La Prison

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Yuimen
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La Prison

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:40

La prison d’Oranan
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Les cachots d'Oranan se trouvent à l'arrière de la milice, le bâtiment est accessible par un couloir qui mène à un escalier descendant. En bas des escaliers il y a à droite la salle réservée aux soldats en fonction et, à gauche, il y a les geôles. Une dizaine de cellules se font face dans ce corridor assez large pour laisser passer quatre hommes côte à côte. Une poignée de gardes surveille l'endroit, mais ils ne sont jamais plus de deux ou trois à faire des rondes pour s'assurer que tous les détenus sont toujours là et vivants, car la prison n'est pas très grande.

Le bâtiment vu de l'extérieur n'est pas très haut car il est à demi souterrain. De minuscules fenêtres sont visibles en haut de la bâtisse, ce sont elles qui donnent la lumière de l'endroit.

Les cellules sont assez larges pour y entasser deux personnes mais, s'ils manquent de place, les gardes ne se gêneront pas pour simplement entraver les malfrats aux grillages des cellules. L'intérieur de celles-ci est plutôt sommaire, de la paille recouvre le sol en pierre et un petit banc en bois usé constitue le seul ameublement de ces cachots insalubres. Seules les minuscules fenêtres avec barreaux, situées presque au plafond, et les torches disposées sur les murs éclairent les lieux.

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Alfryda Bröhm
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Re: La Prison

Message par Alfryda Bröhm » ven. 15 févr. 2019 23:47

Je n'ai pas dis un mot depuis presque une heure. En fait, je n'ai même pas ouvert la bouche depuis qu'ils m'ont passés les menottes aux mains, certaine que ce n'était pas le moment pour se plaindre. Après la bagarre avec les deux enflures dans une ruelle du port, nous avons vite attirés la curiosité des passants qui se sont empressés d'appeler la garde. Une patrouille est rapidement arrivée pour nous emmenés tous les trois dans ce qui semble être la prison de la cité, avec quelques taloches bien mérités pour les rebelles. Si je n'en ai reçue aucune, ce n'est pas le cas du geignard qui boîte encore de ma talonnade dans le genou, frottant la bosse sur son front en fixant le sol d'un regard vide. Assis sur le même banc, son compagnon est coupé du monde qui l'entoure et tient sa tête entre ses bras, souffrant encore de ma charge qui l'a envoyée percuter le mur de plein fouet. Et de mon côté, l'adrénaline est vite redescendue tandis que j'attends le retour de l'officier de patrouille, certainement en train de faire son rapport à son supérieur. En soi, nous attendons tous les trois le sort qui va nous être réservé, gageant pour avoir une chance d'expliquer notre situation et d'éviter le cachot.

Il faut dire qu'entre notre arrestation, la confiscation de nos biens personnels et notre conduite jusqu'ici, aucun d'entre nous n'a pu dire un mot sans se faire menacer par les gardes. Ces derniers, postés à nos côtés, tiennent position sans bouger, l'arme à la main. Quoi qu'il en soit, je tente de me rassurer en occupant mon esprit avec des banalités, inquiète de ne pas pouvoir joindre Bragarr pour qu'il me sorte de ce merdier.

(Bon sang... J'aurais du trouver un plan plus subtil, plutôt que de me foutre sur la gueule au beau milieu de la cité. À quoi je pensais, merde...)

Le rapport de patrouille me laisse le temps de regretter mes actes, puis regretter mes regrets pour finalement n'avoir plus rien à regretter. J'ai l'impression de devenir folle, mais la raison revient subitement lorsque la silhouette de l'officier revient vers nous, attardant son regard noir sur les deux hommes menottés, sans le poser sur moi.

"Foutez-moi celui là au cachot jusqu'à demain matin. S'il braille encore, vous lui rajouterez deux nuit de plus, ça devrait le dissuader de jouer au plus con."

Sur ces mots, l'un des gardes s'exécute et attrape l'humain blessé boiteux dont le visage semble se décomposer à l'annonce de sa sentence. Ils disparaissent du couloir, laissant les complaintes du pleurnichard résonner entre les murs. L'ambiance est pesante et je dois reconnaître que le gradé sait se faire respecter, m’ôtant toute envie de me rebeller. Il scrute ses papiers en silence, posant parfois les yeux sur nous sans donner la moindre explication jusqu'à ce qu'il se décide enfin à interroger l'un d'entre nous, en l’occurrence celui avec lequel je me suis battu.

"Toi là, explique-moi ce qu'il s'est passé."

L'enfoiré relève la tête et analyse un instant la situation sous les regards pressants des gardes alentours, décidés à punir ceux qui le méritent. Je lis la malice sur son visage, visiblement décidé à tourner la situation à son avantage. Sa voix de martyr m'insupporte alors qu'il tente de se faire passer pour la victime de l'histoire et d’exagérer les faits.

"Je... J'voudrais comprendre moi aussi, sergent. Cette folle furieuse s'est jetée sur moi alors que je me promenais tranquillement sur les quais. Mon camarade a tenté d'me défendre en y mettant un peu trop d'zèle, j'dois bien l'admettre, mais j'vois pas c'que j'ai pu lui faire de mal pour en arriver là, j'vous assure."

Un court silence s'impose à nouveau, comme pour laisser le temps au militaire d'assimiler la fausse version de l'accusé. Vient ensuite mon tour, sommée de répondre dans les plus brefs délais.

"À toi, la Thorkine. Et pas de mensonges."

"Je suis mandatée par le conseiller Gale pour servir de garde rapprochée à l'un des participants à l'Erementarīfōji, Bragarr Frappedur. Le contrat signé se trouve dans mon sac, si vous voulez vérifier. Pour ce qui est de ce rat, je l'ai croisé une première fois à l'auberge des Hommes Libres, en train d'arnaquer le forgeron au cours d'une partie de dés pendant laquelle il utilisait des dés truqués. Dans mon sac, également, je lui en ai confisqué un avant qu'il ne s'enfuit une fois percé à jour. L'envie de récupérer ses gains l'a poussé à filer mon client qui, inquiet pour sa sécurité, m'a demandé de veiller sur lui au cours de ses déplacements en ville. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que je le découvre et que je neutralise cette menace. C'est pour ça que l'on me paye, après tout."

Surprise d'avoir eu le temps d'expliquer tout cela sans avoir été interrompue, je regarde l'assemblée qui est restée attentive au moindre de mes dires. J'ai le droit au même regard suspicieux de la part de l'officier qui finit par demander à un subalterne de s'approcher pour lui murmurer quelque chose. Ce dernier part quelques instants avant de revenir avec mon sac à la main, ouvrant déjà la lanière pour en inspecter le contenu. Le tricheur s'agite nerveusement et tente de s'imposer pour nier les accusations, mais il déchante rapidement lorsqu'on lui indique qu'il ferait mieux de rester calme d'une main ferme sur son épaule. Ils finissent par trouver le contrat signé par un membre du Conseil ainsi que le dé en question, le roulant quelques fois pour en découvrir la particularité. Le gradé s'attarde sur le mandat et pose un nouveau regard noir sur l'accusé, bien plus sévère qu'auparavant.

"Aux fers, avec son compagnon. Un membre du Conseil viendra juger de son cas pour lui donner la sanction qu'il mérite."

"QUOI ? Mais je... !"

"PAS D'OBJECTIONS !"

Pris à son propre jeu. Je retiens un sourire en me délectant de sa peine, bien heureuse que justice soit faite. Les gardes restants tirent le bougre de la même façon que leur collègue auparavant et je me retrouve finalement seule avec l'officier qui ne les quittent des yeux qu'une fois le cortège occupé à verrouiller les indésirables. Sans dire mot, il s'approche de mes chaînes qu'il détachent au moyen d'un petit outil ressemblant à un genre de tube fin en acier, les laissant tomber sur le sol dans un fracas métallique. Je frotte mes mains par réflexe, pas pour atténuer la douleur, mais pour enlever la sueur accumulée sous les bracelets. Ce n'est qu'une fois debout que je lève les yeux vers le gradé, resté les bras croisés à m'observer.

"Donc... Je suis libre ?"

"C'est ça. Prenez vos affaires et tâchez de vous faire discrète, à l'avenir.

L'avertissement est sérieux, mais je ne peux pas m'empêcher d'y déceler une vraie inquiétude dans la voix. Peut-être que je me trompe. Peut-être pas. Quoi qu'il en soit, Bragarr a eu ce qu'il voulait.
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TheGentleMad
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Re: La Prison

Message par TheGentleMad » mar. 21 mai 2019 14:44

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En arrivant à la prison, Kurgoth était couvert de crachats et de fruits pourris, jetés par la foule. Le major ne l'accompagna pas jusqu'à sa cellule, se contentant de le confier aux bons soins des miliciens qui gardaient les lieux en précisant qu'il fallait garder en vie "son" prisonnier, car il avait d'importante informations à révéler. Le barbare fut donc emmené à l'arrière du bâtiment de la milice et descendit un escalier. C'est à ce moment-là que ces affaires, plutôt que de le suivre sur la gauche, furent emmenées vers une salle à droite. Craignant de perdre la relique pour laquelle il avait pris tant de risques, il s'indigna aussitôt.

"Hé, c'est à moi ça ! Où vous emmenez mes affaires ?"

"La ferme, la peau verte ! Elles sont juste dans la salle des gardes, à côté. Mais comme on a pas l'habitude de relâcher les monstres dans ton genre, tu peux déjà faire une croix dessus."

Traîné de force dans les geôles, le chevalier vit la porte de la salle de garde se refermer, éloignant définitivement de sa vision l'antre de Balmor et le soldat qui la transportait. Il ne se rua pas à sa poursuite, bien que sa force le lui permit. Ce n'était pas le bon moment pour s'échapper, pas encore. Le prêtre de Thimoros se laissa donc conduire dans un large couloir, de part et d'autre duquel une dizaine de cellules étaient aménagées. Le jour ne s'étant pas encore couché lorsqu'il arriva, la seule lumière des lieux provenait de petites fenêtres fermées par des barreaux qui donnaient sur la rue et qui se situaient très proches du plafond. Dans chacune des cellules, trois humains étaient déjà entassés, bien que leurs dimensions ne semblaient avoir été pensées que pour en contenir deux. Il fut donc décidé que le garzok, trop massif pour entrer dans une geôle déjà surchargée, serait simplement attaché à la grille d'une des cellules du fond, grâce à ses menottes.

Comme il avait croisé, pour parvenir jusqu'ici, un grand nombre d'hommes en armes dans les rues, Kurgoth préféra se montrer docile, du moins jusqu'à la nuit, laquelle, il l'espérait, lui offrirait de meilleurs chances de s'enfuir. Les trois humains auxquels il faisait face, n'avaient rien de particulier. Ils n'avaient ni les os saillants de ceux qui volent pour ne pas mourir de faim, ni la stature de soldats habitués aux exercices physiques. Ceux-ci, dès qu'on l'eût attaché, s'approchèrent pour le railler, allant même jusqu'à féliciter les gardes d'enfin capturer ceux qui le méritaient vraiment. Si le mépris dont ils faisaient preuve envers le nouveau venu était réciproque, celui-ci songeait à se servir d'eux pour s'évader. Son premier acte dans ce sens fut, après avoir vérifié que les gardes étaient de l'autre côté de la pièce, de leur murmurer :

"Au lieu de croupir ici en rigolant, ça vous dirait pas plutôt de se faire la malle ensemble ce soir ?"

La proposition les interpella un instant, mais l'un deux, sceptique, lui demanda à demi-voix, et presque en se moquant, comment il comptait y parvenir. Les trois compères observèrent alors le garzok en attendant une réponse. Kurgoth ne dit mot. Il se contenta de les regarder en forçant sur les chaînes qui retenaient ses poignets. Plus il forçait pour écarter ses mains, et plus il sentait le métal pénétrer sa chair, mais il continua inexorablement. Il ne fallut guère de temps pour qu'une arrête saillante ne fît couler son sang, mais il avait tant enduré que cette douleur n'était rien, ce n'était qu'un autre signe que les liens étaient sur le point de rompre. Cela prit quelques dizaines de secondes au barbare, qui voulait rester aussi discret que possible, mais, alors que les humains commencèrent à se détourner de lui, l'un des maillons céda et s'ouvrit.

"Cette nuit, je défoncerai la grille qui vous retient, mais je ne pourrai pas le faire discrètement. Vous devrez alors neutraliser les gardes et ouvrir autant de cellules que possible. Ensuite, nous pourrons aller dans la salle des gardes pour nous armer."

Devant la preuve de sa force, les humains se rapprochèrent immédiatement pour écouter le plan murmurer, arguant toutefois que même armés, ils auraient à traverser tout le bâtiment de la milice, ce qui risquerait de leur coûter la vie. A demi-mots, et changeant de sujet dès qu'un garde était en approche, revenant alors sur des railleries envers le garzok, ils proposèrent et débâtirent de différents plans alternatifs. Prudents, chacun des plans proposés commençait avec le défonçage de grille par la peau-verte, qui les assurerait que son premier exploit n'était pas dû a de la rouille sur les menottes. L'un voulu chercher à rejoindre les égouts qui, parait-il, les amèneraient discrètement jusqu'au port depuis l'intérieur de la prison. Les deux autres, peu enclins à le suivre, rappelèrent qu'eux ne risquaient pas l'exécution et que les conduits étaient trop étroits pour un humain, qu'il serait plus facile de s'y glisser par l'un des grandes grilles disposées dans les rues. L'idée des égouts fut donc écartée, mais Kurgoth, qui avait repéré les grilles sans comprendre à quoi elles servaient, garda la suggestion de côté dans son esprit. Un autre demanda au prêtre de Thimoros s'il était capable de défoncer le mur autour de la petite fenêtre surplombant leur cellule.

"Si le mur était en torchis, j'en serais sans doute capable. Mais il semble être fait de pierres, je pourrais au mieux le fissurer. Mieux vaut chercher une autre sortie."

La déception se lut sur le visage des prisonniers, mais la force et l'endurance du chevalier avait, elle aussi, ses limites, comme il s'en était amèrement rendu compte face à Khynt. Après de nombreuses discussions entrecoupées par des gardes suspicieux qui s'approchèrent par deux fois pour leur intimer d'arrêter de comploter comme des rats, sous la menace d'être séparés, il fut décidé qu'après s'être équipés dans la salle des gardes, ils suivraient, avec tous ceux qu'ils arriveraient à convaincre sur l'instant, le garzok qui, en tête de file, défoncerait les portes dans une charge destructrice. L'un des prisonniers s'agita ensuite jusqu'à être changé de cellule, comme les gardes les en avaient menacés. Le changement de cellule fut pour Kurgoth source d'un stress intense, lui qui devait absolument cacher le maillon rompu de ses chaînes. Heureusement pour lui, et pour leurs plans, toute l'attention des gardes se porta sur l'humain qui s'agitait et leur compagnon fut rapidement remplacé. Le nouvel occupant de la cellule fut rapidement mis au parfum de ce qui se préparait. Du coin de l'œil, le barbare constata que celui qui les avait quittés, partageait également l'information avec ses nouveaux codétenus.

(Tout ça pour ça... Il a risqué que les gardes voient mes liens brisés, tout ça pour s'assurer que l'on soit suivis ?)

(Ça s'est bien passé mon grand, ne lui en veux pas trop. C'est pour t'aider.)

(J'avais juste besoin qu'ils occupent les gardes le temps que je m'équipe et récupère quelques forces, pas d'une armée de brigands qui me détestent autant que les gardes.)

Il ne restait à présent plus à Kurgoth et ses complices qu'à attendre, attendre le bon moment que le garzok leur signalerait de manière fracassante.
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TheGentleMad
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Re: La Prison

Message par TheGentleMad » mar. 21 mai 2019 21:43

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Lorsque la lumière du jour déclina pour laisser place à la nuit, les gardes allumèrent les quelques torches du large couloir pour palier à l'obscurité et continuer de voir les prisonniers, mais il était encore trop tôt. Au bout de quelques heures, les bruits de la ville, provenant des fenêtres à barreaux, se turent enfin. Kurgoth attendit encore, au moins le prochain changement de quart. Lorsque les nouveaux gardiens arrivèrent, il patienta une demi-heure de plus, rongeant son frein, pour laisser aux précédents le temps de s'endormir et aux nouveaux de baisser leur garde en le voyant docile. Ce laps de temps écoulé, il se saisit du maillon de chaîne brisé entre ses poignets et l'utilisa comme projectiles pour réveiller ses complices assoupis. Lorsqu'il eut la preuve qu'au moins un était réveillé, il abandonna toute discrétion et se mit à tirer sur les barreaux de la cellule de toutes ses forces. Très vite, il sentit le métal plier, autant entre ses doigts qu'aux points d'attache, dans un grincement hideux qui attira autant l'attention des miliciens que des prisonniers, sortis de leur torpeur par le douloureux son.

Les gonds lâchèrent brutalement, laissant rouler au sol le garzok. Dans sa chute, il lâcha la porte de fer qui percuta un ynorien avant de retomber au sol avec fracas. Ses complices criminels se ruèrent alors sur leur gardien déstabilisé, l'un pour lui voler son arme, l'autre pour s'emparer des clés des cellules et le dernier, lui, préféra récupérer une torche pour se lancer à l'assaut du seul autre garde présent avec son camarade armé. Lorsqu'il se releva, un peu sonné, Kurgoth vit les bandits ouvrir les cellules une à une. Après avoir récupéré une torche lui aussi, l'un des brigands s'étant déjà emparé de l'arme du second garde, le barbare exposa rapidement son plan aux humains présents.

"On a pas beaucoup de temps. Filons récupérer quelques armes dans la salle d'en face pendant que certains surveillent les escaliers et fichons le camp. Laissez moi passer devant pour défoncer les portes et ensuite... Qu'Oaxaca veille sur chacun de nous."

Quand il ouvrit la porte, ses mots tout juste terminés, les prisonniers se trouvèrent face à deux soldats venus inspecter le bruit depuis la pièce voisine. Pendant une seconde, tous restèrent immobilisés de surprise, puis, lorsque les soldats tirèrent leurs armes hors de leurs fourreaux, les prisonniers bondirent sur eux comme un seul homme pour les neutraliser. Seul Kurgoth resta en arrière, encore incapable de se battre après avoir arraché la grille. Il s'élança cependant juste derrière le dernier de ses nouveaux compagnons et, avec ceux d'entre eux qui n'avaient pas récupéré d'armes sur les gardes, s'engouffra dans l'autre salle au pied des escaliers. Tandis que les humains se ruaient sur les râteliers d'armes, le garzok chercha du regard son équipement. Très vite, des voix se firent entendre en provenance des escaliers, immobilisant les humains qui se tournèrent vers la peau-verte.

"Par Rana, le monstre, tu fous quoi ?"

"Raah, j'arrive ! J'ai juste besoin de mon matériel, il est là quelque part."

Pressé par le temps, le barbare se mit à ouvrir tous les coffres et les placards autour de lui, imité par quelques humains. Il ne trouva rien, dans aucun des contenant qui l'entourait, jusqu'à se retourner vers les criminels. L'un deux était en train d'enfiler l'antre de Balmor, sans voir le regard meurtrier du chevalier. Lui arrachant des mains son bien le plus précieux, Kurgoth lui enfonça sa torche dans l'abdomen.

"Dégage de là ! C'est MES affaires !"

Sous le regard effaré des autres personnes présentes dans la pièce, l'humain roula au sol en se tenant le ventre alors que le garzok enfilait son armure et rassemblait le reste de ses affaires dans son sac à dos. Il ramassa enfin son arme et, ignorant les regards hostiles, s'approcha de la porte au sommet des escaliers. Après un dernier regard vers ceux qui devaient le suivre, Kurgoth ouvrit la porte de bois et se rua à l'intérieur de la partie du bâtiment occupé par la milice. À partir de ce moment, tout devint flou dans l'esprit du prêtre de Thimoros. Les cris de surprise et de rage, les bruits de métal s'entrechoquant, le barbare ne les entendait plus, pas plus qu'il ne voyait les gardes sur son chemin. Dans son esprit, un seul objectif demeurait : rejoindre la prochaine porte et la traverser d'une manière ou d'une autre. Chargeant en première ligne, il passa devant les rares miliciens éveillés sans leur laisser le temps de sortir leurs armes. La brute ne s'arrêta, à bout de souffle, qu'après avoir fracassé la porte principale, s'étant jeté contre elle l'épaule en avant.

Alors qu'il se demandait dans quelle direction il avait bien pu voir une grille menant aux égouts, Kurgoth fut bousculé par le flux de prisonniers arrivant derrière lui et, poussé par son instinct grégaire, suivit une partie du mouvement sur quelques centaines de mètres. Épuisé par sa charge dans le bâtiment, le garzok se fit peu à peu distancer par les ynoriens qui se faufilèrent dans les ruelles sombres comme des rats l'auraient fait dans leurs galeries tandis que dans son dos, les miliciens donnaient l'alarme et lançaient une chasse à l'homme en toute urgence. Ne pouvant se permettre de s'arrêter, le garzok courut jusqu'aux bords de l'asphyxie, implorant intérieurement sa reine, déesse des exclus, de lui venir en aide. Comme en réponse à ses prières, le ciel nuageux laissa apparaître la lune et son éclat blafard. Le guerrier se rendit compte qu'il se tenait sans s'en être aperçu sur une large grille luisante sous cette froide clarté. Entendant derrière lui des cris et des pas pressés sur les pavés, il rassembla ses dernières forces pour soulever la plaque de métal percée et se glisser dans les conduits sous-terrains. Une fois à l'intérieur, et après avoir refermé le passage au-dessus de lui, il se laissa tomber sur le sol couvert de détritus et, presque mort de fatigue, roula piteusement sur quelques mètres pour finalement s'endormir là où l'on ne pouvait plus le voir depuis la rue, exténué.
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