La Baie Joyeuse

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Yuimen
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La Baie Joyeuse

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 11:04

La baie joyeuse

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Cette sympathique auberge est tenue par la famille Roquin. Le grand-père Odilon est responsable de la confection de la liqueur de fruits. Le père Antonio s’occupe du bar, sa femme Jeannot se concentre à la cuisine pour préparer des repas délicieux. L’aînée, Irène, s’occupe de préparer les chambres alors que les deux jeunes Lutillons Richy et Pablo, toujours curieux de faire connaissance avec des Lutins étrangers à leur village, aident parfois au service lorsque l’auberge est bondée.

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Gamemaster8
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Gamemaster8 » dim. 3 janv. 2021 14:19

Événement: On a toujours besoin d'un plus petit que soi
Pour Nhaundar, Oljyn, Syelsa,Tips
Si l'envie vous prend d'accompagner Gino et Carmine, peu importe si la motivation vous vient de votre cerveau ou de votre estomac, à votre arrivée, vous y verrez le grand-père Odilon qui vous invite à sa table.

"Assoyez-vous, jeunes gens, je vous offre ma petite liqueur de framboise."

(((( Le grand-père est celui assis sur la photo ci-dessus)))
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Nhaundar
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » dim. 3 janv. 2021 16:10

A mon grand étonnement, l’elfe verte demande si Hugette ne serait pas en réalité une non-Lutine et ses suspicions sont confirmées. Carmine ajoutant qu’elle est désormais des leurs. Syelsa précise ensuite que la panseuse n’est pas avec la Lutine et son problème d’ombre. La Lutine en question est à l’extrémité du village avec les autres et qu’ils attendent d’être plus nombreux pour partir. Elle finit par déclarer vouloir attendre l’humain, malgré son caractère. Quant au Sekteg…il affiche une grimace étrange et pars là d’où venait Syelsa et où j’espérais me rendre en sa compagnie.

Bo ajoute au raisonnement de la Taurionne qu’ils partent à la recherche de la panseuse, sans savoir où elle se trouve précisément. Il me défie ensuite en déclarant fièrement qu’il ne compte pas rester dans le village. C’est à ce moment que l’Oranais arrive en compagnie de Nadine qui annonce que la panseuse est à Tanasun et y attend Dicka pour y réduire son ombre.

A cette déclaration, tout le monde prend la route pour quitter le village, sauf Gino et Carmine qui se rendent voir Odilon. J’aimerais moi aussi partir, mais ces deux Lutins voulaient trouver la panseuse c’est à cause de moi qu’ils se rendent à un tout autre endroit. Cela m’oblige à me séparer pour un temps du reste du groupe et de partir avec ces deux Lutins.

Nous arrivons ensemble dans ce qui semble être une auberge. Là, un Lutin particulièrement ancien nous invite à sa table, proposant une liqueur de framboise. Même si cela peut paraître alléchant, nous avons un devoir et plus le temps passe et plus nous nous éloignons du reste du groupe. Je me rapproche de la table, mais sans m’y asseoir.

"Merci heu…Odilon je présume. Ecoutez, la panseuse a disparu et vous êtes un des plus anciens de ce village. Un rituel d’ombre de Lutin doit avoir lieu et je voudrais connaître toutes les informations à ce sujet ainsi que sur un lieu nommé Tanasun." Finalement je pose mon derrière sur la chaise la plus proche et reprends. "Selon Nadine la panseuse y serait déjà, mais je commence à croire qu’il ne faut pas croire tous se qu’on entend ou croit entendre ici !" Je termine ces mots avec un petit sourire en coin.

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Gamemaster8
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Gamemaster8 » dim. 3 janv. 2021 18:00

Événement: On a toujours besoin d'un plus petit que soi
Pour Nhaundar
Le vieux lutin te répondit tout en t'examinant de ses vieux yeux de sage.

"Oui, en effet. Odilon c'est moi."

L'âge apportant son lot de sagesse et aussi une approche différente de la notion du temps. Bien que l'empressement de Nhaundar était évident, le vieux lutin semblait lui disposer de tout son temps. Il prit donc quelques secondes avant de répondre.

"Tanasun est un lieu maudit.... mais on ne connait pas l'origine de cette malédiction."

Toujours avec la même lenteur, il regarda son verre de liqueur de framboise, puis le porta à sa bouche et en prit une bonne gorgée. Il regarda une fois de plus son verre en suspension dans les airs, puis décida qu'il en avait assez pour le moment et le déposa sur la table. Après s'être essuyé la bouce du revers de sa manche, il poursuivit:

" Je ne connais pas les projets de la penseuse, et je n'aspire pas à devenir un sage.... mais j'aime raconter des histoires"

Ce fut alors Carmine qui intevint avant que le vieil homme décide lentement de reprendre une gorgée de sa liqueur alcoolisée.

" Mais justement.. qu'est-ce qu'il est arrivé au vieux Saturno" Dit-elle un brin d'impatience dans la voix.

"Et bien..." Il s'arrêta pour se dérhumer un bon coup. Gino choisit ce moment là pour quitter l'auberge avec un regard entendu à Carmine.
Le grand père Odilon prit un air grave et dit

"Et bien le vieux Saturno avait un problème avec son ombre. Elle était bien trop grande. Il était donc déséquilibré. Au début, on n'y faisait pas trop attention. Mais ensuite, on a bien vu qu'il devenait obscur, qu'il cherchait les bagarres, qu'il assombrissait l'ambiance du village et que même les ombres de d'autres lutins s'agrandirent. Il fut donc décider de le faire quitter le village pour couper son ombre.... mais ils ne l'ont pas envoyé à Tanasun... Je me demande donc pourquoi la panseuse y serait.... mais je sais que les lutins sont revenus des bois en courant et sans Saturno... Il en a un qui couvert de coup de bec dans le dos, a succombé à ses blessures... Il est dangereux pour un lutin de se rendre à la forêt aux aiguilles ."

Cela dit. Il prit de nouveau son verre et but quelques gorgées. Il avait terminé son histoire.
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Nhaundar
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » dim. 3 janv. 2021 20:55

Le vieux Lutin me confirme son identité. Si les plus jeunes peuvent paraître prompts à l’action, même irréfléchie, les plus anciens en sont l’extrême opposé. Malgré mon empressement, l’ancien garde son rythme si particulier. Il finit néanmoins par répondre que Tanasun est un lieu maudit et qu’il en ignore la source.

(Oui, ça j’avais compris !)

Lentement, il porte son verre à la bouche après l’avoir bien bien observé et en bois une gorgée. Puis il regarde encore son verre avant de le déposer sur la table. Une fois la bouche essuyée, il explique qu’il n’est pas un sage comme la panseuse et qu’il n’aspire pas à l’être ni à connaître ses projets. Cependant, il aime raconter des histoires. Tandis qu’il recommence son petit manège avec la liqueur, Carmine l’arrête et demande ce qui est arrivé à Saturno.

Alors qu’il commence à nous l’expliquer, les deux Lutins qui m’accompagnent se regardent l’un l’autre et Gino quitte l’auberge, nous laissant moi, Carmine et l’air grave d’Odilon qui narre son histoire.

"Et bien le vieux Saturno avait un problème avec son ombre. Elle était bien trop grande. Il était donc déséquilibré. Au début, on n'y faisait pas trop attention. Mais ensuite, on a bien vu qu'il devenait obscur, qu'il cherchait les bagarres, qu'il assombrissait l'ambiance du village et que même les ombres de d'autres lutins s'agrandirent. Il fut donc décider de le faire quitter le village pour couper son ombre.... mais ils ne l'ont pas envoyé à Tanasun... Je me demande donc pourquoi la panseuse y serait.... mais je sais que les lutins sont revenus des bois en courant et sans Saturno... Il en a un qui couvert de coup de bec dans le dos, a succombé à ses blessures... Il est dangereux pour un lutin de se rendre à la forêt aux aiguilles ."

(Donc il n’y a aucune raison que la panseuse y soit ! Mais pourquoi Nadine l’a déclaré alors ? Que sait-elle de plus ?)

Finalement je décide de jouer le jeu. Odilon en sait beaucoup et j’ai besoin de réponse avant de prendre la route.

"Finalement je prendrais bien un verre si vous êtes toujours d’accord."

Attendant qu’on m’apporte de quoi boire où qu’on me dise où en prendre, je ramène le sujet principale de ma visite.

"Si la panseuse n’y est pas pour le rituel de l’ombre, vous avez certainement une idée d’où ça devrait se trouver ? Même si vous n’êtes pas un sage, vos oreilles ont bien entendu quelque chose depuis le temps non ?" Je marque une pause en levant la main pour signifier que je n’ai pas fini. "Et ce Saturno, vous n’en avez plus jamais entendu parlé depuis que les Lutins qui l’ont accompagné sont revenus seuls ? Qui étaient ces Lutins qui l'ont accompagné d’ailleurs ? J’aimerais leur en toucher un mot !"

Je scrute son visage à la recherche d’un éventuel mensonge ou omission plus ou moins volontaire lorsqu’il me répond.

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Gamemaster8
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Gamemaster8 » lun. 4 janv. 2021 04:54

Événement: On a toujours besoin d'un plus petit que soi
Pour Nhaundar
Rapidement, les lutins servirent à boire à Nhaundar. Lorsqu'il résume les paroles du vieux Carmine fronça les sourcils et secoua la tête, mais elle respecta ton signe de la main et attendit que tu es fini puis elle parla à son tour.

" Mais non,... je crois que tu as mal compris.... il ne dit pas que la panseuse n'a rien à voir avec le rituel... il dit simplement que cette fois là, ils ne sont pas allés à Tanasun et qu'il se demande lui pourquoi ce serait ainsi cette fois. Cette fois là, du temps de Saturno, les lutins sont revenus blessés à mort et on ne sait pas ce qui est advenu de Saturno.... c'est bien ça monsieur Odilon ?"

Après avoir observée sa liqueur aux framboises quelques secondes, il fait un signe de tête affirmatif, puis rajouta:
"Écoute la petite, elle a tout compris." Puis il but une autre longue gorgée.

Puis il poursuivit son récit.

"Donc Saturno n'est plus jamais revenu, on l'a cru mort. Pour ce qui est des lutins de cette expédition, je ne sais pas trop ce qu'il sont tous devenus. Deux d'entre eux, étaient déjà très vieux et ils sont décédés. La panseuse était une apprentie à l'époque, elle pourrait tout vous raconter. Et puis je sais qu'une lutine est morte en couche et qu'un autre est partie à l'aventure.. J'en sais pas plus sur cette histoire... par contre, si vous m'acompagnez pour un second verre, je peux vous raconter l'histoire de notre épouvantail. "

Il allait boire une autre gorgée, mais au lieu de ça, il déposa son verre puis se gratta la tête.

"Tiens, j'y pense.... j'ai vu la panseuse partir avec tout son attirail et l'un de nos lutins les plus costauds, il y a deux jours de ça, et elle me semblait bien songeuse."

"C'était Pablo ? Je ne l'ai pas vu au puits aujourd'hui."

Il balaya cette hypothèse du revers de la main.

"Non, non, c'était un autre encore plus costaud... mais je ne me souviens plus de son nom... c'est le fils de Jean, ou de John ou de Jill"

Il ne faut pas oublier qu'il y avait plusieurs milliers de lutins dans ce petit village, donc bien probable pour un vieux lutin d'oublier les noms des plus jeunes.

Nhaundar qui était doué pour détecter le vrai du faux put constater sans contredit que le vieil Odilon avait sincèrement raconté tout ce qu'il savait sur l'histoire de Saturno... Il aurait bien aimé pouvoir en raconter plus afin de garder son auditoire, mais il avait tout dit ce qu'il savait.

Gino était revenu pendant ce bout de récit. Carmine rit aux éclats lorsqu'elle le vit s'asseoir près de vous, l'une de ses joues encore toute mouillée et même s'il l'avait essuyé du mieux qu'il put, il restait encore un peu de salive.

"J'ai une monture. Ce sera plus rapide pour rejoindre les autres."

((( Soit que Nhaundar poursuive son enquête à la baie joyeuse, soit qu'ils aillent chez la panseuse, soit qu'ils partent avec la monture que Gino est allé chercher
0.5 Xp: Confidence du vieil odilon )))
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Nhaundar
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » lun. 4 janv. 2021 15:51

Une fois que j’ai fini de parler, Carmine intervient pour remettre de l’ordre dans les explications. Si effectivement ils ne sont pas allés à Tanasun pour l’ombre de Saturno. Pour autant, le rendez-vous semble bien être à Tanasun cette fois-ci.

(Mais pourquoi un lieu maudit ?)

Odilon explique qu’après cela, Saturno n’est plus jamais réapparu. La piste des anciens Lutins est compromise. Deux étaient déjà bien âgés, une est morte en couche et un quatrième est parti à l’aventure. A défaut d’en rajouter sur cette histoire, il propose de narrer celle de l’épouvantail. Juste avant de reprendre un verre, il s’arrête et se rappelle avoir vu la panseuse avec son attirail et un des Lutins les plus costaud du village, cependant c’est le visage songeur de la panseuse qui l’a interpelé. Carmine pense à Pablo, puisqu’il n’était pas présent au puis, mais Odilon confirme qu’il s’agissait d’un Lutin plus fort encore.

(Bon il n’a pas l’air de mentir, c’est déjà un début !)

Je remarque à l’éclat de rire de Carmine que Gino est revenu avec une marque de bave sur la joue. Ce à quoi, il déclare avoir une monture pour rejoindre les autres plus rapidement.

"Merci pour vos histoires Odilon. Vous pourrez me raconter celle de l’épouvantail lorsque je reviendrais, avec un bon verre de liqueur."

Je sors en compagnie des deux Lutins et comprends d’où la bave tirait son origine. Face à moi un énorme chien se tient sur ses quatre pattes. Sans crier gare, il s’avance vers moi et me lèche abondamment le visage, avec un supplément capillaire. Il semble visiblement content de me rencontrer, au vu de sa queue qui va et vient comme un métronome enragé.

"Ha ! Ca, c’est fait !" Je prends le temps de me débarrasser d’autant de bave sur le visage qu’il m’est possible de faire et me tourne vers les deux Lutins. "C’est parfait ! Nous rattraperons notre retard, mais avant cela, je veux me rendre chez la panseuse. Je ne comprends toujours pas pourquoi le rituel doit se faire dans un lieu maudit. Peut-être que nous trouverons des informations à ce sujet." Je commence à partir avant de me raviser. " Vous voulez bien me montrer le chemin ?"

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Gamemaster8
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Gamemaster8 » lun. 4 janv. 2021 18:51

Événement: On a toujours besoin d'un plus petit que soi
Pour Nhaundar
Le vieux lutin salua Nhaundar en levant son verre vers celui-ci, tout en vous regardant sortir de l'auberge.
Suite ici
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Nhaundar
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » jeu. 4 nov. 2021 15:40

IX. 2 Faux départ.

Pire qu’un affrontement contre les êtres les plus dangereux qui ont foulé le sol, c’est un tsunami de question que ne cesse de m’attaquer de toutes parts. Or, la bonne humeur des lutins et l’ambiance joviale, transforment cette étrange assemblée centrée sur moi, en un moment amusant. J’évoque le monde extérieur en narrant mon histoire. Les lutins sont intrigués par les différents objets magiques que je détiens, comme l’orbe émotive qui passe de main en main, en changeant de teintes dans des explosions de nuances aux couleurs de dizaines d’arcs-en-ciel mélangés ensembles. Certains se cachent les yeux derrière une paire de mains aux doigts grands ouverts, lorsque j’évoque mes différents combats contre des hommes, des traqueurs obscurs, des mercenaires, de fieffés humains, des…il y a beaucoup d’humains d’ailleurs. A d’autres moments, lorsque je mentionne la relation de confiance avec Sylve, la semi-elfe à qui je dois la vie, j’ai droit à des : "Hoooooo, il a une amoureuuuuuse !"

"Mais non enfin…nous ne sommes qu’amis…c’est…c’est tout !" Dis-je, alors que l’orbe qui m’est revenu en main, se colore d’un rose amoureux et d’un vert foncé menteur.

Les regards se tournent tous vers moi, accompagnés de sourires moqueurs et de son lot oral.

"Nhaundar. A. Une. Amoureuse !" Scandent les lutins en articulant chaque syllabe.

Alors que ces quatre mots se répandent dans tous le village, à la vitesse d’un lutin courant après avoir trouvé la pitrerie du siècle, je regarde l’orbe qui dévoile des sentiments qui m’ont toujours été étrangers.

(Alors, c’est ce que je ressens vraiment pour Sylve ? Loin d’une profonde amitié et d’une confiance sans limite, j’éprouve à son égard une affection que nul ne saurait faire obstacle ?)

A cette pensée, mon cœur se réchauffe et me plonge dans un bien-être sans précédent, à l’acceptation de ces émotions qui m’étreignent. Rapidement, son souvenir laisse place à un manque profond d’elle, de son caractère plein d’autorité, de son charme féminin naturel et de sa voix si douce. Pourtant, voir les lutins rire de moi je gène un peu, je n‘ai jamais éprouvé un tel sentiment pour autrui et ma gêne se fait grandissante. Alors qu’une esquisse de fête se prépare pour le retour de Dicka et la réussite du rituel, j’en profite pour trouver une excuse pour m’échapper.

"Dis-moi Olive, vous n’auriez pas au sein de votre village, quelqu’un qui pourrait m’en apprendre plus sur la magie ?" Dis-je à l’intéressé, en parlant assez fort pour qu’il m’entende.

Hélas, je parle si fort que pratiquement tous les lutins m’entendent et répondent à sa place.

"Un mage lutin ?"
"La meilleure…
"La plus incroyable…"
"La plus spectaculaire…"
"C’est la penseuse !"
"Vite, vite…"
"Allons la voir !"

Ils sont cependant arrêté par Olive qui refreinent un peu leur ardeur.

"Vous tous écoutez-moi ! La penseuse a fait un long voyage et notre ami ici présent revient tout juste du rituel qu’il a accompli avec ses précieux amis !" Je préfère me taire en me remémorant l’Oranais grognon et Eden qui souhaitait tuer Dicka. "Laissons-les un peu souffler pour le moment, de plus je suis sûr que la penseuse a mille choses à faire. Nous verrons tout cela pour la fête de ce soir, mais il nous faut tous les bras disponibles !"

A ces mots, tous les lutins accueillent l’idée en courant dans tous les sens, sans vraiment savoir où ils vont. Alors que je suis un peu déçu de rater une occasion d’en apprendre plus sur la magie, Olive se rapproche de moi pour me murmurer à l’oreille.

"Il existe cependant un lutin du nom d’Antonio. C’est le guérisseur du village. Si tu es intéressé par la magie de lumière, il pourra t’apprendre deux trois choses. Sinon, il faudra attendre un moment avec la penseuse. Dans ce domaine, elle est effectivement la plus grande mage parmi les lutins !"

L’idée d’en apprendre plus sur la magie lumineuse attise ma curiosité, moi qui ne possède qu’un seul sort de cet élément. C’est donc avec plaisir que je suis Olive qui se dirige vers une maison que je connais déjà et me pousse à le questionner car ce n’est pas un établissement d’un guérisseur.

"Olive ? Tu devais pas m’emmener voir le guérisseur ? Pourquoi j’ai l’impression que tu as plutôt envie d’une liqueur ?"

"Les deux ne sont pas incompatibles hihihi !" S’amuse-t-il de son air taquin. "Antonio est un membre de la famille Roquin, mais aussi le propriétaire de la baie joyeuse !"

A notre arrivée, nous y retrouvons le vieux Odilon, toujours assis sur la même chaise de la même table qu’à ma première rencontre avec lui. Tout est visiblement à sa place, que ce soit son verre de liqueur, son expression malicieuse, ou son invitation.

"Assoyez-vous, jeunes gens, je vous offre ma petite liqueur de framboise."

"Avec grand plaisir !" S’exclame Olive, tandis que je fais de même.

"Alors vous avez décidé de revenir prendre un verre avant de partir pour le rituel ?" Demande-t-il.

Alors que je suis un peu surpris par la question, Olive entame un terrible défi : rire sans renverser une goute du verre qu’il tient en main.

"En réalité, cela fait déjà quelques jours que je suis parti. Nous sommes d’ailleurs revenus et tout c’est bien passé pour Dicka !" Fais-je, en omettant la perte du bras de Brutus.

"Ha bien, bien." Déclare-t-il avant de siroter longuement son verre.

Il déguste l’arôme de sa gorgée jusqu’au bout, avant de reposer son verre et de nous fixer une nouvelle fois dans les yeux.

"Alors vous avez décidé de revenir prendre un verre avant de partir à l’aventure ?"

Olive manque de recracher par le nez tant il se marre. Son rire est communicatif et il m’est difficile de garder mon sérieux.

"C’est exact. D’ailleurs vous deviez m’expliquer l’histoire de l’épouvandétail, si je revenais pour un autre verre. Cependant c’est Antonio que je suis venu voir. J’ai entendu dire, qu’il est un grand guérisseur parmi les lutins."

"Un gland chez ma sœur ?" S’interloque Odilon, qui reprend nonchalamment une autre gorgée.

Olive craque et tombe à la renverse, sans que j’arrive à le rattraper. Il effectue un roulé-boulé en arrière depuis sa chaise et prouve une adresse stupéfiante, ou une habitude, ou les deux, en ne perdant pas une seule goutte de son brevage.

"Non, un grand guéri…Bref, Antonio est-il présent ?" Fais-je alors que je cède à mon tour à la rigolade.

"Quelqu’un souhaite me voir ?" Interroge un lutin fin, vêtu de vêtements simples et d’un grand chapeau, sortant de l’auberge.

"Je crois que ce jeune homme n’a pas toute sa tête. Il cherche un gland chez ta tante ! Ce qui lui faut c’est un bon verre de liqueur pour le requinquer !" Déclare sérieusement Odilon qui donne l’exemple.

Tandis qu’Olive peine à reprendre le contrôle de son corps parcouru de spasmes et ce particulièrement au niveau de sa bouche, je me permets de clarifier les choses, en tentant autant que possible d’oublier l’hilarité de mon camarade et guide lutin.

"C’est vous que je cherche. Il paraît que vous êtes un guérisseur et en mesure de m’apprendre certaines choses sur la magie de lumière."

"Ha vous êtes un de ces aventuriers venu depuis l’extérieur !" S’exclame-t-il en s’asseyant. "Donc vous aussi possédez des fluides de lumière ?"

La question me rappelle à la diversité des fluides que je dispose et c’est avec une certaine fierté personnelle que je réponds.

"Pas que ! Je dispose également de fluide de feu,…" Je fais naître une flamme froide autour de ma main. "…de terre,…" J’use de mon sort terrestre pour m’envelopper d’un bouclier de pierre. "…et d’eau !" Je ne fais rien malheureusement et explique la raison. "J’ai récemment acquis cet élément et je ne dispose pas de compétence dans ce domaine. Il en est de même pour la lumière, dont le seul sort en ma possession est le souffle de Gaïa, qui est cependant d’une aide précieuse. C’est pour en apprendre plus que je suis venu à vous."

Antonio me regarde avec émerveillement lorsque je lui présente mes différents éléments et se retient de rire, une main sur la bouche lorsque alors que la démonstration de ma maîtrise de l’eau était attendue.

"Vous avez toqué à la bonne adresse. Je n’ai peut-être pas connaissance de tous les sorts, mais je peux vous en apprendre, qu’ils s’agissent de soin ou autre." Dit-il en offrant un large sourire.

"Autre, c’est-à-dire ?" Fais-je alors que ma curiosité est piquée au vif.

Répondant à ma demande, Antonio use de sa main pour générer une aura de lumière et la projette sur nous en un flash surprenant. Cette surprise me pique les yeux, moi qui ne suis pas habitué à tant de lumière et me fait tomber à la renverse. Contrairement à moi, Olive attrape mon verre en plein vol, plutôt que de m’empêcher de tomber de ma chaise. Les pieds en l’air, les lutins qui m’accompagnent s’amusent de mon sort et viennent m’aider à me lever.

"Fichtre, j’ignorais que c’était possible ! Mais effectivement, je suis curieux d’en apprendre autant que possible." Dis-je en retrouvant mes esprits et que mon verre est de nouveau présenté à moi.

"Alors buvons ensemble, ensuite nous commencerons votre apprentissage." Dit-il en remplissant chaque verre.

IX. 4 Un, deux, trois, myrtilles.

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Nhaundar
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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » jeu. 23 déc. 2021 21:02

VIII. 5 Comment se nettoyer façon lutin.

"Je vais finir par croire que la Baie Joyeuse est le centre du village !" Fais-je à mon guide qui nous y conduit. "Quoi que je fasse, je finis toujours par m’y retrouver. A moins que nous ayons besoin de boire un verre pour l’apprentissage ?"

Ma question lâche un rire à mon guide.

"J’apprécie la remarque, cela veut dire que c’est un endroit attrayant ! Mais non, c’est juste qu’il est, à ma connaissance, un des endroits les plus calmes du village. Il y a toujours un lutin, ou deux, ou douze qui s’amusent un peu partout dans le village. Ici, il n’y a que le vieil Odilon et il est trop occupé à siroter pour faire le moindre grabuge !"

D’ailleurs, nous arrivons vers les chaises et retrouvons Odilon qui a changé de table, de chaise et de liqueur. Bien qu’il puisse être sourd de la feuille par moment, il détecte immédiatement toute personne qui entre.

"Alors vous avez décidé de revenir prendre un verre ? J’ai du jus de pêche tout juste pressé !" Nous propose le vieux lutin.

"Pas cette fois-ci !" répond Antonio.

"Et cet apprentissage, ça a donné quoi ?" Demande Odilon qui a très bien compris notre conversation précédente.

Pour toute réponse, je mobilise ma magie de lumière et provoque un flash lumineux avec ma main.

"Excellent ! Il faudra fêter ça autour d’un bon jus de fruit !" Propose-t-il en brandissant son verre.

"Pourquoi pas ce soir, une grande fête va s’organiser !" Lui dis-je.

"Ha oui ! C’est vrai qu’on m’a demandé de préparer de la liqueur. Mais j’en ai fait quoi ?" Se demande-t-il.

"Vous ne l’auriez pas bu par hasard ?" Fais-je pour le taquiner.

Il se retourne vivement vers moi avec l’intention de me sermonner le doigt en l’air.

"N’allez pas croire que je passe mon temps à boire hein ! Même si cette remarque n’est peut-être pas si infondée que cela." Termine-t-il en se caressant le menton et cherchant un peu partout.

Avec Antonio, nous reprenons notre route pour finir dans la chambre la plus éloignée de l’établissement. En plus de cela, elle est très calme. Un rayon de lumière passe par une ouverture ronde et des fleurs de l’autre côté, remplissent la pièce d’effluves très agréables.

"Bien, assieds-toi !" M’invite Antonio qui fait de même. "Bien, nous évoquions l’exaltation rayonnante !" Commence-t-il en disposant entre nous, un petit tabouret.

Je le vois user de sa magie pour projeter une manifestation visible sur la surface. Celle-ci me représente tout noir avec mes vêtements actuels.

"Tu as certainement remarqué qu’à force d’utiliser tes sorts, tu étais en mesure d’en lancer des plus puissants, avec une demande en mana plus importante. Cette capacité est en rapport avec la compréhension de la magie. Il faut travailler pour être capable de mobiliser des sortilèges plus puissants. Vois cela comme des paliers de compréhension." Pour illustrer son propos, il fait apparaître une version de moi lançant une boule de feu, puis une bien plus grosse pour marquer son propos. "Eh bien l’exaltation rayonnante, permet tout simplement d’atteindre le palier suivant !" Il me dessine ensuite avec une aura lumineuse, qui lance une énorme boule de feu.

Je regarde avec émerveillement la manifestation lumineuse devant moi. Ce souci du détail visuel et les explications d’Antonio, font de lui un excellent professeur. Je suis particulièrement curieux de savoir comment ce sort fonctionne, mais il y a quelque chose d’autre qui attise mon désir de magie, comme un feu intérieur qui n’attend que l’occasion d’engendrer une tempête de feu.

"Et heu…cette magie lumineuse là, celle qui me représente…tu pourrais me l’apprendre aussi ?" Fais-je, brûlant de l’intérieur.

"Il s’agit-là d’une maîtrise inhérente à la magie de lumière. Il existe d’autre façon d’utiliser la magie de lumière, en dehors des sorts traditionnels, mais nous verrons ça plus tard." Dit-il en poursuivant, un large sourire aux lèvres. "Tu es aussi impatient que les lutinos lorsqu’il s’agit de magie !"

A cela, je ne peux répondre qu’en rougissant dans mon coin.

"Bien commençons. Pour être en mesure de lancer des sorts plus puissants, il est nécessaire d’atteindre son esprit, car c’est lui qui limite les possibilités du corps." Explique le lutin.

Malheureusement, je suis un peu lent à la détente et cette notion d’esprit me paraît trop vague.

"L’esprit ? Comment cela ?"

Antonio se caresse le menton avant de reprendre.

"Eh bien, le corps est une enveloppe. L’âme est ce qui fait que tu es toi, c’est ton identité. L’esprit est…comment dire, la force de volonté de l’esprit. Certains aiment à dire « Un esprit sain dans un corps sain ! », ou bien « Ce que l’esprit veut, le corps le peut ! ». En ce qui concerne le lancement des sorts, le corps est limité dans la quantité de fluide qu’il peut emmagasiner, c’est bien l’esprit, cette force de volonté, qui limite la quantité de fluide qu’il est possible d’utiliser en une fois. Un guerrier te dira qu’il s’améliore avec des exercices physiques, mais c’est sa force de volonté qui lui permet ces prouesses. Tu comprends mieux ?"

"Ce n’est pas que je ne comprends pas, mais j’ai besoin d’expérimenter la théorie. Cependant, je pense avoir compris l’essentiel !" Fais-je encore un peu sceptique.

Antonio ferme les yeux et se voit nimbé d’une très légère aura dorée. Puis il explique la logique de ce sort, cachée par le chemin inverse à parcourir.

"Il y a un chemin parsemé d’étapes pour atteindre l’esprit. S’il est impalpable et indiscernable, il est pourtant la force de volonté de l’âme. Ainsi, l’âme devient un passage obligatoire pour l’atteindre. Pour ce qui est de l’âme, l’unique façon de l’atteindre est de saturer son corps de fluide. Maintenant, le reste t’appartient."

Il me regarde ainsi, un léger sourire aux lèvres, attendant que je m’attelle à la tâche.

(D’accord. Donc dans un premier temps, il me faut trouver le chemin de l’âme en saturant mon corps entier. Essayons cela.)

Je monopolise ma magie de lumière et l’insuffle dans tout mon corps, en me fiant à mes sens magiques. Ce n’est pas une chose difficile avec ma maîtrise de la magie, du moins c’est ce que je crois. Comme je ne ressens rien et qu’il n’y a aucune réaction notable, je me concentre davantage. Je remarque qu’il y a quelques parties aux extrémités de mon corps qui ne sont pas atteintes par mes fluides. Je continue mes efforts jusqu’à ce que je sois sûr du résultat. Pourtant, toujours rien.

(Antonio m’a pourtant assuré qu’il fallait agir ainsi. Que me manque-t-il donc ? Fais-je les choses correctement ? Mon cheminement m’a montré que je suis loin de maîtriser ma magie comme je le pensais. Mais je pense que c’est la voie à suivre, mais je n’ai peut-être pas été au bout du chemin !)

Je recommence de nouveau à englober mon corps, plus rapidement que précédemment maintenant que je sais quoi faire. Cependant, lorsque j’atteins mon but, je vais au-delà de l’objectif que je me suis fixé.

(Ce sort permet d’atteindre un palier supérieur de maîtrise, il me faut donc prouver que j’en suis digne.)

J’accrois ma concentration sur mon corps, encore et encore, ne cherchant rien de plus que l’envie de se dépasser. Finalement, après quelques essais répétés, je finis par sentir quelque chose de nouveau, quelque chose d’enfoui en moi. En y portant plus d’attention, cette petite chose semblable à une petite flamme, devient en plus intense, jusqu’à brûler mes sens magiques et briser ma concentration. C’est en sueur et les yeux exorbités par l’effort que je reviens à la réalité.

"Tu l’as trouvé n’est-ce pas ?" Me demande Antonio, une pipe à la main.

Reprenant mon souffle, je rassemble les idées qui me harcèlent pour les porter à mon professeur.

"Qu’est-ce que c’était ? J’ai trouvé quelque chose au fond de moi, ça avait l’air d’une petite flamme et soudain, ça m’a envahie comme du bois sec ! Ce n’était tout de même pas…"

"Ton âme ? Si !" Termine-t-il avant d’enchaîner. "Une flamme, dis-tu ? Le premier élément qui s’est manifesté en toi, ce ne serait pas le feu par hasard ?" Voyant mon incrédulité, il poursuit. "Chez les mages, l’âme se manifeste très souvent par le premier élément qui naît en nous. Tu as terminé la première étape. Il te faut à présent atteindre l’esprit cependant, tu ne peux pas utiliser ce sort de cette façon, cela prendrait trop de temps. A présent, il te faut trouver un moyen d’atteindre ton âme, sans avoir recours à la méthode précédente !" Déclare-t-il en s’affalant sur sa chaise et faisant apparaître quelques nuages de sa pipe.

(Atteindre l’âme sans faire tout ceci ? Bien, voyons voir.)

J’use de mes pouvoirs pour recouvrer ma magie et reprends la suite de mon apprentissage. Ne possédant qu’un seul moyen d’atteindre mon âme, je réitère la méthode précédente jusqu’à retrouver cette flamme. Mes premiers essais se soldent comme ma première tentative et brise ma concentration. A force, je finis par m’y habituer et parviens à garder le contrôle. Face à elle, mon premier réflexe est d’y envoyer ma magie. Hélas, sans grand succès. La flamme ne réagit pas et brûle, voir avale tout simplement mes fluides. Je tente ensuite de l’entourer par une forme de dôme de mana. Une façon de lier mon âme à ma magie. Une nouvelle fois, c’est un échec. Ma magie est attirée par la flamme et dès qu’un bref contacte de fait, que le feu lèche le dôme, tout se fait avaler par la flamme. En m’y rapprochant pour l’examiner, celle-ci se fait de plus en plus intense, au point qu’il m’est difficile de supporter la chaleur. Je te tente de repousser mes limites et cette fois-ci, la flamme se penche vers moi, me forçant à reculer d’instinct. J’ai eu bon nombre d’expériences avec le feu et celles-ci ne se sont jamais bien passées. Savoir qu’Antonio est présent me donne cependant le courage de tenter ce qui m’effraie. Je m’avance à nouveau et tends le bras en avant, avec l’intention de la toucher. La flamme réagit et lorsque le contact se fait, une sensation de brûlure intense se répand sur ma main. Ma concentration perdue, je me retrouve assis, en me prenant ma main intacte, avec la sensation qu’elle ne l’était pas il y a quelques instants.

"Le feu ça brûle, n’est-ce pas ?" Déclare-t-il, visiblement bien au fait de ce qui m’est arrivé.

Sa façon de se comporter tranquillement d’Antonio, alors que je transpire tant je fais d’effort et que mes membres se font brûler, m’agace. J’aurais aimé plus de détail, mais sa façon de m’enseigner le sort flash, m’a été très utile. Je préfère ravaler ma frustration et m’apprête à repartir au plus profond de moi quand il parle à nouveau.

"Mais est-ce vraiment du feu ?"

Cette question me fait soulever le sourcil droit, mais sans plus d’explication, je décide de repartir. Je retrouve finalement cette maudite flamme brûlante et les mots d’Antonio refont surface.

(Du feu ? Mais oui, Antonio m’a révélé que c’était mon âme, pourquoi ma propre âme me brûlerait ? D’ailleurs, c’est comme cet étrange rituel à la guilde équilibrium avec James. Je me suis retrouvé face à un brasero et je suis parvenu à dompter ma peur, en laissant la flamme venir sur moi. C’était un voyage spirituel, très similaire celui-ci.)

Me répétant qu’Antonio est là, prêt à agir si quelque chose ne va pas, je m’approche de la flamme, suffisamment pour qu’elle englobe tout mon corps. La sensation de chaleur extrême laisse place à une brûlure particulièrement vive. Malgré la douleur, je ne reviens pas à la réalité. Non pas que ma concentration soit particulièrement solide, mais je me sens comme enchaîné à présent. Je lutte de tout mon être, non pas contre cette flamme qui représente mon âme, mais contre mon envie de fuir, de partir loin et de ne plus jamais réessayer. Mes efforts finissent par se payer. Alors que je me pensais bientôt réduit à l’état de cendre, la douleur s’estompe, bien que le feu brûle toujours. Ce n’est pas qu’il ne me brûle plus personnellement, je suis simplement devenu le feu, mon propre feu. Une sensation de puissance pure m’envahit dans cet état, comme si aucun ennemi ne pouvait désormais rivaliser avec mon être. Les flammes se mettent à tournoyer autour de moi, et forment un maelström au niveau de mon cœur.

L’instant d’après, je fais de nouveau face à Antonio et porte instinctivement ma main, là où le maelström s’est formé et qui est de plus, toujours perceptible, mais diminue jusqu’à s’éteindre.

"Tu as formé ton cœur d’âme ! Bien joué !" Me félicite le lutin.

"Mon cœur d’âme ?" Fais-je surpris.

"Tu n’as fait qu’un avec ton âme. Cela a engendré une sorte de pont, qu’il t’est possible d’utiliser pour retrouver rapidement ton esprit, en te concentrant sur cette sensation au niveau du cœur. Elle apparaîtra à chaque fois que tu voudras te connecter."

"Tu aurais pu me prévenir non ?" Dis-je un peu contrarié d’avoir été, en un sens, maltraité.

"C’est le jeu ! Il faut savoir faire ses propres expériences, affronter ses propres obstacles, sans quoi nous ne progressons pas ! Tu crois que ce village n’a pas connu de difficulté ? Estime-toi heureux, Ceux qui s’en sortent généralement le moins sont les aquamanciens nés. Très souvent, après un échec, ils mettent beaucoup de temps avant d’approcher toute formes d’eau, même dans un verre. Heureusement qu’il n’est pas possible de faire cet apprentissage avec des fluides sombres. Tu imagines à quoi doit ressembler l'âme ?" Il éloigne sa pipe et vient fixer ses yeux dans les miens. "Bien ! Voici que se dresse la dernière étape, la plus cruciale et la plus importante !" Il joue avec ses mains comme un prestidigitateur, accentuant l’importance de ses mots et ma fébrilité devant l’aboutissement de cet apprentissage. "Lorsque tu ne feras qu’un à nouveau avec ton feu intérieur, ton âme, il te faudra…utiliser ta magie de lumière."

Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris et je le fais savoir de la plus simple des façons.

"Pardon ?"

"Tu m’as très bien entendu. Tu as déjà réalisé ce sort en fait, ou du moins, tu as parcouru un très long chemin et il ne te reste qu’un pas avant d’arriver à destination. L’état que tu as senti en ne faisant qu’un avec ton âme, est tout simplement ton esprit, dans sa forme la plus pure et la plus puissante. C’est elle qui définit les limites de tes capacités. En usant des fluides de lumières comme tu l’as fait au tout début, tu seras en mesure d’accroître ta magie l’espace de quelques instants."

Il se lève soudainement et revient avec plusieurs petits sacs étranges.

"Ce n’est qu’un pas à franchir, alors autant passer directement à l’application en condition semi-réelle ! Ceci, sont des poches de vessies, dans lesquelles se trouvent une petite préparation à base de boule de Kuby. Tu vas devoir réussir ton sort, en ayant une très, très forte envie de te gratter. Rassure-toi, ce n’est pas aussi concentré que tu pourrais le croire. Enfin, pas trop."

"Heu…pour le coup, je préférerais encore les lutinos !" Fais-je, craignant ce qui va m’arriver.

"Les lutinos se sont bien amusés avec toi. Maintenant, c’est à mon tour ! Si tu arrives à lancer le sort dans ces conditions, tu pourras le faire en pleine bataille. Crois moi !" Déclare-t-il avec un sourire impatient.

"Bon…très bien !" Finis-je par me résigner, mais pas rassuré du tout.

Je rassemble mes fluides de lumières avec les esprits alentours et me lance. Voulant prendre de vitesse la lutinerie d’Antonion, je plonge rapidement en moi. Grâce au lien que j’ai créé, je peux à présent me connecter à mon esprit plus facilement. Une légère gêne me vient au visage, lorsque je retrouve ma flamme intérieure. Une sensation de plaisir intense me submerge et me fait perdre ma concentration. Sans m’en rendre compte, je suis en train de me gratter la joue, répandant sur mes doigts un liquide qui me pousse ensuite à les frotter contre le sol.

Face à moi, Antonio qui est aux anges, semble apprécier ce spectacle qui n’en est qu’au début, vu le nombre de vessies qui lui reste. Ne connaissant aucun moyen pour lutter contre ça, je décide de prendre sur moi et de finir ce que j’ai commencé. Ce ne sont que de petites démangeaisons.

Usant à nouveau de magie pour atteindre mon esprit. J’arrive à ne faire qu’un avec ma flamme, faisant fi des démangeaisons qui me harcellent, lorsque j’ai soudain l’impression que des centaines d’insectes me bouffent les pieds. Même si j’ai été plus loin cette fois-ci, je retrouve la réalité et me dépêche de frotter mes pieds l’un contre l’autre, gaugés de la fabrication d’Antonio.

"C’est horrible ce que tu me fais. J’y étais presque !" Fais-je en me lamentant.

"Tu réfléchis trop ! Tu connais la théorie, tu as assimilé la pratique. Maintenant, laisse ton instinct te guider dans l'exercice de la magie !" Me conseille mon bourreau.

Alors que je suis attaqué en de multiples endroits, par une terrible démangeaison, je prends le temps d’une respiration et réutilise ma magie. J’arrête de réfléchir et je laisse mon instinct guider ma route. Ma progression jusqu’à atteindre l’esprit est bien plus rapide que précédemment. Je concentre ma magie pour saturer mon esprit de fluides de lumière, qu’une armée de fourmis me cisaillent le corps. Je reviens à moi, en étant complètement trempé.

"Ho non tu n’as pas osé ?" Lui dis-je.

"Héhéhé, si !" Ricane-t-il.

Je me lève rapidement et me frotte l’intégralité du corps avec une vitesse qui me surprendrait moi-même, si je n’avais pas un tel souci épidermique. Mes mains vont et viennent sur le dos, le ventre la tête, les jambes. Je finis par m’adosser contre un mur et fais des vas-et-vienr de haut en bas pour me frotter le dos. Cela ne me soulage pas et c’est avec précipitation que j’enlève le haut de mon corps pour me frotter à nouveau. Cette méthode est plus efficace et c’est le reste de mes vêtements qui me quittent, guidés par des mains qui s’acharnent sur chaque centimètre de ma peau. Comble de ma situation, plus je bouge pour me gratter et plus cela me démange. Nu comme un verre face à Antonio, je me moque de ma pudeur dans un état pareil.

"Si tu arrives à lancer ton sort correctement, je te montre comment te soulager immédiatement !" Déclare-t-il.

Je le regarde, cherchant un éventuel signe de coup fourré, mais cela me gratte tellement que je suis obligé de suivre ce qu’il me dit.

"Promis ?" Fais-je implorant.

"Promis !"

Mon corps comment à montrer les signes de ses limites physiques. Ma peau commence dangereusement à rougir et plusieurs signes de lésions apparaissent. Rassemblant mon courage, j’écarte les bras pour éviter toutes frictions qui engendrerais d’autres démangeaisons et use de ma magie. Je laisse mon instinct me guider jusqu’à atteindre mon esprit. J’y insuffle ma magie et contrairement à mon corps physique, saturer mon esprit est bien plus facile. Soudainement, je me sens bien plus puissant que je ne l’étais auparavant. Je finis par ouvrir les yeux pour voir une aura à peine perceptible, entourant mon corps. Devant moi, Antonio paraît satisfait et rit de nouveau lorsque je me frotte encore contre le mur.

"Excellent ! Il y a un cours d’eau un peu plus loin dehors. Jette-toi y et les démangeaisons vont…!" Dit-il sans que je n’écoute la suite.

Mon corps me démange bien trop pour perdre la moindre seconde. Il a parlé d’un cours d’eau et ma seule crainte à présent, n’est pas que je suis complètement nu, mais de prendre le mauvais chemin pour m’y rendre. Accompagné par les rires des lutins qui ne doivent pas être à leurs premières fois, je finis enfin par trouver ce qui me paraît être une grande rivière. Je m’y jette, sans chercher le moindre danger aquatique, ni si le niveau de l’eau est assez profond pour un saut. Une fois dedans, les démangeaisons disparaissent rapidement, contrairement aux lutins qui viennent en nombre pour rire de moi. A croire que tout le village s’est donné le mot.

"Quelqu’un aurait des vêtements à me prêter ?" Fais-je à leur attention.

Pour toute réponse, je n’ai qu’un élan de rire, mais nul ne vient me prêter main forte. Je tâtonne la base du cours d’eau et arrache un tas d’algues que je place au milieu de mon bassin. C’est ainsi que je sors de l’eau, jusqu’à ce qu’une vielle lutine m’interpelle.

"Je ne ferais pas ça si j’étais toi, il y a pleins de petites bêtes à l’intérieur qui attendent de manger ce qui passe devant elle !"

D’instinct, je jette les algues au sol et pose mes mains en replacement. C’est les fesses à l’air et les lutins derrière moi, hilares, que je cours pour retrouver Antonio, qui me doit bien un drap pour ce qu’il m’a fait subir.

VIII. 7 Préparatifs avant les festivités.
Modifié en dernier par Nhaundar le ven. 24 déc. 2021 14:38, modifié 1 fois.

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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » ven. 24 déc. 2021 14:37

VIII. 6 Une leçon urticante.

C’est à nouveau que je parcours le village en cachant mes attributs masculins et me rends à la Baie Joyeuse, encore. A mon arrivée, Antonio et le vieil Odilon me regardent courir en ricanant, un verre chacun à la main, bien haut pour saluer mon passage éclair. S’il m’a presque forcé à courir nu dehors, Antonio a cependant préparé quelques vêtements de rechange, le temps que mes propres vêtements soient complètement lavés.

Le soir vient et avec lui, les festivités lutines. Il est grand temps pour nous de partir rejoindre le reste de la communauté lutine, qui fête la réussite du rituel pour certains, le plaisir de retrouver la panseuse pour d’autres et l’excuse pour s’en mettre plein la panse pour quelques petits coquins. Antonio vient me chercher dans une chambre qu’il me prête.

"Tu es prêt ?" Me demande-t-il.

"Oui, j’arrive." Fais-je en découvrant l’auberge complètement vide. "Odilon n’est pas là ?"

"Ho non ! Il est déjà sur place à cacher sa liqueur, la remplaçant par du jus de fruits ! Faudrait pas que nos lutinos en sirote trop !" Me répond-il

Alors que nous quittons l’auberge, le guérisseur fait demi-tour chercher un objet et se dirige vers la cheminée pour y déposer une chaussette.

"Les festivités de ce soir vont être importantes. En plus de la réussite du rituel et d’avoir retrouvé la panseuse, c’est également le soir de No-Hell !" M’explique-t-il.

"C’est déjà ce soir ? Bon sang, je n’ai pas vu le temps passer. Si tu me permets, j’ai moi aussi quelque chose à accrocher !" Je me dirige vers ma chambre pour prendre dans mon sac, la chaussette du Père No-Hell.

"Hooo quelle belle chaussette !" S’exclame le lutin en examinant l’objet. "Aller ne traînons pas, ou Odilon ne nous laissera pas une goutte de liqueur !"

Ensemble, nous quittons l’auberge en direction du puits communautaire, où tout le village s’est réuni.


VIII. 8 La fête lutine.
Modifié en dernier par Nhaundar le dim. 23 oct. 2022 15:42, modifié 1 fois.

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Re: La Baie Joyeuse

Message par Gamemaster6 » sam. 25 déc. 2021 21:36

Intervention pour Nhaundar

Et tandis que Nhaundar va au village, une ombre se glisse dans la Baie Joyeuse. D'un regard pétillant, elle regarde la chaussette et y glisse un présent, sobre et tintant. Nul doute que le polisson sera ravi du cadeau lorsqu'il rentrera de sa soirée. Une clochette mignonette, d'un éclat cristallin et d'un métal doré. Seul lui peut l'entendre tinter lorsqu'elle est portée par un de ses compagnons lorsqu'il est à sa recherche. Un présent bien pratique, si tant est qu'il en comprenne l'utilité.


***

Cadeau reçu : Cloche-en-tête : Portée par une monture au choix, elle permet de toujours retrouver cette dernière grâce au son que seul le propriétaire peut entendre.
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » dim. 23 oct. 2022 15:55

VIII. 8 La fête lutine.

Le lendemain matin, je me lève de très bonne humeur. Les festivités de la veille ont laissé une empreinte, qui je l’espère, ne s’effacera jamais. D’autant plus que j’en ai oublié ma chaussette. C’est donc avec curiosité que je me précipite jusqu’à elle. Plus lourde que la veille, je le retourne délicatement pour y faire glisser le contenue dans mon autre main. Une petite clochette tinte en arrivant dans le creux de ma paume. Faite d’un métal doré, son éclat reflète la douce lumière du matin. Pourtant, je n’ai pas la moindre idée de ce à quoi elle peut servir.

(Mes précédents cadeaux ont tous un effet magique. Peut-être que la panseuse saura m’éclairer ! Sinon, cela me fera toujours un joli souvenir d’ici lorsque je partirais !)

En plein petit-déjeuner copieux, Antonio vient me voir.

"Merci pour ton histoire d’hier ! C’était très intéressant de savoir comment les choses se passent dans le grand monde et surtout qu’elle est ton histoire avant d’être venu ici. Je crois que les lutinos en parlent encore ce matin." Sourit-il avant de poursuivre. "Mais je ne suis pas venu pour te déranger en plein repas. Tu as beaucoup travaillé pour le sort de la veille, cependant il te reste une dernière étape pour complètement le maîtriser." La remarque attise soudainement ma curiosité. Moi qui pensais avoir assimilé cette magie de lumière, voilà qu’on me dit que mon apprentissage n’est pas terminé. "Tu le maîtrises parfaitement lorsque tu lances le sort sur toi, mais ce que tu ignores, c’est qu’il t’es aussi possible de le lancer sur quelqu’un. Nous allons donc travailler sur la dernière étape, qui te permet d’atteindre l’esprit de quelqu’un et de le rendre plus fort."

"D’accord, je comprends mieux. Tu m’as dit aussi que tu voulais attendre la fête pour me parler d’un autre sortilège, mais tu ne m’en as pas dit plus, hormis qu’il est lié d’une certaine façon à ce sort." Lui dis-je intrigué.

Bien qu’il garde le sourire, son visage laisse apparaître de légères traces de tensions.

"En effet. Après cela, je te parlerais de sort de lumière, qui permet de ramener un mort à la vie !"

La réponse me laisse sans voix. Il existe donc un sort de ce type ! Plus encore que cela, son utilisation laisse entendre que quelqu’un de proche pourrait perdre la vie et cette idée, cette seule idée de perdre un être cher, me fait subitement perdre un peu de joie.

(Je comprends maintenant pourquoi il voulait attendre la fête. Le savoir aurait gâché ce plaisir !)

Un peu plus tard après m’être rassasié et lavé le corps, je retrouve Antonio ainsi que sa pipe en bouche. Je m’installe face à lui, après avoir vérifié qu’il n’y a pas de vessie avec cet horrible truc à base de boules de kubi très irritante. Une vérification qui l’amuse un peu.

"Bien, avant de commencer, réutilise la base du sort que tu as appris hier."

Un peu inquiet d’être la cible de l’espièglerie lutine, je m’exécute finalement. Plongeant ma conscience au plus profond de moi grâce à mes fluides de lumière, je trouve facilement mon esprit. Bien que sa technique soit peu orthodoxe, elle a le mérite d’être particulièrement efficace. Il me suffit d’un bref instant pour émettre ma magie et gorger mon esprit d’un flot de lumière, qui m’ouvre à un plus grand pouvoir. De retour à la réalité, je me sens envahie d'une force intérieure, preuve que le sort a marché.

"Parfait ! Tu as pris un peu de temps, mais je ne t’en tiendrais pas rigueur. Maintenant, je vais te montrer la dernière étape." Tandis que mon sort se termine, il tend un bras vers moi.

Je sens que ses fluides de lumières m’envahissent et pénètrent au plus profond de moi. Si cette infiltration magique peut paraître intrusive, elle est loin d’être désagréable. Les fluides de lumières en étant la source, ils laissent un sentiment agréable. Rapidement, ces fluides parcourent mon corps comme un court d’eau qui reprend vie depuis longtemps. Une petite rivière qui s’insinue dans un chemin que je connais depuis peu, atteignant la source de mes capacités magiques ; mon esprit. De la même manière que j’ai usé de mon sort sur moi il y a peu, les fluides gorgent mon esprit et le rendent plus fort. Ainsi, Antonio a réalisé le sort sur une autre personne que lui-même, prouvant ainsi qu’il existe bien une dernière étape.

"A toi maintenant." Déclare-t-il sans plus de cérémonie.

Pas d’explication, pas de visualisation sur ce que je dois réaliser, même pas une épreuve avec du produit urticant ou des lutins farceurs dans les coins. Cette fois-ci, je suis seul, enfin presque, avec pour seule indication, l’impression que m’a laissé le sortilège. Je me laisse donc guider par cette sensation de fluide de lumière, coulant comme une rivière. J’use donc de mes ressources magiques de lumière et les émets sur Antonio. Mes fluides étant une part de moi-même, je me laisse guider par la sensation qu’ils me procurent. Tout comme j’ai débuté mon apprentissage, je commence par saturer le corps du lutin de fluides et les répands dans tout son corps. Une fois cela fait, je pousse davantage cette saturation, jusqu’à découvrir une zone, un peu au-delà du corps : l’esprit. Comme un pont qui me relie à cette zone, je m’y engouffre et y envoie mes fluides de lumière. Cette partie est beaucoup plus simple, mais si je suis capable de le réaliser sans problème sur moi, il me faut trouver ce chemin chez la cible, ce qui est plus ardu.

"C’est plutôt pas mal !" Me félicite Antonio. "Comme lorsque tu l’utilisais sur toi à tes débuts, il te faut un peu de temps pour l’exécuter sur quelqu’un. Tu souhaites peut-être un stimulant ?" Termine-t-il avec un large sourire qui me fait craindre le pire.

"Non, non ! Pas la peine !" Lui dis-je inquiet. "Je vais y arriver."

Il me regarde un instant, me scrutant longuement dans les yeux, avant de finalement me surprendre.

"Je crois que tu ne saisis pas la compréhension de la difficulté qui t’attend. Tu es certes, capable d’utiliser cette magie, mais il te faut beaucoup trop de temps. L’utiliser dans un contexte stressant et en plein danger, c’est autre chose. Tu es doué je dois l’admettre, mais tu ne l’es pas assez je le crains !"

La critique me frappe en plein ego. Jusque-là, j’ai toujours montré de très bonnes aptitudes à la magie et si je n’ai pas réussi certaines de mes théories magiques, je suis loin d’être l’incapable qu’il prétend. Prouver qu’il a tort devient un véritable défi pour moi à présent.

"Pas assez doué ? Tu vas voir !" Fais-je en usant de mes fluides et tendant le bras vers lui.

Plutôt que de laisser mes fluides agir, je les domine complètement pour maîtriser la progression de ma magie dans le corps d’un autre. Je sature ainsi rapidement le corps d’Antonio de fluide lumineux, mais le chemin pour atteindre son esprit est plus compliqué à atteindre. Tenus en laisse par le contrôle que j’exerce, mes fluides ne s’écoulent pas aussi bien. Une fois que le chemin est retrouvé, le reste n’est plus qu’une formalité.

"C’est mieux !" Me félicite de nouveau Antonio sous l’effet de ma magie. "Cependant, cela n’est toujours pas suffisant ! Tu n’as pas à t’en vouloir. Le travail il n’y a que ça de vrai, enfin lorsqu’on n’a pas vraiment de talent en tout cas !" Termine-t-il en se dirigeant vers la sortie.

Même si tous les signaux m’indiquent qu’il se joue de moi, mon sang ne fait qu’un tour. Toute ma maîtrise n’a pas suffi. Il faut que je parvienne à dominer mes fluides, tout en leur laissant une forme de liberté. Un équilibre entre maîtrise et lâché-prise. Avant que le lutin ne parte, je mobilise encore ma magie. Saturer le corps de fluide se fait rapidement. A ce moment, je laisse plus de liberté à ma magie, afin que mes fluides me guident sur le chemin à suivre. Comme un liquide qui s’infiltre dans une fissure. Dès qu’elle s’y engouffre, je pousse mon contrôle à son maximum jusqu’à atteindre l’esprit, lui permettant d’accroître ses propres possibilités.

"Voilà qui est parfait !" Me sourit-il. "Explique-moi ce qui t’as posé problème et comment tu l’as résolu."

"Contrôler ma magie est assez facile. Je suis arrivé à maîtriser correctement les différentes étapes, mais le problème restait à trouver le chemin une fois la saturation faite. Ce n’est qu’en laissant plus de liberté à ma magie, en la laissant me guider, que je suis parvenu à aller plus vite, jusqu’à la dernière étape."

"Tu sais contrôler tes fluides, mais tu es également en mesure de te laisser te guider par eux. Garde cela en tête, car tu en auras besoin pour maîtriser la résurrection !"


VIII 10 Apprendre à repousser la mort.
Modifié en dernier par Nhaundar le ven. 15 sept. 2023 22:10, modifié 1 fois.

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Re: La Baie Joyeuse

Message par Nhaundar » ven. 15 sept. 2023 22:09

VIII 9 La dernière étape de la leçon.

"Tu sais contrôler tes fluides, mais tu es également en mesure de te laisser te guider par eux. Garde cela en tête, car tu en auras besoin pour maîtriser la résurrection !"

Ces mots résonnent en moi, alors qu’Antonio m’a laissé seul. Que va-t-il rapporter avec lui ? Bien que pour l'apprentissage du dernier sort, il n’a pas eu besoin de recourir à une sorte de « stimulant », si je me permets de le nommer ainsi. J’ai toujours en moi la hantise des boules de Kuby et de ma ruée nue au beau milieu du village lutin. Un moment d’un très grand héroïsme ! Bref. Antonio revient finalement, avec une bouteille en main, ainsi que deux verres ?

(Est-ce une potion alchimique destinée à altérer mes capacités cognitives ? Un effet hallucinatoire pour emporter mon esprit dans un voyage où la notion n’existe plus.)

Mon regard curieux est rapidement perçu par le guérisseur qui pose les verres et ouvre la bouteille, laissant un filet d'effluves alléchants.

"Liqueur de poire-cassis ! Elle a été récemment terminée !" Me sourit-il avant de revenir s’asseoir devant moi.

(Bon ba, j’étais pas si loin de la vérité !)

"Bien ! Le sort de résurrection donc. Ce n’est pas un sort qui est facile d’apprendre, comme à utiliser. En premier lieu, ce qu’il faut savoir c’est que lorsque le dernier souffle de vie s’échappe de la victime, l’âme est réclamée par le royaume des morts. Le sort affecte l’âme pour l’obliger à retourner dans son corps d’origine. Sache que le royaume des morts tient chaque âme comme un dû et s’opposera à l’utilisation du sort. A chaque seconde qui passe, il gagnera en puissance sur l’âme, au point où tu n’auras que quelques instants pour réintégrer l’âme. Jusqu’à aujourd’hui, que ce soit moi ou de mes prédécesseurs, aucun guérisseur n’a réussi le sortilège à la troisième tentative. L’emprise du royaume des morts étant bien trop grande à ce moment-là !"

J’accuse le coup. Même si le sort est d’une aide cruciale pour sauver un camarade blessé. Il comprend une restriction majeure de temps. La rapidité d’exécution et la proximité sont des facteurs importants à prendre en compte. Il y aurait certainement moins de morts s’il était possible de s’arroger de cette terrible emprise.

"Est-ce que tu comprends l’importance que cela impact ?" Me dit-il avec une profonde gravité.

(Une importance ? Que veut-il dire ? Il faut rester proche de la cible, se mettre donc en danger peut-être ? A moins que…)

Ayant baissé les yeux pour réfléchir, je relève la tête pour fixer son regard.

"S’il y a plusieurs victimes, il faudra faire le choix de qui vivra !"

"Je dirais plutôt, de qui aura la chance de prétendre à une seconde chance !" Déclare-t-il sans empathie dans la voix, me glaçant le sang, avant de poursuivre. "Si une telle situation devait t’arriver, penses-tu que tu serais en mesure de rester calme et de prendre tes responsabilités ?"

La question me force à réfléchir grandement.

(Il n’a pas tort. Même s’il y a peu de chances pour qu’une telle situation m'arrive, serais-je capable d’agir ? Si le sort de résurrection nécessite une rapidité d’action, la moindre hésitation sera préjudiciable. Cependant, posséder un tel pouvoir me permettrais de sauver des vies !)

"Si une telle situation devait arriver, je pense qu’il vaut mieux avoir le choix, que de ne pas être capable d’agir. Si je connais ce sort, j’aurais la possibilité de sauver des vies, sans lui, je ne pourrais sauver personne !" Fais-je avec toute ma détermination.

Antonio se cale sur le dossier de son siège en me fixant lourdement. Sans un mot, il porte la pipe à sa bouche et inhale de la fumée. Il se penche vers moi et recrache la fumée par le nez, en deux gerbes brumeuses. Ainsi, il a l’air d’une vache qui rumine.

"Bien commençons !" Déclare-t-il en reprenant son sourire habituel. "Dans un premier temps, reprenons avec le sort précédent. Joint tes mains et forme une sphère de fluide issu de ton contrôle et de ton instinct !"

Sans plus d’explication, je m’exécute. Je rassemble mes fluides de lumière pour former une sphère que je contrôle, laissant cependant une partie libre d’agir à sa guise. C’est le résultat du sort précédent, une utilisation équilibrée entre le contrôle que j’exerce sur mes fluides et la liberté d’action de ceux-ci, me permettant de ressentir les choses impalpables comme l’esprit d’un être. Une forme que je nomme l’instinct magique. Sa réalisation est assez facile, puisqu’il m’a fallu l’utiliser pour l’exaltation rayonnante. Entre mes mains, cela prend la forme d’une sphère lumineuse, enrobée d’une aura mouvante, comme si elle était légèrement enflammée. Antonio, lui, semble satisfait.

"Bien ! Passons à l’étape suivante. Si la magie noire engendre la souffrance, la peur et un tas d’autres trucs à faire foirer une fête, la magie de lumière est bienveillante, insuffle l’espoir, la vie et lie les êtres grâce à une forte empathie. Cette empathie, tu vas devoir la générer, la faire ressortir au travers de tes fluides !"

Je n’ai pas plus de détail qu’Antonio attend déjà que je m’exerce. Je me lance donc dans cette entreprise, sans savoir comment m’y prendre. Je réitère la sphère magique, puis qu’il y a de grandes chances que l’étape précédente y soit pour quelque chose. La boule de lumière se fait et je concentre toute mon empathie sur elle. Je n’ai même pas besoin d’Antonio pour savoir que c’est un échec.

"Pas facile hein !" Sourit-il, gardant sa pipe entre les dents. "L’empathie n’est pas quelque chose d’aisé à exprimer, que ce soit par magie ou même avec des mots. Le plus simple est de se plonger dans son imagination et d’imaginer un proche dans un grand péril !"

"Comment cela ?" Fais-je avec prudence.

"En fait c’est assez simple ! Tu nous as raconté ton histoire, tes aventures et surtout tes combats. Essaie de les revivre, ou d’en revivre un en particulier et change son déroulement pour obtenir une fin…tragique." Termine-t-il avec un petit rictus.

(Ha ? Bon d’accord.)

Je rassemble mes fluides de lumière entre mes mains et ferme les yeux. Je me replonge dans un de mes combats, celui face à des hommes qui nous pourchassaient dans les plaines de Koôchii. Durant le combat, une clochette que je porte aux oreilles m’a averti d’un danger imminent concernant quelqu’un à qu je tenais. A ce moment-là, j’avais pu m’interposer, à défaut de posséder assez de mana. C’est moi qui ai pris le coup fatal, avant de revenir en vie grâce à la magie d’une canne à sucre. Si jamais j’avais trébuché en chemin, Sylve aurait reçu le coup. Sans magie, je n’aurais pas pu la soigner et peut-être n’aurais-je pas eu la présence d’esprit d’utiliser l’objet magique ou cela aurait pu être trop tard. La canne à sucre guérit les blessures très graves, elle ne rend pas la vie. J’aurais donc observé les derniers ses instants dans mes bras. Ainsi, j’aurais été à la place de toutes ces personnes qui ont perdu des proches, ressentant la même douleur, sans pouvoir changer le cours des choses. C’est d’ailleurs la crainte de perdre les personnes auxquelles je tiens qui m’a poussé à apprendre les sorts de soins. Un désir de guérir, qui prend écho dans ma manipulation de fluide.

"C’est bien !" Me fait une voix qui me tire de ma rêverie.

Ouvrant les yeux, les fluides qui se mêlent entre mes mains sont différents. Ils ne paraissent pas posséder un pouvoir particulier, mais ils dégagent une émotion, comme s’ils étaient vivants, comme s’ils ressentent ma peine à cet instant et la font ressurgir.

"Tu es parvenu à mettre de l’empathie dans tes fluides." M’énonce Antonio en approchant sa main de mon visage et essuyant les larmes qui s’étaient misent à couler.

Il me laisse le temps de me remettre ces émotions avant de poursuivre mon apprentissage.

"Tu sais maintenant donner de l’empathie à tes fluides de lumière. Maintenant, lorsque tu utilises tes fluides, tu dois lorsque tu concentres ta volonté sur tes fluides pour les diriger, leur laisser une liberté d’action, ajouter cette émotion à tes fluides."

"C’est plus facile à dire qu’à faire !"

(Mais en même temps, ma curiosité me motive plus que jamais !)

"Difficile ne veut pas dire impossible !" Sourit-il en fumant sa pipe.

Encore une fois, ce maudit lutin sait comment me pousser en jouant avec mon ego. J’ai beau avoir conscience de ce qu’il entreprend, c’est plus fort que moi. Ainsi, je suis contraint de me lancer dans cette nouvelle étape magique, en commençant par retrouver mes fluides de lumière grâce aux esprits environnants. Lorsque je me sens de nouveau plein d’énergie magique, je me lance dans cette étrange utilisation de la magie. Hélas, mes essais sont tous des échecs.

(Bon sang ! Dès que je visualise la scène pour provoquer mon empathie, je perds ma concentration. Il y a certainement une façon d’y parvenir !)

"Quel est ton problème ?" Me demande mon professeur entre deux cercles de fumés.

Je lui explique ce qui me bloque, détaillant que je visualise à la fois quelque chose pour m’immerger dans la modélisation de la magie et pour générer l’empathie. Il inhale la fumée de sa pipe, plisse les yeux, recrache une boule de fumée, avant de la percer la seconde d’après d’un jet de fumée parfaitement contrôlé. Cette maîtrise me rendrait presque envieux, si je ne butais pas de la sorte.

"Donc tu n’y arrives pas car tu as besoin de visualiser deux choses séparément en même temps c’est cela ?" Résume-t-il. Alors que je hoche la tête pour le confirmer, il va me sortir la réponse la plus basique. "Dans ce cas pourquoi ne pas visualiser les deux choses ensembles ?"

Sa réponse me laisse muet, attendant une précision qui ne vient hélas pas. Cette fois-ci, s’il semble moins espiègle que les fois précédentes, il semble me pousser à trouver le chemin de la réussite en ne me donnant que quelques indices.

(Visualiser deux choses ensembles ? Est-ce si évident pour lui ? De toute manière, je ne saurais qu’en essayant !)

Je me plonge une nouvelle fois dans ma magie. Je réalise une sphère de lumière comme je commence à en avoir l’habitude. Puis, je me force à imaginer une scène tragique. Encore une fois, cette visualisation brise ma concentration et fait s’évaporer mes fluides dans l’air. Face à moi, Antonio, s’amuse encore à créer des cercles avant de tirer un jet de fumée, puis il fait l’inverse en générant le jet qu’il englobe avec le cercle.

(Et si je faisais l’inverse ?)

L’idée me paraît tellement sotte qu’elle pourrait marcher. Je monopolise mes fluides, mais commence par la visualisation. J’imagine la scène et lorsque je sens que l’empathie se mêle à mon fluide, j’y associe mon contrôle et laisse cette part de liberté à mes fluides qui me guident, celle que je nomme l’instinct magique. Encore une fois, l’échec m’atteint. Cependant, cet enchaînement m’a été plus fructueux que précédemment. L’ensemble fluide et empathie se sont mêlés, il faut juste que j’arrive à trouver le bon équilibre pour que l’union soit parfaite. Je réitère mes tentatives, augmentant l’un, diminuant l’autre, jusqu’à trouver le dosage parfait. Mon fluide émet une aura particulière : chaleureuse et puissante à la fois.

"Excellent !" Applaudit Antonio qui n’a pas perdu une miette de mes essais. "Ce que tu dois faire, c’est garder en mémoire cette sensation que tu ressens."

"Garder en mémoire ?" Fais-je incrédule.

"Oui ! Avoir recours à ces méthodes de visualisation est pratiques pour l’apprentissage, mais trop longue et trop contraignante en cas de danger. Ce que tu dois faire à présent, c’est t’approprier ce ressentit et être en mesure de l’utiliser au premier coup." M’explique Antonio.

Je suis un peu perdu face à ces explications. Ce sort demande déjà tant, bien plus que tout ce que j’ai pu entrevoir. Au point où j’en viens à me poser quelques questions sur sa nature.

"Mais pourquoi faire tout cela ? Quel est le sens de cette empathie, pourquoi est-elle nécessaire à ce sort ?"

Antonio se penche davantage en arrière sur son siège et me regarde intensément en fumant sa pipe.

"En voilà une question intéressante ! Très bien, cela nous fera une petite pause. Vois-tu, arracher l’âme d’un être au royaume des morts n’est pas aisé. En soit, la magie de lumière ne permet que donner une chance de retourner à la vie. Ce qui n’est pas le cas de l’empathie. Cette émotion est plus puissante que tu ne le crois. Elle est en mesure de…en quelque sorte réveiller l’âme, pour lui rappeler qui elle est et ce qu’elle risque de perdre si elle part définitivement. Un dernier sursaut de conscience, un coup de pouce face aux portes de la mort, un brin de volonté de vivre et une aide précieuse pour lutter contre l’emprise du royaume des morts !"

(C’est vrai. Si on analyse la chose, chaque sort possède sa propre difficulté. La magie offensive doit atteindre un ennemi, quant à la magie de soutien, celle-ci se base sur la capacité de l’utilisateur pour être générée correctement. En un sens, c’est l’utilisateur qui est son propre ennemi à battre. Mais pour cette magie, le niveau de difficulté, l’ennemi à vaincre, n’est autre qu’un royaume dont le souverain est une divinité. Ne dit-on pas que pour rencontrer Phaïtos, le chemin le plus simple n’est-il pas de se donner la mort ? Quelle magie époustouflante et remarquable est celle qui se targue de vaincre l’emprise d’un dieu !)

Après cette réflexion, j’ai encore plus envie de maîtriser cette magie. Je tente de répliquer cet assemblage entre la maîtrise magique et l’essence de la vie que représente l’émotion de l’empathie. Ce n’est pas une chose aisée et il me faut réitérer mon image mentale pour retrouver cette sensation unique à reproduire. Mes essais se multiplient, ou point où mon image mentale, devenue presque banale à force de revoir la scène, ne commence plus à me faire l’effet désiré. Je revois donc mes différents souvenirs et les change. Ce n’est plus moi, mais Sylve qui se lance pour protéger l’enfant d’une ruée de chevaux. Je nous revois dans les égouts de Kendra Kâr, aux prises avec ces maudits brigands. Plus encore que cela, je revois notre première rencontre et l’apparition soudaine d’une créature avide de sang et de chair à mordre. A l’époque, j’ai pu la sauver en emportant son corps sur mon dos, mais les choses auraient été bien différentes si j’avais disposé de mes capacités actuelles. Certes, je n’aurais pas eu à faire ce long voyage, ni peut-être rencontré par chance les gardes qui se sont empressés de nous emmener, elle pour recevoir des soins et moi pour recevoir le traitement très privilégiés des prisonniers d’Oranan. Néanmoins, à l’époque, j’avais pris un risque énorme en portant ce qui aurait pu être ma victime.

Cependant, le combat contre cette terrible créature est un tournant particulier dans ma vie. D’une part, à ce moment, j’avais eu le courage de fuir l’influence néfaste de ma maîtresse et d’Omyre, mais c'est aussi moi qui ai mis fin à la menace de notre adversaire. Craignant autrefois ma magie après un traumatisme, c’est la toute première fois que je suis parvenue à la manipuler, même si son utilisation s’est avérée aussi chanceuse qu’hasardeuse. Néanmoins, cet événement marquant dans ma vie, ce souvenir impérissable est plus fort que toutes les images mentales réunies. Ma capacité à générer l’empathie est naturelle, fluide, s’écoulant aussi aisément qu’une source d’eau douce en moi et sa reproduction, sans le besoin d’une inspiration visuelle et prenante émotionnellement, se fait parfaitement.

C’est ainsi, grâce à émotion plus puissante, une visualisation plus immersive, ainsi que quelques essais, que je parviens à reproduire aisément cette magie si particulière, sans avoir recours à un procédé visuel.

"Tu y es parvenu ! Puis-je savoir comment tu as procédé ?" Demande Antonio avec un petit sourire en coin.

"Eh bien je… je crois que c’est…grâce à un souvenir particulier. Une émotion naturelle et plus vive qu’une scène revisitée. Mais je crois que tu t’en doutais déjà non ?" Fais-je en remarquant son attitude amusée.

"Qui ? Moi ? Je ne vois pas de quoi tu parles !" Dit-il amusé, sa pipe en bouche avant de reprendre. "Bien, il ne reste plus qu’une étape ! Maintenant que tu sais manipuler la magie nécessaire au retour de l’âme, il ne te manque plus qu’à attirer l’âme dans son corps d’origine !"

"Ha ?" Fais-je un peu incrédule pour la suite. "Et comment procède-t-on ?"

"C’est simple, tu vas t’entraîner sur moi !" Dit-il en se levant pour se diriger vers une petite commode.

"Quoi mais…c’est un sort qui ne marche que sur les morts alors, comment…va-t-on faire ?"

"Non, il n’existe aucun moyen de simuler la mort. Je suis désolé de devoir aller si loin si tu veux apprendre à maîtriser cette magie, tu vas devoir le faire dans des conditions réelles !" Déclare-t-il en se retournant, dévoilant une lame qu’il vient de sortir d’un tiroir.

"Antonio, pose cette chose je te prie !" Fais-je, en me rapprochant lentement de lui, inquiet par ses intentions.

"Je suis désolé, mais c’est nécessaire ! J’ai confiance en toi !" Déclare-t-il en frappant brutalement sa lame au niveau du cœur. "Arg !" Gémit-il en se courbant en avant.

"Non !"

Je m’élance jusqu’à-lui dans l’instant, espérant qu’un simple sort de soin suffira. Lorsque j’arrive à son niveau, je le force à se déplier pour observer la gravité de la blessure. Je vois ses mains tenant le manche de la lame, mais pas la moindre trace de sang. Examinant plus en profondeur, je ne fais que provoquer une réaction à laquelle je ne m'attends pas en cette situation.

"Hahahaha, arrête, ça chatouille !" Ricane-t-il.

"Quoi ? Mais que… ?"

"Ben oui, c’était une blague regarde ! C’est pas une lame, c’est juste une plume. Le jour où je casserais ma pipe est pas arrivé !" Continue-t-l de ricaner.

Je laisse son corps au sol et reviens avec le premier oreiller présent, avant de le frapper de toutes mes forces, lui offrant également l’intégralité de mon savoir personnel en matière de juron, tandis qu’il ne parvient pas à se retenir de rire. Lorsque j’arrive à bout de force et également à la fin de mon vocabulaire, il lui faut encore un peu de temps avant de pouvoir calmer ses spasmes euphoriques.

"Pouah ! Ca faisait longtemps que je n’avais pas autant ri !"

"Ha oui ? Et hier lorsque tu m’as envoyé tout nu dans la rivière ?" Fais-je toujours aussi en colère, boudant dans un coin de la pièce.

"C’est bien ce que je dis, au moins un jour hahaha ! Tu devrais rester ici plus longtemps, on ne s’ennuie pas avec toi !" Se moque-t-il encore.

Après avoir repris son sérieux, il reprend le cours de mon apprentissage.

"Bien, c’était drôle mais ce que je t’ai dit est vrai. Tu vas utiliser ta magie sur moi, mais en étant toujours en vie bien entendu. Je serais en mesure de te dire avec mes ressentis, si tu es sur la bonne voie."

Espérant en finir le plus vite possible, j’arrête de bouder dans mon coin. J’utilise ma magie sur lui et attends ses instructions.

"Alors, tu sais grâce au dernier sort que je t’ai appris comment atteindre l’âme d’autrui. Il te faut simplement l’atteindre avec ce mélange magique et la tirer pour la faire revenir dans le corps. Cependant ce sort nécessite d'être en contact direct avec la cible !"

Obéissant, mais toujours un peu craintif, je me lance dans la tâche. Mes mains se posent sur Antonio et mes fluides parcourent son corps jusqu’à le saturer rapidement, m’ouvrant la porte jusqu’à atteindre son âme. Une fois celle-ci atteinte, je l’agrippe et la tire.

"Excellent ! Dans un vrai cas de figure, tu percevras une sorte de pont reliant le corps à l’âme qui s’en va. Il te suffira simplement de tirer comme tu le fais jusqu’au corps. Actuellement, cela t’est impossible, mais exerce-toi au mieux à le faire dans la mesure de tes capacités." Détaille-t-il.

Usant de ma volonté magique, j’obéis et à l’aide de mes fluides, je tire l’âme comme je le peux. Il est difficile de déplacer quelque chose là où elle est déjà, mais je sens grâce à mes fluides cette capacité de traction. Une traction que je fais de plus en plus forte au fur et à mesure de mes essais, jusqu’à ce que finalement, je commence à fatiguer mentalement.

"Je pense qu’on peut s’arrêter là. Ce sort est compliqué à comprendre comme à maîtriser. Gardes en mémoire ce que je t’ai enseigné et exerce-toi autant que possible, jusqu’à ce que le jour où tu en auras besoin vienne, en espérant que ce jour soit le plus lointain possible. Une dernière chose. Si tu parviens à ramener une âme, sache que le travail n’est pas pour autant terminé. Car si tu réussis, il faudra toujours prendre le temps de soigner la blessure qui a été fatale !"

J’écoute ces derniers conseils, puis le regarde dans les yeux, guettant une nouvelle déclaration.

"Pour te récompenser de tes efforts et de m’avoir fait rire, on a bien mérité notre bouteille de liqueur de poire-cassis non ?" Déclare-t-il en levant devant moi la bouteille et les deux verres.


VIII 11 La brigade de lutinos.

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