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par Aenaria » mar. 31 mars 2020 19:02
En sortant de chez le bijoutier, nous reprîmes un petit bain de foule non désiré mais de toute évidence, cette boutique était prisée pour que toutes les femmes riches de la ville se masse devant. Elles nous sautèrent presque dessus, voulant savoir ou plutôt souhaitant voir ce que nous avions acheté dans le magasin. Nous nous extrayions, non sans difficulté, de ce bourbier, jouant parfois des coudes, avant de retrouver un peu de quiétude.
- "On dirait des chiffonnières qui se battent pour savoir à qui mieux mieux !
- Ce sont de vraies hurleurs ma parole !
- L'une pourrait en devenir un, attention à ce que tu dis !"
Nous partîmes d'un rire communicatif tout en continuant de nous éloigner de ces folles furieuses prête à bondir sur la moindre occasion de colporter des rumeurs sur les personnes sortant de la boutique. Nous marchâmes un petit moment, jusqu'à ce que nos pas nous conduisent vers le fleuve de la ville. Des passerelles de bois enjambaient le cours d'eau, tranquille, sur lequel voguait ici et là des bateaux plats avec du bois à leurs bords.
- "La Yarthe, fleuve qui fait la richesse de cette ville, une véritable bénédiction si on écoute une partie de la population.
- L'autre partie avance que c'est une malédiction ?
- L'autre partie n'a pas vraiment d'avis tranché sur la question.
- Je vois que monsieur a fait ses devoirs pendant que je récupérai.
- Disons que je me suis occupé, j'ai surtout fait un peu de repérage pour me dégourdir les jambes et ne pas devenir fou à te voir te tordre de douleur dans tous les sens.
- C'est derrière nous, je vais mieux, je me sens mieux.
- Très bien alors, suis-moi.
Je n'eus pas le temps de répondre que déjà il attrapait ma main et m'entraînait à sa suite dans le labyrinthe que constituaient ces différentes passerelles. Il avait bien fait son travail de repérage car il ne changea jamais de direction, jusqu'à arriver à un petit embarcadère tout au bout de la ville, à la sortie la plus au sud. Je pouvais apercevoir au loin la forêt qui était à l'origine de la richesse de Yarthiss, la forêt du renouveau. Le fleuve dont le lit était large possédait un débit très tranquille, parfait pour le commerce fluvial. Je pourrais regarder ce paysage pendant de longues heures, du calme et la beauté, loin du tumulte de la ville.
- "Naria, tu es toujours avec nous ?
- Oui. Pourquoi m'as-tu amené ici ?
- Nous allons tester ta résistance physique ma chère.
- Pardon ?
- Nous allons louer une de ses barques et remonter le cours du fleuve sur un petit kilomètre, de quoi nous éloigner suffisamment de la ville afin de profiter de la vue.
- Ce n'est pas un peu trop pour une reprise ?
- Au contraire, je te sais dure au mal. Ça devrait aller.
- Si tu le dis. Où devons-nous payer ?"
Du doigt, il m'indiqua une petite fille qui attendait près de l'une des barques. Je m'approchais doucement d'elle et m'accroupissant, je baissai la tête pour la saluer.
- "Bonjour jeune demoiselle. Il paraît que c'est à toi qu'il faut s'adresser pour louer une de ses embarcations.
- Oui madame."
D'un rapide coup d'oeil, j'englobai tout le lieu des yeux à la recherche d'un adulte mais je n'en vis pas, ceci m'inquiéta fortement. J'espérai profondément que ce n'était pas un esclave à la solde d'un riche marchand.
- "Tu es toute seule à faire ça ?
- Mon papa est bucheron pour la guilde et ma maman est malade depuis une semaine, donc c'est moi qui m'en occupe à sa place.
- Je suis désolée d'apprendre que ta maman ne va pas bien. C'est très courageux de ta part de la remplacer.
- Merci madame.
- Combien est-ce que nous te devons pour louer une de tes barques ?
- 50 yus madame."
J'attrapai la bourse à ma ceinture et en sortit une pièce d'argent que je lui tendis dans ses petites mains.
- "Tiens ma grande. C'est pour aider ta maman à aller mieux."
Une bouche grande ouverte, des yeux ébahis, elle allait gober les mouches si elle restait ainsi. Puis, sans crier gare, une larme roula sur sa joue droite que j'attrapai au vol. Elle sauta alors sur moi et je la pris dans mes bras avant qu'elle ne fonde en larmes.
- "Merci... beaucoup... madame..."
Ses propos étaient entrecoupés de larmes mais je compris parfaitement ce qu'elle venait de me dire. Je la calmai du mieux possible en lui caressant le dos de mes mains et petit à petit, les soubresauts diminuèrent. Elle renifla une dernière fois dans mon oreille et recula avant de baisser la tête respectueusement.
- "Veuillez m'excuser madame ce n'est pas un comportement très approprié.
- C'est la réaction normale d'une petite fille bien élevée. J'espère que ce sera suffisant pour lui permettre de voir un médecin ou bien de s'acheter de quoi se soigner.
- Je vais aller chercher les plantes dont elle a besoin pour aller mieux au marché lorsque je fermerai l'embarcadère dans la soirée. Bonne balade à vous deux.
- Je n'ai pas saisi ton prénom ?
- Clara madame.
- Aenaria mais tu peux m'appeler Naria. Je suis en ville pendant encore un ou deux jours avec le Sindel que tu vois derrière moi. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis à l'auberge de l'Au-Delà.
- Merci madame... je veux dire Naria."
Je me dépliai afin de lui ébouriffer les cheveux affectueusement.
- "Un conseil pour naviguer à contre-courant ?
- Ça va faire mal !
- Je crois que c'est le but de l'exercice.
- Essayer autant que possible de rester près des berges, le courant y est beaucoup moins fort qu'au centre du fleuve.
- Merci bien. À tout à l'heure ma grande !"
Je me retournai et rejoignis Ehemdim qui avait dû voir toute la scène. Il me lança un tendre sourire et me présenta notre barque qu'il tint fermement afin que je monte dedans à l'arrière. Une fois assise, je tins fermement le ponton afin qu'Ehemdim monte à l'avant. Je pris quelques secondes pour déposer mon bouclier et mon épée devant moi afin de ne pas être gênée pendant que nous ramions. Ehemdim fit de même en posant ses armes sur les miennes. Il attrapa ensuite sa rame, je fis de même. Me retournant, je l'appuyai contre le ponton derrière moi et d'un coup sec je nous poussai vers le fleuve pendant qu'Ehemdim amorçait de grands mouvements afin de nous mener vers le bord. Je me mis sur son rythme et nous commençâmes à pagayer comme des forcenés.
(((HRP : retirer 100 yus de ma bourse.)))
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Aenaria le ven. 8 janv. 2021 12:42, modifié 1 fois.