L'Oracle

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Yuimen
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L'Oracle

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:20

L'oracle
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Situé un peu en retrait de la ville se tient un ancien bâtiment auquel on accède par un ancien chemin de pierre et une passerelle de bois. Les quatre portes y sont toujours ouvertes, aux vents comme aux êtres.

Celui qui y vit, Hiéran Ochiro, était selon les légendes un guerrier. Le port altier, il allait de bataille en bataille jusqu'au jour où il fit simplement demi-tour en disant à son supérieur que ce n'était pas la peine, le village où ils se trouvaient était perdu. Personne ne le crut, ils étaient cinq mille à guerroyer, les Orcs moins de deux mille. Et pourtant la défaite fut cuisante, il n'y eut aucun survivant.

Longtemps Hiéran disparut simplement, nul ne le vit et nul ne s'en inquiéta. Il ne réapparut que trente ans plus tard devant le conseil, il n'avait pas changé, pour lui le temps s'était figé. Il déclara qu'il fallait partir en guerre et que les Orques approchaient de la cité. On le prit pour un éclaireur et on le crut mais, avant qu'on ait pu lui poser des questions, il avait disparu.

Dix ans plus tard, il revint s'installer en ville. Son regard est vide, on le dit aveugle aux choses matérielles, il attend qu'on vienne le voir. Le temps ne semble pas le toucher, ses traits sont toujours ceux du jeune guerrier qu'il fut. Touché par Rana et Zewen, il a gagné le don des prédictions dans les vents.

Si vous entrez dans ce bâtiment avec une question, il vous donnera une réponse. Vous ne la comprendrez peut-être pas mais sachez que, malgré son ambiguïté, elle sera toujours juste. En effet, il voit la multitude de futurs possibles et ce qu'il vous dira se réalisera toujours dans l'un d'entre eux...

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Faëlis
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Re: L'Oracle

Message par Faëlis » lun. 22 avr. 2019 10:38

L'oracle répondait au nom de Hiéran Oshiro, et il mettait son don à disposition de tous, aussi il n'était pas difficile de trouver des gens qui puissent lui indiquer sa demeure. Cependant, la plupart semblaient le prendre pour un touriste qui ne comprenait pas son erreur. Un jeune garçon lui précisa en riant qu'on ne comprenait que rarement ce que disait l'oracle. L'elfe s'en doutait : les gens qui prétendent lire l'avenir n'ont généralement pas intérêt à être trop claire, sans quoi la supercherie serait trop facile à découvrir ! Mais il ne venait pas pour se faire dire la bonne aventure.

La maison de l'oracle était modeste, mais installée dans un jardin, de l'autre côté d'une passerelle en bois. L'ambiance était sereine et le soin avec lequel avait été créé le jardin témoignait d'un souci symbolique et figuratif que le jeune homme peinait à interpréter. La civilisation ynorienne était décidément surprenante par bien des aspects...

Curieusement, toutes les portes de la maison étaient ouvertes. L'oracle se trouvait dans l'entrée. C'était un homme mûr, aux tempes grisonnantes, qui gardait ses yeux aveugles perpétuellement fermés. Faëlis lui fit une révérence polie, avant de réaliser que cela n'avait pas vraiment de sens avec un aveugle. Pourtant, à sa grande surprise, l'homme répondit à son geste et lui fit signe de l'installer, à genoux sur un tapis face à lui.

« Bienvenu dans mon humble demeure, énonça-t-il d'une voix douce. Je suis l'oracle qui, par la grâce de Zewen et de Rana, voit bien des avenirs et des destins. Je peux te révéler des choses, mais sache d'abord que l'avenir est parfois meilleur dans les ombres. Le connaître peut apporter bien des peines. »

« Je m'en doute, messire, répondit Faëlis. Aussi, je ne viens pas vous demander mon avenir, mais juste des informations sur un homme qui est venu vous voir il y a peu. Il se donnait le même nom que moi... »

« Faëlis Nyris'Kassilian, oui. Je m'en souviens. »

Là, l'elfe dut admettre une pointe de surprise. L'homme ne devait certes pas recevoir la visite d'elfes tous les jours, mais de là à se souvenir du nom et à faire le rapprochement... Il demanda :

« Puis-je savoir ce qu'il voulait ? Vous a-t-il dit où il se rendait ensuite ? »

« Il voulait savoir si son destin serait un jour séparé du vôtre. Il souhaitait également savoir où vous comptiez vous rendre ensuite pour vous devancer. »


Faëlis fronça les sourcils :

« Et qu'avez-vous répondu ? »


« La vérité. Je lui ai dit que vous empruntiez un sentier bordé de roses et qu'il devait choisir s'il en ferait de même. »

Cette fois-ci, Faëlis sentit un véritable malaise. Comment sa mission pouvait-elle être aussi bien connue ? Perturbé, il ne put s'empêcher de demander :

« Les épines sur ce chemin ont l'air pointues... Qu'a-t-il décidé ? »

« Il ne se sentait guère concerné. Il était presque rassuré. Les épines sont dangereuses, et elles protègent bien la fleure, mais je lui ai alors rappelé son choix : car vos destins sont effectivement liés, et l'ombre du prince des mensonges plane sur vous... »

« Qu'est-ce que cela veut dire ? »

« Sur le chemin pavé de roses, le serpent attend en embuscade, et Faëlis Nyris'Kassilian mourra de son venin. Ainsi a parlé le destin. »

Cette fois-ci, le jeune homme sentit vraiment son sang se glacer. Était-ce une menace ? Ou un réel avertissement ? Il se leva d'un bond, prêt à demander à quoi rimait cette mascarade, mais une idée horrible monta en lui et ce fut une autre question qui lui vint :

« Et qu'a-t-il fait ? »


Les yeux fermés et aveugles se posèrent sur lui, avec une pointe de tristesse :

« Je t'avais prévenu qu'ouvrir la boite du destin ne révélait pas que des trésors. Il craignait que vous ne veniez pas en ces lieux et ignoriez cette prophétie. Sa résolution s'est renforcée en même temps que sa détresse et il s'est lancé dans l'aboutissement de la quête de sa vie. Il a pris le premier le chemin des roses, car c'est ce que la reine blanche attendrait de lui. »

L'elfe sentit avec horreur les mâchoires du destin se refermer. Pourtant, en cet instant, il n'avait plus le choix. Il avait vu trop de gens mourir. Trop de malheurs autour de lui. Il savait maintenant que cet homme n'avait aucune mauvaise intention. C'était un espion de sa mère... et il allait s'engager sur les pistes de cette stupide prophétie ! Peu importait le danger... aucun Faëlis Nyris'Kassilian ne mourrait sur le chemin du palais de la roseraie de la soie !

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