La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Répondre
Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yuimen » sam. 12 oct. 2019 14:57

La Caverne de l'Eau Vive

Image


Au pied du massif volcanique de l'Akuynra et au sud-ouest de ce dernier se trouve une vaste cavité dans laquelle se jette un torrent, issu d'une étroite faille située à une centaine de mètres de l'entrée. D'origine naturelle, cette grotte a été largement agrandie par les Eruïons au fil des millénaires et décorée, ici et là, par de superbes statues de femmes symbolisant le lien étroit entre les Elfes Bruns et le précieux liquide permettant la vie en ce milieu hostile.

Plus qu'un simple gouffre, il s'agit pour les Eruïons d'un lieu sacré et d'une importance vitale, le torrent s'y déversant ne tarissant qu'extrêmement rarement. Bien que plus de quatre mille personnes pourraient vivre à l'aise dans ces vastes cavernes sommairement aménagées, il est rare d'y voir plus de quelques centaines d'Elfes Bruns qui appartiennent, pour la plupart, à la Tribu de Moura. Si cela peut sembler étrange, il faut se rappeler que la nourriture est presque aussi rare que l'eau dans le Désert de Sarnissa, si bien qu'une population plus importante ne tarderait pas à épuiser les ressources des environs. Cependant, tous les Eruïons sont les bienvenus en ces lieux, quelle que soit leur Tribu car une règle surpasse toutes les autres ici : aucun sang ni conflit ne doit souiller ce sanctuaire, toute transgression étant punie d'un bannissement définitif des Tribus.

Selon certaines rumeurs, ces cavernes donneraient accès aux redoutables chemins des volcans, mais les Eruïons sont très attachés à conserver ces passages secrets, ils n'en parleront pas aisément et y réfléchiront à deux fois avant de les dévoiler à des étrangers.

Avatar du membre
Gamemaster7
Messages : 137
Enregistré le : sam. 14 sept. 2019 21:19

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Gamemaster7 » sam. 12 oct. 2019 14:58

Émergence : màj pour Astérie et Yliria


Le vieil Eruïon, dont Astérie avait pu apprendre au cours des jours écoulés qu'il se nommait Jabalh'Yr, se rengorgea de fierté à la réaction admirative des deux femmes devant ce lieu qui, indubitablement, était cher à son cœur. La question d'Astérie lui soutira un large sourire et il opina du chef en lui répondant :

"Oui, mais pas ici, et pas maintenant. Mahal, notre Matriarche, vous attend."

En se penchant au bord du gouffre, la rousse humaine put réaliser qu'il s'enfonçait si profondément dans les entrailles de la terre que le fond en était dissimulé par l'obscurité. Un escalier taillé à même la roche permettait d'accéder aux cavernes proprement dites, dont les entrées était ornées de colonnes et de chapiteaux finement sculptés et qui, pour l'heure, semblaient étrangement dépourvues de tout occupant. Faisant signe aux deux jeunes femmes de le suivre vers cet accès, Jabalh'Yr rétorqua à Yliria:

Nous appelons cet endroit la Caverne de l'Eau Vive. Selon nos légendes, c'est ici que notre peuple se réfugia après avoir été vaincu par les Sindeldi, il y a des millénaires de cela.

Descendant agilement les marches rendues traîtres par les projections humides de la cascade, l'Eruïon entraîna Astérie et Yliria vers les profondeurs indiscernables de la grotte. A près d'une cinquantaine de mètres de la surface, il s'engagea dans un étroit couloir descendant qui, une centaine de mètres plus loin, déboucha sur une vaste salle de quelques cent pas de long, la moitié de large et haute comme cinq hommes. Visiblement d'origine naturelle, de grands stalagmites se dressaient tels des piliers immémoriaux tandis que des stalactites impressionnantes pendaient des plafonds telles des piques prêtes à s'abattre sur les audacieux. Une bonne cinquantaine d'Eruïons se trouvaient là, vaquant à leurs occupations habituelles ils s'immobilisèrent tous pour observer avec un étonnement teinté de méfiances les deux voyageuses. Sans marquer la moindre halte, Jabalh'Yr conduisit Astérie et Yliria jusqu'au fond de la nef, droit vers une Eruïonne peu commune dégageant une rare impression de force et d'énergie malgré sa maigreur.


Image


Encadrés par une longue chevelure nattée d'un blanc terne, ses yeux verts d'eau scrutateurs se posèrent aussitôt sur les deux femmes, reflétant une inébranlable assurance. Couturée de cicatrices, elle arborait divers ornements faits d'ossements et ses vêtements informes mais pratiques étaient tachés de sang séché, visiblement l'apparence n'était pas le souci premier de l'Eruïonne qui, après avoir congédié Jabalh'Yr d'un simple signe de la main, déclara pensivement :

"Voici donc Yliria, l'amie de l'Elfe de Lune si cher à Sëraya."

Elle jeta ensuite un regard teinté d'admiration et de respect au Silnogure d'Astérie et ajouta en revenant à l'humaine :

"Toi tu dois être Astérie, l'humaine qui a combattu la malédiction pesant sur les créatures sacrées. Je suis Mahal, Matriarche de la Tribu de Moura, et je vous souhaite la bienvenue. Êtes-vous venues pour nous aider dans notre combat?"


*****


Gains et récompenses :

Astérie : interaction avec Yliria : 0,5xp ; rp du quotidien : 0,5xp ; ballade dans le Dragomélyn : 1xp ; Total : 2xp

Yliria : interaction avec Astérie : 0,5xp ; rp du quotidien : 0,5xp ; ballade dans le Dragomélyn : 1xp ; Total : 2xp

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » dim. 13 oct. 2019 16:44

<< Auparavant


La superbe caverne qui s’étendait devant mes yeux faisait visiblement beaucoup d’effet à Astérie et son Silnogure semblait trépigner d’impatience. La jeune femme demanda s’il était possible de se baigner. L’air véritablement fier, Jabalh’Yr affirma que cela était possible mais que nous devrions attendre, la matriarche de leur clan nous attendant. Je hochai la tête et commença à le suivre tandis qu’il répondait à ma question. La Caverne de l’Eau Vive… un nom approprié pour ce lieu qui se distinguait du reste du désert avec son torrent qui cascadait dans les profondeurs du gouffre. Emboîtant le pas de notre guide, je ne pus m’empêcher de remarquer que tout était étrangement vide. Pas la moindre trace d’âme qui vive dans cet endroit qui pouvait pourtant probablement en abriter des centaines. Descendant un escalier taillé à même la pierre, je suivis notre guide jusqu’à ce qu’il nous fasse emprunter un étroit couloir en pente douce qui déboucha sur une grande salle d’où d’immenses stalactites semblaient prêts à nous tomber dessus depuis le plafond.

Dans cette salle, de nombreux Eruïons s’arrêtèrent de vaquer à leurs occupations pour nous observer avec une certaine curiosité teintée d’une méfiance envers les deux étrangères qu’Astérie et moi étions. Pas de mépris ou de peur, juste une méfiance que je pouvais comprendre. Ce peuple était obligé de vivre caché pour ne pas finir exterminé par les Sindeldi et, en voyant un enfant accroché à une Eruïonne, probablement sa mère, je fus d’autant plus convaincue qu’il fallait à tout prix tuer ce futur conflit dans l’œuf. Ce peuple avait suffisamment souffert, il n’avait pas besoin de ça.

(Pourtant Jabalh’Yr semblait prêt à en découdre et il ne doit pas être le seul.)

(Et depuis quand la vengeance est une bonne motivation ?)

(Venant de ta part c’est un peu hypocrite, Yliria.)

(Je n’ai jamais dit que j’avais raison à ce sujet. Et c’est totalement différent, je ne condamne pas tout un peuple au massacre, je ne tue pas d’innocents.)

(Réfléchis bien avant de parler dans ce cas…)

Parce que la traversée de la salle nous avait menées droit face à la matriarche de la tribu, au fond de la nef. Vêtue d’habits plus pratiques qu’esthétique – parfois tâchés de sang – elle arborait divers ossements qui semblaient lui servir d’ornements. Une longue chevelure blanche nattée encadrait un visage dur d’où ressortaient des prunelles d’un vert saisissant et qui semblaient nous scruter. De nombreuses cicatrices parsemaient son corps et il dégageait d’elle une assurance peu commune. Elle congédia Jabalh’Yr d’un simple geste, sans lui accorder un mot et nous adressa la parole. Le ton avec lequel elle s’adressa à moi, pensif, ne me renseigna guère sur la façon dont elle me voyait. Être l’amie de Tanaëth, qu’elle désigna comme étant cher à Seraya, pouvait aussi bien être une bonne chose qu’une mauvaise chose à ses yeux. Difficile de savoir. J’inclinai poliment la tête en signe de salut, pas certaine de la démarche à adopter. Je jetai ensuite un œil étonné à Astérie lorsqu’elle parla d’elle en des termes plus élogieux, m’apprenant qu’elle avait protégé les Silnogures d’une malédiction. J’eus envie d’en savoir plus, mais le moment était mal choisi. Sa question sur notre présence, légitime, me fit tiquer et Alyah m’incita à la prudence. La diplomatie n’avait jamais été mon fort, je voulais juste qu’elle comprenne que j’étais sincère.

- Merci pour votre accueil. Je ne peux parler au nom de celle qui m’accompagne, mais je suis venue pour aider votre peuple du mieux que je le peux.

(Tu vois quand tu veux…)

Difficile de savoir sur quel pied danser dans une telle situation. De quel combat parlait-elle ? Celui que son peuple menait pour survivre ? L’éventuelle guerre qui couvait ? Je ne souhaitais pas me mettre la matriarche à dos en me disant ouvertement contre un tel déchaînement de violence à peine arrivée dans sa tribu et je devais en savoir plus.

- De quel combat parlez-vous exactement ? Je sais que votre peuple se bat pour sa survie et Jabalh’Yr m’a appris pour vos pertes, j’en suis profondément navrée.

Je ne connaissais pas les traditions en rapport avec les morts ici, aussi me contentais-je de reprendre après une courte pause, comme un silence de recueillement. Je plongeais mes prunelles dans les siennes, soutenant son regard d’un vert si particulier.

- Quelque chose se prépare, n’est-ce pas ?

Je jetai un œil à la lance de pierre qu’elle tenait à la main. Elle était probablement une combattante expérimentée, au des nombreuses cicatrices qu’elle arborait et je me devais d’être prudente. Si elle était pour un conflit, lui donner aussitôt mon avis sur la question risquait fortement de lui déplaire et je n’avais guère envie de me retrouver avec ses guerriers sur le dos ou d’être abandonnée en plein désert. Mais je n’avais pas de temps à perdre et, de toute façon, je n’étais pas douée pour des discours alambiqués aux intentions détournées.

- La guerre couve, des armées sont équipées et rassemblées, des deux côtés de la frontière. Je veux simplement savoir si ce conflit est inévitable ou s’il y a une chance, même infime, d’éviter un bain de sang. Je n’ai pas de camp, pas de peuple et pas d’intérêt dans cet éventuel conflit, et c’est pour ça que j’ai décidé d’agir, parce que je ne peux pas assister à ça sans rien faire.

Je croisai les bras, prenant une inspiration.

- Je ne suis pas une diplomate ou une politicienne, je suis trop jeune pour toutes ces conneries et ça ne m’intéresse pas. Je veux juste éviter un massacre.

Car si guerre il y a, massacres il y aura, ce sera inévitable. Il y avait trop de rancunes, trop de haine des deux côtés pour que le peuple, les innocents, peu importe ne camp, n’en souffre pas. Des milliers de morts et un retour à la case départ, voilà ce que ce conflit signifiait pour moi. Un cercle de haine qui ne serait jamais brisé et qui continuerait, inlassablement, à faucher des milliers de vie sans que rien ne change.

- S’il n’y a rien que je ne puisse faire pour empêcher cela, j’aimerais seulement protéger ceux qui en ont besoin, sauver ce qui peut l’être.

(On va dire que tu t’es montrée plus… calme que je ne l’aurai cru. M’enfin, t’as quand même tout balancé d’un coup.)

(Les mensonges et les non-dits c’est pas mon genre.)

(Ah ça… C’est aussi pour ça que je t’ai choisi. Une bonne dose de franchise, ça ne fait pas de mal… Quand c’est au bon moment.)

(J’espère juste ne pas la mettre en rogne…)

(On va vite le savoir…)


Suite >>

Avatar du membre
Asterie
Messages : 19
Enregistré le : dim. 18 août 2019 23:20

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Asterie » ven. 18 oct. 2019 10:44

C’est avec la promesse d’une baignade prochaine, et un aperçu sur les profondeurs insondables des bas de la chute d’eau, que nous suivons bientôt notre guide, le vieil Eruïons nommé Jabalh’Yr. J’apprends le nom de cet endroit magnifique : la Caverne de l’Eau Vive. Un lieu fort symbolique, représentant sans doute bien la lutte de ce peuple contre les elfes gris. Ce qui n’augure rien de fort bon pour la suite, en vérité.

Après une marche vers les tréfonds des grottes, nous parvenons à pénétrer une caverne majestueuse, véritable salle creusée par l’eau, peuplée d’elfes du cru qui se tournent, curieux, à notre arrivée, sans cependant oser intervenir. Nous nous faisons conduire jusqu’au fond de la salle, où nous attend une elfe qui semble être leur matriarche, haute et fière, bien que maigre. La peau de sable clair et les yeux d’un vert éclatant. Malgré sa noble stature, elle arborait des habits tâchés de sang et de nombreuses cicatrices sur tout le corps, que je tâche de ne pas fixer de crainte de paraître intrusive.

Elle reconnait Yliria comme l’amie de cet elfe gris dont elle m’a parlé, et, plus surprenamment, s’adresse nominativement à moi, relevant sa connaissance de mon action auprès des silnogures. Après un regard embarrassé que je fuis vers Daelyrn qui me le rend en frottant sa truffe sur ma paume, je bredouille une réponse hasardeuse :

« Oui, oui enchantée. Et… oui, mais je n’étais pas toute seule, non plus. »

Mal à l’aise devant un aveu de fierté, je la laisse poursuivre sur une question qui me laisse sceptique : elle nous demande si nous sommes là pour les aider dans leur combat. Combat. Ce mot sonne à mes oreilles comme une défaite presque déjà sonnée. Yliria, plus prompte, la corrige habilement en précisant que nous sommes bien là pour les aider, questionnant ensuite sur le terme de combat, y voyant une possible allusion à leur bataille permanente pour la survie. Habile. Une stratégie de contournement que je ne peux qu’approuver… SI elle n’avait pas été mise à mal par une attaque bien moins dissimulée sous la forme d’une question directe sur ce qui peut se préparer. J’ai un instant le souffle coupé par le culot de la petite, mais approuve finalement ses dires : j’aurais sans doute été plus prudente, tentant de cerner d’abord cette matriarche, mais elle a l’air de connaître ce peuple, donc je lui fais confiance.

Et Yliria poursuit sur ses impertinentes et pertinentes remarques, précisant qu’elle abhorre les jeux politiques et diplomatiques de manière imagée, et je reste encore une fois soufflée par son culot. Ele a la fougue de la jeunesse, sans aucune hésitation. Ne me fais-je pas moi-même trop sage, en vérité ? Plus que je n’y suis accoutumée, mais je mets ça sur mon côté impressionnable, écrasée que je suis sous la portée de ma mission. Lorsque la petite au masque en a terminé, je prends à mon tour la parole d’une voix douce, mais décidée.

« S’il y a un quelconque moyen de ne pas déclencher un conflit ouvert qui verrais les vôtres périr en grand nombre, qu’importe leur art du combat, nous devons essayer, avec votre soutien, Dame. J’ai un avis mitigé sur les elfes gris, une mauvaise première impression sur leurs gouvernants radicaux. Mais s’il y a une chose que j’ai comprise de mon court séjour à Nessima, c’est qu’ils ne sont pas tous comme ceux-là. Qu’avec un coup de pouce, il y en a pas mal qui vous accepteraient, avec vos conditions. »

Je me fais plus ferme à mesure que mon discour avance.

« Les responsables des crimes contre votre peuple doivent être punis. Par votre justice. Tentons d’ouvrir les yeux de leurs semblables sur leurs méfaits avant de nous en prendre à eux directement, en passant à notre tour pour des criminels. Des ennemis. »

J’ai utilisé assez naturellement le « nous ». Non pas que je leur prête une allégeance totale, mais leur cause a réussi à me toucher suffisamment pour que je me sente prête à mener les actions qui seront nécessaires à leurs côtés.

Avatar du membre
Gamemaster7
Messages : 137
Enregistré le : sam. 14 sept. 2019 21:19

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Gamemaster7 » sam. 19 oct. 2019 14:53

Émergence : màj pour Astérie et Yliria


Mahal scruta attentivement Yliria lorsqu'elle prit la parole, une infime lueur d'étonnement dans le regard, peut-être du fait de la jeunesse de la semi-Shaakte. Sans faire mine de l'interrompre, ni manifester le moindre signe révélateur à ses questions et assertions audacieuses, elle l'écouta jusqu'au bout avant de lui répondre avec un froid sourire qui avait un petit quelque chose de carnassier :

"Si tu n'as pas choisi ton camp, jeune femme, repars sans tarder car tu n'as rien à faire ici. Tu voudrais éviter un massacre? C'est trop tard pour cela, le temps n'est plus aux vaines palabres. Les Sindeldi doivent payer pour leurs actes, trop longtemps nous nous sommes terrés comme des rats peureux devant eux. Leur fin est proche et tu n'y peux plus rien."

La Matriarche n'avait visiblement nulle intention de dévoiler plus avant ses plans, mais elle semblait étonnamment sûre d'elle compte tenu de la situation de son peuple. Elle écouta ensuite Astérie avec la même attention que celle qu'elle avait accordée à Yliria, hochant simplement la tête lorsque la rousse lui déclara qu'elle n'avait pas été seule pour lever la malédiction pesant sur les Silnogures, visiblement elle était bien informée sur ce qui se passait dans son désert. Néanmoins, son expression déjà rude se durcit encore à ses paroles suivantes et, une fois que l'humaine eut fini de parler, elle lui rétorqua sombrement :

"Je sais tout cela. Il arrive que nous accueillions des Sindeldi parmi nous et certains parviennent à s'intégrer. Ne crois pas que je voie ce monde en noir et blanc, Astérie, c'est loin d'être le cas. Mais ce sont ces dirigeants radicaux dont tu parles qui ont le pouvoir, pas les quelques Elfes Gris qui seraient prêts à soutenir notre cause."

Elle laissa filer un silence, comme pour souligner ses derniers mots, puis ajouta :

"Mais vous ne comprenez pas la situation. Vous parlez comme si nous étions sur le point de déclencher une guerre, alors que la réalité est bien différente : elle n'a jamais cessé, pas depuis le jour où les Sindeldi sont arrivés. Ce sont eux qui nous ont attaqués, qui ont pris nos terres, nous ont massacrés et trahis. Depuis des siècles ce conflit était en latence, ils tuaient quelques-uns des nôtres et nous leur rendions la pareille, mais cela a changé. Ces derniers temps, leurs exactions se sont faites plus nombreuses et leurs armées ont pris position aux portes du désert. Ils prétendent que nous nous sommes livrés à davantage de pillages pour justifier cela, mais c'est faux, totalement faux. N'as-tu pas vu de tes propres yeux, Yliria, que des groupes de Sindeldi arpentent notre territoire pour nous nuire et attiser ainsi notre révolte?"

Elle marqua une nouvelle pause, aussi brève que la précédente avant de poursuivre, son poing tellement serré sur la hampe de sa lance que les jointures en étaient blanches :

"Je vais vous dire ce qu'il en est réellement : les dirigeants des Sindeldi ont décidé d'en finir avec nous une bonne fois pour toutes. Ils font tout pour rendre notre vie si intolérable que nous n'ayons d'autre choix que de nous confronter ouvertement à eux. Eh bien ils ont réussi, nous allons nous battre et reprendre nos terres, notre dignité."

Là encore, nulle trace de doute dans sa voix, uniquement une résolution sans faille et une assurance inébranlable. Les deux jeunes femmes souhaitaient éviter une guerre? Cela n'aurait rien d'aisé, visiblement, quelque chose était en cours qu'il serait vraisemblablement difficile d'arrêter. Enfin, Mahal fixa tour à tour les deux aventurières et acheva d'une voix neutre :

"Vous avez un choix à faire : être avec nous ou contre nous. La neutralité n'est plus une option. Cependant, pour vos actes passés, je vous fais serment que vous pourrez quitter le désert librement si vous décidez que notre cause n'est pas assez juste pour mériter d'être soutenue."


*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » jeu. 24 oct. 2019 21:31

<< Auparavant


Si mes paroles n’eurent l’air d’aucunement affecter la matriarche, ce fut Astérie qui enchaîna ensuite, s’accordant avec moi sur le fait d’éviter un tel conflit. Son avis mitigé sur les Sindeldi ne m’étonna guère, mais le fait qu’elle parle de ceux qui n’étaient pas des racistes radicaux me rassura et je ne pus qu’approuver la suite. Ouvrir les yeux des Sindeldi sur les exactions commises par leurs dirigeants. Ce serait l’idéal. Un idéal qui ne se ferait pas en un jour, mais c’était ce que je voulais voir. Les paroles de la matriarche, énoncées d’un ton froid et sans appel, me refroidirent aussitôt. Je n’avais qu’à repartir ? Je la regardai, incrédule. Elle semblait si sûre de pouvoir écraser les Sindeldi qu’un frisson me parcourut l’échine. Comment pouvait-elle être aussi sûre d’elle au vu de la situation de son peuple ? Quelque chose m’échappait. Ils accueillaient pourtant des Sindeldi, elle l’avoua elle-même, ajoutant que les fameux dirigeants radicaux dont parlaient Astérie qui avaient le pouvoir, pas les rares Sindeldi prêts à les accepter.

Elle enchaîna, rappelant le conflit passé entre les Shaakts et les Sindeldi, amenant au quasi anéantissement des premiers, relégués dans ce désert où ils luttent désormais pour survivre malgré les attaques des Sindeldi. Exactions qui avaient, selon ses dires, gagné en intensité et je savais qu’elle avait raison. Elle souligna le fait que j’en avais été témoin et je hochai la tête, ne trouvant rien à redire à cela. Elle avoua qu’ils allaient se battre pour reprendre leurs terres, pour quitter ce désert et faire payer aux Elfes Gris les exactions qu’ils commettaient contre eux, terminant son monologue d’une diatribe absolue.

- Vous avez un choix à faire : être avec nous ou contre nous. La neutralité n'est plus une option. Cependant, pour vos actes passés, je vous fais serment que vous pourrez quitter le désert librement si vous décidez que notre cause n'est pas assez juste pour mériter d'être soutenue.

Cela faillit me mettre hors de moi. A l’entendre, nous étions les ennemis dans l’histoire, alors que nous venions dans l’espoir de régler pacifiquement un conflit meurtrier. J’eus envie de lui enfoncer mon bouclier dans les dents en entendant cela. Alyah m’incita au calme.

(T’énerver ne changera rien Yliria !)

(Je sais… ça me frustre, j’ai l’impression d’avoir fait tout ce chemin pour rien… non en fait j’ai fait tout ce foutu voyage pour rien ! Ils sont déjà prêts à se battre, ils veulent se battre. Et c’est pas en leur parlant que je vais changer quoi que ce soit.)

(Surtout vu ton don pour la diplomatie…)

(Pas besoin d’en rajouter ! J’ai envie de les aider, mais si je fais ça, je cautionne une guerre et je trahis tellement de monde... je sais pas quoi faire, merde !)

Je ne m’attendais pas à un tel rejet, je pensais qu’ils seraient plus ouverts à la discussion, plus enclins à écouter. Mais non, elle agissait exactement comme ceux qu’elle abhorrait et voulait seulement sa revanche sur eux, rien d’autre. Ils avaient l’air de tous le souhaiter. Au final, j’étais dépitée de voir que le conflit semblait être la seule réponse, dans l’un ou l’autre des deux camps. Ils s’entendaient au moins sur ce point. Foutue ironie. Les deux camps voulaient la guerre, l’Opale voulait l’éviter.

(Après… ta mission ce n’était pas d’empêcher un conflit, simplement de savoir ce qu’ils préparaient… et tu le sais maintenant.)

(Et je fais quoi ? Je rentre les mains vides en disant à Sylenn que les Eruïons se préparent au combat et qu’ils ont l’air sûr d’eux. Beaucoup trop sûrs d’eux… Elle s’en doute déjà !)

(C’est à toi seule de décider…)

Et c’était bien là le problème, parce que ma réponse allait me catégoriser dans un camp, me faisant aussitôt ennemi de l’autre, alors que je n’en avais pas envie ! Et surtout, l’assurance de la matriarche me troublait. De ce que j’en savais, ils n’étaient pas si nombreux, pas bien équipés, face à une armée de plusieurs dizaines de milliers de Sindeldi dotés du meilleur équipement… Quelque chose m’échappait dans tout cela. Mais s’il fallait donner une réponse.

- Vous jouez le jeu des Sindeldi que vous détestez ! Et c’est le peuple qui en souffrira, pas eux. Je me fiche de ces ordures retranchées dans leur palais et si je le pouvais, j’irais moi-même les faire tomber de leur piédestal, mais pas au prix des dizaines de milliers de vies d’innocents qui sont sous leur joug. C’est uniquement pour ça que je ne veux pas de ce conflit. Et je ne parle pas seulement des vies Sindeldi, mais aussi des vies de votre peuple.

Je ne pouvais pas croire que tous étaient prêts à se sacrifier ainsi.

- Evidement que votre cause est juste ! Vous méritez d’avoir votre pays, de ne pas craindre pour vos vies en permanence, de ne pas voir vos enfants mourir faute de nourriture ou à cause de la chaleur, mais prendre la place d’un autre peuple ne fera que provoquer un autre conflit, plus tard, pour les mêmes raisons et ça ne s’arrêtera jamais.

Ma main serra le pendentif caché sous mes habits.

- J’ai prêté serment de toujours agir selon mes principes et c’est ce que je vais faire. Je ne vais pas laisser tomber, j’irai voir d’autres tribus et, si vraiment la réponse est la même où que j’aille et que, quoique je dise, rien ne fait changer votre peuple d’avis, alors très bien, je partirai et mettrai mes amis à l’abri, mais je ne participerai pas à un carnage qui aurait pu être évité si les dirigeants des deux peuples n’étaient pas tous aussi bornés et enfermés dans leur haine avec l’autre.

J’expirai doucement, comme pour empêcher la colère de prendre le dessus, parlant d’un ton plus calme, presque triste au vu de la situation.

- N’allez pas croire que j’ignore ce que vous ressentez, je le sais très bien, et c’est justement pour ça que je veux intervenir et aider votre peuple, parce que j’ai mes propres motivations pour le faire. Probablement que je m’y prends mal… mais je veux vraiment empêcher ça. Sincèrement.

Et ne pas pouvoir y parvenir me dépitait plus que je ne l’aurai imaginé.

(On trouvera une solution Yliria.)

(Et si on n’en trouve pas ? Qu’est-ce que je vais faire ?)

(Tu trouveras, et je t’y aiderais.)

(Merci Alyah...)

(Allez, fais pas cette tête, tu as à peine commencé, rien n’est joué. C’est pas ton genre de partir défaitiste comme ça.)

(Parce que d’habitude je sais où je vais, mais là je suis dans le flou le plus total ! C’est quand même plus simple quand y’a des méchants d’un côté et moi de l’autre…)

Le rire d’Alyah me surprit, me faisant presque sursauter tant il était puissant et inattendue.

(Oh mais tu es sérieuse en plus ?! Adorable… Tout n’est pas noir ou blanc, tu devrais le savoir.)

(Je pensais le savoir oui…)

Et je commençai à me rendre compte que tout cela allait s’avérer bien plus difficile et complexe que je ne l’avais imaginé.

(Les joies de la diplomatie et des intrigues politiques Yliria.)

(Les joies oui…)


Suite >>

Avatar du membre
Asterie
Messages : 19
Enregistré le : dim. 18 août 2019 23:20

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Asterie » ven. 25 oct. 2019 12:21

La matriarche guerrière coupe, par ses réponses, tout espoir des deux jeunes femmes. Ou en tout cas le tente-t-elle, chassant presque Yliria du fait de sa non-prise de position. Elle confirme ce que je redoute : elle pense être déjà en guerre. Elle pense que la guerre n’a pas cessé depuis que les elfes gris la leur ont déclarée, il y a des millénaires. Et son peuple en a assez, son peuple est prêt à répondre, à rétorquer, dusse-t-il y périr intégralement. Elle appuie ses dires en affirmant que c’est les gris, et non eux, qui ont décidé d’en finir, les provoquant jusqu’au cœur de leur misérable territoire invivable. La guerrière conclut son discours par un nouveau choix fermé, elle qui a affirmé dans ses mots ne pas voir le monde en blanc et en noir. Les rejoindre ou les combattre. Je secoue la tête, poings serrés, rageurs, alors qu’Yliria prend la parole, énervée, nerveuse et défaite. Elle tente de les remettre face à la réalité, elle tente de les ramener à la raison. Elle conclut même en affirmant qu’elle n’arrêtera pas son combat, quitter à aller voir toutes les tribus eruïonnes une par une pour trouver des matriarches moins fermées et fanatiques.

Lorsqu’elle a fini, je rebondis à mon tour sur ses mots, d’un ton de reproche.

« Elle a raison, vous jouez leur jeu. Oui, peut-être qu’ils veulent en finir avec vous, et donc ils vous provoquent ultimement. Pourquoi, si vous en êtes consciente, leur répondre de la manière à laquelle ils s’attendent ? Vous allez à la ruine de votre peuple, à son extermination complète, et tous ceux dont vous parviendriez à prendre la vie ne seraient que des sous-fifres non impliqués dans ces décisions contre vous. Ouvrez les yeux, bon sang, quelles chances pensez-vous donc avoir ? Leurs troupes sont nombreuses, mieux équipées, mieux nourries. Et vous ? Vous êtes séparés, dispersés. Reprendre vos terres… Comment espérez-vous seulement passer les remparts de la moindre ville sindel ? »

Je lève les bras et les rabats nerveusement remuant en parlant, emportée par mes mots.

« Ou alors… ou alors vous nous cachez quelque chose, et vous avez acquis une arme terrible, dévastatrice, qui sèmera la mort et la destruction sur son passage, qui abreuvera ces terres de sang au point de les rendre aussi stériles que ce foutu désert ! Et alors, leur réponse sera plus cinglante encore, et c’est jusqu’au dernier qu’ils vous extermineront. »

Je soupire d’énervement. Daelyrn, à mon côté, gémit de me voir ainsi, et je sens sa truffe presser contre mon poignet. Je me calme un peu, même si mon discours reste sévère.

« Et je ne suis pas sûre de cautionner un tel choix. Soyez plus intelligents. Faites le premier pas d’une résolution diplomatique, dénoncez publiquement leurs méfaits, leurs crimes, et réclamez justice. C’est une première étape nécessaire. Un chemin plus long, plus tortueux sans doute, mais qui aura le mérite de vous voir arriver vivants à destination. »

Je plante mon regard dans le sien, déterminée. Je ne peux lâcher ces pensées. Pas aussi facilement. Si ma détermination peut ne fut-ce qu’instiller le doute en elle, en eux, alors je saurai que j’ai bien fait.

Avatar du membre
Gamemaster7
Messages : 137
Enregistré le : sam. 14 sept. 2019 21:19

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Gamemaster7 » sam. 26 oct. 2019 13:26

Émergence : màj pour Astérie et Yliria


Le visage de Mahal se durcit aux réponses véhémentes des deux jeunes femmes, mais comme précédemment elle se garda de les interrompre et écouta jusqu'au dernier mot avant de répondre :

"Me pensez-vous assez stupide pour lancer mon peuple dans une guerre que nous n'aurions aucune chance de gagner?"

Elle laissa planer un bref silence, comme pour souligner ce que cette pensée pouvait avoir d'insultant, puis elle poursuivit :

"Vous parlez toutes deux de résolution diplomatique, mais comment nous y prendrions-nous pour discuter avec leurs dirigeants alors que leurs soldats nous massacrent à vue? Certaines d'entre nous ont cru que cela pouvait être une solution, elles ont envoyé des émissaires aux Sindeldi pour palabrer. Aucun n'est revenu, ils ont été exterminés avant d'avoir pu prononcer un seul mot."

A nouveau sa rage se manifesta par la crispation de sa main sur sa lance tandis que, dans son regard, sa résolution semblait plus inébranlable que jamais. Néanmoins, signe peut-être qu'elle n'était pas totalement hermétique au discours des deux aventurières, elle prit une ample respiration pour se détendre et reprit :

"Pourquoi nous écouteraient-ils alors qu'ils sont persuadés de pouvoir nous écraser aisément? Nous ne sommes pas en position de négocier mais, lorsqu'ils auront appris le goût de la défaite, peut-être les choses seront-elles différentes. Vous pensez qu'il y a une autre solution? Que nous pouvons éviter cette guerre? Avez-vous le pouvoir de faire fléchir les dirigeants Sindeldi? Un plan réaliste? Si c'est le cas, je vous écoute."

La discussion houleuse n'était pas passée inaperçue dans la caverne, tous les Eruïons présents s'étaient peu à peu approchés pour voir et entendre de quoi il retournait. Si la plupart arboraient des visages aussi résolus que celui de leur Matriarche, d'autres en revanche laissaient entrevoir leurs doutes, leurs craintes. Se pouvait-il qu'il y ait des désaccords au sein même de la Tribu de Moura? Que tous ne soient pas favorables à une guerre ouverte? Quoi qu'il en soit, Yliria put apercevoir une personne connue dans l'assemblée, qui la fixait d'ailleurs songeusement : Serayä, l''Eruïonne aux longs cheveux couleur de vieil argent tressés et au regard d'or. Et sa présence pouvait aussi attirer l'attention d'Astérie car, loin d'être vêtue misérablement elle portait, comme les deux gardes du corps féminines se tenant à un pas derrière elle, une très belle armure complète de couleur rougeâtre et deux sabres d'excellente facture. Visiblement, tous les Eruïons n'étaient pas aussi sous-équipés que l'humaine le pensait.



*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » sam. 26 oct. 2019 20:19

<< Auparavant


Je voyais bien la matriarche s’énerver au fur et à mesure de mes paroles et encore davantage lorsqu’Astérie enchaîna, affirmant être totalement d’accord avec moi. Elle revint sur les dires de la matriarches, affirmant que son peuple n’avait pas la moindre chance contre les Sindeldi qui étaient plus nombreux, mieux armés et équipés. Elle posa alors le problème, demandant s’ils ne cacheraient pas quelque chose, une arme terrible qui ferait pencher la balance de leur côté, affirmant pourtant que cela ne ferait que rendre les Sindeldi que plus vindicatifs contre eux. Elle aussi aurait voulu voir une résolution pacifique au problème. Ce qui ne semblait pas être le cas de la matriarche. Lorsqu’elle nous demanda si nous la pensions stupide au point de mener son peuple à une mort certaine sans espoir de victoire, j’eus envie de lui répondre oui, mais je me contins, répondant plus intelligemment en entendant le soupir de soulagement d’Alyah.

- Stupide non, mais désespérée, à bout et en colère, oui.

Elle et son peuple étaient loin d’être abattus, mais il était facile de percevoir à quel point cette situation leur était insoutenable et je comprenais leur envie de se battre pour récupérer le droit de vivre normalement. Lorsqu’elle parle de notre vision plus pacifique, je suis honnêtement étonnée de voir que les Eruïons ont, sans succès, tenté le dialogue avec les Sindeldi. Savoir qu’aucun des émissaires envoyé n’est jamais revenu ne m’étonna guère, cela dit. Et peut-être avait-elle raison de dire qu’ils n’étaient pas en position de négocier que les Sindeldi ne prendraient pas la peine de le faire s’ils ne se sentaient pas menacés. Une défaite militaire pour leur faire comprendre à quel point la situation pouvait se retourner contre eux ? Honnêtement, l’idée avait des chances de réussir… pour peu que les Eruïons aient vraiment la moindre chance de victoire, ce dont je doutais. Lorsqu’elle nous demanda si nous avions un plan, une idée qui pourrait la faire réfléchir sur la question, j’entrevis une porte, une toute petite ouverture possible. Il fallait saisir cette chance, sans dire d’idioties. Je pris quelques instants pour réfléchir, réalisant seulement maintenant que notre conversation avait attiré les Eruïons. Parmi eux, Seraya, qui me regardai d’un air pensif, accompagnée de ses deux gardes du corps enchâssées, comme elle, dans leurs armures de métal rouge. Il y avait une résolution forte imprimée sur la plupart des visages, mais certains avaient un regard empli de doute, preuve que la Tribu n’était pas unie face à la question d’une guerre ouverte et meurtrière.

- Vous parlez de leur infliger une défaite, mais une simple démonstration de force ne suffirait-elle pas ? SI vous êtes si persuadée d’avoir plus qu’une chance, intimidez-les et forcez-les à négocier.

Ce n’était pas une solution très viable et le moindre faux pas pouvait enclencher un véritable bain de sang.

- Mais je peux vous proposer autre chose.

(Tu es sûre de toi ? Ce n’est pas ta mission…)

(Si, en quelque sorte.)

- Vous savez que j’ai un ami parmi les Sindeldi, et Seraya le connaît très bien. Et cet ami a une femme, qui est commandante de la garde militaire de Nessima et l’oncle de cette femme est un des Sindeldi qui siège au conseil Royal, dans les plus hautes sphères du gouvernement Sindel. Si je vous dis ça, c’est parce que cette Sindel s’est ouverte aux étrangers, a obtenu l’accord, grâce à son oncle, que l’on puisse fouler le sol Sindel, jusque-là interdit d’accès et c’est grâce à elle que nous sommes là.

Moi non, mais c’était le cas d’Astérie et mon cas était trop partculier pour être évoqué. J’inspirai avant de continuer. Je commençai à avoir sacrément soif à force de déblatérer et, malgré la relative fraîcheur de l’endroit, il faisait toujours chaud.

- Laissez-moi lui proposer une entrevue. Elle a des contacts, des proches qui ont un rôle important et a fini par m’accepter alors que je suis moi aussi une descendante du peuple qu’ils haïssent. Un navire passera régulièrement dans la baie pour voir si nous souhaitons rentrer. Laissez-moi leur transmettre un message en expliquant la situation, en demandant une entrevue, voire même en retournant là-bas pour lui expliquer en personne et peut-être permettre d’entamer un dialogue. Vous l’avez dit vous-même, tout n’est pas noir ou blanc et tous les Sindeldi ne sont pas d’accord avec ce que ceux qui les dirigent vous infligent, pour peu qu’ils soient au courant.

Je la fixai sans ciller, déterminée.

- Je ne dis pas qu’elle sera d’accord, ni même qu’elle acceptera un traître mot de ce que je viens de vous proposer. Mais c’est quelque chose qui doit être tenté. Vos émissaires non jamais pu franchir la frontière, moi je vous propose de directement parler à une militaire ayant des contacts dans les hautes sphères du royaume de Sarindel. Elle est pragmatique et agit pour le bien de son peuple, tout comme vous, en laissant ses a priori de côté.

(Oh j’ai hâte de voir sa tête si la matriarche accepte. J’espère pour toi qu’elle pourra vraiment mettre ses a priori de côté, sinon tu vas passer un sale quart d’heure.)

(Tu… c’est super rassurant ce que tu dis là ! J’ai fait une connerie ?)

(Hmm… non en fait c’est une bonne idée. Mais tu la mets en danger, elle pourrait être accusée de trahison, par exemple.)

(Je sais… Si elle meurt à cause de moi, jamais je ne pourrai regarder Tanaëth dans les yeux… Je la protègerai !)

Cela fit rire Alyah une fois de plus.

(Oh oui, bonne idée ça. Elle va te mettre son pied aux fesses et te dire de t’occuper de tes affaires.)

Je retins un grognement, mais elle avait raison. J’allais devoir être sacrément persuasive et de toute façon j’allais sans doute le sentir passer. Mais je devais déjà convaincre la matriarche.

- Qu’en pensez-vous ? Vous me laissez prendre les risques et trouver un moyen de préparer une entrevue de ce genre, je ferais l’intermédiaire, la messagère ou ce que vous voulez, et nous pouvons espérer que cela fasse bouger les choses dans l’intérêt des deux peuples. Et si cela ne fonctionne pas…

Je jetai un regard aux Eruïons rassemblés.

- Et bien dans ce cas je pense que vous savez ce qui arrivera, mais j’aurais au moins essayé de faire quelque chose et la guerre n’aura pas été votre première réponse.

Je fixai de nouveau mes prunelles dans celles de la matriarche.

- Et si vous n’avez pas confiance, je suis prête à vous prouver que je ne me moque pas de vous.

(Tu t’embarques dans un sacré bordel…)

(C’était le cas en acceptant cette mission.)

Le soupir d’Alyah ne suffit pas à me faire flancher et j’attendis, bras croisés, que la matriarche se décide.


Suite >>

Avatar du membre
Asterie
Messages : 19
Enregistré le : dim. 18 août 2019 23:20

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Asterie » ven. 1 nov. 2019 10:44

Vindicative, malgré la patience qu’elle accorde à nos deux discours, la Matriarche eruïon rétorque vivement d’une rhétorique question sur sa capacité intellectuelle à déclencher une guerre qu’elle ne saurait gagner. L’envie est forte de lui répondre par la positivie : c’est à peu près ce que je viens de faire, d’ailleurs, en d’autres termes. Mais il s’agirait là d’une faute diplomatique majeure, aussi je retiens-je. Une fois encore, elle souligne l’impossibilité de la voie pacifique, du dialogue, avec un nouvel exemple de la fermeture meurtrière de ces saletés de gris. Un spécisme rebutant que ces elfes bruns subissent depuis des siècles. Tu m’étonnes qu’ils pètent des câbles.

Yliria intervient alors à son tour, rebondissant sur un commentaire de la dirigeante affiliée à Moura pour jouer un peu sur les mots : démonstration de force plutôt que défaite… Je suis peu persuadée moi-même de la différence de nuance. Il faudrait bien plus qu’un coup de pression pour intimider réellement ces elfes bouffis d’orgueil. Sa proposition suivante, en revanche, a le don de me surprendre positivement : faire intervenir Dame Sylënn, la capitaine des gardes d’élite de Nessima. Notre commissionnaire. C’est culotté de la part de la petite, d’autant que rien n’indique que l’elfe grise soit d’accord avec une solution de cet ordre, chose qu’elle précise intelligemment, même si ça fait sans doute décroître la force de sa proposition. Je garde également pour moi-même le risque que cela représente pour Dame Tar’Ithil elle-même : ne serait-ce pas là livrer aux Eruïons un otage de valeur ? Un martyr de la guerre, trucidé pour l’exemple, cette fameuse démonstration de force qu’elle évoquait juste avant ? La position haute de Sylënn dans la société sindel fait d’elle une cible de choix, quand bien même est-elle du côté de l’ouverture.

Yliria, dans son discours, semble parler pour nous deux. Ou au moins lorsqu’elle parle d’un retour vers Nessima. Pour ma part, rien que l’idée de repartir directement dans la fournaise du désert me donne la nausée. Et puis, je n’entends pas lâcher l’affaire si facilement. La forte Mahal n’a pas répondu à mon sous-entendu, peut-être le fera-t-elle à une question plus directe. Une sorte de chantage, j’en ai conscience, mais qui vaut le coup, selon moi.

« Quant à Daelyrn et moi, nous resterons ici, avec vous, comme gage de la parole donnée d’Yliria. Je n’ai pas les rapports de cette dernière avec les elfes gris, et votre cause me semble des plus justes. Je me battrai à vos côtés s’il le faut, contre ceux qui méritent de périr chez eux. Mais je n’aime pas prendre d’engagement à l’aveugle : vous devrez me prouver vos chances de l’emporter pour gagner ma loyauté. Et cela ne vous fera prendre aucun risque de plan dévoilé : je resterai avec vous jusqu’à l’issue de tout ceci. Collaboratrice, prisonnière ou otage, j’accepte le sort que vous me réserverez. »

Là où Yliria préfère attendre les bras croisés, je tends de mon côté la main vers la matriarche. Symbole universel d’un accord passé, la poignée de main a l’avantage de mettre une certaine pression dans la rapidité de décision : si l’accord n’est pas passé rapidement, il pourrait bien être revu dans ses conditions… Elle peut marchander, certes, mais pas hésiter. Enfin. C’est comme ça que ça fonctionne à Yarthiss en tout cas.

Avatar du membre
Gamemaster7
Messages : 137
Enregistré le : sam. 14 sept. 2019 21:19

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Gamemaster7 » sam. 2 nov. 2019 18:16

Émergence : màj pour Astérie et Yliria


Semblable à elle-même, l'Eruïonne écouta les deux jeunes femmes jusqu'au bout sans faire mine de les interrompre et, lorsque Astérie lui tendit la main, elle regarda cette dernière étrangement sans esquisser le moindre geste de la serrer, comme si elle ne comprenait pas ce que l'Humaine voulait. Si elle ne semblait pas particulièrement ébranlée par leurs discours, elle prit néanmoins un instant pour réfléchir avant de répondre songeusement à l'attention d'Yliria :

"La commandante de la Garde militaire dis-tu. Nous ne connaissons que trop cette guerrière, cela fait plus d'un siècle qu'elle fait partie de nos pires ennemis. Et maintenant elle serait prête à soutenir notre cause? C'est difficile à croire, jeune Yliria."

Elle leva une main autoritaire pour imposer le silence, indiquant qu'elle n'en avait pas terminé, tout en jetant un indéfinissable regard en direction de Sëraya, comme si elle voulait son avis. Cette dernière ayant imperceptiblement hoché la tête en réponse à une question non prononcée, Mahal prit une ample respiration et ajouta fermement :

"Soit. Tente cette chance si tu le veux. Mais entends-moi bien : je t'accorde une lune. Si je n'ai pas la certitude que les choses seront vraiment susceptibles de changer pour nous d'ici là, notre colère s'abattra sur les Sindeldi et plus rien ne pourra l'empêcher."

Elle marqua un court temps de silence pour souligner l'inflexibilité de cet ultime délai, puis reprit gravement à l'intention d'Astérie :

"Je n'ai rien à prouver, ni à toi ni à personne. Les choses sont telles que je les ai dites. Je n'ai que faire d'une otage, tu l'as dit toi-même : tu n'es rien pour les Sindeldi. Pas davantage tu ne seras notre prisonnière, nous n'en faisons jamais pour une raison très simple : nous n'avons déjà pas assez de nourriture pour nous. Tu peux nous accompagner si tel est ton désir, mais ce sera en femme libre. Dans trois jours nous partirons pour le nord, sois prête si tu décides de venir."

Après une légère hésitation, elle acheva :

"Je respecte votre volonté d'éviter une guerre. Mais rappelez-vous bien ceci : je n'ai d'autorité que sur ma Tribu et les Sindeldi se sont faits beaucoup d'ennemis. Allez maintenant là où votre destin vous appelle, j'ai à faire."

L'Eruïonne se détourna alors pour s'en retourner à ses tâches, laissant les deux aventurières choisir leurs destinées. Elles ne connaissaient toujours pas les raisons de l'étrange certitude de la matriarche, malgré les tentatives d'Astérie d'en savoir plus, visiblement la confiance de Mahal ne se gagnait pas aisément. Les autres Eruïons, pour leur part, retournèrent également vaquer de leur côté, à l'exception de l'Elfe brune lourdement équipée qu'Yliria connaissait et qui observait toujours les deux jeunes femmes pensivement.


*****


HRP : pour la suite, dites-moi ce que vous comptez faire et je vous donnerai les indications nécessaires. Apartés possibles entre vous ou avec d'autres Eruïons si vous le souhaitez.

Gains et récompenses :

Astérie : interaction avec Mahal : 0,5xp

Yliria : interaction avec Mahal : 0,5xp

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » ven. 8 nov. 2019 23:59

<< Auparavant

Un Choix difficile


Alors qu’Astérie, après mon discours, déclarait qu’elle allait rester ici, se battre avec eux s’il le fallait, pour prouver ma bonne foi, je le lui jetai un regard anxieux. Ce n’était pas ce que j’avais en tête, mais je l’avais mise au pied du mur avec ma proposition Je n’eus pas à attendre longtemps pour avoir la réaction de Mahal. Evidemment qu’elle ne me crut pas sur parole, soulignant que Sylënn était leur ennemi depuis des lustres. Mais, peut-être parce que je l’avais convaincu ou qu’elle ne voulait pas laisser passer une quelconque opportunité pour résoudre le conflit plus calmement, elle me donna une lune pour revenir avec de bonnes nouvelles. Une lune… un unique mois… j’allais devoir repartir aussitôt, me dépêcher et convaincre Sylënn en moins de deux semaines. Cela s’annonçait plus que délicat.

Lorsqu’elle s’adressa à Astérie en éludant superbement la question sous-jacente concernant sa confiance et ce que cela cachait, je tiquai en entendait qu’ils partaient dans trois jours. Après avoir terminé en disant qu’elle avait à faire, elle se détourna et la plupart des Eruïons firent de même, à l’exception notable de Seraya qui nous regardait pensivement. J’étais à la fois dépitée et tout de même heureuse d’avoir eu gain de cause… en quelque sorte. Mais s’ils partaient dans trois jours, il me fallait savoir où ils allaient, sinon tout cela ne servirait à rien. Aussi, après un signe à Astérie lui disant que je la rejoindrai après, je m’avançai vers Seraya en la saluant.

- Bonjour Seraya... Navrée pour le message un peu urgent, mais vu la situation... enfin, merci d'avoir envoyé quelqu'un. Vous auriez une petite minute ?

- Bonjour jeune Yliria. Je ne m'attendais pas à te revoir si vite. Que puis-je pour toi?

- Moi non plus, honnêtement, mais vu ce qui s'annonçait, j'ai voulu revenir. Et en fait c'est très simple... si je réussis à convaincre la commandante, comment je fais pour vous retrouver ? Je veux dire... je ne connais pas le désert et m'y aventurer toute seule sans savoir où aller me semble totalement suicidaire et comme vous quittez la caverne bientôt...

- Ta commandante... crois-tu vraiment qu'elle ait le pouvoir de faire changer quoi que ce soit? Mahal te l'a dit, elle nous combat depuis des décennies...

C’était honnêtement la plus grosse faille dans mon idée. Sylënn, pour le peu que j’en avais vu, avait changé, mais le souvenir de ma rencontre avec elle n’aidait pas vraiment à être totalement sûre de moi.

- Je sais pas... j'en sais rien, mais je peux pas juste rester les bras croisés à voir vos deux peuples s'entretuer. Et c'est tout ce que j'ai pu trouver sur le moment...

- Nos peuples s’entre-tuent depuis des millénaires. Pour que la paix puisse être, il faudrait que nous ayons des terres plus accueillantes et cela, jamais les Sindeldi ne consentiront à nous en accorder.

- Je sais... J'essaie juste de trouver une solution qui n'implique pas la mort de milliers de gens.

Y compris la sienne, car je me doutais qu’elle allait participer activement. Le portrait que m’en avait fait Tanaëth m’avait suffi à m’en convaincre. Elle sourit sereinement à ma réponse, sa voix devenant plus douce, comme pour m’apaiser.

- Le destin est écrit, ce qui doit advenir adviendra. Le passé tisse le présent, comment espérer la paix alors qu'elle n'a jamais existé entre nos peuples?

Si elle pouvait savoir comment je l’envoyai se faire foutre, le destin. A quoi cela servait de vivre si tout était déjà tracé ?

- Je refuse de croire qu'on ne peut rien faire. Quand j'ai dit vouloir aider votre peuple, j'étais sincère et je le suis toujours, je veux juste que vous la sachiez. Et je ne vais pas abandonner.

Mais elle ne semblait pas penser une seule seconde que cela fonctionnerait et je soupirai.

- Même vous, vous pensez qu'il n'y a aucune autre solution alors ?

- Sais-tu ce que j'avais l'intention de faire lorsque j'ai rencontré Tanaëth? Je voulais voler un appareil volant aux Sindeldi. Avec, nous aurions pu partir pour une autre terre, trouver notre place peut-être. Mais c'était un piège et l'Elfe de Lune a empêché que nous nous fassions tous massacrer. C'était la seule solution que j'aie jamais trouvée.

Je ne pus m’empêcher de la regarder avec surprise. Je n’avais pas entendu parler de ça, mais ce n’était pas étonnant venant de Tanaëth , mais savoir que les Sindeldi étaient prêts à aller jusque-là pour massacrer les Eruïons était angoissant. Mais les Aynores n’étaient pas le seul moyen qui pouvait les sortir de là !

- Je vois... Et... Mais les Sindeldi ne sont pas le seuls maîtres du Naora, il y a d'autres iles, avec des bateaux vous pourriez trouver un endroit, non ? Loin du désert.

- Si ce que l'on m'a dit est vrai, les Sindeldi sont sur toutes les îles, du moins celles assez vastes pour accueillir des milliers d'Eruïons. Ici nous pouvons nous cacher, et le désert n'épargne pas ceux qui ne le connaissent pas.

A croire que la seule solution était vraiment cette fichue guerre ouverte…

- Je me sens ridicule à essayer de régler un conflit de cette envergure... Avez-vous une chance au moins ? Honnêtement ?

Le doute que je pus lire sur son visage ne me rassura pas une seule seconde, cela ne fit qu’empirer mon pressentiment sur ce conflit. Et sa réponse, donnée à mi-voix, n’arrangea rien.

- Je ne sais pas. Mahal le pense et elle ne nous a jamais donné de raison de douter d'elle, ses décisions sont toujours mûrement réfléchies et ont immuablement pour but le bien des siens.

- Je vois... J'espère qu'elle sait ce qu'elle fait...

Elle aussi l’espérait, mais j’avais comme un doute. Elle semblait si sûre d’elle, si pleine de confiance que les siens allaient la suivre, mais la volonté seule ne suffisait pas toujours, j’en savais quelque chose. Il fallait que je trouve une solution.

- Et... pour vous retrouver ? Mahal pense que je ne vais pas réussir ou que je vais donner l'information à la commandante, c'est ça ?

- Mahal est prudente, et elle ne te connaît pas. Et cette commandante... nous avons toutes les raisons de nous en méfier. Qui te dit qu'elle ne t'obligera pas à lui révéler ce que tu sais si elle pense que c'est crucial pour les siens?

- Oui… ça se tient. Il n'y a rien que je puisse faire alors ?

Le silence qui suivit fut ma seule réponse pendant un long instant, mais elle finit par confirmer ce que je redoutais.

- Il n'y a que Mahal qui sait où nous irons exactement en partant d'ici. Tout ce que je sais, c'est que nous irons au nord et que lorsque nous serons arrivés, nous trouver sera aisé car nous partirons en guerre.

- Elle n'a jamais eu l'intention de me laisser une chance... Tant pis, je ne vais pas revenir sur ma décision et je me débrouillerais.

- Si tu parvenais à convaincre les Sindeldi de nous laisser en paix et de quoi vivre, elle t'écouterait. Mais je vais être franche avec toi : moi-même je n'y crois pas. Il faudrait beaucoup de temps, et tu n'en as pas. Déjà...quelque chose est en mouvement, comme une énorme pierre qui roule en bas d'une montagne et que rien ne peut arrêter, ou presque.

- La commandante me traitait de vermine il y a un mois, maintenant elle me sourit et est amicale. J'essaierais, c'est tout.

Cela lui tira un petit rire que je rejoignis lorsqu’elle parla de Tanëth.

- Notre ami l'Elfe de Lune est très persuasif quand il a quelque chose en tête.

- Je ne vais pas dire le contraire, il ne lâche pas le morceau.

Nous eûmes un léger sourire de connivence, puis je m’informai sur la façon de quitter cet endroit pour rentrer. J’avais bien compris que Mahal n’allait rien faire pour m’aider, alors je ne pouvais compter que sur moi-même.

- Pour repartir, c'est quelle direction ?

- Longe l'Akuynra vers le sud, jusqu'à ce qu'il laisse place au désert, puis marche toujours à l'est, jusqu'à la mer. Mais ce n'est pas raisonnable, tu le sais?

Je me contentai de hausser les épaules à sa question. Comme si je ne le savais pas déjà. J’avais failli mourir dans un désert que j’avais stupidement cru pouvoir bravé seule. Mais les enjeux n’était pas les mêmes. Et je n’étais plus la même. Et pourtant…

- Est-ce que j'ai un autre choix ?

- Il y a toujours plusieurs choix. Certains mènent à la mort, le Dragomélyn n'est pas un endroit pour une jeune fille qui n'en connaît pas les dangers.

Plusieurs choix oui… Cela semblait si facile en l’écoutant, mais ça ne l’était pas, elle n’était pas dans ma situation, elle n’était pas tiraillée entre les deux camps. Je commençais à ne plus savoir quoi faire

- Et que suis-je supposée faire d'autre ? J'ai décidé de partir pour essayer de trouver une solution, je ne reviendrais pas là-dessus.

(Et c’est toi qui dis que Tanaëth ne lâche pas le morceau…)

Je l’ignorai tandis que Seraya faisait un geste fataliste de la main.

- Ce n'est pas à moi de te dire que faire de ta vie. Mais écoute cependant mon conseil : mourir pour quelque chose en quoi l'on croit n'est rien, mais mourir pour rien ne sert jamais aucune cause.

Elle semblait tellement persuadée que je sortirai jamais vivante de ce désert qu’un léger frisson me parcouru l’échine. J’étais subitement bien moins sûr de moi.

- Je vois... je vais y réfléchir...

Elle inclina doucement le visage ne souriant avant de s’éloigner, me laissant là, avec mes doutes. Mahal s’était gentiment fichue de moi et je m’étais complètement fait avoir. Partir c’était l’assurance de mourir selon Seraya, et rester ça voulait dire admettre que je ne pouvais simplement rien faire. Tout ça me prenait la tête.

(Calme-toi Yliria. Va rejoindre Astérie, détends toi un peu, repose toi et réfléchis, repense à tout ça et tu trouveras une solution, d’accord ?)

(D’accord… Tu penses que...)

(Plus tard Yliria. Tu n’es pas dans le bon état d’esprit pour cette conversation.)

Je soupirai avant de me secouer. Je devais me calmer, elle avait raison. Demandant rapidement mon chemin, je descendis en direction de la fameuse chute d’eau. Un peu de fraîcheur et de calme me ferait le plus grand bien.


Suite >>

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » sam. 9 nov. 2019 00:06

<< Auparavant


Descendant lentement le chemin menant dans les sous-sols de la terre, je demandai à un Eruïon si il avait aperçu Astérie. Me regardant d’un air étonné, une curiosité à peine voilée sur e visage, il m’indiqua qu’il avait vu la jeune femme descendre jusqu’à la rivière avec son silnogure, mais n’avait pas suivie la demoiselle. Je le remerciai d’un sourire avant de descendre. Chaque pas rendait l’atmosphère plus fraîche, le décor changeait radicalement ici, passant du sable du désert et des roches rougeâtres à des plantes d’un vert émeraude qui contrastait avec la monotonie des couleurs sablées. J’eus presque l’impression d’être soudainement ailleurs en contemplant tout ça. Arrivée en bas, je tombais sur une rivière souterraine dont je suivis le faible courant. Les cris et les rires attirèrent mon regard tandis que je dépassai une vasque où de jeunes Eruïons s’amusaient. Sans savoir pourquoi, je ralentis le pas pour les observer un instant, restant à distance pour ne pas les déranger. Les voir s’amuser de cette façon, totalement insouciant, ça m’impacta bien plus que je n’aurai pu le croire te je sentis ma poitrine se serrer doucement. L’un d’eux me repéra et des têtes curieuses se tournèrent vers moi. Je me contentai de sourire faiblement avant de hâter le pas tandis que je sentais leurs regards sur moi. C’était gênant.

(Mets-toi à leur place. Ils n’ont jamais vu d’autres sortes d’elfes que les Sindeldi ou leur peuple et toi tu es une étrangère, jeune et armée. Forcément, ils sont curieux.)

(Oui, oui, je sais….)

(Un jour il va vraiment falloir que tu soignes cette timidité maladive dès que des inconnus te regardent.)

(Tu dis ça comme si je le faisais exprès…)

(Des fois je me demande. C’est tout ou rien avec toi. Soit tu t’emportes sans retenue, soit tu fais la petite souris timide qui peut pas aligner deux mots sans bafouiller et qui évite le regard des gens.)

(Oui, et bah… zut ! Voilà ! Je fais ce que je veux.)

(Très mature…)

Son ricanement m’arracha un soupir exaspéré tandis que je parvenais à une nouvelle vasque, déserte, à l’exception d’Astérie qui, trempée dans une chainse qui ne laissait guère de place à l’imagination, jouait avec son Silnogure qui semblait apprécier le traitement. Elle semblait insouciante tandis qu’elle s’amusait et, sans même y faire attention, un léger sourire flotta sur mes lèvres tandis que j’approchai, en enlevant mes bottes avant de tremper mes pieds dans l’eau, frissonnant face à la différence de température. A peine quelques secondes plus tard, je me retrouvai trempée face à une Astérie hilare, complètement prise au dépourvue par son geste soudain, la regardant hébétée alors qu’elle recommençait à m’arroser. Je me relevai et, puisque j’étais de toute façon déjà mouillée et qu’un peu de fraîcheur me ferait le plus grand bien, j’entrepris de me déshabiller derrière un rocher, levant la main pour répondre à Astérie que me hélait pour que je vienne la rejoindre. Je ne portai pas le genre de chainse qu’elle avait, n’appréciant guère la double couche de vêtement, aussi je me servis du tissu mauve récupéré dans le temple en l’enroulant autour de ma taille. J’avais le haut du corps exposé, mais je doutais que cela attire un quelconque regard, honnêtement, et Astérie était une femme, ça ne me gênait pas vraiment.

(Qui te dis qu’elle n’aime pas les femmes ?)

(Ce… c’est pas pareil !)

Je sortis de derrière le rocher, me hâtant de m’enfoncer dans l’eau claire de la rivière en poussant un soupir d’aise, rendant la pareille à Astérie avec un sourire moqueur juste avant qu’elle ne plonge la tête dans l’eau avant de la ressortir en m’arrosant tandis qu’elle secouait la tête. JE supportais l’arrosage intempestif en riant, voyant son Silnogure arrivé en sautillant pour participer au bain général. Mon sourire se fana quelque peu alors que je jouais avec lui, lorsque Astérie demanda si je partais. Je me rendis compte que je ne l’avais pas consulté et que, avec ce que Seraya m’avait dit, je n’en était plus si sûr, mais j’essayais de ne pas le montrer, j’avais besoin d’y réfléchir.

- Semblerait... pas que j'ai vraiment le choix de toute façon. Je suis désolée, l'idée m'est venue d'u coup, j'ai pas eu le temps de t'en parler avant.

Elle ne semblait pas vraiment m’en vouloir, ce qui me soulagea un peu. Je l’avais mise au pied du mur sans vraiment le vouloir, l’idée qu’elle puisse être énervée à ce propos n’était pas idiote, mais visiblement, elle ne m’en tenait pas rigueur. La question concernant la réaction de Sylenn me fit afficher un petit sourire, mi-gêné, mi amusé. Quant à savoir si elle fut vraiment celle que les Eruïons décrivaient…

- Comment elle va réagir ? Je sens que je vais passer un sale moment en revenant. Et je sais qu'elle les a combattus pendant longtemps, mais pas plus, donc je ne saurai dire...

Soupirant, je m’enfonçai dans l’eau jusqu’à ce qu’elle me frôle le menton. C’était si paisible quand on était ainsi, tout semblait plus calme et simple.

- Tout ça me dépasse, honnêtement.

Je la vis grimacer et lui offris un faible sourire en retour. Sa question me fit hausser un sourcil. Celui qui aurait fait changer Sylënn d’avis ? Elle devait parler de Tanaëth.

- L'elfe... ah ! J'imagine... en fait j'en sais trop rien, je ne la connaissais pas il y a un mois de cela et notre rencontre a été... houleuse, au mieux ? J'ai été surpris de sa bienveillance à mon égard lors de la réunion, honnêtement. Donc j'imagine que oui, Tanaëth, l'elfe dont on parlait, y est pour quelque chose. C'est pour ça que j'ai eu cette idée, elle semble avoir changé.

Je me demandai bien ce qui avait bien pu la transformer à ce point, mais le ricanement d’Alyah dans mon esprit me dissuada d’essayer d’en apprendre plus… Astérie essaya d’en savoir plus sur lui, s’il avait combattu les Eruïons ou s’il était plus ouvert depuis toujours.

- Aucune idée. Comme pour sa femme, je l'ai rencontré en arrivant au Naora, il y a un peu plus d'un mois. Je ne connais pas vraiment leurs passés. J'imagine qu'il est plus ouvert depuis bien longtemps, sinon nous n'aurions pas cette conversation.

Le fait que notre rencontre aurait pu finir avec ma mort à cause d’un concours de circonstances relativement fâcheux et une boule de feu imprudemment envoyée fut passé sous silence. Cela resterait entre nous avec pour seul témoin la fine cicatrice qui restait sur mon bras.

- Mais tu le connais mieux lui qu'elle, n'est-ce pas ? Qui est-ce ? Tu as l'air d'avoir pour lui un respect immense. Pourquoi ?

- Il s'appelle Tanaëth Ithil et c'est l'un des trois chefs de l'Opale dont je fais partie.

Quant à savoir pourquoi je le respectais. Trop de raisons à vrai dire, mais j’essayai de rendre ça clair sans partir dans un long monologue.

- Parce qu'il essaie vraiment d'ouvrir les yeux de son peuple et d'aider ceux qui en ont besoin. Parce qu'il a été jusqu'à risquer sa position pour m'accueillir chez lui alors que n'importe quel Sindel m'aurait tué. Et parce qu'il m'a sauvé la vie, comme j'ai sauvé la sienne.

Ce dont j’étais assez fière, honnêtement, autant parce que j’avais agi selon mes principes que parce qu’il me considérait comme une sœur grâce à ça. La réponse d’Astérie me fait tristement sourire, parce que je comprends ce qu’elle dit. Perde un être aimé sans rien pouvoir faire alors qu’on sauve un presque inconnu…

- Je comprends parfaitement ce sentiment...

Alors qu’elle remonte sur le rebord de la vasque et qu’elle s’y assoit, elle demande si on se reverra.

- Je n'en sais rien... Je n'ai pas envie de prendre part à ce conflit mais... s'il éclate et que je dois me battre, je protégerai ce en quoi je crois, c'est tout. Alors un camp, je ne suis pas certaine d'en avoir un dans tout ce merdier.

- Alors, nous créerons le nôtre. Celui de la paix.

Une belle idée…

- J'avais l'impression d'être une idiote à penser ça, face à Mahal... Et toi, que vas-tu faire ? Tu vas essayer d'en savoir plus ?

Elle confirma, rapprochant les Eruïons des Silnogures qu’elle avait sauvés… la comparaison me parut un peu étrange mais soit. Elle ferait ce pourquoi nous avions été envoyé, à savoir découvrir ce qu’il se passait vraiment, tout en les aidant. Chose que j’avais un peu perdu de vue.

- Oui... je me suis un peu emballée avec cette histoire de guerre, j'ai perdu de vue la mission confiée par Sylenn... enfin, je n'ai pas vraiment besoin d'une raison de plus pour qu'elle me botte les fesses, vu ce que je vais lui demander... Tu feras attention, pas vrai ?

Elle promit, et je fis de même lorsqu’elle me demanda la même chose. Elle me sourit avant de s’immerger une dernière fois avant de quitter la vasque. Je la regardai s’éloigner, son silnogure sur les talons et restai encore un peu dans la fraîcheur de la rivière. J’allais devoir prendre une décision… et vite.


Suite >>

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Yliria » sam. 9 nov. 2019 00:12

<< Auparavant


Après avoir pataugé encore quelques instants dans l’eau, je sortis à mon tour, retrouvant une chaleur plus importante qui me permit de rapidement me sécher et me rhabiller. Etouffant sans grand succès un bâillement, je trouvais un endroit un peu à l’écart dans l’idée d’avoir enfin un vrai repos. Le léger bruit de l’eau qui ondulait aurait dû m’aider, mais rien à faire, trop de pensées tournaient dans ma tête et impossible de fermer l’œil malgré la fatigue. Je m’étais mise dans la panade toute seule et ne savait simplement pas comment m’en sortir. Traverser seule le désert pour avoir une maigre chance de convaincre Sylënn sans pour autant pouvoir rejoindre les Eruïons, ou rester ici, sans savoir ce qui allait se passer, sans plan d’action avec pour seul espoir de parvenir à trouver une solution avant le début du conflit armé sans même savoir si on allait m’écouter… dans les deux cas j’avais l’impression de faire face à un mur où j’irais immanquablement m’encastrer. A croire que tout cela ne servait à rien et que j’aurai beau me démener, seule la guerre résoudrait le problème, en fauchant des milliers de vies au passage. J’avais envie de retourner à Nessima, de prendre Nyllyn sous le bras et de quitter cet archipel de malheur, mais comment faire face à qui que ce soit près… ou me faire face à moi-même. Ce n’était pas mon genre de laisser tomber, mais tout cela me paraissait tellement complexe et impossible à arrêter que je me demandais si lutter avait un quelconque intérêt, si c’était simplement pour voir cette guerre avoir lieu malgré tout.

Rester ? Partir ? ça aurait dû être simple comme choix, non ? Alors pourquoi je me prenais autant la tête ? Incertitude et manque d’information jouaient dans la balance, mais pas seulement. Je ne savais pas ce qui allait advenir et, si vraiment la guerre se déclarait, qu’allais-je faire ? Me battre dans l’un des deux camps ? Rester neutre ou me battre contre tout le monde pour leur faire arrêter cette folie ? Rien de tout ça n’était véritablement envisageable, la seule chose que je voulais faire c’était arrêter tout ça.

(Tu te focalises sur le mauvais point Yliria. Qu’est-ce qui te motive à empêcher cette guerre ?)

(L’Opale a…)

(Non ! Oublie l’Opale une seconde, qu’est-ce qui te motive, toi ?! Pourquoi est-ce que tu veux éviter un conflit qui ne te concerne pas ? Pourquoi est-ce que tu risquerais ta vie pour cette raison.)

(Parce que des milliers de gens vont mourir !)

(Tu ne les connais pas, tu ne leur dois rien, ce n’est pas ça. Ces gens n’ont rien à faire de toi. Sindeldi ou Eruïons, tu es une étrangère et ils se fichent de ton sort, et tu le sais.)

(Et alors ? Je ne fais pas ça pour la reconnaissance, je… je veux juste… je veux, j’en sais rien !)

(Si, si tu sais, mais tu trouves ça égoïste et tu te caches derrière de nobles idéaux alors que c’est une raison parfaitement suffisante.)

(De quoi donc ? D’avoir peur ? C’est ça que tu veux entendre ? Que j’ai peur de voir cette guerre, que j’ai peur que ceux que j’aime y laissent la vie et de finir à nouveau toute seule, que j’ai peur de devoir y participer malgré moi alors que je ne veux pas ? Je peux pas…)

(Si, tu peux. Tu en as le droit. Merde, Yliria, tu n’es qu’une enfant ! Tu as le droit d’avoir peur, tu as le droit de vouloir être entourée et protégée et tu as le droit d’être égoïste de temps en temps ! Je sais que beaucoup ont tendance à l’oublier, mais merde, tu es jeune et tu as été exposée à beaucoup trop de chose que la plupart des adultes ne pourraient pas supporter. Alors pour une fois, choisis la facilité et l’égoïsme au lieu de penser aux autres. Reste avec eux, reste avec Astérie, profite de la sécurité, même relative, qu’ils offrent plutôt que de vouloir traverser seule ce foutu désert alors que tu sais à quel point c’est dangereux. Tu ne sais pas quoi faire ? Et bien ne fais rien, suis les, apprends, réfléchis et trouve une solution après et si c’est la fuite qui prévaut, et bien fuis et si tu veux te battre, bats toi !)

(Mais T…)

(Tu t’en fous ! C’est de ta vie dont on parle ! Arrête de vouloir l’approbation des autres Yliria. Suis un peu cette doctrine si chère à l’Opale à laquelle tu es si attachée et agis en conséquence. SI tu agis pour les autres en toute connaissance de cause, tant mieux, mais si tu agis pour toi, personne ne t’en voudra dans une telle situation. Ni Tanaëth, ni Nyllyn, ni personne. Et certainement pas moi.)

(Mais je ne peux pas ! Je ne veux pas de cette guerre, je ne veux pas qu’ils s’entretuent et je ne veux pas que les enfants que j’ai vu vivent la même chose que moi, je… je m’identifie à travers eux, à travers leurs problèmes, tout comme j’ai eu la même sensation en traversant les quartiers pauvres de Nessima… Je ne veux simplement pas qu’ils vivent ce que moi j’ai vécu.)

(Ils ne sont pas toi…)

(Je sais… et je vais faire en sorte qu’ils ne s’en approchent pas, pas même un peu.)

(Que vas-tu faire alors ?)

(Les aider, les suivre…. Et arrêter cette foutue guerre, peu importe comment.)

(Je préfère ça !)

(Mais rien n’a changé !)

(Si, tu as ta raison propre d’agir. Et tu trouveras, laisse toi un peu de temps. Les Eruïons ne vont pas se jeter à l’assaut des Sindeldi dans l’immédiat, ils doivent se rassembler et rien que ça leur prendra du temps. Donc ne perd pas espoir, d’accord ?)

J’inspirai profondément en acquiesçant silencieusement. Comme toujours, Alyah me bottait les fesses au bon moment, mais, si j’avais toujours quelques doutes, au moins j’étais fixé, en quelque sorte. La question était de savoir si Mahal allait accepter que je reste, finalement. Rien n’était moins sûr. Et à force de cogiter, je ne fermai pas l’œil de toute la nuit. Je ne pensais pas que j’étais à ce point hésitante, mais en voyant Astérie me rejoindre, visiblement bien plus frâiche qu’avant, ce fait me sauta aux yeux. Combien d’heures avais-je passé à réfléchir ou parler avec Alyah ? Elle me sortit de ma rêverie en me demandant quand je partais, ajoutant, amusée, qu’elle n’allait pas partir sans un au revoir. Cela me fit sourire malgré la fatigue et je réfutais finalement.

- J'ai réfléchi... au lieu de dormir, et je vais rester finalement. Vu ce que Seraya m'a dit... et traverser seule le désert me paraît trop dangereux. Je ne ferai pas cette erreur une seconde fois. Donc pas de au revoir, tu m'auras encore sur le dos.

Cela l’étonna, ce qui n’avait rien de surprenant en soit, j’avais bien dit ue je partais pour finalement rester. Une vraie girouette. Je racontais brièvement ce que Seraya m’avait dit, ajoutant que je n’étais pas sûre de moi, Mahal pouvant parfaitement refuser, ce qui, selon elle, serait étrange puisque Seraya avait essayé de me convaincre de rester et ej me contentai de hausser les épaules, peu convaincue.

- J'en sais rien, j'irai la voir tout a l'heure. De toute façon ça m'ennuyait de te laisser en plan, donc d'un côté, ça me va aussi

- Oui. Moi aussi je suis contente que tu restes. ça sera plus... simple de créer notre propre camp, si nous sommes ensembles.

Nous échangeâmes un sourire avant que je ne lui réponde sans m'en départir.

- Contre nous deux, ils n'ont aucune chance.

Cela eut le don de la faire ricaner tandis que j’étouffais un bâillement et m’excusai avant d’enchaîner.

- J'espère juste qu'ils ne vont pas aussitôt partir se battre.

Elle posa une main sur mon épaule et me dis la même chose qu’Alyah à ce sujet : il devait se regrouper et cela prendrai du temps. Elle me conseilla de me reposer et j’acquiesçais, lui proposant une nouvelle baignade quand elle le voulait, ce qu’elle accepta avec joie avant de repartir, me faisant signe pour que je dorme. Ce que je fis, presque instantanément. Ou en tout cas j’en eux l’impression. Le réveil fut long d’ailleurs, j’avais l’esprit trop embrumé après ce qui ressemblait à une journée entière de repos. Je plongeai le visage dans la rivière, me revigorant un peu. Je mangeais quelques rations de viande séchée, remarquant que j’avais faim et ne sachant pas si les Eruïons avaient quoi que ce soit de disponible pour moi. Je me mis ensuite en quête de Mahal… et ce fut un parcours du combattant de la trouver. Je demandais à une demi-douzaine d’Eruïons qui m’indiquaient à chaque fois un endroit sans qu’elle y soit et je m’y un temps fou à enfin la trouver, une des deux gardes du corps de Seraya me montrant le chemin jusqu’à une salle où elle était seule, face à une armure plus noire que le charbon. Je remerciai silencieusement l’Eruïonne avant d’avancer vers la matriarche, gardant mes distances pour ne pas déranger ce que je pensais être une méditation ou une réflexion intérieure, mais elle se tourna vers moi, m’épargnant cette peine. Elle ne prononça pas un mot, attendant visiblement que je prenne la parole pour expliquer ma présence ici.

- Bonjour Dame Mahal... je voulais pas vous déranger au milieu de quelque chose, mais j'aurai aimé vous parler. Et je tenais à m'excuser pour mon comportement hier je... enfin j'ai tendance à un peu trop m'emporter quand ça me tient à cœur et si je vous ai manqué de respect, je m'en excuse, ce n'était pas mon intention.

Son haussement d’épaules et son léger sourire me surprirent, encore plus qu’elle décida que cela n’était pas un problème et qu’elle appréciait que je parle aussi franchement. Cela me soulagea d’un poids et je lui demandais donc la permission de rester, arguant que la nuit m’avait permis de réfléchir et que je souhaitais finalement les accompagner. Elle sembla surprise par mon revirement, mais fut indulgente.

- Tu peux nous accompagner si tu veux. Je ne crois pas que les Sindeldi auraient été prêts à négocier, leurs chefs veulent la guerre, tu aurais perdu ton temps.

- Je vous remercie. Et vous avez peut-être raison, mais j'aurai juste voulu arranger tout ça, même un peu. Je n'abandonne pas encore, mais je vous aiderai.

J’avais fait mon choix. Elle resta songeuse un pett moment avant de reprendre.

- Les choses s'arrangeront pour nous avant longtemps. Ne crois pas que je désire cette guerre, mais nous n'avons plus vraiment le choix.

- Je m'en rends compte. Il m'a fallu un peu de temps pour l'admettre... Si jamais vous avez besoin de moi, je serai là, je tenais juste à ce que vous le sachiez.

- Ainsi soit-il. Dans deux jours nous partirons affronter notre destin, sois prête.

- Je le serai !

Voyant que la courte entrevue était terminée, j’inclinai la tête avant de sortir de la salle. Les deux jours suivants furent aussi longs que courts. Je profitai de chaque moment de calme pour me reposer, récupérer des cinq jours précédents et explorer un peu l'endroit, profitant des décors nouveaux et de l'étonnante convivialité des habitants. Je barbotai encore un peu avec Astérie et son Silnogure, appréciant les moments de détente et d’insouciance qui en résultait. C’était agréable et quelque peu nouveau. Je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de ce genre de chose, même avec Nyllyn. Alyah pensait que c’était parce que la vie à Gwadh m’avait privé d’enfance, trop occupée à me cacher et à survivre pour penser à m’amuser ou me faire des amis, ne comptant que sur Père pour être heureuse. Un moyen de rattraper le temps perdu, en quelque sorte. Au final, je ne fis pas grand-chose de ses deux jours et, lorsque le départ approcha, je m’équipai, inspirant profondément. Je ne pourrais sans doute pas faire demi-tour. Mon paquetage sur le dos et les idées claires, j’attendis que Mahal n’annonce le départ. Je savais déjà que la suite allait être éprouvante et avait prévu de l’eau en conséquence. Mais le désert de Sarnissa recelait probablement plus que simplement de la chaleur et des dunes. J’allais devoir être vigilante, bien plus qu’avant.


Suite>>

Avatar du membre
Asterie
Messages : 19
Enregistré le : dim. 18 août 2019 23:20

Re: La Caverne de l'Eau Vive (désert de Sarnissa)

Message par Asterie » sam. 9 nov. 2019 10:57

Une fois encore, la Matriarche Mahal attend patiemment que nous ayons fini de parler pour prendre la parole à son tour. Et elle me surprend en acceptant la proposition d’Yliria de contacter celle qui fut jusqu’alors une ennemie. Elle lui accorde une lune pour ce faire, un ultimatum malvenu qui se finit en menace directe me crispant la mâchoire. La crispation ne lâche pas lorsqu’elle s’adresse ensuite à moi, précisant n’avoir rien à me prouver, arguant également que je serai parmi eux en femme libre si je souhaite les accompagner, le départ se faisant dans trois jours. Je ne peux qu’acquiescer à son propos, accord tacite passé entre nous. Je serai prête dans trois jours, sans l’ombre d’un doute. Et avec eux, je découvrirai tôt ou tard ce fichu secret qu’elle tend à dissimuler. Mahal conclut la discussion par une note plus… humaine. Elle précise n’avoir d’autorité que sur sa tribu. Admet-elle être embarquée dans quelque chose la dépassant un peu ? Ce n’est qu’une faible ouverture, mais que je compte exploiter, plus tard. Elle nous licencie ensuite, appelant à ses devoirs pour rompre la conversation. Après un bref regard échangé avec Yliria, je la laisse rejoindre une elfe de sa connaissance tout en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de mon côté pendant trois jours. Me reposer, sans nul doute, mais avant tout, aller me baigner, car Daelyrn me rappelle à lui en paillant à mon côté.

Je me dirige donc vers le vieux Jabahl, non loin, pour lui demander d’un ton nonchalant :

« Vous n'aviez pas parlé d'endroit où nous baigner ? »

Le vieil Eruïon opine du chef silencieusement en me demandant de le suivre, m’emmenant à sa suite dans un couloir nous faisant quitter la grotte où nous nous trouvons. Une fois à l’écart, il me vient l’idée de le cuisiner un peu sur tout ça, en sa qualité d’aîné de la tribu.

« Vous, qu'est-ce que vous pensez de tout ça ? »

Le regard qu’il me lance alors est curieux. J’y lis de la lassitude, mêlée peut-être à une touche accusatrice. Haussant les épaules, il répond néanmoins, blasé, que rien ne change : ils obéissent à Mahal et lui font confiance. Une réponse laconique qui m’arrache à mon tour un regard un peu vide.

« Vous ne savez donc rien de ce qui se passe, n'est-ce pas ? »

Il m’en donne l’impression, en tout cas. Un sourire apparait sur son visage parcheminé lorsqu’il rétorque qu’il sait ce qu’il doit savoir, lui qui entend parler de guerre depuis ses jeunes années, sans qu’aucun changement ait eu lieu. Prophétise-t-il un maintien du statu quo de cette guerre froide, ou accorde-t-il un crédit aveugle à Mahal ? Je réponds un peu précipitamment, souriante :

« Et ici, la paix a l’air plaisante. »

Et aussitôt, l’impression d’avoir commis une gaffe en disant ça me prend, et je rougis, gênée de l’embarras que j’ai pu causer. Comme pour me rattraper, je poursuis rapidement :

« J'aimerais pouvoir lui prêter la confiance que vous lui faites. C'est merveilleux. Mais... d'un point de vue extérieur, ses décisions semblent extrêmes et tellement risquées pour vous... Le changement, à tout prix, est-ce vraiment ce que vous souhaitez, tous ? »

Après une précision sur la sacralité de l’endroit que j’ignore comment prendre, il répond avec assurance que tous veulent ici le changement, au vu de leurs conditions de vie précaires. Une réponse un peu facile, qu’il enrichit cependant de deux autres commentaires : Mahal le voudrait plus que les autres. Un début d’indice qu’il efface cependant directement en précisant qu’il la connait bien, depuis sa naissance, et qu’elle n’a jamais pris de décisions irréfléchies. Je fais la moue : irréfléchie, peut-être pas, mais judicieuses ? Je pince les lèvres comme pour m’empêcher de le lui rétorquer, concevant l’impertinence de la question. Puis, je le questionne à nouveau :

« Pourquoi est-elle à la tête de votre clan ? Ne voyez pas de jugement dans ma question : j’ignore tout de vos usages. »

Et voilà que je me sens forcée d’user de pincettes pour lui parler, justifiant d’excuses mes questions. Il y répond cependant sans prendre ombrage, précisant les vertus guerrières de Mahal et narrant une ancienne offense de leur précédente matriarche envers celle-ci, qu’elle aurait tuée pour prendre sa place afin de se faire justice elle-même. Des pratiques… un peu barbares s’il en est. Je reste un instant stupéfaite de cette inattendue réponse, laissant ensuite parler ma curiosité :

« Et nul ne l'a jamais défiée, elle, malgré des décisions si dures ? »

Il rétorque, laconique, que la tribu est plus forte depuis son accession à sa tête. Plus de nourriture, plus d’enfants, grâce à la dureté de sa politique interne. Je hoche la tête en réponse.

« Alors je défendrai avec vous cet idéal. En espérant que ça vous amène la vie, et pas la mort. »

Et là où je ne pensais pas faire d’impair en disant cela, il me prouve mon tort en précisant qu’il ne s’agit guère d’un idéal, pour eux qui étaient autrefois un peuple glorieux nanti de grandes cités productives, avant l’arrivée des sindeldi. Il me parle de la mort comme d’une délivrance, qu’ils ne craignent pas, sans la chercher pour autant. Il conclut par une phrase un peu plus prophétique, arguant que de toute façon tout est écrit. Je souris, puis hausse les épaules, voyant un curieux rapprochement poindre.

« Vous êtes... un peu plus humains que les autres elfes. Plus... mortels. Mais non, je ne suis pas capable de vous comprendre. Pas totalement. Je n'ai pas votre vécu, et je ne pourrai jamais l'avoir totalement. Mais chez nous, les humains, les idéaux ne sont jamais des buts à très long terme. Ce sont des objectifs visant au mieux. Donc oui, c'est comme ça que je vois un idéal, pour un peuple : aller vers un mieux. Retrouver ce qui existait il y a plusieurs générations... c'est du rêve. On peut rêver, mais on sait qu'on ne le vivra pas. »

Mais la solennité de mes mots me rattrape, et je trébuche sur un petit caillou, manquant de m’étaler au sol ridiculement. Je parviens à me rattraper in extremis, lui arrachant l’espace d’une seconde une mine inquiète, alors qu’il répond qu’il n’est qu’un vieux guerriers et que les mâles ne décident pas, chez eux. Ni ne sont même au courant des projets de la matriarche. Ce faisant, il répond finalement à ma première question concernant son savoir de la situation. C’est bien ce qu’il me semblait. Je tente de reprendre moi-même contenance en lui décochant un sourire.

« Je vous le souhaite de tout mon cœur. Je vous y aiderai, même, à la hauteur de mes moyens. »

Il s’incline légèrement, comme pour me remercier, et nous reprenons notre route vers un long escalier qui descend dans les profondeurs de l’abri jusqu’à une rivière souterraine marquée de plusieurs bains vastes, plus ou moins cernés de tentures visant à protéger la pudeur des baigneurs. Plusieurs des membres du clans sont ici, se baignant joyeusement ou puisant de l’eau. Le vieillard m’indique une vasuqe, précisant que je peux m’y baigner. Je le remercie d’un signe de tête et le laisse partir à ses occupations pendant que je m’approche de la vasque, jetant un coup d’œil autour de moi afin d’assurer n’être pas épiée. Je me débarrasse de toutes mes possessions, ne laissant qu’une chainse de lin écru sur ma peau, descendant jusqu’à mi-cuisse. Ainsi vêtue, je me dirige vers la vasque pour m’y immerger avec délice, alors que de son côté, Daelyrn est déjà en train d’y patauger joyeusement, remuant l’eau dans tous les sens sans faire attention au fait de copieusement m’éclabousser.

Je réagis aussitôt, me jetant sur lui pour le pousser dans l’eau, et nous jouons ainsi plusieurs minutes, mon âme d’enfant retrouvée à coups d’éclaboussures et de rires joyeux. Décompresser, profiter de cet instant de complicité… C’est à cet instant qu’Yliria choisit d’intervenir, elle aussi venue se baigner, sans doute. Sans un mot, elle approche du bassin et s’assied en bordure de celui-ci, trempant ses pieds dans l’eau. Ni d’une, ni de deux, restant dans mon esprit jouasse, je l’éclabousse généreusement, détrempant ses habits. Trempée, elle s’enfuit derrière un rocher, comme pour se cacher. Je la hèle :

« Allez, ramène-toi ! Comment peux-tu résister à tant d’eau après une telle traversée ?! »

Elle revient vite, changée, enroulée dans un tissu violet, et à peine arrivée, se charge de m’éclabousser en retour. Surprise par ce revirement, je cligne un instant des yeux, battant de la bouche comme un poisson, avant de m’immerger complètement dans le bassin, tête comprise, pour en ressortir aussitôt, usant de mon épaisse chevelure détrempée pour envoyer une nouvelle gerbe d’eau en compagnie de la petite, qui s’exclame en me demandant si je suis rafraichie, alors que Daelyrn se fait jouette avec la demi-elfe à son tour.

« Alors, tu vas partir ? »

Le sourire d’Yliria se fane un peu, la question est sensible, et je retrouve moi aussi aussitôt un brin de sérieux, alors qu’elle rétorque, peu sûre d’elle, que c’est dans ses projet. Elle s’excuse de n’avoir pas parlé de ce plan avant de le proposer à Mahal. Je hausse les épaules.

« Oh, c’est normal. On ne pouvait pas s'attendre à... ça. C'est un peu la galère hein ? Comment penses-tu que Sylënn va réagir ? Et d'ailleurs, est-elle l'ennemie coriace que cette Eruïonne décrivait ? »

Je balade la paume de mes mains sur l’eau ayant retrouvé son calme, comme une caresse sur la surface. La pyromancienne me rétorque qu’elle va sans doute passer un sale moment en allant la voir. Puis, s’immergeant jusqu’à la nuque, elle avoue savoir qu’elle a combattu longuement les eruïons par le passé, mais guère plus, ne la connaissant finalement que depuis peu. Je grimace un peu.

« C’est ton ami, l’elfe gris, qui l’a fait changer d’avis ? »

J’oublie son nom, tant et si bien que je parviens à me demander si elle me l’a déjà donné. Elle avoue n’en savoir pas trop sur ça non plus, imaginant seulement que ça puisse être le cas. Elle me rappelle son nom, Tanaëth, avec qui la rencontre aurait été houleuse, avant d’avoir été surprise de sa bienveillance par rapport aux autres sindeldi. Imitant la petite, je m’immerge jusqu’aux épaules et la questionne plus avant sur cet ami surprenant.

« Et lui, il les a combattus, aussi ? Ou il a toujours été... plus ouvert ? »

Là encore, elle avoue n’en rien savoir. Ne rien savoir sur leurs passés. Elle l’imagine toutefois plus ouvert, et depuis plus longtemps, qu’elle.

« Mais tu le connais mieux lui qu'elle, n'est-ce pas ? Qui est-ce ? Tu as l'air d'avoir pour lui un respect immense. Pourquoi ? »

Elle m’informe alors que le dénommé Tanaëth Ithil est le chef de l’Opale, ce groupe dont elle fait partie. L’un des trois chefs, en tout cas. Et son respect vient apparemment de son ouverture d’esprit, de ses actions concrètes pour faire changer les mœurs de son peuple dans le sens d’une ouverture. Par ce qu’il lui a sauvé la vie, et l’a accueillie chez lui en risquant tout. Ma mine se fait subitement un peu plus triste. Affligée par une pensée qui me transperce l’esprit avec la précision d’une incision douloureuse.

« Deux êtres se connaissant si peu, et qui se sauvent, là où je n'ai pas pu sauver celui qui m'étaient cher. Le monde revêt parfois un voile d'injustice que je ne parviens pas à comprendre. »

Je me hisse sur le bord du bassin, un peu éteinte tout à coup.

« Nous reverrons-nous, Yliria, après ton départ ? Et quand nous nous reverrons, serons-nous dans le même camp ? »

Après un sourire triste, elle m’avoue comprendre mon ressenti, puis précise qu’elle ne pourrait choisir de camp, sinon celui de ses propres idéaux, ce qui peut être contraire aux deux adversaires en présence.

« Alors nous créerons le nôtre : celui de la paix. »

Elle agrée, puis me questionne sur mes propres projets.

« Je vais rester avec eux. Leur sort me touche, ils me font un peu penser à ces silnogures en voie de disparition. Si je peux encore une fois participer à la sauvegarde d'une espèce, alors je le ferai. Mais oui. Je compte bien trouver ce secret si bien gardé. Et quand je saurai, aviser en fonction. Après tout... C'est pour ça que nous sommes là, non ? »

Elle avoue s’être un peu emballée avec toute cette histoire de guerre, oubliant la mission confiée par Sylënn. Je n’ai en rien voulu insinuer cela. Elle me demande de lui promettre de faire attention. J’opine du chef et rétorque :

« Et toi ? Promis ? »

Elle me renvoie ma promesse tacite. Je m’immerge une dernière fois intégralement avant de sortir du bassin, éprouvée par le trajet dans le désert. Je n’y ai que trop peu dormi, et il est temps pour moi de récupérer un peu d’énergie. Je me rends rapidement vers la zone que les Eruïons nous ont apprêtée pour nous reposer, et m’endors presque aussitôt, fourbue mais contente d’être arrivée.

Le lendemain, je vais vers Yliria à l’aube alors qu’elle somnole encore dans son couchage, sur lequel je pose mes fesses pour lui demander :

« Alors, quand pars-tu ? Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser aller sans te dire au revoir, hein ? »

Elle a l’air encore plus crevée que la veille, et me rétorque après avoir secoué la tête qu’elle a réfléchi au lieu de dormir, et qu’elle va finalement rester avec moi, avec les eruïons. J’écarquille les yeux, surprise. Elle annonce avoir parlé avec Seraya, une de ses connaissances du cru, et avoir pris conscience du danger de traverser seule le désert.

« Ah ? Ah bon ? Que vous êtes-vous donc dit avec Seraya pour que tu reviennes sur ta décision ? »

Elle lui aurait fait comprendre que Mahal n’avait aucunement l’intention de lui laisser la moindre chance, ne lui communiquant pas leur destination. Dans un sens, c’est prudent de la part de la matriarche : une réunion qui a l’air importante ne peut pas arriver aux oreilles de leur puissant ennemi. Yliria s’inquiète désormais de pouvoir rester après ce qu’elle a dit. Je fais la moue en répondant :

« Si vraiment elle ne souhaitait pas que tu t'en ailles, il n'y a pas de raison pour t'empêcher de rester. Si ? »

Elle précise qu’elle verra bien lorsqu’elle ira la trouver, plus tard, et avoue que ça l’ennuyait de me laisser en plan ici.

« Oui, moi aussi je suis contente que tu restes. ça sera plus... simple de créer notre propre camp, si nous sommes ensembles. »

Souriante, elle plaisante en affirmant qu’ils n’auront aucune chance contre nous deux. Ce commentaire m’arrache un petit ricanement, alors qu’elle avoue espérer un combat immédiat.

« Pas de suite. Ils doivent d'abord rejoindre les autres clans. Repose-toi, maintenant que ta décision est prise. On va toutes les deux avoir besoin d'énergie pour accomplir ce qui nous attend. »

Je la laisse se reposer, non sans lui promettre une autre partie de jeux aquatiques, plus tard. Nous n’avons pas grand-chose à faire en attendant le départ de la tribu, de toute façon. Les heures qui suivent sont lentes, nous laissant tout le loisir de nous reposer au mieux pour les épreuves à venir. Détente, repos et préparation pour le futur voyage dans l’enfer du désert naorien. Réserves d’eau et d’énergie, de nourriture sèche, la rare qu’ils aient pu nous fournir. Le jour du départ arrivé, je rejoins Yliria, et nous attendons que soit donné l’ordre de partir. Toute la tribu s’en ira-t-elle, ou juste les guerriers et combattants ? Sont-ils prêts à tous se sacrifier pour cet espoir fou de remporter une victoire contre les gris ?

Répondre

Retourner vers « Domaine de Charlùm »