Les Habitations

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Yuimen
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Les Habitations

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 11:47

Les habitations

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Les habitations de Lebher et des villages de la forêt sont composées essentiellement de chalets de bois. Il n'y a guère de différence entre celles des régions rurales et celles de la capitale du Royaume. Les habitations de Lebher même sont tout de même en général un peu plus spacieuses et mieux chauffées.

L'intérieur est modeste, le sol en bois, les mur en bois, les meubles en bois et comportent en général un poêle en métal. Tout est si simple, si modeste.

Vous serez en général le bienvenu dans toutes les maisons, même si vos hôtes resteront en général méfiants durant votre séjour, à moins que vous ne soyez un Elfe Bleu ou Blanc évidemment.

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Kymil
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Re: Les Habitations

Message par Kymil » lun. 23 déc. 2019 21:50

Dans les couloirs de la maison, leurs murmures incessants s’éloignèrent. Kymil regarda depuis la porte du séjour les excentriques vieilles femmes à la démarche saccadée passer la porte d’entrée, une moue dubitative sur son visage plat marqua la fin de son observation réflexive.
Une fille, encore. Ce fut l’annonce faite avec toute la certitude qu’une non-science pouvait avoir, mais aux oreilles de sa mère, ce fut l’annonce qui l’affaiblit un peu plus.
Elle s’approcha et écouta aux portes l’échange entre son père, aimant et pragmatique, et sa mère, fiévreuse et ébranlée. L’un soutenait que ces femmes n’étaient que de vieilles accoucheuses propageant leurs superstitions et leurs divinations hasardeuses, qu’elles s’étaient par deux fois déjà trompées ; l’autre soutenait qu’elle pouvait sentir les affres qu’elle connaissait maintenant bien, ceux de porter une fille en son ventre. Sa mère s’inquiétait parfois trop du quand dira-t-on et son père ne savait parler qu’aux hommes sous ses ordres, il ne savait pas y faire avec sa femme, trop têtue, trop passionnée et ; de l’avis de Kymil ; métamorphosée par la grossesse. La voir souffrante et chétive, elle qui était si forte et avisée, lui fendait le cœur plus que de raison. Peu lui importait le sexe de ses enfants, nombres de ses frères et sœurs avaient eu et auront des mâles forts et débrouillards pour que la lignée des Ulali conservât son poids et son influence au sein de leur armée.
Le vœu le plus cher de sa mère avait toujours été de voir celui qu’elle admirait, plus qu’elle n’aimait, échanger avec son fils la poignée de main de la transmission … chose inconcevable entre un père et sa fille, pas à leur époque.

Elle ferma ses paupières humides et partit en direction du port, la tête basse et l’esprit ailleurs. Elle se sentait une responsabilité envers sa famille et envers sa mère. Elle était pour quelques mois encore la dernière née, et n’était ni mariée ni mère. Tous craignaient pour la santé et la vie de sa mère, les plus pessimistes redoutaient même qu’elle survive à l’accouchement. Elle était face à un choix facile en apparence, un choix sans équivoque car répondant à un profond sens du devoir ; mais un choix qui se complexifiait à mesure qu’elle réalisait son ampleur publique. Etait-elle apte à faire face aux regards, aux remarques, aux jugements de ses pairs masculins, se sentait-elle les épaules pour être l’une de ces pionnières qui représenteront un modèle pour les générations futures ? Rien n’était moins sûr.

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Kymil
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Re: Les Habitations

Message par Kymil » mar. 19 avr. 2022 16:59


Dans la petite boutique, il n’y avait personne mais du bruit provenait de l’atelier. Elle s’y dirigea, espérant pouvoir s’entretenir avec son patron et mettre en ordre son travail et les dernières commandes avant son départ. Lorsqu’elle chassa les lourds rideaux du passage, ce fût son père qui l’attendait, en grande discussion avec le vieil artisan au regard soucieux. Le regard de son père étouffa les mots qu’elle s’apprêtait à prononcer tandis que ses doigts fins serraient le parchemin dans sa main.

« Veux-tu m’expliquer, je te prie, ce que c’est que cette histoire ? Comment, par Moura et tous ses océans, as-tu pu me cacher cela ?
- Je … balbutia Kymil nerveusement. Ce n’était point mon intention. Je … je ne pensais pas que cela vous offenserez.
- Seule, sans un mot pour moi ou ta famille, seule là-bas !!
- Pardonnez-moi père, je ne voulais pas vous causer du tort.
- Aux foudres les offenses et les torts !! Que faisais-tu à ce recrutement ? »

La main sur son parchemin se desserra légèrement. La fureur de son père n’était pas causée par son entrée à la milice. Elle se détendit, du moins ses pensées quittèrent la sphère de désillusion de son esprit, mais un doute la tourmentait. Elle respira profondément, regarda son père dans les yeux et laissa son courage parler pour elle.

« Je voulais suivre vos pas, vous succéder. Père, dit-elle sur un ton plus haut alors qu’il ouvrit la bouche. Mère aura peut être un fils, peut-être son instinct la trompe-t-elle ; mais à ce jour, je suis votre dernière fille, ni mariée, ni mère. J’aurais aimé être digne de vous dès ce recrutement, venir à vous et vous apprendre la grande nouvelle.
- Aurait aimé ? demanda son père d’une voix étrangement calme.
- J’ai échoué. Et … je sais maintenant que je ne possède pas ce qu’il faut pour être digne de vous, de notre nom, digne un jour de vous succéder mais …
- Il suffit Kymil ! la coupa son père. Me crois-tu indigné par le secret de ton engagement ?
- Vous ne l’êtes pas ?
- En venant ici, j’étais le plus inquiet des pères. Mon monde est violent et brutal, je ne veux pas que ma fille risque sa vie pour la réputation de notre famille. Nous ne t’avons pas élevée pour cela. »

Le regard de Kymil s’assombrit. L’inquiétude naturelle de son père la renvoie à tout cet entrainement enduré, à toutes ces épreuves supportées, à sa condition de benjamine, à sa condition de femme.

« Je ne suis plus une enfant père. Je suis prête à faire mes preuves, à faire votre fierté. Je ne suis pas faible.
- Ne te fourvoies pas jeune fille, ma fierté vient de ce que tu es et non ce que tu fais … mais cela ne te suffit pas, n’est-ce pas ? Rajouta-t-il sur un ton résigné.»

Assurée, décidée, résolue, Kymil apprit alors à son père et au maître artisan qu’elle venait d’intégrer la milice, qu’elle avait accepté sa première mission. Le regard calme et serein, elle dit à son père qu’avec ou sans son accord et sa confiance, elle marcherait comme lui sur le chemin de l’abnégation et du dévouement, différemment certes.
Restés seuls dans l’atelier, ils discutèrent de longues minutes, Kymil révéla qu’elle possédait le don de magie et l’existence de l’artefact magique, apparu lorsqu’elle pria Moura de lui montrer la voie de sa destinée. Le visage las, il lui demanda finalement de le rejoindre dans la demeure familiale avant la nuit. Il dit respecter sa décision et elle le crut, son regard ne pouvait lui mentir. Il souffrait de sa décision et elle n’eut pas le courage d’en demander la raison.
Il partit après avoir salué le vieil artisan qui, une fois seul avec son employée la regarda d’un air étrange, comme soulagé.

« Alors c’est pour cela que tu as tant travaillé sur nos commandes ?
- Oui Thésiès, pardonnez-moi vous aussi de ne vous avoir rien dit.
- Te voyant avancé si vite ces derniers jours, je craignais que tu ne m’annonces que tu partais chez les Sœurs contraires.»

Il ria de bon cœur et jugea de son vieil âge les désirs de la jeune elfe comme une saine ambition, même s’il aurait préféré garder sa prometteuse apprentie dans le domaine de l’artisanat. Ils s’entendirent facilement quant à son retour à ses côtés, sa place ici l’attendrait.
Curieux de nature, il lui demanda ensuite de lui raconter son récent parcours et les tenants de cette première mission au sein de la milice et, tandis qu’elle lui conta ses aventures et mésaventures en un récit circonstanciel, il fouilla dans un coffre.

« Cette perle, dit-il d’une voix où résonnait toute sa foi, n’est pas qu’un présage pour juger de ton futur en toute piété, c’est un signe, un gage. Tu es vouée à un grand destin.
- Thésiès allons !
- Tu verras, laisse à un vieil elfe sa sagesse. Mais tu as raison, c’est un pari sur l’avenir. Dans l’immédiat, laisse-moi te donner ceci. »

Il lui tendit une bourse de cuir. Pour le travail accompli ces derniers jours, pour l’avance prise grâce à ce dernier et pour l’aider un peu pendant son voyage.

« J’insiste, ajouta-t-il. Voyager coûte cher, s’y préparer aussi.
- Merci Thésiès,
dit Kymil en serrant le vieil elfe dans ses bras. »

Sa compagnie, son enseignement, ses conseils et sa bonhomie lui manqueront. Savoir qu’elle ne quittait pas définitivement cet aspect de sa vie lui permit aussi de mieux envisager ce nouveau chemin, parallèle à sa vie actuelle.




Elle marcha vite dans les rues enneigées de Lehber jusqu’à la maison familiale, le cœur battant et les muscles tendus. Chaque minute passée la rapprochait du moment où elle ferait face à la commerçante, où elle devrait parler et œuvrer au nom de la milice. Elle se remémora le trajet, le long voyage jusqu’au nord de la forêt et réalisa qu’elle n’était jamais allé si loin, du moins sur la terre ferme.
La main sur la poignée de porte, elle inspira et appuya fermement, entrant en conquérante, mutée dans sa carapace d’aplomb. Personne, cependant, n’était à l’entrée ni dans les pièces du rez-de-chaussée ; personne, donc, ne put découvrir l’étendue de cette hardiesse personnifiée. D’un mouvement las des épaules, elle s’avança et traversa la maison jusqu’à rejoindre le bureau de son père, dernier endroit où il pouvait l’attendre.

Cette pièce était aux yeux de Kymil plus une galerie qu’un lieu de travail. Son père, souvent absent, y passait très peu de temps et la poussière y régnait tant que l’air en était imprégné. Entourée des médailles, d’une collection d’armes et d’artéfact, de tableaux et objets d’arts représentant le monde où évolue son père, Kymil garde sa contenance, persuadée, à juste titre, qu’elle n’a point à craindre un retournement de situation.
Son père, dont l’inquiétude se lit encore dans le regard, s’arme par respect pour la décision, la détermination et le courage de sa fille, d’une attitude officielle et digne malgré l’intimité. Un brin solennel pour un entretien père fille mais qui les rendirent tout deux tremblants. Kymil sut là que son père lui donnait sa bénédiction. Il lui demanda alors de lui narrer ses dernières semaines, son entrainement, sa tentative d’intégration et comme lui était venue l’idée d’intégrer la milice et Kymil, comme libérée d’un poids, se livra à un autre récit passionné. Ils échangèrent des rires, des anecdotes et des impressions plus philosophiques. Ils passèrent ainsi une grosse heure ensemble, avant que son père ne se lève et ouvre un meuble bas, un présentoir à la vitrine sale d’où il sortit une épée courte à lame large et poignée courte. Il lui tendit, posée à plat sur ses paumes.

« Ce glaive m’a été offert par mon père à mon premier centenaire. C’est une très vieille lame, elle a plusieurs fois été réparée et reforgée mais elle a gardé sa solidité. Mon père me l’offrit lorsqu’il m’accepta à bord de son navire pour me former, elle était le symbole d’un sentiment d’assurance, de certitude quant à mes capacités, un symbole d’espérance aussi, basé sur l’abandon total. Il croyait en moi et ce soir, je connais aussi ce sentiment. Peu importe ce que tu entreprends aujourd’hui et feras dans le futur, je te soutiendrais car j’ai foi en toi. »

Incrédule et euphorique à la fois, Kymil accepta le glaive et le garda sous ses yeux ébahis de longues secondes avant de pouvoir articuler ses premiers mots. Et ils furent plein d’incompréhension, plein de doute et d’incertitude. Elle ne doutait pas des mots, ni des sentiments de son père, seulement de leur origine et de la nature de sa sincérité. L’avait-elle contraint à devoir agir ainsi, s’était-il senti dos au mur en raison de ses choix ? Elle le questionna et il avoua qu’il aurait préféré qu’elle fasse carrière dans l’artisanat, à l’abri derrière les murs de la ville.

« Excuse les espoirs utopique d’un père je t’en prie. Dit-il après un terrible soupir. Vous êtes ma faiblesse … tu le sais, n’est-ce pas, rajouta-t-il en se confrontant au doux sourire affectueux de Kymil. Même avec son caractère si passionné, votre mère est plus pragmatique que moi quand il s’agit de vous, elle est plus réaliste aussi. Moi, secrètement, au fond de ce cœur trop mou, j’aspire à n’avoir que des filles depuis la naissance de ta sœur à cause de ce rêve idiot, ce songe de vous voir loin du danger et de la mort.
- Pourtant, tu nous as laissé faire nos propres choix toute notre vie. Nos rencontres hasardeuses, nos périples en mer … oh ! S’exclama-t-elle soudain. Tu nous as tenues éloignées de ton monde. Celui dans lequel je mets maintenant un pied.
- Oui, dit-il en s’affaissant dans son fauteuil. Les traditions et le protocole qui font d’un fils mon successeur ne sont que des excuses pour moi. »

Le glaive qu’elle tient dans la main est le symbole de l’abandon d’un rêve pour s’abandonner à un sentiment tortueux : la confiance en l’autre. Le contrôle qu’il espérait tant avoir sur le futur de sa fille, il lui en fit don ici-même, dans l’intimité d’un bureau. Un pacte qui n’en sortira d’ailleurs pas. Kymil, peu surprise par la demande de son père et déçue de sa réalité, lui fit la promesse de ne point en parler à sa mère, de ne point ébruiter son intégration à la milice et ce, tant pour préserver la santé de sa mère dont la grossesse est difficile que pour se préserver elle-même de la colère de cette dernière, capable même alitée de lui barrer la route de sa nouvelle voie.

((hrp : reçoit une bourse de yus de la part de l’artisan
- reçoit un glaive de la part de son père.))
Modifié en dernier par Kymil le ven. 16 déc. 2022 23:17, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Les Habitations

Message par Jorus Kayne » lun. 12 sept. 2022 21:09

XIV Un infréquentable cimetière.

XV Une bien étrange personne.


Il ne m’est pas difficile de laisser Cadmis, tant je suis intrigué par la personne que j’ai vue. Dans l’ombre d’un bâtiment, un mince rayon de lumière atteint un visage féminin âgé, dissimulé sous une ample capuche. Aussi brève a-t-elle été, cette apparition attise ma curiosité lorsqu’elle disparaît de ma vue. Non seulement, je pense être le seul à avoir vu cette personne, mais je crois bien que Cadmis est convaincue que ce n’est qu’un moyen de m’échapper de l’aide qu’elle requière. Hors, mon instinct me pousse à croire qu’elle en sait plus. Je vais donc au dernier endroit vu, mais rien, personne. Un mouvement dans le coin de mon champ de vision et me voilà à suivre un jeu de piste, passant d’un coin de rue à un autre, à une vitesse qui me dépasse.

(Mais comment elle fait pour être aussi rapide ?)

Finalement, la course-poursuite se termine dans une vieille bâtisse délabrée, où une porte entrouverte, ballotée par le vent, m’invite à entrée. A l’intérieur, le mobilier est juste assez présent pour justifier qu’il s’agit-là d’une maison. Et encore, vu l’état, je crois bien que les meubles eux-mêmes sont des maisons à divers insectes xylophages. Face à la porte, posée sur une étrange malle, l’individu que j’ai poursuivi me fixe sous l’ombre de sa capuche, que je vois mieux à présent. De longs cheveux blancs, une peau bleue très pâle marquée d’une quantité de rides innombrables.

(Une éarionne !)

"Tu sembles être venu de loin jeune homme. Qu’est-ce qui t’amène d’aussi loin ?" Déclare-t-elle dans une voix qui sent le temps passé.

Un peu surpris par la question, je réponds avec hésitation.

"Je…nous avons été attaqués par des pirates et…heu…nous avons rejoint le port le plus proche."

"Ha oui ?" Commence-t-elle, comme si elle en savait plus qu’elle n’en dit. "Sont-ce les pirates qui t’ont emmené à venir tard dans la nuit, tuer les miens ?"

Pris de court, je ne sais quoi répondre.

"C’est que…heu…je n’ai pas…enfin je ne voulais pas…"

"Nul besoin de te justifier. J’ai bien vu que vous ne faisiez que vous défendre. Ces petits voleurs n'ont eu que ce qu'il méritaient !" Me coupe-t-elle.

Un petit soulagement m’atteint, lorsqu’un point m’interpelle.

"La lettre, c’est à vous qu’ils l’ont volée ?"

"En effet !" Déclare-t-elle d’un ton monocorde.

"Dans ce cas reprenez-là !" Fais-je en la tendant vers la femme.

"Tu me la donnes ? Alors que tu sais l’importance qu’elle a ? Tu es bien différent des autres jeune hommes. Cependant, je crois qu’il est temps que tout s’arrête. Il y a eu bien trop de morts et quelqu’un doit y mettre fin !"

"Vous en savez plus alors ?" Dis-je intrigué.

"La lettre indique l’emplacement !" Répond-elle simplement avant de reprendre. "Mais ta charmante amie a raison, il y a bien un secret derrière cela !" Puis après un bref silence, elle continue. "Comment les choses se passent entre vous ?"

Encore une fois, l’elfe bleue me surprend par sa question et son étrangeté.

"Pardon ? Non, il n’y a rien entre nous !"

"Ha oui ? Pourtant, je vois dans tes yeux, l’étincelle d’un amour profond !"

"Oui, ça en revanche, c’est vrai. Mais, elle est subitement partie sans laisser rien de plus qu’un mot d’excuse. Je suis parti à sa recherche parce que…parce que je vouais la revoir. Ce n’est pas une simple lettre qui m’empêchera de la retrouver, où qu’elle soit. J’ai donc prit la même route qu’elle en prenant la mer et la rencontre avec les pirates m’a fait dévier de mon objectif."

"Un tel amour te pousse à traverser le monde ? En voilà une chose qui ravit mon vieux cœur. Mais en quoi cette lettre t'intéresserait ?" M’interroge-t-elle.

Désormais plus à l’aise, je me laisse à expliquer ce qui me motive.

"Sur le bateau, nous avons découvert qu’ils avaient été mandatés par quelqu’un qui s’intéresse à la robe. Qui que se soit, elle a visiblement les moyens et la détermination d’aller jusqu’au bout, mais son affiliation avec des pirates peu recommandables, me pousse à penser qu’il l’utiliserait pour de mauvaises intentions."

"La robe ? Tu n’es pas intéressé par ses richesses ?" Demande-t-elle avec une pointe de surprise dans la voix.

"Les richesses ? Non, pourquoi faire ? J’ai amplement ce qu’il me faut et une immense fortune ne fera que me ralentir, en recherchant celle que j’aime ! Mais je ne peux permettre qu’un objet aussi puissant puisse-t-il être, soit entre de mauvaises mains." Lui dis-je.

"Je me disais bien avoir senti quelque chose de particulier en toi, je ne me trompais pas. Je vais donc t’aider, mais il faudra faire une chose pour moi. Il y a une latte sous la commode à ta droite. Force un petit peu et tu découvriras un petit collier de perles dans un coffret en bois. Emporte-le avec toi je te pris ! Si tu es vraiment sincère, tu sauras quoi en faire !"

"Bon très bien, si vous le dites !" Dis-je en emportant le coffret avec moi. "Et donc, je fais quoi maintenant ?"

"Celui qui a écrit cette lettre était un amoureux, tout comme toi. Tous deux s’aimaient, d’un amour passionné. Cependant, s’il était humain, elle était éarionne et sa famille n’appréciaient pas, mais alors vraiment pas les étrangers. Bien qu’il aimait les énigmes, il a cependant, usé d’un stratagème unique, lié à la mer et aux forces qui la dominent pour cacher un lieu particulier pour lui, enfermant la chose à laquelle il gardait une grande importante." Déclare-t-elle sans vouloir en dire davantage.

(Les forces qui la domine ? Le vent, le froid, le chaud, les courants marins. On peut aussi ajouter les humains, les éarions bien entendu,…)

(Non, il y a quelque chose de bien plus fort encore.)

(Ha oui ?)

Je mets un pied à l’extérieur pour y chercher un astre particulier. Je tends le papier face à ses rayons et sa lumière, passant au travers, dévoile un tracé particulier.

(La lune ! Car elle domine les marées par sa simple présence.)


Je me retourne à l’intérieur de la maison pour révéler ce que j’ai découvert.

"J’ai trouvé, c’est une…" Il n’y a plus personne sauf moi "…carte !" Je regarde un peu partout, mais je ne vois pas âme qui vive. "Bon sang, mais c’est qui cette femme ? C’est à peine si elle semblait être en mesure de bouger et elle a disparu sans un bruit !"

La nuit est avancée et la fatigue me pèse. A défaut de parler avec cette vieille éarionne, il ne me reste plus qu’à rentrer à l’auberge.


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Jorus Kayne
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Re: Les Habitations

Message par Jorus Kayne » lun. 12 sept. 2022 21:47

XVIII La vieille et la folle.

XIX Un écho du passé.


J’arrive à retrouver le chemin qui mène là où nous avons livré bataille. Il n’y a plus de corps sur place. Seuls des traces de sang, prouvent qu’un affrontement a eu lieu. Maintenant que je sais par où commencer, il ne me reste plus qu’à me fier à ma mémoire…

(Heum heum !)

…ainsi qu’à l’aide salvatrice de ma faéra qui s’en souvient.

(C’est mieux !)

Me voilà enfin devant la porte. La nuit est vraiment avancée et j’hésite franchement d’oser frapper à la porte. Mais comme ma faéra me l'a fait remarquer, elle ne semble pas être du genre à se soucier de l’heure. Je toc donc sur la porte, qui s’ouvre au premier coup. Ma torche éclaire la pièce que j’ai vue récemment, mais personne ne semble présent. Tout est resté à sa place, si ce n’est que la vieille femme n’est plus assises sur sa chaise. D’ailleurs, maintenant qu’elle n’est plus assise, je remarque qu’il ne s’agit pas d’une chaise, mais plutôt d’une malle. Curieux, je l’ouvre pour dévoiler son contenu…vide. Enfin, pas si vide que cela, car un étrange motif dans le fond est visible. Un cercle à côté d’un cheval. Sauf qu’en dévoilant l’entièreté du motif sur la poussière qui s’est incrustée, ce n’est pas un cheval, mais un hippocampe.

(Le dessin n’est cependant pas complet !)

(En effet, il devrait y avoir un second cercle juste ici !)

Clic !

Mon pouce s’enfonce là où aurait dû se trouver le cercle, enclenchant un mécanisme qui soulève la moitié du fond de la malle. Usé par le temps, il me faut utiliser une de mes lames pour forcer l’ouverture dans le nouvel espace. Je découvre un double fond, où se trouve un vêtement assez bien conservé. En le dépliant, je découvre une cape rouge au contour d’or.

(Serait-ce la fameuse robe maudite ?)

Je pense au drakarn dans sa caverne, aux chercheurs de trésors et à celui qui a envoyé la pirate rechercher la relique.

(Un problème ?)

(C’est juste que, si jamais ce n’est pas elle, si ce n’est qu’une copie, alors l’antre du drakarn sera de nouveau perturbé et un jour, il tombera sur un adversaire…plus cruel que moi !)

(Dans ce cas, que comptes-tu faire ?)

(Je vais répandre la rumeur que j’ai trouvé le trésor ainsi que la robe et n’essayerais ses pouvoirs que lorsque je serais loin et dissimulerais un éventuel échec !)

(Jorus ? Ca va ?)

(Heu…oui. Pourquoi cette question ?)

(C’est juste que tu m’as tellement habitué à des idées farfelues et foireuses que je reste stupéfaite lorsqu’une bonne idée, altruiste qui plus est, te traverse ta tête !)

(Tu pourrais juste me féliciter ou m’encourager pour changer !)

(Tu as raison ! Eh bien je t’encourage à aller dormir, il est tard.)

Sur le chemin du retour, je regarde une dernière fois la demeure de la vieille éarionne. Sous la lumière lunaire, je vois la silouette d'une jeune elfe bleue, enlacée par un autre individu plus corpulent. La fatigue venant, je me frotte les yeux, pour m'assurer de ce que j'ai vu. Lorsque j'enlève mes mains, il n'y a plus personne.

"Je crois que je perds la boule !" Dis-je en reprenant finalement ma route.


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Kymil
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Re: Les Habitations

Message par Kymil » jeu. 9 févr. 2023 15:45

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Emelis examina la pierre avec attention et confirma à Kymil son intuition première. La pierre gravée était une rune magique, artéfact de Zewen aux propriétés magiques. Des runes dont le pouvoir était utilisable par quiconque les possédant en prononçant leur nom, qu’une poignée d’enchanteur était capable de traduire, ou de passionné de magie comme Emelis qui dénicha le nom de celle-ci dans son épais carnet ; leur pouvoir pouvait aussi être transférer de manière permanente à des objets.

L’air studieux d’Emelis se fana en une moue navrée lorsqu’elle découvrit que la rune était une rune peu utile à Kymil en l’état ; mais la mine enthousiaste de la jeune milicienne ne s’abima pas en apprenant qu’elle possédait la rune de la bouteille. Elle hocha vivement de la tête lorsque l’humaine lui conseilla de la garder car les pouvoirs de plusieurs runes pouvaient être combinés par les artisans enchanteurs du tout Yuimen.

Plus exaltée par l’existence même d’objets si étonnants que de l’intérêt immédiat d’en posséder un, Kymil termina ses achats avec un air rêveur un peu naïf.

*************

Plus d’une heure fut nécessaire pour rejoindre la boutique de la commerçante. Elle rejoignit l’un des quartiers les plus luxueux de la ville, aux rues entretenues et larges, aux bâtiments solides faits de pierres et d’un bois ancien qui a été depuis longtemps interdit au logis et réservé aux navires de guerre.
Si aucun souvenir, même lointain, ne lui évoqua un commerce situé dans cette rue lors de la prise de mission, c’est parce nul véritable commerce n’a résisté à la volonté des héritiers des riches propriétaires de créer ici un havre isolé et paisible. D’ici pourtant, l’écho de la guerre et de la lutte sans fin contre le royaume voisin conquis résonnait dans tous les salons, beaucoup de familles riches et puissantes vivaient ici et le sort et la vie quotidienne des autres habitants avaient disparu de leurs préoccupations premières.

Sous les regards curieux et scrutateurs, elle pénétra dans une impasse large dont les somptueuses bâtisses bordaient une place avec en son centre une immense fontaine décorée des plus beaux coraux de la région.
Ici vivait depuis plusieurs générations une famille de négociant dont les origines de la fortune ont été savamment travesties et réécrites. Depuis une petite vingtaine d’année, la cadette de la famille avait repris les rênes des affaires suite au décès de son frère, fin négociateur ayant fait fortune dans le commerce immobilier ; mais seule la veuve, négociante en spiritueux, vivait encore ici avec son jeune enfant.

Elle se présenta à l’entrée de la grande maison mais nul ne vint l’accueillir. La porte d’entrée, fort bel ouvrage, était encombrée par la neige et les volets étaient tous clos. La jeune milicienne s’aventura alors sur la propriété et passa sous une longue galerie où l’on pouvait distinguer des traces de pas et de roues. Bien qu’il n’y eut personne, elle avança et chercha un moment des yeux un domestique. La plupart des volets étaient clos et le terrain à l’abri du regard des voisins n’était guère entretenu. Elle fit outre et frappa au heurtoir de la lourde porte magnifiquement sculptée.

Une Earionne ouvrit finalement la porte à la volée. Elle avait une peau d’un bleu profond, semblable aux eaux du grand large, et une chevelure rousse abimée par ces coiffures serrées qu’affectionnaient les nobles. Son visage étiré par cette dite coiffure était fatigué et nerveux. Ses yeux bleus et son regard perçant glacèrent Kymil qui se présenta d’une voix légèrement tremblante. Elle s’y sentit obligée, ayant l’intuition que le silence eut pu être pire, mais les mots lui furent difficiles et la vue de la bouche pincée prête à s’ouvrir évoquait un couperet prêt à juger son inopportune présence.
Lorsque la milice fut évoquée, la négociante posa sur Kymil un lourd regard qui la fit balbutier. Elle y lisait plus que l’ordinaire stupéfaction quant à son physique, plus même que de la répulsion ; elle se sentit jugée et dévoilée. La marchande devina facilement à qui elle avait à faire et ce que cela impliquait. La gamine en face d’elle pouvait être de la meilleure volonté qui soit, elle ne put se résoudre à l’accepter telle quelle était au lieu de ce qu’elle représentait, cela faisait trop longtemps qu’elle attendait, craignant chaque jour un peu plus pour la vie de son enfant.

« Outrage ! Des semaines que j’attends ! Je demande de l’aide, je paye et que m’envoie-t-on ? Une jeune et frêle enfant aux branchies immatures. Vos épaules portent à peine votre sac et votre assurance ne repose que sur votre écusson mal accroché.
- Je vous assure Madame …
- Insolence ! Me croyez-vous sotte ? … ou peut être folle comme tous ces gens qui minorent ma peine et mon angoisse. Je vis dans la peur depuis des mois … comment puis-je donc me fier à vous, seule et si jeune ; je gage même que vous n’ayez nulle expérience ; puis-je, par Moura, puis-je au moins escompter vous ayez été désignée pour quelques utiles compétences.»

Sa voix de glace, haute et nerveuse eut raison de la parole de Kymil qui hocha maladroitement la tête, sans conviction autre que de cacher son incapacité à trouver des mots aptes à apaiser l’indignation vécue de part et d’autre. Croyant trouver en évoquant son volontariat à la mission une voie vers l’entente, elle n’invoqua que fureur plus grande. La marchande se sentit insultée, bafouée dans son honneur. Elle voulut manifester son courroux plus durement encore mais elle n’en avait plus la force. Elle était perturbée, harcelée sans cesse et de plus en plus isolée.

« Je vous assure Madame, reprit enfin Kymil, que cette mission ne m’aurait pas été confiée si je n’avais pas les capacités pour la réussir. »

Kymil avait considéré les questions comme une attente, une volonté de sécurisation ; mais elle n’avait pas conscience de l’état de détresse de la négociante qui s’époumona encore sans réelle considération pour elle. Son inexpérience était moins un outrage que les jours sans réponses de la milice et moins encore que la raison de ce silence, qu’elle n’ignorait pas, car plus personne dans son entourage familial ou professionnel ne la prenait au sérieux. De tout cela la négociante ne dit mot et se garda bien de faire la moindre confidence ou de montrer une once d’égard.
Il lui fallu pourtant reconnaître que la jeune milicienne ne flancha pas. Non moins acide, elle finit par accepter à demi-mot la présence de Kymil comme l’élément final à sa demande de secours.

« Soit … dit-elle après avoir inspiré profondément et ordonné ses pensées. Je serais seule juge de vos capacités. J’ose espérer que vous êtes prête à partir ?
- Sur l’instant Madame.
- Mon charriot nous attend à l’écurie aux portes de la ville. Sachez que l’intérieur vous est interdit ; et que ma confiance se gagne difficilement. Milice ou pas, un geste ou mot déplacé de votre part et je puis vous assurer que vous ne travaillerez plus jamais dans cette ville.
Il y a à deux rues d’ici des voitures à louer, allez les prévenir que je les attends et rejoignez-nous à La grange de Vilaeriane.»



Kymil se hâta d’obéir et il fût difficile pour la marchande de déchiffrer l’expression sur ce physique particulier. Une moue sévère crispa ses traits avant de tourner les talons. Ses épaules retombèrent telle la crête d’une vague brisée par l’écueil ; un long souffle vida ses poumons et sa gorge se serra lorsqu’elle réalisa qu’enfin elle allait quitter cet enfer quotidien.

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