L'Auberge des Hommes Libres

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Yuimen
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L'Auberge des Hommes Libres

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:22

Auberge des hommes libres


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L'auberge des hommes libres porte ce nom depuis que les dirigeants du soulèvement qui mena à la création de la République d'Ynorie s'y réunirent la veille de la destitution du roi.

L'auberge est la plus grande de la ville et la plus populaire. La salle du bas est réservée à la taverne et vous pourrez vous y restaurer dans une bonne ambiance, les deux étages du haut sont pour les chambres.

Kanumi et sa femme Nokora tiennent cette auberge. C'est un couple humain jeune et travailleur.

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Anastasie Terreblanc
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Anastasie Terreblanc » lun. 14 janv. 2019 03:44

Le calme. C'était la première fois en plusieurs semaines, si ce n'était mois, qu'Anastasie était réellement au calme. Si Zekiel, le Vaahs'Umbra qui avait tenté de prendre possession de son corps, était toujours là, tapis dans son esprit, il n'avait plus aucune emprise sur elle. Ses maux de tête, tournis et autres idées noires avaient totalement disparus, depuis qu'ils avaient frôlé la mort à Aliaénon et qu'Anastasie avait eu accès à tout son esprit, glanant quelques informations capitales pour son projet de tuer Tal'Raban une bonne fois pour toutes. Et c'était maintenant son corps qui prenait un repos bien mérité, marinant dans une baignoire remplie d'eau chaude dans une chambre de l'Auberge des Hommes Libres. Et si Anastasie avait d'abord éprouvé quelques remords à abandonner Aliaénon, elle avait bien compris que sa place était sur Yuimen, où il restait tant à faire. L'armure du Chasseur d'Ombres qu'elle voulait récupérer là-bas n'était plus une priorité, même plus nécessaire en fait, elle n'aurait qu'à se faire une armure sur mesure. Après tout Isaac n'avait pas combattu avec les reliques d'un autre, elle n'avait pas à faire de même. Il lui fallait trouver son propre style et adapter son équipement à cela pour un rendu optimal tirant à profit les pleines capacités de la jeune femme. En attendant elle garderait Perçombre, mais la bague et le bouclier, trop lourd et peu maniable pour ses aptitudes portées sur la précision et l'esquive, resteraient dans son paquetage jusqu'à son retour à Kendra Kâr, où elle les remettrait au Temple de Gaïa.

Elle plongea la tête dans l'eau, s'immergeant complètement pour mieux apprécier le calme et la sensation de relaxation sur l'intégralité de sa peau l'espace d'un instant. Après quelques secondes, elle resurgit à la surface et prit une bouffée d'air frais, avant de quitter son bain pour attraper une serviette laissée sur une chaise près de là. Un coup de vent s'engouffra par le balcon, privilège des chambre du deuxième étage, plus chères. Prise d'un frisson, la jeune femme se hâta de se sécher complètement avant d'aller repousser le paravent. Le climat était très clément dans les environs, en particulier à cette période de l'année, le printemps faisant peu à peu son chemin, mais il faisait nuit noire dehors et une simple brise devenait d'un froid mordant sitôt que l'on était mouillé. Habituée à la ville de par ses nombreux voyages étant adolescente, elle savait que plus personne ne traînait dans les quartiers les plus sûrs comme celui de l'auberge passé une certaine heure, les Ynoriens étant un peuple très discipliné ; aussi fût-elle surprise d'apercevoir une silhouette faisant face à sa fenêtre, à une distance à la fois assez proche et éloignée pour rendre Anastasie suspicieuse. Elle se couvrit prestement de sa serviette mais ne bougea pas, observant la personne qui semblait lui rendre son regard, tapi dans l'ombre. A l'intérieur de son crâne, elle sentit Zekiel remuer quelque peu, comme curieux. Il était mal en point et prisonnier de la jeune femme, aussi son intérêt était-il particulièrement intriguant. Elle ne se risqua cependant pas à essayer de lui soutirer des informations par la force, cette tâche étant éreintante pour elle.

De son point de vue, la silhouette n'était qu'une vague forme au visage caché par les ombres et à l'accoutrement se fondant dans l'obscurité environnante, mais elle était entourée des différentes lumières disséminées dans la pièce et son identité ne faisait aucun doute. Compte tenu de la surveillance exercée par l'armée et la milice dans la capitale Ynorienne, il y avait tout de même peu de chance que ce ne soit qu'un pervers épiant les clientes de l'auberge. Anastasie hésitait à aller à sa rencontre, mais elle se doutait que le temps qu'elle enfile des vêtements et descende les marches il aurait disparu depuis bien longtemps. Après tout s'il avait voulu lui parler, il serait venu la rejoindre directement.

Elle fronça les sourcils, les lèvres pincées, irritée par la situation. A peine retrouvait-elle un peu de calme que ce qui ressemblait fort à une nouvelle menace se présentait à elle. Refusant de laisser la silhouette s'en tirer à si bon compte cependant, elle leva sa main gauche, visant dans sa direction. Son opposant réagit rapidement mais avec un cran de retard tout de même, commençant à se retourner pour déguerpir alors que le sort se lançait. Un flash de lumière jaillit de la main de la jeune noble, éclairant tout le parc devant l'auberge comme en plein jour l'espace d'une poignée de secondes. Elle n'aperçut de l'homme que son profil avant qu'il ne disparaisse, mais le grava dans sa mémoire instantanément. Aussi rapidement qu'il s'était éveillé, Zekiel sembla repartir dans son sommeil réparateur, ne donnant presque plus de signe de sa présence dans son esprit à la jeune femme.

Après quelques secondes à continuer d'observer la cour à la recherche du moindre mouvement ou indice, Anastasie se détourna, fermant effectivement le paravent cette fois, pour aller éteindre les différentes sources de lumière de son immense chambre. Elle avait pris la plus chère disponible, au second étage, désireuse de passer une bonne nuit avant de repartir sur la route. Après tout le printemps arrivait et la route entre Oranan et Kendra Kâr était plaisante et sûre ; elle pourrait prendre le temps de régler ses affaires avec Zekiel avant de rentrer chez elle, où elle se débarrasserait certainement de lui pour de bon, s'il ne pouvait plus lui être d'aucune utilité. Puis elle pourrait s'atteler à sa prochaine tâche : organiser une expédition en Nosvéris.

Le projet était fou, surtout venant d'une jeune noble aux faits d'armes presque inconnus, et prendrait énormément de temps à voir le jour, mais il était nécessaire qu'elle ne le perde pas de vue. C'est là-bas qu'elle rencontrerait Ratziel, plus fidèle lieutenant de Tal'Raban, et pourrait lui soutirer les informations dont elle avait besoin pour se débarrasser de son maître définitivement. Mais cela demandait une logistique qu'elle ne pourrait demander qu'au Roi, qu'elle n'avait personnellement qu'entraperçu à quelques rares occasions et qui ne connaissait certainement que son nom – et son vin. De plus, elle n'aurait aucune chance de vaincre le premier des Vaahs'Umbra tant qu'elle n'aurait pas trouvé sa voie martiale de manière plus approfondie. Si elle avait énormément progressé, son style de combat n'était qu'une réappropriation des apprentissages de Fitzekiel et de ce qu'elle avait pu apprendre par son expérience. Elle devrait également rendre sa magie, incontestablement puissante, plus versatile. Et enfin se façonner des équipements sur mesure, taillés pour ses capacités et aptitudes, afin d'optimiser ses mouvements rapides et précis. Tout cela en gagnant suffisamment de légitimité pour proposer une stratégie militaire au Roi.

Eteignant la dernière lampe, la jeune femme se dirigea vers son gigantesque lit au confort rare, s'enroulant nue dans ses couvertures, complètement détendue malgré les événements de la soirée. Il y avait bien longtemps que personne n'arrivait plus à la surprendre dans son sommeil et s'il avait voulu l'attaquer il l'aurait de toutes façons fait durant son bain, alors qu'elle était loin de tout équipement. C'est ainsi qu'elle sombra dans un sommeil de plomb, l'esprit clair pour la première fois depuis plusieurs années... Ou peut-être pour la première fois.

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Merci à Itsvara pour la signature.

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Vadokan Og'Elend
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vadokan Og'Elend » lun. 28 janv. 2019 17:50

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« Le plus bel hiver du monde ne peut donner que le froid qu'il a ! »


Les prédictions de l’Oracle s’avérèrent rapidement être une fausse piste. Je tentai vainement pendant plusieurs journées de leur accorder crédit, tentant de recouvrer une mémoire ancestrale par des rêves, me mettant dans les meilleures conditions pour ce faire, mais rien ne vint jamais. J’appris, ce jour, que le monde onirique n’était pas contrôlable, pas maîtrisable. En sus, je n’eus plus aucune nouvelle de la part des deux humains avec qui j’avais passé un accord. Pour retrouver la trace de cette vision du passé. Les humains étaient de nature changeante. J’en étais conscient, aussi ne leur en voulus-je pas. Sans doute avaient-ils été trop pressés, trop pris par le temps de leur courte vie. Je restai donc plusieurs semaines supplémentaires à l’Auberge des Hommes Libres, plusieurs mois peut-être, devenant presque un meuble de l’établissement, un vrai habitué, quasiment sédentaire maintenant. Petit à petit, j’arrivai à sortir de plus en plus des murs de la bâtisse, me fondant dans le quotidien des habitants d’Oranan, attirant les regards curieux, haineux parfois, mais jamais ne déclenchant de souci. Puis, les regards s’étaient habitués. Des gens du quartier, en tout cas. Même les gardes avaient fini par me connaître, et répondaient à mes saluts polis. Mon visage, pourtant si remarquable ici, était désormais accepté par la plupart.

Je prenais de plus en plus mes aises, à l’auberge, ne dînant plus dans ma chambrée comme le stipulait normalement notre accord initial avec les tenanciers, Kanumi et Nokora. Passant énormément de temps dans la salle principale servant de taverne, il m’arrivait de discuter avec certains clients, ou même de leur donner occasionnellement un coup de main.

Un jour, d’ailleurs, je dus intervenir dans une situation qui aurait pu virer à l’aigre, pour Nokora. Alors qu’elle amenait une soupe à un client humain, aux traits kendrans, à l’allure guerrière d’une sentinelle descendue des Duchés. Celui-ci, visiblement affamé après un long voyage, se précipita sur celle-ci pour l’avaler… Sans faire attention à sa température, bien trop chaude pour être consommée directement. Elle sortait à peine de la marmite de Nokora, encore sur le feu. L’homme attira mon attention lorsqu’il recracha le breuvage, éructant, un comportement fort peu convenable dans un tel établissement. Mais je n’étais pas là pour me faire remarquer, alors restai-je dans mon coin pour observer la scène. Coin dont je sortis bien vite, cependant, lorsque l’homme, au lieu de patienter pour poursuivre son repas, se leva pour aller à la rencontre de la patronne, d’une démarche assurée et peu affable. Il commença à lui crier dessus, pendant qu’elle se confondait en excuses. Mais celles-ci ne semblaient pas lui suffire. Il devint vite imposant au-delà de toute mesure, presque au point d’en devenir violent. Agressif en tout cas, très certainement, dans ma manière de lui parler.

Je m’approchai de la scène et, sans m’interposer physiquement dedans, chose qui n’aurait fait qu’envenimer la situation, je lançai au voyageur :

« Permettez, monsieur, que je vous aide. »

Il se tourna vers moi et grimaça en voyant mon apparence incongrue et sans doute inattendue dans cet endroit pourtant exempt de ces faciès des ombres, tel qu’on pourrait qualifier mes traits. Ses sourcils se froncèrent et il éructa de plus belle :

« T’es quoi toi exactement ? Puis de quoi tu t’mêles ? »

Sans lui répondre ouvertement, et sous son regard inquisiteur, j’approchai de son bol bouillant et en approchai les mains. Une aura givrée couvrit mes doigts, et je la transmis au bol, l’espace de quelques secondes. Il beugla, s’approchant avec virulence :

« Hey ! J’peux savoir ce que tu fous ? »

Je ne me laissai pas démonter, et pointai simplement son bol en répondant posément.

« Ce bol est désormais à une température idéale de consommation, grâce au don de la puissante Yuïa. Si vous le souhaitez, je peux aussi réduire la douleur de votre brûlure… »

Il arqua les sourcils, avisa son bol et, y trempant un doigt, me regarda.

« Grmbl… non. Non, vous en avez assez fait. Gardez vos mains chez vous. »

Et sans plus demander son reste, il se rassit. Je me tournai vers Nokora, lui faisant signe de la tête de poursuivre son travail, auquel elle répondit par un clignement d’yeux reconnaissant. Je retournai à mon tour m’asseoir, sans plus demander mon reste, laissant le guerrier à sa dégustation, et ne réagissant pas même à un commentaire sous cape peu dissimulé qu’il lança dans mon dos…

« Foutus mages… »

Mais avant que j’aie pu regagner ma place, une main délicape attrapa mon bras et attira mon attention. Il s’agissait d’une autre cliente, que je n’avais pas remarquée jusqu’ici. Son intervention devait signifier qu’elle avait assisté à toute la scène. Elle était elfe, d’une lignée hinïonne, à n’en pas douter. Plutôt jeune, si j’en croyais ses traits purs et son regard clair, presque innocent et enfantin. Elle s’adressa à moi d’une voix tintant comme le cristal, et dotée d’une grande douceur :

« Êtes-vous un mage de glace, ser ? »

Je la dévisageai un instant, un peu gêné de m’être fait remarquer, et espérant que ça n’ait pas de néfaste influence sur le commerce de mes logeurs. Prudemment, je précisai :

« Je ne m’adonne à cet art que depuis peu… »

Mais je n’eus guère le temps de disserter davantage. Sans lâcher la manche de mon habit, elle m’entraîna à l’extérieur. Soucieux de ne pas commettre d’impair dans l’auberge, je me laissai faire, inquiet tout de même de ce qu’elle allait bien pouvoir me dire, me reprocher. Y avait-il une police des mœurs interdisant la pratique de la magie de glace dans les auberges ? Si c’était le cas, je l’ignorais. Mais je réfrénai ma curiosité en me laissant emmener, prudent toutefois. La réponse ne tarderait pas.

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Oljyn
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Oljyn » mar. 29 janv. 2019 13:06

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Heureusement pour moi, l’heure de la fin de journée de travail n’a pas encore sonné. L’auberge est donc encore relativement vide. J’utilise le terme relativement car cinq tables sont tout de même bien occupées. Le comptoir aussi est assailli d’hommes en quête de boissons. Pour autant, la gérante ne semble pas débordée. Il doit y avoir au bas mot une dizaine de clients et il pourrait y en avoir le triple dans quelques heures. J’arpente du regard la salle à la recherche d’un grand type portant une houppette et une moustache. Je vois des Ynoriens à la barbe bien taillées et aux cheveux longs. Un groupe de Kendran, tranquillement installé à une table. Quelques elfes blancs et gris. Deux nains qui fument leurs pipes dans un coin de la salle. Enfin, accoudé au bar, j’aperçois un gaillard pouvant coller à la description. Je m’approche, prenant soin que ma canne à pêche attaché à mon dos ne touche rien ni personne. Je tapote l’épaule du type en question et quand il se retourne et se redresse je ne peux retenir un haussement de sourcil de surprise. Voilà bien longtemps que je n’avais pas en face de moi quelqu’un de ma taille. Grand, peut-être de dix ou quinze ans mon aîné, bien bâti par des années à taper sur une enclume avec son marteau qu’il a d’ailleurs amené avec lui. C’est plus une masse qu’un marteau en vérité mais il porte également un marteau plus petit, une hache et un burin à sa ceinture. Ses yeux bridés me laisse croire qu’il est Ynorien mais c’est bien la seule particularité d’Ynorie qu’il possède. Sa peau est pâle, ses cheveux et sa moustache épaisse sont bruns et pas aussi lisse que le sont les miens. Un gros pif, de grosses oreilles. Je remarque l’anneau en argent qui se balance autour de son cou. Aucun doute, c’est l’homme que je recherche.

" Quoi ?! " finit-il par s’impatienter.

" Kazuto Doru ? Je suis Oljyn Shazano. Je suis votre escorte. "

Le gaillard commet deux erreurs. La première est de me jauger de haut en bas avec un regard dédaigneux. La seconde est de se retourner en lâchant un "Tsah !" condescendant pour s’intéresser au verre sur le comptoir. C’est la deuxième fois qu’on me sous-estime et la colère commence à monter. Après un claquement de langue, je rétorque par un simple mais efficace.

" Vous êtes sourd ou juste con ? "

La question fait mouche car le forgeron se redresse lentement avant de se retourner. Le silence tombe sur la taverne. La serveuse du bar cesse d’essuyer son gobelet qui goûte sur le sol. Les regards sont tournés vers nous. Deux géants dans une pièce aux objets fragiles. Se dardant d’un regard courroucé. Le gérant apparaît et devant la scène s’approche doucement comme si nous étions deux bêtes sauvages prêtes à bondir. Il bafouille quelques mots.

" Si… Si vous voulez vous battre. C’est dehors. Ou j’appelle la garde. "

Une table se lève d’ailleurs de la même manière. Probablement des gardes en pause, prêt à s’assurer que l’ordre règne encore dans cette taverne. L’efficacité Ynorienne. Le forgeron ouvre la bouche pour articuler ses mots d’une manière distincte.

" Bouge de là. Va dire au conseiller de me trouver une escorte qui a l'âge de partir en voyage sans ses parents. "

Je tends mon bras, percutant son torse dur. Il se cogne contre le comptoir avant de me lancer un regard noir.

" S’il… s’il vous plait…" Implore la serveuse de l’auberge.

Les gardes se saisissent de leur sabre et nous ordonnent de nous arrêter là.

" Toi et moi. A la sortie de la ville. Je te botte le cul et je t’emmène gagner le concours. "

" J’vais te plier en quatre et te mettre dans ta poche. "

Je renifle avec dédain et me retourne pour quitter l’auberge. Si il faut faire ses preuves pour qu’il accepte mon aide alors j’allais le faire. Une bagarre de la sorte à Oranan est extrêmement mal vu mais peu importe. Je ne pouvais pas laisser une telle insulte sans réponse. Du coin de l’œil, je l’aperçois vider son verre cul sec avant de ramasser ses affaires pour me suivre. Un demi-sourire se forme sur mon visage, à priori, ce n’est pas une grande gueule.

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Vohl Del'Yant
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vohl Del'Yant » jeu. 31 janv. 2019 01:37

La discussion se déroule tel un fil de soie, délicat et sans accroc, à mesure qu'ils avancent vers l'Auberge des Hommes Libres. La jeune femme lui dit de ne pas s'inquiéter, mais avoue qu'elle craignait en effet les conséquences des derniers événements. Leurs échanges avançant, le jeune homme voit se craqueler, puis se fissurer le bouclier d'acier qui permet sans doute à Hatsu de garder le contrôle de ses émotions. Un bouclier nécessaire lors des fastes dîners et des réceptions mondaines, mais inutile lorsque son interlocuteur lui parle à cœur ouvert, exprime sa passion de la justice et de l'honneur, et la complimente sans les simagrées de la haute bourgeoisie. Elle rosit en acceptant le dernier compliment, lui retournant la pareille et assurant qu'elle éviterai de le fâcher, un sourire accroché aux lèvres.

Vohl accepte le compliment en lui rendant un sourire aux éclats de malice :

"Me mettre en colère? Haha, vous ne pouvez pas en être plus loin. Gardez le sourire, profitez de votre vie comme vous et vous seule l'entendez. C'est déjà tout un programme en soi !"

La discussion se poursuit et la jeune femme lui dit le plus grand bien de l'auberge dont ils approchent. Elle en vante la convivialité et l'accueil agréable des tenanciers, les plats exquis et travaillés formant un contraste avec la décoration épurée. L'entrain de la jeune archère amuse Vohl, si bien qu'il se garde de lui dire qu'il connait l'endroit de réputation. Il s'agit effectivement d'un établissement de grande qualité, renommé à Oranan.

Ils sont accueillis par l'aubergiste en personne, qui s'adresse directement à Hatsu. Vohl s'efface d'autant plus volontiers que sa comparse semble le connaître. Kanumi le note tout de même, et laisse entendre que voir Hatsu accompagnée est assez rare pour être soulevé. Le jeune assassin s'en sent honoré et flatté. Il l'invite ensuite à rejoindre sa table. La tête surprise du jeune Del'Yant doit parler d'elle-même.

(Sa table? A l'auberge la plus réputée d'Oranan? Hé bien !)

Si la jeune femme a voulu impressionner son compagnon de combat, c'est chose faite. Il se morigène intérieurement et se recentre sur la situation. Hatsu commande un plat du jour accompagné d'une bouteille de saké avant d'offrir le choix à Vohl de prendre ce qu'il souhaite sur la carte fournie de l'établissement. Vohl fait rapidement son choix : l'alcool d'amande, moins brute que celui de riz, lui convient mieux. Il a largement entendu parler de la spécialité de la maison pour se laisser tenter par le plat du jour. Avant que Kanumi ne commence à s'éloigner, il ajoute en désignant la blessure qu'il a au visage et au flanc :

"Mademoiselle m'a en vérité retrouvé dans un piteux état : malgré des premiers soins, j'aurais encore l'usage de deux ou trois linges chauds. Pourriez-vous...?"
"Je m'en occupe, monsieur."
"Je vous remercie."

Une fois installés dans un angle de la pièce, l'archère se justifie. Elle a sans doute du comprendre la surprise de Vohl. Lorsque la femme de l'aubergiste, Nokora, vient déposer sur leur table les boissons commandées, la jeune femme marque une pause. L'assassin constate que les boissons sont accompagnées de trois serviettes moelleuses et fumantes, desquelles se dégagent un agréable parfum de simples d'aromates. Avant qu'elle ne puisse reprendre, Vohl lui propose l'une des serviettes :

"Je n'ai que deux plaies légères à panser."

Cet interlude passé, la jeune femme se penche vers lui, abordant un sujet dont ils n'ont pas encore eu le loisir de parler : l'Erementarîfôji. Participe-t-il lui aussi à cet événement? Elle sirote le saké, frissonnant au goût amer de la boisson, malgré la chaleur agréable qui règne dans la pièce. Vohl prend le temps de parcourir le décors d'un regard avant de répondre. L'atmosphère est détendue et les sièges, bien que simples, sont confortables et invitent à conter toutes sortes d'histoires. L'ambiance est propice au partage et au bien-être. Il répond ensuite à la question de Hatsu.

"J'ai vu votre nom à côté de celui du forgeron d'olath. Je dois dire que le personnage est un peu trop imbu de sa personne pour que je l'apprécie pleinement. Lors des précédentes années, il faut néanmoins admettre qu'il a fait preuve d'un talent indéniable. Savez-vous déjà comment vous allez vous y prendre pour gérer cet homme ?"

Il continue après la réponse de l'archère ;

"Je pense qu'il vous sera important de savoir quand accorder du crédit à ses dires, pour avoir un peu cotoyé cet homme. Il est vaniteux, mais il connaît réellement son travail et ce qui s'y rapporte." Il ajoute, dans un rire qui le fait grimacer en sentant ses côtes tirer sur l'entaille. "Le protéger du danger sera surement moins pénible que d'avoir à le supporter !"

Ils rigolent un peu à ce sujet, alors qu'elle lui narre la situation cocasse dans laquelle elle a dû arracher l'insupportable bonhomme à la maison des plaisirs d'Oranan. La Maison Rouge. Un voile triste se pose sur les pensées du jeune homme. C'est le seul endroit où il a tué une innocente. Il n'avait certes aucune raison de penser que ce pouvait être autre chose qu'un ennemi, à ce moment, mais il porte encore en lui la peine de cet acte. Il écarte le sentiment de son esprit rapidement afin de ne pas gâcher le moment agréable qu'ils partagent. L'arrivée de Nokora armée du plat du jour lui offre une diversion parfaite.

"En ce qui me concerne, j'ai souhaité m'occuper de protéger Hïo Himatori : il lui a été confié la difficile tâche de réaliser une oeuvre de faerunne, le métal de Rana. Je n'ai à mon grand regret aucune connaissance dans le domaine des métaux élémentaires : je compte énormément sur le savoir de Hïo pour nous amener sur le bon chemin. Toutefois, mon rôle est plus de m'assurer qu'il ne lui arrive rien, plus que de lui faire gagner ce concours ; j'ai la sensation que lui et sa famille seront cruciaux dans le conflit avec la déesse maudite."

Il lève un index vengeur, tel une baguette impérieuse, entrant dans le pantomime d'un quelconque dictateur, avant de prendre un fort accent kendran.

"CEPENDANT ! S'il y a moyen de lui permettre de gagner sans qu'il n'y laisse des plumes, je ne vous laisserai pas la main par galanterie !"

Ils rient de concert à ce mime ridiculement outrageant envers la couronne du régime allié et pourtant rival de la République d''Ynorie. Vohl cesse de rire observant une tache humide s'agrandir rapidement sur ses habits. On dirait bien qu'il s'est mépris sur la gravité de sa blessure. Le froid a dû l’anesthésier suffisamment lorsque le mercenaire la lui a infligée. Sentant une vague de douleur arriver, il suppose qu'il est grand temps d'utiliser les compresses qui leur ont été apportées. Sans faire plus de manière, il écarte les vêtements de sa plaie en grimaçant. Il ne s'expose pas plus que nécessaire, l'objectif n'est que d'avoir accès à la blessure. Pressant sa compresse sur la plaie, il se redresse alors que cette dernière tend vers l'écarlate un peu trop vite à son goût.

"Je pense que je vais devoir m'allonger quelques instants."

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Hatsu Ôkami
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 31 janv. 2019 13:17

Hatsu se sentait détendue tandis qu’elle parlait avec Kage. C’était un homme d’agréable compagnie possédant une certaine ironie qui amusait la jeune ynorienne. Elle prit le linge qu’il lui proposa mais sa blessure n’était guère plu qu’une estafilade, elle contenta de poser le linge dessus, s’en servant d’avantage pour nettoyer le tout que pour absorber un sang qui ne coulait déjà lus. Kage lui avoua effectivement être en lice pour l’Erementarīfōji et lui appris qu’il connaissait celui qu’elle avait juré de protéger, Fuji Onoda. Il fut d’ailleurs de bons conseils et lui demanda comment elle comptait gérer un énergumène aussi imbue de lui-même

- Oh je pense qu’il a déjà compris que me sous-estimer était une mauvaise idée. Et j’ai compris que c’était un pleutre, le laisser seul pour l’effrayer devrait lui faire les pieds. Je vais vous raconter comment je l’ai persuadé de me suivre, c’est assez cocasse.

Et effectivement, ils rirent ensemble à l’évocation de ce qu’il s’était passé dans la Maison Rouge. Hatsu perçut néanmoins un léger voile de tristesse tomber sur les yeux de son interlocuteur, comme si celui-ci ressassait des souvenirs douloureux liés à cet endroit. Elle n’insista pas lorsqu’il changea de sujet, ne voulant pas gâcher l’atmosphère détendue et agréable du moment. Il lui parla du forgeron qu’il allait protéger et visiblement, il le tenait en grand estime. Imitant un accent kendran caricatural, il assura qu’il ne la laisserait pas gagner par galanterie, faisant ricaner Hatsu.

- Voyons, je n’ai pas besoin de votre aide pour l’emporter. J’espère simplement que vous n’utiliserez pas l’argument de la galanterie pour justifier votre cuisante et inévitable défaite.

Cela les fit rire tous les deux de nouveau. Rire interrompu lorsque Kage se redressa en grimaçant. Hatsu aperçut ses habit imbibés de sang et écarquilla les yeux. Il lui avait pourtant dit que tout cela était bénin ! Il lui dit qu’il allait devoir s’allonger, mais Hatsu prit les devants.

- Ne bougez, je vais vous prendre une chambre ! Par Rana vous auriez dû me le dire plus tôt.

Un peu paniquée, elle expliqua rapidement la situation à Kanumi qui lui donna la clé d’une chambre avec un grand lit. Elle rejoignit Kage et l’aida à atteindre la chambre tant bien que mal avant de l’asseoir sur le lit pour lui enlever ses vêtements. Même s’il souhaitait refuser, elle ne lui en laissa pas la possibilité.

- Il n’est pas question que vous mourriez à cause de moi, alors vous allez m’écouter et faire ce que je vous dis ! Enlevez-moi ça, tout de suite ! Et allongez-vous !

Une fois fait, elle descendit en vitesse pour ramener un seau d’eau froide, des linges et des bandages. Elle avait une fois été au chevet de son père blessé après une partie de chasse, elle avait quelques notions qui pouvait l’aider, mais elle n’était pas une guérisseuse, elle espérait ne pas faire d’idioties. Elle posa un linge froid sur le front du jeune homme et apposa un autre sur la plaie avant de bander le tout. Ce n’était pas un travail de professionnel mais elle n’avait guère mieux à proposer.

- J’imagine que vous ne souhaitez pas que j’appelle un vrai guérisseur, puisqu’il semble que vous préfériez rester discret. Reposez-vous, je vais m’occuper de tout.

Elle passa ainsi la nuit entière à veiller sur le blessé, changeant les linges et les bandages au fur et à mesure. Lorsqu’enfin il fut endormi et que la blessure sembla aller mieux, elle s’accorda une pause pour détailler un peu l’homme qu’elle avait devant elle. Son torse montrait un entrainement rigoureux mais il était strié de diverses cicatrices et Hatsu imagina sans mal qu’il n’était pas du genre à fuir le danger. Elle passa un doigt sur l’une d’entre elle et frissonna. Cet homme avait dû connaître de nombreux combats, elle espérait que celui qu’il avait mené pour la sauver ne serait pas son dernier.

Après plusieurs heures à veiller sur Kage, elle se sentit fatiguée. Elle avait passé presque toute la nuit à s’occuper de lui, n’avait pas mangé et ne faisait que s’inquiéter de sa santé. En regardant le visage endormi du blessé, elle se dit qu’elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Elle descendit rapidement pour trouver une assiette laissé par Kanumi avec de quoi grignoter. Elle avala le tout, remonta de quoi boire et se posa sur sa chaise, finissant par dodeliner de la tête après quelques minutes. Elle essaya de garder les yeux ouverts mais finit par basculer en avant, manquant de s’effondrer sur le sol. Comprenant qu’elle finirait de toute façon par s’endormir, elle abandonna. Et là, elle eut un dilemme. Elle ne voulait pas le laisser seul, parce qu’il risquait d’avoir besoin de son aide, mais elle ne pouvait décemment pas dormir avec un homme. Que dirait ses parents… Dilemme rapidement réglé dans sa tête. Elle avait besoin de repos, de veiller sur le malade et comme il était hors de question de dormir par terre alors qu’il y avait largement de la place pour deux dans le lit, elle s’y installa après avoir enlevé ses bottes. Une fois allongée et sous les draps, elle se rendit compte de l’absurde de la situation et se plaça dos au blessé, essayant d’oublier sa présence pour s’endormir.

(Ma pauvre fille, tu es vraiment ridicule.)

Elle finit par s’endormir ainsi, le dos collé à celui qui lui avait sauvé la vie, espérant que cela n’avait pas lui coûté la sienne.
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Vohl Del'Yant
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vohl Del'Yant » jeu. 31 janv. 2019 16:04

Alors qu’il se redresse, Hatsu lui intime de rester là où il est, et obtient rapidement de la tenancière qu’elle lui fournisse la clef d’une de leurs chambres. La jeune chasseuse l’aide à monter à l’étage afin de lui permettre de s’allonger sur le lit spacieux.

Vohl se concentre sur la gestion de la douleur qui traverse son abdomen, si bien qu’il ne profite guère du décor idyllique de la pièce. L’énergique jeune femme ne lui en laisse guère le temps non plus, puisqu’elle prend les devants en lui ôtant avec douceur mais efficacité ses vêtements. Vohl s’étend sur les draps frais et délicats. S’allonger sur le lit tire les tissus, ce qui ne lui fait guère de bien dans un premier temps, mais permet tout de même de garder le sang dans la plaie.

La jeune femme s’affaire dans la pièce autour de lui : elle éponge le sang et place des compresses fraiches sur la plaie. Malgré la douleur qui le tenaille, le jeune assassin sent les fortes odeurs de cèdre et de souci émaner des linges. Ces plantes que l’on retrouve sur les parterres de fleuris d’Oranan, à côté desquelles des milliers de passants cheminent chaque jour, ont des propriétés cicatrisantes ignorées du plus grand nombre. Dans le Traité militaire de Fondation et d’Aménagement Oranien, l’un des stratèges de l’époque y avait vu en fait une opportunité de rendre l’accès à ces plantes médicinales facile. L’efficacité des services de soin de l’armée en avait été ainsi grandement augmentée : en cas de siège, Oranan pourrait tout de même soigner ses blessés pendant un bon moment avant de tomber à court.

L’arbre, pouvant atteindre des hauteurs importantes, s’était un temps imposé comme l’un des symboles héraldiques de la ville et de la milice. L’ancien soldat avait dévoré les livres de cet auteur lorsqu’il s’était formé à la stratégie militaire. Il se fit la remarque qu’il était cocasse qu’ils lui reviennent en mémoire maintenant, mais il faut dire que le va-et-vient doux de la jeune archère inquiète berce son esprit dans une mer de coton.

(On dirait que ce n’est pas la première fois qu’elle soigne quelqu’un.)

Confiant, peut-être à tort, le jeune homme se laisse bercer et bientôt, il s’endort alors que la jeune femme change une nouvelle fois les pansements imbibés de l’infusion cicatrisante et lui pose un linge frais sur le front. Il l’entend vaguement lui parler et dodeline vaguement de la tête. La main douce de l’archère passe sur son torse en une caresse timide, sans doute plus poussée par la curiosité que par la véritable recherche d’un contact physique. Il sombre dans les bras grand ouverts du sommeil.

Il est réveillé au milieu de la nuit, lorsque la jeune femme vient se coller à lui. Le blessé la sent hésiter avant de finalement venir se placer dos à lui, au bout d’un moment, sa respiration se fait régulière et s’apaise. Vohl teste sa plaie. Il soupçonne la présence d’autre chose qu’une simple décoction dans les bandages qui lui ont été passés dans son sommeil, car la plaie est presque cicatrisée. En évitant de tirer sur la peau nouvelle, il se tourne et prend la jeune femme délicatement dans ses bras. Elle frissonne dans son sommeil. Le jeune homme espère ne pas l’avoir réveillée, mais la présence de l’archère à ses côtés lui procure un sentiment de bien-être qu’il n’a pas connu depuis longtemps. Vohl se rendort bientôt, synchronisant son souffle sur celui de la jeune femme.

Il se réveille alors que l’aurore se lève à peine. Il se sent relativement frais, compte tenu de ce qu’il a enduré hier soir. Il se lève le plus discrètement possible, désenlaçant la jeune femme. Apparemment, une partie de son anatomie aurait aimé qu’il se rallonge, mais il a déjà trop tardé à rejoindre le forgeron qu’il est chargé de protéger. Il répugne néanmoins à abandonner celle qui a veillé sur lui sans la saluer. Il s’occupe tout d’abord de s’équiper, avec le calme et la discrétion dont il a appris à faire preuve. Il saisit alors l’un des bandages les moins tâchés, le fend pour en faire un carré qu’il plie rapidement.

Une forme basique, un pliage finalement peu élaboré mais qui a le mérite d’être facile à faire. Il la regarde avant de s'éclipser : dans le repos, son visage à la fraicheur innocente est sublime. La belle dort à points fermés, bercée par des rêves qu'il espère doux. Il retient une envie subite de lui caresser la joue. A la place, il dépose avec tendresse la fleur de lotus au pied de la porte, avant de s’en aller. La tâche de sang, au milieu du pliage, décore d’un rouge sombre le cœur de la fleur. Il espère que la jeune femme notera le détail, et s’en va en passant devant les propriétaires des lieux, déjà affairés devant les fourneaux. Il les salue et les remercie chaleureusement.

« Lorsqu’elle se réveillera, pourrez vous lui transmettre mes salutation et lui souhaiter bonne chance ? Nous nous reverrons à l’exposition des œuvres de nos forgerons, si Rana le veut ! »

Le charmant couple opine du chef dans un bel ensemble quoi que la mine légèrement perplexe, inquiète et interrogatrice tout à la fois. Vohl fait confiance à Hatsu pour les rassurer et se dépêche de se mettre en route vers l’armurerie de Takoido Himatori. Il n'a déjà que trop tardé.
Modifié en dernier par Vohl Del'Yant le ven. 1 févr. 2019 01:15, modifié 2 fois.

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Hatsu Ôkami
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 31 janv. 2019 18:59

Hatsu fut réveillée par la douce lumière matinale qui traversa ses paupières. Elle papillonna un peu avant de se redresser lentement, tâtant le lit derrière elle mais ne rencontrant que le vide. Kage avait disparu, ses affaires aussi et la jeune femme imagina que, guéri, il avait dû s’éclipser pendant qu’elle dormait. Elle se souvint nettement du fait qu’il l’avait enlacé durant la nuit et elle se sentit soudainement rougir en repensant au fait qu’elle se soit blottie dans les bras du jeune homme alors qu’elle était à moitié endormie et la sensation d’apaisement qu’elle avait alors ressentie. Elle ne regrettait pas vraiment… en fait elle regrettait surtout qu’il ne soit pas resté plus longtemps et soit parti sans lui dire au revoir. Un peu déçue malgré le soulagement de savoir qu’il était vivant, elle sortit du lit, enfila ses bottes et alla pour sortir. Son regard fut alors attiré par quelque chose au sol. Elle ramassa ainsi un pliage fait avec les bandages, en forme de fleur de lotus. Le sang séché donnait au tout une apparence étrange mais Hatsu sourit tout de même. Il lui avait laissé un message finalement.

Elle rangea précieusement le pliage dans son sac et descendit dans la salle principale de l’auberge où elle fut accueillie par un grand sourire de la part des deux aubergistes. Elle leur commanda un repas et lorsque Kanumi vint lui apporter, il s’assit et lui parla de Kage.

- Votre ami me charge de vous transmettre ses salutations et de vous souhaiter bonne chance. Il a parlé d’une exposition, cela vous dit quelque chose ?

Hatsu lâche un léger sourire et hoche la tête pour montrer qu’elle a bien compris. Mais Kanumi n’en a apparemment pas fini avec elle.

- Vous avez donc passé la nuit ensemble…

- Kanumi, je vous arrête tout de suite. Premièrement, avec qui je passe mes nuits ne vous regarde pas, deuxièmement il n’est rien arrivé et troisièmement… je n’arrive pas à croire que vous puissiez penser cela et…

- Je voulais juste m’assurer que vous alliez bien, c’est tout.

- Je vais bien, n’ayez crainte. Je vous remercie. Tout cela reste entre nous, bien évidemment.

Il se fendit d’un large sourire et retourna à ses occupations. Hatsu engloutit rapidement son repas, affamée après n’avoir pas vraiment pu manger la veille au soir. Elle paya donc la totalité des dépenses puis sortit de l’auberge après avoir salué le couple d’aubergiste. Marchant sur les pavés rendus légèrement glissants à cause de la fine pluie qui s’était mise à tomber, elle repensa à la soirée d’hier soir et sourit. Enfin un homme qu’elle respectait et qu’elle appréciait en dehors de sa famille. Peut-être que tout n’était pas perdu pour elle finalement.

(Chasse !)

(Oui, il est temps !)

Le cœur léger et l’esprit affûté, Hatsu s’élança donc vers la sortie de la ville qui la mènerait dans la forêt proche de la ville. Elle devait s’améliorer pour réussir à briser les chaînes que ses parents s’évertuaient à lui accrocher et elle devait être prête avant de partir avec Onoda. Quoi de mieux qu’un petit entraînement pour lier les deux ?
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Alfryda Bröhm
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Alfryda Bröhm » mer. 6 févr. 2019 02:52

Je pousse une nouvelle porte, cette fois celle de l'auberge dans laquelle s'est rendu Bragarr Frappedur. Après un rapide échange, je suis parvenue à convaincre Ghunt de me laisser m'entretenir seule avec lui, déterminée à mettre les choses au clair. L'odeur des cuisines me parvient jusqu'aux narines et me fait saliver d'avance, mon dernier repas remontant à plusieurs heures, simplement composé de vivres séchées. L'heure n'est pas encore au déjeuner, mais l'endroit est déjà bondé d'une clientèle représentative de toutes les classes sociales, sous l’œil attentif de deux serveuses qui répondent à chaque main levée. L'une d'entre elles s'approche d'ailleurs de moi dans le but de me guider à travers cette masse de Grands-Gens.

"Je cherche un Thorkin, crâne dégarni, barbe brune nouée et certainement en train de finir sa troisième pinte."

Sachant parfaitement de qui je parle, elle m'envoie en direction d'un coin de la pièce, là ou Bragarr est assis avec un humain qui ne semble pas du coin. Les deux compères s'adressent à peine la parole et c'est en m'approchant que je remarque qu'ils sont occupés à jouer aux dés, activité classique dans une auberge. Sans même m'honorer d'un regard, le nain commente mon arrivée d'un ruminement sourd.

"Grmblh... Pis v'là l'autre... C'pas l'moment, là. J'suis occupé."

Dans un soupir qui traduit parfaitement ma lassitude, je reste debout à regarder la partie en cours, visiblement à l'avantage de l'inconnu qui se régale d'une nouvelle victoire en ramassant ses gains. Les veines proéminentes sur le front rouge de Bragarr m'indiquent qu'il prend très mal le fait la défaite.

"Mai-FUMIER ! C'EST PAS POSSIBLE, C'T'AFFAIRE !"

"Hahaha ! Allez, par ici les Yus ! Ça vous allège les poches, mon bon m'ssire !"

Nourrissant la pile de pièces face à lui, l'homme me regarde du coin de l’œil et se décide enfin à demander, gêné d'avoir à subir un spectateur pendant sa partie.

"Heu... Je peux vous aider ?"

"Je ne viens pas pour vous, mais pour lui. Bragarr, on a à parler, vous et moi. J'ai vu le conseiller qui m'a donné le contrat au sujet de..."

"RAAAAAH ! J'veux pas l'savoir ! J'suis occupé, j'ai dis !"

Sa nouvelle complainte alimente ma patience qui voit ses limites se rapprocher dangereusement. Dans une nouvelle tentative de ne pas craquer, je plisse des yeux mauvais à son égard et contourne la table pour m'installer à une place libre. Je dois avouer être ce qu'on appelle une "sang-chaud", surtout envers ce genre de comportement. Les commanditaires indécis ou vaniteux m'ont toujours fait perdre la tête, surtout lorsqu'ils me faisaient passer pour celle qui se prend trop au sérieux. Mais je ne peux pas risquer de perdre mon premier contrat pour un crise de nerfs, surtout quand j'ai parfaite connaissance de l'obstination des Thorkins pour avoir le dernier mot. Un nouveau jet de dés s'agite dans les gobelet des participants, ponctué d'une nouvelle défaite du forgeron qui voit son pactole diminuer une fois encore.

(Il est en veine celui-là. À son butin, ça doit faire six ou sept fois qu'il gagne.)

Déluge d’obscénités, sourire sur la gueule du vainqueur et les verres en bois qui remuent de nouveau avec bien plus d'énergie chez celui de Bragarr. Ses cubes roulent frénétiquement sur la table et frappent l'un de ceux de l'opposant qui tombe sur le sol à mes côtés dans un bruit plutôt sourd. Voyant que je m'apprête à le ramasser pour qu'ils puissent finir rapidement leur partie, l'humain se précipite et l'attrape à ma place, allant jusqu'à manquer de tomber de sa chaise. Je m'étonne de son zèle et l'observe sans rien dire, surprise qu'il ne m'ait pas laissé faire.

"Je.. Héhé, c'est bon, je l'ai."

Sans ajouter davantage d'explications, il rend le dé au Thorkin qui secoue son gobelet sans se méfier, bien plus préoccupé par la victoire que par la réaction exagérée de son adversaire. Le nouveau lancer de ce dernier se fait cette fois sans sourire aucun, allant jusqu'à souffler d'une forte respiration nasale qui n'est pas sans rappeler l'inquiétude. Nouvelle victoire à son compte, mais l'heure ne semble plus aux festivités. Bragarr s'emporte et lâche son gobelet sur la table dans un torrent d'insultes, tout en portant sa bière à ses lèvres dans l'espoir d'y trouver un peu de confort. Pour ma part, je profite de inattention de l'humain encore occupé à ramasser ses gains pour m'emparer de son godet à dés, certaine d'y trouver les raisons de ses victoires successives.

"Je pense qu'on va s'arrêter là, vous devez... Hé, attendez !"

Au fait de sa vivacité, je parviens tout de même à l'attraper avant qu'il ne le fasse disparaître et le vide dans ma main, comprenant subitement l'astuce du tricheur. Le forgeron regarde la scène avec un intérêt certain, posant déjà le pied à terre pour contourner la table et me rejoindre.

"Alors comme ça, on joue avec des dés truqués ? Pas bête, mais ça marche qu'avec les imbéciles, ça."

Trop absorbé par la révélation, Bragarr ne relève pas la subtile touche de sarcasme qui lui était dédiée. Au contraire, il s'avance menaçant vers l'homme qui n'hésite pas un seul instant à attraper deux grosses poignées de son butin avant de s'enfuir sans demander son reste, conscient qu'il risquait quelques dents dans une confrontation avec deux Thorkins. L'idée de le poursuivre traverse brièvement l'esprit de mon client, mais il se résigne rapidement, conscient qu'il ne parviendrait pas à le rattraper. Au lieu de ça, il contemple la table sur laquelle se trouve désormais ses gains et me regarde d'un air excédé.

"Bordel, j'aurais dû m'en douter... Du coup, c'était quoi son truc ?"

Croisant son regard, je lui jette l'un des dés qu'il attrape sans difficulté avant de le soupeser quelques fois. Ses yeux s'écarquillent lorsqu'il découvre qu'ils sont plus lourds que la normale, certainement lestés d'un peu d'étain à l'intérieur pour sortir plus souvent les chiffres hauts. Agacé, il me le rend et préfère ramasser les Yus restants, lâchant sans me regarder une consigne que j'exécute le sourire aux lèvres.

"Va te commander quelque chose, j'te l'offre. Pis on pourra parler boulot, toi et moi."
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Alfryda Bröhm
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Alfryda Bröhm » dim. 10 févr. 2019 19:42

J'apprécie toujours un bon repas, surtout si celui-ci est gratuit. Dans un soucis de ne pas abuser de la soudaine gentillesse de mon client, je me suis contentée d'une bonne cuisse de poulet grillée, de pommes de terres sautées et d'une bière bien mousseuse, suffisant largement à entretenir le sourire qui m'occupe le visage. De son côté, Bragarr semble très satisfait de ses gains au jeu et dépense sans compter, entamant à la fin du repas sa sixième bière qu'il descend sacrément vite. Après un rôt qu'il tente de faire discret, il prend enfin le temps de parler boulot.

"Bon...*hurps* Du coup, t'veux partir avec moi pour l'concours ? T'as l'air d'avoir l’œil, ça pourrait m'servir, j'dois dire."

Le compliment me touche, surtout venant d'une personne qui me jugeait comme un poids peu de temps auparavant. Je pousse mon assiette dans laquelle reste le surplus que je ne peux me résoudre à terminer et entame la discussion en sirotant ma boisson.

"J'étais chasseuse de primes, il y a encore six mois de cela. Pour ce que ça vaut à Mertar, je comprends que ça ne soit pas très impressionnant, mais vous n'aurez pas à vous inquiétez des tricheurs avec moi à vos côtés. Ni de personne, d'ailleurs."

"Ahahah, t'as l'air plutôt sûre de toi ! J'imagine que tu dois pas raconter des bobards, mais c'est pas la racaille qui m'inquiète. D'ailleurs, on risque pas d'en croiser des masses, par là où on va."

"Et du coup, on va où ? Le conseiller m'a parlé d'animaux susceptibles de poser problème pendant le voyage, mais les loups ne m'ont jamais posés problèmes non plus."

Bragarr prend le temps de finir sa bière, le regard perdu dans le vide. Sa réponse se fait attendre et l'air sérieux qui assombrit son visage ne disparaît pas lorsqu'il daigne enfin l'ouvrir.

"On part en Nosvéris. Autant te dire qu'on va pas croiser les mêmes loups qu'par ici. Et encore, si c'est qu'des loups, on aura d'la chance. Y'a de sacrées bestioles par là-bas, le genre qui peut t'bouffer sans qu'tu puisses rien faire."

(Il a l'air de savoir de quoi il parle, le bougre. A la tête qu'il tire, il doit déjà y être allé.)

Son regard se repose sur moi, jaugeant ma valeur pour un voyage qui s'annonce périlleux. A l'inverse de son œil lubrique, je devine qu'il ne ment pas sur la difficulté de la mission et qu'il est à la recherche d'une personne de confiance, apte à surveiller ses arrières du moindre coup foireux.

"J'imagine que tu sais pas ce qu'on va y foutre ?"

Signe négative de la tête, le forgeron pose sa choppe et soupire bruyamment sans que je sache si c'est à cause de la bière ou de mon incapacité à lui répondre.

"L'Erementarï... l'Erementorä...*Grumph* Le concours des forgerons, ça demande pas seul'ment d'fabriquer de belles pièces. Pour gagner, il faut aller chercher le minerai par soi-même. Et laisse moi te dire que j'ai pas tiré le plus facile à dénicher..."

Un petit rire m'échappe en découvrant que je ne suis pas la seule à bégayer sur ce fichu nom. Cependant, je commence à comprendre où il veut en venir.

(Le conseiller m'en a parlé brièvement... Ça s’appelait le... Raaah, c'était quoi, déjà ?)

"Le Xiuhl est une pierre élémentaire que l'on retrouve près des volcans. En clair, plus le volcan est régulièrement en activité, plus le minerai est pur. Il existe une chaîne de montagnes volcaniques en Nosvéris appelée "Les Gueules de Meno", en référence au Dieu du feu. S'ils ne sont pas entrés en éruption depuis des centaines d'années, ils leur arrivent de fumer de temps à autre. C'est là-bas qu'on trouvera le Xiuhl qu'il me faut, crois-moi."

Subitement, je comprends mieux le genre de travail pour lequel j'ai signé. Non pas que je commence à m'inquiéter, loin de là, mais partir pour un endroit aussi éloigné et dangereux, c'est le genre de piquant qu'il manquait à ma vie depuis si longtemps.

"Toujours partante ?"

Je capte subitement l’œil interrogateur du Thorkin qui replonge ses lèvres dans sa bière, m'extirpant de mes pensées par la même occasion. Imperturbable, je lui réponds avec une assurance certaine.

"Oui, bien sûr !"

Un sourire qu'il tente de faire discret s'étire sur son visage et Bragarr repose sa choppe complètement vide sur la table. Il commence alors à fouiller dans son sac tout en me donnant de nouvelles consignes pour la suite des événements.

"Prends une chambre dans cette auberge, j'aim'rais autant que mon garde du corps crèche dans le même endroit que moi. D'mon coté, j'vais m'occuper d'trouver un bateau et d'y réserver un voyage pour nous deux. D'ici là, fais c'que tu veux, ça m'regarde pas."

Sur ces mots, je me lève et ramasse le contrat laissé sur la table, récupérant par la même occasion le dé pipé abandonné plus tôt par le tricheur.

"Ça vous dérange si je le prends ?"

"Hm ? Nan, t'peux l'embarquer, s'tu veux. P'is t'peux aussi prendre le gri-gri qu'il serrait dans sa main depuis l'début. J'pensais que c'était à cause de ça qu'il gagnait coup sur coup, jusqu'à ce que tu découvres son p'tit jeu."

Mon client désigne alors une petite pierre laissée sur la table, marquée d'une inscription que je ne parviens pas à traduire. En m'en emparant, je ressens une très faible énergie qui me picote les doigts, sensation qui disparaît lorsque je la glisse dans mon sac.

(Tiens ? Je verrais ça plus tard)

Bragarr me fait un léger signe de tête avant que je ne le quitte pour rejoindre la rue dans l'espoir de découvrir la ville plus en amont.
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Alfryda Bröhm
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Alfryda Bröhm » mar. 12 févr. 2019 23:27

Le reste de la journée fut convenablement rempli, voguant d'un endroit à un autre à travers la ville pour en découvrir les subtilités. Je pris beaucoup de plaisir à me promener sur le port en regardant les bateaux quitter les quais ou venir y mouiller l'ancre, le tout sublimé par une brise marine des plus rafraîchissantes. Quelques détours vers la gigantesque tour de la Maison Rouge, l'incroyable Sablier du Temps qui s'écoule doucement et le Pavillon d'Or m'ont fait arpenter un grand nombres de rues et de passages, profitant ainsi d'une visite d'Oranan, ma foi, fort intéressante.

C'est à la lueur du crépuscule que j'atteins enfin l'auberge des Hommes Libres, impatiente d'y retrouver un repas chaud et une bonne nuit de sommeil dans des draps propres. En poussant la porte de l'établissement, j'y découvre une ambiance chaleureuse, rythmée par le pas pressé des serveuses aux plateaux chargés de boissons et par les discussions mêlées de rires gras. Désireuse de me débarrasser de mon sac avant de me commander un repas, je me faufile au milieu des Grands-Gens jusqu'à atteindre l'escalier qui mène aux chambres, laissant le brouhaha s'amenuiser derrière moi. Je profite de la hauteur pour fouiller la pièce de l’œil et y retrouver mon client que j'aperçois dans le même coin que tout à l'heure, occupé à s'esclaffer bière à la main au milieu d'un groupe de fêtards. Il ne tarde pas à me remarquer et m'adresse un signe de tête qui laisse présumer qu'il est encore capable de me reconnaître malgré les joues rouges qui tâchent son visage. Je lui réponds à mon tour, grimpe les marches jusqu'à ma chambre et libère mes épaules des attaches de mon sac qui tombe sur le sol dans un bruit sourd. Sans m'inquiéter, je rince ma figure en sueur dans la gamelle remplie d'eau qui se teinte de la saleté accumulée pendant cette longue marche, frissonnant au contact de la fraîcheur sur ma peau.

(Fiou... Ça fait du bien. Maintenant, on va s'occuper de cette dalle qui me creuse l'estomac.)

Ni une, ni deux, je descends dans le hall principal de l'auberge pour répondre à ce besoin, m'installant dans un coin pour y manger tranquillement. Le repas se passe sans événements particuliers, outre les beuglements de Bragarr qui évoluent en sons et spectacle à mesure qu'il descend ses choppes, le tout suivit d'une calme nuit dans nos chambres respectives.

---------------------

C'est au matin, dans une ambiance plus sereine, que je recroise le bougre au petit-déjeuner, visiblement bien attaqué par ses excès de la veille. Ses pas traînent sur le sol et son odeur d'alcool embaume la pièce comme un cadavre pourrissant.

"Et ben. Vous avez pas l'air frais, dis donc."

Dans un ruminement qui traduit à merveille sa gueule de bois, le Thorkin s'installe sur la chaise en face de moi et pose ses mains sur son visage, incapable d'affronter la lumière du jour pour ses pauvres yeux fatigués.

"Foutredieu... J'ai avalé combien de bières, hier soir ?"

"Aucune idée, mais je vous voyais à peine avec toutes ces choppes sur la table."

Un bruit de surprise en guise de réponse, il est visiblement sidéré par sa prestation. Je le laisse reprendre ses esprits en mâchouillant ma bouillasse de céréales qui, malgré son absence totale de saveur, me remplit l'estomac au moins jusqu'au déjeuner. Mieux réveillé, Bragarr croise ses bras et les pose sur la table, le regard perdu dans le vide.

"Bon... J'vais m'occuper de trouver un bateau aujourd'hui. Pis j'vais préparer mes affaires pour le voyage. Toi, en attendant, tu vas faire un truc pour moi."

(Le ton est sérieux, il n'a pas envie de jouer.)

"J'suis sorti en début d'soirée pour m'assurer que Ghunt avait rien oublié et j'pense bien qu'il y avait un type qui m'suivait. J'crains pas pour mon matériel pendant qu'on s'ra partis, il est sous bonne garde. Par contre, j'ai pas envie d'passer mes nuits ici les yeux ouverts à attendre qu'on s'faufile dans ma chambre pour m'casser les couilles."

"Vous voulez que je garde l'étage pendant la nuit ?"

"Nan, nan, nan. J'ai pas b'soin d'un chien d'garde qui dort devant ma porte. J'veux qu'tu fasses en sorte que ce fumier, quel qu'il soit, arrête de me faire chier quand j'me balade en ville. Montre moi qu'tu sais faire ton boulot et j'arrêt'rais d'me persuader que c'était une connerie de t'avoir embauchée."

Sa réponse impose un silence pesant, le poivrot étant certainement trop pinté pour se rendre compte de ce qu'il a dit. J'imagine que sa remarque traduit tout de même une part de vérité dans ce qu'il ressent et l'espace d'un instant, je me retrouve à Mertar. Les incessantes tentatives de séduction, la mièvrerie à gerber et le besoin constant de me rappeler que je suis une femme. Je grince des dents et me mords la joue pour canaliser ma colère, laissant Bragarr reprendre le fil de la discussion.

"Bon et du coup, tu vas faire comment pour l'attraper, c'gars-là ?"

Je libère ma chair qui commence déjà à me saigner dans la bouche et réfléchit rapidement, n'aillant pas un large choix d'outils à ma disposition.

"J'imagine que je vais devoir le prendre à son propre jeu. Faites ce que vous avez à faire aujourd'hui. Si quelqu'un vous suit, il doit déjà être en train d'attendre votre prochaine sortie de l'auberge. Je resterais discrètement à l'écart et j'ouvrirais l’œil, à l'affût du moindre comportement suspect."

Le Thorkin hoche la tête en regardant une nouvelle fois dans le vide, satisfait de ma stratégie. Nous nous mettons d'accord sur l'heure de sa prochaine excursion en ville, prévue en direction du port, après le déjeuner. Tandis qu'il vague à ses occupations, je prépare mon matériel et attends son signal, les sens aux aguets.
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Hatsu Ôkami
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Hatsu Ôkami » mar. 30 avr. 2019 21:40

Installée à une table en compagnie d’Onoda, la jeune archère attendit patiemment, surveillant du coin de l’œil un Onoda qui semblait vouloir vider son verre le plus vite possible dès qu’elle aurait le malheur de tourner la tête ne serait-ce qu’une seconde. Les aubergistes l’avaient accueilli avec joie, quelque peu surpris de la présence d’Onoda, mais la félicitèrent, ayant déjà eu vent de son implication dans la compétition. Elle les remercia chaleureusement et commanda de quoi grignoter et boire. Les deux autres convives arrivèrent sur ces entrefaites. Le large sourire qui illumina le visage de la jeune femme n’échappa pas au forgeron qui examina les deux nouveaux venus, notamment celui qu’il ne connaissait pas. Un fin sourire se dessina sur son visage bien qu’il le masquât très vite lorsque les deux hommes s’installèrent après que Kage ait présenté Hatsu à son protégé, faisant rougir la jeune femme plus que de raison.

- Tout le plaisir est pour moi messire Himatori. Félicitations pour votre victoire, elle est amplement méritée, votre création était tout bonnement incroyable. Onoda, voici donc Kage, protecteur de Hio Himatori, que j’ai croisé peu avant notre départ et qui m’a tiré d’un bien mauvais pas.

Elle lui en était toujours extrêmement reconnaissante et cela n’échappa à personne. Onoda salua donc poliment le jeune homme malgré une petite pique que tout le monde prit à la rigolade. Ses sourcils se froncèrent légèrement comme s’il se souvenait de quelque chose, mais l’impression disparut bien vite dans les verres qui commencèrent à se remplir et à se vider au fur et à mesure que les discussions avançaient. Les récits des voyages furent parsemés de légers dénigrements de la part des forgerons qu’Hatsu choisit de ne pas relever, sachant pertinemment les réussites et erreurs qu’elle avait commise, préférant répondre subtilement à chaque fois, tout comme son homologue qui avait une répartie tout aussi fourni que la jeune femme.

Les deux forgerons burent plus que de raison et ce fut Himatori qui, le premier, commença à montrer des signes d’ébriété avant de presque s’effondrer sur la table, faisant hausser un sourcil amusé à la jeune femme. Elle s’étonna de voir Onoda proposer de le ramener, assurant d’un geste de la tête à un Kage hésitant que tout irait bien. Il n’était même pas tard et personne n’ennuierait les deux forgerons les plus populaires du moment. Elle espérait que cet événement pourrait créer une certaine amitié entre les deux hommes, même si, connaissant le caractère d’Onoda, elle en doutait quelque peu. Elle souhaita intérieurement bien du courage au jeune Himatori qui allait se réveiller avec une sacrée migraine tandis qu’elle regardait Onoda le soutenir en se dirigeant vers la sortie.

Levant son verre contenant non pas de l’alcool mais un breuvage à base de fruit, elle interrompit son geste en entendant Kage chanter ses louanges. Elle sourit timidement en reposant son verre, légèrement gênée.

- Il a quelque peu exagéré sur certains points, notamment les chevaucheurs qui n’étaient qu’une poignée. Mais merci. Enfin vous n’êtes pas en reste, affronter les forces d’Omyre sur leur territoire, je dois avouer que c’est bien plus impressionnant. Je pense que j’ai bien plus à apprendre de vous que l’inverse.

Elle termina par un sourire, reprenant une gorgée de boisson, reposant doucement le gobelet face à l’interrogation du jeune homme.

- Vous ne me devez absolument rien, j’ai fait ce qui me paraissait juste et naturel. Vous étiez blessé, je n’allais pas vous laisser ainsi. J’avoue avoir été déçue de votre départ inopiné, mais ne vous en faites pas, j’ai conservé votre… message. Quant aux réponses… Pour être franche, je n’ai fait que repousser l’échéance, rien n’a changé de ce côté-là, hélas.

Elle soupira, ses yeux se perdant sur l’aubergiste qui encaissait un client, le regardant sans le voir pendant une fraction de seconde avant de revenir vers Kage.

- Ce voyage m’a appris beaucoup de choses, sur le monde, sur moi-même, sur… sur la mort aussi. Je pense pouvoir faire face à un fiancé un peu trop enthousiaste et à un mariage arrangé, ne vous en faites pas, comparé au reste, c’est presque trop facile. Même si les Yamada sont bien plus rigides que ma famille, ils finiront par plier.

Elle dit ça avec un rire qui sonnait faux à ses oreilles, mais son sourire disparut aussitôt lorsque le verre de son interlocuteur explosant dans sa main. Elle écarquilla les yeux tandis qu’il s’excusait promptement et elle lui offrit de quoi s’essuyer en s’assurant qu’il allait bien. L’aubergiste s’approcha pour constater les dégâts et la jeune femme le rassura d’un signe de tête, il n’y avait aucun problème. Elle choisit d’ignorer l’incident, même si elle était quelque peu choquée par la force du jeune homme et de la façon dont il avait réagit. Il avait agit étrangement après qu'elle ait parlé de ses fiançailles et des Yamada... Elle trouvait ça étrange mais décida de ne pas insiter. Elle reprit la conversation, mais ne donna pas plus d’informations, ne voulant en aucun cas parler de ses soupçons, de ses doutes sur les raisons de ce mariage. Elle appréciait Kage, elle ne voulait pas l’entraîner là-dedans, pas si elle pouvait s’en sortir seule. Qui pouvait savoir ce qu’il se cachait derrière tout ça ? Elle n’allait pas sciemment le mettre en danger pour son confort, elle n’était pas comme ça. Elle jeta un œil dehors, constatant que le soleil commençait à descendre, la rapprochant du moment fatidique. Elle décida de profiter de l’instant présent aussi longtemps que possible. Qui pouvait dire comment la soirée se passerait ?

- Et vous ? Ce voyage vous a-t-il apporté quelque chose ? En plus de la reconnaissance et de la renommée qui ne manquera pas de vous rattraper.

Elle dit ça avec un regard amusé, se moquant gentiment de son habitude à vouloir rester discret comme le prouvait l’emploie d’un pseudonyme. Elle était toujours curieuse de connaître l’identité du jeune homme, mais ne demanda rien. S’il cachait quelque chose, elle n’allait pas le gêner en lui demandant de le lui révéler, ils ne se connaissaient pas suffisamment.

- Si vous restez en ville, je serai ravie de vous retrouver, ici ou ailleurs. Une obligation familiale me retient ce soir, mais je serais ravie de vous revoir… enfin si cela vous convient, évidemment. J’aurai probablement besoin d’un verre après cette soirée…

Elle soupira en offrant tout de même un sourire à Kage. Elle appréciait la compagnie du jeune homme, n’ayant pas à se cacher derrière un masque figé ou derrière de faux compliments. Certes, elle avait encore du mal à être tout à fait à l’aise, ne le connaissant guère, mais elle espérait pouvoir y remédier, avec son aide.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mer. 1 mai 2019 01:55, modifié 2 fois.
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vohl Del'Yant » mer. 1 mai 2019 01:31

La jeune femme lève un verre empli d'un jus d'umeboshi. Vohl sourit tendrement devant ce choix, symbole inconscient de la richesse de sa famille : ici, les fruits sont une denrée rare, produits par quelques vergers lorsque les vents salés du large en permettent la croissance. La jeune femme n'a clairement pas fini de trouver sa place. Il le lui souhaite cependant : la persévérance dont elle fait preuve pour s'en sortir, en particulier, l'intrigue. La situation semble réellement lui peser, sans pour autant qu'elle en rejette tous les aspects. Elle repose délicatement son verre lorsqu'il la félicite d'être revenue en vie, souriant timidement. Elle balaie les compliments d'un revers de main en lui confirmant que son forgeron a un peu surestimé les dangers auxquels il a été exposé. La jeune guerrière le complimente à son tour sur l'escapade en terre oaxienne : il accepte le compliment...mais ce dernier est éclipsé par la réponse de Hatsu Ôkami lorsqu'elle lui dévoile un pan de ses réflexions.

La jeune femme semble détendue malgré un air légèrement triste que ses yeux traduisent en allant se perdre au dessus de l'épaule de Vohl. Elle lui confie ne pas avoir véritablement pris de décision pendant son voyage, et ce bien qu'elle ait clairement mûri sa réflexion. Dans son soupir, elle lui donne la raison de cette hésitation : la jeune femme est fiancée. Le coeur de Vohl semble tomber de quelques pouces dans sa poitrine. L'élu imposé par sa famille est...un Yamada ? Vohl tâche de garder son sang froid, bien que ses jointures blanchissent en pressant le verre qu'il tient en main. Sa réaction est viscérale. Le nom haï lui fait oublier la situation, aussi bien qu'il se sente avec sa compagnie. Son coeur se hâte de remonter. Un peu trop vite, puisqu'il arrive au bord des lèvres de l'assassin.

Talabre. Talabre Yamada. Meurtrier de son père. Capitaine Ynorien. Pointure politique et économique de la société. Mais meurtrier avant tout. La morsure de la haine enchaîne son coeur à une furie bouillonnante. L'aîné Del'Yant parvient à se retenir de se lever au prix d'un grand effort qui lui fait crisper les mâchoires. Le verre dans sa main explose en fragments de terre cuite, laissant couler un mélange d'alcool et de sang entre ses doigts. Il ne se rend compte de la douleur qu'avec un temps de retard. Un rire à moitié crispé s'étrangle dans la gorge délicate de la jeune femme lorsque ses yeux croisent ceux de Vohl, écarquillés sur un point imaginaire quelque part entre eux deux. Les pupilles de l'assassin sont si dilatées que ses yeux déjà sombres semblent disparaître dans un trou noir. Aucune haine ne s'exprime : seule la tension déborde de chacun des membres de l'ancien soldat. Il s'ébroue soudain, revenant à la situation présente avec l'alcool qui pique ses fines égratignures. Prenant de nouveau conscience de l'endroit où il se trouve et de ce qui vient de se passer, il se lève et s'incline profondément face à la jeune femme.

(Est-ce possible ? Cette ordure ? Mariée ? A elle ! Par Rana !)

Son esprit se débat entre les souhaits, les déductions, l'espoir et les craintes.

(Impossible. Yamada est un nom porté par de nombreuses familles. Il est possible qu'il ne s'agisse pas de lui. Faites que cela soit ça, Reine des Vents... je vous en supplie.)

"Veuillez m'excuser. Je me suis perdu dans mes pensées."

(Rana, soit clémente.)


Le sang goutte toujours des fines blessures : il éponge celles-ci avec une serviette, n'esquissant pas le moindre geste trahissant une quelconque douleur. Les petites marques rouges, comme un écho à l'évocation du lotus préservé par son amie, le font sourire. Un sourire faux, cachant une douleur sous-jacente qui l'a pris au dépourvu. Il se rassoie alors que l'aubergiste vient essuyer les dégâts avec un linge, non sans diriger vers Vohl un regard de reproches et vers Hatsu un rapide coup d'oeil, les sourcils s'incurvant pour comme pour s'enquérir de la cause ce qu'elle pense surement être une altercation. Ces expressions échappent presque à l'attention du ronin. Il joint les mains pour s'incliner vers l'aubergiste.

"Je paierai les dégâts occasionnés. Je suis navré. "

La jeune femme semble s'interroger sur sa réaction, préoccupée à tout le moins par la violence de cette dernière. Elle décide judicieusement de faire comme si l’événement n'avait jamais eu lieu, relançant la discussion sur ce qu'a pu lui apporter le voyage. Elle affiche, malgré les circonstances, un peu d'amusement lorsqu'elle lui signale que son nom sera sans doute sur de nombreuses lèvres et n'en disparaîtra pas. La maligne sait qu'il utilise un patronyme : il le lui a laissé entendre à demi-mots après l'avoir aidée. Avec cette lueur dans les yeux de l'archère, le cerveau de Vohl oscille entre la furie qu'à réveillé le nom de Talabre et ses sentiments envers la chasseresse. Il garde le silence pendant un instant, afin de rassembler ses pensées.

"Une vision plus juste d'Oaxaca et de son peuple."

De sombres nuages voilent son regard lorsqu'il songe aux banshees.

"Et une certaine méfiance envers les champignons thorkins."

Son sourire devient un plus naturel lorsqu'il lui fait part de la triste expérience que fut l'empoisonnement au cortinaire et partage avec dérision de la stupidité par laquelle sa méfiance avait été déjouée. Il poursuit d'une voix pleine d'humour sur la deuxième partie de son interrogation.

"Pour la renommée qui me poursuivra, je m'en occuperai, ne vous en faites pas ! Quand à ceux qui voudraient en comprendre le besoin...je leur souhaite du courage, car seuls ceux qui me connaissent le mieux en sont capables. "

La jeune femme lui fait part de son envie de le revoir, bien que des contraintes liées à la famille Ôkami monopolisent sa soirée.

(Probablement pour les fiançailles...)

Il hoche la tête autant pour lui que pour la jeune femme. Un sourire franc étire ses lèvres lorsqu'il reprend la parole, à l'idée d'une perspective plaisante.

"Je serai ravi de vous changer les idées lorsque vous serez libérées de vos obligations. Je vous retrouverai au niveau du square de Yoshino." Il jette un regard par la fenêtre qui laisse admirer les couleurs d'un couchant de feu. "Lorsque la lune nous dominera. Je pense savoir ce qui pourrait vous changer les idées."

(Et je dois en avoir le cœur net.)
Modifié en dernier par Vohl Del'Yant le lun. 13 mai 2019 19:21, modifié 2 fois.

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Hatsu Ôkami
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Hatsu Ôkami » mer. 1 mai 2019 11:39

Malgré le verre en terre cuite brisé, la conversation se déroula comme un fil de soie. Hatsu, qui vit clairement une lueur étrange dans les yeux du jeune homme, choisit de ne pas s’engager sur ce terrain, ne sachant pas quels pouvaient être les démons qui hantaient les pensées de son interlocuteur. Tout le monde possédait ce quelque chose qui devait rester secret et n’être dévoilé que lorsqu’on estimait la confiance suffisante. Aussi fit-elle de son mieux pour ne pas y penser, écoutant avec intérêt les réponses aux quelques questions qu’elle avait formulé. Lorsqu’un voile passa dans les yeux de Kage à l’évocation du peuple d’Oaxaca, elle s’en étonna, mais sa main se posa délicatement sur le poignet du jeune homme, dans un geste tendre et rassurant qu’elle ne contrôla pas. Elle fut surprise de son propre geste et retira sa main, sans pour autant montrer un empressement à rompre le contact, ne voulant pas le froisser.

L’histoire de son empoisonnement intrigua la jeune femme. Loin de s’en amuser comme le jeune homme, elle fut abasourdie par la légèreté avec laquelle il prit le choix de se moquer de lui-même et de son manque de méfiance. Elle garda cependant ses pensées pour elle. Il était là, nul besoin de tergiverser sur un passé qui aurait hypothétiquement pu mal se finir alors que ce n’était pas le cas.

- Oh je me doute que vous seriez à même de gérer cela. Je ne m’en inquiétais pas vraiment.

Le sourire sincère de son interlocuteur et son ton amusé la rassurèrent quelque peu. Elle s’était toujours demandé, depuis leur rencontre, s’il n’y avait pas une horrible histoire derrière ce pseudonyme dont il s’affublait. Curieuse comme elle était, elle avait du mal à ne pas imaginer moult théories, mais aucune ne semblait réellement la satisfaire. Ronin, mercenaire, assassin peut-être ? Elle se fichait un peu de ce qu’il faisait, elle regrettait seulement de ne pas savoir qui il était vraiment. A croire que les gens autour d’elle prenaient plaisir à lui cacher la vérité. Excepté Onoda qui avait été d’une franchise inattendue, bien que ça ne fût pas toujours agréable à entendre.

- Vraiment ? Ce soir ? J’en serai ravie.

Un large sourire illumina le visage de la jeune femme lorsqu’il accepta de la revoir. Le fait qu’il proposait pour le soir même lui plaisait d’autant plus qu’elle pourrait conserver cette motivation pour supporter le reste de la soirée. Elle n’avait qu’une hâte, que cela se termine au plus vite. Elle connaissait le square dont il parlait, un lieu paisible et agréable en journée, inconnu la nuit en ce qui la concernait.

- Je ne peux hélas pas vous donner d’heure pour vous retrouver. Ce genre de dîner risque de prendre du temps. Ne venez pas tant que la Lune n’est pas haute dans le ciel, je ne voudrais vous faire trop attendre.

Il semblait avoir la même idée, et la suite de sa phrase fit hausser un sourcil intrigué à la jeune femme qui se coupla avec un léger sourire en coin. Elle se pencha légèrement sur la table, un air plus qu’intéressé sur le visage.

- J’ai très envie de savoir ce que vous avez en tête, mais je vais être raisonnable et considérer que la surprise fera partie de l’effet.

Elle n’avait pas vraiment d’idée sur ce qui pouvait autant assurer Kage qu’il parviendrait à lui faire oublier sa soirée qui promettait d’être ennuyeuse à souhait. Elle voyait d’ici le regard intéressé de Talabre sur elle et cela la fit frissonner de dégoût. Son sourire se fana lorsqu’elle avisa, par la fenêtre, que le soleil commençait à réellement descendre et que l’heure fatidique était bien trop proche à son goût. Elle soupira et, comme pour se donner du courage, termina son verre d’une traite. L’absence d’alcool de sa boisson fur soudainement amèrement regretté par la jeune femme qui aurait volontiers oublier son nom pour la soirée. Mais elle n’était pas du genre à fuir en permanence, de plus elle devait réussir à tirer les vers du nez de son fiancé. Ce fut donc à regret qu’elle déposa les yus sur la table, annonçant qu’elle payait la part de Kage également, jetant un regard au jeune homme qui ne souffrait aucun refus.

- Considérez que c’est pour vous inciter à m’inviter ce soir.

Elle dit ça avec un sourire mesquin dont Onoda aurait été fier, ses yeux brillant d’une malice inattendue. Ce n’était guère dans ses habitudes de faire le mur, loin de là, aussi était-elle surexcitée à l’idée même de sortir en douce. Car il était évident pour elle que ses parents ne devaient pas savoir qu’elle sortait. Avec un regret non dissimulé, elle se leva, s’inclina devant le jeune homme, ne sachant guère comment lui dire au revoir de manière appropriée au vu de leur relation. Kage se leva et, plutôt que de s'incliner, tendit la main et serra doucement l'avant bras de la jeune femme, dans un salut typiquement guerrier qu'elle rendit, un peu surprise. Elle eut un léger froncement de sourcil suite à la phrase qu'il ajouta, comme un aveu d'un passé dont il ne faisait plus partie, intriguant la jeune femme qui se promit de le questionner à ce sujet. Elle lui souhaita une bonne soirée, souriant lorsqu’il lui souhaita bonne chance plutôt que de lui rendre sa formule de politesse.

- Je vais en avoir besoin, cet homme est particulièrement pénible et imbu de lui-même… Enfin, il va vite comprendre son erreur. A plus tard, j’attends avec impatience de voir ce que vous avez en tête. Ne buvez pas trop avant que je ne revienne, je ne voudrais pas avoir à vous regarder dormir une fois de plus.

Après un dernier sourire amusé, elle se dirigea vers la sortie, un poids lui comprimant la poitrine à l’idée même de la soirée qui l’attendait. Mais au moins, cette fois, elle pouvait espérer la terminer d’une manière bien plus agréable qu’elle n’aurait commencé.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le jeu. 9 mai 2019 01:37, modifié 4 fois.
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vohl Del'Yant » mer. 1 mai 2019 14:43

L'archère lui adresse un sourire en coin lorsqu'elle règle d'emblée leurs consommations, en précisant qu'il devra l'inviter lors de la soirée promise : Vohl compte bien honorer sa promesse. Il est presque certain que l'aventure plaira à la jeune femme, et lui répond avec un sourire, et une fausse mimique de salutation pour signaler qu'il accepte ses termes.

"Je vous attendrai le temps qu'il faudra ! Certaines choses requièrent mon attention ce soir avant que nous puissions profiter de la nuit."

La jeune femme s'incline devant lui après une petite hésitation. Leurs relations sont pour l'instant encore ambiguës : il est normal de ne pas savoir comment le saluer. Après tout, elle ignore presque tout de lui. Lorsqu'elle se redresse, Vohl lui saisit doucement l'avant bras droit avec sa main droite, l'incitant à lui rendre la pareille. Le contact lui permet de briser la barrière qui les sépare. Il retient son envie de la prendre dans ses bras malgré leur proximité, il sent toutefois dans le regard qu'ils échangent la tension qui existe entre eux, qu'ils le veuillent ou non. Il lui semble voir l'âme d'un prédateur enfermé derrière les pupilles de l'être qu'il a devant lui.

"Plus de cela avec moi, chasseresse. Je n'appartient plus à ce monde."

Après avoir échangé ce salut, il la laisse s'en aller d'une démarche souple vers ses obligations. Le bruit du cuir de ses bottes s'éteint lorsqu'elle franchit la porte : il réitère des excuses auprès de la tenancière qui lui fait comprendre que ce genre de chose peut arriver. Il prend rapidement congé, sortant une poignée de secondes après la jeune noble. Aussitôt que le croisillon de ruelles le lui permet, il profite des ombres désormais bien installées pour disparaître aux yeux du monde. La filature commence. Il veut voir de ses propres yeux si son pressentiment est juste. Rien que le fait de l'envisager lui glace les tripes.

(Et pourtant, c'est plus que possible. Talabre a réussi à se hisser dans la société grâce aux alliances et à l'intimidation. La famille Ôkami représenterait pour lui une formidable occasion de se hisser d'un coup à la tête d'une fortune colossale, et d'une importance marchande non négligeable.)

Son coeur, après la furie qui l'a pris à l'auberge, a retrouvé la consistance d'un cristal veiné d'acier. Ses muscles roulent sous sa peau. Il a la certitude qu'une aura malsaine plane sur ces événements. Son corps se prépare instinctivement à une confrontation. Ses yeux sont à l’affût du moindre mouvement, tandis qu'il file Hatsu. Il ignore précisément où se trouve la demeure Ôkami : il a besoin de suivre la jeune femme.

(Et si je lui demande plutôt que de la suivre à la dérobée... il sera plus que difficile de se justifier sans l'embarquer dans une affaire qui n'a peut-être rien à voir avec elle.)

Car c'est bel et bien le point critique : malgré ce que lui crie son esprit, il existe encore l'heureuse possibilité que tout ceci ne soit qu'un malentendu. A plusieurs reprises, l'archère se retourne, sentant probablement son regard bienveillant posé sur elle. Le soleil achève sa course au moment où la jeune femme s'engage dans une allée qui marque le début des quartiers riches. Vohl saisit l'occasion. Il se catapulte vers le rebord d'un toit, qu'il escalade silencieusement dans les ténèbres. A l'horizon, la lune réduite à un mince quartier semble fermer les yeux sur ce qu'il se passe. Debout sur la toiture, le jeune homme laisse la colère être emportée par le vent. Voilà son monde. Voilà sa place, et son futur. Il s'élance sans bruit sur les larges tuiles. Il retrouve la ruelle, dans laquelle la jeune femme s'est engagée d'un pas vif.

Elle semble accélérer l'allure avec hésitation, comme partagée entre l'appréhension que lui inspire la soirée et la hâte de mettre un terme à ce dîner mondain. Après plusieurs virages qui obligent Vohl à sauter d'un toit à l'autre, elle marque une pause devant une large grille, dispositif peu courant et réservé à ceux qui peuvent se le permettre. La famille Ôkami. Le ronin n'a jamais eu l'occasion de rencontrer les membres de cette famille dans son ancienne vie, mais son oncle a sans doute du avoir des contacts lors de ses allées et venues au Conseil. Il observe la bâtisse, repérant les lieux à la façon automatique d'un joueur de shôgi chevronné. La bâtisse est construise sur deux étages dont les nombreuses pièces laissent voir des feux de torches au travers de vitres larges. Il dénombre environ un dizaine de pièces donnant sur la cour. Le jardin à l'arrière de la propriété, dont on devine l'étendue en repérant les branches d'arbres traditionnels derrière les toits inclinés dans un style parfaitement oranien, en compte certainement un nombre identique. Beaucoup trop vaste pour qu'il devine l'usage de chaque pièce. Son attention est attirée par les mouvements qui animent la maison : des ombres devant les torches insufflent de façon presque invisible une vie dans la riche demeure. Le coeur battant, invisble, de toute propriété de ce calibre : ce sont les ombres des serviteurs et des gardes en service qui oscillent dans la lumière des torches.

Le ronin en compte un grand nombre. Il a certes connaissance de cette pratique, les Del'Yant possédant eux même des domestiques. Mais la demeure Ôkami fourmille d'activité. Cet élément en soi est un indice sur l'importance de l'événement. Si les Ôkamis ressentent le besoin de mettre en place une telle pompe, l'invité doit être de marque. Et le poste de capitaine se prête particulièrement à cette définition. L'âme de Vohl est glacée... il reprend son analyse méthodique des lieux. Entrer sans être invité sera impossible par les voies classique. Qu'importe. Malgré la révérence dont il fait preuve face au système ynorien, Les règles ont cessé d'exister pour lui au moment où l'efficacité de ses actions en a été compromise. Il cherche une voie d'entrée dans la propriété. Comme souvent, une piste a été négligée, peut-être parce que l'attention est plus axée sur le fait d'en mettre plein la vue au visiteur que de véritablement sécuriser la demeure. La voie des airs. Son domaine. Le plan inversé que lui a fait apprendre Sombre lui permet de reconnaître rapidement les lieux : l'accès le plus proche est la bâtisse de droite, dont le toit légèrement relevé permet d'atteindre le premier palier chez les Ôkami, à condition de ne pas hésiter sur la détente. Et de posséder un grappin. Sortant ce dernier de son paquetage dont il abandonne le reste à ses pieds, caché dans la partie plane du faîte de la construction plus sobre que le manoir des Ôkamis, il patiente. La certitude est à ce prix.

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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Alfryda Bröhm » mar. 11 juin 2019 23:01

La tâche n'était pas des plus aisée. Trouver un équipage, c'est déjà une chose, le faire dans une ville que je ne connais pas, c'en est une autre. Le soleil se couche déjà sur Oranan quand je me permets un dernier tour sur le port, dans l'espoir d'y trouver un marin de dernière minute et surtout peu regardant sur le travail à venir. Car Vadokan avait beau m'avoir prévenue, j'ai rapidement compris le problème de son bateau.

('Y file l'mauvais oeil, c'raffiot... Aucun moyen que j'monte sur cette coque de corbac.... 'Y sent la mort sans l'regarder, c'bateau... Je ne savais pas les bateliers si superstitieux.)

Pourtant, je dois me rendre à l'évidence. De nouveaux refus achèvent ma motivation et je comprends que la tâche sera impossible à remplir aujourd'hui. Je me mords les lèvres d'une frustration presque palpable et décide tout de même de retourner voir le capitaine du navire, celui qui s'était proposé pour nous emmener en Nosvéris, Bragarr et moi. Malgré la nuit noire, je retrouve sans peine le quai sur lequel se trouve le sombre vaisseau, toujours amarré dans le silence des flots. Il ne semble guère y avoir d'activité à son bord, mais je tente tout de même d'interpeller âme-qui-vive pour faire part de mon échec.

"OHÉ ! Y'A QUELQU'UN ? JE CHERCHE LE CAPITAINE !"

Quelques secondes s'écoulent et aucun craquement ne trahit la présente d'un membre de l'équipage. Je retente ma chance, mais une nouvelle fois, le silence est le seul à répondre.

"Bon sang, quelle merdaille, cette soirée ! Rien ne se passe comme prévu !"

Abattue, je m'abandonne aux regrets et repart vers l'Auberge des Hommes Libres, celle où Bragarr est certainement en train de se cuver la gueule en attendant de mes nouvelles. Ni une, ni deux, je presse le pas, non pas que je sois pressé de lui annoncer mon échec.

-----------------------

La nuit débute lorsque j'arrive à destination. La salle commune est vide de soiffards, si ce n'est quelques ronfleurs qui traînent près de la cheminée. L'aubergiste est accoudé au comptoir et se redresse à mon arrivée, prétextant avoir quelque chose pour moi. Il me tend un parchemin scellé par le conseil d'Oranan et m'explique qu'il a payé sa chambre et la mienne. Mon cœur ne fait qu'un bond et j'arrache la cire pour découvrir la note qu'il m'a laissé, prenant peu à peu conscience de la situation.

"Ce document atteste que les services d'escorte d'Alfryda Bröhm ne sont plus requis par le forgeron Bragarr Frappedur. Le Conseil d'Oranan proclame l'abandon par forfait du candidat à l'Erementarīfōji."

La nouvelle tombe comme une pierre dans l'eau. Je serre le parchemin sans réaliser qu'il se déchire peu à peu, laissant l'aubergiste continuer un monologue que je n'écoute pas.

"...Pis il a dit qu'ça en valait pas la peine et qu'il avait pas envie de s'traîner l'cul jusqu'en Nosvéris avec une bonne femme qui va l'déranger toute la journée. 'Fin, c'est ses mots, pas les miens, hein. Bref, si vous voulez rester à l'auberge, faudra payer d'vot' poche, ma p'tite dame."

(Oranan, c'est terminé. Je rentre à la maison.)
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Akihito
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Akihito » jeu. 13 juin 2019 23:27

Dans le chapitre précédent...
Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XVI.1 : Visite nocturne.

"Je vous propose de nous retrouver à l'auberge des Hommes Libres demain soir : nous devrons voir par où nous nous introduirons dans la demeure de Talabre. Cela vous convient-il ?"" C'est avec ses mots résonnant dans son esprit que Akihiko entra le lendemain soir dans l'auberge qui lui était si familière.


Dans la ruelle la veille, Akihiko avait accepté ce rendez vous, tout en gardant avec lui la rune non encore identifiée lui disant qu'il lui rendrait à ce moment là. Il s'était alors rendu chez lui pour y profiter d'un repos bien mérité, soulageant enfin ses muscles endoloris par des journées de voyages peu confortables. Ses parents n'étant pas à la maison à son retour, c'est donc seul qu'il grignota un morceau de pain ynorien, un morceau de fromage et alla directement se coucher dans son lit, sombrant instantanément à la fatigue qu'il accumulait malgré lui. Il dormit ainsi toute la journée et une partie de la nuit, se réveillant pour voir que sa mère, dans sa bonté naturelle, lui avait laissé une assiette de ragoût aux légumes et de riz près de sa porte, assiette qu'il dévora avant de se rendormir quelques heures de plus.

Cela lui fit le plus grand bien et c'est après une journée rythmée par les récits de son voyage aux siens et un entraînement martial avec son père rentré la veille que le jeune homme passa la journée.

Il progressait désormais dans la taverne, slalomant en concert avec les serveurs entre les tables pour atteindre le comptoir, où Kanumi le salua dans un sourire. Il lui transmit alors tant bien que mal que les deux personnes qu'il devait accompagné, le shaakt Vadokan et le capitaine Hertann n'étaient pour l'instant pas réapparu, s'étant contenter de payer leur nuit. Une nouvelle qui fit grincer des dents le fulguromancien : il s'était démené pour trouver quelqu'un à même de pouvoir les mener sous les flots et voilà qu'ils disparaissaient sans laisser de traces ? Alors qu'il avait traversé la moitié du monde dans ce but ?! Commandant une bière pour calmer son humeur avant que Kage ne le rejoigne, Akihiko en profita pour observer les environs. A part une thorkine rousse qui semblait encore plus furibarde que lui, broyant une missive dans sa poigne redoutable, l'Auberge des Hommes Libres n'avait pas changé. Les mêmes habitués, les mêmes rires qui fusaient par moment, la même ambiance chaleureuse. Cela participa à le calmer. Écoutant les conversations d'une oreille distraite, il entendit tout de même parler du fameux mariage. Après tout, les mariages nobles n'étaient pas si fréquent que ça, surtout entre un prometteur capitaine ynorien et l'héritière des Okami, une vieille famille Oranaise. Hatsu ? Hasu ? Le nom de la promise ne lui vint pas clairement aux oreilles. Cela lui donnait en revanche quelques informations supplémentaires : la mariée n'était pas n'importe qui et le marié non plus. Il savait même très certainement se battre. Akihiko regretta alors de ne pas avoir demandé plus d'informations à son père lorsqu'une autre information brayée par un pilier de bar à son compère lui vint. La fameuse Okami avait participé à l'Erementarifoji, en escortant un forgeron ! La donzelle était donc elle aussi capable de se défendre un minimum. Digérant ces informations, le fulguromancien continua de boire sa bière par petites lampées, guettant la porte de l'auberge.

Lorsqu'enfin une silhouette familière malgré la capuche pénétra dans la grande salle, Akihiko de leva et regarda dans sa direction. Lorsque leur regards se captèrent par dessus la cohue alcoolisée et à travers la danse des plateaux de pintes vides ou mousseuses, le jeune homme lui indiqua de le suivre d'un signe de la tête. Il récupéra la deuxième bière qu'il avait préalablement commandé et alla s'installer sur une petite table dans un coin de la salle, près d'une fenêtre. Il s'y installa, posa la boisson supplémentaire en face de lui et observa Kage fendre la foule pour le rejoindre.



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Vohl Del'Yant
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Vohl Del'Yant » sam. 15 juin 2019 14:10

La soirée est bien avancée lorsque Vohl se présente enfin à l'auberge des Hommes Libres. Pour preuve, nul besoin de lever les yeux au ciel : les rues sont animées par des exclamations et des hommes, pour certains largement avinés, qui tanguent d'un bord à l'autre de la rue d'un pas chaloupé, comme vacillant sur le pont d'un navire, accostant les passant ou braillant comme à la criée. Les abords de l'auberge, réputée la meilleure en ville, sont pris d'assaut par des soldats en permission et des citoyens, majoritairement Ynoriens, mais aussi d'autres contrées.

Par réflexe, Vohl tâte les longues poches de son kimono. Un bruissement de papier lui indique qu'il a bien les plans, soigneusement pliés. Vohl les a déjà mémorisé pendant qu'il étudiait la situation avec les enfants, pendant la journée. Il a veillé à ce que les enfants sachent le tracer, et il en avait profité pour mettre lui même sa mémoire à l'épreuve. Sombre les ayant laissé préparer leur intervention en diminuant exceptionnellement la charge de corvée de la petite bande, ils avaient bénéficié d'une nouvelle journée de répétition. Les plans étaient donc mémorisés par quatre personnes, cinq en comptant Hatsu. Il faut qu'il puisse les communiquer à Cherock ce soir. Pour cela, l'atmosphère est parfaite : bruyante et lumineuse de l'auberge, éclairée par de multiples plafonniers en roue. Mais ce n'est pas la seule chose qu'il doit montrer à son allié imprévu : ils doivent préparer sa fuite, et pour cela, ils doivent observer l'organisation des patrouilles que Talabre a sans doute organisées. Sur ce point, le suspens est pour ainsi dire inexistant...vu qu'il avait déjà rendu visite à sa promise entouré de ses soldats, il aurait été suicidaire de ne pas prévoir que des patrouilles sécuriseront leur résidence principale le jour J.

Le mercenaire se faufile entre les personnes présentes dans chercher à attirer l'attention. Après avoir contourné quelques groupes à l'entrée de l'établissement, Vohl est sur le seuil. Il scrute la pièce du regard, ses yeux balayant la foule pour retrouver le visage connu. Il le repère lorsque ce dernier lui adresse un signe de tête, au milieu des allez et venue du couple de tenanciers et des serveuses qui naviguent entre les tables d'une démarche chaloupée, affrontant ou se jouant de certaines mains baladeuses dont elles traitent l'affront d'une oeillade le plus souvent sévère ou d'une discrète tape de la main. Cherock est d'ores et déjà attablé en face de deux chopes, et Vohl reconnaît qu'ils attireront moins l'attention en consommant. Il s'approche de la table avant de repérer une table vide, sur le côté de la cheminée éteinte, un peu à l'écart de l'attention générale. Il passe devant Cherock avant de s'installer sur la chaise de façon nonchalante, dos à la porte d'entrée. Quelques instants plus tard, le fulguromancien vient se placer en face de lui, les deux pichets à la main. Vohl se saisit de celle qu'il pose en face de lui avant de les lancer sur un sujet parfaitement anodin : le début des moissons, le gain qu'il espère tirer de son hypothétique terrain en culture. Afin de compléter du nobliau quelque peu stupide, il se plaint de l'inefficacité d'un de ses employés dans une parfaite parodie de noble.

Puis il aborde le sujet de sa future maison, dont il étalé les plans que son oncle, architecte, a conçus pour lui. Il laisse le soin d'étudier le plan en se perdant dans un monologue à propos du manque d'argent de sa famille. Lorsque le mage relève les yeux, il opine du chef avant de se mêler à la conversation de Vohl en acquiesçant par ci, grognant par là, secouant la tête à telle et telle remarque. Au premier regard, les deux compères passent pour des habitués du comptoir. C'est en tout cas ce qu'espère Vohl, ayant finalement reçu une éducation qui l'avait tenu loin de ces lieux. Lorsqu'il est certain que le jeune homme en face de lui a bien mémorisé les plans, il les replie en soupirant, comme à regret.

"Enfin...je suppose que nous emprunterons, comme d'habitude."

Ce faisant, il se lève, comme s'il avait assez bu et pleurniché pour la soirée. La véritable raison est de pouvoir sortir sans amener des soupçons. Pour se préparer au reste de la journée de demain, nul besoin de rester aux oreilles de tous, ni de profiter de la lumière des chandeliers pour étudier le parchemin plié. Courant les épaules comme s'il portait le poid du monde sur son dos, il circule entre les tables en jetant de rapides coups d'oeil sur les tables. Quelques badauds leur accordent une certaine attention, mais leurs regards montrent que leur intérêt a été retenu davantage par le sois-disant statut de noble que par un soupçon réel de ce qu'ils préparent : les yeux inquisiteurs sont plus dirigés sur leur ceinture et l'épaisseur de leur bourse que sur leurs visages. Rapidement désintéressés, ils reviennent à leur discussion et aux jeux de cartes sans plus de façons.

Les deux hommes sortent, se retrouvant dans la nuit. Une fois dans la rue, Vohl pars en direction des quartiers riches abandonnant la conduite d'un individu éméché pour se redresser. Lors qu'ils arrivent devant les habitations luxueuses des quartiers riches le bruit et la cohue de l'auberge a depuis longtemps cessé de les poursuivre dans les ruelles. Vohl guide son allié au travers du quadrillage militaire des rues, avant de s'arrêter à l'angle de la maison de Talabre.

"C'est ici."

La maison est celle d'une nouvelle famille aisée : organisée sur deux étages, un parapet délimitant un terrain juste assez grand pour accueillir une aile dédiée aux domestiques sans paraître ridiculement étriqué. Elle est cependant loin d'égaler la demeure des Ôkamis et des autres grandes familles de l'ancienne noblesse : par rapport à la famille Del'Yant, elle dispose d'une surface à peu près équivalente. Derrière le mur de torchis, on distingue les toits incurvés des deux étages du batiment, en écailles d'ardoise. Sans doute pour garder un jardin digne de ce nom, le bâtiment a été construit très proche des murs d'entrée. Un choix esthétique qui permet toutefois un excellent accès au toit. Il désigne l'avancée des toits, presque au niveau de la rue, à son acolyte.

"Un accès. Qu'en penses-tu?"
Souffle-t-il discrètement. L'entrée de la maison n'est encore pas visible, et d'après les plans les pièces auxquelles ils pourront accéder sont les chambres. Le mur pourra être escaladé avant qu'ils n'accèdent au premier toit à partir duquel ils rentreront dans la maison. Prêtant particulièrement attention au son des mercenaires que l'on entend de l'autre côté du mur, il escalade rapidement la bordure de la propriété et saute directement sur le toit de la demeure, plaçant silencieusement le grappin après son saut pour permettre à son allié de le suivre. Il guette la patrouille pour lui faire signe lorsque la voie est libre : deux passent entre son arrivée sur le toit et le signal qu'il donne à Cherock. Une fois qu'il aura monté, ils n'auront qu'à rester sur le toit jusqu'au matin. Ils rentreront par la fenêtre lorsque les quartiers privés de la famille seront déserts, leurs hôtes malgré eux occupés par l'accueil des invités et la gestion de leur ascension sur l'échelle sociale.

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Jorus Kayne
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Jorus Kayne » dim. 1 sept. 2019 15:54

Me voici de retour à Oranan après ce qui me semble être une éternité. Il m’est arrivé tant de choses : Simaya et sa créature, la Lande Noir et ses montagnes de cadavres, les chiens errants modifiés par les expériences de la Tour d’Orsan, le dragon noir, des humains et elfe se transformant en dragon quand ce n’est pas un poulet géant et même un dieu. J’ai le cœur lourd avec ceux disparu à jamais sur Aliaénon. pourtant, en foulant à nouveau le sol de Yuimen, c’est bien vers Castamir que vont mes pensées. J’ignore absolument où la trouver, mais je crois connaître un endroit qui pourrait me renseigner : la taverne locale. Quelques indications bienvenues m’indiquent le chemin d’un bâtiment agité. La partie du bas est réservée à l’ambiance particulière de la taverne avec ses jeux de cartes et sa boisson, le tout parsemé de chants pas tout à fait juste question sonorité.

Je m’avance jusqu’au comptoir pour y voir un homme derrière, servant les boissons. Les cheveux châtains, il doit avoir une bonne trentaine d’années si ce n’est plus.

"Qu’est-ce que je vous sers jeune homme ?" Me demande-t-il.

"Des renseignements vous avez ?" Dis-je sans savoir comment l’homme va réagir.

"Désolé, moi j’suis tavernier, pas colporteur de ragots." Répond-il passant à un autre client un peu plus loin. "D’accord je te ressers mais fait attention à la boisson. La dernière fois ça c’est mal fini !"

Aucune chance que je me laisse envoyer paître à la première tentative, je me déplace pour finir devant le tavernier et insiste à nouveau.

"Ecoutez, je suis à la recherche d’une amie, une taurionne, avec un caractère assez trempé. C’est pas vraiment les elfes verts qui poussent dans le coin non ?"

"Allez Kanumi, souvient-toi quand tu étais jeune, toi aussi tu courrais après les filles ! D’ailleurs ça me rappelle une histoire avec une donzelle de Bouhen et…"Commence à faire un client à mes côtés avant de se faire interrompre.

"Bon d’accord, d’accord ! Mais je veux plus entendre parler d’elle c’est clair ?" Cède-t-il. "Il y a peu j’ai entendu qu’une taurionne avait fait du grabuge à quelques rues d’ici. Voilà c’est tout ce que je sais. Si tu veux plus d’informations demande à ceux qui traînent dehors. Maintenant fiche le camp !"

Je remercie le tavernier ainsi que le client qui m’a aidé et retourne rapidement dans les rues sans plus de cérémonie.

2 - A peine de retour et déjà des efforts !
Modifié en dernier par Jorus Kayne le lun. 2 sept. 2019 16:12, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Jorus Kayne » lun. 2 sept. 2019 15:29

Une fois passés par le guérisseur, nous prenons une chambre afin que je puisse reposer ma blessure à la taverne des hommes libres. Un peu de repos dans un lit en passant par un bain me permettent d’aller relativement bien. Dans notre…enfin dans ma chambre puisqu’elle ne prend que deux heures à se reposer et préfère rester sur la terrasse. Donc dans la chambre que j’ai prise à l’auberge, j’évoque avec Castamir les évènements d’Aliaénon. Je déballe dans un flot continu la fuite du conseil, la perte d’un grand nombre de personnes d’importances et ma peine de n’avoir été capable d’en sauver davantage. Je laisse couler mes larmes face à une spectatrice pleine d’écoute et de compassion. Sa présence m’est salvatrice par le réconfort qu’elle me prodigue. Jamais je n’ai été dans un tel état et je ne me serais pas épanché sur mes émotions, si elle et moi n’avions pas connu un évènement un peu similaire. Au bout du deuxième jour, mon moral est revenu en partie, laissant l’opportunité à quelques rires d’émerger et de passer enfin à autre chose. De tout ce que j’ai vécu, c’est l’étrange écoulement du temps qui la chiffonne le plus, ou alors elle ne me croit absolument pas à mon histoire de chevaucheur de dragon, pas plus que l’elfe guerrière se transformant en poulet géant. Lorsque vient son tour de me raconter son histoire, elle passe rapidement le temps qu’elle a consacré à apaiser sa colère pour en venir sur les raisons de son voyage pour le Naora. Une terre pourtant très difficile d’accès pour les plus chanceux.

"Il se passe quelque chose en ce moment sur le Naora. Suffisamment grave pour accorder à des êtres venant des autres continents afin de venir en aide au peuple Sindel." Commence-t-elle. "Je…je connais quelques personnes là-bas et je m’inquiétais pour elles."

"Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi vouloir y aller en douce alors qu’ils ouvrent leurs portes ? Tu risques gros à te faire prendre !" Dis-je incrédule.

"C’est que…"Elle s’interrompt pour prendre une grande respiration avant de me révéler la raison. "Il y a quelques années un elfe s’est épris de moi et voulait m’épouser, mais je l’ai envoyé paitre bien comme il faut. Ce que j’ignorais c’est qu’il avait une place non négligeable auprès des services de transports aériens. Depuis ce jour, je ne peux plus utiliser un seul de ces appareils volants, ce qui n’était pas un problème jusqu’aux évènements étrange du Naora."

"C’est complètement insensé !" Fais-je en regardant au loin.

"Quoi ça t’étonne qu’un elfe use de son influence de la sorte ?" Me demande-t-elle.

Je m’éloigne quelque peu d’elle sachant ce qui va m’arriver.

"Quoi ? Ha ça non. Ce qui m’étonne le plus c’est que quelqu’un veuille de toi comme épouse. Il avait toute sa tête à ce moment-là ? Il n’avait pas, je ne sais pas, une hache en plein milieu du crâne ?"

"Espèce de sale petit humain !" Crie-t-elle en se jetant sur moi.

Alors que je la réceptionne sur le dos et qu’elle s’échine à frotter ses phalanges contre mon cuir chevelu, j’enchaîne de plus belle.

"Ha je sais il était aveugle ! Et sourd bien entendu !"

Castamir reprend de plus belle et après de longues minutes de supplices et une clef de bras, je finis par abdiquer. Une fois nos émotions retombées je lui demande plus sérieusement.

"C’est si important pour toi d’aller sur le Naora ? Assez pour prendre ce genre de risque je veux dire."

"Oui." Me répond-elle tout simplement.

"Dans ce cas j’irais à ta place !" Fais-je tout simplement.

"Quoi ? Non ! Pourquoi faire ?" S’étonne-t-elle.

Je soutiens son regard pour lui répondre.

"Tu as dit que tu t’inquiétais pour des proches, je peux m’en charger moi-même."

"Tu ne les trouveras pas c’est impossible !" Me rétorque-t-elle.

"Dans ce cas je peux tout simplement y aller, aider les Sindels et m’assurer que le problème n’en soit plus un. Et puis cela m'aidera à oublier certaines choses." Dis-je alors qu’elle me regarde avec une forte inquiétude.

"Non je ne peux pas te demander une chose pareille." Fait-elle timidement.

(Donc elle voudrait mais n’ose pas demander. Il me faut simplement être plus convainquant.)

(Je suis moins sûr que toi, mais lance-toi !)

"Comment ça ? J’ai bataillé contre un dragon et à dos de dragon, combattu des créatures mortes et eu la chance, ou la malchance, d’avoir rencontré une créature dépassant l’entendement. De plus, tu m’as parlé de rumeurs concernant une éventuelle attaque d’Oaxaca. J’ai rencontré des personnes qui ont combattu ses troupes et je vois encore l’ardeur dans leurs yeux lorsqu’ils me racontaient dévouer leur vie à lutter contre la déesse noire et ses dévots."

"Tu y as pris goût n’est-ce pas ?" Me lance-t-elle d’un coup sur un ton à peine audible.

"Goût à quoi ?" Dis-je curieux.

"A l’aventure !" Me répond-elle avec une tristesse dont je ne comprends pas la source.

"Non je…Tu as peut-être raison oui." Fais-je en admettant la vérité. "C’est vrai que ces deux jours ont été d’un grand calme, mais…si je veux être honnête avec moi-même, la tension d’un grand combat me manque beaucoup. Ce genre de chose vous vide la tête de toutes pensées abstraites."

"Dans ce cas je ne devrais pas te retenir." Déclare-t-elle. "Mais si tu souhaites vraiment partir pour le Naora, tu devrais t’y rendre sur-le-champ !"

L’annonce semble précipitée, mais soit, j’ai une chance unique d’aller explorer le Naora ! Je rassemble mes affaires et part direction la zone d’embarcation. Je vais peut-être prendre mon cheval avec moi, ça peut être utile.

6 - Retrouvaille et séparation.

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Xël
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Xël » jeu. 12 sept. 2019 18:10

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La journée touche à sa fin et les travailleurs Ynoriens viennent finir leur journée à l’Auberge des Hommes Libres. Le bâtiment est donc bien occupé, bruyant et soumis à une certaine agitation. L’homme au bar remplit chope après chope, les serveuses voyagent de table en table pour servir boisson et nourriture. Les clients s’enivrent, discutent, rient. Une ambiance agréable me rappelant la soirée passée à Mertar. Une seule table fait figure d’intrus et je suis étonné d’en reconnaître l’occupante. Assise seule à une table vide, Sheeala d’Argentar, l’ex-reine du royaume pâle, le regard perdu dans le vide, l’air fatiguée. Je me fraye un chemin entre les clients debout pour m’approcher de sa table.

" Je vous offre une bière ? "

Elle dirige son regard rose vers moi pour décliner mon offre de bière mais m'avoue qu’en revanche elle s’abreuverait bien à ma gorge. Son ton plus que sérieux me fait hausser un sourcil.

" Votre pouvoir de transformation ? "

Elle secoue doucement la tête et précise que ce n’est pas seulement ça mais l’essence même de ce qu’elle est. Une harpie tout comme le trio d’Arothiir. J’ignore de quelle soif elle souffre vraiment mais je me souviens des propos de Guigne lors de mon séjour à Arothiir et à l’écouter ce n’était pas une soif que j’avais envie d’étancher. J’ignore également quel sont les effets du manque et je me demande si elle va soudainement se transformer pour prendre ce dont elle a besoin.

" Vous avez du mal à vous retenir ? "

Un voile de panique recouvre son visage tandis qu’elle m’assure que ce n’est pas le cas et qu’elle prie pour que jamais ça n’arrive. Elle m’explique juste qu’elle se sent flétrir. Je fais un geste d’apaisement et change de sujet pour la calmer.

" Qu’est-ce que vous comptez faire maintenant ? "

Elle me répond qu’elle ne sait pas vraiment mais qu’elle espère trouver des visages connus sur ce monde. J’incline la tête avant de poursuivre.

"Je tenais à vous remercier encore pour votre cadeau. Il m'a été plus qu'utile."

Elle observe un instant l’arme qui dépasse par-dessus mon épaule avant de déclarer qu’il l’aura été plus que pendant son existence. Une question me taraude l’esprit depuis un moment et je saisis l’occasion pour lui demander d’un air soupçonneux.

" Est-ce que vous saviez que j’en aurais besoin ? "

Elle affiche enfin un sourire, mystérieux, en expliquant que certains voient en l’intuition féminine un don de prescience, surtout chez le peuple pâle. Je souris niaisement.

"Je ne sais pas ce que prescience veut dire. Mais je vais prendre ça pour un oui."

Elle me fait un clin d’œil que je lui rends. J’ai décidément eu de la chance de faire de telles rencontres. Je me relève avant de lui demander si elle est certaine de ne rien vouloir boire. Elle se lève soudainement et s’approche de moi si rapidement que je n’ai pas le temps de réagir. Elle m’embrasse à pleine bouche comme si elle le désirait ardemment depuis des années et qu’elle ne pouvait plus se retenir avant de mordre ma lèvre jusqu’au sang. Trop surpris pour réagir, elle s’est déjà écartée quand je me rends compte de ce qui vient de se passer. Je plonge mon regard dans le sien, me noyant dans la couleur si particulière de ses yeux. D’un doigt je tâte ma lèvre blessée alors que Sheeala lèche le sang qui lui coule le long du menton. Je comprends que c’est de sang qu’elle a besoin mais il y a quelque chose de nouveau chez elle. A quelques centimètres à peine de moi, elle dégage quelque chose d’excitant, de désirable.

" Ça vous suffit ? " demandais-je sur un ton à la fois curieux et amusé.

Son visage qui arbore généralement un air triste change. Il exprime désormais le désir charnel le plus brut, la luxure. Ses yeux roses se teintent d’une lueur orangée inquiétante. Je me demande si je suis allé trop loin, si je risque quelque chose ou si quelqu’un d’autre ici risque quelque chose. Elle répond, suave, presque d’un grognement bestial que non avant de passer une main dans mes cheveux pour me les attraper et me les tirer en arrière pour exposer ma gorge. Je sens sa langue lécher mon cou avant de sentir ses dents s’y planter. J’entends les réactions de panique et d’effroi des clients autour de nous. Je lève une main pour les rassurer ou en tout cas les empêcher d’intervenir. La douleur que je ressens est indescriptible, dissimulé par le plaisir que cela me procure à chaque succion de sang. Je sens le désir monter, encore et encore et alors que je suis proche de l’extase elle relâche mon cou. Aussi essoufflée que je le suis, je perçois son soupire d’aise, son souffle chaud dans mon cou. Elle approche ensuite sa bouche de mon oreille pour me murmurer qu’elle en veut plus.

Dans l’auberge les réactions sont variées, certains préfèrent partir, d’autres reluquent sans se gêner et avec une certaine jalousie. Il faut dire que Sheeala est belle, un visage doux, de longs cheveux soyeux gris qui s’harmonisent parfaitement avec sa peau pâle. L’aubergiste s’approche de nous avec un couteau et nous traite de monstres. Sheeala se tourne vers lui et lui feule dessus comme une chatte sauvage. Malgré mon sentiment de plénitude je comprends que c’est dangereux pour elle de rester ici et qu’elle a besoin d’étancher sa soif si elle ne veut pas s’attirer des problèmes. Je me penche vers son oreille pour lui murmurer à mon tour qu’elle ne devrait pas rester à Oranan. Je me tourne ensuite vers l’aubergiste et porte une main à mon cou. Je remarque que je saigne tout de même suffisamment pour sentir le sang filer entre mes doigts. De mon autre main je fais signe que tout va bien et offre un sourire rassurant.

" Excusez-nous, excusez-la ! Ça fait longtemps qu’on ne s’était pas revu. Vous savez comment sont certaines femmes ! "

Je me mets à rire pour assurer que je ne viens pas de subir une agression.

" Nous allons partir ! "

J’attrape ensuite la main de Sheeala pour l’accompagner hors de l’auberge.

>>>

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Jorus Kayne
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Jorus Kayne » ven. 11 mars 2022 16:06

II Les stigmates de la guerre.
III La lettre.


Si le retour m’a infligé un sentiment douloureux au cœur, en voguant au-dessus du champ de bataille, voir les murailles détruites à l’entrée d’Oranan m’a rappelé le dragon noir et le terrible sort qui a avalé tant d’êtres vivants, qu’importe le camp de la guerre. Cette vision des corps tombant les uns avec les autres, cette vie qui ne s’extirpe pas, mais qui se fait avaler, siphonner de force par la malveillance, me donne des haut-le-cœur. Il me faut quelques instants pour me remettre de ce simple souvenir, comme si je venais d’être touché par la magie unique du dragon pour la seconde fois.

Pourtant, une fois l’entrée franchit, mon humeur s’améliore. Certes, la cité n’est plus aussi joviale et paisible que lorsque j’ai arpenté ses rues pour la première fois, mais on est loin d’une population abattue par une récente guerre. Petit à petit, la vie reprend son cours et si les soldats sont morts au champ d’honneur, en défendant vaillamment la cité, sa population, le cœur d’Oranan, a survécu au pire. A présent, les uns et les autres se soutiennent mutuellement, laissant derrière-eux les petits tracas du quotidien. Bien plus qu’avant la terrible guerre, la population est plus soudée que jamais.

C’est dans un état d’esprit plus serein que j’arpente les rues d’Oranan, commençant ma recherche en demandant à tous ceux que je croise s’ils connaissent, ou ont entendu parlé d’une taurionne du nom de Castamir. Après des heures de recherches sans aucune progression, je finis par me rendre à l’auberge des hommes-libres, là où nous avions logé avant que je ne la quitte pour le Naora. J’y commande à boire et me rends dans la chambre où je suis resté quelques nuits, pansant mes plaies après l’avoir sauvé des mains d’esclavagistes. Celle-ci est inoccupée et je me laisse aller sur la première chaise venue, me laissant porter par son sourire et sa gentillesse.

"Je peux savoir ce que vous faites ici ?" Grogne un homme sur le palier qui me sort de ma rêverie.

Je me lève prestement et gêné, je porte la main derrière les cheveux.

"Veuillez m’excuser, je ne voulais pas déranger. Je vous laisse !"

Face à mon attitude, celui-ci se calme rapidement et prend un ton plus doux.

"Vous n’avez pas à vous excuser de la sorte, vous n’avez rien dérangé et personne n’occupe la pièce, mais si vous désirez cette chambre, c’est tout à fait possible !"

"Heu…non merci, je… je suis venue avec une amie il y a quelque temps et revoir la chambre m’a rappelé des souvenirs !" Lui dis-je.

"Ha ! C’est beau la passion de la jeunesse ! Savoir que vous y avez passé de bons moments dans cette pièce-là me fait plaisir. Cette chambre est hantée par le chagrin !" Réplique-t-il.

"Non, non, ce n’est pas du tout ce que vous pensez !" Fais-je rapidement, comprenant une allusion de quelque chose qui n’a pas eu lieu, avant de porter la discussion sur un autre sujet. "Pourquoi parlez-vous de chagrin ? Il n’y avait rien de tel lorsque je suis venu la dernière fois et ce n’était pas il y a si longtemps !"

Je suis l’homme qui commence à partir vers la pièce de restauration, m’expliquant la raison.

"Il y a quelques temps, il y avait une jeune femme qui y logeait, j’ai oublié son nom, mais certainement pas le chagrin qui l’a accompagnée jusqu’à ce qu’elle parte. Pauvre petite ! L’amour est une chose qui nous unis tous peu importe la race. Jusqu’à ce que je la voie, je ne pensais pas que cela pouvait affecter à ce point les taurions !"

Mon cœur s’arrête, manquant un battement de cœur à l’évocation d’une elfe verte. J’attrape l’homme par l’épaule, faisant tomber les affaires qu’il portait, et le plaque malgré moi contre le mur, emporté par une soudaine impulsivité.

"Vous avez dit une taurionne ?"

"Oui c’est cela." Répond-il en dégageant son épaule, marquant mon manque de savoir-vivre.

"Veuillez m’excuser, je suis à la recherche d’une taurionne justement. Nous avons logé ici est-ce que vous vous souvenez d’elle ? S’appelait-elle Castamir ?" Fais-je en ramassant ses affaires.

"Castamir ? C’était peut-être ça oui, je ne m’en souviens plus vraiment à vrai dire." Il me regarde droit dans les yeux, cherchant quelque chose dont seul lui à la connaissance, avant de me redemander à nouveau. "Seriez-vous par hasard, Jarvs Glaire ?"

La question me désarçonne un bref instant.

"Non désolé, moi c’est Jorus Kayne ! Pourquoi cette question ?"

"Jorus Kayne." Répète-t-il en regardant ailleurs. "C’est peut-être ça finalement." Murmure-t-il.

"Quoi ? Qu’est-ce qui peut être quoi ?" Fais-je, sentant qu’il y a quelque chose d’important.

"Suivez-moi !" Répond-il tout simplement.

Il m’emmène au comptoir et sort d’un tiroir hors de la portée de la clientèle, une lettre un peu abimée.

"Cette jeune femme l’a écrite en nous demandant de la transmettre à la personne nommée dessus. Le nom y a été altéré à cause des larmes qui ne cessaient de couler. Regardez-là ! Personne ne l’a réclamée à part vous."

Je regarde la lettre et effectivement, l’encre du nom inscrit a été légèrement altérée. Je l’ouvre avec appréhension pour y lire un contenu heureusement plus clair.

"Jorus.
C’est avec une immense peine que je pose ces mots sur cette lettre. Je t’ai promis que nous nous reverrons, mais je ne serais plus là lorsque tu rentreras. J’ai passé un moment précieux en ta compagnie, même si j’aurais préféré que nous soyons un peu plus. Je garde le baiser que nous avons échangé comme un souvenir impérissable. Sache que je tiens beaucoup à toi et que c’est avec tristesse que je me dois de rentrer chez moi. Je voudrais tant te dire, mais chaque mot que je pose m’est d’une douleur insoutenable.

N’essaie pas de me retrouver, tu ne le pourrais pas. Il n’y a nul chemin là où je me rends.
Vies ta vie. J’espère que tu garderas un bon souvenir de moi, de nous.

Merci d’avoir été là. Pardonne-moi."


Ma main est tremblante lorsque je termine enfin la lettre. Mes larmes coulent déjà en bas de mes jours lorsque je saisis l’essentiel du message : elle est en vie ! Elle n’était pas présente lors de l’assaut.

(N’oublie pas le blocus !)

(Le blocus ?)

(Oui. Omyre a exercé un blocus du port d’Oranan et de ce qu’on en sait, Castamir ne semble pas apprécier les voyages aériens.)

"Savez-vous où elle s’est rendue ?" Fais-je à l’homme qui m’a remis la lettre.

"Ha non désolé. Je le lui ai bien demandé, mais elle est restée muette sur le sujet."

La réponse me glace le sang. J’ai perdu la seule piste qui me menait à elle, alors que j’avais enfin retrouvé de l’espoir.

"En revanche, je sais qu’elle a pris un bateau !" Poursuit-il.

"Un bateau ? Quand ?"

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Xël
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Xël » ven. 26 août 2022 14:09

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Nous posons le pied à Oranan au petit matin, avant que les rues ne soient envahis par les travailleurs de la capitale Ynorienne. Biensûr certains sont déjà debout mais me reconnaissent assez rapidement. Ils me saluent chaleureusement et passent leur chemin. Nous sommes devant l’auberge des Hommes Libres et j’invite Amélie à me suivre pour prendre un petit déjeuner.
Nokora, ravie de me revoir, m’apporte de quoi nous régaler et je me remets de mon combat de la veille en dévorant ses belles miches de pain et ses brioches moelleuses, je l’accompagne de miel, de confiture et d’une pâte à tartiner aux amandes en buvant un jus de fruit frais et un thé à l’oranger brûlant. Amélie n’est pas moins affamée et profite de ce repas offert en promettant aux tenanciers de jouer un morceau juste après.

« Qu’est-ce qui est arrivé à votre bras ? »

Demande la serveuse.

« Mauvaise rencontre. J’espérais pouvoir faire soigner ça à Oranan avant de poursuivre ma route. »

« J’imagine que le guérisseur pourrait vous aider. »

« Où je peux le trouver ? »

Elle m’indique où se trouve sa boutique et m’invite à insister au moment de frapper à la porte. Je la remercie et termine mon repas avant de discuter avec la ménestrel.

« Je vais y aller seul. Je te laisse faire ton travail et t’exercer sur la formation de ta bulle magique. »

« Comment je saurais si j’y arrive. »

« Quand tu arriveras à former une bulle qui ne disparait pas immédiatement alors on passeras à l’étape suivante. »

Elle incline la tête tandis que je me relève pour quitter l’auberge, à la recherche de ce fameux guérisseur.


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Xël
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Xël » lun. 29 août 2022 13:07

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En rentrant dans l’auberge j’ai la bonne surprise de voir un visage que je reconnais. Les traits Ynoriens mais dépassant ses semblables d’une bonne tête, large comme une armoire, les cheveux blonds et les yeux de deux couleurs différentes, Akihito est entrain de manger à une table. Il me remarque quand je lui fait des grands signes et ne semble pas en croire ses yeux quand je viens le saluer. C’est une bonne coïncidence que je tombe sur lui, un fulguromancien pourrait m’aider à tester les limites du bouclier élémentaire.

« Salut. Tu tombes bien je cherchais quelqu’un comme toi. »

Il m’invite à m’installer et je le fais volontiers tout en commandant de quoi manger et surtout boire alors qu’il prend de mes nouvelles. Je lui parle du palais et de la machine que j’ai combattu. Il s’inquiète de savoir si j’ai réussi à m’en occuper.

« Oui mais c’était pas facile et y aura quelques travaux à faire pour réinvestir les lieux. Et toi ? Qu’est-ce que tu deviens ? »

Il me raconte qu’il a vadrouillé dans toute l’Ynorie après la bataille pour aider l’armée et me parle également de l’incident de la milice sauf que lui me parle d’une explosion du bâtiment. Surpris, je lui demande plus d’explications. Il s’étonne que je ne sois pas au courant et m’informe que l’explosion est lié au passage vers Aliaénon. Je manque de m’étouffer avec le morceau de coq que j’ai en bouche.

« J’ai entendu ce matin qu’il y avait eu un accident mais personne ne m’avait parlé d’explosion ! Ni d’Aliaénon ! Il faut que j’aille voir Atsukiho ! »

Le tatoueur m’avoue qu’il serait rassuré et je m’empresse de finir mon repas.

« Laisse moi récupérer mes affaires, dire quelques mots à la barde et je t’accompagnes. »

"J'ai déjà été voir le capitaine Atsukiho, mais je peux t'accompagner si tu veux. Tu n'avais d'ailleurs pas un service à me demander?"

« Oui ! Si ! Faudrait que tu me lance un sort ! »

Je lui explique que j’ai besoin d’un élément différent de l’air pour m’assurer que mon sort fonctionne. Plutôt inquiet il me demande si c’est une bonne idée.

« Certain. Normalement si tout se passe bien. Je ne sentirai rien. »

Nous échangeons encore quelques mots avant de nous donner rendez-vous plus tard au terrain d’entraînement avant de nous quitter.

Je monte dans ma chambre pour récupérer mon armure et j’y retrouve Amélie, assise sur son lit, les yeux clos, semblant concentrée. Sans ouvrir les yeux elle me demande si mon bras va mieux.

« Le guérisseur s’en est occupé. »

Dis-je en enfilant mon plastron. Elle ouvre un oeil, me demandant pourquoi j’ai l’air si pressé.

« J’imagine que le nom d’Aliaénon te dis quelque chose. »

« Oui. »

Elle ouvre les deux yeux et m’observe avec attention.

« Visiblement il se passe quelque chose à la Milice à ce sujet alors je vais devoir y jeter un œil. Tu devrais m’accompagner car ensuite nous irons voir si le bouclier élémentaire fonctionne. Tu as travaillé dessus ? »

Elle hoche la tête avant de m’en demander plus sur l’incident de la milice.

« Ce serait lié au fluide spatial qui relie Yuimen et Aliaénon mais je dois en demander plus au capitaine. C’est pour ça que je dois le voir. Il se pourrait que je me rende à nouveau sur cet autre monde et tu ne pourras pas venir avec moi. »

« Quoi ?! Mais pourquoi !? »

« La dernière fois un titan voulait tous nous tuer. Des dirigeants sont morts en essayant de s’enfuir. Sans compter les créatures qui vivent là-bas. Je n’ose pas imaginer l’état dans lequel ce trouve ce monde si les Titans y ont d’avantage d’influence. »

« Mais tu va être absent combien de temps ? »

« Difficile à dire. Sans oublier que le temps ne s’écoule pas de la même manière. »

« Hein ? »

« La dernière fois j’y suis resté un an. »

Elle cligne des yeux avant de soupirer.

« J’imagine que ça me laisse le temps de faire une petite tournée. »

Je ramasse mon bâton et me dirige vers la sortie tandis qu’elle poursuit, assurant qu’elle en a entendu assez pour écrire plusieurs morceaux. Elle m’accompagne pour quitter le bâtiment alors que nous nous mettons d’accord pour se retrouver à Kendra Kâr quand je reviendrais.


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Xël
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Re: L'Auberge des Hommes Libres

Message par Xël » sam. 3 sept. 2022 20:50

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De retour à l’auberge après avoir été remis sur pied je fais les derniers préparatifs avant mon départ sur Aliaénon. Au niveau du matériel j’ai déjà ce qu’il faut, m’étant préparé avant mon voyage. Mais le passage par Aliaénon risque de le rendre bien plus long que prévu et je dois donc en informer l’armée mais pas que…
Je tiens à ce que Satina connaisse mon avis au sujet de cette régence. Je veux qu’elle sache qu’elle a mon soutien qu’importe sa valeur et surtout que je serai fier de devenir son chevalier en revenant. Je descend alors de la chambre avec Amélie et j’ai la surprise de croiser Akihito. Il me salue et s’enquiert de mes blessures ce à quoi je le rassure tandis que la barde le foudroie du regard. C’est volontiers que j’accepte de répondre à ses questions sur Aliaénon et je l’invite à s’installer avec moi en bas pour partager un repas.

Nous descendons au rez-de-chaussée pour rejoindre une semi-shaakt assez ravissante aux cheveux blancs et au visage fin. Le tatoueur tapote sur la table pour attirer son attention alors qu’elle lisait quelque chose à la lueur d’une sphère de lumière. Je découvre ses yeux bleus alors qu’elle lève son nez et je la dévisage plus que je ne le devrais quand Akihito m’affirme qu’il s’agit de la jeune elfe Yliria. Elle me salue et demande si la barde sera aussi des nôtres. Amélie, non sans une pointe de provocation à mon encontre, rétorque qu’elle restera sur Yuimen parce que c’est moins dangereux avant de nous saluer pour rejoindre la scène. Je m’installe à table sans quitter celle qui est censé être Yliria du regard. Dans mes souvenirs elle avait une apparence bien plus jeune.

« Est-ce que la foudre peut avoir un effet sur la vision plusieurs heures après l’impact ? »

J’ai l’impression de le prendre un peu au dépourvu mais il répond finalement qu’il s’agit bien d’Yliria, que son sort n’y est pour rien et m’explique que c’est l’Ordalie qui est à l’origine de son… vieillissement ? Yliria confirme ce que dit Akihito et assure que c’est une histoire inintéressante. Elle aimerait savoir en revanche pourquoi j’ai reçu la foudre de la part du tatoueur, suspectant que nous ayons fait une sorte de concours, avant de m’en demander plus elle aussi sur Aliaénon.

« Je… je devais essayer un sort capable de réduire la puissance d’un sort offensif. Comme tu vois je suis encore en vie donc ça a plutôt fonctionné. »

J’interpelle une serveuse pour commander à manger et à boire.

« Content de te revoir en tout cas. Tu as l’air en forme. Dites moi ce que vous voulez savoir ? Y a beaucoup de choses à dire. »

La première question vient d’Akihito qui me demande ce que j’ai fais là-bas.

« La première fois c’était pour empêcher Oaxaca d’envahir Aliaénon. Son but était d’attaquer Oranan en passant par le fluide situé dans la milice. Mais la guerre a réveillé les Titans. Des créatures toutes puissantes qu’un Dieu Sans Visage avait réussi à enfermer. Leur réveil à causer pas mal de changements sur le monde, la flore et la faune est devenue plus agressive, il a fallu redessiner les territoires pour en réserver certains aux Titans avec l’interdiction de les traverser et des choses que je n’arrive pas encore à expliquer. Ce sont ces raisons qui ont poussés des aventuriers à s’y rendre une seconde fois, dans le but d’apporter notre aide. Enfin c’était le mien en tout cas. Le dragon Rose, lui, voulait tout simplement qu’on trouve et qu’on neutralise le Sans-Visage, le Dieu qui était parvenu à enfermer les Titans. Vous suivez ?
La troisième fois c’était pour un sauvetage, ce trouduc’ de Dragon Rose avait disparu et ça causait pas mal de problèmes, surtout avec son ordre de chevaliers fanatiques. Il s’était fait capturé mais je ne sais plus vraiment par qui. C’est après ça que les Titans ont décidés de détruire la Tour d’Or qui contenait le fluide spatial. »


Mon air s’assombrit.

« Avec tous ceux qui étaient à l’intérieur de la tour. »

Yliria écoute en silence et Akihito semble médusé par ce qu’il entend.

"Euh, alors. Déjà, si Oaxaca prévoyait d'attaquer Oranan par aliaénon, c'est qu'il y a un autre moyen de l'atteindre ? Un autre "fluide spatial" ? Et c'est quoi au juste ces Titans ? Ce seront nos adversaires tu penses ?"

« Difficile de parler d’adversaires… Si le Sans-Visage les craints c’est qu’ils sont assez puissants pour défaire un Dieu. Je vous rappelle qu’on a eu du mal à vaincre une demi-déesse. »

J’engloutis de grandes rasades de bières avant de poursuivre.

« En ce qui concerne l’autre fluide je sais où il est mais je ne sais pas où il mène. Ce qui est sûre c’est qu’Oaxaca pouvait vomir ses troupes par ce moyen. »

Le mage de foudre émet ses doutes sur la responsabilité de ce qui reste de l’Empire d’Oaxaca concernant l’explosion et me demande si j’ai une idée sur ce qui a provoqué celle-ci.

« C’est peut-être le moyen qu’ils ont trouvé de l’autre côté pour rouvrir le passage. Mais non je ne pense pas que cela vienne d’Oaxaca. J’ai de bonnes raisons de penser que tous les passages menant à Aliaénon sont fermés. »

Yliria souligne alors le fait que n’importe quoi aurait pu causer l’incident. Que ce soit le Sans Visage, un Titan, d’autres personnes sur place voir le dragon rose. Je secoue doucement la tête à l’évocation de ce nom, même si je ne serais pas étonné de le croiser je doute qu’il soit le responsable.

« Le dragon rose, Naral Shaam, est revenu sur Yuimen et je ne pense pas qu’on le laisserait rentrer dans la milice pour faire péter un truc. Le Sans-Visage pourrait si il était en très mauvaise posture. Je doute que les Titans aient un interêt à réouvrir le passage et pour les forces sur place… Aucune idée, c’est une possibilité. »

Akihito me demande alors quel genre de monde est Aliaénon et si c’est un endroit hostile. Si je répond d’abord qu’il l’est autant que Yuimen je me reprends aussitôt, me souvenant des changements que le réveil des Titans a apporté avec en tête l’état du temple de Nagorin qui semblait être rongé de l’intérieur par un mal profond. Je garde cette image pour moi, faisant simplement une brève liste de ce qui pourrait nous mettre en danger.

« Il y a les territoires interdits, puis les chevaliers qui traquent le Sans-Visage et ceux qui le soutiennent, puis les dragons aussi… »

« Dragon ? Dragon comme Cromax ou dragon comme le squamate des enfers ? On peut s'attendre à quelques problèmes avec ces fameux chevalier également ? »

« Ah non je parle pas d’elfes qui se changent en dragons. Je parle de vrais dragons. Je n’en suis pas certain. Je ne sais pas comment les choses ont évolués là-bas. Mais ils se permettaient tout pour pouvoir débusquer le Sans-Visage. »

"Donc si il y a ce fameux dieu sans visage, j'imagine qu'ils ne vénèrent aucun de nos dieux élémentaires ?"

« Non. Vous pourriez entendre des noms de dieu différents en fonction des régions mais ce sont juste les noms qui changent, le dieu reste toujours le même. Pas de Dieux élémentaires en effet et pas vraiment de magie élémentaire non plus. »

Je sais que chaque réponse amène son lot de questions. Je le sais parce que je suis passé par là et même en suis encore à ce stade car je suis loin de tout comprendre de la complexité de cette autre monde. Je fais d’ailleurs la grimace en sachant que je vais maintenant devoir expliquer comment fonctionne la magie.

« Bon. Comment dire ça simplement… Je n’ai pas besoin de vous expliquer comment fonctionne la magie sur Yuimen. Les fluides tout ça… Là-bas ça ne se passe pas comme ça. Vous le sentirez… la magie est présente partout, plus ou moins puissante en fonction des régions et c’est là dedans qu’il faut puiser pour lancer un sort. Vous devrez être prudents car les effets peuvent être différents de ce à quoi on s’attend mais surtout être d’une puissance décuplée par rapport à ce qu’on voulait. »

Ils semblent tous les deux comprendre les bases; en lançant un sort n’importe quoi peut arriver. Akihito demande tout de même si il n’y a pas un moyen de la contrôler un minimum.

« J’imagine qu’avec beaucoup d’entraînement c’est possible. Les mages d’Aliaénon y parviennent mais je ne sais pas combien de temps ça leur a prit. Un autre détail, les sorts ne puiseront pas dans vos réserves de magie mais dans votre énergie. Plus vous lancerez de sorts et plus puissants ils seront et plus vite vous vous épuiserez. »

Dis-je en haussant les épaules. A nouveau, ils comprennent la logique et Yliria se rassure en disant que je suis revenu en un seul morceau. Physiquement c’est certain mais j’ai laissé des morceaux de moi dans la forêt d’émeraude, sur les remparts d’Esseroth et de Fan-Ming.

"D'autres choses qui te viennent en tête, Xël ? Des choses auxquelles on devrait faire attention ?"

La question d’Akihito me ramène sur place avant que je ne me perde dans mes souvenirs. Il affirme également mieux comprendre le pouvoir de la mage qui est intervenue contre Oaxaca. Je commence par lui parler d’elle.

« Simaya. Sans doute la mage la plus puissante d’Aliaénon. Elle vient d’Esseroth, une cité où chaque habitant possède une magie spécifique. Elle, par exemple, peut copier un pouvoir et réduire à néant ou augmenter la magie dans une zone proche d’elle. D’ailleurs, mes portails, cela me vient d’un don que m’a fait un autre Esserothéen. »

Après un court instant de réflexion je poursuis.

« Il reste plein de choses à dire… Quelques mises en gardes. Vous avez compris que la magie n’a donc aucune limite si ce n’est votre corps. Si on vous propose du Thiir, refusez. C’est une drogue qui augmentera votre force mais vous fera perdre la tête. Au point d’attaquer vos alliés. »

A nouveau un mauvais souvenir m’assaille, le pire de tous, la masse qui s’écrase sur le torse de Finarfin. Un silence entre nous s’installe après quelques mots alors qu’Amélie entame sa chanson sur les amants d’Ynorie. Un morceau qui semble faire réagir mes deux camarades qui écoutent avec attention après qu’Yliria se demande ce que Simaya faisait là lors de la bataille et que le fulguromancien, sur un autre sujet, me demande si c’est Amélie qui a écrit cette chanson. Je réponds d’abord à Yliria au sujet de la présence de Simaya après un haussement de sourcil.

« Elle vivait à Oranan depuis qu’elle était coincée sur Yuimen. J’imagine qu’elle ne voulait pas laisser la cité Ynorienne sombrer sous les armées Omyrienne comme sa cité d’origine. »

Je me retourne vers la barde.

« Bah euh… Je sais pas trop. Je m’occupe pas vraiment de sa musique… »

J’écoute alors plus attentivement la musique pour découvrir ce qui les perturbes tant avant de réaliser et de me tourner vers eux.

« Hey mais attendez une minute ! »

"Par pitié, Xel, pas un mot de plus. C'est déjà assez embarrassant que ça existe alors que c'est loin de la vérité, alors n'en rajoute pas."

Il vide sa coupe, avant de changer de sujet, demandant si tout le monde peut faire de la magie. Yliria répond avant moi, avançant que si je parle spécifiquement de mages c’est que certains ne le sont pas.

« Ouais je dirais qu’il y a une sorte d’affinité pour pouvoir utiliser la magie. Tous n’étaient pas des mages mais la magie est présente partout. Prenons un exemple, Sibelle. Elle n’utilise pas de magie, pourtant c’est sur Aliaénon qu’elle s’est transformé en hippogriffe la première fois. »

Les deux mages ne semblent pas en être au courant et l’apprennent avec une certaine surprise et appréhension de peur de finir dans une autre forme au cours du voyage eux-aussi. Finalement Akihito me remercie et quitte la table, me laissant seul avec Yliria. Je commande alors de quoi écrire avant de demander à la semi-Shaakt si elle a d’autres questions. Elle répond que non et me demande à mon tour si j’en ai. Evidemment je l’interroge sur sa nouvelle apparence après avoir remercié la serveuse qui me ramène une plume, de l’encre et du papier avec un air un peu troublé. Yliria m’explique que c’est un effet secondaire de l’Ordalie mais elle précise qu’elle s’y est habitué.

« Ca aurait pu être pire t’aurais pu devenir rousse. »

Elle rit doucement, assurant qu’elle se serait rasée la tête. Je renchéris en feintant une grimace de dégoût.

« Ou blanche comme un cul. »

Elle rétorque alors qu’elle aurait eu moins de problèmes liées à la couleur de sa peau. Elle me demande à mon tour ce que j’ai fait depuis la bataille. Je réfléchis un instant avant de tremper ma plume dans l’encrier.

« L’Ordalie m’a fait comprendre que traquer ce qui reste des Treize pour les anéantir m’aurait mené à ma perte. Alors plutôt que de chercher à détruire j’essaie de construire. J’ai aidé pour rebâtir les remparts d’Oranan par exemple… »

« La vengeance, hein ? Ravie de voir que t'as pas sombré, Yuimen a besoin de gens comme toi. »

Etrange affirmation, ou compliment, je ne sais pas trop quoi en penser et je réponds que j’espère être aussi utile sur Aliaénon. Elle essaie de me rassurer et après quelques plaisanteries je lui demande ce qu’il en est de l’histoire concernant ce Shaakt qui a prétendu être son frère. Elle m’apprend alors qu’elle ne préfère pas reprendre contact avec sa famille et que si je le croise à nouveau je n’aurais qu’à lui dire qu’elle est morte.

« Je mens très mal mais j’essaierai. »

Je commence alors à rédiger ma première lettre tandis qu’elle reprend sa lecture en éclairant mieux la table grâce à un orbe de lumière.

Chère Princesse Satina…
Chère Princesse Satina…

Je m’excuse de ne pas avoir été présent plus tôt, que ce soit pour votre retour à Kendra Kâr ou aux funérailles de votre frère.

Le Comte Bogast m’a accordé une permission qui risque de se prolonger. J’ignore si vous êtes déjà au courant mais un incident lié à Aliaénon est arrivé à Oranan et je ne peux pas passé mon chemin en ce qui concerne ce monde.

Dès mon retour sur Yuimen je reviendrai à Kendra Kâr et j’espère avoir l’honneur de devenir votre Chevalier et de vous voir devenir Reine.

Xël Almaran
Je plie le papier et le rentre dans une enveloppe que je scelle grâce à un peu de cire avant de passer à la suivante adressée à Robert.
Salut Robert

Je suis heureux de te savoir en vie et en bonne santé quoi que cela puisse dire après la bataille. Je te félicite pour ta promotion et suis certain que tu parviendras à rebâtir une armée capable de protéger le royaume.

Si je t’écris c’est aussi pour te dire en toute sincérité que je ne comprends pas pourquoi tu ne soutiens pas Satina pour obtenir le rôle de Reine. Tu as été comme moi témoin de son courage, elle qui a refusé de quitter le champs de bataille malgré le risque de voir sa lignée s’éteindre. Est-ce que tu doutes qu’elle soit capable de gérer un royaume ?

Crois-tu qu’un homme comme Ybelinor soit meilleur pour une telle tâche ? J’ignore si tu as vu sa lâcheté, invisible pendant la bataille et essayant de s’enfuir quand tout semblait perdu alors que tous les survivants se sont tenu prêts à se battre. Encore. Je ne regarderais pas cette personne prendre une couronne sans rien dire.

Je reviendrais à Kendra Kâr quand ma tâche sera accomplie en Aliaénon et j’espère que tu accepteras de répondre à mes questions.

Ton ami.
Xël Almaran 
Le chant du charnier d’Amélie se termine alors que je glisse la lettre dans l’enveloppe que je marque au nom de Robert Perussac. Elle entame une autre chanson tandis que débute une dernière lettre adressée à Leamar Ybelinor.
Salut Leamar.

Au cas où tu ne t’en souviendrais pas je suis le mage qui t’a permis de retourner sain et sauf à Kendra Kâr à travers un portail. Si j’étais mesquin je dirais que tu en as profité pour rallier des nobles à ta cause dans le but de devenir Roi.

Mais on ne me décrit pas comme mesquin, plutôt comme sincère. Voilà pourquoi je t’adresses un courrier. A toi dont le seul souvenir que j’ai est ce cri paniqué que tu as lâché au moment de sortir de mon portail alors que tu tentais lâchement de quitter le champs de bataille. Je pense que la couronne doit revenir à Satina et non à toi et tu aurais raison de dire que je ne comprends rien aux jeux politiques mais c’est quelque chose que je ressens au fond de moi. Quelque chose de juste de mettre sur la tête de cette femme courageuse la couronne qu’a porté son frère.

Voilà pourquoi je lui ai déjà annoncé mon soutien et viendrait dès que possible pour devenir son chevalier. Nous pourrons partager nos souvenirs de la bataille, j’ai hâte de te raconter mon duel contre ton fils qui nous a trahis.

Bisous.
Xël Almaran.
Je signe avec une certaine nervosité. Le souvenir de Sirat me fait remonter un goût amer dans la bouche que j’essaie de faire passer avec une rasade de bière. J’observe mes trois enveloppes en me demandant si ce sera vraiment utile puis comme une illumination je me souviens que je suis capable de me rendre rapidement à Kendra Kâr pour en discuter avec la principale concernée. Je prends donc congés d’Yliria, lui conseillant de bien se reposer avant de rejoindre ma chambre et de faire un portail pour Kendra Kâr.


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