L'Azurion (Navire d'Event - X3)

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Ezak
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Ezak » mar. 23 mars 2021 04:40

Le résultat des fouilles avait été bien maigre. Pas de sceau officiel. Que des broutilles qui ne nous serviraient à rien. Quelque peu refroidi, je me rassis un instant, les yeux perdus dans le vague. Alors que l’adrénaline du combat retombait, je ressentis tout le poids de cette journée. Le sang, et les bouts de chaires qui me recouvraient me parurent infects, sales. Je m’étais toujours représenté comme un animal lorsque je combattais. Il était bien loin le temps, de mon premier meurtre, duquel j’avais été marqué. J’avais cet instinct qui faisait de moi une machine à tuer, un prédateur attiré par l’odeur et le goût du sang. À vrai dire, souvent, j’aimais ça.

Mais là, alors que j’étais dans cette pièce fermée, pleines de choses tout à fait humaines, une carte, des lettres, des coffres. J’avais l’envie de me laver de l’acte que je venais d’accomplir. Ne jouons pas sur les mots. Cet accomplissement n’était rien d’autre que de la barbarie. L’esprit troublé, je sortis dehors. Je me lavai, des pieds à la tête. Je fis pareil avec mes armes, que je nettoyai des chaires qui étaient restées collées à mes lames. Je dévêtis ensuite mon armure et je fis de même, lui rendant l'éclat originel des écailles de Feu-Mongoor Vlash.

Il me faut être totalement sincère sur cette partie. N'étant plus soumis à la magie de mon armure, je me sentis mal. Charroyé par cette peur qui revint s’insérer dans le creux de mon ventre, comme lorsque je m’étais réveillé après mes années de coma dans le palais de la Reine. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas montrer aux autres la frayeur qui me prenait aux tripes, puis, à la poitrine comme une main sombre fouillant mon intérieur. Mais de quoi avais-je si peur ?


Pour ne pas afficher mes faiblesses devant tous, je m’étais isolé dans la cabine après m’être purifié de mon animalité. J’étais tiraillé dans mon for intérieur. Perdu. Baloté. Quelque chose avait changé et je ne m’en étais pas encore rendu compte. Je venais d’acter mon appartenance aux forces de la Reine. C’était la première fois que je tuais pour elle en Nirtim. Qui plus est, des membres des deux peuples desquels j’étais issu, et cela, à quelques minutes d’intervalles. J’étais partagé entre cette pitié que j’avais pour les miens Ynoriens, et, pour qui j’avais voulus taire mes sentiments, le ressentiment contre l’ascendance Kendranne qui avait volé mon héritage, et les inimitiés que j’entretenais avec mes alliés Omyriens. Ceux-là, c’était vraiment un ramassis de piètres personnages. Un petit bandit des mers, intriguant aux dents longues, un Garzok dont la biologie, la culture, l’esprit méritait d’être éradiqué de ce monde, une Elfe qui devait avoir des fantasmes de domination et une Liche, qui, de lui-même, avouait que je ne pouvais me fier à lui.

(Tu parles d’alliés…)

Pourtant, j’avais trouvé un refuge. Mon esprit vagabonda vers la Cité Noire. Je repensais à Gart, aux humains du quartier, à ceux-là qui, comme moi s’étaient ressentis rejeter par leurs racines, et qui était venu trouver un petit coin de vie au Royaume des exclus. Oaxaca, ne m’avait-elle pas donné du pouvoir ? Des hommes pour l’exercer ? Lorener ne m’avait-il pas gardé en vie, mon corps et mon esprit plongés dans le coma, entretenus par les meilleurs dans leurs domaines. N’était-ce pas le seul pays en ce monde à m’avoir jamais si bien traité ? Oui... J'avais adoré que l'on s’intéresse autant à ma personne. Après avoir été rejeté par les siens, c'était flatteur.

Pourtant, Omyre ne m'avait pas épargné non plus. N’avais-je pas été ravi par les forces de la Reine ? Emprisonné dans un Bagne ? Séparé d’un amour que j’eus à peine consommé. Peut-être que ma peur profonde émanait de là. Ou peut-être venait-elle de plus loin encore. De toutes ses plumes que j’avais laissées en chemin depuis que j’avais été livré à moi-même. Amis, amour, famille. Mais où était mon refuge ? J’avais l’impression qu’il n’existait pas en ce monde. Même mon for intérieur était un champ de ruines dans lequel je ne pouvais trouver le repos.

Durant tout le temps de ces réflexions multiples, je reçus à intervalles régulier des nouvelles de mes hommes. Ceux-là avaient appris des choses intéressantes sur Eldros et celle qui se faisait appeler Silmeria, entre autres. J’eus droit également à quelques rapports sur les agissements des uns et des autres, mais j’écoutai tout cela d’une oreille un peu distraite. Mon angoisse ne faisait que grandir alors que mon esprit m’emmena sur des pensées de moins en moins rationnelles, proche de la paranoïa, parfois. Je me faisais des scénarios, cherchait à voir les failles de mes agissements, et, à chaque fois, imaginait la même fin. Ai-je besoin de préciser qu’elle était tragique ?

Devant toute cette agitation interne, je n’eus pas d’autres recours que de m'adonner à la boisson. Et ce fut plutôt efficace. Je m’étais assis au bureau du Capitaine, envoyant de belles gorgées de cet alcool fort que je possédais dans mon outre. Une agression pour moi qui préférait des liquides plus raffinés, comme le vin. Mais je sentais que j’avais besoin de cet incendie dans mon gosier pour réchauffer mon âme. Et pour être tout à fait honnête, c’était meilleur que les tord-boyaux que l’on trouvait à Omyre. Alors que je buvais, seul, ressassant ma vie, l’on vint me dire qu’un sacrifice avait lieu sur la Laide, donné, apparemment, par l’Irrévérencieuse. Je fus pris à ce moment d’un tel dégoût de ces gens et de leurs pratiques rituelles stupides. Ce n'était rien d'autre qu'un ramassis de clébards… Une meute de bâtards prêts à se secouer sur le dos, le ventre à l’air, comme les choses soumises qu’ils étaient pour leurs insignifiants maîtres divins. Une autre fois encore l’on vint me dire que le Garzok commençait à torturer des hommes sur l'Azurion et, d'après mes hommes c'était un acte gratuit. J’en fus bouleversé. Je n’étais pas contre la torture pour obtenir des informations, mais là, c’était de la pure barbarie ! Je ne pouvais pas laisser ça se faire, j'allais imposer l'ordre sur ce bateau, même si il fallait que je saigne cette peau verte ! Je n'eus cependant pas le temps d'intervenir. Azrael s'était occupé de lui. J’eus juste le temps de sortir pour le voir filer une correction au Garzok. Je pris un plaisir non dissimulé à voir cela, mais je fus déçu qu’il ne l’achève pas, d’ailleurs ça me mit partiellement en rage car je rentrai dans la Capitainerie fâché. Azra avait bien plus de principes que beaucoup de personnes sur ce navire, moi y compris. Je retournai donc à ma boisson rapidement, pestant contre toute cette engeance d’Omyre. Ces Garzoks me devenaient encore plus insupportables, et c'était un exploit. Je ne savais même pas comment j'avais fait pour vivre si longtemps parmi eux. D'ailleurs, j'étais toujours en conflits avec eux. Je ne comptais plus le nombre de cadavres que j'avais essaimé dans les rues de la Cité Noire. Pour me faire respecter, par plaisir, par vengeance...



Sous l’effet des premiers feux de l’alcool, je commençais un peu à me détendre, ayant réussi à renfermer la boite de mes passions dévorantes, au moins pour un temps. C’est le moment que choisit Eldros pour rentrer dans la Capitainerie. Je n'avais pas envie de le voir, surtout pas après le coup qu'il m'avait fait et c'est pour ça que je lui fis une réponse suggérant que je n'attendais ni ne voulais de sa présence.


« Vous n’êtes pas en train d’honorer votre dieu ? »


« Je l’honore chaque secondes. »

Il s’excusa ensuite pour tout ce qu’il avait manigancé et s’était produit ces dernières heures. Il tenta de me faire comprendre qu'il pouvait être un bon allié. Il ne manquait vraiment pas d’air ce traître. Je jetai sur lui un regard neutre, gardant mon calme. Je voulais que cette soirée soit paisible.

« Je n’en demande pas plus. »

(Tu peux te l'ingurgiter par où je pense ton alliance ! )

Il me demanda ensuite si j’avais trouvé des choses intéressantes. Je lui répondis sincèrement.

« Non. Pas de seau officiel. Mais ça ne change rien selon moi. »

J’ouvrIS un tiroir duquel je sors un paquet de lettres que je jette sur la table.

« Riad Fer-Argent, le Capitaine de l'Azurion. Je peux lui voler son identité. Après réflexions, cela m'étonnerait qu'il soit plus connu qu'un autre parmi toutes ces coquilles pleines d'âmes, dores et déjà perdues, que Solennel a envoyé combattre pour lui. »

Je vis le Quartier-Maître grimacé, visiblement mécontent de la nouvelle, mais il n’eut pas le temps de le formuler que l’elfe entra dans la pièce. Lorsque je la vis, je jurai. Il y avait tant de tensions entre nous que je savais que la discussion allait devenir houleuse. Cependant, j’avais besoin de paix après cette journée. Je la soupçonnais de venir sciemment me chercher des poux ! Elle avait bien l'air d'être de ce genre, irrévérencieuse qu'elle était. Je n’avais pas oublié non plus l’insigne qu’elle m’avait envoyé au visage, mais je tentai de mieux que je pus d'en faire abstraction. Cependant, lorsque je la détaillai du regard, je vis qu'elle portait d’étranges runes dorées, et qu'elle était pleine de sang, probablement un accoutrement qu’elle portait pour ses sacrifices. Je ne pus retenir l’une de mes railleries dont j’avais le secret, avant de m’envoyer une belle gorgée d’alcool.

« La manière que vous avez tous de vous mettre en quatre pour les petits caprices de vos dieux est absolument ridicule. »

Suite à cette phrase, je m’envoyai une belle gorgée d’alcool fort. Silméria, me répondit qu’elle avait fait ça pour ceux qui croyaient, mais que ce n’était pas son cas à elle. Elle faisait passer ça pour de l’ouverture d'esprit. J’imaginais bien mal cette femme autoritaire faire preuve d’ouverture en quoi que ce soit. Elle devait prendre bien plus plaisir à faire ces sacrifices qu'elle ne le prétendait. C’était une barbare, comme les autres, mais je n’avais pas envie de me lancer dans une bataille d’idéologie. Cette nuit-là, je voulais boire, alors je finis par lever les épaules avant de m’adresser à elle sans détour. Je voulais en finir vite pour qu’elle puisse repartir et me laisser cuver tranquille.


« Bon… Qu’est-ce que tu veux ? »


LL’Elfe me répondit, un sourire joviale affiché sur le visage, que nous étions un trio. Je lui jetai un regard plein d’incompréhensions. À quoi jouait-elle ? Je ne le savais pas. Mais elle devait probablement se payer ma tête, j’en étais sûr. Eldros, lui, proposait que l’on discute du plan ensemble. Alors je repris pour Silméria :

« Quoi qu’il en soit, j’annonçais au Quartier-Maître que nous n’avions pas de sceau officiel. J’émettais l’idée de me faire passer pour le Capitaine du l’Azurion, ayant un message de la plus haute importance à transmettre. Il s'appelait Riad Fer-Argent, si l’on en croit ses lettres et les informations du Lord Necromant. »

J'émis une pause, le temps de me renvoyer une nouvelle gorgée.

« Ah. D’ailleurs, il a ressuscité le Second et quelques membres d’équipages et il veut se servir d’eux pour nous aider. »


L’idée semblait plaire à mes deux comparses, mais ils firent part de leurs doutes. Eldros s’inquiétait des Kendrans vaincus d'Azra. Silméria, elle, arguait que ce n’était pas sûr que nous soyons conduit devant le Roi. Je me rappelai alors d’une des informations que j’avais obtenu de mes hommes à propos de l’Elfe. Elle avait été Baronne, bien que je ne comprenaiz pas comment elle avait pu obtenir un tel titre. Je n'avais pas connaissance de Baronie ayant été dirigée par une Hinïonne.

« Peut-être qu’avec personnalité déchue, pour qui le Roi avait fait le déplacement en personne, ça marcherait... » Annonçai-je les yeux dans le vide en attendant la réaction de la concernée, avant de reprendre à l’attention d’Eldros :

« J’ai moi aussi mes réserves vis-à-vis de nos ennemis vaincus, mais ça ne coute rien de l’envisager. Azra prétend pouvoir les éliminer juste par sa pensée. »


Silmeria me jeta un regard étrange. Il était…doux, sa voix aussi l’était. Comme si cette femme et moi n’avions eu jusqu’à maintenant que des rapports cordiaux et pourtant... Je ne comprenais vraiment pas à quoi elle jouait. Elle confirma en partie mes informations. Elle avait bien été Baronne, mais certains des faits qui étaient racontés semblaient largement inventés. Elle ajoutait espérer rencontrer le roi. Un point en commun que nous avions.

Je lui jetai un regard plein de curiosité. Comme avait-elle pu être Baronne en terre Kendranne ?

« Je gage qu’il nous devra audience... La tête couronnée de Kendra-Kar ne peut pas prendre des titres arbitrairement , sans avoir de compte à rendre à ses fidèles représentants. N’est-ce pas ? »

Mais l’Elfe ne comprit pas mon trait d’esprit et elle prit mes propos à la lettre. Ces Omyrhiens et leur compréhension des agissement en sociétés étaient proche de zéro. Ils m'épuisaient sur tous les plans. Silmeria répondit qu’elle doutait que le Roi nous accorde audience et elle nous raconta pourquoi il était intervenu sur Ses terres. Une histoire d'organisation de marchandises humaines et de commerce du sexe qu'elle avait démantelé…. J’y croyais moyennement. Elle ? Agir de la sorte ? Cette femme n’avait pas l’air d’être du genre à défendre la veuve et l’orphelin. En tout cas, l’information intéressait largement Rougine, qui insista sur sa position « d’ennemi du Royaume »

De mon côté, je soufflai longuement, désespéré d'avoir tant de mal à me faire comprendre.

« Je ne pensais pas sérieusement au fait que le roi vous accorde une audience... C’était une manière de dire que nous allions forcer cette rencontre... »

J'hésitai un instant avant de reprendre : « J’ai moi aussi quelques problèmes à régler avec la couronne.»

L’Irrévérencieuse affirma qu’il nous fallait de toute façon trouver un plan solide pour pouvoir nous échapper et ne pas être pris au piège. J’éclatai d'un rire franc. Que la Reine Noire aurait été déçue si elle avait un gardé un oeil sur nous. Tous ses envoyés semblaient plus préoccupés par leur retour que par la mission en elle-même. Je n'étais pas de ces naïfs. Je savais bien qu'Oaxaca n’attendait pas de nous que l’on revienne. Nous n’étions que des pions.

« Quelle échappatoire ? Cela peut bien être un aller-simple que ça ne change rien pour moi. Je n’ai pas spécialement prévu de revenir. »

C’était vrai. Mon plan ne comprenait pas de retour. Inutile. C’était là-bas, à Viskory, que se trouvait la gloire. Mais Eldros en avait un, lui, mais avant de le révéler, il proposa de constituer Silmeria prisonnière. En effet, elle faisait un bien bel appât en sa qualité de noble déchue. La réaction de l’Elfe fut si vive que je manquai d’éclater de rire à nouveau. Elle se leva d’un bond, outrée que l’on puisse imaginer la mettre dans cette position. Elle prétexta avoir d’autres qualités que de servir de prisonnière, mais au fond de moi, je pensais qu’elle avait peur, ou qu’elle rechignait à mettre sa vie entre nos mains. Et elle avait probablement raison, car moi, je n’aurais pas mis la mienne entre les leur. Je décidai d’appuyer sur cette corde, trop heureux de pouvoir me moquer d’elle ouvertement :

« Le plan me semble bon tel qu’exposé. Contrairement à la Liche et au Garzok, vous, vous êtes quelqu’un. Ça donnera du poids à ce plan qui, sans cela, me parait bien maigre. Vous pourriez faire ça pour nous.»

J’affichai alors un grand sourire, mimant l’attitude et la phrase de l’Elfe un peu plus tôt. La perche était trop belle...

« Nous formons un trio, il me semble. »

La jeune femme jeta sur Eldros et moi deux un regard courroucé, tour à tour. Peut-être se demandait-elle si nous étions de connivence. Elle détailla ensuite toute une liste de chose qui selon elle rendait ce plan caduc, avant de jouer la dame outrée :

" Je pensais peut-être naïvement que des gentilhommes tels que vous offriraient un verre à une dame ne serait-ce que pour fêter ce début de victoire... "

Je levai un sourcil devant la demande de l’Elfe et les mots qu’elle employait. Son ancien titre de Baronne, fut-ce t'il vrai, lui était-il monté à la tête ? Je trouvai ça, en tout cas, très drôle. Je dirais même culottée. Il ne m’en fallait pas plus pour m’embarquer dans un monologue plein de sarcasmes et d’ironies dans lequel je lui fis savoir à quel point je lui trouvais les attraits d'une dame de société.

« Une Dame ! Voyez-vous ça... »

Je me penchai et je sortis deux gobelets en métal mal dégrossis et je les posai sur le bureau. De mon outre, je remplis le premier verre.

« Bien… Essayons de trouver une situation dans laquelle cette gente dame ne serait pas contrainte de souffrir d’une position fort inconfortable. »
Je proposai un verre à Rougine qui refusa poliment, alors je remplis ce deuxième gobelet pour moi.

« Nous n’avons pas vraiment besoin de sa présence. Madame la Baronne, ayant probablement une certaine publicité au sein de l’élite Kendranne, pour son raffinement lorsqu’il s’agissait de bien recevoir ses invitées, lors des magnifiques soirées qu’elle donnait jadis à Bouhen. »


Je mimai un soupir avant de plonger mon regard dans celui de Silmeria.

« Quel caractère exquis ! »


J’attrapai mon gobelet.

« Constituons le Lord et le Garzok prisonnier et contentons-nous de dire qu’ils détiennent des informations au sujet d’une entreprise meurtrière ayant pour cible le Roi, et menée par une fameuse Baronne déchue qui, depuis, utilise ses talents pour le compte de la Reine Noire. Son identité devrait au moins provoquer assez de curiosité pour que ce que le Capitaine a à dire soit entendu. Il voudront probablement entendre et lire un rapport contenant tout ce que nous avons appris et sinon… Il n’y a plus qu’à espérer que le Lord Necromant soit au moins entendu, lui. »

Je levai mon gobelet dans la direction de Silmeria mimant de trinquer en son honneur :

« Cela vous sied-il, chère dame ? »


L’Elfe, sourire aux lèvres, disparu en un clignement d’œil pour réapparaître devant moi. Elle nous demanda si Kurgoth et Azra étaient au courant de leurs rôles et que serait le rôle du Semi-Shaakt. J'ignorai la première partie, ce plan n'était pas bien différent de ce qui avait été proposé par eux, donc pas de problèmes.

« Le suivant d’Azra m’a affirmé qu’il irait infiltrer le camp. Je l’ai déjà vu à l’œuvre. Il peut être doué pour se fondre dans les ombres. » Silmeria me jeta un regard qui ne faisait aucun doute, elle ne l’aimait pas beaucoup, et c’était peu dire. Si elle acceptait de discuter avec lui dans un souci d’organisation elle demandait d’une voix moqueuse par quels moyens nous quitterions le camp en vie.
Eldros en profita pour exposer un plan risqué qui consistait à se servir du Roi pour revenir sur la bateau. Il pariait sur le fait qu’aucun homme ne prendrait le risque de le blesser. Silmeria émettait des doutes quant à cette affirmation. Mais Eldros défendit son plan. Elle proposa alors d’affecter des cibles à chacun.

« Des cibles ? A part le Roi nous n’avons aucune idée de qui compose nos cibles. Il faut se rendre à l’évidence. Notre plan comportera quoi qu’il arrive des zones grises. Et je n’ai de toute façon jamais connu de plan qui se passe sans accroc. »

« En l’état, la solution d’Eldros me parait la bonne. Rien ne sert de prendre la tête du roi, il suffit de faire mat, et toutes les autres pièces du jeu seront tétanisées. »


Oui, c’était logique. Il ne prendrait pas le risque de tuer le Roi. Je décidai donc de m’attribuer cette tâche. Avec ma fonction de Capitaine j’étais celui qui était le plus susceptible de pouvoir parler au Roi. Et avec mon pouvoir de communion avec les ombres, je pouvais me retrouver à ses côtés sans même me battre pour arriver jusqu’à lui. Et puis… j’avais des choses à lui dire, des comptes à régler, au nom des d'Arkasses.

« Je veux m’occuper du Roi. Je n’ai besoin que d’être dans la même pièce que lui, peu importe le nombre de gardes qui l’entourent. Et si le plan doit échouer et qu’il doit mourir, tant pis. Je vais encore le répéter, mais mes hommes et moi avons prévu d’aller au bout de notre mission. Revenir n’en fait pas partie. Tous ceux qui m’accompagnent ne sont que les volontaires de mon armée. Ils m’ont suivi en connaissance de causes. »

Je ne mentais pas. Le contrat avec ceux qui me suivaient était clair. Ils savaient qu’ils ne reviendraient probablement pas.
Silmeria se pencha vers moi et me demanda si ma mission n’était pas de tuer le roi ET l’Etat-Major. Je lui jetai un regard suffisant.

« Ça c’est pour les mercenaires Baronne. Nous sommes au-dessus de ça. »

La jeune elfe s'inclina, amusée " Mes excuses, Sergent, j'ai cru naïvement que c'est ce que vous étiez. "

Je levai un sourcil supérieur.

(Ah ! Te voilà enfin sous tes vrais traits ma jolie... )

Elle me tendit ensuite son verre tout en me faisant un clin d’œil. Elle voulait trinquer. Je le regardai un instant le sourcil levé, puis un sourire en coin vint s’afficher sur mon visage. Je la trouvais si culottée que ça me fit réellement sourire. Cette femme était spéciale. Détraquée, mais spéciale.

« Venant d’une roturière qui se prend pour une dame... »


Je trinquai avec elle, finis mon verre et resservis Silmeria avant de faire pareil pour moi.

" Une roturière vous aurait lancé le contenu au visage, estimez vous heureux de n'être qu'un rustre malappris. "

Me revînt alors la manière dont on s’était quitté plus avant. Une chose était sûr, elle ne manquait pas...d'humour.

(Vraiment culotée...)

Eldros ne semblait pas goûter notre petit jeu, il se ferma, croisant les bras, nous demandant si nous étions d’accord pour suivre son plan. Je l’ignorai sciemment, mon esprit étant accaparé par l’Elfe. Je lui jetai un regard mi-amusé mi-réprobateur. Elle m’agaçait, mais elle m’intriguait en même temps. En tout cas, elle avait fini par me divertir et à avoir toute mon attention. Elle était une énigme que je voulais déchiffrer.

« Il est vrai que madame la Baronne est bien trop distinguée pour lancer des choses à la figure de ses congénères... Pardon pour cette méprise. »

Je me tournai vers Eldros, sourire aux lèvres. Le plan me contentait.

« Je marche. »

Rougine demenda quand on devrait l’annoncer aux autres. J’avais oublié cette étape.

"Demain ça me semble bien. Çà laissera le temps aux autres de se s’imprégner du plan. Ou de ronger leur frein si ils en sont mécontents."

Les deux autres acquiscèrent et sortirent de la pièce. Je les saluai d'un signe de tête et continuai à "fêter", seul.
Modifié en dernier par Ezak le mar. 23 mars 2021 13:05, modifié 6 fois.

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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » mar. 23 mars 2021 05:00

Les uniformes entreposés dans un baquet de bois, Daemon entreposa les cadavres dans un coin. Il resta un long moment seul, dans l'obscurité, à admirer l'amas informe de membres ensanglantés. Un seul claquement de doigt de son maître nécromancien aurait suffit à soulever ce tas informe en une armée avide et sans peur... Il l'enviait. Pourtant lui aussi maîtrisait les arcanes. Il avait étudié le Borellus du culte sanglant, Ultima du grand Bolgog, l'Aniothep d'Imiftil... sans parler du Nécronomicon qu'il regrettait à présent d'avoir confier à Maya. Autant de versets, de prières ou de recettes qu'il pourrait mettre à profit. C'était sans compter sur sa maîtrise des fluides obscurs qui ne cessait de croître, à mesure de ses voyages et de ses expériences, comme si les verrous de ses dimensions les plus secrètes cédaient un à un.

La migraine qui le tenait ne tarissait guère... Il se décida cependant et préleva un corps du tas, pour le traîner à l'écart. D'un geste brusque, il déchira sa chemise et entreprit de dessiner quelques figures complexes dans la chair morte avec les griffes de son gantelet.

« De celui qui veut apprendre la mort, schisme de la materia et de l'essence doit être rassemblé dans les sphères opposées, et par l'association des sels et des chairs aux âmes dissidentes, le nécromancien trouvera serviteur servile et modelable à sa guise. »

Les mains appliqués sur son expérience, il psalmodia d'obscures prières à voix basse. Seul le cahotement discret de la mer et quelques voix étouffées, accompagnées de bruits de pas, se faisaient entendre sur le pont. À mesure que ses fluides s'éveillaient, le mal de tête qui le poursuivait augmentait. Ses oreilles sifflaient et ses forces se dispersaient, mais il sentit quelque chose se produire. Un tremblement violent lui fit lâcher prise, et au même moment le cadavre prit une longue inspiration. Ses yeux ternes s'étaient ouverts, révulsés.

Daemon resta bouche bée devant le résultat de son psaume, mais avant d'avoir pu s'en réjouir, le cadavre convulsa à s'en briser les membres.

« Qu... quoi ? Non, debout. Lève toi ! »

Un hurlement rauque résonna dans la réserve. Un hurlement qui n'avait rien d'humain. La créature secouée de spasme réussit à saisir la cuisse du semi-elfe avec ses ongles et le dévisagea d'un regard sinistre. Daemon attrapa sa tête pour couvrir ses cris et, après avoir déglutit, il lui brisa la nuque d'un geste sec.

Les prisonniers kendrans se manifestèrent alors timidement et le semi-elfe les rassura de quelques mots emprunts de déception. Il avait pourtant suivit les consignes à la lettre. Les sphères avaient été rassemblées comme elles le devaient, et le mort avait pris vie. Pourquoi cela ne suffisait-il pas ?

« Des terres propices à disposition, ses appels dans les sphères resteront vains et muet... et muet... celui qui ne sait... »

Un couplet lui revenait partiellement, sans qu'il puisse le restituer. Sa migraine devenait insupportable. Il repoussa le cadavre et décida d'aller prendre l'air. L'air vicié de la cale lui prenait les narines.
Il s'arrêta devant l'escalier de bois où végétaient les prisonniers, hagards, sous la faible lueur de la lanterne.

« Ne bougez pas d'ici... »

Soulevant les pans de la trappe qui servait de porte, il frissonna en retrouvant le vent marin. Ses tympans palpitaient et le mouvement de la caraque malmenait son équilibre. Des matelots du Balistes s’affairaient à nettoyer le pont, tandis que d'autres pansaient leurs blessures de la bataille. Les hommes d'Ezak semblaient patrouiller, mais après les avoir observé, Daemon comprit qu'ils faisaient connaissance avec le reste de l'équipage.
Sans prendre la peine de faire le tour du navire, il se posa sur le bastingage et observa l'horizon. Non loin, derrière eux, le Baliste les suivait, ainsi que la Laide de l'autre bord... Une escorte risquée à ses yeux. Une pareille formation éveillerait sans peine les soupçons à tout observateur avisé.

Au creux des vagues, une forme blanche attira alors son attention. Il ne l'avait pas vraiment vu, mais plutôt deviné du coin de l’œil. Perdue sous l'agitation des flots, elle lui échappa un moment, mais après une recherche minutieuse, il la reconnue comme une méduse portée par les courants. Alors qu'elle glissait vers le navire, le semi-elfe la suivit du regard et... se figea.

La chose l'avait regardé.

Comme consécutive à sa vision, sa migraine s'accrut au point de devenir insoutenable ; et dans les affres de la douleur, il parut entendre une voix, qui n'était pas une voix, mais plutôt un sentiment chaotique et désespéré monté des profondeurs. Le verset oublié revint alors à la mémoire de Daemon :

« Des terres propices à disposition, ses appels dans les sphères resteront vains, et muet restera celui qui ne sait entendre. Pour celui dont la voix porte le silence, par l'union impie dans la chapelle des enfers, Phaïtos accorda le don des jumeaux. »

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Azra
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » mar. 23 mars 2021 20:33

Ezak était allé un peu plus loin sur le pont. Jetant un coup d’œil rapide autour de lui pour s'assurer qu'il n'y avait pas trop de monde, Azra vint s'accouder au bastingage à côté.

« Alors je voilà votre plan ? Pas si différent, finalement... J'ai du mal à être confiant mais, honnêtement, je n'ai pas de meilleur idée. »

Pour toute réponse, il fut part lui aussi de ses doutes, notamment sur ce que certains pourraient cacher. Le nécromancien hésita :

« Je ne sais pas... Je n'arrive pas à savoir. J'ai rarement été confronté à un environnement aussi hostile, au point d'avoir l'impression que tout est potentiellement ennemi ou trahison... mais c'est peut-être juste parce que c'est la nature des serviteurs d'Omyre. Sans vouloir te vexer, vous n'êtes pas les gens les plus équilibrés que je connaisse, et c'est un expert qui parle ! Ce n'est pas très rassurant pour cette alliance que je voudrais monter... »

Comme il faisait par de sa surprise quant au fait qu'Azra serve un reine qu'il détestait jadis, le mort-vivant soupira :

« Oui, et je n'ai toujours que peu d'amour pour Omyre. Mais regarde moi : mort-vivant, installé sur le territoire de Luminion... combien de temps ai-je avant que des hordes de paladins fanatiques ne débarque pour nous exterminer, moi et mes suivants ? J'en suis réduit à choisir le moins pire des alliés... »

Il se racla sa gorge inexistante :

« Mais, si tu pouvais éviter de parler de ces pensées aux autres... le groupe est déjà assez désuni comme ça. Et toi, d'où te viens cette fidélité à toute épreuve ? Tu aurais pu trouver d'autres moyens d'accomplir ta vengeance. »

Il assura qu'Azra n'avait pas grand-chose à craindre de lui à ce niveau, et qu'il ne faisait qu'obéir à se supérieurs. Tout comme lui, il n’aimait pas trop ce qui se passait ici, et était bien content de voir de garzok remit à sa place. Malgré tout, Azra était toujours intrigué et poussa plus avant sa question :

« Le devoir d'obéir à tes supérieurs ? Qu'ont-ils fait pour mériter une telle fidélité ? Moi je sers un dieu, un être qui a participé à la création du monde... et, entendons-nous, un être qui n'a pas pour habitude de donner des ordres, ce qui me va plutôt bien. En fait, en servant Phaïtos, je sers surtout mes propres idéaux... »

Il éclata de rire :

« Bon, j'imagine que c'est le légendaire « honneur » des nobles qui est à l’œuvre ! Après tout, chacun mène sa vie comme il l'entend. Je l'ai déjà dit et je le répète, je doute que nous puissions un jour nous comprendre vraiment. Dommage. Je n'aime pas les énigmes insolubles. »

Il assura mystérieusement que le nécromancien était le seul à avoir cette réponse, ayant été sur Aliaénon. Azra haussa les épaules :

« La mort a dû me faire perdre quelques souvenirs... Mais bref, je sais que tu cherchais une description de l'équipage... Daemon a rassemblé quelques infos. »

Il passa quelques minutes à décrire ce qu'il savait :

« L'Azurion est un navire militaire récent, essentiellement dédié à la lutte contre la contrebande venant de l'Imiftil. Ils ont embarqué une garnison de Bouhen, ont fait une halte au camp de Viskori et sont ensuite parti à la bataille. Le capitaine était renommé pour sa fidélité, donc rien d'étonnant à ce qu'il ait refusé de nous servir. Ils n'ont visité le camp que brièvement, mais suffisamment pour en avoir un court aperçu. D'après l'état major, l'essentiel de la bataille se jouera à terre. Et quand je parle d'état-major, il s'agit avant tout du roi, du général Bogast, aéromancien de son état, et de l'amiral Jobert Caillot. L'état major est au centre du camp, au sud de la ville, non loin du port. J'espère que tu appréciera cette nouvelle qui est la seule bonne que j'ai entendu depuis que je suis ici... Ah et, pour info, le second s'appelle Berth. »

Pour l'essentiel, cela se résumait au capitaine et son second... suivi de tout l'équipage. Puis il précisa :

« L'un des ressuscité n'a pas l'air très fiable, cependant. Les autres, y compris le second, nous suivront. »

Il demanda alors une entrevu avec le second, ce qu'Azra lui accorda sans problème. Mieux valait qu'il ait toutes les info nécessaire, effectivement ! Néanmoins, il proposa de l'accompagner, histoire d'être sûr de pouvoir intervenir au cas où l'homme se montrerait peu coopératif. Ils se proposèrent donc de faire une rencontre la nuit suivante. Après quelques heures de méditation, le nécromancien alla trouver le second et lui demanda de le rejoindre le soir même.

Au soir, Ezak vint les trouver sur place et s'installa. Le second, qui commençait à prendre le coup de sa nouvelle allégeance, leur proposa des sièges, ce qui surpris un peu le sergent. À la demande d'Ezak, il expliqua qu'ils avaient tous été en vue des amiraux.

« Vous étiez nombreux ? Est-ce qu'ils sont venu vous voir personnellement ou est-ce que vous étiez noyé dans la foule ? »

Il expliqua qu'ils étaient en effet perdus au milieu de nulle part. Cependant, alors qu'Azra s'en félicitait et qu'Ezak se proposait de se faire passer pour le capitaine, il précisa que le général Bogast le connaissait et qu'il était donc peu probable de réussir à le tromper. Préoccupé, Azra se leva pour faire les cent pas dans le fond de la capitainerie.

« Bon, au pire, s'il ne nous repère que quand on est devant lui, c'est déjà ça... »

Ezak semblait aussi satisfait, lui déclarant qu'il était promu second. Ce dernier proposa cependant de prendre la place du capitaine et Ezak de son nouveau second. Comme étaient soulevées des interrogations sur la présence d'une femme de sang royal, le second précisa qu'il y avait peut-être la princesse dans le camp, mais que ce n'était pas sûr. Azra marmonna :

« Quelle importance ? La princesse est plus que secondaire. Nous avons déjà assez de difficultés comme ça, Ezak... »

Mais pour le sergent, elle n'avait rien de secondaire. Apparemment, il voulait littéralement éteindre la lignée de Kendra Kâr. Et il était prêt à se déclarer allié indéfectible après tout cela, à condition que le nécromancien s'engage à ne rien dire aux autres. Azra s'y engagea sans peine. Le second les mènerait de toute façon, et si la mission réussissait, il aurait gagné un allié de poids.

Rassurés quand à la suite des événements, Azra repartit informer Daemon de la situation, transmettre des instructions aux marins pour leur rappeler à qui allait leur loyauté et se reposer.

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Ezak
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Ezak » mer. 24 mars 2021 21:07

Je me levai de bonne heure après une nuit pleine de cauchemars. L’un d’eux me marqua particulièrement. J’avais été mené sur un échafaud, sous les crachats, les injures, et les coups d’une foule composé de Kendrans, d’Ynorien et même d'Omyrhiens. Le bourreau était un homme aux longs cheveux blancs. Je ne pouvais voir son visage et je ne savais pas ce qu'il représentait. J'en avais assez. Les peurs que je prétendais ne pas avoir me bouffaient de l’intérieur. Qu’est-ce que je détestais ne pas porter les écailles du Dragon Mauve originel.
J’avais une furieuse envie de rester caché, loin des yeux qui balayaient l’Azurion, inamicaux. Seuls ceux de mes hommes, pleins d’admiration et de respect me parurent comme un refuge dans lequel je pouvais me glisser.

J’avais alors, au matin, décidé de combattre mes peurs. Par égo. Parce que j’avais cette voix, celle de mon père, qui revenait et qui me traitait de faible. Je savais que me plonger dans le travail, et que de me forcer à me montrer sous les regards, que je jugeait haineux, peut-être à tord, m’aiderait à combattre cette peur. Je ne voulais pas être un planqué. Seul m’intéressait la lumière. J’étais Ezak d’Arkasse et j’allais livrer ma face à la louange éclatante du crachat. C’était une question de dignité.
Lorsque je sortis, je vis mes deux alliés de circonstances. Silmeria attendait déjà sur le pont. Rougine quant à lui était à la barre. Je leur jetai à peine un regard avant de tourner mes yeux vers Edris qui était posté là, près de la porte.

« Convoques les mercenaire sur le pont. Nous avons à leur parler. »

Je descendis alors que le groupe de mercenaires se rassemblait petit à petie. Quelques un de mes hommes laissaient trainer leurs oreilles. Je ne leur avait pas encore dit pourquoi ils étaient la exactement mais je comptais bien les prendre à part. Je leur devais ce respect pour avoir accepter de me suivre dans une mission suicide. Je les considérais bien plus que ce parterre de mercenaires ridicules. D’ailleurs je ne comprenais pas quels avaient été les motivations de Karsinar. Confier une mission qui déciderait de l’issu de la Guerre à des individus qui n’était pas concerné par les affaires de l’armée ? Il n’avait pas pu avoir mauvaise idée. Venant d’un Garzok, tout Treize qu’il était, cela n’aurait pas dû m’étonner. Cela me confortait dans l’idée qu’il devait y avoir des races pour commander, et d’autres pour servir. Peaux vertes en tête de file. Devant ceux venu boire nos paroles, j’affichai une mine réjoui, prenant exagérément le rôle d’hôte. Mais mes yeux glissèrent sur chacun d’entre eux et disséminèrent le mépris que j’avais pour ces faibles.

« Nous vous avons rassemblé pour parler de ce que nous allons faire. Je vais laisser le Quartier-maître Rougine prendre la parole. En effet, tout ceci n’aurait pas été possible sans lui. Il a fait preuve d’une réelle volonté pour nous unifier et se retrouver au cœur des décisions. Une personnalité ambitieuse n’est-ce pas? »?

Je jetais un regard sévère à Rougine et ma voix se fit plus dure, plus claquante. C’était une déclaration de haine pour un homme que je n’estimais point.

« En même temps, après avoir été jeté dans le fond d’une cale comme une vulgaire immondice, on doit nourrir des envies de prendre le contrôle de la barre, comme un signe de revanche sur le monde. L’adage ne dit-il pas : Tout petit bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ? »


Je toisai le petit opportuniste.

« Je laisse donc la parole à notre bienfaiteur à tous. »

Puis, je m’écartais, le laissant poursuivre, les bras croisé.

L’homme défila alors le plan devant les autres. Un léger silence se fit sentir. Je vis certains de mes hommes se raidir. Pas étonnant. J’avais eu la même réaction lorsque Karsinar nous avait confié notre tâche. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la vie d’un roi entre nos mains. Cela donne une certaine ivresse, une sensation de vertige. Un goût de ce qu'est le pouvoir. Le vrai, celui qui consiste à régir la vie d'autrui.

Lorsque Rougine eut terminé il me laissa la parole pour conclure mais c’est le Garzok qui se fit remarquer. L’énorme tâche verte applaudissait de ses mains disgracieuses. Nous raillant pour n’avoir composé comme plan qu’un plan déjà évoquer par lui. Enfin, il s’attaqua à moi particulièrement. Il me jugeait avec un fort égo. Effectivement, il avait raison, n’importe qui ne pouvait pas se permettre d’être prétentieux, arrogant, supérieur. Mon père m’avait toujours apprit que l’humilité c’était pour les faibles. Je ne faisait pas partie de cette catégorie. Quant à ce Garzok de pacotilles, puisqu’il jouait au jalou en manque de reconnaissance je décidai de lui en offrir. Il n’avait pas encore compris ? Monsieur sarcasme, c’était moi.

Mimant exagérément la gêne, je portai une main devant ma bouche entre-ouverte.

« Ah oui ! Mes excuses… Je ne voulais pas faire de jaloux. Comme je manque à mes obligations n’est-ce pas ? Énormes remerciements pour le verdaille sans qui la réalisation de ce plan fabuleux n’aurait pas été possible. »

Alors à mon tour je frappai des mains, un grand sourire sur le visage.

(Tu veux de la reconnaissance ? Tiens, déchet.)

« Je suis sûr que lorsque vous serez face à Karsinar, vous pourrez vous gausser d’avoir monté sur pied un plan si bien ficelé et qui, à coup sûr, verra la victoire de nos troupes. Quelle vision ! Quel génie ! Les Garzoks sont des créatures si...intelligents ! J’ai hâte de voir comment vous serez récompensé pour vos hauts faits. J’espère que vous vous rappellerez à mon bon souvenir lorsque vous deviendrez une célébrité dans toute l’Omyrhie et que mon nom sera tombé dans l’oubli. »

La gloire sera pour moi, le vainqueur du Bagne, le Champion de Lorener, l’Officier de la Reine. Pas pour un mercenaire de pacotille qui retournera dans l’anonymat. Le panthéon, c’est pour l’élite pas pour la lie. Je le croyais fortement. C’est mon nom que tout l’Omyrhie aurait sur les lèvres.
Le Garzok parut un instant déstabilisé. Il n’avait pas le même mordant que l’Irrévérencieuse. Dommage… Au moins, elle, elle savait se montrer divertissante. Il me demanda néanmoins de lui donner ma bague d’officier pour qu’il puisse paraître crédible dans son rôle. Entendre cette phrase eut le don d’accélérer le mouvement de mon cœur contre ma poitrine. Cette idée me révulsait…

En plus, l’insolent avait avancé une grosse main disgracieuse vers moi, paume tendue, pour récupérer le bien précieux, alors que son visage affichait un sourire non moins disgracieux. Une parodie de sourire pour être plus exact ayant plutôt les allures d’une grimace.

(Quelle chose immonde…)

Je comptais m’amuser à ses dépens. Je dictai le tempo. Avec lenteur, je sortis la bague de mon doigt, sans quitter des yeux le Garzok. L’objet entre mon pouce et mon index vint se positionner au-dessus de la paume. Et alors que j’amorce un mouvement pour la lâcher je referme le bijou, à l’abri dans mon poing fermé.
Je levai un sourcil méprisant et lui parlai comme si je lui faisais la leçon.

« Vous ? Un anobli ? Si moi, un humain, Orano-Kendran ait été nommé Sergent de l’armée des forces de la Reine Noire et vous, un Garzok, êtes resté un vulgaire mercenaire, c’est parce qu’il y a une raison. Il y a, un ordre des choses… Il faut le mériter… Qu’avez-vous fait à part mettre en danger vos alliés et vous êtes fait rétamer sur le pont au clair de lune ? »


Je glissai la main dans mes effet et je sortis l’insigne que l’Irrévérencieuse m’avait jeté au visage. Un dragon noir aux yeux rouges. Celui qui faisait d’elle une gradée de la milice. Je le déposai dans la paume de la verdaille.

« Prenez plutôt celui-ci. Il est de votre envergure, héros de l’Omyrhie ! »
rajoutai-je sur ton qui sentait l’ironie à des lieus.

Le Garzok loin de se montrer déstabilisé par le jeu que je jouait avec lui me répliqua qu’il avait eut jusqu’à présent mieux à faire avec Khynt que de faire une carrière à l’armée. Il eut même le toupet de dire qu’il deviendrait probablement Sergent plus jeune que je le fus. Des fadaises… Je me rendis compte à ce moment que j’étais incapable de donner un âge à ce Garzok. Jeune ou vieux ils étaient toujours horriblement laids. Tout ce dont j’étais sûr. Et celui-là avec sa face brulée, troquait le haut de la liste.

« Nous verrons bien. Essayes déjà de ne pas tout faire rater. »

Je m’éloignai, fortement agacé par la promiscuité que je venais d’avoir avec le Garzok. Je me dirigeai vers le bastingage pour plonger mon regard vers l’horizon et aérer mon esprit. Après quelques secondes, je vis le Lord se positionner près de moi. Je fus surpris, après ce qu’il m’avait dit la veille, je m’attendais pas à avoir de nouveau une conversation avec lui de sitôt. Il me dit alors que le plan n’était pas si différent de celui que nous avions au départ, et qu’il avait du mal à être confiant pour la mission à venir.

« Comme prévu, lors de la confidence que je t’ai faite, ce n’est que la somme des deux plans sur lequel nous nous divisions tous. Nous n’avons fait que de faire en sorte que personne ne le conteste. Ça à marché je crois... » Pour défendre le bilan du triumvir.

J’observai autour de moi avant de reprendre plus bas, pour ne pas me faire entendre.

« Je ne suis pas plus confiant que toi. Notre plan est bâti sur bien trop d’inconnus et certains ici cachent leurs cartes. »


Dis-je en pensant en particulier au Quartier-Maître mais je n’écartais pas un coup fourré de l’Irrévérencieuse. C’était un animal sauvage et je l’avais bien provoqué jusqu’ici. Je m’attendais à une réplique, à un moment ou à un autre.

Azra confirma que les relations étaient hostiles sur le bateau et il nous traita, nous les Omyrhien de détraqués.
Je lâchai un sourire. Comment lui donner tort. Je n’avais jamais prétendu être équilibré. Je connaissais mes tares. Et il y en avait une qui avait l’air encore pire que moi. La Blanche était probablement lunatique, ou n’était pas seule dans sa tête. Quant à ce psychopathe de Rougine qui changeait de visage du jour au lendemain… Inutile d’en parler.

« Je dois le reconnaître notre rassemblement est composé de personnalités… particulières. »


J’observai un instant la Liche avec curiosité tout en inclinant la tête sur le côté. Lui aussi, j’avais du mal à le lire.

« C’est tout de même curieux... Tu étais contre la Reine, je m’en rappelle. Et aujourd’hui tu veux t’allier à elle ? Tu te bats pour elle ? »

Il me confirma qu’il avait que peu d’amitié pour notre faction, et qu’il avait fait le chois du moins pire entre les Kendrans et les Omyrhiens. Il n’avait pas tort, ses pratiques n’étaient pas vu d’un très bon œil. Même si j’avais oui dire que certains dans le secret, chez l’élite, s’adonnaient à la magie sombre ? Il m’implora de ne pas en parler, pour ne pas redoubler les tensions déjà exacerbées.
Je n’en avais pas l’intention. Il avait encore une dette envers moi et je comptais bien à ce qu’il se rende redevable. Connaître son secret me laissait un moyen de pression que je pouvais utiliser quand je voulais.

« Je t’ai bien couvert devant l’Etat-Major d’Escarl’Oth. Je risque pas de te vendre à ces minables... »


« Quant a ma fidélité. Elle ne tient qu’à mon devoir d’obéir à mes supérieurs. Je ne cautionne pas plus que toi la plupart des agissements de notre camp. D’ailleurs... Merci d’avoir remis ce Garzok à sa place hier."

Azra se moqua de moi, ne comprenant pas pourquoi j’étais fidèle à Oaxaca si je n’étais pas d’accord avec toutes ses idées. Il pensait que ça avait avoir l’honneur. Certes, mais il y avait aussi autre chose, une raison pour laquelle je n’avais pas d’autre choix que d’obéir. Pourtant, j’étais persuadé qu’il savait pourquoi j’étais mains et poings liés à la Reine Noire. J’éclatai de rire. C’était à peine croyable.

Il me répondit alors qu’il avait du oublier en devant une Liche. Tant mieux. Entre ces mains à lui, cela aurait été quelque chose de dangereux pour moi. Alors il me fit le rapport que j’avais demandé. Je notai les informations, mais étrangement, après cette conversation, j’eus le besoin d’avoir la confirmation du Second en personne. Je devais être sur mes gardes. C’est Azra lui-même qui m’avait dit de na pas lui faire confiance. J’allais en profiter pour avoir m’assurer de la crédibilité de ma couverture.

« D’accord. Penses-tu que je pourrais avoir une entrevue avec le Second ? J’aurais besoin de quelques détails pour pouvoir jouer mon rôle que seul lui doit connaître sur le Capitaine ? C’est trois fois rien. »


Il accepta et me propose de venir avec lui pour être sûr que l'homme soit parfaitement coopératif.
J’hochai la tête.

« Pourriez-vous passer cette nuit dans ma cabine ? »


Il accepta et nous reprirent chacun nos activités.

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Eldros Rougine
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Eldros Rougine » jeu. 25 mars 2021 15:44

Evidemment le Garzok ne pouvait pas s’empêcher de se faire remarquer. Ce cabot enragé, sous entendant que ce plan est de lui. Quel imbécile ! Incapable de remarquer les détails que nous y avons rajouté pour forcer la rencontre. Je me contente de lui jeter un regard méprisant, il n’en mérite guère plus. C’est même déjà de trop. Qu’il se contente d’obéir me sera quant à moi suffisant. Mais Ezak ne le voit pas de cette façon, il se moque de lui bien plus ouvertement qu’il l’a fait avec moi. D’une manière plus théâtrale également. Je laisse les réactions se faire, moins virulente que je l'aurais pensé. J’attends patiemment que la liche termine sa conversation avec le sergent pour me diriger vers lui, lui demandant l’autorisation d’introduire ses hommes au dur labeur de marins. Une fois l’Azurion défait de son escorte, il aura besoin de bras pour manœuvrer. Il se contente d’acquiescer et je n’en attends pas plus pour trouver ses hommes pour les initier aux connaissances de base. Le vocabulaire, les différentes voiles, la manière de les manipuler. Le tout de manière très consciencieuse. Je ne cherche même pas à faire autre chose que de les former. Il y a deux raisons à ça. La première c’est que j’ai besoin de mains capables d’exécuter les consignes correctement quand il s’agira de fuir le camp avec un roi à bord. La seconde c’est que je ne doute pas qu’ils soient tous d’une loyauté sans faille envers le sergent, tenter de les retourner serait une perte de temps.
Cela me prends tout de même la journée avec une courte pause pour manger quelques biscuits secs et une orange. Ainsi qu’un autre fait notable, la petite plume noire qui met une correction au Shaakt. Je ne connais pas la raison, je m’étais simplement retourné en entendant le bruit de suffocation du larbin.

Nous nous arrêtons en milieu d’après midi quand le Sang-Pourpre me fait signe à la barre.

« Qu’est-ce que vous manigancez encore Rougine ? Vous n’avez pas remarqué que le blondinet à vu clair dans votre jeu ? »

« Il a vu clair parce que je l’ai révélé. »

Le Sang pourpre grogne, encore, alors que je m’étonne de lui rétorquer aussi sincèrement. Je ne l’aimes pas et lui non plus ne m’aime pas d’ailleurs mais sur l’Azurion, en compagnie des mercenaires, je dois admettre qu’il est le seul qui ne risque pas de me planter une dague dans le dos alors qu’il connait mes intentions. Lui et Laeten sont les seuls qui ne se sont pas laissés avoir dès le départ. Laeten s’en est amusé et s’en et servi pour s’enrichir, Haath lui est resté méfiant et ne cesse de tenter de m’exposer comme vient de le faire d’Arkasse. Un mince sentiment de jalousie doit parcourir sa poitrine.

« Je vais être sincère Rougine. Je vous haïs. Je vous déteste pour ce que vous êtes et pour cette façon que vous avez de le dissimuler. Mais Laeten vous a choisis parce qu’il vous croit sans doute capable de le faire et cette mission est très importante pour l’avenir de La Baliste. Il me plairait de vous savoir écartelé par ces mercenaires ou par l’armée Kendran mais il est plus rentable, pour le bien de l’équipage, que je vous aide à réussir. »

Je hausse un sourcil, allant de surprise en surprise alors qu’il poursuit.

« Je vais vous laisser sept gabiers pour manœuvrer et vous soutenir en cas de coup dur. Je m’attends à les revoir en vie. En quittant le camp vous prendrez vers l’ouest, nous vous attendrons au large. Ne faites pas l’erreur de longer la côte, vous pourriez croiser des navires revenant de la bataille. »

J’acquiesce, rassuré de savoir que La Baliste sera présente au moment où j’en aurais besoin.

« Allez vous reposer maintenant. Vous prendrez la barre ce soir. »

J’incline la tête et décide de descendre sous le pont pour trouver un endroit isolé, il me reste une chose à faire avant de me reposer. Je rejoins le quartier des marins, toujours vide et puant, faiblement éclairé par le mince interstice qu’il y a entre les planches du pont. Je dégote un morceau de miroir dans les affaires d’un matelot. Parfait. Je m’observe un instant, passant une main dans ma barbe taillée puis suivant les contour de mon cou blanchit par le vent salé. Je ferme les yeux pour me concentrer. La liche a dit que je devais d’abord trouver une âme errante, ce n’est pas une chose qui doit manquer sur un bâtiment de guerre. J’ouvre mes yeux en sentant la sensation glacée de ma magie sombre. Je sens les volutes noires remonter le long de mon torse comme si je coulais dans de l’eau froide, je les vois sortir par le col de ma chemise, remonter le long de mon visage. En temps normal j’aurais chercher à me débattre, à les retenir, mais j’ai compris maintenant que je dois me laisser aller. Je formule mon désir à travers une pensée, celle de trouver une âme errante et la fumée ténébreuse s’écarte de mon visage, développant ses longs tentacules brumeux autour de moi. Soudain ils se dressent et se tendent dans la même direction, semblant s’enrouler autour de quelque chose. La pièce devient glacée, l’air devient lourd, chargée d’émotions négatives. Je ressens la peur, la colère, le désespoir qui hante ce lieu.

Ma magie continue de se diffuser, grimpant le long de ce qu’elle a attrapé comme une plante étrangleuse, donnant corps à l’esprit tourmenté qui cherche à se débattre. Je me concentre sur lui, tendant les mains pour libérer plus de fluides sombres, voulant le tirer vers moi pour superposés nos visages. Je peux l’apercevoir, craintif, agitant ses membres fantomatiques pour se débarrasser de ses liens. Puis d’un coup l’âme cesse de se débattre, totalement recouverte par la fumée obscure, un instant de flottement où la cabine est plongée dans les plus profondes ténèbres avant que l’esprit réagisse à nouveau, extirpant son visage de sa prison pour le dresser vers moi, éclairé par les quelques rayons lumineux qui traverse le plafond, déformé par une grimace de rage sans limite physiques, la gueule grande ouverte donnant sur un puit sans fond et les yeux exorbités. Une vision d’horreur qui me fait perdre l’équilibre. Je bascule en arrière, tombant sur un hamac qui amortit ma chute. Ma magie se dissipe et l’âme parvient à s’enfuir, disparaissant au fur et à mesure que l’emprise de l’ombre sur elle se défait. Je reste le souffle coupé quelques seconde avant d’inspirer une longue bouffée d’oxygène emplis de la poussière que je viens de secouer. Je suis pris d’une quinte de toux avant qu’un rire ne secoue ma poitrine. Je viens de voir le visage qui instaurerait la terreur à n’importe qui. C’est un premier pas. Je me redresse et jette à nouveau un œil dans le miroir. Je me concentre à nouveau, laissant ma magie redéployer ses appendices brumeuses et à nouveau elles saisissent quelque chose mais cette fois l’esprit se montre plus violent. Il se dresse sans chercher à fuir faisant vibrer mon corps par sa haine. Je ne me laisse pas faire, hors de question que celui-ci m’échappe et il a beau me montrer un visage hideux ou chercher à m’atteindre avec ses bras qui ont prit corps grâce à ma magie, je ne relâche pas ma concentration. J’amplifie ma magie, la laissant libre de torturer l’âme errante, serrant son emprise jusqu’à l’immobiliser. J’intime alors l’ordre à mes fluides sombres de ramener l’esprit vers moi mais je ne suis pas les conseils d’Azra et contraignant trop l’âme, celle-ci finit par disparaître, étouffée par ma magie.

« Aaaah... maudit ! »

Sifflais-je, essoufflé, entre mes dents. Je me laisse tomber sur un hamac, épuisé. Si contraindre l’âme est trop difficile peut être que je devrais trouver un autre moyen de lui emprunter son visage mais pour le moment la seule chose que je puisse faire c’est me reposer.

J’ai l’impression d’avoir à peine fermé l’œil que j’entends des bruits de pas lourds et d’objets tombant sur le sol. Je m’extirpe du hamac pour rejoindre le pont et l’origine de ce vacarme ne manque pas de me surprendre. Un combat entre Ezak et Silmeria, amical qui plus est, à en croire l’arme original que manie l’elfe et les fourreaux encore présent sur les lames du sergent. Et c’est qu’elle se débrouille avec car elle parvient à frapper la tête du sergent avec les lanières de la serpillère encore humide et sale. Voilà qui est assez humiliant. Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant et je ne peux que constater la supériorité au combat de mes deux acolytes. Il est clair que je ne prendrais jamais l’ascendant sur eux grâce à la force. Finalement après un coup fort curieux de la part d’Ezak, Silmeria remporte le combat, usant encore de son étrange pouvoir. La nuit tombe et je redescends sous le pont pour finir mon cycle de sommeil.

Le lendemain matin les hommes de La Baliste quittent l’Azurion comme convenu, me laissant sept marins pour m’aider à la manœuvre. Derrière nous le navire de Laeten a déjà ralentit l’allure pour récupérer la chaloupe. A nouveau j’avale un fruit pour me remplir l’estomac et laisse la barre à un matelot pour regagner la cale après avoir donné des consignes simples au matelots à mes côtés. Ils resteront à bord et devront préparer le navire pour un départ urgent.

En arrivant dans la cale les prisonniers lèvent vers moi leurs yeux fatigués, éblouis par la lumière de ma lanterne. Je m’avance devant eux d’un pas lent, les examinant l’un après l’autre. Je poursuis mon chemin jusqu’au fond de la cale et au tas de cadavres. J’ignore où est le larbin de la liche mais peu importe, je fouille dans le bac d’uniforme pour en récupérer une, jugeant de la taille à vue, évitant celles abimées par une coupe létale et celles imbibées de sang. J’en trouve finalement une qui convient et retourne près d’un prisonnier en particulier après avoir aussi récupéré une arme et un bouclier dans les caisses du royaume. Jeune, blond, une corpulence et une taille équivalente à la mienne. Je me poste devant lui, me dressant de toute ma hauteur, menaçant, pour lui demander son nom et son grade. Il rétorque avec insolence que je dois m’adresser à Azra.
Un picotement parcoure mon bras, le désir de lui coller une gifle pour lui rappeler qu’il n’est plus rien, juste un captif dont la vie pourrait s’arrêter par ma simple volonté. Mais je me retiens, l’occasion est parfaite pour m’exercer au sort que je cherche à maitriser. Je m’approche encore d’un pas et m’accroupit pour me mettre à sa hauteur. J’ai eu le temps de réfléchir cette nuit et il est clair que laisser mes fluides trouver une âme, la contraindre à la ramener et lui donner corps est bien trop long et trop fastidieux, pour le moment en tout cas. La terreur de voir un visage difforme et décharné devrait agir avec un élément de surprise. J’essaie autre chose, gardant en tête l’image de cette âme vu hier, ce visage pâle, aux lignes déformées par la rage, sans contraintes physiques pour le retenir. La gueule grande ouverte donnant sur le néant, les yeux révulsés d’un blanc cadavérique. Je laisse ma magie agir, recouvrir mon visage pour prendre cette allure fantomatique tout en faisant un mouvement brusque de la tête pour surprendre le marin. Il pousse alors un cri de dégoût en se reculant.

« Votre nom et votre grade ! »

Insistais-je d’une voix ferme. Il souffle, maugrée mais parle tout de même, se présentant sous le nom de Bert, soldat sur l’Azurion.

« Quelle insolence... »

Il reste silencieux et me dévisage alors que ma magie s’atténue. Je ne réponds pas à sa provocation bien que l’envie de le jeter par dessus bord soit forte. Mon sort semble avoir fonctionné, bien que ce soit du dégoût et non la terreur que j’ai aperçu sur le visage du prisonnier. Un aspect que je dois encore travailler.

Je retourne à la timonerie, reprenant la barre jusqu’à l’heure du repas où ce sont encore les hommes de La Baliste qui distribuent des repas, prenant compte de la quantité de vivres qu’ils peuvent distribuer par personne. Un jeune gabier aux cheveux roux portant le nom de Simon me rapporte un bol, un repas complet fait de haricots bouillis, d’une tranche de viande salée et d’une orange. Je lui demande de me laisser son plateau avec une seconde assiette avant de lui faire prendre la barre, l’informant que je vais m’occuper de ramener son repas au sergent. J’avais encore des choses à voir avec lui avant d’arriver au camp et il est temps de m’amuser un peu avec lui. Ses hommes me laissent passer sans rien dire et je pénètre dans la capitainerie en demandant à Ezak si il a faim. Je dépose le plateau sur le bureau et m’y installe. Il m’observe, observe le plat et m’observe à nouveau avant de me remercier. Le petit jeu commence.

Je prends mon assiette pour commencer à manger, me servant de mes couverts comme si nous étions attablés dans un salon de la bourgeoisie. Des manières qui ne lui sont pas inconnus, j’en suis certain. Je me sers une cuillère de haricots rouges et vide ma bouche avant de commenter.

« Vous avez dû le remarquer mais des hommes de La Baliste sont restés avec nous. Ils encadreront vos hommes en ce qui concerne les manœuvres que je leur ai déjà apprise. Ils resteront à bord une fois au camp et prépareront l’Azurion pour un départ précipité. Ensuite La Baliste nous attendra au large pour barrer la route à d’éventuels poursuivants. Et vous, du nouveau ? »

Je sens le regard du Sergent sur moi, je ne doute pas qu’il éprouve une grande colère mais il garde cependant son calme. Il s’éclaircit la gorge avant de me confier des informations qui s’avèrent importantes. Il me donne d’abord les noms de ceux qui constitue l’état major. Le General Bogast et l’Amiral Jobert Caillot. Je garde ces noms en tête tandis qu’il m’apprend que leur position n’est plus totalement inconnue. D’après lui ils siègent au centre du camp, pas loin du port. Après un instant de réflexion il me confie que le capitaine Fer-Argent a déjà rencontré le Général mais que ce n’était pas personnellement.

« Devons nous changer notre plan maintenant que nous connaissons la position de l’état major ? »

"Connaissons est un grand mot... Je suis pour ne plus changer de direction. Au moins si cela doit mal tourner nous saurons au moins où nous diriger. Et reste le problème de nous faire amener à l'Etat-Major, sans devoir passer les sécurités extérieures."

Il n’a pas tort et l’idée de devoir expliquer un nouveau plan alors que nous sommes à quelques heures de notre destination m’est simplement insupportable. Je prends une gorgée d’eau, coupée de rhum pour éviter l’intoxication avant de lancer un regard curieux vers l’assiette du sergent.

« Vous ne mangez pas ? »

En effet, il n’a pas touché son repas et si je dissimule un sourire moqueur intérieurement je suis hilare.

« Plus tard peut-être... L’importance des événements à venir me noue l’estomac. L’Histoire parlera de nous, à savoir si ce sera en vainqueur . »

Répond-il après un sourire. Mon oeil Sergent. Vous qui prétendez ne pas avoir peur de mourir vous voilà effrayé par un morceau de jambon. En réalité il y a une manière de mourir qui vous terrorise, celle de mourir autrement qu’avec honneur. Mourir comme un anonyme, sans avoir versé le sang de vos ennemis. Je sais ce qui vous effraie désormais. Voilà une preuve de ma supériorité, je n’ai pas besoin d’exposer une bague, un grade où des talents de combattant ou même de grands mots. Un simple repas me suffit pour vous humilier et contrairement à vous je n’ai pas besoin de le faire devant tout le monde, je sais bien qu’il est plus dur d’affronter ses propres démons seul. Je hausse les épaules, feintant de ne pas comprendre son manque d’appétit tout en poursuivant.

« Et au sujet du Second, vous avez pris une décision ? »

« Pardon ? Je ne suis pas sûr de comprendre la question. »

Je hausse un sourcil. Êtes vous déstabilisé à ce point mon cher Ezak ? J’ai du mal à le croire.

« Le second, ressuscité. Vous allez accepter de l’utiliser comme le préconise votre ami ? »

Il semble enfin comprendre et admet qu’il a prit une décision durant la nuit. Il marque une pause, me dévisageant alors que je mâche un bout de viande.

« Il viendra avec nous. Il connaît le camp, son visage est familier, il ne pourra que nous apporter des avantages. J’avais des doutes au début. Mais j’ai vu comme il est dressé. Il a assurément peur de la mort définitive. Ce qui, reconnaissez le, est plutôt cocasse. »

Je hausse à nouveau un sourcil, peu réceptif à sa plaisanterie.

« Si ce Général risque de reconnaître que vous n’êtes pas le capitaine pourquoi ne pas laisser le Second prendre sa place de capitaine et vous devenir son Second ? »

Il laisse un sourire apparaître sur son visage avant d’avouer que c’est ce qu’il avait en tête et qu’il pensait que je serais plus contrarié que ça.

« Oh... j’ai eu l’occasion de discuter avec Azrael entre temps. Il a trouvé les mots pour me laisser accepter l’idée. »

J’avais aussi eu le temps d’y reflechir et il est indéniable que l’aide d’un homme venant de l’armée ennemie, retourné pour nous aider et un avantage non négligeable. Je mets en bouche ce qui reste de légumes, terminant ainsi mon assiette alors que celle du sergent est encore pleine. Il n’y touchera pas, trop effrayé de se faire empoisonné par un homme comme moi qu’il considère encore à tort comme un homme lambda. Je suis élu par Phaïtos sergent, vous feriez mieux d’en tenir compte. Volontairement, je décide d’en rajouter une couche.

« Incroyable ce que l’on peut faire avec des vivres trainants dans des tonneaux. J’espère que vous apprécierez autant que moi votre repas, même froid. »

Je vais tranquillement laisser votre paranoïa vous ronger de l’intérieur Ezak d’Arkasse pour vous faire regretter d’avoir tenté de m’humilier, de m’avoir mis au même rang qu’un larbin stupide, qu’un Garzok ! Je le sais réceptif, je sais qu’il a comprit à quel jeu je joue, je vois son faux sourire auquel je réponds d’un semblable tout en me redressant en récupérant mon orange.

« Une dernière chose. Vous ou vos hommes auraient-ils l’utilité de ça ? »

Je sors de mon sac une fiole incendiaire confectionnée par mes soins. Il hoche la tête, admettant qu’ils seront en faire bonne usage. Je dépose alors quatre fioles, en gardant une pour moi, ainsi que deux briquets avant de me diriger vers la porte. Avant de sortir, je lui lâche une dernière phrase sans me retourner.

« Ne vous en faites pas Sergent. Le plat n’est pas empoisonné. »

J’ouvre la porte et sors de la capitainerie sans pouvoir retenir un sourire satisfait. Il est temps maintenant de se préparer, nous devrions arriver dans la soirée. J’ose espérer que chacun maintenant sait ce qu’il a à faire. Pour ma part, je compte bien peser de ma présence sur les épaules d’Ezak, jusqu’à l’en rendre malade.

(( Récap:
- Je vais récupérer la bourse de Yus trouvé pendant ma fouille, ainsi qu’un uniforme de soldat Kendran avec une épée et un bouclier du royaume.
- Une tentative d’apprentissage du sort faciès d’outre-tombe.
- La Baliste va quitter l’Azurion à l’aube du dernier jour mais va laisser sept hommes capables de manier le navire. Ils resteront à bord une fois au camp.
- La Baliste va gagner le large, hors de vue des côtes pour assister l’Azurion lors de sa fuite.
- Les hommes de La Baliste seront aussi parés d’uniformes de marins.
- Eldros descendra du navire en compagnie d’Ezak et d’Azra pour les accompagner à l’état major si le plan se déroule comme prévu.
- Don de 4 fioles incendiaires et de 2 briquets à Ezak.))

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Silmeria
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » jeu. 25 mars 2021 19:38

La matinée était déjà bien avancée. Silmeria n'avait pas pu trouver le sommeil malgré les flots qui la berçaient. Son esprit était hanté par des doutes et de profondes interrogations. Elle n'avait pas pour coutume de travailler avec un groupe aussi décousu. La simple perspective de faire confiance à quelqu'un par dépit la révulsait. Elle avait passé sa matinée à ressasser ses idées noires et à observer les marins nettoyer le pont, entretenir la voilure comme hypnotisée par ces mouvements répétés des centaines de fois sous ses yeux. Elle essayait de se faire une idée des mercenaires qui l'accompagnaient mais ne parvenait pas à défaire les fils des complots que chacun tissait à loisir. Ce groupe de mercenaires, tous plus ambitieux les uns que les autres avait des allures de bombe à retardement et elle préférait être loin lorsqu'elle viendrait à exploser.

Les hommes du Sergent commencèrent à faire crier aux mercenaires que leur présence était demandée sur le pont. Il lui fallait donc joindre le duo d'Eldros et d'Ezak afin qu'ensemble, ils prennent parole pour annoncer le fameux plan de la veille aux autres mercenaires. Silmeria n'avait pas spécialement envie d'être présentée comme étant une des têtes pensantes de ce plan, à dire vrai elle n'en pensait pas beaucoup de bien, à ses yeux il n'avait qu'un seul intérêt, celui d'avoir un groupement de puissants mercenaires ensemble mais si on en jugeait les animosités entre lesdits mercenaires concernés, Eldros, Ezak, Kurgoth et Azra, Silmeria ne savait que trop ce que ça donnerait, aucun ne bougerait le petit doigt si on menaçait de tuer arbitrairement les prisonniers et la mission tomberait à l'eau pour les survivants de ce groupe.

Ezak prit la parole et commença en se moquant ouvertement d'Eldros, bien que celui-ci ne lui ai jamais porté le moindre préjudice à sa connaissance. Ses hommes avaient récupéré des informations quant à ce jeune homme et Ezak moqueur jetait ce qu'il savait en pâture aux autres mercenaires, toujours dans cette idée de se mettre en avant en rabaissant ses compagnons. Silmeria leva les yeux au ciel, elle détestait ce genre de comportement et elle sentait des picotements dans sa poitrine envahie de mépris pour le Sergent. Elle ne comprenait pas pourquoi il ressentait un tel besoin de se mettre en avant. Pour elle, il n'avait aucune capacité ni prédisposition pour donner des ordres et elle attendait, avec une patience d'araignée qu'il ne se soit mis l’entièreté de l'équipe sur le dos afin qu'à sa première erreur, se retrouve évincé, ayant enfin récolté les fruits pourris qu'il semait.

Eldros fit contre ces offenses plutôt bonne figure. Il avait la maturité nécessaire pour ne pas tomber dans le piège d'Ezak simplement parce que celui-ci voulait l'y plonger. Il remercia humblement mais son esprit devait fulminer, Silmeria eut un petit sourire amusé en voyant le Sergent perdre peu à peu toute crédibilité. Il comptait sur ses hommes, son groupe et sa cohésion manifeste et elle sentait qu'il imposerait bientôt ses directives aux autres.

Une fois le plan annoncé, Eldros répartissait les tâches et les affectations, il jeta un bref coup d’œil à l'Hinïonne en ayant mentionné qu'elle serait avec le Shaakt, tous avaient compris son aversion manifeste pour cette engeance malfaisante. Silmeria méprisait les Shaakts, elle savait par expérience que dès que l'un d'eux se trouvait quelque part, il y avait de fortes chances que ce «  quelque part » se retrouve vite complètement aveuglé par la rage quelques instants après. Même si le serviteur de ce Nécromant semblait plus pâle que ses congénères, il n'en était pas moins Shaakt à ses yeux et elle se concentrait déjà pour faire l'effort de lui parler sans laisser transparaître l'envie de lui crever les yeux. Hrist n'aurait jamais pu exceller à cet exercice, Silmeria était beaucoup plus patiente et calculatrice et elle savait que ça lui permettrait de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de s'arranger pour que tout se passe pour le mieux. Ezak semait assez la discorde pour qu'elle s'y mette également.


Un applaudissement retenti à la fin du discours, le Garzok clamait des félicitations ironiques au trio de tête qui avait fomenté un plan déjà établi. Silmeria grimaçait déjà, elle avait redouté d'être assimilée à ce plan foireux et voilà que son nom était tamponné dessus et dans tous les esprits. Si personne ne contredit le Garzok car il avait probablement raison, Ezak prit la parole. Il profita encore une fois de pouvoir écraser quelqu'un pour paraître plus grand, s'attaquant à un guerrier blessé en sachant qu'il jouissait du renfort de ses hommes si nécessaire. Jouant la carte de l'ironie dont la finesse lui échappait totalement, il marchait de ses lourdes bottes sur les provocations et l'humiliation qu'il semblait réserver à quiconque ne l'acclamait pas. Ulcérée de ce comportement, Silmeria secoua la tête et s'en alla, préférant l'agitation des flots à celle de ce moulin à vent vindicatif et complètement ahuri. Que fallait-il faire ? Tous s'assassinaient verbalement à défaut de pouvoir le faire pour de vrai. Elle entendait malgré son dos tourné quelques moqueries acerbes et ferma les yeux en se concentrant pour éluder ceci, elle ne voulait pas envahir son esprit de ce poison latent et préféra rester la plus neutre possible dans ces conflits.

Le soleil était déjà haut, une odeur douce chatouilla ses narines, non loin de la Capitainerie les marins commis s'affairaient à faire mijoter les rations de guerre, rien de bien gastronomique, c'était un brouet composé d'ail, de racines et de carotte dans lesquels ils effilochaient du mouton salé contenu dans un baril fermé. Bien que son esprit ne soit pas disposé à entretenir son appétit, elle savait qu'il lui fallait combler les carences de sa récente incarcération dans la prison Shaakt et bien que le brouet ait l'allure des mets les moins chers dans les pires tavernes, la cuillère tenait presque droit dans la mixture, les produits n'étaient pas verts de moisi et il tiendrait au corps.

Mâchant sa trop de conviction le mouton salé, elle observait les mercenaires et marins dispersés, l'odieux Ezak s'entraînait avec ses hommes, Kurgoth quant à lui était assis contre le bastingage, Ezak et Eldros avait tenu la femme au courant de son altercation avec la Liche qui avait lancé un duel contre lui, Silmeria n'appréciait pas ce genre de méthode, mais quoiqu'il en était, elle avait compris une chose. La liche craignait la femme, juste assez pour ne pas avoir osé la défier comme il avait fait avec le Garzok malgré la raison similaire qu'il aurait eu pour justifier un combat.

La femme fit remplir un autre bol, plus garni et l'apporta au garzok, sans rien dire. Le puissant Prêtre était assis dans son armure lourde, son cou enfoncé dans celle-ci lui donnait un aspect de grosse tortue patibulaire. Elle tendit le bol de soupe encore fumante et le guerrier, probablement interpellé par son fumet la renifla.

" Je ne l'ai pas empoisonné. " Dit-elle simplement en se laissant tomber sur les fesses, le dos à la rembarde. A peine fut-elle installée que le Garzok avait engouffré l'entièreté de son bol dans sa large gueule et avalé tout rond. Il tendit le bol qui paraissait ridiculement petit entre ses gros doigts.

" Si tu cherches un allié dans cette meute de chiens enragés, je suis sûrement le pire choix. Les hommes du sergent nous surveillent et je serai le premier qu'il essayera de "perdre" au combat."

En était-elle là ? A devoir se trouver un allié pour le reste de son aventure ? Elle avait certes travaillé dans des groupes chaotiques mais rien d'aussi catastrophiquement bancal, en général elle ne dépendait de personne et agissait librement. Mais l'idée de se trouver un allié ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit, à dire vrai, elle sentait qu'elle n'en avait pas besoin car l'hinïonne préférait pouvoir se détacher à loisir, sans regretter quelque chose.

" Je sais bien que le Sergent n'a que peu d'égard pour toi, mais je crois que son avis ne m'intéresse pas trop. Je suis même un peu attristée, je m'attendais bêtement à ce que nous soyons tous un groupe inébranlable en quête de réussite. "

Elle avait murmuré ceci comme s'il s'agissait d'un souhait. Le Garzok ne semblait pas s'amuser de cet excès de naïveté et répondit de sa grosse voix

"Tu veux un groupe uni parmi les troupes omyrhiennes? Trouvent leur un chef capable de s'imposer en tuant quiconque ose discuter ses ordres. Ça marche avec mon peuple, et ça marchera avec ce blondinet qui se comporte comme un jeune chef de clan garzok."

Silmeria bascula la tête en arrière, emportée par un petit rire.

" Tu serai peut-être surpris du temps que j'ai passé avec les Garzoks. Au début c'était un peu compliqué de se faire accepter mais c'est vrai qu'au bout de quelques duels, les tiens ont vite appris à m'accepter. Tiens, regarde. "

Elle montra du doigt une déchirure dans sa robe laissant apparaître une cicatrice rosée balafrant sa peau blanche.
" Un Chef de clan de Pohélis. Il ne comprenait pas pourquoi une Elfe Blanche portait un symbole de gradée, un dragon noir aux yeux rouges. "

Il détacha le symbole de la milice de sa poitrine pour l'observer entre ses deux doigts. Silmeria avait bien évidement remarqué la présence de son symbole d'instructrice et avait compris qu'Ezak ne s'était pas longtemps embarrassé de celui-ci, bien que l'idée soit bonne de donner davantage de crédit au Garzok, elle était révoltante de voir le peu de cas qu'il faisait du grade de ses compagnons de guerre. Allait-il continuer à cracher sur tout ce qui se présentait à lui ? Silmeria l'observait du coin de l'œil, s'entraîner avec ses hommes comme s'il lui était impossible de les quitter. Il empestait le complexe et la raideur. Peut-être jubilait-il en se frottant les mains de cette nouvelle insulte mais c'était sans compter le peu d'intérêt qu'avait Silmeria pour son grade, elle ne vivait pas que pour le présenter au nez de chaque personne qu'elle croisait contrairement à lui, elle n'était pas asservie à un titre. L'homme qui se moquait éperdument des Dieux vivait sous son titre avant autant qu'ardeur qu'un fanatique.

"Je le comprends, mais heureusement pour toi, tu m'as fait sortir de ma jonque."

Il replaça le symbole à sa poitrine.

"Ce plan n'a pas pour ambition de nous faire atteindre le roi, mais de nous faire traverser une partie du camp avant que ça ne devienne un bain de sang. Les tiens s'entendent bien avec les humains, non? si Thimoros se lasse de moi, tu devrais pouvoir récupérer ton bijou sans trop d'ennuis."

" Je ne regrette pas. On n'abandonne personne. Quant à ce symbole... félicitations. Te voilà promu Instructeur. Ému ? " Avait-elle dit en regardant Kurgoth directement dans les yeux

"Contrarié. Le blondin est officiellement mon supérieur maintenant."

Elle lui aurait bien dit qu'un sergent de l'armée régulière n'était pas sensé donner des directives à un officier de milice mais en tant de guerre, la mixité des forces devait bien respecter les directives d'un officier, aussi insupportable soit-il.

" Tu sais qu'il n'a pas un rôle facile. Et il s'est montré si grossier avec tant de monde ici... je ne suis pas sûre que beaucoup viennent à le regretter. "

"D'abord la tête du roi. Ensuite, chacun réglera ses comptes en rentrant au navire. Moi, Ezak, le squelette, toi... qui sait qui agira en premier? Mais nous ne rentrerons pas tous."

Silmeria eut un mouvement de sourcil amusé. Elle se demandait si le Nécromancien oserait la défier. Elle n'avait pas pu voir comment il procédait en combat, mais son esprit était tranquille, elle ne s'inquiétait pas de sa présence.

" D'abord la tête du Roi. Quant au squelette, il a plutôt mal digéré mon sacrifice pour Thimoros à mon bord mais s'est ravisé de m'affronter. Nous nous sommes connus lui et moi. Oh c'était il y a si longtemps... " Lâchait-elle comme une confession, comme si elle émettait le regret de voir qu'il avait complètement changé pour se transformer en monstre livide et décharné.

"S'il tient encore à toi, sans doute te relèvera t il... comme il l'a fait avec son chien."

Après un éclat de rire sincère elle s'empressera de dire " Non non, je ne pense pas. Je n'aime pas ces mages. Nous, nous tuons et faisons du mal dans cette vie. Il y a de nombreux êtres cruels dans ce monde. Il y a de nombreux êtres qui volent, tuent, s'en prennent aux faibles et ne prétendent pas que c'est la volonté des Dieux. Ils ne sortent pas les âmes du repos, s'ils torturent quelqu'un, c'est uniquement dans ce monde. Ils ne condamnent pas les âmes à être esclave de leur volonté …"

"Si tu le dis... moins je vois de magie, mieux je me sens. ''

" C'est un sortilège qui a brûlé ton visage ? " Demanda l'hinïonne en pointant sur son visage comme si la cicatrice n'était pas assez visible.

"Pas besoin de sort quand on peut simplement te tenir la tête dans un feu de camp."

" Laisse moi deviner... un défi à un autre Garzok ? Comment se remet ta blessure au bras d'ailleurs ? "

"Un règlement de comptes. Ça ira le bras, j'ai connu pire. Un peu de repos et je pourrai à nouveau démâter des navires."


Tout en se relevant, elle ramassa le bol vide, elle semblait avoir compris que le Garzok ne voulait pas trop se livrer sur son passé à une parfaite inconnue. Elle lui adressa un sourire sincère et dit " Repose toi bien, Instructeur. Les prochains jours ne seront pas tendre avec toi. " et recula, amusée de sa remarque sur le démâtage

"Tant mieux, cela plaira à Thimoros."
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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TheGentleMad
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par TheGentleMad » jeu. 25 mars 2021 22:03

-----K-----


Comme il s'y attendait, le sergent réagit immédiatement aux propos du garzok, lui donnant raison sur son manque d'imagination en reprenant exactement la même attitude que lui. Après s'être moqué de lui en exagérant de la plus vulgaire des manière des compliments et hyperboles en lesquelles il ne croyait pas un seul instant, il fit semblant de prier le garzok de ne pas l'oublier lorsqu'il serait devenu le favori de Karsinar. Kurgoth, qui n'était pas en état de combattre, fut un instant surpris par cette réaction alors qu'il s'attendait à un autre accès de rage, mais se ressaisit rapidement et préféra faire semblant de croire aux louanges exagérées. Reprenant un ton froid et sérieux pour mettre fin à la mascarade, il tendit sa main vers le sergent et déclara :

"J'y songerai, peut-être... En attendant, donne-moi ta bague de sous-officier. Ça me rendra plus crédible comme prisonnier et ça évitera que tes mensonges ne soient trop facilement repérés."

Un sourire grimaçant déformant sa face brûlée, le barbare vit l'humain approcher et hésiter à lui confier son bijou avant de se raviser au dernier instant. S'en suivit alors une autre tirade plein de mépris dans laquelle le sergent de pacotille prétendit avoir mérité son titre sans jamais expliquer ce qu'il avait fait exactement, mais demandant au garzok ses faits d'armes. Récupérant le symbole de dragon noir qu'Ezak jette à la place de sa bague, le chevalier répond en haussant des épaules, ne se montrant pas affecté par les propos du sous-officier qui se croyait noble.

"J'ai survécu à la fin d'un monde aux côtés de Khynt, mais c'est vrai, j'avais des affaires personnelles plus urgentes que faire une longue carrière dans l'armée... M'enfin, tu es plus vieux que moi, sans doute serai-je aussi anobli à ton âge. Donne-moi le symbole que tu préfères, mais prends soin de cacher l'autre, car si tu te fais repérer avec, je ne retiendrai pas mes coups pour te faire passer pour mon ennemi et rétablir ta crédibilité."

Pour toute réponse, le sergent leva un sourcil, puis, après une dernière phrase méprisante servant uniquement à avoir le dernier mot de la conversation, se retira avec son air hautain habituel. Kurgoth le regarda s'éloigner, avant d'être rapidement rejoint par la liche. Ces deux-là semblèrent s'entendre cordialement, ce qui ne fit qu'accentuer l'aversion du garzok envers le mort-vivant qui avait interrompu son sacrifice. Quelques heures plus tard, alors que chacun vaquait à ses occupations sous l’œil du garzok qui n'avait d'autres options que rester assis dans son coin à récupérer de ses blessures, l'elfe blanche s'approcha du barbare, un bol de nourriture à la main. Prudent, Kurgoth saisit la gamelle et la renifla sans quitter l'hinïonne du regard, à la recherche d'un signe trahissant la présence éventuelle de poison. Ne détectant aucun signe de mensonge lorsqu'elle déclara ne pas chercher à l'empoisonner, et surtout puisqu'elle était ce qu'il avait de plus proche d'un soutien sur ce rafiot, il se mit à engloutir la bouillie épaisse, ne réalisant qu'à la fin de son repas que l'elfe s'était assise à côté de lui. Tout en lui rendant le bol, il lui dit à voix basse :

"Si tu cherches un allié dans cette meute de chiens enragés, je suis sûrement le pire choix. Les hommes du sergent nous surveillent et je serai le premier qu'il essayera de "perdre" au combat."

Elle sembla un instant perdue dans ses pensées avant d'avouer qu'elle avait espéré une équipe unie pour cette mission. Kurgoth ne pouvait lui donner tort, une équipe soudée n'aurait pas été un luxe pour une mission aussi dangereuse, mais les dieux ne le leur avaient pas accordé.

"Tu veux un groupe uni parmi les troupes omyrhiennes ? Trouve leur un chef capable de s'imposer en tuant quiconque ose discuter ses ordres. Ça marche avec mon peuple, et ça marchera avec ce blondinet qui se comporte comme un jeune chef de clan garzok."

Cela parut amuser l'elfe qui avait elle-même eu du mal à se faire accepter, montrant une cicatrice qu'elle avait reçue en se présentant en arborant un emblème du dragon noir. Le garzok retira alors le symbole que lui avait donné Ezak et le fit tourner entre ses doigts, comprenant au regard de l'elfe qu'il était sien, en déclarant d'un air amusé :

"Je le comprends, mais heureusement pour toi, tu m'as fait sortir de ma jonque."

Le barbare supposa que le sergent l'avait reçu lors d'une de leurs réunions servant à établir le plan, mais ce qu'ils s'étaient dit ne l'intéressait guère, il se savait entouré d'ennemis et c'était bien là le plus important. Raccrochant le symbole à sa poitrine, il déclara :

"Ce plan n'a pas pour ambition de nous faire atteindre le roi, mais de nous faire traverser une partie du camp avant que ça ne devienne un bain de sang. Les tiens s'entendent bien avec les humains, non ? Si Thimoros se lasse de moi, tu devrais pouvoir récupérer ton bijou sans trop d'ennuis."

Sans qu'il ne comprenne trop pourquoi, elle décide de le fixer droit dans les yeux en assurant qu'elle ne voulait abandonner personne et qu'il pouvait garder l'insigne, lui demandant s'il appréciait sa promotion au rang d'instructeur. Commençant par répondre à cette dernière interrogation, il répliqua avec ironie :

"Contrarié. Le blondin est officiellement mon supérieur maintenant."

Elle expliqua alors que son rôle n'était pas simple, mais qu'après avoir autant insulté les gens, il ne manquerait à personne. Pour Kurgoth, les abandons au milieu du campement ennemi ne manqueront pas et il comptait bien y laisser le sergent s'il le pouvait. Ainsi, regardant droit devant lui, il répondit d'un ton froid :

"D'abord la tête du roi. Ensuite, chacun réglera ses comptes en rentrant au navire. Moi, Ezak, le squelette, toi... Qui sait qui agira en premier ? Mais nous ne rentrerons pas tous."

Amusée, elle avoue connaître le squelette de longue date, ce qui fit lever un sourcil au garzok avant de tenter un trait d'humour.

"S'il tient encore à toi, sans doute, te relèvera-t-il... Comme il l'a fait avec son chien."

L'hinïonne éclat alors de rire avant de déclarer ne pas aimer ce type de mage, à cause de leur façon d'obtenir leurs pouvoirs. Pour Kurgoth, cela importait peu et il le fit savoir, ainsi que son aversion pour l'ensemble des mages quels qu'ils soient.

"Si tu le dis... Moins je vois de magie, mieux je me sens."

Cela intrigua son interlocutrice qui l'interrogea sur un lien avec sa brûlure au visage. Le barbare porta alors une main sur sa joue, là où Olur lui avait apposé ses mains brulantes lors de leur ultime combat. Après un instant à se remémorer cette épreuve et la douleur infernale de sa tête dans le brasier, il se contenta de répondre d'un ton neutre :

"Pas besoin de sort quand on peut simplement te tenir la tête dans un feu de camp."

Silmeria supposa alors un défi entre peaux-vertes avant de lui demander l'état de son bras. Tout en secouant la tête de gauche à droite, il la corrigea.

"Un règlement de comptes. Ça ira le bras, j'ai connu pire. Un peu de repos et je pourrai à nouveau démâter des navires."

Il n'avait pas l'intention d'en dire d'avantage sur son passé et, comprenant cela, l'elfe prit congé de lui en emportant le bol, lui conseillant de se reposer en vue des prochains jours. Kurgoth avait pleinement confiance des épreuves qui se tenaient devant eux, et conclu la discussion en faisant référence à son dieu tutélaire.

"Tant mieux, cela plaira à Thimoros."

Kurgoth passa le reste du voyage seul, assis à récupérer de ses blessure en observant le reste du groupe. Il put ainsi voir l'elfe s'entraîner avec le sergent, qu'elle dominait aisément, et envoyer au tapis le demi-shaakt avec encore plus de facilité. Lorsqu'ils approchèrent enfin du port ennemi et qu'on vint lui attacher des fers, Kurgoth confia son arme à l'un des soldats omyrhiens déguisés, prenant cependant soin de l'avertir :

"Tu t'éloignes d'une semelle avec mon arme, je t'arrache la tête à mains nues."

[HRP: récupère le symbole de silmeria, se laisse attacher et confie son arme à un soldat qui ferait mieux de ne pas s'éloigner.]
1445mots

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 26 mars 2021 01:15

Le combat t'avait épuisé. Mentalement et physiquement. Tu avais mal au bras et tes jambes donnaient l'impression d'être du coton, tandis que tes yeux se fermaient presque tous seuls de fatigue. Tu t'isolas, contre le bastingage, et agrippa ton luth. Nous connaissions à peu près la suite : au minimum un jour de voyage. Tu hésitais à aller te coucher tout de suite, mais tu préférais attendre la nuit. Tu égrenais quelques notes. Il te semblait que les cordes raisonnaient plus clairement. Tu y prêtais une oreille attentive parce que cela t'apaisait.

(Hum, celle-là est un peu fausse.)

Tu tournas les petites chevilles pour apporter davantage de tension à la corde en boyaux. Tu réessayas de la tirer, comme d'une pichenette et eut un sourire sourire satisfait.

(Tu ne penses pas que l'air marin va finir par l'endommager ?)

Tu te penchas par-dessus bord, imitant le petit insecte dont ta chère faëra avait momentanément pris l'apparence pour se rapprocher de toi. Le navire fendait les flots et bien qu'il fût haut de bord, il arrivait que quelques gouttelettes salées t'arrivassent au visage.

"Je ne sais pas si on serait mieux dans la cale..." murmuras-tu en jetant un coup d’œil à l'entrée de ladite cale.

Tu frissonnais - tu avais peur de ce qu'il pouvait être en train de s'y passer. Vu les compagnons que tu devais supporter, quelques sacrifices sanglants à l'abri des regards ne seraient point étonnant. Et tu n'avais pas envie de dormir dans un endroit si sombre que tu ne pourrais faire la distinction entre un corps endormi et un corps assassiné. Tu repris ton instrument.

"Ma chère amie, ma douce amante,
quelle nuit de peur me sépare encore de toi,
quel horizon encore de longues attentes,
avant de serrer ton cou, embrasser-"


Tu t'interrompis subitement à cause d'un cri horrifiant, la souffrance comme un fer chauffé à blanc. Ton visage brun se porta aussitôt sur la source de ce hurlement et tes yeux s'écarquillèrent d'horreurs quand tu vis la bouche en sang, la pince et que tes oreilles recueillirent enfin le rire sinistre de Kurgoth. Mais comme fasciné, tu l'observas enfoncer l'outil puis tirer. Et le malheureux hurlait de douleur, incapable de fuir. Enfin, Kurgoth fit un pas en arrière. Tu crus que c'en était fini. Mais il fit avaler au soldat torturé le contenu d'un sceau dont tu te doutais qu'il ne constituait pas en de l'eau fraîche et douce. Et bien sûr, il s'en prit au deuxième. Même méthode, bonus d'une demi-castration. Tu te recroquevillas sur toi-même pour écraser tes mains contre tes oreilles, tes jambes s'accrochant à ton luth. La cale te semblait désormais plus accueillante. Tu lui jetas un second regard, plus indécis, quand tu vis émerger Azra. Avant que tu ne pus te décider à entrer d'où il était sorti, la liche était déjà aux prises avec le Garzok. Et c'était à dire, littéralement. Le combat qui se déroula te surprit tant par sa spontanéité que sa breveté. Azra acheva les deux soldats et s'en fut.

(Tu as vu comment il a fait ça...?)

(Oui. Azra utilise de la magie.)

Tu essayas de te détendre. Tu te sentais encore nauséeux par le spectacle auquel tu venais d'assister, mais au moins, tu pouvais être sûr qu'il ne continuerait pas. Et il y avait quelque chose, dans la rouste que s'était prise Kurgoth qui te tirait un sourire. Distraitement, ton regard se porta avec Daemon. Tu observas son curieux ménage : il ramassait corps et membres uniques et les trainaient dans la cale - ce qui confirmait ton premier sentiment quant à l'endroit. Tu cherchas Azra des yeux, mais il avait dû entrer dans la capitainerie car il ne semblait plus sur le pont.

(Il faut que j'apprenne à faire comme eux.)

Tu glissas ton luth dans ton dos et t'approchas nonchalamment de Daemon.

"Qu'est-ce que tu fais au juste ?"

L'autre te répondit qu'il entreposait les cadavres à cause de leurs uniformes parce qu'ils pourraient servir. Enfin, tu ne voyais pas qu'est-ce qui pourrait servir d'autre à leur propos parce que les pilleurs de cadavres étaient déjà passés par là - et nul doute que Daemon en faisait partie. Tu l'observas encore quelques instants avant de soupirer pour toi. Tu cherchais à te rapprocher de lui ; un moyen d'engager la conversation. Tu pris donc l'un des derniers cadavres et le suivis dans la cale. Le tas était... conséquent. Comme si de rien n'était, Daemon retira la veste d'un des cadavres en te demandant de mettre de côté ceux qui n'étaient pas "trop tâchés de sang".

(Mais il croit que j'en ai quelque chose à faire de ses cadavres, moi !)

(Mikkah.)

Tu acquiesças et déposas ton luth près de l'escalier avant de t'approcher du tas qui commençait déjà à sentir. Tu tiras doucement sur le tissu.

(Déjà, il faudrait en trouver qui ne soit pas troués.)

Pendant plusieurs minutes, tu te concentras sur ta tâche si peu ragoûtante que tu en oublias la raison de ta présence ici. Tu faisais bien attention à tripoter les cadavres le moins possible, mais cela restait un sinistre déshabillage de poupée. (Tu essayas de penser à la poupée que tu avais offerte à ta fiancée, quand vous n'étiez encore que des enfants. Ça ne marchait pas beaucoup.) Tu cherchais comment entamer la discussion, mais rien ne te venait. Finalement, tu décidas d'y aller franchement.

"Donc euh... tu sais faire de la magie ?"

Daemon s'esclaffa. Tu te sentis vexé.

(Il est en train de se foutre de ma gueule, là ?)

Tes yeux se fixèrent un instant sur ses gestes qui ne s'étaient pas arrêtés. Il semblait faire consciencieusement son travail. Finalement, il lui répondit. À l'entendre, Daemon ne faisait pas de la magie. Il pratiquait plutôt les arcanes des Dieux noirs qui lui avaient été transmis par sa famille et son ordre. Tu fronças légèrement les sourcils. Ce n'était pas exactement la réponse que tu espérais. Alors qu'il te tendait une veste que tu récupéras sans même y penser, il te retourna la question.

« Pourquoi ? Tu veux apprendre la magie ? »

Tu pris un air détaché et haussa les épaules, comme si tout cela, au fond, t'étais indifférent.

"Je ne sais pas."

Tu te concentras à nouveau sur ta tâche. Même si tu la faisais sérieusement, tu continuais de réfléchir. La famille, c'était dans le sang. L'ordre, ça voulait sûrement dire des maîtres, un apprentissage rigoureux... Non, décidément, la réponse de Daemon ne t'était pas suffisante et tu revins à la charge.

"On peut faire de la magie... spontanément ?"

Cette fois-ci, ton compagnon prit le temps de réfléchir. C'était déjà mal parti. Cependant, contre toute attente, il répondit par l'affirmative. La magie pouvait vraiment apparaître subitement. Un vrai don. Quoique Daemon nuança ses propos et t'expliqua qu'il fallait aussi travailler pour apprendre à maîtriser son "fluide intérieur" (dont tu ne savais évidemment rien). Mais cette deuxième partie, tu l'avais déjà un peu comprise.

« Il t'est arrivé quelque chose d'étrange ? »

Tu t'arrêtas à nouveau, sans pour autant regarder le semi-Shaakt.

"Oui. Non. Je ne sais pas..."

Tu te sentais stupide - et je secondais cette opinion. Cela ne rimait à rien. Soit tu arrêtais là tes questions, soit tu disais clairement d'où elles venaient.

"Peut-être... Disons qu'il s'est passé un truc tout à l'heure dans la bataille. J'ai... J'ai cru voir l'air comme vibrer. C'est difficile à expliquer. Mais c'était peut-être rien."

Daemon ne sembla pas vouloir se gausser de toi. Il te proposa au contraire un moyen de t'assurer que tu avais pu en être la cause ou non : retrouver le même état d'esprit et te concentrer sur ton fluide - quoi que cela puisse signifier. Sans davantage prêter attention à Daemon, tu réfléchissais à cet état d'esprit que tu avais pu avoir pendant la bataille. Sa voix, moqueuse, qui te rappela à ton souvenir. Selon lui, tu n'avais pas beaucoup la tête de l'emploi et tu paraissais même fragile devant ce qui vous attendait. Tu lui offris un regard impassible. D'une part parce que ton égo n'avait jamais résidé dans tes muscles et d'autre part parce qu'il disait la vérité.

"Je suis un artiste. C'est moi qui demain chanterai vos louanges. Ou vos défaites."

Par réflexe, ton regard se portas sur ton luth avec une certaine tendresse. Tu seras allé bien loin pour lui.

"Ce n'est pas ma gloire que je recherche, c'est celle des autres. La mienne viendra par ma musique."

À cela, Daemon répondit surprenamment que tu avais du courage. Nous savions bien, tous les deux, que c'était plutôt de la folie. Le semi-Shaakt te demandas encore si tu n'avais pas peur de mourir. Tu fis mine de réfléchir. Puis tu dévoilas ton plus beau sourire, aussi charmeur que tu l'étais quand tu étais dans ton élément - devant une audience.

"Si, terriblement. Mais ce n'est pas comme si je pouvais partir me réfugier quelque part."

À cet instant, Daemon eut comme un mouvement vers toi, mais qu'il réprima. Cela te fit tiquer. Votre conversation était allée dans une toute autre direction et si elle s'ébruitait, tu avais peur que les autres ne te jetassent par-dessus bord. Juste au cas où. Mais ce n'est pas ça que Daemon te dit. Il te promit au contraire de te protéger. Il trouverait regrettable que tu finisses aux enfers en tant que musicien inaccompli.

(Cette fois, je le frappe. Il apprendra que ce n'est pas la gloire qui consacre le talent, mais qu'elle ne fait que le révéler. Et je suis bordel de talentueux.)

Mais au fond de toi, tu étais touché de cette déclaration et ne savais plus que dire. "Merci" ? Cela sonnait plutôt ridicule. Tu te contentas donc de sourire tranquillement. Puis tu lâchas les quelques vêtements que tu avais réussi à trouver dans la même caisse que Daemon et ressortit à la fraîcheur du pont, non sans reprendre ton luth au passage.

Le soleil avait bien baissé sur l'horizon. Et ta décision était sans appel : hors de question d'aller dormir dans la cale. Pas auprès de ce tas de cadavres puants que tu avais fouillés jusqu'à avoir les mains souillées. Tu entrepris d'ailleurs de les nettoyer. Ainsi que tes vêtements. Tu te sentais suffisamment sali par tes gestes seuls. Tu trouvas ensuite un coin sur le pont, assez reculé des autres, pour y passer la nuit. Tu te serras contre le dos bombé de ton instrument, comme tu en avais pris l'habitude. Au matin, la cloche de rassemblement sonna et tu retrouvas le reste de tes compagnons pour l'exposition d'un nouveau plan. Gloire fût rendue à Gaïa, ce fut beaucoup plus bref. Ou peut-être parce que la haine évidente entre Ezak et Eldros puis celle entre Ezak et Kurgoth t'intéressa tant que tu te retrouvas dehors.

(Retrouver l'état d'esprit pendant la bataille...)

Plus facile à dire qu'à faire maintenant que les échos de ladite bataille s'était dissipée de ton esprit après une nuit de repos. Tu réfléchissais en mangeant ta ration. D'abord, il fallait comprendre ce qui avait pu t'arriver.

(Daemon a parlé de fluide. Tu penses que j'ai quoi comme fluide ? L'air, ça m'a l'air cohérent non ?)

Alors que tu finissais ta dernière bouchée, tes yeux se posèrent sur ta gamelle. Tu te levas et la mis sur la rambarde. Puis tu te campas fermement sur tes deux jambes. Ce qu'il s'était passé à cet instant-là... Tu te sentais désespéré. Inutile, en fait. Fragile. Tu cherchais un moyen de maintenir tes ennemis à distance, tu ne voulais pas qu'ils pussent s'approcher de toi. Tu fermas les yeux pour mieux te concentrer. Puis tu poussas sur tes bras comme si tu voulais bouger l'air autour de toi par toi-même. Tu rouvris les yeux. Évidemment, la gamelle n'avait pas bougé.

(Qu'est-ce que je peux être en train d'oublier ?)

(Tu avais ton instrument en main.)

(Ah oui !)

Tu attrapas ton luth - que tu avais reposant à tes pieds, comme par habitude. Tu te souvins que tu avais simplement enchaîné des accords et en fait, un seul. Peut-être que c'était ça la solution ? Tu écoutas le son dans les voiles, les vagues sur la coque. Un accord mineur ce sera ! Tu plaças les doigts de ta main gauche avec dextérité puis tu utiliseras deux doigts de ta main droite pour faire des aller-retour sur les cordes. Tu les fis vibrer de plus en plus fort et de plus en plus vite. Toujours plus fort et toujours plus vite. Jusqu'à ce que tu sois essoufflé et que tes doigts brûlent. La gamelle n'avait toujours pas bougé. Tu n'avais même pas vu l'air bouger.

(Je le saurais déjà, si j'étais capable de bouger l'air juste en jouant du luth. J'abandonne pour aujourd'hui.)

Tu repris tes compositions musicales pour le reste de la journée. Mais l'idée te restait dans un coin de la tête et comme toquait à ton conscience à intervalle régulière. Tu étais sûr de ce qu'il s'était passé. L'air avait vibré tout autour de toi. Comme... comme... Comme une tempête dont tu serais le cœur. Peut-être qu'il ne te fallait pas chercher à projeter de l'air en avant comme tu repousserais ton ennemi, mais plutôt envisager que cela partirait de toi. Dans toutes les directions à la fois. La gamelle bougerait parce qu'elle se trouverait dans l'entourage de cette tempête dont tu étais l’œil. De la même façon que ton ventre et tes doigts recueillaient les vibrations du luth alors que l'un était derrière et les autres devant.

Le lendemain, tu étais plus décidé que jamais. Et tu tenais ton luth avec détermination. Tu n'étais pas sûr de son importance théorique, mais tu avais tu jouais quand "ça" s'était produit la première fois et puisque tu ne cherchais qu'à reproduire ce qu'il s'était passé, il avait son importance pratique. Tu te plaças en face de ta gamelle, posée sur le rebord. Sans trop y penser, tu commenças un accompagnement sur trois accords. Tu te concentrais sur les vibrations. Elles partaient dans toutes les directions à la fois, comme la tempête. Et l'air n'était que le support des vibrations. Tu pouvais être leur support aussi. L'enchaînement répétitifs des accords t'aidaient à te concentrer. Mi, mi, si, la. Bas, bas, haut, bas. Exactement comme une tempête - et tu restais au milieu. Tu pris une profonde inspiration et claqua le dernier accord d'un geste brusque. Tu eus la vive impression de relâcher ton souffle et beaucoup plus que ça. Cette fois-ci tu vis nettement l'air autour de toi bouger et tourner autour de ton corps. La gamelle fut ballotée une petite seconde puis tout s'arrêta.

"Youpie, j'ai réussi !"

(Oui enfin, ce n'est pas en décoiffant tes adversaires que tu les vaincras...)

(Je trouve ton manque d'optimiste vraiment blessant, Siliwiih.)

Tu regardas autour de toi. Les marins attaquaient les manœuvres. Vous seriez bientôt à destination. Tu te rendis dans la cale pour enfiler un des uniformes que tu avais récupéré et remontas sur le pont en tâchant d'ignorer la boule qui commençait à se former dans ton estomac.

(Hrp : continuation de l'apprentissage de l'OEil du Cyclone.)
Mikkah - Voleur Haffiz

Multi : Kay de Kallah

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Silmeria
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Bitch slap Daemon

Message par Silmeria » ven. 26 mars 2021 02:00

Silmeria profitait du vent tiède que les flots charriaient jusqu'au navire. L'air était parfumé des embruns que laissaient le sel et les algues tiédies par le soleil, ses cheveux dansaient au gré des flots fendus par l'Azurion qui pourfendait les vagues à bonne allure, elle avait cru comprendre des marins qu'ils seraient arrivés au campement à la nuit prochaine. Elle était intérieurement rassurée, elle savait que sous le couvert de l'obscurité, elle avait plus de chance de s'infiltrer et de profiter de son affinité avec les ténèbres. De plus, il y aurait peut-être moins d'activité dans le camp du fait de l'heure tardive, c'était à la fois un avantage, il y aurait moins d'intermédiaires à croiser mais l'avantage se transformerait vite en inconvénient si les concernés n'étaient pas vite transférés dans la tente de l'état-major, sous la pression, l'un des mercenaires pourrait faire une erreur, elle n'avait aucune confiance envers les autres et espérait secrètement qu'aucun se trahisse bêtement... Mais une infime partie d'elle souhaitait que si.

Elle imaginait comme elle pouvait le campement tentaculaire autour du village de Viskory s'animer sous la nouvelle, un commando de mercenaires était venu tuer le roi et dans cette effervescence les Kendrans pourraient faire une erreur, celle de déplacer le Roi ou encore de le garder sous bonne garde dans un endroit clos. Dans les deux cas il serait alors vulnérable et d'expérience, elle savait pouvoir frapper assez vite pour remplir sa mission et quitter les lieux en laissant le reste du groupe en pâture à la colère des Kendrans.

Alors qu'elle coupait quelques peaux mortes de ses doigts du bout de sa lame, elle se laissait bercer par l'onde et ses remous. Au loin, la Laide s'était détachée du convoi et elle n'était plus qu'une tache noire à l'horizon. Allait-elle revoir Von Klaash ? Leurs Adieux n'étaient pas assez grands pour qu'elle sente sur elle l'ombre de la mort, ou peut-être ne la reconnaissait-elle plus après l'avoir tant côtoyée.

D'un coin de l’œil, elle vit le jeune serviteur de la Liche, Daemon s'approcher. Il fallait faire bonne figure, l'essentiel pour elle était de donner une image de confiance. Si tout le monde se méfiait d'elle, aucun plan se saurait se montrer valable, malgré ce mépris profond des Shaakts depuis de longues années, elle ravalait sa salive, son cœur palpitait en pensant à toutes celles qui avaient perdu la vie à cause de cette vermine, cette engeance noire. Silmeria était rassurée, pour la première fois, que Hrist soit enveloppée dans l'épais brouillard de la folie et qu'elle ne pouvait assister à cette rencontre.


« Dame Silmeria. » dit-il en regardant ailleurs. « J'ai cru comprendre que nous allons œuvrer ensemble.. "

Il avait quelque chose de jeune. De presque insouciant comme un jeune apprenti se présentant à son maître pour qu'il lui apprenne son métier. Peut-être avait-il été averti par Azra qu'il serait presque un otage pour cette femme à la suite de leur altercation de la veille et qu'elle profiterait pour passer ses nerfs sur lui, mais elle était décidée à prouver le contraire.

Silmeria leva les yeux sur le semi-Elfe. Elle rangea la longue dague argentée avec laquelle elle jouait et se laissa glisser du bastingage. " Oui, le Sergent dit que tu as de bonnes prédispositions pour l'infiltration. " Après un temps elle ajouta " Le Lord Nécromant auquel tu tiens tant sera dans une mauvaise posture. Comment le vis-tu ? " Cette question était précise et assez directe, elle se demandait si il serait capable d'avoir l'esprit clair. N'avait-il pas tiré son sabre à son encontre lorsqu'elle s'était présentée à lui de façon trop amicale ?

« Lord Azraël est redoutable, mais il accorde sa confiance trop facilement... Je me méfie du lieutenant d'Arkasse. C'est mon rôle. » Dit-il après avoir lancé un regard dur comme le fer. Silmeria essayait d'analyser la relation qu'ils pouvaient avoir, quasi sûre qu'il s'agissait d'un amour profond qui unissait les deux êtres. En tout cas, son regard n'était plus fuyant, c'était la seconde fois qu'ils se regardaient et si la première fois celui de Silmeria était plein de haine, il n'en était plus rien Silmeria fit au jeune semi-elfe un accueil quasiment fraternel.

Ne souhaitant cependant relever la méfiance du semi-elfe quant à leur officier auto-proclamé, elle observa à gauche et à droite, voyant de nombreux hommes du Sergent et deux fois plus d'oreilles curieuses.

Silmeria fit un léger signe de la tête vers la proue du navire. " Pas ici, ses hommes écoutent. "

Tous deux marchèrent doucement jusqu'à la proue, comme s'il ne s'agissait que d'une promenade sous l'air marin.
" Il est peut-être redoutable, mais il y aura beaucoup de monde. La garde royale, les officiers et beaucoup de soldats. Lui sera entravé et conduit sans ménagement avec Kurgoth jusqu'à un interrogatoire. "


Le semi-elfe regarda autour de lui, comme s'il prenait connaissance du risque d'être entendu.

« J'en ai conscience... C'est la raison pour laquelle votre plan d'action m'échappe. Mais où veux tu en venir? »

Silmeria leva un sourcil concerné, il semblait troublé, passant du tutoiement au vouvoiement, amusée par cet effet sur le jeune Shaakt, l'Hinïonne redoubla de douceur.

" C'est pourtant clair. Ton Maître sera probablement torturé et malmené. Tu penses pouvoir garder la tête froide ? " Espérant une réaction ou une émotion dans son regard redevenu neutre, elle cherchait à le pousser dans ses retranchements pour s'assurer qu'il reste droit et concentré sur sa mission. Il semblait irrité d'entendre encore une fois le danger auquel son maître serait confronté. Son regard passait du vide bovin à la noirceur typique de l'engeance à laquelle il appartenait, même de loin.

« Mon maître ne sera pas torturé, nous passerons à l'action avant que cela arrive. N'est-ce pas l'objet de notre infiltration ? » Malheureusement, elle ne pouvait pas lui donner entièrement raison, si Silmeria entendait les soldats Kendra jouer aux osselets avec les morceaux détachés de son Maïtre, elle prendrait sûrement les paris pour savoir au bout de combien d'os il sombrerait jusqu'aux enfers où son esprit maléfique serait – elle l'espérait – copieusement tourmenté.

" Le Sergent veut se garder le Roi pour la gloire et la postérité. Cependant la mission ne saurait tolérer ce genre de fantaisie. Si nous avons l'occasion de tuer le Roi, il faudra la saisir car nous n'en aurons probablement pas beaucoup. " Sans dissimuler ce qu'il avait lui même annoncé, il se réservait la plus grosse part du succès, il était logique que dans ce genre d'expédition, personne ne se souvienne des aventuriers de second plan, elle soupçonnait Ezak de viser un objectif quasi politique, il mettait trop d'effort dans cette mission pour simplement vouloir «  être avec le roi, peu importe qu'il en revienne ou non » l'hinïonne n'y croyait pas une seconde et elle espérait même que le plan qu'il fomentait ne leur apporte que la ruine.

Elle s'adossa au bastingage et lui demanda s'il connaissait l'Ombre Noire, après tout, si elle utilisait cette relique pour traquer les membres de l'état-major et de la royauté, elle devait expliquer son utilité à Daemon et pourquoi pas, lui faire essayer.

« Les ambitions du sergent n'ont rien d'étonnantes et, force est d'admettre, il est redoutable en tant que bretteur. J'aimerais simplement m'assurer qu'il ne néglige pas la sécurité de mon maître. Sa survit demeure plus importe que la mission en elle même. Et, je connais les ombres et peut les manipuler à ma guise, mais pour ce que tu nommes l'Ombre Noire... »

Manifestement, il ne faisait pas plus confiance à Ezak qu'elle, mais il se fourvoyait en pensant son maître plus important que leur objectif, si l'hinïonne devait choisir, elle laisserait le groupe entier et plus pour simplement tuer le Roi. Face à son ignorance quant à l'existence de la relique, elle lui expliqua : " L'Ombre Noire me permet d'envoyer mon ombre espionner de façon totalement invisible. Ainsi nous pourrons trouver le Roi... après tu auras le choix de rester dans les ombres surveiller ton maître et assurer ses arrières ou m'accompagner. "
Elle lui offrait l'opportunité de damer le pion aux autres qui seraient négligeant envers Azra pour le laisser le surveiller et le secourir si nécessaire, se faisant, elle serait complètement libre et dispensée de surveiller quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.

Mais elle avait probablement manqué de subtilité quelque part, le regard du jeune Shaakt allait et venait de gauche à droite avant de s'arrêter tout net, une fois son regard dans celui de la femme, il demanda d'un air presque rhétorique : « Tu souhaites trouver le roi la première, n'est-ce pas ? »

Ayant un air faussement surpris, Silmeria ne pouvait pas lui donner tort malgré tout, c'était aussi sa mission, si il y avait une opportunité, il fallait la saisir avant que le campement ne soit en alerte – à supposer qu'il ne le soit pas déjà.

" Dans l'idéal ça serait une excellente façon d'en finir. En silence, discrètement sans risquer de mettre tout le monde en danger. Si les choses s'enveniment, tu iras retrouver ton Maître ? "

"« Si les kendrans découvrent nos agissements et que l'alerte est donnée, il me faudra m'assurer de sa sécurité. Cependant, j'ai interrogé les prisonniers et je sais que le campement est vaste ; nous risquons donc de les perdre... »

« Le mieux sera d'improviser sur place. Nous ne savons pas encore ce qui nous attend. Tu penses pouvoir localiser le roi facilement ?  »

Malheureusement, il avait raison sur ce point. Ils en savait que trop peu et il était impossible de faire un plan solide malgré l'entêtement d'Eldros et d'Ezak.

" Le camp est autour du village de Viskory, il me semble. La configuration d'un camp militaire laisse souvent les tentes de commandement au milieu dudit camp. Si on parvient à trouver un endroit abrité pour que je puisse espionner et que tu surveilles pendant ce temps, on sera plus rapides. "

Après un court moment d'hésitation où elle caressait les bracelets du bout du doigt, elle demanda : " Tu voudrais t'en rendre compte par toi même ? "


Daemon eut un mouvement de recul, avant d'admettre : « Oui. Si cela peut m'aider à comprendre... »

Elle retira les bracelets de l'ombre et les tendit à Daemon, un léger sourire aux lèvres. Le jeune semi-elfe les enfila et laissa la magie faire son office, il avait des affinités avec la magie de l'ombre aussi son usage ne fut en aucun cas une épreuve pour Daemon, les yeux révulsés, il tomba en arrière, laissant Silmeria avec un large sourire.

(« J'espère que tu t'es fait mal, petite saloperie...  » )


Ne l'ayant pas prévenu qu'il tomberait dans une demi-conscience, le Shaakt était tombé à la renverse s'écrasant lourdement au sol. Il ne resta pas longtemps dans l'ombre magique, il la quitta cependant en se massant l'arrière du crâne sous le doux regard de Silmeria qui jubilerait de cet instant pendant quelques centaines d'années.

« En effet... C'est très pratique. Personne n'avait conscience de ma présence. »
Avait-il dit en rendant à Silmeria sa relique.

" Oui, pratique. J'utilise ça pour insulter le Sergent et lui les faire des gestes obscènes... ça soulage. " dit elle d'un clin d’œil.' Mais comme tu l'as constaté, on est plongé dans l'inconscient. Aussi puis-je te faire confiance et laisser ma vie entre tes mains ? "

Daemon ne put s'empêcher de rire en imaginant la scène. Puis, reprenant un semblant de sérieux, il ajouta : « En effet. Je suis flatté et un peu surpris que tu m'accordes autant de confiance. »

Face au jeune Elfe amusé de cette situation, Silmeria lui accorda un sourire sincère. " Pourquoi surpris ? "

« J'imagine qu'on ne devient pas agent de Xenair en confiant sa vie au premier venu. »

C'était peu de le dire, Silmeria aurait préféré être seule ou d'avoir des chemins séparés avec Daemon mais puisqu'elle devait faire avec lui, autant s'assurer qu'elle ne risque rien.


« Il y a quelque chose que je souhaitais te demander... J'ai étudié le corps du capitaine que tu as affronté lors de l'abordage. Hormis la blessure infligée par mon maître, il y en avait aucune. Aucune apparente en tout cas. »

Glissant machinalement la main sur la plume de Xenair attachée à la Tueuse de Mage. Les yeux dans le vague, elle fit un mouvement de son autre main devant ses yeux comme si elle démêlant d'invisibles toiles d'araignée. " Disons que les assassins sont souvent habitués à travailler seul mais il est parfois impératif de savoir protéger ses arrières. "
Quant à sa seconde question, elle se demandait si un geste ne valait pas mille mots.

" Acceptes-tu de me tendre ta main ? "

Le jeune Shaakt la lui tendit, elle était déjà marquée d'une grosse balafre faite avec une lame épaisse, le genre de pacte de sang que faisaient certains généraux avant une mission pour signer un pacte. Elle avait tenté de le faire jadis avec Cromax, le Seigneur de l'Ombre mais celui-ci avait été surpris, comme quoi il s'agissait plus d'une fantaisie du gros lourdeau de Karsinar.

Saisissant sa main entre ses doigts, elle déplia doucement son index et ayant tiré de son autre main la Tueuse de Mage, elle fit glisser le fil argenté de sa dague sur le doigt de Daemon, la lame mordait les chairs mais refusait de laisser le sang s'échapper, peut-être sentait-il la douleur mais fasciné qu'il était à en juger ses yeux, il ne le montrait pas.


Il continua à observer sa main sans entaille, en affichant un sourire grandissant. Puis, toujours avenant, il détacha sa ceinture.

« Mon maître te craint, il te redoute même... Alors comprend ma surprise de me retrouver face à une mignonne me dévoilant tout ses secrets. »

Il laisse tomber la ceinture à ses pieds, et déploie les doigts de son gantelet. Le regard froid, il conclu :

« Voilà ce que je te propose. Prouve-moi que tu es digne, et je te révélerai un secret sur moi. Sinon... il te suffit de mourir. »

Malgré toute sa patience et sa gentillesse à son égard, le Shaakt montrait déjà des signes d’agressivité, Il roula sur le côté tel un acrobate pour se relever subitement et envoyer un coup de point de son gantelet au visage de la femme. Silmeria était accoutumée aux trahisons, elle vit le coup venir mais le véritable conflit était dans son esprit. Ses doigts autour de sa dague s'étaient resserrés comme des serpents blancs lovés dans un nid d'argent. La jointure de ses doigts devenu rouge sous la pression que lui envoyait ses sens exacerbés par cette insupportable créature, elle arma un coup d'estoc dans les entrailles de cette engeance mais ravisa son coup, son Maître ne tolérerait probablement pas de savoir son apprenti tué de sa main et voudrait se venger, elle ne pouvait pas se passer de la Liche...

Daemon frappa le vide, emportant seulement quelques cheveux de Silmeria dans le courant d'air provoqué par sa frappe, la Murène répliqua immédiatement en frappant du plat de la paume la gorge de cet horrible adolescent vindicatif, choqué de cette attaque immédiate, il manqua de s'étouffer et tomba à genoux, les mains sur la gorge à essayer de faire entrer de l'air à travers sa gorge compressée par l'attaque. L'hinïonne ne lui laissant aucune chance pivota et frappa du pied en pleine tête pour le mettre définitivement à terre, lui arrachant toute chance de remporter ce duel soudain mais pourtant perdu d'avance.

Silmeria s'approcha de Daemon tandis qu'il était étendu, tenant toujours la Tueuse de Mage à la main pour lui passer toute envie de recommencer. Son air était nettement plus froid mais sa voix restait douce au prix d'un grand effort de patience et d'abnégation.

« On continue ? »

Toujours au sol, Daemon prit une position plus confortable pour trouver sa respiration. Après avoir toussé et craché, en manquant de s'étouffer, il leva une main en signe de capitulation.
« D'accord, d'accord... Je comprends mieux pourquoi Azra m'a mis en garde. »

" Sage décision "

Elle observa la Tueuse de Mage reflétant le soleil, comme hypnotisée.

" Un assassin moins expérimenté aurait perdu son sang froid... Azra n'aurait pas été très content de te perdre j'imagine. J'aurai sans doute dû le rencontrer en duel pour t'avoir tué... ça en fait des conséquences funestes pour assouvir ta curiosité. "


Ce garçon n'avait pas toute sa tête... Son maître n'osait déjà pas affronter l'hinïonne malgré son invocation canine, mais ce jeune apprenti voulait s'y frotter sans crier gare, pendant l'ombre d'une seconde, elle eut presque de la compassion pour Azra et aux miracles de patience auquel il devait faire appel pour ne pas perdre la tête devant ce chien fou.

(« On est pas passé loin du double meurtre... »)

Avec un rire saccadé, il leva la tête vers elle : « Il ne se serait pas encombré d'une pareille formalité que la vengeance. Je suis déjà mort devant lui, et cela arrivera sûrement encore. »

Face à Daemon hilare, elle semblait intriguée, vaguement décontenancée même." Et bien... maintenant que ta curiosité est satisfaite. Quel est ce secret ? "
Elle tendit la main pour relever Daemon, mais la dague dans l'autre main brillait toujours, laissant entendre au jeune semi-elfe qu'une excentricité de plus lui coûterait cher

« Venons en au fait. Tu n'es pas la seule à avoir la capacité d'espionner. Et Azra n'est pas le seul nécromancien sur ce navire. » Disait-il en se raclant la gorge et passant ses mains sur sa tenue pour se donner un air plus digne.

Une brume blanche, ou quelque chose qui s'en approchait, se forma en tourbillon autour de lui. « Laisse moi te présenter Nienna. »

Silmeria observait l'invocation prendre forme, une femme lui ressemblant vaguement, une elfe blanche flottait en silence dans les airs, elle semblait froide, d'une infinie tristesse et... Si loin.

" Enchantée... j'imagine ? "


« Nous pourrons doubler nos recherches pour retrouver le roi. Cependant, je dois rester statique pour que Nienna puisse me retrouver et délivrer ses informations. Aussi, elle pourra nous aider à nous infiltrer dans le campement en passant devant nous, sans être perçu, pour nous avertir de la présence d'éventuels ennemis. »

Croisant les bras face à cette nouvelle, Silmeria garda un air réservé : " Tu peux envoyer ton invocation chercher des réponses ? Est-elle limitée en terme de distance ? "


« Aucune... il lui faut seulement me revenir, et cela peut prendre du temps. Elle sait aussi se faire discrète, à moins que le quartier maître et le le sergent aient à en redire. »

Trouvant que cette idée ressemblait beaucoup à celle qu'elle avait avec l'Ombre Noire, Silmeria ne pu s’empêcher de poser une question qu'elle n'espérait pas vexante.
" Est-ce que tu maîtrises pleinement ce... sortilège ? "

Daemon fronça les sourcils. « Comment ça ? »

" Je voudrais être sûre qu'on ne tente pas quelque chose de bancal. Je maîtrise l'Ombre noire depuis des années... Je pense qu'il vaudrait mieux éviter de rester trop longtemps immobiles une fois au camp. "

En réalité, elle avait surtout peur qu'il ne se trompe et qu'il invoque un troupeau de gobelins fous jouant de la grosse caisse et soufflant dans des clarinettes au pire moment. Elle insista, quitte à paraître désagréable face à ce qu'il pensait être une excellente nouvelle.


Daemon eut l'air agacé. Son manque d'expérience à se sujet ne pouvait pas être aussi évident. « Nous pouvons aussi nous en passer... Enfin. Je peux paralyser et modifier la perception des ennemis à vue, et me dissimuler parfaitement dans les ombres. Cela devrait suffire à me faire discret et à trouver des ouvertures. Sinon, nous porterons des uniformes, non ? Dans la nuit, nous pourrons nous déplacer à découvert sans grand risque. »

Ayant retrouvé un sourire presque amical, elle secoua la tête et éluda une partie des doutes de Daemon. " Je pensais garder ma tenue et rester dans les ombres, j'ai l'habitude de ne pas me faire remarquer et me fier aux ténèbres. Tu serais plus rassuré d'être travesti en Kendran ? " Observant un instant ses effets déchirés à de nombreux endroits elle ajoutera " Il n'y a pas de femme sur ce navire. Je ferai avec ce que j'ai. "

« Il serait dommage de se priver de cet avantage. Je doute cependant que beaucoup de femmes occupent le poste de soldat. »


" Il n'y a pas d'Hinïonne dans l'armée de Kendra Kar à ma connaissance. Je serai plus suspecte qu'autre chose surtout travestie en homme. Je resterai ainsi... avec un peu de chance personne ne nous surprendra "


« Très bien. Alors je conserverai moi aussi mon équipement, nous pourrons ainsi œuvrer de concert. »


Silmeria risqua alors une question, sachant que la réponse, quelqu'elle puisse être, ne lui plairait sûrement pas : " Cette femme, est-ce que tu la connais ? Personnellement, je veux dire. "

« Je n'ai pas connu Nienna de son vivant, comme personne aujourd'hui. Elle m'a évoquée des termes, qui me sont familiers, mais plus usités depuis des millénaires... Le monde qu'elle a connu n'existe plus. »

Silmeria avait beaucoup de compassion pour la femme de l'invocation, ce devait être bête mais elle ne la voyait pas autrement qu'un esprit arraché de son repos pour satisfaire des envies égoïstes et manipulée de la main d'un Shaakt. L'être fantomatique avait été révoqué par Daemon, visiblement elle était une des premières à voir sa création, manifestement malgré son côté très auto-destructeur, le jeune Daemon semblait rester humble et discret contrairement à certains gradés.

" Soit. Tiens toi prêt, nous ferons arrêter ton Maître et le Garzok. Va peut-être le voir pour lui offrir de garder une de ses armes sur toi. Il pourrait en avoir l'usage si tu venais à devoir le secourir. "
Mais le jeune Elfe la rassura, disant qu'il confiait cette tâche à son geôlier, qui qu'il puisse être.


" Une fois sur lieu, je dois être sûre et certaine que tu ne fera pas d’excentricité comme celle de tout à l'heure. " Son ton avait été plus hivernal, elle préférait être sûre qu'il comprenne bien qu'elle ne tolérerait aucun débordement, il lui faudrait même beaucoup avant qu'elle n'accepte d'employer les ombres et laissant pour seul gardien entre elle et la mort ce Daemon.

Daemon leva les yeux au ciel, comme s'il cherchait une réponse appropriée, et sembla abandonner sa réflexion pour afficher une moue de déception. « J'essayerai de tenir cette promesse... »


Ayant un sourire satisfait, elle s'inclina poliment, ses lèvres s'articulant autour de ce qui semblait être une menace " Sache que je te conforterai à cette promesse. "


La main derrière la tête, il semblait s'amuser de cette situation, sans vraiment se rendre compte que l'hinïonne serait pour lui une ennemie mortelle s'il venait à poser le moindre problème.
Modifié en dernier par Silmeria le ven. 26 mars 2021 04:09, modifié 1 fois.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » ven. 26 mars 2021 03:26

Daemon retrouva la cale et son obscurité rassurante, ainsi que sa pile de cadavre. Il s'étendit dessus comme s'il s'agissait d'un bon lit, et ferma les yeux pour repousser le mal s'en prenait à lui. La chair molle et froide sur sa peau lui offrit un certain réconfort, comme autant de bras et de corps à sa disposition ; il commençait à s'y attacher. Depuis combien de temps n'avait-il point reçu une marque d'affection ? Même Asad, à son retour d'Aliaénon, était resté froid et distant, comme un ami qu'on croiserait au détour d'une rue après bien des années. Il se saisit d'un bras et le passa sur son torse. Asad était si loin... Et si proche à la fois. Il le gardait en lui lors de ses pérégrinations, et la présence de Mikkah n'avait fait que le ramener encore à lui, et toujours, si ce n'était son regard, d'un bleu froid et singulier. Il lui suffisait de se plonger dedans pour frisonner...

Il souffla longuement et se concentra... Les sensations étranges lors de la bataille, cette vision impossible qu'il avait perçu au milieu des flots, tout cela, il le percevait comme un appel. Un appel de l'au-delà. Jusqu'ici, il avait été sourd et muet. Maintenant, il allait parler. Et les appeler.

Sur sa pile de cadavres, il s’emmitoufla comme une belette à l'orée de l'hiver, et commença à psalmodier d'obscures prières du tréfonds des temps. Il se perdit un long moment dans une transe macabre, appelant dans les sphères les esprits égarés, et tandis qu'il se perdait dans un délire intérieur, transit par ses fluides néfastes qui le transportaient, une voix lui répondit dans le tréfonds des ténèbres.

« Anar... Anar est-tu là ? »

« Anar... Anar est-ce toi ? »


Daemon se réveilla. La voix qu'il avait entendu distinctement était proche, très proche, comme soufflée de son chevet.

« Je suis Daemon, Daemon di Phyrexian. Et je t'appelle... »

Il se redressa et tomba nez-à-nez avec une figure blanche. Un visage féminin, éthéré, qui le regardait sans le voir. Une elfe défunte avait répondu à son appel, et psalmodiait le nom d'Anar comme un enfant perdu.

« Je ne suis pas Anar... »

Le regard de l'elfe se fit plus conscient, et lorsqu'elle le vit réellement, une colère monta aussitôt en elle.

« Shaakt... Shaakt ! Tu es de ceux qui m'ont enlevé mon aimé ! »

Le visage fantomatique de l'hiniönne devint plus distinct à la vision de Daemon, d'une blancheur agressive, et à mesure qu'elle devint plus visible, ses fluides obscurs et ses forces quittaient son corps.

« Attends... Ne t'énerves pas. »

Il comprit alors qu'il s'était lié à ce fantôme sortit de nul part. Le don des jumeaux n'était pas un mythe, et il venait de sceller l'alliance impie sans s'en rendre compte... La fureur de sa nouvelle acolyte croissait cependant, et il devait la tempérer.

« Je ne suis pas un elfe noir, mais un bâtard... Les shaakts me méprisent, comme ils méprisent le reste du monde. Je me nomme Daemon. Et toi ? »

La colère de l'apparition sembla s’apaiser, et les forces qu'elle drainait avec aussi. Comme si elle avait oublié le début de leur conversation, elle reprit, l'air égarée.

« Nienna, fille d'Eälrandan, ainsi on me nommait à la cours de Nestyr. Nous y vécûmes des jours heureux, et plus heureux encore devinrent les saisons, lorsque les danses furent accompagnées par la harpe du sud. Ainsi fut nommé Anar, l'être le plus beau et aimable qu'eut connu Yuimen. Nous dansâmes jours et nuits dans le clôt du bois aux songes, dans la clairière même où il demanda ma main...

Jusqu'à la venue des armées d'Imora... qui assiégèrent Nayssan, et...

Anar... Anar... Tout se sang... ANAR ! ANAAARR !! »


La colère de l'apparition réapparut comme une résurgence, et Daemon, dont les forces étaient de nouveau aspirées, dut déployer ses talents pour l'arrêter.

« Suffit ! Arrête.... Mes forces... Ne t'énerves pas. Ce n'est pas sans conséquence pour moi. Et ce ne sera pas sans conséquences pour toi non plus. Je suis un nécromancien, je l'apprends, et toi un esprit. Nous sommes liés par une union, comme toi et Anar, et par notre union, tu es de fait ma servante, et je suis le tien. Ensemble nous retrouverons Anar, dans la vie, comme dans la mort. »

Les paroles du semi-elfe eurent un impact sur l'hiniönne, qui devint attentive.

« Pourrais-tu me retrouver Anar ? »

« Les âmes ne disparaissent pas. Elles retrouvent le royaume du tout puissant, et je suis un de ses disciples. S'il te faut retrouver ton aimé, je t'aiderai, soit en certaine. »

L'être éthéré se redressa, laissant deviner une silhouette gracieuse, et avec une gravité pleine de détermination, conclu :

« Nécromancien... J'ai compris que je ne suis plus. Je le comprends, maintenant. T'a vie m'éclaire, et si par le pacte que tu me proposes, je peux retrouver mon aimé, alors je t'offre mes services... »

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Silmeria
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Quand la serpillière rencontre l'arrogant

Message par Silmeria » ven. 26 mars 2021 03:58

Le jour déclinait peu à peu à l'horizon. Le ciel rougissait de ce qu'il voyait à l'horizon, le combat naval avait dû prendre fin et le port d'Oranan était peut-être déjà pris ou les derniers irréductibles cherchaient encore à repousser les flots incessants des guerriers d'Omyre, arme au poing et l'écume aux lèvres. Silmeria connaissait l'agilité et la force des Oranais, elle se doutait bien qu'ils n'étaient pas du genre à faciliter la tâche à quiconque voudrait raser leurs villes.

Assise en tailleur, la jeune femme s'était procurée une lanterne et un vieux chiffon. Elle laissait assez d'air pour que la flamme jaune grandisse et lèche les parois de verre mat, laissant une suie noire et grasse qu'elle essuyait de son chiffon pour noircir ses lames. Ainsi couvertes de suie elles n'auraient aucun éclat dans la noirceur de la nuit et elle garderait une discrétion sans faille. Après avoir vérifié son équipement plus de six fois, elle ne se sentait toujours pas prête à ce qui allait arriver. Se sentant seule et n'ayant pas une grande confiance en ce plan concocté la nuit précédente, elle fixait le vide, se demandant comment elle allait procéder lorsqu'elle serait seule dans le noir à infiltrer le campement fortifié. Se sentant différente des autres aventuriers, elle comptait leurs vices, de l'orgueil à revendre, de l'indiscipline, de la suffisance manifeste... La Tueuse de Mage au dessus de la flamme, Silmeria méprisait ce navire, elle dont la lame brûlait et l'âme gelait fixait le néant, bercée par les mouvements du bateau.

Ce fut Ezak qui interrompit ses pensées. L'homme avait passé le plus clair de son temps à s'entraîner et mépriser tous ceux qui n'étaient pas sous ses ordres et elle s'imaginait déjà qu'il venait la railler ou cracher quelques propos vénéneux. Mais il n'en fit rien, au contraire, c'était à pas de loup qu'il avançait jusqu'à elle lui proposant de se joindre à son entraînement :

« Je vois que vous avez hâte d’en découdre. Que diriez-vous de vous entraîner avec moi ? J’aimerais voir ce que valent les envoyés de Xenaïr. » Mais malgré cette proposition, qui se valait presque aimable, elle se doutait bien que le Sergent avait surtout envie de voir ce qu'elle valait et que la moindre maladresse de sa part la rendrait victime de moquerie et d'humiliation. Cependant, Silmeria l'avait observé à la dérobée au long de la journée. Il régnait dans son groupe une franche camaraderie, celle qui pousse dans le terreau fertile de la confiance, du respect et du temps passé à affronter maints dangers. Cependant sa posture était rude, aussi dure que son esprit et sa défense bien plus ouverte qu'il ne devrait l'être. L'homme était peut-être trop accoutumé à se battre avec une bonne demi-douzaine de soldats derrière lui, il avait la force du groupe, une force de frappe conséquente quand on est protégés mais la tueuse savait à peu près à qui elle avait à faire, un homme prétentieux, aisé et à l'éducation martiale académique.

S'approchant davantage, il baissa son ton comme pour murmurer un secret et avec un sourire malicieux qu'on prêterait à un enfant qui vient de ramasser une pierre brillante, ajouta :

« Nous en profiterons pour montrer à ces vulgaires mercenaires pourquoi nous faisons partie de l’élite et pas eux.»

Non flattée par ce revers, Silmeria se confortait dans l'idée qu'elle se faisait d'Ezak. Cet homme avait tout de même une certaine chance, la première résidait dans sa capacité innée à vouloir. Vouloir n'est pas donné à tout le monde, il faut naître avec des yeux qui voient clair, un cerveau qui décide vite et des bras puissants pour agir. Par là dessus, il lui fallait suffisamment de talent pour que ce qu'il veuille, le pouvoir, le succès, la gloire, veuille aussi de lui. Et là encore, il devait être assez gonflé d'orgueil pour croire que la gloire, le pouvoir ou le succès en vaille la peine puisque c'était là que son dévolu était tombé. L'ensemble de cet égo gavé à la chance faisait d'Ezak un homme particulier...

" Et bien pourquoi pas. Gardez votre arme dans votre fourreau, ce serait dommage qu'un malheur n'arrive. " La jeune Elfe n'avait pas oublié ses menaces répétées et se demandait s'il n'enveloppait pas de miel une déclaration mortelle à son égard.

Droite sur ses bottes, elle était beaucoup plus petite que l'humain, mais celui-ci avait abandonné son armure complète au profit d'une tenue de citadin décontracté. Une chemise blanche de tissus crocheté, loin des tuniques de chanvre infestées de vermine qu'on trouve dans les bas quartiers des grandes citées. Les cheveux attachés derrière la tête et les mèches tombées sur son visage à la suite de ses entraînements lui donnaient toutefois un air moins sévère, comme n'importe quel visage qu'elle aurait pu croiser dans une ville, un anonyme, un parfait inconnu.

Silmeria ondula en laissant glisser de son dos la cape et sa capuche. Décrochant ses deux lames de sa ceinture, elle les déposa soigneusement dans un caisson de bois et décrocha le serpent de sa cuisse pour enrouler le bijou le long de son bras gauche. Elle aurait été tentée d'utiliser une de ses armes mais Ezak avait de longues épées et bénéficierait d'une allonge en combat, elle ne voulait pas trop lui faciliter la tâche. Auprès d'un marin qui nettoyait les restes de sang et de matière organique sur le pont, elle gagna une grande serpillère aux franges ensanglantées qu'elle écrasa pour en extraire le plus de jus possible pour éviter de se retrouver grêlée de projections peu ragoutantes.

« Ah... Quand je disais que je voulais voir ce que vous valiez, je ne parlais pas de vos talents de recureuse. »

" Je ne voudrais pas que votre victoire ne tienne qu'à la longueur de votre arme. Et puis au moins il n'y pas de risque de se blesser, du moins pas trop physiquement. En garde ? " Avait-elle répondu à cette énième offense, bien que celle-ci soit plus sur le ton de la franche camaraderie, elle n'était pas prête à la prendre comme tel et ne faisait qu'allonger la liste des griefs à son égard. Mais elle savait par expérience qu'un combat amical dénouait bien mieux les nœuds de la rancœur qu'un long discours.

Ses genoux plièrent légèrement, elle tenait la serpillière d'une main, comme une sentinelle dont la lance est fichée au sol, elle se tenait prête à voir de quel bois ce D'Arkasse était capable de chauffer.

Ezak semblait profondément concentré, comme s'il cherchait par quel coup commencer l'affrontement. Ce fut le Sergent qui engagea en premier. Il frappa horizontalement de ses deux lames en direction de la jeune Hinïonne qui recula d'un pas, les coups passèrent à quelques centimètres d'elle mais la Murène n'avait pas cillé. Elle savait bien que l'entraînement lui apprendrait beaucoup sur ses capacités et elle n'était pas prête à lui offrir ces informations sans en dissimuler quelques unes. Il contre attaqua aussi sec mais cette fois-ci, probablement emporté par le poids non négligeable du fourreau sur ses lames, il chancela et manqua de perdre une arme. Du bout du manche de la serpillière, Silmeria envoya une frappe descendante sur le poignet de l'homme, elle visa juste et le bois vint claquer lourdement la rondeur du cartilage, électrisant le nerf et fit perdre son arme à Ezak. Elle connaissait la douleur infligée par un tel coup et savait qu'il aurait du mal à manipuler son arme pendant quelques secondes. Ezak sous le coup grimaça en serrant les dents mais n'émit aucune plainte.

Sans se laisser abattre et animé par la force des combattants, Ezak frappa de sa main valide mais ne rencontra que du vide. La Murène avait disparu dans les ténèbres et ne reprit forme que quelques pas de là où elle se trouvait. Sa tenue semblait changée, comme filée à l'éther, elle ondulait et disparaissait légèrement à chacun de ses mouvements comme un nuage de fumée dispersé par le vent, elle fit un volte face et feignit une attaque mais Ezak s'était déjà trop reculé, son coup ne porterait pas.

Restant sur une garde défensive, Silmeria ne pointait pas le bout de la serpillière face à son adversaire, elle la tenait bien droite, plus prête à éponger le sol qu'à affronter le Sergent. L'homme semblait retrouver l'usage de sa main, son regard se posant un court instant sur l'arme au sol, Silmeria se montra bonne joueuse et marcha jusqu'au sabre qu'elle envoya glisser jusqu'à ses pieds d'un coup de botte.

Il la regarda un bref instant avant de reconduire son regard sur l'hinïonne et dit :

"Non. C'est triché."

Peut-être avait-il prit ça pour une provocation, il rechigna à ramasser son sabre et attaqua immédiatement, sans crier gare à une vitesse époustouflante. Toutefois, le recul qu'il avait pris avait laissé à l'Hinïonne assez de temps pour éviter l'attaque d'un pas de côté et d'un mouvement du bassin. Dans la foulée, les deux opposants tentèrent de se porter un coup, Ezak était trop proche d'elle et manqua, Silmeria manqua sa nouvelle feinte faute de place pour manipuler la serpillière - étonnement, c'était la première fois qu'elle utilisait cet outil comme arme.

Face à tant d'agressivité, Silmeria avait le calme étal d'une casserole de lait portée à quatre-vingt-dix-neuf degrés, Ezak bondit comme un fauve et entama une frappe descendante, droit sur la Murène, celle-ci s'apprêtait à paralyser sa main armée avec la même technique employée plus tôt mais ne parvint à la placer lors de son esquive.

Un léger sourire au visage, la jeune Elfe Blanche donna un coup de pied dans le bas de la serpillière qu'elle tenait toujours fichée comme une lance, gagnée par l'élan, elle pivota du bassin et envoya un coup direct au visage du Sergent, frappant avec les franges ensanglantées qui avaient servi à récurer les intestins vidés et les litres de sang déversés sur le pont. Les franges claquèrent sa peau et s'enroulèrent autour de son visage comme un poulpe trop entreprenant - mais tout aussi visqueux.

Face à ce coup destiné à calmer ses ardeurs, le Sergent s'éclipsa sous la forme d'une traînée de fumée pour mieux réapparaître derrière l'Hinïonne et parvint à toucher le dos de celle-ci, heurtant ses omoplates du lourd fourreau de son arme. Surprise d'une telle vivacité, Silmeria avait encaissé sans rien dire, au lieu de ça, elle disparût de nouveau dans l'ombre noire, laissant là où elle se trouvait une fraction de seconde plus tôt, un léger voile noire qui se dispersait aussi vite qu'il n'était venu.

Apparaissant sur le côté d'Ezak, elle fit une grande courbe de sa serpillière pour frapper les jambes du guerrier et le faucher afin de le mettre à terre. Et si le coup parvint à toucher Ezak, il n'étais pas assez adroit pour le renverser et pire encore, Ezak parvint à déséquilibrer la Murène qui dû reculer pour retrouver son parfait équilibre et releva sa garde pour les prochains assauts, Ezak profita de l'instant pour lancer une attaque aux jambes de l'Hinïonne qui contre-attaqua en cherchant à le désarmer de nouveau, si le coup du Sergent fit mouche, le sien rata, elle s'était montrée trop lente et avait peut-être sous-estimé l'endurance de son adversaire.

La respiration plus profonde, son corps avait légèrement augmenté sa fréquence cardiaque et mais son coeur pompait moins d'adrénaline qu'en temps normal, sa vie n'était pas en danger, même si Ezak n'aurait probablement pleuré si par malheur, son fourreau avait glissé et que sa lame pourfendait la jeune femme.

" On fatigue ? "

Ezak se reculait, il prenait une distance curieuse, n'ayant pas déclaré forfait il semblait quitter le combat. Pourtant Silmeria n'était pas si dupe, elle ne s'abandonnait pas toujours dans un combat parce que l'autre avait décidé de l'y jeter, mais elle savait reconnaître un coup tordu quand son opposant en fomentait un.

D'un puissant mouvement d'épaule, Ezak jeta vers Silmeria sa dernière arme et la jeune femme s'évanouit de nouveau dans les ténèbres. Ainsi désarmé, le Sergent n'ayant d'autre option leva les mains en l'air, attendant un sourire aux lèvres, le retour de la jeune femme. Elle apparut juste en face de lui, pointant la pointe de sa serpillière vers la gorge de l'homme désarmé.

" Je pense que les autres mercenaires en ont assez vu. " Dit-elle en baissant son arme de fortune qu'elle laissa tomber sur le côté après avoir reculé de quelques pas. Elle se baissa et récupéra les deux armes d'Ezak à terre pour les lui ramener.

« Je dois l’avouer. Vous êtes redoutable ! »
(" J'aurai plus transpiré en me servant un hydromel, j'imagine que la vie n'est pas faite de réciprocité. ")

" Le dernier à m'avoir touché en duel, c'était un des Généraux d'Oaxaca. Avez-vous connu un certain Cromax, Sergent ? " Même si pour ce cas précis, elle n'avait pas eu le dessus souvent, il était rare de se confronter à pareil adversaire, Ezak quant à lui avait probablement tout à lui envier en terme de talent d'épéiste.


Il resta un instant interdit, cherchant dans son esprit. La surprise lui ayant fait passer le compliment pour une sottise.
«  Pardon ? Je crois connaître tous les généraux et je n’ai jamais entendu parler d’un Cromax. »

Manifestement, le Sergent n'était pas aussi important qu'il aimait à le croire, n'ayant pas été mis dans la confidence du fameux Seigneur de l'Ombre. Faisant la moue, elle balaya de sa main l'air devant son visage et ajouta : " Oh, rien d'important après tout. Ce fut un bon combat, les prochains seront nettement moins amicaux, essayez tout de même de garder vos armes sur vous. " Dit elle en envoyant un clin d'œil moqueur

Elle observa brièvement la tenue du Sergent et ajouta " Je n'ai pas distingué d'arme dissimulée sur vous, y en a-t-il ? "

Il leva un sourcil concerné, manifestement il ne voyait pas le problème d'un guerrier désarmé face à un adversaire toujours en possession de ses armes. « Non. Pourquoi cette question ? »

Elle tira la tête du serpent qui s'enroulait à son bras et du corps du reptile se dégagea une longue lame si fine qu'elle passerait aisément entre les plaques d'une armure. " Parce qu'on est jamais trop prudent... " Dit elle en agitant la longue lame luisante à la flamme des torches devant Ezak.

Ses yeux suivaient la lame, ils perdaient un peu de l'éclat innocent avec lequel ils pétillaient plus tôt. Il répondit comme envoûté : « Effectivement. On ne l’est jamais trop. »

Silmeria n'avait pas oublié qu'il avait tiré son arme à son encontre au début, avec certains adversaires, il fallait se montrer d'une prudence sans faille, Ezak ne lui semblait pas être le genre d'homme à défier quelqu'un en duel sans être sûr d'en sortir vivant, peut-être se raviserait il ou qu'il chercherait une solution moins noble pour parvenir à ses fins.

" Je me gardais une petite assurance au cas où tu cherches à mettre une menace à exécution... On ne vit pas longtemps dans mon métier sans être prudent. Mais tu es resté noble, je salue le geste. "


« C’était une visite de courtoisie. Je ne te voulais aucun mal. » Dit-il en s’inclinant légèrement.

« Tu es aussi insupportable que divertissante je dois dire.»

Peut-être était-ce vrai, Silmeria changeait de comportement et de ton régulièrement pour empêcher Ezak d'avoir la sensation de voir clair en elle, préférant alterner les facettes de sa personnalité pour troubler l'homme et lui faire comprendre qu'elle ne serait en aucun cas une cible à sa portée.

" Oui, je n'ai pas beaucoup de talents pour la vie en société, le poids de ces années à vivre et exercer seule, j'imagine. " Elle marqua un temps d'arrêt et plissant les yeux demanda :
" Tu le pensais vraiment ? Quand tu disais ne pas revenir ? " Elle n'avait pas encore percé cette énigme, quel intérêt d'être l'heureux régicide si c'était pour périr tout de suite après, la mort et la gloire était des notions qui lui échappait, elle qui était presque immortelle. Ses aventures passées lui avait fait comprendre que les humains qui arpentaient les champs de bataille voyaient la mort de près et de fait, s'y pliaient souvent de bonne grâce.

« En effet, je le pensais et je le pense toujours. C’est si surprenant ? » Avait-il dit sur le ton de la confession, sans même croiser son regard.

Silmeria s'approchera d'Ezak, regardant dans la même direction que le Sergent. " C'est une notion qui m'est inconnue, le sens du sacrifice. Vous savez ce qui pourrait nous faire tuer ? L'ignorance. "

Elle se tourne pour regarder Ezak. " Je vous donne un exemple ? "


Elle savait qu'il considérait ce plan comme important et avait cette fâcheuse tendance à s'approprier quelque chose qui ne lui appartenait pas, comme le plan du Garzok ou son symbole d'instructrice. Elle allait démonter son plan en laissant le Sergent croire qu'elle incriminerait Eldros. Curieuse de savoir s'il tomberait dans son jeu,

Penchant la tête sur le côté tel un oiseau moqueur : " Faisons une petite préparation. Jouez moi votre rôle de Capitaine de l'Azurion, que diriez-vous une fois que vous rencontrerez l'officier en charge au port. "

Ezak peu convaincu se laissa prêter au jeu sans plus de conviction, il récitait presque machinalement ces mots :

«  Je suis le Capitaine Riad Fer-Argent. Nous avons détourné le navire de notre objectif car je détiens des informations capitales que nous avons extirpées à nos prisonniers et qui sont d’une importance capitale pour la sûreté du Royaume.  »

Croisant les bras et ayant un air plus sérieux Silmeria ajouta :" Qui me dit que vous n'avez pas inventé ça pour fuir le combat et revenir au port ?
Pourquoi les navires escortant la Princesse ne se sont pas chargés de ces prisonniers ? »


La Faera de Silmeria s'affola et ouvrit de grands yeux surpris. («  La princesse ? Pourquoi tu lui en parles ? Et elle n'est peut-être jamais venue en bateau, en tout cas c'est pas ce que les marins ont dit. »)
(«  Peu importe que ce soit vrai, pourvue qu'il le croit... ») Disait-elle à mesure que les graines du doute et de l'incertitude germaient.

Restant un court instant interdit comme s'il venait de comprendre que ce maigre plan laissait trop de zone sombre et qu'il se trouverait rapidement en difficulté.
« D’accord... J’ai compris. »

Ses sourcils prirent la forme de deux serpents noirs formant un nœud contrarié: «  Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi tu as validé le plan alors même que tu avais vu cette faille. »

Haussant les épaules elle se contenta de dire simplement : " N'ai-je pas dit que c'était suicidaire ? Ce que je ne comprends pas c'est votre manque d'intérêt pour mes mots. Manifestement Eldros semble très réfléchi mais il faut croire que les plans s'ébranlent facilement... "

Après un sourire radieux, elle ajouta :

" De toutes façons, ce n'est pas comme si cette mission était cruciale, qui a besoin d'un plan réfléchi ? " Observant à gauche, à droit mimant de chercher quelqu'un : " Ici, personne manifestement. "

Sachant parfaitement que sous le couvert des ombres, elle pourrait trouver une solution à – elle l'espérait – chaque problème qu'elle rencontrerait mais savait que tous ceux qui seront présentés à l'état-major, si ça venait à arriver, seraient étroitement surveillés et n'auraient pas le luxe de pouvoir s'arrêter deux secondes pour fomenter quelque chose.


Il ne prit pas bien la nouvelle, levant les yeux au ciel et poussa un soupir d'éolienne, il rétorqua : « Vous voyez... Là, c’est typiquement le genre de moment où je vous trouve carrément insupportable. »

Silmeria éclata d'un petit rire cristallin, un grand sourire plissait ses yeux et en envoyant sa cape par dessus son épaule, elle dit : " Tu sais, le danger dans un groupe qui n'est pas soudé, c'est les autres. Tu ne fais pas confiance à Eldros, ou en tout cas un peu moins maintenant, tu n'es pas prêt à mourir pour le Garzok alors que tu l'es pour la Liche... Notre groupe est en déliquescence, c'est notre plus grand danger. "

Avec une certaine tension dans la voix, il dit : « Vous avez appelez ça un groupe ? Le seul groupe qu’il y’a sur ce navire ce sont mes hommes qui le composent. Ils sont soudés, unis derrière moi. Et vous, moi, tous les autres. Qu’est ce qui nous unis ? Certains sont là par appât du gain, d’autres par allégeance, certains parce qu’ils cherchent des alliés. Je ne sais même pas ce que vous faites là vous ! Nos valeurs sont différentes. Hier deux membres de votre groupe ont manqués de s’entretuer pour ces différences de points de vues. Et croyez moi, ça aurait été moi face à ce maudit Garzok je l’aurais tué sur le champ. Et vous avez pourquoi ? Parce que je hais ces créatures immondes du plus profond de mon être. Ils sont une insulte même à l’existence. Quant à vous, j’ai bien vu dans votre regard le dégoût que vous éprouvez pour le suivant d’Azrael. Alors dites-moi le moi. Qu’est-ce qui nous rassemble ? »

Silmeria émit un doute à ce qu'il disait, en réalité, elle avait cru comprendre qu'il méprisait les Garzoks parce qu'il ne pouvait les dompter, il lui était sans doute inconcevable d'avoir un garzok sous ses ordres, bien que ce soit des machines à tuer bien plus fortes qu'un homme moyen, ils restaient sauvages, répondant à des règles simples mais intransigeantes et ça, Ezak ne pouvait pas le concevoir, Silmeria voyait là l'origine de sa haine pour les Garzoks, rien à voir selon l'hinïonne avec son dégoût des Shaakts depuis la perte de toutes ses sœurs lors d'une attaque. Sa gorge piquait, était-ce le froid ou bien avait-elle simplement caressé de trop près un souvenir aussi douloureux que lourd à porter ? Silmeria déglutit et eut un petit recul face à tant de conviction, la naissance d'un rictus moqueur toujours à portée de lèvres sans pour autant se montrer trop rieuse, ses yeux quant à eux deux, restaient à la fois sérieux et intrigués. " Et bien... C'est vous qui êtes sensés rassembler les gens. Vous êtes le Champion de Crean, anobli par la Reine noire, enfin sans aller jusqu'à étaler vos anciennes prouesses, vous avez normalement ce qu'il faut pour fédérer et conduire une troupe d'hommes. On ne gagne pas le cœur des gens en tuant, le fin du fin c'est d'en obtenir la confiance malgré nos ressentiments. Vous assemblez quant à moi, je défais. C'est mon rôle. Quant au Shaakt disons que d'être capturée, deux fois au total par ces saloperies et torturées six mois dans une prison secrète, ça a tendance à vous faire voir la vie sous un autre angle. Mais c'est de l'histoire ancienne, ça remonte déjà à quatre jours. Autrement dit tout est oublié. " Son sourire grandissait, bien sûr elle avait marqué de l'ironie.

Souhaitant confronter Ezak au rôle qu'il voulait endosser, la Murène rappelait qu'il était là la responsabilité du gradé de fédérer et de rallier sous sa coupe un groupe aussi solide que celui qu'il appelait « ses hommes ». Jubilant d'avance face à sa réaction, elle décortiquait ses expressions faciles, tâchant d'y trouver le moindre signe de faiblesse.


Mais il n'en montra aucun signe, au contraire, il eut un rire presque sincère.


« Tant de naïveté… S’en est presque adorable…»

Ils croisèrent leurs regards. « Ce n’est pas mon rôle de rassembler les gens. Mon rôle est de rassembler les membres de l’armée d’Oaxaca. Ceux-là ne sont que de vulgaires mercenaires. Parce que le grand Karsinar n’a pas eut meilleure idée de haut de son poste de Général. Quoi ? N’allez pas me dire que vous ne voyez pas l’absurdité de la situation. Pourquoi ne pas envoyer des hommes de l’armée ? Des hommes dévoués à la Reine. Ah ! Oui j’oubliais. Il n’y a que des Garzoks dans l’armée du Prédateur Ultime, alors pour une mission d’infiltration ce n’est pas l’idéal. Admettons ! Alors pourquoi ne pas demander À Lorener de lui prêter main forte ? Attendez… Les Treize ne serait pas divisé ? »

Reprenant son souffle, il continua :
« Vous croyez vraiment que Xenair et Lorener nous envoient pour aider Karsinar ? Nous sommes là parce que nos chefs se battent pour savoir lequel d’entre eux se fera le mieux voir par la Reine. Vous et moi sommes des jouets et notre présence ici est le signe de la division de nos chefs. Nous sommes trois fédérations sur ce navire, dont un auquel on ne peut se fier. »

Malgré sa tentative de semer le doute, il soulevait un point intéressant car véridique, la guerre avait creusé les tensions entre les Généraux, elle le tenait de Cromax lui même qui avait longtemps hésité à lui faire confiance, faute de connaître le point de vue de Xenair à son sujet. Mais Silmeria avait de la ressource et continua à œuvrer pour déconcerter l'homme :

" Leur division ne doit pas être la notre Ezak, il faudra bien une certaine entente pour parvenir au bout de cette mission. Et bien que tu sembles mépriser cette discorde chez les hauts dignitaires de la Reine, tu es prêt à ramener à Crean la tête du roi, est-ce que je me trompe ? C'est marrant, j'ai entendu un Kendran dire un jour à ses hommes que les soldats sont comme les doigts d'une main. Seuls ils n'ont aucune force. Ce n'est qu'ensemble qu'ils peuvent former un poing et être efficace. Encore un discours pétris de bon sens et naïf comme il le faut, mais à un moment il nous faudra bien œuvrer de concert pour réussi notre objectif. "

Jouant sur la corde qui selon elle était chère à Ezak, la loyauté et le respect envers son frère d'arme, Silmeria avait argumenté pour créer une faille. Elle se doutait que c'était vrai pour certains, mais les assassins eux n'étaient pas réputés pour travailler en groupe, là où Crean envoyait quinze hommes, Perhailhon une armée, Xenair envoyait une seule femme. Et cette dernière estimait que le fin du fin était de s'attirer la confiance des traîtres – n'avait-il pas été hostile envers elle malgré leur appartenance à la même armée ?

" Tu as du... sang là. Essuie toi avant que ça ne sèche. " Disait elle en pointant du doigt son visage et sa bouche, plissée dans un sourire malicieux.

« Ah… Merci. » Avait-il simplement articulé. Ses yeux troublés regardaient partout sans parvenir à ancrer leur pupille quelque part, il était manifestement décontenancé comme s'il n'en revenait pas d'avoir entendu quelque chose de la sorte sortant de l'hinïonne.

Elle l'observa en silence s'essuyer tout en entortillant une mèche de ses cheveux blancs du bout du doigt. " Nous avons connu un début difficile. Chaotique. Tu as tiré les armes contre moi mais maintenant il faut faire abstraction. Sinon autant tous nous entretuer ici même sur ce navire... mais ça serait une mauvaise idée et tu sais pourquoi ? "

Elle marqua un temps de pause, la question était rhétorique mais elle ne manqua pas de faire une plaisanterie : " Parce que je serai incapable de naviguer seule pour gagner la terre ferme "

Elle retient un petit rire et envoya un clin d’œil moqueur au Sergent

Son humour fit mouche, elle jouait maintenant sur son terrain et Ezak sourit à sa plaisanterie avant de répondre avec mesquinerie. « Pourtant hier, tu montrais une certaine... affinité avec la barre. » L'homme avait donc été témoin de son arrivée maladroite à bord de l'Azurion, il était rare que la femme ne cligne en pleine lumière, c'était encore quelque peu hasardeux mais elle comptait bien travailler ce détail, si cette fois-ci elle avait eu de la chance avec ce Capitaine mal habile, le destin pourrait bien lui offrir un opposant plus agile et vivace.


Silmeria ricana à sa plaisanterie. « Oui, la mission était de prendre la barre, j'ai pris ça trop au sérieux. Tu ne devais pas être trop occupé pour avoir le temps de m'observer. » Après une profonde inspiration elle ajoutera : «  Cet entraînement m'a donné soif. Et un peu faim. »

Ils échangèrent un regard chargé, il y eut un petit quelque chose que Silmeria ne savait décrire, comme si Ezak venait de tomber dans le jeu de la séduction maladroite qu'elle lui envoyait, elle qui se montrait inquiète au sujet du plan et confessait ses doutes au sergent, seul pilier sur lequel elle jugeait bon de s'accrocher, Ezak y trouverait peut-être quelque chose lui rappelant... Ce qu'il était.



Ezak inclina légèrement la tête pour la saluer. « Je vous laisse donc, pour que vous alliez vous restaurer. Je vais moi même me retirer dans la Capitainerie. Demain est un autre jour, et cette dernière nuit sera pleine de soucis. » il n'avait cependant pas mordu à l'hameçon lancé par l'Hinïonne qui voulait pousser le vice à l'envoyer chercher des victuailles pour qu'ils puissent continuer à discuter, mais elle estimait que le moment n'était pas non plus mauvais pour s'éclipser, elle laisserait Ezak avec ses doutes et ses interrogations espérant avoir coulé en lui un poison qui meurtrirait ses convictions ou au moins sa nuit.


" Je pense que c'est peu de le dire. Sergent... " s'inclinant à son tour, elle cligna ailleurs pour le côté théâtral.




Sortant des ténèbres à quelques mètres, hors de vue, Silmeria passa sa main dans ses longs cheveux, cherchant machinalement à concentrer ses doigts tremblants sur une activité manuelle et apaisante. Elle n'en revenait pas de cette dualité au sein de cet homme, il était à la fois intègre dans un monde où les hommes se battaient sur tout les fronts, il était droit avec ses hommes et s'étonnait de recevoir des résistances lorsqu'il imposait sa droite aux autres « engeances » comme il aimait à le rappeler, il agissait avec ce fanatisme et cet entêtement comme si le monde était à lui, à ses ordres, misérables admirateurs de sa grandeur. Malgré ça, Silmeria comprenait qu'il se battait férocement pour rétablir l'injustice qui entachait son nom, et pour un homme ayant tant d'amour pour son nom et sa famille, il était normal de le voir chérir hardiment son titre militaire, bien qu'il ne soit – que Sergent – et que ses talents de combattant qu'il surestimait probablement ne lui avait pas offert la victoire face à une femme armée d'une serpillière, même femme qu'il avait menacé d'exécuter plus tôt.

Se pinçant le nez du bout des doigts, il était froid et humide, elle avait légèrement froid et ses épaules grelottaient sous la bise incessante de ce froid marin.

(«  Alors... Qu'est ce que tu en penses ? ») Demandait Cèles, la Faera avait gardé un calme exemplaire, d'ordinaire bien plus généreuse quand il s'agissait de dispenser des moqueries.
(«  Je ne sais pas si je le déteste ou si je le trouve vaguement attendrissant. Il est bourré de convictions toutes plus risibles les unes que les autres, court au devant d'une mort certaine animé de l'espoir que son nom sera lavé et scandé d'admiration par la terre entière. »)

(«  Il sera amusé de constater que si quelqu'un doit scander son nom dans ce camp, il y a de forte chance que ce soit un Garzok, en tout cas, pas le nôtre. Lui s'il le pouvait... »)

(«  Je crois que Kurgoth le déteste assez pour le manger. »)

(«  C'est un peu extrême... Quoique, ça reste dans la culture Garzok. Mais en attendant, on réca-pè-pète ! Tu vas avec ce vilain garnement en espérant qu'il ne te composte pas quand tu exploites la magie de l'ombre. Déjà ça, ensuite pendant ce temps, il faut que les autres se fassent passer pour Capitaine de navire avec le second ressuscité par la liche qui elle même sera retenue prisonnière à côté du Garzok avec lequel elle s'est presque mortellement battue, le tout sur la surveillance de deux hommes, un silencieux et prudent et l'autre ambitieux et impulsif qui se détestent cordialement. Tous les quatre presque. J'oublie rien ? »)

(«  Si. On va tous mourir. »)




---------------------------------

Le réca-pè-pète !
La Laide-les-Maines décroche sa formation et part à Tulorim
Libération des captifs conduits à Tulorim en toute discrétion
Participation au plan,
Aparté avec Azra au sujet des torturés sur la Laide
Aparté avec Kurgoth
Aparté et combat avec Daemon et mise au point du plan
Aparté et combat avec Azra et mise au point du plan
Fume ses lames à la suie pour en dissimuler l'éclat.
Une fois au port, Silmeria sortira encapuchonnée du navire en se glissant discrètement dans un groupe pour chercher un endroit discret en utilisant ses capacités RP :

Dissimulation : Tant qu’on n’a pas connaissance de sa présence, l’assassin est indétectable.

Silencieux : Le ninja a la capacité d'être totalement silencieux dans ses déplacements, qu'il marche, coure ou saute, s'il prête attention à n'avoir sur lui aucun objet risquant de faire du bruit s'il est nonchalamment porté.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » ven. 26 mars 2021 07:23

Daemon conversa longuement avec sa nouvelle compagne. La conscience de Nienna s'ouvrit à mesure de leurs échanges, comme si elle s'éveillait d'un long rêve, elle devint plus spontanée, plus contextuelle, et comprit à mesure la réalité dans laquelle Daemon évoluait. De toute évidence, l'esprit s'était perdu dans un abyme de temps vertigineux, errant au fond des abysses à la recherche du tourment qu'elle n'avait jamais pu vaincre : son deuil. Elle eut quelques difficultés à s'accoutumer à l'esprit tordu de son nécromancien, mais finit par se plier à ses jeux et ordres, quelques peu fantaisistes, et le quitta pour s’acquitter de sa première mission.
Lui aussi quitta son repos d'agonie, bien décidé à se mettre au travail. Après tout, il avait une mission à remplir.

Il alla retrouver les prisonniers kendrans prêt de l'entrée de la réserve, qui patientaient sous la lueur d'une lampe à l'huile. Constatant que le nécromancien étaient encore absent, Daemon alla de son commentaire.

« Je suppose que le nécromancien n'est pas encore descendu... Et moi qui lui disait... Enfin peu importe. J'ai à vous parler, un par un. »

Il attrapa une lampe éteinte et l'alluma avec son amadou, pour ensuite inviter le prisonnier le plus faiblard à le suivre. Il l'emmena plus loin dans la cale, assez loin pour ne pas être entendu distinctement des autres, mais pas au point de rencontrer la pile de ses camarades.

Il l'invita à s'installer sur une caisse face à lui, et entama le dialogue. Le kendran dénommé Rick était craintif, pour ne pas dire terrorisé. Daemon essaya alors de le rassurer, en entament le dialogue calmement, sans le brusquer. Le prisonnier répondit sans se faire attendre, le regard fuyant, déclarant ne pas être un membre de l'équipage, mais de la garnison de Bouhen ayant embarqué pour se battre contre... Omyre. Au vue de la vacuité des réponses qu'il lui livrait, Daemon se fit plus insistant, et Rick lui fit une description sommaire du campement où ils s'étaient arrêté, une nuit seulement. Un endroit vaste avec des tentes à perte de vue, organisé autour de Vie-et-Scories, selon ses termes. Il déclara s'être contenté d'obéir aux ordre et de ne pas trop se mélanger. Le semi-elfe se fit alors plus insistant et réduisit, immobile comme un serpent, la distance qui les séparait. Le soldat fut alors prit de panique et recula en rampant jusqu'à buter contre la coque du navire. Désespéré, Daemon le congédia et lui demanda d'appeler Bert, le suivant sur sa liste.

Un jeune homme blond à la mâchoire carré arriva alors, sans savoir quoi faire. Daemon l'invita à s'asseoir, et engagea la conversation. Le kendran lui répondit de manière assez familière, sans réelle crainte, avec même une mesure d'effronterie. Soucieux de maintenir son emprise, le semi-elfe évoqua ses rapports avec le nécromancien et réclama des détails sur le navire et son équipage. Bert ne vit pas l'intérêt de parler de l'équipage décimé, et évoqua seulement la famille du capitaine à Kendra Kar. Le sujet bascula alors sur le campement, et Daemon obtint guère d'informations précises, si ce n'était l'étendue de sa surface et l'anarchie qui y régnait, ainsi que son caractère temporaire, car les armées n'allaient pas tarder à se mettre en route pour Oranan. Un point important que Daemon nota mentalement, la dispersion des osts et grands seigneurs n'allant pas avec leurs objectifs. Il poursuivit alors la conversation sur les autres prisonniers, et lui demanda d'aller le suivant, ce à quoi Bert l'envoya paître, de manière effronté.

Daemon souffla pour canaliser sa patience, et appela le suivant : Loen. Il le savait plus retord que les autres, plus nationaliste, et cela ne manqua pas. Le prisonnier refusa de s'asseoir face à lui et le semi-elfe du user de menaces pour réussir à le faire plier. Mais ce n'était pas gagné pour autant, et après un long bras de fer, il finit par le faire craquer. Loen évoqua alors les origines de la caraque, un navire de l'armée de Kendra Kar affectée à la surveillance des côtes, mais aussi ses relations avec les autres, estimant Bert, considérant Rick comme une mauviette et Berth, le second, comme une grande gueule avec la fidélité changeante. Sur le campement, il ne lui apprit rien de plus, et le prisonnier ne tarda guère à redevenir acerbe, ce qui acheva la patience du semi-elfe.

Vint alors Berth, le second, celui qu'il attendait avec le plus impatience. Daemon savait ses allégeances versatile et essaya de flatter son égaux pour parvenir à ses fins. Il avait cependant sous-estimé ses tendances, car le second refusait d'adresser la parole à qui que ce soit autre que le nécromancien. Il dut donc insister et se présenter comme étant le disciple d'Azra, jusqu'à friser la crise de nerf, pour enfin réussir à le faire parler. Il put alors en savoir davantage sur la vie à bord, sur le capitaine de l'Azurion. Un capitaine de bonne réputation, droit dans ses principes et assez discret, qui conviait son second à toutes les réunions pour en placer de belles — selon ses propres dires. Daemon s'intéressa alors aux personnalités présentes lors de ces réunions, notamment celle de Viskori, et le second évoqua un général, ainsi qu'un amiral, et confirma surtout la présence du roi. L'autre point sur lequel insista Daemon, fut le campement en lui même, et Berth se limita à une description assez évasive. Il refusait de toute évidence de livrer ses informations, et après avoir subit les menaces de Daemon, avoua clairement ne pas vouloir les donner, préférant guider les mercenaires jusqu'à leur but, dans l'espoir évident de s'échapper pendant l’opération. Naturellement, il ignorait que ses jours étaient comptés. Le semi-elfe s'évertua à le faire plier, sans autre succès. Et finit par conclure qu'il aurait alors affaire au nécromancien.

Pensif, il le renvoya auprès des autres prisonniers et synthétisa toute les informations recueillit. Lorsqu'il retrouva son domaine, Nienna l'attendait avec de nouvelles informations. Comme il lui avait demandé, elle avait fait le tour des navires et était tombée sur une discussion dans la capitainerie avec des personnages qu'il lui avait présenté plus avant. Ainsi Daemon apprit des détails intéressants sur Silmeria, mais aussi le contenu du plan, ou des intentions chaotiques du triumvirat. Alors qu'ils échangeait dans l'obscurité, une voix vint les interrompre. Daemon sursauta et fit un geste précipité à Nienna, qui se disperça.

Eldros avait fait irruption, une lampe à la main, et lui demanda ce qu'il faisait. Le semi-elfe reprit une position plus confortable et répondit avec nonchalance :

« Rien... et je peux savoir ce que tu fais ici ? »

Plein de méfiance, le quartier maître désigna la position des prisonnier de sa lampe et déclara avoir besoin de leurs uniformes.

« Inutile de prendre leurs uniformes. Nous en avons d'autres dans le baquet derrière toi... certains risquent d'être tâchés. »

Le pirate se détourna pour constater à la lumière que les uniformes récoltés par Daemon et Mikkah étaient bien entassés là, puis il le prit à parti, accusateur, en affirmant avoir entendu une voix de femme. D'un air faussement amusé, Daemon ne manqua pas de se moquer de lui.


« Ton imagination te joue des tours. Il n'y pas de femme sur ce navire, hormis... » et son regard se perdit un instant.

Le quartier maître généralement maître de lui ne put s'empêcher d'afficher une grimace de mépris, avant de l'accuser d'être un menteur. Et revenant à ces préoccupations, il demanda les noms et les grades des prisonniers, car sûrement avait-il dans l'idée de les exploiter lui aussi. Dans le simple but de ne pas coopérer, Daemon lui demanda précision.

« Aux prisonniers ? »

Et Eldros confirma, avec argument parfaitement maîtrisé, signe qu'il était préparé à l'avance.

« Nous avons le second : Berth, que tu connais bien... et les matelots et soldats de Bouhen : Rick, Bert et Loen.
Si tu souhaites en savoir davantage, tu demanderas directement à mon maître. »


Le quartier-maître ne s'en offusqua pas, ou pas directement, car ce fut une expression de dégoût qu'il afficha, en désigna la pile de cadavre, en lui demandant pourquoi il ne les jetait pas.

L'idée parut saugrenu à Daemon, qui répliqua sur le ton de l'évidence :

« Il peuvent encore servir pour les combats à venir, pour le renseignement... et ils sont très confortables. Nous nous en séparerons quand l'odeur deviendra moins supportable. Combien de jours de voyages avons nous ? »

Deux jours de voyages leur restait à faire avant d'arriver au campement.

« J'espère qu'ils tiendront d'ici là... »

Daemon souleva un bras mort et le laissa retomber. Il poursuivit avec malice :

« Rougine, c'est bien ça ? Nous avons eu vent de tes manigances... qu'essayes-tu de réaliser ? »

Eldros fut outré par son allusion et se déclara pleinement dévoué à l'accomplissement de leur mission. Une tâche qui, selon lui, n'était pas aisée vu le chaos qui régnait à bord, notamment apporté par le « chien fou de garzok ». Il alla même jusqu'à se présenter comme une chance de réussir la mission, ce qui ne manqua pas de décrocher un sourire à Daemon. Le personnage l'intéressait, et il comptait bien commencer à l'éprouver, mais le souffle cryptique de son maître résonna alors, déclarant avoir tempéré les facéties du garzok. Azra apparut alors, et se désola de l'agitation qu'il avait soulevé dans l'après midi. Le quartier-maître montra un signe d'étonnement sincère, et le remercia plutôt d'avoir mater Kurgoth qu'il tenait pour intenable. Le Premier Messager précisa alors que l'ensemble de l'équipage, les mercenaires en particulier, étaient tous facteur d'une instabilité, qu'il avoua avoir du mal à supporter. Puis il en vint au fait, et lui demanda la raison de sa présence dans l'antre de son disciple, en soulignant qu'il s'était taillé un siège bien confortable.

« Confortable... »

Eldros sorti alors son baratin au sujet de la mission, et ne manqua pas d'évacuer toutes ses suspicions sur Daemon, le traitant de menteur au sujet de la soi-disant voix féminine qu'il avait entendu. La frustration du marin était un réel délice pour semi-elfe, qui avec la présence de son maître, réalisait pleinement qu'il avait lui aussi et dorénavant le titre de nécromancien.

« Aucune qui ne respire, à ma connaissance. » répliqua Daemon, au bord de l'extase.

« Tu devrais te méfier, il est imprudent d'écouter aux portes. »

Il adressa un regard fugace à Nienna, qui traversa le corps d'Eldros et lui procura un frisson glacial. Le quartier-maître frémit, sans pour autant se laisser décontenancer. Il afficha même un sourire jubilatoire, en prétextant que le froid de la mort ne l'effrayait point.

Azra intervint alors et mit fin à la querelle, ce qui agaça Daemon qui décida de se refermer et de ne pas participer à leur discussion au sujet des prises de décision dans la capitainerie. Il se vautra de nouveau sur sa pile de cadavres et écouta d'une oreille distraite les conseils passablement périmés du nécromancien à Eldros sur l'utilisation de la magie noire, qui en profita pour lui donner une leçon sur la captation des âmes pour exécuter ses sortilèges. Daemon ne répondit rien, du fait de la présence d'Eldros, car il ne l'avait pas attendu pour mettre en place ses expériences.

Une fois la discussion achevée et le quartier-maître sorti, il prit le Premier Messager à parti.

« Si tu as fini de te pavaner, j'ai quelques informations pour toi. J'ai fini l'interrogatoire des prisonniers. »

Il lui expliqua alors en détail ce qu'il avait appris, des informations brutes sur leurs objectifs sur le continent, jusqu'à la psychologie des prisonniers, lesquels étaient influençables, utilisables, ou dangereux de part leurs tendance à la révolte, ou à la faiblesse.

Puis, une fois fini, il lui présenta Nienna. Le fantôme afficha sa présence, ce qui ne sembla pas surprendre Azra...
Daemon lui expliqua la tenue de leur rencontre, et aussi les informations qu'il avait collecté grâce à elle. Ils avaient dorénavant un nouvel allié sur qui compter.

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Ezak
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Ezak » ven. 26 mars 2021 08:42

Durant la journée, je m’étais entrainé et avais passé mon temps à observer les différents membres du groupe. Surtout les mercenaires et l’Irrévérencieuse. Celle là était un cas fascinant. Elle avait passé son temps à avoir un air triste et blasé sur le visage. Parfois il semblait que ses yeux allaient se perdre dans le vide, comme si elle était concentré sur quelque chose d’invisible pour moi ou bien comme si son âme avait quitté son corps subitement. Diagnostique ? Femme folle. Personne de sainement constitué ne pouvait avoir de tels changements de comportements. Foi d’un lunatique… Et Rougine qui prétendait nous avoir réunis tous les trois parce que nous étions les plus mentalement équilibré… Il ne devait pas bien avoir les yeux en face des trous, et il avait une image de lui-même complète erroné. Nous étions probablement les plus déséquilibrés de ce navire. Mais de ce trio, j’étais le seul à reconnaître ses tares. C’était une force.
Le soir approchait. J’observai l’Irrévérencieuse qui était en train de préparer ses armes, l’air absente, comme à son habitude. Je me rappelai l’énervement dans lequel elle avait mis Azra, lui, qui, d’habitude gardait son sang-froid. La seule fois où je l’avais vu en colère avant ça c’était contre moi, sur Aliaénon, lorsqu’il m’avait menacer quand il avait compris que j’avais été envoyé par Omyre pour espionner les forces Ynorienne. En vérité, je me demandais ce qu’elle valait. Il me fallait la tester.

Je me rapprochai de l’elfe le pas lent. Il ne faut jamais brusquer un animal sauvage. Il peut avoir peur, réagir avec agressivité, et vu l’état mental de la bête, il valait mieux prendre ses précautions. J’avais choisis d’être courtois, adoptant la même attitude qu’elle, la veille. Si c’était le jeu qu’elle voulait jouer, je décidai de le faire selon ses règles et voir où tout ça allait nous mener. Pour la première fois depuis notre rencontre j’utilisais un ton cordiale :

« Je vois que vous avez hâte d’en découdre. Que diriez-vous de vous entraîner avec moi ? J’aimerais voir ce que valent les envoyés de Xenaïr. »

Je baissai le ton. Comme si je lui faisais une confidence.

« Nous en profiterons pour montrer à ces vulgaires mercenaires pourquoi nous faisons partie de l’élite et pas eux.»
Elle accepta, mais me recommanda de garder mes armes dans leur fourreau. Elle était méfiante. Je n’en attendais pas moins d’elle. L’elfe se leva donc et alla récupérer une serpillère, qu’elle subtilisa à un marin. Je levai un sourcil.

(Elle compte réellement se battre avec ça ? )

C’était manifestement le cas, car je la vis revenir vers moi avec son outil et se placer face à moi. La perche était trop belle. Je ne pus retenir une raillerie dont j’avais le secret, mais je l’avais lâché sur un ton amical, loin des attaques acerbes que j’avais fait pleuvoir sur elle la veille.

« Ah... Quand je disais que je voulais voir ce que vous valiez, je ne parlais pas de vos talents de recureuse. »

L’elfe répondit à ma moquerie. Je pris mes armes en main et je me concentrai sur ma respiration, pour favoriser la précision à la puissance. Autour de nous, je sentis les hommes arrêter leurs activités pour nous observer. J’imaginai que deux officiers d’Omyre qui s’affrontaient devait valoir son pesant de yus. Peut-être même que certains pariaient sur l’issus du combat. Ma concentration finit par avoir raison de la conscience de l’environnement. J’étais concentré sur la seule présence de l’Irrévérencieuse. J’envoyai une première attaque horizontale de mes lames qui la manqua de peu. Continuant sur ma lancé j’attaquai à nouveau mais je fus déséquilibré, trop peu habitué à me battre avec des fourreaux. Mon sabre manqua de m’échapper et mon adversaire profita de ce moment de déséquilibre frapper mon poignet du manche du balai sur mon poignet. La douleur fut si vive que je grimaça, obligé de lâcher mon arme. Quelle précision... J’en étais sûr à présent, elle savait se battre. Mais j’avais de l’énergie à revendre. L’abnégation était l’une de mes forces. Je frappai à nouveau de ma seule arme, et elle disparut aussitôt dans les ténèbres.

(Qu’est ce que… )

J’étais surpris. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Était-ce une utilisatrice de magie ? Je n’aimais pas les combattre. J’avais eu bien trop de mauvaises expériences. Je réfléchis en un instant, et je reculai de quelques pas, pour ne pas me faire surprendre. Un combat se gagne avec la tête. Et j’eus bien raison car lorsqu’elle réapparue je fus hors de sa portée. Étrangement, j’eus l’impression de voir flou lorsque je l’observais, elle était devenue subitement difficile à suivre du regard. Je dû plisser légèrement les yeux. Je bougeai les doigts de ma main libre. Elle n’était plus douloureuse, ce qui me permettait de récupérer mon arme. Je jetai un coup d’œil à mon sabre, au pied de l’elfe. Suivant mon regard, elle envoya mon arme dans ma direction d’un coup pied. Je refusai de la récupérer. Si nous étions dans un vrai combat, cela n’aurait jamais eu lieu. Je lui fis savoir ma manière de penser.

"Non. C'est triché."


À peine eu-je finis de parler que je m’élançai vers elle avec le pouvoir de mes bottes. Je filai sur elle à la vitesse d’un cheval au galop. La plupart n’aurait pas réussis à éviter une telle attaque, mais malgré la surprise, elle parvint à m’éviter d’un pas de côté. Nous étions de nouveau au corps. Mais bien trop proches. Nous nous génèrent mutuellement, au point de ne pouvoir se porter une attaque. Utilisant le pouvoir de mon épée, je bondis à la verticale et frappe d’un mouvement descendant. Mais je la rate encore une fois, fort heureusement, elle ne parvient pas à me toucher non plus, ayant été obligée de faire un trop grand mouvement pour esquiver cette attaque surprenante. Mais elle ne me rata pas la seconde fois lorsqu’elle envoya le balai serpillère dans mon visage côté frange. Avec du recul, je la soupçonne de l’avoir fait exprès. Je reçu l’objet de plein fouet mais j’utilisai mon pouvoir des ombres pour me changer dans des volutes sombres. Je la traversa pour réapparaitre dans son dos et la frapper dans les omoplates. Cette fois, elle ne put rien faire et reçut le coup avant de disparaître dans les ombres, à nouveau.

(Un partout.)

Je restai sur mes gardes attendant la réapparition de l’Elfe. Elle apparu sur mon flanc. Je lui ouvris ma garde, pour tenter de l’avoir à proximité. Je réussis mon coup puisque alors que le manche de son balai toucha mes jambes, elle fut déséquilibré par mon mouvement. Œil pour œil, je l’attaquai également au jambe, pour lui remettre son coup. Je fis mouche et je parvins à esquiver sa contre attaque.

(Deux partout. Qu’on en finisse.)

Je décidai de mettre terme au combat. J’en avais assez vu. Le prochain coup serait le dernier. Je reculai de quelques pas et j’envoyai ma lame dans sa direction. Elle tournoya dans le vide puisque l’elfe avait une nouvelle disparu dans les ombres. Un sourire se figea sur mes lèvres.

(Évidement…)

Je levai les mains, n’ayant plus d’armes, attendant de la voir revenir. À gauche ? À droite ? Face à moi. La pointe de sa serpillère pointée sur ma gorge.

" Je pense que les autres mercenaires en ont assez vu. "

Alors elle s’éloigna, allant chercher mes armes pour me les ramener.

« Je dois l’avouer. Vous êtes redoutable ! »

Je le pensai. Même si nous avions à peu près fait jeu égale. Elle avait été la seule à me porter un coup qui aurait été fatale. Je la respectais un peu plus après l’échange que nous venions d’avoir. Elle me répondit que le dernier à l’avoir touché en duel était un certain Cromax qu’elle désignait comme une Géneral de l’armée.
Je le regardai un instant, avec incompréhension. De quoi diable parlait-elle ? J’avais rencontré tous les Généraux d’Oaxaca, sans exceptions. Il n’y avait jamais eu de Cromax.

« Pardon ? Je crois connaître tous les Généraux et je n’ai jamais entendu parler d’un Cromax. »

Elle balaya la question d’un revers de la main avant de me demander si j’avais une arme dissimulé sur moi.
Je levai un sourcil devant une question si étrange. « Non. Pourquoi cette question ? »

Alors elle me dévoila une lame qu’elle avait cachée, arguant qu’on était jamais trop prudent. Lorsque je vis cette lame, la situation dans laquelle nous étions vint me frapper avec violence. Dure réalité. Avec ce combat, j’avais passé un bon moment et j’avais presqu’oublié que j’étais entouré de personnes hostiles, qui détestaient tout ce que je représentais. Il était vrai que l’Irrévérencieuse était l’une de celle-là.

« Effectivement. On ne l’est jamais trop. »

Elle argumenta le fait qu’elle avait la crainte que je mette mes menaces à exécutions. Il était vrai que la veille nous avions passé la journée à nous menacer mutuellement. Cependant, je ne comptais pas men prendre à elle sur ce navire. Je voulais vraiment la jauger, et aussi essayer de percer son mystère. Je n’aimais pas vraiment les personnes imprévisibles et difficile à lire. Cela me rendait fortement mal à l’aise. Comme ce fut longtemps le cas avec Naral, avant que je ne lui offre mon éternelle amitié, ou plutôt qu’il m’y force, pour être plus exacte.

« C’était une visite de courtoisie. Je ne te voulais aucun mal. »
dis-je pour tout réponse en m’inclinant légèrement, la traitant comme une dame.

« Tu es aussi insupportable que divertissante je dois dire.» rajoutai-je traduisant l’avis ambivalent que je commençais à me faire d’elle.

Elle m’avoua ne pas être douée en société. Euphémisme ! Elle était carrément nulle dans ce domaine, si vous voulez mon avis. Elle me demanda ensuite si je pensais vraiment ne pas revenir de cette mission. Je n’aimais pas vraiment cette question. Je ne voulais pas engager de discussions sur mes motivations profondes. Pas avec elle. Alors je détournai le regard du sien avant de lui répondre, avec le plus de sincérité que je pouvais. C’était peut-être la phrase la plus sincère que je lui avais délivrer jusqu’à présent.

« En effet, je le pensais et je le pense toujours. C’est si surprenant ? »

Elle argua ne pas comprendre la notion de sacrifice. Mais cela n’avait rien à avoir avec le fait de verser son sang. Je ne me sacrifiais pour personne. J’agissais pour moi, mais je n’avais pas envie d’argumenter plus sur le sujet. Encore une fois, pas avec elle. Elle me fit comprendre dans la foulée que c’est mon ignorance qui me tuerait. Curieux de comprendre où elle voulait venir, je tournais enfin ma tête vers elle, qui s’était rapproché de moi. Elle me proposa alors un jeu de rôle pour me faire une démonstration. Je n’avais vraiment pas envie de jouer à ce jeu. Je soupirai donc, déjà blasé, avant de dire mon comme un enfant fatigué de devoir réciter une leçon qu’il connaissait déjà par cœur.

« Je suis le Capitaine Riad Fer-Argent. Nous avons détourné le navire de notre objectif car je détiens des informations capitales que nous avons extirpées à nos prisonniers et qui sont d’une importance capitale pour la sûreté du Royaume. »


Alors la femme me sortit des phrases dont j’en oublia la contenance. Seule un mot avait percuté mon attention. Princesse. Je restai estomaqué. La princesse Satina était là ? Dans le camp ? Impossible… J’étais d’une vieille famille Kendrane, j’avais même de lointains liens de parentés avec la famille royale. Je connaissais parfaitement leur généalogie. J’étais sûr d’une chose. Le Roi n’avait pas d’héritier et qu’une soeur. La Princesse était donc le seul ventre capable de perpétuer la lignée au pouvoir. Cela changeait absolument tout. Le Roi n’avait plus aucun intérêt. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine…

« D’accord... J’ai compris. »
murmurai-je encore sous le choc. Mais c’est une légère colère qui finit par grimper en moi quand je me rendis compte de l’évidence. Elle nous avait caché cette information. Depuis quand la possédait-elle ? J’étais vexé, fâché, déstabilisé. Je voulais le lui faire savoir, mais j’évitai de focaliser la conversation sur la princesse.

« Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi tu as validé le plan alors même que tu avais vu cette faille. »

Elle haussa les épaules avant d’affirmer qu’elle avait plusieurs fois affirmer que le plan était mauvais. Elle s’en amusa même, regardant à gauche à droite, pour s’amuser du fait que nous ne l’écoutions pas. La voir gesticuler de la sorte et se moquer de moi, après m’avoir révéler une information si capitale fit mon sang monter à la tête. La haine que je ressentais pour l'Irreverencieuse remonta en flèche et je le lui fis savoir, levant les yeux au ciel, avant de soupirer fortement pour tenter de calmer la violente colère qui s’emparait de moi. « Vous voyez... Là, c’est typiquement le genre de moment où je vous trouve carrément insupportable. »

Elle se mit à rire alors et j’eus envie de lui décocher une gifle monumentale. Elle embraya sur le fait que notre groupe n’était pas souder. L’entendre parler de groupe après le coup qu’elle venait de me faire m’enragea. Elle se foutait de moi ! C’était elle qui nous avait menacé en premier. C’était elle qui avait essayer d’imposer sa volonté à tous dès son arrivée ! C’était elle qui cachait des informations ! Et elle venait me parler de groupe ?

(Mais quelle hypocrite !)

« Vous avez appelez ça un groupe ? Le seul groupe qu’il y a sur ce navire ce sont mes hommes qui le composent. Ils sont soudés, unis derrière moi. Et vous, moi, tous les autres. Qu’est ce qui nous unis ? Certains sont là par appât du gain, d’autres par allégeance, certains parce qu’ils cherchent des alliés. Je ne sais même pas ce que vous faites là vous ! Nos valeurs sont différentes. Hier deux membres de votre groupe ont manqués de s’entretuer pour ces différences de points de vues. Et croyez moi, ça aurait été moi face à ce maudit Garzok je l’aurais tué sur le champ. Et vous avez pourquoi ? Parce que je hais ces créatures immondes du plus profond de mon être. Ils sont une insulte même à l’existence. Quant à vous, j’ai bien vu dans votre regard le dégoût que vous éprouvez pour le suivant d’Azrael. Alors dites le moi. Qu’est-ce qui nous rassemble ? »

Je le sentais reculer un peu devant ma réaction. Peut-être était-elle surprise de toute la sincérité que déversais sur elle après avoir tant caché mes cartes. Mais elle se repris rapidement et toujours avec ce même sourire elle me provoqua. Avançant que c’était mon rôle d’unir le groupe. J’étais la pour faire, et elle pour défaire à l’entendre. Mais qu’est-ce qu’elle me chantait là ? Elle y croyait vraiment en plus ? Pour elle, tout ça, était si simple ? Je n’y croyais pas. Elle ne pouvait être si candide… À Omyre il n’y avait pas de groupe, pas d’unions. Ça marchait comme ça là-bas et jusqu’à la tête du Royaume. C’était un rassemblement de gens de cultures différentes, d’envies différents, d’histoires différents et qui ne savaient faire peuple. Unis juste par le sentiment d’être exclus. On ne crée pas un projet sur le sentiment d’exclusion, mais sur le sentiment d’appartenance. Ça c’était la réalité.

J’éclatai de rire avant de plonger mon regard dans le sien. J’y croyais à peine.
« Tant de naïveté… S’en est presque adorable…»

« Ce n’est pas mon rôle de rassembler les gens. Mon rôle est de rassembler les membres de l’armée d’Oaxaca. Ceux-là ne sont que de vulgaires mercenaires. Parce que le grand Karsinar n’a pas eu meilleure idée de haut de son poste de Général. Quoi ? N’allez pas me dire que vous ne voyez pas l’absurdité de la situation. Pourquoi ne pas envoyer des hommes de l’armée ? Des hommes dévoués à la Reine. Ah ! Oui j’oubliais. Il n’y a que des Garzoks dans l’armée du Prédateur Ultime, alors pour une mission d’infiltration ce n’est pas l’idéal. Admettons ! Alors pourquoi ne pas demander À Lorener de lui prêter main forte ? Attendez… Les Treize ne seraient pas divisé ? »

Je du reprendre mon souffle tant j’étais animé, déballant mes convictions profonde sur l’état des forces d’Oaxaca.

« Vous croyez vraiment que Xenair et Lorener nous envoient pour aider Karsinar ? Nous sommes là parce que nos chefs se battent pour savoir lequel d’entre eux se fera le mieux voir par la Reine. Vous et moi sommes des jouets et notre présence ici est le signe de la division de nos chefs. Nous sommes trois fédérations sur ce navire, dont un auquel on ne peut se fier. »

Elle fit alors un discours qui me perturba. Je ne m’attendais pas à entendre ces mots de sa bouche. Elle m’affirma que elle et moi devions nous alliés, ne pas nous diviser, ne faire qu’un contrairement à ceux qui nous dirigeait. Elle m’avait eu. C’était la première fois, depuis que nous avions embarqué que quelqu’un me parlait de la sorte, avec des mots que je comprenais. Avec une logique que le chérissais. Elle me fit vaciller légèrement. C’était les mots que j’avais besoin d’entendre depuis le début, depuis le jour où j’avais quitté la demeure, rejeté par un père mal aimant. Mais, n’était-il déjà pas trop tard pour servir ce genre de discours ? Alors que j’avais passé des heures durant à ma demander où était ma place en ce monde ? À la veille d’un évènement qui changerait sa face. Je restais un instant plongé dans mes pensées. Partagé entre le colère que j’éprouvais contre elle et l’effet que me provoquait cette déclaration, je ne sus que répondre.
Et je fus encore plus troublé lorsqu’elle me retira de ma réflexion, m’intimant de nettoyer mon visage ensanglanté, retenant avec peine un rire presque enfantin. Elle avait un air que je ne lui avais jamais vu, et que je n’aurais jamais cru voir un jour sur son visage. Je fus plutôt déstabilisé par cette réaction inattendue. Ma colère s'estompa devant elle. Mes yeux fuyèrent son regard. Une fois n’était pas coutume. Je ne savais pas vraiment comment réagir, quoi lui dire, alors je fis bref.

« Ah… Merci. » articulai-je à peine avant de m’essuyer.

Elle poursuivi en faisant un trait d’humour sur la raison pour laquelle nous ne pouvions pas nous entretuer. Elle ne savait pas naviguer. Cela me fit sourire malgré moi.

« Pourtant hier, tu montrais une certaine... affinité avec la barre. »

Silmeria se mit à rire m’accusant d’avoir eu bien trop de temps pour l’observer. Elle me fit alors savoir qu’elle avait faim après notre échange. J’allais lui proposer de m’accompagner, mais alors que je plongeai mon regard dans le sien, je ressentis une pointe de désir. J’en fus effrayé. C'était la pire chose qui pouvait arrivé.

(Non ! )

Alors je pris la fuite. Tel un gentilhomme j’inclinai légèrement la tête pour la saluer. « Je vous laisse donc, pour que vous alliez vous restaurer. Je vais moi même me retirer dans la Capitainerie. Demain est un autre jour, et cette dernière nuit sera pleine de soucis. »
Je savais de quoi je parlais… Silmeria me donna raison et disparu de ma vision, se téléportant ailleurs comme à son habitude. Cela ne m'étonnait même plus. Je tournai les talons et me dirigea vers la Capitainerie,pour m'y enfermer, animé, poussé, par une sensation étrange.

Une fois dans la cabine, je me mis à faire les quatre cent pas. Mon esprit était agité par plusieurs choses, mais une en particulière l’accaparait jalousement. La nouvelle de la présence de la princesse m’avait chamboulé. Dès le départ, je savais que l’Histoire s’écrirait. Je savais que le sort de Kendra-Kâr, et peut-être celui de Nirtim allaient être décidé par nos actions. Mais à ce point ? Nous avions le pouvoir de mettre fin à une dynastie. Nous pouvions également faire d’autres choses, avec de l’imagination. Car ce qui importait n’était pas tant la Princesse, mais son ventre. Or, elle ne faisait pas partie des plans de Karsinar. Rien ne m’obligeait donc à partager cette information avec les misérables qui m’accompagnaient. Cependant, il fallait quand même que je vérifie sa véracité. Je n’étais pas à l’abri d’une perfidie de Silmeria. Elle indiquait vouloir que l’on travaille ensemble, mais j’avais du mal à la croire. Parce que cela ne faisait pas partie de la logique d’Omyre. J’avais passé bien trop de temps avec ces vermines que je connaissais leur perfidie, et leur goût pour la domination sur l’autre. Et aussi parce que c’était ma nature. J’avais tant connu de défaites, par naïveté, par faiblesse, par suffisance également. Elle était impossible à comprendre. Elle était trop instable dans ses changements d’attitudes, le fait qu’elle alternait le vouvoiement et le tutoiement sans aucune logique, le faite que je ne sache quoi penser d’elle. Un coup, elle m’énervait tant que je voulais lui dévisser la tête et l’instant d’après elle parvenait à accaparer mon attention comme peu y arrivait. J’avais la désagréable sensation d’être manipulé, un peu comme les Treize l’avaient fait dans le Bagne. Une chose était sûre. Au vu de la situation dans laquelle je me trouvais, il valait mieux que je l’évite. Demain, était un jour bien trop important pour me laisser distraire par des futilités. Alors que j’étais à mes réflexions - l’on vint m’annoncer qu’Azra demandait à me voir, accompagner du Second de l’Azurion, comme prévu. Je les accueillis chaleureusement, pour ne pas les braquer. Les informations que je voulais étaient capitales et décideraient de mes actions.

« Bienvenue... Berth, c'est ça ? J'ai quelques questions à vous poser. Et le Lord, ici présent m'a assuré que vous y répondriez" Dis-je en lui montrant une chaise, l’invitant à s’asseoir.

"Si le maître nécromant l'a dit, alors je le ferai."

Mais l’homme resta debout, gardant le regard appuyé vers Azra. Il l’invita à s’asseoir à la place. Je fus surpris, à tel point que je levai un sourcil interrogateur.

"Quoi ? Vous avez aussi besoin de son autorisation pour prendre un siège ?
"

"C'est mon maître, je lui présente pour qu'il s'asseoit. Moi je reste debout à son côté."

Je levai les yeux au ciel devant tant de larbinisme. Venant d’un Kendran, cela ne me plaisait guère. Nous étions des gens fiers, pas des loques humaines voyons. Mais qu’importe, là n’était pas le sujet.

"Bien... J'aimerais savoir si les Généraux de l'Etat-Major connaissaient de visu le Capitaine Fer-Argent."

"Heu ouais. Tous les capitaines ont eu une réunion avant la bataille avec l'un d'eux. Même que j'y étais aussi.

Azra le relança en lui demandant s'ils étaient nombreux.

"Non, on était casés comme des animaux pendant que le général et l'amiral parlaient."

"Donc aucune chance que je me fasse démasquer si je me fais passer pour votre Capitaine ?"

"Vous faire passer pour notre capitaine ? Pas face au général Bogast, non. Il le connaissait personnellement. Y'aura aucune chance que ça passe. Avec moi à vos côtés par contre, si vous vous cachez un peu la gueule..."

Il interrompit sa phrase, haussant les épaules. Il n’avait lui-même pas l’air convaincu par ce qu’il venait de dire. Azra, lui se leva soudainement de sa chaise et me donna presque le tournis, circulant dans la pièce tel un ouragan, préoccupé qu’il était.

Il pensait que si on se faisait repérer devant le Général ce n’était pas bien grave puisque notre but était d’arriver jusqu’à lui. Peut-être… Je pensais surtout que plus je contrôlais de paramètres, plus j’avais de chances de réussir. Je voulais avoir la main sur tout, comme je m’étais arrangé pour le faire depuis le début.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je voulais évincer Rougine en qui je n’avais aucune confiance. Un grand sourire s'étala sur mes lèvres. J’étais ravi.

"Vous venez d'être promu Second."

Ainsi, le Quartier-Maître prendrait moins d’importance et serait moins susceptible de faire un sale coup. J’étais persuadé que celui-là avait un agenda secret, comme bien d’autres. À moins que ce ne soit ma paranoïa naturelle qui parlait. Celle qui nous habite quand on a pas l’esprit tranquille.

"Une autre chose... J'ai entendu des rumeurs... Sur la présence d'une personnalité importante... Une femme... De sang royal, je crois bien..."

Le regard porté ailleurs, je mimais exagérément l’innocence en déballant ses mots, petit à petit. Le second mis du temps à réagir à mes commentaires, puis enfin, il prit la parole.

"Pourquoi vous faites pas croire à la mort du capitaine ? J'pourrais jouer le capitaine pour vous, pis vous seriez mon nouveau second. Personne ne vous connaît, puis vous pourriez m'accompagner partout..."

L’idée n’était pas mauvaise, elle était même très bonne puisqu’elle gommait les défauts du plan de base. Mais n’était-ce pas risqué ? C’était peut-être lui offrir un rôle trop grand. Sur le sous-entendu concernant la princesse, il haussa les épaules.

"Y'a des rumeurs comme quoi la Princesse Satina est sur le camp, ouais. Mais c'est que des rumeurs."

Azra commenta en disant que cette information n’était pas importante. Pire, qu’elle compliquait une situation qui l’était déjà. Sérieusement ? J’étais dubitatif. Il faisait exprès ou il ne se rendait pas compte de tout ce que cela impliquait ?

C’est d’abord à Azra que je répondis :

"Tu rigoles j'espère. Le Roi n'a qu'une sœur et pas d'héritier. Il ne vaut rien. Cependant, sa soeur... Son ventre est la chose la plus importante du Royaume. Tu te rends pas compte ? Cette femme sera une faiseuse de Roi. "


Puis, je me tournai vers le Second.

"On verra. Je dois y réfléchir..."


S’en suivit un moment de grand malaise comme rarement j’en avais connu. Un silence étrange tomba dans le bureau. Azra ne me répondit pas, il s’était plongé dans un long mutisme alors que le regard de son ressuscité ne cessait de faire des allers-retours entre lui et moi. Je fronçais les sourcils. La situation m’échappait. Il ne fallait pas qu’il se dresse contre moi, pas si près du but. Il était temps d’utiliser la dette qu’Azra avait envers moi.

"Ecoutes... Je vois bien que ça ne t'emballe pas plus que ça, mais je te demande juste quelque chose. N'en parles à personne. C'est important pour moi... Au nom de tous ces secrets que nous gardons toi et moi. Je te jure qu'après tout ça, je serais ton allié indéfectible et je te dirais absolument tout. Je n'ai qu'une parole."

Azra me répondit qu’il n’aimait pas l’idée de tuer la princesse, mais il m’affirma comprendre mes raisons. Il me promit de ne rien dire, pas même à Daemon. Bien…

Lorsque notre conversation fut finie, les deux hommes s’en allèrent, me laissant seul, un sourire sur les lèvres. Tout se passait trop bien pour moi. Beaucoup trop. Au-delà de mes espérances même. Le destin jouait une partition, sur un fifre lointain, aux allures de victoires, aux allures de juste-retour-des-choses. La lignée d’Arkasse se retrouvait à nouveau au centre de l’échiquier et ce n’était pas grâce à mon frère, non, c’était grâce à moi. J’aurais tellement voulu en cet instant confronter mon père et son dédain. Tant d’années à me traiter de bon à rien, à me faire passer pour la pire immondice que ce monde avait connue, à faire de moi une victime, à me rejeter sans raison. J’étais celui qui allait effacer ses échecs passés. Moi, le laissé-pour-compte. Mais peut-être que je m’emballais trop, alors que j’étais si près du but. Il y avait encore tant d’inconnus…

Je convoquai mes hommes un peu plus tard. Mon quator favoris. Herkos, Edris, Mérédor, Isham. Des hommes bons, de fiers soldats, des bras fiables. Je me devais de leur parler les yeux dans les yeux. Je leur dis tout. Ce pourquoi nous étions là, la manière dont nous allions procéder. Je leur offris quelques dernières recommandations, sur l’attitude qu’ils devaient adopter, l’habillement qu’ils devaient porter, comment ils devaient se présenter. Nous n’avions pas droit à l’erreur. Ils sortirent après de longues minutes de conversations. Je savais qu’ils passeraient une aussi mauvaise nuit que moi. Et tant mieux, cela voudrait dire, qu’ils se rendaient compte de l’enjeu… Suite à cette réunion j’écrivis le faux compte rendu, celui qui devait nous amener devant l’Etat-Major. J’avais pris ma décision, plus tôt. Berth jouerait le Capitaine. Alors le lendemain, ce serait à lui de jouer. Je donnai la lettre à l’un de mes hommes qui l’amena pour Azra. Notre nouveau Capitaine était sous sa responsabilité dès lors...



Le lendemain, je ne sortis pas une seule fois de ma cabine. Je restai là, à l’abri, tentant de me concentrer pour la bataille à venir. Je ne voulais plus avoir aucun rapport avec les autres. Je n’avais plus rien à leur dire. Ici, se terminait notre désastreuse lune de miel. Enfin, c’était sans compter ce déchet que même son père avait jugé bon pour la cale de Rougine. Nous étions tous les deux des rejetés par nos pères, mais pourtant, je ne ressentais aucune pitié pour lui. Il avait tenté de me manipuler et j’étais rancunier. Il allait payer, tôt ou tard. J’allais le renvoyer dans la cale qui l’avait vu naître en tant que pirate. C’était là sa place. À l’ombre, en bas, parmi les marchandises et la pacotille.

Le petit bandit, car il n’était rien d’autre de plus, avait deux plats dans sa main. Il glissa l’un d’eux face à moi. Quoi ? Il s’imaginait franchement que j’allais manger quoi que ce soit venant de lui ? Ce fourbe ? Je préférais encore mettre ma vie entre les mains du Garzok. Bien sûr, j’exagérais… Mais cela témoignait du respect que j’avais pour lui. Je jetai un regard à son plat des morceaux de viande salés, des haricots bouillis et pour finir une orange. Qui sait ce qu’il y avait mis ? Cette viande, était-elle seulement animale.

"Merci." Me contentai-je de dire, sans toucher mon plat.

L’homme s’installa, comme si je l’y avais invité, mais je ne commentai pas. J’allais écouter ce qu’il voulait et il serait parti aussi vite.

Il me fit un rapport sur la situation de son côté avant de me demander si j’avais eu de nouvelles informations. Je l’observai sans ciller avant de répondre :

"Entendu."

Puis, m’éclaircissant la gorge :

"Par où commencer ? Nous avons l'identité des membres de l'Etat-Major. Le Roi, Le General Bogast et l'Amiral Jobert Caillot. J'imagine que l'Amiral doit mener les troupes navales, ce qui fait qu'il nous reste plus que deux cibles. Nous devrions arriver non loin de leur position. Ils siègent au centre de la ville, non loin du port. »
Je réfléchis un instant avant de continuer :

"Il semblerait que la Capitaine Fer-Argent ai déjà rencontré le General Bogast. Mais ce n'était pas personnellement. Il était noyé dans une masse d'officiers navaux. Je crois que c'est à peu près tout." mentis-je, gardant jalousement l’information sur la Princesse. Cela ne concernait de toute façon pas notre mission.
Il me demanda si je jugeait bon de changer de plan à présent que nous connaissions l’emplacement de l’Etat-Major.

"Connaissons est un grand mot... Je suis pour ne plus changer de direction. Au moins si cela doit mal tourner nous saurons au moins où nous diriger. Et reste le problème de nous faire amener à l'Etat-Major, sans devoir passer les sécurités extérieures. "


Il inclina la tête après s’être envoyé une gorgée d’eau, avant de me demander si je ne mangeais pas.
Je lui lançai un sourire. Celui que je réservais pour ceux avec qui j’avais des relations basées sur l’hypocrisie.

« Plus tard peut-être... L’importance des événements à venir me noue l’estomac. L’Histoire parlera de nous, à savoir si ce sera en vainqueur . »

Il haussa les épaules avant de me demander si j’avais pris une décision concernant le second.

« Pardon ? Je ne suis pas sûr de comprendre la question. »


Il précisa sa pensée. Il voulait savoir si j’avais accepté de l’utiliser pour notre plan.

« Ah... Oui, en effet. J’ai pris une décision durant la nuit. »

J’émis une pause, guettant les moindres de ses réactions. Je m’attendais à ce qu’il prenne mal la nouvelle. Alors je pris tout mon temps. Plus pour profiter de son désarroi que pour le menager.

« Il viendra avec nous. Il connaît le camp, son visage est familier, il ne pourra que nous apporter des avantages. J’avais des doutes au début. Mais j’ai vu comme il est dressé. Il a assurément peur de la mort. Ce qui, reconnaissez-le, est plutôt cocasse »

Il haussa un sourcil avant de me demander pourquoi je ne faisais pas de lui le Capitaine. Cela me tira un sourire. Ce n’était pas ce jour que j’allais profiter de sa défaite visiblement.


« C’était précisément mon idée. Je prenais juste mon temps pour vous l’annoncer. J’imaginais que vous seriez plus contrarié que ça. » Avouai-je.

Il m’indiqua qu’il avait discuter avec Azra qui lui avait fait accepter l’idée. Puis il termina son assiette avant de faire un commentaire sur ce que l’on pouvait trouver comme mets, dans les tonneaux.

À ce moment je compris qu’il comprit que je me méfiais de son repas. Et je compris, qu’il comprit que j’avais compris. C’était cocasse. Je lui dévoila donc mon plus beau faux sourire. Dévoilant toutes mes dents.

« Je n’en doutes pas. »

Il me rendit mon sourire. Chacun de nous exposant nos masques sociétales et sachant très bien à quoi jouait l’autre.
Il finit par me demander si j’avais l’utilité de ses bombes incendiaires. J’hochai la tête.

"Donnez nous ce que vous pouvez. Nous en ferons bon usage."

Il m’en laissa quelques-unes avant de partir, non sans se moquer de moi en m’affirmant que son plat n’était pas empoisonné.

« Pauvre type… » lâchai-je lorsqu’il fut parti. Je pris le plat et alla à la porte, le donnant à l’un de mes hommes.

« Jetez-moi ça et ramener moi un autre plat. Je ne mange pas à la même table que la vermine. »

Paranoïa quand tu nous tiens.
Modifié en dernier par Ezak le lun. 29 mars 2021 21:34, modifié 1 fois.

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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » ven. 26 mars 2021 09:23

Le lendemain les mercenaires furent conviés pour l'annonce du plan échafaudé par Ezak, Eldros et Silmeria. Le sergent prit la parole et ne manqua pas de railler, ou plutôt humilier le quartier-maître devant tout le monde en l'accusant de comploter avec vilenie pour accroître son influence. Une chose qui ne surprit guère Daemon, et Eldros rétorqua intelligemment, sans se laisser décontenancer, en rendant les piques d'Ezak, pour ensuite exposer le détail du plan que Daemon connaissait déjà.

Le semi-elfe décida de se tenir à l'écart pour observer l'étendue de l'horizon, en ce demandant comme il pourrait procéder. Il allait devoir s'infiltrer avec Silmeria, la tueuse de Xenair, et cela ne l'enchantait guère. Les mots d'Azraël à son sujet lui revinrent en mémoire : après l'avoir accueillit ainsi, ils risquaient des ennuis potentiellement mortels. L'idée de travailler avec elle ne l'enchantait guère... mais il n'avait apparemment pas le choix. Et si sa présence ne lui convenait pas, il pouvait toujours lui fausser compagnie.
Silmeria était assise seule sur le bastingage, paisiblement occupée à se limer les ongles. Le semi-elfe ne savait guère comment l'aborder, et il était apparemment inexistant à ces yeux. Après une longue hésitation, jugeant que l'occasion était bonne, il traversa le pont pour se planter devant elle.

« Dame Silmeria. » dit-il en regardant ailleurs. « J'ai cru comprendre que nous allons œuvrer ensemble... »

Silmeria leva les yeux, rangea la dague à sa ceinture, et descendit de son assise pour lui parler plus convenablement. Apparemment Ezak avait vanté ses prédisposition pour l'infiltration, mais ce qui préoccupait l'hiniönne, c'était sa relation avec son maître... Azra devait s'infiltrer comme prisonnier, enchaîné aux yeux de tous et donc exposé, et elle était bien curieuse de savoir ce qu'il en pensait.
À l'évocation du Premier Messager en mauvaise posture, le semi-elfe cessa de regarder ailleurs et posa un regard dur sur Silmeria. De toute évidence cette perspective ne l'enchantait guère, et il n'appréciait pas cette manie qu'elle avait d'appuyer là où ça fait mal.

« Lord Azraël est redoutable, mais il accorde sa confiance trop facilement... Je me méfie du sergent d'Arkasse. C'est mon rôle. »

À l'évocation du nom du sergent, Silmeria se fit plus petite et l'invita à se diriger vers la proue pour échanger loin des oreilles indiscrètes. Daemon acquiesça de la tête et la suivit docilement, pour l'entendre souligner la dangerosité d'Ezak, mais surtout pour insister sur l'aspect périlleux de la position d'Azra.
Daemon regarda autour, et répondit :

« J'en ai conscience... C'est la raison pour laquelle votre plan d'action m'échappe. Mais où veux-tu en venir? »

Ce qui était une évidence pour l'elfe, était le péril qu'encourait Azra. Il allait être — selon elle — brisé, torturé et interrogé dès son arrivé sur le campement.
Daemon s'agaça alors de son insistance :

« Mon maître ne sera pas torturé, nous passerons à l'action avant que cela arrive. N'est-ce pas l'objet de notre infiltration ? »

Cependant, pour Silmeria le sergent n'avait pour objectif le roi, pour la gloire et la postérité, et la mission ne pouvait tolérer ce genre de fantaisie. Ils leurs faillaient mettre toutes leurs chance de leur côté et tuer le roi dès que l'occasion se présenterai.
Puis, elle croisa les bras et lui demande sans liminaire si elle connaissait L'Ombre Noire. Daemon leva un sourcil, se demandant où elle voulait en venir.

« Les ambitions du sergent n'ont rien d'étonnantes et, force est d'admettre, il est redoutable en tant que bretteur. J'aimerais simplement m'assurer qu'il ne néglige pas la sécurité de mon maître. Sa survit demeure plus importe que la mission en elle même.

Et, je connais les ombres et peut les manipuler à ma guise, mais pour ce que tu nommes l'Ombre Noire... »


À sa question, elle lui accorda un sourire sincère et expliqua que l'Ombre Noire lui permettait d'espionner de façon totalement invisible. Un parfait moyen de retrouver le roi. Ainsi, une fois le roi trouvé, il aurait le choix de l'accompagner, ou d'aller retrouver son maître. Daemon resta interdit un instant, en proie à une vive émotion. Puis, acquiesçant d'un signe de tête, il demanda :

« Tu souhaites trouver le roi la première, n'est-ce pas ? »

Sa question souleva un léger soubresaut à Silmeria, qui éluda sa question en prétextant vouloir faire les choses proprement, en silence, sans risquer de mettre tout le monde en danger. Mais le point qui l'intéressait était la volonté de Daemon de la suivre, ou de veiller sur son maître. Il commençait à croire que sa présence embarrassait l'assassine plus qu'autre chose, et il prenait sa question trop au sérieux. Le doute investit Daemon, qui ne savait pas vraiment quoi penser.

« Si les kendrans découvrent nos agissements et que l'alerte est donnée, il me faudra m'assurer de sa sécurité. Cependant, j'ai interrogé les prisonniers et je sais que le campement est vaste ; nous risquons donc de les perdre...

Le mieux sera d'improviser sur place. Nous ne savons pas encore ce qui nous attend. Tu penses pouvoir localiser le roi facilement ? Tu sais où chercher ? »


Elle supposait que le commandement était au centre du campement, comme habituellement, ce qui ne devait pas être loin de la réalité. Elle avait seulement besoin de trouver un endroit abrité et tranquille pour pouvoir espionner, et avait justement besoin de quelqu'un pour la surveiller pendant l'opération. Elle sembla hésiter un court instant, en jouant avec son bracelet, avant de lui demander si il voulaient s'en rendre compte par lui même.
Daemon eut un mouvement de recul, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir, avant d'admettre :

« Oui. Si cela peut m'aider à comprendre... »

Elle retira les bracelets de l'ombre et les tendit à Daemon, un léger sourire aux lèvres. Il les enfila et senti une légère magie en émaner. Une fois concentré dessus, il eut l'impression de tomber, ou d'être aspiré dans un vortex. Une violente douleur le saisit au crâne, mais il l'ignora. Un bruit assourdissant résonnait et tout ce qu'il percevait était réduit, comme mangé par les ténèbres, et il percevait le monde avec une certaine distance. Il se déplaça avec une grande vitesse et découvrit les membres d'équipage qui parlaient, sans tenir compte de sa présence. Il s'approcha davantage, se mettant entre eux, devant eux, sans qu'ils ne réagissent. Après avoir fait un bref tour, il rompit le sortilège.
Il se réveilla allongé sur le pont avec une vive douleur au crâne. Il se massa la tête, impressionné par l'expérience qu'il venait de vivre, et restitua le bracelet à Silmeria, les mains un peu tremblantes.

« En effet... C'est très pratique. Personne n'avait conscience de ma présence. »

En disant cela, son regard se porta brièvement derrière elle.

Silmeria acquiesça, et déclara l'utiliser pour insulter le sergent et lui faire des gestes obscènes. Puis, elle lui demanda si elle pouvait lui faire conscience lorsqu'elle l'utiliserait. Daemon ne put s'empêcher de rire en imaginant la scène. Puis, reprenant un semblant de sérieux, il ajouta :

« En effet. Je suis flatté et un peu surpris que tu m'accordes autant de confiance. »

Elle lui demanda alors pourquoi il était surpris.

« J'imagine qu'on ne devient pas agent de Xenair en confiant sa vie au premier venu.

Il y a quelque chose que je souhaitais te demander... J'ai étudié le corps du capitaine que tu as affronté lors de l'abordage. Hormis la blessure infligée par mon maître, il y en avait aucune. Aucune apparente en tout cas. »


Elle fit un mouvement extravagant de la main, pour dire que les assassins sont souvent habitués à travailler seuls, mais qu'il était impératif de savoir protéger ses arrières. Puis, elle dégaina une de ses dagues et lui demanda s'il acceptait de lui tendre une main. Daemon obéit sans se poser de question, en lui tendant sa paume encore rougie par la cicatrice du pacte de Karsinar. Elle attrapa ses doigts de ses mains glacés, et déplia doucement son index. Puis, elle glissa le fil de sa lame sur son doigt. Le semi-elfe senti la coupure, bénigne, mais après son passage, la peau restait intacte...

Il observa sa main sans entaille, en affichant un sourire grandissant. Puis, toujours avenant, il entreprit de détacher sa ceinture.

« Mon maître te craint, il te redoute même... Alors comprend ma surprise de me retrouver face à une mignonne me dévoilant tout ses secrets. »

Il laissa tomber son sabre à ses pieds, et déploya les doigts de son gantelet. Le regard froid, il conclut :

« Voilà ce que je te propose. Prouve-moi que tu es digne, et je te révélerai un secret sur moi. Sinon... il te suffit de mourir. »

Un frisson de surprise parcourut Silmeria, mais il était déjà trop tard. Daemon avait déjà pivoté et basculé d'une roulade derrière elle, trouvant son angle mort. Son poing ganté propulsé pour la frappé à la tempe, l'elfe eut un réflexe formidable : sans même tourner la tête, elle esquiva le coup. Cependant, alors qu'il n'avait même pas fini son geste, la lame de Silmeria apparut et disparut le temps d'un battement. Sans qu'il ne comprenne comment, elle répliqua ailleurs, la paume de Silmerai frappa sa gorge avec une force et une rapidité inouïe.
Le semi-elfe fit quelques pas et tomba à genoux, le souffle coupé. La petite plume était hors de son champ de vision, et il s'en inquiéta que trop tard. Car à peine eut-il tourné la tête, qu'il vit un pied agile le faucher.

Il roula sur le pont de la caraque, complètement sonné. Silmeria, moins souriante mais toujours très calme, s'approcha doucement pour lui demander s'ils pouvaient continuer. Daemon prit une position plus confortable pour recouvrer sa respiration, et après avoir touché et craché, il leva une main en signe de capitulation.

« D'accord, d'accord... Je comprends mieux pourquoi Azra m'a mis en garde. »

Elle précisa alors qu'un assassin moins expérimenté aurait sûrement perdu son sang froid, sous entendant qu'il devrait être mort. Cependant, elle ne voulait s'embarrasser d'un Azra en colère parce qu'elle aurait supprimé son second.
Avec un rire saccadé, il leva la tête vers elle :

« Il ne se serait pas encombré d'une pareille formalité que la vengeance. Je suis déjà mort devant lui, et cela arrivera sûrement encore. »

Une fois ses moyens retrouvés, Silmeria l'aida à se relever en gardant sa dague dans son autre main. Il se redressa et reprit son sérieux et ce qui lui restait de dignité.

« Venons en au fait. Tu n'es pas la seule à avoir la capacité d'espionner. Et Azra n'est pas le seul nécromancien sur ce navire. »

Une brume blanche, ou quelque chose qui s'en approchait, se forma en tourbillon autour de lui.

« Laisse moi te présenter Nienna. »

Le tourbillon pâle prit alors la forme spectrale d'une elfe blanche, flottant aux côtés de Daemon, avec une nonchalance froide. Ne sachant comment réagir, Silmeria répartit un : « Enchanté, j'imagine ? »
Nienna adressa un regard à Silmeria, et se contenta d'un battement de cil comme toute réponse.

« Nous pourrons doubler nos recherches pour retrouver le roi. Cependant, je dois rester statique pour que Nienna puisse me retrouver et délivrer ses informations.
Aussi, elle pourra nous aider à nous infiltrer dans le campement en passant devant nous, sans être perçu, pour nous avertir de la présence d'éventuels ennemis. »


Un sourire s’esquissa sur le visage de Daemon, qui indiqua à Nienna de se disperser, en s'assurant qu'aucun curieux n'ait assisté à son apparition. Silmeria restait sceptique, ou purement pragmatique, en lui demandant s'il pouvait récolter des informations avec, et sur quelle limite de distance.

« Aucune... il lui faut seulement me revenir, et cela peut prendre du temps. Elle sait aussi se faire discrète, à moins que le quartier maître et le le sergent aient à en redire. »

Puis elle lui demanda s'il maitrisait plainement le sortilège. Daemon fronça les sourcils.

« Comment ça ? »

Elle ne voulait pas perdre trop de temps, rester statique était selon elle un risque. Elle maîtrisait l'Ombre noire depuis des années et était parfaitement consciente de ses limites. Daemon eut l'air agacé. Son manque d'expérience à se sujet ne pouvait pas être aussi évident.

« Nous pouvons aussi nous en passer... Enfin. Je peux paralyser et modifier la perception des ennemis à vue, et me dissimuler parfaitement dans les ombres. Cela devrait suffire à me faire discret et à trouver des ouvertures.
Sinon, nous porterons des uniformes, non ? Dans la nuit, nous pourrons nous déplacer à découvert sans grand risque. »


Silmeria avait retrouvé un sourire presque amical, et continua sur le ton de la discussion, comme si l'altercation n'avait jamais eu lieu. Selon elle, un uniforme kendran l'handicaperait. Elle était trop habituer à évoluer dans sa tenu, qui lui permettait d'être quasi indétectable.

« Il serait dommage de se priver de cet avantage. Je doute cependant que beaucoup de femmes occupent le poste de soldat. »

Il prend le temps de réfléchir.

« Je te laisse trancher cette question. Je peux me vêtir ainsi, cela ne t'empêche guère de te vêtir de noir. »

Elle répondit alors qu'il n'y avait pas d'hiniönne dans l'armée de la cité blanche à sa connaissance, donc qu'elle éveillerai plus les soupçons qu'autre chose.

« Très bien. Alors je conserverai moi aussi mon équipement, nous pourrons ainsi œuvrer de concert. »

Elle acquiesça et ils restèrent un instant sans rien dire, à réfléchir aux éventuels préparations de l'infiltration. Puis, elle finit par lui demander s'il connaissait l'âme de Nienna.

« Je n'ai pas connu Nienna de son vivant, comme personne aujourd'hui. Elle m'a évoquée des termes, qui me sont familiers, mais plus usités depuis des millénaires... Le monde qu'elle a connu n'existe plus. »

Aucune autre question sur Nienna ne vint, un simple curiosité de sa part supposa-il. La conclusion de la discussion approchait, et elle lui demanda de se tenir prêt, en proposant de prendre l'arme d'Azra tandis qu'il serait enchaîné pour se rendre dans le campement.

« Il s'organisera avec ses geôlier, ne nous embarrassons pas de ça. »

Elle lui fit alors savoir qu'elle n'acceptera pas d'excentricité comme il venait d'en faire sur les lieux de la mission. Daemon leva les yeux au ciel, comme s'il cherchait une réponse appropriée, et sembla abandonner sa réflexion pour afficher une moue de déception.

« J'essayerai de tenir cette promesse... »

Une promesse qu'elle promit de conforter, non sans exposer l'éclat de sa dague... Une main derrière la tête, Daemon eut pour seule réponse un sourire amusé et légèrement amer.

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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » ven. 26 mars 2021 10:06

Daemon retrouva précipitamment la cale et sa pile de cadavres. Il toussa un long moment, en massant sa gorge encore endolorie par le coup fulgurant de Silmeria. Elle n'avait utilisé que la paume de sa main, et pourtant, elle avec exécuté ce geste avec une telle souplesse, une telle souplesse, et surtout un pareille force...
Sa nouvelle compagne apparut à ses côtés et semblait compatir à son mal être. Il ne pensait pas se faire sécher aussi facilement, pas après tout ce qu'il avait vécu. Il était pourtant devenu puissant, et allait le devenir encore davantage.

« S'il te plaît, Nienna, aide moi... »

Il tira un nouveau corps du tas et entreprit d'y tracer des formes géométriques cette fois-ci plus simples. Il n'était plus question de s'assister. Dorénavant, il avait son esprit pour le seconder.

« Toi aussi tu maîtrises le fluide, mes fluides... Aide moi. »

La forme éthérée fit un signe positif de la tête, et joignit ses mains aux siennes. Daemon déploya alors sa magie et sentit Nienna absorber la sienne. Ils fonctionnaient en même temps, main dans la main, à eux deux, la nécromancie était à leur portée.
Un soubresaut fit vibrer le corps gisant, et il recula à quatre patte. Le défunt ouvrit alors les yeux et se redressa comme un automate. Daemon voulut exprimer toute sa joie mais put évacuer qu'un glapissement de satisfaction. Alors, sa nouvelle création se redressa, et se jeta sur lui.

Une main agrippa la gorge endolorie du semi-elfe, qui, sous le coup de la douleur, réagit en lui envoyant un coup de pied. Il rampa en arrière et la créature reprit son équilibre, et émit un gargouillement hideux, dévoilant ses dents jaunâtres avec une hideuse expression.

Au comble du désespoir, il sentit ses forces aspirés et un sortilège d'ombre terrassa la créature. Alors Nienna descendit à sa hauteur.

« Ne te tourmente pas, jeune maître. Ce n'est pas le bon moment... »

Daemon acquiesça de la tête, et se recroquevilla en boule.




Le lendemain, il passa sa journée à se reposer en vue de leur arrivée à Viskori. Il assista aux derniers préparatifs de loin, sans vouloir y participer. Une fois la terre en vue, vêtu de son équipement habituel, il alla trouver Azra. En se massant l'hématome à la gorge, il observa Silmeria, et dit :

« Tu avais raison. Elle est forte, plus forte que toi... »

Sans se détourner, Azra confirma son constat, mais ajouta que la force ne faisait pas tout. Sans quitter l'hiniönne des yeux, Daemon voulut répondre quelque chose, mais sembla se résigner.


(((Daemon récupère les 290 yus sur les corps, de la dernière màj.
Six posts pour Daemon, avec : aparté avec Azra, récupération des corps, des uniformes pour l'équipe, aparté avec Mikkah, apprentissage du sort Appel de l'au-delà, découverte du compagnon, interrogatoire des prisonniers, aparté avec Silmeria, apprentissage du sort Appel de l'au-delà pour Nienna et Daemon, préparation pour l'infiltration (enfin il a pas grand chose à préparer). )))

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