VIII. 5 Comment se nettoyer façon lutin.
"Je vais finir par croire que la Baie Joyeuse est le centre du village !" Fais-je à mon guide qui nous y conduit.
"Quoi que je fasse, je finis toujours par m’y retrouver. A moins que nous ayons besoin de boire un verre pour l’apprentissage ?"
Ma question lâche un rire à mon guide.
"J’apprécie la remarque, cela veut dire que c’est un endroit attrayant ! Mais non, c’est juste qu’il est, à ma connaissance, un des endroits les plus calmes du village. Il y a toujours un lutin, ou deux, ou douze qui s’amusent un peu partout dans le village. Ici, il n’y a que le vieil Odilon et il est trop occupé à siroter pour faire le moindre grabuge !"
D’ailleurs, nous arrivons vers les chaises et retrouvons Odilon qui a changé de table, de chaise et de liqueur. Bien qu’il puisse être sourd de la feuille par moment, il détecte immédiatement toute personne qui entre.
"Alors vous avez décidé de revenir prendre un verre ? J’ai du jus de pêche tout juste pressé !" Nous propose le vieux lutin.
"Pas cette fois-ci !" répond Antonio.
"Et cet apprentissage, ça a donné quoi ?" Demande Odilon qui a très bien compris notre conversation précédente.
Pour toute réponse, je mobilise ma magie de lumière et provoque un flash lumineux avec ma main.
"Excellent ! Il faudra fêter ça autour d’un bon jus de fruit !" Propose-t-il en brandissant son verre.
"Pourquoi pas ce soir, une grande fête va s’organiser !" Lui dis-je.
"Ha oui ! C’est vrai qu’on m’a demandé de préparer de la liqueur. Mais j’en ai fait quoi ?" Se demande-t-il.
"Vous ne l’auriez pas bu par hasard ?" Fais-je pour le taquiner.
Il se retourne vivement vers moi avec l’intention de me sermonner le doigt en l’air.
"N’allez pas croire que je passe mon temps à boire hein ! Même si cette remarque n’est peut-être pas si infondée que cela." Termine-t-il en se caressant le menton et cherchant un peu partout.
Avec Antonio, nous reprenons notre route pour finir dans la chambre la plus éloignée de l’établissement. En plus de cela, elle est très calme. Un rayon de lumière passe par une ouverture ronde et des fleurs de l’autre côté, remplissent la pièce d’effluves très agréables.
"Bien, assieds-toi !" M’invite Antonio qui fait de même.
"Bien, nous évoquions l’exaltation rayonnante !" Commence-t-il en disposant entre nous, un petit tabouret.
Je le vois user de sa magie pour projeter une manifestation visible sur la surface. Celle-ci me représente tout noir avec mes vêtements actuels.
"Tu as certainement remarqué qu’à force d’utiliser tes sorts, tu étais en mesure d’en lancer des plus puissants, avec une demande en mana plus importante. Cette capacité est en rapport avec la compréhension de la magie. Il faut travailler pour être capable de mobiliser des sortilèges plus puissants. Vois cela comme des paliers de compréhension." Pour illustrer son propos, il fait apparaître une version de moi lançant une boule de feu, puis une bien plus grosse pour marquer son propos.
"Eh bien l’exaltation rayonnante, permet tout simplement d’atteindre le palier suivant !" Il me dessine ensuite avec une aura lumineuse, qui lance une énorme boule de feu.
Je regarde avec émerveillement la manifestation lumineuse devant moi. Ce souci du détail visuel et les explications d’Antonio, font de lui un excellent professeur. Je suis particulièrement curieux de savoir comment ce sort fonctionne, mais il y a quelque chose d’autre qui attise mon désir de magie, comme un feu intérieur qui n’attend que l’occasion d’engendrer une tempête de feu.
"Et heu…cette magie lumineuse là, celle qui me représente…tu pourrais me l’apprendre aussi ?" Fais-je, brûlant de l’intérieur.
"Il s’agit-là d’une maîtrise inhérente à la magie de lumière. Il existe d’autre façon d’utiliser la magie de lumière, en dehors des sorts traditionnels, mais nous verrons ça plus tard." Dit-il en poursuivant, un large sourire aux lèvres.
"Tu es aussi impatient que les lutinos lorsqu’il s’agit de magie !"
A cela, je ne peux répondre qu’en rougissant dans mon coin.
"Bien commençons. Pour être en mesure de lancer des sorts plus puissants, il est nécessaire d’atteindre son esprit, car c’est lui qui limite les possibilités du corps." Explique le lutin.
Malheureusement, je suis un peu lent à la détente et cette notion d’esprit me paraît trop vague.
"L’esprit ? Comment cela ?"
Antonio se caresse le menton avant de reprendre.
"Eh bien, le corps est une enveloppe. L’âme est ce qui fait que tu es toi, c’est ton identité. L’esprit est…comment dire, la force de volonté de l’esprit. Certains aiment à dire « Un esprit sain dans un corps sain ! », ou bien « Ce que l’esprit veut, le corps le peut ! ». En ce qui concerne le lancement des sorts, le corps est limité dans la quantité de fluide qu’il peut emmagasiner, c’est bien l’esprit, cette force de volonté, qui limite la quantité de fluide qu’il est possible d’utiliser en une fois. Un guerrier te dira qu’il s’améliore avec des exercices physiques, mais c’est sa force de volonté qui lui permet ces prouesses. Tu comprends mieux ?"
"Ce n’est pas que je ne comprends pas, mais j’ai besoin d’expérimenter la théorie. Cependant, je pense avoir compris l’essentiel !" Fais-je encore un peu sceptique.
Antonio ferme les yeux et se voit nimbé d’une très légère aura dorée. Puis il explique la logique de ce sort, cachée par le chemin inverse à parcourir.
"Il y a un chemin parsemé d’étapes pour atteindre l’esprit. S’il est impalpable et indiscernable, il est pourtant la force de volonté de l’âme. Ainsi, l’âme devient un passage obligatoire pour l’atteindre. Pour ce qui est de l’âme, l’unique façon de l’atteindre est de saturer son corps de fluide. Maintenant, le reste t’appartient."
Il me regarde ainsi, un léger sourire aux lèvres, attendant que je m’attelle à la tâche.
(D’accord. Donc dans un premier temps, il me faut trouver le chemin de l’âme en saturant mon corps entier. Essayons cela.)
Je monopolise ma magie de lumière et l’insuffle dans tout mon corps, en me fiant à mes sens magiques. Ce n’est pas une chose difficile avec ma maîtrise de la magie, du moins c’est ce que je crois. Comme je ne ressens rien et qu’il n’y a aucune réaction notable, je me concentre davantage. Je remarque qu’il y a quelques parties aux extrémités de mon corps qui ne sont pas atteintes par mes fluides. Je continue mes efforts jusqu’à ce que je sois sûr du résultat. Pourtant, toujours rien.
(Antonio m’a pourtant assuré qu’il fallait agir ainsi. Que me manque-t-il donc ? Fais-je les choses correctement ? Mon cheminement m’a montré que je suis loin de maîtriser ma magie comme je le pensais. Mais je pense que c’est la voie à suivre, mais je n’ai peut-être pas été au bout du chemin !)
Je recommence de nouveau à englober mon corps, plus rapidement que précédemment maintenant que je sais quoi faire. Cependant, lorsque j’atteins mon but, je vais au-delà de l’objectif que je me suis fixé.
(Ce sort permet d’atteindre un palier supérieur de maîtrise, il me faut donc prouver que j’en suis digne.)
J’accrois ma concentration sur mon corps, encore et encore, ne cherchant rien de plus que l’envie de se dépasser. Finalement, après quelques essais répétés, je finis par sentir quelque chose de nouveau, quelque chose d’enfoui en moi. En y portant plus d’attention, cette petite chose semblable à une petite flamme, devient en plus intense, jusqu’à brûler mes sens magiques et briser ma concentration. C’est en sueur et les yeux exorbités par l’effort que je reviens à la réalité.
"Tu l’as trouvé n’est-ce pas ?" Me demande Antonio, une pipe à la main.
Reprenant mon souffle, je rassemble les idées qui me harcèlent pour les porter à mon professeur.
"Qu’est-ce que c’était ? J’ai trouvé quelque chose au fond de moi, ça avait l’air d’une petite flamme et soudain, ça m’a envahie comme du bois sec ! Ce n’était tout de même pas…"
"Ton âme ? Si !" Termine-t-il avant d’enchaîner.
"Une flamme, dis-tu ? Le premier élément qui s’est manifesté en toi, ce ne serait pas le feu par hasard ?" Voyant mon incrédulité, il poursuit.
"Chez les mages, l’âme se manifeste très souvent par le premier élément qui naît en nous. Tu as terminé la première étape. Il te faut à présent atteindre l’esprit cependant, tu ne peux pas utiliser ce sort de cette façon, cela prendrait trop de temps. A présent, il te faut trouver un moyen d’atteindre ton âme, sans avoir recours à la méthode précédente !" Déclare-t-il en s’affalant sur sa chaise et faisant apparaître quelques nuages de sa pipe.
(Atteindre l’âme sans faire tout ceci ? Bien, voyons voir.)
J’use de mes pouvoirs pour recouvrer ma magie et reprends la suite de mon apprentissage. Ne possédant qu’un seul moyen d’atteindre mon âme, je réitère la méthode précédente jusqu’à retrouver cette flamme. Mes premiers essais se soldent comme ma première tentative et brise ma concentration. A force, je finis par m’y habituer et parviens à garder le contrôle. Face à elle, mon premier réflexe est d’y envoyer ma magie. Hélas, sans grand succès. La flamme ne réagit pas et brûle, voir avale tout simplement mes fluides. Je tente ensuite de l’entourer par une forme de dôme de mana. Une façon de lier mon âme à ma magie. Une nouvelle fois, c’est un échec. Ma magie est attirée par la flamme et dès qu’un bref contacte de fait, que le feu lèche le dôme, tout se fait avaler par la flamme. En m’y rapprochant pour l’examiner, celle-ci se fait de plus en plus intense, au point qu’il m’est difficile de supporter la chaleur. Je te tente de repousser mes limites et cette fois-ci, la flamme se penche vers moi, me forçant à reculer d’instinct. J’ai eu bon nombre d’expériences avec le feu et celles-ci ne se sont jamais bien passées. Savoir qu’Antonio est présent me donne cependant le courage de tenter ce qui m’effraie. Je m’avance à nouveau et tends le bras en avant, avec l’intention de la toucher. La flamme réagit et lorsque le contact se fait, une sensation de brûlure intense se répand sur ma main. Ma concentration perdue, je me retrouve assis, en me prenant ma main intacte, avec la sensation qu’elle ne l’était pas il y a quelques instants.
"Le feu ça brûle, n’est-ce pas ?" Déclare-t-il, visiblement bien au fait de ce qui m’est arrivé.
Sa façon de se comporter tranquillement d’Antonio, alors que je transpire tant je fais d’effort et que mes membres se font brûler, m’agace. J’aurais aimé plus de détail, mais sa façon de m’enseigner le sort flash, m’a été très utile. Je préfère ravaler ma frustration et m’apprête à repartir au plus profond de moi quand il parle à nouveau.
"Mais est-ce vraiment du feu ?"
Cette question me fait soulever le sourcil droit, mais sans plus d’explication, je décide de repartir. Je retrouve finalement cette maudite flamme brûlante et les mots d’Antonio refont surface.
(Du feu ? Mais oui, Antonio m’a révélé que c’était mon âme, pourquoi ma propre âme me brûlerait ? D’ailleurs, c’est comme cet étrange rituel à la guilde équilibrium avec James. Je me suis retrouvé face à un brasero et je suis parvenu à dompter ma peur, en laissant la flamme venir sur moi. C’était un voyage spirituel, très similaire celui-ci.)
Me répétant qu’Antonio est là, prêt à agir si quelque chose ne va pas, je m’approche de la flamme, suffisamment pour qu’elle englobe tout mon corps. La sensation de chaleur extrême laisse place à une brûlure particulièrement vive. Malgré la douleur, je ne reviens pas à la réalité. Non pas que ma concentration soit particulièrement solide, mais je me sens comme enchaîné à présent. Je lutte de tout mon être, non pas contre cette flamme qui représente mon âme, mais contre mon envie de fuir, de partir loin et de ne plus jamais réessayer. Mes efforts finissent par se payer. Alors que je me pensais bientôt réduit à l’état de cendre, la douleur s’estompe, bien que le feu brûle toujours. Ce n’est pas qu’il ne me brûle plus personnellement, je suis simplement devenu le feu, mon propre feu. Une sensation de puissance pure m’envahit dans cet état, comme si aucun ennemi ne pouvait désormais rivaliser avec mon être. Les flammes se mettent à tournoyer autour de moi, et forment un maelström au niveau de mon cœur.
L’instant d’après, je fais de nouveau face à Antonio et porte instinctivement ma main, là où le maelström s’est formé et qui est de plus, toujours perceptible, mais diminue jusqu’à s’éteindre.
"Tu as formé ton cœur d’âme ! Bien joué !" Me félicite le lutin.
"Mon cœur d’âme ?" Fais-je surpris.
"Tu n’as fait qu’un avec ton âme. Cela a engendré une sorte de pont, qu’il t’est possible d’utiliser pour retrouver rapidement ton esprit, en te concentrant sur cette sensation au niveau du cœur. Elle apparaîtra à chaque fois que tu voudras te connecter."
"Tu aurais pu me prévenir non ?" Dis-je un peu contrarié d’avoir été, en un sens, maltraité.
"C’est le jeu ! Il faut savoir faire ses propres expériences, affronter ses propres obstacles, sans quoi nous ne progressons pas ! Tu crois que ce village n’a pas connu de difficulté ? Estime-toi heureux, Ceux qui s’en sortent généralement le moins sont les aquamanciens nés. Très souvent, après un échec, ils mettent beaucoup de temps avant d’approcher toute formes d’eau, même dans un verre. Heureusement qu’il n’est pas possible de faire cet apprentissage avec des fluides sombres. Tu imagines à quoi doit ressembler l'âme ?" Il éloigne sa pipe et vient fixer ses yeux dans les miens.
"Bien ! Voici que se dresse la dernière étape, la plus cruciale et la plus importante !" Il joue avec ses mains comme un prestidigitateur, accentuant l’importance de ses mots et ma fébrilité devant l’aboutissement de cet apprentissage.
"Lorsque tu ne feras qu’un à nouveau avec ton feu intérieur, ton âme, il te faudra…utiliser ta magie de lumière."
Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris et je le fais savoir de la plus simple des façons.
"Pardon ?"
"Tu m’as très bien entendu. Tu as déjà réalisé ce sort en fait, ou du moins, tu as parcouru un très long chemin et il ne te reste qu’un pas avant d’arriver à destination. L’état que tu as senti en ne faisant qu’un avec ton âme, est tout simplement ton esprit, dans sa forme la plus pure et la plus puissante. C’est elle qui définit les limites de tes capacités. En usant des fluides de lumières comme tu l’as fait au tout début, tu seras en mesure d’accroître ta magie l’espace de quelques instants."
Il se lève soudainement et revient avec plusieurs petits sacs étranges.
"Ce n’est qu’un pas à franchir, alors autant passer directement à l’application en condition semi-réelle ! Ceci, sont des poches de vessies, dans lesquelles se trouvent une petite préparation à base de boule de Kuby. Tu vas devoir réussir ton sort, en ayant une très, très forte envie de te gratter. Rassure-toi, ce n’est pas aussi concentré que tu pourrais le croire. Enfin, pas trop."
"Heu…pour le coup, je préférerais encore les lutinos !" Fais-je, craignant ce qui va m’arriver.
"Les lutinos se sont bien amusés avec toi. Maintenant, c’est à mon tour ! Si tu arrives à lancer le sort dans ces conditions, tu pourras le faire en pleine bataille. Crois moi !" Déclare-t-il avec un sourire impatient.
"Bon…très bien !" Finis-je par me résigner, mais pas rassuré du tout.
Je rassemble mes fluides de lumières avec les esprits alentours et me lance. Voulant prendre de vitesse la lutinerie d’Antonion, je plonge rapidement en moi. Grâce au lien que j’ai créé, je peux à présent me connecter à mon esprit plus facilement. Une légère gêne me vient au visage, lorsque je retrouve ma flamme intérieure. Une sensation de plaisir intense me submerge et me fait perdre ma concentration. Sans m’en rendre compte, je suis en train de me gratter la joue, répandant sur mes doigts un liquide qui me pousse ensuite à les frotter contre le sol.
Face à moi, Antonio qui est aux anges, semble apprécier ce spectacle qui n’en est qu’au début, vu le nombre de vessies qui lui reste. Ne connaissant aucun moyen pour lutter contre ça, je décide de prendre sur moi et de finir ce que j’ai commencé. Ce ne sont que de petites démangeaisons.
Usant à nouveau de magie pour atteindre mon esprit. J’arrive à ne faire qu’un avec ma flamme, faisant fi des démangeaisons qui me harcellent, lorsque j’ai soudain l’impression que des centaines d’insectes me bouffent les pieds. Même si j’ai été plus loin cette fois-ci, je retrouve la réalité et me dépêche de frotter mes pieds l’un contre l’autre, gaugés de la fabrication d’Antonio.
"C’est horrible ce que tu me fais. J’y étais presque !" Fais-je en me lamentant.
"Tu réfléchis trop ! Tu connais la théorie, tu as assimilé la pratique. Maintenant, laisse ton instinct te guider dans l'exercice de la magie !" Me conseille mon bourreau.
Alors que je suis attaqué en de multiples endroits, par une terrible démangeaison, je prends le temps d’une respiration et réutilise ma magie. J’arrête de réfléchir et je laisse mon instinct guider ma route. Ma progression jusqu’à atteindre l’esprit est bien plus rapide que précédemment. Je concentre ma magie pour saturer mon esprit de fluides de lumière, qu’une armée de fourmis me cisaillent le corps. Je reviens à moi, en étant complètement trempé.
"Ho non tu n’as pas osé ?" Lui dis-je.
"Héhéhé, si !" Ricane-t-il.
Je me lève rapidement et me frotte l’intégralité du corps avec une vitesse qui me surprendrait moi-même, si je n’avais pas un tel souci épidermique. Mes mains vont et viennent sur le dos, le ventre la tête, les jambes. Je finis par m’adosser contre un mur et fais des vas-et-vienr de haut en bas pour me frotter le dos. Cela ne me soulage pas et c’est avec précipitation que j’enlève le haut de mon corps pour me frotter à nouveau. Cette méthode est plus efficace et c’est le reste de mes vêtements qui me quittent, guidés par des mains qui s’acharnent sur chaque centimètre de ma peau. Comble de ma situation, plus je bouge pour me gratter et plus cela me démange. Nu comme un verre face à Antonio, je me moque de ma pudeur dans un état pareil.
"Si tu arrives à lancer ton sort correctement, je te montre comment te soulager immédiatement !" Déclare-t-il.
Je le regarde, cherchant un éventuel signe de coup fourré, mais cela me gratte tellement que je suis obligé de suivre ce qu’il me dit.
"Promis ?" Fais-je implorant.
"Promis !"
Mon corps comment à montrer les signes de ses limites physiques. Ma peau commence dangereusement à rougir et plusieurs signes de lésions apparaissent. Rassemblant mon courage, j’écarte les bras pour éviter toutes frictions qui engendrerais d’autres démangeaisons et use de ma magie. Je laisse mon instinct me guider jusqu’à atteindre mon esprit. J’y insuffle ma magie et contrairement à mon corps physique, saturer mon esprit est bien plus facile. Soudainement, je me sens bien plus puissant que je ne l’étais auparavant. Je finis par ouvrir les yeux pour voir une aura à peine perceptible, entourant mon corps. Devant moi, Antonio paraît satisfait et rit de nouveau lorsque je me frotte encore contre le mur.
"Excellent ! Il y a un cours d’eau un peu plus loin dehors. Jette-toi y et les démangeaisons vont…!" Dit-il sans que je n’écoute la suite.
Mon corps me démange bien trop pour perdre la moindre seconde. Il a parlé d’un cours d’eau et ma seule crainte à présent, n’est pas que je suis complètement nu, mais de prendre le mauvais chemin pour m’y rendre. Accompagné par les rires des lutins qui ne doivent pas être à leurs premières fois, je finis enfin par trouver ce qui me paraît être une grande rivière. Je m’y jette, sans chercher le moindre danger aquatique, ni si le niveau de l’eau est assez profond pour un saut. Une fois dedans, les démangeaisons disparaissent rapidement, contrairement aux lutins qui viennent en nombre pour rire de moi. A croire que tout le village s’est donné le mot.
"Quelqu’un aurait des vêtements à me prêter ?" Fais-je à leur attention.
Pour toute réponse, je n’ai qu’un élan de rire, mais nul ne vient me prêter main forte. Je tâtonne la base du cours d’eau et arrache un tas d’algues que je place au milieu de mon bassin. C’est ainsi que je sors de l’eau, jusqu’à ce qu’une vielle lutine m’interpelle.
"Je ne ferais pas ça si j’étais toi, il y a pleins de petites bêtes à l’intérieur qui attendent de manger ce qui passe devant elle !"
D’instinct, je jette les algues au sol et pose mes mains en replacement. C’est les fesses à l’air et les lutins derrière moi, hilares, que je cours pour retrouver Antonio, qui me doit bien un drap pour ce qu’il m’a fait subir.
VIII. 7 Préparatifs avant les festivités.