Chapitre 14 - Maître Relonor.
VI.15 Par une nuit noire sanglante
Durant ce temps de repos, Relonor bavarde avec Carnie. L’un et l’autre se racontant des moments de leurs vies, même si l’elfe noir élude certains aspects sanglants et change quelque peu la vérité à d’autres moments. Il continue également d’expliquer certains mouvements qui pourraient être utile au garçon. C’est pendant un de ces moments où Relonor se prend pour un maître d’arme, que Naegrim fait irruption.
"C’est l’heure, rassemblez-vous !" Ordonne-t-il.
En sortant du bâtiment, l’elfe noir remarque qu’il est vidé de ses mercenaires. Dehors, la nuit est tombée et la fraîcheur du soir s’est bien installée. La petite troupe est arrêtée par le bras droit de la maîtresse pour quelques explications.
"On sort de la ville par petit groupe pour ne pas attirer l’attention. Dehors, vous serez guidez par d’autres. Ne vous faites pas remarquer, alors fermez-là et filez droit où vous ne toucherez rien !" Menace le shaakt.
Dès que le moment se présente, Relonor se dépêche pour être parmi les premiers à sortir et Carnie le suis de près. Une fois dehors, un aigle s’approche rapidement de nous pour les surprendre, avant de leurs tourner autour et de repartir là où il se trouvait.
"Woha, c’était quoi ça ?" Demande le jeune homme.
"Ca c’est une invitation à le suivre !" Répond l’elfe noir.
Il s’avance dans la direction de l’animal, suivi par les hommes venus avec lui. Ils y retrouvent une femme portant l’aigle sur son épaule qui leurs indique une nouvelle destination.
(Ca commence à m’agacer ce jeu de pistes !)
Heureusement pour l’elfe noir, la piste se termine rapidement, lorsqu’à l’orée d’un boit près non loin des cultures au nord de Kendra Kâr, la destination est atteinte en retrouvant le gros des mercenaires bien équipées de l’après-midi. Dans une ambiance visible grâce aux petites torches dont ils disposent, tous discutent et ne savent visiblement pas la raison de leur présence. Cependant ils savent bien qu’un tel rassemblement armé, on ne va pas demander une préparation à un festival. Du sang et des tripes sont au menu de cette nuit. La maitresse shaakt Istavari arrive finalement, escorté par Naegrim et quatre hommes avec des armures de qualité. Elle semble mettre un point d’honneur à se montrer avec ses plus beaux joujoux.
"Faisons ça rapidement !" Déclare Naegrim pour attirer l’attention.
"On va se séparer en trois groupes. Ezraël tu prends un groupe d’hommes par la droite. Iyérik, toi tu prends l’autre groupe et tu passes par la gauche. Attendez le signal pour agir. Quant aux autres qui étaient dans le sous-sol, vous venez avec moi. Exécution !"
Obéissants à l’ordre, les mercenaires se divisent en deux groupes éteignant leurs torches pour se fondre dans la nuit, laissant Istavari et Naegrim avec la garde rapprochée et une troupe de pouilleux, dont Relonor. Tout ce groupe se dirige avec le bras droit de la dame en tête. Le chemin est éclairé par les torches de deux gardes personnels de la dame, éclairant de chaque côté le chemin pour ceux qui ne sont pas à l’aise dans la noirceur de la nuit. Au total, pas moins d’une trentaine d’homme sont présent dans le groupe de l’enchanteur.
(Bordel mais c’est quoi ce délire ? Pourquoi laisser la maîtresse avec comme principale force des hommes même pas entraînés ?)
Durant la marche, Relonor se rapproche de Carnie.
"Reste près de moi, je n’aime pas ce qui va nous tomber dessus."
"Bien m’sieur Relonor." Répond-il, offrant un rictus de plaisir à l’enchanteur.
Ils arrivent à un important chêne à l’abri des regards, ou les attendent l’homme de l’hôtel des ventes : le seigneur Goron. Lui aussi est accompagné par l’elfe blanc et l’humaine que Relonor a croisés, mais également part quelques hommes en plus.
"Très chère c’est un plaisir de vous revoir. La douceur de la nuit caresse si bien votre…" Salue faussement le seigneur qui se fait arrêter par la shaakt.
"Trêve de bavardages et venons en aux faites ! Vous l’avez avec vous ?" Demande-t-elle.
Pour toute réponse, Goron donne d’un geste un ordre à l’hinïon qui part chercher l’objet de l’hôtel des ventes : le talisman d’Azakaël.
"Et vous très chère, avez-vous ce que nous avons convenu ?" Demande l’humain.
L’homme et l’elfe noire se toise du regard en attendant la réponse de cette dernière. Après quelques secondes de silence, elle finit par faire exploser la tension montante.
"Vous pensiez réellement que j‘accepterais un marché avec vous ? Vous êtes bien un humain pour être aussi sot ! Naegrim !"
Avec une vivacité stupéfiante, le bras droit de la maitresse lance une étrange poussière sur les torches, ce qui provoque un important changement de flammes, vertes et plus puissantes. Les elfes noirs affichent un large sourire qui se ternie avec les secondes qui passent sans changements notables.
"Mais que se passe-t-il ?" Grogne Istavari.
"Vous vous inquiétez pour les hommes que vous avez cachés ?" Demande le seigneur Goron, l’air faussement gêné.
"Je doute qu’ils soient en mesure de venir vous prêter main forte pour l’instant. Voyez-vous, j’ai moi aussi anticipé votre venue !"
"Meurt espèce de chien ! En avant vous autres !" Ordonne Naegrim.
Parmi la garde rapproché de la shaakt, seul deux hommes restent près d’elle. Le reste part se battre, accompagné des hommes récemment engagés. Suivi de Carnie, Relonor fait de même et s’avance sur la ligne de front, bouclier et épée en main.
(Je comprends à présent. Ces hommes-là ne servaient que de leurre, laissant croire qu’il s’agissait-là de notre force principale. Sauf que le plan s’est retourné contre nous et vu leur efficacité, ils serviront au mieux de chair à canon !)
Le choc des lames est rude. Une multitude de coups, fer contre fer, génère une cacophonie que seuls les râles des vaincus brisent. Afin de se donner un avantage, Relonor mobilise sa magie sombre dans sa lame.
(Une imprégnation de vent m’offre un léger avantage face aux adversaires plus rapides que moi. Voyons voir ce que ma magie d’ombre me permet.)
En plus de son arme élémentaire, il use également de sa magie aérienne pour accélérer ses mouvements, tant offensifs que défensifs. Dans la mêlé, ses coups touchent plus facilement, bien que son arme ne pénètre qu’à peine face à une armure plus résistante de ses opposants. Parés pour un rude combat, les hommes de Goron sont équipés avec un ensemble de protections lourdes pour la majorité. Pourtant, même léger, les blessures qu’il provoque paraissent plus douloureuses qu’elles ne semblent en réalité. Ceux touchés par la lame gorgée de magie, préfère s’en prendre à d’autres adversaires moins problématiques et confiant dans leur équipement en brandissant deux boucliers lourds face à lui. Une erreur que le shaakt s’empresse de mettre à profit.
Désormais face à des protections qui ne contre-attaquent pas, l’enchanteur puise dans ses sombres pouvoirs pour faire appel aux âmes défuntes. L’une d’elles répond à son ordre et vient prendre place dans le corps de l’elfe noir. Un premier coup au lourd pavois fait fléchir celui qui le porte, engendrant une blessure au torse pour punir l’enchanteur pour son manquement. Accueillir une âme offre un avantage, mais le prix à payer est la douleur. Si le possédé n’en est pas le générateur, il en devient la source et une blessure bénigne se fait sentir sur le torse de Relonor. Ce n’est qu’en réitérant un coup puissant par le haut, qu’il parvient à défaire la prise de son adversaire, le touchant gravement à l’épaule.
Malgré la douleur qu’il subit par l’arme maudite, l’homme qui lui fait face ne peut ignorer le danger que représente le shaakt. Epée en main gauche et protection dans l’autre, les regards des deux guerriers se croisent, bataillant férocement dans un duel d’intimidation muet. L’épaule portant le pavois étant grièvement blessée, la protection offerte s’en voit diminuée. Bouclier contre bouclier, Relonor accentue son ascendant en cherchant une faiblesse dans la garde de son adversaire. Du bout de sa lame, il parvient à blesser son adversaire, retardant l’aggravation de sa blessure de possession. Malheureusement, il subit un contre adverse et manque de peu de recevoir une autre blessure grave. Le sang coule, mais cela reste encore acceptable dans un affrontement où sa propre vie est en jeu. L’elfe noir poursuit ses assauts par une frappe en biais, visant l’épaule armée. L’épée adverse vient à la rencontre de sa consœur et même s’il n’est pas en mesure de parer efficacement le coup, l’imposante protection vient le couvrir d’éventuels dégâts, augmentant à nouveau le cran d’aggravation de la plaie maudite.
(Par Phaïtos, encore un peu plus et je serais dans l’obligation d’interrompre le sortilège !)
Mû par la rage, le shaakt puise dans sa colère la force d’atteindre son adversaire dans la jointure du genou. L’homme fléchit. Son bouclier devient trop difficile à tenir, mais son épée est toujours présente. Pour autant, cette position à terre est une vision particulièrement délectable pour Relonor. Voir son adversaire ainsi soumis, attise son désir de démontrer sa force, sa domination face à un combattant qui ne peut que le regarder d’en bas, se concrétisant en un seul et unique acte : massacrer sans pitié. Il met toute sa force pour frapper l’humain et lui offre un magnifique présent sanglant, de l’épaule gauche jusqu’au milieu du thorax dans un hurlement de souffrance. L’elfe noir pourrait se délecter d’autant de désespoir de son adversaire, mais le sortilège qu’il le possède l’en empêche, il devait répandre la souffrance physiquement. Qu’importe, il frappe encore et encore, jusqu’à ce que le guerrier au pavois, ne soit plus en mesure de ressentir la moindre douleur.
Dès cet instant de vie s’échappant du corps, l’enchanteur se tourne rapidement sur une autre cible. Son combat l’a éloigné des autres sans qu’il s’en rende compte et il recevra une nouvelle aggravation avant d’être en mesure de respecter l’accord qu’implique le sombre sort sur un ennemi. Il se rapproche des affrontements en déviant légèrement sa course. Cela lui permet d’atteindre un des hommes qui se bat à ses côtés, repoussé en arrière par un coup puissant, avant de devoir payer le coût maudits. D’un geste vif, sa lame lui ouvre le flanc dans une gerbe se sang si importante, qu’il en sera mortellement privé d’ici peu. Même s’il vient de sonner le glas d’un allié, cela permet au shaakt de retarder une nouvelle aggravation maudite et ça, c’est le plus important.
Il arrive de nouveau en pleine mêlée et aide à sa façon. Plutôt que de prêter main forte pour reprendre l’ascendant contre des adversaires, il préfère attaquer de côté un soldat déjà bien acculé. Sa lame lui traverse la gorge et ne laisse en guise de dernières déclarations, quelques gerbes de sangs avant de s’effondrer. Ce n’est qu’après qu’il réalise son erreur. Le désir de suivre ses pulsions meurtrières au dépend d’une stratégie globale, se résume par une situation de danger où se trouve le jeune Carnie. Ne voulant pas perdre son investissement, Relonor se rue vers le jeune garçon et un pare in-extremis un coup mortel grâce à sa lame. Malheureusement, il n’a le loisir de voir la gratitude du jeune humain. Porté dans son élan, il ne peut frapper et aggrave sa blessure maudite, au point où elle devient une gêne particulière. A cause de cela, il n’arrive pas à garder sa stabilité et reçoit une profonde entaille à la cuisse. Dressé devant le garçon et se protégeant tout deux du bouclier, l’enchanteur se voit obligé de rompre son sort pour ne pas risquer de subir une blessure trop handicapante, voir mortelle.
Il brandit son bouclier pour bloquer un coup de taille, puis use de son arme pour parer une frappe visant sa tête. Cependant ce deuxième coup, le pousse à forcer sur sa jambe blessée, l’obligeant à ployer le genou. Ironie du sort, voilà le shaakt humilié le genou à terre, afin de protéger un jeune humain rencontré quelques heures auparavant. Au moins celui-ci se prouve son utilité en enfonçant sa lame dans le ventre de son adversaire. Courbant le corps par la douleur, il reçoit un coup venant d’un allié passant par là, commettant un crime inadmissible : lui voler sa vengeance, en ôtant la vie de celui qui l’a forcé à se prosterner.
"Vous allez bien m’sieur Relonor ?" Demande Carnie, aidant l’elfe noir à se relever.
Pour toute réponse le shaakt ne fait que grogner, manipulant ses énergies sombres avant qu’une tête volante ne vienne l’interrompre. C’est grâce à une chance inouïe, qu’il parvient à bloquer un coup en se retournant vivement. Une arme vient frapper le bouclier de l’enchanteur et une seconde frôle son plastron sur sa droite. L’hinïon, le guerrier du seigneur Goro ! Particulièrement habile, l’elfe blanc manie une lame dans chaque main avec une adresse horripilante, comme une guêpe qui vous agresse sans être en mesure de la claquer entre les mains. Face à un adversaire plus fort que lui, compte tenu de son état physique actuelle, l’elfe noir concentre ses efforts dans une défense totale, attendant un moment plus propice. Quelques coups parviennent cependant à toucher, mais les blessures restent légères.
"Dame Elover !" Déclare soudainement l’elfe blanc particulièrement fort.
L’instant d’après, une énergie vient englober le guerrier et génère de puissants courants d’air. Reconnaissant là la furie zéphyrienne, sort d’aéromancie connu de l’enchanteur, Relonor sait qu’il va passer un mauvais moment. En supériorité technique, le guerrier frappe avec une vitesse qui prend au dépourvu le shaakt. La guêpe multiplie ses coups et c’est face à un essaim entier que l’elfe noir tente en vain de lutter. Avant que le sort ne se rompe, l’Hinïon parvient à complètement prendre l’ascendant sur le shaakt qui voit bouclier et épée repoussées en arrière. Le torse uniquement protégé par son plastron, l’elfe blanc a tout le loisir de lacérer la poitrine de son adversaire, dessinant une profonde croix sanglante. Incapable de résister, Relonor se laisse tomber à la renverse. Lorsqu’il atteint le sol, son ennemi est déjà passé à l’opposant suivant.
"M’sieur Relonor ! M’sieur Relonor !" Déclare une voix qui se rapproche de lui. La tête de Carnie apparaît devant le visage de l’elfe noir, inquiet en observant les blessures.
"Vous allez pas mourir hein m’sieur Relonor ?"
L’enchanteur parvient à attraper l’enfant par le col et tente de le rapprocher pour lui parler.
"Non je…je ne vais pas mou…mourir si…si tu m’aides !" Répond-il difficilement.
"Dites-moi ! Vous avez une potion c’est ça ?" S’inquiète l’enfant dont l’angoisse grandit, en pensant qu’il est l’unique être qui peut sauver la vie du seul homme qu’il peut considérer comme un mentor.
"Je dépends de...toi, j’ai besoin que tu me fa…fasses confiance d’accord ?" Renchérie le shaakt.
"Bien sûr ! Tout ce que vous voudrez !" S’exclame l’enfant.
Pour seule réponse, une volute noire émane des blessures shaakt et enveloppe Carnie, comme une main de fumée agrippant un frêle oisillon. Les plaies se referment au même rythme qu’elles apparaissent sur le corps du petit oiseau, qui ne peut échapper à son destin. Tandis que l’elfe noir se redresse, recouvrant la pleine possession de ses moyens et inspirant à pleins poumons, l’oisillon est prostré de douleur par le mal qui l’accable, refermant ses ailes contre lui dans le futile espoir qu’il ira mieux. Ainsi l’enfant vient de prouver son utilité, ainsi que le dur labeur de Relonor pour gagner la confiance du malheureux. Il vient de faire le don de sa vie pour servir les désirs macabres de l’elfe noir. Ce dernier regarde ce petit oiseau qui n’a désormais plus rien à lui offrir et n’aura plus jamais l’occasion de déployer ses ailes.
Sans le moindre remord, le shaakt délaisse le garçon pour s’intéresser au combat. Il est certes dans une forme excellente, mais l’Hinïon ne sera pas plus facile à battre pour autant. La magie qui l’a enveloppé n’émanait pas de lui. Il faut un laps de temps pour concentrer la magie et même si l’enchanteur n’arpente que depuis peu ce domaine mystique, il en a la certitude : la source de magie venait d’ailleurs.
(Dame Elover ! Ce fumier a demandé de l’aide pour accroître ses capacités. Pas étonnant qu’il ait été en mesure de se battre sans interruption. Un guerrier associé à un aéromancien, ou plutôt une aéromancienne, est un duo dangereux. Tant que cette garce sera encore capable de manier la magie, il nous sera impossible de remporter la victoire !)
Cherchant du regard la source de son désagrément, Relonor se souvient de l’humaine vêtu comme une mage, qui accompagnait le seigneur Goron et reste d’ailleurs près de lui. Il ne lui faut pas plus de temps pour la trouver, à l’arrière du champ de bataille. Elle ne cesse de mobiliser sa magie sans interruption. L’enchanteur le sait, à ce rythme elle va être à court de mana. Lui-même est au bord des capacités physiques qu’un corps peut absorber en terme de fluide et il ne peut lancer plus de six sorts avant d’être réduit à l’impuissance magique. Alors qu’il regarde avec satisfaction la magicienne lancer encore des sorts sans s’inquiéter de sa dépense magique, une étrange aura l’entoure. Tandis que ses yeux s’illuminent d’un blanc pur, des tentacules de magies s’échappent de ses bras et d’étranges créatures apparaissent et semblent happées par elle, êtres aux formes aussi étranges que la lumière dont ils semblent issus. Puis, comme si elle était en train de manger, une partie des créatures immatérielles vont converge vers la magicienne. Suite à cela, le sort s’interrompt et sans regagner sa magie grâce à une potion, elle relance à nouveau ses sorts sur le champ de bataille.
(Comment ? Elle vient…elle vient de recouvrir sa magie comme ça, sans rien ?)
C’est un véritable prodige aux yeux de Relonor, ainsi qu’une triste calamité. Avec les capacités qu’offrent la magie de vent pour un guerrier déjà habile et celle de ne jamais être à court de mana de la magicienne, le seul atout que le groupe de Relonor avait en main vient de voler en éclat. Ils n’ont aucune chance de changer le cours de la bataille.
(Du moins tant qu’elle est en vie !)
L’humaine reste bien en retrait derrière deux hommes affairés à ne laisser personne l’atteindre. Il faudra plus que de la chance pour que cette garce ne pose plus de problème.
(J’ai bien un atout en manche, mais…je ne l’ai jamais utilisé en condition réelle. Il faut croire que l’occasion se présente pour m’en assurer !)
"Naegrim !" Appelle le shaakt.
"C’est l’humaine qu’il faut tuer ! Tant qu’elle sera là, nous n’avons que peu de chance de succès !"
Le bras droit de l’elfe noire ne sait pas s’il peut se fier au jugement de Relonor. Lui qui se refuse à partir trop loi de sa maîtresse, il grade en tête le désir de battre en retraite, ainsi que la possibilité qu’ils aient été trahis pour que leur plan se soit si mal passé.
"Comment faire ? Elle est trop bien gardée !" Rétorque-t-il.
"Je peux l’atteindre d’ici, mais il me faut une ouverture ! Si on y arrive pas, leur magie de vent nous empêchera de fuir, tu peux en être certain !" Insiste l’enchanteur qui perçoit dans ses yeux le doute.
D’un hochement de tête, Naegrim consent à offrir ce présent à Relonor et profite de la présence de plusieurs hommes affairés à occuper l’elfe blanc, pour contourner les adversaires et se diriger vers la magicienne. Alerté par la menace que représente cet elfe noir qui arrive rapidement, les deux gardes s’orientent vers lui pour l’accueillir. Pendant ce temps, l’enchanteur se prépare. Dans un premier temps, il vide sa gourde contenant une petite potion de mana pour recouvrer sa magie noire. Puis il ramasse une lame au sol et y concentre ses fluides. Manquer sa cible n’est pas une option, il doit toucher mortellement sinon le détournement d’attention ne sera plus efficace. Il prend donc de nouveau le risque de faire appel aux âmes damnées, avant de canaliser sa magie aérienne dans l’arme. Un courant d’air contrôlé entour la lame qui devient plus légère. Concentré sur le maintient de ce courant avec toute sa force mentale, Relonor transforme le courant en un maëlstrom tempétueux dont il maîtrise la fureur. Il doit faire vite, car déjà l’âme damnée réclame son dû et une blessure bénigne apparaît sur le torse de l’elfe noir. Armant la lame en retrait, il la projette autant par la force de son bras que par la maîtrise de son esprit. L’épée fuse vers sa cible avec une telle vitesse qui est impossible pour la magicienne d’échapper à son sort. La lame se plante profondément dans le ventre de l’humaine, dont le maigre tissus qu’elle porte n’offre aucune résistance.
Lorsque son corps tombe au sol, Goron est le premier à hurler. Resté près d’elle, il a vu impuissant la lame atteindre la malheureuse. Son cri de détresse alerte ses hommes qui se voient désarçonnés par la perte de leur pilier centrale. La clef de voûte de leur stratégie s’écroule et bientôt, tous tomberont, emporté par les débris de leur échec. Naegrim occupe à lui seul les deux hommes protégeant le seigneur ennemi à gauche, ouvrant un large chemin par la droite. Goron en a pleinement conscience et ce n’est pas son habile guerrier elfique, occupé à garder plusieurs hommes en respect, qui sera en mesure de lui venir en aide. Il agit en conséquence et fuit comme un lâche. Il n’en faut pas plus à Relonor pour lui donner la chasse.
(Cours petit lapin ! Cours!)
Chapitre 16 - L'art de la trahison.