La Place Publique

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Yuimen
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La Place Publique

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 11:35

La place publique

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Cette place se trouve au centre de la ville, les marchands y vendent leurs marchandises, les vagabonds y font des spectacles de domptage d'animaux en tous genre, crachent du feu, font entrer des épées dans leur bouche pour pouvoir récupérer quelques yus.

Le soir, cette place est bondée de monde, ce qui facilite la tâche des voleurs qui se font une grande joie de pouvoir dépouiller leur victimes sans risque.

Cette place est certainement l'endroit le plus connu de la cité. Parfois on y pend les victimes des corruptions des miliciens aussi.

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Madoka
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Re: La Place Publique

Message par Madoka » jeu. 21 mars 2019 21:26

Nous laissons derrière nous un port où y traînent des dizaines d’hommes attendant un travail payé à la journée, et dont le sujet de discussion principal est d’en trouver avant d’être envoyés vers un manoir à l’est.
Nous pénétrons sur une place où l’activité n’est guère foisonnante. C’est une ville d’hommes rudes devenus impitoyables, de criminels et de profiteurs. Elle n’est pas entourée de campagnes prospères qui amènent leurs lots de fermiers au matin vendre leurs productions. Une bonne partie des habitants doit encore cuver dans leurs logis délabrés.

Sur la place publique, les passants ont l’allure maussade, la tête si basse qu’elle se confond avec les épaules, les rares marchands déjà en place derrière leur présentoir ont le regard méfiant et l’accueil prudent. Caché sous sa capuche et sa cape longue, Sam passe pour un adolescent et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il attire les œillades les plus suspicieuses, et qu’il lui faut insister lourdement pour passer pour un véritable acheteur. Il lui faut beaucoup de patience et une dose de résignation pour faire ses achats mais, il y parvient et me signe discrètement que la qualité des produits va de pair avec l’ambiance générale et pas du tout avec les prix. Content de ne pas avoir à y passer plusieurs jours, il me fait signe qu’il a tout le ravitaillement en produits frais au moment où une impression étrange accapare mon esprit.
Un picotement dans la nuque qui remonte à la racine de mes cheveux, une sensation qui m’arrive parfois quand quelqu’un use de magie autour de moi. Un sifflement semblable à un courant d’air me fait tourner la tête, en quête d’un signe ou d’un mouvement. Personne ne semble troublé dans ses perceptions. J’en suis à me dire que mon imagination me joue des tours quand ma vision s’y met aussi. Une sorte de sphère translucide et aérienne trouble le vide devant moi et s’approche très rapidement. En arrivant sur mon épaule, elle chasse des mèches de cheveux qui s’envolent. J’entends une voix féminine retentir à travers mon oreille, d’abord lointaine comme un écho puis les mots se font plus précis et le message explicite. La Conseillère Shimi m’envoie un message de la part du Conseiller Gale. Le groupe Tonnerre d’Omyre est à nos trousses, la date de retour à été repoussée de près d’un mois afin de palier au risque grandissant de notre voyage.

« Manque plus que ça, fais chier ! »

L’impression d’être soudainement espionnée par tous les recoins de rues me prend aux tripes. C’est une bonne chose, au moins, qu’on ne se soit pas arrêtée dans une auberge de la ville hier soir quand je n’avais pas encore cette information. Le groupe Tonnerre, la poisse. Des mages Shaakt spécialisés dans la traque. Je hais les mages et ceux là sont assez tenaces et acharnés pour se comparer aux premiers habitants d’Exech, la cruauté et l’ambition leur collent à la peau. Si j’en ai un au cul, ça sera difficile de m’en débarrasser, d’autant plus que la route est unique et l’étape à la Ziggurat une nécessité. Sam m’interroge, inquiet.

« Un contretemps, mauvais. On doit se dépêcher et partir au plus vite, avant qu’on ne se fasse trop remarquer. On a ce qu’il faut pour boire, manger et dormir, inutile de s’attarder ici pour le reste. On file aux écuries. Messieurs, vous pouvez nous accompagner ?»

Ils font la moue, ne comprennent pas ce qui se passe, mais hochent la tête de concert.

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Adam Von Demorlys
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Re: La Place Publique

Message par Adam Von Demorlys » mer. 3 avr. 2019 14:38

<-

« Ca va mieux l'ami ? »

« Oui, je me sens mieux. »

Effectivement la désagréable sensation s'estompait et laissait lentement place à une nouvelle, qu'Adam n'aurait pas su décrire. Elle n'était pas spécialement agréable, mais plutôt étrange.
Les deux compères se mirent ensuite à arpenter la vaste place publique. Contrairement à ce qu'Adam aurait penser au premier abord, cette dernière débordait d'activités. Loin des guerres de territoires et de clans, divers artistes se donnaient en spectacle, comme des acrobates et jongleurs.

Le jeune bourgeois restait quand même sur ses gardes. Il connaissait assez ce genre de populace pour savoir que d'habiles tire-laines profiteraient de sa distraction pour le délester de sa bourse, même si cette dernière ne pesait plus très lourd.

« Je t'avouerais être quand même un peu déçu. Je pensais trouver bien plus de choses dans cette boutique. »

« Quoi, tu trouves qu'il n'y avait pas assez de vêtements, ou de fluide ? »

« Je ne pense pas à ça, la magie ne se limite pas à ça. Je m'attendais à trouver au moins quelques ouvrages, grimoires, livres, voir même des artefacts. Des choses qui permettent d'approfondir mes connaissances. Là hormis les fluides il n'y avait essentiellement que des équipements. »

« Oh.... Bah fallait le dire plus tôt ! Je t'aurais amené ailleurs. Tu ne m'avais parlé que de fluides. »

« Non, je t'ai parlé de tout ce qui pourrait m'aider à gagner en puissance. Il y a les fluides certes, mais il faut le savoir qui va avec sinon ça revient à utiliser un instrument sans savoir jouer de musique. »

Génas lui jeta un regard dubitatif. Adam retint un soupir, ne souhaitant nullement rentrer dans ce débat avec le nain, il coupa donc court en demandant.

« Dans quelle autre boutique pourrais-je trouver cela ? »

« Bah... C'est pas vraiment une boutique comme celle qu'on vient d'quitter. C'est plus le repaire d'un vieux fou. Un sorcier plus précisément. Je ne l'ai jamais rencontré mis à ce qu'on dit-il s'est plongé dans l'art des arcanes jusqu'au cou et a du coup une sacrée collection de bouquins et autre. »

« Tu sais dans quel quartier il se trouve? »

« C'est le problème. Il est relativement discret. A ce que j'ai entendu dire il vit dans les catacombes de la ville, dans un endroit assez reculé. »

« Les catacombes ? »

« Ouaip, il y a tout un vaste réseau souterrain qui fait presque la même superficie de la ville. Immense donc, et on peut y faire de très mauvaises rencontres, bien plus qu'à la surface. »

Curieusement, cela ne refroidit pas le jeune mage dont la curiosité était piqué au vif.

« Tu as quand même une idée de l'endroit où se trouve ce sorcier ? »

« Apparemment se serait plus vers l'est de la ville. »

« Allons-y alors, ne me dis pas qu'un nain aurait peur à l 'idée de se rendre sous terre ? »

La provocation fit visiblement mouche, le nain bomba son torse, dardant un regard noir sur le jeune mage.

« Et comment qu'un nain refuserait d'aller sous terre ! Allez l'ami suis-moi, devrait y avoir une entrée par là bas. »

Génas entraîna alors Adam vers l'est de la ville.

->

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Kassar le laid
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Re: La Place Publique

Message par Kassar le laid » mar. 2 juil. 2019 23:02

Précédemment...

J’émerge de ma ruelle, et découvre que, malgré sa sinistre réputation, Exech possède encore une activité nocturne qui ne concerne pas que les criminels et les coupes-jarrets de la cité. Tout autour et au cœur de la place centrale de cette ville, une foule frémissante et bruyante ondule entre les étals, à la recherche d’un repas, d’une bonne affaire ou d’une distraction pour la nuit, dans cet étrange chaos organisé qu’on rencontre dans les marchés de tout yuimen.

Progressant dans la foule nocturne, je l’observe avec curiosité – une attention qu’elle ne me rends guère. Un mendiant masqué aux vêtements tâchés de sang séché n’est pas une vision sur laquelle elle souhaite s’attarder. Pour moi cependant, bien qu’en de tristes circonstances, j’embrasse pour la première fois la pleine réalisation de ce qu’est une ville, et du nombre de gens qui y résident.


( Il y a au moins… 5… 6… 7 fois mon village rien qu’ici ! )

L’odeur de viande grillé attire mon regard et excite mon estomac. Sur une broche, tournant au-dessus d’un feu ronflant et crépitant, un porc tourne lentement, sa peau se caramélisant sous les épaisses couches de miel et d’aromates appliquées par le commerçant. Plus loin, l’enivrante odeur d’une bière fraîchement versée embaume l’air nocturne.

( Mais je n’ai plus un yuen en poche pour m’acheter quoi que ce soit… )

Mon regard traîne sur les étals, à la recherche d’un bol fumant auquel personne ne ferait attention, une proie facile à dérober. Puis je rencontre le regard du commerçant, dans lequel transpire une méfiance et une vigilance constante.

( Les voleurs doivent être partout ici, tout le monde est sur ces gardes. Et je n’ai vraiment pas envie de me frotter encore à la milice… )

Serrant mon ventre d’un main pour en réprimer les grognements, je continue mes progrès dans la place, quand une question me frappe soudain.

( Mais où est-ce que je vais, en fait ? )

Je décide de prendre une pause entre l’étal d’un vendeur d’élixirs de fertilité et l’estrade d’un jongleur au langage au moins aussi coloré que sa tenue.

( Je n’ai aucun plan pour le moment. Je n’ai fait que marcher depuis Frélême, et ensuite j’ai rencontré cette bouse d’Ensrah de milicien… )

Je parcours du regard les bâtiments qui entourent la place. Étrange contraste que ces bâtiments de pierres grises et de bois, sombres vigiles sinistres surveillant la place pleine d’activités, de lumières et de vie.

( Est-ce que je veux rester ici ? Dans cette ville?)

Je remarque soudain des mendiants, si discrets que j’ai du mal à les remarquer. Aussi sales et indigents que moi, bien que moins couverts de sang, je devine les hématomes d’une vie de soumissions sur leurs visages à la mine basse.

( Je vais devenir comme eux si je reste ici. Est-ce qu’on se sert au moins autant les coudes ici en ville qu’à Frélême ? Est-ce que je pourrais me faire une nouvelle vie ici, parmi eux ? )

L’idée porte un arrière-goût faisandé, un sentiment déplaisant. Mais pourtant, l’idée d’arrêter de marcher, d’arrêter de fuir, à quelque chose de plaisant, même pour une ville comme Exech.

( Non… Rien de bon ne ressortira d’ici. Je dois continuer. Partir.)

Je me relève et reprend appui sur mon bâton.

(On m’a dit qu’Exech était une ville portuaire. Peut-être pourrais-je trouver un navire dès ce soir ? Il n’est pas encore trop tard… Sinon, je ne sais pas où je vais dormir en sûreté cette nuit… )

Sur ces pensées, je me remets en marche, suivant les effluves salées portés par le vent pour trouver le chemin du port.

La suite...
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"Un beau visage est un masque pour un cœur scélérat"

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Vadex
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Re: La Place Publique

Message par Vadex » dim. 14 juil. 2019 19:42

<=

La pluie ne cessait de tomber sans que cela trouble les piètres spectacles sur la place publique. Sharon, elle, rêvait de trouver un refuge et de changer d’habits, ceux-ci sentaient presque aussi mauvais que la nourriture poisseuse que deux chiens se disputaient au pied d’une étale. Elle devait être dans un piteux état vu comment elle se fondait parfaitement parmi la plèbe. Elle tint fermement sa bourse accrochée à sa ceinture, comme le lui avait appris sa mère, et s’intéressa de plus près aux contenues des différents présentoirs. Les marchands n’étaient pas aussi affables que ceux de Tulorim, ils mâchaient la moitié de leurs mots et coupaient leur phrase pour grogner sur un mendiant affamé ou un visage suspect.

(J’ai assez de nourriture pour tenir encore deux ou trois jours, mais si je veux retrouver ma tante il me faut faire des provisions.)

Les différentes viandes n’étaient pas aussi alléchantes qu’elle l’espérait, elle était habituée à manger des mets fraîchement chassés et cuisinés par leurs domestiques. Un mode de vie bien différent de ces pauvres gens qui se disputaient pour une part de porc à moitié brûlé. Elle s’immisça jusqu’au vendeur de légumes, un homme âgé dont la bedaine s’échappait de sa ceinture, et saisie un oignon qu’elle inspecta pour vérifier la qualité. Le vieil homme saisit soudainement sa main et lui hurla dessus dans un patois qui lui était inconnu avant de la jeter sur le côté.

-Et n’essaye pas de revenir, p’tite voleuse !

Sharon se rattrapa de justesse et évita de se retrouver étalée par terre, recouverte de boue.

(Mais…Je ne suis pas une voleuse…)

Les larmes lui montèrent aux joues. Les difficultés de ces derniers jours avaient bien minées sa patience, à présent elle voulait juste se reposer.

(Je suis peut-être sale mais…est-ce parce que j’ai touché ce légume ?)

Elle ne retint pas ses larmes et éclata en sanglot.


(Je suis désolé père, tout ça c’est ma faute…Je n’aurais jamais dû insister pour venir ici, je suis désolé…Je ne sais pas comment faire sans vous à mes côtés…)



La jeune fille se redressa mollement, la tête basse quand un homme lui tapota délicatement l’épaule.

-T’veux un peu de pain ma p’tite ?

Un jeune wiehl au visage émacié lui tendit un morceau de pain qui semblait frais. Ses cheveux gras plaqués sur son front et ses dents jaunâtres laissaient deviner qu’il vivait probablement dans la rue. Sharon hésita un instant et ne pût s’empêcher de noter la propreté de ses habits sur son corps frêle et malingre.

-N’t’en fais pas, s’normal de s’aider entre pauvre gars. Tiens, prends-le.

L’homme insista tellement que la jeune fille se sentit obligée d’accepter. Elle marmonna un mot de remerciement et sortit sa bourse.

-Je peux vous payez, monsieur. Je ne suis pas une mendiante.

L’homme fronça des sourcils, surprit, puis repris d’une voix mielleuse.

-Ah ? Tu dois être perdue tiens, laisse-moi t’aider.

A cet instant, son instinct l’avertit de la dangerosité de cet homme. La lueur dans ces yeux montrait tout, sauf de la bienveillance.

(Je suis mal, qu’est-ce que…qu’est-ce que je fais ?!)


L’homme l’incita à le suivre dans une ruelle adjacente, son sourire malsain s’agrandissait à chaque pas.

-Je…Je ne voudrais pas…

Elle peinait à trouver une excuse pour qu’il la laisse en paix mais l’homme squelettique serra plus fort son poignet et la tira plus violemment. Elle essaya d’extirper sa main sans succès, on l’emmenait dans une allée sombre d’où plusieurs paires d’yeux brillaient. Leurs traits trahissaient une faim vorace qu’ils semblaient sur le point d’assouvir. Sharon ne comprenait pas pourquoi l’homme l’emmenait vers ces silhouettes bossues au regard diabolique.

(Père ! Père, faites quelques chose !)


-Hé ! Mademoiselle, vous avez fait tomber quelque chose !

Un garçon la héla depuis le marché. Il accourut vers elle tandis que son agresseur tenta de la cacher derrière lui.

-Vous avez fait tomber ce collier mademoiselle, il faudrait être plus prudent.

Le garçon, plus âgés que Sharon, tendit un collier argenté décoré de pierres précieuses.

-C’est à vous n’est-ce pas ?

Il plongea son regard dans celui de la jeune fille en posant cette question. Un mouvement de tête presque imperceptible à son intention.

-Tiens, mais oui ! C’est à ma fille. Merci mon p’tit.

L’homme se saisit de l’objet d’une main habile et desserra son étreinte sur Sharon pour mieux examiner l’objet. Alors que l’homme faisait tourner le collier entre ses doigts abîmés, le garçons saisit rapidement la main de la jeune fille et la tira brutalement vers lui.

-Par les dieux !

Avant même qu’il ne termine sa phrase, les deux enfants avaient parcouru la moitié du marché et se fondait dans la masse. Sans s’arrêter, le jeune garçon décèlera le pas, jetant de fréquents coups d’œil aux alentours. Il se retourna à la vue d’une patrouille et plongea dans la première ruelle à sa droite.

=>
Sharon, perdue à Exech


Que ton voyage se fasse sans encombre.
En attendant le dernier qui nous ménera sous terre.

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Charles
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Re: La Place Publique

Message par Charles » dim. 23 août 2020 14:42

Repérable facilement dans la foule, la famille de hauts dignitaires approche. Une visite diplomatique prétendent ils. Une belle bande de menteur. Ils s’avancent sans se préoccuper des étals, des voleurs à la tire, des cracheurs de feu, des jongleurs... Le chef de famille se sent en terrain conquis, arborant aux yeux de tous sa richesse jusqu’aux bouts des doigts. Sa femme en est également une illustration, bien plus jeune que lui, ravissante, tenant par la main un jeune garçon. Il doit avoir dans les six ou sept ans, une petite tête blonde, des yeux verts brillants d’innocence et d’ébahissement. Qui ne pourrait pas être ému en voyant ce visage rond, pétillant de jeunesse ? Il faudrait avoir un coeur de glace ou de pierre. Je m’interroge sur la composition du mien tandis que je lui fais signe quand il passe près de moi.

« Hé petit ! Tu veux voir un tour de magie ? »

J’arbore un visage avenant ponctué d’un sourire sincère tout en secouant ma baguette et mon chapeau. Le petit lâche instantanément la main de sa mère pour se précipiter vers moi en riant. Il atteint mon petit stand sans prétention, une caisse de bois renversée, drapée d’une nappe sombre. Sa mère le suit en souriant tandis que son père lance un soupir exaspéré en dardant vers moi un regard méprisant, déclarant d’un air hautain qu’il n’a pas le temps pour ces foutaises.

« Je vous en prie Georges. Pour le petit. »

Brave femme, j’ai de la peine en sachant que son père ou son frère l’a jeté aux bras de cet homme vieux, d’une grasse inélégante au crâne et au visage luisant. Il se résigne d’un nouveau soupir las et patiente, main croisés sur sa canne sertie d’un pommeau d’or. Je me détourne de lui pour observer le petit, le coeur gonflé de joie de vivre.

« Quel tour tu veux voir mon grand ? »

« Les lapins dans le chapeau. »

« Oh ! Un classique ! »

Dis-je en agitant mon couvre-chef dans tous les sens, détournant son regard dans toutes les directions avant de le poser, retourné, sur la table. Je prends ensuite un air attristé devant sa mine impatiente. Jouant efficacement la comédie pour faire savourer le spectacle aux quelques curieux qui s’amassent devant le numéro.

« Hélas... Je n’ai pas de lapins dans mon chapeau. »

Sa mine se décompose en grimace déçu sous l’oeil moqueur de son paternel.

« Mais ! »

M’exclamais-je en levant le doigt bien haut pour que les regards s’y dirigent.

« J’ai des pigeons ! »

Je soulève ma coiffe, libérant deux pigeons qui s’envolent en roucoulant devant les mines ébahies et l’éclat de rire du gamin.

Ma propre vie est en jeu et laisse peu de place à l’émotion. Je reste concentré malgré le rire feint que je laisse échapper de ma gorge. Je dresse mes poings et les avancent devant moi.

« Un dernier tour rien que pour toi. Quelle main veux tu ouvrir en premier ? »

Joueur, il tapote ma main droite du bout de l’index. J’ouvre ma main gantée, dévoilant qu’elle est vide. Je fais une mine théâtralement embêtée avant de refermer le poing et de les mélanger grossièrement en les passant juste l’une au dessus de l’autre.

« Deuxième chance. »

Il tapote mon autre main avec cet air si malicieux que seul les enfants possèdent. J’ouvre ma main pour qu’il constate qu’elle est vide elle aussi. Du sang froid, de la concentration, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je ferme mes poings, les tapes l’un contre l’autre si rapidement que le public en sursaute, je les ouvres à nouveau pour dévoiler une poignée de confettis que je souffle au visage du jeune garçon. C’est fait.

Le public applaudit, satisfait du tour de passe-passe basique. Le gamin applaudit aussi en riant, complètement inconscient de ce qui vient de lui arriver. Je garde un air jovial malgré mon désir de partir en courant pour fuir mon méfait. La mère va jusqu’à me jeter une pièce, suivis par d’autres. Une pluie de Yus tombe dans mon chapeau que je tends de bonne grâce, je ne peux me permettre de cracher dessus même si ils sont bien loin de la somme qui m’attend pour me récompenser de ce petit tour de magie.

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