Les Habitations d'Exech

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Yuimen
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Les Habitations d'Exech

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 11:16

Les habitations d'Exech

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Dans cette ville sombre et sale, on trouve une infinité de vieilles maisons suintantes d'humidité qui s'élèvent sur quelques étages. Elles hébergent d'humbles et pauvres petits citadins mais également les plus infâmes mécréants, qui cachent les pires secrets à l’intérieur de ces sombres bâtisses en mauvais état, usées par le mauvais temps et les années malheureuses.

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Adam Von Demorlys » mar. 12 mars 2019 21:44

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L'intérieur était miteux et rongé par l'humidité, mais le gobelin fonça droit sur un tapis qu'il envoya valdinguer au coin de la pièce. En dessous se trouvait une trappe.

« Bien ! Faisons les comptes, je vous remets votre or et basta à la prochaine ! »

Le demi-garzok déposait le blessé contre un mur et lui fit boire une potion à l'aspect peu ragoutante. Cela sembla résorber quelque peu la vilaine blessure. Les jours de l'individu n'étaient plus en danger mais il continuait de souffrir douloureusement.
Le compte du coffre prit quelques minutes. Tout y était, le sekget alla chercher deux grosses bourses et les remis à Zack.

« La prochaine fois assures-toi de prendre de meilleures dispositions pour la réception de la marchandise. On vient faire du commerce, pas du mercenariat. Si ce genre de guet-apens se reproduit c'en est fini de notre affaire ! »

Irka roula des yeux.
« Allons Zacky tu sais comment ça se passe ici. La prochaine fois je serais plus prudent promis, je pensais pas que ces enfants de catins nous tomberaient dessus cette nuit. Si j'avais su tu penses bien que j'aurais géré tout ça différemment ! »

Adam voyait bien que le petit être caressait juste l'enchanteur dans le sens du poil, ne pensant aucunement ce qu'il disait. Il n'intervint cependant pas, sa mâchoire le lançait douloureusement et il se sentait épuisé. Le mage n'avait qu'une hâte, empocher l'argent et partir.
Et ce devait sans aucun doute être aussi le cas de Zack, qui mit alors les deux bourses dans le sac qu'il portait en bandoulière et adressa sèchement un signe de tête au sekteg.

« Laissez-moi vous raccompagner sur le pas de la porte. »

Minauda Irka d'un ton on ne peut plus mieilleux. Une fois qu'ils eurent passé le pas de la porte, l'enchanteur se tourna vers le gobelin :

« Vu comment nous avons surestimé votre efficacité en matière d'organisation et de sécurité, et les risques qui en ont découlé, il faudra t'attendre à ce que sir Demorlys augmentent les prix pour la prochaine transaction. Et si cela persiste, il ne faudra pas t'étonner qu'il n'y ait plus de suite. »

Le sekget n'eut même pas le temps de répondre, une voix s'éleva derrière eux :

« Allons messieurs, inutile d'arriver à de telles extrémités. Tout ce qui contribue à enrichir Exech est le bienvenue, tant qu'on paie les taxes... »

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Adam Von Demorlys » mer. 8 mai 2019 11:37

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Une fois entré, le jeune bourgeois referma la porte derrière lui et balaya la pièce du regard la pièce dans laquelle il se trouvait. L'intérieur était sombre, et tout aussi miteux que ce qu'on pouvait trouver en ville. A croire que les Belmonts préféraient investir leurs richesses directement dans leur manoir.
Adam repéra rapidement un comptoir qui se trouvait au bout de la pièce et s'y dirigea. Derrière se trouvait un homme grisonnant, qui le regarda tout d'abord d'un air presque étonné, voir agacé.
Vu l'heure ce dernier venait sûrement d'ouvrir et espérait entamer sa journée tranquillement. Son professionnalisme repris cependant vite le dessus et il afficha un air courtois.

Adam le salua d'un hochement poli de la tête.

« Bonjour Sir. Je viens en savoir plus sur l'expédition qu'organise Mathias Belmont et la rejoindre si possible. »

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Modifié en dernier par Adam Von Demorlys le sam. 11 mai 2019 12:09, modifié 1 fois.

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Gamemaster2
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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Gamemaster2 » ven. 10 mai 2019 15:53

Intervention pour Adam Von Demorlys

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L'homme en question ne te rendit pas ton salut de suite. Il prit même le temps de replonger quelques secondes la tête dans ses papiers, avant de fermer ce qui semblait être un livre de compte. Finalement, se regard changea et l'accueil fut plus agréable sans pour autant paraître le rendre heureux.

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"Valendro Hasgarth, enchanté. C'est un peu tard, messire. Maître Belmont a déjà quitté Tulorim avec son escorte. Il est d'ailleurs supposé arriver d'ici cet après-midi au port des Cynores et je lui servirais de cocher jusqu'à son domaine."

Son tabouret grinça sur le parquet alors qu'il rajustait sa ceinture, son épée et la cape qui lui couvrait l'épaule. L'homme semblait prêt à partir, mais se résigna finalement de te laisser seul dans ses locaux.

"Humpf... Accompagnez-moi, il acceptera peut-être de vous rencontrer. Je ne puis cependant promettre votre recrutement, lui seul en décidera."

Sur ces mots, il t'invita à le suivre hors de son bureau et verrouilla la porte d'une grosse clef qu'il rangea dans sa poche. Là, quelques dizaines de pas suffirent pour atteindre un chariot en bois vernis déjà harnaché à deux cheveux, susceptible d'accueillir six personnes sans qu'elles n'aient à se serrer inconfortablement. Cependant, la place du cocher était suffisamment grande pour que deux personnes puissent s'y trouver et il te proposa de monter à l'avant avec lui.

"Nous les attendrons aux portes de la ville. Ça nous laissera le temps de discuter, et surtout de m'expliquer ce qui a bien pu vous passer par la tête pour risquer votre vie de la sorte."
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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Charles
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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Charles » dim. 10 janv. 2021 14:28

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Je pousse la porte de ma maison, si on peut appeler ça ainsi. Il s’agit plutôt d’un taudis situé au rez de chaussée d’une vieille maison, l’accès à l’étage supérieur étant condamné pour permettre à un couple bruyant de vivre à l’étage sans devoir passer par chez moi. Les murs sont gorgés d’humidité, le parquet grinçant est parfois manquant ou pire laisse dépasser de longues échardes, il est donc totalement proscris de se déplacer sans chausses. La porte n’est d’ailleurs pas vraiment une porte, c’est plutôt une large planche de bois suspendus à une seule charnière, rendant son ouverture bruyante difficile et ayant marqué au fil de son passage une marque profonde dans le sol. Ni serrure, ni poignée, j’ai simplement installé un loquet pour éviter que des malandrins ne pénètrent chez moi la nuit pour me faire la peau, lorsque je sors je verrouille la porte à l’aide d’une chaîne et d’un cadenas. Ce n’est que pour la forme, n’importe qui avec quelques outils ou des bras assez épais pourrait entrer mais il faut admettre que je n’ai pas grand chose à voler et cela doit se savoir. Je dispose d’un petit vestibule où j’accroche à la chaise à l’assise cassée mon chapeau et mon manteau avant de rentrer dans un petit salon sur ma droite.

« Papa ? »

Mes épaules se crispent un instant avant de se relâcher complètement. Comme si les dangers d’Exech étaient maintenant trop loin pour m’atteindre.

« Je ne voulais pas te réveiller. Tu as mangé quelque chose ? »

Je distingue que le maigre repas que je lui avais laissé n’a pas bougé. Un maigre morceau de pain dur depuis deux jours et une soupe à l’odeur peu engageante à base d’algues venant du port.

« Je n’avais pas très faim. »

« Bien sûr. »

Dis-je avec un maigre sourire en m’approchant de ma fille. Elle est si petite et si maigre qu’elle tient allongée dans le vieux fauteuil usée du salon, emmitouflée dans une couverture trouée , sa peau est pâle comme la neige, son visage est fin, tiraillé par la fatigue et la faim, des cheveux blonds, presque blancs viennent s’y coller, ses beaux yeux auparavant émeraudes deviennent gris et cernés. Elle a six ans, le même âge que le garçon croisé sur la place publique, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement. Son visage se calque avec le sien pendant un instant et je sens mon visage se tordre de culpabilité.

« Tout va bien ? »

Je secoue la tête pour rendre à ma fille son visage.

« Oui... oui... je suis juste fatigué. Je vais me laver et nous pourrons manger un peu de pain frais. D’accord ? »

Elle hoche faiblement la tête avec un sourire ravi à l’idée de se remplir un peu l’estomac. Je sors de mon sac le flacon confié par l’apothicaire et attrape la petite cuillère plongée dans le bol de soupe.

« J’ai ramené un autre médicament. »

« Est-ce qu’il fonctionne celui là ? »

« Oui cette fois c’est sûr. » lui dis-je en voulant me montrer rassurant.

« Tu as déjà dit ça la dernière fois...»

« Et la fois d’avant je sais... »

Je lui adresse un sourire et caresse doucement sa joue avant de lui donner le remède.

Je me dirige ensuite vers une autre pièce de la maison où se trouve une bassine d’eau froide et une glace qui me sert pour le rasage. Je saisis une serviette que je trempe pour me laver le visage, je retire ensuite mon gilet pour me décrasser le torse. Mon regard croise mon reflet dans le miroir et je ressens un dégoût profond pour moi même. Le fils de riche devait déjà ressentir les premiers effets de son inhalation. Si ma fille subissait la même chose j’en serais dingue.

« Je n’avais pas le choix. »

Répétais-je à voix basse à mon reflet pour le convaincre et chasser ce regard inquisiteur dardé sur moi. Je prends ma tête entre mes bras et serre les dents pour ne pas hurler. Un bruit dans l’entrée me fait sursauter. Des coups forts qui tambourinent ma porte. Je remet ma chemise en toute hâte pour sortir de la salle d’eau et me diriger vers la porte. Je fais signe à ma fille de garder le silence quand je croise son regard inquiet. La porte manque de chavirer à chaque coup et des nuages de poussières se décollent des murs adjacents.

« Qui est-là ? »

Déclarais-je d’une voix forte sans laisser paraître mon angoisse.

« C’est nous ! Tu ferais mieux d’ouvrir l’Alchimiste. »

Je reconnais la voix, un sbire de la Confrérie du Crâne. Un type costaud au crâne rasé gravé de cicatrices et à la voix plus grave qu’une note de contrebasse qui porte le nom poétique de Gratul. Je risque un oeil à travers une fissure dans le bois pour vérifier si il y a d’autres membres du gang présents. J’aperçois le crâne chauve de Gratul, un bras poilu portant des cicatrices et un autre couvert d’une chemise sombre de l’autre côté de la porte. Un coup plus fort que les autres me fait sursauter moi et ma fille que j’entends commencer à pleurer.

« Ouvre ! »

Ces brutes sont assoiffés de sang, hors de question que je les laisse pénétrer dans mon foyer. Je sais pourquoi ils sont ici, ils veulent de l’argent, de l’argent que je leurs dois. Je tente de les raisonner à travers la maigre protection de bois, m’adressant d’une voix assez forte pour couvrir le bruit des martèlements.

« Si je me souviens bien l’échéance n’est que dans quatre jours. »

Un ricanement fait place au tambours avant que la contrebasse se remette à jouer.

« Je te pensais plus malin l’Alchimiste. La date a changé. C’est aujourd’hui. »

« Ce n’est pas ce qui était convenu, j’aurais l’argent dans quatre jours. »

« Alors il y aura des interêts. »

Maudit soit-il ! Lui et son gang de brutes ! On ne s’en sort jamais avec eux ! Je me retiens de taper à mon tour contre la porte pour me défouler. Que dois-je faire pour pouvoir rembourser ma dette avec la Confrérie ? Contracter une dette auprès de la Fraternité ? Et après ? Auprès du Lys ? De la Main Rouge ? Jamais je n’en finirais ! Merde !
Je pousse un long souffle pour reprendre mon sang-froid, je ne pourrais pas avoir assez d’argent en quelques jours pour récolter la somme convenu plus les intérêts. Si je ne peux pas avoir plus d’argent il me faut plus de temps.

« Laissez moi sept jours de plus. »

Plusieurs ricanements s’élèvent cette fois.

« Tu déconnes j’espère ! »

Je dépose doucement mes mains contre la porte, en approche mes lèvres, emplissant mes narines de l’odeur de poussière et de bois mort qu’elle dégage. J’articule chaque mot pour être certains qu’ils soient compris et qu’ils en comprennent le sens.

« Donnez moi une semaine supplémentaire et je vous triplerais la somme que je vous dois aujourd’hui. »

Un pari risqué, encore, mais pas impossible. Il existe une façon de multiplier ses Yus pour qui sait s’y prendre ou bien de tous les perdre. Le silence s’est installé derrière le bois, l’idée fait son chemin dans la tête de mon interlocuteur.

« Sept jours hein ? »

Je retiens un soupir de soulagement pour répondre.

« Le triple de la somme. »

Le silence reprend. Je retiens mon souffle. Si il décide simplement de défoncer la porte je suis mort.

« On se revoit dans sept jours l’Alchimiste. Vaudrait mieux pour toi que tu aies l’argent. »

Je reste collé à la porte sans respirer, m’assurant d’entendre les pas s’éloigner avant de reprendre une inspiration.


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Modifié en dernier par Charles le mar. 17 août 2021 17:21, modifié 2 fois.

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Charles
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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Charles » lun. 16 août 2021 18:01

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J’ai empoisonné un enfant ce matin. Je n’en suis pas fier. Mais à Exech la nécessité étouffe sans vergogne la fierté, la dignité et la morale. Je lui ai inoculé un poison sous forme de poudre, mélangé aux confettis dont je me sers pour un tour de magie. Quoi de mieux qu’un tour de magie pour attirer l’attention d’un gamin. Le poison vient d’un minerai d’Ondyria. Un poison assez rare mais pour le Lys Noir les choses rares deviennent communes. Le plan est assez basique, empoisonner le fils d’un homme riche et proposer l’antidote contre une grosse rançon. Je ne peux m’empêcher de penser à ce petit qui à l’heure qu’il est doit suer à grosses gouttes. Bientôt il va se mettre à baver, à pleurer, à vomir, il aura des diarrhées. Il sera incapable de s’hydrater, touché par une hydrophobie qui l’empêchera de boire de l’eau malgré la soif qui le tiraillera. Un homme adulte pourrait survivre quatre jours mais un enfant... Je ne peux m’empêcher de faire un lien entre ce garçon et Alice, ma propre fille.
Je pose ma plume sur le bureau rayé et passe une main sur mon visage. Le dégoût me submerge, impossible de poursuivre ma prise de note. Je me lève pour me diriger vers le salon où Alice s’est endormie. Comme d’habitude, par réflexe, je vérifie qu’elle respire encore avant de la couvrir avec une vieille couverture sentant la poussière. Cette fille est un petit miracle, à sa naissance, les guérisseurs assuraient qu’elle ne tiendrait que quelques jours, puis quelques semaines, quelques mois. Au bout d’un an ils ne cessaient de dire qu’elle mourrait avant ses deux ans. Ca fait maintenant six ans et elle vit encore, dérangée par ses poumons qui lui font souvent des misères mais en vie malgré tout. Sa mère a eu moins de chance, morte l’année dernière d’une épidémie de pneumonie qui a touché la cité. Elle a préféré mourrir dans son coin, voulant éviter à tout prix que la petite tombe malade ce qui lui aurait été fatal. Deux femmes courageuses et moi, lâche au point d’empoisonner un gosse. Je dois tourner la page, penser à la suite. L’argent venant de la rançon me sera donné dans trois jours. Il m’en restera quatre pour tripler la somme comme je l’ai promis aux brutes de la Confrérie. Je n’en finirais jamais...

Je lève les yeux vers mon plafond qui commence à se secouer, le couple à l’étage décide de se disputer et comme d’habitude les meubles qui volent à travers la pièce font partie des arguments. Je pousse un long soupire avant de changer de pièce pour ouvrir le coffre contenant nos maigres économies. Au moins j’ai de quoi prendre à manger pour les prochains jours. Mais cette fois, je n’ai plus le droit à l’erreur. Je referme le coffre, à la recherche d’un jeu de cartes. J’ouvre les placards, les tiroirs et tâte le sommet des armoires, chassant au passage les nuisibles qui se sont installés dans les nids de poussière. Je finis par mettre la main dessus et m’installe à la table usée de la cuisine. J’extirpe les cartes de la boîte de bois, surpris qu’elles ne soient pas dévorés par les mythes. Je mélange, cherchant dans mes souvenirs les moyens les plus habiles de tricher. Le comptage est le plus sûre. On aura beau vous fouiller il n’y aura rien à découvrir, impossible de prouver que vous avez un système pour augmenter vos chances de gagner. C’est un simple calcul de ratios, rien d’insurmontable. Mais il possède des failles, l’une d’elle étant qu’elle ne rapporte pas à tous les coups. Je prends une carte au hasard, un valet de coeur. Je le fais glisser entre mes doigts, réveillant ma dextérité pour manipuler ce genre d’objet. Voilà à quoi je suis contrains, m’entraîner pour arnaquer le Tripot du Lys, ceux même qui m’embauchent. Pourtant il n’y a pas d’autres solutions pour tripler une somme en si peu de temps. J’inspire profondément avant de soupirer lentement pour chasser l’angoisse qui fait trembler mes mains. Je remonte mes manches, ferme les boutons dépareillés et recommence à manipuler les cartes. Je réapprends à les glisser entre mes doigts, à détourner l’attention, à les faire disparaître par des tours de passes passes. Je me retiens de jurer quand je me rate, quand elles tombent au sol, quand je les froisses ou les plies.

J’y passe plusieurs heures avant d’entendre Alice tousser dans la pièce à côté. Je remarque alors que le jour se lève tandis que je lui ramène un verre d’eau. Elle essaie de calmer sa toux et je lui rappelle de laisser aller pour chasser les saletés qui se sont accumulées dans sa gorge. Une toux plus forte que les autres survient et enfin cela se calme. Les larmes aux yeux, elle saisit le gobelet de ses mains tremblantes. Déjà épuisée alors qu’elle se réveille d’une nuit de repos.

«Aujourd’hui je reste avec toi. »

Elle mérite bien ça.

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Modifié en dernier par Charles le mar. 17 août 2021 17:23, modifié 1 fois.

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Re: Les Habitations d'Exech

Message par Charles » mar. 17 août 2021 14:01

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« Tu comptes sur tes lèvres papa. »

Je plisse un oeil, fronce les sourcils. Entre ouvre la bouche pour me justifier mais son index fin désigne mon bras gauche avant que je ne prononce un mot.

« Et je vois une carte dépasser de ta manche. »

J’avais au final choisi de travailler les deux possibilités. C’est toujours mieux d’avoir plusieurs cordes à son arc. Mais c’était plutôt laborieux malgré les deux jours passés à m’entraîner avec ma fille. Ça a au moins le mérite de l’occuper, de lui faire oublier un peu notre vie misérable, sa maladie… Elle s’amuse. C’est un jeu pour elle et ça l’a fait sourire de découvrir ce qui pourrait me faire tuer.

« Difficile de t’arnaquer. »

Dis-je en plaisantant, rassemblant les cartes pour les remettre dans l’étui avant d’aider Alice à se coucher sur le vieux canapé. Je m’installe ensuite dans le fauteuil miteux en attrapant un livre usé dans la bibliothèque. Un des derniers comtes pour enfant que je possède encore, déjà lu et écouté mille et une fois par ma fille mais qui fait toujours semblant de s’y intéresser, simplement pour me faire plaisir. Elle s’endort rapidement et je pose délicatement le livre, dépose un baiser sur son front et la couvre correctement avant de rejoindre la salle d’eau. Demain, je recevrais la récompense et le plus difficile restera à faire.

La nuit est courte et Alice dort encore quand je quitte le taudis pour rejoindre le point de rendez-vous. Une ruelle sale, loin des témoins, encore tâchée du sang séché des malheureux et malchanceux qui sont passés par ici. Je retrouve rapidement les deux hommes de main de l’autre jour. Habillé de la même façon mais de moins bonne humeur visiblement. Pas de rires gras, un crachat au sol en m’apercevant. Une angoisse douloureuse tord mes entrailles, j’ai un mauvais pressentiment. Mais il est trop tard pour faire demi-tour et ils remarquent le ralentissement de ma foulée tandis que mon oreille perçois des bruits de pas venant de derrière moi. Je jette un regard par dessus mon épaule pour constater de la gravité de la situation. Je suis coincé, deux autres hommes bloquent la ruelle. Je m’arrête, déglutit, serre la poigne sur ma canne.

« On a un problème l’Alchimiste. »

Déclare l’imberbe de l’autre jour en s’approchant.

« Vraiment ? Lequel ? »

Rétorquais-je après avoir inspiré profondément pour ne pas avoir la voix et les genoux qui tremblent.

« On a pas l’argent. Son paternel a préféré le laisser crever plutôt que de payer la rançon. »

Interloqué, je pousse un hoquet de surprise tout en posant une main sur ma bouche. Choqué par une telle décision. Quel genre d’homme peut laisser mourir son enfant. Un enfant que j’ai, du coup, pas seulement empoisonné mais tué, assassiné.

« Du coup non seulement on pas l’argent mais en plus tu va devoir nous rembourser ce qu’on t’a avancé pour ça … plus la première partie de la récompense. »

« Quoi ! Vous n’y pensez pas ! »

« Vide tes poches. Le premier paiement est immédiat. »

« Non ! J’ai besoin de l'argent ! »

Un coup de poing me percute la mâchoire, coupant court toute négociation, avant que mes bras soient saisit fermement. Mes derniers espoirs s’écroulent. La détresse étouffe la douleur de sentir mon estomac et mon foie martelés par les poings de brutes. On me pille les maigres Yus que j’ai sur moi avant de m’envoyer au sol. Par instinct je me roule en boule et protège mon crâne. Les coups de pieds pleuvent jusqu’à ce que je perde connaissance. Alors qu’une seule chose occupe mon esprit : Alice.

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