La Forêt de Nostyla

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Cromax
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Cromax » sam. 6 févr. 2021 16:17

La Fin d’une Ere
(Mission « Roseraie de Soie (Aenaria, Xël, Faëlis, Cherock)




Suite au rapport de Cherock sur la décision finale des aventuriers, le Général Thorkin opina sentencieusement du chef.

« Bien. Prenez un peu de repos pendant que les miens ravitaillerons votre charriot. Votre objectif se trouve à deux-trois jours de marche d’ici, vous en aurez bien besoin. »

Il mit fin à la réunion et invita chacun à quitter sa tente. Le soldat aux cheveux blonds précisa alors :

« Je vous accompagnerai jusqu’à l’entrée du souterrain, et participerai à l’attaque de distraction. Après ça, vous devrez vous débrouillez seuls. »

Avant de s’éloigner dans le campement, jusqu’à s’asseoir sur un banc de bois un peu trop bas pour lui – un banc de nain – il fit un petit signe de tête à Aenaria et Faëlis, comme pour confirmer ce qu’il leur avait précisé dans la tente concernant un entretien en tête à tête.


Après deux heures d’un repos bien mérité, ils purent se remettre en route. Finalement, ce furent des cavaliers humains qui se joignirent à eux, menés par le Commandant Robert de Pérussac en personne. Ça serait un assaut d’humains, non de nains. La présence de chevaux garantissait également une avancée rapide jusqu’à leur objectif, ce qu’ils n’auraient peut-être pas eu avec des troupes thorkines. Le commandant humain portait son armure de pied en cap, à l’exception de son casque léonin. Sa mine était fermée et concentrée. Il ne perçut même pas clairement la présence de Xël, avec qui il avait déjà combattu.


Image


Une trentaine de cavaliers seraient présents en plus de lui, y compris le jeune guerrier blond qui les avait accueillis, juchés sur une formidable monture de guerre : un cheval frison noir comme la nuit, majestueux et puissant. La Troupe ne tarda pas à se mettre en route, et voyagea les deux journées sans faillir ni rencontrer le moindre obstacle. Le jeune guerrier menait la troupe, accompagné de Pérussac, et la cavalerie traçait en file derrière, escortant les aventuriers et leur charrette. Ils arrivèrent en vue du camp au crépuscule d’une troisième journée de chevauchée. Ils s’abritèrent dans une ravine parcourue de rocs qui dissimulaient leur présence aux yeux ennemis. Le kendran sans nom prit alors la parole :

« Je suggère d’attendre la nuit noire avant de mettre notre plan à exécution. Le Commandant Pérussanc et ses troupes dévaleront la ravine par le sud, pour attaquer l’enclot des montures par cette direction. Vous, vous devrez progresser sans vos montures, par le nord, jusqu’à rejoindre ce petit bosquet en bordure de leur campement. Le passage s’y trouve, Dame Aenaria vous montrera comment y accéder. »

Il avait ponctué son discours de gestes indiquant les directions en même temps qu’il parlait. Il n’y avait plus qu’à attendre le bon moment. Le temps pour les dernières questions, les éventuels changements de plan ou les stratégies de dernière minute…



[HJ : Vous avec deux jours et demi de chevauchée à RP. Clôturez votre post par vos dernières questions, mises au point entre vous pour la stratégie à adopter (pour votre quatuor). Les apartés sont bien sûr disponibles : Avec le général nain et le guerrier kendran sur le camp nain. Avec n’importe lequel des cavaliers, le guerrier ou Pérussac pendant le voyage, et pendant cette dernière attendre de la nuit tombante également. Profitez-en.

Information concernant les sorts de transfert de Cherock :
Sur marteau : échec.
Sur Egide : réussite.
Sur Heaume : réussite.
Sur Cotte : réussite.
Sur bras d’armure : réussite.
Sur bottes : échec.
Sur Médaillon : échec.
Sur manteau : réussite.
Sur Lame : réussite.

XP :
Xël : 0,5 (discussion sur les tatoos) + 0,5 (discussion sur les batailles passées) + 4 (voyage détaillé) + 0,5 (réunion)
Cherock : 0,5 (discussion avec Xêl) + 0,5 (discussion sur les batailles passées) + 4 (voyagé détaillé) + 0,5 (réunion) + 0,5 (sorts et tatouages)
Faëlis : 0,5 (Discussion sur les batailles passées) + 4 (voyage détaillé) + 0,5 (réunion) + 0,5 (tatouage)
Aenaria : 0,5 (discussion sur les batailles passées) + 4 (voyage détaillé) + 0,5 (réunion).]

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Aenaria
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Aenaria » jeu. 11 févr. 2021 20:12

Après la fin de notre briefing avec le général thorkin, celui-ci nous proposa de prendre un peu de repos, le temps pour eux de recharger nos vivres car nous avions encore deux à trois jours de route devant nous. D’un geste de la main il nous invita à quitter sa tente avant que le blond ne nous précise qu’il nous accompagnerait jusqu’à l’entrée du souterrain et qu’il participerait à l’attaque de distraction.

Il nous fit un signe à Faëlis et moi afin de nous séparer du reste du groupe pour discuter un peu plus et confirmer ce que j’avais facilement deviné dans ses propos. Faëlis fut donc le premier à ouvrir les hostilités.

- « Hors donc, vous souhaitiez nous parler loin de l'oreille du général ? Comptez-vous nous dire comment vous avez appris l'existence de ce passage ? »

Je profitai de la question de l'hinïon pour enchaîner avec une première question.

- « N'auriez-vous pas fait parti du groupe qui, à une certaine époque, occupait les lieux ? »

Puis repensant à ce passage secret dont il avait dit que j'étais la seule à connaître l'entrée, j'avais bien des doutes le concernant. Ce dont je voulus m'enquérir rapidement histoire de les dissiper.

- « Vous avez également attiré tous les regards vers moi en disant que j'étais celle qui pourrait nous mener à ce passage secret, le seul dont j'ai connaissance se trouve dans la montagne permettant d'arriver dans la vallée entourant le palais. Serait-ce une méprise de votre part ? »

Le beau-gosse se tourna d'abord vers Faëlis avec un sourire.

- « Je l'ai appris sur un plan du palais qui le mentionnait. »

Puis vers moi.

- « Vous devez avoir la mémoire courte. Ou moi. Vous ne connaissez donc pas le passage ? Mais oui, j'ai habité entre ces murs. Plus ou moins. »

Faëlis soupira.

- « Si j'aurais, sur le principe, grand plaisir à voir mes arrières surveillées par un regard digne du pinceau d'un artiste, vous comprenez bien qu'en la matière et avec nos vies en jeu, nous ne pouvons guère accepter les doutes inutiles. Auriez-vous l'amabilité de vous expliquer ? Si vous avez connu ces lieux, vous devriez savoir qu'il y a des raisons de craindre certains des gens qui y ont séjourné... »

Le blondinet secoua la tête calmement.

- « Et j'aurais grand plaisir à surveiller les arrières dignes d'un sculpteur de marbre blanc. Vous savez bien que vous ne risquez rien de la part de ceux qui ont vécu là. Leur esprit n'était pas leur." Il octroya un clin d’œil à l'elfe blanc. »

Écoutant les paroles dégoulinantes d'amour de deux mâles, je finis par répondre à l'humain.

- « Comment pouvons-nous faire alors pour trouver le tunnel que nous devons prendre, si ce n'est pas celui que je connais ? »

Il opine du chef.

- « J'étais persuadé que vous pourriez le faire. Vous faites bien de me dire que ce n'est pas le cas : je vous y mènerai. »

- Voilà qui est mieux ! Une fois sur place, j'ai les moyens de visualiser les lieux correctement. Et vous, vous pensez réussir à vous éclipser sans peine ?

- Je n'en ai aucun doute : je dois rejoindre la formation de Robert de Pérussac pour couvrir leur fuite. Qui sait, peut-être y resterai-je... »

Il envoie alors à Faëlis un sourire énigmatique. L'elfe fronça les sourcils.

- « Toute vie doit être protégée... Mais je compte sur vous pour subsister. Nous allons réussir... et vous, comme Perrussac et comme nous, serons des héros. Ces mots vous paraîtront étrange... ou peut-être pas, puisque vous connaissez certaines personnes qui ont vécu ici : une promesse de votre part en ce sens raviverait le moral de l'esthète que je suis, car un monde sans le plaisir d'admirer ce qu'il contient de beau et de noble ne vaut pas le coup d'être défendu.

- Je n'ai aucun doute que vous réussirez. Vous êtes plus que capables. Et je ferai tout mon possible pour sortir Pérussac et ses hommes vivants de cet assaut. Je vous le promets. »

Il s'approche alors de Faëlis et posa doucement sa main sur joue. La suite de leur échange semblait presque du domaine du privé mais les gestes et paroles qui furent échangés par la suite ne me concernait pas, ne concernait pas notre mission. Si Faëlis trouvait un peu de réconfort en papillonnant avec ce bel homme, qu’il en profite, cela n’allait pas arriver de ci-tôt. Finalement, l’hinïon recula et remarqua que je les fixais intensément.

- « Euh... veuillez m'excuser, vous aviez peut-être d'autres questions à poser avant que je n'accapare la discussion ? »

Je regardai la scène qui se déroulait devant moi quelque peu médusée par l'audace dont venait de faire preuve Faëlis. Si cet acte permettait à notre Sans-nom de rester en vie comme l'hinïon le souhaitait, pourquoi pas, on ne choisissait pas la personne vers laquelle notre désir allait.

- « Donc vous serez notre guide et vous garantirez notre sécurité, il vous faudra être d'autant plus vigilant pour retrouver les troupes de Perussac. Si nous ne devons pas mourir, votre tâche est de retourner à Kendra Kâr en un seul morceau pour que Faëlis puisse de nouveau vous faire les yeux doux et que nous puissions croiser le fer ensemble. »

Puis attrapant l'humain par le col, je l'approchai de moi pour que les paroles que j'allais prononcer s'ancrent bien dans sa tête.

- « Hors de question pour moi de supporter un hinïon larmoyant si nous apprenons que vous vous êtes fait raccourcir, me suis-je bien faite comprendre ? »

Il se débarrassa sèchement de l'étreinte, s'écartant de moi.

- « Vous prendrez bien plus de risques que moi, en pénétrant ce palais. Croyez-moi. N'ayez crainte de ma mort : elle n'arrivera pas de sitôt. »

Nous étions arrivés à un point d’accord, parfait. Je pris congés de ces messieurs et partis à la recherche du reste du groupe ne sachant pas si Faëlis voulait encore discuter avec l’humain. Regardant à droite et à gauche, mes yeux tombèrent rapidement sur les traces qu’avaient laissé un convoi composé d’une charrette et de plusieurs montures. Suivant les marques au sol, je tombai rapidement sur Xël qui s’affairait autour de notre matériel, des nains étaient d’ailleurs en train de ravitailler notre charrette.

Avisant un feu de camp et un fût de bière qu’un nain proposait au service, je fis un petit signe de la main à Xël pour signaler ma présence. Avec un sourire sur le visage, je lui indiquai de la tête le nain qui était de service afin d’en profiter pour nous détendre avant de reprendre la route. Nous avions un peu de temps devant nous, autant l’utiliser intelligemment. Arrivant à la hauteur du nain qui faisait office de tenancier, je lui demandai de nous servir deux verres et l’informai que deux amis allaient suivre dans peu de temps.

Je pris ensuite place sur un rondin de bois qui se trouvait autour du feu, m’assit dessus, allongeant mes jambes et me mis à siroter tranquillement une bonne bière bien fraîche comme les nains aimaient la déguster. Nous ne parlâmes pas, chacun perdu dans ses pensées, et à vrai dire, les miennes étaient bien étranges : entre la scène du balcon entre Faëlis et Sans-Nom et l’attitude hautaine du général nain envers moi, j’étais dans de beaux draps. Je n’avais qu’une envie reprendre la route rapidement et espérer que les nains qui nous accompagneront n’auront pas la même attitude que leur chef.

Le temps passa, l’ambiance se tendait, je pouvais le sentir, j’avais suffisamment pris la route pour partir en mission, vu suffisamment de campement en ébullition avant le départ. Mais contrairement à ce que je m’attendais de voir, ce n’était pas de courtes jambes qui s’affairaient autour de notre charrette mais bien des humains. Nous allions être escortés par une troupe d’humains fort bien armés, tous équipés de montures si je me fiai à ce que je voyais et entendait.

Terminant ma bière, je rendis ma chopine au nain qui m’avait servi en le remerciant et rejoignis ma propre monture. Je vérifiai les rennes, le chargement des sacoches, resserrai le tout pour que le cheval et moi passions un voyage des plus agréables et me mis en selle. Notre troupe d’une trentaine de soldats plus mes trois compagnons et Sans-Nom se mit alors en route en direction du Nord. Ce début de route se passa dans le calme et la discipline, comme je l’appréciai.

Lors du premier campement, je revins sur l’idée que j’avais évoqué durant notre réunion dans la tente du général nain. J’attendis que mes trois compagnons de mission soient près de moi pour leur en faire part.

- « Malgré la réunion qui ne s’est pas forcément très bien passé pour moi avec le général nain, je pense toujours qu’utiliser la magie pour couvrir l’arrivée de la Troupe menée par le comte de Perussac est une bonne idée. Comme nous allons nous séparer, attirer l’attention vers eux plutôt que vers nous, nous serons en terrain découvert, est une bonne solution. Nous disposons de quatre éléments différents dans notre arsenal magique, je pense tout de même que la foudre sera la plus utile, rien ne vaut l’effet de surprise d’un bon orage. Qu’en dites-vous ? »

Cherock approuva et se proposa d’enchanter une partie de notre équipement avec son sort de transfert magique afin de disposer gratuitement d’un sort pour le lancer au moment opportun. Un sort de foudre semblait le plus intéressant pour moi car j’en maîtrisai les rudiments. Afin d’éviter les interactions avec les protections magiques dont j’avais doté mes protections, je lui proposai de transférer dans un premier temps mon épée.

Après notre discussion, Faëlis se proposa d'alléger un peu l'ambiance avec ses pouvoirs de lumières en créant des manifestations lumineuses de faibles intensités : des lumières prismatiques, de brefs flamboiements... le tout ondulant délicatement dans les airs en un spectacle reposant. Faëlis jouait habillement avec ses apparitions lumineuses, dessinant dans l'air de ses mains habiles, jouant avec les faisant tourner autour de nous. Ce petit spectacle me redonna quelque peu le sourire l'espace d'un instant, oubliant un peu la situation dans laquelle nous nous trouvions.

« Ainsi chante, danse la lumière,
Jouant avec nos sens, loin de la peur.
Senteur de fleur, douce primevère,
Elle joue un air, qui mène au bonheur... »


Sa voix presque mélodieuse vint enrichir ce tableau de quelques vers, qui ne manquait ni de style ni de poésie, un peu de douceur dans un monde de brut. L'hinïon finit par lâcher un petit rire avant de s'adresser à nous en ces termes.

- « Mes improvisations ne valent pas grand chose, mais ces mots venaient du cœur et de mon humeur ! Puisse-t-il vous apporter un sommeil paisible. »

Je posai une main amicale sur son épaule avant de rejoindre ma couche, pour le remercier d'avoir détendu un peu l'atmosphère pesante du campement. Après une nuit courte, où je passai le plus clair de mon temps dans ma tente éveillée, prenant peu de repos car je n’en avais pas besoin, nous reprîmes la route et elle fut d’une folle monotonie. Nous ne croisâmes personnes, pas une seule âme, comme si la présence des troupes des Treize avait fait fuir tous les habitants des environs, la tension montait à mesure que nous approchions de notre objectif, quoi de plus naturel.

Le deuxième soir Cherock transféra le sort de magnétisation balistique sur mon bouclier, la possibilité de renvoyer des projectiles loin de moi moi, en combat, ça n’avait pas de prix. Ainsi donc la deuxième nuit se passa comme la première à ceci près que je réussis à dormir un peu plus, histoire d’engranger un peu plus de force avant d’arriver sur notre objectif, nous l’espérions le lendemain.

Après une nouvelle journée de route d’une morosité innommable et finalement nous arrivâmes en vue de notre objectif final à la tombée du jour. Nous nous cachâmes dans une ravine afin de voir sans être vue, j’en profitai pour sortir ma longue-vue afin de prendre des informations supplémentaires que je pourrais passer ensuite à mes compagnons. Sans-Nom nous expliqua que nous allions attendre la nuit pour attaquer, une très bonne idée car l’obscurité permettrait de couvrir l’attaque éclair.

Ainsi les troupes de Perussac allaient attaquer à cheval l’enclos des montures par le Sud de la ravine pendant que nous nous rendrions vers un bosquet au Nord de la ravine à pied. La distance serait plus longue pour nous à traverser, il nous faudrait probablement partir un peu en avance de la manière la plus silencieuse possible. Sans-Nom ajouta que c’était moi qui montrerai le passage à mes camarades, mais nous avions convenu deux jours plus tôt qu’il nous accompagnerait dans cette tâche. Je tus cette information par respect pour lui.

Attrapant la longue-vue que j’avais acheté au Val, j’entrepris de regarder en direction du campement ennemi. En hauteur, je pus distinguer le palais (…) entouré de tentes, de nombreux feux et torchères étaient allumés pour éclairer, les mouvements des ombres avaient plutôt tendance à monter vers la partie haute du camp. Des enclos à l'ouest avec des chevaux vraiment imposants, probablement la cible de Perussac, les effrayer était un plan parfait, le bruit cacherait notre progression. En bordure du campement non loin de quelques tentes, un bosquet et des arbres. J'avais une impression de déjà-vu.

(Crystallia, je ne me suis pas déjà posée dans le coin ?)
(C'est-à-dire ?)
(Après avoir découvert ta présence en passant dans un tunnel non loin de la forêt des fatras, nous avons terminé notre route à flanc du palais afin de préparer notre plan d'entrée. Ce ne serait pas derrière ce bosquet ?)
(C'est tout à fait juste. C'était bien là.)

Je terminai mon observation silencieuse par le palais de la Roseraie qui d'extérieur ne comportait absolument aucun dégât. Une bonne chose, car tout serait probablement à l'identique à l'intérieur, du moins je l'espérais très fort. Puis me tournant vers le reste de mes compagnons qui était non loin de moi, je leur dis ceci tout en refermant ma longue-vue.

- « Il y a un peu d’animation dans le campement mais rien d’inhabituel. Le palais n'est pas endommagé, en tout cas de ce que je vois. Notre plan est solide, notre magie secouera le calme apparent des animaux enfermés dans les enclos. Nous pouvons croire en nos chances si nous restons groupés au moment de notre traversée de la plaine. Nous devrons nous montrer prudent, des tentes se trouve non loin de notre objectif. »
Modifié en dernier par Aenaria le ven. 12 févr. 2021 23:08, modifié 1 fois.

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Akihito
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Akihito » ven. 12 févr. 2021 14:36

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

6 : Phalange.

Une fois leur avis donné, le général Throgg’inn se retira, annonçant qu’il allait quérir les troupes nécessaire à l’assaut de diversion. De leur côté, ses compagnons elfiques s’entretinrent longuement avec le kendran, en quête de réponses. Des réponses qui n’intéressaient nullement Akihito, et qui ne le concernait de toute façon pas. Aussi décida-t-il de profiter des deux heures qui lui furent données pour se reposer un peu : les jours de chevauchées n’étaient pas de tout repos, et ceux qui allaient venir ne s’annonçaient pas calmes non plus.

Après s’être brièvement occupé de Brume qui le remercia d’un coup de langue bien râpeuse, il s’allongea à l’arrière de la charrette et ferma un instant les yeux. Le chaut autour de lui ne lui permit que de dormir une petite heure, mais c’était toujours bienvenu. Il s’étira et décida de faire un petit tour du camp. Les Thorkins étaient un peuple fier, qui partageaient sa foi de Valyus. Et depuis son voyage à Mertar, il éprouvait un certain attrait pour eux. Un peuple aux qualités hospitalières trop méconnues, car cachées derrière un lourd rideau de méfiance raciale. Déjà alors qu’il se baladait dans le camp, il voyait et sentait couler sur lui autant de regards curieux que méfiants. « Qu’est-ce qu’un humain fait là ? » devaient-ils sans doute se demander. Mais l’enchanteur n’y prêta pas attention et préféra se fondre dans l’ambiance du campement. Il y observa les habitudes des Thorkins, discutant cuirassés de leurs armures autour d’un feu, aiguisant haches et masses qu’ils préféraient de loin aux traditionnelles lances et épées humaines.

Le claquement de cordes se fit entendre, et Akihito laissa ses pas le guider vers ce curieux son. En bordure du camp, un large espace avait été aménagé et plusieurs cibles avaient été cloués à des arbres de la forêt. Plusieurs Thorkins s’entrainaient avec des arbalètes impressionnantes de par leur taille et la force avec laquelle elles projetaient leurs carreaux dans les cibles. Les armes étaient tellement massives que même lui n’était pas sûr de pouvoir la manier aisément, et pourtant il avait déjà manier des arbalètes. Mais les tireurs ne semblaient nullement gênés par leur encombrante arme et enchainaient tirs, roulades, rechargements et mises à couvert sous les hurlements soutenus d’un Thorkin à barbe poivre et sel. Il jeta un œil à l’Ynorien et ne montra aucun signe de surprise. Constatant que ce dernier regardait les bras croisés les manœuvres s’exécuter, l’instructeur ne fit aucun commentaire et continua de beugler ses directives.

La technique des arbalétriers était réellement impeccable. D’une simple roulade, ils pouvaient dans un même mouvement fluide récupérer un projectile dans leur carquois et l’engager sur l’arme. Ils ne leur restaient plus qu’à remonter le mécanisme de l’arme, chose qu’ils faisaient sans même le regarder, leur regard attentif balayant les cibles.

« ROUGE ! »

Comme un seul… Thorkin, les tireurs surgirent de leurs abris et une multitude de claquements se fit entendre, suivit d’une succession toute aussi rapide d’impact dans le bois. La volée de projectiles avait percée sans la moindre merci le pauvre panneau de bois, ce qui donna des frissons à Akihito en imaginant cette redoutable unité œuvrer de concert pour tuer une cible. Quelle qu’elle soit, elle aurait du mal à esquiver un tel feu nourri ou à en sortir indemne.

Le jeune homme s’éloigna ensuite, s’enfonçant de nouveau dans le camp. L’avantage de sa taille et du camp thorkin, c’est qu’il pouvait sans aucun mal retrouver la tende du général. Et alors qu’il se dirigeait vers l’état major…

« Joli marrrteau. »

Une voix roulant les R comme un tonneau emplis de gravas dévalant une pente résonna dans son dos, distinctement par-dessus le bruit du campement. Akihito se retourna, surprit et sur ses gardes. Les rares Thorkins qu’il connaissait et qui pouvaient reconnaître son arme n’était pas ce qu’il appellerait des personnes amicales.

« Mais piètrrre bouclier. »

Hormis lorsqu’il chevauchait, Akihito avait pris l’habitude de porter tout le temps avec lui son bouclier au bras. L’équipement était lourd et peu maniable au début, aussi devait-il se faire à son maniement. Son bras lui faisait un peu mal le soir quand il se reposait, mais il sentait aussi son corps s’habituer au nouveau poids et à la présence d’un tel équipement avec lequel composé dans ses mouvements. Cependant, le regard acéré du Thorkin qui émergea d’entre deux tentes était désapprobateur.

«… Et vous êtes… ?

- Un serrrgent de l’arrrmée de Trrroglon, sous les orrrdres du Générrral. Mais je suis né à Merrrtarrrr, donc impossible que je ne connaisse pas le Marrrteau du rrroi fou Dourrre.

- D’accord, c’est bien lui. Et ? demanda Akihito car l’interruption du Thorkin, si elle n’était pas agressive à son grand soulagement, restait néanmoins étrange.

- Vous comptez utiliser ça avec ? dit-il en cognant du dos de la main le bouclier d’Akihito avant de secouer la tête. Misèrrre. C’est la prrremièrrre fois que vous tenez un bouclier ou bien ?

- Euhm… Eh bien, un aussi grand, oui. »

Se retournant dans la tente derrière lui, le Thorkin en sorti une lourde lance et un bouclier. La plaque de fer et de bois n’était pas aussi impressionnante que celle d’Akihito, mais à l’échelle du petit guerrier, elle faisait presque office de porte.

« Le grrrand bouclier, c’est lourrrd. Tenu comme ça et vous tiendrrrez pas cinq minutes dans un combat intense. Le brrras doit êtrrre souple, ferme. »

Puis, il se saisit de sa lance, à la moitié de la hampe.

« Et l’arrrme, on la prrrend comme ça. Le poids du bouclier pourrr équlibrrrer, mais il faut aussi pouvoirrr manier son arrrme corrrectement. »

De plus en plus étonné, Akihito suivit néanmoins ce cours improvisé. Le sergent passa de longues minutes à lui expliquer comment se camper sur ses pieds pour que son torse serve d’axe à ses bras. Il pivotait pour utiliser soit l’arme, soit le bouclier quand l’autre était un peu en recul pour servir de contrepoids. Heureusement pour lui, l’enchanteur était bien familier avec le marteau qui le suivait depuis bien longtemps, et les boucliers ne lui étaient pas étranger pour autant. SI on rajoutait en plus de ça son entrainement militaire et ses expériences martiales, on obtenait les conditions favorables pour qu'en un petit quart d'heure la prise en main d’Akihito s'améliore considérablement.

« Et voilà. J'ignorrrre pourrr quelle rrraison le générrral Thrrrrogg'inn vous a appelez, mais ca doit êtrrre imporrrrtant. Vous ferrrez au moins un peu honneurrr à cet hérrritage Thorrrkin en le maniant corrrectement avec ce bouclier.

- Merci, sergent...?

- Bramirrrt.

- Sergent Bramirt. Quand tous ça sera terminé et si nos chemins se croisent de nouveau, je vous rendrait la pareille en vous récompensant dûment comme le Thorkin que vous êtes : dans une taverne, et avec toute la bière que vous pourrez boire à mes frais.

- J'ai une sacrrrrée descente, l'humain, prévint le Thorkin, un de ses épais sourcils broussailleux haussé et ce qu’Akihito devinait un léger sourire sous la barbe fourni.

- Ma vie vaut bien quelques barils d'hydromel, aussi cher soit-il.

- Vendu. On rrréglerrra ça aprrrès avoirrr botté le cul de la Noirrraude. »

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Akihito
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Akihito » ven. 12 févr. 2021 15:21

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

7 : Le calme avant l'orage.

Le voyage jusqu'au palais de la Roseraie de Soie se passa dans un calme étrange... Et pas accompagné par les Thorkins, finalement. Le général avait réussi à convaincre ou forcer le Comte de Pérussac a envoyer des humains pour rendre l'attaque de diversion plus convaincante. Et ce qui faisait penser Akihito que le Comte avait envoyé une partie de ses troupes de plein gré était sa simple présence dans l'assaut. Vêtu d'une armure léonide étincelante et d'une claymore tout aussi impressionnante de par sa taille, le noble se démarquait aisément au milieu du groupe. Et c'était un peu le problème.

(Quel intérêt de se faire passer pour des soldats revanchards de Luminion si leur meneur est un homme aussi visible ?)

Akihito se garda encore de faire cette remarque pour l'heure, et chevaucha avec ses compagnons. Une minutieuse vérification de son équipement l'informa que si la majorité de ses Transferts s'étaient bien déroulé, certains avaient cependant échoués. Le premier soir, l'enchanteur s'attela après un repas simple mais consistant à la réparation de cette erreur, autour du feu. Et son manège attira l'attention du faiseur de portails. Il terminait d'enchanter son marteau quand il sentit un regard par dessus son épaule. Il découvrit l'aéromancien qui l'observait, curieux.

« Xël ? Je peux faire quelque chose pour toi ?

- Ouais... euh... Je te vois faire ton truc là depuis quelques jours et j'ai essayé mais...

- Intéressé ? dit l'enchanteur dans un sourire. Si le Transfert est basique dans l'idée, le mettre en oeuvre est une autre paire de manches. Mais y a pleins de façons d'y parvenir, commence par me dire comment tu as essayé. »

Xël expliqua en prenant place à ses côtés qu'il avait essayé d'imiter le même procédé que pour le sort "Renfor draconnique. Le sort dont il parlait était sans aucun doute celui employé par Faëlis contre les bandits près du lac, mais il était sensiblement différent.

« Ce n'est pas la même chose. Le Sort de renfort draconique si c'est bien ce que je crois, est un sort qui ne se lie pas à proprement parlé à un objet, il ne fait que lui conférer certaines propriétés. Pour le Transfert, on parle d'un sort, même celui de Renfort, qui est scellé, enchâsser dans un objet. »

il leva son sabre, déjà enchanté.

« J'imagine mon le Transfert comme une sorte de tuyau, un circuit magique, qui parcourt l'objet en continu, dit-il en faisant suivre du doigt un circuit imaginaire partant de la garde, courant tout le long de la lame, puis faisant le chemin inverse pour former une boucle. AInsi, la puissance du fluide et de la magie ne reste pas statique, ce qui la rend instable. Après, il ne reste plus qu'un moyen d'ouvrir ce circuit pour en libérer le sortilège enfermé dedans. »

- Je vois... comme un courant d'air prisonnier...

- Comme un courant d'air prisonnier. Le truc, c'est l'image qu'on donne à cette prison, cette cage pour le sort. Et toute cage a sa clé, ou son moyen de sortir. »

Il sortit deux yus, où il utilisa des versions miniatures du transfert, avant d'en tendre un à Xël.

« Toi comme moi, nous sommes des mages. Alors libérer la magie est pour nous instinctif. Nous avons une "clé" pour ouvrir la porte contenant ton courant d'air. Essaye. »

Sans surprise, Xël parvint à libérer le sortilège, avant de murmurer qu'il commençait à cerner le fonctionnement. Pour un mage de son calibre, ce n'était pas une surprise.

« Mais maintenant, il te faut aussi un moyen de le libérer sans utiliser la magie. Si, par exemple, tu enchantes un objet pour quelqu'un que tu veux protéger, mais qui ne possède aucune affinité avec les fluides. »

il lui tendit la pièce, avec une rune "Maîtrise" tracé par la foudre.

« Moi, j'ai choisi cette rune qui signifie "Maîtrise". Tu appuis dessus, et ça ouvre par la force une brèche dans le circuit. Ainsi, même un non initié peut utiliser mes sorts. Mais de ce que je sais, d'autres enchantaient de fines baguettes de bois, qu'ils brisaient pour libérer le sort. Un peu comme l'histoire du circuit ou du courant d'air, tout est une histoire d'image. Visualise la prison, et la clé. Le reste... Un mage de ta trempe saura le trouver par lui même, je n'en doute pas. »

La deuxième pièce libéra à son tour sa magie, explicitant ce que souhaitait dire Akihito au Kendran avec son histoire de serrure et de clé.

« Y a pas de quoi, répondit l'Ynorien quand le mage le remercia de ses indications. Ah, une dernière chose. C'est très gourmand en magie, puisque tu en consommes et pour le sort que tu stockes et pour le Transfert en lui même. »

Peu après, Akihito termina enfin ses Trasnferts et cette fois-ci, vérifia bien que ses sorts étaient correctement transférés.

(Mmmh... Il me reste encore assez de fluides, et je peux encore passer un peu de temps à me concentrer sur eux pour les remplir avec le marteau...)

Le seul souci, c'est qu'il n'avait plus d'objet sur lesquels apposer ses enchantements. Il avait bien quelques objets susceptibles de contenir proprement un sort, mais ils étaient difficilement accessibles dans le feu de la bataille. Et alors qu'il réfléchissait à ses différentes options... Une voix s'éleva. Claire, pure, aux accents poétiques.

Faëlis chantait. Enfin, plus exactement, il déclamait un poème. L'enchanteur était un piètre auteur et n'était clairement pas en mesure d'estimer la qualité des paroles de l'Hinïon, mais il pouvait sans problème profiter de l'instant présent. D'autant plus que le mage blanc agrémentait ses paroles de multiples effets lumineux qui s'échappaient de ses mains : douces lumières, mini aurores polaires... Il s'excusa après plusieurs minutes de spectacles de son manque de talent lyrique, ce qu’Akihito ne releva pas et se contenta de sourire. L'interlude avait été apprécié, et appréciable.

Mais surtout, il rappela à Akihito que ses compagnons étaient tous des mages. Aenaria, un peu plus tôt, avait suggéré d'utiliser la magie de foudre pour couvrir leur approche. Une idée qui avai traversé l'esprit d’Akihito, raison pour laquelle il avait enchâssé un Orage dans son casque. Mais il n'était pas le seul à avoir un casque : et maintenant que son équipement ne pouvait plus contenir le moindre sort, pourquoi ne pas en faire profiter ses alliés ?

« Je viens d'avoir une idée, déclara Akihito en invitant ses nouveau collègues à le rejoindre. Vous vous souvenez du sort que j'utilise pour mes tatouages, le Transfert Magique ? Je peux aussi le faire sur vos équipements. J'ai passé les derniers soirs à transférer des sorts sur mon armure et mes armes, et il me reste assez de magie pour vous en faire quelques uns ce soir et d'autres demain soir si possible. Et parmi mes sorts, j'en ai un qu'Aenaria connait peut-être, c'est un sort qui matérialise un nuage d'orage grondant et menaçant au dessus du champ de bataille. Ca ne suffira pas à couvrir totalement notre approche, mais ça va risque de mettre un sacré bazar dans leur campement. Et s'il me reste assze de forces, je rajouterai quelques sorts en plus. Tant qu'à faire, autant ne pas se priver. »

Son idée fut accueillit avec enthousiasme par tout le groupe, qui lui confièrent les deux soirs suivants certains de leurs équipements. Dans un premier temps, Akihito fut en veine : la grande majorité des sorts qu'il transferrait réussissaient du premier coup, parfois même avec une rare efficacité. Mais le second soir, après avoir avec succès mis Orage terrifiant et Magéntisation ballistique sur les équipements de ses compagnons, il buta encore et encore sur un Choc de Valyus qui, décidément, ne voulait pas rentrer dans l'armure d'Aenaria. Il n'insista pas plus et se coucha, épuisé mentalement. Il se surprit en s'endormant à se demander comment se débrouillait Yliria. et comment elle allait. Avaient-ils rencontrés ces fameux nécromants ? Si l'idée de demander à Amy d'aller voir ce qu'il en était lui traversa la tête, la brimade mentale qu'il reçut fut instantanée et très claire : elle n'était pas un pigeon voyageur, et ne souhaitait de toute façon pas quitter son maître. Surtout dans un moment aussi dangereux.

Le troisième jour, la petite troupe arriva finalement en vue du Palais de la Roseraie. Il était difficile de le manquer : d'une par parce que la bâtisse était si imposante qu'elle se voyait à des kilomètres à la ronde, mais aussi à cause de la masse grouillante et sombre qui se pressaient autour. Il y avait des milliers de guerriers qui avaient dressé un campement tout autour du palais. La simple vue de la terrifiante armée suffit à tordre l'estomac d’Akihito par la peur, mais aussi à faire brûler les flammes du défi et de la résolution dans ses yeux : en aucun cas, l'armée de Crean et de Khynt ne devait rejoindre l'assaut sur Oranan.
La vue d'une telle force ferma les visages de tout les membres de l'expédition, y compris le comte et le Kendran sans nom qui les avait accompagné. Aenaria à l'aide d'une longue vue confirma l'état du bâtiment et le kendran prit alors la parole, pour leur expliquer la suite des événements.

« Je suggère d’attendre la nuit noire avant de mettre notre plan à exécution. Le Commandant Pérussanc et ses troupes dévaleront la ravine par le sud, pour attaquer l’enclot des montures par cette direction. Vous, vous devrez progresser sans vos montures, par le nord, jusqu’à rejoindre ce petit bosquet en bordure de leur campement. Le passage s’y trouve, Dame Aenaria vous montrera comment y accéder. »

Ils allaient devoir couvrir la distance entre la ravine dans laquelle ils étaient et le campement à la faveur de la nuit, en prenant une route différente de celle de l'équipe de diversion. Et cela, sans leurs montures. Si ce n'était pas u problème pour Akihito qui avait ses bottes ou Xël et ses portails, il était en revanche plus inquiet pour les deux elfes qui ne disposaient semble-t-il pas de moyen de déplacement à grande vitesse. Mais chaque chose en son temps. Akihito s'approcha des deux têtes pensantes de l'opération.

« Messieurs, nous avons le moyen de couvrir un peu votre assaut, le temps de renforcer l'effet de surprise. »

Il leur expliqua brièvement le sort d'Orage terrifiant, avant de reprendre.

« Nous pouvons tous lancer ce sort sans entamer nos ressources magiques, et ils ont été préparés pour couvrir l'infiltration. Ce que je vous propose, c'est de coordonner l'apparition des nuages d'orage avec votre charge. Le roulement de tonnerre couvrira un tant soit peu le fracas de la charge de vos forces, à moins que vous ailliez un moyen d'en amoindrir le vacarme. Deux d'entre nous lancerons les sorts simultanément, puis les deux autres les lanceront juste après pour délayer un maximum la durée de cet orage. Et lors de votre fuite... J'aimerai si possible que vous repartiez avec nos montures. »

Akihito se tourna ensuite vers sa propre équipe.

« Mes bottes me permettent de temporairement être aussi rapide qu'un cheval, je me propose donc pour jouer le rôle d'avant-garde dans ce bosquet. »


HRP :



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Faëlis
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Faëlis » ven. 12 févr. 2021 20:48

Le groupe était finalement d'accord sur le plan. Alors que le général s'engageait à tenir sa part, le beau chevalier précisa qu'il serait celui qui les conduirait à l'entrée du passage secret, avant de faire signe à Faëlis et Aenaria de le rejoindre.

Les deux elfes s'exécutèrent et le jeune hinïon se posa devant lui en souriant :

« Or donc, vous souhaitiez nous parler loin de l'oreille du général ? Comptez-vous nous dire comment vous avez appris l'existence de ce passage ? »

Une fois de plus, il éluda la question, se contentant de dire qu'il avait vu un plan du palais, mais comme Aenaria insistait pour connaître ses relations avec les gens qui y avaient vécu, il admit avoir « plus ou moins » vécu entre ces murs. Faëlis soupira :

« Si j'aurais, sur le principe, grand plaisir à voir mes arrières surveillés par un regard digne du pinceau d'un artiste, vous comprenez bien qu'en la matière et avec nos vies en jeu, nous ne pouvons guère accepter les doutes inutiles. Auriez-vous l'amabilité de vous expliquer ? Si vous avez connu ces lieux, vous devriez savoir qu'il y a des raisons de craindre certains des gens qui y ont séjourné... »

Il lui retourna le compliment, ajoutant que ceux qui vivaient là ne contrôlaient pas leurs esprits et que donc il n'y avait rien à craindre. Voilà qui était plus rassurant ! Aenaria, de son côté, s'inquiétait de trouver le tunnel qui allait les conduire, car apparemment, ce ne serait pas celui qu'elle connaissait, mais il assura qu'il les y conduirait.

« Voilà qui est mieux ! Une fois sur place, j'ai les moyens de visualiser les lieux correctement. Et vous, vous pensez réussir à vous éclipser sans peine ? »

Il comptait bien rejoindre les troupes humaines pour couvrir leur fuite... quitte à y mourir. L'elfe fronça les sourcils :

« Toute vie doit être protégée... Mais je compte sur vous pour subsister. Nous allons réussir... et vous, comme Perrussac et comme nous, serons des héros. Ces mots vous paraîtront étranges... ou peut-être pas, puisque vous connaissez certaines personnes qui ont vécu ici : une promesse de votre part en ce sens raviverait le moral de l'esthète que je suis, car un monde sans le plaisir d'admirer ce qu'il contient de beau et de noble ne vaut pas le coup d'être défendu. »

Pour toute réponse, il assura qu'il ferait tout pour sauver les soldats, mais pour sa part, sans nom ni destin, il ne voyait guère d'intérêt à la survie. Cette fois-ci, la voix de Faëlis s'enflamma :

« Et quoi donc ? Auriez-vous été l'une des victimes de la Rose Sombre ? Peu importe le passé : le destin relève de l'avenir ! Si vous n'avez plus d'identité, c'est l'occasion de vous en forger une ! Vivez une nouvelle vie, si l'ancienne n'est plus ! »

Il caressa doucement la joue de l'elfe, et ses doigts étaient véritablement électriques ! Il confirma avoir été victime de la créature maléfique. La vie qu'il lui restait, il la vivait au mieux... Cette fois-ci, alors que sa main se retirait, Faëlis suivit instinctivement le mouvement jusqu'à lui... et déposa sur ses lèvres un baisé aussi vif que sincère ! Puis, à quelques centimètres, les yeux dans les yeux, il lâcha :

« Je prends cela pour un engagement de votre part : survivez à cette bataille. Il vous reste plus à vivre que vous ne l'imaginez. »

Et, enfin, il recula un peu... et remarqua Aenaria qui les fixait avec une neutralité quelque peu forcée. Il avait quelque peu oublié qu'ils étaient trois... aussi, avec un sourire gêné, il demanda :

« Euh... veuillez m'excuser, vous aviez peut-être d'autres questions à poser avant que je n'accapare la discussion ? »

Aenaria se contenta d'appuyer ses termes d'une manière assez rude et... pour le moins originale. Que s'imaginait-elle ? Enfin, cela n'avait que peu d'importance, en tout cas, il sembla finalement se rendre à leurs arguments et assura qu'il ne mourrait pas tout de suite. Ceci étant dit, Faëlis lui adressa son sourire le plus éclatant et ils retournèrent vers le camp.

Les préparatifs terminés, ils quittèrent le camp des nains pour un voyage de deux jours vers leur destination ultime. Malgré ses efforts, Faëlis sentait l'anxiété monter en lui. Il allait vers la plus dangereuse des missions qu'il ait jamais accompli, n'était-ce pas trop jouer avec le destin ? Mais les dés étaient jetés, il faudrait aller jusqu'au bout...

Pour passer le temps, il continua à s’entraîner à lancer le sort de Xël. Ses dragons avaient enfin une forme à peu prêt correct et s'enroulaient autour de la flèche convenablement. Jouant avec une flèche, il la tirait sur un arbre, puis un autre, de plus en plus difficile à atteindre, parfois presque caché derrière les autres... le succès commençait à être vraiment au rendez-vous ! Et cela chassa un peu ses craintes. L'exploit à accomplir était de taille, mais il n'avait jamais été aussi prêt...

Au premier soir, il s'amusa à utiliser ses pouvoirs de lumière pour créer des manifestations lumineuses de faibles ampleurs : des lumières prismatiques, de brefs flamboiements... le tout ondulant délicatement dans les airs en un spectacle reposant. Il espérait que cela apaiserait autant ses compagnons que lui... Il jouait avec, dessinant des arabesques, s'amusant à les faire tourner autour de lui et de ses amis, lueurs douces et hypnotiques.

« Ainsi chante, danse la lumière,
Jouant avec nos sens, loin de la peur.
Senteur de fleur, douce primevère,
Elle joue un air, qui mène au bonheur... »


Il lâcha un petit rire et souffla à ses compagnons :

« Mes improvisations ne valent pas grand chose, mais ces mots venaient du cœur et de mon humeur ! Puisse-t-il vous apporter un sommeil paisible. »

Alors que les autres allaient se coucher, le chevalier sans nom s'approcha et s'assit à côté de lui. Il ne portait plus son armure, mais des vêtements de lin noir d'une grande élégance.

« J'ignorais que la magie pouvait être aussi belle... »

« La magie n'est qu'un outil parmi d'autres pour embellir le monde. Honnêtement, mes talents en la matière sont assez limités ! Mais je suis fort aise que le résultat vous plaise. »

Il se pencha pour humer les cheveux de l'elfe, parfaitement frais grâce à l'usage régulier de ses pouvoirs, tout en disant qu'il y avait d'autres choses belles chez lui... un compliment habituel que Faëlis avait bien sûr souvent entendu, mais cela n'en restait pas moins plaisant !

« Je sais, merci. Je n'ai guère de mérite... ma famille œuvre depuis des générations à créer des fils et des filles qui soient les parangons des elfes. Vous-même, êtes également une création à même de réjouir les yeux les plus mornes. Mais chez vous, c'est totalement naturel et donc bien plus appréciable... »

Faëlis ne se cachait absolument pas de laisser son regard parcourir avec satisfaction l'humain à ses côtés. Cela semblait l'amuser également, et il bascula légèrement en arrière pour s'exposer un peu plus. Oui, il était vraiment très beau...

Tout en le contemplant avec une certaine délectation, le jeune elfe sourit :

« Comme quoi, vous n'avez pas tout perdu ! qu'importe la folie qui a emporté certains, la quête du plaisir reste une quête noble, et nous pouvons tous la poursuivre à notre manière. C'est pour cela qu'il faut nous battre, vaincre... et survivre. C'est le seul moyen de continuer à rendre le monde meilleur. »

Il tendit la main et, d'un geste délicat, fit miroiter quelques lumières autour du Sans-nom. Sombre et claire à la fois, ainsi mis en valeur, il semblait presque irréel.

« Voilà... là c'est véritablement parfait... » souffla-t-il.

Lui-même transporté, il se glissa contre lui.

« Parfait, oui. »

Ses lèvres effleurèrent le cou de l'elfe et une douce caresse. Celui-ci répondit en laissant glisser sa main contre la hanche, le ventre, puis le torse... par les dieux, que cela était plaisant ! Mais était-ce vraiment la chose à faire ?

« Dis-moi... que recherches-tu dans cette mission ? Et que recherches-tu ce soir ? Tu restes par bien des aspects une énigme... une énigme qui me semble délicieuse à élucider... »

« Je cherche à faire ce qui me semble bien. Ce qui me semble juste. »

Il s'approcha et, de ses lèvres qu'il savait maintenant si douce, murmura :

« Et ceci me semble on ne peut plus juste... »

Il resta là, attendant la suite... et Faëlis l'enlaça doucement pour l'approcher encore plus et presser fougueusement ses lèvres contre les siennes. Ses mains longuement entraînées aux massages entreprirent de dénouer les muscles, d’apaiser le corps et l'esprit... pour qu'il ne reste plus que la nature la plus pure de l'âme. Le regard brûlant, il n'ajouta pas un mot, se délectant juste de l'instant présent. Bientôt, ce serait la guerre. Mais bientôt appartenait à l'avenir, et pour l'instant, c'était le présent qui était important.

Ils passèrent ainsi un temps à la fois trop long et trop court, à explorer discrètement, sans éveiller le camp, les possibilités qui s'offraient à eux, des plus sages aux plus riches en sensations. Ainsi que le savait Faëlis, il y avait des plaisirs que seul deux hommes pouvaient comprendre, et ils les comprenaient tout deux.

Lorsque vint le matin, c'est avec un échange de sourires complices et un brin coquins à la pensée de certaines de leurs « expérimentations » nocturnes que les deux hommes aidèrent à lever le camp pour le deuxième jour de voyage.

Cherock enchanta plusieurs objets pour leur offrir davantage de capacités magiques. Cela serait utile au moment de l'attaque... Il fallait maintenant être plus discret, car le danger approchait, et ils n'étaient pas à l’abri de croiser les éclaireurs de l'ennemi. Le Sans-nom proposa d'attaquer le camp ennemi à la tombée de la nuit, avec une trentaine de cavaliers.

« Ne prenez point trop de risque. Nous n'aurons pas besoin de beaucoup de temps pour atteindre notre cible. Une fois revenus, vous pourrez profiter de nos chevaux : nous n'en aurons pas besoin pour le retour. Que Gaïa vous protège... »

Il agrémenta ses paroles d'un regard vif au Sans-nom. Il savait qu'il lui restait des choses à vivre alors il avait intérêt à être de ceux qui revenaient !

(((Apprentissage du renfort draconique et acquisition du tatouage
Début ici
et ici
Juste à la dernière ligne ici
Et pour terminer ici )))

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Xël
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Xël » ven. 12 févr. 2021 23:25

Je ne quitte pas tout de suite la tente quand la réunion prend fin, souhaitant échanger quelques mots avec le général nain. Notre première rencontre ayant été plutôt brève. Il accepte de perdre encore un peu de temps pour moi et c’est un peu gêné que je commence par le remercier de nous avoir sauvé à Luminion. Il incline la tête alors que je poursuis en lui demandant ce qui s’est passé là-bas et ce qui est arrivé au Duc. Il me répond que Perussac représente la partie armée de Luminion et qu’un accord est signé à propos des Duchés entre les Kendrans et les Nains. Après une courte pause il précise qu’il n’est pas autorisé à me donner les détails.
Plutôt soulagé d’apprendre que Perussac a toujours un rôle important à Luminion, je rétorque avec un sourire que je n’y comprendrais de toute manière pas grand chose.

"Et le type avec vous, j'imagine que vous ne pouvez pas m'en dire plus non plus à son sujet..."

Il secoue la tête, expliquant simplement que c’est un Kendran envoyé par Andelys, comme nous l’avait bien dit le général au camp du Val. Il avoue ne pas en savoir plus sur lui si ce n’est que le plan que nous allons suivre est le sien.

« Vous ne connaissez pas son nom non plus ? »

Il hausse les épaules, déclarant que ce n’était pas nécessaire provoquant chez moi une certaine surprise. Surtout quand je repense à Anton qui a exigé tous les noms des volontaires venant se présenter.

"Eh bien. Vous êtes bien moins méfiants que les gardes du Val..."

Il rétorque qu’il sait qui l’envoie et qui il représente, pas besoin pour lui de s’encombrer de noms. Je balaie le sujet d'un geste de la main avant de continuer.

« J'ai une dernière question, après je vous laisse tranquille. Sur Aliaénon j'ai voyagé avec un nain venant de Mertar du nom de Thrag. Je sais qu'il était dans l'armée alors je me demandais si vous le connaissiez et si il était revenu à Mertar. Il cherchait à secourir les siens, prisonniers d'un camp Shaakt. Nos chemins se sont séparés. »

Il plisse le front avant de confirmer qu’ils ont servis dans les mêmes unités mais que ça fait longtemps qu’il n’a pas eu de nouvelles. Il toussote dans sa barbe, avouant que ses prérogatives l’ont éloigné de Mertar.

« J’espère qu’il n’est pas resté coincé là-bas... »

Dis-je avec une certaine inquiétude. Il répond qu’il ne pourrait pas me dire si c’est le cas, n’étant pas au courant des missions et des objectifs de chaque généraux. J’incline la tête, ne tenant pas à insister d’avantage.

« Je ne vous déranges pas plus longtemps. Vous avez sûrement à faire et... moi aussi d’ailleurs. A bientôt, j’espère. »

Il incline la tête à son tour et ajoute avec une pointe d’envie.

"Courage pour cette mission. Revenez-nous vainqueur : vous avez pour ma part déjà démontré votre efficacité. Je vous fais pleinement confiance pour mener à bien vos objectifs."

Etonné de recevoir un tel encouragement je sens le rouge me monter aux joues.

« Oh ! Bah... Euh... Merci. C’est gentil. »

Dis-je un peu maladroitement avant de me diriger vers la sortie d’une manière un peu gauche, légèrement étourdi par sa remarque. Il me demande de surveiller les foutus elfes avant que je ne quitte la tente.

« J’ai confiance en eux Général ! »

Rétorquais-je en souriant avant que les pans de la tente ne se rabattent. Je me dirige ensuite vers notre charrette pour manger un morceau et me reposer un peu avant de repartir. Des humains sont étrangement entrain de nous ravitailler et je comprends rapidement que ce sont eux qui vont mener l’assaut pour faire diversion. Sans attendre je propose mon aide pour finir au plus vite. Aenaria me rejoint plus tard et me propose de boire une bière et comme tout le monde le sait: une bière, ça ne se refuse pas. Surtout en si bonne compagnie. Elle s’assoit et étend ses longues jambes sur lesquelles mon regard se perd un instant. Je profite de ce court répit pour mieux observer ma camarade de route. Elle est vraiment belle, un visage doux, un nez aquilin, des pommettes saillantes, des lèvres rosées, des yeux noisettes décorant une peau laiteuse d’elfe gris. Un physique élancé et une chevelure assez original pour attirer le regard. Sans même m’en rendre compte je lui adresse un sourire avant de reprendre une gorgée de bière.

Nous reprenons la route plus tard et je reconnais alors celui qui mène les troupes. Le Duc de Luminion ou plutôt l’ancien Duc, ce bon vieux Robert. Je suis étonné qu’il ne soit pas venu me saluer, est-ce qu’il ne m’a pas reconnu ? Je n’ai pas tout de suite l’occasion de lui demander, étant loin de lui dans le convoi. Ce n’est que le soir venu alors que Charmant n’est plus à ses côtés et que le camp est dressé que je me décide à le saluer. Je me poste devant lui demandant avec franchise.

« Vous ne me reconnaissez pas ? »

Après tout j’ai bien changé depuis, je peux le remarquer dans mon reflet. Mon visage est plus dur et mon regard brille d’une volonté imperturbable. Ma coupe de cheveux aussi a changé, devenu plus militaire, une touffe sombre surplombant les flancs rasés de mon crâne. Puis cette armure remplaçant ma tunique qui était toute usée. Perussac m’observe, lui aussi a changé. L’air plus creusé, il a perdu de son allure fier. Désabusé, il répond tout simplement que si. Je comprends sa détresse et qu’elle est liée à sa situation. Je m’installe face à lui pour en discuter, décidé à comprendre ce qui ronge tant quelqu’un que j’apprécie malgré sa rigidité. Après tout il s’était battu de toutes ses forces pour défendre Luminion et ses habitants.

« Si vous me disiez ce qu’il s’est passé après mon départ de la salle du trône ? »

Il fronce les sourcils et rétorque, amer, que ça ne me concerne pas, que je suis un mercenaire, que j’ai été payé et remercié. Demandant ce que j’attends de plus. Je ne peux retenir un haussement de sourcil surpris.

« Vous pensez vraiment que j’ai fait ça pour l’argent ? Que je suis ici pour l’argent ? »

Il hausse les épaules.

"Pour quoi d'autre ? Par foi à un royaume qui s'ébrèche de toutes parts sans plus reconnaître les siens ?"

J’ai du mal à le reconnaître. Aucun doute que la bataille que nous avons connu lui a véritablement tout prit.

« Il y a des gens que j’aime dans ce royaume. C’est pour les défendre que je suis venu à Luminion. C’est pour mettre un terme à la menace qui pèse sur eux que je suis ici. Et vous Robert, pourquoi êtes vous là ? »

Toujours l’air grave, il acquiesce avant de répondre que c’est par devoir, par honneur, par respect de ses serments.

« Et est-ce que j’ai fait quelque chose qui vous laisse croire que je me moque de vos raisons de combattre ? »

Il me dit que non avec une certaine lassitude avant de me demander ce que j’attends de lui, me nommant sauveur de Luminion. Je rétorque un peu plus sèchement, assez vexé qu’il se moque ainsi de moi.

« J’espérais, quitte à revoir un visage connu, qu’il soit un peu plus amical. Je m’inquiétais du sort qui vous était réservé, à vous et au Duché. Et ne me donnez pas ce titre, je n’ai rien sauvé du tout. Je me suis battu de toutes mes forces mais ça n’a pas suffit. Tout comme les autres. Je ne suis sans doute pas autant touché que vous par ce qui s’est passé durant cette bataille mais elle a aussi changé beaucoup de choses en moi.»

Je le vois serrer sa mâchoire avant de lâcher durement qu’il n’y a plus ni Duché, ni Duc et que nous nous sommes battu pour une terre qui n’est plus rien.

« Vous vous trompez. Elle empêche toujours les armées d’Oaxaca de fondre sur les plaines de Kendra Kâr. »

Il demande avec quelle armée alors qu’il n’est plus chez lui mais tout juste un commandant étranger dans une terre qui l’a abrité avant de m’interroger sur ma connaissance des décisions prises par le Roi. Une question qui finit par m’agacer malgré ma bonne volonté de comprendre ce qu’il s’est passé.

« J’ai l’air d’être au courant ? Je suis venu vous le demander. J’ai passé les derniers mois à m’entraîner à Bouhen, j’ai survécu à deux tentatives d’assassinats, à deux embuscades, à un capitaine qui ne me supportait pas et aux créatures d’un laboratoire abandonné des Treize. Pardon si je n’ai pas eu le temps de me tenir au courant des dernières nouvelles politiques. »

Il me lance un regard froid, appréciant sans doute peu mon emportement mais accepte finalement de m’expliquer que Luminion est devenu un Duché indépendant, vendu aux Thorkins contre une alliance. Il s’inquiète qu’une défaite de notre alliance n’ouvre un passage pour les armées d’Omyre. Un passage qu’il a toujours juré de défendre au péril de sa vie. Amer, il a du mal à accepter la façon dont on le remercie après tous ses sacrifices.

« Vous devez bien admettre que sans les nains nous aurions échouer... On vous a donné l’occasion de vous battre encore. Pour mettre fin à tout ça. Si nous échouons, Omyre n’aura pas besoin de Luminion pour aller au sud. »

Il l’admet sans peine mais a tout de même du mal à comprendre le sens de l’accord trouvé entre les deux royaumes. Il baisse le regard avant de me donner raison, nous n’avons pas le droit d’échouer. Je rappelle à Perussac que l’important c’est d’avoir les nains à nos côtés pour l’instant avant de balayer le camp du regard pour trouver mon groupe, installé autour du feu.

« Je suis certain que nous pouvons y arriver. »

"Je l'espère oui. Je mourrai pour que ça arrive."

« Nous ne sommes pas fâchés alors ? »

Il m’assure que non, me demandant de lui pardonner son humeur, rappelant qu’il a beaucoup perdu. Je le sais, j’incline la tête, acceptant ses excuses.

« J’aimerais bien mieux vous connaître, peut être que nous en aurons l’occasion après tout ça... Vous pouvez m’appeler Xël, ça me suffira bien... Et puis l’air de rien je commence à cumulé pas mal de titres alors si il fallait à chaque fois les citer... »

Dis-je avec ironie en me redressant. Sauveur d’Aliaénon, vainqueur du tournoi de Kendra Kâr, survivant de Luminion, destructeur de tours... On ne s’en sortirait plus.

« Et ça me ferait même plaisir qu’on se tutoie. Mais bon pour le moment je crois que je vais me reposer un peu. A demain Robert. »

Perussac se détend un peu et observe un instant le camp avant de me souhaiter bonne nuit d’un ton moins froid qu’à son habitude. Malgré la fatigue, je décide de faire un tour du camp. Préoccupé, je repense au transfert magique dont ce sert Cherock et m’interroge sur la façon d’utiliser ce sort, me demandant si il fonctionne comme le renfort draconique que m’a apprit Bogast. Curieux et enthousiaste à l’idée d’apprendre un nouveau sort je m’y essaie et trouve un coin calme où m’installer, à peine éclairé par les flammes venant du campement. Je recherche dans les herbes quelque chose pouvant accueillir un sort et je tombe finalement sur une pierre, je la lève à la hauteur de mes yeux et laisse ma magie agir dans mon autre main. Tout comme pour le dragon, je dessine au creux de ma paume une petite tornade, tournoyant lentement sur elle même. Je l’approche de la pierre et me concentre pour qu’elle se lie à l’objet mais elle se contente de se poser dessus avant de disparaître. C’est un échec. Je pousse un souffle amusé, au moins j’aurais essayé.

Je me redresse et retourne vers le centre du camp, retrouvant Cherock qui est justement entrain de se concentrer sur son marteau. Je m’approche doucement, sans volonté de le déranger mais trop curieux pour rester à l’écart. C’est depuis que nous sommes dans la foret qu’il se concentre tous les soirs sur son équipement. Il regarde soudain par dessus son épaule, l’air surprit et me demande ce qu’il peut faire pour moi.

"Ouais... euh... Je te vois faire ton truc là depuis quelques jours et j'ai essayé mais..."

Je hausse les épaules, témoignant du manque du résultat par mon geste. Il me demande avec un sourire si je suis intéressé et m’explique que si l’idée est basique, le mettre en œuvre est plus compliqué. Je m’installe face à côté de lui pour lui expliquer ma façon de m’y prendre.

"J'ai essayé de faire comme pour le sort de renfort draconique. Générer un sort et essayer de le lier à un objet ..."

Il m’explique ce n’est pas la même chose de conférer une propriété à un objet grâce à la magie et de sceller un sort dans un objet. Il lève son sabre enchanté en m’avouant qu’il voit son transfert comme un tuyau parcourant l’objet en continu. Il dessine du doigt un circuit imaginaire le long de la lame, formant une boucle.

« Ainsi, la puissance du fluide et de la magie ne reste pas statique, ce qui la rend instable. Après, il ne reste plus qu'un moyen d'ouvrir ce circuit pour en libérer le sortilège prisonnier dedans. »

"Je vois... comme un courant d'air prisonnier..."

Il acquiesce et confirme que l’astuce est de trouver quel image utiliser pour emprisonner le sort et la clé pour le libérer. Il me confie un Yu après s’être concentré dessus un instant. Il rappelle que nous sommes des mages et que pour nous libérer notre magie est instinctif et m’invite à essayer en désignant la pièce de cuivre. Je la brandis vers le sol et comme il me l’a dit, instinctivement, le sort se libère du Yu, créant un petit éclair qui roussit l’herbe.

« Je crois que je comprends mieux. »

Il précise cependant que je dois aussi trouver un moyen d’ouvrir la cage pour quelqu’un qui ne possède pas un tel instinct. Il m’explique que certains se servent de branche qu’ils cassent pour libérer le sort et me montre sa propre façon de faire grâce à une rune. L’important est de visualiser la prison et la clé. Il m’assure qu’un mage de ma trempe saura trouver le reste par moi même. Je le remercie et il m’informe d’une dernière chose, le sort est très gourmand en magie.

"Je comprends pourquoi ça te prends autant de temps."

Mon attention est soudain attirée par Faëlis jouant avec sa magie pour faire un spectacle de lumière. Dessinant des formes à l’aide de boules lumineuses, les guidant grâce à sa volonté comme je peux le faire avec ma magie d’air. Je suis fatigué mais la présence de mes camarades me donne envie de veiller un peu plus tard et je m’installe avec eux autour du feu de camp après la représentation de l'Hinion. Aenaria remet sur la table l’idée d’assister la charge des hommes de Perussac avec notre magie. Cherock propose alors de procéder à quelques transferts magiques sur nos équipements. Je ne suis pas spécialement enthousiaste à l’idée de nous faire remarquer mais Aenaria possède plus d’expérience que moi dans ce domaine, je fais alors part de ce que je pourrais faire pour aider une fois dans l’action.

« Je pourrais utiliser ma magie pour éteindre les torches qui risqueraient de nous dévoiler. Je pourrais aussi nous rendre complètement silencieux en créant une bulle d’air qui nous isolerait de tous les sons. »

Un petit tour que j’ai appris avec les moines de Khan lors de mon séjour au monastère en plus d’un tas d’autre. Nous échangeons encore quelques mots avant que j’aille me coucher pour de bon.

Le reste du voyage se passe bien, Cherock en profite pour ensorceler mon équipement tandis que je réfléchis à la manière d’apprivoiser ce sort. Quand je pense au conseil de visualiser une cage pour emprisonner un courant d’air je songe à un couloir et à une porte. L’expérience même de sentir un courant d’air lorsque on ouvre une porte est quelque chose d’assez commun, ce n’est pas étonnant que ça me vienne à l’esprit. J’ignore si cela suffira et je ne tiens pas spécialement à essayer maintenant, si ça tourne mal je ne voudrais pas balayer tout le convoi par maladresse. C’est le soir venu que je me décide à expérimenter mon idée. Je trouve d’abord sur le sol une pierre dans laquelle enchâsser la magie. Ne voulant pas risquer de provoquer une tornade je choisis d’utiliser un sort qui d’ordinaire m’aide à bouger pour esquiver les coups. Je me concentre, observant la pierre un long moment avant de fermer les yeux pour la visualiser dans mon esprit. Je la représente sous la forme d’un long couloir de pierre dans lequel le vent s’engouffre, le parcourant d’un côté à l’autre en provoquant des sifflements aigue. Aux bouts de ce couloir des portes, tout ce qu’il y a de plus classique. J’ai ma cage, j’ai ma clé. Il ne me reste qu’à laisser entrer ma magie. Je serre la pierre dans ma main et me concentre d’avantage. Je perçois dans mon esprit les fluides d’air s’immiscer dans les failles du mur, colorant les espaces entre les pierres d’une couleur grise aux reflets bleus. Les volutes s’agitent, comme prises dans un courant d’air qui ne peut plus s’échapper, elles font inlassablement l’aller retour entre les deux portes clôturant le couloir, dans l’impossibilité de s’échapper par les failles qu’elles ont empruntées, laissant toujours entrer de l’air qui les repousses. J’imprègne mon esprit de cette image alors que je sens ma réserve de magie baisser d’un coup. J’ouvre à nouveau les yeux, observant ma pierre qui a toujours l’air d’un banal caillou. Je n’ai plus qu’à essayer maintenant. Je scrute les environs à la recherche d’un cobaye et mon regard tombe sur Perussac. Je me redresse en souriant avant de l’approcher alors qu’il est en train de rêvasser.

« Robert. Est-ce que tu as deux minutes ? »

Il lève les yeux et me demande ce qu’il peut faire pour moi.

« Alors... ça va te paraître un peu bizarre... mais j’ai besoin de toi pour m’entraîner. Est-ce qu’on peut s’éloigner un peu ? »

Il accepte malgré un haussement de sourcil. Je le soupçonne de chercher une excuse pour trouver autre chose à faire à la façon dont il observe autour de lui avant de me suivre. Nous nous éloignons des tentes tandis que je lui explique ce que j’ai en tête.

« J’essaie d’apprendre un sort et j’ai besoin de l’essayer. Le problème c’est que je veux pas risquer d’anéantir le campement donc j’utilise un sort moins destructeur. Mais j’ai besoin de quelqu’un pour voir si il fonctionne. »

Je m’arrête une fois un peu à l’écart des tentes pour faire face au Duc.

« Tu es prêt ? »

Il écarquille les yeux, prenant un air inquiet que je n’avais encore jamais vu sur son visage et ne manquant pas de me faire rire tout en demandant si ce n’est pas trop risqué pour lui.

« Ah non. Toi tu ne risques rien ! Enfin je crois... »

Je hausse les épaules avant de fermer les yeux un instant, serrant toujours la pierre dans ma main. Je revois l’image que j’avais visualisé un peu plus tôt. Le couloir, les portes, les fluides d’air cherchant une sortie. J’ouvre la porte, laissant s’échapper l’air et la magie accumulée avant d’ouvrir les yeux pour observer Perussac.

« Allez. Attaque moi. »

Sans hésiter, et à ma grande surprise, il me charge en cherchant immédiatement à me frapper le visage. Au moins il prend cette demande au sérieux. Heureusement mon sort semble avoir fonctionné, je vois un mouvement d’air se former autour de son poing, me laissant apercevoir sa trajectoire alors qu’un souffle me guide vers la droite pour l’esquiver. Il enchaîne directement mais mon sort agit toujours me permettant d’esquiver chaque coup qu’il tente et démontrant que mon aura venteuse fonctionne. Il cesse finalement son assaut, un peu perplexe alors que je m’exclame que ça a fonctionné. Il commente qu’il ne me pensait pas si agile ou lui si vieux.

« Oh c’est ma magie qui fait ça. Ne t’inquiètes pas. Je te laisserais prendre ta revanche un jour. »

Dis-je en plaisantant pour le rassurer. Je le remercie encore alors qu’il me demande si j’ai encore besoin de lui avant de retourner à ses occupations. J’ai compris une partie du sort, il me reste à trouver comment l’activer plus facilement et plus rapidement. Je fais des petits bonds d’excitation, j’ai vraiment réussi à appréhender un sort si complexe et c’est en souriant que je rejoins ma tente pour me reposer.

Nous arrivons en vue du palais au troisième jour. L’armée est toujours aussi grande malgré les pertes qu’ils ont subit à Luminion. Charmant propose d’attendre la nuit pour lancer l’attaque. Pendant que Robert attaquera un enclos au sud, nous irons au nord en sa compagnie jusqu’à un bosquet dissimulant le passage. Aenaria nous donne une brève description de l’état du camp en regardant dans sa longue vue tandis que Cherock explique à Robert la façon dont nous allons les aider à mener l’attaque grâce à ses transferts magiques. Pour ma part je n’ai rien à ajouter, mon visage se ferme à toute expression, seul ma concentration et la détermination dans mon regard témoigne de ce que j’ai en tête. Réussir notre mission.

(( Tentative d'apprentissage du sort Transfert magique : Le lanceur peut enchanter un objet avec un sort de sa connaissance, permettant à une autre personne, en possession de cet objet, de lancer une unique fois ce sort au moment voulu avec les chances de réussite du lanceur originel. L'objet ne peut pas être enchanté avec plus d'un sort à la fois. L'enchanteur doit dépenser les PM nécessaires au sort à inclure dans l'objet en plus et le sort reste enchanté dans l'objet pendant une semaine complète. ))

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Faëlis
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Faëlis » mer. 23 juin 2021 21:31

Il aida Aenaria à monter jusqu'à l'étage pour récupérer l'ensemble de son équipement, puis ils se mirent en marche vers l'est.

Malgré sa longue habitude des voyages en nature, Faëlis était épuisé à la seule idée de devoir chasser. Il commença donc par aller cueillir tout ce qu'il put comme fruit pour leur assurer de quoi grignoter. Sa compagne n'était pas en bonne forme et avait besoin de se reposer. Et pour tout dire, lui-même allait avoir besoin de sa magie lumineuse pour soutenir ses propres forces.

Les jours passèrent, et ils virent bientôt la piste de l'armée des nains, qui partait vers l'ouest... Aucune trace de l'armée de l'armée d'Omyre, bien que l'elfe cru plusieurs fois entendre de lourds bruits métalliques montant d'une vallée parallèle. Il se garda bien de s'en approcher. Inutile de risquer de se faire repérer par quelques éclaireurs...

Au bout de plusieurs jours, et parce que, même blessés, ils marchaient plus vite à deux qu'une lourde armée, il finit par estimer qu'il avait largement doublé l'armée ennemie. Hélas, Cromax les avait averti qu'il y avait toujours du danger...

Et de fait, un soir, il vit au loin les lueurs d'un campement. Curieux, l'elfe décida de s'approcher, laissant sa compagne derrière lui pour ne pas la mettre en danger. Dans le soleil qui descendait à l'horizon, il vit des petites silhouettes qui s'agitaient, accompagnées de criaillements stridents et de rires immondes. Des gobelins !

Regardant autour de lui, il trouva un rocher qui ferait un bon poste de tir. Il était grand temps de prendre une revanche, aussi petite soit-elle, contre les sbires d'Oaxaca ! Il compta patiemment les cibles. Dix gobelins. Ils semblaient être menés par une sorte de mage noir portant quelques babioles en or. C'était certainement le plus dangereux... L'hinion invoqua sur lui-même une aura fortifiante, encocha une flèche et visa soigneusement, préparant un tiré précis qui allait devoir être décisif. Il attendit le moment propice, lorsque le mage se leva pour s'approcher du feu. Apparemment, il allait distribuer des récompenses en butin à ses soldats en même temps qu'un cuisinier leur livrait leur pitance du soir. Dès que la créature fut bien en vue, le jeune elfe lâcha sa flèche !

La surprise fut totale ! Des cris explosèrent dans le campement alors que le mage était projeté en arrière jusqu'à tomber dans les flammes du feu de camp. Dans la foulée, l'elfe encocha une deuxième flèche et abattit un deuxième gobelin. Les autres avaient cependant vu d'où venait la flèche. Faëlis se cacha derrière le rocher et invoqua aussitôt son illusion de groupe, créant l'image d'une fausse réplique de lui-même, à côté du rocher. La horde se rua à l'assaut avec fureur vers cette fausse image, tandis que l'elfe rangeait son arc pour saisir son épée. Il invoqua dans la foulée la bénédiction de Gaïa. Puisse la déesse de la lumière l'aider à triompher des suppôts des ténèbres !

Les gobelins passèrent en trombe à côté du rocher, fonçant vers l'illusion qui faisait mine de reculer... et au moment où elle se dissipa sous leurs yeux, l'elfe tombait dans leur dos et en abattait deux à coup d'épée ! Aussitôt, ils se retournèrent vers lui en hurlant, brandissant des armes rudimentaires. Ils étaient faibles et sous-équipés, mais leur nombre compensait largement cela. Bondissant ici et là, l'elfe passait plus de temps à esquiver la pluie de coups qu'à répliquer. Son armure tintait sous les chocs et lui évita bien des blessures graves, mais il continuait à frapper, usant du rocher pour couvrir ses arrières. Un gobelin se crut malin en montant dessus pour l'attaquer par-derrière, mais l'ouïe fine de l'elfe lui permit de le repérer et, se retournant, il faucha ses jambes exposées. Les autres gobelins crurent pouvoir profiter du fait qu'il avait le dos tourné, mais il avait encore plus d'un tour dans son sac ! Il invoqua soudain une aura éblouissante. Alors que la lumière déclinait, ce nouveau soleil les aveugla, et permit à l'elfe d'en abattre encore deux. Plus que trois !

Il enchaîna les coups, encore et encore, pensant à chaque fois voir face à lui l'infâme Crean. Les forces d'Omyre avaient cru triompher, mais il allait continuer à combattre jusqu'au bout ! Ils allaient comprendre leur erreur pour les avoir sous-estimés, lui et ses compagnons ! Mais dans sa rage, il laissa un gobelin aux habits sombres, qui restait jusque là hors de porté, se glisser à son flanc et porter un coup vicieux avec un perce-maille. Puis, d'un bond, il recula en ricanant :

« Bien tenter, l'elfette ! Mais tu es mort ! Cette dague est empoisonnée ! Ah ah ! »

Faëlis leva un regard chargé d'incompréhension alors que le gobelin ricanait et que ses deux compagnons se préparaient à mener l'ultime charge, sûr de pouvoir maintenant compter sur tout le butin pour eux seuls.

« Alors ? Ça te calme tout de suite, hein ? »

« Mais... »

« Mais quoi, tu comptes nous implorer ? Ah ! Même si j'étais prêt à t'en faire disposer, sache que je n'ai pas l'antidote ! »

« Mais vous êtes complètement stupides ? »

Une répartie qui fit immédiatement taire les gobelins de surprise. En vrai, ils avaient réellement l'air stupides. L'elfe précisa :

« Vous n'avez toujours pas compris que je suis un utilisateur des fluides de lumière ? »

Et il invoqua un sort d'anti-poison. Les gobelins crachèrent de dépit et celui en tenue noire se rua en avant. Il porta un nouveau coup de dague mais cette fois-ci, Faëlis parvint à se placer de manière à ce que sa cuirasse le dévie. Il frappa à son tour d'un puissant coup de taille, mais un brin maladroit, et le gobelin roula à terre pour esquiver. Les autres hésitaient, cependant, cherchant une ouverture. Trop de leurs compagnons étaient morts, déjà... mais il fallait garder un œil sur eux, ce qui n'était pas très pratique pour combattre, et l'elfe commençait à fatiguer.

Le gobelin en noir esquivait, frappait, reculait, cherchant une faille dans le monstre d'acier qui se tenait devant lui. Il fallait au moins lui reconnaître un certain courage, ce qui apaisa un peu l'esprit de Faëlis. Il s'efforça de rendre ses coups plus précis, moins hâtifs. Il avait combattu bien des ennemis, et même si ses talents à l'épée n'étaient pas bien grands, il avait plus d'expérience que le gobelin. Il l'accula progressivement, et parvint à le pousser contre le rocher. En désespoir de cause, la créature tenta de bondir dessus, mais pas assez vite. L'épée le cueilli au ventre et il tomba à terre, agonisant. Les blessures au ventre étaient atrocement douloureuses. Un ultime coup lui transperça la gorge, pour abréger ses souffrances.

C'en était trop pour les deux autres gobelins qui prirent la fuite. Haletant, Faëlis s'efforça de reprendre son souffle. Bon, ça allait déjà mieux ! Mais pas à dire, il n'était vraiment pas fait pour combattre seul. Cette misérable bande de brigands l'avaient presque mis en difficulté ! Il invoqua quelques souffles de Gaïa, épuisant ses derniers fluides pour guérir la blessure au flanc et quelques ecchymoses et articulations douloureuses. Puis, il se dirigea vers le campement pour voir s'il y avait quelque chose à récupérer.

[XP : 1 (combat aisé contre ces crétins de gobelins)]

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Faëlis
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Faëlis » mer. 30 juin 2021 20:03

Après cet intermède, les deux voyageurs rejoignirent prudemment l'armée des nains. Ils n'y furent hélas pas accueilli par un grand enthousiasme. Leur échec était connu des généraux et ceux-ci préféraient se préparer à la bataille à venir. Ils les informèrent néanmoins de la présence, un peu plus loin, de l'armée des elfes. Sans doute était-ce une façon polie de leur demander d'aller voir ailleurs.

Les deux elfes récupérèrent leurs montures. Apparemment, Halcyon s'était presque bien comporté, regardant de haut les palefreniers pour leur faire comprendre qu'il allait éventuellement daigner leur faire l'honneur de consommer la pathétique pitance qui lui était apporté. Malgré cela, ils l'avaient correctement entretenus, et il avait l'air en pleine forme. Une fois débarrassé de ses gardiens, il portant l'hinïon comme le vent vers de nouveaux horizons, en l’occurrence, l'armée des elfes. Pourquoi aller là-bas ? Faëlis ne savait pas. Il n'avait pas forcément de grandes amitiés dans son peuple, et sa lourde ascendance le gênait plus qu'autre-chose. Enfin, au moins était-il sûr que sa mère n'y serait pas, puisqu'elle ne quittait jamais son poste de gardienne de l'Anorfaïn. Alors pourquoi ? Peut-être juste, après son échec, espérait-il trouver des visages familiers pour se réconforter

Il fallut quelques jours pour atteindre le la marée étincelante de l'armée des elfes que lui avaient indiqués les nains et les hommes des montagnes. Redressant les épaules, il s'engagea parmi son peuple qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps... Aenaria était épuisée, il la confia à des médecins prochent avant d'aller chercher la générale.

XP : 0.5 (Arrivée chez les elfes)

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Akihito
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Re: La Forêt de Nostyla

Message par Akihito » mar. 1 févr. 2022 11:52

Dans le chapitre précédent...

Interarc : Le rempart des innocents.

Chapitre III : Chevaliers errants.

Accroupi dans les ténèbres, Akihito avançait. La pâle lumière de la lune ne lui offrait que peu de visibilité à travers le couvert des arbres et si ses yeux s'étaient quelques peu habitués à l'obscurité ambiante, le sol de la forêt était garni de branches, racines et autres objets forestiers qui ne manqueraient pas de le faire repérer par le type qu'il pistait. Par chance pour lui le soulard en question n'était pas vraiment du genre discret, sans doute parce qu'il était saoul, justement. Dans sa main, une besace cognait de temps à autre ses jambes et il y plongeait sa main pour en sortir une bouteille de vin qu'il buvait goulument avant de la ranger dans un tintement de verre, annonciateur d'autres bouteilles.

(T'es sûr qu'il fait parti de ceux qu'on cherche ?)

(Je commence à avoir l'oeil, Amy. Ce gars se la racontait bien trop pour que ce soit autre chose qu'un membre des Réprouvés.)

(N'empêche, il y a un loup. Quelque chose me semble pas très clair dans tout ça.)

(Tu t'en fais pour rien.)

Malgré les réserves de sa Faëra, l'enchanteur continua sa traque. Les brigands, il connaissait, désormais.

Quand il était revenu de Shory, deux mois plus tôt, le Porteur de la Kizoku Rana s'était immédiatement lancé sur les routes d'Ynorie. Brume ayant miraculeusement survécu au chant draconnique, il s'était juché sur le dos de sa renne et avait entreprit son voyage. Elle lui avait joyeusement (et baveusement) manifestée son plaisir de le retrouver et avait trottée d'un pas volontaire toute la première journée, son propriétaire ignorant par où commencer. Le nord semblait être la solution la plus logique : proche de la frontière avec Omyre, en direction de la retraite Garzok, et donc la zone la plus susceptible de contenir les trouble-fêtes qu'il cherchait. Et ça constituait en soit la raison qui l'avait poussé à choisir le sud : l'armée Ynorienne avait beau être largement décimée, il lui restait encore quelques troupes qui avaient été dispatchées près de la frontière pour justement prévenir ce genre d'événements. Ils n'étaient évidemment pas assez nombreux, mais au moins y avait-il une présence. De l'autre côté, en revanche, c'était une toute autre histoire. Les troupes Kendrans avaient beau être présentes, elles étaient submergées avec leurs propres cadavres... Et la gestion de leurs déserteurs.

La mort de leur Roi, la victoire trop chèrement acquise dans un pays qui n'était pas le leur, l'horreur de la guerre; les déserteurs-pilleurs qu'il avait affronté les premiers jours lui avaient avancé kyrielles de raisons pour justifier leurs actes. Certaines étaient plus légitimes que d'autres; aucune n'excusait la mise à sac des fermes ynoriennes qui avaient déjà vus leurs champs et rizières se faire piétiner par les pas de milliers de soldats et qui avaient bien souvent perdus, eux aussi, des membres de leur famille. Akihito avait toujours proposé une solution pacifique en premier lieu, leur offrant de se rendre. Bien peu avaient acceptés, et encore moins sincèrement car on avait aussi essayé de lui mentir pour mieux le prendre en traitre par la suite. L'Ynorien avait montré encore moins de pitié dans ces moments là. Car fort de son expérience du combat et de sa réserve de fluides accrue, aucun des déserteurs ne lui avait opposé la moindre résistance. Même un bande, abattre le chef et un ou deux des plus forts en gueule suffisait à leur faire perdre toute cohésion.

(Quand les Kendrans sont partis, ça a été pire.)

Quand il tombait sur les rares déserteurs qui se rendaient sans discuter, il était alors aisé de trouver une troupe Kendrane à qui les remettre pour leur confier leur sort : ils étaient répartis un peu partout, après tout. Mais une fois les soldats du Royaume partis car leurs morts avaient été incinérés ou rapatriés, ils n'avaient dès lors plus de raison de rester et étaient partis au bout d'une dizaine de jours. Avec la mort de plusieurs de leurs nobles et de leur souverain, le pays était plus déstabilisé que jamais et il avait lui aussi besoin de ses rares troupes encore en vie pour maintenir un semblant d'ordre. De déserteurs, ses adversaires étaient devenus des bandits et avaient commencé à migrer vers la forêt de Nostyla, tristement connue pour ses nombreux clans de malfrats et autres coupe-gorges. Naturellement, Akihito les avait suivi. Il avait arrêté de compter le nombre de personnes qu'il avait escorté sur les routes entres les différents villages, du nombre de fois qu'on l'avait pris en embuscade en le pensant faible car seul. Le nombre de corps qu'il avait passé au fil de sa lame, ou brûlé de sa foudre. Les rares anciens soldats qui avaient une once de remords pour leurs actes disparaissaient comme peau de chagrin, et il n'avait confié qu'une demi-douzaine de ces derniers aux gardes de petits villages alentours. Quelque part, c'était un souci logistique de moins; mais penser aussi froidement le mettait mal-à-l'aise.

Pour tous les services qu'il rendait, on lui offrait des vivres, parfois des yus. La perspective d'une famine post guerre se faisait chaque jour plus pesante et il eut dans un premier temps du mal à accepter qu'on le récompense : les paroles du Conseil Genkichi lui revenaient alors en tête et il recevait à contre-coeur ce qu'on lui donnait. Il continua cependant de refuser l'argent qu'on lui tendait : il n'agissait pas pour être payé et c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas accepter. Sa bourse était bien remplie, contrairement à ceux qui voulaient le remercier.

Brume et Akihito avaient donc fini par atteindre la frondaison de la forêt de Nostyla, bien plus active qu'à l'accoutumée selon les locaux. Savant pertinemment qu'il ne pouvait pas couvrir l'ensemble des fermes et villages bordant la forêt, il avait jeté son dévolu sur le village de Jilo et les fermes qui l'entouraient. Le petit village disposait d'un avantage sur les autres : il était non loin d'une taverne-auberge où les brigands descendaient parfois pour se saouler sous l'oeil terrifié de son propriétaire. Discrètement, Akihito s'était mêlé aux habitués pour glaner des informations quand il ne passait pas la journée à battre la campagne. Ainsi, il commença à s'opposer de plus en plus fréquemment aux brigands, interrompant leurs forfaits, leur tendant des embuscades quand des bandits à la langue trop déliée par l'alcool lâchaient une indication sur leur prochain raid. Il parvint même à se faire recruter dans une troupe d'une dizaine d'hommes qu'il infiltra puis dissolut la nuit même. La Kizoku avait été soigneusement emballée dans du tissu pour ne pas être reconnue et son marteau et bouclier désormais bien connus avaient été confiés à des habitants de Jilo à qui il avait porté secours et qui lui étaient désormais redevables.

Abattre les hommes à la source lui avait donné une idée : depuis deux semaines, forte de la présence du fulguromancien, Jilo et ses alentours ne subissaient plus beaucoup d'attaques. Le nombre de brigands avait diminué, certes, mais l'enchanteur avait surtout déplacé le problème. Amy l'avait empêché de se rendre dans un autre village, arguant que les vautours chassés de Jilo profiteraient alors de sa disparition pour reprendre leurs attaques. La solution la plus pérenne restait inévitablement de s'en prendre à la racine du problème.

C'était pour ça qu’Akihito se trouvait plaqué à un arbre, suivant la démarche chaloupé d'un soulard dans la forêt. Ce dernier s'était vanté dans une taverne éloignée de Jilo où le mage récoltait alors ses informations.

"Le Porteur ? Peuh ! Not' chef peut en faire qu'une bouchée d'lui et sa magie à la con !"

S'en était suivi une série d'indications sur la manière dont il allait uriner sur Akihito une fois qu'il aurait été maîtrisé et tué par son chef. Son ton fanfaron et son arrogance indiquait qu'il était du clan des Réprouvés, une troupe qui avait intégrée une belle quinzaine de déserteurs et ainsi doublée ses effectifs. Des raclures qu'il avait eu l'occasion d'affronter alors qu'ils faisaient un raid sur une des fermes de Jilo. Le groupe de cinq hommes menaçaient la fermière quand il était intervenu, se défaisant sans mal de deux des types qui étaient trop occupés à maintenir la femme hurlante pour la violer. La foudre avait fait son office, foudroyant les deux hommes avant qu'un corps à corps ne s'engage avec les trois autres. Leurs lames courtes ne parvinrent jamais à percer la défense du bouclier d’Akihito qui broya les rotules de l'un avec son marteau, foudroya un autre d'une flopée d'orbe de foudre avant d'enfoncer la poitrine de son arme le dernier qui s'écroula, le sang aux lèvres. Une exécution brutale qui n'avait pas eu l'air de perturber l'homme aux jambes brisées. Jusqu'au bout, il avait continué à insulter le mage, jurant que ses collègues des Réprouvés allaient les venger et lui faire la peau. Ses bravades avaient été écourtées par la lame d'une bêche s'enfonçant dans son crâne, mettant fin à sa vie brutalement. L'enchanteur avait dû ceinturer la fermière à moitié dénudée pour l'empêcher de s'acharner à l'aide de son outil agricole sur les cinq cadavres de ses ex violeurs. Et comme sa colère ne s'apaisait pas, il avait été obligé d'user de sa magie pour la paralyser et la sortir de sa transe meurtrière. Effondrée au sol, elle avait longuement pleurer pendant qu’Akihito empilait les cadavres dans un coin, attendant le retour de son mari qui n'avait pas été circonscrit pour l'armée, par chance. Ce dernier avait fini par arriver et la situation s'était résolue non sans mal.

Les Réprouvés, il en entendit parler par la suite à plusieurs reprises. Sans pitiés, connus pour leur confiance démesurée en eux, particulièrement actifs depuis la fin de la guerre. En s'en prenant à eux et en les détruisant, Akihito espérait faire passer un message aux autres bandits.

CRAC

(Merde !)

Malgré toutes ses précautions, il venait d'écraser une branche. Il se figea et retint sa respiration, attendant de voir si l'homme qu'il suivait l'avait repéré. S'il sembla bien marquer un arrêt au bruit de ses pas se stoppant et à son grommellement intrigué, cela semblait plus par réflexe et il reprit bien vite sa route, sondant un léger instant les ténèbres. Akihito ne voulait pas en arriver là, mais il devait bien se rendre à l'évidence qu'il n'était pas fait pour la filature. Pas avec son équipement.
Se focalisant sur la silhouette, le mage de foudre projeta une sphère condensée de fluides, priant pour que l'impact ne soit pas trop brutal. A son soulagement, la foudre se dispersa en une petite pluie d'étincelles qui s'agglomérèrent au tissu sans perturber la marche du type.

C'était un charme qu'il avait découvert purement par hasard. Si on lui avait parfois proposé le gîte et s'il avait eu l'occasion de dormir dans des auberges de route, les nuits des deux derniers mois avaient majoritairement été passées dehors. A la lumière d'un feu de camp, il avait eu tout le temps de s'entrainer avec sa magie pour observer les changements qu'avaient eux lieu dans son corps suite à l'Ordalie. Et outre l'augmentation notable de la puissance de la majorité de ses charmes de foudre, il en avait trouvé un nouveau. Ca ne consistait ni plus ni moins qu'en une version minimisée de son sort de Balise magique, mais bien plus discret car ce n'était pas réellement une attaque. De plus, les effets duraient une bonne journée car le sort était entièrement dévolu à la traque et ne se dispersait pas "inutilement" en dégâts; ensuite il suffisait qu'il magnétise un objet pour que ce dernier serve de boussole. Il utilisait pour ça ses aiguilles de tatoueur dont la pointe était attirée par la marque; l'une d'elle était d'ailleurs enchantée pour retrouver la trace de Brume si jamais on venait à la voler. L'animal était bien caché et se débattrait peut-être si on tentait de l'emmener sans que son maître soit présent, mais une précaution n'était jamais de trop. Akihito l'avait appris à ses dépends.

(T'aurais pu le faire plus tôt, à ce compte là.)

(J'avais jamais testé sur des personnes, alors j'étais pas sûr que ça serait passé inaperçu.)

(Mmmh. Soit, mais qui te dis qu'il s'en est pas rendu compte parce qu'il est ivre mort ?) objecta intelligemment la Faëra, ce qui provoqua une moue chez le mage alors qu'il enchantait sa seconde aiguille.

(C'est possible. Je testerai ça plus tard.)

Akihito recommença donc sa filature, en laissant plus de distance avec sa cible maintenant qu'il avait l'aiguille pour se guider. Il accélérait la cadence de temps en temps pour réapercevoir la silhouette entre les arbres et assurer qu'il n'était pas distancé et au bout d'un quart d'heure de pas feutrés, il entendit le bruit d'un instrument de musique dans le lointain. Puis vinrent des rires, des voix, et enfin la lueur d'un feu au travers des arbres. Il était arrivé à destination et redoubla en conséquences de vigilance pour ne pas se faire repérer par d'éventuelles sentinelles. Les rumeurs parlaient de plus de vingt personnes composant les Réprouvés et tout puissant qu'il était, Akihito ne pouvait pas se lancer dans un combat frontal à un contre vingt.

Heureusement pour lui, ils semblaient assez téméraires pour ne pas juger utile de mettre de sentinelles autour de leur campement, ou alors ces dernières étaient très bien camouflées. Il déposa le plus doucement possible son marteau et son bouclier, puis s'approcha lentement pour observer le camp. Une dizaines de tentes étaient éparpillées dans une petite clairière pourvue d'un unique arbre, à côté duquel un gros feu de camp était installé. Tout autour, une bande hétéroclite d'hommes de diverses origines buvaient, riaient et lançaient divers projectiles vers l'arbre. L'expression d’Akihito se durcit. Y était attaché un jeune homme habillé de vêtements bariolés jouant d'une mandoline, et son expression terrifiée en disait long sur le fait qu'il n'était pas là de sa propre volonté. Le malheureux s'efforçait de jouer tout en évitant tant bien que mal les pommes de pin et autres os de poulet que lui jetaient les Réprouvés.

Akihito se trouvait face à un dilemme. Ses convictions lui imposaient de suivre la loi de Valyus et laisser une chance aux hommes de se rendre avant d'entamer les hostilités : cela impliquait de se dévoiler pour leur adresser la parole. Mais le bon sens lui dictait que non seulement des ordures pareils ne se rendraient probablement jamais, mais aussi qu'il devait profiter de l'effet de surprise au maximum s'il voulait pouvoir sauver le pauvre barde (et en sortir vivant, tant qu'à faire). Il se décida donc à faire une solution bâtarde et commença à canaliser ses fluides afin de déployer un orage et neutraliser un ou deux hommes pour commencer les menaces et les demandes de redditions. Quelque chose comme...

"Bonsoir messieurs. Vous avez très exactement une minute pour libérer ce malheureux artiste, sans quoi j'entamerai les hostilités séance tenante."

Surgissant de nul part, un chevalier en armure de plates intégrale entra nonchalamment dans le camp, épée au clair et bouclier à la main. Sous le regard abasourdi des truands. Et d’Akihito.

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