L'Entrée de la Cité

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Yuimen
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L'Entrée de la Cité

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 11:23

Entrée de la cité

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Les portes d'Exech sont très peu surveillées pendant la journée. Les gardes ont d'autres chats à fouetter en ville. Mais si vous tombez sur une patrouille, ils ne manqueront pas de vous assaillir de questions et de vous fouiller de fond en comble. Le manque d'organisation n'est pas le manque de vigilance, bien que tous ces gardes soient très facilement corruptibles...

Très tard dans la nuit, les gardes viennent fermer les deux grandes portes en bois et il vous faudra attendre le lendemain pour entrer dans la ville, sauf exception.

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Adam Von Demorlys
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Adam Von Demorlys » mer. 8 mai 2019 11:23

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Plusieurs longues minutes plus tard, le jeune mage déboucha enfin sur une petite place qui se trouvait juste en face des vastes portes de la ville. A cette heure matinale il n'y avait que quelques badauds qui traînaient, mais ce qui surpris le plus Adam, c'était le petit nombre de soldats qui gardait l'entrée d'Exech. Il aurait imaginé plus de présence pour une telle tâche. Mais en y réfléchissant un peu était-ce vraiment étonnant ? Cela démontrait bien le côté misérable de la petite citée. A cette pensée Tulorim en vint à lui manqua un peu.

S'extirpant de ses réflexions, Adam se remémora les indications données par le docker. Il lui fallu un court moment pour bien s'orienter et se diriger vers l'ensemble de bâtisses correspondant. Questionner un gueux qui passait, l'aida à identifier précisément la masure dans laquelle il devait se rendre. Suite à cela ce dernier s'éloigna en hâte. Enfin Adam arriva devant la sombre baraque indiquée, dont la porte miteuse était surplombée d'une pancarte dont l'écriture n'était plus vraiment visible.

Curieusement il n'était pas du tout étonné d'être au bon endroit. D'habitude, divers mendiants et miséreux arpentaient toujours les ruelles. Cependant là ils se comptaient sur les doigts de la main, et semblaient se tenir à bonne distance du sombre bureau. A cause des derniers événements et de la disparition de nombreux gueux, la bâtisse devait être désormais de bien mauvais augure pour la populace locale.

Mais Adam n'en faisait pas parti. Sans perdre plus de temps, il saisit alors la poignée avec assurance et entra.

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Adam Von Demorlys
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Adam Von Demorlys » sam. 11 mai 2019 12:13

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L'homme releva enfin la tête de ses papiers et se présenta au jeune mage d'un ton cordial, mais lui apprit ensuite qu'il était trop tard pour rejoindre l'expédition. Adam ressentit alors une pointe de déception mais aussi de perplexité.

(S'il arrive d'ici peu et qu'il n'a pas encore quitter Exech, dans ce cas il est toujours possible de rejoindre ce groupe non?)

L'homme était en train de se lever et de réajuster ses vêtements, lorsque le jeune bourgeois s'apprêta à formuler sa réflexion. Cependant le dénommé Valendro lui lança un regard étrange, et vu qu'il allait au devant de Mathias Belmont, lui proposa tout compte fait de se joindre à lui. Bien sûr Adam accepta sans rechigner. Après avoir suivi l'homme dehors, le jeune mage prit place à côté de lui sur une charrette pouvant transporter une demi-douzaine de personnes.

"Nous les attendrons aux portes de la ville. Ça nous laissera le temps de discuter, et surtout de m'expliquer ce qui a bien pu vous passer par la tête pour risquer votre vie de la sorte."

Les portes d'Exech n'étaient pas loin. Et vu la faible activité qu'il y avait en cette heure matinale, ils eurent le temps de patienter en bavardant tranquillement.

« Je ne sais pas quelle est la composition du groupe qu'a rassemblée Sir Belmont, mais je me suis dit qu'un lanceur de sorts pourrait être utile. Pas forcément comme force de frappe, mais plus au niveau des connaissances qu'il pourrait apporter. Je suis assez novice en la matière pour le moment mais ne sait on jamais, j'ai quand même quelques bases en matière de magie sombre. Car aucun doute qu'il s'agit d'une puissante magie derrière tout ça. .. Et il faut aussi le reconnaître, les bénéfices qui ont été mis en avant par Sir Belmont sont loin d'être négligeables.»

Adam ne s'étala pas plus dans les explications. Il exprima de quoi satisfaire la curiosité de son interlocuteur, sans pour autant chercher à le convaincre. Après tout il lui avait bien dit que ce n'était pas lui qui s'occupait des recrutements. Il préféra passer le temps qu'il avait à attendre à en savoir plus sur ce qui les attendait, et les témoignages qu'ils avaient eu de quelconques survivants. Ainsi questionna t'il Valendro dans ce sens.

«Je n'ai eu que des échos de ce qu'il s'est passé lors de l'ouverture de ces fameuses portes. Que vont ont rapporté ceux qui sont arrivés à s'en sortir ? »

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Ce que lui rapporta son interlocuteur ne l'avança cependant pas plus sur ce qu'il savait déjà, ou alors attendait-il d'être sûr qu'Adam rejoigne vraiment l'expédition avant de lui en dire plus.
Modifié en dernier par Adam Von Demorlys le dim. 19 mai 2019 14:25, modifié 1 fois.

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Gamemaster2
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Gamemaster2 » mar. 14 mai 2019 23:18

Intervention pour Eden, Selen et Fromritt


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Le voyage se déroula donc dans une ambiance plutôt surprenante pour le contexte. En effet, peut-être s'agissait-il du seul et unique moment durant lequel les aventuriers étaient capables de s'amuser sans penser à ce qui les attendait. Pour certains, il n'était pas lieu de perdre son sérieux face à la menace qui s’annoncait. C'était notamment le cas de Mathias qui, perdu dans ses notes et parchemins, avait passé la quasi-intégralité du voyage à tenter de comprendre le mal qui envahissait son domaine, mais sans succès. N'ayant pris de pause que pour se restaurer, le commanditaire de l'expédition affichait un regard agacé, le tout mêlé à des yeux rougis par la fatigue ainsi que des cernes conséquentes. C'était d'ailleurs son homme de main qui ouvrit la marche lorsque l’atterrissage se termina, guidant le petit groupe hors du Cynore pour y faire découvrir la tristement célèbre Exech.

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"Suivez-moi, notre transport nous attend aux portes de la cité."

Derrière lui, Mathias restait en retrait. Il avait perdu de sa superbe, avec ses cheveux ébouriffés, son regard presque dément et sa démarche de mourant. Il refusa l'aide que lui proposait son homme de main, préférant lui hurler dessus sans craindre votre réaction ou celle des passants.

"FOUTEZ-MOI LA PAIX ! JE VAIS BIEN, BON SANG ! Je vais bien..."

Ceux qui s'intéressaient toujours à son cas purent le voir fouiller dans sa sacoche, prenant quelques secondes pour y récupérer un flacon qu'il s'empressa d'ouvrir et d'en avaler le contenu en fermant les yeux. Impossible de savoir ce qu'il venait d'avaler, impossible également de lui poser la question. La marche jusqu'aux portes de la cité se fit donc dans une ambiance plutôt pesante pour les trois mercenaires.

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C'est après de longues minutes que le groupe franchit enfin le pont-levis d'Exech, là où était stationné un chariot en bois vernis déjà harnaché à deux cheveux et susceptible d'accueillir six personnes sans qu'elles n'aient à se serrer inconfortablement. La place du cocher était suffisamment grande pour deux personnes, toutes deux installés côte à côte lors de votre arrivée. Le premier avait tout d'un homme de main des Belmont et il posa pied à terre en apercevant son collègue. Les deux hommes se saluèrent d'une poignée de main amicale et une courte discussion commença entre eux.

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"Edgar, ravi de te revoir. Le voyage s'est bien passé ?"

"À crever d'ennui, tu connais les trajets en cynores."

"M'en parles pas..."

Comme pour couper court à l'échange sans intérêt entre ses deux employés, Mathias Belmont s'avança en bien meilleure forme qu'auparavant. Les traces de sa fatigue semblaient gommées par magie, redonnant au noble l'éclat et l'enthousiasme démontrés durant les entretiens il y a quelques jours de cela. Le cocher se redressa et salua son employeur en s'inclinant légèrement, le laissant reprendre le contrôle de la situation.

"Valendro, qui est cet homme à vos côtés ?"

Comme surpris par sa présence, le cocher leva les bras d'étonnement et présenta l'inconnu au groupe et plus particulièrement à son employeur. L'appartenance ethnique de l'individu jonglait entre celle d'un Kendran et d'un Homme de Wiehl, conservant des caractéristiques propres à ces deux peuples. Grand et mince, sa corpulence n'était pas celle d'un guerrier, mais plutôt celle qu'on prête aux érudits. Son accoutrement ne ment aucunement sur l'aisance du personnage qui ne semble pas vouloir le cacher.

"Ha ! Ce jeune homme aimerait rejoindre l'expédition en tant que mercenaire. Je lui ai offert l'occasion de se présenter à vous, s'il reste de la place bien entendu."

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Intervention secondaire pour Eden, Selen et Fromritt


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Comprenant qu'il n'était pas nécessaire à la conversation entre Mathias et l'inconnu, Valendro vous accueille dans son chariot. L'intérieur est propre et les sièges semblent confortables, ce qui contraste légèrement avec son aspect extérieur.

"Il ne prête pas de mine comme ça, mais c'est un chariot robuste. Maître Belmont insiste pour que nous empruntions la route directe, nous serons donc au Domaine Belmont d'ici une heure au trot. Je vous en prie, installez-vous. Nous n'allons pas tarder à partir."

Vous êtes donc libres de patienter à l'extérieur pendant l'entretien de l'inconnu et de Mathias, ou d'embarquer directement. Edgar restera à l'extérieur quelques instants pour échanger avec Valendro avant que ce dernier ne remonte à l'avant. Il montera donc à bord du chariot et s'installera confortablement le temps que son employeur finisse son échange.

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Intervention secondaire pour Adam


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L'homme qui se présente à toi semble fatigué de son voyage, même s'il n'en laisse rien paraître. Richement vêtu, il traduit une certaine confiance en lui qui pourrait presque être ressentie comme de l'arrogance. Malgré tout, il t'aborde sans manières et se concentre sur les raisons de ta présence.

"Je suis Mathias Belmont, chef de la famille Belmont. Vous êtes mercenaire ? J'ai effectivement une place de libre dans l'équipe. Je suis disposé à vous engager si vous acceptez de rejoindre mon commandement pendant mon expédition. La prime est de trois mille Yus et d'une bonne publicité de vos services dans la région. Valendro vous a t-il expliqué en quoi consiste le travail ou dois-je le faire moi-même ?"

(((Je te laisse rédiger ta réponse. Tu peux faire intervenir Mathias à quelques reprises si tu as besoin d'un échange plus conséquent, mais n'en abuse pas. Son code couleur est à gauche de la palette de couleur. Une fois ta réponse rédigée, tu peux directement enchaîner avec la suite de la Màj, postée plus bas.)))


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Intervention pour Adam, Selen, Eden et Fromritt


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Une fois tout le monde à bord, le cocher n'attend pas pour partir. Vous prenez donc la route en direction du Manoir Belmont, le futur théâtre de votre mission. Le trajet ne prendra qu'une heure, vous êtes donc libres de l'occuper comme vous le souhaitez. Le temps est mauvais, presque nuageux et vous êtes en début de soirée. Rien d'exceptionnel ne se déroule pendant le trajet, si ce n'est vos interventions respectives. Sachez cependant que Mathias ne sera pas enclin à la discussion et qu'il sera particulièrement concentré sur ce qui se passe à l'extérieur pendant le trajet. Edgar, son homme de main, restera concentré lui aussi sur ce le paysage qui défile, mais c'est bien lui qui acceptera d'être dérangé quelques instants si vous avez des questions. (Contactez moi par MP ou discord pour que vous puissiez directement inclure les réponses à votre RP)


Récompenses
  • Selen, Eden et Fromritt = 0,5 XP (Actions quotidiennes lors du voyage)
  • Selen, Eden et Fromritt = 0,5 XP (Discussions entre PJs)
  • Adam = 0,5 XP (Trajet et présentation à l'événement)
  • Eden = 70 Yus + Bonnet rouge de diablotin
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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TGM
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par TGM » jeu. 16 mai 2019 19:53

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Je me suis, au final, réveillé tout seul, secoué par les tremblements du cynore à l’atterrissage. Nous sortons donc un à un de l'appareil pour nous rejoindre sur le quai. Je remarque alors que Belmont a l'air étrange. Sa démarche semble difficile, ses cheveux sont ébouriffés, son regard hagard et son visage marquant même plus de fatigue que celui de Fromritt en début de journée. C'est donc sa crevure de garde du corps qui prend les choses en main, nous ordonnant de le suivre aux portes de la cité, là où notre transport est censé nous attendre. Lorsqu'il se tourne vers son patron pour lui proposer son aide, dont il semble avoir grand besoin, ce dernier se met subitement à lui hurler dessus à ma grande surprise.

"FOUTEZ-MOI LA PAIX ! JE VAIS BIEN, BON SANG ! Je vais bien..."

Ne m'étant pas encore mis en marche, je reste immobile, observant Mathias afin de savoir s'il faut bien suivre les consignes qui viennent d'être données, malgré sa vive explosion de colère. Je le vois alors fouiller dans sa sacoche, en sortir un flacon et se hâter d'en avaler le contenu. Cela ne m'inspire pas confiance, pas du tout. Le lorsque le noble se met en marche, et nous à suite, je me déporte discrètement vers Selen et lui glisse quelques mots si bas que nul autre que lui ne puisse les comprendre, misant sur l'ouïe fine de sa race vantée par les esclavagistes omyrhiens.

"Pour la retraite, c'est râpé. Je sais pas ce qu'il boit, mais si tu le lâches, je reste avec toi."

Inutile d'en dire plus, il n'a pas pu échapper à la scène qui s'est jouée sous mes yeux. Les réserves qu'il avait vis-à-vis du noble ont peu de chances de disparaître après ce qui vient de se passer. Le semi-elfe me répond d'ailleurs que si Mathias perd la tête, ce qu'il avoue considérer, il tâchera d'abord de le raisonner. Il m'assure toutefois refuser de se mettre en danger en obéissant à des ordres déraisonnés. M'éloignant de lui pour ne pas attirer l'attention sur nous, je lui adresse un hochement de tête en signe d'acquiescement, rassuré de savoir que je ne serai pas seul à préférer ma vie à la récompense. Je ne préfère pas partager mes doutes avec Fromritt, même s'il n'est pas aussi naïf qu'il a voulu me le faire croire en se laissant dépouiller, s'il s'est bien joué de moi, je ne connais pas son avis sur notre commanditaire et je préfère l'observer un peu pour l'instant. Je pense que je pourrai compter sur lui en cas de combat, mais je ne sais pas s'il fait partie de ces gens qui préfèrent mourir plutôt que ne pas tenir leurs engagements.

Après quelques longues minutes de marche, nous franchissons le pont-levis de la ville, Exech si j'ai bien compris, et nous dirigeons vers le charriot qui servira à la suite du voyage. Il semble assez grand pour que l'on y tienne tous sans être serrés, et je comprends qu'il nous attend à l'attitude du cocher. Celui-ci met en effet pied-à-terre en nous voyant arriver et salue d'une poignée de main notre guide. En tendant l'oreille, je comprends de leur discussion banale que la "crevure" se nomme Edgar. Le nom de son comparse, le cocher grisonnant qui semble de nommer Valendro, m'est appris par Belmont, lorsque celui-ci les interrompt. Le flacon qu'il a englouti commence à monter ses effets, Mathias semble magiquement revigoré et enthousiaste. Son humeur, elle, semble moins rétablie puisqu'il se dispense de salutations envers son serviteur pour directement qui est homme qui l'accompagne. Ce n'est qu'à cet instant que je remarque le grand blond plutôt mince qui est descendu du charriot, alors que Valendro le présente comme un nouveau mercenaire intéressé par la prime.

(Mouais, il sera pas de trop, mais je me demande bien comment Mathias a pu refuser une brute qui soulève des charrettes, dans le pire des cas ça peut toujours servir de bête de somme.)

Je préfère garder mes pensées pour moi et suivre le cocher jusqu'à son véhicule, laissant notre chef d'expédition s'entretenir avec la potentielle recrue. Valendro nous invite donc à prendre place à l'intérieur, d'où le charriot semble plus confortable et nous indique que nous avons encore une heure de trajet avant d'arriver à destination. Je m'enfile donc en premier pour m'installer au fond du véhicule, saluant d'un geste de la tête le conducteur et remarquant au passage la cicatrice sur son sourcil droit. Il me fait le même effet qu'Edgar, deux vieux bourlingueurs qui se sont mis au service d'un noble local pour gagner de l'argent à moindres risques. En attendant que tous montent à bord, je jette un œil au paysage, celui-ci n'est plus accueillant que les alentours d'Omyre. Des herbes hautes et de la boue se confondent jusqu'à l'horizon en un sinistre marécage, ce genre d'endroit où l'on jette les cadavres qui ne doivent pas être retrouvés. Lorsque tout le monde est enfin à bord, le cocher démarre sans plus de cérémonie. Je remarque alors les riches habits de la recrue qui semble avoir été acceptée par notre irritable commanditaire. Comme ces bras ne seront pas de trop, je tente de lancer la discussion avec enthousiasme en me présentant.

"Salut l'nouveau! T'appelles comment ? Moi c'est Eden."

À la façon dont il me regarde, je le soupçonne de ne pas avoir plus fait attention à moi que je n'avais fait attention à lui. Il laisse passer quelques secondes un peu malaisantes avant de se présenter d'un ton courtois. Apparemment, il s'appelle Adam et je le soupçonne, d'après son accoutrement et sa façon de parler, de venir d'un milieu de nobles ou de riches marchands. Malgré sa réponse, il ne cesse pas de me dévisager et ose me demander ce qu'un "petit garçon" comme moi fait dans cette expédition. Mon sourire accueillant disparaît aussi vite que mes sourcils se froncent. Ce blondinet a osé m'appeler "petit garçon" ? Mais pour qui se prend-il ? On a dix ans d'écart à tout casser et il me traite comme si j'avais huit ans. Sans lui laisser le temps de corriger sa formulation ou même d'y songer, je lui crache d'un sec et tranchant :

"J'ai quinze ans !"

Je marque un silence en plantant sévèrement mon regard azur dans le sien qui l'est tout autant. Après une seconde, ou peut-être deux, de ce regard appuyé, je me détourne de lui d'un air nonchalant, lâchant simplement à son intention d'un ton froid et distant :

"Trois mille yus, c'est ça qui m'amène."

Il mine de ne pas remarquer que mon changement d'attitude est dû à sa maladresse, malgré une expression d'étonnement qu'il ne peut parfaitement dissimuler, et acquiesce d'un ton neutre que la somme est alléchante. Comme je le surveille du coin de l’œil, je le vois regarder le paysage et déclarer que je ne manque pas de cran pour m'engager dans cette expédition à mon âge. Le ton qu'il utilise est ambigu. Ne sachant s'il s'adresse à moi ou se parle à lui-même, je préfère l'ignorer et regarder le morne paysage défiler devant mes yeux, s'assombrissant avec le crépuscule que les lourds nuages tentent de camoufler. Quelques minutes plus tard, Adam propose de partager nos forces et nos faiblesses afin de renforcer notre cohésion. L'idée en soi n'est pas mauvaise, mais je doute que cela suffise, surtout si le caractère de Belmont empire et qu'Edgar, à qui je ne fais pas confiance, joue les chien-chiens obéissants. Montrant l'exemple, le petit bourgeois avoue ne pas être doué au combat et préférer l'utilisation de la magie, se proclamant capable de manier le feu et l'ombre. Sans détourner mon regard du paysage, je réponds d'un air détaché:

"J'ai de la chance."

Je regarde ensuite une à une les personnes présentes, m'arrêtant plus longtemps sur Selen et plus particulièrement Edgar et Fromritt, ajoutant enfin avec un fin sourire sur les lèvres:

"Surtout aux dés."

Je me détourne à nouveau de la conversation pour admirer le morne paysage, tendant toutefois l'oreille pour entendre les réponses de chacun.

1455mots

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Adam Von Demorlys
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Adam Von Demorlys » dim. 19 mai 2019 14:23

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Quelques minutes à peine s'étaient écoulées après que Valendro lui ai rapporté les informations qu'il avait, sur ce qui les attendait pour cette funeste expédition. Adam n'apprit pas grand chose de plus qu'il ne savait déjà. Il était question d'une mystérieuse et ancienne porte qui avait été forcée, libérant ainsi une horde de créature mort-vivantes. Un carnage s'en était ensuite suivi, au cours de laquelle juste une infime partie des personnes présentes était parvenue à s'enfuir, alors que l'autre partie, bien plus conséquente, avait rejoint d'une bien sinistre manière la meute d'abominations ambulantes.
Soudain, le jeune bourgeois entendit Valendro s'exclamer. Enfin ! Ce devait être le fameux groupe de l'expédition qui approchait. Alors qu'Adam tourna la tête, ce dernier fût tout d'abord étonné de ne voir que cinq personnes approcher. Automatiquement son regard se porta plus loin afin de voir si d'autres individus suivaient derrière, mais sa perplexité s'accrut lorsqu'il constata que ce n'était pas le cas. Après une courte réflexion le jeune mage se dit :

(Au final ce n'est pas plus mal. Cette expédition devrait se jouer en très grande partie sur la discrétion, chose qui n'aurait guère été possible avec une quinzaine ou vingtaine de brutes.)

Ses yeux bleus clairs se posèrent rapidement sur chacune des personnes qui les rejoignaient.

(Mais quand même …)

Valendro sauta ensuite à terre pour rejoindre l'homme qu'il avait apostrophé, à savoir un individu solide en armure, dénommé Edgar. Suivant son exemple, Adam descendit également du chariot en un saut et alla à la rencontre du petit groupe. Le jeune bourgeois hocha légèrement la tête en guise de salut général, tout en approchant.
Alors que les deux collègues se serrèrent la main et échangèrent des banalités, l'un des nouveaux arrivants, le plus imposant, non par sa stature mais par son allure, s'approcha, mettant ainsi à terme par sa seule présence à la conversation entre les deux hommes de main.

(Sir Mathias Belmont, à n'en pas douter.)

La supposition n'en était pas vraiment une, et elle devint pour de bon une certitude une fois que Valendro s'inclina légèrement devant lui. L'homme richement équipé lança alors un regard étonné à Adam et questionna le cocher à son sujet. Le noble s'approcha ensuite et se présenta. Adam en profita pour l'observer de plus près. Bien que ce dernier faisait bonne figure, le jeune mage décelait une pointe de fatigue dans les yeux de son nouvel interlocuteur. Sans doute le long voyage depuis Tolurim y jouait, mais le jeune bourgeois ne doutait pas que les derniers événements qu'avait traversés la famille y jouaient en grande partie. Adam en vint presque à se demander, combien d'heures était parvenu à dormir Mathias durant ces dernières nuits. Toute fois le chef de famille affichait une solide confiance en soi.

(Mieux vaut que ce soit le cas vu ce qu'il organise.)

"Je suis Mathias Belmont, chef de la famille Belmont. Vous êtes mercenaire ? J'ai effectivement une place de libre dans l'équipe. Je suis disposé à vous engager si vous acceptez de rejoindre mon commandement pendant mon expédition. La prime est de trois mille Yus et d'une bonne publicité de vos services dans la région. Valendro vous a t-il expliqué en quoi consiste le travail ou dois-je le faire moi-même ?"

Alors que Valendro invitait les autres mercenaires à rejoindre le chariot, Adam salua poliment le chef Belmont.

« Adam Demorlys, enchanté. Effectivement je viens rejoindre votre expédition, j'ai déjà eu les informations nécessaires par mes propres sources et par votre homme de main. »

Le jeune bourgeois fit un signe de tête en direction de l'homme avec qui il avait attendu le petit groupe. Le mage dénotait avec le groupe de combattants qui allaient prendre place dans le chariot, si on enlever l'étrange petit garçon. Conscient que son allure ferait poser quelques questions, il entreprit de rapidement briser la glace.

« Je ne vais pas vous le cacher, comme vous vous en doutez je ne suis pas vraiment un combattant. Mon art se tourne plutôt vers les arcanes, et c'est justement une des choses qui m'amènent vers vous. Nul doute qu'une puissante magie, ou qu'une puissante entité magique est à l'oeuvre sous les fondations de votre manoir. Je ne suis pas encore un spécialiste mais j'ai tout de même quelques bases en matière de magie et magie sombre, acquises auprès d'un grand pratiquant. »

Adam tourna à nouveau la tête vers le groupe qui se trouvait qu'à quelques mètres. Visiblement ce dernier était surtout composé de combattants. Bien que le jeune bourgeois s'attendait à cela, il aurait quand même pensé qu'au moins un érudit se trouve dans l'expédition.

« A défaut de servir de grande force de frappe, je viens tout de même vous proposer certaines de mes connaissances et ma vision érudite des choses selon ce que nous serons amenés à trouver là-bas. »

Mathias sembla alors tout d'abord pensif ainsi que sceptique. Il sembla jauger le mage du regard, sans doute aurait-il préféré un autre gros bras se dit le jeune mage. Après quelques secondes de réflexion, le chef de famille haussa vaguement les épaules.

« Une personne de plus est toujours le bienvenu. Maintenant allons rejoindre le reste du groupe, nous partons sans tarder. »

Sur ces derniers mots il rejoignirent alors les autres compagnons, et le jeune bourgeois en profita pour observer silencieusement les mercenaires qui s'étaient engagés. L'homme qui bavardait avec Valendro devait être à n'en pas douter un second homme de main du chef Belmont. Les autres mercenaires étaient alors au nombre de trois.

(Seulement quatre en me comptant ?.. Même si la récompense vaut indéniablement le coup, la plupart des gens doivent prendre cette expédition pour une mission suicide...)

De toute façon, mieux valait miser sur la qualité plutôt que la quantité. Adam était tout de même tout à fait conscient qu'il n'était pour l'instant qu'un débutant dans l'art des arcanes, et qu'il ne serait en conséquence que d'une faible aide s'ils venaient à être submergé par une vague de créatures morts-vivantes. Il s'arrangerait pour être d'une grande utilité d'une autre manière. Le jeune mage entreprit alors de jauger rapidement du regard ses nouveaux compagnons d'expédition.

Alors que le chariot se mettait en marche, son regard se posa en premier sur un Wielhenois imposant, équipé d'une large épée d'une taille tout aussi considérable et d'une sombre armure lourde. Un autre guerrier qui s'ajoutait aux deux combattants de Mathias Belmont.
Le deuxième était bien plus étrange. Sa peau pâle pouvait laisser penser que ce dernier n'avait jamais vu la lumière du jour. Ses traits avaient également quelque chose de Whielnenois, mais aussi quelque chose de plus exotique. Après quelques secondes Adam paria sur des origines elfiques.
(Vu son équipement ce doit être aussi un combattant... Il fait cependant moins brute que les autres, je ne serais pas étonné s'il pratiquait aussi un peu de magie. Si tel est le cas j'aurais tendance à miser sur du fluide obscur.)
Le jeune bourgeois prit cependant gare à ne pas trop s'avancer dans ses suppositions. Les apparences étaient parfois bien trompeuses, il en savait quelque chose.
Ses yeux se posèrent ensuite sur le troisième, et ce fût celui-ci qui l'intrigua le plus. Ici aucune armure étincelante, ni d'épée finement ouvragée. Le jeune garçon qui lui faisait presque face le regardait d'un air curieux et enthousiaste. Il était vêtu de haillons sales et d'un bonnet à l'aspect original, donnant ainsi au blondinet un air aussi étrange que comique. Puis ce dernier, qui était en train de regarder le jeune bourgeois s'adressa soudain à lui.

"Salut l'nouveau! T'appelles comment ? Moi c'est Eden."

Tout d'abord Adam se demanda ce que le pubère faisait là, dans ce chariot, avec eux.
(Sûrement un des mendiants qu'avait recruté les Belmont pour leurs travaux. Ce petit est peut être un des survivants et pourrait donc être utile une fois sur les lieux, vu qu'il a dû assister à ce qu'il s'était passé.)
Toute fois quelque chose clochait. Un survivant de ce massacre en serait ressorti un minimum traumatisé, et ne retournerait sûrement pas sur les lieux de bon cœur. Le blondinet qui lui faisait face, lui, semblait presque plus enthousiaste qu'autre chose.
Non vraiment... Il n'avait rien d'un rescapé traumatisé.

« Bonjour à toi Eden, tu peux m'appeler Adam. »

Vu que la conversation était engagée, autant en profiter pour essayer d'en savoir plus, car son nouvel interlocuteur l'intriguait quelque peu.

« Qu'est ce qui amène un petit garçon comme toi dans cette expédition ? »

Le dénommé Eden eût soudainement l'air très pincé. La raison ne tarda pas à venir lorsque celui-ci répondu sèchement.

"J'ai quinze ans !"

Mince alors, Adam lui aurait facilement mis deux ans de moins. Tandis que l'adolescent dardait sur le mage un regard noir, il répondit au bout de quelques secondes d'un ton moins tranchant mais tout de même assez froid.

"Trois mille yus, c'est ça qui m'amène."

« Effectivement, une telle somme est alléchante. »

Pour un jeune cet âge, ayant sûrement passé une bonne partie de sa vie dans les rues, il était clair qu'une telle somme devait représenter une belle fortune. Eden se détourna ensuite, visiblement vexé par la maladresse du jeune bourgeois.
Cependant Adam ne fit pas l'effort d'essayer de se faire pardonner, cela lui passait un peu au-dessus de la tête. A vrai dire son attention se portait plutôt sur ce qui les attendait, une mystérieuse cave vomissant des groupes de mort-vivants occupait plus ses pensées que la susceptibilité d'un adolescent. Il porta donc son regard sur le paysage qu'ils traversaient, plongé dans ses réflexions. Bien qu'Eden manquait visiblement de maturité vu son jeune âge, il fallait tout de même lui reconnaître qu'il ne manquait pas de courage.

« 15 ans... Tu ne manques pas de cran pour t'engager à ce jeune âge dans une telle expédition. »

La partie suivante du trajet se fit dans le silence. Adam profita de ce moment de calme, tout en se disant qu'il ne risquait pas d'en avoir avant un bon moment une fois qu'ils mettront pied à terre. Il imagina et visualisa diverses scènes de ce qui pouvaient les attendre, et des tournures que pouvaient prendre les événements. Le jeune mage réalisa que pour un petit groupe comme le leur, une bonne cohésion et la mise en place de stratégie pourraient être primordiales. Il prit donc la parole, s'adressant aux autres mercenaires.

"Avant de faire face à ce qui nous attend et nous plonger dans l'inconnu... Se pourrait être utile et intéressant de prendre connaissance de nos points forts respectifs. Mieux vaut commencer à avoir une bonne cohésion entre nous, et savoir ce que chacun peut apporter au groupe si on veut avoir de bonnes chances de survie et de réussite."

Le jeune bourgeois écarta légèrement ses mains en tournant vers ses paumes vers le ciel.

"Comme vous vous en doutiez sûrement ma pratique ne se tourne pas vraiment vers le combat. Avec armes en tout cas. Bien que j'ai encore énormément à apprendre, ma magie se concentre essentiellement sur l'utilisation de fluide de feu et obscur. J'espère que mes faibles connaissances dans ce dernier domaine nous aideront à en savoir plus sur ce qu'il se passe là bas. »

Adam se tut ensuite, laissant aux trois autres compères le loisir de répondre ou non. Il fronça ensuite légèrement les sourcils et tourna la tête vers Fromritt et Selen :

« Au fait, comment dois-je vous appeler ? »

Gardant son regard plongé sur le paysage, Eden fut le premier à répondre.

"J'ai de la chance."

Il tourna enfin la tête vers certains de ses camarades, afin de donner cette surprenante précision.

"Surtout aux dés."

Adam le regarda d'un air perplexe, se demandant si l'adolescent avait bien compris le sens de sa question.
L'étrange semi-elfe prit ensuite la parole, et là aussi sa réponse ne répondit pas vraiment aux interrogations d'Adam. Le jeune bourgeois le gratifia sur le coup d'un regard perplexe. L'individu se payait-il sa tête ? C'était en tout cas bien ce qu'Adam pensait. Ce dernier avait-il répondu ainsi par orgueil ou par méfiance ? Le mage n'avait pas la réponse à cette question, et il ne voulait pas perdre son temps à la trouver. Ainsi n'insista t'il pas plus. Il pensa ironiquement :

(Chance aux dés, un pouvoir qui cache son âge... Tout ça nous sera à n'en pas douter très utile face à une armée de morts-vivants...)

C'était à se de demander si ses nouveaux compagnons avaient été juste été attiré par l'appât du gain, sans mesurer la menace qui les attendait. Adam replongea son regard sur le paysage qu'ils traversaient, et celui-ci lui parut soudain encore plus sinistre.

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Fromritt Verlorgot
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Fromritt Verlorgot » lun. 20 mai 2019 14:55

Le voyage avait été long pour Fromritt.
Il se réveillait toutes les deux ou trois heures afin de ne pas sombrer dans ses cauchemars redondants. Résultat, c’était l’esprit un peu embrumé qu’il se leva et quitta le Cynore.
D’un signe poli de la tête, il salua les gardes qui le lui rendirent avec autant de courtoisie… même si certains continuaient de fixer son espadon, plutôt impressionnés.
Ainsi, par le pas pataud le caractérisant si bien, il retrouva la terre ferme aux côtés de toute la clique.


Avant de plus avancer, il s’étira comme un lion et son bâillement pouvait faire mine de rugissement. Ses bras tendaient vers le haut pour que le droit se bloque à mi-chemin. Un grimace traversa le faciès du tulorien, mais il poursuivit le mouvement par saccade.
Vint le tour de ses poignets, sa nuque, son dos, son bassin pour terminer par ses chevilles, le tout ayant craquer une ou deux fois durant toute cette opération.


Les paupières mi-closes, la vision encore un peu voilée, le Verlorgot mirait Sir Mathias ou plus exactement, sa carcasse.
La sclère de ses yeux fous s’était veinée de rouge. Sous ceux-ci des cernes bien plus marquées que ceux du wiehlenois s’étaient creusées.
Le chef d’orchestre de cette étrange expédition laissa son laquais progresser et mener les hommes à leur prochain moyen de transport. Sur le chemin, il voulut aider son patron qui tempêta moult cris à son encontre.


Selen et Eden s’étant éloignés, Fromritt se retrouvait seul face à ce spectacle pitoyable. Ses iris noisette posaient un regard indifférent tant sur le commanditaire que sur son larbin.
Au lieu de s’attarder sur ces misérables, il chercha ses compagnons perdus de vue un peu plus tôt. Ils étaient à une dizaine de pas en arrière, l’adolescent murmurait à l’oreille du presque-humain.
L’espadonneur n’était pas le bienvenu dans leurs messes-basses et c’était tant mieux.
Notre grand gaillard reporta son attention sur le noble redevenu tout frais, tout beau.


C’est bizarre, j’aurais juré qu’il allait passé d’vie à trépas y a même pas cinq secondes… Bon, au moins il a l’air opérationnel. Pensa-t-il, perplexe.


N’ayant pas le temps de s’inventer des histoires, il fit fi de cela durant les minutes silencieuses qui suivirent.
Les « mercenaires » traversèrent un pont-levis puis arrivèrent devant un carrosse tracté par deux magnifiques bêtes. La voiture semblait pouvoir accueillir leur groupuscule sans trop de problème, ce qui était LA bonne nouvelle du jour.
Étant le plus carré de ses comparses, il ne voulait aucunement étouffer ses camarades de voyage.


Le cocher présenta un nouvel individu à la petite troupe. L’homme était grand et mince, le Verlorgot voyait en lui de menues-similitudes avec son ethnie entachées par des caractéristiques étrangères.
Cependant, ce qui choqua la vision du guerrier, était l’accoutrement de la personne.
Trop chic et précieux pour de futurs combats qui pouvaient ne faire qu’une bouchée de l’épéiste… alors d’un nobliau, n’en parlons même pas.


Valendro, le deuxième sbire de Belmont, invita les autres mercenaires à prendre place dans le chariot. Fromritt laissa ceux voulant rentrer pour doucement se diriger vers les chevaux. L’un était complètement noir comme une ombre gracieuse et l’autre était blanc tacheté de marron.
Le bretteur regrettait de ne pas avoir suivi de formation complète en équitation. Il paraissait que la relation entre un cavalier et son équidé était quasiment fusionnelle. Que sa seule présence rassurait et embaumait le cœur et vice-versa.


Valendro, c’est bien ça ? Il salua l’homme de main qui lui répondit d’un signe de tête. Moi c’est Fromritt. Dis t’as de belles bêtes là, elles ont un nom ? Demanda-t-il en souriant franchement.


Ah, n’est-ce pas ? Dans les parages des chevaux en bonne santé, ça ne court pas les rues. Il déposa son regard sur les concernés avant de la planter dans celui de Fromritt. Anghès a la robe noire et celui à la robe tachetée se nomme Havyr. Ce sont des chevaux de trait très amicaux.


Parfait ça, dis ça dérange si je vais un peu les caresser ? Je préfère demander, on sait jamais ha ha ! En riant il se gratta l’arrière du crâne.


Il n’y a aucun problème, Fromritt. Il souffla du nez, visiblement amusé par la demande du wiehlenois. Par contre, ne retarde pas le départ, nous partons bientôt.


Ainsi, tout sourire, il s’approcha doucement de Havyr.
Progressivement, étape par étape, délicatement il faisait tomber sa main vers le crin de la bête. Ses doigts finirent par effleurer sa crinière puis ils se posèrent plus franchement.
Témoin du laissé faire de Havyr, il se mit entre les deux canassons pour pouvoir les caresser, sans qu’il y ait de jaloux.


La poitrine réchauffée par cet élan de tendresse, le Verlorgot dit au revoir à ces nouveaux amis pour pénétrer dans le carrosse austère.
L’intérieur était un peu plus accueillant étant donné que les sièges avaient l’air confortables. Fromritt dût cependant se plier en deux pour passer, lui et la fusée de son espadon qui dépassait.
Eden, Selen, le nouveau et les autres étaient rentrés également.
Le voyage débuta.


L’espadonneur galérait à décrocher son fourreau qui lui rentrait dans le dos, ce ne fut donc pas lui qui engagea la conversation, mais Eden.
Le garçon demanda le nom de la nouvelle recrue, histoire de briser la glace. Une poignée de secondes plus tard, laissant un blanc assez spécial s’installer, Adam lui répondit.
Son ton et ses mots étaient aussi agaçants que le choix de ses vêtements, d’ailleurs en parlant de ses mots il appela Eden « petit garçon ».
même Fromritt et ses origines ne s’était pas permis d’à ce point le rabaisser, au contraire, il méritait plus d’estime que nous d’avoir été choisis.


Néanmoins, il ne put empêcher un ricanement entre ses dents. Son fils aurait peut-être était aussi irriter, voire peut-être qu’à son âge il aurait été plus sanguin. À cette pensée, le tulorien se perdit dans son esprit ne faisant attention qu’à la proposition d’Adam de partager ses forces et faiblesses.
Après son explication, le jeune susceptible répondit qu’il était chanceux, surtout aux dés. Son regard balaya les personnes présentes, mais il insista plus sur Edgar, l’autre garde du corps et sur Fromritt, qui lui sourit franchement bien qu’Eden se remit à contempler l’extérieur.


Bon, autant se lancer, hein ? Enchanté Adam, je suis Fromritt. Comme tu peux le voir… Il avait enfin réussi à décrocher son fourreau et le mettre devant lui, entre ses jambes. Je suis espadonneur. Une arme assez banale que peu utilisent car elle implique souvent de se prendre des coups en n’en donnant. Elle est encombrante et demande un minimum d’entraînement. Se disant que tout le monde commençait à s’impatienter, il racla sa gorge et poursuivit. En gros, j’ai une allonge de plus de deux mètres, mais mes points forts sont les coups de taille et les moulinets. Généralement, ça ouvre plus d’une brèche dans les rangs ennemis… Il continua plus bas. Ou alors ça met un pauvre type en charpie, écrasant ses os et organes, le démembrant à moitié.


Il ponctua son discours d’un léger sourire.
Fromritt avait entendu que le corps-à-corps n’était pas le terrain de prédilection du nobliau. Non, lui déversait le pouvoir du feu et de l’ombre sur les adversaires qui avaient le malheur d’être sur son chemin. Pour le reste, il semblait un peu médiocre, ce qui n’allait pas être simple à gérer s’il se faisait submerger par un flot de morts-vivants.

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Selen
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Selen » mar. 21 mai 2019 12:45

Le voyage fut long et pénible, au final. Un marasme baignait l’appareil elfe et suintait depuis les positions de Belmont et de son sbire patibulaire. Une fois arrivé à destination, il alla jusqu’à transpirer la fatigue et la nervosité, yeux rouges et cernes morbides. Un inconnu aurait très bien pu le prendre pour l’un des morts-vivants qu’il s’apprêtait à chasser. Ce fut son servant qui nous commanda de le suivre jusqu’à notre prochain transport, une carriole apprêtée pour le trajet. Mathias se comporta comme un abruti trop fier, comme à son habitude, sauf que cette fois il sembla dépasser une limite de patience, gueulant sur son garde du corps sans raison crédible, et annonçant qu’il allait bien comme pour se rassurer lui-même de son état pitoyable. Il fit appel à l’alchimie pour reprendre ses esprits, absorbant une potion tirée de sa poche. Un effet miracle qui sembla stabiliser son état. Je lançai, un peu dans le vent, sans forcément pour but de me faire entendre :

« Hé bien. Voilà une ressource qui aurait pu être utile sur place, s’il avait pris un peu de repos dans le cynore au lieu de ressasser ses plans. »

Mon ton restait neutre, empreint de lassitude. Quelques heures en sa compagnie, et je n’en pouvais déjà plus de mon employeur. Il fallait croire que c’était ma malédiction, les patrons cons. Enfin. Le jeune Eden s’approcha de moi pour me signifier qu’il préférait me suivre moi, si je lâchais notre employeur, plutôt que de rester avec lui. Et comme c’était compréhensible, vu le caractère dévoilé sans cesse plus colérique et impérieux de celui qui avait l’argent. Dans un murmure aussi bas que le sien, je rétorquai :

« S'il perd la tête sur place, ce qui semble bien parti, on tâchera d'abord de la lui revisser sur les épaules. Mais il est clair que je ne me laisserai pas mettre en danger par son comportement impulsif. »

Ainsi, le petit savait à quoi s’en tenir. Il n’y avait guère besoin d’en dire plus. Il semblait de loin plus sensé qu’il n’y paraissait d’un premier regard, et ça ne m’étonnait qu’à moitié. Après tout, un gamin d’Omyre se doit d’être débrouillard et réfléchi, pour s’en sortir.

À la charrette nous attendaient deux nouveaux humains : un mercenaire grisonnant, qui avait vu passer sans doute quelques aventures au vu des cicatrices sur son minois entretenu, bien que rustre, et une sorte de nobliau freluquet à la chevelure blonde claire et aux yeux céruléens, presque de glace. Le premier semblait connaître notre homme de main, puisqu’ils se saluèrent. Deux noms fusèrent : Edgar, les gros-bras serviles de Mathias, et Valendro, le cocher aux traits aventureux. Au moins nous n’aurions pas à faire les présentations. Même si le premier semblait d’un premier abord moins antipathique que son collègue tulorain. Mathias, surpris de cette initiative, s’en alla régler les détails avec le jeune bourgeois, pendant que son cocher d’Exech nous invitait à monter dans la charrette, semblant presque s’excuser de l’apparence de l’embarcation. Nous prenait-il pour des poules de luxe ? Sans demander mon reste, je m’exécutai et allai m’installer dans le véhicule équin, gardant le silence jusqu’au démarrage. Alors, je profitai de cette nouvelle position assise, et du roulis de la carriole, au gré des trots des chevaux, pour somnoler un peu, récupérer un peu d’énergie avant ce qui nous attendait au Manoir, histoire d’avoir toutes les cordes à notre arc, toutes les chances de notre côté. Je doutai que la potion de Belmont ait un effet prolongé surprenant. À un moment ou à un autre, il faudrait prendre son relais. De gré ou de force.

Pendant le trajet, le nobliau prit la parole avec emphase pour nous demander nos noms et nos qualités. Il n’avait pas tort, en soi, et sa démarche était constructive, mais j’étais alors peu à même de lui répondre convenablement. Il indiqua s’y connaître en arcanes du feu et de l’ombre, admettant toutefois la limite plutôt faible de ses connaissances. Ça pourrait toujours être utile, puisque de l’ombre, nous allions voir les dangereux rejetons. Eden répondit en premier, signifiant qu’il avait de la chance aux dés, et que ça semblait être là ses seules aptitudes. Il lui en faudrait, irrémédiablement. Même si j’étais conscient qu’il était bien plus qu’un chanceux. Il était de ceux qui créaient leur chance, et ceux-là étaient bien plus importants que les autres. À mon tour, prenant un air mystérieux, je reluquai le nobliau et tâchai de ne pas perdre mon sérieux en lui répondant, de manière fort peu sérieuse pourtant :

« Selen. J'ai un puissant pouvoir occulte, qui masque aux humains ma véritable forme et mon véritable âge, ancestral. »

S’il était intelligent, il comprendrait que je l’envoyais aux fraises. Pour l’heure, du moins. Mes pouvoirs seraient utiles au groupe, irrémédiablement, mais je ne souhaitais pas en faire exposition avant que ce soit nécessaire. Je détestais me définir par la lumière qui m’avait habitée et que j’avais rejetée. S’il ne l’était pas, il prendrait peut-être peur devant ma déclaration. Au moins il savait à quoi s’en tenir. Fromritt, lui, se présenta sincèrement et de manière la plus détaillée possible, expliquant même le maniement de son arme encombrante. C’était un gars bien, le Verlogot. Un peu naïf, sans doute. Un vrai gentil. Ça aussi, ça serait utile de le savoir. Je posai moi-même une main sur l’arme à ma ceinture. Une lame d’argent de qualité, longue mais maniable. Irrémédiablement plus qualitative que l’espadon de l’humain. Étais-je vraiment le meilleur combattant du groupe ?

Je laissai, sans un mot de plus, le voyage se finir, hâtif d’être arrivé pour savoir réellement de quoi retournerait cette expédition. Alors que le temps passait, après presque une heure de trajet, je sortis ma tête sur le côté de la charrette pour apostropher le cocher.

« Peut-être sera-t-il pertinent de nous arrêter avant d’être en vue de la propriété. Si nous pouvions rester discrets dès le départ, ça m’arrangerait. »

Il ne restait qu’à savoir s’il m’écouterait, ou s’il était un bon caniche de Belmont comme son confrère de Tulorim.

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Kassar le laid
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Kassar le laid » mar. 2 juil. 2019 00:23

De ce pays, je ne regrette rien
Un pas après l’autre.

Un geste si simple, mais si difficile à faire quand on est affamé et assoiffé.

Je lève la tête après ce qu’il me semble être une éternité de marche. Les bords grossièrement taillés des orifices de mon masque gênent ma vision, mais l’écrasante muraille qui ceinture Exech est immanquable. Je la trouve immédiatement sinistre. D’énormes pierres de taille, amoncelés sur près de 8 mètres de haut, surmontées d’autant de créneaux imposants que de tours aussi élancées que des pointes de flèches, projettent à la lumière sanguine du crépuscule une ombre pleine de menaces sur un pont-levis épais comme trois cuisses d’homme.


( Je suis fou de venir ici… )

Mon regard s’attarde sur mon bâton de marche. Sur les traces du sang séché que je n’ai pas pu faire partir.

( J’ai tué un homme. Je porte encore ses vêtements. Et si quelqu’un l’attendait en ville ? Qu’il me reconnaissait ? Dans mon état, fuir n’est pas envisageable. Encore moins combattre. )

Pourtant, je continue ma lente procession, un pas après l’autre, jambe folle et bâton de marche en rythme, car je sais. Je sais qu’il n’y a pas de place pour un étranger masqué à la démarche étrange dans les villages des environs. Je sais qu’il y a encore moins de place pour un visage aussi laid que le mien, aussi évidemment marqué par la maladie, dans n’importe quelle communauté.

Mais Exech, c’est différent. Alors que je me rapproche par le sud de la cité, je sens les effluves citadines portées par la brise marine : le sel marin, l’odeur de viande cuite, et surtout, la puanteur des rues sales. Dans les villes, m’a-t-on dit, on n’exclut pas les miséreux et les mendiants : on les ignore. Et l’ignorance vaut mieux qu’un lynchage par un village apeuré.

Lentement, l’entrée se rapproche. Je baisse la tête et force ma jambe à se comporter le plus normalement possible.


( Pas le moment d’attirer l’attention sur toi, Kassar. )

Le son rythmé du bois contre le bois, quand mon bâton de marche frappe le pont-levis, devient celui du bois contre la pierre alors que je franchis l’entrée et rencontre les premiers pavés. Personne n’essaye de m’arrêter. Je lève les yeux et inspecte mes environs. Un unique garde – un capitaine peut-être – semble indiquer dans sa posture qu’il est visiblement rongé par un ennui en phase terminale. Il attend impatiemment que les derniers traînards dans mon genre franchissent le pont-levis pour le fermer pour la nuit.

« Allez le gueux, magne-toi ou tu feras ton lit dans les douves ce soir ! »

Je me hâte de finir les derniers pas qu’il me reste à faire, et aussitôt, le cri fuse.

« On ferme, remontez-moi ça les gars ! »

Dans les hauteurs, une série de grognements d’efforts, et les chaînes du pont-levis s’enroulent lentement, attirant le pont-levis à la verticale.

Je m’en détourne. Devant moi, une longue rue pavée s’allonge, encore pleine de vie en cette heure entre chien et loup. À peut-être 600 mètres devant moi, je devine une place au loin, garnie d’étals en tous genres où je pourrais trouver enfin pitance et boisson. Mieux vaut ça que les ruelles que j’entraperçois autour de moi, que la lumière mourante ne parvient pas à éclairer plus loin que quelques mètres.

À nouveau, je remets un pied devant l’autre.


La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le mar. 2 juil. 2019 00:34, modifié 2 fois.
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Kassar le laid
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Kassar le laid » mar. 2 juil. 2019 00:32

Précédemment...

« Hé le gueux, attends un peu. »

Je me fige, tête basse, mon cœur manquant d’exploser dans ma poitrine sous la peur. J’entends les talons des bottes du capitaine s’approcher.

« Je crois pas avoir déjà vu un oiseau comme toi dans le coin, hein ? C’est quoi sur ton museau ? »

Lentement, je tourne mon visage vers le capitaine. Je capte son expression – celle d’une autorité qui se sait intouchable et qui suinte l’arrogance – alors qu’elle se transforme en regard surpris, puis en rictus.

« Pas mal comme bouille le gueux ! Est-ce qu’y a des arbres dans ta famille ? Je suis curieux de voir ce qu’y a en dessous maintenant... »

« Ze foudrais zuste continuer, ze ne zous poserait pas de problèmes... »

Le garde éclate de rire alors que ma mâchoire à moitié soudée peine à émettre les sons.

« Mais c’est qu’elle parle, la gueule de bois, mais même pas comme un homme ! Allez le gueux, j’ai toujours eu un faible pour les exclus de la vie comme toi : j’accepterai tout ce que tu as sur toi comme droit d’entrée à Exech. »

Mes phalanges se resserrent sur le bâton de marche. Que faire ? Je suis au milieu de la rue : si la plupart des badauds s’élancent la tête basse autour de nous, comme si la simple présence du capitaine était oblivieuse, les plus curieux et les plus cruels s’attardent pour observer la suite, et se souviendront de moi.

Le garde lui-même, alors que je l’observe de prêt, est imposant : si son corps, enveloppé dans un uniforme à la livrée des chaînes de la milice d’Exech, témoigne d’une bonne expérience des échanges de coups, c’est son visage qui est le témoin le plus évocateur de sa puissance : un casque, tout d’acier et de cruauté, où perce à peine un menton carré, surmonté par une bouche aux dents inégales, un nez petit mais large et des yeux féroces. Seules quelques mèches blondes trouvant leur chemin hors du heaume adoucissent le colosse. Pas la moindre chance que je gagne à la loyale. Et même m’enfuir semble impossible avec ma patte folle.

Alors que j’avise ma situation, je remarque derrière le garde que le pont-levis est presque fini d’être redressé : plus que quelques mètres que les hommes de la garde parcourent à grands renforts de sueurs et de grognements d’efforts.


( Peut-être que je peux le surprendre...)

« Ze ne peut pas zous donner ze que ze n’ai pas »

« Je connais les miséreux dans ton genre : toujours quelques yuens cachés dans vos replis crasseux, peut-être même ailleurs, les dieux seuls savent où ! Allez, pas de suspense, la milice requiert son droit d’entrée »

Plus qu’un petit mètre pour le pont-levis.

« Ayez pitié d’un pauvre homme, ze zous prie... »

« Pas de ça avec moi grouillot ! »

Alors qu’il tend son bras pour attraper le mien, le moment que j’attendais arrive : dans un grand claquement, le pont-levis se met en place contre la pierre de la muraille. Le son soudain a le mérite de diviser l’attention du garde pendant une seconde, mais c’est une seconde que j’attendais. Répétant l’unique technique de défense que l’on met enseignée au village, je glisse mon bâton de marche d’un mouvement maladroit entre les jambes du garde. Il écarquille les yeux alors qu’il se rend compte de la manœuvre.

« Qu’est ce que tu crois faire, petit … »

Pas le temps de le laisser réagir. Avec la rage qu’inspire la peur à une bête acculée, je tire sur mon bâton de toutes mes forces, fauchant la jambe du garde au mollet. Le garde, soudain sur un unique appui, écarte ses bras pour retrouver son équilibre : et je me m’élance dans une des ruelles, de toute la vitesse dont je suis capable !

« REVIENS ICI VERMINE ! »

Il ne lui a pas fallu longtemps au garde pour retrouver son équilibre ! Ivre de terreur, j’en oublie ma jambe et m’élance aussi vite que je peux dans l’obscurité, talonné par les injures et le pas lourd du capitaine.

La suite...
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Vadex
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Vadex » dim. 14 juil. 2019 13:28

La route du retour avait été le plus horrible de tous ses voyages. Sharon ne sortait presque jamais mais quand elle le faisait c’était en voiture ou en carrosse. Ses jambes endoloris menaçaient de la lâcher à tout moment. Les jointures de ses sandales se défaisaient. Et pour en rajouter une couche, le ciel se couvrait et une fine bruine modifia le paysage. L’air lourd et maintenant humide la mettait en difficultés pour respirer. Elle chassait pour l’instant l’image de son père mourant de son esprit et se concentra sur sa survie. Elle s’était effondrée la première nuit en pleurant toutes les larmes de son corps, mais à présent elle devait se mettre en sécurité et retrouver sa tante pour la mettre au courant de l’attaque qu’ils avaient subi.

La journée devait être bien avancée car les chevaux se succédaient vers Exech, les marchands ne lui prêtèrent guère attention, soulevant un nuage de poussière qu’elle dissipa vainement lors de leur passage. De sa position, elle pouvait apercevoir les murs de la cité et sa vision ne la soulagea point. Elle savait que la ville n’était certainement pas une des plus accueillantes et ses livres lui avaient appris la déchéance de cette cité qui avait été construite par de vaillants et ambitieux wiehl mais dont les dirigeants tombèrent dans la paresse et l’opulence. La ville était désormais une tanière pour les truands et les voleurs en tout genre, la jeune fille pouvait presque sentir l’arrivée des problèmes. Elle pressa cependant le pas, convaincue qu’elle trouvera au moins une couchette pour la nuit et des informations pour son voyage.

Les fines gouttes de pluies sur son visage et le vent frais venant de la mer la firent trembler de la tête aux pieds. Une fois arrivée à la porte, elle ne put s’empêcher de comparer la grandeur des murs de Tulorim aux pierres miteuses qui tenaient à peine le mur en place devant elle. Malgré cela, l’excitation monta en elle, revivifiée par le vent frais et fascinée par cette nouvelle cité. Elle passa le pont-levis aux côtés des chars de marchands et des voyageurs traînant leur monture débordant de marchandises. Il était certain que si Exech ne possédait pas un port si important, peu se risquerait à rentrer dans ce trou à rats.

A peine Sharon eu-t-elle traversée le pont qu’un mélange d’odeurs fétides attaqua ses narines. Elle s’étonna du peu d’attention que lui prêtait la milice, regroupée auprès de l’un d’entre eux qui se vantait d’avoir détroussé un vieux mendiant quelques jours auparavant. En écoutant d’une oreille distraite son récit, la jeune wiehl se félicita de s’être mélangée aux charrettes des marchands. Que ce serait-il passé si elle avait atteint la ville à la nuit tombée ? Elle aurait probablement perdu tous ses Yus en échange d’une vie sauve. L’idée que les gardiens de la loi puissent la détrousser et attenter à sa vie lui paraissait de plus en plus plausible en méditant sur l’histoire du garde lynchant un vieux manant ne possédant presque rien.

(J’espère que je trouverais quelqu’un pour m’aider…Père, protégez-moi de cette ville de charognards.)


Elle vit devant elle les marchands se démener sur la place du marché, chasser les mendiants et vanter la qualité de leurs marchandises n’était apparemment pas de tout repos. Son regard se promena sur les petites maisonnées construites en pierre et en bois et s’arrêta sur des silhouettes se dissimulant dans les recoins sombres. Les ruelles adjacentes n’étaient guère plus accueillantes et Sharon s’empressa de se diriger vers la place du marché dans l’objectif de rester dans la foule, en sécurité, et de se renseigner.

=>
Modifié en dernier par Vadex le dim. 1 sept. 2019 15:08, modifié 6 fois.
Sharon, perdue à Exech


Que ton voyage se fasse sans encombre.
En attendant le dernier qui nous ménera sous terre.

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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Vadex » dim. 1 sept. 2019 14:38

<=

Cela faisait plus d’une vingtaine de minutes que Sharon essayait de calmer les battements de son cœur. Elle tentait de se distraire en analysant les visages, les habits, les manières des visiteurs et des marchands qui franchissaient le portail. Elle observa la milice escroquer les voyageurs les plus naïfs en leur demandant quelques pièces pour avoir le droit d’entrer. Malgré tout, son esprit ne voulait pas se défaire de l’image de l’homme carmin. Il avait été si proche de l’enlever. Et son regard assassin lorsqu’il les vit fuir devant l’auberge…

-C’est bon, on peut y aller.

Lark sortit d’une ruelle derrière elle et lui tapota délicatement l’épaule. Ils avaient décidés de quitter la ville. Lark l’aidera à retrouver sa tante. Une manière pour lui de se racheter, de plus il était désormais en danger de mort dans cette ville, enfin…plus que d’habitude. Il avait demandé à Sharon de l’attendre près de la sortie de la ville afin qu’il puisse faire ses adieux à ses amis.

Sharon ajusta sa sacoche et le jeune garçon mit un sac en toile sur son dos. Un petit oiseau de couleur gris était perché sur son épaule, une aile cassé.

-Tu es parti voir Flamme ?

Lark la regarda tristement et se dirigea vers le pont.

Flamme n’avait surement pas survécu à ses blessures.

Maintenant, Sharon allait enfin quitter cette ville de malheur et pouvoir retrouver sa tante. Rien ne pouvait être pire qu’ici de toute manière. Et puis elle avait quelqu’un avec elle maintenant.

Elle trotta jusqu’à son ami et ils franchirent la sortie de la cité vers un périple en terre inconnue.

-Au fait, je m'appelle Sharon.
Sharon, perdue à Exech


Que ton voyage se fasse sans encombre.
En attendant le dernier qui nous ménera sous terre.

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Sump
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Re: L'Entrée de la Cité

Message par Sump » ven. 31 mars 2023 00:43

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14.1


Proche de l’horizon, un rayon jaune perça les nuages et s’infiltra dans le boyau noir et rocheux ; Sump apprécia la caresse. L’aveugle éternua et grimaça :

« Du soleil !? Nous sommes complètement perdus. »

Il fit demi-tour. Sump contempla la bande de sable sombre, l'océan agité et le ciel couvert que le bout du tunnel découvrait. La tête sur le côté, il s'imaginait baigner dans ce paysage. L’aveugle l’extirpa de ses rêves :

« Tu viens ? Même si je dois mourir à nouveau, nous irons au bout ! »

À contrecœur, Sump se détourna ; il sursauta, crocheta le bras de l'aveugle avec le sien et dégaina ; l’aveugle se crispa. Plus grande qu’eux d’une tête, une silhouette courbée et agitée de spasmes se dressait dans le boyau. À l'odeur de carcasse pourrie Sump plissa le nez et l'aveugle suffoqua.

Une voix sonore et agressive retentit :

« Hé ! Quoi c’est que vous faites ici vous ?! »

Ils reculèrent et le soleil malade révéla l’apparence de l’ombre ; sa peau glauque luisait comme celle d’une grenouille veineuse et l’un de ses yeux, découvert par une arcade sourcilière arrachée, tremblait d’une folie sauvage. Sump remarqua la pierre écharpée et couverte de coquillages tranchants serrée dans une des mains visqueuses.

« J’avais bien n’entendu que y a quelqu’un qu’avait utilisé mon frère gargouille ! Articula-t-il dans une gerbe de bave, c’était vous ! Pas beaucoup qui savent arrêter la punition de papa ! Comment que vous avez fait ? »

La langue bleue de la carcasse remuait dans sa gueule sans dent. Sump voulait fuir mais l’aveugle lui murmura de le laisser faire :

« Je n’ai pas bien saisi ce qu’il y a entre vous, la gargouille et votre père mais si votre frère nous a aidé, il n'y a aucune raison qu'un conflit naisse entre nous, personnes civilisées. » Il se tourna vers Sump : « N’est-ce pas ? »

Sump hocha la tête avec lenteur, yeux fixés sur le nouveau venu qui gratta les cheveux poivre et sel collés à son crâne :

« Hein ?  dit-il.
— Nous revenons de très loin et nous voulons c’est retrouver notre chemin…
— Il est derrière vous le chemin ! »

Sump se retourna vers dehors. D’impatience, l’aveugle claqua la langue :

« Nous voulons visiter le château du comte Von Lermesch. »

Sump banda les muscles ; l’autre enchaîna les moues étonnées et défiantes puis demanda pourquoi. L’aveugle répondit avec enthousiasme :

« Pourquoi ? Quel habitant d’Exech n’a pas un jour entendu parler du comte Von Lermesch et de son château, l’endroit le plus mystérieux du royaume !? Fédérateur, le comte y réunissait toute l’aristocratie et la noblesse exechoise dans de grandes fêtes ; certaines rumeurs disent que ces regroupements furent la genèse à la fois de la fin des Elmudrick et de la décadence du royaume ; d’autres révèlent que le comte et son entourage avaient des occupations bien à eux : orgies sexuelles, blasphèmes, rapts d’enfants, tortures, jeux ignobles … mais la plus connue raconte que le comte errerait toujours dans son château après des rites obscurs très poussés. Tout cela est fascinant et en tant qu'historien pour la faculté de la magie de Kendra-Kâr, nous voulons en savoir plus ! »

Sans cesser de hocher la tête, Sump lança un regard à son compagnon. La carcasse les contemplait, penaude, puis méfiante :

« Les gens ils z'aiment pas ces histoires d'habitude.
— Je suis un habitué des ténèbres, sourit l’aveugle, c’est notre point commun à tous les trois je crois. C’est pour ça que nous devons nous entraider. »

La carcasse se gratta la tête, joua avec ses lèvres molles puis se désigna :

« Je suis le bâtard du compte ! Je connais le chemin ! »

L’aveugle exprima sa surprise et marcha au bras du bâtard. Sans ranger sa dague, Sump leur emboîta le pas.

« Vous disiez que votre père avait puni votre frère ? » demanda l'aveugle pour cacher le dégoût que lui inspirait le bâtard.

Une volée de salive aspergea le plafond de la caverne alors que la carcasse secouait la tête de haut en bas :

« Il a repoussé papa et Thimoros pour la lumière alors papa a puni en le transformant en pierre. Il m’a puni aussi en faisant que je peux pas mourir. Sévère papa.
— Pour beaucoup de gens l’immortalité serait le plus beau des cadeaux.
— Je suis tout seul et je m'ennuie moi ! Tout ce que j’ai à faire c’est attendre la nuit pour regarder la mer ou faire de la musique avec mes deux copains. »

Musicien à ses heures, l'aveugle l’interrogea à ce dernier propos. Le bâtard sortit une seconde pierre de sa poche et les nomma tour à tour :

« Casse et Couille ! fanfaronna-t-il, Casse-couille ! Casse-couille ! »

Il partit d’un grand rire et les frappa l’une contre l’autre. Horrifié, le gobelin aveugle se colla à Sump qui feula. Devant leur réaction, la carcasse se calma et rangea ses cailloux :

« Moi j'en ai marre voilà, dit-il tête basse, j'aimerais me tuer moi-même mais c'est dur. »

L'aveugle eut du mal à reprendre une contenance :

« Je ne savais pas que les morts-vivants éprouvaient des sentiments, dit-il à bonne distance du bâtard, en tous cas pour vous tuer c’est votre cœur et votre cerveau qu’il faut détruire. »

Il se tourna vers Sump avec un air entendu puis il écarta les bras dans le tunnel écorché :

« Mais si vous regardez autour de vous, vous verrez que la vie est belle ! dit-il, Et c’est un imbécile atteint de cécité qui a été trahi et poignardé à mort qui vous le dit ! »

Il souleva sa toge et dévoila son ventre osseux couvert d’une demi-dizaine de cicatrices rosées de frais.

« Vous n’avez pas à être si pressé de mourir : après une vive lumière je me suis senti vide, seul et perdu au milieu d’âmes errantes. Je flottais comme dans un rêve jusqu’à ce que j’atteignisse une grande porte enfumée. Là, un effrayant type m’a expliqué que j’avais le choix entre trois voies mais aucune ne me plaisait, d’autant que je n’avais pas vraiment l’impression de pouvoir choisir. »

Le bâtard exigea la suite ; Sump aussi. Le gobelin aveugle haussa les épaules : il ne s’en rappelait plus.

« En tout cas, je ne compte pas mourir de sitôt. Depuis que j’ai été ressuscité grâce à mon ami ici présent, je savoure chaque instant et j’invite les autres à faire de même. »

L’aveugle était tourné vers Sump et avait posé une main sur son épaule. Il ne vit pas le regard jaloux du bâtard.

Ils s'enfoncèrent dans le noir.


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