La Milice de Lebher

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Yuimen
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La Milice de Lebher

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 11:39

Milice de Lebher

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Emblème de la ville et de la milice

Les miliciens de Lebher luttent de toutes leurs forces face aux invasions Orques qui s'étendent de plus en plus vers eux. Ils s'occupent quasiment uniquement de la défense de la ville et ne gèrent pas beaucoup l'intérieur de la cité. Il y a majoritairement des Elfes Bleus et Blancs dans les rangs, mais tout autre individu est le bienvenu du moment qu'il est prêt à affronter la mort et les Orques.


Comment s'engager ?

En jeu, vous devez contacter un milicien gradé qui vous inscrira sur une liste secrète. Il vous fournira si besoin du matériel aux couleurs de la ville et si possible un premier ordre de mission. La réponse du milicien sera faite par un GM !

N'OUBLIEZ PAS de demandez dans le SOS GM qu'un GM s'occupe de votre inscription.

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Kymil
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Re: La Milice de Lebher

Message par Kymil » jeu. 24 févr. 2022 18:22

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Pendant des jours, elle travailla dur à la boutique pour rattraper le retard accumulé par son entraînement quotidien. Entraînement qu’elle délaissa dès le lendemain de sa rencontre avec l’inconnu. Ses pensées, en revanche, étaient presque entièrement tournées vers la proposition de ce dernier, qu’elle avait décidée d’accepter. Elle irait à la milice le lendemain, mais pas sans avoir finit sa dernière création.

Elle avait imaginé un bijou en forme de sphère forgée en fins fils de métal entrelacés, dans laquelle elle plaça la perle du cœur de l’océan. A l’aide d’une longue chaine en argent, elle l’attacha et la cacha sous les tentacules à la base de sa nuque. Un trésor que nul ne pouvait maintenant voir, dont nul autre qu’elle pouvait deviner l’existence.


Le lendemain, pleine d’incertitude malgré sa détermination, elle marcha longuement jusqu’à la milice où elle reconnue de loin le blason bleu clair de la ville, orné d’une créature maritime mythique. Emmitouflée sous son manteau de fourrure, elle resta devant les portes abîmées en bois sombres. Elle fit un premier pas, se dit qu’elle n’avait rien à perdre si ce n’était du temps, et poussa les lourdes portes qui se refermèrent lourdement derrière elle.

Au milieu de la pièce immense sous les toits trônait une monumentale cheminée ouverte, aux braises hautes et aux flammes rougeoyantes. Il faisait bon dans la salle malgré sa taille et le long couloir ouvert vers l’extérieur dont on pouvait sentir les courants d’air. Aux murs étaient accrochés des tableaux et des râteliers d’armes, de lourdes armoires faisaient office de mur de séparations, plusieurs tables bordées de bancs étaient disposées au fond de la salle.
Un large et haut bureau était installé à quelques mètres de l’entrée, entouré de braseros. Derrière lui, en pleine discussion houleuse se tenaient deux elfes, un Earion solide d’apparence et un vieil Hinion au visage marqué par une vilaine cicatrice. Kymil s’approcha et leur rendit leur salut avec empressement.


« L’un de vos recruteurs m’a approché et m’a dit que vous recherchiez des gens déterminés à défendre notre peuple et notre cité. Je suis venue vous demander de me permettre d’intégrer vos rangs.
- L’un des nôtres hein ? Lequel était-ce ?
- Euh … je ne connais pas son nom, dit Kymil en réalisant la chose au même instant. Un Earion aux yeux foncés, à la peau claire tachetée comme un pelage … un peu sans-gêne, rajoute-t-elle à la fin en les voyant chercher.
- Aaaah ! c’vieux bougre oui, il est doué pour racoler. Comment y t’a convaincue toi ?
- Il ne s’agit nullement de racolage. Je l’ai rencontré alors que je participais à "la pêche aux talents". Il n’a fait que me démontrer qu’il me manquait l’essentiel pour l’armée.
- Je vois. T’inquiète pas, on lui fait suffisamment confiance pour pas remettre en doute tes motivations. Bon, j’te confie à lui. Dit l’Earion en désignant son vieil acolyte. Moi je vais … régler ce problème, ajouta-t-il d’un air grave et entendu en croisant le regard de l’Hinion. »

Modifié en dernier par Kymil le mar. 19 avr. 2022 17:08, modifié 1 fois.

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Gamemaster8
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Re: La Milice de Lebher

Message par Gamemaster8 » lun. 28 févr. 2022 19:43

Mission de milice pour Kymil

Le vieil hinion te fixa quelques instants, songeur, puis te dit d'une voie enrouée et chevrotante

"Je pense que j'ai une mission pour vous... Tout d'abord, vous devez comprendre qu'en tant qu'apprenti, on ne vous confiera pas des missions très dangereuses. Pour accéder à de tels missions, vous devrez d'abord faire vos preuves et monter en grade.... Votre première mission en sera donc une d'escorte."

Il réajusta ses lunettes et fouilla dans une petite pile de parchemin. Il les consulta une à une, puis contrarié, recommença une seconde fois. Ne semblant pas trouver ce qu'il cherchait, il se gratta la tête, puis marmonna pour lui-même.

"J'étais pourtant certain d'avoir vu cette demande d'escorte."

Il consulta les autres piles sur son bureau, en vain. Puis il se leva avec l'intention de se diriger vers une étagère remplies de dossiers, lorsque son regard se porta sur la poubelle. Il laissa échapper un juron à peine audible, se pencha et ramassa un parchemin quelque peu replié. Il le défroissa du mieux qu'il put de ses mains, puis s'assied de nouveau derrière le bureau.

Visiblement contrarié, il relut en silence le contenu de ce parchemin avant de lever son regard vers toi.

"Comme je vous disais, il s'agit d'une demande d'escorte... Par contre, cette demande est un peu particulière.... et apparemment certains ne l'ont pas prise au sérieux."

Il se leva pour t'indiquer une carte de Nosveris épinglé sur le mur.

"Il s'agit d'escorter une marchande de Lebher d'ici jusqu'au santuaire de Ratinan Dera."

Il reprit sa place à son bureau avant de rajouter:

" En principe, cette mission n'est pas très dangereuse. Cette marchande honnête n'a pas vraisemblablement d'ennemis... Elle demande d'être escorté, elle et son enfant jusqu'au temple, car elle craint que celui-ci se fasse enlever. Elle dit avoir reçu des menaces en ce sens par missive."

Il hésita quelques secondes avant de rajouter.

" Le souci,... c'est qu'elle dit depuis quelques années avoir un enfant, mais personne ne l'a jamais vu. Elle donne pleins de prétexte pour le garder dans sa demeure. La rumeur coure qu'elle n'a jamais eu d'enfant et qu'elle est devenue cinglée suite à la mort de son mari quelques années de ça."


Il sortit une plume, la trempa dans un encrier, puis te tendit la plume et le parchemin.

"Des questions ? ... Si vous acceptez cette mission, je vous demande d'inscrire votre nom ici en bas."

((( Je n'ai volontairement donné aucun détail sur la marchande en question, ni sur ceux qu'elle soupçonne d'avoir enlever son "enfant" afin de laisser pleine liberté à ton imagination. C'est aussi à toi de décider si le présumé enfant existe ou pas. )))
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À votre service, pour le plaisir de rp !

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Kymil
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Re: La Milice de Lebher

Message par Kymil » mar. 19 avr. 2022 16:44


Le vieil hinion observa Kymil avec l’intensité et l’âpreté du vieil âge. De sa voix chevrotante et son timbre assuré, il lui confia qu’il pensait avoir effectivement une mission taillée pour une apprentie.

« Vous devez comprendre qu’en tant qu’apprenti, on ne vous confiera pas des missions très dangereuses. Pour accéder à de telles missions, vous devrez d’abord faire vos preuves et monter en grade. Votre première mission sera donc une escorte … »

Disant cela, il fouilla à plusieurs reprises une pile de parchemin. Visiblement contrarié, il se plaignit de ne pas le trouver dans cette pile et chercha d’un bout à l’autre du large bureau, puis se dirigea vers les étagères avant de s’immobiliser soudainement, les yeux rivés vers une poubelle au pied du meuble. Contrarié mais obstiné, il maugréa entre ses dents et entreprit de lisser le parchemin avant de revenir vers Kymil.

« Cette demande est un peu particulière,
dit-il après avoir relu le parchemin. Et visiblement certains ne l’ont pas prise au sérieux.
Il s’agit d’escorter une marchande de Lebher jusqu’au sanctuaire de Ratinan Dera. »


Tous d’eux s’approchèrent de la carte murale immense accrochée au mur et où étaient annotées de nombreuses informations sur les sentiers et les villages connus. Même si situé à l’extrême nord de la forêt ancestrale d’Astirya, le vieil Hinion affirma que rejoindre le sanctuaire n’était pas dangereux en soit. La marchande avait demandé récemment une escorte pour elle et son enfant afin de s’y rendre car elle avait reçu une mystérieuse missive la menaçant de lui enlever sa progéniture.
A cette dernière information, l’Hinion fit une pause et pinça ses lèvres en signe d’hésitation.

« Le souci, c’est qu’elle dit depuis quelques années avoir un enfant, mais personne ne l’a jamais vu. Elle donne plein de prétexte pour le garder dans sa demeure. La rumeur coure qu’elle n’a jamais eu d’enfant et qu’elle est devenue cinglée suite à la mort de son mari quelques années de ça. »

Il jaugea la jeune Elfe face à lui, concentrée, attentive, qui lui sembla en grande réflexion tandis qu’elle observait encore la carte. Lorsqu’elle se tourna vers lui, il lui tendit une plume préalablement trempée dans l’encre et lui demanda d’inscrire son nom si elle acceptait la mission.

« C’est un long voyage, avez-vous des conseils ? Demanda-t-elle en prenant la plume en main.
- La cliente dit vouloir recourir à son propre moyen de transport, vous n’aurez à vous inquiéter que de sa sécurité. Je vous conseille d’être prête à partir avant de vous présenter à elle, sa missive date de plusieurs jours maintenant …
- Je comprends tout à fait, j’espérais avoir plus de temps.
- Ne vous précipitez pas. Votre responsabilité est sa sécurité et protection, point sa bonne humeur. Je préfère recevoir des griefs de retard que d’apprendre l’échec de l’un des nôtres.
- Très bien. Je serais prête, je ne vous décevrai pas.»

Sur le registre, Kymil écrivit son prénom et eut un instant de recul.

« Qu’y-a-t-il ? demanda le vieil Hinion au regard impérieux.
- Hé bien … la milice est réputée quant à sa discrétion, et, mon nom est-il nécessaire ?
- Je vois, dit le milicien après avoir observé la jeune elfe d’un œil plus scrutateur. Vous ne l’êtes pas non, mais sachez que ni l’un ni l’autre ne sera divulgué hors ces murs. Personne ne contrôle les effectifs de notre milice, comme nous ne nous mêlons pas des autres guildes.»

Après mûre réflexion où défiance et confiance se disputèrent, Kymil ajouta son nom et prit le parchemin de mission. Le cœur battant, elle quitta les locaux de la milice et rejoignit sa chambrée en ville aussitôt.

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Nhaundar
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Re: La Milice de Lebher

Message par Nhaundar » lun. 2 sept. 2024 15:55

IX 2 Une opportunité précieuse

IX 3 Les geôles du nord avec tout le confort


Les geôles du Nosvéris sont identiques à celles connues sur le Nirtim, à ceci près qu’il y fait un froid bien plus mordant. Pour y résister, j’ai droit à une épaisse fourrure qui a vu passer bon nombre de prisonniers, au vu de l’odeur qu’elle dégage. Même avec, la température basse est difficile à supporter. Tant qu’il me reste des forces magiques, je profite que personne ne s’intéresse à moi pour user de mes fluides de feu en élevant la température. Je ne sais pas encore quel sort va m’être réservé. Certes, j’ai effectivement sauvé la vie d’un homme, mais je sais que Lebher abat à vue d’œil shaakt, garzok, sekteg, en fait tout, ce qui pourrait servir aux desseins noirs d’Omyre et de ses cités alliées. Mange-Botte devrait être sous bonne surveillance selon les ordres du capitaine. Je n’ai plus qu’à attendre qu’on vienne me chercher.

J’ignore combien de temps j’ai à attendre et mon esprit se met à vagabonder. Bien sûr, Sylve me revient rapidement en tête, mais pour l’heure, je dois penser à moi. Garantir ma sécurité d’une quelconque façon pour m’assurer que mon Corgy géant soit bien traité. Alors je pense à autre chose et c’est cette eau étrange qui hante à présent mon esprit. Le liquide a été projeté sur moi et la manière dont il a pénétré mes pores ne laisse pas de place au doute selon moi. S’il s’agit d’une forme de poison, il tient sa source d’un sort. Une magie de l’eau dont les fluides sont à ma disposition. Mes souvenirs me permettent d’analyser grossièrement ce qui m’a affecté. J’ai le temps pour essayer de le reproduire et les ressources nécessaires. Mon cœur est toujours meurtri, cependant ma curiosité magique prend le dessus sur mes émotions, les amoindrissants.

(Voyons. Il y a eu un lancer d’eau. Puis l’eau a pénétré à l’intérieur de mon corps pour y faire…quelque chose qui m’a affaibli. Puisque je ne connais aucun sort de cet élément, la première étape commence déjà par générer de l’eau.)

Je focalise mes ressources magiques d’eau pour les rassembler dans le creux de ma main. Manipuler le fluide d’eau est différent des autres et m’amène à réfléchir sur le maniement à présent instinctif de mes fluides habituels. Celui de terre est compact. Lourd, mais facilement forgeable. Le feu a tendance à se dissiper rapidement s’il n’est pas maîtrisé et possède de grandes capacités tant qu’on parvient à le contenir. La lumière est davantage comparable à une aura diffuse. Elle est facilement travaillée tant qu’elle se nourrit des émotions positives du lanceur. L’eau, elle, s’écoule lorsque je la manipule. La guider est comme chercher à contrôler l’écoulement d’une rivière. Chaque tentative de ma part se solde par une forte opposition, comme si je luttais face à une crue soudaine et implacable. Forcer mon contrôle sur elle revient à obliger un fleuve à aller à contre-courant à la seule force de ses bras. Alors j’abandonne. Du moins, cette façon de procéder. Plutôt que d’imposer mon contrôle, je me laisse guider par le flux du fluide. Je le laisse couler en moi, formant un cycle, une boucle magique. Petit à petit, je le pousse à modifier son cours et cette fois-ci, je parviens à manipuler mon fluide comme je le souhaite. Contrairement aux autres, la magie de l’eau nécessite beaucoup de délicatesse dans son maniement. Il faut savoir la guider, sans la brusquer. La manipuler, sans la faire déborder. Chaque tentative semble nécessiter une union parfaite entre les deux, la magie du fluide et la volonté de l’utilisateur.

Continuant mon maniement, je fais passer le fluide jusque dans l’extrémité de mes bras, de mes doigts, jusqu’à ce qu’en le concentrant au bon de mon index, un filet d’eau se met à jaillir. Fluide, fin, un écoulement parfait et une clarté semblable à une source d’eau potable. Curieux, je focalise ma concentration pour perdurer cet écoulement et petit à petit, je rapproche une gamelle ayant servis à d’ancien locataire. J’arrête l’écoulement de mon doigt qui commence à me fatiguer mentalement et m’intéresse au contenu. Hormis la propreté du récipient qui laisse à désirer, l’eau à l’intérieur me paraît tout à fait propre, voir consommable. Il me faut l’approcher de mes lèvres pour en avoir la certitude. Le fluide d’eau me permet de faire couler un mince filet d’eau potable, assez pour étancher ma soif. Les autres éléments me permettent d’autres possibilités comme le feu qui me réchauffe actuellement, ou la terre pouvant modeler le sol et former une petite cheminée sur laquelle j’aime y poser ma chaussette de No-Hell durant les fêtes. J’ai hâte de savoir ce que le fluide d’eau me permet. D’ailleurs, je n’ai jamais tenté de connaître mes possibilités de la lumière.

Pour l’heure, c’est ce sort d’eau qui m’intrigue et attise ma curiosité.

(Bien ! De ce que j’en sais, il s’agit d’un fluide qui engendre un affaiblissement du corps de type poison. Commençons par la base, la projection d’eau.)

Dans un premier temps, je génère de l’eau dans ma main et la lance d’un geste de poignet. Le résultat est surprenant, je me mouille tout seul. Je n’ai littéralement aucun contrôle sur cette petite surface d’eau. C’est peut-être ça d’ailleurs le souci. Je génère donc de nouveau un liquide en usant davantage de contrôle. Par habitude avec mes boules de feu, j’ai le réflexe de générer un orbe d’eau au-dessus de ma main. Je la lance comme on le ferait avec une balle et celle-ci s’éclate contre le mur en une sorte de mini explosion d’eau. Cependant, ce n’est pas le souvenir que j’ai eu. Ca m’a semblé, bien mieux contrôlé. La boule de feu est émise par ma magie et là, ce n’est pas le cas. Avant de retenter la chose, je m’assure encore que nul n’est présent. Faire appel aux esprits pour regagner mon mana va attirer sur moi une attention non désirée et je vais devoir répéter l’opération souvent. Heureusement pour moi, il n’y a personne. Heureusement ou pas car s’ils n’ont pas de prisonnier, ils ont peut-être une justice expéditive.

Bref. Je recouvre mon mana et use de ma magie cette fois pour la lancer. Je dois noter une différence avec le feu. Il est plus facile à contrôler. L’eau est un élément plus lourd et sujet à une certaine résistance. Lancer mon orbe n’est pas évident. Ca me rappelle cette sensation de lutter contre courant…

Une idée étrange me vient. Celle de créer une sorte de courant, un sens de déplacement via mon fluide d’eau et d’en user pour propulser mon orbe. Je m’attèle à la tâche immédiatement et génère un courant en moi avant d'engendrer mon orbe. Celui-ci ondule naturellement avec le courant en moi. Me laissant porté par le courant, un peu comme les vagues qui vont et viennent, je me familiarise avec le rythme et projette l’eau lorsque je me sens en phase. L’orbe est projeté en avant avec plus de force et un meilleur contrôle de la trajectoire.

(Parfait ! Il me reste à travailler sur l’aspect poison à présent.)

Savoir projeter mon orbe est une chose, il faut maintenant comprendre comment changer l’eau en une sorte de poison. Pour cela, il me faut mieux connaître cette eau que je génère. Ainsi, je m’assois au sol, crée une petite flaque aux creux de mes mains réunies et plonge mon esprit, ma concentration dessus. Petit à petit, je perçois ce qu’elle contient, sa composition et comprends un peu mieux ce que j’ai entendu sur les éléments contenus dans l’eau, nécessaire un bon fonctionnement du corps et pourquoi, une eau totalement purifiée de ses impuretés, n’est pas bonne pour le corps. Cependant, si je veux atteindre mon objectif, il me faut changer ou altérer la composition de cette eau pour obtenir une sorte de poison affaiblissant. Alors je médite. Je laisse mon esprit vagabonder dans cette petite flaque d’eau aux creux de mes mains. Lentement, je tâche d’altérer les différents éléments qui la constituent. Cette partie est plus compliquée qu’il n’y paraît. La raison est simple, j’ignore complètement la structure de l’eau, ou du poison en l’occurrence. Cependant, j’ai un avantage de poids : le temps.

Dans cette prison, nul ne pense que je vais réussir à m’évader et si j’y parviens, encore faudrait-il que je trouve un lieu sécurisé. Entre le sauvetage du messager et son sauvetage par les soins, j’ai donc tout le temps qu’ils se décident à savoir quoi faire de moi, après s’être inquiété des informations. Donc beaucoup. Cela me laisse le temps d’apprendre qu’il est possible d’altérer la flaque, mais partiellement. Aucune de mes tentatives ne tient bien longtemps, formant le plus souvent d’une mélasse visqueuse quelques instants. Je commence même à transformer la flaque pour qu’elle irrite ma peau. En réalité, je parviens à cela sans avoir recours à une dépense de fluide, à l’image de mon petit filet d’eau au bout du doigt. Néanmoins, cette irritabilité est ma meilleure avancée. Je continue donc sur le principe et essaie plusieurs variantes. Néanmoins, je suis obligé de m’arrêter à cause des sorts à répétitions et la fatigue physique. Je me sers un peu d’eau dans le bol avant de la prendre en main…ou d’essayer.

Mon sens du toucher avec amoindri, très clairement. Je n’ai plus la même sensation tactile et une simple saisie est compliquée. Je suis pris d’un doute. Est-ce réellement une fatigue physique due à mes sorts, et ce serait une première, ou autre chose ? Je réitère la flaque d’eau et la dépose cette fois-ci sur ma jambe. La faiblesse est rapide et ressemble à une jambe après une légère absence sang, mais sur une longue durée. Pour d’autres, cela pourrait être un passage trop long à la selle.

Une réussite selon moi. Du coup, je continue jusqu’à atteindre le but désiré. Je fais chou blanc. Plus aucune variante n’arrive à la hauteur de l’originale et celle-ci, n’a pas l’effet désiré.

(Ai-je pris un chemin qui ne mène à rien ? Mes suppositions sont-elles fausses au point que je dois reprendre depuis le début ? Reprenons ce que me souviens. Un jet d’eau. Le corps mouillé. La fatigue dans le corps… J’ai pas oublié quelque chose ? L’eau…enfin le poison, ne s’est pas infiltré sans mon corps ?)

Malheureusement, je songe à la question lorsqu’on vient me chercher, me poussant à rompre le sort qui réchauffe mon espace. Il ne me reste plus qu’à recommencer plus tard, à condition de ne pas avoir la tête qui roule au sol d'ici là.

Modifié en dernier par Nhaundar le lun. 2 sept. 2024 16:06, modifié 1 fois.

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Nhaundar
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Re: La Milice de Lebher

Message par Nhaundar » lun. 2 sept. 2024 16:05

IX 3 Les geôles du nord avec tout le confort

IX 4 L’échappatoire


On ne m’emmène pas hors de ma cellule. Je dirais plutôt qu’on me dégage sans ménagement. De temps à autre, je sens le froid et la piqûre de l’extrémité de la lance dans mon dos, tandis qu’un autre homme marche devant moi pour me montrer la voie. Sur le trajet, je suis la cible des regards. Je décèle de la haine dans leur attitude. Hautaine, dédaigneuse, tout le mépris que j’ai pu voir chez les gens depuis ma fuite d’Omyre semble se concentrer ici. Pourtant, je remarque autre chose, comme une forme de curiosité, d’incompréhension. Est-ce le sauvetage que j’ai réalisé qui les met dans un tel état ? Pensent-ils qu’à cause de ma nature Shaakt, sauver autrui est contre-nature ?

Je n’ai pas le temps de me dérouiller les jambes à l’extérieur que déjà je pénètre dans un autre bâtiment, plus sécurisé celui-ci. Les hommes y sont plus nombreux et ô combien armés. Encore une fois, je passe sous le jugement des hommes et femmes présents. Ce petit manège continue jusqu’à ce qu’on m’arrête devant une porte imposante. Trois coups secs, forts, résonnent dans le couloir où je me trouve. Une voix forte ordonne d’entrer et c’est sans ménagement que l’on me pousse à l’intérieur.

Une grande pièce chauffée par une cheminée bien fournie donne une chaleur douce et agréable. Les dorures sont raffinées et les décorations militaires sont érigées en de nombreuses fois : tableaux de soldats décorés, représentations de champ de bataille et statues de buste d’hommes. Les tapis au sol aident à offrir un sentiment de réconfort. Ce qui n’est pas le cas des deux hommes déjà en places. Un homme se tient sur le côté, adossé au mur près d’une fenêtre, les bras croisés, tourne la tête dans ma direction à mon arrivée. Il me faut quelques secondes pour me remettre son visage. C’est l’elfe blanc qui avait scruté mes faits et gestes durant mon "escorte" jusqu’à Lebher. Ce même elfe qui a lancé sur moi le sort d’eau qui m’a affaibli et que je tente de reproduire. Je devrais lui poser la question sur la méthode employée pour faire pénétrer le poison dans le corps. Le second homme, un Earion, est le chef qui m’a permis de vivre assez longtemps pour subir un interrogatoire douloureux. Assis dans un fauteuil richement garnis, il semble avoir une position plus importante que je ne l’aurais cru. Les deux gardes m’encerclent, armes en mains pour me montrer qu’ils sont prêts à s’en servir à la moindre occasion.

"Qui es-tu ?" Me demande le chef que je qualifierais à présent de capitaine.

"Nhaundar Zanakfein messire." Répondis-je en me tenant aussi droit que possible, parlant haut et clair. Je n’ai après tout, rien fait de mal.

Rien pas de réaction particulière. Il cache parfaitement ses émotions par un visage fermé. Difficile de lire les traits de son visage dans ces conditions.

"Que fais-tu ici ?" Continue-t-il son interrogatoire.

"Vous m’avez fait demander messire !" Dis-je simplement.

Bien entendu, ce n’est pas la réponse qu’il souhaite, mais il reste toujours le visage figé. En revanche, j’entends sur le côté l’agacement d’un des soldats qui frappe sa lance sur le sol.

"Je répète." Reprend-il avec une légère pointe d’agacement dans la voix. "Qu’est-ce qui t’as amené sur nos terres, à te balader sans aucune crainte comme si tu étais chez toi ?"

"Il paraît que l’éclosion des fleurs de la région est magnifique en cette période de l’année !" Fais-je gaiement, cherchant une réaction.

Cependant, elle ne vient pas du capitaine, mais d’un des soldats. Forcée par un coup de pied brutal au genou, ma jambe ploie sous le choc et entraîne la seconde, m’obligeant à finir à terre avec force. On cherche à me rabaisser. On cherche à m’humilier. Cependant, je perçois enfin l’agacement du chef l’Earion qui m’interroge. Un début qui me permet de mieux le cerner ses intentions. Tapotant du doigt sur la table, il attend toujours sa réponse et ne semble pas vouloir céder en la reposant à nouveau.

"Je…je me suis égaré…messire." Fais-je tout simplement.

En portant mon regard sur lui, j’ai le temps de voir un échange fugace entre lui et l’Hinion. Un geste de la tête, hochant tout simplement, avant de reposer ses yeux sur moi.

"Es-tu envoyé par nos ennemis ?" Enchaîne-t-il calmement.

"Pas du tout messire !" Fais-je en répondant rapidement. Là encore, un échange se fait entre les deux elfes.

"Tu n’as donc aucune mission nécessitant ta présence ?" Demande-t-il ensuite.

Sa question semble directe. Suis-je ou non un ennemi ? Evidemment pas et voyant une porte de sortie, je m’y précipite.

"Bien sûr que non messire !" Fais-je toujours aussi immédiatement.

Il prend le temps d’une grande respiration avant de poursuivre.

"Tu n’as donc aucune information de valeur ? Rien qui justifierait de te garder en vie plus longtemps ?"

La question me fige sur place, envahie par mon sang qui se glace. Je me suis laissé guider sur ce terrain comme un ignare complet. Non, je ne suis pas un espion. Me garder n’a donc aucun sens tactique pour eux. Alors quoi ? Je laisse ma tête rouler sur le sol gelé de Lebher ? Après tout ce que j’ai vécu ?

"Alors ?" Force-t-il pour ne pas me laisser le temps de réfléchir.

"Je…j’ai servi dans la milice Oranaise. Je suis sûr que je peux vous être utile !" Dis-je pris par la panique.

Il regarde sur son bureau et porte son attention sur quelque chose hors de ma vue.

"Oui…j’ai lu ce document qui le…certifie !" Déclare-t-il.

"Oui ! Oui ! Celui-là même ! C’est bien la preuve de mon utilité !" Dis-je avec un espoir retrouvé.

"Ce que je vois c’est une falsification de grande qualité ! Quand bien-même il serait vrai, nous sommes à Lebher, pas à Oranan." Lâche-t-il dans un silence de mort, le bois crépitant accompagnant cet instant difficile. Puis il enchaîne en présentant divers objets en ma possession. "Tu avais sur toi des objets peu ordinaires, je l’avoue. Des babioles particulièrement inutiles." Fait-il en dénigrant mes précieux objets magiques aux pouvoirs surprenants.

"Ils ne sont utiles que puis celui qui a l’esprit ouvert…messire !" Fais-je malgré moi, prenant sa remarque comme une insulte impardonnable, avant de comprendre trop tard qu’on se joue de moi.

Si les lances des soldats sont acérées, l’extrémité opposée est, elle, particulièrement solide. Entre les mains d’un soldat aguerri, il n’est pas difficile de porter un premier coup au ventre pour me plier en deux et un second sur la nuque pour forcer ma tête à percuter le sol.

"En revanche…ceci est tout à fait remarquable." Déclare-t-il en dégainant mon épée magique. "Ce n’est pas une bonne arme de combat, mais il paraît qu’elle regorge de pouvoirs surprenants !"

(Je suis l’échange comme un simple spectateur. En continuant sur cette voie, c’est la mort assurée. Si je souhaite trouver une échappatoire, je dois créer une opportunité moi-même. Mais qu’ai-je à offrir, si ce n’est mes capacités magiques…)

Je regarde l’Hinïon qui continue de m’observer avec attention. Le visage impassible, adossé au mur il ne cesse de me scruter, de me détailler, de…m’analyser.

(C’est donc cela ! Lui aussi est un psychomancien. Il fait office de détecteur de vérité ! Et vu l’importance qu’il semble avoir, c’est lui que je dois convaincre !)

Fort de cette nouvelle information, je réfléchis à toute vitesse. L’Hinïon, la psychomancie, les pouvoirs contenus dans l’épée, la guerre avec Pohelis...

(…oui . Si mes soupçons sont fondés, ça peut fonctionner !)

Je regarde le capitaine avec toute la hauteur que je peux me permettre en étant à genoux, tandis qu’il tient toujours mon épée magique entre ses mains.

"Une épée d’une grande puissance oui. Cependant, vos hommes en sont-ils simplement dignes…messire ?"

Je perçois un mouvement de lance qui me crispe malgré-moi avant de recevoir le coup. Néanmoins, au travers de mes paupières qui font un va-et-vient particulièrement rapide, je discerne la main du capitaine qui l’arrête.

"Parce qu’un misérable Shaakt serait bien plus digne que n’importe lequel de mes hommes ?" Déclare-t-il, avec une voie encore plus froide que le climat à l’extérieur.

"Vos yeux vous trompent, messire. Vous voyez une peau noire alors c’est forcément un ennemi. N’est-ce pas ? Pourtant, j’ai au Nirtim, œuvré bien plus que n’importe lequel des miens pour fuir la réputation de ma race et sauvé la vie de nombreux êtres, jusqu’à l’Imiftil. J’ai œuvré pour la milice avec succès. Vous avez un document qui prouve qu’Oranan a bien fait l’effort de croire en moi. Une simple vérification vous assurera de mes propos. Je peux vous être d’une aide. Aussi insignifiante puisse-t-elle être, elle pourra toujours assister vos hommes sur le front de guerre !"

Le capitaine me regarde sans ciller, de ses yeux glaçant, avant de soudainement partir dans un rire moqueur.

"Toi ! Un Shaakt ? Tu proposes de nous servir sur le front ? Penses-tu sérieusement que je vais laisser une maudite peau noire user de sa magie au milieu de mes vaillants soldats ?"

"Absolument pas ! En revanche, je peux enchanter armes et armures pour qu’elles vous assistent dans votre conflit." Dis-je calmement. Mes propos semblent faire mouche, car il se tait soudain, arborant une réaction d’écoute sincère. "Je connais une magie permettant d’incorporer n’importe lequel de mes sorts dans une arme ou une pièce d’armure et des sorts, j’en connais de différents éléments. En plus d’user de sorts offensifs, je peux faire chauffer les armes de vos ennemis au point de les forcer à les lâcher. Je peux protéger vos soldats les moins équipés avec une enveloppe de pierre et de terre. Je peux user de magie curative, ou aveugler les assauts adverses quelques instants. Et je connais quelques sorts pour altérer l’esprit ennemi, en leur faisant croire qu’ils leur manquent une jambe ou un bras, en brouillant leurs sens au point que même les soldats les plus forts ne parviennent plus à tenir droit. Je suis même capable d’empêcher tout usage de magie ou technique de combat et pour vos mages, créer une onde de magie pour guider leurs sorts !"

Durant l’énumération de mes sorts, j’ai davantage porté mon attention sur l’Hinïon. Lui comme le capitaine semblent être intrigué par mes compétences et ce dernier cherche du regard la confirmation de l’aide que je peux apporter. Décroisant les bras, l’elfe blanc ouvre enfin la bouche.

"J’ai connaissance de certains de ces sorts en effet. Tout comme il en existe bien un qui permet d’incorporer des sorts comme il le prétend." Explique-t-il à son capitaine, avant de revenir à la charge. "Néanmoins. Cela demande des besoins en magie particulièrement conséquents. Un coût en potions de mana bien supérieur au gain possible. Ce n’est que de l’esbroufe, une vaine tentative de gagner du temps !" Clame-t-il en me portant un regard empli de haine, avant de se tourner vers son supérieur.

(Fichtre, il haïe lui aussi les Shaakt. Fallait s’y attendre.)

Celui-ci sourit à la réplique de son homme de main, jugeant l’entretien à son terme.

"Et si je suis en mesure de me passer de potions de mana ?" Fais-je tout simplement, balayant ainsi le seul argument qui m’est défavorable.

"Impossible !" Grogne-t-il de toutes ses dents à mon attention.

"Souhaitez-vous que je vous prouve le contraire ?" Fais-je le plus calmement du monde, contrastant avec la colère évidente qui m’est adressée, avant de chercher du regard l’avis du seul homme capable de décider.

D’un ordre simple et d’un regard autoritaire, un des soldats laisse tomber à mes pieds un brassard. Je tends la main pour le saisir, qu’un coup de pieds l’éloigne de moi pour arriver près de l’Hinïon. Je m’apprête à me relever que la voix du soldat me l’interdit, jugeant cette position trop dangereuse pour la sécurité du capitaine. Je suis donc contraint et forcé de marcher à quatre pattes jusqu’aux pieds de mon homologue psychomancien à la peau blanche. Je ramasse la protection et entreprends de monopoliser mes fluides, qu’un bruit désagréable et un froid à la gorge déplaisant se font sentir.

"Au moindre signe d’agression, ta tête aura la capacité de voler quelques instants !" Me menace-t-il, sa lame dégainée et pointée sur ma gorge.

Je lui adresse un maigre sourire et recommence à concentrer mes fluides en moi. L’ambiance est plutôt tendue et ma situation ne prête guère à l’aisance magique. Je fais donc le vide en moi avant de plonger à nouveau dans mes ressources magiques. J’use de mon savoir pour créer le réceptacle qui servira à recevoir le sort à lancer, puis focalise ma concentration pour y incorporer le sort permettant de recouvrir ses réserves magiques, grâce à l’appel des esprits ambiants. Une fois cela fait, je regarde l’objet de mon travail et le porte à l’Hinïon. Lorsque celui-ci cherche à le prendre, je l’éloigne de sa main et précise.

"Comprenez qu’il s’agit-là d’un sort pour recouvrir ses réserves magiques. Il faut donc au préalable qu’elles ne soient pas au maximum. Pourquoi ne pas faire usage de votre sort sur moi, celui qui m’a éreinté ? Je me demandais justement comment le liquide s’infiltre dans la peau. Est-ce une composition du poison particulière ou une volonté de l’utilisateur qui permet cela ?"

Ma demande semble l’irriter particulièrement, au vu du rictus de colère qui anime son visage. C’est avec un grand plaisir qu’il use de sa magie sur moi. Je vois le liquide se former dans da main, avant d’être projeté d’un simple geste du poignet. Ses doigts sont toujours dirigés vers moi, alors que je sens le poison s’infiltrer avec force au travers de ma peau, engendrant rapidement une faiblesse généralisée lorsqu’il se répand dans le reste de mon corps. Ainsi, il faut maintenir la concentration sur le poison. Ma théorie se confirme donc. Après cela, l’Hinïon se concentre sur la protection et observe avec attention l’incrustation de mon sort. Il porte un premier coup d’œil rapide, presque méprisant sur mon travail. Puis après quelques secondes d’examen, son attention est plus importante, davantage studieuse. Comme s’il avait fait une importante découverte. Il me jette un regard d’incompréhension, avant que l’ombre d’une hésitation ne se présente sur son visage et que finalement, il n’use de la magie qui s’y trouve. Entrant en communion avec les esprits, une aura s’imprègne autant en lui que sur lui, perturbant particulièrement toutes personnes qui y portent son attention. Des volutes magiques émanent de lui et s’en vont s’étaler comme des tentacules, à la recherche des esprits ambiants. Moi, je sais ce qu’il se passe, mais les esprits étant invisibles et seul le lanceur à la compréhension clair de ce qu’il s’y passe, pour un néophyte l’impression est clairement flippante.

(Ainsi, c’est cela l’effet généré par l’union du corps avec les esprits ? C’est fascinant !)

La magie se dissipe et alors que l’Hinïon garde le silence, le capitaine lui enjoint de dévoiler ce qu’il s’est produit.

"Il…" Commence-t-il en me portant de brefs regards, hésitant à poursuivre. "Il dit vrai. Il est en effet capable de se passer de potion." Cède-t-il enfin.

"On peut donc l’utiliser pour les enchantements ?" Demande simplement le capitaine.

L’Hinïon le confirme d’un simple hochement de la tête, avant de préciser qu’il faudra analyser chaque pièce individuellement, s’assurant ainsi qu’il n’y aura pas d’entourloupe. Le capitaine clos ainsi l’échange en indiquant aux gardes de me reconduire au cachot, avant de préparer le nécessaire pour ma tâche à venir. Il n’est nulle question de m’installer dans un espace confortable, mais bien de me surveiller avec attention. Pourtant, fort de mon utilité, je profite des derniers instants pour interpeller le capitaine après m’être relevé.

"Qu’en est-il de ma récompense ?" Fais-je simplement et faisant attirer à moi une véritable stupéfaction.

"Une…récompense ?" Répète le responsable des lieux. "Et en quel honneur ? Tu as encore ta tête sur tes épaules Shaakt, cela ne te suffit pas ?"

"N’ai-je pas sauvé la vie d’un des vôtres ? Un homme qui avait une certaine valeur d’après ce que j’ai pu voir. Ne pensez-vous pas qu’un tel mérite quelque chose en retour ?" Dis-je en me tenant droit.

L’Earion me regarde un instant, me toisant de toute sa stature, avant de répliquer sèchement.

"Le Shaakt marque un point." Commence-t-il, provoquant la stupéfaction des autres elfes présents. "Soit ! Je t’accorde une faveur, mais une seule ! Choisi bien. Couche confortable, nourriture décente, eau potable, pièce chauffée. Le choix est tient."

Les regards se portent rapidement sur moi. Que vais-je choisir ? De quoi manger et boire ? Certains auraient du mal à faire un choix, mais pour ma part, il n’y a qu’une seule évidence.

"Mange-Botte !" Dis-je haut et clair.

"Mange…botte ? Qu’est-ce ? Un étrange rituel Shaakt pour entretenir ses souliers ?" Déclare-t-il en provoquant des rires moqueurs.

"Non." Fais-je simplement lorsque les rires se sont assez estompés. "Mange-Botte est le nom de mon Corgy. L’énorme chien sur lequel je suis venu. La seule chose que je demande est que l’on s’occupe de lui. Qu'on s'en occupe avec soin. Il a été atteint par un maléfice qui a accru sa taille. Il n’est affilié à aucune organisation ou armé. Ce n’est qu’un chien. Géant certes, mais un simple chien, qui a besoin qu’on s’occupe de lui. Voilà ma demande, capitaine."

Ma requête le laisse sans voix. Grâce à ma magie, je peux monter la température ambiante ou remplir une gourde d’eau. Le choix de la nourriture aurait été une évidence, mais je dois penser à Mange-Botte et veiller sur lui.

"Requête acceptée !" Déclare finalement le capitaine. Alors que ses gardes me guident vers la sortie, il émet cependant une dernière remarque. "Sache cependant que ta vie n’est pas encore sauvée. Je vais présenter ce projet, les possibilités que tu offres, à mes supérieurs. Eux prendront la décision de ta réelle utilité. Emmenez-le !"


IX 5 Une demeure chaleureuse.

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Nhaundar
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Re: La Milice de Lebher

Message par Nhaundar » sam. 22 mars 2025 15:30

IX 11 Une tignasse blonde et un bonnet ridicule.

IX 12 Le retour d'un héros, les fanfares et le tapis rouge en moins.


Me voilà de retour à la milice de Lebher, mais cette fois-ci les choses sont différentes. A ma première venue, j’y étais en tant que prisonnier. Un misérable Shaakt présenté devant le capitaine, considéré comme un éclaireur trop avancé pour avoir été présent sur leurs terres. Désormais, je me présente après avoir été d’une aide décisive, dans une mission qui a viré critique avec le piège qui nous a été tendu. Sans moi, la tente de soin aurait été transformée en un bain de sang et selon Aëgis, l’expédition qui devait libérer un précieux prisonnier, aurait été un échec cuisant qui se serait répercuté en profondeur sur le moral des troupes de Lebher.

Cependant, bien que je me présente avec confiance, je n’arrive pas à m’enlever cette mauvaise impression qui se dégage de l’elfe blanc qui m’accompagne. Aëgis fait grise mine. Je mets ça sur le compte de l’échec de notre mission, mais en le regardant, on dirait qu’il souffre de toutes les misères du monde. Ai-je sous-estimé l’importance que son maître a, où y a-t-il autre chose qui accable son esprit ?

Nous arrivons devant les portes menant au bureau du capitaine. Un léger frisson parcourt mon dos au souvenir de ma première et dernière venue. Les gardes sont présents et bien qu’ils restent figés, semblant regarder droit devant eux, j’ai l’intime conviction qu’ils me regardent et me dévisagent. La présence de l’hinïon avec moi est une aide pour avancer sans craindre leurs hallebardes. Alors que les portes s’ouvrent, mon guide me met un coup de coude et m’indique du regard mon couvre-chef.

(Ho merde !)

D’un geste vif, je me saisis de mon bonnet magique et le dissimule sous ma tunique. Désormais privé de ma protection au froid, je ressens un courant d’air froid parvenir jusqu’à moi. Heureusement que l’espace où nous nous rendons soit réchauffée par une cheminée bien nourrit.

En passant, nous croisons quelqu’un dont le visage ne m’est pas inconnu. Il s’agit de l’hinïon dont j’ai sauvé la vie en arrivant, celui-là même qui a transmis un rapport concernant l’emplacement du prisonnier. Je lève une main en guise de salut, mais l’elfe blanc ne m’adresse pas un regard. Pire, la mine encore plus sombre que son homologue me guidant, m’indique que quelque chose de grave est à l’œuvre et que c’est à notre tour de l’affronter.

Nous pénétrons à notre tour dans le bureau du capitaine. Il est là, assit occupé à rédiger une note sur un parchemin. Dès mes premiers pas, la main portant sa plume se fige dans l’air et son regard se pose sur moi, me glaçant le sang bien plus que peut le faire le climat de cette région. L’homme ne cille pas en m’observant, comme s’il analysait chaque partie de mon être. Le temps me semble s’arrêter, mais ce n’est qu’une impression. Dehors, le vent soufflant et le crépitement de la cheminée sont les seuls à briser le silence terrible qui s’abat. En réalité, c’est moi qui me suis arrêté. Moi qui venais plus sereinement après mon aide, je tombe de haut devant l’homme qui peut décider de mon destin. Un mot, un seul et toute la garnison de Lebher me sautera dessus et ce n’est pas Aëgis qui me sauvera.

(Mais que se passe-t-il bon sang ?)

Je suis soudainement empli de doutes et de craintes, devant l’incertitude qui se présente à moi. D’un geste, l’Hinion qui m’accompagne me pousse à avancer en me prenant le bras sans animosité. Tandis que je fais les quelques pas qu’on me demande de faire, seule la main se pose sur le bureau, posant délicatement la plume qu’elle portait. Le regard lui, ne change en rien. Je ne saurais dire s’il a même cligné des yeux.

(Bon sang, reprends-toi !)

"Je…vous…vous m’avez demandé…capitaine…heu…Veuillez m’excuser j’ignore votre nom. Nul…nul ne m’en a informé." Fais-je bafouillant, pris par l’hésitation.

Rien. Pas un mot. Pas une réponse. Il ne cesse de me fixer intensément. Je regarde Aëgis et celui-ci parait…troublé. Profondément troublé.

"Vous êtes une anomalie." Lâche finalement le capitaine sans nom, se posant plus confortablement sur le dossier de son siège. "Un Shaakt se présente à nous. Il sauve la vie d’un de nos éclaireurs, use de magie sans relâche pour accroître les capacités de nos hommes et sauve miraculeusement nos blessés, nous évitant un effondrement du moral de la cité."

(Oui ? Et donc ? Pourquoi toute cette mise en scène ? D’où vient une telle froideur si j’ai été si utile ?)


"J’étais persuadé, comme beaucoup d’ailleurs, que ce n’était qu’une question de temps avant que votre vraie nature ne se dévoile." Continue-t-il, tandis qu’à ces mots, Aëgis s’agite quelque peu. Sa nervosité est clairement visible. "Alors que vous aviez une chance de tuer ou mutiler les blessés, de fuir pour votre vie vous soustrayant à votre captivité, vous avez opté pour un choix inattendu en protégeant les miens. De surcroît, votre adversaire était une véritable épine dans notre pied depuis un bon moment et vos actions, qui m’ont été relayées sont…surprenantes." Cette fois-ci, Aëgis redresse la tête avec plus de fierté.

Il s’arrête de nouveau. J’ignore s’il attend de moi une réponse quelconque, mais que suis-je censé dire ? Je m’apprête à bafouiller lorsqu’il me devance. Il se redresse et contournant son bureau pour venir jusqu’à moi, il énumère les événements récents.

"La disparition de notre mage le plus éminent. Le sauvetage in extremis de l’unique informateur possédant son emplacement. L’envoi des troupes jusqu’à l’endroit indiqué. Le mouvement soudain des troupes à ce qui n’était qu’un piège visant à éliminer…non…à mettre à genoux le moral et la combativité de Lebher face à Pohélis."

Désormais, il se tient face à moi. Quelques centimètres seulement nous séparent l’un de l’autre. Son visage est encore plus dure vu de très.

"Mais vous avez été là pour l’en empêcher. Un Shaakt ! Toute cette histoire n’a aucun sens. Votre présence est une erreur dans cette cité et une anomalie dans ce récit."

Le froid glaçant s’empire en moi. Je me sens particulièrement vulnérable en cet instant. Une fourmi face à une botte, attendant de savoir si elle se fera écraser ou non.

"A chaque heure du jour et de la nuit mes yeux se poseront sur vous. Il n’y aura aucun moment où vous ne pourrez vous sentir à l’aise. Plus jamais vous ne vous sentirez seul, car mon regard, braqué sur vous, vous accompagnera sans cesse. Qu’importe ce que vous comptez entreprendre, je l’apprendrai et vous subirez le jugement…adéquat. A présent…partez. Quittez ce bureau et espérez ne plus jamais y mettre les pieds. Cela sera très certainement vos derniers instants vivants."

Quelques secondes se passent durant lesquelles je n’éprouve qu’une peur terrible face au capitaine. Pourquoi un tel jugement ? Pourquoi une telle décision à mon encontre ? Encore une fois, c’est Aëgis qui m’éloigne en me tirant par le bras. Je quitte les lieux avec la lourdeur d’un regard puissant dans le dos, sans avoir pu prononcer une seule parole pour me défendre. Cela aurait été vain de toute manière. L’être qui me faisait face, avait le pouvoir de me tuer dans l’instant, une irrépressible envie de le faire, mais il était retenu par quelque chose…ou quelqu’un. Une fois dehors, le froid glaçant m’est presque imperceptible.

"Pardon pour cela." S’excuse l’elfe blanc.

"Pardon ? Pour…pour quelle raison ? Ce n’est pas toi qui m’as menacé à l’instant." Fais-je encore fébrile après le récent échange. Si on peut appeler cette entrevue ainsi.

"Parce que je savais ce qui allait se passer, mais que je ne t’ai rien dit." Lâche-t-il, empreint d’une peine immense.

"Tu savais ? Mais…mais…pourquoi ?" Dis-je accablé par l’incompréhension. Le monologue acerbe du capitaine et maintenant ça. Je suis…complètement perdu.

"Tu l’as entendu non ? Les événements récents se succèdent d’une façon trop étrange. Ils suivent un chemin qui dirige Lebher vers la destruction. Quelque chose se trame et les chefs militaires pensent à…un espion. Et tu es là." M’explique-t-il en essayant d’être le plus calme possible pour déteindre sur moi. En vain.

"Mais je ne suis pas un espion !" Dis-je presque hors de moi.

"Je le sais !" Prétend-il en posant des mains rassurantes sur les épaules et fixant son regard sur moi. "Je le sais. Tout comme ceux qui te doivent la vie cette nuit-là. C’est justement pour t’éviter un sort injuste que je ne t’ai rien révélé. Ton comportement n’aurait pas été aussi sincère qu’à l’instant. Ca n’a pas levé les doutes sur toi, mais tu as clairement évité la mort par l’attitude terrorisée de la victime innocente. De plus, ils sont persuadés de la présence d’un espion. Si les doutes sur toi se propagent dans la cité, il se croira en sécurité et commettra une erreur."

Ces mots m’apaisent de plus en plus en assimilant les informations. Mon calme revient, jusqu’à ce que je comprenne ce qui ne m’est pas révélé.

"Tu…vous…vous vous êtes servi de moi ?"

Une gêne s’installe sur le visage de l’hinïon qui peine à trouver ses mots.

"Ecoute, je sais ce que tu penses, mais c’était le meilleur moyen de te protéger. Trouver le véritable coupable t’innocentera pour de bon !"

Un silence s’installe entre nous. Je n’aime pas être manipulé de la sorte. Ces petits jeux me débectent, quand bien même, il me faut admettre que ses raisons son valables.

"Est-ce ainsi que vous traitez ceux qui vous sauve la vie ici ? Quelle étrange culture !" Dis-je ironiquement.

"Je sais que cela te fait du mal, que je t’ai fait du mal et que tu ne mérites pas un tel traitement. Cependant, je pense savoir comment me faire pardonner." Déclare-t-il avec le sourire malicieux de celui qui est sûr de lui.

"Tien donc ? Et comment tu comptes parvenir à pareil miracle ?" Dis-je sur la défensive, malgré la certitude que je perçois en lui.

Tandis que je détourne le regard, c’est tout simplement qu’il déclare :

"Ca te dirait de visiter un atelier magique ?"

Mes sourcils se dressent d’un coup. Mes yeux s’ouvrent en grands et croisent de nouveau ceux d’Aëgis, tandis qu’un sourire satisfait trahit mon excitation.


IX 13 L'atelier magique.

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Nhaundar
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Re: La Milice de Lebher

Message par Nhaundar » sam. 22 mars 2025 15:55

IX 15 Un réveil douloureux.

IX 16 Une passe d'armes dénuée d'honneur.


L’air frais de l’extérieur me fait effectivement du bien, après cette longue période d’isolation dans l’atelier magique. Ce temps n’a pas été perdu, puis que j’y ai appris bon nombre de choses sur la magie et acquis la capacité de transformer ma magie élémentaire en magie pure. J’espère avoir bientôt l’occasion de vérifier si je parviens à en user en plein combat et qu’elles en seront les effets de manière concrète.

Malgré la promesse d’Aëgis d’approfondir ma connaissance sur son sort d’eau, mon excitation diminue grandement au fur et à mesure que nous approchons de la milice. J’ai encore en souvenir ma dernière entrevue avec le capitaine qui ne s’est pas spécialement bien déroulée, contrairement à ce qu’a prétendu mon homologue blanc. Néanmoins, il n’est pas question de pénétrer dans le bâtiment, mais de bifurquer sur le côté direction un vaste terrain sableux où des soldats s’exercent à plusieurs, en duo, lorsque ce n’est pas juste en solitaire pour de rares exceptions. Nous approchons d’un groupe de plusieurs individus composés d’elfes blancs et bleus. Tous sans exceptions me regardent avec un air de mépris dans les yeux

(J’ai un très mauvais pressentiment moi.)

"Pourquoi est-ce que je sens que ça va mal se passer ton histoire ?" Dis-je tout bas à Aëgis, après l’avoir attrapé par la manche.

"Tu as peur de quelques hommes après cette brute épaisse ? Cependant, je comprends et si tu ne souhaites pas apprendre ce sort, ce sera peut-être une prochaine fois. Mais dans l’enventualité où je serais mobilisé pour une mission, cela va prendre du temps et…" Déclare l’hinïon qui sait comment me pousser dans son sens.

"D’accord. D’accord." Fais-je en l’interrompant. Ma curiosité magique prenant le dessus sur le regard que l’on me porte. "Comment cela va se passer ?" Dis-je sentant que je ne vais pas apprécier la suite des événements.

"Tu vas t’opposer à Mituläne !" Déclare-t-il ouvertement, portant son regard sur un elfe bleu qui réagit à l’appel et s’avance.

L’earion est un guerrier d’un genre particulier. Il a délaissé les protections physiques des soldats en armures pour un style léger, une tenue semblable à un mage qui offre moins de protection physique, mais plus de mobilité. Le genre de type qui fonce sur ses cibles avec adresse et rapidité. Sur son côté gauche, une rapière légère confirme mes premiers avis, tandis qu’un léger bouclier accroché sur le fourreau termine l’ensemble. Une étrange similarité se fait avec le Garzock que j’ai affronté il y a peu. Bien que ce dernier ait usé d’une énorme masse à deux mains.

"Voici Nhnaudar, tu en as certainement entendu parler. Vous allez vous opposer l’un et l’autre. L’objectif : il doit maîtriser le sort force manquée sous la tension d’un combat et toi, tu dois tout faire pour l’en empêcher. Ma seule consigne est de ne pas user de coups mortels pour l’un et l’autre. Tout le reste est permis ! On est d’accord ?" Termine-t-il en jaugeant l’attitude du guerrier.

"Le sort aquatique force manquée ?" Répète-t-il en affichant l’expression d’une confiance d’un défi déjà remporté. "Et s’il n’y parvient pas ?"

"On continue le combat jusqu’à ce qu’il l’apprenne ou qu’il ne soit plus en état se battre." Il se rapproche très près de lui avant de poursuivre plus bas, bien que je parvienne encore à l’entendre. "Pas de coup mortel, c’est compris." Dit-il d’un ton ferme et autoritaire.

(Son attitude à celui-là ne me plaît pas.)

"Tiens, bois ceci." M’invite mon camarade blanc en me tendant une potion de mana.

Je ne me fais pas prier et une fois toutes mes forces magiques remplient, je porte mon attention sur Aëgis.

"Quand commence-t-on ?"

"Maintenant !" Sourit-il en claquant fort des mains.

Sans attendre, l’elfe bleu s’équipe de son bouclier au bras gauche, porte une main sur son arme, le tout en fonçant sur moi avec une vitesse surprenante. Je me ramasse un coup de bouclier en pleine poitrine qui me soulève et m’envoie heurter le sol avant de rouler sur le sable. Comme attendu, c’est un style rapide, efficace et tout elfe bleu qu’il est, l’étrange impression d’être face à un raz-de-marée n’est probablement pas anodine.

Je me relève et dégaine mon arme à mon tour. Scrutant mon adversaire et me sourie avec un plaisir sadique, tandis que ses camarades derrière se moquent de ma faiblesse martiale.

"Alors ce sort d’eau ? Tu en avais déjà compris l’essentiel, je me trompe ?" Déclare Aëgis, adossé nonchalamment sur un rebord en bois, délimitant la zone d’entraînement.

Mituläne n’attend pas ma réponse et réduit rapidement la distance avant de m’asséner des coups de rapières.

"Je sais déjà qu’il faut générer de l’eau et…comment changer sa structure pour obtenir…le poison affaiblissant désiré." Dis-je tandis que je me défends contre mon adversaire.

Rapides, mais faibles, je parviens à parer de justesse les coups. Cependant, je décèle dans son attitude qu’il ne fait que jouer avec moi, comme on le fait avec un enfant capricieux que l’on souhaite punir.

"J’ai également appris à…comment le projeter. La seule chose qui me…manquait, c’était… la manière de le faire pénétrer…à l’intérieur même de la cible." Dis-je péniblement.

"Parfait ! Je vois que tu as compris. La dernière étape est de…" Répond-il, avant que je ne l’interrompe.

"La dernière étape consiste à…contrôler le poison une fois sur la victime et le forcer…à…pénétrer les pores." Dis-je.

Trop acculé par mon adversaire, je n’ai pas l’occasion de savoir si j’ai surpris l’elfe blanc en ayant compris par moi-même comment générer le sort et manipuler le contrôle, avec seulement les quelques utilisations qu’il a opéré sur moi. Néanmoins, sa voix me parvient.

"Si tu sais comment procéder, qu’attends-tu ?"

Il n’a pas vraiment tort, mon problème est que mon adversaire ne me laisse pas vraiment l’occasion de contrôler mes fluides.

Mais j’ai le temps de faire le point mentalement. La première étape est de canaliser une surface aqueuse et d’en altérer la composition pour générer le poison désiré. Afin de le projeter, je fais circuler le reste de mes fluides d’eau pour engendrer un courant dans mon corps, jusqu’à ce que m’harmonise avec le flux de celui-ci et qu’il me serve à projeter mon poison. La dernière étape qui m’avait échappé et que j’ai apprise en subissant à nouveau le sort, c’est qu’il faut forcer le poison à pénétrer la peau. Sans quoi, je ne ferais rien de plus qu’une démangeaison.

Ce sort d’eau me demande encore des efforts pour être capable de l’utiliser en réelle situation de combat. Néanmoins, je connais quelques parades pour palier à cela. Je monopolise ma magie avec une majorité de fluides terrestres pour générer une protection de pierre sur mon corps et éviter d’user de mes ressources d’eau pour le sort en apprentissage. La protection se génère sur mon corps et une véritable armure naturelle parcourt mon être et me rend plus résistant aux coups reçus.

Ma défense plus solide ne semble pas plaire à mon adversaire et ses coups précédents ne visant que ma défense, il adopte un assaut plus brutal en visant mon corps à défaut de ma faible garde. Bien que je sois protégé par mon armure magiquement générée, ses coups sont beaucoup plus puissants et parviennent à pénétrer au travers de la pierre qui m’englobe. Ses coups sont fluides, puissants et sa détermination à me faire mordre la poussière particulièrement sincère.

(Aller ressaisis-toi. Tu connais les bases de ce sort. Une fois maîtrisé, ce combat s’arrêtera.)

Me fiant à ma défense solide, je canalise le minimum de fluide d’eau pour lancer le sort. Je commence par générer une sphère d’eau dans le creux de ma main et altère sa composition pour obtenir le poison voulu. Puis je manipule rapidement mes fluides pour provoquer un courant d’eau au sein même de mon corps, jusqu’à ce que je m’harmonise avec le courant de mes fluides d’eau, dans le but de projeter l’eau de ma main sur l’épaule ma cible. Une fois sur elle, je continue mon contrôle pour qu’elle pénètre à l’intérieur de son corps et…rien. Mon poison ne m’obéit pas et préfère s’écouler sur les vêtements.

Une véritable surprise pour moi. J’avais pourtant compris les différentes étapes du sort et j’ai également eu la confirmation d’Aëgis. Qu’ai-je manqué ? Mon adversaire ne lésine pas sur ses assauts et multiplie les coups puissants. Au travers de ma lourde protection de pierre, des filets de sang s’échappent de mes jambes et mes bras. La consigne est respectée, peut-être un peu trop à mon goût. Je canalise le reste mes fluides d’eau pour réitérer mon action. Je génère une surface d’eau dont je modifie la structure, tout en provoquant en moi un courant d’eau pour propulser mon poison. Une fois sur la joue de l’elfe bleu, je force le liquide à pénétrer dans le corps au travers de la peau et…toujours rien. Le poison glisse de nouveau sur lui sans que je ne parvienne à obtenir l’effet voulu. Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne colle pas et à force de réfléchir, me voilà démuni de ma protection terrestre qui se brise avec le temps.

J’ai perdu du temps, des ressources magiques dans ce duel et je fais face à un mur d’incompréhension. Réfléchissant à mon erreur de compréhension, nos lames se croisent de moins en moins et la rapière de mon adversaire trouve de plus en plus le chemin de ma chair sanglante. Je commence à être littéralement mutilé. Heureusement que ce n’est pas un duel mortel, car j’aurais déjà péri depuis longtemps. Nos regards se croisent et la satisfaction de dominer le combat est présente sur le visage de mon opposant. Ca et la trace sur la joue, là où mon poison a agi laissant une marque rongé par…rien. Il n’y a nulle trace sur son visage.

(Non c’est impossible ! Durant mon temps en geôle, j’ai pu comprendre que le poison généré était légèrement acide, laissant une légère marque de brûlure sur la peau, s’il ne pénètre pas le corps. Alors pourquoi il n’y a rien ? Ai-je mal transformé la structure de l’eau ? Ah moins qu’il n’y ait un autre facteur extérieur qui…)

Mon combat contre le Garzock me revient en mémoire. Aëgis m’avait prévenu que celui-ci était connu pour ses protections élémentaires. A cause de cela, les sorts étaient affaiblis quand ceux-là n’étaient pas simplement annulés.

(Et si mon adversaire possédait des protections contre l’eau qui empêche mon sort d’agir ? Non impossible. Le but est d’apprendre à maîtriser le sort. Aëgis ne m’aurait pas infligé un adversaire contre lequel c’est impossible. Mais le savait-il au moins ?)

Mon regard exprime la compréhension de la situation ô combien difficile et de l’impossibilité de parvenir à maîtriser le sort dans ces conditions. Une compréhension que décèle mon adversaire, saisissant à son tour qu’une fois la supercherie dévoilée, il encourra un châtiment à la hauteur de sa lâcheté. Redoublant d’efforts, il accélère la cadence. Ses coups deviennent encore plus vifs, plus précis, s’enfonçant davantage dans ma chair et m’obligent à hurler de douleur.

Qu’il n’ait pas eu l’intention d’aider un shaakt à apprendre une magie affaiblissante je le comprends. Cependant, à aucun moment l’elfe bleu n’a eu l’intention de suivre les ordres d'Aëgis. Je suis vraiment mal barré.

(Quoi qu’à la réflexion, n’est-ce pas le meilleur moment pour user de cette nouvelle forme de magie ? Si c’est bel et bien de la magie pure que j’ai générée, elle ne devra plus être restreinte par la protection élémentaire.)

L’occasion vient plus vite que je ne l’espérais. J’ai la chance de non seulement apprendre un nouveau sort, mais également de manier et d’être certain qu’il s’agit bien là d’une toute nouvelle forme de magie.

(Je dois apprendre à user un sort particulier, mais rien ne m’interdis de lancer mes sorts offensifs. Il est temps de contre-attaquer !)


Usant du pouvoir de ma puissante épée magique, je lance une première boule de feu sur ses jambes. Je pourrais ainsi l’affaiblir, sans avoir recours à trop de réserves magiques. Je sens une facilité plus grande à lacer ma magie sur un adversaire. L’artisan magique me l’a dit, avec mes runes, je serais plus avantagé face à un ennemi doté d’un équipement à chaque main. Hélas, mon adversaire est bien trop habile pour se laisser avoir. Evitant l’attaque d’un pas sur le côté, il profite d’une ouverture pour me lacérer le bras gauche. J’attends une occasion pour faire rugir encore une fois mes flammes, mais il utilise son petit bouclier pour habilement se protéger des flammes. Comprenant mes intentions, il fait de même et je n’évite un assaut sur mes propres jambes que de peu.

(Ses attaques deviennent de plus en plus dangereuses et il sait comment affronter un mage c’est est certain. Du moins, a-t-il déjà affronté quelqu’un comme moi ?)

Sans vouloir me vanter, je connais un éventail de sorts variés et je sais comment les utiliser d’une manière non-conventionnelle. Si mes flammes ne peuvent rien, je commence par manipuler ma magie de lumière pour l’aveugler. Atteint par surprise, j’enchaîne avec un usage qui a de quoi surprendre lorsqu’on ne s’y attend pas. Je matérialise un pilier de terre et le dirige vers le bas. Il brandit son bouclier dans cette direction et ne comprend que trop tard ma véritable cible : le sol composé de sable à ses pieds. Le pilier de terre envoie un énorme tas de sable qui, s’il ne fait aucun dégât, est projeté sur l’ensemble du corps de mon adversaire. Résultat, du sable dans les vêtements, la bouche et surtout, les yeux. Il porte rapidement les mains à son visage, gardant néanmoins son bouclier devant lui, mais il ignore ce qui l’attend.

Je canalise la magie en moi pour l’envoyer pénétrer dans son esprit et inverser les transmissions de ses sens. Cela m’aura coûté tout ce qu’il me reste en mana, mais à voir son comportement, il va avoir beaucoup de mal à m’atteindre à présent. Je bois d’une traite une petite potion de mana, avant d’enchaîner avec un autre sort. Appelant les esprits autour de moi, je cherche à retrouver mes réserves magiques. Il me faudra attendre le deuxième essai pour y parvenir, retrouvant ainsi la moitié de mes ressources. En attendant, mon adversaire tente de m’atteindre, mais affligé par ma confusion mentale, ses aptitudes physiques sont grandement handicapés. Je vois cependant que la colère commence à prendre le dessus sur lui. Il avait déjà de mauvaises intentions me concernant, le rendre fou de rage ne fera que l’inciter à prendre des risques qui me seront favorables si je m’en sers convenablement.

Evitant une attaque frontale, je profite que sa garde soit ouverte pour lui lacérer la jambe. Si ma lame est dangereuse avec ma magie, elle l’est visiblement moins pour trancher les membres. Ca et le peu d’expérience que j’ai avec ce type de maniement. Ma lame vient caresser sa cuisse, engendrant un filet de sang. Touché par un mage qui sait à peine manier une lame, il est également touché dans son orgueil de guerrier. Il parvient à m’atteindre au flanc par un assaut rapide. De mon côté, je préfère utiliser le même sort que le précédent et faire perdurer mon avantage.

Sa colère s’intensifie en comprenant qu’il n’est pas prêt de se défaire de mon horrible sort mental. Il se précipite sur moi alors que je fais de nouveau appel aux esprits présents. Entre ses sens altérés et la perturbation que mon sort génère, je n’ai même pas besoin de bouger pour éviter le coup et mes réserves magiques sont quasiment remplies à présent.

Le moment est idéal pour user de mes nouvelles capacités. Je me focalise sur un élément en moi et comme je l’ai fait avec ma boule de feu dans l’atelier magique, j’extrais la nature élémentaire en gardant cette sensation d’une douce herbe rafraîchissante. Car ce n’est pas mes fluides aquatiques, mais bien terrestres qui vont se manifester. J’use de toutes mes réserves magiques actuelles et désirant également accroître mon sort, j’y ajoute une touche de lumière. Je sens que mes fluides de terre se transforment et deviennent autre chose, la magie pure. Cependant, mon sort n’est pas parfait. Certes, il atteint l’elfe à la cuisse assez lourdement, réduisant sa capacité à se mouvoir de manière conséquente, mais mon sort retrouve rapidement son côté élémentaire. J’en comprends rapidement la raison lorsque je vois un phénomène lumineux qui fait ressurgir les fluides terrestres.

(J’ai extrait la nature élémentaire de mes fluides de terre, mais il n’en a rien été de la lumière que j’ai ajoutée. Ainsi, mon sort a repris sa nature élémentaire.)

C’est peut-être une bonne chose finalement, car la puissance de mon sort associé à la magie de mon arme lui ont fait particulièrement mal. S’il possède des protections contre la magie terrestre, j’aurai pu lui arracher la jambe.

Mon adversaire à terre, je n’attends pas pour agir. Il n’a fait preuve d’aucune pitié me concernant. Maintenant que j’en sais plus sur l’usage de la magie pure et que ma cible est particulièrement démunie, je manipule mes fluides pour en terminer avec de combat.

Je préfère éviter d’utiliser trop de fluides différents pour cette fois. Usant de mes fluides d’eau et de feu, j’extrais leur nature élémentaire en me focalisant sur la sensation du clapotis de l’eau et de la chaleur d’une journée d’été de mes fluides. Bien que cela me prenne du temps, la transformation s’opère me permettant ainsi d’enchaîner. Je rassemble ensuite mes fluides, guidés par ma magie d’eau devenue pure. De nouveau, un liquide se forme dans ma main, mais il a une teinte différente que précédemment due à l’effet de magie pure. Puis je transforme sa composition pour en faire un poison affaiblissant. Mes fluides courent en moi et se transforment un en un torrent puissant. Lorsque je suis en phase avec les mouvements, je projette mes fluides pour qu’ils atteignent leur cible. Continuant ma concentration, je les force à pénétrer à l’intérieur de mon adversaire et cette fois-ci, ça marche. Je parviens à faire pénétrer mon poison à l’intérieur même de l’elfe bleu qui s’en voit affaibli.

Mon sort fonctionne, mais je ne me laisse pas distraire pour autant et use de nouveau de ma magie pour recouvrir en partie mes forces magiques. Il sait que mon sort à fonctionné, que le combat est terminé et diminué par celui-ci, il n’a plus de raison de s’opposer à moi. J’en profite pour m’éloigner et retrouver l’elfe blanc.

"Ma foi, cela a été un combat particulièrement intense. J’ai pensé à interrompre le duel, tant j’étais convaincu que vous alliez vous tuer !" Déclare Aëgis en arrivant à mes côtés.

Les camarades de mon adversaire se précipitent jusqu’à lui et se murmurent les uns les autres. Je les observe tous et si je décèle de la stupéfaction sur leur visage, une profonde haine s’installe sur celui de Mituläne.

"J’ai vraiment eu peur pour toi, mais tout s’est bien déroulé au final. Je pensais que tu aurais cependant plus de facilité à maîtriser le sort ceci dit. Tu as rapidement compris et de toi-même comment il agissait. Pourquoi cela a été si long selon toi ?" Me demande l’elfe blanc.

(Parce qu’il utilisait des protections élémentaires qui ont rendu impossible le sort, sans recours à la magie pure.)

Seulement, je garde cela pour moi. D’autant plus que ce ne sont que des soupçons sans preuves concrètes. J’use de ma magie pour soigner mes blessures les plus graves et ne cesse de soutenir le regard du guerrier, sa fureur prenant le dessus sur lui. Faiblement, il repousse ses camarades et se rue sur moi. De dos, Aëgis n’a pas le temps de réagir. Je monopolise mes fluides de feu et d’eau et comme précédemment, je retire la nature élémentaire de mes sorts. Cette fois, ce n’est pas un poison affaiblissant qui s’échappe de ma main, mais un puissant jet de feu. Des flammes adoptant une couleur presque blanche au lieu de leur coloration rougeoyante habituelle, atteignent mon adversaire avant que celui-ci n’ait eu le temps de réduire la distance entre nous. Son bras armé est sévèrement touché, sans que je n’aie eu à utiliser l’effet de ma lame pour accroître la puissance de mon sort. L’earion s’effondre en hurlant, tenant son bras meurtri.

"Mais que se passe-t-il ?" S’étonne Aëgis en voyant l’éarion si près de nous avec une importante brûlure au bras.

"Dis-moi, le sort d’eau que tu appelles force manquée, il reste utilisable face à une résistance contre les sorts d’eau ?" Lui dis-je en surveillant toujours le malheureux au sol.

"Non effectivement, mais il n’en a pas et le cas échéant, il m’aurait prévenu !"
Réplique l’elfe blanc.

Je m’avance jusqu’à ma victime et laisse ma lame bien visible pour le menacer.

"Alors ? Tu possèdes des résistances contre l’eau ou pas ?" Dis-je d’une voix forte et claire.

"C’est…j’ai effectivement demandé une protection imperméable récemment. Mais force est de constater que j’ai dépensé mes yus pour rien, vu que ton sort a bel et bien agi." Déclare l’elfe bleu la tête basse.

"Non ça…ça n’a pas de sens." S’étonne l’hinïon. "Notre artisan magique est doué et en aucun cas il ne t’aurait dupé de la sorte. C’est quelqu’un d’une grande fiabilité, tant pas son travail que par son dévouement pour nos soldats. Il y a certainement une explication."

Cette explication, moi je la connais.

"Ne doutez pas de votre artisan magique, la résistance a bel et bien fonctionné. Au début, je n’ai pas été en mesure de contrôler le poison pour qu’il pénètre les pores. Il m’a fallu au préalable ôter la nature élémentaire de ma magie pour y parvenir." Dis-je avec une forme de dégoût en portant mon regard sur l’elfe bleu.

"Oter la…attend une seconde. Cela explique tout mais…tu es…un occultiste ?" S’étonne Aëgis.

"J’ai passé beaucoup de temps à déchiffrer les nombreuses explications de l’atelier magique, mais oui, je suis à présent en mesure de retirer la nature élémentaire des fluides pour utiliser la magie pure. Si telle est ta question." Fais-je tout simplement.

Les elfes, tous sans exceptions, Aëgis comme Mituläne et ses camarades me portent des regards sidérés après mon explication pourtant claire et simple.

"Quoi ? Il y a un problème ?"

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