m'exprimer ainsi. A aucun moment notre avancée n'avait été dérangée par un contrôle ou autre, manifestement les Elfes Blancs avaient une telle fierté qu'ils n'avaient pas pu envisager qu'une menace viendrait de chez eux. J'espère que cela servira de leçon à cette Générale prétentieuse.
Silmeria arrivait enfin à hauteur des combats, de nouveau les charniers et les corps étendus et glissants, la terre gorgée de sang et de fluides rendait l'avancée dangereuse et l'allure se réduisit. Juste assez pour éviter les nœuds d'affrontement entre les soldats elfes et les morts vivants. Ce qui me faisait peur, c'était cette perte de vitesse qui nous exposait particulièrement à une attaque. Et une fois de plus, j'avais vu assez juste. Un puissant Garzok armé d'une hache démesurément grande frappa si vite et si fort qu'il trancha tout net une patte de notre cheval. Dans un hennissement glaçant, il bascula en avant et s'échoua, nous projetant littéralement dans l'eau des rizières. Silmeria tomba presque à plat et l'eau pénétra immédiatement dans son armure, arrachant son casque à sa tête et elle essaya de se relever malgré le poids de l'eau dans son armure ouvrant grand la bouche pour respirer. Ses cheveux collaient au visage et la morve giclait de ses narines tant la surprise l'avait frappée. Sous la forme du même colosse exterminateur d'équidé, la surprise tenta de frapper une seconde fois. Le Garzok avait beuglé quelque chose qui, dans le brouhaha de la bataille n'était pas parvenu à ses oreilles, Silmeria évita un second coup de hache en se roulant sur le côté, manquant de nouveau de boire la tasse, l'eau entra dans ses narines et irrita sa cloison nasale et fit monter des larmes à ses yeux déjà embrouillés de sang et d'eau. Elle tentait maladroitement de tenir son adversaire à distance en le pointant de sa lame Elfique, mais encore une fois, son opposant frappa un large coup horizontal auquel elle échappa en se baissant sous la lame qui passa au dessus de sa tête en un chuintement d'air. Il me semblait avoir reconnu le guerrier qui manipulait cette hache, elle ne tarda pas à en faire tout autant :
" Kurgoth ? C'est bien toi ? "
C'était en effet le même Garzok qu'elle avait sauvé de sa jonque quelques jours plus tôt. Visiblement la gratitude n'étouffait pas beaucoup les Garzoks, probablement à cause de leur puissant gosier duquel il exprima sa pensée sous la forme d'une nouvelle menace, comme quoi il nous tuerait pour notre trahison. Le dialogue qui s'en suit était presque déprimant, Silmeria prétextait qu'elle avait tué le Roi, obligée de prétendre à cet exploit devant un guerrier pour faire cesser un combat dont l'issue était courue d'avance me fit un petit pincement au coeur.
" Peut-être parce que le Roi est mort de ma lame ? Estime toi heureux d'être reconnaissable... Contrairement à toi, je ne joue pas avec la nourriture. "
"De la nourriture? Même les squelettes qui nous entourent ont plus de chair que toi! J'ai entendu que le roi était mort, mais il me faudra plus que ta parole sur ce sujet pour que je te laisse aller plus loin." Avait-il braillé avant de faire volte face et de trancher tout net la tête d'un elfe blanc qui le chargeait de manière peu chevaleresque, dans le dos. La tête se détacha du corps avec une telle aisance qu'on aurait dit qu'elle ne tenait qu'à un fil, une gerbe de sang termina d'arranger la coiffure chaotique de Silmeria, trempée, pleine de boue et maintenant rougie du sang d'un de ses lointains cousins, elle affichait une moue lasse et pour toute défense face à Kurgoth, elle accrocha le symbole d'Aerq à la pointe de sa lame avant d'une fois encore, la pointer vers Kurgoth.
" Vois par toi même... " J'ai ressenti une envie incroyable de lâcher une insulte du même acabit que " gros naze " ou " idiot décérébré " mais contre toute attente, elle s'était retenue.
Kurgoth inspecta longuement l'objet avant de nous le rendre. Il demanda où était Aerq mais cette fois-ci, je ne sentais pas de la suspicion dans son ton. Visiblement, il avait un intérêt aussi à retrouver un des Seigneur de la Reine Noire. Elle lui demanda s'il comptait la retenir davantage, un léger agacement se décelait dans sa voix.
"Non, préviens les que Xel a pris le contrôle d'un juggernaut d'Aerq sur le flanc Est et s'en sert pour massacrer nos troupes. Nous étions en train de flanquer l'armée kendranne, mais tous ces efforts seront bientôt réduits à néant si personne ne l'arrête."
Un bien triste rapport, Xël, voilà deux fois que ce nom revenait, d'abord dans la tente de Karsinar, de la bouche du Pariat maintenant de Kurgoth, dompter un Juggernaut ou même n'importe quelle créature d'Aerq... Ce n'était pas à la portée de n'importe qui. Voilà peut-être une cible potentielle pour calmer les avancées tempêtueuses des Kendrans. Silmeria allait prendre congé, lâchant à Kurgoth qu'il lui était redevable d'un cheval. Il ne comprenait pas l'humour de ma jumelle, lui disant qu'elle n'aurait qu'à se servir parmi les montures des vaincus et que si un Garzoks n'appréciait pas ce droit arbitraire, qu'elle n'aurait qu'à le diriger vers lui pour qu'il plaide en sa faveur. Je trouvais ça presque mignon en fait. Quelque part cette brute épaisse avait un sens logique et je commençais à l'apprécier pour sa simplicité et sa rigueur à suivre les codes de son clan. Au moins, avec lui les choses était franches et claires, Kurgoth en colère, Kurgoth par en colère. Il n'y avait pas beaucoup de place pour la demi mesure ni pour les messes basses. Les conversations étaient simples et directes, efficaces et rapides. On en aurait presque oublié qu'il venait d'essayer de nous décapiter.
Ses pas nous guidèrent jusqu'à la position du Seigneur Nécromancien Tal Raban. Silmeria avançait et à mesure qu'elle s'approchait, je ressentais comme une nervosité, quelque chose qui la mettait mal à l'aise, rien à voir avec notre entretien avec Aerq qui s'était déroulé avec une certaine note comique. Une créature flottait à hauteur d'homme à côté de son cheval noir.
Cèles s'affolait également, ses fluides d'ombre en boule, elle alerta immédiatement Silmeria, l'être fantomatique était bien ce qu'elle avait deviné. Un Gentâme. Une créature d'une puissance incroyable. Silmeria posa le genou à terre et se présenta comme étant la Régicide, qu'elle devait rendre un rapport. Une voix d'outre tombe lui intima l'ordre de parler.
" Seigneur, j'ai entrepris avec Seigneur Aerq de libérer Xenair incarcéré dans le campement Elfique. J'ai organisé la diversion pour laisser du temps au Maître des espions mais nous avons dû nous séparer. Sont-ils revenus ? "
"Aucunement. Où se trouve la dépouille de leur souverain ?"
" Restée sur place, puissant Seigneur, j'ai employé la magie de l'ombre noir pour apparaître sur lui et disparaître après mon forfait. J'ai sa chevalière que voici. "
Elle tendit la chevalière au plus grand des Nécromanciens, ne pouvant s'empêcher d'observer le gentâme à la dérobée. Il effleura sa main d'un toucher hivernal avant de récupérer la chevalière et la contempla un long moment.
"Voilà là un bel objet. Vous serez dûment récompensée pour ce meurtre. Vous œuvrez pour le compte de l'espion ?" Désignant le Scarabée de bronze à notre poitrine.
" Je continuerai à servir la Reine Noire et ses Généraux, mais mon allégeance revient à Xenair, l'assassin. J'ai obtenu ce gage d'appartenance temporaire du Seigneur Aerq pour mener à bien la mission de sauvetage. " Marquant un court silence, juste de quoi ravaler sa salive et son malaise, elle continua " Par leur absence, mon allégeance vous revient donc directement jusqu'à ce qu'ils nous reviennent. "
Il marqua un long moment de silence, juste assez pour accroître le malaise qui émanait de sa personne. Il lui expliqua comme l'avait fait Aerq qu'il n'avait pas d'ordre particulier, il l'aurait bien chargée de trouver de traquer Herle, un Nécromancien au service d'Oaxaca qui s'était rendu coupable de trahison, son apprenti étant mort par un des mercenaires, il ne pourrait donner aucune piste pour le retrouver. Il mentionna quelques aventuriers, des mercenaires dont les noms étaient arrivés jusqu'à ses oreilles. Lesdits responsables de la déroute d'un plan préparé depuis longtemps, il avait nommé " Yliria et Jorus "
Mais une ombre surgit de derrière eux. Le rapport était rendu, Silmeria s'était proposée de veiller sur Tal Raban jusqu'à ce que le fin mot de cette histoire soit tiré au clair et enfin... Aerq surgit, ne prononçant que quelques mots, " Xenair est libre. Folie."
Notre trio fut ensuite rejoint par un Kurgoth essouflé, il avait manifestement couru après Aerq mais avec ses soixante kilos de ferraille à supporter, il n'avait pas eu la même endurance que le maître des espions. Il offrit le même compte rendu que Silmeria plus tôt, celle-ci avait presque enlacé Aerq, lui offrant sa gratitude et une aide des Murènes pour regonfler ses rangs d'espions. Elle s'enquiert alors de l'état de Xenair, ne sachant trop par où commencer, elle demanda simplement à Aerq s'il avait su pour le Roi. L'approbation de son mentor, même absent lui était nécessaire, je crois.
Aerq se dégagea de cette étreinte maladroite, le faisant néanmoins avec une grande douceur. Il lui affirma que Xenair savait déjà, il portait en nous une grande confiance, qualifiée d'aveugle par Aerq ce qui pulsa des flots d'adrénaline dans notre coeur. Mais ce moment d'allégresse fut de courte durée, touché en plein coeur par la perspective d'une de ses créations aux mains de Xël, Aerq perdit légèrement son calme et tandis qu'il fulminait, il prétexta aller corriger ce manquement avant de nous quitter.
Le rapport de Kurgoth provoqua un certain doute parmi notre trio. Au début, Tal Raban mentionna Cromax et Sirat comme deux ennemis, dangereux, assez pour ne pas les affronter seuls. Mais Silmeria prétexta le contraire, rappelant sa mission à Elysian, là où Cromax et moi nous sommes mariés pour accomplir une mission pour le moins saugrenue. Avec ce passif, je savais au moins que j'aurais son oreille. Puisse-il entendre raison le moment venu. Tal Raban quant à lui ne l'entendait pas de cette oreille, il était assez absolu et ne tolérait pas la nuance. On était avec ou contre la Reine Oaxaca mais il ne tolérait pas les demi mesures ce que, ma foi, je comprenais assez bien. J'étais même d'avis que cet ultimatum de Tal Raban était là ma dernière chance pour que Cromax et Sirat entendent raison, je ne laisserai pas cette occasion passer... Silmeria quant à elle... Je dois avouer que je ne sais pas si elle réagirait de façon rationnelle ou si elle s'en prendrait à Sirat et Cromax.
Tal Raban chassa également l'éventualité de voir Karsinar comme un "amateur de cabot" comme elle l'avait si bien souligné, il accentua davantage son côté bestial mais releva surtout sa fidélité qu'on comparerait volontiers à celle d'un animal de compagnie. Le Seigneur ne souhaitait pas voir un ordre particulier dans les noms donnés, mais Silmeria avait une certaine envie de me présenter, je la laissais se dissoudre tandis qu'elle me présentait à Tal Raban comme sa jumelle et à mon tour, je m'inclinais. Rappelant à mes deux compagnons d'arme qu'ils oubliaient un nom, et pas des moindres, je crachais alors mon fiel avec un ton de violence et de folie qui surpris, je le crois, Tal Raban et Kurgoth.
" Les portails magiques sont lancés par Xël, le bohémien il me semble. Aerq est allé à sa rencontre. Kurgoth, allons le capturer vivant. Je vais discuter un peu avec lui pour lui demander où se trouve Dame Guililiria-quelque-chose. "
Si Aerq était allé vers lui, j'étais curieuse d'en faire autant, j'observais le ciel, un court instant, il était si haut, ce soleil, intouchable témoin de la folie des hommes qui répandait ses flots de sang pour abreuver une terre assoiffée de souffrance.
[XP : 1 (discussions)]
Silmeria arrivait enfin à hauteur des combats, de nouveau les charniers et les corps étendus et glissants, la terre gorgée de sang et de fluides rendait l'avancée dangereuse et l'allure se réduisit. Juste assez pour éviter les nœuds d'affrontement entre les soldats elfes et les morts vivants. Ce qui me faisait peur, c'était cette perte de vitesse qui nous exposait particulièrement à une attaque. Et une fois de plus, j'avais vu assez juste. Un puissant Garzok armé d'une hache démesurément grande frappa si vite et si fort qu'il trancha tout net une patte de notre cheval. Dans un hennissement glaçant, il bascula en avant et s'échoua, nous projetant littéralement dans l'eau des rizières. Silmeria tomba presque à plat et l'eau pénétra immédiatement dans son armure, arrachant son casque à sa tête et elle essaya de se relever malgré le poids de l'eau dans son armure ouvrant grand la bouche pour respirer. Ses cheveux collaient au visage et la morve giclait de ses narines tant la surprise l'avait frappée. Sous la forme du même colosse exterminateur d'équidé, la surprise tenta de frapper une seconde fois. Le Garzok avait beuglé quelque chose qui, dans le brouhaha de la bataille n'était pas parvenu à ses oreilles, Silmeria évita un second coup de hache en se roulant sur le côté, manquant de nouveau de boire la tasse, l'eau entra dans ses narines et irrita sa cloison nasale et fit monter des larmes à ses yeux déjà embrouillés de sang et d'eau. Elle tentait maladroitement de tenir son adversaire à distance en le pointant de sa lame Elfique, mais encore une fois, son opposant frappa un large coup horizontal auquel elle échappa en se baissant sous la lame qui passa au dessus de sa tête en un chuintement d'air. Il me semblait avoir reconnu le guerrier qui manipulait cette hache, elle ne tarda pas à en faire tout autant :
" Kurgoth ? C'est bien toi ? "
C'était en effet le même Garzok qu'elle avait sauvé de sa jonque quelques jours plus tôt. Visiblement la gratitude n'étouffait pas beaucoup les Garzoks, probablement à cause de leur puissant gosier duquel il exprima sa pensée sous la forme d'une nouvelle menace, comme quoi il nous tuerait pour notre trahison. Le dialogue qui s'en suit était presque déprimant, Silmeria prétextait qu'elle avait tué le Roi, obligée de prétendre à cet exploit devant un guerrier pour faire cesser un combat dont l'issue était courue d'avance me fit un petit pincement au coeur.
" Peut-être parce que le Roi est mort de ma lame ? Estime toi heureux d'être reconnaissable... Contrairement à toi, je ne joue pas avec la nourriture. "
"De la nourriture? Même les squelettes qui nous entourent ont plus de chair que toi! J'ai entendu que le roi était mort, mais il me faudra plus que ta parole sur ce sujet pour que je te laisse aller plus loin." Avait-il braillé avant de faire volte face et de trancher tout net la tête d'un elfe blanc qui le chargeait de manière peu chevaleresque, dans le dos. La tête se détacha du corps avec une telle aisance qu'on aurait dit qu'elle ne tenait qu'à un fil, une gerbe de sang termina d'arranger la coiffure chaotique de Silmeria, trempée, pleine de boue et maintenant rougie du sang d'un de ses lointains cousins, elle affichait une moue lasse et pour toute défense face à Kurgoth, elle accrocha le symbole d'Aerq à la pointe de sa lame avant d'une fois encore, la pointer vers Kurgoth.
" Vois par toi même... " J'ai ressenti une envie incroyable de lâcher une insulte du même acabit que " gros naze " ou " idiot décérébré " mais contre toute attente, elle s'était retenue.
Kurgoth inspecta longuement l'objet avant de nous le rendre. Il demanda où était Aerq mais cette fois-ci, je ne sentais pas de la suspicion dans son ton. Visiblement, il avait un intérêt aussi à retrouver un des Seigneur de la Reine Noire. Elle lui demanda s'il comptait la retenir davantage, un léger agacement se décelait dans sa voix.
"Non, préviens les que Xel a pris le contrôle d'un juggernaut d'Aerq sur le flanc Est et s'en sert pour massacrer nos troupes. Nous étions en train de flanquer l'armée kendranne, mais tous ces efforts seront bientôt réduits à néant si personne ne l'arrête."
Un bien triste rapport, Xël, voilà deux fois que ce nom revenait, d'abord dans la tente de Karsinar, de la bouche du Pariat maintenant de Kurgoth, dompter un Juggernaut ou même n'importe quelle créature d'Aerq... Ce n'était pas à la portée de n'importe qui. Voilà peut-être une cible potentielle pour calmer les avancées tempêtueuses des Kendrans. Silmeria allait prendre congé, lâchant à Kurgoth qu'il lui était redevable d'un cheval. Il ne comprenait pas l'humour de ma jumelle, lui disant qu'elle n'aurait qu'à se servir parmi les montures des vaincus et que si un Garzoks n'appréciait pas ce droit arbitraire, qu'elle n'aurait qu'à le diriger vers lui pour qu'il plaide en sa faveur. Je trouvais ça presque mignon en fait. Quelque part cette brute épaisse avait un sens logique et je commençais à l'apprécier pour sa simplicité et sa rigueur à suivre les codes de son clan. Au moins, avec lui les choses était franches et claires, Kurgoth en colère, Kurgoth par en colère. Il n'y avait pas beaucoup de place pour la demi mesure ni pour les messes basses. Les conversations étaient simples et directes, efficaces et rapides. On en aurait presque oublié qu'il venait d'essayer de nous décapiter.
Ses pas nous guidèrent jusqu'à la position du Seigneur Nécromancien Tal Raban. Silmeria avançait et à mesure qu'elle s'approchait, je ressentais comme une nervosité, quelque chose qui la mettait mal à l'aise, rien à voir avec notre entretien avec Aerq qui s'était déroulé avec une certaine note comique. Une créature flottait à hauteur d'homme à côté de son cheval noir.
Cèles s'affolait également, ses fluides d'ombre en boule, elle alerta immédiatement Silmeria, l'être fantomatique était bien ce qu'elle avait deviné. Un Gentâme. Une créature d'une puissance incroyable. Silmeria posa le genou à terre et se présenta comme étant la Régicide, qu'elle devait rendre un rapport. Une voix d'outre tombe lui intima l'ordre de parler.
" Seigneur, j'ai entrepris avec Seigneur Aerq de libérer Xenair incarcéré dans le campement Elfique. J'ai organisé la diversion pour laisser du temps au Maître des espions mais nous avons dû nous séparer. Sont-ils revenus ? "
"Aucunement. Où se trouve la dépouille de leur souverain ?"
" Restée sur place, puissant Seigneur, j'ai employé la magie de l'ombre noir pour apparaître sur lui et disparaître après mon forfait. J'ai sa chevalière que voici. "
Elle tendit la chevalière au plus grand des Nécromanciens, ne pouvant s'empêcher d'observer le gentâme à la dérobée. Il effleura sa main d'un toucher hivernal avant de récupérer la chevalière et la contempla un long moment.
"Voilà là un bel objet. Vous serez dûment récompensée pour ce meurtre. Vous œuvrez pour le compte de l'espion ?" Désignant le Scarabée de bronze à notre poitrine.
" Je continuerai à servir la Reine Noire et ses Généraux, mais mon allégeance revient à Xenair, l'assassin. J'ai obtenu ce gage d'appartenance temporaire du Seigneur Aerq pour mener à bien la mission de sauvetage. " Marquant un court silence, juste de quoi ravaler sa salive et son malaise, elle continua " Par leur absence, mon allégeance vous revient donc directement jusqu'à ce qu'ils nous reviennent. "
Il marqua un long moment de silence, juste assez pour accroître le malaise qui émanait de sa personne. Il lui expliqua comme l'avait fait Aerq qu'il n'avait pas d'ordre particulier, il l'aurait bien chargée de trouver de traquer Herle, un Nécromancien au service d'Oaxaca qui s'était rendu coupable de trahison, son apprenti étant mort par un des mercenaires, il ne pourrait donner aucune piste pour le retrouver. Il mentionna quelques aventuriers, des mercenaires dont les noms étaient arrivés jusqu'à ses oreilles. Lesdits responsables de la déroute d'un plan préparé depuis longtemps, il avait nommé " Yliria et Jorus "
Mais une ombre surgit de derrière eux. Le rapport était rendu, Silmeria s'était proposée de veiller sur Tal Raban jusqu'à ce que le fin mot de cette histoire soit tiré au clair et enfin... Aerq surgit, ne prononçant que quelques mots, " Xenair est libre. Folie."
Notre trio fut ensuite rejoint par un Kurgoth essouflé, il avait manifestement couru après Aerq mais avec ses soixante kilos de ferraille à supporter, il n'avait pas eu la même endurance que le maître des espions. Il offrit le même compte rendu que Silmeria plus tôt, celle-ci avait presque enlacé Aerq, lui offrant sa gratitude et une aide des Murènes pour regonfler ses rangs d'espions. Elle s'enquiert alors de l'état de Xenair, ne sachant trop par où commencer, elle demanda simplement à Aerq s'il avait su pour le Roi. L'approbation de son mentor, même absent lui était nécessaire, je crois.
Aerq se dégagea de cette étreinte maladroite, le faisant néanmoins avec une grande douceur. Il lui affirma que Xenair savait déjà, il portait en nous une grande confiance, qualifiée d'aveugle par Aerq ce qui pulsa des flots d'adrénaline dans notre coeur. Mais ce moment d'allégresse fut de courte durée, touché en plein coeur par la perspective d'une de ses créations aux mains de Xël, Aerq perdit légèrement son calme et tandis qu'il fulminait, il prétexta aller corriger ce manquement avant de nous quitter.
Le rapport de Kurgoth provoqua un certain doute parmi notre trio. Au début, Tal Raban mentionna Cromax et Sirat comme deux ennemis, dangereux, assez pour ne pas les affronter seuls. Mais Silmeria prétexta le contraire, rappelant sa mission à Elysian, là où Cromax et moi nous sommes mariés pour accomplir une mission pour le moins saugrenue. Avec ce passif, je savais au moins que j'aurais son oreille. Puisse-il entendre raison le moment venu. Tal Raban quant à lui ne l'entendait pas de cette oreille, il était assez absolu et ne tolérait pas la nuance. On était avec ou contre la Reine Oaxaca mais il ne tolérait pas les demi mesures ce que, ma foi, je comprenais assez bien. J'étais même d'avis que cet ultimatum de Tal Raban était là ma dernière chance pour que Cromax et Sirat entendent raison, je ne laisserai pas cette occasion passer... Silmeria quant à elle... Je dois avouer que je ne sais pas si elle réagirait de façon rationnelle ou si elle s'en prendrait à Sirat et Cromax.
Tal Raban chassa également l'éventualité de voir Karsinar comme un "amateur de cabot" comme elle l'avait si bien souligné, il accentua davantage son côté bestial mais releva surtout sa fidélité qu'on comparerait volontiers à celle d'un animal de compagnie. Le Seigneur ne souhaitait pas voir un ordre particulier dans les noms donnés, mais Silmeria avait une certaine envie de me présenter, je la laissais se dissoudre tandis qu'elle me présentait à Tal Raban comme sa jumelle et à mon tour, je m'inclinais. Rappelant à mes deux compagnons d'arme qu'ils oubliaient un nom, et pas des moindres, je crachais alors mon fiel avec un ton de violence et de folie qui surpris, je le crois, Tal Raban et Kurgoth.
" Les portails magiques sont lancés par Xël, le bohémien il me semble. Aerq est allé à sa rencontre. Kurgoth, allons le capturer vivant. Je vais discuter un peu avec lui pour lui demander où se trouve Dame Guililiria-quelque-chose. "
Si Aerq était allé vers lui, j'étais curieuse d'en faire autant, j'observais le ciel, un court instant, il était si haut, ce soleil, intouchable témoin de la folie des hommes qui répandait ses flots de sang pour abreuver une terre assoiffée de souffrance.
[XP : 1 (discussions)]
La petite plume de la Mort.
Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.
Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.
- Daemon
- Messages : 63
- Enregistré le : mar. 1 janv. 2019 14:51
Re: Plaines de Kôchii
En bordure de la bataille, le cœur lourd, Daemon demeurait immobile. L'arme à la main, tout lui dictait d'avancer et de rejoindre le destin du monde. Pourtant, son pied ne bougeait pas. Il ne pouvait faire un pas de plus. Il se retourna et observa les montagnes lointaines qui se dessinaient à l'horizon avec l'idée persistante qui le prit sur le moment, comme un illusionniste lui jouant un tour : comment suis-je arrivé ici ?
Les périlleuses ruelles du vieux port de Dahràm lui paraissaient si lointaines, comme étrangères. Les couloirs sombres du castel d'Endor, même les catacombes, lui manquaient comme sa province... Et le regard azuré d'Asad, son odeur, sa peau, ses exclamations...
Sa main devint fébrile et manqua de lâcher son cimeterre. L'idée de faire demi-tour et de s'éloigner vers l'horizon devint tentante. Après tout, pourquoi vouloir en faire davantage ? Son office parmi les troupes de Karsinar avait déjà fait basculer la balance. Grâce à eux, le roi de Kendra Kar était sauf et les armées de la cité blanches avaient pu avancer intactes. Il avait joué son rôle.
Un rugissement et le bruit d'un impact retentit alors. Au loin, plus à l'ouest, une masse sombre descendait des nuages. Il observa d'abord avec incrédulité, sans parvenir à définir ce qu'il voyait, tant les proportions et la distances qui le séparait de l'objet lui parurent absurde. Cette ombre qui descendait de la nue, ce râle sinistre qui fit vibrer son cœur et son âme... Il n'y avait plus de doute. Le premier serviteur de Phaïtos tombait des cieux pour semer la mort. La créature maligne suscita chez le semi-elfe une adoration qui paralysa tout ses membres. Évidemment, Daemon n'était pas assez sot pour considérer le dragon noir comme son allié. Il le savait antagoniste dans cette guerre. Mais l'évidence lui dictait que la créature avait été abusée par Oaxaca. Sa place n'était pas ici et devait retourner en son royaume. La mort... la mort se manifestait devant lui. Elle tombait du ciel et son objectif manifeste, au-delà même de l'issue de cette guerre, était de rétablir l'équilibre brisé du pouvoir de Phaitos.
Sa poigne se resserra sur son sabre et Daemon fit un pas en avant. Il savait dorénavant quel rôle il avait à jouer. Les Premiers Serviteurs de Phaïtos étaient venus défaire l'absurde pouvoir de cette héritière dépassée, les ombres devaient reprendre place dans le calme serein du monde. Ils portaient en eux la responsabilité de l'échec de leur dieu, qui en lui, voulant trouver la solution aux maux passés, avait condamné l'avenir de Yuimen. Le bras armé et toute son énergie nécrotique, Daemon avança.
Il attrapa un cheval en déroute et sauta dessus. Parcourant le tumulte de la bataille, il aperçu Maâra et lui fit signe de le rejoindre. Après l'avoir aidé à monté, il avancèrent et trouvèrent sans mal leur guide et maître qui déployait son art à briser les armées hérétiques. Dans le nuage de cris et de poussière, les cavaliers du Duchés sortirent avec peine de la mêlée pour se regrouper. Car tous le virent, un détachement ennemi s'installait dans la plaine.
La masse sombre avança vers eux et les fiers cavaliers des Duchés formèrent les rangs pour les accueillir. La charge fut donnée et tous se précipitèrent, arme au poing et gagnant toujours de la vitesse, pour rencontrer l'armée ennemie.
Daemon ne lésina pas sur les coups de talon pour prendre les devants, et une fois la cavalerie adverse en vue, il stoppa brusquement sa monture qui se cabra, quitte à malmener Maâra à l'arrière, pour déployer ses pouvoirs mnésiques. Son regard rencontra celui de trois montures, dont celle du meneur adverse, Crean, qu'il paralysa sur le champ. Les montures s'immobilisèrent, mais contre toute attente, ne provoquèrent aucun trouble. Les suivantes évitèrent l'obstacle sans mal et tandis que la collision entre les cavaleries s’opéra avec violence, le général vociféra des ordres sur sa monture statique. Un détachement de cinq cavaliers fondirent aussitôt sur Daemon et Maâra.
Le semi-elfe tourna la bride vers ses assaillants et leva son arme. Juste avant la rencontre, Nienna apparut entre eux pour troubler et bloquer la vue de l'adversaire. L'effet escompté ne fut pas, mais Daemon parvint néanmoins à atteindre l'un d'eux, sans se faire toucher. Après s'être dépassé, les montures se braquèrent sous les ordres de leurs cavaliers, et Daemon bondit de selle et ordonna à Maâra, un peu prise au dépourvu, de s'éloigner.
Une ombre investit alors le champ de bataille. Sous les instructions de Daemon, Nienna avait déployé son pouvoir pour absorber toute source de lumière alentour. Plongé dans l'obscurité qui n'affectait point le semi-elfe, les cavalier en déroute frappèrent au jugé, sans parvenir à le toucher. De son côté, Daemon pourfendit une monture, et il commença sa danse. Sa lame tourna et trouva les cavaliers un par un. Il arracha le visage de l'un d'eux, en fit tomber un autre à terre et un dernier accusa le coup au torse sans broncher. Les coups s'échangèrent dans l'ombre, tandis que l'esprit intangible de Nienna s'élevait à la recherche de Crean.
Dans l'obscurité les cavaliers noirs furent découpés par le semi-elfe, qui subit néanmoins un revers décisif au torse. Pendant ce temps, Nienna retrouva les ombres et trouva enfin Crean, le général ennemi, et patienta en altitude le temps qu'Azra invoque un sortilège. Le résultat ne fut cependant pas celui escompté, et le sort en question se perdit dans l'obscurité. Alors, Nienna descendit silencieuse et invisible pour apparaître progressivement dans le dos de Crean, à mesure qu'elle rassemblait les fluides de son maître. Un main levée en direction de son crâne, elle projeta sa magie noire sans se retenir. Le cavalier noir encaissa la déflagration délétère et chancela, sans parvenir à s'en remettre. Il changea alors de direction et se détourna d'Azra qui lui lançait un défit. En comprenant qu'il avait opté pour la retraite, Nienn s'éleva et appela son maître :
« Maître ! Maître Daemon, votre proie s'échappe ! »
Le semi-elfe qui achevait sa dernière victime d'un coup de sabre en travers de la colonne vertébrale, s'exclama alors :
« TUES LE ! ACHEVE MOI CE PLEUTRE ! »
Plein de fureur, le semi-elfe retira sa lame et devina le général s'éloigner avec son escorte. Il déploya sa magie noire, en même temps que Nienna, et le blessa une dernière fois de son souffle de Thimoros. Crean chut à genoux avec un rugissement de douleur, mais fut porté par ses hommes hors de sa portée, tandis que les troupes du Duchés les débordaient et malmenaient leur retraite vers les arrières oaxiens.
[XP : 3 (combat contre les sbires de Crean)]
Les périlleuses ruelles du vieux port de Dahràm lui paraissaient si lointaines, comme étrangères. Les couloirs sombres du castel d'Endor, même les catacombes, lui manquaient comme sa province... Et le regard azuré d'Asad, son odeur, sa peau, ses exclamations...
Sa main devint fébrile et manqua de lâcher son cimeterre. L'idée de faire demi-tour et de s'éloigner vers l'horizon devint tentante. Après tout, pourquoi vouloir en faire davantage ? Son office parmi les troupes de Karsinar avait déjà fait basculer la balance. Grâce à eux, le roi de Kendra Kar était sauf et les armées de la cité blanches avaient pu avancer intactes. Il avait joué son rôle.
Un rugissement et le bruit d'un impact retentit alors. Au loin, plus à l'ouest, une masse sombre descendait des nuages. Il observa d'abord avec incrédulité, sans parvenir à définir ce qu'il voyait, tant les proportions et la distances qui le séparait de l'objet lui parurent absurde. Cette ombre qui descendait de la nue, ce râle sinistre qui fit vibrer son cœur et son âme... Il n'y avait plus de doute. Le premier serviteur de Phaïtos tombait des cieux pour semer la mort. La créature maligne suscita chez le semi-elfe une adoration qui paralysa tout ses membres. Évidemment, Daemon n'était pas assez sot pour considérer le dragon noir comme son allié. Il le savait antagoniste dans cette guerre. Mais l'évidence lui dictait que la créature avait été abusée par Oaxaca. Sa place n'était pas ici et devait retourner en son royaume. La mort... la mort se manifestait devant lui. Elle tombait du ciel et son objectif manifeste, au-delà même de l'issue de cette guerre, était de rétablir l'équilibre brisé du pouvoir de Phaitos.
Sa poigne se resserra sur son sabre et Daemon fit un pas en avant. Il savait dorénavant quel rôle il avait à jouer. Les Premiers Serviteurs de Phaïtos étaient venus défaire l'absurde pouvoir de cette héritière dépassée, les ombres devaient reprendre place dans le calme serein du monde. Ils portaient en eux la responsabilité de l'échec de leur dieu, qui en lui, voulant trouver la solution aux maux passés, avait condamné l'avenir de Yuimen. Le bras armé et toute son énergie nécrotique, Daemon avança.
Il attrapa un cheval en déroute et sauta dessus. Parcourant le tumulte de la bataille, il aperçu Maâra et lui fit signe de le rejoindre. Après l'avoir aidé à monté, il avancèrent et trouvèrent sans mal leur guide et maître qui déployait son art à briser les armées hérétiques. Dans le nuage de cris et de poussière, les cavaliers du Duchés sortirent avec peine de la mêlée pour se regrouper. Car tous le virent, un détachement ennemi s'installait dans la plaine.
La masse sombre avança vers eux et les fiers cavaliers des Duchés formèrent les rangs pour les accueillir. La charge fut donnée et tous se précipitèrent, arme au poing et gagnant toujours de la vitesse, pour rencontrer l'armée ennemie.
Daemon ne lésina pas sur les coups de talon pour prendre les devants, et une fois la cavalerie adverse en vue, il stoppa brusquement sa monture qui se cabra, quitte à malmener Maâra à l'arrière, pour déployer ses pouvoirs mnésiques. Son regard rencontra celui de trois montures, dont celle du meneur adverse, Crean, qu'il paralysa sur le champ. Les montures s'immobilisèrent, mais contre toute attente, ne provoquèrent aucun trouble. Les suivantes évitèrent l'obstacle sans mal et tandis que la collision entre les cavaleries s’opéra avec violence, le général vociféra des ordres sur sa monture statique. Un détachement de cinq cavaliers fondirent aussitôt sur Daemon et Maâra.
Le semi-elfe tourna la bride vers ses assaillants et leva son arme. Juste avant la rencontre, Nienna apparut entre eux pour troubler et bloquer la vue de l'adversaire. L'effet escompté ne fut pas, mais Daemon parvint néanmoins à atteindre l'un d'eux, sans se faire toucher. Après s'être dépassé, les montures se braquèrent sous les ordres de leurs cavaliers, et Daemon bondit de selle et ordonna à Maâra, un peu prise au dépourvu, de s'éloigner.
Une ombre investit alors le champ de bataille. Sous les instructions de Daemon, Nienna avait déployé son pouvoir pour absorber toute source de lumière alentour. Plongé dans l'obscurité qui n'affectait point le semi-elfe, les cavalier en déroute frappèrent au jugé, sans parvenir à le toucher. De son côté, Daemon pourfendit une monture, et il commença sa danse. Sa lame tourna et trouva les cavaliers un par un. Il arracha le visage de l'un d'eux, en fit tomber un autre à terre et un dernier accusa le coup au torse sans broncher. Les coups s'échangèrent dans l'ombre, tandis que l'esprit intangible de Nienna s'élevait à la recherche de Crean.
Dans l'obscurité les cavaliers noirs furent découpés par le semi-elfe, qui subit néanmoins un revers décisif au torse. Pendant ce temps, Nienna retrouva les ombres et trouva enfin Crean, le général ennemi, et patienta en altitude le temps qu'Azra invoque un sortilège. Le résultat ne fut cependant pas celui escompté, et le sort en question se perdit dans l'obscurité. Alors, Nienna descendit silencieuse et invisible pour apparaître progressivement dans le dos de Crean, à mesure qu'elle rassemblait les fluides de son maître. Un main levée en direction de son crâne, elle projeta sa magie noire sans se retenir. Le cavalier noir encaissa la déflagration délétère et chancela, sans parvenir à s'en remettre. Il changea alors de direction et se détourna d'Azra qui lui lançait un défit. En comprenant qu'il avait opté pour la retraite, Nienn s'éleva et appela son maître :
« Maître ! Maître Daemon, votre proie s'échappe ! »
Le semi-elfe qui achevait sa dernière victime d'un coup de sabre en travers de la colonne vertébrale, s'exclama alors :
« TUES LE ! ACHEVE MOI CE PLEUTRE ! »
Plein de fureur, le semi-elfe retira sa lame et devina le général s'éloigner avec son escorte. Il déploya sa magie noire, en même temps que Nienna, et le blessa une dernière fois de son souffle de Thimoros. Crean chut à genoux avec un rugissement de douleur, mais fut porté par ses hommes hors de sa portée, tandis que les troupes du Duchés les débordaient et malmenaient leur retraite vers les arrières oaxiens.
[XP : 3 (combat contre les sbires de Crean)]
- Cromax
- Messages : 669
- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51
Re: Plaines de Kôchii
La fin d’une Ère – Deuxième partie.
Manger par la racine.
Manger par la racine.
Héros oubliés par les aventuriers, âmes pures de toute peur dénuées, l’avancée unilatérale des sinaris montés sur cochon marqua un tournant majeur dans l’histoire de la bataille. Leur charge émérite et puissante les mena jusqu’aux plantes de Léona. Et là, la cochonaille se fit un plaisir non dissimulé : alors que leurs monteurs taillaient lianes et tiges à coup de coutal ou de hache, de faux paysanne et de râteaux de bois, eux remuaient la terre, retournaient les butes, déracinaient à tout va, se goinfrant sans pitié de toute cette verdure offerte à leur colossal appétit. On vit même quelques semi-hommes préserver quelques feuilles de dyonades ou de mâche-pieds, sans doute pour les faire sécher et les dévorer plus tard. Un assaut oublié de tous, et un résultat pourtant à la hauteur de leur courage : alors que tous se battaient, eux avaient dégagé un bon tiers de la muraille végétale de Léona, laissant libre court aux nains de déferler sur l’arrière des troupes omyriennes s’ils le souhaitaient, alors que les troupes de Crean, Khynt et Karsinar étaient toujours retenus par elle.
[HJ : La prochaine màj aura lieu le 28 août, un peu plus tard. Vous n’avez guère le droit de RP en l’attendant, cet événement étant hors de tout contrôle.
Si vous avez la moindre question, le channel adéquat est là pour ça !]
- Cromax
- Messages : 669
- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51
Re: Plaines de Kôchii
La fin d’une Ère – Deuxième partie.
Mort et espoir.
Mort et espoir.
Destruction, meurtres, assauts catastrophiques ou méritants. La guerre avait déjà, en quelques heures, semé son comptant de morts. Les aventuriers y avaient été remarquable, défaisant formations, généraux et dirigeants. Des épines dans les pieds de leurs ennemis, qu’ils ne pouvaient plus nier. Chacun, même les plus humbles, avait pu marquer la bataille de sa marque, de son influence, quelle qu’elle soit. Et si… Et si pour eux ça n’était que le début ? Et si le reste de la bataille ne dépendait plus que d’eux, au final ? Idée insensée. Farfelue. Impossible. Et pourtant…
Et pourtant Karsinar et ses troupes avaient fait demi-tour, fuyant la défense héroïque d’Oranan. Et pourtant à l’est, Xël et Ezak avaient retenu, ne fut-ce qu’un temps, l’hémorragie dans les troupes d’Edrein engendrée par Kurgoth et Sirat un peu plus tôt. Et pourtant Crean Lorener, le plus puissant des Treize, avait été refoulé des premières lignes, baissant le moral de ses troupes, blessé grièvement. Et pourtant Khynt était menacé directement par de valeureux corbeaux et guerrier-soigneur des Duchés. Et pourtant le Roi de Kendra Kâr était mort. Le flanc ouest des elfes sur le déclin, face aux morts. Gadory était mort, Xenair emprisonné puis disparu, sa monture incendiée. Le Roi de Darhàm, tout fantoche fut-il, stagnait dans les geôles d’Oranan. Le Vicomte d’Edrein avait disparu sous l’aspect répugnant de sa carcasse écrabouillée. La Princesse kendrane avait dû fuir les premières lignes, défaite par une coalition ennemie. Leona menacée jusque dans son royaume des plantes, forcée de s’y terrer comme une victime. Pérussac forcé de se replier lui aussi, mis à mal par un seul homme. Sisstar, écrasée au sol par un Dragon d’Or désorienté. Gadory percé d’un trait tellement enchanté qu’il le mena directement à la mort qu’il vénérait tant. Des techniques guerrières avaient été apprises, des idées stratégiques mises en place, des vivants tombés en nombre sous les armes terribles de ces éléments libres dans la bataille.
Mais il restait une chose. Un élément plus puissant, plus fort que tous ces aventuriers. Un élément qu’ils n’avaient que trop négligé, depuis son apparition. Certes, le Dragon Noir avait déjà fait parler de lui, détruisant une partie de muraille de la cité d’Oranan pour faciliter l’assaut, détruit la vie d’une bonne partie de l’armée ynorienne, aussi, en revanche du meurtre innommable de sa gardienne. Mais rien d’aussi marquant que ce qui se préparait.
L’énormité volante, cataclysme venu des Enfers, menace majeure de cette ère, tournoyait dans les cieux nuageux. Et soudain, il piqua. Droit sur le centre de la bataille. À l’endroit exact où une zone d’ombres tenaces et denses tâchaient jusque-là le terrain. Le souffle de ses ailes chassa la brume noire alors qu’il atterrissait, sans prendre garde à la taille immense de son corps qui écrasa plusieurs dizaines de Garzoks derrière lui, décimés sous ses pattes postérieures ou balayés par le balancement de son énorme queue. Sur sa tête monstrueuse aux crocs d’acier, la Reine Noire, Oaxaca en personne, se présenta. Debout, les mains levées, elle se fit impérieuse et conquérante. Sûre d’elle.
D’une voix forte, puissante, audible de l’armée des elfes jusqu’à la crotte d’Omyre à l’ouest, de l’arrière-troupe des kendrans jusqu’au mur végétal de Léona (et tant pis pour les autres) elle lança :
« Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte. »
Aucune abeille ne volait au-dessus du champ de bataille. Le temps semblait s’être arrêté. La pression était plus dense et intense que jamais depuis le début de cette bataille. Un grondement sourd, comme une litanie retenue dans la gorge du dragon noir, monta. Audible de tous, celle-là. A des lieurs à la ronde. Une incantation sombre, terrible. L’air s’emplit de miasmes invisibles et empoisonnés, donnant le vertige à quiconque respirait un peu trop fort. C’est la Mort elle-même qui parlait à travers la voix grave, caverneuse, infernale, du Dragon. Et puis soudain…
L’Apocalypse.
La Mort tomba sur les Plaines de Kochii. La mort en masse. La Mort dans son appareil le plus terrible. Terrifiant. Une hécatombe. Un génocide. Un carnage. Un massacre sans nom, sans pitié ni respect pour la vie. Les âmes de trop nombreux s’évadèrent de leur corps pour être aspirées par le Dragon Noir. Dévorées. Détruites. Les âmes de tous ceux qui n’en possédaient pas une héroïque. L’armée de Kendra Kâr fondit en quelques secondes, ne laissant qu’un champ de cadavres sur le sol. Les nains furent semblablement lavés, s’écroulant par terre. Les troupes d’Oranan, tant celles devant la ville que sur les murs, ou même derrières ceux-ci, ne furent pas épargnés, et tombèrent comme des mouches. Les âmes simples. Des centaines de milliers de soldats, instantanément tués par le Fléau. En un temps si court, ils étaient passés d’une armée nombreuse à seulement quelques individus. Mais ce n’était pas tout : les troupes humaines de Darhàm furent tout autant décimées. Tout comme les Liykors noirs des blakalangs. Balayés par le sortilège noir. Les cavaliers des duchés périrent tout autant, et les morts-vivants de Gadory et Tal’Raban ne résistèrent pas plus à cette massive absorption. Même si beaucoup survécurent, certains orques furent touchés aussi. Les plus faibles. Les moins endurants. Les plus blessés ou fatigués par le combat. Éradiqués, comme les autres. Tous les sektegs et sinaris y passèrent. Ainsi que les chevaux, porcs et autres bêtes de somme. Sans doute tout ce qui vivait aux alentours, en somme. L’Ombre qui clamait son pouvoir absolu semblait ne compter sur aucune faiblesse pour s’imposer. Les elfes blancs, curieusement, semblaient avoir été immunisés à cette attaque destructrice. Par leur lumière et pureté intérieure, peut-être ? Leur vaillance d’esprit ? Leur quasi-immortalité ? Ou… pire : un pacte avec le dragon noir ?
Une fine pluie commença à tomber des cieux. Eux-mêmes semblaient pleurer les morts.
Les survivants étaient… bien trop peu nombreux. Tous les aventuriers, du plus humble au plus puissant, furent préservés, seulement atteints de vertiges, de haut-le-cœur. Tant par cet unique pouvoir de mort que par l’atrocité de dont ils venaient d’être témoin. L’Horreur, sans nom. Dans Oranan, les trois conseillers présents avaient survécu. Hoga Tirama, Capitaine de la milice ; Nora Shimi, la Faucheuse ; et Shen Muri, vétéran de l’armée et instructeur. Ils regardaient les cadavres les cernant d’un œil hagard. De l’armée kendrane, il n’en restait que quelques-uns. Le Comte Ybelinor, se carapatant derrière le cimetière à ciel ouvert de ses troupes. La princesse, le Général Andel’Ys, Anton du Val et le valeureux porteur de bannière, rassemblés dans une zone désormais couverte de neige. Le demi-frère de Sirat était là aussi, Kedaw Ybelinor, atterré. Le Général Bogast était là également, mine grave et fermée. Neolia Natakara était la seule archère à avoir survécu, révélant sa présence à tous. Du côté des nains, le Général Throg’Inn était vivant, ainsi qu’une dizaine d’héros parmi les siens. Sarl avait survécu à l’extermination de ses guerriers.
La terreur était sur tous les visages. Même ceux des orques, choqués d’un tel pouvoir destructeur. Un balbutiement arrêta la bataille. Une hésitation. Une nausée globale. Mais alors que tous pensaient le pire passé, le Dragon Noir, gavé de ces milliers d’âmes, recommença à gronder une sombre litanée. Plus forte. Plus puissante, plus vaste. Son pouvoir était inarrêtable, et nul ne savait où il allait s’arrêter cette fois. À l’Ynorie entière ? À Nirtim ? Âmes héroïques comprises ? À Yuimen dans son ensemble ? Vu ce qu’il venait de faire, sans aucune âme, tout semblait possible maintenant qu’il était gavé de pouvoir. Et sur sa tête, la Reine Noire riait. Un rire terrible, sans une once de pitié. Sans aucun respect pour ceux qui étaient tombés, ni même pour les survivants.
Mais quelque chose arriva alors. Quelque chose que personne n’attendait.
Des terres baignées de froid et de neige, une brume monta. Ténue, d’abord, puis de plus en plus dense. De plus en plus large, vaste. De plus en plus… matérielle. Bientôt, des silhouettes en naquirent. De nombreuses silhouettes. Très nombreuses silhouettes. Et ces silhouettes se précisèrent, devinrent tangibles à mesure que le brouillard se résorbait, leur laissant la place, même s’il restait présent, comme s’il les auréolait. Il y avait là, au centre des centaines de guerriers dotés d’armures lourdes et de boucliers gris. D’acier. Ils portaient tous un heaume unique, ne laissant passer aucun regard vers leur visage. Ne leur laissant aucune identité propre. Ils étaient armés d’épées, de piques, de haches, d’armes d’hast. Et malgré cette pluricité, rien ne semblait les distinguer réellement les uns des autres. Un être unique, pourtant, les dirigeait. Napé de brume, dans une armure noire masquant totalement son corps, l’Invisible était là.
À l’Ouest de cette formation principale, une autre moins nombreuse. Celle-là était composée de près de 300 mages, arborant des casques de bronze identiques, des robes et capes gris sombre et des bannières entièrement grises. Peu portaient d’armes, mais leurs pouvoirs étaient autres. À la tête de cette cohorte de mages gris, une femme superbe, vêtue comme la brume, aux traits évanescents. La Silencieuse.
À l’Est, une colonne nombreuse de plusieurs centaines de chevaliers en monture. Lances, piques et bannières grises. Là encore, des heaumes argentés préservaient totalement leur identité. Leurs montures étaient noires, grises et blanches. Comme issue de la brume, elles aussi. Cette cavalerie était dirigée par un être à pieds. Un colosse de près de deux hommes de haut, et autant de large. Protégé derrière un bouclier-miroir colossal, et combattant avec une épée énorme. L’Aîné était présent.
Et surmontant cette armée, dans les airs, planant comme une divinité auréolée, cernée d’ailes nombreuses aux plumes blanches d’un côté, noires de l’autre, une personnalité qui ne laissait aucun doute sur son identité. Une Déesse qui avait fait dernièrement parler d’elle, sur Imiftil. Une déesse redoutée par certains, intrigante pour d’autres. Brytha. La Purificatrice. Et ses troupes s’immobilisèrent là, comme dans l’attente de quelque chose. Mais quoi ?
Plus surprenant, sans doute : aux côtés des armées grises et sans visage des forces de Brytha, d'autres êtres se tenaient. une troupe nombreuse, quoique minime par rapport aux forces de la déesse, s'alignait avec ces guerriers et mages sans âme. Des worans. Humorans et Worans tigrés venus d'Imiftil. Ils étaient dirigés par une lionne en armure lourde, fière et impérieuse.
Et ils avaient en armement toute la panoplie hétéroclite des armes qui leur seyaient. Un cortège bien coloré et diversifié, à côté de la terne soldatesque Brythienne.
Oaxaca descendit de son dragon noir et s’avança devant lui. Sans un mot, elle retira son masque noir voilant ses traits et révéla sa chevelure rousse et son visage humain. Ses traits étaient emprunts de colère. Alors, elle hurla, d’une voix irréelle qui retentit sur l’entièreté du champ de bataille. Une voix qui appelait. Une voix qui ordonnait.
« A moi les Treize ! »
Chaque aventurier présent d’un des treize put le/les voir tourner la tête vers le centre de la bataille, où leur Reine se trouvait. Ils étaient appelés. Cromax, toujours près de l’entrée d’Oranan, tomba à genoux en se tenant la tête, hurlant de douleur.
[HJ : Boum.
A vous de RP. Vu que ça va être plus dense, niveau contenu, cette période de RP ne durera que deux semaines. La prochaine màj aura donc lieu le 11 septembre. Comme toujours, si vous avez la moindre question sur le contenu ou vos possibilités, allez les poser dans le sujet adapté.
Et la map :
]
- Silmeria
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- Enregistré le : sam. 5 janv. 2019 11:39
Re: Plaines de Kôchii
La présence du Seigneur Tal'Raban était intimidante, je m'en rendais compte maintenant que j'étais à côté de lui. Il émanait de sa personne quelque chose de néfaste, de froid et d'implacable. Il laissait un sentiment similaire à celui que rencontre quelques gueux face à une personne éminente. On sentait quelque chose, une grandeur, un air impérial. J'étais assez satisfaite de pouvoir être à ses côtés, sa présence avait quelque chose de rassurant et longtemps j'ai entendu les nécromanciens vanter l'étendue de sa magie, il me tardait presque de la voir à l'œuvre pour être témoin de cet art interdit. Je me permettais de souffle un peu des récentes émotions et de tâcher de m'arranger un peu. Accroupie dans l'eau des rizières, j'observais mon visage marqué des combats précédents. L'air hagarde, les cheveux craquants de boue et de nombreuses taches cent fois essuyées d'un revers de manche labouraient mes joues d'un brun disgracieux. Plongeant mes mains dans l'eau froide, je regardais toute hypnotisée la boue se détacher et le sang durci flotter comme de petites méduses, se détachant dans un ballet irrégulier de mes doigts blancs. Les nerfs des combats passés retombaient, je me sentais tremblante, faible, un frisson glacial me parcourait l'échine et mes doigts se mirent à trembler. Le temps d'une seconde, je sentais un picotement singulier en haut de mes joues et de mon nez, la crainte de me mettre subitement à pleurer me traversait l'esprit. J'aspergeais alors mon visage de cette eau troublée pour me rafraîchir et me nettoyer un peu.
Le Seigneur Tal'Raban était impeccablement propre, à croire qu'il n'avait pas posé un pied dans ces champs boueux. J'essayais de faire bonne figure en lavant un peu les marques des efforts passés. L'eau froide coulée sur ma nuque me fit le plus grand bien, je la sentais couler le long de mon dos dans une caresse délectable et mon humeur, peu à peu s'apaisa. Je terminais en peignant de mes doigts ma chevelure d'argent, faute d'avoir mieux pour la soigner, l'arrangeant du mieux possible avant de sentir un grondement secouer le sol.
Plus à l'Est, le Dragon s'était posé, fauchant par sa simple présence de nombreuses vies, écrasées sous les colonnes qui lui servent de pattes ou happé par un mouvement de sa queue massive. Oaxaca cria quelque chose mais je crois qu'à ce moment là, j'étais trop concentrée sur mon apparence pour y prêter vraiment attention. J'observais la scène comme endormie, presque lassée de voir la ligne de front tenir et me demandant intimement si tout ceci n'était pas complètement insensé. Je n'avais pas vraiment fait attention non plus lorsque le Dragon leva la gueule et commençait à gargariser un chant dans sa langue Divine. Non, vraiment, la seule chose qui a attiré toute mon attention c'est quand il a prononcé les premières incantations. Je pensais - du moins au début qu'il allait de nouveau lever les morts afin d'augmenter nos forces comme il l'avait fait plus tôt mais... Au contraire. L'air se chargeait de fiel et... Comment dire. Comme lorsqu'on se frotte les yeux trop fort ou qu'on fait un effort trop intense le ventre vide. Nos yeux se chargent de petits frelons blancs de l'évanouissement et là c'était assez semblable...
Sous mes yeux les armées sombrèrent entièrement. Un fracas inouï d'armure froissée, des hurlements à glacer le sang d'un serpent et très vite... Je n'en croyais pas moi même. Le silence.
Un silence quasiment total. J'entends par là, que des centaines, des milliers de personnes qui quelques secondes plus tôt observaient le Dragon, certains braves rêvaient déjà de le pourfendre et de faire chuter sur leur nom des cascades de Gloire. Puis le Dragon avait chanté. Puis tous étaient morts. Je secouais la tête, je ne comprenais pas ce qui venait de se dérouler. Battant des paupières pour m'assurer que mes yeux ne me jouaient pas des tours, il n'en était rien. L'armée des morts, de Kendra Kâr étaient échoués à même le sol. Vers Oranan, aucun échos de bataille laissait présager que le même sort avait frappé les armées de la coalition. Ma respiration se fit alors plus difficile, Cèles paniquait à grand remous et Silmeria transpirait un malaise incroyable. J'observais à gauche, à droite, la monture de Tal'Raban était elle même morte et le Seigneur mettait pied à terre, de mon côté j'y mis la bile.
Je n'ai pas pu résister, frappée par un malaise soudain, j'avais à peine eu le temps de sentir un hoquet et ma gorge se lubrifier pour dégager tout ce que contenait mon estomac, c'est à dire rien de bien compact si ce n'était qu'un bon litre de bile verdâtre, épaisse et poisseuse qui passa par la bouche et les narines au moment où mes genoux touchaient le sol comme si mes forces m'avaient été retirées un instant. Dégueulant dans la rizière, mes mains s'enfonçaient dans la vase, s'écorchant sur les cailloux et racines élastiques.
" Putain... Bordel mais c'était quoi... " Avais-je lâché. Un long filet de vomis pendait de ma narine droite, une bulle gonfla de la narine gauche et mes lèvres rejetaient l'ultime reliquat de bile épaisse et moussante qui tomba dans un ploc audible avant de flotter et terminer sa route plus loin. N'ayant d'autre choix que de me moucher dans mes doigts, chassant la morve et les derniers vestiges d'élégance qu'il me restait, je tentais de me nettoyer du mieux possible. Les larmes montaient. Je ne tiendrais pas et je me refusais à craquer devant Tal'Raban ou Kurgoth. Plongeant mon visage dans l'eau pour y faire disparaître un début de larmes, ma main sur la garde du sabre elfique le sorti de son fourreau, jusque quelques centimètres, assez pour fermer ma main dessus et serrer fort. Je voulais de la douleur. Je voulais chasser le malaise, le remplacer par quelque chose de douloureux, quelque chose que je pouvais identifier, pas quelque chose qui me hantait et que je ne savais pas reconnaître. Tous morts ? Comment ?!
Par quelle puissance le Dragon avait pu exterminer tout ça ? Car oui, c'était une extermination. Dans ma tête, deux voix craintives résonnaient.
(" Bordel, le Gragon... ")
(" Mais comment... Quelle est cette magie ? Je n'ai jamais entendu parler de magie Draconique ? ")
(" Je n'en sais absolument rien... ")
(" Ecoutez, Oaxaca rigole ou je rêve ? ")
(" Putain mais Hrist ! J'ai manqué de me faire avaler par un Gragon ! Il a tenté d'aspirer mon âme. ")
(" Pareil, tu as déjà mal ouvert une huitre et arraché sa chair au moment de séparer les coquilles ? J'ai eu la même sensation. Je me suis sentie aspirée, arrachée. ")
(" Arrêtez deux minutes. Arrêtez deux minutes... ")
(" Par contre je ne comprends vraiment pas, tous morts. C'est impossible. Comment on peut contenir un tel pouvoir ? ")
(" Rien qu'à l'entendre rire, ça me glace les fluides. Tu crois qu'elle lui a donné cet ordre ou le Gragon s'est démerdé tout seul ? ")
(" Autant je ne dis pas, quand on traque une cible, elle a quand même une chance de se défendre, même infime. Mais là ces pauvres hères sont tous... ")
(" Avalés. Avalés par le Gragon, il a siroté toutes les âmes d'un grand coup et je crains qu'il puisse y prendre goût. ")
(" Putain... Cèles. Comment c'est possible putain-de-merde ! ")
(" Mais tu vas arrêter oui ? J'en sais rien je suis pas sa mère ! Il vient des enfers, les âmes vont aux enfers, le Gragon les avale et on ne les trouve jamais ? Ou alors il va les dégueuler et tous vont se relever et se battre pour Oaxaca ? ")
(" Ca serait le moins dégueu des scénarios. ")
(" VOUS ALLEZ LA FERMER ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! F E R ME Z LA ! ")
Je n'avais pas voulu leur crier dessus. A dire vrai, je ne sais pas ce que j'aurai bien pu vouloir. Quelque part nous avions gagné la guerre. Il n'y avait plus assez de force pour nous retenir mais... Est-ce que ce souvenir était celui que je voulais emporter avec moi ? Est-ce là un héritage ? Les Garzoks aux rangs clairsemés n'avaient-ils pas rêvé mieux ? Un rêve de gloire, de conquête, de danger, d'aventure ? S'opposer fermement à cette situation de paria, se défendre fièrement pour protéger leur avenir, se tenir droit et fier devant leur progéniture et dire " Oui ! Ce jour là j'étais à Koshii et c'est grâce à notre force que nous avons remporté ce combat et nous avons montré au monde que nous étions digne de respect. "
Que diront-ils ? Qu'un immense Dragon - Un Gragon pour reprendre Cèles - avait avalé les âmes de toute personne ici ? Qu'il avait fauché en un battement de cil toute la vie ? Je commençais à douter. Y trouverais-je là quelque chose... Un... But ? Est-ce qu'Oaxaca n'était-elle pas finalement tombée sous l'ivresse de la Mort elle même et ne voyait pas de vie digne de ce nom, que tout était sacrifi... Même pas. Que tout était bon à être avalé par un Gragon venu des enfers ?
Je levais un temps les yeux au ciel. Celui-ci s'était voilé et maintenant, quelques gouttes tombaient sur nous, pauvres hères survivants, marqués à jamais dans l'âme par la dévastation et le malaise pour tout héritage.
" Est-ce... Une malédiction ? Une punition ? Je sais bien que tout ce qui respire est un jour condamné à expirer... Mais je me demande si... J'aurai un jour l'occasion de pouvoir nous venger de cette triste condition. Peut-être que cela me demandera d'affronter... Une Déesse et de la tuer. " Avais-je susurré pour moi même.
Car j'étais moi aussi souvent considérée comme paria. Chassée par beaucoup d'ignorants, devenue tueuse, devenue Murène, devenue Plume et finalement Régicide. J'avais porté la lame de la mort pour défendre ces êtres qui eux aussi avaient été bannis et moqués, relégués aux basses besognes, aux travaux éreintants, aux ambitions négligeables... J'étais quelque part là pour tuer ceux qui empêchaient mes infortunés compagnons d'infortune d'espérer une vie meilleure. J'étais là pour eux et ne reculais devant aucun effort pour pouvoir me dire " oui, j'ai oeuvré pour eux et ce n'était pas en vain "
Aujourd'hui, je n'en étais plus si sûre. Il y avait des gens... Bien. Fauchés. Je fermais les yeux, reconsidérant beaucoup de chose avant de porter mon attention sur le bruit régulier de mon sang qui coulait dans l'eau. Alors que j'y pensais, je réalisais que ma main était toujours enfermée sur la lame et que le sang coulait abondamment. La douleur montait déjà jusqu'au poignet et à l'épaule, quelque part, j'en fus soulagée. J'étais... Heureuse. Je souffrais. J'avais ressenti quelque chose que beaucoup n'avaient pas pu ressentir. Est-ce que leur tête était hantée par d'odieux cauchemars avant de sombrer ? Leur hurlement semblait résonner encore et me glaçait le coeur que j'avais déjà de si hivernal.
Je penchais alors la tête en arrière, la fine pluie emporta quelques larmes cristallines et j'en fus rassurée également. J'étais contente de pleurer des larmes d'être vivant et non plus des larmes noires, chargées de corruption. Je riais. J'approchais de la démence. Je riais face à ce désastre impensable. Je riais à en avoir mal à la gorge et ma main plongée dans l'eau froide envoyait d'alarmants signaux de douleur qui me rappelèrent bien vite à la raison. Je sentais les battements de mon coeur dans la plaie ouverte et il me faudrait nettoyer et soigner ça avant d'entreprendre quelque chose.
Le mal et le sang m'avaient rendu à ma condition. Aujourd'hui, même les Elfes blancs immortels devaient se sentir infiniment fragiles face à tant de haine et de mort.
Lorsque mes jambes acceptèrent de se relever, je fis quelque pas jusqu'au comptoir d'échange déserté. Devant la tente étaient étendus de nombreux gobelins, le visage frappé d'une odieuse terreur qui avait ridé leurs traits. Enjambant un premier corps, puis un second, une grosse voix interpella mon geste. Inutile de me retourner pour savoir qui m'apostrophait en violant en même temps le principe d'élégance.
" HEY ! Qu'est ce que tu fais ? "
" Des crêpes. " Avais-je sentencé.
Il était évident que personne ne me ferait payer quoique ce soit maintenant, le gobelin qui tenait ce comptoir était raide mort, la tête enfoncée dans une bourse que venait de lâcher un guerrier, il serrait entre ses doigts une fiole d'un liquide rouge clair que je parvins à arracher à ses doigts griffus. Je versais la potion sur ma blessure et sentais déjà que l'entaille que je m'étais infligée se dissipait. En fouillant parmi les caissons et les toiles, je trouvais quelques potions bleutées, des élixirs destinés à raviver l'énergie des guerriers en vue d'un effort. J'en avalais deux immédiatement pour récupérer mon énergie et ma concentration. Le liquide tiède chassa ma fatigue et mes courbatures en envoyant dans mes membres des pulsations bienveillantes, comme si un nouveau cœur battait en moi.
Plus au Sud, une brume que je pensais être venue avec la pluie fut traversée par une armée. Au départ, j'ai naïvement cru que c'était les Shaakts que nous attentions depuis la veille. Mais il n'en était rien manifestement. Quatre colonnes s'avançaient et semblaient faire face au Gragon sans pour autant craindre qu'il n'aspire leur âme aussi. Qui étaient-ils ? Je l'ignorais, mais je me refusais de rester ébahie devant un autre fait que je ne comprenais pas. J'accrochais de nombreuses fioles à ma ceinture pour me parer à tout éventualité. Ma gourde magique, je la remplissais avec les potions de soin d'un rouge vif qui jusque là avaient été très utiles. Il y avait des fioles sombres dont le dessin et l'écriture explicitaient clairement comment recoller un membre arraché ou coupé à l'aide de ce qu'elle contenait. Par curiosité, je posais mon nez sur le goulot débouché pour tenter d'en identifier un ingrédient et grimaça immédiatement. L'odeur était si abjecte mais son usage pourrait se montrer... Nécessaire par la suite. Je posais alors le poison de dent de murène sur le comptoir, manifestement je n'aurai pas besoin de celui-ci, trop complexe à employer puisque pour être efficace, la cible devait l'ingérer. Aussitôt je le remplaçais par d'autre potions, j'espérais secrètement que je n'aurai pas besoin de ces fioles noires mais... Je voulais pouvoir affronter toute éventualité. Et il faut croire que mon cher Kurgoth avait été inspiré par mon geste car il ne tarda pas non plus, voyant la nouvelle armée inconnue arriver, à me rejoindre. Il fouilla lui aussi dans ce que j'avais inspecté quelques secondes plus tôt. Je crois qu'à ce moment, j'avais envie de légèreté, j'avais envie de l'embêter un peu.
" Hey ? "
Il leva le menton de sa fouille et émit un grognement interrogateur.
" Hey, qu'est ce que tu fais ? " Je répétais ouvertement et pour me moquer de lui ce qu'il m'avait demandé plus tôt. J'étais curieuse de voir l'effet que ça aurait sur lui. Visiblement il était perméable à la moquerie et à l'humour, il m'ordonna de la fermer, selon lui nous affronterons désormais une Déesse et son armée. Je relevais les yeux et sentis alors un frisson sur la nuque. Dans les cieux, comme une apparition surréaliste se tenait une figure de femme, la mine fermée dont chaque côté était orné d'une paire d'ailes, l'une était blanche comme la Neige, l'autre noire comme la Mort. J'avais déjà vu ses illustrations dans quelques temples, je connaissais son nom mais pas vraiment son histoire.
Brytha faisait face à Oaxaca.
---------------------------
Consomme sur place une potion de soin (blessure à la main) et deux énormes élixir d'énergie et charge sa ceinture de la sorte :
Ceinture de consommables : Qualité Héroïque
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (pillage de potions)
Le Seigneur Tal'Raban était impeccablement propre, à croire qu'il n'avait pas posé un pied dans ces champs boueux. J'essayais de faire bonne figure en lavant un peu les marques des efforts passés. L'eau froide coulée sur ma nuque me fit le plus grand bien, je la sentais couler le long de mon dos dans une caresse délectable et mon humeur, peu à peu s'apaisa. Je terminais en peignant de mes doigts ma chevelure d'argent, faute d'avoir mieux pour la soigner, l'arrangeant du mieux possible avant de sentir un grondement secouer le sol.
Plus à l'Est, le Dragon s'était posé, fauchant par sa simple présence de nombreuses vies, écrasées sous les colonnes qui lui servent de pattes ou happé par un mouvement de sa queue massive. Oaxaca cria quelque chose mais je crois qu'à ce moment là, j'étais trop concentrée sur mon apparence pour y prêter vraiment attention. J'observais la scène comme endormie, presque lassée de voir la ligne de front tenir et me demandant intimement si tout ceci n'était pas complètement insensé. Je n'avais pas vraiment fait attention non plus lorsque le Dragon leva la gueule et commençait à gargariser un chant dans sa langue Divine. Non, vraiment, la seule chose qui a attiré toute mon attention c'est quand il a prononcé les premières incantations. Je pensais - du moins au début qu'il allait de nouveau lever les morts afin d'augmenter nos forces comme il l'avait fait plus tôt mais... Au contraire. L'air se chargeait de fiel et... Comment dire. Comme lorsqu'on se frotte les yeux trop fort ou qu'on fait un effort trop intense le ventre vide. Nos yeux se chargent de petits frelons blancs de l'évanouissement et là c'était assez semblable...
Sous mes yeux les armées sombrèrent entièrement. Un fracas inouï d'armure froissée, des hurlements à glacer le sang d'un serpent et très vite... Je n'en croyais pas moi même. Le silence.
Un silence quasiment total. J'entends par là, que des centaines, des milliers de personnes qui quelques secondes plus tôt observaient le Dragon, certains braves rêvaient déjà de le pourfendre et de faire chuter sur leur nom des cascades de Gloire. Puis le Dragon avait chanté. Puis tous étaient morts. Je secouais la tête, je ne comprenais pas ce qui venait de se dérouler. Battant des paupières pour m'assurer que mes yeux ne me jouaient pas des tours, il n'en était rien. L'armée des morts, de Kendra Kâr étaient échoués à même le sol. Vers Oranan, aucun échos de bataille laissait présager que le même sort avait frappé les armées de la coalition. Ma respiration se fit alors plus difficile, Cèles paniquait à grand remous et Silmeria transpirait un malaise incroyable. J'observais à gauche, à droite, la monture de Tal'Raban était elle même morte et le Seigneur mettait pied à terre, de mon côté j'y mis la bile.
Je n'ai pas pu résister, frappée par un malaise soudain, j'avais à peine eu le temps de sentir un hoquet et ma gorge se lubrifier pour dégager tout ce que contenait mon estomac, c'est à dire rien de bien compact si ce n'était qu'un bon litre de bile verdâtre, épaisse et poisseuse qui passa par la bouche et les narines au moment où mes genoux touchaient le sol comme si mes forces m'avaient été retirées un instant. Dégueulant dans la rizière, mes mains s'enfonçaient dans la vase, s'écorchant sur les cailloux et racines élastiques.
" Putain... Bordel mais c'était quoi... " Avais-je lâché. Un long filet de vomis pendait de ma narine droite, une bulle gonfla de la narine gauche et mes lèvres rejetaient l'ultime reliquat de bile épaisse et moussante qui tomba dans un ploc audible avant de flotter et terminer sa route plus loin. N'ayant d'autre choix que de me moucher dans mes doigts, chassant la morve et les derniers vestiges d'élégance qu'il me restait, je tentais de me nettoyer du mieux possible. Les larmes montaient. Je ne tiendrais pas et je me refusais à craquer devant Tal'Raban ou Kurgoth. Plongeant mon visage dans l'eau pour y faire disparaître un début de larmes, ma main sur la garde du sabre elfique le sorti de son fourreau, jusque quelques centimètres, assez pour fermer ma main dessus et serrer fort. Je voulais de la douleur. Je voulais chasser le malaise, le remplacer par quelque chose de douloureux, quelque chose que je pouvais identifier, pas quelque chose qui me hantait et que je ne savais pas reconnaître. Tous morts ? Comment ?!
Par quelle puissance le Dragon avait pu exterminer tout ça ? Car oui, c'était une extermination. Dans ma tête, deux voix craintives résonnaient.
(" Bordel, le Gragon... ")
(" Mais comment... Quelle est cette magie ? Je n'ai jamais entendu parler de magie Draconique ? ")
(" Je n'en sais absolument rien... ")
(" Ecoutez, Oaxaca rigole ou je rêve ? ")
(" Putain mais Hrist ! J'ai manqué de me faire avaler par un Gragon ! Il a tenté d'aspirer mon âme. ")
(" Pareil, tu as déjà mal ouvert une huitre et arraché sa chair au moment de séparer les coquilles ? J'ai eu la même sensation. Je me suis sentie aspirée, arrachée. ")
(" Arrêtez deux minutes. Arrêtez deux minutes... ")
(" Par contre je ne comprends vraiment pas, tous morts. C'est impossible. Comment on peut contenir un tel pouvoir ? ")
(" Rien qu'à l'entendre rire, ça me glace les fluides. Tu crois qu'elle lui a donné cet ordre ou le Gragon s'est démerdé tout seul ? ")
(" Autant je ne dis pas, quand on traque une cible, elle a quand même une chance de se défendre, même infime. Mais là ces pauvres hères sont tous... ")
(" Avalés. Avalés par le Gragon, il a siroté toutes les âmes d'un grand coup et je crains qu'il puisse y prendre goût. ")
(" Putain... Cèles. Comment c'est possible putain-de-merde ! ")
(" Mais tu vas arrêter oui ? J'en sais rien je suis pas sa mère ! Il vient des enfers, les âmes vont aux enfers, le Gragon les avale et on ne les trouve jamais ? Ou alors il va les dégueuler et tous vont se relever et se battre pour Oaxaca ? ")
(" Ca serait le moins dégueu des scénarios. ")
(" VOUS ALLEZ LA FERMER ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! FERMEZ LA ! F E R ME Z LA ! ")
Je n'avais pas voulu leur crier dessus. A dire vrai, je ne sais pas ce que j'aurai bien pu vouloir. Quelque part nous avions gagné la guerre. Il n'y avait plus assez de force pour nous retenir mais... Est-ce que ce souvenir était celui que je voulais emporter avec moi ? Est-ce là un héritage ? Les Garzoks aux rangs clairsemés n'avaient-ils pas rêvé mieux ? Un rêve de gloire, de conquête, de danger, d'aventure ? S'opposer fermement à cette situation de paria, se défendre fièrement pour protéger leur avenir, se tenir droit et fier devant leur progéniture et dire " Oui ! Ce jour là j'étais à Koshii et c'est grâce à notre force que nous avons remporté ce combat et nous avons montré au monde que nous étions digne de respect. "
Que diront-ils ? Qu'un immense Dragon - Un Gragon pour reprendre Cèles - avait avalé les âmes de toute personne ici ? Qu'il avait fauché en un battement de cil toute la vie ? Je commençais à douter. Y trouverais-je là quelque chose... Un... But ? Est-ce qu'Oaxaca n'était-elle pas finalement tombée sous l'ivresse de la Mort elle même et ne voyait pas de vie digne de ce nom, que tout était sacrifi... Même pas. Que tout était bon à être avalé par un Gragon venu des enfers ?
Je levais un temps les yeux au ciel. Celui-ci s'était voilé et maintenant, quelques gouttes tombaient sur nous, pauvres hères survivants, marqués à jamais dans l'âme par la dévastation et le malaise pour tout héritage.
" Est-ce... Une malédiction ? Une punition ? Je sais bien que tout ce qui respire est un jour condamné à expirer... Mais je me demande si... J'aurai un jour l'occasion de pouvoir nous venger de cette triste condition. Peut-être que cela me demandera d'affronter... Une Déesse et de la tuer. " Avais-je susurré pour moi même.
Car j'étais moi aussi souvent considérée comme paria. Chassée par beaucoup d'ignorants, devenue tueuse, devenue Murène, devenue Plume et finalement Régicide. J'avais porté la lame de la mort pour défendre ces êtres qui eux aussi avaient été bannis et moqués, relégués aux basses besognes, aux travaux éreintants, aux ambitions négligeables... J'étais quelque part là pour tuer ceux qui empêchaient mes infortunés compagnons d'infortune d'espérer une vie meilleure. J'étais là pour eux et ne reculais devant aucun effort pour pouvoir me dire " oui, j'ai oeuvré pour eux et ce n'était pas en vain "
Aujourd'hui, je n'en étais plus si sûre. Il y avait des gens... Bien. Fauchés. Je fermais les yeux, reconsidérant beaucoup de chose avant de porter mon attention sur le bruit régulier de mon sang qui coulait dans l'eau. Alors que j'y pensais, je réalisais que ma main était toujours enfermée sur la lame et que le sang coulait abondamment. La douleur montait déjà jusqu'au poignet et à l'épaule, quelque part, j'en fus soulagée. J'étais... Heureuse. Je souffrais. J'avais ressenti quelque chose que beaucoup n'avaient pas pu ressentir. Est-ce que leur tête était hantée par d'odieux cauchemars avant de sombrer ? Leur hurlement semblait résonner encore et me glaçait le coeur que j'avais déjà de si hivernal.
Je penchais alors la tête en arrière, la fine pluie emporta quelques larmes cristallines et j'en fus rassurée également. J'étais contente de pleurer des larmes d'être vivant et non plus des larmes noires, chargées de corruption. Je riais. J'approchais de la démence. Je riais face à ce désastre impensable. Je riais à en avoir mal à la gorge et ma main plongée dans l'eau froide envoyait d'alarmants signaux de douleur qui me rappelèrent bien vite à la raison. Je sentais les battements de mon coeur dans la plaie ouverte et il me faudrait nettoyer et soigner ça avant d'entreprendre quelque chose.
Le mal et le sang m'avaient rendu à ma condition. Aujourd'hui, même les Elfes blancs immortels devaient se sentir infiniment fragiles face à tant de haine et de mort.
Lorsque mes jambes acceptèrent de se relever, je fis quelque pas jusqu'au comptoir d'échange déserté. Devant la tente étaient étendus de nombreux gobelins, le visage frappé d'une odieuse terreur qui avait ridé leurs traits. Enjambant un premier corps, puis un second, une grosse voix interpella mon geste. Inutile de me retourner pour savoir qui m'apostrophait en violant en même temps le principe d'élégance.
" HEY ! Qu'est ce que tu fais ? "
" Des crêpes. " Avais-je sentencé.
Il était évident que personne ne me ferait payer quoique ce soit maintenant, le gobelin qui tenait ce comptoir était raide mort, la tête enfoncée dans une bourse que venait de lâcher un guerrier, il serrait entre ses doigts une fiole d'un liquide rouge clair que je parvins à arracher à ses doigts griffus. Je versais la potion sur ma blessure et sentais déjà que l'entaille que je m'étais infligée se dissipait. En fouillant parmi les caissons et les toiles, je trouvais quelques potions bleutées, des élixirs destinés à raviver l'énergie des guerriers en vue d'un effort. J'en avalais deux immédiatement pour récupérer mon énergie et ma concentration. Le liquide tiède chassa ma fatigue et mes courbatures en envoyant dans mes membres des pulsations bienveillantes, comme si un nouveau cœur battait en moi.
Plus au Sud, une brume que je pensais être venue avec la pluie fut traversée par une armée. Au départ, j'ai naïvement cru que c'était les Shaakts que nous attentions depuis la veille. Mais il n'en était rien manifestement. Quatre colonnes s'avançaient et semblaient faire face au Gragon sans pour autant craindre qu'il n'aspire leur âme aussi. Qui étaient-ils ? Je l'ignorais, mais je me refusais de rester ébahie devant un autre fait que je ne comprenais pas. J'accrochais de nombreuses fioles à ma ceinture pour me parer à tout éventualité. Ma gourde magique, je la remplissais avec les potions de soin d'un rouge vif qui jusque là avaient été très utiles. Il y avait des fioles sombres dont le dessin et l'écriture explicitaient clairement comment recoller un membre arraché ou coupé à l'aide de ce qu'elle contenait. Par curiosité, je posais mon nez sur le goulot débouché pour tenter d'en identifier un ingrédient et grimaça immédiatement. L'odeur était si abjecte mais son usage pourrait se montrer... Nécessaire par la suite. Je posais alors le poison de dent de murène sur le comptoir, manifestement je n'aurai pas besoin de celui-ci, trop complexe à employer puisque pour être efficace, la cible devait l'ingérer. Aussitôt je le remplaçais par d'autre potions, j'espérais secrètement que je n'aurai pas besoin de ces fioles noires mais... Je voulais pouvoir affronter toute éventualité. Et il faut croire que mon cher Kurgoth avait été inspiré par mon geste car il ne tarda pas non plus, voyant la nouvelle armée inconnue arriver, à me rejoindre. Il fouilla lui aussi dans ce que j'avais inspecté quelques secondes plus tôt. Je crois qu'à ce moment, j'avais envie de légèreté, j'avais envie de l'embêter un peu.
" Hey ? "
Il leva le menton de sa fouille et émit un grognement interrogateur.
" Hey, qu'est ce que tu fais ? " Je répétais ouvertement et pour me moquer de lui ce qu'il m'avait demandé plus tôt. J'étais curieuse de voir l'effet que ça aurait sur lui. Visiblement il était perméable à la moquerie et à l'humour, il m'ordonna de la fermer, selon lui nous affronterons désormais une Déesse et son armée. Je relevais les yeux et sentis alors un frisson sur la nuque. Dans les cieux, comme une apparition surréaliste se tenait une figure de femme, la mine fermée dont chaque côté était orné d'une paire d'ailes, l'une était blanche comme la Neige, l'autre noire comme la Mort. J'avais déjà vu ses illustrations dans quelques temples, je connaissais son nom mais pas vraiment son histoire.
Brytha faisait face à Oaxaca.
---------------------------
Consomme sur place une potion de soin (blessure à la main) et deux énormes élixir d'énergie et charge sa ceinture de la sorte :
Ceinture de consommables : Qualité Héroïque
- Grande Gourde magique (Contient [16/16 doses] de potions. Le liquide bu est choisi mentalement par le personnage lors de l'absorption dans la gourde. Liquide contenu :
- 10 Énorme potion de soin (réduit d'un rang une blessure jusqu'à incapacitante)
- 2 poisons "brise magie"
- 2 poisons "Fausse Peste"
- 2 poisons "Pisse-Rougine"
- Bombe-fumigène (une fois lancée au sol, produit une fumée dense et instantanée qui recouvre une zone de 2m² où rien n'est visible.)
- Elixir de lien organique
- Elixir de lien organique
- Enorme Elixir d'énergie
- Potion de Clairvoyance
- Enorme potion de soin
- Enorme potion de soin
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (pillage de potions)
La petite plume de la Mort.
Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.
Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.
- Ezak
- Messages : 208
- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: Plaines de Kôchii
J’aurais aimé conter que nous fûmes braves et que les boucliers de mes hommes tinrent les ennemis en respect. J’aurais aimé chanter que grâce aux efforts de quelques dizaines de guerriers courageux, une débâcle pourtant assurée avait été évitée. J’aurais aimé marteler que le peuple kendran aurait vent de ces actes de bravoure. Que de ceux-là nous ferions des récits épiques, des chants et je ne sais quelles autres légendes que nous transmettrions aux générations futures. Qu’ils seraient joués partout, des séjours des tavernes les plus crapuleuses, aux cours royales les plus prestigieuses. J’aurais aimé…
Une voix… Il avait fallu d’une voix…
Celle d’Oaxaca. Elle s’était élevée au-dessus des cris, et des fers. Puissante et sûre d’elle, elle prophétisa le triomphe de l’Ombre, de la Mort et de la Guerre. Ce genre de discours aurait d’habitude reçu moult moquerie de ma part. Cependant, cette fois, il avait fallu d’une voix.
Puis d’une autre…
Plus horrible, plus profonde, celle du Dragon Noir. Elle articulait une incantation incompréhensible qui semblait résonner dans chaque parcelle de mon corps. Et lorsque qu’elle se tue, ce fut pour annoncer le désastre. D’un coup d’un seul ma vue se troubla et je fus pris d’un puissant vertige. Je perdis mon souffle et pendant quelques secondes je crus que j’allais rendre tout le sang de Garzok dont je m'étais abreuvé. Par réflexe, j’essayai de poser la main sur une épaule solide, près de moi, mais je n’eus rien pour raffermir mes appuis, car tout s’écroula, littéralement. Les corps des hommes qui combattaient à mes côtés tombèrent au sol, inanimés, comme des poupées de chiffons, sans un cri, sans un tressaillement. D’autres, plus éloignés encore, tombèrent également. Et l'image se répéta, un peu plus lin cette fois. Et ainsi de suite, et ainsi de suite et ainsi de suite…
Hécatombe…
Une vague de mort se rependit sur le champ de bataille et en quelques secondes il ne resta plus rien de notre armée, si ce n’était qu’une petite dizaine d’âmes éparpillées. Comme ça, envolée… L’armée d’Omyre elle-même semblait être amputée d’une partie des siens. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux qui nous faisaient directement face avaient aussi trouvé la mort soudainement.
Mais de tout ça je ne m’étais pas encore bien rendu compte…
Remis de mon mal soudain, je fus pris stupéfaction. Mes yeux parcoururent ce qui avait fait office de champ de bataille. Des morts, à perte de vue. Partout gisaient les cadavres. À certains endroits, ils formaient des petits tas, créant de véritables monticules de corps sans âme. La vue était ignoble mais plus affreux encore était ce que subissait l’ouïe.. Absolument rien. Pas un souffle, pas un râle. Rien. Seul s’exprimait le silence. Et après des heures de cris guerriers, d’ordres hurlés, d’expressions de souffrance décomplexée, de crissement de fer, de tintement d’aciers, d’os brisés, ce silence paraissait malsain, comme un pied de nez à la notion même de vie. Il y avait dans l’air un quelque chose de fin du monde, comme si la Mort était devenue Reine.
Tout cela semblait si irréel…
Ainsi Oaxaca n’avait pas menti. Il fallait être dotée d’une puissance divine pour faire une telle chose. Il fallait être également complètement cinglée, sans principe et sans respect de rien. J’étais tellement estomaqué par ce que j’avais sous les yeux, par la cruauté de l’acte que je mis encore du temps, à comprendre, à assimilé. De quoi venai-je d'être témoin ? Je restai là, stoïque, debout, seul, au milieu d’une mer de cadavres frais.
De fines gouttes de pluies commencèrent à asperger la plaine. Je ne les sentis pas tout de suite, puis, les premiers ruissèlements sur mon visage horrifié se mirent à atteindre mes lèvres, chargées de leurs gouts de sang, de sueurs, et de crasse. Le goût de la guerre en bouche, je revins à moi, clignant des yeux comme pour m’échapper d’un mauvais rêve.
Mais tout ceci était bien réel…
Je regardai les hommes au sol, cherchant un visage, peu importe lequel. Un ami, Edris, Isham, Mérédor ou un de ceux avec lequel j’avais le moins d’affinité, comme ce grand rouquin dont j’oubliais constamment le nom , mais il me sembla que je n’en reconnus aucun. Il y avait eu trop de morts d’un coup, certains en recouvraient d’autres, d’autres encore s’étaient entremêlés, si bien que les fraichement tués s’étaient mélangés avec les plus anciens. Ces visages amicaux, j’avais voulu aller les voir, les chercher, mais mon corps refusa de bouger. Je ne pouvais tout simplement pas. Pourquoi ? Peut-être que je ne voulais pas voir la vérité en face. Peut-être que je savais intimement que si je devais reconnaître des traits familiers chez l’un de ces cadavres sans vie, je craquerais. Je n’en fus pas loin. D’ailleurs, bien que protéger de la peur par mon armure d’écailles je ressentis tout de même un léger frisson. Car petit à petit l’information devenait de plus en plus claire, je l'assimilai de plus en plus, j'acceptai la simple et pure vérité de ce que j'avais sous me yeux.
Oaxaca venait de commettre un meurtre de masse…
Et sans doute voulait-elle recommencer. Elle riait, s’amusant de son méfait alors qu’une nouvelle incantation s’élevait à nouveau, résonnant dans mon corps encore plus puissamment que la fois précédente… Alors une brume commença à monter du champ de bataille de plus en plus épaisse et, bientôt, une armée en naquit, une armée grise. Au-dessus d’elle planait un être ailé. Une âme dont je devinais l’identité, Brytha. Azra était le premier à m’en avoir parler, il y avait quelques années, lorsque je l’avais sauvé des griffes de ses fanatiques. Cette arrivée, aussi inattendue fut-elle, ne me fit rien. Je n’en pensai rien. J’avais l’esprit trop accaparé par l’acte ignoble de la Reine Noire pour me soucier de cette apparition.
Tout était finit, alors à quoi bon ?
Mes jambes ne me tinrent plus, elles devinrent faibles et je tombai à genoux, sur les corps trop nombreux J’eus envie de dégueuler mais cette fois ce n’était pas sous l’effet de l’incantation funèbre. J’étais ulcéré par l’acte qui venait d’être commit. Je n’avais pas voulu croire le Général Andelys lorsqu’il affirmait que c’était le camp du Mal. Je trouvais cela beaucoup trop manichéen. Mais à cet instant je le crus. J’avais discouru devant mes hommes et d’autres en affirmant que nous pouvions être leurs monstres. Cependant, je devais me rendre à l’évidence ; c’était un ramassis de conneries. Cette dégénérée et son dragon était allé jusqu’à tuer dans leur rang. J’étais capable de faire des choses, j’avais même des idées peu avouables sur le sort que mériteraient selon moi les peaux vertes, mais j’étais incapable d’une telle monstruosité. Tuer les miens ? Pour gagner la bataille? Où était la victoire dans tout ça ? Quel honneur en tirer ? Nous faisions la guerre pour un peuple, pour défendre sa terre, pour lui en procurer une. Alors quel était le sens de tout çà si ce même peuple comptait à peine pour son dirigeant, au point de le sacrifier.
Comment pouvait-on avoir si peu de respect pour rien ?
Pendant quelques secondes je me surpris à ressentir pour eux de la pitié. Oui, moi, Ezak d’Arkasse. Moi qui n'avait jamais caché ma haine des Garzoks, pas même devant les officiers Omyrihiens, j’eus de la peine pour ces peaux vertes. Comment pouvait-on être à ce point endoctriné ? Voir son peuple périr de l’action de son chef et malgré tout resté fidèle ? Pourtant, eux-mêmes semblaient troublés de voir autant des leurs mourir. Pour s’en rendre compte il suffisait d’observer leurs faces effarées Personne dans leur rang ne criait victoire, eux même étaient perplexes. Si la Princesse Satina devait donner un ordre qui sacrifierait les nôtres jamais je ne serais resté à ses côtés. Alors pourquoi restaient-ils fidèles à cette tarée ?
J’en fus encoléré !
La peine que je ressentis un instant pour toutes les victimes de cette action, y compris les peaux-vertes s’estompa peu à peu. Je vivais ce qui venait de se passer comme une profonde injustice envers l’existence même. Comment pouvait-on être complice de cette infamie ?! Je finis par me dire que c’était bien la preuve que le peuple Garzok était un peuple à honnir, à bannir de ces terres. Comment pouvais-je attendre autre chose d’un tel peuple qui cautionnait l’esclavage, le cannibalisme, qui n’avait aucune notion d’urbanité. La peine passagère que j’eus pour eux redevint haine. Oui, Andelys avait infiniment raison, c’était le mal absolu. Mon regard se dirigea vers le Dragon Noir sur lequel était juché Oaxaca. Les deux responsables de tout ceci. Plus je les regardais et plus ma haine pour ces individus montait. J’avais envie d’empoigner mes armes et de courir dans leur direction, de les planter, de les lacérer, de les démembrer, de les déchiqueter, de les évidés. Je voulais les détruire, leur faire mal. Je voulais qu’ils souffrent comme moi je souffrais de toute cette folie, de cette guerre qui venait de perdre tout son sens, de cette défaite, de la fin probable tout ce que je chérissais. Mon nom. Mes peuples. Ma vie ?
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
J’hurlai de rage une fois, dérangeant le silence de la Mort !
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
Je criai de désespoir, en pensant à tout ce que nous perdîmes.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
Je déchirai le ciel de frustration, impuissant face à ces divinités.
Je n’avais jamais su vraiment pourquoi je haïssais les dieux. À cet instant je compris. Longtemps, j’avais imaginé que c’était la soumission des dévots qui me dérangeait. Je pensais que ne supportais pas le fait de s’abandonner à un être au point d’en oublier sa personne, sa vie, ses ambitions, de nier ses désirs profonds. Que nenni ! Là n’était pas l’origine de ma haine pour eux. C’était l’impuissance face à ces êtres divins que j’honnissais le plus. Moi qui me voulais maître de mon destin je détestais cette sensation. Que restait-il à faire ? Que restait-il à protéger ? Qu’il y avait-il encore à sauver ? Nous n’avions plus d’armée, Oaxaca en avait encore une. Mes peuples, tout ce en quoi je croyais étaient voués à disparaître. Alors à quoi bon ?
Elle avait gagné…
Un contact contre mon bras me sorti de mon état. Par réflexe, j’empoignai mon sabre pour trancher l’opportun qui osait, mais je m’arrêtai en reconnaissant l’aeromancien-dompteur de monstres. Mes yeux plongèrent dans les siens, humides et tristes, qui me renvoyèrent comme un miroir ce que je ressentais. Il restait néanmoins digne, même si sa voix était tremblante d’émotion :
« Debout soldat… Il reste encore une vie à sauver… »
Je suivis son regard, qui m’amena vers la Princesse Satina, entourée de quelques âmes, trop peu. Lorsque je la vis, je fus surpris de constater qu'elle vivait. Et pas seulement elle. Le Général Andelys et et Du Val aussi. Il y avait eu tant de morts, que j’en avais oublié les vivants. Ce soldat avait raison, dans cette situation, il ne restait plus qu’à nous tourner vers le reliquat de notre présence ici, la représentante du pouvoir royale. Oui, c’était notre devoir mais quitte à ce que tout soit finit, il fallait se venger, se lancer dans un dernier baroud d’honneur et faucher ce qui pouvait l’être. J’étais enragé, tremblant encore après hurlé à la mort.
« Et nous en auront tant d’autres à prendre…»
Il acquiesça l’air grave avant d’interpeller un survivant. Celui-là, je crus l’avoir brièvement aperçu durant la bataille mais je ne me rappelai plus vraiment quand. C'était un humain brun, aux yeux verts protégé de cuir des pieds à la tête et portant des dagues. Son regard en disait long, il était aussi hébété que nous et n’y comprenait pas grand-chose. Le mage provoqua alors une distorsion de l’air face à moi. Je l’avais vu faire lorsque nous combattions face à Sisstar mais cela me surprit tout de même. Il m’invita à le traverser, ce que je fis, le regard vide.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1 une Aoy]
Une voix… Il avait fallu d’une voix…
Celle d’Oaxaca. Elle s’était élevée au-dessus des cris, et des fers. Puissante et sûre d’elle, elle prophétisa le triomphe de l’Ombre, de la Mort et de la Guerre. Ce genre de discours aurait d’habitude reçu moult moquerie de ma part. Cependant, cette fois, il avait fallu d’une voix.
Puis d’une autre…
Plus horrible, plus profonde, celle du Dragon Noir. Elle articulait une incantation incompréhensible qui semblait résonner dans chaque parcelle de mon corps. Et lorsque qu’elle se tue, ce fut pour annoncer le désastre. D’un coup d’un seul ma vue se troubla et je fus pris d’un puissant vertige. Je perdis mon souffle et pendant quelques secondes je crus que j’allais rendre tout le sang de Garzok dont je m'étais abreuvé. Par réflexe, j’essayai de poser la main sur une épaule solide, près de moi, mais je n’eus rien pour raffermir mes appuis, car tout s’écroula, littéralement. Les corps des hommes qui combattaient à mes côtés tombèrent au sol, inanimés, comme des poupées de chiffons, sans un cri, sans un tressaillement. D’autres, plus éloignés encore, tombèrent également. Et l'image se répéta, un peu plus lin cette fois. Et ainsi de suite, et ainsi de suite et ainsi de suite…
Hécatombe…
Une vague de mort se rependit sur le champ de bataille et en quelques secondes il ne resta plus rien de notre armée, si ce n’était qu’une petite dizaine d’âmes éparpillées. Comme ça, envolée… L’armée d’Omyre elle-même semblait être amputée d’une partie des siens. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux qui nous faisaient directement face avaient aussi trouvé la mort soudainement.
Mais de tout ça je ne m’étais pas encore bien rendu compte…
Remis de mon mal soudain, je fus pris stupéfaction. Mes yeux parcoururent ce qui avait fait office de champ de bataille. Des morts, à perte de vue. Partout gisaient les cadavres. À certains endroits, ils formaient des petits tas, créant de véritables monticules de corps sans âme. La vue était ignoble mais plus affreux encore était ce que subissait l’ouïe.. Absolument rien. Pas un souffle, pas un râle. Rien. Seul s’exprimait le silence. Et après des heures de cris guerriers, d’ordres hurlés, d’expressions de souffrance décomplexée, de crissement de fer, de tintement d’aciers, d’os brisés, ce silence paraissait malsain, comme un pied de nez à la notion même de vie. Il y avait dans l’air un quelque chose de fin du monde, comme si la Mort était devenue Reine.
Tout cela semblait si irréel…
Ainsi Oaxaca n’avait pas menti. Il fallait être dotée d’une puissance divine pour faire une telle chose. Il fallait être également complètement cinglée, sans principe et sans respect de rien. J’étais tellement estomaqué par ce que j’avais sous les yeux, par la cruauté de l’acte que je mis encore du temps, à comprendre, à assimilé. De quoi venai-je d'être témoin ? Je restai là, stoïque, debout, seul, au milieu d’une mer de cadavres frais.
De fines gouttes de pluies commencèrent à asperger la plaine. Je ne les sentis pas tout de suite, puis, les premiers ruissèlements sur mon visage horrifié se mirent à atteindre mes lèvres, chargées de leurs gouts de sang, de sueurs, et de crasse. Le goût de la guerre en bouche, je revins à moi, clignant des yeux comme pour m’échapper d’un mauvais rêve.
Mais tout ceci était bien réel…
Je regardai les hommes au sol, cherchant un visage, peu importe lequel. Un ami, Edris, Isham, Mérédor ou un de ceux avec lequel j’avais le moins d’affinité, comme ce grand rouquin dont j’oubliais constamment le nom , mais il me sembla que je n’en reconnus aucun. Il y avait eu trop de morts d’un coup, certains en recouvraient d’autres, d’autres encore s’étaient entremêlés, si bien que les fraichement tués s’étaient mélangés avec les plus anciens. Ces visages amicaux, j’avais voulu aller les voir, les chercher, mais mon corps refusa de bouger. Je ne pouvais tout simplement pas. Pourquoi ? Peut-être que je ne voulais pas voir la vérité en face. Peut-être que je savais intimement que si je devais reconnaître des traits familiers chez l’un de ces cadavres sans vie, je craquerais. Je n’en fus pas loin. D’ailleurs, bien que protéger de la peur par mon armure d’écailles je ressentis tout de même un léger frisson. Car petit à petit l’information devenait de plus en plus claire, je l'assimilai de plus en plus, j'acceptai la simple et pure vérité de ce que j'avais sous me yeux.
Oaxaca venait de commettre un meurtre de masse…
Et sans doute voulait-elle recommencer. Elle riait, s’amusant de son méfait alors qu’une nouvelle incantation s’élevait à nouveau, résonnant dans mon corps encore plus puissamment que la fois précédente… Alors une brume commença à monter du champ de bataille de plus en plus épaisse et, bientôt, une armée en naquit, une armée grise. Au-dessus d’elle planait un être ailé. Une âme dont je devinais l’identité, Brytha. Azra était le premier à m’en avoir parler, il y avait quelques années, lorsque je l’avais sauvé des griffes de ses fanatiques. Cette arrivée, aussi inattendue fut-elle, ne me fit rien. Je n’en pensai rien. J’avais l’esprit trop accaparé par l’acte ignoble de la Reine Noire pour me soucier de cette apparition.
Tout était finit, alors à quoi bon ?
Mes jambes ne me tinrent plus, elles devinrent faibles et je tombai à genoux, sur les corps trop nombreux J’eus envie de dégueuler mais cette fois ce n’était pas sous l’effet de l’incantation funèbre. J’étais ulcéré par l’acte qui venait d’être commit. Je n’avais pas voulu croire le Général Andelys lorsqu’il affirmait que c’était le camp du Mal. Je trouvais cela beaucoup trop manichéen. Mais à cet instant je le crus. J’avais discouru devant mes hommes et d’autres en affirmant que nous pouvions être leurs monstres. Cependant, je devais me rendre à l’évidence ; c’était un ramassis de conneries. Cette dégénérée et son dragon était allé jusqu’à tuer dans leur rang. J’étais capable de faire des choses, j’avais même des idées peu avouables sur le sort que mériteraient selon moi les peaux vertes, mais j’étais incapable d’une telle monstruosité. Tuer les miens ? Pour gagner la bataille? Où était la victoire dans tout ça ? Quel honneur en tirer ? Nous faisions la guerre pour un peuple, pour défendre sa terre, pour lui en procurer une. Alors quel était le sens de tout çà si ce même peuple comptait à peine pour son dirigeant, au point de le sacrifier.
Comment pouvait-on avoir si peu de respect pour rien ?
Pendant quelques secondes je me surpris à ressentir pour eux de la pitié. Oui, moi, Ezak d’Arkasse. Moi qui n'avait jamais caché ma haine des Garzoks, pas même devant les officiers Omyrihiens, j’eus de la peine pour ces peaux vertes. Comment pouvait-on être à ce point endoctriné ? Voir son peuple périr de l’action de son chef et malgré tout resté fidèle ? Pourtant, eux-mêmes semblaient troublés de voir autant des leurs mourir. Pour s’en rendre compte il suffisait d’observer leurs faces effarées Personne dans leur rang ne criait victoire, eux même étaient perplexes. Si la Princesse Satina devait donner un ordre qui sacrifierait les nôtres jamais je ne serais resté à ses côtés. Alors pourquoi restaient-ils fidèles à cette tarée ?
J’en fus encoléré !
La peine que je ressentis un instant pour toutes les victimes de cette action, y compris les peaux-vertes s’estompa peu à peu. Je vivais ce qui venait de se passer comme une profonde injustice envers l’existence même. Comment pouvait-on être complice de cette infamie ?! Je finis par me dire que c’était bien la preuve que le peuple Garzok était un peuple à honnir, à bannir de ces terres. Comment pouvais-je attendre autre chose d’un tel peuple qui cautionnait l’esclavage, le cannibalisme, qui n’avait aucune notion d’urbanité. La peine passagère que j’eus pour eux redevint haine. Oui, Andelys avait infiniment raison, c’était le mal absolu. Mon regard se dirigea vers le Dragon Noir sur lequel était juché Oaxaca. Les deux responsables de tout ceci. Plus je les regardais et plus ma haine pour ces individus montait. J’avais envie d’empoigner mes armes et de courir dans leur direction, de les planter, de les lacérer, de les démembrer, de les déchiqueter, de les évidés. Je voulais les détruire, leur faire mal. Je voulais qu’ils souffrent comme moi je souffrais de toute cette folie, de cette guerre qui venait de perdre tout son sens, de cette défaite, de la fin probable tout ce que je chérissais. Mon nom. Mes peuples. Ma vie ?
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
J’hurlai de rage une fois, dérangeant le silence de la Mort !
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
Je criai de désespoir, en pensant à tout ce que nous perdîmes.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH »
Je déchirai le ciel de frustration, impuissant face à ces divinités.
Je n’avais jamais su vraiment pourquoi je haïssais les dieux. À cet instant je compris. Longtemps, j’avais imaginé que c’était la soumission des dévots qui me dérangeait. Je pensais que ne supportais pas le fait de s’abandonner à un être au point d’en oublier sa personne, sa vie, ses ambitions, de nier ses désirs profonds. Que nenni ! Là n’était pas l’origine de ma haine pour eux. C’était l’impuissance face à ces êtres divins que j’honnissais le plus. Moi qui me voulais maître de mon destin je détestais cette sensation. Que restait-il à faire ? Que restait-il à protéger ? Qu’il y avait-il encore à sauver ? Nous n’avions plus d’armée, Oaxaca en avait encore une. Mes peuples, tout ce en quoi je croyais étaient voués à disparaître. Alors à quoi bon ?
Elle avait gagné…
Un contact contre mon bras me sorti de mon état. Par réflexe, j’empoignai mon sabre pour trancher l’opportun qui osait, mais je m’arrêtai en reconnaissant l’aeromancien-dompteur de monstres. Mes yeux plongèrent dans les siens, humides et tristes, qui me renvoyèrent comme un miroir ce que je ressentais. Il restait néanmoins digne, même si sa voix était tremblante d’émotion :
« Debout soldat… Il reste encore une vie à sauver… »
Je suivis son regard, qui m’amena vers la Princesse Satina, entourée de quelques âmes, trop peu. Lorsque je la vis, je fus surpris de constater qu'elle vivait. Et pas seulement elle. Le Général Andelys et et Du Val aussi. Il y avait eu tant de morts, que j’en avais oublié les vivants. Ce soldat avait raison, dans cette situation, il ne restait plus qu’à nous tourner vers le reliquat de notre présence ici, la représentante du pouvoir royale. Oui, c’était notre devoir mais quitte à ce que tout soit finit, il fallait se venger, se lancer dans un dernier baroud d’honneur et faucher ce qui pouvait l’être. J’étais enragé, tremblant encore après hurlé à la mort.
« Et nous en auront tant d’autres à prendre…»
Il acquiesça l’air grave avant d’interpeller un survivant. Celui-là, je crus l’avoir brièvement aperçu durant la bataille mais je ne me rappelai plus vraiment quand. C'était un humain brun, aux yeux verts protégé de cuir des pieds à la tête et portant des dagues. Son regard en disait long, il était aussi hébété que nous et n’y comprenait pas grand-chose. Le mage provoqua alors une distorsion de l’air face à moi. Je l’avais vu faire lorsque nous combattions face à Sisstar mais cela me surprit tout de même. Il m’invita à le traverser, ce que je fis, le regard vide.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1 une Aoy]
Modifié en dernier par Ezak le ven. 10 sept. 2021 05:22, modifié 2 fois.
- Xël
- Messages : 338
- Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50
Re: Plaines de Kôchii
Mon souffle est court, le poids de la bataille commence à peser sur mes épaules. Ce bref moment de répit laisse à mon corps le temps de me rappeler chaque coup subis. Les physiques comme les psychologiques, de cette bataille comme des précédentes. Je suis fatigué. J’ai mal. J’en ai assez d’être en colère. J’en ai assez d’entendre les chairs se déchirer, les os se briser, les hurlements de désespoir et de douleur des combattants.
Le juggernaut se tient toujours debout, formant une statue menaçante mais immobile qui surplombe la ligne reformée mais luttant toujours durement pour ne pas céder de terrain. Le dos vouté, les mains sur les genoux, je fais une cible facile et pourtant, je ne trouve pas encore le souffle suffisant pour me redresser. A nouveau c’est une main alliée qui me redresse, saisissant durement mon épaule pour me relever.
« Almaran ! Espèce de taré ! Redressez vous ! »
Je reconnais la voix mais le lot de déflagrations magique que j’ai utilisé m’a laissé comme ivre et je ne parviens pas à trouver mes mots et reprendre mes esprits. Je perçois cependant le bouclier de celle qui me soutien se mettre entre moi et les ennemis avant que des bruits caractéristiques des projectiles frappant contre l’acier ne me redonne mes esprits.
« Reprenez vous soldats où je vous botte le cul ! »
Aldchet. C’est le Sergent. Celle là même qui est venu apporter son renfort sur ce flanc et qui m’a remit les idées en place quand j’ai subis le sort de l’Humoran.
« Anne ? »
Dis-je un peu béatement, provoquant une réaction immédiate.
« C’est Sergent Aldchet ! Trouduc’ ! Poursuivez le combat ! C’est un ordre ! »
Elle aussi est essoufflée, l’armure en piteux état, du sang dégoulinant de la visière de son casque cabossé, un oeil devenu rouge cramoisi et gonflé. Elle s’est battue de toutes ses forces pour conserver cette ligne, je n’ai pas le droit d’abandonner. J’incline la tête avec vigueur, me redresse de toute ma hauteur.
« Oui Sergent ! »
Et je reprends le combat, chassant mes idées les plus noires, remplissant à nouveau mes réserves de magie. Je retourne au combat, visant les Garzoks qui nous débordent encore en compagnie du sergent. Les fluides d’air se rassemblent dans ma main puis se projettent contre un Orc qui me fonce dessus. Son visage se déforme sous le choc du vent et il tombe à la renverse pendant que Anne me couvre en découpant la hanche d’un assaillant tout en poussant un râle d’effort. Des archers Sektegs se montrent, encore eux, tirant leurs salves sur nos rangs. Aldchet me couvre à nouveau, levant son bouclier pour protéger le haut de nos corps mais nos jambières encaissent les projectiles comme elles peuvent.
« Trouvez vous un bouclier bon sang ! »
« Attention ! »
Les Gobelins rechargent leurs armes, menaçant à nouveau de nous trouer la peau. A mon tour de la protéger. Protéger les six mètres d’envergure d’une machine à tuer géante c’est quelque chose mais pour mon corps je devrais pouvoir maitriser le flux d’air suffisamment pour nous protéger. Je libère mes fluides et me place devant le Sergent qui jure en me voyant faire. La magie de vent me recouvre, je la façonne comme pour mon aura venteuse, me focalisant sur sa forme qui suit celle de mon armure, de bas en haut. Sur sa concentration, canalisant mes fluides pour ne pas les gaspiller mais donner au flux d’air une apparence grise aux reflets émeraudes, assez translucide pour voir à travers tout en étant assez épais pour le rendre consistant, suffisamment pour arrêter n’importe quel projectile. Et les projectiles viennent, tirés depuis les arcs et arbalètes Sektegs, fonçant droit sur nous en fendant l’air mais l’air ici… c’est moi qui le contrôle. Je fixe les traits qui fondent vers moi, confiant. L’armure s’emballe à l’approche des flèches, prenant plus de vitesse, plus de puissance pour repousser la salve bien plus efficacement que les précédentes. Les projectiles partent dans l’autre sens en tourbillonnant, touchant voir blessant les tireurs qui soudain se figent. Tout le champs de bataille d’ailleurs se fige alors que le dragon pique vers le centre de la bataille, chassant la zone sombre d’un battement d’aile que je ressens jusqu’ici. Il se pose, écrasant tout ce qui à la malchance d’être en dessous, balayant de sa longue queue les Garzoks qui tiennent encore debout après la secousse que son atterrissage provoque. Tous les visages, de chaque camp, sont tournés vers cette créature titanesque que personne ici ne pourrait vaincre. Et sur sa tête, Oaxaca, s’exprime d’une voix forte et claire:
« Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte. »
Et alors le dragon recommence son étrange chant, tordant mon estomac et me donnant envie de vomir, me pétrifiant de terreur alors qu’autour de moi, les guerriers commencent à tomber. Rangs par rangs, comme une vague qui renverserait tout sur son passage. Les archers de Kendra Kâr, morts. Les fantassins, morts. Dans l’infanterie d’Omyre, plusieurs tombent, morts. La vague m’atteint, je la sens me secouer, mes tripes se tordent, ma vision se trouble alors que la dernière chose que je vois nette est le visage horrifié du Sergent Aldchet avant qu’elle ne s’effondre, morte. Autour de moi les vétérans et les survivants de ce flanc tombent, morts. Les garzoks qui m’encerclaient, morts. Les lignes d’archers Sektegs, morts.
Et la vague poursuit sa route sur toute la plaine, rependant les sons des corps tombant sur le sol humide dans un fracas d’acier, de l’est à l’ouest, du nord au sud, les légions tombent, mortes. Mon envie de vomir s’atténue, ma vue redevient nette, me permettant d’être témoin de cette horreur. La plaine de Kôchii, recouverte de cadavres aux visages figés d’effroi. Mon espoir broyé, ma volonté écrasée. Mes forces et même ma magie semblent se volatiliser. Rien ne défait la sensation indescriptible qui me comprime la poitrine et l’estomac, pas même apercevoir mes quelques alliés qui se redressent. Je ne vois et ne pense qu’à ceux qui ont disparus, qui sont allongés dans la boue. Mes compagnons de Bouhen; Cwen, Ed’, Thonas, Trieli, tous morts. Mon regard parcours le cimetière à ciel ouvert, la zone dénuée de vie alors qu’un dernier guerrier s’effondre en plongeant tout dans un silence de crypte. Ceux encore debout, moi compris, Garzoks compris, se tiennent immobiles, soufflés par un tel acte. Des milliers de soldats… tombés… en un instant…
Mon corps tremble à la fois de rage et de désespoir avant de s’immobiliser, comme une statue. Une statue de pierre, figée, étourdit. Je remarque d’autres survivants alliés, se tenant debout, tout aussi marqués que moi. Bogast, debout, la mine grave au milieu de ses troupes au sol. Un soldat, atterré, seul parmi les cadavres enchevêtrés au front. Satina, tombant à genoux en sanglotant, entourée de ce qu’il reste de son armée: un porte étendard, Du Val et le Général Andel’Ys. Puis je remarque le comte Ybelinor, fuyant le champs de bataille à grandes enjambées. Je remarque aussi une archère, dernière survivante de nos lignes à distance. Enfin, je remarque plus loin l’armée Hinionne qui semble avoir été épargnée par le mal, exceptés les chevaucheurs de griffons qui tombent avec leurs montures faisant tomber une pluie de créatures sur les cadavres avant qu’une pluie fine venant du ciel arrose le charnier, brisant le silence par son impact contre les armures d’acier. C’est terminé. La bataille est perdue. Nous n’avons aucune chance de terrasser ce dragon, infiniment plus puissant que tous ceux que j’ai pu croiser.
Mais l’horreur ne s’arrête pas là. Le dragon recommence, il recommence à émettre ce son si étrange sonnant comme un glas, sous le fou rire de sa maîtresse dont chaque rire est comme un poignard qu’on plante dans mon ventre. Les larmes me montent aux yeux. Mes bras tombent le long de mon corps, dénués de force. Ma tête devient lourde, mes jambes tremblantes. Je sens que je vais défaillir, à mon tour de rejoindre les vaincus. Même l’âme de Finarfin me semble plus diffuse que jamais, ses souvenirs se troublent, comme si une partie de lui avait disparu. Je suis prêt à me laisser tomber au sol quand un cri surgit derrière moi. J’avance d’un pas, un reflex instinctif pour ne pas tomber en avant. Un second cri me fait tourner la tête pour en trouver l’origine. L’homme qui s’était attaqué à la wyverne, il est à genoux, tremblant, le visage déformé par la rage qu’il exulte dans un troisième et dernier cri qui finit de me remettre les idées en place. Il reste des vies à sauver et tant que ce sera le cas, je mènerais le combat.
Je me tourne vers l’inconnu et titube dans sa direction, encore assommé par la tragédie. Je m’avance, vacillant, jusqu’à l’atteindre et me pencher vers lui, plus rudement que je l’aurais voulu, me rattrapant sur son épaule pour ne pas tomber à mon tour. Je gémis d’effort pour l’aider à se relever tout en lui adressant la parole d’une voix tremblante d’émotions.
« Debout soldat… Il reste encore une vie à sauver. »
Mon regard humide se dirige vers la belle princesse Satina et ce qu’il reste de son état major. Car elle doit être sauvée, je dois lui permettre de retourner à Kendra Kâr et commencer l’évacuation de la cité. Nous ne connaissons pas la portée du sort qu’il est entrain d’entonner. Après un sursaut où je crois manquer de prendre un coup de lame, il suit mon regard avant de hocher la tête. Il se redresse et plonge son regard désespéré et haineux dans le mien:
« Et nous en aurons tant d’autres à prendre. »
Mais alors que je scrute à nouveau les alentours pour chercher d’autres survivants, je suis interloqué par une apparition s’extirpant d’une brume se libérant de la zone glacée. Une armée, bien vivante celle là, même si je m’interroge sur la réalité de ce que je vois. Des Humorans et Worans, colorés par rapport au reste des troupes qui apparaissent. Des cavaliers aux couleurs d’argent, brandissant des bannières grises. Des fantassins, à l’armure grise, paraissant tous parfaitement identiques, à l’identité préservée par des casques. Ils me rappellent les combattants de Nagorin qui étaient venu nous prêter main forte à la bataille de Fan-Ming, sauf que l’argent remplace l’or. Il y avait aussi tout à l’ouest, proche des Hïnions indemnes, des combattants en robes et capes grises, casqués de bronze. Trois généraux encadrent l’armée mais le plus remarquable est celui devant les cavaliers. Un colosse à l’armure lourde portant un bouclier miroir plus grand que moi. Enfin, dans le ciel, portée par plusieurs ailes aux couleurs de la lumière et des ténèbres, une femme au visage doux, dénué d’expression, auréolée d’une couronne à la fois sombre et lumineuse, une entité divine, à n’en pas douter, belle et terrifiante, qui patiente au dessus de son armée.
J’ignore qui elle est. J’ignore ce qu’elle veut. Bien que j’ai déjà entendu, en flânant dans Kendra Kâr à l’époque où j’en avais encore l’insouciance, des hommes et des femmes vêtus d’un gris neutre et morne, agissant au nom d’une déesse de l’équilibre nommée Brytha, encourager les citoyens qui écoutaient à se révolter contre les Dieux élémentaires. Ce serait elle ? Et ces mages gris, est-ce que ce sont ceux dont parlait Sirat ? La seule chose dont je peux être sûre, c’est qu’elle ne se place pas en allié d’Oaxaca. Elle lui fait face et à voir la réaction de la Dame Noire, qui descend de son immense monture et retire son casque pour montrer son visage humain déformé par la colère, ce serait même plutôt une ennemie. Un infime espoir, peut être, de sauver ceux qui peuvent encore l’être alors qu’elle appelle ses lieutenants à l’aide. Elle risque d’être déçue car les Treize ne sont plus aussi nombreux.
Jorus nous rejoint, tout aussi déboussolé, silencieux, la main crispée sur sa dague. Je lui fais signe d’approcher:
« Ne restons pas ici. »
J’inspire profondément, chassant de mon esprit ce qui pourrait gêner ma concentration. Je suis forcé de fermer les yeux, troublé par ce champs de morts à mes pieds. Fort heureusement la pluie qui s’écrase contre mon armure surplombe ce silence oppressant qui à recouvert d’un coup le vacarme du combat. Un millier de pensées me traversent l’esprit. Un millier d’images défilent sur mes paupières. Le visage du Sergent Aldchet tordu d’horreur avant de s’éteindre, les corps tombants dans un fracas qui me donne des frissons. Il me faut une bonne minute pour réussir à canaliser mes fluides agités avant que le portail, qui ne mène pourtant pas bien loin, n’apparaisse.
« Dépêchez vous de traverser. »
Conseillais-je aux deux survivants du flanc est qui emprunte le passage en silence. Je lance un dernier regard vers Anne, allongée dans la terre tassée, son bouclier à côté d’elle. Un écu d’acier aux couleurs de Kendra Kâr, estampillé du symbole royal. Je me remémore son dernier conseil et concentre ma magie, faisant décoller le bouclier qui s’envole vers mon bras tendu qui le réceptionne.
« Ne vous en faites pas Sergent. Il continuera de protéger Kendra Kâr. »
Je traverse le portail à mon tour avant de le refermer. Nous apparaissons non loin de la princesse et même si ses gardiens sont soupçonneux et s’interposent entre elle et nous, ils s’écartent tout de même en nous reconnaissant.
« … Princesse… »
Commençais-je en retenant mes larmes, la voyant à genoux, en pleure. Je retire mon casque et m’accroupis pour saisir doucement ses mains. Plongeant dans ses yeux mon regard rouge et humide de tristesse mais brillant toujours d’une fine flamme de détermination.
« Je peux vous ouvrir un portail dès maintenant pour retourner à Kendra Kâr et sauver les vies qui peuvent encore l’être. La bataille est perdue. »
Concluais-je après un souffle saccadé de chagrin. Jorus vient s’agenouiller proche de nous pour la convaincre de m’écouter. J’ai peur. Peur qu’elle refuse et que la magie du dragon, cette horreur indescriptible, ne prive Nirtim de toute vie. Mais la princesse est têtue, elle relève son visage pour darder un regard courroucé vers Oaxaca et son allié tout puissant. Elle refuse d’admettre la défaite, affirmant d’une voix mêlée de colère et de chagrin que la Dame Noire ne gagnera jamais. Puis plus calmement mais toujours déterminée, elle nous assure qu’elle va rester et se battre car c’est son devoir. J’aimerais répondre que son devoir est de sauver les citoyens de Kendra Kâr mais Jorus et le soldat du flanc est s’occupent déjà de la pousser à réfléchir. Je cherche alors son garde royal, Anton Du Val, l’interrogeant du regard pour avoir son avis. Mais il ne semble pas me comprendre, penchant la tête sur le côté. Je l’imite, penchant la tête du côté opposé.
Satina se redresse et je fais de même tandis qu’elle accepte de se garder de combattre à défaut de partir. Mais quant est-il des citoyens ? N’y pense t-elle pas ? Je remarque alors Ybelinor qui poursuit sa course et déclare:
« Dans ce cas, acceptez au moins d’envoyer un homme de confiance avec l’ordre de mettre les citoyens à l’abri… Lui par exemple. »
Dis-je en désignant le comte au loin qui s’enfuit. J’ouvre un portail l’instant d’après pour le ramener dans le groupe, un peu à l’écart pour qu’il ne percute personne et un peu en hauteur pour qu’il trébuche et se viande comme une grosse merde. Je doute que son désir est de rejoindre la cité blanche pour mettre les citoyens en sécurité. Il fuit, tout simplement, abandonnant celle qu’il est censé servir. Il tombe dans la neige en poussant un cri horrifié puis en relevant son visage de la couche de neige il pousse un nouveau cri aigue, inconscient de l’endroit où il se trouve, de la façon dont il y est arrivé, ne trouvant qu’à supplier la princesse de se mettre à l’abri alors qu’elle lui adresse un regard plein de reproches. Je pensais cet homme plus courageux. En tout cas sa présence provoque chez Jorus un excès de rage qui le pousse même à menacer de mort le noble. Une réaction que j’aurais pu avoir moi aussi si la situation n’était pas si gravissime. Même si voir un noble pédant étalé sur le sol n’est pas pour me déplaire, je reviens vers la princesse avec un air grave après qu’elle ait fait part de son indignation pour le traitement du comte.
« Je me tiens prêt Princesse, dites moi qui vous voulez envoyer à Kendra Kâr et je lui ouvrirais un portail, ça ne me prendra qu’une minute. »
Je me racle la gorge, chassant ma tristesse et l’hésitation avant de chercher un objet dans mon sac, la lettre que m’a envoyé Méli.
« Je doute de revenir en vie cette fois… Alors si, quand vous retournerez à Kendra Kâr… Vous pouviez rendre cette lettre à Méli, vous savez la femme qui gère l’orphelinat, dites lui… dites lui que j’ai suivi son conseil. Je me suis battu de toutes mes forces. »
Je tends la lettre vers elle en retenant mes larmes puis je m’éloigne un peu pour rejoindre le soldat qui avait fait part de son désir de vaincre Oaxaca après avoir fait un signe à Faëlis que je suis content de revoir sain et sauf. Je m’essuie les yeux en arrivant à la hauteur du combattant blond aux traits à la fois Kendrans et Ynoriens.
« Je viens avec toi. Ah… moi c’est Xël. »
Après un commentaire qui me tire un mince sourire au sujet des hurlements du comte il se présente comme étant Ezak d’Arkasse, me demandant si je suis le Xël d’Aliaénon. Je hoche la tête un peu surpris avant d’écouter ses remerciements pour avoir aidé ses hommes sur le champs de bataille.
« J’aurais aimé pouvoir en faire plus. »
Je jette un oeil vers Jorus qui ne décolère pas, écarté par Andelys.
« Ne lui en veuillez pas trop. J’étais comme lui il n’y a pas si longtemps. Je me souviens que j’avais envoyé Naral Shaam se faire foutre. »
Un sacré trouduc’ celui là, je m’étonne d’ailleurs de ne pas avoir aperçu le bout de ses ailes roses. La situation devenu plus calme je me rapproche du comte alors que Ezak demande au Général si il peut se servir dans l’intendance, argumentant, à très juste titre, que nous allions avoir besoin de toutes nos forces pour le combat à venir. A ses mots je ressens les douleurs de mes nombreuses blessures. Andelys l’y autorise, ajoutant que les potions sont là pour ça.
« Prêt m’sieur le comte ? Quand le portail sera ouvert n’attendez pas avant d’entrer dedans. Le maintenir me demande beaucoup d’énergie. Gardez les bras le long du corps si vous voulez les conserver. »
Je me concentre une fois de plus quand il m’assure être prêt. Je visualise dans mon esprit la cité blanche, entre les plaines vertes et l’océan bleu. Je me rapproche pour une vision plus précise, dessinant les détails de la ville. L’arène, l’orphelinat, l’hippodrome, la tour de Thaumaturgie, la Bise d’Ynorie, les grands temples des Dieux, le château. Je précise encore la construction de mon sort, pénétrant l’immense bâtiment pour me retrouver dans la salle du trône, celle où je me tenais avec Solennel et Robert après la bataille de Luminion. Je laisse mes fluides agir, s’échappant de mes doigts pour former un ovale dans l’air, vrillant l’espace pour former un passage entre le champs de bataille et la salle du trône de Kendra Kâr. Le comte s’y engouffre rapidement, me permettant de le refermer. Je me dirige ensuite vers l’intendance pour moi aussi me préparer au combat qui sera sans doute le plus difficile que j’ai mené.
((Tentative d’apprentissage du sort Armure d’alizée ( suite de ce rp). Récupération d’un bouclier moyen sur le champs de bataille. ))
[XP : 2 (apprentissage validé) + 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion). J'y ajoute la rune Ter.]
Le juggernaut se tient toujours debout, formant une statue menaçante mais immobile qui surplombe la ligne reformée mais luttant toujours durement pour ne pas céder de terrain. Le dos vouté, les mains sur les genoux, je fais une cible facile et pourtant, je ne trouve pas encore le souffle suffisant pour me redresser. A nouveau c’est une main alliée qui me redresse, saisissant durement mon épaule pour me relever.
« Almaran ! Espèce de taré ! Redressez vous ! »
Je reconnais la voix mais le lot de déflagrations magique que j’ai utilisé m’a laissé comme ivre et je ne parviens pas à trouver mes mots et reprendre mes esprits. Je perçois cependant le bouclier de celle qui me soutien se mettre entre moi et les ennemis avant que des bruits caractéristiques des projectiles frappant contre l’acier ne me redonne mes esprits.
« Reprenez vous soldats où je vous botte le cul ! »
Aldchet. C’est le Sergent. Celle là même qui est venu apporter son renfort sur ce flanc et qui m’a remit les idées en place quand j’ai subis le sort de l’Humoran.
« Anne ? »
Dis-je un peu béatement, provoquant une réaction immédiate.
« C’est Sergent Aldchet ! Trouduc’ ! Poursuivez le combat ! C’est un ordre ! »
Elle aussi est essoufflée, l’armure en piteux état, du sang dégoulinant de la visière de son casque cabossé, un oeil devenu rouge cramoisi et gonflé. Elle s’est battue de toutes ses forces pour conserver cette ligne, je n’ai pas le droit d’abandonner. J’incline la tête avec vigueur, me redresse de toute ma hauteur.
« Oui Sergent ! »
Et je reprends le combat, chassant mes idées les plus noires, remplissant à nouveau mes réserves de magie. Je retourne au combat, visant les Garzoks qui nous débordent encore en compagnie du sergent. Les fluides d’air se rassemblent dans ma main puis se projettent contre un Orc qui me fonce dessus. Son visage se déforme sous le choc du vent et il tombe à la renverse pendant que Anne me couvre en découpant la hanche d’un assaillant tout en poussant un râle d’effort. Des archers Sektegs se montrent, encore eux, tirant leurs salves sur nos rangs. Aldchet me couvre à nouveau, levant son bouclier pour protéger le haut de nos corps mais nos jambières encaissent les projectiles comme elles peuvent.
« Trouvez vous un bouclier bon sang ! »
« Attention ! »
Les Gobelins rechargent leurs armes, menaçant à nouveau de nous trouer la peau. A mon tour de la protéger. Protéger les six mètres d’envergure d’une machine à tuer géante c’est quelque chose mais pour mon corps je devrais pouvoir maitriser le flux d’air suffisamment pour nous protéger. Je libère mes fluides et me place devant le Sergent qui jure en me voyant faire. La magie de vent me recouvre, je la façonne comme pour mon aura venteuse, me focalisant sur sa forme qui suit celle de mon armure, de bas en haut. Sur sa concentration, canalisant mes fluides pour ne pas les gaspiller mais donner au flux d’air une apparence grise aux reflets émeraudes, assez translucide pour voir à travers tout en étant assez épais pour le rendre consistant, suffisamment pour arrêter n’importe quel projectile. Et les projectiles viennent, tirés depuis les arcs et arbalètes Sektegs, fonçant droit sur nous en fendant l’air mais l’air ici… c’est moi qui le contrôle. Je fixe les traits qui fondent vers moi, confiant. L’armure s’emballe à l’approche des flèches, prenant plus de vitesse, plus de puissance pour repousser la salve bien plus efficacement que les précédentes. Les projectiles partent dans l’autre sens en tourbillonnant, touchant voir blessant les tireurs qui soudain se figent. Tout le champs de bataille d’ailleurs se fige alors que le dragon pique vers le centre de la bataille, chassant la zone sombre d’un battement d’aile que je ressens jusqu’ici. Il se pose, écrasant tout ce qui à la malchance d’être en dessous, balayant de sa longue queue les Garzoks qui tiennent encore debout après la secousse que son atterrissage provoque. Tous les visages, de chaque camp, sont tournés vers cette créature titanesque que personne ici ne pourrait vaincre. Et sur sa tête, Oaxaca, s’exprime d’une voix forte et claire:
« Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte. »
Et alors le dragon recommence son étrange chant, tordant mon estomac et me donnant envie de vomir, me pétrifiant de terreur alors qu’autour de moi, les guerriers commencent à tomber. Rangs par rangs, comme une vague qui renverserait tout sur son passage. Les archers de Kendra Kâr, morts. Les fantassins, morts. Dans l’infanterie d’Omyre, plusieurs tombent, morts. La vague m’atteint, je la sens me secouer, mes tripes se tordent, ma vision se trouble alors que la dernière chose que je vois nette est le visage horrifié du Sergent Aldchet avant qu’elle ne s’effondre, morte. Autour de moi les vétérans et les survivants de ce flanc tombent, morts. Les garzoks qui m’encerclaient, morts. Les lignes d’archers Sektegs, morts.
Et la vague poursuit sa route sur toute la plaine, rependant les sons des corps tombant sur le sol humide dans un fracas d’acier, de l’est à l’ouest, du nord au sud, les légions tombent, mortes. Mon envie de vomir s’atténue, ma vue redevient nette, me permettant d’être témoin de cette horreur. La plaine de Kôchii, recouverte de cadavres aux visages figés d’effroi. Mon espoir broyé, ma volonté écrasée. Mes forces et même ma magie semblent se volatiliser. Rien ne défait la sensation indescriptible qui me comprime la poitrine et l’estomac, pas même apercevoir mes quelques alliés qui se redressent. Je ne vois et ne pense qu’à ceux qui ont disparus, qui sont allongés dans la boue. Mes compagnons de Bouhen; Cwen, Ed’, Thonas, Trieli, tous morts. Mon regard parcours le cimetière à ciel ouvert, la zone dénuée de vie alors qu’un dernier guerrier s’effondre en plongeant tout dans un silence de crypte. Ceux encore debout, moi compris, Garzoks compris, se tiennent immobiles, soufflés par un tel acte. Des milliers de soldats… tombés… en un instant…
Mon corps tremble à la fois de rage et de désespoir avant de s’immobiliser, comme une statue. Une statue de pierre, figée, étourdit. Je remarque d’autres survivants alliés, se tenant debout, tout aussi marqués que moi. Bogast, debout, la mine grave au milieu de ses troupes au sol. Un soldat, atterré, seul parmi les cadavres enchevêtrés au front. Satina, tombant à genoux en sanglotant, entourée de ce qu’il reste de son armée: un porte étendard, Du Val et le Général Andel’Ys. Puis je remarque le comte Ybelinor, fuyant le champs de bataille à grandes enjambées. Je remarque aussi une archère, dernière survivante de nos lignes à distance. Enfin, je remarque plus loin l’armée Hinionne qui semble avoir été épargnée par le mal, exceptés les chevaucheurs de griffons qui tombent avec leurs montures faisant tomber une pluie de créatures sur les cadavres avant qu’une pluie fine venant du ciel arrose le charnier, brisant le silence par son impact contre les armures d’acier. C’est terminé. La bataille est perdue. Nous n’avons aucune chance de terrasser ce dragon, infiniment plus puissant que tous ceux que j’ai pu croiser.
Mais l’horreur ne s’arrête pas là. Le dragon recommence, il recommence à émettre ce son si étrange sonnant comme un glas, sous le fou rire de sa maîtresse dont chaque rire est comme un poignard qu’on plante dans mon ventre. Les larmes me montent aux yeux. Mes bras tombent le long de mon corps, dénués de force. Ma tête devient lourde, mes jambes tremblantes. Je sens que je vais défaillir, à mon tour de rejoindre les vaincus. Même l’âme de Finarfin me semble plus diffuse que jamais, ses souvenirs se troublent, comme si une partie de lui avait disparu. Je suis prêt à me laisser tomber au sol quand un cri surgit derrière moi. J’avance d’un pas, un reflex instinctif pour ne pas tomber en avant. Un second cri me fait tourner la tête pour en trouver l’origine. L’homme qui s’était attaqué à la wyverne, il est à genoux, tremblant, le visage déformé par la rage qu’il exulte dans un troisième et dernier cri qui finit de me remettre les idées en place. Il reste des vies à sauver et tant que ce sera le cas, je mènerais le combat.
Je me tourne vers l’inconnu et titube dans sa direction, encore assommé par la tragédie. Je m’avance, vacillant, jusqu’à l’atteindre et me pencher vers lui, plus rudement que je l’aurais voulu, me rattrapant sur son épaule pour ne pas tomber à mon tour. Je gémis d’effort pour l’aider à se relever tout en lui adressant la parole d’une voix tremblante d’émotions.
« Debout soldat… Il reste encore une vie à sauver. »
Mon regard humide se dirige vers la belle princesse Satina et ce qu’il reste de son état major. Car elle doit être sauvée, je dois lui permettre de retourner à Kendra Kâr et commencer l’évacuation de la cité. Nous ne connaissons pas la portée du sort qu’il est entrain d’entonner. Après un sursaut où je crois manquer de prendre un coup de lame, il suit mon regard avant de hocher la tête. Il se redresse et plonge son regard désespéré et haineux dans le mien:
« Et nous en aurons tant d’autres à prendre. »
Mais alors que je scrute à nouveau les alentours pour chercher d’autres survivants, je suis interloqué par une apparition s’extirpant d’une brume se libérant de la zone glacée. Une armée, bien vivante celle là, même si je m’interroge sur la réalité de ce que je vois. Des Humorans et Worans, colorés par rapport au reste des troupes qui apparaissent. Des cavaliers aux couleurs d’argent, brandissant des bannières grises. Des fantassins, à l’armure grise, paraissant tous parfaitement identiques, à l’identité préservée par des casques. Ils me rappellent les combattants de Nagorin qui étaient venu nous prêter main forte à la bataille de Fan-Ming, sauf que l’argent remplace l’or. Il y avait aussi tout à l’ouest, proche des Hïnions indemnes, des combattants en robes et capes grises, casqués de bronze. Trois généraux encadrent l’armée mais le plus remarquable est celui devant les cavaliers. Un colosse à l’armure lourde portant un bouclier miroir plus grand que moi. Enfin, dans le ciel, portée par plusieurs ailes aux couleurs de la lumière et des ténèbres, une femme au visage doux, dénué d’expression, auréolée d’une couronne à la fois sombre et lumineuse, une entité divine, à n’en pas douter, belle et terrifiante, qui patiente au dessus de son armée.
J’ignore qui elle est. J’ignore ce qu’elle veut. Bien que j’ai déjà entendu, en flânant dans Kendra Kâr à l’époque où j’en avais encore l’insouciance, des hommes et des femmes vêtus d’un gris neutre et morne, agissant au nom d’une déesse de l’équilibre nommée Brytha, encourager les citoyens qui écoutaient à se révolter contre les Dieux élémentaires. Ce serait elle ? Et ces mages gris, est-ce que ce sont ceux dont parlait Sirat ? La seule chose dont je peux être sûre, c’est qu’elle ne se place pas en allié d’Oaxaca. Elle lui fait face et à voir la réaction de la Dame Noire, qui descend de son immense monture et retire son casque pour montrer son visage humain déformé par la colère, ce serait même plutôt une ennemie. Un infime espoir, peut être, de sauver ceux qui peuvent encore l’être alors qu’elle appelle ses lieutenants à l’aide. Elle risque d’être déçue car les Treize ne sont plus aussi nombreux.
Jorus nous rejoint, tout aussi déboussolé, silencieux, la main crispée sur sa dague. Je lui fais signe d’approcher:
« Ne restons pas ici. »
J’inspire profondément, chassant de mon esprit ce qui pourrait gêner ma concentration. Je suis forcé de fermer les yeux, troublé par ce champs de morts à mes pieds. Fort heureusement la pluie qui s’écrase contre mon armure surplombe ce silence oppressant qui à recouvert d’un coup le vacarme du combat. Un millier de pensées me traversent l’esprit. Un millier d’images défilent sur mes paupières. Le visage du Sergent Aldchet tordu d’horreur avant de s’éteindre, les corps tombants dans un fracas qui me donne des frissons. Il me faut une bonne minute pour réussir à canaliser mes fluides agités avant que le portail, qui ne mène pourtant pas bien loin, n’apparaisse.
« Dépêchez vous de traverser. »
Conseillais-je aux deux survivants du flanc est qui emprunte le passage en silence. Je lance un dernier regard vers Anne, allongée dans la terre tassée, son bouclier à côté d’elle. Un écu d’acier aux couleurs de Kendra Kâr, estampillé du symbole royal. Je me remémore son dernier conseil et concentre ma magie, faisant décoller le bouclier qui s’envole vers mon bras tendu qui le réceptionne.
« Ne vous en faites pas Sergent. Il continuera de protéger Kendra Kâr. »
Je traverse le portail à mon tour avant de le refermer. Nous apparaissons non loin de la princesse et même si ses gardiens sont soupçonneux et s’interposent entre elle et nous, ils s’écartent tout de même en nous reconnaissant.
« … Princesse… »
Commençais-je en retenant mes larmes, la voyant à genoux, en pleure. Je retire mon casque et m’accroupis pour saisir doucement ses mains. Plongeant dans ses yeux mon regard rouge et humide de tristesse mais brillant toujours d’une fine flamme de détermination.
« Je peux vous ouvrir un portail dès maintenant pour retourner à Kendra Kâr et sauver les vies qui peuvent encore l’être. La bataille est perdue. »
Concluais-je après un souffle saccadé de chagrin. Jorus vient s’agenouiller proche de nous pour la convaincre de m’écouter. J’ai peur. Peur qu’elle refuse et que la magie du dragon, cette horreur indescriptible, ne prive Nirtim de toute vie. Mais la princesse est têtue, elle relève son visage pour darder un regard courroucé vers Oaxaca et son allié tout puissant. Elle refuse d’admettre la défaite, affirmant d’une voix mêlée de colère et de chagrin que la Dame Noire ne gagnera jamais. Puis plus calmement mais toujours déterminée, elle nous assure qu’elle va rester et se battre car c’est son devoir. J’aimerais répondre que son devoir est de sauver les citoyens de Kendra Kâr mais Jorus et le soldat du flanc est s’occupent déjà de la pousser à réfléchir. Je cherche alors son garde royal, Anton Du Val, l’interrogeant du regard pour avoir son avis. Mais il ne semble pas me comprendre, penchant la tête sur le côté. Je l’imite, penchant la tête du côté opposé.
Satina se redresse et je fais de même tandis qu’elle accepte de se garder de combattre à défaut de partir. Mais quant est-il des citoyens ? N’y pense t-elle pas ? Je remarque alors Ybelinor qui poursuit sa course et déclare:
« Dans ce cas, acceptez au moins d’envoyer un homme de confiance avec l’ordre de mettre les citoyens à l’abri… Lui par exemple. »
Dis-je en désignant le comte au loin qui s’enfuit. J’ouvre un portail l’instant d’après pour le ramener dans le groupe, un peu à l’écart pour qu’il ne percute personne et un peu en hauteur pour qu’il trébuche et se viande comme une grosse merde. Je doute que son désir est de rejoindre la cité blanche pour mettre les citoyens en sécurité. Il fuit, tout simplement, abandonnant celle qu’il est censé servir. Il tombe dans la neige en poussant un cri horrifié puis en relevant son visage de la couche de neige il pousse un nouveau cri aigue, inconscient de l’endroit où il se trouve, de la façon dont il y est arrivé, ne trouvant qu’à supplier la princesse de se mettre à l’abri alors qu’elle lui adresse un regard plein de reproches. Je pensais cet homme plus courageux. En tout cas sa présence provoque chez Jorus un excès de rage qui le pousse même à menacer de mort le noble. Une réaction que j’aurais pu avoir moi aussi si la situation n’était pas si gravissime. Même si voir un noble pédant étalé sur le sol n’est pas pour me déplaire, je reviens vers la princesse avec un air grave après qu’elle ait fait part de son indignation pour le traitement du comte.
« Je me tiens prêt Princesse, dites moi qui vous voulez envoyer à Kendra Kâr et je lui ouvrirais un portail, ça ne me prendra qu’une minute. »
Je me racle la gorge, chassant ma tristesse et l’hésitation avant de chercher un objet dans mon sac, la lettre que m’a envoyé Méli.
« Je doute de revenir en vie cette fois… Alors si, quand vous retournerez à Kendra Kâr… Vous pouviez rendre cette lettre à Méli, vous savez la femme qui gère l’orphelinat, dites lui… dites lui que j’ai suivi son conseil. Je me suis battu de toutes mes forces. »
Je tends la lettre vers elle en retenant mes larmes puis je m’éloigne un peu pour rejoindre le soldat qui avait fait part de son désir de vaincre Oaxaca après avoir fait un signe à Faëlis que je suis content de revoir sain et sauf. Je m’essuie les yeux en arrivant à la hauteur du combattant blond aux traits à la fois Kendrans et Ynoriens.
« Je viens avec toi. Ah… moi c’est Xël. »
Après un commentaire qui me tire un mince sourire au sujet des hurlements du comte il se présente comme étant Ezak d’Arkasse, me demandant si je suis le Xël d’Aliaénon. Je hoche la tête un peu surpris avant d’écouter ses remerciements pour avoir aidé ses hommes sur le champs de bataille.
« J’aurais aimé pouvoir en faire plus. »
Je jette un oeil vers Jorus qui ne décolère pas, écarté par Andelys.
« Ne lui en veuillez pas trop. J’étais comme lui il n’y a pas si longtemps. Je me souviens que j’avais envoyé Naral Shaam se faire foutre. »
Un sacré trouduc’ celui là, je m’étonne d’ailleurs de ne pas avoir aperçu le bout de ses ailes roses. La situation devenu plus calme je me rapproche du comte alors que Ezak demande au Général si il peut se servir dans l’intendance, argumentant, à très juste titre, que nous allions avoir besoin de toutes nos forces pour le combat à venir. A ses mots je ressens les douleurs de mes nombreuses blessures. Andelys l’y autorise, ajoutant que les potions sont là pour ça.
« Prêt m’sieur le comte ? Quand le portail sera ouvert n’attendez pas avant d’entrer dedans. Le maintenir me demande beaucoup d’énergie. Gardez les bras le long du corps si vous voulez les conserver. »
Je me concentre une fois de plus quand il m’assure être prêt. Je visualise dans mon esprit la cité blanche, entre les plaines vertes et l’océan bleu. Je me rapproche pour une vision plus précise, dessinant les détails de la ville. L’arène, l’orphelinat, l’hippodrome, la tour de Thaumaturgie, la Bise d’Ynorie, les grands temples des Dieux, le château. Je précise encore la construction de mon sort, pénétrant l’immense bâtiment pour me retrouver dans la salle du trône, celle où je me tenais avec Solennel et Robert après la bataille de Luminion. Je laisse mes fluides agir, s’échappant de mes doigts pour former un ovale dans l’air, vrillant l’espace pour former un passage entre le champs de bataille et la salle du trône de Kendra Kâr. Le comte s’y engouffre rapidement, me permettant de le refermer. Je me dirige ensuite vers l’intendance pour moi aussi me préparer au combat qui sera sans doute le plus difficile que j’ai mené.
((Tentative d’apprentissage du sort Armure d’alizée ( suite de ce rp). Récupération d’un bouclier moyen sur le champs de bataille. ))
[XP : 2 (apprentissage validé) + 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion). J'y ajoute la rune Ter.]
- Azra
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- Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 16:35
Re: Plaines de Kôchii
Leur cible était à quelques mètres, il pouvait presque la sentir... mais à ce moment là, le sol trembla. Il trembla parce qu'une masse colossale s'étaient posée de l'autre côté du mur végétal, dont une partie avait disparue sans qu'il voit vraiment pourquoi. Le dragon. Le dragon s'était posé en plein milieu de son armée ! Et Oaxaca était là, triomphante, annonçant déjà sa victoire. Jusque dans les tréfonds de son êtres, le mort-vivant sentit quelque chose qui le dépassait. Il serra son bâton et se dressa bien haut.
Et la vengeance de Phaïtos frappa. En un instant, il vit toutes les âmes de tous les ennemis d'Omyre aspirées autour de lui. Les nains, les cavaliers, et même une partie des garzok... tous tombèrent en masse, changés en un nuage mortel, aspiré par l'incantation du dragon. Azra lui-même sentit un douleur sourde parcourir son être. Refusant de plier genoux, il se tenait à son bâton, alors que tout son être vibrait sous le pouvoir terrifiant qui cherchait à lui aspirer son âme. La douleur le transperçait, et ses genoux fléchirent... il laissa échapper un gémissement... mais il était hors de question de lâcher. Mais le déferlement de pouvoir continuait, encore et encore...
Ses jambes commencèrent à lâcher.
Et enfin, tout s'arrêta. Il était encore debout.
Avec un râle, il se redressa. Autour, il n'y avait plus qu'un spectacle de mort infini. L'armée était détruite. La bataille perdue. Azra leva les yeux et vit le dragon qui préparait déjà une nouvelle incantation... mais cette fois-ci, une autre force se manifesta : comme une lumière dans la brume. Une... autre armée ? Et une forme étincelante qui dominait tout cela. Une présence écrasante, infinie, à la mesure d'une déesse. Une autre déesse. Grise, accompagnée de chevaliers et de mages gris...
(Qu'est-ce que...)
(Brytha...) s'étrangla simplement Arek.
Brytha, l'ennemie de Kadria. La déesse de l'équilibre. Elle était donc venue, face à ce risque évident de déséquilibre... Et avec ses troupes, elle se préparait à livrer l'ultime bataille pour interrompre le dragon avant qu'il ne termine son ultime sortilège. Secoué, Azra ne savait quoi penser de l'énormité de ce qui se passait. La bataille avait pris un nouveau tour. À présent, des déesse allaient s'affronter, et déjà, Oaxaca battait le rappel de ses troupes.
(Brytha aspire à détruire tous les fluides. Elle est l'ennemie de Phaïtos et de tous les dieux élémentaires !)
(Possible, mais pour l'heure, si elle se propose d'empêcher Oaxaca de tous nous tuer, je suis avec elle.)
(Tu sais que beaucoup dans l'ordre ne penseront pas comme toi. Il reste toujours des sympathisants de Kadria...)
(Oui, et je saurais leur donner satisfaction en temps et en heure. Pour l'heure il faut agir vite avant que le dragon ne nous massacre tous.)
Si tant est qu'arrêter un tel monstre soit possible...
« Replis générale... nous n'arriverons à rien de plus... »
La liche se rendit aussi vite que possible vers la position où se tenait Perussac et le peu de soldats survivants. S'appuyant sur son bâton avec lassitude, la liche demanda :
« Voilà où nous a mené ce combat... Il ne reste plus grand-chose à sauver... Comptez-vous retourner aux duchés ? Le chaos qui s'annonce est tel que vos anciens territoires pourraient avoir besoin de vous... »
Mais Perussac ne comptait pas reculer. Désespéré, il était déterminé à se battre jusqu'au bout pour arrêter ce qui se préparait. Il leur conseilla à tous de partir, estimant qu'ils avaient tous accompli beaucoup de choses, déjà. Et il comptait sur le nécromancien pour retourner aux duchés et sauver ce qui pouvait encore l'être.
Au loin, le dragon continuait d'incanter avec toujours plus de puissance. Alors, Azra se tourna vers ses compagnons :
« Vous êtes des messagers. Vous devez respecter ma parole mais n'êtes nullement tenus de me suivre ni de m'obéir. Si vous voulez partir, je ne vous en empêcherais pas. »
Il tendit la main vers le dragon :
« Mais le fils de notre dieu prépare une annihilation qui nous emportera tous. Même si cela ne va pas contre notre foi, ce n'est pas quelque chose que je suis disposé à accepter, personnellement. »
Il se tourna ensuite vers le duc :
« Je n'ai rien prouvé. J'ai échoué à vous protéger, vous et vos hommes. Nulle ne verra de gloire là-dedans. Si Phaïtos en décide ainsi, je mourrais aujourd'hui. Si vous le permettez, je marcherais à vos côtés et ce sera avec plaisir que je tomberais ou vaincrais avec vous en ce jour de fin des temps. »
Entre-temps, Maâra avait intelligemment testé sa magie... elle avoua alors ne ressentir qu'un grand vide. Les âmes avaient été absorbées, comme dévorée par le dragon. Cela faisait sens, en voyant les rictus horrifiés figés sur la figure des cadavres. Même de la part de la créature de Phaïtos, Azra avait de la peine à croire que cela soit une bonne chose...
Tobis, le jeune chevalier, était là aussi. Azra lui adressa un signe de tête alors qu'il assurait lui aussi vouloir se battre au côté de son chef. La liche hocha la tête vers lui :
« Si vous survivez à ce jour, je devine en vous l'âme d'un grand héros... »
Il lui affirma être flatté, mais craindre que ses actions n'aient guère de poids sur la situation. La liche secoua la tête en réponse :
« Nous ne sommes que peu de choses dans le jeu des dieux. J'étais moins que rien à une époque... c'est à force de persévérance que j'ai pu arriver à accomplir des choses. Nous essaierons. Sans cela, à coup sûr, nous échouerons. »
Puis, il emboîta le pas avec l'ancien duc. Ensemble, ils marchaient vers une mort presque certaine... S'il avait sut comment cela évoluerait, Azra serait-il venu à cette bataille ? Probablement pas... mais pourtant, il ne regrettait rien. Il avait quelques compagnons d'armes vaillants, et il savait qu'au moins il pourrait compter sur eux. Et il soupçonnait même l'impensable : qu'ils puissent compter sur lui.
En chemin, Maâra s'interrogea sur le pouvoir de sa dague. Il la lui montra, avec les âmes qui tourbillonnaient autour :
« C'est bien simple : elle capture et contrôle les âmes qu'elle prend. Apparemment, même le dragon n'a pu les retenir. Au moins, j'aurais une petite réserve pour mes propres sortilèges... »
Comme elle s'interrogeait cette prison qui semblait si efficace, Azra n'avait malheureusement que peu de réponses à apporter :
« C'est ainsi, les âmes sont prisonnières jusqu'à ce que je les en libère. C'est cette dague qui a fait de moi ce que je suis. C'est grâce à elle que j'ai forcé les fantômes de garzoks qui avaient profanées le cimetière de Blakalang à le garder pour l'éternité. J'espère toujours avoir l'occasion de vérifier... s'il m'est possible d'emprisonner l'âme d'un des treize. »
Pour elle, il était évident que le dragon devait employer un pouvoir similaire, mais à bien plus grande échelle. Auquel cas, son prochain maléfice pourrait bien tous les balayer ! Azra hocha la tête :
« C'est plus que probable... Voilà pourquoi nous devons l'arrêter. »
En retour, il décida de lui donner quelques conseils utiles :
« Un petit truc qui pourrait vous servir, bien que vous n'ayez que peu de temps pour le maîtriser : il s'agit d'une utilisation brute des fluides. Si vous les concentrez très fortement entre vos mains, vous pouvez en faire un projectile dévastateur. Un obus magique comme vous m'avez vu en lancer quelques-uns. Ce n'est pas compliqué en terme de manipulation du fluide, mais cela réclame une grande force de volonté pour le focaliser au maximum et ainsi permettre une réaction violente au contact de la cible. »
Étonnée, elle lui demanda s'il voulait dire par là que ce sortilège pouvait utiliser n'importe quel élément.
« Oui, expliqua-t-il. Car il utilise la nature fondamentale commune à tous les fluides. L'apparence du sortilège peut changer, mais son effet restera le même quelque soit le fluide. Ce genre de magie fondamentale est utile pour dépasser les contraintes posées par un élément... »
Il n'eut guère le temps d'en dire plus... Ils étaient arrivés en présence d'Oaxaca et de ses sbires.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion)
Et la vengeance de Phaïtos frappa. En un instant, il vit toutes les âmes de tous les ennemis d'Omyre aspirées autour de lui. Les nains, les cavaliers, et même une partie des garzok... tous tombèrent en masse, changés en un nuage mortel, aspiré par l'incantation du dragon. Azra lui-même sentit un douleur sourde parcourir son être. Refusant de plier genoux, il se tenait à son bâton, alors que tout son être vibrait sous le pouvoir terrifiant qui cherchait à lui aspirer son âme. La douleur le transperçait, et ses genoux fléchirent... il laissa échapper un gémissement... mais il était hors de question de lâcher. Mais le déferlement de pouvoir continuait, encore et encore...
Ses jambes commencèrent à lâcher.
Et enfin, tout s'arrêta. Il était encore debout.
Avec un râle, il se redressa. Autour, il n'y avait plus qu'un spectacle de mort infini. L'armée était détruite. La bataille perdue. Azra leva les yeux et vit le dragon qui préparait déjà une nouvelle incantation... mais cette fois-ci, une autre force se manifesta : comme une lumière dans la brume. Une... autre armée ? Et une forme étincelante qui dominait tout cela. Une présence écrasante, infinie, à la mesure d'une déesse. Une autre déesse. Grise, accompagnée de chevaliers et de mages gris...
(Qu'est-ce que...)
(Brytha...) s'étrangla simplement Arek.
Brytha, l'ennemie de Kadria. La déesse de l'équilibre. Elle était donc venue, face à ce risque évident de déséquilibre... Et avec ses troupes, elle se préparait à livrer l'ultime bataille pour interrompre le dragon avant qu'il ne termine son ultime sortilège. Secoué, Azra ne savait quoi penser de l'énormité de ce qui se passait. La bataille avait pris un nouveau tour. À présent, des déesse allaient s'affronter, et déjà, Oaxaca battait le rappel de ses troupes.
(Brytha aspire à détruire tous les fluides. Elle est l'ennemie de Phaïtos et de tous les dieux élémentaires !)
(Possible, mais pour l'heure, si elle se propose d'empêcher Oaxaca de tous nous tuer, je suis avec elle.)
(Tu sais que beaucoup dans l'ordre ne penseront pas comme toi. Il reste toujours des sympathisants de Kadria...)
(Oui, et je saurais leur donner satisfaction en temps et en heure. Pour l'heure il faut agir vite avant que le dragon ne nous massacre tous.)
Si tant est qu'arrêter un tel monstre soit possible...
« Replis générale... nous n'arriverons à rien de plus... »
La liche se rendit aussi vite que possible vers la position où se tenait Perussac et le peu de soldats survivants. S'appuyant sur son bâton avec lassitude, la liche demanda :
« Voilà où nous a mené ce combat... Il ne reste plus grand-chose à sauver... Comptez-vous retourner aux duchés ? Le chaos qui s'annonce est tel que vos anciens territoires pourraient avoir besoin de vous... »
Mais Perussac ne comptait pas reculer. Désespéré, il était déterminé à se battre jusqu'au bout pour arrêter ce qui se préparait. Il leur conseilla à tous de partir, estimant qu'ils avaient tous accompli beaucoup de choses, déjà. Et il comptait sur le nécromancien pour retourner aux duchés et sauver ce qui pouvait encore l'être.
Au loin, le dragon continuait d'incanter avec toujours plus de puissance. Alors, Azra se tourna vers ses compagnons :
« Vous êtes des messagers. Vous devez respecter ma parole mais n'êtes nullement tenus de me suivre ni de m'obéir. Si vous voulez partir, je ne vous en empêcherais pas. »
Il tendit la main vers le dragon :
« Mais le fils de notre dieu prépare une annihilation qui nous emportera tous. Même si cela ne va pas contre notre foi, ce n'est pas quelque chose que je suis disposé à accepter, personnellement. »
Il se tourna ensuite vers le duc :
« Je n'ai rien prouvé. J'ai échoué à vous protéger, vous et vos hommes. Nulle ne verra de gloire là-dedans. Si Phaïtos en décide ainsi, je mourrais aujourd'hui. Si vous le permettez, je marcherais à vos côtés et ce sera avec plaisir que je tomberais ou vaincrais avec vous en ce jour de fin des temps. »
Entre-temps, Maâra avait intelligemment testé sa magie... elle avoua alors ne ressentir qu'un grand vide. Les âmes avaient été absorbées, comme dévorée par le dragon. Cela faisait sens, en voyant les rictus horrifiés figés sur la figure des cadavres. Même de la part de la créature de Phaïtos, Azra avait de la peine à croire que cela soit une bonne chose...
Tobis, le jeune chevalier, était là aussi. Azra lui adressa un signe de tête alors qu'il assurait lui aussi vouloir se battre au côté de son chef. La liche hocha la tête vers lui :
« Si vous survivez à ce jour, je devine en vous l'âme d'un grand héros... »
Il lui affirma être flatté, mais craindre que ses actions n'aient guère de poids sur la situation. La liche secoua la tête en réponse :
« Nous ne sommes que peu de choses dans le jeu des dieux. J'étais moins que rien à une époque... c'est à force de persévérance que j'ai pu arriver à accomplir des choses. Nous essaierons. Sans cela, à coup sûr, nous échouerons. »
Puis, il emboîta le pas avec l'ancien duc. Ensemble, ils marchaient vers une mort presque certaine... S'il avait sut comment cela évoluerait, Azra serait-il venu à cette bataille ? Probablement pas... mais pourtant, il ne regrettait rien. Il avait quelques compagnons d'armes vaillants, et il savait qu'au moins il pourrait compter sur eux. Et il soupçonnait même l'impensable : qu'ils puissent compter sur lui.
En chemin, Maâra s'interrogea sur le pouvoir de sa dague. Il la lui montra, avec les âmes qui tourbillonnaient autour :
« C'est bien simple : elle capture et contrôle les âmes qu'elle prend. Apparemment, même le dragon n'a pu les retenir. Au moins, j'aurais une petite réserve pour mes propres sortilèges... »
Comme elle s'interrogeait cette prison qui semblait si efficace, Azra n'avait malheureusement que peu de réponses à apporter :
« C'est ainsi, les âmes sont prisonnières jusqu'à ce que je les en libère. C'est cette dague qui a fait de moi ce que je suis. C'est grâce à elle que j'ai forcé les fantômes de garzoks qui avaient profanées le cimetière de Blakalang à le garder pour l'éternité. J'espère toujours avoir l'occasion de vérifier... s'il m'est possible d'emprisonner l'âme d'un des treize. »
Pour elle, il était évident que le dragon devait employer un pouvoir similaire, mais à bien plus grande échelle. Auquel cas, son prochain maléfice pourrait bien tous les balayer ! Azra hocha la tête :
« C'est plus que probable... Voilà pourquoi nous devons l'arrêter. »
En retour, il décida de lui donner quelques conseils utiles :
« Un petit truc qui pourrait vous servir, bien que vous n'ayez que peu de temps pour le maîtriser : il s'agit d'une utilisation brute des fluides. Si vous les concentrez très fortement entre vos mains, vous pouvez en faire un projectile dévastateur. Un obus magique comme vous m'avez vu en lancer quelques-uns. Ce n'est pas compliqué en terme de manipulation du fluide, mais cela réclame une grande force de volonté pour le focaliser au maximum et ainsi permettre une réaction violente au contact de la cible. »
Étonnée, elle lui demanda s'il voulait dire par là que ce sortilège pouvait utiliser n'importe quel élément.
« Oui, expliqua-t-il. Car il utilise la nature fondamentale commune à tous les fluides. L'apparence du sortilège peut changer, mais son effet restera le même quelque soit le fluide. Ce genre de magie fondamentale est utile pour dépasser les contraintes posées par un élément... »
Il n'eut guère le temps d'en dire plus... Ils étaient arrivés en présence d'Oaxaca et de ses sbires.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion)
- Jorus Kayne
- Messages : 341
- Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
- Localisation : Aliaénon
Re: Plaines de Kôchii
Ainsi équipé avec une tripotée de potions pour le combat, je m’en retourne au front pour de nouveau, tenter l’impossible pour renverser les forces d’Omyre. L’impossible ne m’a pas attendu. Le dragon se pose lourdement au sol, entouré de cri d’effroi et de mort violente. Sa présence ne laisse personne indifférent et tous attendent de le voir agir. Il n’en est rien. A la place, c’est Oaxaca elle-même qui prend la parole.
"Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte."
Nul n’ose interrompre la déesse, aucun homme n’est assez courageux pour tenter d’arrêter le dragon qui fait de nouveau entendre sa puissance magie. Peut-être, aurait-il fallu le faire. Son grondement sourd émet une pression plus forte que précédemment. Tirant la source de sa magie du plus profond de son être, un cataclysme comme personne n’en a jamais vu s’abat sur tous les êtres présents. Cela commence pourtant par une simple, mais étrange odeur dans l’air. Quelque chose de pourris, comme de la chair en décomposition, mais à une intensité sans pareil. Puis des vertiges. Je me sens légèrement partir sur le côté et comprends que cette horrible odeur, n’est en fait que le commencement de quelque chose de plus grand encore. Des nausées commencent à survenir et la tête me tourne comme jamais. J’en ai connu des tempêtes, affronté la colère des cieux à bord de navires et essuyé nombre de mal de mer, avant d’être le maître de mon propre corps, dominant cet état déplorable des marins aux prémices de leur carrière sur la mer. Rien ne m’a pourtant préparé à cela. Mon corps entier souffre de l’intérieur. Je garde tant bien que mal mon équilibre, mais quelques instants plus tard, je chavire complètement.
Le grondement du dragon se fait encore ressentir et accroît la douleur. Mon corps entier semble vouloir sortir de lui-même. Posant un genou à terre, je remarque que je suis en réalité les quatre pattes au sol, m’obligeant à ce désagréable constat : je n’ai plus le contrôle de mon propre corps. Chacun de mes organes cherche à se faire la malle jusqu’à ce que je ne puisse plus luter. La tête effectuant de dernières rotations, trois petits tours et puis s’en vont, dans l’obscurité du royaume des songes sans rêverie. Fort heureusement pour moi, ma conscience ne me laisse pas emporter dans l’onirisme de mon inconscient. A la place de l’imaginaire du sommeil, où j’ai régulièrement le loisir de mater de valeureux ennemis, posant un pied triomphal sur leur corps et protégeant une jeune et charmante femme à mon bras, c’est une eau poisseuse qui m’irrite nez, bouche, gorge et poumons.
D’un geste vif, je me relève. La douleur est encore présente, mais moindre. Le gros mal paraît être passé. Un bref moment de concentration me confirme que ma faéra est présente, mais face à son impossible mutisme, je relève la tête pour en comprendre la raison.
Face à moi, nul homme n’est debout. Tous sont allongés au sol, dans un état similaire au mien. J’aurais la certitude qu’ils vont se relever, si l’effroi que je ressens de ma faéra, ne m’obligeait pas à m’en assurer. Je parcours les quelques mètres qui me séparent des soldats couchés dans l’eau et relève de l’eau, la tête du premier venu. Son teint est livide, ses yeux révulsés et à aucun moment, il ne cherche à respirer l’air que je lui propose en l’extirpant de l’eau. Nul blessure, nul marque ne sont présente sur son corps, pas plus que sur celui d’un compagnon sur sa droite. Tous deux sont morts, ainsi que l’intégralité de l’armée kendranne.
Mon regard balaie le champ de bataille. Tous ne sont pas morts. Quelques êtres semblent avoir survécu au cataclysme. A ma droite, aucun corps n’est en vie. Qu’il s’agisse des humains comme des garzocks que j’ai tentés de repousser, nul n’a échappé au funèbre destin qui a touché autant les ennemis que les troupes d’Omyre. C’est sur ma gauche que la surprise fait renaître l’espoir. L’intégralité des troupes elfiques est encore de ce monde. Du moins, pour ceux qui n’ont pas entrepris l’ultime repos auparavant. Face à eux, plus aucun ennemi ne se dresse. Les morts-vivants qui avaient reçu un second souffle de vie, ne sont définitivement plus de ce monde. Cependant, l’espoir provenant des hinïons est bien maigre. Comparés aux troupes d’Omyre, les elfes blancs sont en sous-nombre. Peuvent-ils ne serais-ce que terrasser ce maudit dragon ? Celui-ci rugit de nouveau. Déjà muette depuis que les hommes sont tous tombés, je sens ma faéra trembler face à la réaction du dragon.
(Que t’arrive-t-il ? Je sais que je t’ai demandé de me laisser me concentrer lorsque je me bats, mais ta frayeur m’atteint et m’inquiète.)
(Le…le dragon. Il va…il va recommencer. Seulement…cette fois-ci…)
(Quoi donc ?)
(Nul ne survivra !)
(Tu veux dire, qu’il va être en mesure de tuer tous ceux ici présent ?)
(Ha dire vrai je…je pense qu’il pourrait même atteindre les autres continents !)
La réponse d’Ysolde me glace le sang. Une chose aussi insensée est-elle possible ? Le dragon est-il en mesure d’ôter toute vie sur Yuimen par sa simple magie ? L’effroi me tient au plus profond de mon être. Une telle puissance ne devrait pas être permise. Pourtant, rien au monde ne m’a préparé à la remarque, de ce petit être, qui partage ma vie et mon existence depuis déjà quelque temps.
(Jorus. J’ai peur !)
D’instinct, je porte ma main sur le pendentif où elle aime se nicher. C’est Ysolde qui est d’habitude le moteur de mon courage. A présent, cette source est pleine de frayeur et c’est à moi d’adoucir son cœur.
(Aie confiance, rien n’est terminé. Nombre d’entre nous sommes encore en vie et nous lutterons jusqu’au bout pour l’en empêcher. Nous avons accompli tant de choses et tous ensembles, nous parviendrons à terrasser le dragon en nous unissant. J’en ai la conviction !)
(Je l’espère. Qu’est-ce que… ?)
L’incrédulité de ma faéra vient avec l’étrange brume qui se lève. De plus en plus dense, elle s’élargit étrangement et laisse apparaître de nombreuses silhouettes humanoïdes. Des soldats à l’armure gris argent au centre, des êtres vêtus de robes grises sur la gauche et une cavalerie, dont seules les couleurs des chevaux marquent, avec du gris, noir et blanc. Un petit groupe de worrans particulièrement colorés contraste avec le reste des nouveaux venus. Plusieurs individus sont présents devant et se dressent comme les généraux des trois corps. Au centre, planant dans les airs avec des ailes sombres d’un côté et blanches de l’autre, un être irréel est présent.
(Qui est-ce ?)
(C’est Brytha, une déesse ! Elle est apparue il y a peu et nul ne sait ce qu’elle recherche.)
(Pour le moment, son armé fait face à Oaxaca. C’est tout ce qui compte ! Pour le moment, il nous faut nous réunir.)
" A moi les Treize !" Crie la voix d'Oaxaca.
Me préparant à un nouvel affrontement sanglant, je guéris deux récentes blessures avec une des gourdes qui ne me servent que peu et regagne l'intégralité de mon énergie en buvant deux élixirs d'énergie de mon sac. La place ainsi faite avec l'utilisation de mes potions de soins, j'incorpore mes deux autres élixirs restant de mon sac. J'en profite également pour attacher mon nouveau grappin à ma corde. Trop de fois, cette association m'a sauvé la vie ! Je reprends ma marche, rendue pénible avec tous ces corps morts, m’obligeant à les éviter comme de vulgaires sacs de viande froide.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant)]
"Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte."
Nul n’ose interrompre la déesse, aucun homme n’est assez courageux pour tenter d’arrêter le dragon qui fait de nouveau entendre sa puissance magie. Peut-être, aurait-il fallu le faire. Son grondement sourd émet une pression plus forte que précédemment. Tirant la source de sa magie du plus profond de son être, un cataclysme comme personne n’en a jamais vu s’abat sur tous les êtres présents. Cela commence pourtant par une simple, mais étrange odeur dans l’air. Quelque chose de pourris, comme de la chair en décomposition, mais à une intensité sans pareil. Puis des vertiges. Je me sens légèrement partir sur le côté et comprends que cette horrible odeur, n’est en fait que le commencement de quelque chose de plus grand encore. Des nausées commencent à survenir et la tête me tourne comme jamais. J’en ai connu des tempêtes, affronté la colère des cieux à bord de navires et essuyé nombre de mal de mer, avant d’être le maître de mon propre corps, dominant cet état déplorable des marins aux prémices de leur carrière sur la mer. Rien ne m’a pourtant préparé à cela. Mon corps entier souffre de l’intérieur. Je garde tant bien que mal mon équilibre, mais quelques instants plus tard, je chavire complètement.
Le grondement du dragon se fait encore ressentir et accroît la douleur. Mon corps entier semble vouloir sortir de lui-même. Posant un genou à terre, je remarque que je suis en réalité les quatre pattes au sol, m’obligeant à ce désagréable constat : je n’ai plus le contrôle de mon propre corps. Chacun de mes organes cherche à se faire la malle jusqu’à ce que je ne puisse plus luter. La tête effectuant de dernières rotations, trois petits tours et puis s’en vont, dans l’obscurité du royaume des songes sans rêverie. Fort heureusement pour moi, ma conscience ne me laisse pas emporter dans l’onirisme de mon inconscient. A la place de l’imaginaire du sommeil, où j’ai régulièrement le loisir de mater de valeureux ennemis, posant un pied triomphal sur leur corps et protégeant une jeune et charmante femme à mon bras, c’est une eau poisseuse qui m’irrite nez, bouche, gorge et poumons.
D’un geste vif, je me relève. La douleur est encore présente, mais moindre. Le gros mal paraît être passé. Un bref moment de concentration me confirme que ma faéra est présente, mais face à son impossible mutisme, je relève la tête pour en comprendre la raison.
Face à moi, nul homme n’est debout. Tous sont allongés au sol, dans un état similaire au mien. J’aurais la certitude qu’ils vont se relever, si l’effroi que je ressens de ma faéra, ne m’obligeait pas à m’en assurer. Je parcours les quelques mètres qui me séparent des soldats couchés dans l’eau et relève de l’eau, la tête du premier venu. Son teint est livide, ses yeux révulsés et à aucun moment, il ne cherche à respirer l’air que je lui propose en l’extirpant de l’eau. Nul blessure, nul marque ne sont présente sur son corps, pas plus que sur celui d’un compagnon sur sa droite. Tous deux sont morts, ainsi que l’intégralité de l’armée kendranne.
Mon regard balaie le champ de bataille. Tous ne sont pas morts. Quelques êtres semblent avoir survécu au cataclysme. A ma droite, aucun corps n’est en vie. Qu’il s’agisse des humains comme des garzocks que j’ai tentés de repousser, nul n’a échappé au funèbre destin qui a touché autant les ennemis que les troupes d’Omyre. C’est sur ma gauche que la surprise fait renaître l’espoir. L’intégralité des troupes elfiques est encore de ce monde. Du moins, pour ceux qui n’ont pas entrepris l’ultime repos auparavant. Face à eux, plus aucun ennemi ne se dresse. Les morts-vivants qui avaient reçu un second souffle de vie, ne sont définitivement plus de ce monde. Cependant, l’espoir provenant des hinïons est bien maigre. Comparés aux troupes d’Omyre, les elfes blancs sont en sous-nombre. Peuvent-ils ne serais-ce que terrasser ce maudit dragon ? Celui-ci rugit de nouveau. Déjà muette depuis que les hommes sont tous tombés, je sens ma faéra trembler face à la réaction du dragon.
(Que t’arrive-t-il ? Je sais que je t’ai demandé de me laisser me concentrer lorsque je me bats, mais ta frayeur m’atteint et m’inquiète.)
(Le…le dragon. Il va…il va recommencer. Seulement…cette fois-ci…)
(Quoi donc ?)
(Nul ne survivra !)
(Tu veux dire, qu’il va être en mesure de tuer tous ceux ici présent ?)
(Ha dire vrai je…je pense qu’il pourrait même atteindre les autres continents !)
La réponse d’Ysolde me glace le sang. Une chose aussi insensée est-elle possible ? Le dragon est-il en mesure d’ôter toute vie sur Yuimen par sa simple magie ? L’effroi me tient au plus profond de mon être. Une telle puissance ne devrait pas être permise. Pourtant, rien au monde ne m’a préparé à la remarque, de ce petit être, qui partage ma vie et mon existence depuis déjà quelque temps.
(Jorus. J’ai peur !)
D’instinct, je porte ma main sur le pendentif où elle aime se nicher. C’est Ysolde qui est d’habitude le moteur de mon courage. A présent, cette source est pleine de frayeur et c’est à moi d’adoucir son cœur.
(Aie confiance, rien n’est terminé. Nombre d’entre nous sommes encore en vie et nous lutterons jusqu’au bout pour l’en empêcher. Nous avons accompli tant de choses et tous ensembles, nous parviendrons à terrasser le dragon en nous unissant. J’en ai la conviction !)
(Je l’espère. Qu’est-ce que… ?)
L’incrédulité de ma faéra vient avec l’étrange brume qui se lève. De plus en plus dense, elle s’élargit étrangement et laisse apparaître de nombreuses silhouettes humanoïdes. Des soldats à l’armure gris argent au centre, des êtres vêtus de robes grises sur la gauche et une cavalerie, dont seules les couleurs des chevaux marquent, avec du gris, noir et blanc. Un petit groupe de worrans particulièrement colorés contraste avec le reste des nouveaux venus. Plusieurs individus sont présents devant et se dressent comme les généraux des trois corps. Au centre, planant dans les airs avec des ailes sombres d’un côté et blanches de l’autre, un être irréel est présent.
(Qui est-ce ?)
(C’est Brytha, une déesse ! Elle est apparue il y a peu et nul ne sait ce qu’elle recherche.)
(Pour le moment, son armé fait face à Oaxaca. C’est tout ce qui compte ! Pour le moment, il nous faut nous réunir.)
" A moi les Treize !" Crie la voix d'Oaxaca.
Me préparant à un nouvel affrontement sanglant, je guéris deux récentes blessures avec une des gourdes qui ne me servent que peu et regagne l'intégralité de mon énergie en buvant deux élixirs d'énergie de mon sac. La place ainsi faite avec l'utilisation de mes potions de soins, j'incorpore mes deux autres élixirs restant de mon sac. J'en profite également pour attacher mon nouveau grappin à ma corde. Trop de fois, cette association m'a sauvé la vie ! Je reprends ma marche, rendue pénible avec tous ces corps morts, m’obligeant à les éviter comme de vulgaires sacs de viande froide.
Utilisation de deux élixirs du sac pour retrouver toute mon énergie.
Utilisation de deux potions de soins moyennes et ajout des deux élixirs de mon sac à la place.
Normalement il n'y a plus d'élixir qui se balade joyeusement dans mes affaires
Ajout du grappin à la corde de 10m et j'aimerais qu'elle soit dans les armes rangées, si c'est autorisé
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant)]
- Relonor
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Re: Plaines de Kôchii
Ainsi, un nouveau groupe d’elfe vient de tomber et avec lui, les espoirs des hinïons diminuent, contrastant avec le plaisir que lui procure cette guerre. Une chance unique de déverser le sang par litre et cette satisfaction sans limite, à voir ces hautains elfes blancs, périr par sa lame. Après cette joute, il délaisse les corps des elfes pour récupérer ses armes et surtout reprendre le combat. Bientôt, il ne restera plus un hinïon pour se dresser contre lui. Alors qu’il est aux prises avec les elfes blancs, au milieu de l’armée composée de morts, la grande reine noire Oaxaca, s’adresse à tous. Menaçant tous les êtres présents d’une mort certaine, elle laisse son dragon, user une nouvelle fois de sa magie si particulière.
(Le dragon va user à nouveau de son pouvoir sur les morts ? N’est-ce pas là un peu tôt pour cela ? Il ferait mieux d’user de son souffle draconique sur les troupes ennemis à la place !)
La voix grave et puissante du dragon se fait entendre par tous, pénétrant les soldats présents jusqu’au plus profond de leur être. Tous sont atteints par un mal, invisible du regard, mais dont la douleur affecte pourtant le corps et l’esprit. Relonor a la sensation que son âme est extirpée de son corps, attirée par une force surnaturelle vers le dragon. Autour de lui, les morts-vivants et les elfes blancs subissent également les effets du sort. Un sortilège qui n’a pourtant qu’un objectif : imposer la mort. Pas de mort atroce, ou de douleur fulgurante. Juste des corps qui tombent subitement les un après les autres, comme un jeu de dominos morbide, dans une version auditive et une synchronisation jamais égalées. Les corps se laissent choir au sol, que ce soit des hommes, des créatures ou des bêtes, presque comme un seul homme, dans la cacophonie de milliers d’armures tombant par les corps rendus inerte.
Tous tombent. Qu’il s’agisse des hommes, des garzocks, des morts-vivants,…mais aucun hinïons. Parvenant miraculeusement à retenir sa propre âme dans son corps, l’elfe noir est pris de nausées et vertiges. Le sol ne cesse de se mouvoir comme s’il s’agissait d’un bateau en pleine tempête. Le shaakt est obligé de multiplier les petits pas, pour retrouver un équilibre précaire, engendré par deux oreilles qui ne sont pas d’accord. Bien qu’il n’ait pas le souvenir d’avoir mangé un banc de piranhas encore vivants, Relonor à l’impression d’être dévoré de l’intérieur. Des brûlures et déchirures lui lacèrent l’intérieur de l’abdomen, avant de se propager au reste du corps. Sa vision se trouble et un voile noir commence à apparaître, ne laissant qu’un cercle qui se réduit inlassablement, perdant du terrain face à une noirceur totale. Puis, comme si la douleur pour les survivants n’était plus amusante, l’âme ne se fait plus aspirer et les différents symptômes s’amenuisent.
L’elfe noir regarde autour de lui, mais ses yeux confirment ses craintes. L’intégralité des troupes mort-vivants jonchent actuellement l’eau boueuse des rizières Oranaise. Les elfes blancs, s’en sortent comme le shaakt, à la différence, qu’il n’a plus aucun allié sur lequel s’appuyer. Au loin, même l’armée d’Omyre a été touché, même si les quelques survivants de Kendra Kâr ne font plus que pâle figure. Alors que le dragon vient de se faire un gueuleton d’âme comme il n’en a jamais connu, il recommence sa litanie. Plus lente et plus profonde, plus intense et plus puissante. Cette fois-ci, le shaakt sent qu’il ne sera pas en mesure de retenir son âme. Cependant, un tel pouvoir oblige la convoitise et l’envie. La capacité de semer la mort à une échelle déjà si large, mais il ne semble pas encore satisfait en préparant un sort d’une puissance hors du commun. Jamais, Relonor n’a eu vent d’une telle capacité à semer la mort et il doute que son élémentaire en soit capable. La magie du dragon est unique et n’appartient qu’à lui seul, ou peut-être sa maîtresse, dont le rire résonne sur l’intégralité du champ de bataille. L’annonce est faite et nulle ne survivra !
Pourtant, une nouvelle variable entre en jeu. Alors qu’une partie de ce qui était l’armée kendranne, subit un froid surnaturel, faisant apparaître la neige, une brume se lève. De plus en plus dense, elle s’élargit devant les survivants de l’armée d’Omyre. Des entrailles brumeuses, des silhouettes se dessinent. Loin d’un vulgaire tour de passe-passe, c’est une armée entière qui vient d’apparaître et celle-ci ne semble pas être du côté de la déesse noire. Composée de plusieurs corps de soldats, ils attendent les ordres fixant l’armée d’Omyre. Le centre est composé de centaines de guerriers en armure lourde et au bouclier gris. Là où l’armure est similaire d’un homme à l’autre, donnant une cohésion et une union comparable à l’armée elfique, chacun est équipé d’une arme de mêlée qui lui est propre. Devant ces guerriers, un être se tient devant. Une armure noire, enveloppée dans un manteau de brume.
A l’Ouest de la formation, moins importante que celle au centre, quelques centaines d’individus, attendent impassibles. Si leur casque permet de penser à une caste guerrière, l’accoutrement de robes gris sombre qu’ils portent, affirme leur lien avec la magie. Devant eux, une femme se tient, dont les maigres vêtements épousent, avec une sensualité démentielle les sublimes courbes de la donzelle. Si la situation n’était pas dramatique pour l’elfe noir, il aurait laissé poser son regard davantage sur cette incarnation du désir.
Plus loin à l’Est, c’est une cohorte de cavaliers qui s’avance, armés de lance et de pique. Eux aussi dans une armure grise, seuls la couleur des chevaux noirs, gris et blancs se fait démarquer du reste de l’armée. Mais ce qui retient réellement le regard, c’est ce colosse. Littéralement grand comme deux hommes, il arbore un bouclier semblable à un miroir et une épée d’une taille insultant toutes ses consœurs sur le champ de bataille.
Tous ces soldats présents, attendent dans un silence parfait, les ordres de leur maîtresse. Planant dans les airs grâce à des ailes noires d’un côté et blanches de l’autre. L’aura qu’elle dégage est comparable à celle d’Oaxaca : une déesse. L’identité de cette dernière est inconnue de l’elfe noir, mais ses intentions sont claires. Deux êtres divins sont actuellement présents et se font face, l’une guettant les mouvements de l’autre.
Dénotant avec le reste, une armée plus petite composée de vulgaires animaux, se présente aux côtés de cette nouvelle menace pour Oaxaca. Arborant armes et armures, comme s’ils essayaient de singer les elfes et humains, ils attendent l’ordre pour agir, de même que la grande minette qui se tient devant eux.
"A moi les Treize !"
La voix est claire et l’ordre ainsi énoncé, ne permet aucun refus. Oaxaca vient de descendre de sa monstrueuse bête et appelle ses généreux pour préparer l’affrontement qui vient. Le casque relevé, elle présente un visage humain et une chevelure rousse. Relonor est loin d’elle, mais il est certain que son regard n’a d’yeux que pour la déesse qui se dresse sur son chemin.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant)]
(Le dragon va user à nouveau de son pouvoir sur les morts ? N’est-ce pas là un peu tôt pour cela ? Il ferait mieux d’user de son souffle draconique sur les troupes ennemis à la place !)
La voix grave et puissante du dragon se fait entendre par tous, pénétrant les soldats présents jusqu’au plus profond de leur être. Tous sont atteints par un mal, invisible du regard, mais dont la douleur affecte pourtant le corps et l’esprit. Relonor a la sensation que son âme est extirpée de son corps, attirée par une force surnaturelle vers le dragon. Autour de lui, les morts-vivants et les elfes blancs subissent également les effets du sort. Un sortilège qui n’a pourtant qu’un objectif : imposer la mort. Pas de mort atroce, ou de douleur fulgurante. Juste des corps qui tombent subitement les un après les autres, comme un jeu de dominos morbide, dans une version auditive et une synchronisation jamais égalées. Les corps se laissent choir au sol, que ce soit des hommes, des créatures ou des bêtes, presque comme un seul homme, dans la cacophonie de milliers d’armures tombant par les corps rendus inerte.
Tous tombent. Qu’il s’agisse des hommes, des garzocks, des morts-vivants,…mais aucun hinïons. Parvenant miraculeusement à retenir sa propre âme dans son corps, l’elfe noir est pris de nausées et vertiges. Le sol ne cesse de se mouvoir comme s’il s’agissait d’un bateau en pleine tempête. Le shaakt est obligé de multiplier les petits pas, pour retrouver un équilibre précaire, engendré par deux oreilles qui ne sont pas d’accord. Bien qu’il n’ait pas le souvenir d’avoir mangé un banc de piranhas encore vivants, Relonor à l’impression d’être dévoré de l’intérieur. Des brûlures et déchirures lui lacèrent l’intérieur de l’abdomen, avant de se propager au reste du corps. Sa vision se trouble et un voile noir commence à apparaître, ne laissant qu’un cercle qui se réduit inlassablement, perdant du terrain face à une noirceur totale. Puis, comme si la douleur pour les survivants n’était plus amusante, l’âme ne se fait plus aspirer et les différents symptômes s’amenuisent.
L’elfe noir regarde autour de lui, mais ses yeux confirment ses craintes. L’intégralité des troupes mort-vivants jonchent actuellement l’eau boueuse des rizières Oranaise. Les elfes blancs, s’en sortent comme le shaakt, à la différence, qu’il n’a plus aucun allié sur lequel s’appuyer. Au loin, même l’armée d’Omyre a été touché, même si les quelques survivants de Kendra Kâr ne font plus que pâle figure. Alors que le dragon vient de se faire un gueuleton d’âme comme il n’en a jamais connu, il recommence sa litanie. Plus lente et plus profonde, plus intense et plus puissante. Cette fois-ci, le shaakt sent qu’il ne sera pas en mesure de retenir son âme. Cependant, un tel pouvoir oblige la convoitise et l’envie. La capacité de semer la mort à une échelle déjà si large, mais il ne semble pas encore satisfait en préparant un sort d’une puissance hors du commun. Jamais, Relonor n’a eu vent d’une telle capacité à semer la mort et il doute que son élémentaire en soit capable. La magie du dragon est unique et n’appartient qu’à lui seul, ou peut-être sa maîtresse, dont le rire résonne sur l’intégralité du champ de bataille. L’annonce est faite et nulle ne survivra !
Pourtant, une nouvelle variable entre en jeu. Alors qu’une partie de ce qui était l’armée kendranne, subit un froid surnaturel, faisant apparaître la neige, une brume se lève. De plus en plus dense, elle s’élargit devant les survivants de l’armée d’Omyre. Des entrailles brumeuses, des silhouettes se dessinent. Loin d’un vulgaire tour de passe-passe, c’est une armée entière qui vient d’apparaître et celle-ci ne semble pas être du côté de la déesse noire. Composée de plusieurs corps de soldats, ils attendent les ordres fixant l’armée d’Omyre. Le centre est composé de centaines de guerriers en armure lourde et au bouclier gris. Là où l’armure est similaire d’un homme à l’autre, donnant une cohésion et une union comparable à l’armée elfique, chacun est équipé d’une arme de mêlée qui lui est propre. Devant ces guerriers, un être se tient devant. Une armure noire, enveloppée dans un manteau de brume.
A l’Ouest de la formation, moins importante que celle au centre, quelques centaines d’individus, attendent impassibles. Si leur casque permet de penser à une caste guerrière, l’accoutrement de robes gris sombre qu’ils portent, affirme leur lien avec la magie. Devant eux, une femme se tient, dont les maigres vêtements épousent, avec une sensualité démentielle les sublimes courbes de la donzelle. Si la situation n’était pas dramatique pour l’elfe noir, il aurait laissé poser son regard davantage sur cette incarnation du désir.
Plus loin à l’Est, c’est une cohorte de cavaliers qui s’avance, armés de lance et de pique. Eux aussi dans une armure grise, seuls la couleur des chevaux noirs, gris et blancs se fait démarquer du reste de l’armée. Mais ce qui retient réellement le regard, c’est ce colosse. Littéralement grand comme deux hommes, il arbore un bouclier semblable à un miroir et une épée d’une taille insultant toutes ses consœurs sur le champ de bataille.
Tous ces soldats présents, attendent dans un silence parfait, les ordres de leur maîtresse. Planant dans les airs grâce à des ailes noires d’un côté et blanches de l’autre. L’aura qu’elle dégage est comparable à celle d’Oaxaca : une déesse. L’identité de cette dernière est inconnue de l’elfe noir, mais ses intentions sont claires. Deux êtres divins sont actuellement présents et se font face, l’une guettant les mouvements de l’autre.
Dénotant avec le reste, une armée plus petite composée de vulgaires animaux, se présente aux côtés de cette nouvelle menace pour Oaxaca. Arborant armes et armures, comme s’ils essayaient de singer les elfes et humains, ils attendent l’ordre pour agir, de même que la grande minette qui se tient devant eux.
"A moi les Treize !"
La voix est claire et l’ordre ainsi énoncé, ne permet aucun refus. Oaxaca vient de descendre de sa monstrueuse bête et appelle ses généreux pour préparer l’affrontement qui vient. Le casque relevé, elle présente un visage humain et une chevelure rousse. Relonor est loin d’elle, mais il est certain que son regard n’a d’yeux que pour la déesse qui se dresse sur son chemin.
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- TheGentleMad
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Re: Plaines de Kôchii
-----K-----
Alors qu'il s'éloignait de Tal'Raban, Kurgoth vit l'immense dragon se poser sur la tâche de ténèbres créées par sa rune, qu'il balaya d'un coup d'aile pour laisser Oaxaca poser pied à terre. D'une voix puissante qui résonna sur tout le champs de bataille, cette dernière annonça la victoire de l'Ombre sur la Lumière, l'avènement de la Mort et de la Guerre. Les poils du garzok se hérissèrent à ces paroles. Thimoros, dieu de la guerre et père d'Oaxaca, Phaïtos, son jumeau et dieu de la mort allait-ils apparaître? Le dragon, allait-il accomplir leur volonté ? Le prêtre tremblait d'impatience en voyant le monstre se redresser. Un grognement presque mélodique, telle une incantation dans une langue connue du seul saurien, résonna hors de la gueule de la bête titanesque, traversant également le champs de bataille. Les tripes du garzok se serrèrent en entendant le grondement, comme si quelque chose à l'intérieur de lui essayait de s'échapper, aspiré par le dragon. Si l'expérience était désagréable, Kurgoth avait survécu à tant de tortures qu'il resta impassible, trop occupé à voir le sinistre spectacle qui se déroulait devant lui.
Les soldats tombèrent soudainement au sol comme des mouches. Tous morts. De l'armée humaine, il ne semblait rester qu'une dizaine de silhouette au milieu d'un champs de cadavres. Tous les squelettes du nécromant s'effondrèrent. Les sinaris qui s'attaquaient à la forêt de Leona moururent en même temps que leurs montures. Toutes les montures moururent d'ailleurs, même celle de Tal'Raban et puisque la vue se dégagea soudainement, le barbare pu voir sa charrette aux côtés de l'immense carcasse qu'était à présent Vagun'kal. Dans les rangs omyriens, tous les humains et sektegs rendirent l'âme ainsi qu'une minorité de garzoks. Alors que les corps tombaient, un mouvement attira son attention. Voyant Silmeria se ruer sur le cadavre du sekteg vendeur de potions, il l'interpela :
"Hey ! Qu'est-ce que tu fais ?"
Il se détourna cependant immédiatement de l'elfe, ceux qui pillaient avant la fin des combats étaient les premiers à mourir, à elle de choisir son sort. Bien qu'il détestait la magie, la puissance du dragon l’intriguait autant qu'elle le terrifiait. Son instinct lui murmurait cependant que tout cela n'était qu'un aperçu de l'incommensurable puissance des dieux, et pourtant, tous ici-bas étaient choqués par ce cataclysme sans précédent, du moins depuis que les dieux se sont retirés sur leur île. S'il ne pouvait s'empêcher de désirer un tel pouvoir, il espérait trouver une alternative, son alternative, sans passer par la magie. Il espérait surtout que cela attirerait l'attention de Thimoros et de sa fille, voir lui permettrait de devenir leur favori. Alors qu'il songeait à cela, lui vint en tête la question de sa survie. Malgré tous les morts, il était encore là. Était-il devenu assez puissant pour résister au cataclysme ? Était-il protégé par les dieux ? Mais dans ce cas, pourquoi n'avoir épargné que les elfes et les garzoks, hormis quelques rares silhouettes parmi les humains ? Scrutant lesdites silhouettes pour tenter de les reconnaître, il vit apparaître toute une armée d'une brume étrange et probablement magique. L'armée en question avait la particularité que, hormis un groupe hétéroclite de worans, tous les soldats étaient vêtus de gris et portaient un casque intégral empêchant de les distinguer les uns des autres. Et au-dessus de cette armée, devant les commandant dont l'un d'eux semblait faire deux fois la taille d'un homme, volait une créature humanoïde aux plumes blanc et noir. Cette armée, il s'agissait définitivement d'ennemis, mais qui étaient-ils ? Quelle était cette créature les menant ? Pourquoi arrivaient-ils seulement maintenant que la victoire tendait les bras aux omyriens ? Tout cela agaçait le garzok qui se tourna vers le nécromant.
"C'est qui ceux-là ? Et pourquoi les elfes sont encore en vie ?"
Le général avoua ne pas en savoir beaucoup plus que son interlocuteur. Il expliqua simplement que l'armée grise était menée par une déesse d'un autre monde. Une déesse venue d'un autre monde ? Cherchait-elle à vaincre Oaxaca, déesse de ce monde, à présent que ces armées avaient été soufflées ? Kurgoth fulminait.
"Dans ce cas, il faut relever tous ces morts au plus vite, et retourner à l'assaut, et..."
Cherchant du regard une solution, il vit Silmeria et se tut. Rejoignant l'elfe au pas de course, il ouvrit tous les coffres de potions qu'il trouva et s'empressa de verser dans sa gourde celles qui lui semblaient les plus utiles, convaincu que face à une déesse, rien ne pouvait être considéré comme "suffisant", surtout après avoir un aperçu du pouvoir divin que pouvait posséder une créature telle que le dragon. À peine avait-il commencé à fouiller qu'il fut interpellé par l’assassine qui lui posa d'un ton moqueur la même question qu'il lui avait posé quelques instants plus tôt. Compte tenu de la situation, Kurgoth n'était pas d'humeur pour les plaisanteries et répondu sèchement, une once de panique dans la voix.
"Ferme la et ramasse tout ce que tu peux, c'est une déesse et son armée qu'on affronte maintenant. C'est plus de la vermine."
Un cri résonna alors à travers le champ de bataille : la Cheffe de Guerre Suprême appelant ses lieutenants. Le nécromant invita alors les mercenaires à le suivre. Alors que l'elfe sembla en profiter pour demander à être présentée à la divine monarque, le chevalier se contenta de répondre avec déférence, le poing sur le torse:
"Jusqu'aux enfers."
Alors qu'il avançait en marchant pour rejoindre Oaxaca, enjambant cadavre après cadavre, le garzok finit par demander :
"Messire, si je puis me permettre... Ne devriez-vous pas relever tous ces cadavres pour affronter nos nouveaux ennemis ? Ne devrions-nous pas courir auprès de la Cheffe de Guerre Suprême aussi vite que possible ?"
Le nécromant se retourna aussitôt vers le prêtre de Thimoros pour lui demander avec quelles âmes il pourrait faire cela. Surpris par une telle réaction et se trouvant confronté à un problème de magie auquel il ne connaissait rien, le barbare baissa les yeux et répondit en bredouilla à partir des souvenirs qu'il avait du temple d'Omyre, avant d'être considéré comme une cause perdue pour la magie.
"Euh ben... Il me semblait que... Au temple d'Omyre... Vous n'utilisez pas des âmes troublées des enfers ? Je n'ai pas de fluides, mais je crois que c'est ça que disaient les autres prêtres... Non ?"
Constatant l'incompétence en la matière du chevalier, Tal'Raban soupira avant d'expliquer qu'il n'avait pas accès aux âmes des enfers et que le dragon venait de dévorer toutes les âmes aux alentours. Ainsi il n'avait pas fait que tuer les soldats, il avait également dévoré leurs âmes, ce qui n'augurait rien de bon quant au grognement qu'il commençait à émettre de nouveau. Restant silencieux afin de ne pas se ridiculiser une fois de plus, Kurgoth apprit cependant, via les questions de Silmeria, que le nécromant ignorait l'étendue des pouvoirs du dragon et que le seul moyen de les connaître était de le voir les utiliser, ce qui semblait sur le point d'arriver. Apprenant cela, Kurgoth se sentit d'autant plus tiraillé entre la terreur et la fascination, mais se répéta, qu'accompagné de Tal'Raban et répondant à l'appel d'Oaxaca, il serait probablement épargné. Et si Thimoros avait décidé d'utiliser son âme pour nourrir le dragon, alors il devrait considérer cela comme un honneur.
HJ: ramassage de 3 elixirs de lien organique à la ceinture et 2Potion de robustesse+2Potion de stabilité+2Potion de clairvoyance+2Potion de coagulation+2Grand élixir d’énergie+3Énorme potion de soin dans la gourde.
1299mots
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Re: Plaines de Kôchii
Chapitre V : Tombeau à ciel ouvert Précédemment
Je sursaute au passage d’une ombre gigantesque au-dessus de notre position. Le dragon aux proportions dantesques survole de nouveau notre position et fond vers le centre de la bataille en un piqué vertigineux. La créature se pose et une voix de femme, à la puissance magiquement décuplée s’élève entre toutes autres, couvrant largement le tumulte des combats.
« Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte. »
S’ensuit une nouvelle litanie, portée par le timbre guttural du dragon noir. Les combats cessent, le destin de chaque être se retrouvant subitement suspendu aux filaments magiques tissés par le rituel. L’incantation cesse et une ombre se répand soudainement partout dans la plaine, jusqu’au plus profond de chacun, pour s’en retirer immédiatement, comme aspirée par le dragon géant. Quelque chose en moi tente de s’extirper de mon corps mais une résistance, un verrou inconscient l’en empêche. Tout autour, l’ombre se résorbe, emportant un léger brin de lumière au sortir de chaque individu. Ce sortilège d’ombre et de malice, déclenche une véritable hécatombe, partout. Hommes, nains, Garzoks, Liykors, chevaux individus de toutes espèces et de toutes allégeances s’effondrent brutalement sur le sol. Le champ de bataille se transforme instantanément en gigantesque charnier, sans qu’aucun camp ne puisse être désigné vainqueur. Deux camps, deux armées déconfites, mais une victoire cependant, celle d’une femme aux cheveux fauves, trônant sur un dragon de mort, riant à gorge déployée.
Un coup d’œil en direction des troupes de cavalerie me confirme mes pires craintes. Pas un seul de mes compagnons et concitoyen des duchés n’a survécu. Seuls restent le commandant Perussac, une dizaine de nains et les trois mages d’ombre qui m’accompagnaient pendant la percée vers Khynt. Le général est toujours là, monté sur son char, bordé de quelques créatures mécanique, immobile et paraissant ignorer tout autant que nous les plans ourdis par sa reine.
J’assimile subitement les faits, et commence à les transcrire en émotions. Je les réprime. Je n’ose plus regarder en direction de la cavalerie. Je sais pertinemment que Bernas et Tessy ont subis le même sort que mes autres compagnons. Je rejette toute pensée les concernant. J’adresse une prière pour l’âme du premier, soutien sans faille qui par sa désinvolture maintenait une proximité distante et à l’âme de la seconde, mon amie première qui malgré nos mésaventures était disposée à m’accepter de nouveau dans sa sphère. Un grain liquide perle en lisière de ma vue.
« Une larme maintenant pour deux êtres chers, les autres quand nous leur offriront de dignes obsèques. Puissent Gaïa les toucher de sa paix avant le long voyage et Phaïstos les accepter dans son domaine. »
Je relève la tête pour constater que la plaine s’est, le temps d’un psaume, remplie de nouvelles troupes, quatre nouvelles légions marchant sous des couleurs grises, quatre légions, transportée sans aucun doute magiquement pour prendre part à ce conflit. Au-dessus d’elles, un être volant, arborant une paire d’aile, l’une noire profonde, l’autre d’un blanc pur.
Un appel retentit, sonné par la reine noire :
« A moi les Treize ! »
Obéissant à sa reine, Kynth se détourne de notre escouade dégarnie pour la rejoindre. Lord Azrael nous intime de ne pas poursuivre le général et de rallier plutôt le commandant Perussac. J’ai de toute façon délaissé toute combativité. Nous approchons de l’endroit où siégeait encore il y a peu, l’état major et son intendance. Un tas de cadavres parmi tant d’autres dont j’évite de lorgner les visages familiers.
Le commandant ère dans les rangs de ses anciens subordonnés, désœuvré. A ses pieds, git le cheval au dos duquel je lui ai fait quitter la mêlée.
(Friponne… toi non plus, tu n’as pas été épargnée.)
Accroupis, je caresse doucement l’encolure de la bête. Lord Azrael s’approche de Pérussac, pesant lourdement sur son bâton, je commence moi aussi à ressentir le contrecoup des heurts. Il demande au commandant s’il compte rentrer aux duchés, maintenant que les nôtres sont tous tombés.
(Rentrer maintenant ? Pas question, même s’il reste peu d’espoir, nous devons lutter jusqu’au bout.)
L’homme ne répond pas, le regard vide. Je l’interpelle, trop troublé pour prendre la peine de le saluer par le geste.
« Commandant, quels sont les ordres ? Que pouvons nous faire contre un tel ennemi ? »
Pérussac, répond enfin, sa voix vibrant de colère.
« Rien. Nous ne pouvons rien faire contre cette monstrueuse entité. Ni contre sa maîtresse. Ce qu'ils ont fait est... impardonnable. Horrible. Alors bien que dépourvus de tout espoir, je mourrai en essayant de les punir. Vous êtes libéré de tout service, soldat. »
Je laisse échapper un hoquet d’indignation, mais il s’adresse ensuite à Lord Azrael et ses compagnons, leurs conseillant de rejoindre leur castel et de prendre soin des duchés. Ainsi les trois compagnons sont-ils des compatriotes et leur castel une enclave située quelque part dans les duchés et où ils peuvent user de leur magie librement. Azraël échange quelques mots avec ses « messagers », leur signifiant qu’ils sont libres de le suivre ou non. Il explique ensuite que les agissements du dragon noir, toute création de Phaïstos qu’il soit, vont contre ses principes et qu’il compte s’y opposer au péril de sa vie. L’elfe lui rétorque qu’en plus de l’hécatombe, le sortilège du dragon semble avoir piégé les âmes, leur empêchant d’accéder au repos éternel. En apprenant cela, il me semble encore plus pressant de mettre fin aux actions du monstre et de sa maîtresse. Elle désigne ensuite la créature ailée qui surplombe l’armée mystérieusement apparue et nous avertit :
« Mais ne vous leurrez pas. Elle est dangereuse, la pureté ou l’équilibre qu’elle prône est aussi arbitraire qu’injuste. La vie ne compte pas plus pour elle que pour Oaxaca, et celle d’un allié à peine plus. Oaxaca veut faire de Yuimen un monde de chaos, Brytha veut en faire un monde vide. On a besoin d'alliés, de tous les survivants pour affronter ces potentats. »
Brytha, déesse de la neutralité, en quoi serait-elle dangereuse ? Les craintes de cette elfe sont peut-être fondées mais nous aurions tord de nous priver d’un allié de circonstance. Dans tous les cas, je refuse d’abdiquer et en informe Pérussac.
« Commandant, même relevé de mon service, je ferai tout mon possible pour préserver les intérêts du duché. Aujourd'hui, j'ai perdu mes compagnons d'armes. Demain, ce sont nos familles qui seront mis en péril. Je combattrai contre Oaxaca ».
J’ajoute, en réponse à l’avertissement de l’elfe :
« J'avoue méconnaître les intentions de Brytha mais elle semble s'opposer à la déesse noire et il me semble prioritaire d'éliminer cette menace avant tout. »
Le commandant opine du chef, l’air grave mais reflétant une once de satisfaction. Il répond très solennellement à notre souhait de poursuivre le combat à ses côtés en déclarant :
« Je vous le permets ».
Puis de poursuivre en ces termes :
« Le vide ou la mort... Choisissons déjà la vie, ce jour, quitte à partir demain dans un nouveau combat. Car cela nous est permis. L'espoir. L'ultime espoir. La bataille, la rage de vaincre et, au bout, l'issue. Quelle qu'elle soit. »
Mon cœur se gonfle de fierté. Il nous reste peut-être une chance, infime certainement mais ne pas la saisir serait un affront à nos camarades tombés. L’un des compagnons du Lord Azrael, trop épuisé par les derniers affrontements, déclare vouloir rester en retrait un moment. Nous sommes donc trois, à emboiter le pas de Pérussac, qui se dirige vers la reine noire d’un pas résigné.
A peine, lancé dans son sillage, je trébuche sur une gourde, manquant de m’étaler sur le parterre de cadavres. J’examine l’objet et constate qu’il est composé de plusieurs compartiments permettant d’y verser diverses mixtures. Plusieurs d’entre eux sont déjà pleins. Je conserve l’objet, il me sera plus utile qu’à son défunt propriétaire, et y verse le contenu de mes deux fioles de potions.
Nous marchons au milieu d’un charnier qui fait attire déjà vautours, mouches et autres charognards. Je me tourne vers l’elfe grise et me présente à elle.
« Mon nom est Tobias Arthès ».
Elle me rétorque que son nom est Maâra et approuve le fait que neutraliser le dragon et Oaxaca est une priorité. Elle réaffirme cependant que l’implication de Brytha représente un danger pour nous tous. J'incline la tête en guise d’approbation et fait part, sans honte de mon ignorance quant aux motivations de la déesse.
« Je comprends que cette nouvelle venue représente une menace à plus long terme. De ce que j’en sais, elle et ses suivants représentent la neutralité. Pourriez vous m’expliquer en quoi Brytha représente un danger ?»
Sans hésitation, Maâra me réplique :
« Sa neutralité, justement. »
Elle s’accorde un court temps pour étayer son raisonnement puis enchaîne d’un ton grave, entrecoupé de pauses. Je sens qu’elle fait appel à des souvenirs pénibles.
« L’équilibre qu’elle prône n’est qu’arbitraire, il est l’absence de choix et de liberté. L’apocalypse que nous subissons là l’a fait venir … mais on ne doit pas la laisser prendre le pouvoir ou gagner en puissance aujourd’hui ; car alors elle s’en prendra à notre liberté, elle nous privera de nos ambitions, de nos passions, de nos croyances, de nos valeurs, aussi disparates qu’opposées à travers tout Yuimen, et finalement elle bouleversera notre propre équilibre fluidique. »
Elle poursuit sa diatribe avec une émotion sincère, sa voix s’agitant parfois de légers tremblements.
« Mais pour que vous compreniez mieux, je vais vous raconter ma rencontre avec l’un de ses adeptes.
Karsinar avait tenté de transformer plusieurs spécimens de Silnogures en monstres sanguinaires, et voulait à terme faire de même pour tous.
Brytha s’y est opposé. Elle a recruté des aventuriers, dont je fis parti, des enfants et des alliés. On devait capturer et sauver les Silnogures aux âmes dénaturées, grâce aux enfants innocents et un simple rituel. Son fameux équilibre était simple : une âme pure pour sauver une âme impure. Sa neutralité, la voici : l’âme d’un enfant innocent, arrachée de sa vie, pour sauver l’âme d’une victime de Karsinar. »
J’écoute sagement sa confidence, interloqué par la tournure de son récit, peiné pour cette elfe confrontée malgré elle à un choix cruel.
« Dans ce cas je partage vos craintes. Merci d’avoir partagé ce témoignage, Maâra. »
Elle se contente de hocher la tête, perdue dans ses pensées. Je lui laisse poliment la possibilité de se recueillir en prenant quelques foulées d’avance, et suis bientôt rejoint par Azraël. L’homme me gratifie d’une plaisante flatterie, sans doute pour me réconforter.
« Si vous survivez à ce jour, je devine en vous l'âme d'un grand héros... »
Sa remarque me fait immensément plaisir, fait éclore une étincelle d’orgueil, aussitôt lessivée par une vague de chagrin. Si seulement j’avais pu, par mes actes, sauver ne serait-ce qu’une poignée de mes camarades…
« Je suis flatté, Lord Azraël, mais également conscient que mes actions n'ont pas plus de poids qu'une plume sur le dos de ce dragon ».
Il secoue la tête et m’adresse, en guise d’encouragement.
« Nous ne sommes que peu de choses dans le jeu des dieux. J'étais moins que rien à une époque... c'est à force de persévérance que j'ai pu arriver à accomplir des choses. Nous essaierons. Sans cela, à coup sûr, nous échouerons. »
J’acquiesce avec un léger sourire, touché par la bienveillance de cet inconnu. Je me tiens ensuite à distance, écoutant poliment la conversation que les deux mages d’ombres entament. Ils dissertent notamment de magie, et des possibilités offertes par la manipulation des fluides. Lord Azraël dispense en effet une rapide leçon à Maâra, où il est question de matérialiser ses fluides pour créer un projectile magique. Des flashs de souvenirs me reviennent lorsqu’Azraël décrit précisément l’effet obtenu : une masse d’ombre aux effets dévastateurs. C’est exactement le type de magie que le Lord a utilisé lors de la charge contre Créan.
L’intérêt, c’est que, selon lui, cette manipulation est identique quel que soit le fluide utilisé et produit les mêmes effets. Seule change la nature du fluide manipulé. Je tente d’assimiler un maximum d’informations et observe attentivement les essais opérés par Maâra. Je ne me risque pas à expérimenter ce sortilège, je préfère garder mon énergie pour l’affrontement à venir.
Je m’adonne plutôt à une brève, méditation, concentrant mes sens sur mes fluides que je transporte d’une extrémité à l’autre de mon corps par le biais de ma seule volonté. L’effet est relaxant, apaise les petits bleus récoltés ici ou là et m’octroie un regain d’assurance et de vitalité. Si seulement j’avais la puissance d’un dragon. D’une songerie, cette bataille serait terminée.
(HRP :
- utilisation de soulagement, et dopage rang 1
- acquisition d’une gourde moyenne magique : me décompte 20 Yus et les 180 autres de la bourse de Maâra. Prêt à taux 0% (je remplis largement les conditions de ressources) à échéance de la fin de l’évènement
- dans la gourde, je mets 1 petite potion de soin et une petite potion de mana que j’avais déjà sur moi
- dans les autres emplacements de la gourde (j’ai compris qu’on pouvait piller dans la limite de nos emplacements), je mets 3 énormes potions de soin, 3 élixirs moyens d’énergie, 2 moyennes potions de mana ;
- début d’apprentissage de l’obus magique : phase de découverte)
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1 (conversations) + 0,5 (pillage de potions)]
Je sursaute au passage d’une ombre gigantesque au-dessus de notre position. Le dragon aux proportions dantesques survole de nouveau notre position et fond vers le centre de la bataille en un piqué vertigineux. La créature se pose et une voix de femme, à la puissance magiquement décuplée s’élève entre toutes autres, couvrant largement le tumulte des combats.
« Aujourd’hui verra la victoire de l’Ombre sur la Lumière. Aujourd’hui, la Mort et la Guerre l’emporteront sur la vie et l’espoir. Futiles attardés, vous allez voir ce qu’il en coûte de me résister. Que les témoins prennent acte. »
S’ensuit une nouvelle litanie, portée par le timbre guttural du dragon noir. Les combats cessent, le destin de chaque être se retrouvant subitement suspendu aux filaments magiques tissés par le rituel. L’incantation cesse et une ombre se répand soudainement partout dans la plaine, jusqu’au plus profond de chacun, pour s’en retirer immédiatement, comme aspirée par le dragon géant. Quelque chose en moi tente de s’extirper de mon corps mais une résistance, un verrou inconscient l’en empêche. Tout autour, l’ombre se résorbe, emportant un léger brin de lumière au sortir de chaque individu. Ce sortilège d’ombre et de malice, déclenche une véritable hécatombe, partout. Hommes, nains, Garzoks, Liykors, chevaux individus de toutes espèces et de toutes allégeances s’effondrent brutalement sur le sol. Le champ de bataille se transforme instantanément en gigantesque charnier, sans qu’aucun camp ne puisse être désigné vainqueur. Deux camps, deux armées déconfites, mais une victoire cependant, celle d’une femme aux cheveux fauves, trônant sur un dragon de mort, riant à gorge déployée.
Un coup d’œil en direction des troupes de cavalerie me confirme mes pires craintes. Pas un seul de mes compagnons et concitoyen des duchés n’a survécu. Seuls restent le commandant Perussac, une dizaine de nains et les trois mages d’ombre qui m’accompagnaient pendant la percée vers Khynt. Le général est toujours là, monté sur son char, bordé de quelques créatures mécanique, immobile et paraissant ignorer tout autant que nous les plans ourdis par sa reine.
J’assimile subitement les faits, et commence à les transcrire en émotions. Je les réprime. Je n’ose plus regarder en direction de la cavalerie. Je sais pertinemment que Bernas et Tessy ont subis le même sort que mes autres compagnons. Je rejette toute pensée les concernant. J’adresse une prière pour l’âme du premier, soutien sans faille qui par sa désinvolture maintenait une proximité distante et à l’âme de la seconde, mon amie première qui malgré nos mésaventures était disposée à m’accepter de nouveau dans sa sphère. Un grain liquide perle en lisière de ma vue.
« Une larme maintenant pour deux êtres chers, les autres quand nous leur offriront de dignes obsèques. Puissent Gaïa les toucher de sa paix avant le long voyage et Phaïstos les accepter dans son domaine. »
Je relève la tête pour constater que la plaine s’est, le temps d’un psaume, remplie de nouvelles troupes, quatre nouvelles légions marchant sous des couleurs grises, quatre légions, transportée sans aucun doute magiquement pour prendre part à ce conflit. Au-dessus d’elles, un être volant, arborant une paire d’aile, l’une noire profonde, l’autre d’un blanc pur.
Un appel retentit, sonné par la reine noire :
« A moi les Treize ! »
Obéissant à sa reine, Kynth se détourne de notre escouade dégarnie pour la rejoindre. Lord Azrael nous intime de ne pas poursuivre le général et de rallier plutôt le commandant Perussac. J’ai de toute façon délaissé toute combativité. Nous approchons de l’endroit où siégeait encore il y a peu, l’état major et son intendance. Un tas de cadavres parmi tant d’autres dont j’évite de lorgner les visages familiers.
Le commandant ère dans les rangs de ses anciens subordonnés, désœuvré. A ses pieds, git le cheval au dos duquel je lui ai fait quitter la mêlée.
(Friponne… toi non plus, tu n’as pas été épargnée.)
Accroupis, je caresse doucement l’encolure de la bête. Lord Azrael s’approche de Pérussac, pesant lourdement sur son bâton, je commence moi aussi à ressentir le contrecoup des heurts. Il demande au commandant s’il compte rentrer aux duchés, maintenant que les nôtres sont tous tombés.
(Rentrer maintenant ? Pas question, même s’il reste peu d’espoir, nous devons lutter jusqu’au bout.)
L’homme ne répond pas, le regard vide. Je l’interpelle, trop troublé pour prendre la peine de le saluer par le geste.
« Commandant, quels sont les ordres ? Que pouvons nous faire contre un tel ennemi ? »
Pérussac, répond enfin, sa voix vibrant de colère.
« Rien. Nous ne pouvons rien faire contre cette monstrueuse entité. Ni contre sa maîtresse. Ce qu'ils ont fait est... impardonnable. Horrible. Alors bien que dépourvus de tout espoir, je mourrai en essayant de les punir. Vous êtes libéré de tout service, soldat. »
Je laisse échapper un hoquet d’indignation, mais il s’adresse ensuite à Lord Azrael et ses compagnons, leurs conseillant de rejoindre leur castel et de prendre soin des duchés. Ainsi les trois compagnons sont-ils des compatriotes et leur castel une enclave située quelque part dans les duchés et où ils peuvent user de leur magie librement. Azraël échange quelques mots avec ses « messagers », leur signifiant qu’ils sont libres de le suivre ou non. Il explique ensuite que les agissements du dragon noir, toute création de Phaïstos qu’il soit, vont contre ses principes et qu’il compte s’y opposer au péril de sa vie. L’elfe lui rétorque qu’en plus de l’hécatombe, le sortilège du dragon semble avoir piégé les âmes, leur empêchant d’accéder au repos éternel. En apprenant cela, il me semble encore plus pressant de mettre fin aux actions du monstre et de sa maîtresse. Elle désigne ensuite la créature ailée qui surplombe l’armée mystérieusement apparue et nous avertit :
« Mais ne vous leurrez pas. Elle est dangereuse, la pureté ou l’équilibre qu’elle prône est aussi arbitraire qu’injuste. La vie ne compte pas plus pour elle que pour Oaxaca, et celle d’un allié à peine plus. Oaxaca veut faire de Yuimen un monde de chaos, Brytha veut en faire un monde vide. On a besoin d'alliés, de tous les survivants pour affronter ces potentats. »
Brytha, déesse de la neutralité, en quoi serait-elle dangereuse ? Les craintes de cette elfe sont peut-être fondées mais nous aurions tord de nous priver d’un allié de circonstance. Dans tous les cas, je refuse d’abdiquer et en informe Pérussac.
« Commandant, même relevé de mon service, je ferai tout mon possible pour préserver les intérêts du duché. Aujourd'hui, j'ai perdu mes compagnons d'armes. Demain, ce sont nos familles qui seront mis en péril. Je combattrai contre Oaxaca ».
J’ajoute, en réponse à l’avertissement de l’elfe :
« J'avoue méconnaître les intentions de Brytha mais elle semble s'opposer à la déesse noire et il me semble prioritaire d'éliminer cette menace avant tout. »
Le commandant opine du chef, l’air grave mais reflétant une once de satisfaction. Il répond très solennellement à notre souhait de poursuivre le combat à ses côtés en déclarant :
« Je vous le permets ».
Puis de poursuivre en ces termes :
« Le vide ou la mort... Choisissons déjà la vie, ce jour, quitte à partir demain dans un nouveau combat. Car cela nous est permis. L'espoir. L'ultime espoir. La bataille, la rage de vaincre et, au bout, l'issue. Quelle qu'elle soit. »
Mon cœur se gonfle de fierté. Il nous reste peut-être une chance, infime certainement mais ne pas la saisir serait un affront à nos camarades tombés. L’un des compagnons du Lord Azrael, trop épuisé par les derniers affrontements, déclare vouloir rester en retrait un moment. Nous sommes donc trois, à emboiter le pas de Pérussac, qui se dirige vers la reine noire d’un pas résigné.
A peine, lancé dans son sillage, je trébuche sur une gourde, manquant de m’étaler sur le parterre de cadavres. J’examine l’objet et constate qu’il est composé de plusieurs compartiments permettant d’y verser diverses mixtures. Plusieurs d’entre eux sont déjà pleins. Je conserve l’objet, il me sera plus utile qu’à son défunt propriétaire, et y verse le contenu de mes deux fioles de potions.
Nous marchons au milieu d’un charnier qui fait attire déjà vautours, mouches et autres charognards. Je me tourne vers l’elfe grise et me présente à elle.
« Mon nom est Tobias Arthès ».
Elle me rétorque que son nom est Maâra et approuve le fait que neutraliser le dragon et Oaxaca est une priorité. Elle réaffirme cependant que l’implication de Brytha représente un danger pour nous tous. J'incline la tête en guise d’approbation et fait part, sans honte de mon ignorance quant aux motivations de la déesse.
« Je comprends que cette nouvelle venue représente une menace à plus long terme. De ce que j’en sais, elle et ses suivants représentent la neutralité. Pourriez vous m’expliquer en quoi Brytha représente un danger ?»
Sans hésitation, Maâra me réplique :
« Sa neutralité, justement. »
Elle s’accorde un court temps pour étayer son raisonnement puis enchaîne d’un ton grave, entrecoupé de pauses. Je sens qu’elle fait appel à des souvenirs pénibles.
« L’équilibre qu’elle prône n’est qu’arbitraire, il est l’absence de choix et de liberté. L’apocalypse que nous subissons là l’a fait venir … mais on ne doit pas la laisser prendre le pouvoir ou gagner en puissance aujourd’hui ; car alors elle s’en prendra à notre liberté, elle nous privera de nos ambitions, de nos passions, de nos croyances, de nos valeurs, aussi disparates qu’opposées à travers tout Yuimen, et finalement elle bouleversera notre propre équilibre fluidique. »
Elle poursuit sa diatribe avec une émotion sincère, sa voix s’agitant parfois de légers tremblements.
« Mais pour que vous compreniez mieux, je vais vous raconter ma rencontre avec l’un de ses adeptes.
Karsinar avait tenté de transformer plusieurs spécimens de Silnogures en monstres sanguinaires, et voulait à terme faire de même pour tous.
Brytha s’y est opposé. Elle a recruté des aventuriers, dont je fis parti, des enfants et des alliés. On devait capturer et sauver les Silnogures aux âmes dénaturées, grâce aux enfants innocents et un simple rituel. Son fameux équilibre était simple : une âme pure pour sauver une âme impure. Sa neutralité, la voici : l’âme d’un enfant innocent, arrachée de sa vie, pour sauver l’âme d’une victime de Karsinar. »
J’écoute sagement sa confidence, interloqué par la tournure de son récit, peiné pour cette elfe confrontée malgré elle à un choix cruel.
« Dans ce cas je partage vos craintes. Merci d’avoir partagé ce témoignage, Maâra. »
Elle se contente de hocher la tête, perdue dans ses pensées. Je lui laisse poliment la possibilité de se recueillir en prenant quelques foulées d’avance, et suis bientôt rejoint par Azraël. L’homme me gratifie d’une plaisante flatterie, sans doute pour me réconforter.
« Si vous survivez à ce jour, je devine en vous l'âme d'un grand héros... »
Sa remarque me fait immensément plaisir, fait éclore une étincelle d’orgueil, aussitôt lessivée par une vague de chagrin. Si seulement j’avais pu, par mes actes, sauver ne serait-ce qu’une poignée de mes camarades…
« Je suis flatté, Lord Azraël, mais également conscient que mes actions n'ont pas plus de poids qu'une plume sur le dos de ce dragon ».
Il secoue la tête et m’adresse, en guise d’encouragement.
« Nous ne sommes que peu de choses dans le jeu des dieux. J'étais moins que rien à une époque... c'est à force de persévérance que j'ai pu arriver à accomplir des choses. Nous essaierons. Sans cela, à coup sûr, nous échouerons. »
J’acquiesce avec un léger sourire, touché par la bienveillance de cet inconnu. Je me tiens ensuite à distance, écoutant poliment la conversation que les deux mages d’ombres entament. Ils dissertent notamment de magie, et des possibilités offertes par la manipulation des fluides. Lord Azraël dispense en effet une rapide leçon à Maâra, où il est question de matérialiser ses fluides pour créer un projectile magique. Des flashs de souvenirs me reviennent lorsqu’Azraël décrit précisément l’effet obtenu : une masse d’ombre aux effets dévastateurs. C’est exactement le type de magie que le Lord a utilisé lors de la charge contre Créan.
L’intérêt, c’est que, selon lui, cette manipulation est identique quel que soit le fluide utilisé et produit les mêmes effets. Seule change la nature du fluide manipulé. Je tente d’assimiler un maximum d’informations et observe attentivement les essais opérés par Maâra. Je ne me risque pas à expérimenter ce sortilège, je préfère garder mon énergie pour l’affrontement à venir.
Je m’adonne plutôt à une brève, méditation, concentrant mes sens sur mes fluides que je transporte d’une extrémité à l’autre de mon corps par le biais de ma seule volonté. L’effet est relaxant, apaise les petits bleus récoltés ici ou là et m’octroie un regain d’assurance et de vitalité. Si seulement j’avais la puissance d’un dragon. D’une songerie, cette bataille serait terminée.
(HRP :
- utilisation de soulagement, et dopage rang 1
- acquisition d’une gourde moyenne magique : me décompte 20 Yus et les 180 autres de la bourse de Maâra. Prêt à taux 0% (je remplis largement les conditions de ressources) à échéance de la fin de l’évènement
- dans la gourde, je mets 1 petite potion de soin et une petite potion de mana que j’avais déjà sur moi
- dans les autres emplacements de la gourde (j’ai compris qu’on pouvait piller dans la limite de nos emplacements), je mets 3 énormes potions de soin, 3 élixirs moyens d’énergie, 2 moyennes potions de mana ;
- début d’apprentissage de l’obus magique : phase de découverte)
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1 (conversations) + 0,5 (pillage de potions)]
- Maâra
- Messages : 46
- Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 17:17
- Localisation : Chateau d'Endor
Re: Plaines de Kôchii
Alors qu’ils se rapprochent,
Alors qu’ils se préparent à une lutte insensée,
Alors qu’elle voit disparaître un pan entier du mur végétal,
Alors qu’elle guette au loin les silhouettes de guerriers d’Omyre,
Le soleil, pour la seconde fois en ce jour funeste, est masqué par la bête éternelle.
Il réapparaît soudain, lui si imposant sachant se faire oublier. Au dessus des armées, il tournoie et fend les nuages ; au dessus des armées, il pique soudain. Le souffle court, elle l’observe s’abattre derrière la barrière végétale, elle observe le déplacement d’air, soulevant poussière et débris très haut ; et elle entend, elle entend les cris de terreur.
Le temps s’arrête, un court instant. Tout est comme arrêté, même les créatures vides de Kynth cessent leur mouvements, elles que ni la peur ni la douleur n’affectaient jusque là. Tout est en suspens, l’air lui-même manque à la Sindel. Un frisson lui parcoure l’échine lorsqu’un sourd grondement naît des entrailles de cette terre à l’arrêt. Un râle puissant d’où émerge une mélopée sinistre, incantatoire.
L’air lui semble plus épais, plus difficile à respirer, plus douloureux aussi. D’un hoquet, elle cesse soudain de bouger, apeurée par l’ignorance et tiraillée par l’intuition des tréfonds de son être, sa magie nécromantique s’éveille pour mieux se terrer. Prise de vertiges, elle se tient la tête et ferme les yeux. Elle entend la Mort, elle l’entend comme un signal, tel l’appel d’une sirène qu’elle ne veut atteindre. Et alors qu’elle chancelle et laisse ses peurs prendre le dessus … la Mort fait silence.
Elle entend alors le cliquetis d’armes qui tombent au sol, de nombreuses armes tombent en même temps. Elle ouvre les yeux et voit alors les corps inertes chuter à leur tour, des corps sans vie aux visages figés par une surprise éternelle. Pas de douleur, pas de cris, pas de souffrance perceptible … mais aussi, aucune pitié, aucun respect, aucune estime.
La magie qui traverse le champ de bataille lui écrase le cœur et l’âme ; elle reste figée, les yeux exorbités et la bouche béante. Son esprit logique se disperse aux quatre vents, elle perd pied, se sent si impuissante tout à coup qu’elle croit tout perdu. Et elle prie, elle prie pour les âmes défuntes, elle prie Phaitos … sans avoir les mots, une folle intuition lui cloue l’esprit. L’impuissance lui est insupportable et la puissance de la bête insurmontable.
Gâchis. Un mot, un seul qui résonne sans parvenir à prendre sens dans sa tête. Défaite, gâchis, Fin … elle ne peut plus penser. Et lorsque son regard se pose sur les peaux vertes fauchées, son sang se glace et la colère remplace l’hébétement. Ceux deux êtres, ces deux entités n’ont rien à faire sur Yuimen, l’omnipotence n’a rien à faire sur une terre abandonnée par les Dieux pour préserver leur création de leur puissance … tout ce gâchis pour les peuples de Yuimen, toute cette énergie à évoluer, à explorer, à combattre, à faire valoir son droit à vivre, à conquérir ; en vain.
Toutes ses pensées se bousculent et s’entremêlent, elle tremble de tout son être … tout ça pour ça, se dit-elle tentant vainement de se raccrocher à son pouvoir, une lueur de savoir ; mais la nature des relents du sortilège lui vrille les tripes. Elle a voué sa vie à servir la Mort, à s’en servir pour apaiser les âmes exilées et damnées ; mais ceci …
Elle et si peu avaient survécu. Pourquoi elle, pourquoi si peu. Les nains n’étaient pas faibles. Elle-même l’était plus que presque tout le monde ici ; frêle et inexpérimentée, elle ne pouvait compter que sur une magie à la fois limitée par sa propre force et imprévisible par nature. D’ordinaire serein et bienveillant pour eux, elle pose un regard douloureux sur les morts, sur cette plaine privée de tout ses braves. Les corps ne sont pas meurtris, ni blessés, ni brûlés, ni nécrosés ; elle se penche pour en toucher un mais recule aussitôt, prise d’un frisson. Elle remarque alors l’armure de Daemon, son corps est allongé face au sol ; elle se précipite vers lui et le retourne, sentant de suite son souffle sur le dos de sa main. Blessé à la tête, il est inconscient.
Et là, dans le silence assourdissant d’une terre ravagée, une fine pluie tombe d’un ciel peu nuageux. Une pluie froide qui coule sur le visage pâle de la Sindel, qui lave le sang et la terre, qui remplace les larmes d’un cœur las. Une pluie qui clapote sur les automates de Kynth, immobiles mais debout, bien que visiblement sonnés …
((Des coquilles vides …)) répète-t-elle dans sa tête, c’est ce qu’elle a pensé d’eux en les voyants plus infaillibles que ses propres créatures. Des coquilles sans âmes pense-t-elle alors en mettant enfin un mot sur cette intuition qui lui torture l’esprit. Pétrifiée par son raisonnement, elle coule son regard vers la dague de Lord Azraël ; et l’impression que lui a faite celle-ci à plusieurs reprises rejaillit.
Comme les trop peu nombreux survivants, au moment où elle commence à se reprendre, à se recomposer, à se retrouver ; le grondement renaît, la bête éternelle reprend son incantation funeste.
Les épaules de Maâra s’affaissent, son visage s’éteint. Le grondement grandit et grandit encore, tintant tel un glas dans toutes les oreilles des survivants, dans tout Yuimen ? … elle venait de comprendre comment les automates avaient survécu, elle venait de réaliser pourquoi elle aussi ; mais cette fois, même les âmes supérieures, bénies des Dieux, héritières des premiers nés, allaient mourir, disparaître à jamais pour étancher la soif insatiable de revanche d’une fille abandonnée et d’une bête sans vie.
Elle entend le rire dément d’Oaxaca devenue ivre de pouvoir.
Impuissante à l’affronter mais prête la recevoir, elle se confronte à ses croyances, mais la Mort ne vient pas. Le grondement dure et résonne maintenant comme un ressac.
Au-delà de la barrière s’élève une brume surnaturelle, qui s’étend sur toute la longueur du champ de bataille, au dessus des cadavres d’humains et de Garzoks. De nombreuses silhouettes apparaissent dans cette brume, indistinctes à cette distance d’abord puis de plus en plus précises, auréolées d’un brouillard terne.
Des centaines de guerriers apparaissent d’abord, tous pourvus d’armure en acier et tous dotés d’un heaume identique, une armée grise semblable aux automates de Kynth, homogène et uniforme. Seule identité à s’en démarquer, un être dissimulé dans une armure noire complète, cachant son visage, dont la cape allonge sa silhouette imposante.
Moins nombreux, d’autres sont regroupés à l’Ouest, vêtus de robes et de capes grises ; des mages dont les casques identiques donnent aussi cette impression étrange et malsaine d’uniformité à Maâra ; malgré la présence là aussi d’un unique meneur, peu vêtue comme si la transparence de la brume l’habillait.
A l’Est, une horde de plusieurs centaines de chevaux prend position. Des cavaliers, identiques les uns les autres, arborant eux aussi cette couleur grise, des heaumes identiques ; presque trop uniforme pour être réel. Mais le plus irréel de tous est sans doute le colosse menant la cavalerie, si grand qu’à pied il dépasse ses cavaliers, si imposant qu’un cavalier et sa monture peuvent se dissimuler derrière. Armé d’une énorme épée capable de faucher un tronc d’arbre et d’un bouclier de la taille d’une porte, il est coiffé d’un heaume au faciès métallique, semblable à une statue divine.
Mais Maâra n’a d’yeux à cet instant que pour l’apparition au dessus de cette armée que d’aucun jugerait à tord providentielle. Arrivée de nulle part, arrivée dès l’instant d’un tel cataclysme, arrivée en pleine apocalypse … elle ne peut être que Brytha, auréolée d’une puissance imposante, portée par une multitude d’ailes blanches d’un côté et noires de l’autre.
Le visage de la Sindel se crispe face au dilemme qui l’enveloppe alors, tandis que la voix surnaturelle d’Oaxaca traverse la plaine et appelle à elle ses Treize. Kynth, telle une marionnette, relève la tête vers sa commandante et ses troupes oscillent légèrement. La voix caverneuse et sifflante de la liche ne la fait pas réagir. Est-ce parce qu’elle ordonne aux siens de se replier, Maâra en doute mais ne reste pas plus longtemps pour le savoir.
Le ventre noué, elle fait volteface. Stor-Varg se propose pour porter le corps de Daemon, légèrement plus à l’aise de ses quatre pattes pour marcher. Ils doivent se presser. Se presser de traverser un charnier de plusieurs dizaines de mètres de large sans perdre leur esprit.
Par-dessus son épaule, elle voit que le cortège d’automates de Kynth se mettre en route, à l’opposé de leur position.
« Continue avec eux, je vous rejoins » Dit-elle à son compagnon d’une voix dure.
Dans ce chaos apocalyptique, elle a besoin de reprendre le dessus sur ses émotions et ses craintes ; de faire le tri dans toutes ses pensées incapables de la sortir de l’abysse où elle se trouve.
((Et tu penses que ça, ça va t’aider ? On est d’accord que tu sais exactement ce que tu vas trouver ?
- Mes intuitions sont souvent peu fiables.
- Quand il s’agit de deviner à son attitude si quelqu’un est constipé ou en colère, là oui t’es nulle. C’est d’âmes qu’on parle là, de morts, de magie noire, t’es à même de savoir, pas besoin de vérifier.
- Si.))
A ses pieds, des dizaines de corps sont entassés, tombés les uns sur les autres et même elle a du mal à les regarder sans émotions. Dans cet immense cimetière à ciel ouvert, les corps resteront, sans sépultures, sans sacrements, sans rites … et les âmes ?
Elle trouve un bout de terre et s’y assoit en tailleur. Les yeux fermés, l’esprit libre, elle murmure dans sa langue natale un appel dont seuls les nécromanciens sont capables. Là, autour d’elle, elle aurait du être assaillie, noyée par les âmes trop nombreuses, assiégée par leur colère et leur rage. Il n’y a que du vide, un vide si intense qu’elle y perd la tête. Plus rien, plus aucune âme. Le néant. Un injustifiable anéantissement. Privées de la création de leur Gardien suprême, privées de paix. Elle dont le cœur est parfois jugé si froid pleure sous la pluie, pleure pour toutes les âmes perdues et leur paix volées. Et son Faera savait cela, lui qui veut qu’elle se satisfasse de la douleur ne pouvait la laisser s’infliger celle là, la seule qui ne lui apporte aucun plaisir.
Lorsqu’elle rejoint ses compagnons, elle est plus pâle encore, le regard noir et les mâchoires serrées. En arrivant elle entend distinctement la voix pleine de colère de l’ancien Duc, décidé à tout tenter pour punir l’impardonnable. Lui qui a perdu le goût du commandement et l’espoir d’en sortir vivant, relève de ses fonctions le jeune soldat courageux et enjoint les nécromanciens à rejoindre leur Castel et qui sait, prendre soin du Duché de Luminion.
La liche, dont la réaction ressemble à celle de l’humain, admet qu’en ce jour funeste il n’obligera pas les Messagers, de chairs ou non, à affronter la création de leur Dieu. Comme le Duc, il laisse une porte de sortie à chacun … mais les regards des survivants répondent d’eux-mêmes. Maâra croise celui de son compagnon, plus expressif que jamais. Son loup à soif de sang.
« On ne peut pas faire ça, on ne peut pas s’en aller. Il n’y a plus rien, plus aucunes âmes ; et je pense qu'il ne les a pas envoyées aux Enfers. Nulle paix n’est possible, même après la Mort, tant qu’ils seront en vie. On ne peut pas s’en aller, on ne peut pas les regarder nous détruire sans rien faire. »
Leurs décisions prises, Azra se tourne vers Pérussac. Considérant qu’il a échoué à sa mission première, qui était de protéger la cavalerie, il demande son autorisation formelle afin de le suivre dans ce dernier combat, pour vaincre ou périr car nul autre choix n’est envisageable.
« Je vous le permets. » Répond solennellement l’ancien Duc, appréciant ce choix ; et réitère la formule en marquant son respect envers le jeune soldat déterminé à préserver les intérêts des Duchés, afin que ses compagnons d’armes soient les derniers à avoir péris.
Maâra les interrompt, montrant du doigt la Déesse qui s’oppose au Dragon avec toute son armée.
« Mais ne vous leurrez pas. Elle est dangereuse, la pureté ou l’équilibre qu’elle prône est aussi arbitraire qu’injuste. La vie ne compte pas plus pour elle que pour Oaxaca, et celle d’un allié à peine plus. Oaxaca veut faire de Yuimen un monde de chaos, Brytha veut en faire un monde vide. On a besoin d'alliés, de tous les survivants pour affronter ces potentats.
- J'avoue méconnaître les intentions de Brytha mais elle semble s'opposer à la déesse noire et il me semble prioritaire d'éliminer cette menace avant tout.
- Le vide ou la mort … répond De Pérussac. Choisissons déjà la vie, ce jour, quitte à partir demain dans un nouveau combat. Car cela nous est permis. L’espoir. L’ultime espoir. La bataille, la rage de vaincre et, au bout, l’issue. Quelle qu’elle soit. »
D’un signe de tête, il embarque tout le monde à sa suite, tous déterminés, tous conscients que leur combat sera soit court soit à jamais gravé dans l’Histoire.
Le jeune soldat marche aux côtés de Maâra et se présente.
« Mon nom est Tobias Arthès.
- Mon nom est Maâra, dit-elle avant une courte pause. Vous n’avez pas tord, Oaxaca et le Dragon doivent périr, ou retourner d’où ils viennent … mais je prie pour que les survivants des peuples libres y parviennent, pas Brytha.
- Je comprends que cette nouvelle venue représente une menace à plus long terme. De ce que j'en sais, elle et ses suivants représentent la neutralité. Pourriez-vous m'expliquer en quoi Brytha représente un danger ?
- Sa neutralité, justement, répond-elle rapidement, avant de prendre le temps de réfléchir et parvenir à tenir sa voix.
L’équilibre qu’elle prône n’est qu’arbitraire, il est l’absence de choix et de liberté. L’apocalypse que nous subissons là l’a fait venir … mais on ne doit pas la laisser prendre le pouvoir ou gagner en puissance aujourd’hui ; car alors elle s'en prendra à notre liberté, elle nous privera de nos ambitions, de nos passions, de nos croyances, de nos valeurs, aussi disparates qu'opposées à travers tout Yuimen, et finalement elle bouleversera notre propre équilibre fluidique.
Mais pour que vous compreniez mieux, je vais vous raconter ma rencontre avec l’un de ses adeptes. Karsinar avait transformé plusieurs spécimens de Silnogures en monstres sanguinaires, et voulait à terme faire de même pour tous. Brytha s’y est opposée. Elle a recruté des aventuriers, dont je fis parti, des enfants et des alliés. On devait capturer les silnogures grâce aux enfants et les sauver grâce à un simple rituel. Son fameux équilibre était simple : une âme pure pour sauver une âme impure. Sa neutralité, la voici : l’âme d’un enfant innocent, arrachée de sa vie, pour sauver l’âme d’une victime de Karsinar.»
Tobias écoute, interloqué par le témoignage et lui répond qu’il partage alors ses craintes et la remercie de l’avoir partagé. D’un air grave et pensif, elle hoche la tête à ses remerciements. Elle suit d’une oreille discrète les échanges entre Tobias et Lors Azraël ; car leur chemin les rapproche d’un point d’intendance de l’armée naine et soudain, le Faera de Maâra intervient, lui conseillant de s’équiper afin de ne point être à nouveau handicapée.
((Cette fiole là-bas, répond-il pour préciser sa pensée. Blanche et légèrement scintillante, elle te permettra de voir en toutes circonstances … CE handicap là.)) Récalcitrante au départ, Maâra se laisse convaincre par l’urgence et la désespérance de leur situation. Elle s’équipe en silence, peu réjouie d’en arriver là et repart rejoindre le groupe. Stor-Varg dépose le corps de Daemon à l’intérieur d’un charriot de ravitaillement, à l’abri des regards. Nienna, même si elle n’est pas visible à l’instant, doit sûrement veiller sur lui et lui contera tout à son réveil.
Traverser ce charnier est un calvaire, tant physique que moral pour nombre de ses compagnons. La Sindel ressasse ses craintes, ses pensées et ses affections naturelles. Quelque chose de l’ordre de l’hérésie règne ici, toute nécromancienne qu’elle soit la situation dépasse son entendement, et ruine la paix méritée de chaque âme. Ses réflexions la mène à nouveau vers ce ressenti du à la magie du Dragon, similaire et différent à la fois de celui de l’arme du chef spirituel des Messagers.
« Lord Azraël, dit-elle enfin. Puis-je vous demander quels sont les pouvoirs de votre dague ?
- C’est bien simple, répond-il en lui montrant de près afin qu’elle puisse apercevoir une sorte de flux tourbillonnant. Elle capture les âmes qu’elle prend. Apparemment, même le dragon n’a pu les retenir. Au moins, j’aurais une petite réserve pour mes propres sortilèges.
- Donc, dit-elle après examen. Les âmes ainsi volées sont comme prisonnières ?
- Jusqu’à ce que je les libère. »
Elle en apprend plus sur lui. Son pouvoir, et ce qu’il est devenu est du à cette dague, à son pouvoir intrinsèque. Un pouvoir puissant dans leur monde car il lui permet de commander aux âmes emprisonnées, tel un juge suppléant de l’ordre naturel. Et sans doute est-ce là la marque de la présence de l’autre en lui ; car il dit espérer avoir l’occasion de vérifier s’il est possible d’emprisonner l’âme d’un des Treize. Toutes ces révélations pourtant ne la rassurent pas.
« Un pouvoir fascinant, dit-elle en dissimulant ses pensées … imaginez ce que peut faire le dragon avec des centaines de milliers d’âmes. Je les pensais détruites parce qu’elles ne sont plus là … mais si elles sont en son pouvoir, comme les vôtres le sont, il pourrait inonder le continent de spectres obéissants ; où s’en servir pour augmenter sa puissance déjà proche de l’absolu. Même nos âmes n’y survivraient pas.
- C’est plus que probable … voilà pourquoi nous devons l’arrêter. »
Il marque une pause, pensif.
« Un petit truc qui pourrait vous servir, bien que vous n’ayez que peu de temps pour le maîtriser : il s’agit d’une utilisation brute des fluides. Si vous les concentrez très fortement entre vos mains, vous pouvez en faire un projectile dévastateur. Un obus magique comme vous m’avez vu en lancer quelques-uns. Ce n’est pas compliqué en terme de manipulation du fluide, mais cela réclame une grande force de volonté pour le focaliser et permettre une réaction violente au contact de la cible. »
Il est vrai que le sortilège utilisé par la liche l’avait impressionnée, mais savoir que l’orbe était une masse brute de fluide la confond. Elle se concentre et afflue ses fluides dans ses mains qui se teintent de gris sombre, comme pour plusieurs sortilèges elle regroupe sa magie entre ses paumes et tente de la concentrer comme l’a conseillé Azra ; mais la nature même de ses fluides se manifeste dans ses intentions, et la masse se répand en elle où se terre l’Obscurité ou se fraie un chemin vers les esprits. L’orbe naissante s’étiole et disparaît tandis que l’esprit logique de la Sindel analyse son échec.
« Vous parliez d'utilisation brute, est-ce parce que cet obus peut être créé à partir de n'importe quel élément ?
- Oui, répond-il posément. Car il utilise la nature fondamentale commune à tous les fluides. L’apparence du sortilège peut changer, mais son effet restera le même.»
Ainsi, comme expliqué, cette magie fondamentale aurait pour avantage de dépasser les contraintes posées par un élément. Ce devrait donc être plus simple, se dit alors Maâra sans que cette logique parvienne à convaincre sa nature profonde, elle qui est née avec ses fluides. Pour réussir, elle doit avant tout parvenir à séparer l’essence de la particularité, à s’imaginer la magie dans son entièreté et non plus sa magie comme ce qui la complète. Ses fluides, avant de lui appartenir, font parti du monde élémentaire de Yuimen, sont des parcelles de magie à l’état brut. Peu à peu, une image plus concrète se forme, calquée sur la force brute qu’elle ressent de son compagnon, dénué de morale.
Elle recommence alors, sachant comment concentrer l’orbe pour en faire cet obus dévastateur gorgé de la force brute des fluides eux-mêmes. Elle canalise ses fluides qui, cette fois, ne teintent pas sa peau. Ses mains pâles manipulent ses fluides d’Ombre sans les mêler à leur particularité. Une masse fluide se forme entre se paumes, lisse et sombre, brute et naturelle …
Mais l’excitation de la Sindel perturbe la canalisation qui fait imploser l’orbe. (( Une grande force de volonté, se remémore-t-elle. )) Elle en déduit alors le temps à passer pour former l’orbe, et la concentration nécessaire à condenser la force à l’intérieur.
Leur groupe a largement dépassé les restes de la barrière végétale et les cadavres des petites créatures parvenues à cet exploit dans le chaos d’une telle guerre ; et contourne l’armée d’Omyre, en grande partie décimée elle aussi. Les Garzoks survivants ne semblent plus eux-mêmes : hagards, choqués, ils ne réagissent pas à leur présence.
Ayant compris qu’elle devait ouvrir son esprit à l’essence de la magie, Maâra canalise de mieux en mieux l’orbe, qu’elle parvient à garder stable longtemps, l’alimentant continuellement.
((J’rigole déjà de t’imaginer faire ça en plein combat, raille son Faera d’un ton grognon avant de rajouter en mimant un crachat ; l’omno-élément !))
Précédé de peu par les nains, leur groupe s’approche de leur but final.
((hrp :
- Potions récupérées : 1 énorme de mana qui aura sa place dans la gourde + 2 potions clairvoyance + 1 potion membre arraché
- Début d'apprentissage du sort obus magique
- Pas eu l'occasion de demander si c ok à daemon, mais j'ai déposé le corps au sud de l'armée naine))
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1,5 (discussions) + 0,5 (pillage de potions et essais de contacter les morts) + la rune Tem]
Alors qu’ils se préparent à une lutte insensée,
Alors qu’elle voit disparaître un pan entier du mur végétal,
Alors qu’elle guette au loin les silhouettes de guerriers d’Omyre,
Le soleil, pour la seconde fois en ce jour funeste, est masqué par la bête éternelle.
Il réapparaît soudain, lui si imposant sachant se faire oublier. Au dessus des armées, il tournoie et fend les nuages ; au dessus des armées, il pique soudain. Le souffle court, elle l’observe s’abattre derrière la barrière végétale, elle observe le déplacement d’air, soulevant poussière et débris très haut ; et elle entend, elle entend les cris de terreur.
Le temps s’arrête, un court instant. Tout est comme arrêté, même les créatures vides de Kynth cessent leur mouvements, elles que ni la peur ni la douleur n’affectaient jusque là. Tout est en suspens, l’air lui-même manque à la Sindel. Un frisson lui parcoure l’échine lorsqu’un sourd grondement naît des entrailles de cette terre à l’arrêt. Un râle puissant d’où émerge une mélopée sinistre, incantatoire.
L’air lui semble plus épais, plus difficile à respirer, plus douloureux aussi. D’un hoquet, elle cesse soudain de bouger, apeurée par l’ignorance et tiraillée par l’intuition des tréfonds de son être, sa magie nécromantique s’éveille pour mieux se terrer. Prise de vertiges, elle se tient la tête et ferme les yeux. Elle entend la Mort, elle l’entend comme un signal, tel l’appel d’une sirène qu’elle ne veut atteindre. Et alors qu’elle chancelle et laisse ses peurs prendre le dessus … la Mort fait silence.
Elle entend alors le cliquetis d’armes qui tombent au sol, de nombreuses armes tombent en même temps. Elle ouvre les yeux et voit alors les corps inertes chuter à leur tour, des corps sans vie aux visages figés par une surprise éternelle. Pas de douleur, pas de cris, pas de souffrance perceptible … mais aussi, aucune pitié, aucun respect, aucune estime.
La magie qui traverse le champ de bataille lui écrase le cœur et l’âme ; elle reste figée, les yeux exorbités et la bouche béante. Son esprit logique se disperse aux quatre vents, elle perd pied, se sent si impuissante tout à coup qu’elle croit tout perdu. Et elle prie, elle prie pour les âmes défuntes, elle prie Phaitos … sans avoir les mots, une folle intuition lui cloue l’esprit. L’impuissance lui est insupportable et la puissance de la bête insurmontable.
Gâchis. Un mot, un seul qui résonne sans parvenir à prendre sens dans sa tête. Défaite, gâchis, Fin … elle ne peut plus penser. Et lorsque son regard se pose sur les peaux vertes fauchées, son sang se glace et la colère remplace l’hébétement. Ceux deux êtres, ces deux entités n’ont rien à faire sur Yuimen, l’omnipotence n’a rien à faire sur une terre abandonnée par les Dieux pour préserver leur création de leur puissance … tout ce gâchis pour les peuples de Yuimen, toute cette énergie à évoluer, à explorer, à combattre, à faire valoir son droit à vivre, à conquérir ; en vain.
Toutes ses pensées se bousculent et s’entremêlent, elle tremble de tout son être … tout ça pour ça, se dit-elle tentant vainement de se raccrocher à son pouvoir, une lueur de savoir ; mais la nature des relents du sortilège lui vrille les tripes. Elle a voué sa vie à servir la Mort, à s’en servir pour apaiser les âmes exilées et damnées ; mais ceci …
Elle et si peu avaient survécu. Pourquoi elle, pourquoi si peu. Les nains n’étaient pas faibles. Elle-même l’était plus que presque tout le monde ici ; frêle et inexpérimentée, elle ne pouvait compter que sur une magie à la fois limitée par sa propre force et imprévisible par nature. D’ordinaire serein et bienveillant pour eux, elle pose un regard douloureux sur les morts, sur cette plaine privée de tout ses braves. Les corps ne sont pas meurtris, ni blessés, ni brûlés, ni nécrosés ; elle se penche pour en toucher un mais recule aussitôt, prise d’un frisson. Elle remarque alors l’armure de Daemon, son corps est allongé face au sol ; elle se précipite vers lui et le retourne, sentant de suite son souffle sur le dos de sa main. Blessé à la tête, il est inconscient.
Et là, dans le silence assourdissant d’une terre ravagée, une fine pluie tombe d’un ciel peu nuageux. Une pluie froide qui coule sur le visage pâle de la Sindel, qui lave le sang et la terre, qui remplace les larmes d’un cœur las. Une pluie qui clapote sur les automates de Kynth, immobiles mais debout, bien que visiblement sonnés …
((Des coquilles vides …)) répète-t-elle dans sa tête, c’est ce qu’elle a pensé d’eux en les voyants plus infaillibles que ses propres créatures. Des coquilles sans âmes pense-t-elle alors en mettant enfin un mot sur cette intuition qui lui torture l’esprit. Pétrifiée par son raisonnement, elle coule son regard vers la dague de Lord Azraël ; et l’impression que lui a faite celle-ci à plusieurs reprises rejaillit.
Comme les trop peu nombreux survivants, au moment où elle commence à se reprendre, à se recomposer, à se retrouver ; le grondement renaît, la bête éternelle reprend son incantation funeste.
Les épaules de Maâra s’affaissent, son visage s’éteint. Le grondement grandit et grandit encore, tintant tel un glas dans toutes les oreilles des survivants, dans tout Yuimen ? … elle venait de comprendre comment les automates avaient survécu, elle venait de réaliser pourquoi elle aussi ; mais cette fois, même les âmes supérieures, bénies des Dieux, héritières des premiers nés, allaient mourir, disparaître à jamais pour étancher la soif insatiable de revanche d’une fille abandonnée et d’une bête sans vie.
Elle entend le rire dément d’Oaxaca devenue ivre de pouvoir.
Impuissante à l’affronter mais prête la recevoir, elle se confronte à ses croyances, mais la Mort ne vient pas. Le grondement dure et résonne maintenant comme un ressac.
Au-delà de la barrière s’élève une brume surnaturelle, qui s’étend sur toute la longueur du champ de bataille, au dessus des cadavres d’humains et de Garzoks. De nombreuses silhouettes apparaissent dans cette brume, indistinctes à cette distance d’abord puis de plus en plus précises, auréolées d’un brouillard terne.
Des centaines de guerriers apparaissent d’abord, tous pourvus d’armure en acier et tous dotés d’un heaume identique, une armée grise semblable aux automates de Kynth, homogène et uniforme. Seule identité à s’en démarquer, un être dissimulé dans une armure noire complète, cachant son visage, dont la cape allonge sa silhouette imposante.
Moins nombreux, d’autres sont regroupés à l’Ouest, vêtus de robes et de capes grises ; des mages dont les casques identiques donnent aussi cette impression étrange et malsaine d’uniformité à Maâra ; malgré la présence là aussi d’un unique meneur, peu vêtue comme si la transparence de la brume l’habillait.
A l’Est, une horde de plusieurs centaines de chevaux prend position. Des cavaliers, identiques les uns les autres, arborant eux aussi cette couleur grise, des heaumes identiques ; presque trop uniforme pour être réel. Mais le plus irréel de tous est sans doute le colosse menant la cavalerie, si grand qu’à pied il dépasse ses cavaliers, si imposant qu’un cavalier et sa monture peuvent se dissimuler derrière. Armé d’une énorme épée capable de faucher un tronc d’arbre et d’un bouclier de la taille d’une porte, il est coiffé d’un heaume au faciès métallique, semblable à une statue divine.
Mais Maâra n’a d’yeux à cet instant que pour l’apparition au dessus de cette armée que d’aucun jugerait à tord providentielle. Arrivée de nulle part, arrivée dès l’instant d’un tel cataclysme, arrivée en pleine apocalypse … elle ne peut être que Brytha, auréolée d’une puissance imposante, portée par une multitude d’ailes blanches d’un côté et noires de l’autre.
Le visage de la Sindel se crispe face au dilemme qui l’enveloppe alors, tandis que la voix surnaturelle d’Oaxaca traverse la plaine et appelle à elle ses Treize. Kynth, telle une marionnette, relève la tête vers sa commandante et ses troupes oscillent légèrement. La voix caverneuse et sifflante de la liche ne la fait pas réagir. Est-ce parce qu’elle ordonne aux siens de se replier, Maâra en doute mais ne reste pas plus longtemps pour le savoir.
Le ventre noué, elle fait volteface. Stor-Varg se propose pour porter le corps de Daemon, légèrement plus à l’aise de ses quatre pattes pour marcher. Ils doivent se presser. Se presser de traverser un charnier de plusieurs dizaines de mètres de large sans perdre leur esprit.
Par-dessus son épaule, elle voit que le cortège d’automates de Kynth se mettre en route, à l’opposé de leur position.
« Continue avec eux, je vous rejoins » Dit-elle à son compagnon d’une voix dure.
Dans ce chaos apocalyptique, elle a besoin de reprendre le dessus sur ses émotions et ses craintes ; de faire le tri dans toutes ses pensées incapables de la sortir de l’abysse où elle se trouve.
((Et tu penses que ça, ça va t’aider ? On est d’accord que tu sais exactement ce que tu vas trouver ?
- Mes intuitions sont souvent peu fiables.
- Quand il s’agit de deviner à son attitude si quelqu’un est constipé ou en colère, là oui t’es nulle. C’est d’âmes qu’on parle là, de morts, de magie noire, t’es à même de savoir, pas besoin de vérifier.
- Si.))
A ses pieds, des dizaines de corps sont entassés, tombés les uns sur les autres et même elle a du mal à les regarder sans émotions. Dans cet immense cimetière à ciel ouvert, les corps resteront, sans sépultures, sans sacrements, sans rites … et les âmes ?
Elle trouve un bout de terre et s’y assoit en tailleur. Les yeux fermés, l’esprit libre, elle murmure dans sa langue natale un appel dont seuls les nécromanciens sont capables. Là, autour d’elle, elle aurait du être assaillie, noyée par les âmes trop nombreuses, assiégée par leur colère et leur rage. Il n’y a que du vide, un vide si intense qu’elle y perd la tête. Plus rien, plus aucune âme. Le néant. Un injustifiable anéantissement. Privées de la création de leur Gardien suprême, privées de paix. Elle dont le cœur est parfois jugé si froid pleure sous la pluie, pleure pour toutes les âmes perdues et leur paix volées. Et son Faera savait cela, lui qui veut qu’elle se satisfasse de la douleur ne pouvait la laisser s’infliger celle là, la seule qui ne lui apporte aucun plaisir.
Lorsqu’elle rejoint ses compagnons, elle est plus pâle encore, le regard noir et les mâchoires serrées. En arrivant elle entend distinctement la voix pleine de colère de l’ancien Duc, décidé à tout tenter pour punir l’impardonnable. Lui qui a perdu le goût du commandement et l’espoir d’en sortir vivant, relève de ses fonctions le jeune soldat courageux et enjoint les nécromanciens à rejoindre leur Castel et qui sait, prendre soin du Duché de Luminion.
La liche, dont la réaction ressemble à celle de l’humain, admet qu’en ce jour funeste il n’obligera pas les Messagers, de chairs ou non, à affronter la création de leur Dieu. Comme le Duc, il laisse une porte de sortie à chacun … mais les regards des survivants répondent d’eux-mêmes. Maâra croise celui de son compagnon, plus expressif que jamais. Son loup à soif de sang.
« On ne peut pas faire ça, on ne peut pas s’en aller. Il n’y a plus rien, plus aucunes âmes ; et je pense qu'il ne les a pas envoyées aux Enfers. Nulle paix n’est possible, même après la Mort, tant qu’ils seront en vie. On ne peut pas s’en aller, on ne peut pas les regarder nous détruire sans rien faire. »
Leurs décisions prises, Azra se tourne vers Pérussac. Considérant qu’il a échoué à sa mission première, qui était de protéger la cavalerie, il demande son autorisation formelle afin de le suivre dans ce dernier combat, pour vaincre ou périr car nul autre choix n’est envisageable.
« Je vous le permets. » Répond solennellement l’ancien Duc, appréciant ce choix ; et réitère la formule en marquant son respect envers le jeune soldat déterminé à préserver les intérêts des Duchés, afin que ses compagnons d’armes soient les derniers à avoir péris.
Maâra les interrompt, montrant du doigt la Déesse qui s’oppose au Dragon avec toute son armée.
« Mais ne vous leurrez pas. Elle est dangereuse, la pureté ou l’équilibre qu’elle prône est aussi arbitraire qu’injuste. La vie ne compte pas plus pour elle que pour Oaxaca, et celle d’un allié à peine plus. Oaxaca veut faire de Yuimen un monde de chaos, Brytha veut en faire un monde vide. On a besoin d'alliés, de tous les survivants pour affronter ces potentats.
- J'avoue méconnaître les intentions de Brytha mais elle semble s'opposer à la déesse noire et il me semble prioritaire d'éliminer cette menace avant tout.
- Le vide ou la mort … répond De Pérussac. Choisissons déjà la vie, ce jour, quitte à partir demain dans un nouveau combat. Car cela nous est permis. L’espoir. L’ultime espoir. La bataille, la rage de vaincre et, au bout, l’issue. Quelle qu’elle soit. »
D’un signe de tête, il embarque tout le monde à sa suite, tous déterminés, tous conscients que leur combat sera soit court soit à jamais gravé dans l’Histoire.
Le jeune soldat marche aux côtés de Maâra et se présente.
« Mon nom est Tobias Arthès.
- Mon nom est Maâra, dit-elle avant une courte pause. Vous n’avez pas tord, Oaxaca et le Dragon doivent périr, ou retourner d’où ils viennent … mais je prie pour que les survivants des peuples libres y parviennent, pas Brytha.
- Je comprends que cette nouvelle venue représente une menace à plus long terme. De ce que j'en sais, elle et ses suivants représentent la neutralité. Pourriez-vous m'expliquer en quoi Brytha représente un danger ?
- Sa neutralité, justement, répond-elle rapidement, avant de prendre le temps de réfléchir et parvenir à tenir sa voix.
L’équilibre qu’elle prône n’est qu’arbitraire, il est l’absence de choix et de liberté. L’apocalypse que nous subissons là l’a fait venir … mais on ne doit pas la laisser prendre le pouvoir ou gagner en puissance aujourd’hui ; car alors elle s'en prendra à notre liberté, elle nous privera de nos ambitions, de nos passions, de nos croyances, de nos valeurs, aussi disparates qu'opposées à travers tout Yuimen, et finalement elle bouleversera notre propre équilibre fluidique.
Mais pour que vous compreniez mieux, je vais vous raconter ma rencontre avec l’un de ses adeptes. Karsinar avait transformé plusieurs spécimens de Silnogures en monstres sanguinaires, et voulait à terme faire de même pour tous. Brytha s’y est opposée. Elle a recruté des aventuriers, dont je fis parti, des enfants et des alliés. On devait capturer les silnogures grâce aux enfants et les sauver grâce à un simple rituel. Son fameux équilibre était simple : une âme pure pour sauver une âme impure. Sa neutralité, la voici : l’âme d’un enfant innocent, arrachée de sa vie, pour sauver l’âme d’une victime de Karsinar.»
Tobias écoute, interloqué par le témoignage et lui répond qu’il partage alors ses craintes et la remercie de l’avoir partagé. D’un air grave et pensif, elle hoche la tête à ses remerciements. Elle suit d’une oreille discrète les échanges entre Tobias et Lors Azraël ; car leur chemin les rapproche d’un point d’intendance de l’armée naine et soudain, le Faera de Maâra intervient, lui conseillant de s’équiper afin de ne point être à nouveau handicapée.
((Cette fiole là-bas, répond-il pour préciser sa pensée. Blanche et légèrement scintillante, elle te permettra de voir en toutes circonstances … CE handicap là.)) Récalcitrante au départ, Maâra se laisse convaincre par l’urgence et la désespérance de leur situation. Elle s’équipe en silence, peu réjouie d’en arriver là et repart rejoindre le groupe. Stor-Varg dépose le corps de Daemon à l’intérieur d’un charriot de ravitaillement, à l’abri des regards. Nienna, même si elle n’est pas visible à l’instant, doit sûrement veiller sur lui et lui contera tout à son réveil.
Traverser ce charnier est un calvaire, tant physique que moral pour nombre de ses compagnons. La Sindel ressasse ses craintes, ses pensées et ses affections naturelles. Quelque chose de l’ordre de l’hérésie règne ici, toute nécromancienne qu’elle soit la situation dépasse son entendement, et ruine la paix méritée de chaque âme. Ses réflexions la mène à nouveau vers ce ressenti du à la magie du Dragon, similaire et différent à la fois de celui de l’arme du chef spirituel des Messagers.
« Lord Azraël, dit-elle enfin. Puis-je vous demander quels sont les pouvoirs de votre dague ?
- C’est bien simple, répond-il en lui montrant de près afin qu’elle puisse apercevoir une sorte de flux tourbillonnant. Elle capture les âmes qu’elle prend. Apparemment, même le dragon n’a pu les retenir. Au moins, j’aurais une petite réserve pour mes propres sortilèges.
- Donc, dit-elle après examen. Les âmes ainsi volées sont comme prisonnières ?
- Jusqu’à ce que je les libère. »
Elle en apprend plus sur lui. Son pouvoir, et ce qu’il est devenu est du à cette dague, à son pouvoir intrinsèque. Un pouvoir puissant dans leur monde car il lui permet de commander aux âmes emprisonnées, tel un juge suppléant de l’ordre naturel. Et sans doute est-ce là la marque de la présence de l’autre en lui ; car il dit espérer avoir l’occasion de vérifier s’il est possible d’emprisonner l’âme d’un des Treize. Toutes ces révélations pourtant ne la rassurent pas.
« Un pouvoir fascinant, dit-elle en dissimulant ses pensées … imaginez ce que peut faire le dragon avec des centaines de milliers d’âmes. Je les pensais détruites parce qu’elles ne sont plus là … mais si elles sont en son pouvoir, comme les vôtres le sont, il pourrait inonder le continent de spectres obéissants ; où s’en servir pour augmenter sa puissance déjà proche de l’absolu. Même nos âmes n’y survivraient pas.
- C’est plus que probable … voilà pourquoi nous devons l’arrêter. »
Il marque une pause, pensif.
« Un petit truc qui pourrait vous servir, bien que vous n’ayez que peu de temps pour le maîtriser : il s’agit d’une utilisation brute des fluides. Si vous les concentrez très fortement entre vos mains, vous pouvez en faire un projectile dévastateur. Un obus magique comme vous m’avez vu en lancer quelques-uns. Ce n’est pas compliqué en terme de manipulation du fluide, mais cela réclame une grande force de volonté pour le focaliser et permettre une réaction violente au contact de la cible. »
Il est vrai que le sortilège utilisé par la liche l’avait impressionnée, mais savoir que l’orbe était une masse brute de fluide la confond. Elle se concentre et afflue ses fluides dans ses mains qui se teintent de gris sombre, comme pour plusieurs sortilèges elle regroupe sa magie entre ses paumes et tente de la concentrer comme l’a conseillé Azra ; mais la nature même de ses fluides se manifeste dans ses intentions, et la masse se répand en elle où se terre l’Obscurité ou se fraie un chemin vers les esprits. L’orbe naissante s’étiole et disparaît tandis que l’esprit logique de la Sindel analyse son échec.
« Vous parliez d'utilisation brute, est-ce parce que cet obus peut être créé à partir de n'importe quel élément ?
- Oui, répond-il posément. Car il utilise la nature fondamentale commune à tous les fluides. L’apparence du sortilège peut changer, mais son effet restera le même.»
Ainsi, comme expliqué, cette magie fondamentale aurait pour avantage de dépasser les contraintes posées par un élément. Ce devrait donc être plus simple, se dit alors Maâra sans que cette logique parvienne à convaincre sa nature profonde, elle qui est née avec ses fluides. Pour réussir, elle doit avant tout parvenir à séparer l’essence de la particularité, à s’imaginer la magie dans son entièreté et non plus sa magie comme ce qui la complète. Ses fluides, avant de lui appartenir, font parti du monde élémentaire de Yuimen, sont des parcelles de magie à l’état brut. Peu à peu, une image plus concrète se forme, calquée sur la force brute qu’elle ressent de son compagnon, dénué de morale.
Elle recommence alors, sachant comment concentrer l’orbe pour en faire cet obus dévastateur gorgé de la force brute des fluides eux-mêmes. Elle canalise ses fluides qui, cette fois, ne teintent pas sa peau. Ses mains pâles manipulent ses fluides d’Ombre sans les mêler à leur particularité. Une masse fluide se forme entre se paumes, lisse et sombre, brute et naturelle …
Mais l’excitation de la Sindel perturbe la canalisation qui fait imploser l’orbe. (( Une grande force de volonté, se remémore-t-elle. )) Elle en déduit alors le temps à passer pour former l’orbe, et la concentration nécessaire à condenser la force à l’intérieur.
Leur groupe a largement dépassé les restes de la barrière végétale et les cadavres des petites créatures parvenues à cet exploit dans le chaos d’une telle guerre ; et contourne l’armée d’Omyre, en grande partie décimée elle aussi. Les Garzoks survivants ne semblent plus eux-mêmes : hagards, choqués, ils ne réagissent pas à leur présence.
Ayant compris qu’elle devait ouvrir son esprit à l’essence de la magie, Maâra canalise de mieux en mieux l’orbe, qu’elle parvient à garder stable longtemps, l’alimentant continuellement.
((J’rigole déjà de t’imaginer faire ça en plein combat, raille son Faera d’un ton grognon avant de rajouter en mimant un crachat ; l’omno-élément !))
Précédé de peu par les nains, leur groupe s’approche de leur but final.
((hrp :
- Potions récupérées : 1 énorme de mana qui aura sa place dans la gourde + 2 potions clairvoyance + 1 potion membre arraché
- Début d'apprentissage du sort obus magique
- Pas eu l'occasion de demander si c ok à daemon, mais j'ai déposé le corps au sud de l'armée naine))
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1,5 (discussions) + 0,5 (pillage de potions et essais de contacter les morts) + la rune Tem]
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.
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- Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii
Je n’ai pas le temps de faire plus de quelques pas que l’immense masse noir remue ciel et terre, se posant au centre de la bataille, derrière la jungle de la Vénéneuse. Majestueux, il lève la gueule aux dents d’acier, entonnant une incantation caverneuse qui fait vibrer mes entrailles. Je reste immobile. Interdit. Alors que l’enthousiasme me fait oublier ce que mon corps subis en entendant la sombre mélopée venant du messager de la mort. Ma poitrine est comme compressée alors que mon coeur s’emballe.
(Ô Phaïtos. Ça y est. Je sens la froide caresse de la mort sur mon âme. »
Mais la sensation glaciale qui s’empare de mes membres, mon corps qui tremble, le bourdonnement dans mes oreilles n’est rien, rien comparé à la joie que je ressens. Au paroxysme de l’extase qui ranime mon corps et mon esprit quand ce qu’il m’aurait fallu une vie pour accomplir s’accomplit en un instant. Un sourire cruel, victorieux, sincère, se dessine sur mon visage alors que j’écarte les bras et lève mon visage vers les cieux.
(Ô Phaïtos. Toutes ces âmes sont pour vous. La victoire est votre. Nous avons réussis.)
Les cris d’horreurs précédent le fracas des corps qui tombent, sonnant à mes oreilles comme une douce mélodie qui conclue le chant du dragon noir. Des milliers de vies, fauchées en quelques secondes; des humains, des nains, des gobelins, des garzoks, tous égaux devant le Dieu de la Mort.
( Tout comme vous me l’aviez montré puissant Seigneur des Enfers. Les champs de morts surplombés de l’ombre de votre création, recouvrant le continent de son linceul. Votre but est atteint.)
Je suis si heureux d’y avoir participé. Phaïtos, le dragon noir et moi, nous l’avons fait. Nous avons servi son nom. Glorifier son règne. Car à présent je comprends tout. Tel était son but en créant ce majestueux messager aux ailes de morts. Effacer toutes traces d’âmes tourmentés sur ce monde en les purifiant de sa magie, les envoyant directement dans le repos des Enfers. Nulle nécromancien usurpateurs n’y aura plus accès. Nulle magie noire ne pourra les relever. Ces milliers d’âmes appartiennent pour toujours à la seule entité qui en possède le droit, Phaïtos.
(Il reste des âmes debout puissant Phaïtos. Nous finirons ce que vous avez commencé. En votre nom, pour votre règne éternel. )
Je balaye du regard les coquilles d’acier et de chair sans âmes avant de me tourner vers le premier des Treize, satisfait.
« Je vous avais dit de garder la Foi Général. »
Je brise le silence macabre qui plane sur le cimetière à ciel ouvert peu de temps avant que des cris de rage, de désespoir et de chagrin s’élèvent des quatre coins des plaines. Je m’en délecte, un détail bienvenue pour savourer d’autant plus la victoire de mon vénéré Dieu. J’entends alors une voix puissante appeler les Treize. Un rassemblement pour fêter la victoire ? J’en doute. L’appel était gorgé de colère. Lorener semble cependant y répondre et même y obéir. Il se met en marche tout en me faisant comprendre, maussade, que ce n’est pas vraiment une victoire. Je désigne l’armée Thorkin se résumant désormais à une dizaine de guerriers face aux combattants restant de Crean et aux machines indemnes de Khynt.
« Vous aviez des difficultés avec les Thorkins. Désormais ils sont réduits à néant. »
Les cavaliers ne s’en sont pas mieux tirés. Les chevaux sont crevés, les corps entremêlés avec ceux des cavaliers immobiles. Perussac en a réchappé mais ça n’a plus d’importance, pas plus que l’inconnu à côté de lui ni même celle de la liche et de sa vulgaire troupe de cirque. Comment pourraient t-ils encore oser mettre en doute la parole de Phaïtos alors que je suis indubitablement dans le camp qu’il a choisi pour mener à bien la purification du monde ?
A côté de moi, Crean rétorque que cette victoire est celle du dragon noir. Il a raison. Ce n’est pas Oaxaca qui se sert du dragon mais bien l’inverse car jamais le messager de la mort n’aurait pu rassembler autant d’âmes dans un même lieu. Voilà de quoi il avait besoin, d’une guerre, d’une bataille. Une fois encore il est décevant car il ne fait pas preuve d’intelligence mais simplement d’orgueil froissé. Lorener, lui, aurait voulu prendre toutes ses vies à coups de masse ou à l’aide de son armée. Quel imbécile. Je lui cracherais bien mon mépris en plein visage mais il est encore trop tôt. Ce pion peut encore m’être utile. Je lui réponds alors pour le brosser un peu dans le sens du poil en admettant que le dragon pouvait s’avérer dangereux malgré qu’il soit notre allié mais je suis interrompu en étant témoin de l’inattendu. Alors que nous passons la jungle verdoyante et que nous avons une vue sur l’immense charnier, je constate qu’une armée se tient encore debout, aux couleurs ternes. Ressemblant presque à une armée de clones.
« Qui sont-ils ? »
Demandais-je avec amertume. J’apprends que ce sont des ennemis, des sbires gris d’une Déesse usurpatrice venant d’un autre monde. J’ai le souvenir de ces hérétiques blasphémant Phaïtos dans les rues de Kendra Kâr et Darhàm, encourageant les citoyens à se révolter contre les Dieux.
« Comment ose-t-elle ?! »
Cherche-t-elle à nous arrêter ? A vaincre le dragon noir alors qu’il accomplit ce pour quoi il existe ? Jamais elle ne pourra contrecarrer les plans de Phaïtos. Je ne le permettrais pas.
"Elle tente d'équilibrer les choses. Elle se leurre."
Il a l'air de ne pas la porter dans son coeur et c’est un sentiment que nous avons en commun. Je reste silencieux, réfléchissant à une manière de réduire à néant le plan évident de cette usurpatrice cherchant à renforcer sa légitimité. Quel culot ! Elle veut porter l’espoir de pouvoir vaincre le dragon de Phaïtos, mais son échec n’apportera que plus de désespoir. Le dragon noir est conçu dans ce but, semer la mort sans pouvoir être arrêté par les Dieux eux mêmes. Equilibrer les forces, quel être stupide. Il n’y a pas d’équilibre. Les forts écrasent les faibles. Les malins trompent les stupides. La mort balaye la vie. Il n’y a pas de neutralité. Nous choisissons tous un camp et le mien est celui de Phaïtos. Une question me vient alors à l’esprit. La liche et ses corbeaux, que vont-ils faire en voyant une autre Déesse voulant réduire à l’oubli la foi que nous partageons ? Justement, Khynt nous rejoints et j’en profite pour lui poser la question.
« Général Khynt. Qu’est-il advenu des corbeaux ? »
D'une voix glaciale et presque mécanique, il va répondre :
"Ils se sont repliés. Faibles, peureux. L'avènement de la perfection est sur le point d'arriver : nous autres, survivants de l'Apocalypse, sommes désignés par les dieux pour régner sur cette terre. Entendez-le, servant de Phaïtos. Nous régnerons sur la moindre parcelle de ce monde."
« Je l’entends. Depuis longtemps. Cependant… Je suis curieux de savoir ce qu’ils vont faire. La logique voudrait qu’ils s’opposent à une Déesse voulant détruire la création de Phaïtos tout en cherchant à l’usurper mais comme les choses se présentent cela signifierait qu’ils se battraient à nos côtés. En d’autre termes… A qui va aller leur loyauté ? A leur Dieu et sa Foi ou bien à leurs intérêts personnels et de pauvres mortels ?… »
Nous verrons bien qui est le croyant le plus fidèle et qui mérite les faveurs du Gardien des Enfers.
"Qu'ils se battent avec ou contre nous, il mourront. Le Dragon Noir les pulvérisera, et en ce faisant, nous transmettra son savoir, sa puissance. L'origine de sa force !"
Dit-il après un haussement d’épaule, d’un ton fanatique qui ne manque pas de me surprendre. Voilà donc le but du Modifié ? Connaître l’origine de la puissance du messager de la mort ? N’est-ce pas évident qu’elle vient de son créateur ? Quant à la maîtriser… il est clair que c’est impossible car rien ne peut être plus puissant que la majestueuse création de Phaïtos. Mais… ce sont là des aveux qui peuvent me servir, tout comme l’est le silence de Lorener juste à côté de nous.
Car il est clair que la victoire est déjà acquise, tout ceci n’est qu’un petit plus que Phaïtos nous accorde pour être témoin de sa grandeur et une autre épreuve pour prouver que je suis digne d’être son élu. Son champion. Son dévoué serviteur. Tout comme il s’est servi de son frère Thimoros pour semer la discorde et en tirer son pouvoir c’est à mon tour d’attiser le chaos pour permettre au dragon noir de faire la plus grande hécatombe de l’histoire de ce monde. Oui. Je rentrerais dans l’histoire, au nom de Phaïtos. Les hérétiques seront anéantis et les survivants devront adresser toutes leurs prières au Dieu des Dieux que sera devenu celui que je sers.
Apporter du chaos sera un jeu d’enfant tant les esprits sont déjà brisés, en proie au doute ou à la haine. Nous arrivons proche de la Dame Noire, au pied du majestueux dragon qui contrairement à ce que semble penser sa cavalière, est bien l’entité la plus importante ici. Bien avant moi et surtout avant les Déesses prétentieuses qui vont devoir s’entretuer pour que tout ceci prenne tout son sens. D’autres Lieutenants ont répondu à l’appel. Celle que je devine être la Vénéneuse s’extirpe de sa jungle pour approcher. Je distingue Karsinar, semblant minuscule à côté des pattes du dragon. A l’opposé de nous je vois le Garzok lépreux se tenant à côté d’un être étant sans doute Tal’Raban et d’un second individu. A leur droite un autre dragon, bien plus petit, tenant sur son dos deux personnes ne cessant de baver des inepties larmoyantes, l’une d’elle semble être une Shaakt bien que son teint laisse penser qu’elle est issue d’une saillie non désirée, à moins qu’un humain n’accepte de se mélanger à quelque chose d’aussi sale et remplie de maladies qu’un elfe noire. Enfin l’humoran fixant avec rage Brytha démontre que la soif semble justifier qu’on se jette sur n’importe quelle cruche, même si elle est plus proche de l’animal que de l’humanoïde. Quel dégoût. Je remarque que la Plume Noire est également présente et je constate que cette petite peste en manque d’attention ne peut s’empêcher de se faire remarquer en allant discuter avec le petit dragon. Nulle trace de Xenair en revanche. Mais du monde il y en a encore, rassemblés autour de la majestueuse créature d’obsidienne. Plus au sud, la liche a choisie son camp, trahissant pour de bon Phaïtos, suivie par sa troupe de saltimbanques dont Perrussac, un inconnu et quelques nains. Ils sont si insignifiants que je m’en désintéresse. Enfin, volant au dessus de nous, un troisième dragon à la couleur or. Ressemblant plus à une longue anguille volante qu’à un vrai dragon.
Je reste silencieux. J’écoute. Attentif. Absorbant les informations qui peuvent me servir. Observant les réactions des uns et des autres, je reste stoïque, bien qu’un demi-sourire cruel, fugace, apparaît sur mon visage quand Karsinar tombe au sol. Les mains de Lorener, crispées sur son arme, n’échappent pas non plus à mon regard. Ma satisfaction augmente au fur et à mesure que le chaos s’installe. Je darde également un regard mauvais sur l’homme accompagnant Perussac et le dragon d’or quand ils prennent la parole. Un regard feintant le désaccord et le désagrément alors que leurs paroles n’instaure que d’avantage de doutes dans les esprits. Si je montrais mes émotions, mon éclat de rire serait plus fort encore que celui qui a suivi la grande libération des âmes. Je déclare finalement, à voix basse, à l’attention de Crean et Khynt seulement:
« De longs discours pour ceux qui n’ont plus rien d’autre que de la peur, du doute, du désespoir, de la haine, autant de sentiments qu’apporte la mort quand elle triomphe alors que la Mort triomphe toujours. Vous en savez quelque chose n’est ce pas ? »
Je pousse une expiration amusée avant de m’adresser encore aux deux des Treize.
« Mais avec qui allez vous choisir de combattre dans ce dernier affrontement qui n’aura comme issue que notre fin ? Celle qui vous a liés dans les ténèbres mais qui n’hésite pas à sacrifier vos vies ? Allez vous vous battre aux côtés de vos anciens ennemis ? Aux côtés de vos hommes restants ? Aux côtés d’une Déesse grise, usurpatrice et opportuniste ? Aux côtés de vos semblables ramenés des Enfers ? Aux côtés d’aventuriers douteux ? Pour vous même ? Ou à mes côtés et celui de Phaïtos, aux côtés de la Mort elle même ? A qui va votre loyauté ? Vous deux n’avez vous pas également un avis opposé au sujet du messager de la Mort ? Bête dangereuse et indomptable pour l’un, gardien d’un pouvoir infini pour l’autre ? Il est temps de choisir. »
Sur ces mots je m’avance, d’un pas impérieux, fièrement, sans aucune hésitation, doute ou peur, pour rejoindre Oaxaca à qui je m’adresse d’une voix claire et forte.
« Mon nom est Eldros Rougine. Tout comme le Dragon Noir est votre allié, je serais aussi le votre, au nom de Phaïtos. »
Puis je me tourne vers l’armée grise pour me tenir aux côtés de la Dame Noire, un autre pion que mets Phaïtos à ma disposition. Et alors que les débats se poursuivent, tentant vainement de convaincre l’un ou l’autre par des mots inintéressants aux sens tragiques, cherchant dans l’auditoire à toucher la morale et l’éthique, à appeler des termes tel que l’honneur ou la miséricorde, bien inutiles ici. Je continue de semer les graines de la discorde, les arrosants de messes basses à celle qui se tient à mes côtés et de son lieutenant avide d’un pouvoir qu’il ne possédera jamais.
« Ne vous fiez pas aux apparences Reine Noire. Vous avez moins d’alliés que vous semblez le penser. Observez encore le doute qui saisit l’esprit de vos Lieutenants, le silence des uns, l’absence des autres. Observez le Prédateur Ultime, guéri par une Shaakt… Où sont ils d’ailleurs ? Caix Imorhos n’est-elle pas soumise à votre empire ? »
Je balaye cette remarque d’un léger signe de main, presque théâtralement, comme si elle n’avait pas d’importance avant de poursuivre, parlant sereinement malgré le chaos qui s’installe.
« Karsinar disais-je. Initiateur d’une mission où nous devions tuer le Roi. Un échec à cause de traîtres, présents parmi les aventuriers qu’il a sélectionné. La liche, ses larbins hérétiques, Ezak d’Arkasse, un sergent du Premier des Treize qui à présent hésite et un … barde que trimballait dans sa charrette ce Garzok bruyant pour satisfaire ses pulsions lubriques. »
Je marque une pause avant de reprendre, toujours à voix basse.
« Je ne vous demande pas de me faire confiance, ce serait hypocrite. Cependant, sachez que nous avons un objectif commun. Un objectif de destruction et de soumission.»
Oaxaca tourne alors la tête dans ma direction pour répondre calmement:
"Tous paieront. Shaakts, parjures et ignorants, absents et inactifs. Hésitants et calomnieurs. Nul ne se sortira de la Rage du Dragon. Uniquement ceux qui me seront fidèles à jamais."
« Alors nous avons un accord Reine Noire. »
Et alors que les graines germent pour accueillir les dernières effusions de sang de cette bataille, mon visage se fend d’un sourire cruel.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 1 (discussions).
- Sirat
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Re: Plaines de Kôchii
Il était dans le sang de la bataille, il hurlait, frappait quand tout d'un coup un vrombissement énorme percuta le sol. La terre raisonna toute entière et tous s'arrêtèrent, regardant stupéfaits l’épicentre du choc. Il était là, puissant, ailes déployées, rugissant, s’était le dragon noir. Le surplombant en appui sur sa tête, sa maîtresse Oaxaca toisait ces adversaires. Elle parla d’une voix cinglante que nul ne put ignorer.
Un silence de mort s'abattit alors sur la plaine, ni kendran, ni garzok ne bougèrent plus. Tous pétrifiés par cette apparition de mort.
Sirat et son adversaire restaient cote à cote immobile. Et pourtant, lui et cet homme du même âge, échangeaient depuis une vingtaine de minutes coup et parades.
L’homme spadassin émérite avait tenu tête a l humoran et le zélote appréciait à sa juste valeur ce guerrier.
Mais là devant ce spectacle les deux restaient les bras ballants.
Un grondement indescriptible venant des tréfonds de la terre sorti de la gueule du monstre, un souffle putride qui se répandit sur la plaine
Une nuée invisible de particules infiniment petites s’extirpa de ce gouffre d’enfer et ensemença chaque être se trouvant là.
Un frisson parcouru son échine tandis qu’il tenta de se protéger du poison.
L'homme attrapa le bras de l humoran, son regard terrifié, les yeux exorbités, implorant une aide, sa bouche ouverte cherchait un air qui ne venait plus.
Ses mains se crispèrent sur le zélote.
Qu'es qui t’arrive ?
Sirat essayait de lui venir en aide. Il coucha le soldat qui ne voulait pas le lâcher. Celui-ci l’entraîna dans sa chute tout en gémissant.
Son corps convulsait et semblait parcouru de spasmes horribles.
Arrête ! Arrête !
Il ne pouvait rien faire, la panique s'enlaçait autour de lui, l'étouffant et l’empêchant de réfléchir.
COUPABLE !
Puis dans un dernier sursaut, il se figea. Il fit quelques sons agonisants. Son visage semblait avoir vieilli de vingt ans. Ses yeux se révulsèrent, sa mâchoire tomba laissant apparaître une langue cramoisie.
Sirat se redressa, perturbé, pour voir l'hécatombe. Tous étaient fauchés par ce mal invisible.
TOUT EST DE TA FAUTE !
Il retira son casque, perdu, des larmes coulèrent le long de ses joues.
Pourquoi a t’elle fait ça…
Murmura-t-il horrifié
Il fit un pas, deux, puis ses jambes chancelèrent et il dut se rattraper à son arme pour ne pas tomber. Il avait le souffle coupé, devant lui tous ses corps morts et sans vie avait recouvert la plaine.
Un tapis de chair avait remplacé l'herbe et la terre.
Il remarqua son frère hagard, perdu comme lui devant se massacre.
Sa gorge brûlait, elle était sèche.
COUPABLE ! MEURTRIER !
Il voulait aller le voir, le prendre dans ses bras, lui dire que tout était fini, qu’il lui demandait pardon.
Mais il ne pouvait pas, n’était il pas lui aussi responsable.
TRAITRE !
Un doute naquit en lui, c’était il trompé ? Le temps et l’histoire, méritaient-ils un tel tribut ? Porquoi ces voix dans sa tête ? Pourquoi ?
Il frappa son visage énnervé, les yeux noyés dans les larmes.
Il jaugea cette fille sur son dragon, cette enfant capricieuse et bornée. Tout comme cette reine, cette Satina, écervelée qu’elle était ; si elle avait écouté ses conseils combien de vie aurait été sauvée.
Oui, il assumait, ce poids sur son cœur en était la preuve. Mais eux assumaient ils ?
Tant de bêtise l'accablait. Il serra ses poings, à s'en rompre les tendons. Une amertume le rongeait de l’intérieur.
Une pluie fine tomba sur ce sol inerte. Les cieux voulaient laver cette tache, l’estompé et l'oublié. Pourtant, elle était indélébile, elle salirait a jamais cet endroit.
Tout cela ne rimait à rien. Tout n’était que vantardise des uns coûtant la vie aux autres. Les peuples quelles qu’ils soient souffraient de monarques autoproclamés imbus de leur personne et défiant le temps et les dieux.
S’était il trompés ? Son esprit bouillonnait et le zélote était perdu dans cette tempête quand vint à lui toutes les réponses.
FOU ! ON DEVRAIT L'ENFERMER !
Au loin dans la neige, d’une brume dense apparurent alors ceux que Sirat craignait : l’armée grise.
Trop tôt pensa-t-il. Malgré le fait qu’il était satisfait de ne pas être fou. Il avait raison, Zewen le guidait. Mais à cette satisfaction s’ajoutât un nouveau problème, il fallait vaincre ou ne pas perdre.
Ou peut-être… Murmura-t-il pour lui-même
Il jaugea le dragon et la magicienne et s’avança prudemment.
« Magicienne, devant vous se dresse une ennemie puissante. En tant que zélote, je vous apporte mon aide pour défaire cette peste grise ! »
Elle n’entendait rien, sur de sons fait, elle la tuerait si cela était nécessaire.
Sirat marmonna « nous n’avons plus le choix sinon, ce sera la mort de notre monde » il la regarda « donner moi la force de vous aider, des hommes et des ordres et nous vaincrons! »
Elle ne lui donna pas d’ordre, mais simplement l'indication de protéger le dragon.
Sirat bougonnait, mais il comptait bien suivre cette dernière directive.
il lui fallait de l’aide et il eut une idée folle. Une idée impossible, mais qui laisserait des regrets si elle n’était pas tentée. tous devaient regarder ici en ce moment. Cela pouvait paraître orgueilleux, mais il craignait vraiment que les forces adverses soient plus fortes. Il posa son marteau sur le sol.
« Zewen, mon maître, donne moi la force nécessaire pour défendre le temps. Relaye mon message à tous les dieux présent à Nyr'tel Ermansi. Dieux ! Tous autant que vous êtes, prêtez attention à un simple mortel. c’est votre existence même qui se joue aujourd’hui, resterez vous silencieux ? Quand cette menace grise aura fini de répandre dans les cœurs son poison ; il n’y aura plus personnes pour vous prier, même cacher dans votre île, vous tomberez en désuétude, vous mourrez. Levez vos hérauts, apparaissez-leur et dites-leur de me rejoindre ; qu’ils me rejoignent et combattent pour votre survie. »
Oaxaca grogna derrière Sirat lorsqu'il adressa son message aux Dieux. Elle rétorqua froidement.
"Ils n'interviendront pas. Pas plus que votre aimé Zewen. Ils n'ont que faire des mortels. Moi, moi, je m'en charge. Je les juge et les punis, je les protège et les accueille."
Vous ne devriez pas blasphémer, vous n’êtes pas omnipotente, Zewen si! Et si je suis là, c’est qu’il vous observe. Allez-y, maintenant, accomplissez votre devoir et tuer cette chose au-dessus de cette armada grise.
"Hé bien qu'il observe ma victoire, du haut de sa tour de Cristal. La victoire des Ténèbres sur la Vie. Et gardez pour vous vos élucubrations : je n'ai de devoir que ceux que je me fixe, et aucune pseudo-déesse ne pourra m'en empêcher."
Le ton était monté, il frémit en pensant qu’il venait de tenir tête à Oaxaca elle-même.
C’EST UN L ACHE ! TRAITRE !
Pourquoi elles ne voulaient pas se taire. Une douleur l’étreignit le crâne, comme un étau et chaque voix, cri résonnait encore plus comme dans un hall d’une grande demeure.
Alors que Sirat respirait la truffe au vent, une série d'arrivée vint tout perturber encore une fois. Les faiseurs de malheur voilà comment il pouvait les nommer.
Cromax, transformé en dragon, arriva, à n pouvait ressentir son aura, on ne pouvait se tromper. Sur son dos juché deux amants, deux enfants, la petite shaakt et un jeune garçon, bellâtre à la Ezak . Le dragon gris se posa au sol sans changer de forme, kyosheki
Mais de derrière apparu Crean Lorener et Eldros suivis par Khynt et son armée, qui resta en retrait alors que le Modifié rattrapait le premier.
IL MÉRITE LA MORT ! PARIA !
La vue de Khynt le troubla. Celui qui l’avait jeté en pâture une fois fini la campagne d Aliaenon était devant lui. Son visage se déforma, L’expression de sa vengeance devait pourtant attendre, il devait servir Zewen, il avait fait trop de sacrifices pour en arriver là. Mais son thorax brûlait, son esprit fulminait et une seule chose l’étreignait : se jeter sur lui et le tuer.
Derrière eux, Azra, Ainsi que d’autres et Plume, accompagnée de Kurgoth, Tal'Raban et Aerq venaient quant à eux de l'ouest.
Karsinar et Sarl débarquèrent communément, les deux aux mines de fauves enragés, emplis de colère.
De derrière le dragon, une treize que beaucoup Sirat n'avait pas encore vu : Leona. Visage neutre et impérieux.
Tous autour de la reine noire, Sirat ne cessait de fixer cette ennemie dans le ciel sous son armée. Figé dans une immobilité cataleptique le zélote se torturait l'esprit pour savoir que faire et son esprit malade lui répondait par des hurlements et des accusations.
Silmeria se positionna devant cromax le nommant « mari » Sirat releva un sourcil surpris et celui-ci reprit sa forme humaine.
Kurgoth était crispé, ses yeux furieux toisaient tout le monde.
Finalement, c’est la colère de Oaxaca sur Karsinar qui le réveilla. Il était tombé si rapidement et tous se jetaient sur lui pour l’aider ou conseiller l’amante louve au supplice. Tout cela n’avait qu’un seul but, faire rejoindre Sarl et Karsinar leur cause. Peut lui importait, mais il trouvait ce procédé malhonnête delà part de défenseur d’une soit disant justice.
« Que de condescendance dans vos discours. »
MENTEUR ! Leurs regards sur lui, désapprobateurs, le transperçaient. Tous ils le toisaient !
Sirat regarde Sarl de son œil vide en tournant la tête.
«Sarl l’offre de Vandrak est toujours d’actualité. »
Elle lui répondit par un hochement de tête. Il n’y avait pas besoin de grand discours, sa proposition avait été faite en amont et sans aucune volonté de se servir d’eux et la louve comme Karsinar qui ne tarderait pas à se relever, grâce à un sort de la shaakt, le savaient.
Il regarda l’armée grise.
« Sir Rougine à raison,
L'humain s’était exprimé un peu plus tôt, sa pédante naturelle ne lui plaisait pas, mais ses propos pouvaient le servir.
il est temps de choisir un camp. Regarder en face et ne vous y trompez pas, c’est une armée d’envahisseurs, elle ne vient pas vous protéger, mais vous asservir. »
Il se tourna vers kyo et cromax la voix en paix, mais déterminée. Son regard chercha à capter le leurs pour essayer de se faire comprendre. Il avait besoin d’eux, pour combattre cette ennemie. Leur transmettre son angoisse ne pouvait les rassurer, mais en parlant avec honnêteté, peut-être…
PARIA ! PARJURE !
« Kyo je m’adresse à toi et Cromax car de loin vous êtes les plus sages et les plus amènent à comprendre. Écoutez moi pour une fois, j’ai essayé tout à l’heure de vous expliquer la situation, à vous et votre princesse. Il faut combattre cette ennemie, assurément la survie de toute chose et de notre identité en dépend. Je vous en conjure, allié vous à moi ne serait-ce qu’un temps. Faites-moi confiance. Si vous ne le faites pas alors partez les rejoindre et devenez leurs sbires. »
Il retourna son regard sur le centre de son affliction.
« Car ce combat est le plus important de tous. »
Mais comme réponse il n’eut qu’une promesse de mort de la part de Kurgoth qui le prenait pour un traître, mépris du dragon d ynorie qui ne lui porta a peine attention, la consternation et les reproches des amants.
toujours des reproches... FOU ! DELOYAL !
Leur rire dans sa tête, ils le regardaient... TU NE SERA JAMAIS UN HOMME ! Son père... Son visage se crispa.
Taisez vous !!
Chaque parcelle de son être s'irritait. Manipulateur ! Sort de l’ombre ! Expose ton plan ! Les réponses de lui Cromax résonnaient dans sa tête. Il ne put lui répondre, car il fut emmené sous bonne garde vers le nouveau front.
Une bagarre éclata, mais elle apparaissait comme un bruit éloigné pour l'humoran. Son esprit parcourait les solutions et les alternatives sans trouver de remède.
Les deux déesses devaient s’anéantir pour le bien du temps. Mais la période d’attente était interminable, l’échiquier était prêt. Sa frustration le dévorait de l’intérieur. Le regard de khynt l'empêchait d’être calme.
Il prit une grande inspiration alors qu’un orage éclatait. Il sentit les grosses gouttes frapper son visage et il les accueillit avec joie.
ON VA TE TUER !
Silence ! Fit-il pour lui-même
Il relâcha ses poings, se détendit.
MEURTRIER !
pas plus que les autres... je ne vous écoute plus.
Son coeur se calma.
TRAITRE !
Je suis loyal à mes convictions, à mon maître Zewen.
Il ouvrit les yeux, le visage s'était détendu, l'eau glissait sur son visage.
FELON !
Je suis prêt.
PA...
Il balaya ses doutes, observa le ciel gris.
Il allait attendre, patiemment voir ce que le destin allait réserver à ces mortels. Il était en phase avec lui-même, les voix s'étaient tue. Il respira l'air orageux, électrique, le regard apaisé. Il remit son casque et se décala du groupe lentement pour être en retrait.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion) + 0,5 (visions)]
Un silence de mort s'abattit alors sur la plaine, ni kendran, ni garzok ne bougèrent plus. Tous pétrifiés par cette apparition de mort.
Sirat et son adversaire restaient cote à cote immobile. Et pourtant, lui et cet homme du même âge, échangeaient depuis une vingtaine de minutes coup et parades.
L’homme spadassin émérite avait tenu tête a l humoran et le zélote appréciait à sa juste valeur ce guerrier.
Mais là devant ce spectacle les deux restaient les bras ballants.
Un grondement indescriptible venant des tréfonds de la terre sorti de la gueule du monstre, un souffle putride qui se répandit sur la plaine
Une nuée invisible de particules infiniment petites s’extirpa de ce gouffre d’enfer et ensemença chaque être se trouvant là.
Un frisson parcouru son échine tandis qu’il tenta de se protéger du poison.
L'homme attrapa le bras de l humoran, son regard terrifié, les yeux exorbités, implorant une aide, sa bouche ouverte cherchait un air qui ne venait plus.
Ses mains se crispèrent sur le zélote.
Qu'es qui t’arrive ?
Sirat essayait de lui venir en aide. Il coucha le soldat qui ne voulait pas le lâcher. Celui-ci l’entraîna dans sa chute tout en gémissant.
Son corps convulsait et semblait parcouru de spasmes horribles.
Arrête ! Arrête !
Il ne pouvait rien faire, la panique s'enlaçait autour de lui, l'étouffant et l’empêchant de réfléchir.
COUPABLE !
Puis dans un dernier sursaut, il se figea. Il fit quelques sons agonisants. Son visage semblait avoir vieilli de vingt ans. Ses yeux se révulsèrent, sa mâchoire tomba laissant apparaître une langue cramoisie.
Sirat se redressa, perturbé, pour voir l'hécatombe. Tous étaient fauchés par ce mal invisible.
TOUT EST DE TA FAUTE !
Il retira son casque, perdu, des larmes coulèrent le long de ses joues.
Pourquoi a t’elle fait ça…
Murmura-t-il horrifié
Il fit un pas, deux, puis ses jambes chancelèrent et il dut se rattraper à son arme pour ne pas tomber. Il avait le souffle coupé, devant lui tous ses corps morts et sans vie avait recouvert la plaine.
Un tapis de chair avait remplacé l'herbe et la terre.
Il remarqua son frère hagard, perdu comme lui devant se massacre.
Sa gorge brûlait, elle était sèche.
COUPABLE ! MEURTRIER !
Il voulait aller le voir, le prendre dans ses bras, lui dire que tout était fini, qu’il lui demandait pardon.
Mais il ne pouvait pas, n’était il pas lui aussi responsable.
TRAITRE !
Un doute naquit en lui, c’était il trompé ? Le temps et l’histoire, méritaient-ils un tel tribut ? Porquoi ces voix dans sa tête ? Pourquoi ?
Il frappa son visage énnervé, les yeux noyés dans les larmes.
Il jaugea cette fille sur son dragon, cette enfant capricieuse et bornée. Tout comme cette reine, cette Satina, écervelée qu’elle était ; si elle avait écouté ses conseils combien de vie aurait été sauvée.
Oui, il assumait, ce poids sur son cœur en était la preuve. Mais eux assumaient ils ?
Tant de bêtise l'accablait. Il serra ses poings, à s'en rompre les tendons. Une amertume le rongeait de l’intérieur.
Une pluie fine tomba sur ce sol inerte. Les cieux voulaient laver cette tache, l’estompé et l'oublié. Pourtant, elle était indélébile, elle salirait a jamais cet endroit.
Tout cela ne rimait à rien. Tout n’était que vantardise des uns coûtant la vie aux autres. Les peuples quelles qu’ils soient souffraient de monarques autoproclamés imbus de leur personne et défiant le temps et les dieux.
S’était il trompés ? Son esprit bouillonnait et le zélote était perdu dans cette tempête quand vint à lui toutes les réponses.
FOU ! ON DEVRAIT L'ENFERMER !
Au loin dans la neige, d’une brume dense apparurent alors ceux que Sirat craignait : l’armée grise.
Trop tôt pensa-t-il. Malgré le fait qu’il était satisfait de ne pas être fou. Il avait raison, Zewen le guidait. Mais à cette satisfaction s’ajoutât un nouveau problème, il fallait vaincre ou ne pas perdre.
Ou peut-être… Murmura-t-il pour lui-même
Il jaugea le dragon et la magicienne et s’avança prudemment.
« Magicienne, devant vous se dresse une ennemie puissante. En tant que zélote, je vous apporte mon aide pour défaire cette peste grise ! »
Elle n’entendait rien, sur de sons fait, elle la tuerait si cela était nécessaire.
Sirat marmonna « nous n’avons plus le choix sinon, ce sera la mort de notre monde » il la regarda « donner moi la force de vous aider, des hommes et des ordres et nous vaincrons! »
Elle ne lui donna pas d’ordre, mais simplement l'indication de protéger le dragon.
Sirat bougonnait, mais il comptait bien suivre cette dernière directive.
il lui fallait de l’aide et il eut une idée folle. Une idée impossible, mais qui laisserait des regrets si elle n’était pas tentée. tous devaient regarder ici en ce moment. Cela pouvait paraître orgueilleux, mais il craignait vraiment que les forces adverses soient plus fortes. Il posa son marteau sur le sol.
« Zewen, mon maître, donne moi la force nécessaire pour défendre le temps. Relaye mon message à tous les dieux présent à Nyr'tel Ermansi. Dieux ! Tous autant que vous êtes, prêtez attention à un simple mortel. c’est votre existence même qui se joue aujourd’hui, resterez vous silencieux ? Quand cette menace grise aura fini de répandre dans les cœurs son poison ; il n’y aura plus personnes pour vous prier, même cacher dans votre île, vous tomberez en désuétude, vous mourrez. Levez vos hérauts, apparaissez-leur et dites-leur de me rejoindre ; qu’ils me rejoignent et combattent pour votre survie. »
Oaxaca grogna derrière Sirat lorsqu'il adressa son message aux Dieux. Elle rétorqua froidement.
"Ils n'interviendront pas. Pas plus que votre aimé Zewen. Ils n'ont que faire des mortels. Moi, moi, je m'en charge. Je les juge et les punis, je les protège et les accueille."
Vous ne devriez pas blasphémer, vous n’êtes pas omnipotente, Zewen si! Et si je suis là, c’est qu’il vous observe. Allez-y, maintenant, accomplissez votre devoir et tuer cette chose au-dessus de cette armada grise.
"Hé bien qu'il observe ma victoire, du haut de sa tour de Cristal. La victoire des Ténèbres sur la Vie. Et gardez pour vous vos élucubrations : je n'ai de devoir que ceux que je me fixe, et aucune pseudo-déesse ne pourra m'en empêcher."
Le ton était monté, il frémit en pensant qu’il venait de tenir tête à Oaxaca elle-même.
C’EST UN L ACHE ! TRAITRE !
Pourquoi elles ne voulaient pas se taire. Une douleur l’étreignit le crâne, comme un étau et chaque voix, cri résonnait encore plus comme dans un hall d’une grande demeure.
Alors que Sirat respirait la truffe au vent, une série d'arrivée vint tout perturber encore une fois. Les faiseurs de malheur voilà comment il pouvait les nommer.
Cromax, transformé en dragon, arriva, à n pouvait ressentir son aura, on ne pouvait se tromper. Sur son dos juché deux amants, deux enfants, la petite shaakt et un jeune garçon, bellâtre à la Ezak . Le dragon gris se posa au sol sans changer de forme, kyosheki
Mais de derrière apparu Crean Lorener et Eldros suivis par Khynt et son armée, qui resta en retrait alors que le Modifié rattrapait le premier.
IL MÉRITE LA MORT ! PARIA !
La vue de Khynt le troubla. Celui qui l’avait jeté en pâture une fois fini la campagne d Aliaenon était devant lui. Son visage se déforma, L’expression de sa vengeance devait pourtant attendre, il devait servir Zewen, il avait fait trop de sacrifices pour en arriver là. Mais son thorax brûlait, son esprit fulminait et une seule chose l’étreignait : se jeter sur lui et le tuer.
Derrière eux, Azra, Ainsi que d’autres et Plume, accompagnée de Kurgoth, Tal'Raban et Aerq venaient quant à eux de l'ouest.
Karsinar et Sarl débarquèrent communément, les deux aux mines de fauves enragés, emplis de colère.
De derrière le dragon, une treize que beaucoup Sirat n'avait pas encore vu : Leona. Visage neutre et impérieux.
Tous autour de la reine noire, Sirat ne cessait de fixer cette ennemie dans le ciel sous son armée. Figé dans une immobilité cataleptique le zélote se torturait l'esprit pour savoir que faire et son esprit malade lui répondait par des hurlements et des accusations.
Silmeria se positionna devant cromax le nommant « mari » Sirat releva un sourcil surpris et celui-ci reprit sa forme humaine.
Kurgoth était crispé, ses yeux furieux toisaient tout le monde.
Finalement, c’est la colère de Oaxaca sur Karsinar qui le réveilla. Il était tombé si rapidement et tous se jetaient sur lui pour l’aider ou conseiller l’amante louve au supplice. Tout cela n’avait qu’un seul but, faire rejoindre Sarl et Karsinar leur cause. Peut lui importait, mais il trouvait ce procédé malhonnête delà part de défenseur d’une soit disant justice.
« Que de condescendance dans vos discours. »
MENTEUR ! Leurs regards sur lui, désapprobateurs, le transperçaient. Tous ils le toisaient !
Sirat regarde Sarl de son œil vide en tournant la tête.
«Sarl l’offre de Vandrak est toujours d’actualité. »
Elle lui répondit par un hochement de tête. Il n’y avait pas besoin de grand discours, sa proposition avait été faite en amont et sans aucune volonté de se servir d’eux et la louve comme Karsinar qui ne tarderait pas à se relever, grâce à un sort de la shaakt, le savaient.
Il regarda l’armée grise.
« Sir Rougine à raison,
L'humain s’était exprimé un peu plus tôt, sa pédante naturelle ne lui plaisait pas, mais ses propos pouvaient le servir.
il est temps de choisir un camp. Regarder en face et ne vous y trompez pas, c’est une armée d’envahisseurs, elle ne vient pas vous protéger, mais vous asservir. »
Il se tourna vers kyo et cromax la voix en paix, mais déterminée. Son regard chercha à capter le leurs pour essayer de se faire comprendre. Il avait besoin d’eux, pour combattre cette ennemie. Leur transmettre son angoisse ne pouvait les rassurer, mais en parlant avec honnêteté, peut-être…
PARIA ! PARJURE !
« Kyo je m’adresse à toi et Cromax car de loin vous êtes les plus sages et les plus amènent à comprendre. Écoutez moi pour une fois, j’ai essayé tout à l’heure de vous expliquer la situation, à vous et votre princesse. Il faut combattre cette ennemie, assurément la survie de toute chose et de notre identité en dépend. Je vous en conjure, allié vous à moi ne serait-ce qu’un temps. Faites-moi confiance. Si vous ne le faites pas alors partez les rejoindre et devenez leurs sbires. »
Il retourna son regard sur le centre de son affliction.
« Car ce combat est le plus important de tous. »
Mais comme réponse il n’eut qu’une promesse de mort de la part de Kurgoth qui le prenait pour un traître, mépris du dragon d ynorie qui ne lui porta a peine attention, la consternation et les reproches des amants.
toujours des reproches... FOU ! DELOYAL !
Leur rire dans sa tête, ils le regardaient... TU NE SERA JAMAIS UN HOMME ! Son père... Son visage se crispa.
Taisez vous !!
Chaque parcelle de son être s'irritait. Manipulateur ! Sort de l’ombre ! Expose ton plan ! Les réponses de lui Cromax résonnaient dans sa tête. Il ne put lui répondre, car il fut emmené sous bonne garde vers le nouveau front.
Une bagarre éclata, mais elle apparaissait comme un bruit éloigné pour l'humoran. Son esprit parcourait les solutions et les alternatives sans trouver de remède.
Les deux déesses devaient s’anéantir pour le bien du temps. Mais la période d’attente était interminable, l’échiquier était prêt. Sa frustration le dévorait de l’intérieur. Le regard de khynt l'empêchait d’être calme.
Il prit une grande inspiration alors qu’un orage éclatait. Il sentit les grosses gouttes frapper son visage et il les accueillit avec joie.
ON VA TE TUER !
Silence ! Fit-il pour lui-même
Il relâcha ses poings, se détendit.
MEURTRIER !
pas plus que les autres... je ne vous écoute plus.
Son coeur se calma.
TRAITRE !
Je suis loyal à mes convictions, à mon maître Zewen.
Il ouvrit les yeux, le visage s'était détendu, l'eau glissait sur son visage.
FELON !
Je suis prêt.
PA...
Il balaya ses doutes, observa le ciel gris.
Il allait attendre, patiemment voir ce que le destin allait réserver à ces mortels. Il était en phase avec lui-même, les voix s'étaient tue. Il respira l'air orageux, électrique, le regard apaisé. Il remit son casque et se décala du groupe lentement pour être en retrait.
[XP : 4 (hécatombe du dragon noir) + 1 (événement traumatisant) + 0,5 (discussion) + 0,5 (visions)]
Modifié en dernier par Sirat le mar. 9 nov. 2021 10:36, modifié 1 fois.
- TheGentleMad
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Re: Plaines de Kôchii
-----K-----
Alors qu'il approchait de la déesse au pied de son titanesque dragon, accompagné du nécromant, de l'espion et de l'assassine, le barbare aperçut un autre dragon approcher, plus petit, celui qui avait attaqué Sisstar au début de la bataille, Cromax. Reconnaissant l'une des silhouettes sur son dos, il la désigna aussitôt aux lieutenants de la reine noire.
"Je la reconnais ! C'est une ennemie qui était venue sauver le général Andelys ! Je vous avais bien dit que Cromax était un traître ! Il amène des ennemis devant la Cheffe de Guerre Suprême !"
N'écoutant déjà plus Tal'Raban qui sembla reconnaître l'un des passagers du dragon, il fonça en avant au pas de course pour s'interposer entre le traître et Oaxaca, brandissant son arme contre le félon.
"Cheffe de Guerre Suprême ! Faites attention ! Cet officier n'est qu'un traître et les deux sur son dos sont des ennemis ! La femelle est intervenue pour sauver le général humain après que Cromax soit venu pour sauver la princesse !"
Toute son attention portée sur le traître dragon, tant il se méfiait des sorts qu'un tel monstre pourrait lui envoyer, le garzok ne remarqua pas le reste des aventuriers assemblés alentours, à l'exception de l'assassine elfe qui se révélait être l'épouse du félon et des deux ennemis qui, sitôt pied à terre, osèrent s'en prendre verbalement aux lieutenants d'Oaxaca, traitant au passage cette dernière de folle. La déesse et ses lieutenants balayèrent d'un revers de la main les attaques verbales. La dirigeante suprême annonça que la mort attendait le félon, qui avait repris sa forme d'elfe, lorsqu'un autre traître se dévoila : Karsinar. Régissant aux paroles du nécromant, le Prédateur Ultime refusait à la reine noire le droit de prendre les vies de ses troupes via le dragon. Reconnu aussi tôt comme traître, il fut mis à terre, inconscient, d'un geste après que la divinité lui ait rappelé qu'elle possédait son âme. Tel était donc le pouvoir des dieux : pouvoir terrasser d'un geste les guerriers les plus massifs. Les ennemis se jetèrent aussitôt au secours du prédateur, l'elfe bâtarde en le soignant et l'humain en s'interposant comme un bouclier. Incapables de comprendre la précarité de leur situation, ils continuèrent de se montrer provocateurs, essayant même de rallier à eux les lieutenants présents en s'offusquant que l'on puisse tuer un traître sans sommation...
"Misérable vermine prétentieuse, comment osez vous?! Vous, de simples mortels, osez défier et critiquer les décisions des dieux alors que leur compréhension du monde dépasse de si loin votre pitoyable entendement. Vous n'êtes rien ! Votre volonté et vos désirs ne sont rien face aux volontés divines ! Quand le comprendrez-vous et cesserez de vous débattre en vain ? Vous devriez vous agenouiller et remercier les dieux de vous avoir épargné du souffle du dragon, les remercier de la considération qu'ils daignent vous porter ! Vous devriez les vénérer pour continuer de vous attirer leurs faveurs ! Mais vous préférez remettre leurs choix en question, les critiquer, tenter de vous opposer à eux, imbéciles que vous êtes."
C'est à ce moment-là que Kurgoth remarqua les autres ennemis qui s'étaient approchés de sa divine cheffe de guerre. D'abord le traître mort-vivant Azrael, un humain inconnu et le dragon d'or qui était venu sauver Andelys. Tous trois mirent en cause les compétences de dirigeante d'Oaxaca, allant pour certains jusqu'à invoquer une trahison de sa part envers son peuple tant leur compréhension de la guerre était fantaisiste, ce qui fit aussitôt réagir le garzok en armure.
"Tous ceux qui s'avancent sur le champ de bataille ont déjà offert leur vie à leur commandant ! Ceux que le dragon a tué étaient les faibles dont la bataille aurait eu raison, avant de se conclure. Un général n'a pour seul devoir que d'apporter la victoire à ceux qui se trouvent à l'arrière! Tous ceux qui l'ont suivi l'ont fait en acceptant de mourir pour la cause qu'ils défendent ! Garzoks, sektegs, liykors, n'avons toujours été considérés par les vôtres que comme du gibier, de la vermine à exterminer ou des prédateurs sauvages à chasser pour s'emparer de leurs territoires. Nous ne sommes pour vous que des animaux dont vous célébrez la mort ! Peu importe combien d'entre nous mourrons aujourd'hui ou de quelle façon, Oaxaca nous apportera la victoire et la vengeance des millénaires passés ! Nous la suivons, car elle seule a ce pouvoir, car elle seule nous accepte tous ! Et nous sommes tous prêts à mourir sous le souffle du dragon pour que les nôtres soient enfin libres de vivre sans être pourchassés comme des animaux ! Quel imbécile tu fais Azrael... Un mort-vivant tel que toi ne seras jamais accepté ailleurs que dans l'empire oaxien ! Pourquoi ne montres-tu pas ton visage à tes prétendus alliés pour voir tout le dégoût et le mépris que tu leur inspires ? Tu es toi-même la preuve que tes alliés n'en sont pas, qu'ils n'ont que trop bien appris à détester, chasser et massacrer les exclus comme toi ou moi. Cette haine aveugle est tant encrée en toi que, même après ta mort, elle continue de t'influencer et t'empêche de voir véritablement qui t'accepte tel que tu es, et qui te permettra de vivre ta non-mort sans avoir à la cacher, de voir avec qui tu devrais t'allier."
Tout juste avait-il fini son monologue que ses oreilles sifflèrent en entendant l'assassine refuser de considérer son amant comme un traître en se basant un les mots d'un garzok "biaisé" et oser intimer à des généraux de l'accompagner pour négocier avec l'ennemi comme si sa parole avait la moindre valeur. Tout comme le chevalier venait de balancer ses quatre vérités à la liche, il fit de même avec l'elfe qui flirtait avec la trahison en présence de la divine souveraine.
"Moi, biaisé ? Espèce d'elfe folle et écervelée, toute l'armée a vu cet officier félon attaquer la générale Sisstar au début de la bataille ! Tous ici l'ont vu apporter sur son dos ces ennemis qu'il aurait dû tuer sans la moindre hésitation durant la bataille ! Même sans mon témoignage, les preuves de sa trahison ne laissent aucun doute ! La seule biaisée ici, c'est toi, par les liens qui t'unissent à lui ! Tu ferais mieux d'ouvrir les yeux avant de trahir à ton tour... Et de t'excuser platement pour avoir osé commander aux généraux alors que tu n'es qu'une mercenaire."
L'idée que la fille de son dieu tutélaire puisse douter de sa parole et de sa fidélité le hanta tant, de par sa foi et les conséquences que cela pourrait avoir concernant le traître, que Kurgoth se tourna vers la sombre monarque pour lui réaffirmer sa fidélité et sa dévotion.
"Cheffe de Guerre Suprême, la trahison de cet officier n'est que pure vérité. Ne lui accordez aucune confiance. Je vous le jure sur ma vie et ma foi en votre père Thimoros, dont je suis un prêtre. Que votre oncle, le dévoreur des enfers, me prenne sur-le-champ si je vous mens."
Une dernière voix attira son attention en le faisant grincer des dents : celle de Celui-qui-chante. La mâchoire serrée, il écouta l'humoran, qui n'était plus à une trahison près, tenter de pactiser avec Sarl et les deux dragons ennemis, mais plutôt que s'en prendre à Oaxaca, il semblait davantage vouloir vaincre Brytha à tout prix. Il était donc encore possible de combattre à ses côtés... Jusqu'à la fin de cette bataille. Le garzok lui rappela donc que s'il ne l'attaquait pas sur-le-champ, il n'en serait pas de même une fois l'ennemi vaincu.
"Toi, je n'ai pas oublié comme tu as pactisé avec Cromax et la princesse. Une fois cette bataille terminée, tu recevras le châtiment des traîtres de ton espèce."
L'elfe étonnée se retourna un instant puis s'éloigna sans dire un mot, accompagnée d'Aerq et du dragon félon qui, après avoir fait une proposition à l'humoran, fit une menace à peine voilée au garzok. Celui-ci n'eut pas le temps de répondre au traître s'éloignant, l'elfe prépubère commençant à brailler des élucubrations insensées sur l'incapacité des dieux à communiquer avec les mortels et le fait qu'ils auraient abandonnés ce monde et n'influeraient plus sur les vies s'y déroulant, sûre d'elle comme si elle l'avait entendu des dieux eux-mêmes, quelle ironie. Alors qu'elle se mit à provoquer la divine souveraine en prétendant qu'elle ne la craignait aucunement parmi tant d'autres paroles blasphématoires, kurgoth la laissa tirer son épée dans un geste pathétique, répondant avec mépris.
"Des pigeons voyageurs pendant le sommeil... C'est comme ça qu'ils t'ont dit que ce monde n'est plus le leur, mais le tien ? C'est comme ça qu'ils t'ont dit que tu étais totalement libre de tes propres choix sans subir leur influence ? Toute cette haine qu'il y a en toi envers la Cheffe de Guerre Suprême est sûrement un délice pour Thimoros. En t'écoutant, on comprend pourquoi les elfes ont besoin de tant de temps pour devenir adultes..."
Le garzok avait en effet repéré un danger plus menaçant : l'ynorien colérique qui commençait à concentrer sa magie. Il referma donc son armet et, au moment d'abaisser sa visière, conclut :
"Tu veux tenter de tuer une déesse à toi seule, gamine ? Elle n'a pas besoin de moi pour t'écraser telle une blatte. J'ai mieux à faire."
Alors qu'il s'élançait pour neutraliser l'humain, il vit la liche envoyer son chien l'intercepter. Cela surprit le garzok puisque le nécromant félon proposait de s'allier à la cheffe de guerre suprême sous certaines conditions l'instant précédent. Il en fallait cependant plus pour perturber Kurgoth qui décida d'ajuster sa course pour toucher également ces deux nouvelles cibles, en plus de l'ynorien et du traître Karsinar. Il n'était pas à un ennemi près, tant pis pour eux.
HJ:Bélier rang3 sur Azra, Rendrak, Cherock et Karsinar en visant le haut du torse pour tout le monde.
1728mots
[XP : 0,5 (discussion)]- Azra
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Re: Plaines de Kôchii
Les treize autant que certains aventuriers... nombreux étaient ceux qui se tenaient là. Aucune trace d'Ezak, hélas... mais certains aventuriers apostrophaient déjà la déesse, tandis que le nécromancien gardait le silence. Ils étaient nombreux à dénoncer la conduite d'Oaxaca, mais la plus grande surprise vint de Karsinar, qui protesta d'une voix forte. Le barbare qui les avait envoyé massacré le roi ne semblait plus aussi sûr de son allégeance.
En réponse, Oaxaca le terrassa d'un sortilège. Aussitôt, Sarl, la liykor se rua sur lui en hurlant à la mort. Un humain et une sorte de shaakt lumineuse vinrent alors pour soigner le barbare, malgré le fait que leurs paroles témoignent de leur hostilité aux serviteurs d'Omyre. De son côté, Azra fit le tour, prenant bien soin de se tenir à l'écart de la déesse maudite, qui pourrait le tuer d'un seul regard et de ne pas s'approcher du dragon. Il y avait là nombre d'individu dangereux, et il ressentit un frisson en en voyant un en robe noir. Cela pouvait-il être... impossible à dire. Si Tal'Raban était présent, il avait bien changé par rapport aux souvenirs de Chandakar. Néanmoins, il s'agissait sûrement d'un des nécromanciens d'Oaxaca. Là encore, il resta à l'écart.
Il s'approcha de la liykor :
« Sarl... Je suis lord Azraël, celui que votre peuple connaît comme le « Vrai serviteur de la mort ». Il y a quelques mois de cela, j'ai combattu pour arrêter la profanation de votre cimetière des anciens... Vous avez pourtant tenus à rejoindre le camp des profanateurs... Je ne suis pas là pour vous le reprocher. Mais j'espère, sur le corps de cet homme et les innombrables victimes de votre peuple, que vous comprenez enfin votre erreur : Oaxaca ne vous apportera nulle reconnaissance. Je vais continuer à lutter pour préserver l'équilibre entre la vie et la mort. Battez-vous avec moi ou repartez sauver ce qui reste de votre peuple, selon votre convenance. Mais comprenez bien que, dans tous les cas, vous n'avez rien à attendre d'Omyre. »
Il n'avait guère besoin de convaincre la liykor, qui était déjà acquise à la cause de Karsinar. Celui-ci, d'ailleurs, fut soigné par un des mages blancs, dont le discours faisait preuve de bien plus de tolérance que bien d'autres. Pourtant, Kurgoth, qui était présent aussi, fit alors preuve d'une éloquence qui aurait presque été étonnante si le nécromancien ne commençait pas déjà à le connaître. Il l’interpella, rappelant qu'un mort-vivant n'aurait rien à gagner de la part des serviteurs de la lumière. Qu'Omyre était le seule endroit où il pourrait être en paix. Les discours fusaient, emprunts de fanatismes et de colère. Au milieu, Azra restait parfaitement calme, même s'il était troublé. Alors, soudain, ignorant l'ensemble, il se tourna vers Oaxaca :
« Le respect, et un endroit où vivre pour les opprimés... cela, je peux le comprendre. Si c'est vraiment votre idéal je peux le comprendre et même l'accepter. Je pourrais même me joindre à vous. Mais si la guerre et la souffrance sont tout ce que vous apportez, comment vous croire ? Vous avez démontré votre puissance, emporté des dizaines de milliers de vies ! Vos ennemis sont vaincus... Alors au nom de Phaïtos votre oncle, dites à votre dragon de relâcher les âmes. Et retirez-vous. Vous, les garzok, les sekteg... vous avez déjà un royaume où vivre tranquille. Vous êtes en position pour convaincre non seulement les souverains mais même les peuples, qui ont tant perdus, de ne plus s'attaquer à vous ! Vous avez commis des atrocités, mais celles-ci peuvent encore débouché sur une paix durable, et par là même, épargner la vie de bon nombre dans ces peuples que vous prétendez défendre. Retirez vos armés et renoncez à vos conquêtes. Traitez avec les chefs des autres royaumes de Nirtim. Montrez que vos déclarations bienveillantes ne sont pas que pures manipulations pour satisfaire vos ambitions, mais un réel souhait de voir votre peuple vivre en paix. Et alors, même moi, je me joindrais à vous. J'ai vécu un temps à Omyre. J'ai eu l'impression d'un chaos mortel et violent. Montrez-moi que je me suis trompé. Que vous n'êtes pas qu'une conquérante avide de sang, mais aussi une souveraine qui met fin à la guerre et ensuite œuvre au bien-être de son peuple. Et vos généraux n'auront plus à hésiter. Et moi-même, ainsi que mon ordre, je vous suivrais. »
La déesse ne semblait guère de cet avis. La soumission de tous était pour elle un prérequis indispensable. Mais Azra n'eut guère le temps d'en entendre plus : c'est à cet instant que Kurgoth chargea dans sa direction. Avec un rugissement de colère, Rendrak se précipita à sa rencontre, bouclier en avant, pour le percuter et le dévier d'Azra. Le nécromancien lui-même n'avait plus de temps de réagir, sauf peut-être pour l'esquiver. Dans un murmure amère, il lâcha :
« Au temps pour vos beaux discours... »
Il leva les yeux vers Kiyoheiky, le dragon d'or de l'Ynorie...
« Désolé, vieux compagnon. Je crois que nous allons mourir ensemble... » lâcha-t-il avec a tristesse fataliste d'un adepte du dieu de la mort prêt à faire face à son destin, qu'il vienne maintenant où dans les minutes qui suivront et par la volonté du dragon.
[XP : 0,5 (discussion)]
En réponse, Oaxaca le terrassa d'un sortilège. Aussitôt, Sarl, la liykor se rua sur lui en hurlant à la mort. Un humain et une sorte de shaakt lumineuse vinrent alors pour soigner le barbare, malgré le fait que leurs paroles témoignent de leur hostilité aux serviteurs d'Omyre. De son côté, Azra fit le tour, prenant bien soin de se tenir à l'écart de la déesse maudite, qui pourrait le tuer d'un seul regard et de ne pas s'approcher du dragon. Il y avait là nombre d'individu dangereux, et il ressentit un frisson en en voyant un en robe noir. Cela pouvait-il être... impossible à dire. Si Tal'Raban était présent, il avait bien changé par rapport aux souvenirs de Chandakar. Néanmoins, il s'agissait sûrement d'un des nécromanciens d'Oaxaca. Là encore, il resta à l'écart.
Il s'approcha de la liykor :
« Sarl... Je suis lord Azraël, celui que votre peuple connaît comme le « Vrai serviteur de la mort ». Il y a quelques mois de cela, j'ai combattu pour arrêter la profanation de votre cimetière des anciens... Vous avez pourtant tenus à rejoindre le camp des profanateurs... Je ne suis pas là pour vous le reprocher. Mais j'espère, sur le corps de cet homme et les innombrables victimes de votre peuple, que vous comprenez enfin votre erreur : Oaxaca ne vous apportera nulle reconnaissance. Je vais continuer à lutter pour préserver l'équilibre entre la vie et la mort. Battez-vous avec moi ou repartez sauver ce qui reste de votre peuple, selon votre convenance. Mais comprenez bien que, dans tous les cas, vous n'avez rien à attendre d'Omyre. »
Il n'avait guère besoin de convaincre la liykor, qui était déjà acquise à la cause de Karsinar. Celui-ci, d'ailleurs, fut soigné par un des mages blancs, dont le discours faisait preuve de bien plus de tolérance que bien d'autres. Pourtant, Kurgoth, qui était présent aussi, fit alors preuve d'une éloquence qui aurait presque été étonnante si le nécromancien ne commençait pas déjà à le connaître. Il l’interpella, rappelant qu'un mort-vivant n'aurait rien à gagner de la part des serviteurs de la lumière. Qu'Omyre était le seule endroit où il pourrait être en paix. Les discours fusaient, emprunts de fanatismes et de colère. Au milieu, Azra restait parfaitement calme, même s'il était troublé. Alors, soudain, ignorant l'ensemble, il se tourna vers Oaxaca :
« Le respect, et un endroit où vivre pour les opprimés... cela, je peux le comprendre. Si c'est vraiment votre idéal je peux le comprendre et même l'accepter. Je pourrais même me joindre à vous. Mais si la guerre et la souffrance sont tout ce que vous apportez, comment vous croire ? Vous avez démontré votre puissance, emporté des dizaines de milliers de vies ! Vos ennemis sont vaincus... Alors au nom de Phaïtos votre oncle, dites à votre dragon de relâcher les âmes. Et retirez-vous. Vous, les garzok, les sekteg... vous avez déjà un royaume où vivre tranquille. Vous êtes en position pour convaincre non seulement les souverains mais même les peuples, qui ont tant perdus, de ne plus s'attaquer à vous ! Vous avez commis des atrocités, mais celles-ci peuvent encore débouché sur une paix durable, et par là même, épargner la vie de bon nombre dans ces peuples que vous prétendez défendre. Retirez vos armés et renoncez à vos conquêtes. Traitez avec les chefs des autres royaumes de Nirtim. Montrez que vos déclarations bienveillantes ne sont pas que pures manipulations pour satisfaire vos ambitions, mais un réel souhait de voir votre peuple vivre en paix. Et alors, même moi, je me joindrais à vous. J'ai vécu un temps à Omyre. J'ai eu l'impression d'un chaos mortel et violent. Montrez-moi que je me suis trompé. Que vous n'êtes pas qu'une conquérante avide de sang, mais aussi une souveraine qui met fin à la guerre et ensuite œuvre au bien-être de son peuple. Et vos généraux n'auront plus à hésiter. Et moi-même, ainsi que mon ordre, je vous suivrais. »
La déesse ne semblait guère de cet avis. La soumission de tous était pour elle un prérequis indispensable. Mais Azra n'eut guère le temps d'en entendre plus : c'est à cet instant que Kurgoth chargea dans sa direction. Avec un rugissement de colère, Rendrak se précipita à sa rencontre, bouclier en avant, pour le percuter et le dévier d'Azra. Le nécromancien lui-même n'avait plus de temps de réagir, sauf peut-être pour l'esquiver. Dans un murmure amère, il lâcha :
« Au temps pour vos beaux discours... »
Il leva les yeux vers Kiyoheiky, le dragon d'or de l'Ynorie...
« Désolé, vieux compagnon. Je crois que nous allons mourir ensemble... » lâcha-t-il avec a tristesse fataliste d'un adepte du dieu de la mort prêt à faire face à son destin, qu'il vienne maintenant où dans les minutes qui suivront et par la volonté du dragon.
[XP : 0,5 (discussion)]
- Xël
- Messages : 338
- Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50
Re: Plaines de Kôchii
Le tableau est des plus étrange. J’ai encore du mal à y croire tant ça semble irréel. L’intendance est en bonne état, comme tout le reste d’ailleurs. Seul les cadavres qui parcourent le camp indiquent que quelque chose de terrible c’est passé. Je passe au milieu des regards horrifiés, des grimaces de terreur et des postures stupéfaites. L’intendance est tout aussi impeccable. Les potions et élixirs rangées soigneusement sur des étagères de fortunes en tréteaux et planches de bois brut sous une tente de toile qui claque au vent et frémis sous la pluie fine. A l’intérieur, je retrouve Ezak qui inspecte différentes fioles mais mon regard se fige sur l’intendant. Celui qui m’avait fourni l’équipement nécessaire avant mon départ pour le palais de la Roseraie. Allongé au milieu de la tente, les yeux grands ouverts. Je me fige en l’apercevant et ferme les yeux pour m’épargner la vue d’une face connue dans un tel état. Mauvaise idée, mon imagination dessine sur mes paupières closes les visages de mes plus proches camarades avec des grimaces d’horreurs. Cwen et sa chevelure rousse, Ed’ et son visage amusé arborant cette fois une mine effrayée, Thonas habituellement moqueur est cette fois désemparé, un air que je n’avais jamais vu sur sa tête à la joue marquée d’une cicatrice, et Trieli, la belle blonde à l’air impérieux que mon imagination décide de me montrer sous la forme d’une femme terrifiée, le regard exorbité aux joues trempées de larmes. Je prends une longue inspiration, ferme les poings, contrôlant mon flux magique bouillant pour ne pas le libérer sur l’instant. Je le canalise, lui intime l’ordre de rester dans mes veines en lui promettant que très bientôt il sera libre de se déchaîner. J’expire lentement, libérant une partie de ma rage et de ma frustration, effaçant les images que mon esprit me montre avant d’ouvrir les yeux pour me retrouver à nouveau face à face avec l’intendant. Je me penche au dessus de lui et passe une main sur son visage pour clore ses paupières.
« La tête vous tourne ? »
Les mots m’atteignent comme à travers un voile, me rappelant que je ne suis pas seul. Je tourne mon regard vers Ezak, apercevant son air inquiet.
« Non… Non c’est juste que je me fais à l’idée de devoir croiser beaucoup de visages connues avec cette grimace d’effroi. »
Il opine du chef, avouant quelques secondes après avoir reprit la fouille qu’il n’a pas osé affronter le regard de ses hommes, se demandant tout comme moi pourquoi nous, nous sommes encore en vie.
« Je doute que ce soit de la chance. »
Dis-je avant d’enjamber le corps sans vie pour choisir diverses potions. Je regarde d’abord celle que je reconnais, les rouges, au goût sucré pour pouvoir soigner mes blessures. Je repère ensuite les bleus, me permettant de remplir mes réserves de magie. J’inspecte ensuite ma gourde magique et en refait le plein tout en poursuivant.
« Peut être le destin… »
Pensais-je à voix haute. Me voilà encore à m’interroger sur ce fameux destin. Est-ce le destin de tous ces hommes et femmes de mourir si soudainement, de manière si imprévisible, de la magie implacable d’une créature de mort ? Mais dans quel but ?
« Le destin… Tss. J’aurais aimé qu’il consiste à autre chose que nous laisser en vie pour aller se se faire occire par un Dragon divin et son acolyte. »
Rétorque Ezak qui va soudainement se retourner vers moi.
« Ce que vous avez fait avec ce monstre tout à l’heure, prendre son contrôle, vous pourriez le faire avec le saurien ? »
J’y avais songé. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Est-ce que j’aurais pu sauver tous ces gens ? Non. J’ai hésité parce que je n’étais pas certain que ça fonctionne et parce que je ne voulais pas une telle créature entre mes mains. Par peur donc. Par peur j’ai condamné tout le monde.
« Si vous avez une rune « dompter » dans vos poches, je pourrais essayer. »
Je ne peux pas ramener les morts mais si j’ai une seconde chance d’en terminer avec ce dragon alors je ne la laisserais plus passer même si je doute de pouvoir contenir assez longtemps ce monstre avec une seule rune. Ezak hausse un sourcil et décroche une besace de sa ceinture pour en extirper des runes. J’observe les deux runes qu’il m’avoue ne pas connaître pour les identifier mais je sais déjà qu’aucune d’elle n’est la « dompter » lui avouai-je à mon tour.
« Il n’y a pas la rune qui nous intéresse. Mais même si c’est le cas je doute de pouvoir contenir une telle créature sous mon contrôle aussi longtemps que le Juggernaut. »
« Rien à avoir avec un dragon. Enfin… ce dragon. J’en ai vu, mais jamais des comme ça. »
Ezak réfléchit un instant
« En parlant de dragon… vous avez évoqué Naral tout à l’heure. Vous le connaissez bien ? »
Je poursuis ma fouille à la recherche d’autres potions interessantes tout en répliquant un peu sèchement.
« Je l’ai croisé de nombreuses fois sur Aliaénon. Nous ne sommes pas en très bon termes. »
« Le contraire m’aurait étonné. C’est l’effet qu’il fait aux gens en général. »
« Vous le connaissez aussi ? »
« Oh oui je le connais ! J’ai combattu plusieurs fois à ses côtés. Je l’ai même aidé à obtenir ses pouvoirs…. »
Je fige mon geste pendant un instant. Je connais le côté manipulateur du dragon rose. Est-ce que Ezak l’a aidé parce qu’il en a fait les frais ou parce qu’il est un allié de ce trouduc’ de Naral Shaam ?
« Lequel ? Celui qui lui permet de se transformer en dragon pour déchiqueter ceux qu’il n’arrive pas à manipuler ? Ou son souffle violet qui fait fondre les chairs de ceux qui veulent simplement défendre leur monde contre l’invasion d’Oaxaca ? »
Demandais-je d’un ton cynique, ma fouille venant de prendre une gestuelle plus colérique. ll incline la tête sur le côté, intrigué.
«Pas ceux là non. Celui qui lui a permit de sauver un peuple et des mages esclaves d’un puissant nécromancien et de nous libérer de la geôle dans laquelle Oaxaca nous avait envoyé croupir dans le but de nous torturer et nous dresser pour faire de nous ses misérables chiens… »
Il marque une pause, quelques secondes, avant de reprendre les poings serrés de colère et de frapper une table, renversant de nombreuses potions qui se brisent sur le sol.
« Et dire qu’elle va s’en sortir sans payer le fait d’avoir détruit ma vie. »
Je calme ma frustration. Ce n’est pas le moment de penser au dragon rose. Il y a des ennemis plus dangereux, plus important sur les quelles diriger ma hargne et ma rancoeur, cette boule de rage qui grandit dans mon ventre depuis Esseroth. Il est temps de la libérer.
« Oh je pense qu’aujourd’hui elle va payer. »
« C’est une demi-déesse juchée sur un Dragon divin. Si une armée n’a pas pu venir à bout d’eux que feront une poignée d’hommes et de femmes ? »
Il soupire un instant avant de reprendre un demi sourire triste.
« Nous allons probablement mourir Xël, mais je serais heureux de mener mon dernier combat aux côtés d’un fier et puissant Kendran… Vous pouvez compter sur mes lames. »
Je saisis une potion de magie que j’avale, remplissant entièrement mes réserves de magie avant de m’approcher du combattant.
« Maintenant il y a peu de choses qui peuvent m’empêcher d’utiliser le plein potentiel de ma magie. Est-ce que je peux emprunter votre lame rien qu’un instant ? »
Il lève un un sourcil avant de sortir ses deux lames et les tendre vers moi.
« Choisissez du sabre ou de l’épée. »
« Peu importe. »
Je choisis tout de même l’épée, plus habitué à tenir ce genre d’arme. Je remarque également son acier particulier, semblable à mon plastron. Il me suffit de la saisir délicatement pour comprendre que c’est bien du Faerunne. Je me concentre une bonne minute dessus sans rien dire. Visualisant dans mon esprit le même couloir de pierre que d’habitude, comme à chaque fois que je lance ce sort. Infusant ma magie dans son arme à travers des volutes grises qui s’échappent de mes mains pour s’infiltrer dans la lame. Je lui rends finalement l’épée en précisant.
« Soyez prudent. Quand vous en aurez besoin, ma magie pourra vous aider. C’est un des sort les plus destructeurs que je connaisse. Mais il blessera vos alliés comme vos ennemis. Il nous a servi à capturer Xenair et vaincre Gadory. »
Il me regarde, un peu ahuri.
« Vous avez capturé Xenair et vaincu Gadory ? Eh bien, vous n’avez pas usurpé votre réputation. »
Il va ensuite regarder son épée en l’observant de longues secondes comme si il essayait de déceler du changement puis il va la ranger dans son fourreau.
« Merci pour ce don. Je tenterais de l’utiliser avec parcimonie pour ne pas amputer nos chances déjà bien maigres. »
« N’hésitez pas si c’est nécessaire, même si je suis à proximité. Je serais en mesure de me protéger de ma propre magie. »
Je précise ensuite:
« Je ne l’ai pas fait seul. Jorus, l’homme dehors était là aussi. Faëlis l’Hïnion, c’est lui qui a réussi à planter une flèche entre les yeux de Gadory. Il y avait aussi une semi-Shaakt, Yliria. Mais je ne sais pas si elle a survécu au sort du dragon, je ne l’ai pas vu parmi les combattants encore debout… »
Une pointe de tristesse me perce à nouveau le coeur en imaginant son corps enchevêtré avec d’autres. Ezak incline la tête et me fait part de sa hâte de combattre avec eux avant d’engloutir une potion. A mon tour j’engloutis une nouvelle potion de magie pour être prêt au pire et récupère les derniers élixirs qui m’intéressent.
« Allons-y. »
(( Tentative d’identification des runes Aon et Tel d’Ezak. Lancement du sort transfert magique rang 5 pour enchanter sa lame de Faerunne avec le sort Particules destructrices rang 5. MàJ de l’inventaire: Tu peux retirer la rune dompter de mon inventaire. Tu peux aussi ajouter 1 énorme potion de mana (+16PM) et 2 énormes potions de soins pour un total de 16/16 potions. Je vais aussi récupérer 2 potions de clairvoyance et 1 potion de robustesse. Merci ))
[XP : 0,5 (discussion) + 0,5 (pillage et identification)
« La tête vous tourne ? »
Les mots m’atteignent comme à travers un voile, me rappelant que je ne suis pas seul. Je tourne mon regard vers Ezak, apercevant son air inquiet.
« Non… Non c’est juste que je me fais à l’idée de devoir croiser beaucoup de visages connues avec cette grimace d’effroi. »
Il opine du chef, avouant quelques secondes après avoir reprit la fouille qu’il n’a pas osé affronter le regard de ses hommes, se demandant tout comme moi pourquoi nous, nous sommes encore en vie.
« Je doute que ce soit de la chance. »
Dis-je avant d’enjamber le corps sans vie pour choisir diverses potions. Je regarde d’abord celle que je reconnais, les rouges, au goût sucré pour pouvoir soigner mes blessures. Je repère ensuite les bleus, me permettant de remplir mes réserves de magie. J’inspecte ensuite ma gourde magique et en refait le plein tout en poursuivant.
« Peut être le destin… »
Pensais-je à voix haute. Me voilà encore à m’interroger sur ce fameux destin. Est-ce le destin de tous ces hommes et femmes de mourir si soudainement, de manière si imprévisible, de la magie implacable d’une créature de mort ? Mais dans quel but ?
« Le destin… Tss. J’aurais aimé qu’il consiste à autre chose que nous laisser en vie pour aller se se faire occire par un Dragon divin et son acolyte. »
Rétorque Ezak qui va soudainement se retourner vers moi.
« Ce que vous avez fait avec ce monstre tout à l’heure, prendre son contrôle, vous pourriez le faire avec le saurien ? »
J’y avais songé. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Est-ce que j’aurais pu sauver tous ces gens ? Non. J’ai hésité parce que je n’étais pas certain que ça fonctionne et parce que je ne voulais pas une telle créature entre mes mains. Par peur donc. Par peur j’ai condamné tout le monde.
« Si vous avez une rune « dompter » dans vos poches, je pourrais essayer. »
Je ne peux pas ramener les morts mais si j’ai une seconde chance d’en terminer avec ce dragon alors je ne la laisserais plus passer même si je doute de pouvoir contenir assez longtemps ce monstre avec une seule rune. Ezak hausse un sourcil et décroche une besace de sa ceinture pour en extirper des runes. J’observe les deux runes qu’il m’avoue ne pas connaître pour les identifier mais je sais déjà qu’aucune d’elle n’est la « dompter » lui avouai-je à mon tour.
« Il n’y a pas la rune qui nous intéresse. Mais même si c’est le cas je doute de pouvoir contenir une telle créature sous mon contrôle aussi longtemps que le Juggernaut. »
« Rien à avoir avec un dragon. Enfin… ce dragon. J’en ai vu, mais jamais des comme ça. »
Ezak réfléchit un instant
« En parlant de dragon… vous avez évoqué Naral tout à l’heure. Vous le connaissez bien ? »
Je poursuis ma fouille à la recherche d’autres potions interessantes tout en répliquant un peu sèchement.
« Je l’ai croisé de nombreuses fois sur Aliaénon. Nous ne sommes pas en très bon termes. »
« Le contraire m’aurait étonné. C’est l’effet qu’il fait aux gens en général. »
« Vous le connaissez aussi ? »
« Oh oui je le connais ! J’ai combattu plusieurs fois à ses côtés. Je l’ai même aidé à obtenir ses pouvoirs…. »
Je fige mon geste pendant un instant. Je connais le côté manipulateur du dragon rose. Est-ce que Ezak l’a aidé parce qu’il en a fait les frais ou parce qu’il est un allié de ce trouduc’ de Naral Shaam ?
« Lequel ? Celui qui lui permet de se transformer en dragon pour déchiqueter ceux qu’il n’arrive pas à manipuler ? Ou son souffle violet qui fait fondre les chairs de ceux qui veulent simplement défendre leur monde contre l’invasion d’Oaxaca ? »
Demandais-je d’un ton cynique, ma fouille venant de prendre une gestuelle plus colérique. ll incline la tête sur le côté, intrigué.
«Pas ceux là non. Celui qui lui a permit de sauver un peuple et des mages esclaves d’un puissant nécromancien et de nous libérer de la geôle dans laquelle Oaxaca nous avait envoyé croupir dans le but de nous torturer et nous dresser pour faire de nous ses misérables chiens… »
Il marque une pause, quelques secondes, avant de reprendre les poings serrés de colère et de frapper une table, renversant de nombreuses potions qui se brisent sur le sol.
« Et dire qu’elle va s’en sortir sans payer le fait d’avoir détruit ma vie. »
Je calme ma frustration. Ce n’est pas le moment de penser au dragon rose. Il y a des ennemis plus dangereux, plus important sur les quelles diriger ma hargne et ma rancoeur, cette boule de rage qui grandit dans mon ventre depuis Esseroth. Il est temps de la libérer.
« Oh je pense qu’aujourd’hui elle va payer. »
« C’est une demi-déesse juchée sur un Dragon divin. Si une armée n’a pas pu venir à bout d’eux que feront une poignée d’hommes et de femmes ? »
Il soupire un instant avant de reprendre un demi sourire triste.
« Nous allons probablement mourir Xël, mais je serais heureux de mener mon dernier combat aux côtés d’un fier et puissant Kendran… Vous pouvez compter sur mes lames. »
Je saisis une potion de magie que j’avale, remplissant entièrement mes réserves de magie avant de m’approcher du combattant.
« Maintenant il y a peu de choses qui peuvent m’empêcher d’utiliser le plein potentiel de ma magie. Est-ce que je peux emprunter votre lame rien qu’un instant ? »
Il lève un un sourcil avant de sortir ses deux lames et les tendre vers moi.
« Choisissez du sabre ou de l’épée. »
« Peu importe. »
Je choisis tout de même l’épée, plus habitué à tenir ce genre d’arme. Je remarque également son acier particulier, semblable à mon plastron. Il me suffit de la saisir délicatement pour comprendre que c’est bien du Faerunne. Je me concentre une bonne minute dessus sans rien dire. Visualisant dans mon esprit le même couloir de pierre que d’habitude, comme à chaque fois que je lance ce sort. Infusant ma magie dans son arme à travers des volutes grises qui s’échappent de mes mains pour s’infiltrer dans la lame. Je lui rends finalement l’épée en précisant.
« Soyez prudent. Quand vous en aurez besoin, ma magie pourra vous aider. C’est un des sort les plus destructeurs que je connaisse. Mais il blessera vos alliés comme vos ennemis. Il nous a servi à capturer Xenair et vaincre Gadory. »
Il me regarde, un peu ahuri.
« Vous avez capturé Xenair et vaincu Gadory ? Eh bien, vous n’avez pas usurpé votre réputation. »
Il va ensuite regarder son épée en l’observant de longues secondes comme si il essayait de déceler du changement puis il va la ranger dans son fourreau.
« Merci pour ce don. Je tenterais de l’utiliser avec parcimonie pour ne pas amputer nos chances déjà bien maigres. »
« N’hésitez pas si c’est nécessaire, même si je suis à proximité. Je serais en mesure de me protéger de ma propre magie. »
Je précise ensuite:
« Je ne l’ai pas fait seul. Jorus, l’homme dehors était là aussi. Faëlis l’Hïnion, c’est lui qui a réussi à planter une flèche entre les yeux de Gadory. Il y avait aussi une semi-Shaakt, Yliria. Mais je ne sais pas si elle a survécu au sort du dragon, je ne l’ai pas vu parmi les combattants encore debout… »
Une pointe de tristesse me perce à nouveau le coeur en imaginant son corps enchevêtré avec d’autres. Ezak incline la tête et me fait part de sa hâte de combattre avec eux avant d’engloutir une potion. A mon tour j’engloutis une nouvelle potion de magie pour être prêt au pire et récupère les derniers élixirs qui m’intéressent.
« Allons-y. »
(( Tentative d’identification des runes Aon et Tel d’Ezak. Lancement du sort transfert magique rang 5 pour enchanter sa lame de Faerunne avec le sort Particules destructrices rang 5. MàJ de l’inventaire: Tu peux retirer la rune dompter de mon inventaire. Tu peux aussi ajouter 1 énorme potion de mana (+16PM) et 2 énormes potions de soins pour un total de 16/16 potions. Je vais aussi récupérer 2 potions de clairvoyance et 1 potion de robustesse. Merci ))
[XP : 0,5 (discussion) + 0,5 (pillage et identification)
- Akihito
- Messages : 335
- Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26
Re: Plaines de Kôchii
Dans le chapitre précédent...
HRP :
XP : 0,5 (discussion) + rune Taot
Evénement : La fin d'une ère.
40 : On ne négocie pas avec les fanatiques.
40 : On ne négocie pas avec les fanatiques.
De ses larges ailes draconiques, Cromax emmena le duo, suivit du Dragon d'or d'Ynorie, vers leur destin. De sa position élevée, Akihito voyait différents groupes se rapprocher des quatre coins du champ de bataille, autour d'Oaxaca au pied de son dragon de malheur. Les Treize avaient répondu à l'appel, comme l'attestaient la présence de Khynt et de Crean, accompagnés d'une silhouette humaine inconnue d’Akihito. Si le Premier semblait ruminer sa colère, avançant d'un pas sec vers sa reine, la générale fulguromancienne arborait elle un visage extatique. La désolation qui s'offrait à perte de vue lui plaisait apparemment, ce qui fit grincer des dents l'enchanteur. Et lui qui pensait pouvoir gagner la Modifiée à sa cause...
Non loin d'eux, c'était une femme à la peau très verte, entourée de végétation : Leona, si la mémoire d’Akihito ne lui faisait pas défaut. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle avait un contrôle unique sur la nature et la terramancie, et qu'elle était sans doute possible à l'origine de la muraille végétale ayant coupé le champ de bataille en deux. Karsinar et Sarl étaient présents, eux aussi : le Prédateur ultime se présentait évidemment sans sa hache et contrairement à sa collègue Khynt, lui était clairement furieux. La perte d'une partie non négligeable des forces sous son commandement devait y être pour quelque chose. A côté d'eux, les derniers Treize à répondre à l'appel se présentaient. En l'absence de Herle et suite à la mort de Gadory, celui tout vêtu de noir et dont l'apparence générale hurlait qu'il était un nécromant devait être Tal'Raban. Une autre silhouette se tenait à la même hauteur que lui, comme s'il était son égal : un homme habillé comme un bouffon, avec bonnet à grelots et vêtements bariolés. Cwedim ? Vallel ? Aerq ? Il ne connaissait que les Treize principaux ou distinctement identifiables, comme Karsinar ou Khynt. Un garzok et une hinïonne les suivaient, un peu en retrait. Eux aussi avaient survécus à la déferlante magique... Ils n'étaient donc pas à prendre à la légère.
Cromax se posa finalement, à côté de Tal'Raban et du Treize inconnu, face à Oaxaca. Akihito sauta de son dos, et ses bottes marchèrent sur le dos d'un fantassin Kendran. Ayant perdu son casque, les traits presque juvéniles du jeune soldat figés dans une expression de terreur absolue embrassèrent encore une fois sa colère, pour être douchée une nouvelle fois par la peur primaire. Brut. Immuable.
Le cadavre sous ses pieds. L'air. Les fines gouttes de pluie. Les poils hérissés sur la nuque humide de l'Ynorien. Tout semblait vibrer, dans ce grondement sourd, plus fort, plus profond, qu'avait entamé le Dragon noir. Se trouver si près de cette entité cauchemardesque tordit ses boyaux et lui donna envie de recracher ce qui lui restait dans l'estomac. A nouveau, la sensation de malaise qui l'avait submergé à la fin du premier chant lui revint en mémoire, terrible. L'impression que l'entièreté de ses sens n'avait fait plus qu'un seul corps à l'intérieur de son enveloppe physique. Et que ce double de lui avait tenté de s'échapper, cherchant à percer sa coquille charnelle pour répondre au pulsant chant mortel. Comme si... Comme si on avait tenté d'arracher son âme.
(Non... Ca peut pas être ça.) tenta de se persuader Akihito avant de se rendre à l'évidence : dans les légendes, le Dragon noir collectait les âmes pour son maître et créateur. Et c'était ce qu'il avait fait subir au champ de bataille tout entier : il avait extrait l'âme de dizaines, de centaines de milliers d'êtres vivants. Si ce n'était des millions, car les animaux n'avaient pas été épargnés. Seuls avaient été épargnés les Hinïons pour une raison inconnue, et la grande majorité des Garzoks car Oaxaca avait encore besoin d'une armée pour parfaire sa conquête et sa destruction du monde. Nul ne savait jusqu'où s'était étendue cette extraction... Et Akihito avait peur également de ce qu'il avait bien pu en faire, voyant que gorgés des âmes arrachées, son chant semblait un cran au dessus dans la puissance démentielle. L'Ynorie, Nirtim allait-elle être touché dans son intégralité, cette fois-ci ?
(Vous DEVEZ l'arrêter, Akihito. Quel qu'en soit le prix. L'avenir de ce monde pourrait bien en dépendre...)
La peur reflua, resta présente. Mais détermination et colère reprirent le contrôle de son corps, alors qu'il observait de nouveaux venus. Le général Throgg'Inn avait semble-t-il survécu, entouré de la poignée de Thorkins encore survivants. Le commandant Pérussac était là, lui aussi. Entouré d'une curieuse assemblée : une elfe, ce qui devait être une liche accompagné d'un squelette vaguement bestial caparaçonné dans une armure, et d'un jeune soldat dont la présence fit écarquiller les yeux d’Akihito. La jeune recrue, présente lors de la réunion du Roi Solennel IV, était encore en vie et prête à en découdre. L'Ynorien se senti honteux d'avoir si mal jugé le jeune homme à sa première apparition, l'estimant trop faible pour des missions aussi dangereuses. Faisant appel à sa mémoire, il grava son nom dedans : Tobias Arthès était fait du bois des héros, indubitablement. Nul doute que s'ils survivaient à cette bataille, il entendrait à l'avenir parler de lui. Un autre des aventuriers d'alors était présent : l'Humoran dont l'allégeance avait été mise ne doute par le Garde Royal Du Val. Et vu à sa façon de se tenir droit devant Oaxaca, tourné vers l'armée grise, les soupçons du Kendran s'étaient sans doute avérer vrais.
La présence de la liche l'inquiéta de prime abord, mais la voyant accompagner l'ex Duc Kendran, Akihito se convainquit qu'il était sans doute un allié. Sans doute.
"Je la reconnais! C'est une ennemie qui était venue sauver le général Andelys! Je vous avais bien dit que Cromax était un traitre! Il amène les ennemis devant la Cheffe de Guerre Suprême!"
Sans crier gare, le garzok accompagnant le maître des nécromants surgit et se plaça dans une parodie de protection entre Cromax et Oaxaca. Vraiment imposant même pour un garsok, dans une armure qui devait peser plus de quarante kilos tant elle était massive. L'absence de casque permit d'apercevoir son visage et Akihito avait déjà vu des visages laids, mais celui du fanatique qui continuait de s'adresser à sa "Cheffe de guerre suprême" venait de prendre la première place haut la main. La comparaison la plus flatteuse qu'il pouvait faire, c'était celle à un steak déjà trop cuit qu'on aurait laissé dans les flammes d'un feu de camp une bonne minute de plus. A même la cendre. Il l'ignora tout de même : il était de ceux trop aveuglés par leur foi ou leurs convictions pour entendre raison.
S'armant de son marteau et équipant son pavois, Akihito s'avança de quelques pas. Le combat était inévitable, c'était un fait. Mais les différents groupes se jaugeaient tous du regard, et l'enchanteur ne laissa pas passer cette chance. S'il brûlait d'enfoncer son marteau dans le visage rouquin d'Oaxaca, il voyait bien que ses actions ne semblait pas faire l'unanimité chez ses lieutenants. Aussi s'adressa-t-il à ceux qu'il avait eu pour mission d'assassiner, une trop longue semaine auparavant.
Il ouvrit la bouche, pour la refermer aussitôt après. L'hinïonne accompagnant les Treize s'était dirigée vers Cromax, arguant qu'il était son époux, qu'elle les sommait de descendre de ce dernier pour qu'il reprenne son apparence elfique. Avisant Yliria dans son dos, descendue juste après lui devant le ton indifférent mais lourd de signification de l'elfe blanche, il ne put s'empêcher de commenter la situation ubuesque qui se déroulait devant eux.
"Cromax a décidément des goûts bien particuliers en terme de femme."
Yliria répondit d'un haussement d'épaules désintéressée, avant de jeter son feu et de tancer avec beaucoup de sarcasme l'Humoran et Tal Raban chacun leur tour, qu'elle avait semble-t-il rencontré plus tôt. N'ayant pas ou peu à voir avec ce qu'elle disait, il ne s'en préoccupa pas plus et reporta son attention sur Crean et Khynt.
"Bien le bonjour, Généraux. Je serais bien resté dans votre cage si confortable à mourir de faim, mais il fallait que je vois de mes propres yeux la folie de votre déesse. C'est donc ça la "perfection" que vous cherchiez, Générale Khynt ? Un pouvoir si absolu qu'il annihile toute vie, même parmi les vôtres ?"
Il secoua la tête avant de parler plus fort, avec plus de colère. Il avait beau vouloir garder son calme, la situation ne l'aidait pas vraiment, pas plus que la désagréable sensation des cadavres sous ses pieds qui rendaient ses appuis un peu branlant et rappelait sans cesse l'horreur de la situation.
"Vous suivez une folle à lier qui rit, hilare, de la mort de ses ennemis comme de ses alliés ! Elle ne va semer que la destruction, la mort de toute chose ! Vous voulez diriger un tas de ruines fumantes et désertes ? Des cités fantômes emplies de cadavres ?! A moins que le prochain chant de ce foutu lézard de malheur ne vous emporte aussi !
- Et quoi d'autre ?! Un pouvoir absolu, décidant de la vie et de la mort de quiconque, annihilant jusqu'à l'âme de la cible. Pouvez-vous prétendre à mieux ? N'avez-vous ne fut-ce qu'une lointaine idée de ce qui pourrait surpasser cela ?"
Oaxaca pris alors la parole, répondant à Yliria qui l'avait identifiée comme la déesse des parjures.
"La déesse des forts, se dressant contre les oppresseurs. Exactement. Ceux qui devaient mourir son morts, ici. Et si vous êtes en vie, c'est que le Dragon Noir et moi-même avons un minimum de considération pour vous. Pour construire sur les cendres de ce monde déchu et décadent."
Akihito la détailla alors. S'il n'avait pas autant de haine à son égard, il l'aurait sans problème qualifié de belle femme, avec son teint d'albâtre, ses yeux noirs et sa chevelure flamboyante. Mais malheureusement, sa sombre armure d'Olath rappelait trop sa position, de même que ses détestables paroles. L'aider à reconstruire le monde à ses côtés ? Et puis quoi encore ? Elle attendait d'eux qu'ils se soumettent bien gentiment. Akihito préférait mourir que d'être à sa botte. Et il n'était visiblement pas le seul à penser qu'Oaxaca n'était pas une bonne dirigeante.
"Foutaises ! Nombre d'orques braves, d'hommes courageux et de Liykors valeureux sont morts aujourd'hui en plus du reste. De ceux qui étaient nos alliés. En aucun droit vous n'avez le droit, vous ou votre dragon, de leur ôter la vie impunément !"
Karsinar éructa, sous le regard surpris d’Akihito. S'il imaginait bien que l'honneur puisse être fondamental pour le général, il était loin de se douter qu'il surpasserait son allégeance à Oaxaca. Il remonta dans l'estime de l'enchanteur par ces simples paroles, bien qu'il le considérait toujours comme un des pires ennemis de l'Ynorie. Oaxaca, elle fut intraitable devant ce soulèvement : un souffle noir fusa, percutant colosse qui s'écroula sur le champ, au grand désespoir de la Liykor l'accompagnant qui semblait être liée à lui par un lien bien plus fort que celui d'alliés.
(Bordel, elle met même à mort ses plus fidèles lieutenants ?!)
Akihito fulminait. La loi de Valyus, qui dictait sa vie depuis des années, l'incitait à d'abord gronder, avant de foudroyer. Mais comment pouvait-il tenter d'éviter le conflit face à un être si abject ? Yliria se tendit à ses côtés, la situation ne lui plaisant pas plus qu'à lui. Elle s'adressa d'abord à Tal'Raban, lui répondant que la mort n'était pas un objectif, ni même un but : c'était la fin de tout. Et comme le dragon grondait puissamment, comment pouvaient-ils être sûr que la deuxième salve n'allaient pas les emporter non plus ? Puis elle eu un geste des plus singuliers : elle se dirigea vers Karsinar au sol, et sa main s'illumina alors qu'elle soignait le Prédateur ultime. Une guérison magique tenant presque du miracle, puisqu'elle guérit intégralement le général garzok, le soignant même des blessures infligées au prix fort par le fulguromancien. Il grimaça à moitié devant ce choix qui ne lui plaisait guère, mais Yliria finit de le convaincre.
"J'espère que cela vous ouvrira les yeux, à tous! Oaxaca ne sert qu'elle-même et peut lui importe que vous viviez ou non, car elle sera la seule à être debout à la fin et elle régnera sur un monde sans vie et sans âme. Sans partage. Sans aucun d'entre vous !"
Elle essayait de retourner ses partisans contre elle. Rallier les puissants combattants qu'étaient les Treize à leur cause, en commençant par celui qui s'était rebellé contre la déesse. Une stratégie audacieuse... Et désespérée. Mais avaient-ils seulement le choix ? Voyant la liche et son compagnon squelettique s'approcher d'eux, il les surveilla du coin de l'oeil pour reprendre son assaut verbal contre Khynt et Crean, mais avec un autre but.
"Un pouvoir absolu que vous ne toucherez jamais, même du doigt. Vous vous perdez dans votre propre démesure, Khynt. Vous étiez tellement plus crédible en parlant de la perfection du corps, son amélioration constante. Mais quand ce Dragon fauchera votre âme, vous n'aurez plus le loisir de perfectionner quoi que ce soit. Soyez réaliste, Yliria à raison : la mort et le chant de ce dragon scelleront vos objectifs. Et vous, Crean ? Vous n'êtes pas frustré de voir que la déesse que vous servez depuis tant d'années ne vous considère pas plus qu'un outil, un pion remplaçable ? Le général et commandant impétueux que vous êtes, enfant de cette même terre meurtrie, n'aurait pas sacrifié ses troupes sans broncher, encore moins en riant à gorge déployée. Pas alors qu'il aurait pu les sauver.
Khynt, comme le Garzok à la hache, étaient au delà de toute rédemption. Ils étaient persuadés de faire quelque chose de juste, de bon pour eux. Crean était lui encore retournable : lui semblait tirailler entre son allégeance et son honneur, et en proie au doute. Akihito essaya donc d'exacerber par ses paroles cet aspect du général. Histoire d'enfoncer le clou, il suivit Yliria et se plaça à ses côtés, faisant rempart de son corps le Prédateur au sol.
"Mon pouvoir absolu, c'est de vouloir protéger ce qui en vaut la peine. Protéger, c'est survivre. Survivre, c'est continuer d'avancer. Oaxaca veut annihiler cette possibilité, et je ne reconstruirai jamais un monde de cendres et de ruines sous les ordres de quelqu'un qui me sacrifiera pour un oui ou pour un non. Malgré tout le mal que je peux penser de Karsinar, je suis convaincu qu'il vaut mieux qu'Oaxaca car il se soucie de ceux qu'il dirige. Il a gagné mon bouclier, si futile soit-il. Et je pense la même chose de vous, général Crean. Malgré nos différents, vous valez mieux que ça."
(Me fait pas regretter mon geste, Karsinar.) rajouta pour lui Akihito alors qu'il le voyait du coin lentement se remettre debout. Pour disperser tout doute sur son soutien du moment, il lui jeta un regard.
"Je vous préfère mille fois comme ennemi avec un tant soit peu d'honneur que cette folle furieuse."
La liche arriva enfin, et loin de s'en prendre à eux elle se présenta sous le nom de Lord Azraël. Il avait aidé les Blackalangs par le passé, et il tentait lui aussi de convaincre Sarl de se joindre à eux contre Oaxaca. L'enchanteur n'était toujours pas rassuré par son apparence, mais au moins semblait-il digne de confiance. Tobias Arthès, qui l'accompagnait, eu quelques mots lancé à l'assemblée. Une déclamation qui sonnait juste et remarquablement bien construite, encore plus venant de la part d'un simple soldat de rang. Une nouvelle leçon d'humilité pour lui, qui fut rapidement douchée par l'intervention de l'Humoran.
"Il est temps de choisir un camp. Regardez en face et ne vous y trompez pas, c’est une armée d’envahisseurs, elle ne vient pas vous protéger, mais vous asservir.
Kyo je m’adresse à toi et Cromax car de loin vous êtes les plus sages et les plus amènent à comprendre. Écoutez moi pour une fois, j’ai essayé tout à l’heure de vous expliquer la situation, à vous et votre princesse. Il faut combattre cette ennemie, assurément la survie de toute chose et de notre identité en dépend. Je vous en conjure, alliez vous à moi ne serait-ce qu’un temps. Faites-moi confiance. Si vous ne le faites pas alors partez les rejoindre et devenez leurs sbires."
Comment. Comment pouvait-on déblatérer de telles conneries. Il voulait convaincre, mais ne donnait aucune raison de le croire autre que "Faites moi confiance". Et il osait dire que c'était Brytha, l'armée d'invasion ?! Mais quel CULOT !
"Vous. Vous étiez parmi nous quand le roi Solennel nous a missionné. Une armée d'invasion, Brytha ? Et celle d'Oaxaca c'est quoi, un putain de pique nique géant peut-être ? Tuer ceux qui se soumettent pas à elle c'est pas de l'asservissement ?! Et oh, bien sûr, puisque c'est quelqu'un qui nous a déjà tourné le dos, il faut le croire sur parole ! Je vais respecter mon engagement auprès de Ser Du Val : il avait raison, on aurait jamais dû vous faire confiance."
La colère enflait en lui, débordait. Il ne pouvait plus retenir ses phalanges de blanchir sur son arme, sur son bouclier, ni sa voix de trembler de tant de colère contenue. Des centaines de milliers de morts, peut être plus, et ces types continuaient de se voiler la face. Akihito n'entendit alors ni la sibylline déclaration du Dragon d'Or, pas plus qu'il ne réagit quand le bouffon des Treize glissa sa dague dans le dos de Cromax redevenu elfique pour le forcer à aller négocier avec Brytha, en compagnie de sa "fiancée". il n'entendit pas non plus les déclarations du type inconnu qui se mettait fièrement au même niveau que Khynt, à côté d'Oaxaca, prêtant tout deux leurs lames à la divine catin. Non, toute son attention se focalisa sur l'auto proclamé prêtre de Thimoros, le garzok à la hache au tranchant bien trop effilé. Sur son monologue, sa déclamation. Comme quoi, ils n'étaient que de la vermine qui ne pouvaient pas comprendre le dessein des dieux, de même qu'ils ne pouvaient s'y opposer. Il dédia même une partie de son discours à justifier les exactions d'Omyre, comme quoi les peuplades humaines ne les voyaient pas autrement que des bêtes sauvages qu'il fallait abattre, et qu'ils s'en donnaient à coeur joie. C'était le temple de Gaïa qui se foutait de la charité. Akihito explosa.
"Ferme la, le Garzok. C'est ton peuple qui attaque sans cesse le mien depuis des millénaires. Pas l'inverse, alors arrête de te placer comme un paria pour justifier vos actions innommables. Les raids ? Ils viennent d'Omyre, pas de l'Ynorie. Cette guerre ? Elle vient d'Omyre ! Et c'est nous qui voulons prendre vos territoires ?!"
Son bouclier remonta au niveau de son visage, de même qu'il laissa ses fluides courir librement dans ses veines, puisant avec hargne dans les runes du Marteau pour amplifier son pouvoir. Yliria semblait prête au combat elle aussi, enflammant sa rapière chitineuses de ses nouvelles flammes dorées. Sa bouche remua mais il n'entendait plus rien, consumé qu'il était par la rage. Le seul son qu'il entendait dans ses oreilles était le battement de son coeur, et le bruit sourd de ceux qui parlaient.
Précepte n°3 de Valyus : Si le grondement n'est point suffisant, tu abattras ton juste courroux comme la foudre divine s'abat sur le profanateur.
"Crean, faites honneur à votre statut de général, et admettez que vous n'êtes pas de ces cinglés prêts à se sacrifier pour une déesse capricieuse qui les traites comme du bétail ! Le temps des négociations est révolu, il faut mettre un terme à la folie d'Oaxaca !"
Un dernier utimatum fut lancé, alors qu’Akihito sonnait la fin des pourparlers stériles avec une déesse démente. Au dessus d'eux, du dragon, de la déesse et de ses lieutenants, de ceux venus pour l'arrêter, un nuage commençait à se former. Et son auteur se prépara à encaisser la charge du garzok. Il serait le premier à subir la fureur du fulguromancien, et du peuple gravement endeuillé auquel il appartenait.
Non loin d'eux, c'était une femme à la peau très verte, entourée de végétation : Leona, si la mémoire d’Akihito ne lui faisait pas défaut. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle avait un contrôle unique sur la nature et la terramancie, et qu'elle était sans doute possible à l'origine de la muraille végétale ayant coupé le champ de bataille en deux. Karsinar et Sarl étaient présents, eux aussi : le Prédateur ultime se présentait évidemment sans sa hache et contrairement à sa collègue Khynt, lui était clairement furieux. La perte d'une partie non négligeable des forces sous son commandement devait y être pour quelque chose. A côté d'eux, les derniers Treize à répondre à l'appel se présentaient. En l'absence de Herle et suite à la mort de Gadory, celui tout vêtu de noir et dont l'apparence générale hurlait qu'il était un nécromant devait être Tal'Raban. Une autre silhouette se tenait à la même hauteur que lui, comme s'il était son égal : un homme habillé comme un bouffon, avec bonnet à grelots et vêtements bariolés. Cwedim ? Vallel ? Aerq ? Il ne connaissait que les Treize principaux ou distinctement identifiables, comme Karsinar ou Khynt. Un garzok et une hinïonne les suivaient, un peu en retrait. Eux aussi avaient survécus à la déferlante magique... Ils n'étaient donc pas à prendre à la légère.
Cromax se posa finalement, à côté de Tal'Raban et du Treize inconnu, face à Oaxaca. Akihito sauta de son dos, et ses bottes marchèrent sur le dos d'un fantassin Kendran. Ayant perdu son casque, les traits presque juvéniles du jeune soldat figés dans une expression de terreur absolue embrassèrent encore une fois sa colère, pour être douchée une nouvelle fois par la peur primaire. Brut. Immuable.
MMMMMMMMRRRRRRRRRRRHH
Le cadavre sous ses pieds. L'air. Les fines gouttes de pluie. Les poils hérissés sur la nuque humide de l'Ynorien. Tout semblait vibrer, dans ce grondement sourd, plus fort, plus profond, qu'avait entamé le Dragon noir. Se trouver si près de cette entité cauchemardesque tordit ses boyaux et lui donna envie de recracher ce qui lui restait dans l'estomac. A nouveau, la sensation de malaise qui l'avait submergé à la fin du premier chant lui revint en mémoire, terrible. L'impression que l'entièreté de ses sens n'avait fait plus qu'un seul corps à l'intérieur de son enveloppe physique. Et que ce double de lui avait tenté de s'échapper, cherchant à percer sa coquille charnelle pour répondre au pulsant chant mortel. Comme si... Comme si on avait tenté d'arracher son âme.
(Non... Ca peut pas être ça.) tenta de se persuader Akihito avant de se rendre à l'évidence : dans les légendes, le Dragon noir collectait les âmes pour son maître et créateur. Et c'était ce qu'il avait fait subir au champ de bataille tout entier : il avait extrait l'âme de dizaines, de centaines de milliers d'êtres vivants. Si ce n'était des millions, car les animaux n'avaient pas été épargnés. Seuls avaient été épargnés les Hinïons pour une raison inconnue, et la grande majorité des Garzoks car Oaxaca avait encore besoin d'une armée pour parfaire sa conquête et sa destruction du monde. Nul ne savait jusqu'où s'était étendue cette extraction... Et Akihito avait peur également de ce qu'il avait bien pu en faire, voyant que gorgés des âmes arrachées, son chant semblait un cran au dessus dans la puissance démentielle. L'Ynorie, Nirtim allait-elle être touché dans son intégralité, cette fois-ci ?
(Vous DEVEZ l'arrêter, Akihito. Quel qu'en soit le prix. L'avenir de ce monde pourrait bien en dépendre...)
La peur reflua, resta présente. Mais détermination et colère reprirent le contrôle de son corps, alors qu'il observait de nouveaux venus. Le général Throgg'Inn avait semble-t-il survécu, entouré de la poignée de Thorkins encore survivants. Le commandant Pérussac était là, lui aussi. Entouré d'une curieuse assemblée : une elfe, ce qui devait être une liche accompagné d'un squelette vaguement bestial caparaçonné dans une armure, et d'un jeune soldat dont la présence fit écarquiller les yeux d’Akihito. La jeune recrue, présente lors de la réunion du Roi Solennel IV, était encore en vie et prête à en découdre. L'Ynorien se senti honteux d'avoir si mal jugé le jeune homme à sa première apparition, l'estimant trop faible pour des missions aussi dangereuses. Faisant appel à sa mémoire, il grava son nom dedans : Tobias Arthès était fait du bois des héros, indubitablement. Nul doute que s'ils survivaient à cette bataille, il entendrait à l'avenir parler de lui. Un autre des aventuriers d'alors était présent : l'Humoran dont l'allégeance avait été mise ne doute par le Garde Royal Du Val. Et vu à sa façon de se tenir droit devant Oaxaca, tourné vers l'armée grise, les soupçons du Kendran s'étaient sans doute avérer vrais.
La présence de la liche l'inquiéta de prime abord, mais la voyant accompagner l'ex Duc Kendran, Akihito se convainquit qu'il était sans doute un allié. Sans doute.
"Je la reconnais! C'est une ennemie qui était venue sauver le général Andelys! Je vous avais bien dit que Cromax était un traitre! Il amène les ennemis devant la Cheffe de Guerre Suprême!"
Sans crier gare, le garzok accompagnant le maître des nécromants surgit et se plaça dans une parodie de protection entre Cromax et Oaxaca. Vraiment imposant même pour un garsok, dans une armure qui devait peser plus de quarante kilos tant elle était massive. L'absence de casque permit d'apercevoir son visage et Akihito avait déjà vu des visages laids, mais celui du fanatique qui continuait de s'adresser à sa "Cheffe de guerre suprême" venait de prendre la première place haut la main. La comparaison la plus flatteuse qu'il pouvait faire, c'était celle à un steak déjà trop cuit qu'on aurait laissé dans les flammes d'un feu de camp une bonne minute de plus. A même la cendre. Il l'ignora tout de même : il était de ceux trop aveuglés par leur foi ou leurs convictions pour entendre raison.
S'armant de son marteau et équipant son pavois, Akihito s'avança de quelques pas. Le combat était inévitable, c'était un fait. Mais les différents groupes se jaugeaient tous du regard, et l'enchanteur ne laissa pas passer cette chance. S'il brûlait d'enfoncer son marteau dans le visage rouquin d'Oaxaca, il voyait bien que ses actions ne semblait pas faire l'unanimité chez ses lieutenants. Aussi s'adressa-t-il à ceux qu'il avait eu pour mission d'assassiner, une trop longue semaine auparavant.
Il ouvrit la bouche, pour la refermer aussitôt après. L'hinïonne accompagnant les Treize s'était dirigée vers Cromax, arguant qu'il était son époux, qu'elle les sommait de descendre de ce dernier pour qu'il reprenne son apparence elfique. Avisant Yliria dans son dos, descendue juste après lui devant le ton indifférent mais lourd de signification de l'elfe blanche, il ne put s'empêcher de commenter la situation ubuesque qui se déroulait devant eux.
"Cromax a décidément des goûts bien particuliers en terme de femme."
Yliria répondit d'un haussement d'épaules désintéressée, avant de jeter son feu et de tancer avec beaucoup de sarcasme l'Humoran et Tal Raban chacun leur tour, qu'elle avait semble-t-il rencontré plus tôt. N'ayant pas ou peu à voir avec ce qu'elle disait, il ne s'en préoccupa pas plus et reporta son attention sur Crean et Khynt.
"Bien le bonjour, Généraux. Je serais bien resté dans votre cage si confortable à mourir de faim, mais il fallait que je vois de mes propres yeux la folie de votre déesse. C'est donc ça la "perfection" que vous cherchiez, Générale Khynt ? Un pouvoir si absolu qu'il annihile toute vie, même parmi les vôtres ?"
Il secoua la tête avant de parler plus fort, avec plus de colère. Il avait beau vouloir garder son calme, la situation ne l'aidait pas vraiment, pas plus que la désagréable sensation des cadavres sous ses pieds qui rendaient ses appuis un peu branlant et rappelait sans cesse l'horreur de la situation.
"Vous suivez une folle à lier qui rit, hilare, de la mort de ses ennemis comme de ses alliés ! Elle ne va semer que la destruction, la mort de toute chose ! Vous voulez diriger un tas de ruines fumantes et désertes ? Des cités fantômes emplies de cadavres ?! A moins que le prochain chant de ce foutu lézard de malheur ne vous emporte aussi !
- Et quoi d'autre ?! Un pouvoir absolu, décidant de la vie et de la mort de quiconque, annihilant jusqu'à l'âme de la cible. Pouvez-vous prétendre à mieux ? N'avez-vous ne fut-ce qu'une lointaine idée de ce qui pourrait surpasser cela ?"
Oaxaca pris alors la parole, répondant à Yliria qui l'avait identifiée comme la déesse des parjures.
"La déesse des forts, se dressant contre les oppresseurs. Exactement. Ceux qui devaient mourir son morts, ici. Et si vous êtes en vie, c'est que le Dragon Noir et moi-même avons un minimum de considération pour vous. Pour construire sur les cendres de ce monde déchu et décadent."
Akihito la détailla alors. S'il n'avait pas autant de haine à son égard, il l'aurait sans problème qualifié de belle femme, avec son teint d'albâtre, ses yeux noirs et sa chevelure flamboyante. Mais malheureusement, sa sombre armure d'Olath rappelait trop sa position, de même que ses détestables paroles. L'aider à reconstruire le monde à ses côtés ? Et puis quoi encore ? Elle attendait d'eux qu'ils se soumettent bien gentiment. Akihito préférait mourir que d'être à sa botte. Et il n'était visiblement pas le seul à penser qu'Oaxaca n'était pas une bonne dirigeante.
"Foutaises ! Nombre d'orques braves, d'hommes courageux et de Liykors valeureux sont morts aujourd'hui en plus du reste. De ceux qui étaient nos alliés. En aucun droit vous n'avez le droit, vous ou votre dragon, de leur ôter la vie impunément !"
Karsinar éructa, sous le regard surpris d’Akihito. S'il imaginait bien que l'honneur puisse être fondamental pour le général, il était loin de se douter qu'il surpasserait son allégeance à Oaxaca. Il remonta dans l'estime de l'enchanteur par ces simples paroles, bien qu'il le considérait toujours comme un des pires ennemis de l'Ynorie. Oaxaca, elle fut intraitable devant ce soulèvement : un souffle noir fusa, percutant colosse qui s'écroula sur le champ, au grand désespoir de la Liykor l'accompagnant qui semblait être liée à lui par un lien bien plus fort que celui d'alliés.
(Bordel, elle met même à mort ses plus fidèles lieutenants ?!)
Akihito fulminait. La loi de Valyus, qui dictait sa vie depuis des années, l'incitait à d'abord gronder, avant de foudroyer. Mais comment pouvait-il tenter d'éviter le conflit face à un être si abject ? Yliria se tendit à ses côtés, la situation ne lui plaisant pas plus qu'à lui. Elle s'adressa d'abord à Tal'Raban, lui répondant que la mort n'était pas un objectif, ni même un but : c'était la fin de tout. Et comme le dragon grondait puissamment, comment pouvaient-ils être sûr que la deuxième salve n'allaient pas les emporter non plus ? Puis elle eu un geste des plus singuliers : elle se dirigea vers Karsinar au sol, et sa main s'illumina alors qu'elle soignait le Prédateur ultime. Une guérison magique tenant presque du miracle, puisqu'elle guérit intégralement le général garzok, le soignant même des blessures infligées au prix fort par le fulguromancien. Il grimaça à moitié devant ce choix qui ne lui plaisait guère, mais Yliria finit de le convaincre.
"J'espère que cela vous ouvrira les yeux, à tous! Oaxaca ne sert qu'elle-même et peut lui importe que vous viviez ou non, car elle sera la seule à être debout à la fin et elle régnera sur un monde sans vie et sans âme. Sans partage. Sans aucun d'entre vous !"
Elle essayait de retourner ses partisans contre elle. Rallier les puissants combattants qu'étaient les Treize à leur cause, en commençant par celui qui s'était rebellé contre la déesse. Une stratégie audacieuse... Et désespérée. Mais avaient-ils seulement le choix ? Voyant la liche et son compagnon squelettique s'approcher d'eux, il les surveilla du coin de l'oeil pour reprendre son assaut verbal contre Khynt et Crean, mais avec un autre but.
"Un pouvoir absolu que vous ne toucherez jamais, même du doigt. Vous vous perdez dans votre propre démesure, Khynt. Vous étiez tellement plus crédible en parlant de la perfection du corps, son amélioration constante. Mais quand ce Dragon fauchera votre âme, vous n'aurez plus le loisir de perfectionner quoi que ce soit. Soyez réaliste, Yliria à raison : la mort et le chant de ce dragon scelleront vos objectifs. Et vous, Crean ? Vous n'êtes pas frustré de voir que la déesse que vous servez depuis tant d'années ne vous considère pas plus qu'un outil, un pion remplaçable ? Le général et commandant impétueux que vous êtes, enfant de cette même terre meurtrie, n'aurait pas sacrifié ses troupes sans broncher, encore moins en riant à gorge déployée. Pas alors qu'il aurait pu les sauver.
Khynt, comme le Garzok à la hache, étaient au delà de toute rédemption. Ils étaient persuadés de faire quelque chose de juste, de bon pour eux. Crean était lui encore retournable : lui semblait tirailler entre son allégeance et son honneur, et en proie au doute. Akihito essaya donc d'exacerber par ses paroles cet aspect du général. Histoire d'enfoncer le clou, il suivit Yliria et se plaça à ses côtés, faisant rempart de son corps le Prédateur au sol.
"Mon pouvoir absolu, c'est de vouloir protéger ce qui en vaut la peine. Protéger, c'est survivre. Survivre, c'est continuer d'avancer. Oaxaca veut annihiler cette possibilité, et je ne reconstruirai jamais un monde de cendres et de ruines sous les ordres de quelqu'un qui me sacrifiera pour un oui ou pour un non. Malgré tout le mal que je peux penser de Karsinar, je suis convaincu qu'il vaut mieux qu'Oaxaca car il se soucie de ceux qu'il dirige. Il a gagné mon bouclier, si futile soit-il. Et je pense la même chose de vous, général Crean. Malgré nos différents, vous valez mieux que ça."
(Me fait pas regretter mon geste, Karsinar.) rajouta pour lui Akihito alors qu'il le voyait du coin lentement se remettre debout. Pour disperser tout doute sur son soutien du moment, il lui jeta un regard.
"Je vous préfère mille fois comme ennemi avec un tant soit peu d'honneur que cette folle furieuse."
La liche arriva enfin, et loin de s'en prendre à eux elle se présenta sous le nom de Lord Azraël. Il avait aidé les Blackalangs par le passé, et il tentait lui aussi de convaincre Sarl de se joindre à eux contre Oaxaca. L'enchanteur n'était toujours pas rassuré par son apparence, mais au moins semblait-il digne de confiance. Tobias Arthès, qui l'accompagnait, eu quelques mots lancé à l'assemblée. Une déclamation qui sonnait juste et remarquablement bien construite, encore plus venant de la part d'un simple soldat de rang. Une nouvelle leçon d'humilité pour lui, qui fut rapidement douchée par l'intervention de l'Humoran.
"Il est temps de choisir un camp. Regardez en face et ne vous y trompez pas, c’est une armée d’envahisseurs, elle ne vient pas vous protéger, mais vous asservir.
Kyo je m’adresse à toi et Cromax car de loin vous êtes les plus sages et les plus amènent à comprendre. Écoutez moi pour une fois, j’ai essayé tout à l’heure de vous expliquer la situation, à vous et votre princesse. Il faut combattre cette ennemie, assurément la survie de toute chose et de notre identité en dépend. Je vous en conjure, alliez vous à moi ne serait-ce qu’un temps. Faites-moi confiance. Si vous ne le faites pas alors partez les rejoindre et devenez leurs sbires."
Comment. Comment pouvait-on déblatérer de telles conneries. Il voulait convaincre, mais ne donnait aucune raison de le croire autre que "Faites moi confiance". Et il osait dire que c'était Brytha, l'armée d'invasion ?! Mais quel CULOT !
"Vous. Vous étiez parmi nous quand le roi Solennel nous a missionné. Une armée d'invasion, Brytha ? Et celle d'Oaxaca c'est quoi, un putain de pique nique géant peut-être ? Tuer ceux qui se soumettent pas à elle c'est pas de l'asservissement ?! Et oh, bien sûr, puisque c'est quelqu'un qui nous a déjà tourné le dos, il faut le croire sur parole ! Je vais respecter mon engagement auprès de Ser Du Val : il avait raison, on aurait jamais dû vous faire confiance."
La colère enflait en lui, débordait. Il ne pouvait plus retenir ses phalanges de blanchir sur son arme, sur son bouclier, ni sa voix de trembler de tant de colère contenue. Des centaines de milliers de morts, peut être plus, et ces types continuaient de se voiler la face. Akihito n'entendit alors ni la sibylline déclaration du Dragon d'Or, pas plus qu'il ne réagit quand le bouffon des Treize glissa sa dague dans le dos de Cromax redevenu elfique pour le forcer à aller négocier avec Brytha, en compagnie de sa "fiancée". il n'entendit pas non plus les déclarations du type inconnu qui se mettait fièrement au même niveau que Khynt, à côté d'Oaxaca, prêtant tout deux leurs lames à la divine catin. Non, toute son attention se focalisa sur l'auto proclamé prêtre de Thimoros, le garzok à la hache au tranchant bien trop effilé. Sur son monologue, sa déclamation. Comme quoi, ils n'étaient que de la vermine qui ne pouvaient pas comprendre le dessein des dieux, de même qu'ils ne pouvaient s'y opposer. Il dédia même une partie de son discours à justifier les exactions d'Omyre, comme quoi les peuplades humaines ne les voyaient pas autrement que des bêtes sauvages qu'il fallait abattre, et qu'ils s'en donnaient à coeur joie. C'était le temple de Gaïa qui se foutait de la charité. Akihito explosa.
"Ferme la, le Garzok. C'est ton peuple qui attaque sans cesse le mien depuis des millénaires. Pas l'inverse, alors arrête de te placer comme un paria pour justifier vos actions innommables. Les raids ? Ils viennent d'Omyre, pas de l'Ynorie. Cette guerre ? Elle vient d'Omyre ! Et c'est nous qui voulons prendre vos territoires ?!"
Son bouclier remonta au niveau de son visage, de même qu'il laissa ses fluides courir librement dans ses veines, puisant avec hargne dans les runes du Marteau pour amplifier son pouvoir. Yliria semblait prête au combat elle aussi, enflammant sa rapière chitineuses de ses nouvelles flammes dorées. Sa bouche remua mais il n'entendait plus rien, consumé qu'il était par la rage. Le seul son qu'il entendait dans ses oreilles était le battement de son coeur, et le bruit sourd de ceux qui parlaient.
Précepte n°3 de Valyus : Si le grondement n'est point suffisant, tu abattras ton juste courroux comme la foudre divine s'abat sur le profanateur.
"Crean, faites honneur à votre statut de général, et admettez que vous n'êtes pas de ces cinglés prêts à se sacrifier pour une déesse capricieuse qui les traites comme du bétail ! Le temps des négociations est révolu, il faut mettre un terme à la folie d'Oaxaca !"
Un dernier utimatum fut lancé, alors qu’Akihito sonnait la fin des pourparlers stériles avec une déesse démente. Au dessus d'eux, du dragon, de la déesse et de ses lieutenants, de ceux venus pour l'arrêter, un nuage commençait à se former. Et son auteur se prépara à encaisser la charge du garzok. Il serait le premier à subir la fureur du fulguromancien, et du peuple gravement endeuillé auquel il appartenait.
HRP :
- Utilisation de Orage terrifiant Rang 3 : 6 PM, 3 rendus si le sort passe (40 ou plus pour toucher, Magie classe principale).
- Statut :
- 20/20 PE.
- 8/16 PM.
- Sous Dopage Rang 3 (2h45 restantes).
XP : 0,5 (discussion) + rune Taot