La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

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Yuimen
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La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Yuimen » mer. 3 janv. 2018 14:10

Darkhàm: La Prison Abandonnée

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Apparaissant à l'horizon, elle se situe à quelques dizaines de kilomètres à l'est dans les plaines entourant la cité pirate. La vieille prison de Darkhàm finit sa vieille existence par l'érosion du temps. Depuis des années, vidés de ses gardiens et de ses occupants, ses longs couloirs de cellules vides ne sont plus parcourus que par le vent et la vermine. Le mur d'enceinte est éventré à plusieurs endroits et la porte principale gît hors de ses gonds.
Pelles et pioches de forçats sont abandonnées là, plantées dans la terre ou jetées au sol, évoquant avec tristesse un passé oublié. Une époque où les dirigeants avaient peut-être tenté de réduire la criminalité ou, au moins, les opposants.

Pourtant, ce lieu sans âme s'illumine certaine nuit de torches, s'éveille sous les brefs éclats de voix et murmures qui résonnent dans ses murs. On devine alors qu'il sert d'abris à des aventuriers fourbus, ou de repaire temporaire pour brigands de tout poil.

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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » jeu. 7 mai 2020 03:35

[:attention:] Non destiné aux âmes sensibles [:attention:]
Une lune grise inondait le ciel de ses rayons pâles. Quelques nuages dessinaient de lourdes mains écrasant l'horizon sur laquelle s'érigeait une ruine, l'ancienne prison Darkhàm, abandonnée depuis des lustres. Nombreux voyageurs passaient devant en pressant le pas, préférant risquer de dormir dans les bois plutôt que d'y établir un bivouac. On dit que les murs se chargent des souvenirs, et que peut-on trouver comme souvenir dans une prison ?

La douleur n'est pas soluble dans le temps. En tout cas, pas celle sans issue ni remède, de l'agonie. La douleur stagne, forme une flaque et croupit. Elle se calcairise, elle se fossilise mais elle perdure tandis que la joie s'évapore. Raison pour laquelle les châteaux, quand ils sont hantés, ne le sont pas par de joyeux lurons qui font gaiement cliqueter leurs chaînes en poussant des gémissements de plaisir.

Hrist était étendue entre ses vieilles pierres, elle s'était faite dérober ses effets et ne portait qu'une vieille guenille de chanvre couverte de vermine. Notre histoire débute au creux de la nuit, la lune vient alors poser une rognure d'ongle luisante sur les vieilles tuiles de la prison, et à ce moment précis, la femme se réveilla avec un mal de crâne d'enclume.

Son esprit embrumé, elle massa son crâne du bout de ses doigts, ses cheveux étaient gras et inhabituellement ébouriffés. Lorsque sa vue commença à percevoir autre chose qu'une compote floue et sombre, ses autres sens se mirent en branle comme lorsque qu'elle se trouve en danger imminent. Hrist contempla avec horreur l'ampleur du désastre, une lourde chaîne rivée à ses poignets, ses chevilles dénudées elles même entravées par une seconde chaîne solidement reliée au mur, à en juger la longueur, elle ne pourrait pas s'éloigner de la paillasse infecte et puante où elle croupissait de plus d'un mètre. Sa peau couverte d'une crasse encore non identifiée commençait à la démanger, ses cheveux grattaient et c'est comme si elle avait de nombreuses plaques à vif le long du cuir chevelu, derrière ses oreilles et dans le dos. Lorsqu'elle se grattait, les lourdes chaînes fatiguaient la peau fragile de ses poignets et elle cessa alors tout mouvement. Son instinct lui dictait de rester tranquille, de rassembler le maximum de souvenir et comprendre, que c'était-il passé ? Que faisait-elle ici ? Et où était ce " ici " ?

Le plafond en lourde pierre humide semblait être couvert de mousse, était-ce de la mousse verte ou noire ? La pénombre était si épaisse que même sa condition de Sindel ne lui permettait pas d'y voir assez clair. Il devait donc s'agir d'un bâtiment, probablement massif, une geôle ? Une prison ? La liste des personnes qu'elle avait offensé était trop longue pour qu'elle puisse raisonnablement faire un tri.

Et cette odeur, pire que les quartiers des tanneurs de Kendra Kâr ou que le marché aux poissons de Darhàm, exacerbée par ces relents insoutenables, Hrist bascula sur le côté, entrevit un seau et tâcha de l'attraper, le raclement des chaînes brisa le silence, elle parvint à le toucher du bout des doigts, l'ombre autour d'elle prenait la forme d'un corps allongé, déconcentrée par ce qu'elle venait de voir, elle tira trop fort sur le seau et celui-ci se renversa vers elle, déversant un flot de déjection qui l'éclaboussa. L'odeur d'ammoniaque qui appartenait à l'urine et la chaude odeur musquée de la fiente eurent alors raison d'elle, Hrist rendit un flot de bile dans une marre d'excréments. Au dessus d'elle, l'ombre qui appartenait à ce qui semblait être un homme venait de se dresser tout doucement.

Ses battements de coeur manquaient de faire chavirer sa tête tant ils tambourinaient ses tempes, usant ses dernières forces, elle repoussa son corps étourdit le plus loin possible de la flaque putride et se recroquevilla sur sa paillasse.

" Vous êtes enfin réveillée ? " Demanda une voix usée et faible, elle appartenait à un homme, probablement âgé. La noirceur ne permettait pas de le voir, mais le son de sa voix indiquait une certaine promiscuité, il ne devait pas être loin et le fait de savoir à quel point la cellule était exiguë alimentait l'angoisse grandissante de la Sindel qui reprenait son souffle et tentait d'apaiser son corps secoué de spasmes.

" Ils vous ont traînée ici il y a bien deux jours. J'pensais que vous ne vous réveillerez pas, je vous entendais pas faire un bruit... Il aurait mieux valu pour vous que votre coeur ne vous fasse défaut... Personne ne souhaite ouvrir les yeux ici. "

A ces mots, les démangeaisons parcoururent son corps sous la forme de centaines de petites piqûres exacerbant ce qui lui restait comme espoir. Elle ne dit aucun mot, tâcha de ne pas faire le moindre bruit, était-ce un rêve, ou plutôt un cauchemar ? Tout ceci avait l'air si réel, son malaise grandissant, elle ferma ses yeux, écoutant maintenant sa respiration sifflante. Le vomis avait laissé des fluides dans ses narines et celles-ci chatouillaient à chaque expiration.

Le cauchemar prenait forme.

" Je vais pas vous mentir. On m'a promis de me laisser tranquille en échange de ce que je vous ferais... "

Son instinct de tueu se frappa fort, envoyant de l'adrénaline dans son coeur, provoquant une douce montée de chaleur, Hrist parvint à se lever presque d'un coup, sa tête tourna légèrement suite à cet effort mais elle tint bon, debout et prête à en découdre, elle serrait les poings en cherchant du regard cette ombre noire pour en appréhender les mouvements.

" N'essaie pas. "

Tous deux restèrent silencieux un long moment. Ce fut l'homme qui rompit le silence, sa voix était lasse et il ne semblait pas particulièrement combatif sur le plan physique.
" Pourquoi vous avoir enfermé ici avec moi pour vous tuer ? Je suis ici depuis si longtemps... Je n'ai plus la force de me battre. Non mon enfant, en réalité... Je dois te raconter une histoire. Assieds toi s'il te plaît, tu ne voudrais pas que les gardes nous remarquent... Crois-moi sur parole."

Préférant écouter la voix du vieil homme, Hrist céda et se laissa retomber le long du mur, s'écrasant doucement sur le tas de paille.

" Je crois que ça fait partie de la torture qu'ils te réservent... Ils veulent que je te raconte ce qui se passe ici. Pour nuire à ton espoir... Altérer ton esprit. Je suis désolé. D'un côté, tu t'en rendras compte sous peu. Les gardes ont déjà du voir que tu étais réveillée. "

" Je n'ai pas entendu le moindre bruit dans les couloirs. Aucune lumière, à tel point que je ne sais pas où se trouve la porte. Elle est à ma droite, ou à ta droite ? " Le coupa Hrist.

" On n'entend jamais les gardes... Juste parfois quand celui ou celle qu'ils viennent chercher hurle. Puis plus rien. C'est le silence le plus insupportable. Il ne se perce que par les hurlements. Tu ne dois pas te montrer combative, si tu te soumets, ils seront moins durs... Essaie d'approcher doucement ta main, à côté du seau que tu as renversé, je suis désolé d'ailleurs, mais il ne sera pas nettoyé avant un moment... "

" Je me sentais déjà répugnante avant que ça ne me coule dessus. Qu'est ce que je dois chercher devant moi ? " Demandait-elle le plus bas possible en cherchant à tâtons ce qu'elle trouva sans plus attendre. Un os, il n'y avait pas de doute, sa paume s'était refermée sur un os, celui-ci semblait être rattaché à d'autres car quand elle le tira doucement vers elle, il en fit cliqueter d'autres.

" C'est parce qu'ils te plongent dans la fange avant... Ils font ça à chaque fois, pour briser ton moral et te rendre sale... Ca facilite les maladies. Celui que tu sens sous ta main, c'était autrefois un homme très combatif. Il n'a pas crié quand on l'a réveillé un matin pour l'emmener, il a failli se battre avec les gardes et ils n'est pas revenu pendant plus d'un mois. "

Hrist lâcha l'os, une moue de dégoût au travers des lèvres.
" Un mois ? Comment comptes-tu les jours ? Il fait si sombre que je ne saurai dire si on est en pleine nuit ou si le soleil est déjà haut."

" Oh, il m'a tout raconté... Un jeune homme combatif que j'disais. Il était fort et téméraire, il parlait même de s'échapper à peine il venait d'ouvrir les yeux. Il disait être fort comme un buffle. Et ils a été détruit. Ils l'ont fichu dans la boîte. Un supplice qu'ils réservent aux plus durs. Une boîte, presque un cercueil, bras et jambes étendues, sanglé de partout... Allongé pendant des jours entiers, nourris pauvrement et obligé de se chier dessus jour après jour... Au bout de quelques jours déjà, il me disait ne plus avoir la force de crier... Et après deux semaines, ses muscles étaient devenus moins saillants. La boîte lui avait arraché la peau des coudes et du dos, il était à vif. Quand il me l'ont rendu un petit matin, ils l'ont jeté comme un sac au milieu de la cellule, même plus besoin de l'enchaîner, il était trop faible et s'était brisé des os. Il est resté à pourrir ici, à côté de moi pendant des semaines, c'est les rongeurs et la vermine qui a fait le travail... "

" Ravissant... Une chance que tu ne sois pas tombé malade... Pourtant tu n'as pas l'air tout jeune et tu es probablement affaibli... Alors vivre des semaines à côté d'un corps en décomposition... "

Il y eut un long silence. Le vieil homme ne dit rien pendant un temps avant de se décider à reprendre la conversation.
" Je suis désolé, mais ici... Tu t'en rendras vite compte, on ne meurt pas. Pas tout de suite. Pas tout à fait. Et... Je n'ai pas encore répondu à ta question."

" Laquelle ? " Lança Hrist, tâchant de rassembler le plus d'information possible.
" Au sujet des jours. A chaque cri dans le couloir, chaque nouvelle victime, une nouvelle journée. "
Modifié en dernier par Silmeria le mer. 24 juin 2020 01:21, modifié 1 fois.
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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » sam. 20 juin 2020 00:53

[:attention:] Non destiné aux âmes sensibles [:attention:]


Lorsqu'au petit matin, deux paires de mains silencieuses virent soulever Hrist par les bras, elle su que son tour était arrivé. Le vieil homme était resté d'un silence de mort tandis que les ombres venaient la cueillir. Elle ne dit rien, la femme ne voulait pas être battue ou torturée immédiatement, il ne fallait pas finir comme ce cadavre dans la cellule, pas dans une boîte.

Recroquevillée dans les bras de ses ravisseurs, elle se laissa guider au travers des couloirs, essayant de compter le nombre de pas qu'elle faisait en fermant les yeux, bien que les corridors soient plongés dans le noir le plus complet, Hrist usa de ses sens pour déterminer l'itinéraire emprunté en souhaitant que cela puisse lui servir.
Quant aux gardes autour d'elle, de véritables fantômes, aucun bruit, aucune respiration, elle en vint à croire à des spectres faucheurs mais lorsque les premières torches apparurent enfin au grès d'un couloir, ses yeux croûtés et larmoyant parvinrent à les reconnaître. Des Shaakts. Des Elfes Noirs, Hrist portait une haine indescriptible envers les Shaakts, bien que lointains cousins de sa propre race, il y avait là un passif trop lourd pour qu'elle puisse espérer un jour entretenir une relation même cordiale avec l'un de ces maudits Elfes Noirs.

Ils passèrent une porte donnant à une salle circulaire, au milieu de celle-ci, une estrade en demi lune montée par trois marches de pierre. Trônant en haut de celle-ci, une ombre familière. Elle fut jetée à même le sol comme on renverse un corps ou un sac, le temps de rassembler ses esprits, elle entendit simplement la porte derrière elle se refermer.

En massant ses poignets irrités par les fers de sa geôle, elle redressa le corps, à genoux, offerte à ses étranges ravisseurs, elle tâcha d'observer en silence. L'ombre féminine descendit les marches une à une en se penchant, la femme portait une longue robe aux motifs noirs et violets ainsi qu'une cape noire qui dissimulait son visage, arrivée à sa hauteur, elle planta ses deux bottes devant Hrist qui réalisait doucement ce qu'elle avait devait les yeux.

La capuche de l'inconnue curieuse tomba, dévoilant des yeux rouges et un visage d'ébène, de longs cheveux argentés tombaient sur ses épaules. Elle avait des yeux de chat, ronds et chargés de menace, elles restèrent s'observer, Hrist subjuguée, elle par curiosité manifeste.

L'inconnue attrapa les cheveux de la tueuse par l'arrière du crâne sans qu'elle ne puisse esquiver quoique ce soit et alors qu'elle fermait les yeux, s'attendant à prendre un mauvais coup en guise d'introduction à la torture - elle qui estimait qu'on ne l'ait pas déplacée pour rien. reçu alors un long baiser sur les lèvres. Complètement déboussolée, elle ouvrit grand les yeux tandis que la Shaak soudait ses lèvres aux siennes.

Lorsqu'elle se recula, Hrist avait changé de regard, totalement interloquée, elle en venait à se demander si elle n'aurait pas préféré un coup de gourdin sur le crâne.

" Si tu savais... Je suis tellement contente de te retrouver enfin. Enfin te voila, enfin je peux te toucher, te sentir... " Sa voix fascinée trahissait une réelle joie. Hrist faisait le tri dans ses souvenirs et sa mémoire, espérant trouver un indice de qui pouvait être cette femme et ce qu'elle voulait.
" Et... Je crois qu'une lettre parfumée aurait suffit. " Dit-elle doucement, ses lèvres tiédie par ce baiser demeuraient gercées et croûtées de sang.
" Mais avant d'aller plus loin... " Provocante, elle voulait lui parler de sa haine envers ceux de son espèce quand elle porta plus d'attention aux détails de la tenue qu'arborait la Shaakt. Une robe noire, des bottes et des gardes de poignet assorties, le tout en tissus enchanté, léger et desquels émanait une noirceur magnétique, quelques broderies dessinaient des Sylphes, créatures magiques et éthérées, adoratrices du vent.
" Est-ce que ce sont mes affaires ? " Demanda-t-elle sous le choc de sa découverte.

" Ouiii ! " Dit la Shaakt en se relevant d'un coup et clapota dans ses mains telle une enfant qu'on venait de gâter.
" C'est ta tenue, je n'allais pas la laisser s'abîmer dans les geôles tout de même, et puis figure toi qu'elle me va plutôt bien, j'avais des doutes au début mais je crois qu'on a beaucoup de choses en commun, taille y compris. "

Hrist restait silencieuse, elle n'allait pas s'arrêter là, la Shaakt allait bien donner une information supplémentaire, que faisait-elle ici ? Pourquoi Hrist ? S'agissait-il d'un complot, une trahison ?

Ses doigts noirs virent caresser la joue de Hrist et son regard aux airs profondément bienveillant s'enfoncèrent dans ses yeux. Elle puait l'horreur et la mesquinerie, d'ordinaire la Sindel n'avait rien contre ses traits de caractère mais dans la situation où elle se trouvait, elle aurait préféré un garde de Kendra Kâr bien bourru et enclin à la violence, au moins elle saurait à quoi s'en tenir...

" Alors, je sais que ça remonte à des lustres, mais ton dernier passage à Caix n'a pas laissé toutes les familles indifférentes, on se souvient encore d'un navire noir fendant les flots, s'extirpant du brouillard, avec pendu au mat et aux voiles pas moins de trente Shaakts. C'est un comportement très vilain, il est normal que certaines familles t'en tiennent rigueur. " Sa voix restait douce, son regard n'avait pas changé, mais la pression de ses doigts se fit plus dure, sa main doucement glissait derrière son oreille et Hrist se tenait prête à ce qu'elle lui tire les cheveux en arrière, ce qu'elle fit une demi-seconde plus tard.
" Alors tu te doutes bien, quand Edmond de la Maison Noire a offert aux grandes Matriarches de traquer et tuer la fameuse Hrist, Silmeria ou Lenneth, on s'y perd avec tous ces noms d'emprunt, je n'ai pas pu résister. "

Elle fit une pause, approchant son visage de la Sindel qui grimaçait de dégoût à l'avance, voyant venir un autre baiser.

" Vois-tu, il se trouve que certaines personnes t'admirent, et j'en fais partie. J'ai toujours succombé d'admiration devant la subtilité de tes crimes, de tes tortures et de tes méthodes de traque, j'en ai recopiées quelques unes... Et le clou du spectacle... "

Elle lâcha enfin prise, rejetant Hrist à terre.

" Je suis devenu toi ! Enfin ! " Clama la femme dans un éclat de rire cristallin.

Hrist ravala douloureusement sa salive à travers sa gorge sèche et lança d'un air mauvais :
" Si tu aimes tant mes méthodes de torture, je peux te proposer d'échanger les rôles. "

La Shaakt en ria aux éclats, d'un doigt joueur qu'elle enroula autour d'une de ses mèches argentée elle se recoiffa puis son expression joviale tomba et d'un masque grave dit simplement :
" Non. "

Elle envoya un remarquable coup de pied dans la poitrine de Hrist qui venait difficilement de parvenir à se redresser, l'envoyant de nouveau à terre. Sans plus de ménagement ni même lui laisser un maigre répit, la Shaakt en profita pour dominer la Sindel en lui plaçant la botte sur la gorge. Comme une araignée qu'on écrase, ses jambes se recroquevillèrent et ses mains tentèrent d'entourer la botte pour soulager la pression qu'elle exerçait sur sa gorge.

" Si tu es ici aujourd'hui, c'est parce qu'Edmond de la Maison Noire a ordonné ta mort. Si tu n'es pas encore morte aujourd'hui c'est parce que les maisons Shaakt exigent un paiement au moins aussi insupportable que le mal que tu as infligé à notre peuple, mon peuple. Alors je tente de concilier les deux demandes et devine quoi ! C'est moi qui va te torturer, sans relâche, nuit et jour, je briserai ton esprit et ton corps, tu seras si fragile que lorsque les Matriarches te verront, elle auront du mal à croire que tu es bien la Murène. "

Elle retira sa botte et Hrist prit une grande bouffée d'air, un goût de métal se faisait sentir au fond de sa gorge.

La Shaakt reprit une expression des plus aimable et s'accroupit à côté de la Sindel et disant :

" D'ailleurs, je dois te demander, pourquoi les murènes ? Je dois dire que ça m'intrigue beaucoup, quand on pense à quelque chose de menaçant, c'est pas la murène qui vient en premier. C'est comme ceux qui se donnent des noms ridicules, les Salamandres, les Requins des mers, j'ai même entendu parler de la secte les messagers du Corbeau ? Tu imagines un peu ? Non mais plus sérieusement, pourquoi une murène ? "

Son visage attentif semblait trahir un réel intérêt, Hrist frissonnait, elle avait bien retenu un des mécanismes de torture préféré de Hrist, lier la sympathie à la cruauté de sorte à ce que le prisonnier ne sache où commence la torture ni où elle s'arrête, face à un bourreau qui alterne les humeurs comme on alterne les instruments, il est impossible de trouver une marche à suivre permettait de ne pas s'attirer les foudres de son tortionnaire. C'est ainsi que Hrist aimait torturer ses victimes, la torture est équivoque, équivoque mais redoutable, protéiforme, implacable.

" Tu savais que les dents des murènes sont néfastes, et qu'en cas de morsure, il y a de grandes chances qu'elle ne s'infecte et provoque fièvre et douleur ? Et d'ailleurs, tu sais quel point commun ont les elfes et le biscuit ? "

Face à cette question pour le moins intrigante, la Shaakt fronça les sourcils, réfléchit un court instant ne sachant si Hrist faisait de l'humour ou si la question était justifiée.

" Un elfe et du biscuit ? Non, vraiment je ne vois pas. "

La tueuse ferma doucement les yeux, sachant que sa réponse allait lui attirer un flot de coups.

" Quand c'est noir, c'est raté. "
Modifié en dernier par Silmeria le mer. 24 juin 2020 01:21, modifié 1 fois.
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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » dim. 21 juin 2020 21:21

[:attention:] Non destiné aux âmes sensibles [:attention:]



Ce n'est que trois jours après qu'on traîna le corps de Hrist jusque dans sa cellule, jetée sans ménagement à même sa paillasse, un garde se pencha sur elle pour enfermer ses poignets dans l'étau de fer que représentait ses chaînes.
Le vieil homme, son compagnon de cellule dont elle ignorait toujours le nom demeurait silencieux comme la mort, il attendit un long moment après le départ des gardes pour se tourner vers la femme et inspecter son état qu'il devinait déplorable. Sa respiration sifflotante de Hrist totalement perdue dans le noir laissait entendre qu'elle avait passé un sale moment.

Lorsque le vieil homme parvint à discerner à quoi elle ressemblait, il eut un frisson dans le dos. Les yeux de la femme étaient si gonflés qu'elle ne pouvait plus les ouvrir, son nez, brisé et marbré d'un hématome encore enflé sifflait à chaque respiration et expulsait des bulles de sang par les narines. Ses doigts tordus avaient été brisés, probablement un à un quant au reste de cette triste carcasse, elle était coupée de partout, malmenée, on devinait des fractures à chaque membre et malgré tout ça, elle poussait un léger ricanement dans une compote de sons rauques.

" Je croyais qu'on avait convenu que tu te montrerai docile ? "

Elle tâcha de déglutir un glaire de sang à travers sa gorge douloureuse et répondit difficilement quelque chose, que le vieil homme interpréta qu'au moins, elle n'avait pas terminé dans la fameuse boîte.

Cèles, sa Faera apparu dans son esprit tel un petit feu follet violet dansant.

" Quand même, depuis le temps que tu mourrais d'envie de faire cette blague à un Shaakt, est-ce que la situation était vraiment idéale ? Oh, ma pauvre, tu es dans un sale état, au moins ton esprit reste mais ta carcasse... J'ai bien cru qu'elle allait avoir notre peau. "

Car si Hrist ne parvenait pas à communiquer sans mal, elle pouvait toujours répondre à sa Faera dans son esprit. Le vieil homme devrait attendre. De toutes façons, dans l'état où elle se trouvait, il y avait fort à parier qu'il avait définitivement plus de temps qu'elle n'en avait.

" Je dirais bien que ça valait la peine. Au moins je n'ai pas terminé dans cette fameuse boîte, un mois à rester allongée, j'aurai terminé le traitement comme le tas d'osselet à côté de moi. Bon sang, mes côtes me font tellement souffrir, j'ai l'impression que l'un d'elle est entrée dans un poumon, à chaque fois que je respire je ressens comme un coup de couteau. "

Cèles restait silencieuse, dans son esprit qui commençait à imaginer une grande salle en pierre, complètement dénuée d'apparat et de décorum, la Sindel et son feu follet restèrent un instant sans piper mot. Hrist se concentrait sur l'idée de ne pas mourir dans ses glaires, Cèles de son côté, se demandait si ça ne sentait pas la fin du voyage.

" As-tu compris qu'ici, il n'y a rien que je puisse faire, il y a une magie qui m'empêche de voir à l'extérieur, même passer à travers un mur ou une porte est hors de ma portée. Je ne peux même pas apparaître. Crois-moi, le sorcier qui a incanté cette magie est loin d'être une demi baguette. Je pense que c'est un puissant Shaakt. "
" Ce sont TOUS des Shaakts. " Sentenca Hrist d'une voix piquante.
" C'est tout de même assez curieux. Non seulement on se émerge chez ton admiratrice la plus... Comment dire. Coriace ? Cruelle ? Folle à lier ? Non folle à lier ça reviendrait à t'insulter, vous vous ressemblez trop. "
" Qu'on se ressemble ? Tu veux que je souffle sur ta flammèche ? "
" Pfeuh, l'éther ne meurt pas comme ça, toi par contre, si tu te retournes trop vite pour vomir ton sang, tu pourrais claquer ta pipe. C'est quand même assez ironique. Mais si tu regardes attentivement, vous êtes toutes les deux de vraies passionnées par le crime, la cruauté, la méchanceté, vous ne semblez reculer devant aucun sévices et n'avez nullement peur de vous salir les mains. Sans parler de cette petite étincelle dans le regard qui n'augure rien de bon. Tu as vu, elle a la même mimique que toi, elle aussi se mord la lèvre de rage tandis qu'elle te malmenait. "
" Je crois que je suis en train de claquer... "

Une main ensanglantée venait se poser sur sa poitrine, elle cherchait les battements de son coeur et le rythme de sa respiration afin de déterminer si c'est l'afflux de sang dans les poumons qui la tuerait ou si c'est son coeur qui finira par lui dire "merde"

Le vieil homme retrouva le sommeil, bercé par les râles et les sifflements de Hrist.

Ce qui lui semblait une éternité plus tard, on vint la récupérer, fiévreuse et délirante de douleur et on la traîna de nouveau hors de sa cellule.
Modifié en dernier par Silmeria le mer. 24 juin 2020 01:21, modifié 1 fois.
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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » lun. 22 juin 2020 19:51

[:attention:] Non destiné aux âmes sensibles [:attention:]

La tueuse mettait toutes ses forces à essayer de comprendre où elle était ainsi traînée, impossible de déterminer dans la noirceur et son état quel couloir était emprunté, elle ne réalisait même plus qu'on l'avait déjà installée sur une chaise en bois si large qu'elle aurait pu servir de trône. Une sangle de cuir vint étreindre ses poignets et on lui passa autour du visage un sac de toile raide de crasse qui collait à sa bouche et ses narines à chaque respiration.

Autour d'elle, Hrist senti la présence d'une personne qui allait et venait à côté d'elle, impossible de savoir si il s'agissait d'une seule personne ou d'un petit groupe. Elle sentait la fin venir, impossible pour elle de résister à une autre séance de torture, celle-ci la conduirait droit à la tombe, elle n'aurait tenu que deux tristes journées en ces lieux - et quelque part, elle ne regrettait pas que son calvaire se termine si vite, bien que terrifiée à l'idée de mourir si piteusement.

Ses nerfs à vifs, elle ne réalisait pas à quel point son corps était crispé, aveugle et étourdie, elle s'était recroquevillée sur elle même, les jambes arquées et les mains s'enfonçaient dans leurs étaux comme si elles voulaient disparaître. Une voix neutre intervint.

" Ils ont encore fait dans le détail. Est-ce que tu m'entends ? " C'était la voix d'une femme, elle avait prononcé ses mots de façon très claire, comme si elle était habituée à rencontrer des êtres torturés.
" Bouge la main droite si tu m'entends. "

Hrist s'exécuta sans attendre malgré la douleur que lui lançait sa main brisée enfermée dans cet étau de fer et de cuir.
" Au moins, personne ne t'as crevé les tympans. Je suis guérisseuse. Mon rôle est de te remettre sur pied, tu comprends ? Bouge la main droite si tu comprends ce que je viens de dire."

Ravivée comme une braise mourante jetée dans un tas de paille sèche, Hrist sentait la douce chaleur de l'adrénaline monter en elle et se souvint des mots du vieil homme dans sa cellule qui disait qu'on ne mourait pas tout à fait en ces lieux, la présence de la guérisseuse expliquait cette rumeur. Hrist se sentait rassurée mais la perspective de rester en vie et disposée à subir une autre torture ne lui plaisait qu'à moitié. Elle bougea cependant la main droite.

" Bien, alors commençons. On va te dévêtir et nettoyer ton corps, en voyant tes plaies et tes fractures, je pourrais faire ça de façon plus efficace. "

Deux mains silencieuse lui arrachèrent la tenue de chanvre grouillant de vermine et on l'aspergea sans ménagement, l'eau claire fouetta sa peau, dégorgeant les plaies ensanglantées et retirant une partie de la crasse dont elle était couverte, elle tombait à même le sol dans un mélange d'eau rosée et boueuse. Une main ferme frotta un chiffon sur son corps sans épargner ses fractures et ses entailles, ravivant la douleur, son corps entier se crispa à chaque passage de la main, tantôt les coupures brûlaient ses chairs, ses fractures lançaient des pics de douleur qui lui envoyèrent immédiatement une sensation de migraine blottie dans un nuage de vertige, sa tête dodelina dans un vertige qui la conduisit doucement vers un évanouissement qu'elle ne pu éviter.

Un deuxième seau d'eau frappa la jeune femme assise et Hrist se réveilla d'un coup. Sa respiration ne lui faisait plus souffrir alors qu'elle avalait de grosses bouffées d'air à travers son sac de toile, ses côtes avaient été guéries, elle sentait de nouveau ses mains, ses coudes ne semblaient plus brûler d'avoir eu la peau arrachée de même que ses chevilles entaillée et les nombreuses coupures ne semblaient être qu'un mauvais souvenir. Il restait cependant le visage tuméfié et les dents brisées dans sa mâchoire qui lançaient un pic de souffrance à chaque fois qu'elle voulait articuler un mot. Tandis qu'elle reprenait ses esprits, on lui ôta le sac d'un coup sec, l'air frais de la pièce embrassa sa peau couverte de petites gouttes de sueur. Ses cheveux collaient à son visage à cause du sang coagulé qui laissait croire qu'on venait de la badigeonner avec de la boue. Ses yeux encore tuméfiés ne pouvaient pas s'ouvrir mais à travers l'étroite plissure de ses orbites imprégnés de larmes, elle avait la nette impression que la pièce était bien éclairée, deux ombres passaient et venaient devant les flammes d'une bougie et l'une d'elle, la plus proche, émit de nouveau un son, c'était la guérisseuse.

" Passons au visage maintenant, je ne soigne les bouches et les yeux qu'à la fin, sinon les prisonniers me supplient de mettre fin à leur calvaire, et les voir m'implorer avec leurs yeux là... Beurk, quelle horreur je déteste ça. " dit elle en glissant des doigts entre ses lèvres pour lui ouvrir la bouche et inspecter son état.
" Quelques dents brisées, on va pouvoir refaire apparaître tes dents et apaiser ton visage, ça pourrait être désagréable. "

Un léger sifflement traversa ses oreilles, elle se sentait bien, magnifiquement bien, bercée dans un linceul de béatitude. Ses yeux sortirent doucement de leurs bleus et la sensation irritée autour de ses paupières disparu, comme s'il ne s'agissait que de poussière emportée par le vent, son nez chatouillait comme pour la prévenir d'un éternuement à venir, mais il ne s'agissait que de son cartilage qui se redressa dans un craquement sec. La repousse des dents était toutefois moins agréable, de minuscules cristaux d'émail poussèrent de sa gencive comme de petites lames et s'enroulèrent les unes aux autres jusqu'à former une dent neuve, blanche et éclatante. Quant à sa migraine, elle était emportée avec le reste, de nouveau elle pouvait voir et appréhender tout ce qui se passait autour d'elle.

La Shaakt qui devait être la soignante était assez similaire à celle qui la torturait, à un point si déstabilisant qu'au début, Hrist cru confondre les deux. Mais la couleur de ses yeux étaient moins vive et moins vipérine, elle était un peu plus petite et large bien que le reste de son visage ressemblait à cette inconnue, admiratrice sans pitié de la Murène.

" La repousse des dents n'était pas si désagréable que ça... J'espère que la prochaine fois, je me ferai énucléer, je meurs d'envie de voir ce que fait un oeil qui repousse. "

La guérisseuse leva les yeux en l'air, n'en revenant pas d'une telle énormité de la part d'une prisonnière. Elle inspecta ensuite son corps pour s'assurer qu'elle était en état, lorsque ce fut le cas, on lui jeta aux genoux une nouvelle chemise de chanvre pliée, elle ne semblait pas aussi répugnante que la précédente, mais le léger fumet dont elle était chargée laissait croire qu'elle appartenait à quelqu'un il y a peu.

Une porte claqua et alors, un frisson traversa le dos de la femme, la Shaakt vengeresse arriva d'un pas décidée, comme impatiente de jouer de nouveau avec sa captive fraîchement remise sur pied.

Provocante jusqu'au bout, la Shaakt vint s'assoir sur les genoux de Hrist toujours entravée à sa chaise, elle recula doucement le visage pour éviter celui de la Shaakt qui s'approchait. Elle semblait folle de joie et sa main droite caressait un collier accroché à son cou, il était confectionné en plumes de corbeau et en perles rouges, cet objet appartenait à Hrist, elle n'avait jamais su d'où venaient exactement perles et plumes, mais elle n'ignorait pas le pouvoir qu'il renfermait et la jubilation de la Shaakt laissait croire qu'elle aussi avait découvert son usage.

" Il protège des poisons ! C'est un outil exceptionnel pour qui manipule les poisons. Comme une certaine détentrice de la Vieille Rengaine ? Tu ne mérites pas un tel objet, mais sois rassurée, je ferai un excellent usage de ton arme. Et comme je ne suis pas si méchante, je vais te laisser un souvenir de ton arme fétiche. "

Sans prévenir, elle enfonça la lame de la vielle Rengaine dans le bras de Hrist, perforant son biceps et fracturant l'humérus. La Murène cracha un relent de bile de douleur et se mordit les lèvres pour ne pas crier, le sang perla dans sa bouche et déjà, la Shaakt n'était plus là. On lui enfonça la tenue de chanvre dans les bras, de nouveau un sac noir s'abattit sur sa tête et de force elle fut trainée gémissante de douleur dans une nouvelle cellule, si étroite qu'il lui était impossible de se rhabiller, de s'allonger ou même s'assoir. Le poison commençait à provoquer des spasmes dans ses muscles et l'heure était déjà grave, il fallait pour elle enrouler la tenue de chanvre autour de son bras, faute de pouvoir la déchirer d'une seule main, elle enveloppa la chemise entière sur la plaie et attendit que le poison ne disparaisse, se cognant doucement la tête contre le mur en pierre pour oublier un instant la douleur dévorante qui voyageait à travers ses veines comme un poison hivernal.

Elle y resta deux jours, sans manger ni boire, à devoir uriner sur elle même, ivre de douleur et de chagrin.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » mer. 24 juin 2020 02:25

[:attention:] Non destiné aux âmes sensibles [:attention:]

Jours après jours, Hrist alternait entre les traitements odieux de ses ravisseurs et les séances auprès de la guérisseuse, celle-ci s'était par ailleurs montrée plus douce qu'au premier jour. Elle nettoyait elle même les plaies au lieu de laisser ça aux gardes sans ménagement. Malgré ce traitement de faveur, elle n'avait répondu à aucune des questions de Hrist, la guérisseuse était fidèle à ses maîtres et remplissait son devoir avec zèle et grande discipline. L'ordre instauré par cette maudite Shaakt était tel que Hrist ne trouvait aucun moyen plausible de s'évader. Assise dans sa cellule, elle grattait le mur de pierre autour de la lourde chaîne qui la retenait. Poussière après poussière, elle parvenait enfin à extraire une première brique à ce qui la retenait, mais le renforcement qui maintenait la chaîne était trop ancré et il restait immobile malgré les efforts de la jeune femme pour le bouger. La Sindel glissa la brique dans son orifice d'origine afin de ne pas créer de soupçon à qui viendrait de nouveau l'enlever.

" As-tu compté les jours depuis que tu es ici ? " Demandait le vieil homme.

La soupe venait d'être servie aux prisonniers, un bol de terre cuite remplit à ras bord d'un liquide fumant. Chaque jour à la même heure un seul et unique bol par prisonnier, un mélange de gruau et de grains durs noyés dans un bouillon clair.

" Non. " Dit-elle tout simplement entre deux gorgées.
" Cependant j'ai compté le nombre de fois où je serai morte si on ne m'avait pas soigné. Quatorze. C'est pas rien quand même. "
" Ton esprit, comment est-il ? "
" Comment ça ? "

Le vieil homme aspirait le fond de son bol, il mangeait plus vite que Hrist qui se demandait pourquoi son bol avait si mauvais goût. Le vieil homme expliqua l'intérêt de maintenir son esprit aussi fort et résistant que les chaînes et les barreaux qui les privaient de liberté. Ceux qui sombraient dans la folie ne souffraient que davantage, tourmentés durant les nuits dans l'âme, tourmentés durant les jours dans l'être.

" Probablement. " Disait-elle, pensive.
" Tu n'as pas comme un goût de sel dans ta soupe ? C'est étrange. " Marmonna-t-elle en reniflant son écuelle.
" Au tout début, quand ils me brûlaient avec du fer chaud, je m'imaginais un immense bloc de glace pour me rafraichir. Tu vois, mon esprit et sa force m'ont permis de survivre et de mieux supporter ces épreuves. Sans un mental dur comme l'acier, on sombre peu à peu dans la folie et chaque torture devient de plus en plus impossible à surmonter. "

" Je crois qu'un de ces connards à éjaculé dans ma soupe... " Hrist grimaça pensant à ce qu'elle venait d'ingurgiter, bien que tiraillée par la faim, elle se demandait si il ne valait pas mieux finir le bol malgré tout, elle préféra le vider à terre pour éloigner toute tentation commandée par son estomac.

Le vieil homme ne dit rien, si ça se trouve, lui aussi avait eu le même traitement et n'avait rien senti.
" S'ils ne peuvent briser ton corps, ils vont briser ton mental. C'est comme ça que ça marche. "
" Tu sais vieil homme, j'ai quelques atouts, bien que je sois totalement dépossédée, il me reste quelque chose d'assez intriguant. Crois-tu pouvoir prendre ma main ?

Les deux captifs s'extirpèrent de leurs paillasses et tendirent les mains afin de s'effleurer d'abord, puis parvenir à se saisir les doigts et finalement la main entière.

" Tâche de t'accrocher? " Souffla la Murène avant de laisser les fluides magiques de l'Ombre Noire traverser son corps, emportant avec elle l'esprit de son compagnon d'infortune.

Hrist employait la magie pour extraire son esprit de son corps durant les traitements trop sévères, elle reprenait possession de son corps et lorsque de nouveau, la douleur devenait trop insupportable, elle se glissait de nouveau dans le monde des ombres. Il lui fallu apprendre très vite à alterner entre ombre et chair afin de savoir si elle était sur le point de mourir ou non, mais l'alternance de son état rendait la situation plus facile à supporter et aidait largement son esprit à endurer les infâmes supplices. Il lui était impossible d'espionner les alentours, comme pour sa Faera, Cèles, elle ne pouvait pas aller bien loin, tout était noir, opaque et impénétrable mais malgré ça, elle ne ressentait plus rien. Dans un nuage noir qui tempêtait, les deux prisonniers étaient debout, libres de leurs liens et le vieil homme ragaillardit par cet aspect de son corps qu'il ignorait totalement bondit de joie. Son ombre fantomatique gesticulait et allait à gauche, à droite, puis reculait et inspectait sous toutes leurs coutures les deux corps qui semblaient endormis à même le sol. Ils ne pouvaient pas parler, seule Hrist pouvait parler avec sa Faera mais impossible pour eux de communiquer, seul le hurlement du nuage noir autour d'eux faisait un bruit de tempête.

Ils reprirent connaissance. Hrist se recula et rampa jusqu'à sa paillasse, le vieil homme quant à lui vomit toutes ses tripes, comme à chaque première fois.

Abasourdi par cette expérience hors du commun, il ne tarissait pas d'éloges quant à la jeune femme qui occupait sa cellule, il semblait plus léger, plus joyeux, moins grave et désarmé. Peut-être avait-il espoir que Hrist lui fasse partager son don, mais très tôt, la porte de la cellule s'ouvrit en un grand fracas. Deux gardes entrèrent dans la pièce et tous deux captifs qu'ils étaient furent redressés par les matons.

La Shaakt arriva, Hrist se doutait bien qu'elle viendrait la torturer jusque dans sa cellule mais son visage n'était pas celui des grands jours, elle semblait furieuse.
" Tiens, vous venez pour le dîner ? Malheureusement c'est un peu tard, mais si vous voulez connaître l'ingrédient secret du Chef, allez directement vous servir. " Lança la Tueuse d'une voix légère, ce à quoi elle reçut une gifle cinglante qui manqua de lui éclater la commissure des lèvres.

" De la magie ! De la magie ! Tu emplois de la magie ! On l'a senti ! Au départ j'avais des doutes mais... Là ! Tu as employé de la magie ici, il y a peu. On a pu le sentir, comment as-tu fait ? "

" La seule chose magique ici c'est qu'on survive à votre cuisine. "

Elle écopa d'une pluie de coups au visage et sur le haut du corps. Complètement décoiffée sous cette nuée haineuse, la Sindel releva les yeux pour dévisager la Shaakt. Elle s'était penchée sur Hrist pour palper tout son corps à la recherche d'un éventuel objet magique dissimulé quand son attention s'arrêta sur le tatouage de murène à son poignet, comme à chaque fois qu'elle employait l'ombre noire avec le Muutos de vent, (-magie datant d'une quête, le Muutos est un don d'une entitée magique composée de fluide de vent qui, associé à la magie de l'ombre noire est la base de la classe tertiaire de Hrist - Plume Noire) la murène prenait une couleur vive et donnait l'impression de frétiller même quelques temps après avoir été sollicitée.

" C'est ça ? Ton tatouage est magique n'est-ce pas ? " Clama-t-elle haut et fort.
" Non, c'est un souvenir de pêche, un jour tonton Von Klaash m'a amené à la pêche et figure toi que j'ai pu attraper deux crabes et une sardine. Fallait bien fêter ça. "

La Shaakt enrageait mais cette fois-ci, aucun coup ne tomba sur la Sindel, une main noire se glissa dans la cape de la tortionnaire pour en retirer une petite lame en bec d'oiseau.
" Tu sais, certaines tribus de garzoks ont pour coutume de manger le coeur des ennemis tués en combat... On dit que ça donne la force de celui qui est tombé, à la fois un hommage et un drain de puissance. On pourrait essayer avec ça. "

Une main ferme vint alors s'enfermer sur son bras, le garde tenait fermement Hrist qui craignait de comprendre ce que mijotait la Shaakt. Elle lui entailla le bras tout autour de son tatouage de Murène et arracha la peau gravée du précieux symbole.

La Shaakt dévora la chair tatouée de Hrist devant elle, mastiquant bruyamment la peau élastique, du sang coulait le long de ses lèvres qu'elle léchait à l'image d'un animal. Hrist se mordait les lèvres de douleur mais son esprit était accroché à cette image, la Shaakt mangeait sa Murène magique pour mieux avaler sa magie. Hrist préféra taire que la magie de l'ombre noire n'était pas liée à ce tatouage mais en elle. Aussi ce geste complètement fou n'aurait servi à rien si ce n'était que de la torturer davantage.

" Je devrai t'arracher les bras pour être sûre de couper toute magie ! Tu m'entends, tu ne sortiras jamais de cette prison, jamais, jamais ! JAMAIS !"

Le garde relâcha la pression, Hrist en profita pour attraper à l'arrière du crâne de la Shaak une bonne poignée de cheveux et avant que les gardes ne puisse réagir, elle tira vers elle sa tortionnaire et lui mordit l'oreille jusqu'à ce qu'un morceau de cède et tombe sur le creux de sa langue. L'Elfe Noire cria en échappa à l'emprise de Hrist qui avala le morceau de chair à son tour. Les gardes envoyèrent la Sindel au tapis à grand coup de botte tandis que la Shaakt les insultait à cause de leur inattention.

Lorsque les coups cessèrent, Hrist releva les yeux, la Shaakt maintenait la main à son oreille mutilée, lui adressant un regard féroce qui ne laissait présager rien de bon pour la suite. Allait-elle la traîner de force jusqu'à la salle de torture ? Est-ce qu'elle préférait la laisser croupir dans la fameuse boîte dont parlait le vieil homme ? Ou l'envoyer dans cette cellule si petite qu'on n'y tenait que debout ?

Rien de tout ça n'arriva.

Hrist fut la première à rompre le silence.

" Il vaudrait mieux pour toi, en effet, que je ne sortes jamais d'ici. "
La petite plume de la Mort.

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Silmeria
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » sam. 1 août 2020 15:31

Des jours et des nuits s'écoulèrent. Hrist était régulièrement réveillée la nuit, tirée hors de sa cellule pour être torturée, violentée avec des raffinements sans cesse travaillés. La dernière trouvaille de la Shaakt était de la faire asseoir pieds et poings liés à une table, affamée elle observait en silence les gardes et elle même avaler du poulet arrosé de vin et de grands plats de légumes colorés et de pomme de terre au lard. Les fumets entêtants tiraillaient son estomac mais son esprit tenait bon. Il restait intact, protégé par la force de Hrist, elle faiblissait physiquement et se trouvait déjà amaigrie, ses os saillaient et on apercevait sans mal ses clavicules ressortir.

C'est dorénavant le début de quelque chose qui ressemble doucement à une fin.

La guérisseuse Shaakt soignait Hrist pour une énième fois. Les deux avaient pris l'habitude de discuter à voix basse, la guérisseuse bavarde admirait en quelque sorte que Hrist se montre si résiliente face à cette maîtresse impitoyable, Hrist quant à elle profitait de ces moments pour tâcher d'en apprendre davantage sur cette prison. La guérisseuse lui racontait tout en travaillant que de nombreux prisonniers avaient été faits ces derniers jours.

" Un campement entier. Tu sais, le chargement de ravitaillement qui arrive chaque mois est sous escorte, ils arrivent, rendent les victuailles et procèdent à la relève des gardes en place, ils sont tombés dans un campement de bûcherons en arrivant. Avec toi comme prisonnière, ils ne se sont pas posés la question, ils ont tout de suite considéré ça comme un campement d'espions déguisés pour te prêter main forte et on arrêté tout le monde. Il s'avère qu'une fois la torture passée, la plupart d'entre eux ne comprenaient rien de ce qu'on leur soupçonnait, ils restaient là, ahuris, complètement interloqués. En réalité, ce sont effectivement des bûcherons qui ont eu la malheureuse idée d'établir leur campement ici. Résultat, tous enfermés. Penche un peu la tête sur la droite. Et bien, un coup de fouet ici ? A mon avis tu as dû bien énerver les gardes, une fois de plus. Mais je disais, ah. Oui, deux colosses, deux hommes énormes, je n'ai jamais rien vu de tel. S'ils venaient à mourir, je pense que je les conserverai dans de l'alcool en attendant de pouvoir retourner chez moi, comme ça je pourrais garder leur squelette, ça sera le début d'une collection.

" Et mon squelette, tu comptes le garder aussi ? " Demanda Hrist d'une voix neutre.
" Tu sais, il n'est pas utile de se faire des illusions, toute personne soignée ici n'est jamais qu'un mort en sursis. C'est pareil pour toi. Ma maîtresse passe beaucoup de temps avec toi, je crois qu'elle cherche à te rendre folle, à te voir pleurer, à t'entendre crier et trépigner mais toi, bien sûr tu t'y refuses. Elle finira par se lasser ou réussira par te faire craquer, au final, tu seras mise à mort, probablement de façon abjecte et ensuite les prisonniers seront soit tués, soit laissés ici à croupir. "
" Justement, je me disais que c'est toujours très agréable d'avoir une voix amicale qui caresse mes oreilles de propos réconfortants. "


Une douce chaleur venait chatouiller ses nerfs à vif et ses hématomes, la magie opérait silencieusement et la Sindel sentait alors un merveilleux bien être l'envahir.

" Dis moi, je ne t'ai jamais demandé. " Fit-elle en observant ses tatouages revenus. " Tu ne lui aurais pas recollé un morceau d'oreille, à tout hasard ? "
" Non. " Dit gravement la guérisseuse, " Et pour cause, elle n'a pas vraiment besoin de moi, elle a dans ses quartiers une petite merveille, une fontaine de soins, c'est un procédé Shaakt, comme un bain dans lequel on entre pour soigner ses maux, internes ou externes. "

Hrist aurait bien voulu dire quelque moquerie au sujet des Shaakt et de la rareté des bonnes idées qu'ils étaient capable de pondre, mais la porte s'ouvrit avec grand fracas, annonçant comme toujours l'arrivée de la Maîtresse. La Sindel quant à elle ne sursautait même plus à ces entrées en fanfare, elle savait que comme à son habitude, elle dirait haut et fort une délicatesse pour ensuite la traîner dans une salle de torture pour finalement la laisser croupir dans sa piaule jusqu'à ce qu'elle soit trop proche de la mort pour ensuite la conduire jusqu'à la guérisseuse, et ainsi de suite.

Cette routine morbide durait depuis deux semaines.
" Allya, laisse donc notre vermine à ses tiques et ses poux, il faut que je lui montre quelque chose, ma dernière trouvaille vaut le coup d'oeil. "

Allya, au moins si Hrist décédait aujourd'hui, elle aurait le nom de quelqu'un qui lui fut sympathique et avenant entre ces lieux, elle pourrait peut-être effleurer ce nom du bout des lèvres avant de disparaître afin de ne pas avoir l'âme trop lourde de souffrance et de rancoeur. Un sac noir enveloppa son visage et cette fois, tout fut différent. Soulevée par les aisselle comme un fétu de paille, elle qui ne pesait presque rien fut allongée sans ménagement sur une table roulante et celle-ci déambula dans les couloirs, sursautant à chaque pavé inégal ce qui ne manquait pas de cogner sa tête contre le bois dur.

Son sac l'étouffait et déjà, de la sueur perlait le long de ses tempes, sa tête tournait d'être si affamée et son estomac n'était plus qu'un noeud douloureux contre lequel même la magie ne pouvait plus rien. La nuit, elle s'isolait dans le monde des Ombres pour soulager ses souffrances, elle observait en silence le corps qu'était devenu le sien tel un fantôme silencieux.

On arracha le sac et l'air frais du dehors vint rafraîchir son visage, elle respirait à grande bouffée l'air pur de la nature qui changeait de cette atmosphère putride et rance qu'était les geôles. Elle se redressa pour observer ce qui l'entourait, des hauts murs encerclaient une cour de pavés mais le ciel au dessus de sa tête était bien réel, ils se trouvaient donc dans la cour de la prison, par chance celle-ci était à ciel ouvert, ce qui autrefois devait permettre aux détenus de pouvoir respirer sans pour autant prendre le risque d'une évasion. La hauteur des murs était vertigineuse, elle se sentait ridiculement petite et son état ne lui permettrait jamais d'en entamer l'ascension. Elle bougeait un poignet lourdement retenu par une entrave de fer, il lui faudrait déjà se débarrasser de la Maîtresse Shaakt, des gardes, des entraves, de la mort qui tournoyait sans cesse au dessus d'elle, comme un oiseau de proie.

La Shaakt se trouvait sur sa droite, elle portait entre ses mains un magnifique bouquet de fleurs des champs, leur parfum doux et emprunt de liberté vint alors chatouiller les narines de la Sindel qui, si elle fermait les yeux, pouvait volontiers s'imaginer dans un bois ou une jolie clairière. Mais il ne fallait pas aller trop loin dans le songe, la douleur qui était inéluctable en ces lieux la ramènerait tôt ou tard à la réalité et de façon bien abrupte.

" Tu as vu ? J'ai pu enchanter ta tenue ? J'aime particulièrement la maîtrise des fluides et regarde, j'ai pu insuffler à ta robe des Sylphes un charme très convainquant. " Clamait-elle avec une joie non dissimulée.

Hrist était si habituée à la voir habillée avec ses propres vêtements qu'elle ne faisait même plus attention, la Maîtresse s'était complètement approprié la vie de la Sindel.

" Regarde attentivement, je suis de bonne humeur, la plante se porte bien... Mais quand je me mets en colère, comme quand tu as voulu me mordre, ou comme quand tu réponds avec une abominable insolence et que tu refuses de te plier à mes ordres... Mon humeur noirci ! "
Son ton était devenu plus dur, plus grave, ses traits qui d'ordinaire se montraient fins avec des angles secs et la colère se dessinait rapidement dans son expression, mais le plus étonnant n'était pas la vitesse à laquelle elle changeait son humeur, c'était plutôt la plante. Autour d'elle, tout devenait plus sombre, comme noyé dans un brouillard opaque et obscur, la plante flétrissait à vue d'oeil pour finalement tomber en décrépitude complète, les pétales chutaient en une pluie sinistre, on aurait dit de la cendre.

" J'ai pu enchanter la Robe d'un sort de décrépitude qui est alimenté par l'humeur de celle qui la porte, franchement c'est du travail, tu pourrais au moins faire semblant de t'y intéresser davantage. Ah, je t'ai présenté mon assistant du jour ? Un fulguromancien Shaakt, il est venu spécialement pour toi sur ma demande, je voulais essayer quelque chose de nouveau, on a bien remarqué que le fouet, le tison, la pince, le couteau tout ça, c'était trop léger, tu enfuis ton esprit quelque part dans je ne sais quelle sourcière magique et tu échappes à la douleur, mais que se passe-t-il si on torture directement ton esprit ? Une nuit, je me suis laissé surprendre à penser à un procédé assez nouveau, tu aurais pu t'en inspirer pour ta propre connaissance, mais bon... Regarde plutôt, le mage va poser ses mains sur ta tête et envoyer une onde magique directement dans ton crâne, la foudre va attaquer ton cerveau et avec un peu de chance, elle détruira partiellement ou complètement ton esprit et il ne restera plus qu'un corps vide, j'espère que tout à l'heure, je pourrais te mettre des claques pendant que tu me regardera avec des yeux vides et la bave aux lèvres. "
Elle se mordait déjà la lèvre de plaisir. Hrist n'eut pas même le temps de répondre que ce procédé si nouveau, comme elle le soulignait, risquerait de la faire friser, les mains du mage enveloppaient déjà son crâne et il lança sans attendre ni crier gare un éclair magique.

Son corps lâcha immédiatement, il n'était pas sage de résister, ses muscles crispés roulaient sous sa peau et tendue comme une corde à arc, elle gesticulait maladroitement dans son étreinte à mesure de l'intensité magique qui frappait son système nerveux.

C'est à ce moment là, après tout les efforts faits par la Maîtresse que l'esprit de Hrist se transforma.

La petite flamme d'humanité dans l'esprit de la Murène était fragile, son coeur était noir et avait dévoré l'essence de l'humanité. Aussi cette petite étincelle, presque indéfendable était protégée par l'Ombre Noire dans les tréfonds de l'âme de Hrist. Mais la magie avait eu le dessus, la Sindel n'avait pas pu se préparer, la colère et la haine latente de la Murène formaient un terreau très fertile pour la folie, et l'humanité qui l'empêchait de croître disparu. Tout simplement.
Éteinte
Mais un corps ne peut vivre sans humanité. Une femme ne peut pas abriter la cruauté et la démence, les Dieux n'avaient pas conçu les corps pour cela. Au fond de l'esprit de Hrist, émergea une entitée autrefois disparue, que la noirceur avait englouti et dissimulé très loin. Aujourd'hui, la noirceur ayant engendré la folie furieuse laissa la place à une nouvelle essence d'humanité, moins corrompue que la précédente.

Celle de Silmeria.
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » dim. 23 août 2020 00:44

Si l'humanité a longtemps fantasmé son paradis, l'enfer lui, était très personnel. Celui de Silmeria ressemblait à un port plongé dans la pénombre. L'esprit de Hrist avait échoué celui de Silmeria, plus faible à l'époque et l'avait condamné à l'errance dans cet enfer qu'avait composé son esprit noir et cruel. Mais maintenant que Hrist avait totalement sombré dans la démence, sa force de caractère avait peu à peu cédé, comme le feraient les fondations d'un barrage avant de rompre totalement et de déverser un océan de noirceur et de colère dans son être.

Silmeria errait dans ce port morne depuis des lustres, seules les carcasses échouées de bateau sortaient de la surface comme autant de mâts fantômes qui pointaient vers les cieux gris leurs gréements déchirés. La surface de l'eau était couverte de corps sans vie à perte de vue. Incapable de mourir dans cette prison odieuse, l'âme de Silmeria s'était assise un temps sur la jetée de ce port pour ne plus jamais bouger, elle fixait en silence les cadavres qui flottaient dans la noirceur et se surprenait parfois à rêver. Que ferait-elle lorsqu'elle reviendrait ?

Ses yeux verts s'ouvrirent sur ce monde en suspend, elle foula de la botte la surface de l'eau tranquille comme pour voir l'onde que provoquerait ce mouvement à la surface inerte de l'eau. Mais les morts se réveillèrent. De nombreuses mains sortirent de l'eau pour attraper sa cheville et sa jambe, l'entraînant avec force et détermination jusque dans l'eau où elle coula entièrement.

Puis, plus rien. Elle pensait qu'il était impossible de mourir dans son enfer personnel, faute d'être morte de faim ou de soif depuis les lunes passées seule à rêver. Lorsque ses yeux s'ouvrirent de nouveau, elle était en prison. Encore engourdie et incapable de bouger, elle entendait les cris de joie d'une Shaakt qui manifestement fêtait quelque chose, deux mains fermes la trainaient à même le sol le long d'un couloir sans fin. La Shaakt piaillait quelque chose d'incompréhensible mais à le répéter sans cesse, Silmeria comprit qu'elle disait : " J'ai tué Hrist. "

Mais elle ne pouvait bouger, son corps fourmillait de sensations dérangeantes, picotements, irritations, douleurs diverses et inconnues, elle comprit sans mal que son âme avait échoué dans ce corps meurtri et qu'elle avait tout intérêt à vite reprendre possession de ses moyens pour s'en sortir.

Lorsqu'elle fut trainée jusqu'à sa geole, on la jeta à même le sol, manquant avec grand soin sa paillasse crasseuse qui aurait amorti le choc et ces mêmes mains cruelles refermaient sur ses chevilles et ses poignets les étreintes de fer.

C'est ainsi que Silmeria revint de son enfer, pour être plongée dans un tout autre lieu de perdition.
La petite plume de la Mort.

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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » lun. 26 oct. 2020 17:06

De nombreux jours passèrent. Silmeria s'était adaptée à cette prison, elle restait silencieuse et discrète, c'était plus facile maintenant que la Shaakt s'était mis en tête qu'elle avait tué l'esprit de Hrist, elle n'apportait pas beaucoup d'attention à Silmeria. Elle lui avait toutefois réservé trois longues journées de torture acharnée où la Douce Sindel avait été confrontée à des affres aussi infâmes que douloureux. Suspendue par les poignets comme un gibier, elle recevait la douloureuse morsure des pinces coupantes sur son corps nu, ensuite les lames de rasoir si effilées qu'elle ne sentait pas immédiatement les coupures. La Shaakt rôdait autour d'elle pendant de longues heures, glissant de temps à autre un coup violent de ses instruments préférés.

Elle racontait beaucoup de chose, Silmeria comprit vite que c'était là pour elle, une façon de mieux appréhender la situation et peut-être d'en trouver une issue. La Shaakt du nom de Vergere parlait sans cesse à voix haute, torturer la Sindel était une sorte d'exutoire où elle délivrait sans mal tout ce qui lui passait par la tête.

Lorsque la torture était terminée, les gardes donnaient du mou dans les chaînes qui retenaient Silmeria et son corps glissa à terre comme un poisson échoué et ne bougeait plus jusqu'au petit matin ou de nouveau, les mêmes gardes viendraient tirer les chaînes qui la hisserait dans les airs, offerte à la cruauté de Vergere.

Lors du troisième jour, elle s'était particulièrement énervée comme si elle comprenait que Hrist n'était plus là, Silmeria demeurait silencieuse comme la mort et que son jouet était mort, il n'avait plus aucun intérêt et comme une enfant gâtée d'avoir trop abusé de son bien, elle le délaissait petit à petit, prenant moins d'égard. Si ses tortures au début étaient sophistiquée, il n'en était plus rien désormais. Elle lacérait le corps de Silmeria à grand coup de lame de rasoir sans prendre le temps d'entendre son souffle s'alerter ou de l'écouter étouffer ses gémissements plaintifs.

La lame de rasoir se brisa dans l'une de ses côtes. Vergere fixa la lame cassée silencieusement avant de l'accuser d'avoir détérioré le matériel de torture. Elle lui tira les cheveux en arrière et renouvela son accusation avant d'enfoncer le rasoir dans l'oeil de la Sindel qui ne parvint plus à retenir un cri de souffrance. Sa vue s'éteignit et elle sombra dans l'inconscience la plus totale.

Privée de sa vue, son esprit porta plus d'attention aux autres sens. Des mains intrusives vont et viennent, certaines pour retirer les chaînes à ses jambes et ses poignets, d'autres pour la saisir sous les aisselles et la trainer sans ménagement aucun dans les longs couloirs de la prison.

Les acouphènes qui sifflaient dans ses oreilles rendaient difficile la perception des sons, mais elle sentait qu'on venait de l'allonger sur une table, les membres écartés dans le plus pur mépris de la chasteté, les battements de son coeur dans les tempes et la blessure ouverte à l'oeil parasitaient son ouïe, il lui semblait entendre un ricanement, probablement celui de Vergere et une main venait glisser quelque chose dans la sienne. Plus rien.

Un silence qui aurait été insupportable pour qui serait privé de son sens le plus précieux, mais Silmeria sentait la caresse froide de la mort s'approcher, aussi, l'inquiétude se dissipa. Il valait mieux en finir faute de pouvoir se sortir de cette situation épineuse.

Autour d'elle, le pas léger de la guérisseuse Shaakt qu'elle ne pouvait entendre, l'Elfe noire observait pourtant de près toutes les blessures qui grêlaient son corps depuis trois longues journées. Il était très difficile d'examiner l'état de la femme tant elle était couverte de sang coagulé et de crasse. De plus, si elle décidait de passer une éponge mouillée pour y voir plus clair, elle risquait de rouvrir les plaies à peine refermées et de provoquer un saignement qui lui serait fatal. La guérisseuse approcha son oreille de la bouche de la Sindel pour vérifier sa respiration qu'elle perçut sous la forme d'un râle sifflotant.

Secouant la tête de dépit face à un tel état, la Shaakt fit contre mauvaise fortune bon coeur et commença à prononcer quelques incantations en posant une main douce sur la poitrine de Silmeria.

Sa respiration revenait peu à peu à la normale, mais ce n'est qu'après de longues et pénibles heures de soin magique que Silmeria ne retrouva la vue et parvint à rassembler assez de force pour se relever et retrouver ses esprits. Il y avait toujours au creux de sa main un oeil, couvert de sang, probablement arraché à quelqu'un. Elle l'inspecta et remarqua avec horreur qu'il s'agissait de son ancien oeil, le premier ayant été crevé par le rasoir, elle était trop en état de choc pour sentir qu'on lui avait extrait le second, c'est dire si le choc était intense.

" Je pensais qu'elle allait me tuer. " dit-elle tout doucement en roulant son oeil dans la main.

" Tu ne vas tout de même pas garder ça ? " soufflait la Shaakt impatiente en tentant de reprendre l'oeil qu'elle avait dans la main.

Silmeria refera les doigts sur son trésor et colla la main à sa poitrine, comme une enfant protégeant un oisillon tombé du nid. " Non. Il est à moi. " murmurait-elle si bas qu'Allya, la guérisseuse parvint tout juste à comprendre.

Elle retira sa main tendue et croisa les bras en la toisant d'un air mauvais. " Tu vas garder cet oeil alors que tu en as de nouveau deux ? C'est toi qui voit, si tu veux attirer tous les rats de la prison. "
La petite plume de la Mort.

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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » mar. 9 févr. 2021 03:07

Silmeria avait passé des jours et des nuits à serrer son oeil contre elle. La jeune femme ne sortait plus de sa cellule depuis des semaines, elle était rongée par la vermine et se grattait sans cesse. Ses cheveux blanchissaient à cause des sévices qui meurtrissaient son corps. Quant à son esprit... Il n'allait guère mieux. Déjà, Silmeria s'était attachée à ce oeil, elle lui avait même confectionné une poche à l'aide d'un morceau de sa robe arraché. Mais lorsque la nuit tombait, l'ombre noire empoisonnait son esprit et faisait surgir Hrist. L'esprit de Hrist complètement aliénée par la magie qui errait en pleurant dans la petite cellule. Depuis la mort du vieil homme, - ce qu'elle estimait, puisqu'un matin les gardes sont venus le chercher pour ne jamais le ramener - elle n'avait plus personne à qui parler. Ses conversations se tournaient vers Cèles, sa faera qui parvenait à faire de rares apparitions à cause de la puissante magie qui empêchait ses fluides d'aller et venir en paix.

Il ne restait que Hrist. Démente, cruelle, absurde, véritable carricature de la cruauté et la folie furieuse, Silmeria avait l'impression d'avoir un animal sauvage en elle qui " grattait " pour sortir. Elle parvenait à la contenir la plupart du temps, mais lorsque de fatigue elle fermait les yeux, elle se sentait abandonnée, comme remisée dans un coin de son esprit devenu une véritable forteresse de noirceur. A son réveil, rien n'avait changé, les chaînes entravaient toujours ses membres devenus maigres, ses tiques pompaient toujours tout le sang qu'elle pouvait et les cafards se logeaient allègrement dans sa paillasse devenue infecte.

Elle se voyait mourir ici, en silence, abandonnée de tous. Mais qui mourrait ? Elle ? Hrist ? Les deux ? Allait-elle devenir un de ces spectres moqueurs et plaintifs qui hanterait ces lieux de ses longs gémissements et de ses sanglots ?

Un matin, la porte s'ouvrit. Silmeria entr'ouvrit les yeux pour voir une forme humaine se tenir très droite sur le pas de la porte. Elle ne parvenait pas à distinguer de quel Shaakt il s'agissait, les flammes jaunes et dansantes des torches lui firent si mal aux yeux, trop accoutumés par les ténèbres, qu'elle n'avait autre choix que de détourner régulièrement le regard.

" C'est elle. Vous, aidez la Frémissante à se lever. "

Une armure noire à la forme familière entra sans attendre, ouvrit les fers de la femme et la porta comme si elle ne pesait rien, ce qui devait être le cas. Sa tête tournait et ses yeux pleuraient sous l'effet de la lumière des torches, elle murmurait des propos qui semblait incompréhensibles pour les hommes qui venaient la chercher.
" La Frémissante... C'est Hrist. Je ne suis plus Hrist. "

Mais elle ne reçut aucune réponse. L'homme en armure noire marchait derrière le premier homme qui avait donné l'ordre de la récupérer, il marchait fièrement, les mains croisées derrière le dos. Il portait une tenue assez noble, d'un jaune pur si on en croyait les reflets incertains laissés par la lumière sur ses atours. Elle fut conduite à une anti-chambre, elle ne se souvenait pas avoir déjà été conduite en ces lieux trop richement décorés, une table en bois noir, du mobilier doré et décoré de miroirs et de nombreuses pièce de vaisselle, Silmeria commençait à croire qu'elle n'était plus dans la prison.

" Parfait. Laissez Madame ici, nous avons à discuter. " Dit-il d'une voix claire. A cet ordre, le garde qui portait Silmeria et celui qui fermait la marche s'exécutèrent sans attendre et elle se trouva enfermée avec cet étrange personnage.

" Vous êtes difficile à trouver. Je sais que vous avez plein de question et j'ai vu les prisonniers de ces lieux, je sais que vous avez vécu mille tourments depuis bientôt six mois. Je dois dire que vous êtes... Méconnaissable. " Ajouta-t-il en un léger mouvement de recul, l'odeur de la tueuse qui gisait dans son urine et sa misère devait être infecte. Silmeria voyait là un nouveau raffinement de cruauté des Shaakts qui la tourmentait avec un scénario de sauvetage... Etait-ce vrai ? Allait-elle voir Vergere entrer dans la pièce en riant à s'en taper les cuisses ?

Il interrompit ses pensées et continua : " Xenair m'a envoyé. Il a besoin de vous et vite. Je peux vous sortir de ce trou à rat, vous donner un cheval, des vivres et vous diriger vers votre destin si vous acceptez de lui prêter allégeance pour cette mission. " Il versa un hydromel dans une coupe d'argent et attrapa un plateau de fruits sur une commode. Il l'offrit à Silmeria qui prise par un instinct des plus primaire le lui arracha des mains, bu à grande gorgée l'alcool tiède qui lui brûlait la gorge asséchée et croqua dans une pomme. Elle manqua de pleurer d'émotion. La peau dure avait craqué sous ses dents, le jus avait coulé le long de ses lèvres et parfumé sa bouche d'une note sucrée entêtante qui lui fit presque tourner la tête, à moins qu'il s'agisse déjà d'un effet de l'alcool sur son corps affaibli, elle sentait déjà la douce chaleur de l'ivresse lui gonfler la poitrine et les joues.

" J'ai déjà prêté allégeance au Seigneur Xenair, je porte sa plume et le Dragon d'Oaxaca. " Dit-elle entre deux monstrueuses bouchées.

L'homme émit un léger sourire, il semblait attendri de la voir ainsi.
" Il ne s'agit pas d'une banale mission. La guerre est lancée. La flotte de la Reine vogue déjà vers les Kendrans et le roi ainsi que sa suite et son conseil se trouvent non loin d'Oranan selon les derniers rapports. Cependant, vous connaissez la discrétion de notre Seigneur, il reste à côté de la Reine Noire et ne peut se porter présent pour une telle mission, vous en revanche... Notez que deux autres Seigneurs sont également sur place. "

Il s'approcha d'elle alors qu'elle avalait sa seconde pomme et la toisa d'un air plus dur.
" Il est bien sûr hors de question qu'un autre Général puisse s'octroyer la gloire de la mort du Roi. Ce mérite revient à Xenair, vous serez son ambassadrice, sa main armée, son bras vengeur. "

Un silence de plomb tomba sur la salle. Silmeria sentait un frisson glacé d'excitation monter dans son dos. Xenair avait fait retrouver sa protégée pour l'envoyer accomplir une tâche incroyable, un travail héroïque.

" Si vous acceptez ma chère, je vous rendrais vos effets, je vous offre la Shaakt qui vous tourmentait, je vous offre un cheval et la liberté d'accomplir votre mission pour la gloire de la Reine Noire, si vous refusez, je n'ai pas d'ordre précis, je pense vous remettre dans votre geôle mais Xenair semble assez confiant sur votre motivation. C'est d'ailleurs pour ça que je suis là, j'ai eu un mal de chien à vous trouver, l'assaut a déjà commencé et la patience de notre Seigneur s'est sans doute émoussée. Vous rattraperez le temps perdu ? "

Silmeria déglutit. " Les Shaakts... Ils sont encore en vie ? Vergere est en vie ? "

L'Emissaire de Xenair eut un grand sourire satisfait et claqua des mains d'un signe de joie. " C'est entendu, l'affaire est claire et close. Vous avez jusqu'au zénith pour reprendre vos effet, vous arranger un peu, prendre des rations et vous partez sur le champ à Darhàm rencontrer votre équipage. Votre second, le barbu furieux vous y attend. Prenez la mer sans tarder. Et ouvrez la porte derrière moi, vous y verrez une surprise des plus charmante. "

Il prit la main de Silmeria, ses doigts étaient encore crottés de saleté et rendus collants par le manque d'hygiène et le jus des pommes, il l'embrassa du bout des lèvres avant de la laisser tomber mollement et de passer la porte.

Silmeria n'en revenait toujours pas, elle déposa doucement les fruits et son précieux breuvage pour se lever et ouvrir doucement la porte désignée par l'émissaire dont elle ignorait toujours le nom. Les agents de Xenair n'étaient pas très réputés pour leur bavardages intempestifs et inutiles, l'essentiel avait été donné et il avait rempli sa mission sans y donner de zèle malgré une efficacité qu'elle devinait parfaite.

La porte en bois grinçait et lorsqu'elle fut complètement ouverte, Silmeria y découvrit Vergere, ligotée au mur comme une prisonnière, les bras attachés aux poignets et tirés au dessus de sa tête et les jambes respectivement tirées au maximum de leur jointure de chaque côté. Complètement inoffensive, la Shaakt avait été déshabillée d'une robe légère, probablement tirée de son sommeil par les gardes. Sur le chevet au pied du lit se trouvaient parfaitement étendue sa tenue. La délicate robe des Sylphes, sa capuche, ses bottes... Tout ses effets étaient là, impeccables et soignés par la passion dévorante de Vergere. Plus surprenant encore, la Guérisseuse n'avait pas menti, sa chambre contenait la fameuse baignoire d'argent où elle pouvait faire couler le liquide de guérison mis au point par les Guérisseurs Shaakt. Un frisson incroyable lui fendit l'échine. Qu'allait-elle faire ? Récupérer sa tenue, se soigner intégralement avec la magie Shaakt ou mettre un point immédiat à la menace que représentait Vergere ?

Submergée par ses émotions, elle posa les deux mains au dessus de la table de chevet et y laissa le poids de son corps, penchant la tête en avant, elle pleurait, ses nerfs venaient de craquer, après tant de souffrance voilà qu'on lui offrait sa vengeance sans crier gare. Elle voyait la fin de son calvaire et l'occasion de vite passer à autre chose et soigner son esprit, peut-être qu'avec cette nouvelle aventure, l'âme de Hrist se réparera au fil du temps et que tout redeviendrait comme avant ? Et si ce n'était pas le cas, peut-être que la Reine Noire se montrerait généreuse et aiderait à soigner Hrist si elle lui échangeait cette faveur contre la tête du roi, ou tout du moins, Xenair pourrait parler en son nom et exprimer la demande de la Sindel à qui saurait lui venir en aide.

Elle attrapa sa lame et d'un pas décidé la glissa sous le cou de la Shaakt encore évanouie, son bras eut un mouvement instinctif, comme s'il n'avait pas oublié le mouvement létal. Mais elle se ravisa, il était trop tôt, il fallait peut-être recueillir ses dernières paroles, ses peurs et ses regrets. Mais avant, il lui fallait guérir.
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » mar. 9 févr. 2021 03:56

La magie faisait son office. Silmeria s'était entièrement dévêtue et avait glissé son corps amaigri et faible dans la cuve qui contenait le précieux liquide magique. La morsure glacée la fit frissonner, de plus, le fluide laissait croire qu'il était composé d'eau mais elle ressentait une résistance, comme s'il s'agissait d'un miel vivant cherchant à repousser le pied qui le pénétrait, puis le second avant de vouloir expulser tous les maux qui s'offraient à lui. Silmeria y plongea comme s'il s'agissait d'un bon bain chaud et ferma les yeux. Elle sentait déjà sa peau se tendre, ses muscles reprendre de la vigueur et ses engourdissements, ses blessures, ses lésions et les maladies portées par la vermine, tout ça semblait devenir si léger et s'envola comme porté par un vent soudain qui la laissait nue, libérée du mal.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit avec dégoût que l'onde était jonchée de cadavres de tiques gonflées de sang, de morpions et d'autres saloperies qui parasitaient son corps depuis si longtemps. Elle récupéra une tique ronde et rougie qui agitait ses pattes ridiculement petites par rapport à son corps géant, elle l'inspecta sous différents angles avant de l'écraser entre le pouce et l'index. Une goute de sang lui resta entre les doigts.

" Elle s'est bien gavée... " Puis son regard croisa celui de Vergere, qui était réveillée depuis quelques minutes. Bien que la douceur de sa santé nouvelle l'invitait à plonger dans un profond sommeil, Silmeria s'était contentée d'une légère méditation pour rassembler ses esprits trop longtemps tourmentés, mais le cliquetis de ses fers et le grincement de ses liens ne lui avaient pas échappé, elle devait être réveillée depuis assez longtemps pour comprendre ce qui se passait et craindre le retour vengeur de la Sindel qu'elle aurait dû tuer voilà déjà des mois. Silmeria se dressa dans le bain et en sorti, lentement, comme un prédateur rôderait autour d'une proie blessée. Vergere quant à elle voyait déjà venir la menace et ne lui ferait pas le plaisir de montrer de la crainte ou autre émotion, elle resterait de marbre aussi longtemps que possible malgré la surprise d'une situation pareille.

" Me voilà devant toi. Nue. Désarmée. Et pourtant, tu n'as jamais été plus à ma merci qu'en cet instant. C'est ironique tout de même, d'avoir eu un tel pouvoir sur moi et de finalement ne pas pouvoir mener ton grand oeuvre à sa conclusion. "

Vergere restait silencieuse, son regard infiniment mauvais envoyait des tonnes de mépris à la Sindel. Elle lui tourna le dos, cette fois-ci sans crainte aucune. Cherchant de quoi assouvir sa vengeance. Elle n'était pas tout à fait sûre de comment procéder, il s'agissait tout de même d'une occasion en or mais elle n'avait pas assez de temps pour jouir de sa poupée comme le voudrait, il lui fallait faire vite et bien.

" Tu sais, je me souviens de ce que tu disais à Hrist. Que vous étiez pareille, que tu l'admirais pour ses raffinement, si je puis dire. Mais nous avons toutes deux pourtant beaucoup de différents. Je ne fais jamais durer le plaisir plus que de raison par exemple. " Elle récupéra une cuillère à pamplemousse délicatement ouvragée sur une table dressée pour un déjeuner copieux. Le couvert argenté et impeccable présentait sur une face arrondie de petites dents destinées à mieux découper les agrumes.

" Je n'ai pas la notion du temps, mais je sais que par exemple, jamais je ne garde une victime plus de quelques jours. Tu aurais dû me tuer. Vraiment c'est dommage. Mais tu n'es sans doute pas étrangère à cet adage, oeil pour oeil... "

Elle s'approcha et colla une main fine et froide sous le menton de la Shaakt pour lui soulever le visage déjà grimaçant. " Tu vois, par exemple quand tu m'as arraché l'oeil, tu as commencé par le bas. Je pense qu'il est plus confortable de faire pénétrer la cuillère par le haut, juste sous l'arcade, l'os est plus solide et quand on fronce les sourcils de douleur, le muscle donne un excellent appui pour faire coulisser le métal et mieux extraire l'oeil, regarde, juste sous la pupille. Non, non, ne bouge pas, ça fera encore plus mal. Allez, on y va. " D'un geste sûr qui lui arracha un gémissement plaintif, elle fit entrer la cuillère à agrume sous la paupière et chercha l'angle le plus confortable en prenant son temps.

Le corps de la Shaakt s'était raidi d'un coup et lorsque les muscles arrivèrent au paroxysme de leur tension, elle trembla et gesticula tant et si bien que Silmeria du renforcer son emprise sur son menton pour la maintenir suffisamment immobile avant de lui éjecter l'oeil de l'orbite.

" Tu vois ? C'était rapide non. Bon visiblement pas sans douleur mais en tout cas on a pas perdu de temps. "

Elle recula sa tête, le hurlement de la Shaakt lui fit vriller les tympans, elle mêlait insultes dans sa langue barbare, propos d'incompréhension et gémissement de douleur.

" Par contre, je n'ai pas toute la journée, aussi je te propose de couper court, de toutes façons tu n'as rien à me dire j'imagine ? Non ? Ah, tu vois. Rien de poli à dire en tout cas. Tu sais quoi, seconde chose, tu es beaucoup trop brouillonne, on ne torture pas les gens sans arrêt pour rien, même à Omyre on ne fait pas ça, et crois moi certains Garzok sont vraiment des bourrins. Même eux sont plus sobres, toi tu as été une véritable catastrophe et sur le long terme en plus. Tu peux crier moins fort ? Je disais, c'est trop long. On ne torture pas sans raison, il faut faire passer un message ou en obtenir un, ça peut-être un aveu, une information ou que toi tu fasses passer un message. Quelque chose de symbolique. Comme enfoncer des centaines de pièces d'or dans le ventre d'un avare, tu vois ? Il y a un message là. J'en ai trouvé un parfait pour toi, mais avant, je voudrais te remercier pour cet oeil, je le conserverai à côté du mien en souvenir de toi. C'est un bel honneur tu ne crois pas ? Hrist en tout cas n'aurait pas été si... douce."


Elle quitta la pièce un long moment, laissant la Shaakt à ses craintes et ses doutes. Elle remuait ses chaînes en cherchant une faille, quelque chose qui lui offrirait une échappatoire mais rien ne se profilait, son avenir était de plus en plus sombre jusqu'à ce qu'un bruit de porte ne vienne le sceller définitivement. Silmeria entra dans la chambre un seau à la main et le posa entre les jambes de la Shaakt, à même le sol. De son oeil valide, elle pu comprendre immédiatement qu'il s'agissait là du seau de chambre dans lequel les prisonniers déféquaient, celui-ci était rempli à moitié de merde et d'urine, l'odeur de souffre et d'ammoniaque lui remontait au nez et elle eut un haut-le-coeur et se raclait la gorge pour éloigner son envie de vomir.

" Oui, en même temps vu ce qu'on mange, il faut pas s'attendre à mieux niveau odeur. Tu ne veux toujours rien dire ? Non ? Pas de question ? C'est pourtant ta dernière chance ? Même pas ma couleur préférée ? Alors allons-y pour la dernière leçon. "

Silmeria recula de quelques pas et attrapa sa Tueuse de Mage, une longue lame argentée si fine qu'on pourrait croire qu'elle ne servait qu'à l'apparaît ou pour piquer un met sur une table, mais les apparences sont parfois trompeuse, la Tueuse de Mage était un véritable trésor et avait emporté son lot de victimes par sa main.

" Faire passer un message. C'est essentiel, c'est une signature, une façon de marquer les esprits. Je te joins une petite démonstration ? "

Un sourire mauvais traversa son visage. Elle n'avait pas eu beaucoup d'occasion de sourire ces derniers temps, autant faire ce qu'elle avait à faire dans la joie et la bonne humeur. Elle lui glissa deux doigts dans la bouche, sa mâchoire était si serrée qu'il ne servait à rien d'essayer de l'ouvrir, mais elle n'y comptait pas, elle glissa plutôt la lame contre les dents blanches de la Shaakt et découpa sa joue si profondément qu'une gerbe de sang arrosa le corps nu de Silmeria. Lorsqu'elle eut terminé, la Shaakt avait eu la moitié gauche du visage découpée, on voyait un demi-sourire faute de joue pour dissimuler ses dents et ses gencives, le sang coulait à flot le long de son cou et sa poitrine avant de commencer à goutter dans le seau de merde entre ses jambes.

Silmeria se pencha et laissa tomber sa lame à terre, elle ramassa la merde à pleine main comme un animal et tartina la fiente froide sur le visage coupé de la Shaakt, elle recommença l'opération, l'Elfe Noire remuait la tête dans toutes les directions et hurlait d'impuissance, elle vomit à la face de la Sindel un mélange de bile, de sang et de merde mais rien n'y faisait, elle se baissait toujours et enfonçait toujours plus de merde entre ses gencives et ses dents teintées d'un mélange brun et rouge écumé par la salive. Lorsque ce fut assez étalé selon la Sindel, la Shaakt ne ressemblait plus à grand chose, sa tête pendait en avant, laissant un long filet de bave rouge couler moment de ce qui restait de sa lèvre.

" Voilà un beau message... Un magnifique tableau. Ah si seulement j'avais eu plus de temps... Mais ne rougissons pas de honte, n'ayons aucun regret, tu restes une magnifique création. "

Les larmes brillantes traversaient les joues crottées de la Shaakt, l'odeur était devenue insupportable, le mélange de sueur, de peur et de merde marinée dans l'urine qu'on venait de battre et remuer ferait retourner n'importe quel estomac mais Silmeria était sur un petit nuage, elle sentait pas l'odeur chaude des excréments, son esprit était tellement concentré sur le supplice qu'il en faisait abstraction. Elle lui tira la tête en arrière, le choc avait été difficile à encaisser pour la Shaakt et si l'hémorragie ne l'emportait pas, il ne fallait pas attendre longtemps avant que la fiente n'infecte ses chairs et qu'une fièvre aussi vive que fatale n'emporte son âme perfide à Paithos.

" Maintenant, tout le monde saura que c'est en mangeant ma merde que tu es morte. "

Silmeria resta longtemps observer la Shaakt souffrir comme si elle voulait avoir assez de souvenir pour sa vie entière. Lorsqu'enfin elle s'éloigna, laissant Vergere à son sort funeste, elle croisa son reflet dans un petit miroir de bureau qu'elle n'avait pas remarqué jusqu'alors. Il fallait reconnaître que son corps avait drôlement changé, la brune aux yeux violets avait vu son iris transformé, teinté d'un vert profond comme celui d'un lierre d'été. Quant à ses cheveux de jais, les maux avaient eu un impact surprenant, ils étaient devenus blancs et la magie curative ne leur avait pas rendu leur couleur d'origine. Son visage encore creusé de fatigue et de malnutrition avait arboré un teint blafard et plus cendré que d'ordinaire. Ses cheveux blancs lui allaient plutôt bien, elle se découvrait de nouveau sous cette couche de fiente et de sang. Voilà à quoi elle ressemblait désormais, elle quitterait la prison en nouvelle femme, une nouvelle naissance, une mort supplémentaire, une nouvelle vie qu'elle célébrerait en accomplissant la volonté de son Maître Xenair.
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Re: La Vieille Prison Abandonnée Darkhàm

Message par Silmeria » mer. 10 févr. 2021 03:13

Les lourdes portes d'entrée s'ouvrirent dans un grincement sourd. Silmeria avait été escortée dès la sortie de l'anti-chambre par la même garde qui l'avait conduit jusqu'à la Shaakt et jusqu'à la fontaine curative. Sur son chemin, elle n'avait croisé personne, les cellules étaient ouvertes mais aucune trace des prisonniers ni des gardes à l'intéreur. Tous étaient dehors, encadrés par les soldats en armure noire, les Shaakts étaient à genoux, les mains ligotées dans le dos, les prisonniers quant à eux récupéraient ce qu'ils pouvaient dans la cour extérieure afin de préparer leur départ. Tout était récupérable, les charrettes, les montures, les sacs et certains brisaient même les barrières de bois pour faire des brancards afin de transporter les blessés et les charger sur les convois prêts à partir. Beaucoup étaient assis à même le sol et venaient de piller le cellier. Affamés qu'ils étaient, ils gobaient les oeufs crus, croquaient à pleine dent dans les meules de fromage, n'ayant ni écuelle ni couteau pour s'aider, ils mangeaient voutés, avec les doigts comme des animaux. Silmeria les enviait quelque part, les pommes n'avaient pas suffit à la rassasier et elle aussi aurait aimé croquer dans du pain de seigle ou même une viande séchée, des saveurs presque oubliées depuis le temps, et le fait de sentir des effluves de cette nourriture jusqu'aujourd'hui interdite, elle salivait.

A côté des grilles qui la conduirait enfin vers l'extérieur se tenaient deux hommes en armure ainsi que l'émissaire. Il discutait avec les soldats et concluait sûrement le destin des Shaakts responsables de ces actes. L'homme de Xenair se tenait toujours impeccablement droit et lorsqu'il vit Silmeria, il lui adressa un léger signe de main l'invitant à le rejoindre.

Elle leva doucement le nez au ciel, les nuages étaient gris et bas, annonçant une neige à venir. Sa peau encore humide de ses fluides curatifs frémit au contact de l'air extérieur et frais. Elle n'avait jusque là jamais réalisé à quel point le ciel pouvait être beau, elle qui n'avait eu pour seul horizon que la noirceur dure et humide de ces geôles. Elle décida d'approcher l'émissaire et les gardes l'accompagnant suivirent en silence.

" Je ne crois pas avoir eu autant de remerciement. Regardez ces pauvres âmes. Affamés qu'ils sont. Je ne suis pas un grand érudit ni maître des arts de la science et de la médecine, mais je suis sûr que beaucoup ne survivront pas à ces ripailles. Ils se font probablement un grand mal à s'engouffrer autant de nourriture alors qu'ils souffraient de famine. Mais bon, on ne peut pas dire que vous êtes rayonnante non plus, vous avez même mauvaise mine. " Ajouta-t-il sèchement.

Silmeria ne dit rien, il avait raison, mais que pouvait-elle ajouter à cela ? Elle ne comptait pas s'excuser pour ces souffrances endurées.
" Comme je vous le disais, les hostilités ont déjà commencé. Vous êtes en retard mais si j'en crois le Seigneur Xenair, votre efficacité aura tôt fait de rattraper le temps. Je vais rester ici pour suivre l'interrogation des prisonniers, le Seigneur voudrait savoir ce que signifie la présence des Shaakts et le but de cette prison. Comme promis, vous avez votre monture, nous y avons ajouté une ration de soldat, vous aurez besoin de reprendre des forces sur la route. A votre arrivée à Darhàm, ne perdez pas de temps, rendez-vous directement au port et retrouvez votre équipage. Partez dès que possible, il ne faut pas laisser quelqu'un d'autre s'emparer de la gloire qui revient à notre cause. "

Silmeria s'inclina légèrement, elle frissonnait de froid sous sa tenue et comprenait l'urgence de la situation. Elle quitterait les lieux sans regarder en arrière, laissant les hommes de Xenair terminer leur office.
" Merci beaucoup de m'avoir sauvée. Je dois reconnaître que ces tortures ont marqué mon corps mais ma volonté de servir le Maître demeure intacte. "

Il lui rendit son salut en fermant doucement les yeux comme une approbation paternelle et ajouta :
" Faites ce que vous avez à faire, mais gardez à l'esprit que des milliers d'âmes attendent que votre lame fasse couler le bon sang. "

Un garde lui tendit les rênes d'un cheval grisonnant assez haut, il portait à sa selle un sac roulé en jute et la jeune Sindel prit la route. Derrière elle les lourdes portes de la prison de Darhàm se fermaient en un claquement sinistre. Le froid exacerbait sa peau et piquait ses yeux, quelques larmes coulaient le long de ses joues mais elle était incapable de dire s'il s'agissait de tristesse, des nerfs ou de la morsure du froid de l'hiver. Lorsqu'elle eut galopé quelques minutes, une profonde douleur lui entrava le crâne et sa vue se troublait légèrement jusqu'à ce qu'elle entende une voix familière.

" Je suis de retouuuuur ! Ah tu devineras JA-MAIS. Cette magie m'empêchait de te joindre, de parler, je me suis senti mourir, enfin, si c'était possible. Cependant, j'étais bien là, je t'observais et j'ai lourdement compati à ce qui t'arrivais, c'était assez imbuvable, même pour toi. Ah ma grande, on peut dire que tu en as chié. Quant à Hrist et bien on trouvera une solution, ne t'en fais pas ! "

Cèles, sa Faera apparut sous la forme d'un papillon d'un bleu éclatant, elle n'adoptait pas ce genre de forme d'ordinaire mais elle devait se souvenir que Silmeria aimait particulièrement ces créatures colorées et fragiles comme des êtres de porcelaine. Posée entre les deux oreilles du cheval qui soufflait à plein naseau, la présence de la Faera rassurait Silmeria, elle n'avait pas disparue, elle était seulement contrainte au silence, un peu comme elle.

" Oh, mon trésor. Je suis si heureuse de te retrouver. C'est comme si mon âme, bien que brisée, retrouvait un peu de chaleur. "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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