Les Habitations

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Hatsu Ôkami
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » lun. 19 août 2019 18:06

Loin de se démonter, Hatsu soutint le regard de Talabre, nullement impressionnée.

- Ne parlez pas de respects quand vous insultez et menacez ! La seule chose que vous m'avez jamais apprise Talabre, c'est que l'honneur n'est pas important pour ceux qui, comme vous, souhaitent s'élever dans la société en agissant comme nos ennemis.

Elle croisa les bras, secouant la tête pour chasser en vain cette tenace vision bleutée avant de se tourner vers son chef des gardes.

- Votre sabre.

Il recula, tenant fermement son arme

- Navré demoiselle, je ne peux pas faire ça.

Tous ses gardes firent de même, tirant un soupir fatigué à la jeune femme.

- Vous désobéissez...

- Nous respectons notre serment de ne jamais nuire à votre famille et à la protéger, elle et son honneur. Il n'y a nul honneur à vous battre le jour de votre mariage, pas plus qu'il n'y en a pour cet homme à abattre une jeune femme qui n'est pas une guerrière, en plus d'avoir failli être son épouse.

Elle tendit pourtant la main, attendant un sabre qui ne vient pas. Une arme arriva finalement, mais d’une main qu’elle n’avait pas envisagée.

- Les hommes de ta famille ont davantage d'honneur que toi, il semblerait. Mais voici ton arme.

Elle l'observa quelques instants avant de saisir l'arme, murmurant quelques mots en sifflant.

- Peu importe ce que vous ferez Talabre, vous ne gagnerez pas. Je ne serai jamais à vous et vous avez perdu tout soutien de ma famille.


Elle recula sans brandir l'arme, trop lourde pour elle, parlant suffisamment fort pour que les autres entendent.

- Un homme d'honneur hein ? J'aurai dû y réfléchir à deux fois avant de vous tirer des flammes de votre maison. Allez, qu'on en finisse.

Eculant pour se mettre en garde, ele percuta une petite fille, se retournant pour gentiment écarter l’enfnt qui, comme inconsciente du danger, lui tira la mainche, obligeant Hatsu à se pencher vers elle.

- C'est dangereux, qu'est-ce que... ?

- Pourquoi le monsieur il a une bosse sur la poitrine ?


Elle la regarda un instant, indécise, jeta un oeil à Talabre puis revint vers la petite, qui n’avait pas bougé.

- Je ne sais pas, mais tu devrais reculer d'accord ?

Elle essaya de gentiment la mettre hors de portée de la lame de Talabre, mais la petite fille lui attrapa la main lorsqu'elle chercha à la repousser.

- Mon papa, il a dit que les bosses, ça fait des bleus mais que dedans après il y a toujours une surprise ! La dernière fois, moi, c'était une graine de lotus !

Elle se figea, regardant la gamine avec surprise en comprenant parfaitement l'allusion

- Je vois... Ton père est malin.

Elle jeta un oeil à Talabre.

- Dites-moi Talabre, à cette heure nous devrions être mariés, la fortune des Ôkamis devrait vous appartenir et si je ne m'abuse nous serions en route pour notre nuit de noce n'est-ce pas?"

Soudainement méfiant, il la regarda en plissant des yeux, répondant d’un air hautain.

- Il est trop tard pour tenter d'acheter ta vie avec une ce genre de propositions... tu aurais dû y songer avant de m'insulter en public. Mais comme d'habitude et comme cela semble être la règle chez les Ôkamis, la langue fonctionne avant le cerveau. Tu ne t’en sortirez pas ainsi ; les fautes diplomatiques que tu as commises aujourd'hui ont signifié à tout le monde que la vieille maison dont tu es malheureusement l'héritière est en train de sombrer dans la sénilité ...

Elle se leva, retenant à peine une réplique cinglante.

- Je ne marchande rien, immonde porc. Je suis en train de réfléchir pour savoir si vous seriez assez fou pour tenter de m'empoisonner à mon propre mariage, mais la réponse est plus qu'évidente. Pas étonnant que vous vouliez hâter le toast, faisant fi de toutes les traditions, vous espériez ne pas avoir à subir ma présence trop longtemps. Cela m'avait paru curieux, que vous regardiez votre coupe comme si vous saviez qu'il y avait quelque chose dans l'alcool. Que m'avez-vous fait ? Quel genre de poisons avez-vous pu utiliser pour que ma vue se brouille et que la seule couleur que je perçoive soit le bleu, immonde crevure ? REPONDEZ !

- Tu ne cesses de te ridiculiser ! Je suis innocent de ce que tu m'accuses, et tout ce que tu dis est à des lieues de la vérité. Moi, t’empoisonner ? Allons bon ! Et comment ? Nous nous sommes servis de la même coupe, du même vin. Par quel sortilège serais-tu empoisonnée, et pas moi ? Tu feins la faiblesse pour alléger les conséquences de tes mensonges, c'est évident aux yeux de tous !

Un des guérisseurs présent prit la parole d'un ton hésitant

- Sire Talabre... si je puis me permettre, les effets décrits par Dame Ôkami ne peuvent correspondre qu'à une seule chose à ma connaissance : attendre nous donnerait la preuve de son mensonge ou de sa bonne foi. Mais sachez, Dame Ôkami, que vous prenez ainsi des risques.

Talabre la regarda, un sourire narquois sur le slèvres. Il sembla avoir quelque chose en tête, sans que qu’elle puisse savoir quoi.

- Très bien, attendons, alors. Enfin... si tu ne crains pas que ton mensonge éhonté ne soit dévoilé.

- Vous avez un tel culot...

Se tournant vers le guérisseur, elle croisa les bras

- Combien de temps ?

Le guérisseur s’approcha d’elle afin d’examiner ses pupilles et de lui faire tendre les bras devant elle, les découvrant jusqu’à hauteur de coude.

- Les pupilles sont légèrement déformées, avez-vous toujours eu ces tâches claires sur le blanc des yeux ? ... Hmmm... Je dirais que nous en seront absolument certains dans une dizaine de minutes.

Puis, en soufflant doucement, il reprit la parole.

- Si vous avez dit la vérité sur les symptômes que vous manifestez, et j'ai tendance à vous croire... Ces minutes ne seront pas agréables, j'en ai bien peur. Et le remède ne viendra pas tout de suite : dans le laps de temps, vous aurez sans doute souffert plus que de raison.

- Comment serons-nous certains qu'elle a menti ?

- Ce qu'elle a décrit est un empoisonnement lié à une plante, qui se développe dans ses chairs... ses racines s'étendront bientôt dans le système sanguin : ses veines devraient devenir noires.

- Une plante ! Tu m'accuses d'avoir fait la cueillette pour me débarrasser de ton insupportable personne ? Ne crois-tu pas que j'ai autre chose à faire ?

Ignorant Talabre, elle jeta des regards anxieux à ses avant-bras toujours immaculés, avant de relever un visage angoissé ers le guérisseur.

- Et... après ?

- Vous devrez recevoir l'antidote au plus vite...la préparation de ce dernier est malheureusement longue...nous pouvons commencer dès maintenant sa préparation mais...même ainsi, nous ne sommes pas sûrs d'y arriver. Tout dépend de la dose qui vous a été administrée...

Parlant autant à la jeune archère qu’à sa famille, il enchaîna d’un ton désolé.

- Si elle dit la vérité, elle a peu de chances... enfin... Je suis navré.

Elle blêmit et jeta un œil aux visages tout aussi pâles de ses deux parents alors que sa mère avait les mains qui tremblaient.

- Je vois...

Sa mère ne l’entendait cependant pas de cette oreille et aboya ses ordres.

- Faites ce qu'il faut au plus vite, je refuse de perdre mes deux enfants vous m'entendez ! Préparez-moi cet antidote !

Hatsu n’avait d’yeux que pour Talabre qui ne semblait nullement inquiet au vu de la situation.

- Vous avez l'antidote pas vrai ? C’est pour ça que vous avez quitté la salle sitôt la coupe vidée !

Elle tendit la main vers lui, visiblement paniquée.

- Donnez-le-moi Talabre ! Je refuse de mourir comme ça, donnez-moi ce foutu antidote, que vous avez sur vous ! Que quelqu'un le fouille par Rana !
Tous les gardes Okamis s’avancèrent alors, menaçants, leur chef prenant la parole, rassurant les nobles qui semblaient s’alarmer.

- Nous ne ferons que fouiller s'il obtempère.

Les gardes de Talabre se placèrent devant lui pour leur barrer la route, mais il leva alors les mains.

- Laissez, je n'ai rien à cacher... toutefois, je sais me fouiller seul. Ne me touchez pas. Voici ce qui était à ma ceinture : quelques...ah ! Je vois que tu n'as pas su retenir tes mains baladeuses !

Il posa au sol un sac contenant un discours et ses armes d’apparat, puis tendit une main vers Hatsu.

- Tu me rendras bien ma bourse, je te prie ?"

Elle le regarda, médusée.

- Que... quoi ? Vous pensez vraiment que j'ai besoin de prendre votre bourse ? Vous vous foutez de moi ?

- Qui d'autre ?

Elle désigna un des gardes de Talabre, furibonde.

- Vous là, fouillez moi, dépêchez-vous !

Hésitant, le garde obtempéra sous les regards mauvais de tous les hommes de la famille Ôkamis, ne trouvant rien d’autre que ce que la jeune femme n’avait déjà montré, prouvant ainsi son innocence quant à la disparition de la fameuse bourse. Le temps pressait, car une lancinante douleur commençait peu à peu à s’infiltrer dans son corps, comme des aiguilles qui lui transperçaient la peau par endroits.

- Maintenant que c'est réglé, cessez de tergiverser, donnez-moi ... votre... l'antidote.

Talabre, songeur, sembla marmonner dans sa barbe.

- Ou alors... Ce serait donc lui...

- Talabre…

- Tu commences vraiment à m’ennuyer Hatsu. Pourquoi aurais-je tenté de t’empoisonner ? Tes accusations sont ridicules !

- Vous avez menacé mon frère et fait du chantage à mes parents ! Vous m’avez frappé pour me forcer à vous obéir et avez hésité à me souiller, espèce de porc ! Tout ça pour obtenir la fortune et renommée de ma famille ! Et comme par hasard, le jour du mariage, des types débarquent, enlèvent mon frère, essaient de tuer ma cousine et me voilà empoisonnée avec un poison assez lent pour que je ne meurs qu’après la cérémonie! Arrêtez de vous foutre de moi !

Il y eut un lourd silence où tous les regards se tournèrent vers Talabre qui pâlit légèrement avant de se reprendre, un air méprisant sur le visage.

- Tout ceci est ridicule, tu n’as pas de preuves. Ce ne sont que des élucubrations d’une petite sotte pourri gâtée qui refuse l’arrangement matrimonial prévu par sa famille et…

- Comment ça il a hésité à te souiller... Hatsu ?

Sa mère, pâle comme un linge, lui jetait un regard horrifié.

- Le soir où il est venu, vous m’avez demandé de lui faire visiter la maison. Une fois arrivé dans ma chambre il m’a frappé et il a posé ses mains… Il voulait que je comprenne qu’il avait le contrôle…

- Gardes…

- Nul besoin d’ordres Dame, nous allons nous en charger…

Les gardes Ôkamis dégainèrent leurs lames et les pointèrent vers Talabre. Mais Onoda toussotant, attirant l’attention sur lui, se plaçant entre les belligérants dans une position qu’il semblait vouloir aussi neutre que possible.

- Vous battre ainsi ne résoudra rien et les Ôkamis seraient tenus responsables, rangez vos armes. Demoiselle Ôkami, vos accusations sont très graves. Vous pensez qu’il a sciemment introduit des agents d’Omyrhe en ville pour s’occuper de vous et de votre famille ? Avez-vous des preuves ? De vraies preuves.

Elle comprit très vite qu’Onoda avait quelque chose en tête et se félicita d’avoir eu l’idée de le convier et de lui expliquer dans les grandes lignes qu’il allait se passer quelque chose.

- Je…

Prise d’une quinte de toux aussi violente que soudaine, Hatsu se plia, crachant finalement un caillot de sang sous les yeux horrifiés de ses parents et du guérisseur qui l’obligea aussitôt à s’allonger, pestant que les effets visibles certifiaient l’utilisation d’un poison. D’étranges lignes sombres apparurent peu à peu sur ses veines, se répandant sous sa peau à travers les vaisseaux sanguins, prenant de plus en plus d’ampleur tandis qu’elle gémissait de douleur. La tension entre les gardes Ôkamis et Yamada monta encore d’un cran et rien ne semblait arranger la situation.

- La bosse… son torse… je suis sûre… l’antidote…

Les regards convergèrent vers la légère bosse sur le torse de Talabre et, soupirant, il y porta la main.

- Tout cela est ridicule je n’ai pas… qu’est-ce que…


Dans sa main, deux fioles dont l'une contenant un liquide trouble, l'autre étant vide. La main d’Onoda se tendit aussitôt, une légère colère qu’Hatsu ne lui connaissait pas dans la voix.

- Donnez-les-moi messire Yamada, vite.

Il s’exécuta et Onoda les donna au guérisseur qui les ouvrit, les sentit et versa aussitôt la pleine dans la bouche d’Hatsu qui avala sans faire d’histoire malgré le goût aigre particulièrement désagréable. Onoda se tourna de nouveau vers Talabre après que le guérisseur lui ait affirmé que la fiole déjà vide avait l'odeur caractéristique du poison qu'il avait identifié.

- Je pense qu’il y a des questions auxquelles vous devrez répondre messire Yamada, en présence de conseillers qui décideront si, oui ou non, vous êtes coupable de tout ce que la jeune Ôkami affirme. Vous allez devoir venir avec nous au Conseil, et je ne pense pas que vous ayez le choix.

Il se tourna ensuite vers les parents d’Hatsu, jetant un regard alarmé à cette dernière qui gisant au sol.

- Il serait préférable de la ramener chez vous. Sieur, j’imagine que vous préféreriez rester à son chevet, mais au vu de la situation, je pense que vous devriez venir au Conseil plaider la cause de votre fille.

- Je comprends. Peux-tu la ramener à la maison Mâko ?

- Evidemment ! Fais en sorte que ce pourri finisse derrière les barreaux. Chef Tanis, vous savez quoi faire !

Luttant depuis un moment pour rester éveillée, Hatsu perdit finalement le combat contre le poison et sombra dans les ténèbres, la dernière sensation qu’elle perçut étant celle d’être soulevée de terre par quelqu’un.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mar. 20 août 2019 20:21, modifié 2 fois.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » lun. 19 août 2019 18:14

Origines

Herbe jaunie et desséchée, arbres morts aux rares feuilles brunes qui, sinon, tapissaient le sol dans un mélange de brun et de noir, s’envolant au gré des bourrasques soufflée par un ciel orageux d’où quelques éclairs zébraient parfois entre les nuages. Se relevant, Hatsu observa les alentours, reconnaissant difficilement la clairière autrefois lumineuse et douce qu’était cet endroit. Loup n’était visible nulle part, et, étrangement, elle avait froid. Un froid mordant, viscéral, qui semblait venir autant du vent déchaîné que de son propre corps, froid comme la mort. Etait-il possible que… ?

Un long hurlement survint soudain, la faisant sursauter, ses yeux fouillant les alentours, cherchant l’origine en vain. Cela ressemblait à un loup, mais si grave qu’elle en douta un instant, avant qu’il ne recommence, plus proche. La terre vibrait et se mit à trembler à intervalle régulier, comme si une bête immense approchait. Hatsu chercha son arc, mais ne rencontra que le vide dans son dos. Un sinistre craquement la fit se retourner et ses yeux s’écarquillèrent. Fendant les arbres comme s’il ne s’agissait que de brindilles, un immense loup noir aux yeux rouges apparut. De sinistres volutes maléfiques s’échappaient de ses mâchoires retroussées et le grondement qui sortait de sa gorge faisait vibrer la poitrine d’Hatsu. Le loup fixa ses yeux sur l’archère qui se figea. Ce n’était pas le Loup qu’elle connaissait, il n’avait rien de commun entre l’esprit dont elle était le réceptacle, et ce monstre aux dents plus longues que ses bras qui la fixait. Elle vit l’immense animal bander ses muscles et elle se rua sur le côté. Le loup bondit et lui barra la route, claquant ses mâchoires juste devant elle avant que sa patte ne vienne écraser la jeune femme, les griffes creusant de larges et profonds sillons dans la terre. Le grondement s’intensifia alors que ses yeux, grands ouvert, scrutait la jeune femme qui tentait tant bien que mal de se débattre sous la pression de la patte de l’animal.

- Loup ! C’est moi ! Reprends-toi ! LOUP !

Ledit loup claqua une nouvelle fois ses mâchoires et les approcha d’elle. Son museau se retroussa et il se figea, humant soudainement l’air à plusieurs reprises avant que ses yeux ne se plissent et que ses oreilles, jusque-là relevées, ne partent en arrière. La pression sur le corps de la jeune fille diminua et l’immense loup secoua la tête, avant que son regard ne retombe sur l’archère. Un regard doré qu’elle connaissait bien.

(Chasseresse…)

Il s’écarta et bondit en arrière, se plaquant soudainement au sol en grattant la terre de ses griffes, son museau s’égratignant.

- Loup ! Arrête !

Elle se releva et se précipita sur lui, enserrant son museau entre ses bras qui semblaient bien frêles en comparaison. Il se figea tandis qu’elle plongeait ses prunelles dans els siennes.

- Arrête Loup, tout va bien.

(Douleur… poison… Mort.)


Elle déglutit, ne sachant toujours pas vraiment si elle allait finalement mourir ou non, rassurant néanmoins son compagnon spirituel.

- Tout va bien Loup. Chasseresse forte, pas vrai ?

Il la fixant un instant et s’ébroua lentement, Hatsu se rendant compte qu’il avait retrouvé sa taille normale, toujours trois fois plus grande que celle d ‘un loup classique. Elle lui caressa doucement le museau tandis qu’il posait sa tête sur ses jambes lorsqu’elle se mit à genoux.

(Excuse. Loup perdu. Cru Chasseresse morte. Pacte rompu.)

- C’est pour ça que tu étais… cette chose ?

Il tourna ses pupilles dorées vers elle et elle l’entendit soupirer, lui faisant hausser les sourcils.

(Ancien Loup. Avant Pacte.)

- Explique-moi Loup… J’ai besoin de savoir, tu sais que j’ai raison.

(Trop tôt, Chasseresse pas encore.)

- Je sais Loup, mais… ce Pacte, je l’ai accepté. Je veux que tu m’explique. Je ne peux pas continuer comme ça, à l’aveugle.

Il soupira de nouveau, remuant néanmoins les oreilles sous les caresses de la jeune femme.

(Origines. Rien de plus.)

Il redressa le museau et souffla une brume noire qui sembla prendre forme sous les yeux d’Hatsu, prenant l’apparence de deux personnages d’un côté, et de ce qui était un loup de l’autre. Et loup conta, les formes de fumée montrant les scènes au fur et à mesure qu’il racontait. Autrefois jeune loup comme tous les autres, il fut blessé par une puissante magie après avoir approché le mauvais humain. Le croyant condamné, sa meute l’abandonna et il crut mourir. Mais la magie, étrange, sombre et capricieuse, le changea au fil du temps, le rendant plus fort, plus grand, plus rapide et surtout, plus intelligent. Il ne semblait pas pouvoir vieillir et gagnait en taille sans cesse, sa force lui permettant de devenir rapidement le chef des loups, puis des forêts alentours. Même les humains en vinrent à le craindre tant il était effrayant et fort, l’appelant le Dieu-Loup.

(Humains offraient nourriture pour calmer faim.)

Un jour, cependant, un frère et une sœur en eurent assez et décidèrent de le traquer. Elle, une archère à la sombre magie et lui, un guerrier à l’ardente lumière, s’enfoncèrent dans son vaste territoire pour le débusquer.

(Humains prétentieux… Dévoré l’homme et traqué la femme.)

Pendant des jours, il joua avec elle, forçant sa proie à fuir constamment, à s’épuiser, appréciant la joie de la traque et la sensation grisante de sa puissance. Mais la jeune femme ne pouvait tenir éternellement et finit par s’effondrer, épuisée, à sa merci. Alors qu’il allait la dévorer, il sentit comme un vide en lui. Comment connaître à nouveau une telle joie si personne ne revenait l’amuser ? Alors il la laissa en vie, lui apportant une proie pour qu’elle se restaure et puisse reprendre des forces pour qu’il puisse recommencer à la traquer. Mais elle ne bougea pas et s’adressa à lui en un curieux langage.

(Humains aimer guerre…)

En cette époque, le jeune pays qui se développait dans ses contrées combattait ses voisins pour tenter de s’imposer et étendre son territoire. La jeune femme, farouche patriote, proposa un pacte au loup. Un pacte de sang et d’une ancienne magie, pour lier son esprit à elle afin qu’ils puissent traquer les ennemis de sa famille et de son pays sans qu’il soit inquiété. D’abord réticent, il finit cependant par accepter, posant lui aussi ses conditions qu’il ne dévoila pas à Hatsu. Pendant des années, l’archère et le loup traquèrent de nombreux ennemis, les tuant sans merci, pour le plus grand bonheur de Loup. L’arc et les crocs, la flèche et les griffes, au service du jeune pays et de la famille de la jeune femme qui la renomma pour rendre hommage à cet animal qui était désormais lié à elle. L’ancien nom fut perdu, remplacé à jamais par le nouveau.

- Tu es en train de m’expliquer l’origine de mon nom ? Mais et…

(Patience… Humains éphémères, Chasseresse pas exception.)

Lorsque, vieillissante, elle sentit sa fin venir, elle retrouva Loup qui était retourné dans son territoire après qu’elle ait arrêté de traquer, trop faible pour y parvenir. Loup, patient, attendait sa venue, afin de remplir la dernière condition, mais la Chasseresse lui proposa un nouveau pacte. Lorsqu’une fille première-née viendrait à naître dans sa famille, l’esprit de Loup serait irrémédiablement lié à elle et, après une épreuve, il renaitrait pour reprendre ses traques aux côtés de la Chasseresse, transmettant ainsi son esprit de génération en génération, lui offrant des traques et des proies tant que la famill perdurerait. Pour sceller le pacte, elle fit l’ultime sacrifice.

- Un Sacrifice ? Quel sacrifice ?

(Vie… Loup dévora Chasseresse. Sceller le Pacte à jamais.)


Hatsu écarquilla les yeux et déglutit.

- Et cette épreuve ? En quoi consiste-t-elle ?

(Trop tôt, Chasseresse pas…)

- LOUP ! Quelle est cette épreuve ?

Un long silence fut la seule réponse qu’elle obtint, puis, soupirant, Loup la fixant de nouveau.

(Revivre Pacte. Doit devenir Proie pour devenir Chasseresse. Puis sceller le pacte. Sacrifice.)

- Encore un sacrifice… Tu… tu vas devoir me tuer ?

(Non. Différent. Trop tôt. Chasseresse comprendre. Moment arrivera.)

- Mais…

(Suffisant. Patience.)

La jeune femme s’avoua finalement vaincue et ne posa plus de question sur ce sujet à Loup. Celui-ci releva soudainement les oreilles. Cela interpella Hatsu qui lui gratta le museau, lui demandant ce qui n’allait pas.

(Présence… Chasseur veille.)

- Chasseur ? Tu parles de Volh ? Il est là ?

(Oui.)

- J’aurai aimé me réveiller…

Le ton dépité de la jeune femme amusa Loup, mais il s'abstint de tout commentaire taquin.

(Repos nécessaire. Plus tard.)

Elle soupira mais obtempéra, admirant la clairière qui avait repris ses couleurs, baignée de la douce lumière habituelle. Comme si cela suffisait à la rassurer, elle s’engouffra peu à peu dans un sommeil profond, loin des songes de Loup, tandis que, silencieux, il veillait sur elle.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 22 août 2019 23:02

Le réveil de la jeune ynorienne eut lieu le lendemain, dans sa chambre baignée par la douce lumière qui traversait la fenêtre. Une personne semblait dormir à son chevet mais sa vue était encore brouillée par le sommeil et elle ne le discernait pas nettement. Elle cligna plusieurs fois des yeux, gagnant en netteté à chaque fois, discernant finalement el corps endormi de sa mère, assise sur une chaise, la tête entourée par ses bras posés sur son lit, près d’elle. Hatsu remua faiblement, mais ce fut suffisant pour réveiller la figure maternelle qui écarquilla les yeux en entendant sa fille.

- Okā… ?

- Hatsu ! Oh par Rana enfin !

Elle étouffa sa fille dans une étreinte toute maternelle qui étonna autant qu’elle fit souffrir la jeune femme qui demanda grâce en lui tapotant le bras. Sa mère finit par la lâcher pour la laisser respirer avant de lui poser des questions en rafales sur son état de santé. Jamais Hatsu n’avait vu sa mère ainsi, elle toujours si calme et mesurée, elle était soudainement hystérique et parlait d’une voix aiguë qui lui vrillait la tête.

- Mère…. Calmez-vous par pitié, ma tête.

Sa mère se figea et, semblant soudainement prendre conscience de son comportement, toussota et se reprit, embrassant tout de même le front de sa fille.

- Pardonne-moi, j’ai cru que tu ne te réveillerais jamais, le poison a eu le temps de faire des ravages selon le guérisseur, j'étais angoissée… Tu m’as appelé Okā ? Tu ne m’appelles plus comme ça depuis tes treize ans !

- Oh… Un moment d’égarement, rien de plus. Mère… Est-ce que Ryo…

- Nous n’avons rien trouvé pour le moment Hatsu… tu n’es heureusement restée inconsciente qu’une journée et il en faudra bien plus pour retrouver sa trace. Apparemment les ravisseurs avaient bien préparé leur plan et ont réussi à échapper aux gardes. Nos hommes fouillent les rues et les égouts, mais c’est un labyrinthe et les chances sont maigres…

- Je vais les aider.

Elle repoussa la couverture et posa les pieds par terre avant de s’effondrer, ses jambes ne la soutenant tout simplement pas. D’après sa mère qui l’aida à se recoucher, le guérisseur avait prévu qu’elle aurait probablement quelques séquelles après son réveil, mais que quelques décoctions et un peu de repos permettraient de la remettre sur pied d’ici un ou deux jours. Il lui était cependant interdit de pratiquer une activité intensive pendant une semaine, de peur que le poison, s’il n’avait pas été totalement éliminé par l’antidote, ne refasse surface et des séquelles plus grave à long terme étaient possibles, mais elle ne s’étendit pas sur le sujet, ne voulant pas alerter sa fille déjà sous le choc. Encaissant les nouvelles aussi fièrement qu’elle le lut, elle demanda à sa mère les nouvelles concernant Talabre. Selon elle, les conseillers avaient pris l’affaire très au sérieux et une enquête était en cours.

- Tu seras forcément amenée à témoigner.

- J’y compte bien. Pas question que cette ordure s’en tire après tout ce qu’il a fait.

Tout ce qu’il lui avait fait, à elle, mais aussi à sa famille et aussi à Volh, à qui elle laisserait le plaisir d’en finir lorsqu’il le déciderait et si on finissait par retrouver Ryo. Si par contre Ryo demeurait introuvable ou était retrouvé mort, il y aurait rapidement un autre cadavre qui suivrait, elle se le promit. Loup semblait plus que ravi à cette idée, elle put presque le sentir trépigner dans l’attente de la traque qui aurait lieu si elle passait à l’action. Elle espérait tout de même, plus que tout, de ne pas devoir en arriver là

Elle passa donc le reste de la journée alitée, obtenant tout de même le droit d’aller prendre un bain, soutenue par deux serviteurs qui, à sa demande la laissèrent se débrouiller dans la salle de bain. Elle avait sa pudeur et une fierté que d’aucun qualifierait de mal placée au moment présent, mais elle se débrouilla et parvint à se déshabiller et à se glisser avec délectation dans le bain, poussant un soupir d’aise qui fit soupirer Loup, trouvant de son côté ses habitudes particulièrement ridicules.

(Langue suffisante.)

(C’est absolument répugnant, Loup.)

(Loups faire ainsi.)

(Je ne suis pas une des tiens, je te rappelle. Je ne ferai pas ça.)

(Loup lavera Chasseresse.)

(N’y pense même pas !)

Le ricanement qui lui répondit lui fit froncer les sourcils mais elle ne garda le silence, comprenant qu’il se moquait d’elle et elle grogna en retour, amusant encore davantage l’esprit. Une fois lavée, elle se rhabilla et tenta de rejoindre sa chambre. Deux serviteurs l’agrippèrent à peine avait-elle posé le pied hors de la salle de bain et elle ne chercha pas à les renvoyer, les remerciant lorsqu’elle fut reconduite jusqu’à son lit où elle passa le reste de la journée, s’occupant en lisant des ouvrages provenant de l’immense pile sous laquelle disparaissait son bureau. Elle dîna sans même lever les yeux de ses livres et commença à somnoler lorsque l’heure se fit tardive. Fatiguée et penchée sur son livre, elle n’entendit pas la fenêtre de sa chambre s’ouvrir et ne vit pas une ombre se glisser sur le rebord et scruter la pièce avant de poser les yeux sur elle et de furtivement approcher.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mar. 1 oct. 2019 23:14, modifié 1 fois.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 22 août 2019 23:10

- Hatsu.

Elle perçut très bien son prénom être prononcé par une voix qu’elle attendait et releva la tête avec empressement, murmurant en réponse.

- Volh ? Entre, j’arrive !

Tandis qu’il approchait, elle sortit du lit, oubliant son état et manqua s’étaler sur le sol. Le bras de Volh la retint de justesse et elle bafouilla une excuse et un remerciement. Elle l’embrassa tendrement, savourant sa présence avant de retourner sous les couvertures tandis que Volh s’asseyait en tailleur non loin d’elle après avoir ôté ses bottes. Il tendit le bras et posa sa paume sur la joue de la jeune femme qui sourit en appuyant doucement son visage contre sa main, appréciant l tendre contact de son aimé.

- Je n'ai pas résisté à te veiller la nuit dernière...tu as eu un sommeil agité... Tu n'as sûrement pas autant récupéré que tu le voulais, mais je suis heureux de te voir consciente !

Elle le savait, qu’il avait été là la nuit précédente, Loup l’avait senti, mais elle eut tout de même un élan d’affection supplémentaire pour le jeune homme qui s’inquiétait autant pour elle.

- Le guérisseur a prévenu que ce serait peut-être difficile pour moi de me lever aujourd'hui et peut-être demain, mais je vais bien. Merci d'avoir veillé sur moi. Je suis contente que tu ne sois pas blessé. Avec l'incendie j'ai craint pour toi.

Il évacua rapidement la question de l’incendie d’un revers de la main, comme si cela n’avait pas d’importance dans le cas présent.

- J'ai eu énormément de chance. Plus que je ne comptais en avoir. L'incendie... Sans toi, Talabre serait mort dans les flammes. Tu l'as sauvé. C'est une décision que je n'ai pas su prendre. Merci d'avoir pris ce fardeau pour moi.

Hatsu, éberluée, le vit baisser la tête en remerciement et lui caressa les cheveux avant de le faire redresser la tête.

- Idiot, ne me remercie pas. Je regrette tellement de l’avoir sauvé, mais je ne voulais pas qu'il s'en sorte si facilement et... et tu n'as pas obtenu justice alors j'ai fait ce qu'il fallait.

- Tu m'évites de devenir le vengeur que je serais devenu et... J'ai appris pour le procès, demain, au Conseil. La Justice sera rendue là-bas, c'est une façon bien meilleure de procéder qu'une lame dans la gorge... Ou une flèche dans l'œil !

Elle le vit sourire à cette dernière remarque et eut un rictus amusé elle aussi, malgré la lourdeur de l’événement à venir.

- J'ai à la fois hâte et peur, peur qu'il s'en sorte malgré tout ce qu'il a fait. Et je n’aurais pas visé l’œil…

Elle le vit se rembrunir et haussa un sourcil avant de se figer face à sa question.

- Combien de temps a-t-il fallu pour que tu boives l'antidote ?

- Je ne sais pas exactement... environ trois heures, peut-être plus. Heureusement que tu m'as prévenu. J'aimerais remercier la petite fille d'ailleurs, si un jour tu peux arranger ça.

- Je suis heureux que le message ait pu te parvenir. Cette petite fille sera ravie de te rencontrer, je pense... C'est une fille joyeuse, mais elle est un peu timide. Son nom est Yuzu.

- Yuzu... c'est joli. Demande-lui si elle est d'accord, je ne souhaite pas l'ennuyer, seulement la remercier.

- Je n'y manquerai pas. Trois heures... Ton tonus t'a sauvé, je pense... J'espérais que tu pourrais prendre l'antidote plus rapidement... Mais quelque chose, en toi, a dû ralentir l'effet du poison.

- Le guérisseur a dit que ça laisserait peut-être des séquelles à long terme, mais il a avoué que j'avais eu de la chance, l'antidote était parfaitement dosé.

Elle angoissait un peu concernant ces possibles séquelles et Volh, tendrement, lui caressa la joue, comme pour lui assurer que tout irait bien. Il ne restait qu’un obstacle à présent.

- Pour en revenir au procès... J'en crains également autant que j'en espère la conclusion. J'espère que la justice montrera le visage qui doit être le sien, cette fois. Mais quoi qu'il arrive, tu es sauve de cette alliance politique…

Le sourire qu’il afficha à la fin de sa réplique fit rater un battement au cœur d’Hatsu. Il avait raison, mais elle ne pouvait s’empêcher d’angoisser au fond d’elle.

- Talabre est riche et connu, ce ne sera pas facile... Mais je ne vais pas gâcher cette occasion, crois-moi. Oui... c'est déjà ça. Je suis tout de même triste de ne pas pouvoir être avec toi de manière plus... officielle.

Elle lui offrit à son tour un sourire et désigna la fenêtre d’un mouvement de tête.

- Je ne sais même pas pourquoi je m'évertuai à la laisser ouverte, tu l'ouvres très bien tout seul.

La remarque fit rire Volh qui plaquant une main devant sa bouche pour éviter qu’on ne l’entende, embrassant ensuite fugacement la jeune femme qui frémit à ce contact pourtant connu désormais.

- Je me sens tout de même plus le bienvenu lorsque tu me laisses la porte ouverte ! Et bientôt, j'espère pouvoir être vu à tes côtés en plein jour.

Ravie, elle se blottit contre lui, murmurant un « moi aussi » chargée de promesse. Elle qui pensait que sa vie allait devenir morne et humiliante, il avait débarqué et avait, tel une tornade, balayé tout ce qui l’enchaînait. Elle était libre désormais, peu importait le résultat du procès, elle n’avait plus aucune obligation envers les Yamada. Mais il restait un point qui la tiraillait, qui l’angoissait plus encore que le procès. Elle ne voulut pas poser la question, mais l’angoisse était trop grande et elle essaya finalement d’en savoir plus.

- Je veux juste savoir une chose Volh, juste une, répond moi franchement... Le portrait que j'ai dessiné a-t-il servi ?

Elle leva les yeux vers lui, attendant avec impatience une réponse qui mit un temps qu’elle perçut comme interminable à arriver. Il la regardait avec tant de tendresse qu’elle aurait otut aussi bien pu se ficher de la réponse… mais c’était de son frère dont il était question. Il était une partie d’elle, elle devait savoir…

- Oui, mon amour... il a servi. Ton frère ne craint déjà plus rien.

Le souffle d’Hatsu s’accéléra brièvement, en même temps que son cœur. Elle étouffa un sanglot et se blottit contre Volh, respirant avec force, soulagée de pouvoir entre ces quelques mots, sentant sa main lui caresser tendrement les cheveux tandis qu’elle restait contre lui quelques instants.

- Merci... Merci...

Elle finit par se redresser, reniflant doucement, regardant son aimé avec tendresse avant de l’embrasser, le sentant la serrer contre lui. Elle n’avait pas besoin d’autre chose à l’heure actuelle.

- Je t'aime Volh. Dès que cette histoire sera terminée, je te proposerai quelque chose, rien que pour nous deux, d'accord ? Tu vas rester cette nuit ?

- Oui.

Elle en aurait presque sauté de joie, mais elle vit le regard pensif de Volh et fronça brièvement les sourcils et lui caressa la joue.

- Si quelque chose te tracasse, tu peux m'en parler tu sais.

- Lorsque je te veillais, tu as prononcé quelques mots... Tu as parlé d'un loup... Je pensais que tu rêvais d'une partie de chasse. Puis tout de suite après, tu parlais d'un pacte. Je ne sais pas ce à quoi c'est lié, ni si c'était fondé, ou si je me suis trompé... Tu avais l'air si agitée... C'était plus un cauchemar qu'un rêve, je pense.

Tandis qu’il prenait sa main entre les siennes, Hatsu se raidit légèrement, paniquée à l’idée qu’il en ait trop entendu.

(Calme, Chasseresse. Attendre.)

Suivant le conseil de Loup, elle ne tenta pas de nier aussitôt et écouta la suite souriant doucement face à l’air inquiet de Volh.

- Je ne veux pas te forcer... mais j'aimerais te retourner la phrase : si quelque chose te tracasse, tu peux m'en parler...

- C'est... Ce n'est rien dont tu doives t'inquiéter Volh, vraiment. Il m'arrive d'avoir ce genre de cauchemars, de temps à autre, depuis quelques années maintenant.

Elle réfléchit à comment faire en sorte qu’il ne se questionne pas trop et passe à autre chose, décidant d‘un compromis.

- Merci de t'inquiéter, mais c'est vraiment la dernière chose à laquelle tu doives porter attention, crois-moi. Cela arrivera de nouveau, mais j'ai l'habitude. Un jour je te raconterai, mais pas ici, pas ce soir.

Elle lui embrassa la joue, prenant une pause avant de lui sourire d’un air taquin.

- Au moins je sais que tu seras là pour me réconforter si ça arrive ce soir.

- Je pourrais ne pas être là uniquement ce soir...
La jeune femme ouvrit bêtement la bouche avant de rougir jusqu’aux oreilles et de bafouiller, amusant Loup qui resta néanmoins silencieux pour cette fois, laissant volontairement la jeune femme se noyer sous les sentiments qui cascadaient en elle.

- Oui euh... je... just... euh... justement. Ce que je voulais te proposer... oui ! Quand tout sera réglé, je pensais quitter Oranan quelques jours, une semaine peut-être, nous avons une petite maison près d'un cours d'eau aux abords de la forêt et... je voulais... t'inviter... si tu es d'accord…

Elle vit Volh ouvrir des yeux ébahis et se mettre lui aussi à bafouiller. SI elle trouvait ça ridicule pour elle, elle trouva ça adorable venant de lui tandis que Loup soupirait, visiblement dépité face aux réactions des deux jeunes amoureux.

(Humains si compliqués)

- Oh... Je.. Euh... Ce serait... Ce serait... Enfin... Bien sûr que c'est d'accord !

Le baiser qui suivit fut encore plus tendre qu’avant et Hatsu, toujours rouge, eut du mal à se défaire de l’emprise de ses lèvres, le laissant néanmoins parler, presque à contrecœur, souriant finalement face à la suite.

- Passer du temps seul avec toi, loin de tous les soucis de la ville ? Mon cœur me dicte de t'enlever... Mais ce serait bien mieux si tu m'y conduis de ton plein gré !

- Je te déconseille d'essayer, mes gardes sont un peu sur les nerfs je pense... enfin vu comment tu es entré j'imagine que tu t'en sortirais. Il faudrait que j'en touche deux mots au chef tiens... mais après que tu sois devenu plus officiel, bien sûr. J'ai hâte Volh, hâte que tout ça soit derrière nous, hâte d'être seule avec toi, loin de tout ça. Tu verras le coin est superbe et on pourra se baigner la nuit, c'est sublime, la forêt est tranquille et jamais personne ne passe là, on pourra faire tout ce qu'on veut sans être dérangés.

Il la serra contre lui, lui embrassant le haut de la tête.

- Tu as l'air heureuse rien que d'en parler... ça me donne envie d'y être. Mais avant tu dois récupérer : tu devrais dormir. Je serai encore là à ton réveil, cette fois. Tu n'imagines pas le bien de que cela me fait de te voir sourire... Je souhaiterais que ça ne s'arrête plus. J'ai eu si peur de te perdre quand Yuzu m'a dit que tu n'avais pas pris l'antidote à son départ !

Plongeant ses prunelles dans les siennes, elle lui caressa tendrement la joue en un geste rassurant.

- Tout va bien. Je vais bien Volh, grâce à toi et à Yuzu, tu n'as plus à t'en faire pour ça.

Doucement, elle l’invita à la rejoindre sous les couvertures, se blottissant contre son torse, plaquant ses mains contre lui tout en glissant une de ses jambes entre les siennes, soupirant en sentant la chaleur du jeune homme, l’embrassant une dernière fois avant de niche sa tête contre son torse.

- Je t'aime. Je ferais tout ce qu'il faut pour que tu sois libre... et heureux. Bonne nuit Volh.

- Bonne nuit Hatsu.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

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Re: Les Habitations

Message par Akihito » mar. 3 sept. 2019 12:55

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XVIII.3 : Fugitifs

L'un des passants -le premier à l'avoir remarqué- s'adressa à Akihiko en pointant du doigt la Kizoku, puis la grille dont il était sorti.

"Z'êtes Akihiko Yoichi ! Je reconnais la lame de Rana, c'bien elle ! 'Savez ce qui s'trame là dessous ?

- J'ai été informé que des agents d'Oaxaca ont mit le feu à une maison dans la ville, puis se serait apparemment enfuis par les égouts. Alors avec mon compagnon Nari, Akihiko pointa Ryo dans son dos du pouce, on a essayé de les traquer. Mais la milice refuse de nous laisser entrer dans les égouts. Alors on les aide juste à surveiller les grilles par lesquelles ces vermines pourraient sortir.

- Ou peut-être sont-ils passés par un autre chemin... commenta Ryo, essayant de rentrer dans son rôle d'acolyte.

- Peut être bien aussi, concéda Akihiko d'un air pensif, mais ils auraient été bien moins discrets. Quoi qu'il en soit braves gens, si vous voyez trois individus, deux elfes noirs vêtus de noir et un ynorien en noir et or, prévenez immediatement la milice ! Ne vous approchez pas d'eux, ils sont très dangereux. Ils doivent se diriger vers Omyre à l'heure qu'il est, mais soyez prudents."

Les paroles de Akihiko firent apparemment mouches. Les passants s'échangèrent des regards inquiets avant de se disperser, regardant avec appréhension chaque grille d'égout de peur d'y voir des sombres silhouettes y évoluer. Une femme d'âge mûre remercia l'enchanteur en s'inclinant devant lui, pour la protection que ce dernier leur offrait. Un bref hochement de tête sérieux acheva de compléter son rôle de "défenseur d'Oranan".

"Nari, nous y allons."

Les deux hommes s'enfoncèrent d'une démarche rapide dans les rues de la ville.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

"... Eh bien, on dirait qu'on a réussi à traverser ce quartier sans trop de difficulté."

Akihiko ne put qu’acquiescer. Même dans ses prédictions les plus optimistes, il n'avait pas imaginé un scénario aussi facile. Malgré la proximité des baraquements de la milice, il n'avait croisé aucune patrouille. Par Valyus, il n'avait presque croisé personne même ! Les rares habitants qu'ils avaient rencontré étaient trop occupés pour leurs jeter plus qu'un simple coup d'oeil à la volée. Akihiko avait eu un mauvais pressentiment en tombant sur toute une troupe de passants juste à la sortie des égouts, mais il semblait qu'il avait concentré tout son capital malchance dans ce simple moment. Qui sait, il aurait aussi pu recevoir un seau d'immondices dans les souterrains à travers une des grilles ? Quoi qu'il en était, il remercia Valyus de sa protection, ce qui ne manqua pas de faire rire Amy.

(Le dieu de la Foudre n'y est pour rien dans cette histoire. Aaaah Rana m'en tienne pour témoin, j'aurais donné la moitié de ma vie pour voir ça arriver !)

(Gna gna gna. Et ça se dit protectrice de la Kizoku-Rana ? Quelle belle Faëra tu fais !) ironisa en réponse Akihiko, souriant malgré tout en entendant le rire cristallin de la petite être d'air résonner dans son esprit.

Quoi qu'il en était, ils étaient désormais arrivés à destination : poussant le portail de fer noir, les deux hommes passèrent dans une petite cour relativement bien entretenue. C'est là que Akihiko avait pour la première fois rencontré Anthelia, une rencontre assez improbable puisqu'il était à ce moment là en pleine épreuve du Courage pour obtenir la Kizoku, et ne s'était arrêté pour reprendre un peu son souffle ici que par pur hasard. Tapant une ultime fois le plat de leurs bottes sur le sol pour se débarrasser des ultimes résidus de saleté, Ryo et Akihiko réussirent à presque rendre ces dernières présentables. Certes, loin d'être immaculées car constellées de taches s'apparentant à de la boue -ça n'en était pas- et encore un peu malodorantes, mais c'était tout de même une nette amélioration par rapport aux égouts. Toquant à la porte mais n'ayant pas de réponse, l'enchanteur prit la décision de rentrer tout de même, suivi par Ryo. Le corridor menant à la pièce des tatouages n'était plus éclairé par les chandeliers en forme de dragon, ces derniers étant éteints. La seule lumière qui éclairait la pièce des tatouages et le corridor était celle du jour, perçant à travers l'ouverture dans le plafond et la fenêtre mansardée au dessus de la porte d'entrée.

Dans la salle principale, Ryo s'émerveilla devant les multiples tableaux, cadres et autres estampes représentant les tatouages qu'Anthelia avait pu faire au long de sa carrière. Certains étaient sobres, d'autres plus stylisés; l'un représentait un animal, l'autre une fleur de cerisier; l'un la lune, l'autre le mot "lune" calligraphié. Akihiko remarqua même au milieu de la foule des cadres une fleur de Lotus entourée d'éclairs : c'était son tatouage. Ce qui le fit sourire alors qu'il s'approchait pour mieux le voir. L'avoir sur l'omoplate rendait un peu ardue son observation, aussi profita-t-il de l'occasion.
Des pas se firent entendre. Derrière le comptoir qui occupait le mur à l'opposé de l'entrée, se trouvait l'étagère qui autrefois contenait les fioles d'encres ainsi qu'une tenture menant certainement à la partie privée d'Anthelia. C'est de derrière cette tenture qu'Anthelia émergea. Elle portait un pantalon de cuir brun retenu par une ceinture elle aussi en cuir, mais noir pour cette dernière. Une tunique lâche de couleur crème recouvrait le haut de son corps, ne dévoilant que peu des charmes et courbes que la jeune femme dévoilait avec sa tenue habituelle composée de voiles. Ce qu'elle perdait en sensualité, elle le gardait néanmoins en charme avec ces habits simples mais élégants. Une épaule dénudée par la tunique laissait entrevoir l'impressionnant tatouage qu'Anthelia arborait dans le dos. Quant à son visage, il était rendu visible par la queue de cheval qui retenait sa chevelure blonde mêlée de mèches cendrées. Un visage dont les yeux verts forêt réhaussèrent les pomettes et le sourire narquois qui étira les lèvres de la tatoueuse en reconnaissant Akihiko.

"Bonjour, désolée mais la boutique est fermée pour... Oh mais dites moi, ne serait-ce pas Monsieur le Héros que nous avons là ?

- Bonjour Anthelia, moi aussi je suis ravi de te revoir.

- Mmmh, et tu n'es pas venu seul non plus cette fois-ci. Joli garçon en plus, titilla la jeune femme en s'approchant un peu plus de Ryo. Ce dernier, visiblement peu habitué à ce genre de caractère, recula d'un pas et manqua de trébucher sur le fauteuil rembourré derrière lui.

- Je... J-je... je suis....

- Répugnant, le coupa Anthelia en fronçant du nez avant de s'éloigner de lui. Akihiko, je ne sais pas où ton ami a traîné, mais il empeste plus qu'une tannerie un jour de marché. Tu t'en sors un peu mieux mais tu n'es pas très agréable au nez pour autant.

- Ahah oui, on a eu un début de journée assez mouvementée, s'amusa l'enchanteur en voyant Ryo essayer de calmer sa respirations, rouge jusqu'aux oreilles. (Il n'y a pas si longtemps, c'était moi à sa place.)

- Et donc mon cher Akihiko, que me vaut le plaisir de ta visite ? Mon échoppe est fermée comme tu peux le voir et je doute que tu sois là pour échanger des mondanités.

- Tout juste. Je suks là pour te demander un service Anrhelia.

- Et j'imagine que celà a un rapport avec le jeune homme ?

- Correcte encore une fois. Nari est un ami à moi et je voulais savoir s'il t'étais possible de l'accueillir quelques jours. Il a eu... disons... des différents avec sa belle famille et attendre que tout redescende serait préférable pour lui."

(C'est drôlement bien amené.) releva Amy, sortant de son mutisme.

(Hehe, n'est ce pas ?)

Pendant ce temps là, Anthelia se mit à faire les cents pas, un air sérieux sur le visage. Triturant une bague en argent à son doigt, elle semblait visiblement fourmiller de questions. Mais finalement, elle n'en posa qu'une.

"Avec la fermeture de ma boutique, je n'ai plus grand chose à faire alors un peu de compagnie ne serait pas forcément de trop. Mais Akihiko, pourquoi ? Pourquoi est-ce que je t'aiderais ?

- Eh bien... il est vrai qu'à première vue, tu n'as aucune raison de me venir en aide, pas plus que tu n'en as de me la refuser. Après tout, nous ne nous connaissons presque pas. Je n'ai été ton client que le temps d'un après-midi, alors même le mot "connaissances" serait un peu fort pour qualifier notre relation. Puis, tu es aussi un peu trop séductrice pour mon propre bien et j'en ai fais parfois -souvent même- les frais, mais... Euh... hum hum, c'est une autre histoire ça.
Néanmoins, j'ai le sentiment que tu es quelqu'un de bien, Anthelia. Ça parait absurde dit comme ça,
continua Akihiko dans un sourire gêné, une main dans les cheveux, mais tu m'inspires confiance. Et puis, comme J'ai appris que tu avais dû fermer ta boutique... Akihiko sorti sa bourse et y déversa quelques yus avant de les faire sauter dans sa main. ... Je me suis dis qu'une compensation financière en échange de ce service pourrait t'aider à rebondir."

La jeune femme regarda Akihiko de son air toujours aussi sérieux, plongeant son regard dans le sien à la recherche, sans doute, d'un quelconque mensonge dans son plaidoyers. Elle n'y décela pourtant aucune trace de duperie et de malveillance et dans un soupir, posa les mains sur ses hanches avant de se mettre à sourire d'un air moqueur.

"Eh bien, on peut dire que tu as appris à parler aux femmes, "Monsieur le Héros".

- Ahah, c'est vrai que j'ai un peu progressé là dessus ces derniers temps.

- Bon... Tu m'as convaincu pour l'instant, Akihiko. Pour le paiement, on verra plus tard, ça dépendra de comment toute cette affaire se passe. Mais tu m'en dois une, et compte sur moi pour m'en rappeler ! déclara la jeune femme avant de se tourner vers Ryo. Nari, c'est bien ça ?

- Euh... Oui ?

- Nari, tu pues."

Et sans aucune autre forme de procès, Anthelia leva un index inquisiteur en direction du soldat. De la pointe du doigt, un jet d'eau modérément puissant généré par les fluides d'aquamancienne de la tatoueuse fusa en direction du pauvre Ryo. Aspergé de haut en bas, l'opération ne prit qu'une poignée de secondes pour que le malheureux soit complètement trempé.

"Je refuse d'héberger ou de cacher qui que ce soit chez moi si il sent aussi fort qu'un tas de fumier. Suis moi, j'ai de quoi faire disparaître un tant soit peu cette odeur. Akihiko toi, va me chercher des habits pour lui. Vous faites à peu près la même taille non ?

- Chef oui chef ! se moqua le jeune homme de l'attitude impérieuse d'Anthelia. Il fit alors signe à Ryo : T'inquiète pas Nari. Je reviens dans un petit quart d'heure, le temps de l'aller retour. A tout de suite !"

Le regard suppliant que lui lança en retour le soldat en disait long sur la "terreur" que lui inspirait la jeune femme. Dans un éclat de rire, Akihiko s'éclipsa et partit au pas de course en direction de sa maison.


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Re: Les Habitations

Message par Akihito » mer. 4 sept. 2019 13:28

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XIX : Un brin de causette

L'aller retour ne dura qu'une vingtaine de minutes : s'il ne pensait pas Anthelia capable de livrer Ryo aux autorités ou de le blesser sans raison, il préférait tout de même ne pas prendre de risques. Qui sait, la tatoueuse était peut-être une dangereuse psychopathe ? Chez lui, Akihiko ramassa une paire de chausse beige, une chemise blanche et changea lui-même de pantalon : bien que plus agréable que tout les siens réunis, le pantalon noir de Ryo empestait plutôt après son passage dans les égouts. Il enfila des chausses brunes, termina de se laver le visage et le marteau pour effacer toute trace du charbon et reprit aussitôt le chemin inverse. Il avait décidé de laisser le marteau chez lui pour éviter un maximum les risques avec la milice de Talabre ou celle de la ville et ne portait donc que la Kizoku-Rana.

Lorsqu'il arriva dans la maison d'Anthelia, une odeur d'encens embaumait l'air. La jeune femme avait commencé à faire brûler des bâtonnets pour couvrir l'odeur qu'avait laissé les deux jeunes hommes dans leur sillage.

"On ne sentait pas aussi fort que ça, si ? demanda Akihiko en prenant bien soin de refermer la porte sans que personne ne l'ai regardé pénétrer chez la tatoueuse.

- Oh que si. J'ai le nez fin moi.

- Où est Nari ? Encore en train de se décrasser ?

- "Décrasser", pfff le mot est faible ! L'odeur que dégage cette tunique est atroce. Je doute qu'elle soit réutilisable un jour. C'est dommage, elle semble de très bonne qualité.

- Oh ne t'en fais pas. Donne la moi, je m'occuperai d'essayer de la sauver, lui dit Akihiko en tendant la main vers la tunique grise détrempée qu'Anthelia regardait d'un air circonspect.

- Si tu y tiens... La voilà."

Mettant de côté la tunique mouillée pour la reprendre plus tard, Akihiko posa ensuite les affaires propres sur le comptoir, en face de la tenture. Ainsi, Ryo pouvait les récupérer facilement pour se changer. Le regard de Akihiko glissa Jusqu'à l'étagère, désormais très peu remplie. Il pouvait voir ça et là des ronds laissé dans la poussière par des fioles de différentes tailles, aujourd'hui absente. Quelques rares bouteilles subsistaient, contenant des liquides troubles et mystérieux. Voyant le regard du jeune homme posé sur ce qui restait de son commerce, Anthelia le rejoignit et posa un coude sur le comptoir, le menton dans sa main.

"Voilà les dernières encres magiques du continent. Dans quelques semaines, elles auront perdues leurs propriétés et ne seront plus que de vulgaires encres exotiques. Quel triste spectacle... déclama la femme, la voix mélancolique.

- C'est bien dommage en effet... Mais pourquoi ? Que s'est-il passé ?

- Leur production a simplement été stoppée... Le seul et unique maitre encrier qui était encore vivant a rendu son dernier souffle. Il travaillait pour la Corporation des Chasseurs de Tresors, à Kendra-Kâr. Cela faisait des décennies que les matériaux pour créer ces encres étaient devenus trop rares et hors de prix pour que la Corporation en tire le moindre bénéfice. Mais le Maitre encrier a persévéré, clamant que c'était un des plus anciens commerces de l'organisation. Par égard pour lui qui était une des figures les plus influentes de la Corporation, on continua à vendre les encres. Jusqu'à il y a quelques semaines de cela. J'ai cherché en vain des personnes capables de réaliser à leur tour ces encres magiques. Mais sans succès... Mon art est voué à disparaître. C'est malheureux, mais c'est la dure réalité de notre monde."

Malgré la portée fataliste et l'air que se donnait la tatoueuse, Akihiko voyait bien que tout cela affectait profondément la jeune femme. Les épaules voûtées, les yeux dans le vague, elle avait l'air vidée de toute son énergie. L'image pleine de vie qu'elle avait montrée à leur arrivée n'était que de facade : elle errait sans but depuis des semaines, voyant ses dernières encres partir les unes après les autres.

(Cette façade allumeuse qu'elle avait n'était peut-être qu'un simple rôle...) murmura Amy, compatissant pour la jeune femme qu'elle ne voyait de prime abord que comme une volcanique et plantureuse séductrice.
Akihiko, lui, ne dit rien. A vrai dire, il n'avait aucune foutue idée de ce qu'il pouvait bien dire. Essayer de la consoler, de lui remonter le moral, c'était des choses qu'il aurait voulu faire. Mais il n'avait simplement pas les mots, ni la prétention de savoir ce que pouvait bien ressentir Anthelia pour qui l'univers qu'elle avait bâti s'était écroulé aussi simplement que ça.
Un geste lui vint. Un geste simple, mais révélateur de ce qu'il pensait. Un geste simple, mais qui était pourtant dur à amorcer, Akihiko ne savant pas s'il en avait le droit. Un geste simple, mais peut-être allait-il brusquer la jeune femme.
Le jeune homme, dans le silence qui planait, esquissa le début de ce geste, puis se ravisa. Était-ce vraiment le bon moment ? La bonne chose à faire ? La meilleure façon de s'exprimer alors que les mots lui manquaient ? (Et merde, je vais pas tergiverser pendant des plombes.) se focalisa Akihiko.
Levant la main droite, il la posa délicatement sur l'épaule de la tatoueuse. Elle tressaillit un moment au contact, prise par surprise sans doute. C'était la seule réponse que Akihiko pouvait offrir. Un signe de compassion silencieuse. Sous ses doigts, l'Oranais sentit les muscles tendus et crispés d'Anthelia peu à peu se relâcher sous sa peau. La peau froide de la jeune femme se rechauffa doucement sous la pression de celle de Akihiko qui resta là, en une présence silencieuse.
Au bout d'un temps que l'enchanteur ne sut quantifier, les doigts fins de la jeune femme se posèrent sur les siens, les serrèrent légèrement et les éloignèrent de son épaule. Tournant la tête vers elle, Akihiko croisa le regard d'Anthelia. Il y brillait toujours cette mélancolie qu'il distinguait clairement à présent mais autre chose transparaissait désormais dans ces deux lacs d'un vert profond : de la reconnaissance.

"Merci, dit-elle simplement dans un petit sourire.

- Y a pas de quoi, lui répondit l'homme en lui rendant un sourire plus franc, découvrant légèrement ses dents. C'est pas un moment évident pour toi et c'est malheureusement tout ce que j'ai à t'offrir.

- Mmmh...? C'est donc là tout ce que le valeureux Porteur de la Kizoku-Rana peut faire pour une malheureuse jeune femme...?"

En disant ses paroles, la jeune femme s'était tourné face au fulguromancien et avait posé un doigt sur sa poitrine maillée, un sourire charmeur étirant ses lèvres carmin. Sourire qui se mua en grand éclat de rire en voyant le visage de Akihiko rougir de plus en plus à mesure qu'elle s'approchait.

"Ahah voilà enfin le Akihiko que je connais ! Timide et mignon à croquer.

- Argh Anthelia, le dernier adjectif n'était pas nécessaire, se plaignit-il.

- Oooh si il l'était, tu aurais vu ta tête quand je l'ai dit ! Allez, en attendant que ton ami Nari revienne, raconte moi un peu ce qui s'est passé depuis la dernière fois."

S'asseyant dans l'un des divans à côté de la tatoueuse, Akihiko se mit à lui raconter ce qui s'était passé depuis leur dernière rencontre. Le magicien Frans supposément à Shory, son départ prévu avec le capitaine Hertann et Vadokan sur la piste d'une mystérieuse relique, puis l'aide réclamée par Soeur Serina... Au moment où Akihiko abordait le point de son départ vers Nessima, du bruit se fit entendre. C'est un Ryo humide enroulé dans une serviette qui passa la tête de derrière la teinture, pour se poser sur les deux personnes en train de discuter. En les voyant, un sourire commença à poindre sur ses lèvres.

"Oh... Peut-être que je vous dérange ?

- Mais oui bien sûr... Allez, prend les affaires sur le comptoir et rejoins moi, on doit discuter de quelques petites choses par rapport à ta fugue.

- Je vais vous laisser tranquille dans ce cas, intervint Anthelia, j'avais quelques tâches en cours avant que vous ne veniez, je vais en profiter pour les terminer."

Elle se leva et traversa la tenture derrière laquelle Ryo venait de disparaître. Là, Akihiko entendit un gloussement de la jeune femme auquel le soldat répondit par une exclamation étranglée. Il surgit de de l'arrière boutique simplement vêtu des chausses apportées par Akihiko, dévoilant un torse musclé et tracé par la jeunesse et l'entrainement militaire qu'il avait reçu. Akihiko sourit devant cette scène comique et aux joues empourprées de Ryo et une fois ce dernier habillé, l'invita d'un geste à le rejoindre. Lorsque ce dernier s'assit, Akihiko se leva et s'inclina devant lui.

"Ryo Ôkami, je tiens d'abord à vous présenter mes excuses pour la situation dans laquelle nous vous avons entraîné, Kage et moi-même. Je m'excuse également pour avoir été quelque peu familier avec vous. Dans la situation que nous avons traversé, le respect de l'étiquette me semblait... superflu.

- Oh Akihiko, nul besoin de vous excuser pour ça ! Enfin le ton familier je veux dire. C'est anecdotique. En revanche... le ton du soldat se durcit un peu. J'aimerais bien en savoir plus sur toute cette affaire. Si je vous ai suivi jusque-là, c'est en partie parce que je n'ai pas l'impression que vous soyez malintentionnés mais surtout parce que pour vous avoir vu à l'oeuvre, je ne fais clairement pas le poids face à vous. Autant vous que Kage.

- Pour être franc avec vous, je ne suis pas au fait de tout les tenants et les aboutissants de cette mascarade. Je vais partager le peu d'informations que j'ai avec vous.
En réalité, je ne suis qu'un simple exécutant. Le cerveau derrière tout cela est Kage. Il est venu me chercher pour me demander mon aide, et j'ai accepté de l'aider car il avait aidé et sauvé un de mes proches amis à plusieurs reprises. Pour ça, je lui en était reconnaissant. De plus, il semblait avoir de lourds griefs contre le capitaine Talabre, qui aurait tué son père alors sous ses ordres.


- Comment est-ce possible ?! s'écria Ryo. Je suis également sous ses ordres et je ne l'ai jamais vu lever la main sur qui que ce soit dans notre compagnie !

- Je ne saurais vous le dire... La seule chose que je peux presque affirmer, cependant, c'est que Kage ne ment pas sur ce point là. On peut mentir et simuler bien des émotions, mais je peine à croire que la colère qui transperçait dans ses yeux et sa voix en évoquant le capitaine était factice. J'ai également assisté à une de leur confrontation avant de lui asséner le coup de marteau qui l'a laissé inconscient. Et je peux vous assurer que le ton était tout sauf cordial entre ces deux là.

- C'est... Difficile à croire. Mais ça voudrait dire que cette histoire d'empoisonnement de ma sœur était vraie ?

- Sur ce point, je ne peux rien affirmer, répondit l'enchanteur en grimaçant.

- Mais alors, pourquoi m'enlever ? Qu'est-ce que j'ai à voir dans tout ça ? Kage m'en a bien touché quelques mots, mais j'ai encore du mal à tout saisir.

- C'est là aussi un peu obscur pour moi... Mais de ce que j'ai compris, vous étiez déjà un otage. Si Talabre est effectivement le type d'homme à assassiner ses subalternes pour assurer son ascension...

... Alors ce mariage était l'assurance pour que je sois gardé en vie en étant sous ses ordres ?

- C'est ce que je pense oui. Ou du moins, l'assurance que vous ne vous retrouviez pas "malencontreusement" dans une mission ou un assaut particulièrement périlleux.

- Et si je suis supposément enlevé, il n'a plus de moyen de contraindre ce mariage. Tout ça se tient... Mais j'ai encore du mal à le croire. Et combien de temps je vais rester caché ? Si je retourne sous les ordres du capitaine Talabre une fois revenu "sain et sauf", qu'est ce qui va l'empêcher de m'utiliser comme otage de nouveau ?

- Vous me posez des questions auxquelles je n'ai pas de réponses, soupira Akihiko. Kage sera plus en mesure de vous répondre. Je vous tiendrais au courant.

- Et ma soeur ? Pourrai-je la voir, l'informer elle au moins que je vais bien ? Kage semble la connaître, elle est peut-être au courant de tout ça elle aussi.

- Je dois le rencontrer ce soir. Je lui en toucherai deux mots également, assura le fulguromancien, appréciant que le jeune homme se montre aussi soucieux pour sa soeur.

- Merci Akihiko...! dit le soldat dans un soupir de soulagement. La tension dans ses épaules se relâcha notablement, ayant enfin eu une partie des réponses qu'il cherchait. Visiblement plus détendu, Ryo se décida à lui demander quelque chose qui l'intriguait depuis quelques temps : Dites, maintenant que nous sommes en relative sécurité, est-ce que je pourrais voir la Kizoku-Rana...? C'est juste que c'est un artefact qui a bercé mes rêves de gosse, alors pouvoir le voir maintenant serait un grand honneur.

- Bien sûr ! Je vous comprend parfaitement, poser la main dessus fut très particulier pour moi aussi."

Durant la vingtaine de minutes qui suivit, Ryo et Akihiko échangèrent sur la relique oranaise. Passé sa phase d'émerveillement, Ryo se montra très curieux sur la lame en elle même et les légendes qui l'entouraient. Lesquelles étaient vraies ? Comment obtenir la Kizoku ? Si Akihiko accepta de répondre à ses interrogations, il ne dévoila évidemment pas l'existence d'Amy, laissant planer un voile de mystère sur son obtention. Ryo fut même tenté de dégainer la lame mais ne s'en sentant pas digne, demanda au porteur de le faire. Celui-ci accéda à sa requête et dénuda la lame étincelante. Les questions qui s'ensuivirent furent plus posées par le soldat que l'ex-enfant ynorien, portant notamment sur l'équilibre de la lame, la gêne que pouvait occasionner un poids aussi léger, etc. Patiemment, Akihiko répondit à toutes les questions qu'il pouvait, consentant même à lui montrer la Kizoku Hana sur le dos de sa main.

" Tiens, ce motif me dit quelque chose... Oui voilà, ce dessin sur le mur là-bas, c'est le même.

- Évidemment, c'est le tatouage que Akihiko m'a demandé de faire, expliqua Anthelia en rentrant dans la pièce.

- Oui, c'est comme ça que je l'ai rencontré."

Ayant visiblement fini ce qu'elle avait à faire, l'aquamancienne avait rejoint les deux hommes. Tout les trois, ils discutèrent des différents tatouages présents sur les murs. Anthelia disposait d'une mémoire prodigieuse et se souvenait du propriétaire de chacun de ces tatouages et semblait avoir toujours une petite histoire à leur propos. Le temps fila et bientôt, Akihiko dû partir à son rendez-vous nocturne avec Kage. Convenant avec la maîtresse de maison qu'il pouvait lui aussi rester avec son ami Nari -à condition qu'il prenne en charge la nourriture pour eux trois durant les jours à venir- Akihiko les salua et s'éclipsa dans une nuit sans lune.


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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » sam. 7 sept. 2019 22:54

Le Procès

Réveil paisible dans une chaleur bienfaisante qui ravit la jeune femme alors même qu’elle n’avait pas encore ouvert les yeux, un discret sourire se dessinant sur son visage tandis qu’elle percevait la respiration régulière de celui qui avait dormi à ses côtés, l’enlaçant tendrement comme lors de la première nuit où ils s’étaient rencontrés. Un enlacement timide, chaste dont la jeune femme profita encore pendant de longues minutes. Lorsqu’elle entendit des pas s’approcher de sa chambre, elle ouvrit brusquement les yeux et, sans vraiment réfléchir, poussa Volh en dehors du lit, le substituant au regard de sa mère qui entra sans frapper, s’arrêtant sur le pas de sa porte.

- Hatsu, je venais te réveiller… Comment te sens-tu ?

Si Hatsu devait être totalement honnête, elle dirait qu’elle se sentait parfaitement bien, grâce à Volh qui devait se demander pourquoi, par Rana, il avait terminé sur le sol de la chambre et non pas à côté d’elle au réveil.

- Je vais… ça va, ne vous en faites pas. Je descends dans quelques minutes, le temps de me réveiller.

Sa mère hocha la tête et referma la porte, n’assistant pas au soupir de soulagement de sa fille qui se rua de l’autre côté du lit, un air navré sur le visage. Elle vit Volh, allongé sur le sol, la regarder et elle retint à grande peine un éclat de rire, attendant qu’il se relève pour lui embrasser la commissure des lèvres.

- Désolé pour ça… promis tu auras des réveils plus doux… des fois.

Elle lui offrit un sourire narquois et se détourna pour attacher ses longs cheveux en un chignon lâche tout en lui expliquant ce qui allait se passer.

- Apparemment le procès a lieu aujourd’hui. J’ai laissé quelques instructions au cas où je… enfin si j’étais indisposée après le mariage et elles ont dû être transmises au vu de ce qu’il s’est passé.

Elle lui saisit délicatement la main, caressant le dos de celle-ci avec tendresse.

- Je te promets de tout faire pour qu’il paie. Je dois y aller, prends soin de toi, on se voit bientôt.

Soufflant un baiser sur sa joue, elle s’éloigna mais il la retint, l’attirant à lui avec force avant de plaquer ses lèvres contre les siennes. Elle sentit la passion, mais aussi l’angoisse et l’appréhension qu’il déchargeait dans ce baiser et elle le lui rendit avec la même force, comme pour lui assurer que, peu importe ce qui arriverait, elle serait là pour lui. Le souffle court et une mèche rebelle dévalant son visage, elle finit par s’écarter, les joues écarlates et un sourire vissé sur son visage.

- Je… Bientôt Volh. Je t’aime.

Elle glissa ses lèvres sur les siennes avant de sortir de la chambre, laissant une dernière fois son regard se porter sur la silhouette de l’homme qu’elle aimait. Elle s’adossa à la porte qu’elle referma et enfouit son visage dans ses mains en repensant à ce qu’elle venait de dire. Elle avait clairement dit… Aucun regret dorénavant, elle se le jura ! Elle souffla et reprit contenance, s’écartant de la porte et reprit un masque plus impassible au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du salon. A sa grande surprise, Onoda était déjà là et conversait avec ses parents avec une déconcertante familiarité. La jeune femme, un air étonné sur le visage, s’arrêta sur le pas de la porte, dévisageant tour à tour Onoda et ses parents avant que le premier ne la remarque, elle et son kimono court qui dévoilait ses longues jambes fuselées. Un fin sourire apparut sur ses lèvres tandis qu’il la détaillait.

- Quelle délicieuse vision… et vous êtes de nouveau célibataire si je ne m’abuse ?

Hatsu s’empourpra, élargissant un peu plus le sourire d’Onoda, et alla s’asseoir, veillant à bien garder les jambes cachées et serrées, foudroyant un forgeron dont le sourire s‘élargit encore un peu plus. Il reprit cependant bien vite un air plus grave et entreprit d’expliquer en détail à la jeune femme ce qu’elle devait faire et dire pendant le procès qui aurait lieu au Conseil dans à peine deux heures. Il lui apprit que Talabre et sa famille avaient séjourné dans une auberge, sous bonne surveillance, les soupçons pesant sur eux étant nombreux. Cela enchanta la jeune femme qui écouta patiemment le tutoriel pour que le procès se passe le mieux possible pour elle. Elle allait devoir jouer la comédie au moment crucial et des sourires jumeaux apparurent sur le visage du forgeron et de l’archère lorsqu’il prononça ses mots.

- Il faut que vous ayez vraiment l’air de vouloir le tuer.

- Cela ne devrait pas poser de difficultés.

Leur entrevue dura près d’une heure, après quoi Onoda s’en alla, lui indiquant qu’il serait présent en tant que témoin et de garde-fou pour lui éviter des accès de rages dont elle avait le secret. Cela la fit lever les yeux au ciel. Elle avait totalement perdu son sang-froid après le mariage, mais qui pouvait l’en blâmer. Son frère avait été enlevé, sa famille était en danger et elle avait été empoisonnée. Bien peu de gens seraient restés stoïques et elle avait simplement explosé après des semaines d’attente et d’appréhension. Elle comptait bien se maîtriser un peu plus lors du procès, mais elle savait que ce ne serait pas chose aisée.
Elle retourna dans sa chambre pour s’apprêter, remarquant la fenêtre ouverte qu’elle referma avec un léger soupir, prenant le temps de regarder au dehors, comme si elle espérait y voir l’ombre la guetter sur un des toits voisins. Se décidant finalement à bouger, elle referma la fenêtre et se prépara avec minutie pour avoir l’air dans son élément, sans toutefois parvenir, ni même essayer, de cacher les cernes et le visage légèrement plus pâle qu’il n’était habituellement. Si elle voulait faire pencher le juge, ce genre de petites choses pouvaient avoir de l’importance. Elle avait été empoisonnée, elle pouvait paraître plus faible que d’ordinaire sans que cela ne soit déformé. Habillée d’une robe d’un rouge sombre et coiffé d’un chignon percé d’une broche d’argent, elle redescendit rejoindre ses parents qui l’attendaient pour partir. En ouvrant la porte, le chef des gardes, Tanis, la salua d’une révérence toute martiale, un air de profond soulagement sur le visage.

- Damoiselle… J’ai fait passer votre lettre au vu de votre état…

- Je m’en doutais. Merci chef Tanis, vous avez bien fait. Sommes-nous prêts ?

Posant la main sur la poignée de son sabre, il offrit un sourire carnassier à la jeune femme qui le lui rendit.

- Oui Damoiselle, nous sommes prêts.

A elle de faire en sorte que tout cela ne se soit pas fait en vain.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mar. 1 oct. 2019 23:05, modifié 2 fois.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » lun. 16 sept. 2019 22:03

Retrouvailles poignantes

Marchant aux côtés de Cherock, Hatsu écoutait patiemment la réponse à la question qu’elle venait de poser. Pas de raisons vénales ou motivés pas un quelconque appât du gain, seulement la volonté de rendre justice, d’aider ceux dans le besoin selon lui. Arrêter Talabre semblait une récompense en soit pour le jeune homme. Et quand il avoua être celui qui lui avait enfoncé la cage thoracique, un sourire carnassier s’étira sur les lèvres d’Hatsu. Elle aurait adoré voir ça, mais s’était contentée d’en voir le résultat avant les soins du guérisseur. Selon lui, il avait davantage aidé Volh que la famille Ôkami, qu’il voyait comme quelque chose d’inaccessible, étant un « simple » citoyen, ce qui fit hausser les sourcils d’Hatsu. Quel besoin avait-il de se dénigrer ainsi alors qu’il avait cette arme à la ceinture ? Elle posa d’ailleurs une question sur la Kizoku-Rana qui sembla illuminé un peu le regard de son interlocuteur. Ce qu’elle avait lu à son propos semblait être vrai, selon ses dires, même s’il ne s’étendit pas plus avant sur le sujet, précisant simplement que l’arme choisissait son porteur, et non l’inverse. Il lui montra le symbole lié à l’arme, un lotus qui surprit Hatsu, si proche du lien que Volh et elle partageait à travers cette fleur. Il en expliqua les raisons derrière ce symbole : les pétales de gauche pour le Courage, ceux de droite pour la Sagesse et le cœur pour la Force. Une explication qui captiva Hatsu, toujours friande de connaissance sur les légendes et histoire de son peuple. Quelques questions lui vinrent, sur la lame comme sur ses légendes, sur la furie de Rana ou sur l’esprit qui guidait le porteur. Certaines réponses lui suffirent, d’autres furent évasives et elle n’insista pas. L’éclat de la lame la fascina quelques instants et elle remercia Cherock, s’avisant de toucher l’arme qu’il lui tendait pourtant. Elle n’en était pas la porteuse, elle n’avait aucun droit sur l’arme.

Ils arrivèrent finalement devant une maison qui dénotait peu du reste de la rue où elle était installée. Cherock ouvrit un petit portillon et Hatsu le suivit jusqu’à la porte à double battants. Il s’arrêta, main sur la poignée, se tournant vers elle. Il lui expliqua que cette maison appartenait à une de ses amies, une certaine Anthelia, spécialisé dans les tatouages magique, obligée de fermer boutique par manque d’encre. La boutique étant fermée, ils ne seraient pas dérangés. Hatsu approuva intérieurement l’idée et voulu s’avancer avant que Cherock n’ajoute quelque chose qui surprit la jeune femme.

- Ryo se doute de quelque chose à propos de votre relation avec Kage. Ce grand dadais n'arrivait pas à cacher son inquiétude à votre sujet. En revanche, il ne sait rien de sa véritable identité, celle de Vohl Del'Yant. Alors faites attention en sa présence, il ne sait pas tant de chose que ça.

Hatsu hocha la tête, souriant lorsque Cherock se retourna, amusé par le surnom qu'il avait donné à Volh. Elle savait très bien que Ryo soupçonnait quelque chose, il avait vu Volh quitter sa chambre par la fenêtre au beau milieu de la nuit. Quant à faire le rapprochement avec Kage qui voulait empêcher le mariage, il n’y avait qu’un pas qui avait probablement été franchi par le jeune homme. Il était loin d’être stupide. Elle suivit le jeune homme à l’intérieur, étonnée par la décoration duc ouloir qu’ils traversèrent, éclairés par des bougeoirs en forme de dragons. Ils arrivèrent dans une pièce spacieuse ou des nuances de pourpres, cyan et turquoise se mélangeaient dans une étrange harmonie colorée. Divans, fauteuils et coussin occupaient la pièce et, sur l’un d’eux, Ryo, torse nu, visiblement en train de passer un moment plaisant avec une jeune femme à la longue chevelure blonde. Hatsu, pourtant heureuse à l’idée de revoir son jumeau, se figea et tiqua immédiatement en voyant le visage souriant de Ryo. Elle toussota, figeant les deux occupants de la pièce. Ryo se faisait visiblement tatoué, faisant hausser un sourcil menaçant sur le visage d’Hatsu. Son frère pâlit aussitôt en la voyant.

- Ça va, je dérange pas ? Donc pendant que je crève d'un poison et que je me bats contre cette ordure de Talabre, monsieur se prélasse et se fait tatouer ! T'as intérêt à lever ton cul de cette chaise avant que j'enfonce cette aiguille dans un endroit où elle n'est pas censée aller !

- Hatsu ? Attends mais je peux expliquer, c’est…

Le claquement de langue agacé d’Hatsu fit aussitôt taire son frère qui vérifia rapidement qu’elle n’ait pas amené son arc. Il connaissait ce regard et il connaissait très bien ce tic qu’elle avait lorsqu’elle était énervée contre lui. Elle s’avança vers lui tandis qu’il se relevait. La jeune femme tenta d’ouvrir la bouche mais un regard d’Hatsu la fit sagement rejoindre Cherock tandis que la jeune archère se plantait face à son frère qui se leva et la fixa.

- Heureuse ? Pourquoi faut toujours que tu réagisses comme ça lorsque je suis avec une femme ? T’es jalouse ou quoi ?

- Que… quoi ? Quel rapport ?! Ça aurait été un homme que ma réaction aurait été la même !

- Menteuse, c’était pareil avec Shôri !

- Shôri est une effroyable gourde doublée d’une pétasse qui se fait passer pour une foutue ingénue alors qu’elle est plus chaude que les volcans de Nosvéris ! Moi, je parle du fait que tu as l’air parfaitement serein alors que, merde, ta vie et la mienne étaient sur la corde raide !

- Grâce à ton cher ami Kage je te rappelle ! Merci pour l’enlèvement !

- Pour te protéger espèce d’abruti !

- Je peux me protéger tout seul !

- Ah oui ?

Elle envoya son poing en plein sur le visage de son frère qui, surprit, n’évita pas l’assaut et s’écroula en trébuchant sur un coussin après le choc. Hatsu jura en se tenant la main alors que son frère, abasourdi, la regardait.

- Mais… mais tu es devenue folle ma parole, qu’est-ce que… Hatsu ?

Les larmes qui avaient commencé à couler sur les joues de la jeune femme figèrent Ryo, avant qu’il ne s’ébroue et se relève pour la prendre délicatement dans ses bras, oubliant la douleur de son visage.

- Hey, tout va bien, je vais bien d’accord ? Hatsu…

- J’ai tellement eu peur… J’ai cru que Talabre t’avait emmené, j’ai eu si peur de jamais te revoir et… et te voir là, comme ça, insouciant… Je suis désolée, tout ça, ça m’a rongé pendant si longtemps. Ce mariage, tout ce que ça impliquait. J’en peux plus d’accord ? Pardonne-moi.

Le jeune homme caressa tendrement la tête de sa sœur, jetant un regard navré aux deux spectateurs. Hatsu ne mit pas plus d’une minute pour se reprendre, soufflant avant de reprendre un masque plus impassible malgré les yeux rougis qui trahissaient les pleurs qui venaient d’avoir lieu. Elle inclina la tête en se tournant vers Anthelia.

- Navrée pour ça, je suis un peu tendue en ce moment, je vous prie de bien vouloir m’excuser.

Elle se tourna ensuite vers Cherock.

- Merci d’avoir veillé sur mon frère. Si jamais vous deviez chercher de l’aide, sachez que ma maison vous sera éternellement reconnaissante et vous aidera dans la pleine mesure de ses moyens.

- Nul besoin d’être aussi formelle, Hatsu…

- Il faut bien que quelqu’un le soit, Ryo…

- Nous verrons cela. En attendant, j’aimerais terminer ce tatouage et t’entendre m‘expliquer deux trois choses, si tu veux bien ? A commencer par une chose en particulier… Ce Kage…c’est l’homme dont tu es amoureuse pas vrai ?

Elle ne l’avait visiblement pas frappé assez fort. Cet abruti.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mer. 18 sept. 2019 18:04, modifié 1 fois.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » lun. 16 sept. 2019 22:12

Avant qu’elle ne puisse imprimer une deuxième fois la marque de son poing sur la joue de son frère, Cherock intervint, assurant que le simple fait d’avoir mis un terme aux agissements de Talabre était une récompense en soit. Elle eut un sourire narquois lorsque ce dernier qualifia l’idée de Ryo de se faire tatouer « stupide » et lança un regard entendu à son frère qui affichait un air penaud.

- Termine le au moins, que ça ressemble à quelque chose.

Son frère aquiesça et la jeune archère alla s’asseoir pour observer un processus qu’elle ne connaissait pas. Toujours friande de connaissance, elle était intriguée par la technique qu’allait employer la tatoueuse. Visiblement elle n’était pas la seule et Cherock s’y intéressa également, posant des questions dont elle écouta attentivement les réponses. Alors qu’elle passait à la pratique, le cri de douleur de son frère fit hausser un sourcil à al jeune femme qui offrit un sourire carnassier lorsque la tatoueuse lui reprocha d’avoir tendu les muscles de son frère.

- Pauvre bichon, tout tendu.

Elle l’entendit grogner, mais le massage de la tatoueuse effaça bien vite l’air tiré du jeune homme qui se détendit sensiblement. Il jeta un regard narquois à sa sœur qui leva les yeux au ciel, écoutant plutôt les deux autres discuter. Visiblement le tatouage ne se maîtrisait pas comme ça et il fallait un temps pour ne serait-ce qu’effleurer les potentialités de cet art. Ce qu’Hatsu ne savait pas, c’est qu’il fallait un temps considérable pour réaliser un tatouage et le temps fila rapidement tandis que Cherock racontait sa rencontre avec Volh, ses motivations, l’infiltration l’exfiltration et la fuite. Le passage dans les égouts tira une grimace dégoûté à Ryo, dessinant un sourire sur le visage d’Hatsu. Les questions se tarirent et se focalisèrent ensuite sur elle, la faisant hausser les sourcils.

- Je ne vois pas vraiment ce qu’il y a de plus à raconter. Un mariage, une attaque somme toute violente qui y a mis un terme. Ce salopard m’a empoisonné, j’ai survécu, il a été jugé et ira en prison, fin de l’histoire.

- Allons Hatsu... moi je veux savoir ce qui a poussé Kage à te venir en aide.

Visiblement Ryo n’était pas le seul curieux, mais la jeune femme fut très ferme.

- Cela ne regarde que nous.

L’air déçu et faussement triste de Ryo ne parvint pas à dérider la jeune femme, faisant soupirer son jumeau.

- Fais un effort …Tu n'as pas répondu à ma question d'ailleurs.

Elle plissa les yeux, lui jetant un regard hargneux qui.ne fit qu'élargir son sourire. Elle soupira, capitulant.

- Très bien... Oui, la réponse est oui, content?

- Très !

Le sourire malicieux qu'il afficha soudainement fit froncer les sourcils de l'archère.

- Tu nous le présente quand ? Qu'on sache si tu es toujours aussi prude...

- Tu... je rentre ! Espèce de crétin.

- Moi aussi je t'aime ! Reste encore un peu, s’il te plaît ! Je m’intéresse à la première histoire d’amour de ma sœur, tu ne vas quand même pas m’ôter ce plaisir ? Comment vous vous êtes rencontrés ?

- Ce n’est ni le lieu, ni le moment pour cela ! Et je doute que cela intéresse qui que ce soit ici à part toi !

Elle lança un regard aux deux autres personnes présentes qui visiblement ne semblaient pas se désintéresser de l’histoire, bien au contraire et elle reposa les yeux sur le visage presque suppliant de son frère. Elle roula des yeux et soupira. Ryo afficha un sourire victorieux avant même qu’elle ne commence à raconter.

- Il m’a sauvé de mercenaires qui me suivaient, probablement pour une rançon. Et comme il a été blessé en m’aidant, je l’ai soigné. On s’est retrouvé il y a quelques temps et il a appris pour le mariage, a voulu m’aider et je… je ne sais pas comment c’est arrivé, c’est arrivé c’est tout. Dans d’autres circonstances, peut-être qu’on serait simplement restés amis, mais…

- Tu l’aimes ?

- Oui.

Posée comme une boutade, la réponse immédiate et franche de sa sœur à la question surpris le jeune homme qui la regarda avec étonnement. Le léger rosissement des joues de la jeune femme, son regard quelque peu rêveur et le léger sourire qui s’était dessiné sur son visage semblaient avoir complètement pétrifiés le jeune homme qui semblait ne pas en croire ses yeux.

- Et lui il…

- Il a risqué sa vie pour moi, m’a offert son aide et son cœur. Alors oui, Ryo, je suis sûre qu’il m’aime.

- C’est pour ça qu’il a tout risqué pendant ce mariage ?

- Pas que, mais cela n’a fait que renforcer sa détermination.

Le silence qui suivit fut révélateur de l’état de Ryo, étonné par sa sœur. Elle lui offrit un sourire gêné et se leva.

- Je ne vais pas tarder, sinon Tanis va mettre la ville sans dessus dessous pour me retrouver, tu sais comment il est. Prends soin de toi Ryo.

Elle lui embrassa tendrement le front. Toujours estomaqué, il mit quelques secondes à réagir et, se releva avant d’enserrer sa sœur dans ses bras. Un instant prise au dépourvu, elle nicha néanmoins sa tête contre son épaule.

- Je suis content pour toi, vraiment. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi quand tu souffrais, mais je suis heureux que lui soit apparu en prenant une place dans ton coeur.

- Il ne prendra pas ta place Ryo. Je t’aime, mais ça n’a rien à voir, tu le sais.

- Je sais… pas question que je roule des palots à ma sœur ou que je la vois se déshabiller pour...

- Espèce de… !

Éclatant de rire, Ryo s’écarta d’Hatsu dont le visage avait viré à l’écarlate. Partagée entre la gêne, la colère et la frustration, elle lui lança un regard noir puis tourna les talons après avoir salué et remercier Anthelia pour avoir accepté de cacher son frère. Elle ouvrit la porte, lançant une dernière pique à Ryo avant de sortir.

- Shôri attend de tes nouvelles avec inquiétude et impatience. Elle sera ravie de te revoir une fois rentré, je me ferais un plaisir de l’avertir.

Cherock et Anthelia purent aisément voir le visage de Ryo pâlir tandis qu’un sourire carnassier puis une grimace moqueuse se dessinèrent sur le visage d’Hatsu avant qu’elle ne quitte la pièce. Elle enttendit Cherock qui comptait visiblement l’escorter jusqu’à chez elle et se tourna vers lui.

- Vous n’avez pas à faire ça… mais merci.
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Re: Les Habitations

Message par Xël » mar. 17 sept. 2019 08:18

[:attention:] PEGI 16 [:attention:]

<<<

Sheeala se laisse guider, nous sortons de l’auberge à la hâte pour slalomer entre les passants. Le contact avec sa peau est un ravissement.

" Ça ne va pas me tuer au moins ? "

Elle me demande provocatrice si je suis prêt à prendre le risque. J’arrête ma course au plein milieu de la rue. J’ai survécu à tant de choses, je ne voulais pas prendre le risque de mourir, plus maintenant, alors que j’étais si proche de rentrer chez moi, de revoir Méli.

" Bah... non. "

Dis-je comme une évidence. Même si je passe sans doute à côté de quelque chose d’inoubliable et si elle ne parviendrait plus à garder le contrôle, je ne pouvais pas accepter ça. Elle me retourne pour plonger son regard de feu dans le mien. Je ne reconnais pas la reine de Treoof, réservée, sage. Devant moi se trouve la harpie qui a combattue trois jours et trois nuits le titan dans la clairière. Seulement cette fois elle a gardé forme humaine et pour une raison que je ne m’explique pas mon corps se dresse vers elle. Je la désire plus que tout autre chose. Elle me promet que je ne perdrais pas la vie et j’accepte alors avec un sourire de continuer. Elle ne dit plus rien et c’est elle maintenant qui me traîne vers sa chambre. Plus nous en approchons et moins je parviens à me retenir, ivre du même besoin qu’elle. A peine la porte se ferme que nous jetons l’un contre l’autre comme deux animaux pour nous embrasser à pleine bouche. Nos mains se promènent frénétiquement sur le corps de l’autre avant que les siennes ne se dirigent vers ma ceinture pour la défaire, elle les monte ensuite pour dénouer la ficelle qui maintient ma tunique fermée avant de brutalement l’ouvrir pour dévoiler mon torse. Elle me jette un regard coquin avant que nous prenions une courte pause pour retirer nos bottes, j’en profite pour laisser tomber ma tenue avant de nous jeter à nouveau l’un contre l’autre en haletant. Je plonge mon nez dans son cou pour y déposer des baisers passionnés. Mes mains saisissent ses hanches pour la pousser contre le mur mais elle est si forte que c’est elle qui parvient facilement à me pousser en gloussant. Je percute un meuble et je lève la tête en encaissant le coup. Sheeala en profite pour mordre à nouveau mon cou. Mon corps se raidit tandis que le plaisir monte à nouveau. Je passe une main dans ses cheveux fins pour les agripper avec fermeté. Elle libère ma chair pour lécher le sang qui coule sur mon torse, son souffle saccadé qui glisse contre ma peau me donne des frissons.

Elle me soulève soudain pour me jeter sur le lit à l’autre bout de la pièce. Maître de ma magie et certain de ne pas en perdre le contrôle ici, j’atterris doucement sur les couvertures avec un sourire, amortit par un coussin d’air. Elle m’observe un instant et sourit à son tour, elle laisse ensuite doucement tomber sa robe, dévoilant petit à petit ses épaules, ses seins, son ventre. Elle pivote pour me montrer son dos en suspendant son geste juste avant de me dévoiler ses fesses et laisse d’un coup tomber son vêtement avant de se tourner et de fondre vers moi comme à l’auberge. Je n’ai même pas le temps de plus la contempler que je sens sa peau nue se coller à la mienne. Elle me retire ce qu’il me reste de vêtements, nous retrouvons tous les deux nus comme des vers et nos corps se frottent l’un à l’autre. Elle me mord, me griffe. Chaque blessure qu’elle m’inflige est pour moi un moment d’extase. Je me laisse aller à la même bestialité en lui mordant l’épaule et lui griffant les cuisses. J’approche ma main de son intimité de harpie mais elle la saisit pour suspendre mon geste, elle me jette un regard terriblement sérieux et secoue doucement la tête de droite à gauche. Je comprends alors que ce n’est pas possible, pour une raison que j’ignore, je comprends que c’est plus ou moins dangereux et que c’est ça qui pourrait lui faire perdre le peu de contrôle qui lui reste. Elle ne lâche pas ma main et la pose sur sa poitrine avant de me mordre à nouveau pour aspirer mon sang. Nous continuons à nous mordre, nous griffer, nous caresser et nous livrer à d’autres désirs qui nous passent par la tête et qui me sont permis jusqu’à ce qu’un dernier moment de jouissance nous plonge dans l’épuisement et dans le sommeil.


>>>
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Vohl Del'Yant
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Re: Les Habitations

Message par Vohl Del'Yant » mer. 18 sept. 2019 11:27

L'univers douillet des oreillers et du matelas rembourré disparaissent d'un coup, happés par un vide qui précipite Vohl face contre le plancher et le tapis - par bonheur épais - qui ammorti sa chute, sa bouche appréciant toutefois assez peu le contact de la laine de mouton. L'esprit encore embrumé du sommeil qu'il a partagé avec sa dulcinée, il s'apprête à se relever en position de garde, lorsqu'une voix le fait rester au sol, la situation se révélant à sa son intellect comme imbibé de valériane.

- Hatsu, je venais te réveiller… Comment te sens-tu ?

Vohl se fige, oubliant même de respirer. Ce n'est pas réellement la situation rêvée pour saluer la famille de l'élue de son coeur. Il tient sans doute là la première raison qui l'a envoyée sur le tapis plutôt que de tenir encore dans ses bras la peau douce de Hatsu. La seconde est plutôt pour le rassurer : à la contusion qu'il va porter pendant quelques jours, la chasseresse semble avoir recouvré ses forces plus vites que ne l'escomptaient les médecins. Vohl retient un soupir de soulagement en se souvenant de l'empreinte chaude du corps de la jeune femme contre son corps. Si penser qu'elle a complètement récupéré est illusoire, il est au moins rassuré sur la qualité du remède. Il frissonne en pensant à la mort atroce qui aurait été celle de son amour si l'antidote n'avait pas été reçu à temps. Le poison des fées, la douce féerie. Un poison qui avait été sélectionné de concert avec la fine connaissance de Sombre dans ce domaine pour son mode d'action rapide et particulièrement compliquer à diagnostiquer. Un choix parfait pour qui souhaitait se débarrasser de son épouse en toute tranquillité. De ce que lui en avait dit Sombre, il s'agit d'un poison à base des spores d'une plante. Il avait fait en sorte que Vohl soit certain de son choix et n'ignore rien des conséquences d'un échec : une mort rapide et dans d'atroces souffrances, pendant que les racines de la plante se déploient dans le corps de la victime, déchirant finalement les tissus et les organes. Vohl avait retenu un haut le coeur.

Pour avoir été déjà empoisonné, il se souvient de la souffrance et de cette impression de brûler de l'intérieur, tout en étant complètement impuissant. Sa conscience lui inflige des vrilles de remords dont il est pourtant certain qu'il n'a pas à supporter de culpabilité. Les apparences des Ôkamis, et même plus que cela, ont été préservées et cette sécurité vaut à ses yeux le poids de l'inquiétude qu'il a porté. Intérieurement, il jure de parler au plus vite de la réelle origine du poison. Mais devant sa mère n'est surement pas la meilleure option. Ce sera pour plus tard. L'agitation que Vohl perçoit dans la maison signale qu'il doit partir avant de se faire remarquer... et prendre en chasse par un père mécontent. Il sourit sans malice en imaginant le tableau.

- Je vais… ça va, ne vous en faites pas. Je descends dans quelques minutes, le temps de me réveiller.

Après un instant de silence, Vohl, toujours au sol, affiche un feint air stupéfait sur son visage. Celui de Hatsu apparaît subitement par dessus le sien, comme un jouet de mini-cirque. Il manque d'éclater de rire devant la mine défaite et désolée de son amante. A la place, les yeux rieurs, il tend la main pour lui caresser la joue et se relever pour l'embrasser, la serrant dans ses bras.

- Désolé pour ça… promis tu auras des réveils plus doux… des fois.
"Tu parles d'or, mon aimée. Par précaution, je mettrai quand même des tatamis au pied du lit...et ils peuvent avoir de multiples usages..."

La chasseresse lui offre un sourire narquois avant de remonter ses cheveux en un chignon, dévoilant la peau de sa nuque, le déconcentrant du discours qu'il rattrape au vol, incapable de dire ce qu'il a raté.

- Apparemment le procès a lieu aujourd’hui. J’ai laissé quelques instructions au cas où je… enfin si j’étais indisposée après le mariage et elles ont dû être transmises au vu de ce qu’il s’est passé.

Elle lui saisit la main devant son air inquiet. Ressent-elle encore des gênes conséquentes ? Elle continue, se méprenant sur la raison de son inquiétude principale, mais répondant à la question qu'il se pose depuis qu'ils ont commencé leur aventure... sera-t-elle prête à faire tout le nécessaire pour condamner Talabre ?

- Je te promets de tout faire pour qu’il paie. Je dois y aller, prends soin de toi, on se voit bientôt.

Elle lui souffle un baiser avant de lui tourner le dos.

"Tu ne t'en tirera pas comme ça, Hatsu Ôkami."

Lorsqu'elle se retourne, un air interrogateur sur le visage, il l'attire à lui avant de l'embrasser avec fougue, cherchant à lui faire sentir à quel point il s'est inquiété, son envie d'être avec elle et l'amour qu'il lui porte. Elle le lui rend avec la même intensité, gonflant le coeur de Vohl et faisant accélérer son pouls. Sur le visage pâle, la mèche couleur corbeau ne fait rien pour le diminuer, mais elle s'éloigne tout de même, un sourire et le teint rouge. Lorsqu'elle se détourne après un nouveau baiser, il fait route vers la fenêtre qu'il ouvre avant de s'éclipser sur le haut du toit. La demeure des Ôkamis domine le voisinage : il s'accorde quelques minutes pour se réveiller tout à fait avant d'envisager de reprendre le chemin des toits.

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Akihito
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Re: Les Habitations

Message par Akihito » jeu. 19 sept. 2019 00:00

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXI.4 : Une réunion touchante

"Ça va, je dérange pas ? Donc pendant que je crève d'un poison et que je me bats contre cette ordure de Talabre, monsieur se prélasse et se fait tatouer ! T'as intérêt à lever ton cul de cette chaise avant que j'enfonce cette aiguille dans un endroit où elle n'est pas censée aller !"

Hatsu Ôkami était visiblement énervée. A leur entrée dans le salon, il avait vu un sourire flotter sur le visage de la jeune femme, impatiente de rencontrer son frère pour qui elle s'était beaucoup inquiétée. Et elle trouva ce dernier en train de passer un agréablement moment, à se faire tatouer par Anthelia qui pour l'occasion, avait ré-enfilé sa "tenue de travail" des plus légères. Le sourire du soldat appréciant visiblement le moment mourut aussi rapidement qu'un garzok nu se jetant en hurlant contre les remparts d'Oranan. Son teint pâlit comme s'il voyait Phaitos en personne et il se releva maladroitement en balbutiant. Anthelia tenta bien de calmer la situation mais devant l'air furieux de la noble, préféra s'éclipser et rejoignit Akihiko resté en retrait et qui retenait à grande peine son rire. Ils se mirent alors à commenter la dispute se passant devant eux.

"Akihiko, qui est-ce ? chuchota la tatoueuse.

- Sa soeur. Elle se faisait visiblement beaucoup de soucis pour lui.

- Shôri est une effroyable gourde doublée d’une pétasse qui se fait passer pour une foutue ingénue alors qu’elle est plus chaude que les volcans de Nosvéris ! Moi, je parle du fait que tu as l’air parfaitement serein alors que, merde, ta vie et la mienne étaient sur la corde raide ! vociféra Hatsu.

- C'est qu'elle a du caractère... Euh Akihiko ?

- Mfrrr... Mmhhpf..! le jeune homme était rouge à force de retenir le rire qui montait en lui, faisant pouffer Anthelia.

- Je peux me protéger tout seul !

- Ah oui ?"

Hatsu serra son poing et envoya un crochet compact dans la joue de son frère. Complètement pris au dépourvu, le soldat ne se défendit pas et chuta sous l'impact, plus dû à la surprise qu'au coup en lui même.

"Joli coup." commenta la tatoueuse en souriant, jetant un œil à son comparse qui riait aux larmes de cette situation des plus cocasses. Ses larmes se tarirent quand celles d'Hatsu apparurent, brisant en milles morceaux la couche d'inquiétude qui avait menée à son excès de colère. Le sourire de Akihiko resta cependant, regardant avec attendrissement les deux jumeaux se prendre dans leurs bras pour se consoler. Jugeant qu'ils étaient de trop, les deux spectateurs se reculèrent pour leur laisser une certaine intimité.

"Un quelconque rapport avec cette fameuse fugue j'imagine ? Et puis dites moi monsieur le Héros, on sait se faire des amis à ce que je vois. Cette Hatsu a l'air d'être pleins aux as, vu sa robe qui doit valoir quelques centaines de yus.

- Eh bien... On peut dire que ce n'est pas n'importe qui en effet.

- Et quand comptes-tu me dire la vérité sinon ?

- Pardon ?

- Ooooh Akihiko je t'en prie. Pas de ça avec moi, tu me prends pour qui ? Je ne suis pas idiote, j'ai déjà deviné que ce type ne s'appelait pas Nari. Un mariage qui tourne mal dans une grosse famille de la ville et tu te pointes comme une fleur le jour même avec une personne qui "a des problèmes avec sa belle famille". Quelle drôle de coïncidence ?" ironisa la jeune femme dans un sourire qui n'en était pas un.

(Là mon p'tit Akihiko, tu vas devoir la jouer fine. Mentir à une femme, c'est rarement une bonne idée.)

(Merci de l'avertissement, j'avais pas remarqué. Tu as peut être de judicieux conseils à me donner alors ? En tant que femme ?)

(Et qui te dit que je suis une femme ? Je ne suis pas une femme Akihiko. Je suis à moitié Faëra.)

Abdiquant devant la Faëra qui se payait manifestement sa tête, Akihiko commença à chercher les mots pour se justifier mais les deux jumeaux se rapprochèrent d'eux. Hatsu commença par s'excuser auprès de la tatoueuse qui lui fit signe c'était déjà oublié. Elle se tourna ensuite vers lui.

"Merci d’avoir veillé sur mon frère. Si jamais vous deviez chercher de l’aide, sachez que ma maison vous sera éternellement reconnaissante et vous aidera dans la pleine mesure de ses moyens.

- Nul besoin d’être aussi formelle, Hatsu…

- Il faut bien que quelqu’un le soit, Ryo… ce qui provoqua un regard en biais d'Anthelia.

- Nous verrons cela. En attendant, j’aimerais terminer ce tatouage et t’entendre m‘expliquer deux trois choses, si tu veux bien ? A commencer par une chose en particulier… Ce Kage…c’est l’homme dont tu es amoureuse pas vrai ?"

Akihiko vit le poing d'Hatsu se serrer, aussi décida-t-il d'intervenir avant que le malheureux Ryo ne se prenne de nouveau une salade de phalanges dans les dents. Les côtes de Akihiko ne survivraient pas à un nouveau fou rire contenu.

"Ce n'est pas la peine de me remercier. Comme je vous ai dit, la satisfaction de l'action me suffit comme récompense.

- L'enlèvement vous voulez dire ? demanda à brûle-pourpoint Anthelia.

- .... Exfiltration plutôt. Bon, j'imagine qu'on a tous des questions à poser alors je propose qu'Anthelia termine ce tatouage vu qu'il est déjà commencé et on répondra aux questions de tout un chacun pendant. D'ailleurs Ryo... continua Akihiko en prenant un ton plus réprobateur. Vous êtes sensé être en fuite, comment comptez-vous expliquer l'apparition mystérieuse de ce tatouage ? Vous camouflerez ça sous des bandages ou vos vêtements en prétextant une blessure bénigne reçue durant votre combat, mais c'était une décision, excusez-moi du mot, stupide."

Ryo eu un sourire pitoyable, se rendant compte de son erreur. Puis recevant la confirmation d'Hatsu, retourna s'installer sur le divan servant au tatouage sur lequel il était précédemment. Anthelia reprit en main ses outils : une pointe de stylet très fin, un petit maillet et une palette de récipients remplis d'encre. Hatsu tout comme Akihiko prirent place sur des sièges et fauteuils adjacents pour pouvoir observer le travail de la jeune femme.

"J'avoue être curieux de la façon dont tu tatoues les personnes. Bien que tu m'ais déjà tatoué moi, je n'ai pas eu le loisir de t'observer.

- Oh, le procédé est relativement simple tu sais : un stylet enduit d'encre et de petits coups de maillet pour faire rentrer la pointe. Comme ça, rien de plus simple.

- Ouch !

- Aaah je le savais ! se plaignit la jeune femme en jetant un regard faussement désapprobateur à Hatsu. Vous me l'avez tout tendu avec votre coup de poing !

- Ca change quelque chose ?

- Bien sûr ! Dire d'une personne qu'elle est tendue ce n'est pas pour rien : la peau est tendue sous l'effet des muscles se contractant en dessous. L'aiguille rentre donc bien plus difficilement... Et donc douloureusement. C'est pour ça que je fais en sorte de toujours détendre mes clients...

- Avec des massages notamment ? supposa Akihiko en se souvenant de sa propre expérience et en voyant le sourire béat de Ryo sous les doigts de la tatoueuse.

- Entre autres. Vooooilà, on se détend. Après, le plus dur reste quand même que la tâche demande beaucoup de pratique, de précision et d'efforts : un tatouage, ça n'est jamais qu'une myriade de points. Ah, il faut évidemment un peu de talent artistique pour faire des tatouages élégants.

- Mmmh... Combien de temps ça prend pour avoir une telle maîtrise ? demanda Akihiko en voyant l'aiguille se déplacer à un rythme très élevé, régulier et d'une précision chirurgicale.

- Mmmh... Une année pour savoir manier efficacement les instruments, voir moins si on est doué. Et toute une vie ne serait pas suffisante pour maîtriser toutes les subtilités du tatouage... Pourquoi, tu serais intéressé par devenir tatoueur Akihiko ?

- Je mentirais si je disais que l'idée ne m'a pas traversé l'esprit.

- Ohoh, tu veux empiéter sur mon territoire maintenant ? interrogea Anthelia en s'arrêtant momentanément et dardant un regard provocateur et amusé sur le jeune homme qui lui rendit bien dans un sourire.

- A moins que la Grande Anthelia craigne ma concurrence.

- Tu ne manques pas de culot ! Allez, arrête de me distraire avec tes vantardises à deux yus et raconte moi toute cette affaire "d'exfiltration"."

Le tatouage dura encore une bonne partie de la journée, dessinant au fur et à mesure une silhouette lupine. Durant ce laps de temps, les événements vu des différents acteurs de cette rocambolesque aventure furent narrés. La rencontre de Kage, l'élaboration du plan, l'infiltration, l'assaut et enfin la fuite. Anthelia prêta une attention toute particulière aux raisons qui avaient poussé Akihiko à aider un parfait inconnu et il lui dit la même chose qu'à Hatsu plus tôt dans la journée. L'explication sembla lui convenir et ce fut donc à Hatsu d'entamer sa version de l'histoire.



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Akihito
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Re: Les Habitations

Message par Akihito » jeu. 19 sept. 2019 00:13

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXII.1 : La décision d'Anthelia

Hatsu se montra des plus exhaustive et ne s'épancha pas en détails.

"Je ne vois pas vraiment ce qu’il y a de plus à raconter. Un mariage, une attaque somme toute violente qui y a mis un terme. Ce salopard m’a empoisonné, j’ai survécu, il a été jugé et ira en prison, fin de l’histoire."

Mais Ryo ne l'entendit pas de cette oreille là. Il se fit alors plus inquisiteur et harcela sa soeur jusqu'à ce qu'elle abdique et lui donne la réponse qu'il voulait. Oui, elle aimait Kage. Et oui, il l'aimait aussi. La réponse simple et directe de la jeune femme désarçonna son frère, ne s'attendant pas à une telle franchise de sa part, l'ayant notamment qualifiée de "prude". Anthelia et Akihiko n'intervinrent pas, laissant ce moment de déballage sentimental aux jumeaux. Néanmoins, ils n'en ratèrent pas une miette.

"Tu vois, c'est comme ça qu'on peut avoir des petites anecdotes sur les personnes que je tatoue, murmura la jeune femme qui s'occupait à ce moment là d'un des yeux de la tête de loup qui lentement se dessinait.

- Je doute que les autres soient aussi rocambolesques que celle-ci.

- Mmmh... Il doit bien en avoir une ou deux de ce niveau là, mais c'est sûr qu'elle se classe dans le haut du panier.

- Ce tatouage prend bien plus de temps que le mien et il est pourtant loin d'être fini. remarqua le mage aux yeux vairons.

- Oui. Le tien était relativement simple et peu détaillé, c'était donc assez rapide pour le tatouer. Celui là en revanche demande un paquet de détail, donc un paquet de temps. J'en ai pour encore un jour, peut-être deux."

Alors que les deux duos discutaient chacun de leur côtés, Hatsu annonça qu'elle était sur le départ. Anthelia se redressa et laissa le garçon enlacer sa soeur, dans un moment touchant.

"Pour des moments comme ça, je regrette de ne pas avoir de frère ou de soeur.

- Mmmh. Moi aussi."

Ryo finit tout de même par lancer une dernière pique à sa soeur, la faisant rougir comme une pivoine et le faisant éclater de rire. Son rire mourut lorsqu'Hatsu répliqua par une autre pique.

"Shôri attend de tes nouvelles avec inquiétude et impatience. Elle sera ravie de te revoir une fois rentré, je me ferais un plaisir de l’avertir."

La face mortifiée du soldat amusa beaucoup les deux spectateurs, qui arborèrent un grand sourire quand Hatsu se tourna vers eux pour les remercier d'avoir caché son frère.

"Ce n'est rien. Akihiko a dit qu'il allait me dédommager pour ça, on fera les comptes une fois qu'il sera revenu de chez vous.

- Erh... Oui. Damoiselle Ôkami, laissez-moi vous raccompagner chez vous.

- Vous n’avez pas à faire ça… mais merci.

- Non pas que je pense que vous soyez en danger dans les rues, je sais que vous êtes tout à fait capable de vous défendre. Mais le chef de vos gardes n'appréciera sûrement pas s'il vous voit rentrer seule et voudra me faire la peau. Et comme je lui ai promis de vous protéger..."

Hatsu acquiesca et après avoir confirmé à Anthelia qu'il reviendrait sous peu, l'enchanteur lui emboîta le pas. Le soleil avait déjà commencé à décliner et baignait les nuages d'une lueur orangée. Les deux jeunes gens marchèrent sans un mot pendant une poignée de minutes, rencontrant par moment des passants reconnaissant l'un ou l'autre ou les deux, murmurant sur leur passage. Akihiko se décida enfin à prendre la parole sur un sujet qui le taraudait.

"Dame Ôkami... Cette fameuse Shôri, c'est une personne de votre famille ?

- En effet, acquiesca la noble.

- Et... Elle fait partie des personnes que j'ai blessé ? La jeune femme s'accrochant à Ryo ? devant le regard d'Hatsu, Akihiko eu un pauvre sourire. Je suis profondément désolé d'avoir dû la blesser. Je ne voulais pas impliquer de civil ou d'innocent dans cette affaire, mais sur le moment je n'ai pas vu d'autre solution. A l'avenir j'essayerai d'apprendre et d'employer des sorts non létaux. J'espère qu'elle se remettra de ses blessures...

- Shori a beau être une peste, elle ne méritait pas vraiment cela, et elle reste ma famille. Mais vu la situation je ne vous en tiens pas rigueur. répondit d'un ton détaché Hatsu avant d'ajouter avec un demi sourire :
Au moins elle a une vraie raison de se plaindre maintenant."

Cette dernière remarque rassura quelque peu l'enchanteur : il ne se ferait pas un ennemi mortel en ayant blessé cette membre du clan Ôkami. Se souvenant de rumeurs qu'il avait entendu, Akihiko questionna quelque peu l'archère sur sa participation à l'Erementarifoji. Ils échangèrent quelques minutes dessus, le temps d'arriver devant le domaine familial des Ôkami. Hatsu mentionna nottament qu'elle avait eu à goûter aux éclairs d'un fulguromancien et que ce n'était pas une expérience qu'elle souhaitait recommencer de sitôt. Cela fit rire Akihiko.

"Espérons que je n'aurais jamais à devoir utiliser les miens contre vous alors."

Ils arrivèrent finalement devant la bâtisse où le chef des gardes tenait personnellement la porte principale, attendant de pied ferme sa protégée. La voyant arriver, une lueur de soulagement brilla dans ses yeux et sa posture rigide se détendit. A bonne distance de ce dernier, l'enchanteur se tourna vers la noble et s'inclina.

"Dame Ôkami, vous voilà arrivée. Nous ferons partir Ryo dans deux ou trois jours : je vous demanderai de ne pas chercher à revenir le voir pour éviter tout déplacement suspect. J'imagine que vous êtes d'une manière ou d'une autre en contact avec Vohl : c'est lui qui s'occupera de vous transmettre les informations si besoin. Si vous n'avez pas de questions supplémentaires, je vais vous laisser. Prenez le temps de vous reposer surtout, entre ce mariage et l'Erementarifoji, vous n'avez pas dû avoit beaucoup de moments pour vous."



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Akihito
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Re: Les Habitations

Message par Akihito » jeu. 19 sept. 2019 00:32

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXII.2 : La décision d'Anthelia

Lorsque Akihiko revint chez Anthelia, c'est la jeune femme seule qu'il trouva assise dans un des fauteuils aggrémentant son salon. A côté de ce dernier, une couverture soigneusement pliée reposait sur un épais coussin. C'était ce qu'utilisait Akihiko pour dormir sur ce même sofa : avec l'accord de la tatoueuse, il avait décidé de passer les quelques jours durant lesquels Ryo restait caché chez elle pour le protéger -et la protéger elle également car elle aurait pu être considérée comme un complice. La jeuen femme en avait certainement fini avec le tatouage du jeune homme car ce dernier n'était visible nul part.

(S'il n'est pas là, il doit sûrement être au petit coin.)

(Tu veux que j'ailles vérifier ?) plaisanta Amy.

(Si tu le proposes aussi gentiment...)

(Eh, je suis pas ta bonne !)

(Rooh allez, ça ne te prendras qu'une seconde et demie à faire l'aller retour en passant par les murs avec ta vitesse.)

(Pfff...) rechigna la Faëra avant de partir comme une flèche du médaillon de Faerunne, pas plus grosse qu'une mouche. Passant dans le dos d'Anthelia, celle-ci ne se rendit compte de rien. L'être d'air revint bien vite se loger dans le médaillon autour du cou de Akihiko.

(Il y est bien. Mais il a l'air occupé pour un bon moment.)

(Très bien. Qu'est ce que tu entends par "il en a pour un bon moment" ?) demanda Akihiko, notant un timbre inhabituel dans la voix télépathique d'Amy.

(Eh bien, il est en train de faire caca.)

(Excuse-moi ?)

(Bah, tu sais, quand tu pousses sur ton bas ventre pour faire sortir...)

(Non non c'est bon pas besoin de plus de détails, merci.) la coupa Akihiko, sentant la gêne monter en lui.

(Je me demande bien quel intérêt vous pouvez bien trouver à un truc pareil.)

(Tu n'as pas besoin de manger Amy. C'est pour ça que le concept te passe au dessus de la tête.)

(En tout cas, il avait l'air d'avoir un peu de mal. Avec sa main d'épée probabalement engourdie et endolorie par le tatouage, il essayait de trouver une position confortable pour se nettoyer et...)

(STOP. ARRÊTONS NOUS LÀ.) interrompit Akihiko avant que la gêne ne l'enterre définitivement. Entendant le rire moqueur de la Faëra, il se douta qu'il venait encore de faire les frais d'une des facéties de cette dernière. Il soupira et se rapprocha d'Anthelia, un baluchon à la main.

"J'ai profité du chemin du retour pour prendre un pain à la viande sur le marché. Bon, ce n'est pas forcément le meilleur qu'on puisse trouver, mais à cette heure là, difficile de faire mieux.

- Mmmmh, il sent bon en tout cas. Cela fait une éternité que je n'en ai pas mangé !"

Akihiko alla chercher deux assiettes et deux gobelets en bois ainsi qu'un pichet d'eau. Il sorti son couteau et découpa deux larges tranches du pain garnies de petits morceaux de viande de porc séché. Une douce fumée appétissante se dégagea des tranches, faisant monter l'eau à la bouche des deux oranais. Akihiko remplit les assiettes et les gobelets et en tendit à Anthelia, qui les accepta volontiers, avant de prendre place sur le siège en face d'elle. Pendant que cette dernière mordait à pleines dents et avec appétit dans son repas, Akihiko lui coula un regard. La tatoueuse avait troqué sa "tenue de travail" contre une tunique longue verte maintenue par une ceinture, laissant ses jambes et ses pieds nus. Malgré la fraîcheur encore présente du printemps, le froid ne semblait pas atteindre la jeune femme. Akihiko prit quand même l'initiative de raviver les braises du brasero mourant dans un coin avant de s'attaquer lui même à son repas. Il resservit également Anthelia qui jura que c'était le meilleur pain de sa vie, engloutissant une nouvelle tranche voracement. Resservie une troisième fois plus modestement que les deux premières, le ventre de la jeune femme sembla enfin rassasié après quelques fruits secs.

"Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que tu as faim.

- Oui. Mine de rien, tatouer ça creuse l'appétit. Rester concentré, répéter le même geste des centaines de fois... J'ai toujours sacrément faim après un long tatouage.

- Comme quoi...

- Tu connaitras bientôt ça si tu te mets également au tatouage !

- Ahah oui. Mais je ne pense pas que je vais apprendre à tatouer.

- Oh... Pourquoi ? C'était une farce ?

- Non, secoua la tête Akihiko en déposant son assiette vide sur le sol, Il faudrait que je trouve quelqu'un pour m'apprendre, et j'imagine que tu vas avoir fort à faire pour te reconvertir. Je n'ai juste pas vraiment le temps de me consacrer à la recherche de ce professeur maintenant, j'ai déjà prit trop de retard dans mes projets.

- Et quels sont-ils, ces projets ?

- Je me rends à Shory, à l'autre bout du continent. Là-bas, un puissant Fulguromancien y résiderait et je compte le rejoindre pour qu'il m'enseigne certains aspects de la fulguromancie.

- Je vois... Et quand prévois-tu de partir ?

- Dès que possible."

Anthelia ne dit plus rien suite à cela. Elle se perdit dans ses pensées et ses réflexions, laissant à Akihiko le soin de ranger la vaiselle utilisée et laisser une modeste portion de côté pour Ryo. Si ce dernier ne devait pas paraître pour quelqu'un ayant vécu relativement facilement durant son enlèvement, il avait tout de même besoin de se nourrir un minimum. Il ralait un peu sur la quantité que Akihiko lui autorisait à chaque repas, mais c'était plus pour la forme qu'autre chose. (Il sait que c'est dans son intérêt.)

"Nous n'avons toujours pas convenu de ce fameux dédommagement, déclara soudainement Anthelia.

- C'est vrai. Quel serait ton prix ? Tant que c'est raisonnable, je suis enclin à payer.

- Oh, c'est simple : je souhaiterai que tu me laisses t'accompagner. En prenant tout les frais en charges, cela va de soi.

- Euh.. Attends Anthelia, je ne suis pas sûr de te suivre... Tu veux venir avec moi ? Mais pourquoi ? Quel serait ton intérêt dans tout ça ? questionna Akihiko, complètement désarçonné.

- Je suis seule, sans famille très proche à Oranan et mon commerce vient de couler. Je pourrais vivre une vie d'oisiveté avec l'argent que J'ai pu économiser, mes tatouages comme tu le sais n'étaient pas donnés. Mais une vie pareille va vite me lasser. Alors autant prendre les devants et me jeter dans l'aventure mainteant. Et puis... tu auras ton maître enseignant tatoueur pour apprendre pendant ce voyage.

- Anthelia, je ne suis pas sûr que...

- C'est ça, ou 2000 yus.

- 2000 yus ?! s'exclama Akihiko devant un prix aussi absurde. C'est plus de la moitié de ce que je possède !

- M'est avis que me prendre avec toi te coûterai bien moins cher... répondit tranquillement la jeune femme en souriant.

- Je ne peux pas Anthelia : les voyages que j'entreprends sont rarement sans danger et je..."

Avant qu'il ne puisse dire un mot de plus, Anthelia fit un geste de la main et dans cette dernière, de l'eau s'agrégea pour former une sorte d'étoile étrangement compacte. D'un souple mouvement de poignet, le shuriken aqueux fendit l'air et alla se ficher dans le mur derrière Akihiko. Quand il se retourna, le projectile avait disparu et une nette entaille pénétrait dans le mur. Touchant celle-ci du doigt, il se sentit ce dernier se mouiller. Il se retourna donc vers la tatoueuse, regard incrédule contre visage sérieux.

"Je suis pas une petite chose sans défense Akihiko. J'ai grandi dansla pauvreté près de Tulorim et chaque nouvelle journée était une survie de tout les instants. Si je suis encore là aujourd'hui c'est parce qu'à certains moments, J'ai su faire les bons choix et me sortir de situations où ma vie était en danger. Alors cesse de me regarder avec ces yeux de merlan frit et donne moi ta réponse : ma compagnie ou 2200 yus ?

- Attends, c'était pas 2000 yus av...

- Ma compagnie ou 2400 yus ? asséna Anthelia, implacable.

- Ok ok attends, temporisa Akihiko, le temps de mettre de l'ordre dans ses idées en se rasseyant en face de la tatoueuse. Je n'ai que des avantages à accepter ta compagnie, alors que toi beaucoup moins. Certes, tu vas sûrement vivre quelques aventures à mes côtés, mais quel intérêt auront-elles pour toi ? Le maître magicien Frans de Shory ne pourra rien t'apporter ! Partir à la decouverte du monde avec quelqu'un ayant des aspirations plus en adéquation avec les tiennes, ne serait-ce pas une meilleure idée ?

- ... J'ai longtemps voyagé seule, et ce n'est pas une expérience que je veux revivre. Trop de difficultés, trop de sollitude. Quant à mon aspiration pour l'aventure et mes objectifs, j'apsire simplement à plus de liberté et de découverte. Peut être que d'ici un ou deux mois j'aurai une idée plus nette de ce que je souhaite, mais pour l'instant, c'est mon choix.

- Très bien, mais... Pourquoi moi ? Pourquoi me choisir et pas un de tes amis ?

Un sourire étira les lèvres de la jeune femme en un arc des plus charmants, découvrant quelques dents blanches.
"J'ai le sentiment que tu es quelqu'un de bien, Akihiko. Ca parait absurde dit comme ça, mais tu m'inspires confiance."

Comprenant le sens des mots d'Anthelia, Akihiko éclata de rire. Essuyant la larme de rire qui perlait à son oeil bleu, l'enchanteur sourit à la tatoueuse.

"Retourner mes propres mots contre moi, c'est un joli coup bas, Anthelia. Mais bon, puisque tu ne me laisses pas vraiment le choix avec ce prix prohibitif si je refuse que tu m'accompagnes...
Demain, j'irai préparer et régler quelques affaires pour ce voyage, et le surlendemain ce sera à toi de te préparer. On met les voiles dès que Kage viendra chercher Ryo pour le faire rentrer chez lui.


- Je préfère ça, répondit Anthelia en replaçant une mèche rebelle tombant devant ses yeux dans sa coiffure. T'as pas intérêt à te débiner !"



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Xël
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Re: Les Habitations

Message par Xël » sam. 21 sept. 2019 18:11

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Le réveil est doux, caressé par la lumière du soleil et les draps d’excellentes qualités. Je me sens bien. Reposé, heureux, vidé de toutes les tensions accumulées ces dernières années. J’ouvre les yeux et me redresse doucement. Mes affaires soigneusement pliées au pied du lit me font sourire. Je remarque que mes bras et mon torse sont couverts de marques de griffes et de dents. Je soulève la couverture pour voir qu’il en est de même avec mes cuisses. Heureusement aucune ne saigne et je n’en ressens aucune douleur. Je remarque la présence de Sheeala, habillée, portant à nouveau son visage de femme mélancolique. Ses yeux ont perdu la teinte orangée qui lui donnait un regard flamboyant pour reprendre leurs couleur rose. Je lui adresse un sourire sincère.

" Est-ce que ça va mieux ? "

Elle me sourit à son tour et me répond que oui.

" C’était assez incroyable... mais vous devriez faire attention à vous maintenant. Avec ce qui s’est passé à l’auberge... "

Les premiers soupçons d’inquiétudes refont surface vite effacé par un rire qui survient subitement quand un souvenir de la veille me revient en tête.

" Vous leur avez feulé dessus. "

Je ris d’avantage, un rire joyeux qui me libère encore, décrispe mes épaules et mon dos, secoue mon ventre. Des parties de mon corps qui n’ont pratiquement connu que la douleur et la fatigue ces derniers temps. Elle sourit à nouveau et je peux apercevoir le rouge lui monter aux joues. Elle m’avoue qu’elle s’en souvient et qu’elle a du mal à se garder de sa part animale dans ce genre de situation. Elle pose soudainement une main contre sa bouche et s’inquiète de l’image qu’elle a pu donner sur son monde ou sur son peuple.

" Je... Je ne crois pas que quelqu’un ai fait le rapprochement. "

Dis-je en souriant, me voulant rassurant tandis qu’une grimace ennuyée lui tord mignonnement la lèvre. Elle l’espère et me demande si je suis connu ici. J’hausse les épaules avant de répondre.

" Je n’en suis pas sûr. On connait peut être mon nom mais pas mon visage. "

J’attrape mes vêtements et me redresse pour me rhabiller pendant qu’elle rétorque en se grattant la tête qu’elle pensait que je faisais partie des puissants de ce monde. Je pouffe de rire et manque de me croûter en enfilant mon pantalon. J’ai fait des progrès par rapport au jour où j’ai quitté Kendra Kar c’est sûr mais je reste un clodo magique.

" J’ai encore beaucoup à apprendre. " Dis-je simplement.

Elle répond que peu d’aventuriers ont vécus ce que nous avons vécu sur Aliaénon et que peu d’entre eux peuvent se vanter d’avoir sauvé autant de vies que Xël de Yuimen, puissant mage. J’ai une forte envie de l’embrasser à cet instant mais je me ravise, je sais bien que ce qu’il s’est passé entre nous n’est que dû au manque qu’elle devait subir. Pourtant je ne peux m’empêcher de la trouver plus belle, plus joyeuse, plus attirante. Suis-je entrain de tomber amoureux ? Sa remarque me réchauffe le cœur mais il fait aussi resurgir des souvenirs douloureux; Esseroth, Nagorin, le Bourg d’Or, Fan-Ming, Finarfin. Autant de vies volées sous mes yeux sans que je ne puisse rien faire.

" Il y en a aussi beaucoup que je n’ai pas pu sauver... "

" Comme chacun de nous. " Répond elle sur un ton nostalgique, triste.

J’hoche la tête avant de m’approcher d’elle. Encore une fois je dois me retenir d’avoir un geste tendre envers elle et de la prendre dans mes bras.

" Ca m’a fait beaucoup de bien de vous revoir, plus que vous ne pourriez le penser. Prenez soin de vous et faites attention. "

Elle m’adresse un autre sourire et me salue de la tête. Je me dirige vers la porte et me fige quand je touche la poignée. Deux sentiments s’affrontent alors dans mon esprit, l’un est l’inquiétude. L’inquiétude de laisser Sheeala dans cette cité alors que beaucoup ont vu une partie d’elle qu’ils pourraient ne pas accepter. Le deuxième est difficile à définir, je n’ai pas envie de partir, ou plutôt de la quitter. Ma main est fébrile, j’hésite. Finalement je déclare.

" Vous devriez venir avec moi... A Kendra Kar. Les gens y sont moins coincés et il y a un bâtiment qui s’appelle le Temple des Plaisirs. Peut être que vous pourrez y étancher votre soif... "

Elle rosit et explique avec hésitations que ça n’arrive que très rarement et qu’elle ne se laisse pas aller comme ça avec tout le monde. Sa déclaration me fait rire à nouveau.

" Je m’en sens honoré. C’est comme vous voulez, je ne veux pas insister. Si vous changez d’avis je pense partir aujourd’hui. "

Elle me parait hésitante mais finalement elle accepte de m’accompagner. Elle ne veut pas attirer l’attention ni des ennuis mais craint qu’on la reconnaisse à présent. J’hoche la tête, ravi.

" Sage décision. Je passe vous récupérer plus tard ? "

Elle me répond que je peux venir dès que je suis prêt. Je lui adresse un large sourire.

" A plus tard alors ! "

Je quitte son appartement, le cœur plus léger en sifflotant un air joyeux.

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Modifié en dernier par Xël le jeu. 26 sept. 2019 17:56, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: Les Habitations

Message par Xël » mer. 25 sept. 2019 21:21

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" Vous êtes prête ? "

Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant. Gênée, timide, encore incertaine, portant son unique petit sac comme bagage. Elle me demande si nous allons emprunter les étranges machines volantes. J’imagine qu’elle parle des Cynores. Je souris davantage en lui répondant :

" Non. Vous m’avez mené une fois à destination. C’est à mon tour maintenant. "

Je l’invite d’un geste à rentrer dans ses appartements. Elle hausse un sourcil avant de me laisser passer.

" Le seul truc c’est que je n’ai jamais fait ça sur Yuimen. Mais ça devrait aller. J’espère juste que ça ne va pas nous couper en deux. "

Loin de paniquer elle répond simplement qu’elle a confiance en moi. Je sens une vague de chaleur me monter jusqu’aux joues, je suis en train de rougir, je sens la gêne et le plaisir que me procure ce simple aveu. Je me retourne pour dissimuler mon embarras et me racle la gorge.

" Tout va bien ?" Demande-elle.

" Oui ! Oui ! Laissez-moi juste une minute. "

J’inspire profondément. Jamais un sort ne m’avait été si facile à visualiser. Je songe à la cité blanche, celle où j’ai grandi. Je survole ses remparts, son château, sa haute tour de Thaumaturgie, son arène, son hippodrome. Je sens un sourire s’élargir sur mon visage alors que je cours dans les rues pavées. C’est comme si j’y étais, chez moi, a Kendra Kar. A la maison. Je libère ma magie qui se condense face à moi pour former une surface translucide qui s’étale ensuite jusqu’à faire la taille d’un homme. Je me tourne vers Sheeala et déclare :

" Allons-y. "


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Hatsu Ôkami
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » mar. 1 oct. 2019 22:52

Elle marchait aux côtés de Cherock, dans un silence qui n’avait rien de gêné, tandis que le soleil, lentement, descendait vers l’horizon, rosissant le ciel et les nuages. Elle remarqua les regards et les murmures sur leur passage, aussi bien adressé à elle qu’à Cherock, mais les ignora, purement et simplement. Elle se concentrait sur la vision de son frère et sur le soulagement qui l’étreignait toujours. Il était vivant et en sécurité et, même si c’était un crétin, cela la rassurait. Elle tourna la tête vers Cherock lorsque celui-ci prit la parole, haussant un sourcil lorsqu’il demanda si Shôri était de sa famille.

- En effet.

Bien qu’elle le regrettait, cette satanée cousine étant une plaie plus qu’autre chose pour elle. Lorsque Cherock demanda si c’était une personne qu’il avait blessé, le regard d’Hatsu, légèrement plus froid, sembla lui suffire, étirant un sourire navré sur le visage du jeune homme.

- Je suis profondément désolé d'avoir dû la blesser. Je ne voulais pas impliquer de civil ou d'innocent dans cette affaire, mais sur le moment je n'ai pas vu d'autre solution. A l'avenir j'essayerai d'apprendre et d'employer des sorts non létaux. J'espère qu'elle se remettra de ses blessures...

Hatsu savait que Shôri avait souffert du sort et savait très bien quelle douleur elle avait pu ressentir en sentant la foudre traverser son corps. Elle avait beau ne pas aimer sa cousine, elle ne souhaitait à personne de subir cela… sauf peut-être Talabre.

- Shori a beau être une peste, elle ne méritait pas vraiment cela, et elle reste ma famille. Mais vu la situation je ne vous en tiens pas rigueur.

La situation était délicate et Shôri avait survécu, bien qu’elle devait être alité et traumatisé par l’expérience. Cela tira un demi-sourire à Hatsu.

- Au moins elle a vraiment une raison de se plaindre à présent.

Cela rassura manifestement Cherock et les deux jeunes gens continuèrent de discuter agréablement pendant le reste du trajet. Il posa notamment des questions sur l'Erementarifoji, sur le forgeron, sur son voyage. Elle répondit de bonne grâce, avouant avoir elle aussi connu la douloureuse rencontre avec la magie de foudre et qu’elle n’était pas pressée de connaître à nouveau une telle sensation , amusant le jeune fulguromancien.

- Espérons que je n'aurais jamais à devoir utiliser les miens contre vous alors.

Cela fit également sourire Hatsu qui, taquine, répondit.

- J’ai déjà vaincu un fulguromancien, je peux recommencer…

Avisant les limites de la demeure familiale, Hatsu tourna la tête vers le portail, distinguant nettement le Chef Tanis qui, bras croisé, plissait les yeux. Elle vit ses épaules s’affaisser légèrement, signe qu’il était rassuré de la voir arriver, la faisant sourire. Elle lui devait des excuses et bientôt quelques explications. Elle vit Cherock s’arrêter et fit de même, le regardant s’incliner.

- Dame Ôkami, vous voilà arrivée. Nous ferons partir Ryo dans deux ou trois jours : je vous demanderai de ne pas chercher à revenir le voir pour éviter tout déplacement suspect. J'imagine que vous êtes d'une manière ou d'une autre en contact avec Vohl : c'est lui qui s'occupera de vous transmettre les informations si besoin. Si vous n'avez pas de questions supplémentaires, je vais vous laisser. Prenez le temps de vous reposer surtout, entre ce mariage et l'Erementarifoji, vous n'avez pas dû avoir beaucoup de moments pour vous.

- Je comprends... Merci pour votre aide, Cherock O’Fall. Sachez que ma famille vous est redevable… officieusement, évidemment. Merci pour votre prévenance, mais ne vous en faîtes pas, je ne suis pas aussi fragile que beaucoup semblent le croire. Puisse Rana veiller sur vous.

Elle s’inclina à son tour et le regarda s’éloigner quelques instants avant de prendre la direction de la demeure familiale. Lorsqu’elle arriva à hauteur de Tanis, celui-ci s’inclina, de même que les deux autres gardes en faction. Elle leur rendit un signe de tête et serra brièvement le bras du chef des gardes, murmurant un « merci », avant de rentrer chez elle. Sa mère l’attendait également, l’interceptant alors qu’elle passait devant le salon. Aucune parole, mais le hochement de tête de Hatsu face au regard plein d’espoir de sa mère fut suffisant pour que cette dernière prenne sa fille dans ses bras en soupirant de soulagement. Elle ne s’écarta que quelques instants plus tard, un regard tendre s’adressant à sa fille.

- Tu m’expliqueras, je veux des réponses. Mais pour l’heure, tu as besoin de repos, d’un repas et de calme. Bibliothèque je présume ?

Le sourire qu’afficha Hatsu trouva écho sur le visage de sa mère qui laisse son aînée gravir l’escalier menant à la pièce préférée de la jeune femme. Elle s’y installa confortablement, s’enroulant dans une couverture après être rapidement passée par sa chambre pour enfiler un habit plus seyant que sa longue robe serrée. Elle prit un livre dans le rayon dédié aux arts guerriers, choisissant un qu’elle ne connaissait pas, sur son domaine de prédilection. L’archerie était un art qu’elle était loin de maitriser, mais elle comptait bien s’y employer durant les jours suivants. Un peu de lecture lui donnerait peut-être quelques idées.

Récit de batailles ou d’aventure, témoignages ou légendes, le livre racontait la vie d’archers, Ynoriens ou non, qui avaient marqué Nirtim, voire même le monde, par leur savoir, leur maitrise ou leur bravoure. Fascinée, elle s’attarda sur la légende d’un certain Matler qui aurait, à lui seul, tenu une passe contre une centaine de Garzok, sacrifiant sa vie pour cela. La description de l’homme, ainsi que de ses armes, intrigua Hatsu. Le carquois, en particulier, semblait renfermer quelque étrange pouvoir, car jamais Matler ne fut à court de flèches, même contre une centaine d’ennemis. Elle ne fut pas la seule à s’y intéresser.

(Chasseresse plus forte ! Cherche !)

(Facile à dire ! Il peut se trouver n’importe où !)

(Plus de livres !)

Cela amusa l’archère qui savait très bien à quel point les livres et le papier ennuyait Loup. Le voir aussi intéressé par cette histoire la décida rapidement.

(Soit, nous allons chercher cela. Mais pas tout de suite Loup. D’abord…)

(Accoupler avec chass…)

(LOUP !)

(Chasseresse amusante…)

Le ricanement de l’esprit familial fit grogner la jeune femme qui se replongea dans l’étude du livre, ignorant définitivement Loup pour le reste de la soirée. Son esprit dériva rapidement des pages noircies pour se perdre vers Volh et, influencer par les paroles de Loup, des images intimes commencèrent à germer dans son esprit fertile, la faisant rougir et ricaner de plus belle celui qui partageait son esprit. Elle soupira, agacée, se disant qu’elle aimerait bien avoir la paix et un peu de solitude parfois.

(Jamais seule Chasseresse.)

(Je sais… C’est bien ce qui m’inquiète.)

(Chasse ! Carquois ! Chasseur doit se dépêcher !)

(Du calme Loup… Nous irons le chercher.)

(Bien… Chasseresse forte.)

Elle replongea dans l’histoire de Matler, essayant de trouver un indice sur la localisation du fameux carquois enchanté, mais rien, si ce n’est ce qu’elle savait déjà : une passe où il avait combattu des Garzoks… Elle eut une idée, se rappelant qu’une passe de ce genre existant, dans le royaume de Kendra-Kâr, empêchant Omyre de se propager. Elle commencerait ses recherches par là !

(Enfin…)


(((HRP : Début de la recherche de relique : Poche d’écureuil )))
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » sam. 5 oct. 2019 16:37

Une envie de changer d’air

Foulant d’un pas rapide les pavés de sa ville natale, Hatsu avançait d’un pas vif, pressé, en direction de la demeure et lieu de travail d’Onoda, avec qui elle avait rendez-vous pour discuter affaires. Elle n’était jamais en retard, mais l’insistance de ses parents et du chef Tanis pour lui fournir une escorte malgré ses protestations avait failli lui faire perdre un temps précieux et ce fut de mauvaise grâce qu’elle avait accepté. Deux gardes la suivraient donc comme son ombre, partout où elle irait. Sachant parfaitement que cette mesure de précaution était inutile, puisque le seul danger était factice et orchestré par Volh, cela l’ennuyait d’autant plus. Ce fut donc avec une certaine mauvaise humeur qu’elle sortit de chez elle et qu’elle se rendit chez Onoda, à quelques rues de là. Comme toujours l’activité Oranaise ne semblait pas être bousculée, la rumeur parlant d’une attaque par des agents d’Omyre n’ayant pas encore eu le temps de vraiment se répandre parmi la population de la ville. Elle priait Rana pour que cela ne s’ébruite pas trop, elle avait bien assez de regards qui se tournaient vers elle ces derniers jours.

Le front barré d’un pli contrarié, elle toqua chez Onoda et on l’invita à entrer, le serviteur jetant un œil inquiet aux deux gardes qui n’avaient nullement l’intention de laisser la jeune femme seule ne serait-ce qu’une seconde. Leur dévouement était louable, mais Hatsu allait rapidement en avoir assez, aussi fut-elle presque soulagée lorsque le forgeron apparut, un fin sourire sur les lèvres. Il ‘invita à s’installer dans le salon, pièce richement décorée par les plus belles œuvres de l'artisan, notamment le Rempart d’Olath qu’il avait créé pour l’Erementarifoji. Cela tira un sourire à la jeune ynorienne tandis qu’elle s’installait. Malgré sa défaite face à Himatori, Onoda semblait être fier de son travail et l’affichait sans aucune honte. Servant un thé, il toussota et demanda sans préambule à Hatsu si elle avait le contrat, tirant un soupir agacé à cette dernière.

- Oui, évidemment. Je suis venu pour cela, je ne serai pas partie sans.

Elle lui tendit le fameux contrat, allumant le feu de l’intérêt dans les sombres prunelles du forgeron tandis qu’elle en détaillait les différents points.

- Officiellement, vous serez notre fournisseur en armes, armures et équipements militaires, contrat exclusif d’une durée de cinq ans, renouvelable, comme convenu. A vous de fournir métal et autres matières pour la fabrication, mais les Ôkamis s’engagent à vous payer un avoir pour faciliter ce point. Vous serez aussi protégé par ma famille, comme les autres artisans avec lesquels nous travaillons et nous pouvons vous mettre en contacts avec d’autres à travers l’Ynorie.

- Cela me semble honnête…

Elle leva les yeux au ciel face à la remarque du forgeron, mais retint tout commentaire, se contentant de le laisser étudier le contrat, clause par clause. Cela prit un moment et elle sentit des picotement s’emparer de ses jambes à force de rester installée sur le coussin. Il releva finalement la tête de son contrat pour le poser et offrir un sourire à la jeune femme.

- J’aurai seulement une demande. Apposer ma griffe sur chaque équipement vendu à votre famille. Je baisserai mes prix de trois pour cent en échange.

- Si vous voulez de la visibilité, ce n’est pas le meilleur moyen.

- Oh, ne vous en faites pas, je sais ce que je fais. Alors ?

La jeune femme se mit à réfléchir quelques minutes. L’offre était honnête, mais elle sentait que le forgeron ne lui disait pas tout.

- Quand vous parlez de griffe, à quoi songez-vous exactement ?

Le forgeron sourit et se leva, invitant la jeune femme à faire de même et se planta devant le Rempart d’Olath, lui montrant un ornement sur chacune des épaulières sombres. Un symbole surmontant le nom du forgeron calligraphié. Rien d’extravagant en soit, selon lui, et elle hocha la tête.

- Fort bien, si cela ne dépasse pas cette taille, avec un maximum de deux par tenue complète, je peux accepter avec un rabais de sept pour-cent.

Le forgeron grimaça.

- Vous êtes dure en affaire… quatre pour cent et je vous fournis en flèche pendant un an.

La jeune femme retint un rire, imaginant la tête du forgeron s’il savait qu’elle comptait trouver un objet qui lui éviterait de voyager avec des centaines de flèches sur elle. Elle secoua la tête.

- Non, cinq pour cent et…

Elle se pencha, murmurant.

- Et vous fabriquez un sabre de la meilleure facture possible pour mon frère.

Il la regarda quelques instants, puis un sourire entendu s’imprima sur leurs deux visages respectifs.

- Marché conclu ! Un plaisir de faire affaire avec vous, Damoiselle Ôkami.

- Ravi d’avoir pu arriver à un accord, Sieur Onoda ! J’espère que vous serez à la hauteur.

- Evidemment !

Ils passèrent encore un moment à discuter de détails, notamment sur la provenance du métal, la quantité d’équipement demandé où la refonte des anciens, avant qu’Hatsu ne se décidât à repartir. La raccompagnant jusqu’à la porte de sa demeure, Onoda retint la jeune femme quelques instants.

- Je suis heureux que tout se termine au mieux, Ôkami… enfin en quelque sorte.

Elle posa une main sur son épaule, lui offrant un franc sourire.

- Merci pour tout Onoda. Vous êtes un allié précieux, pour moi et pour ma famille.

- Je tâcherais de m’en montrer digne.

La réponse surprit la jeune femme qui inclina la tête avec un sourire avant de sortir, ses deux gardes l’encadrant aussitôt pour la raccompagner chez elle. Elle soupira sans ajouter quoi que ce soit, retournant calmement chez elle, là où une furie, sitôt le pied posé sur le sol de la demeure familiale, lui tomba dessus telle une tempête.

- HATSU !

(Misère… Voilà l’autre gourde enragée…)

Elle ôta ses chaussures avant de voir Shôri lui foncer dessus, le bras en écharpe, ses yeux lançant des éclairs. La vision de sa cousine furieuse l’énerva aussitôt et elle croisa les bras, remarquant que, plus loin dans le couloir, ses parents regardaient la scène avec inquiétude, son père grimaçant même lorsqu’elle croisa les bras. Ils le savaient, que cela allait mal finir.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » sam. 5 oct. 2019 16:47

- Toi ! Et ton foutu mariage ! Une honte !

Hatsu tiqua et grinça des dents, répondant pourtant avec un calme tout juste maîtrise.

- Bonjour à toi aussi chère cousine… Que me vaut le déplaisir ?

- Le dé… Où est Ryo ? Et tu as des excuses à me faire pour m’avoir emmenée à ton satané mariage, je suis blessée par ta faute !

Hatsu haussa un sourcil, un air inquiétant sur le visage. Souvent, lorsque Shôri la mettait à bout, elle faisait cette expression et sa cousine se calmait pour aller caqueter ailleurs, mais la jeune femme était visiblement énervée et ne vit pas l’avertissement silencieux.

- Ryo a… disparu. Et je suis… navrée pour ton bras, mais je n’y suis pour rien. J’ai moi-même eu quelques problèmes de santé suite à ce mariage, vois-tu ?

- Oh oui, le fameux poison. Tout ça c’était une sacrée comédie pour te faire mousser ! On ne parle que de ça et pas de ma blessure.

Hatsu serra les poings, se retenant de justesse d’en envoyer un dans le nez de Shôri. Sa voix se fit tout de même plus basse, menaçante.

- Méfies-toi Shôri, ton insolence a des limites …

- Tu ne me fais pas peur. Tu as été incapable de garder le seul homme qui voulait de toi, tu l’as envoyé en prison, tu as laissé ton frère être kidnappé et ta cousine être blessée, tu n’es pas digne de ton statut d’Héritière, Ryo devrait…

Folle de rage, Hatsu saisit Shôri par le col de sa robe, amenant son visage si près du sien que leur nez se touchaient presque.

- Ferme-là, espèce de gourdasse de bas étage ! Trop longtemps tu t’es foutue de moi, à m’insulter en sachant très bien que si je répondais, tu gagnais. Mais là, j’en ai ma claque ! Tu veux ma place ? Ah, ne me fais pas rire, tu n’as pas les épaules, tu ne sais qu’ouvrir les cuisses, ça ne te donne aucun mérite, ni aucune légitimité !

Estomaquée par la violence verbale dont Hatsu faisait preuve, Shôri ouvrit la bouche, médusée, avant de finalement se reprendre.

- Que… je t’en foutrais des gourdasses ! Tu te crois meilleure ? Avec ton air hautain et ta démarche, on dirait que t’as un balai dans le derrière ! Peut-être que si tu étais moins coincée du cul, t’aurais la chance de connaître autant de monde que moi ! Et je ne veux pas ta place ridicule, je ne veux juste pas d’une femme comme toi à la tête de notre famille. Ryo mérite cette place bien plus que…

- Tu ne sais rien ! Ryo ne veut pas de cette place, il ne l’a jamais voulu, alors ne vient pas me faire la morale ! Tu as été blessée par ta faute, et uniquement la tienne ! Tu hurlais comme une démente en t’accrochant à lui, l’empêchant de se défendre, alors que tu aurais dû te sauver, comme les autres. Mais non, on aurait dit une folle, tu étais pitoyable !

- Je ne suis pas une guerrière !

- Non, tu es une traînée ! Et ça, c’est impardonnable ! Tu jettes l’opprobre sur notre famille !

- J’ai jamais couché, MERDE ! Je ne suis pas…

Hatsu, surprise, lâcha Shôri qui s’effondra à moitié sur le sol, tenant ses bras comme si elle cherchait à se protéger tout en sanglotant soudainement. La jeune archère leva un regard empli d’incompréhension vers ses parents qui, médusés, regardaient Shôri comme s’ils la voyaient pour la première fois. Derrière les sanglots, la voix hoquetante de Shôri parvint aux oreilles d’Hatsu.

- J’ai jamais… rien fait… Je sais… même pas… faire. Je… je voulais juste… je savais pas quoi faire.

(Oh misère…)

Face aux regards de ses parents, la jeune ynorienne capitula et s’accroupit face à sa cousine qui sanglotait, effondrée sur le sol. Tout envie de s’énerver contre elle s’était envoler de l’esprit de Hatsu, trop abasourdie par le spectacle de sa cousine recroquevillé sur le plancher.

- Shôri… calme toi, je ne pensais pas ce que j'ai dit. Relève-toi, viens t’asseoir. Yoriko, peux-tu nous préparer du thé et quelques encas, s’il te plaît ?

La servante désignée hocha la tête et s’inclina, jetant un dernier regard médusé au duo de jeunes femmes avant de s’éclipser. Une fois installée, Shôri se calma peu à peu, buvant lentement le thé apporté avant d’expliquer que, ayant refusé les avances d’un noble, trois ans plus tôt, celui-ci avait répandu une rumeur sur elle et elle avait échappée à tout contrôle. Incapable de démentir, elle s’était enfermée dans le mensonge, trop effrayée de ce qu’impliquait le fait de se relever et d’infirmer la rumeur.

- Je pensais que ce serait pire ! Les hommes ils… ils ont tout inventé, ils ont empiré les choses et je ne savais pas comment gérer ça !

- Mais il fallait…

- Ne me dis pas quoi faire ! Je ne suis pas toi, je n’ai pas la force de faire face à ça ! Je… je sais que j’aurai dû démentir mais… mais j’avais peur d’accord ? Ce type il…il m’a menacé et j’ai… j’ai pas pu, et là c’est trop tard !

Abasourdie, Hatsu serra finalement les poings de colère. Elle allait faire quelque chose car, même si Shôri était une peste, elle était de la famille, et Hatsu ne supportait pas qu'on agisse ainsi. Et cet homme méritait qu'on lui remette les idées en place.

- Bon… écoute moi Shôri. Tu vas arrêter de t’en faire pour ça, je vais m’occuper de ce type, tu me donneras son nom et ces rumeurs vont cesser, d‘accord ?

Choquée, la jeune femme releva les yeux vers l’archère.

- Mais pourquoi tu… tu me détestes ! On n’a jamais pu s’encadrer ! Même petites on ne pouvait pas s’entendre, alors pourquoi tu veux m’aider ?

- On n’abandonne pas un membre de la famille, tu le sais très bien ! Tu aurais dû venir nous en…

- Hatsuuuuuu !

Lorsque Shôri se jeta sur elle pour l’enlacer en sanglotant, Hatsu commença immédiatement à regretter. Elle détestait la Shôri imbue d’elle-même et vantarde, mais elle n’était pas sûre d’aimer davantage la version collante et pleurnicheuse. Gênée, elle lui tapota le dos sans trop savoir quoi faire, levant un regard quémandant de l’aide vers ses parents qui, un sourire aux lèvres, quittèrent la pièce, non sans lui adresser un clin d’œil face à son air outré. Durant la demi-heure qui suivit, elle passa son temps à consoler sa cousine, à lui assurer que, oui, elle allait faire en sorte que tout s’arrange. Ce qu’elle fit, deux jours plus tard et Shôri revint, en larme, en disant qu’il s’était excusé. Mais une question restait en suspens, une question qui tiraillait Hatsu.

- Mais dis-moi, Shôri… Comment savais-tu tout ce que tu ... racontais sur le sujet?

Sa cousine, une tasse à la main, releva les yeux et lui lança un sourire amusé, presque moqueur, qui fit froncer les sourcils d’Hatsu.

- Cela, chère cousine, tu le sauras quand tu auras un homme à me présenter.

Non, décidément, elle n’allait jamais pouvoir l’apprécier. Cette emmerdeuse.
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » dim. 6 oct. 2019 16:34

- Sieur Ôkami! Dame Ôkami !

Les cris résonnant dans l’enceinte de la demeure familiale firent lever les yeux d’Hatsu de son livre, sourcils froncés. Elle entendit des exclamations au rez-de-chaussée et, curieuse, se leva pour aller voir de quoi il en retournait. Arrivée en bas des escaliers, elle aperçut un homme, portant le tabard des miliciens d’Oranan, essoufflé, s’entretenir avec son père et sa mère qui semblaient exultés de joie. D’un pas rapide, elle les rejoignit et apprit de leurs bouches la bonne nouvelle. Son frère avait été aperçu au portes une demi-heure plus tôt et conduit en sécurité à la milice d’Oranan où il récupérait et donner sa version des faits. Les Ôkamis voulurent tous le retrouver et le milicien confirma qu’il était venu pour les guider s’ils le souhaitaient.

A peine deux minutes plus tard, les trois membres de la famille, escortés par leurs gardes et le milicien, partirent en direction de la milice oranaise. Le milicien leur indiqua que le jeune homme semblait avoir souffert de sa captivité, mais qu’il aurait apparemment réussi à tuer plusieurs de ses ravisseurs avant de s’enfuir et de revenir, bon gré mal gré, jusqu’ici. Hatsu prit un air surpris, qui était loin d’être feint. Si Volh avait prévu cette histoire, cela faisait de son frère un guerrier qui avait su vaincre des agents d’Omyre dans une situation critique. Une réputation qui serait plus que profitable pour la carrière du jeune homme et pour la renommée de sa famille… trop peut-être, si cela venait à se savoir. Elle craignait qu’on ne l’envoie sur de dangereuses missions à présent qu’il avait prouvé sa valeur. Elle allait devoir agir plus tôt que prévu...

Lorsqu’elle pénétra dans l’enceinte de la milice, elle le repéra aussitôt. Ses habits sales et déchirés, son air fatigué et affaibli lui serrèrent le cœur et elle s’avança silencieusement vers lui. La voyant arrivé, il se leva, un sourire fatigué mais ravi sur le visage. Sans un mot, elle l’enlaça, ignorant la boue qui le recouvrait et l’odeur quelque peu agressive qui émanait de lui. Elle enfouit sa tête contre son cou tandis qu’il lui caressait doucement la tête. Il n’y avait plus personne autour d’eux pour la jeune femme, juste lui, son frère.

- Je suis tellement désolée que tu ais dû subir tout ça… pour moi.

- Tout va bien Hatsu… Je vais bien, calme toi.

Elle hocha la tête sans pour autant se séparer de son frère, le serrant contre elle. Oui, tout était fini, elle n’avait plus rien à craindre pour lui, pour Volh, pour sa famille, et pour elle-même. Après de longues retrouvailles accompagnées d’explications et de récits de la part du jeune homme, la famille au complet pu regagner la demeure familiale où Ryo, après un bain plus que nécessaire, et un bon repas, pu enfin discuter, seul à seul, avec sa sœur.

- Il m’a tout expliqué… Je ne m’attendais pas à découvrir que c’était lui que tu aimais.

- Serais-tu en train de dire que tu n’es pas d’accord ?

- Je n’ai pas mon mot à dire, si tu es heureuse. Tu l’es ?

- Je le serai lorsqu’il sera libre, lavé du statut de parjure qu’il ne mérite pas et que nous pourrons être ensemble, sans nous cacher.

-J’ai hâte de voir la réaction de nos parents… surtout celle de Père…

- Ne m’en parle pas… Il va lui faire un discours embarrassant je suis sûr, sur le mariage et l’abstinence ou je ne sais quoi d’autre de farfelue.

L’idée fit ricaner Ryo et sourire Hatsu qui, regardant par la fenêtre, soupira. Un soupir de soulagement, qui évacuait les angoisses de ces dernières semaines. Ne restait plus qu’à tourner la page, à penser à la suite, à eux. La voix de leur mère résonna, les appelant tous les deux. Lorsqu’ils descendirent, ils virent un messager, portant un paquet enveloppé dans un tissu sombre. Hatsu sut immédiatement de quoi il s’agissait et prit le paquet, remerciant le coursier qui lui remit une lettre qu’elle feuilleta rapidement, souriant en ayant la confirmation. Onoda n’avait pas traîné et cela tombait à point nommé. Elle invita toute sa famille à la rejoindre dans le salon et, lorsqu’ils furent tous assis, se mit à genoux face à un Ryo étonné, avant de tendre le paquet.

- Je l’ai fait faire pour toi. Je pense que tu comprendras très vite pourquoi.

Quelque peu méfiant, il prit néanmoins le paquet, surprit par son poids, avant de l’ouvrir, dévoilant un sabre ynorien de la meilleure facture, orné de symboles traditionnels et des armoiries de la famille. Lentement, presque avec crainte, il sortit la lame, les yeux écarquillés. Il l’observa quelques instants, tout comme les parents qui n’en détachèrent les yeux que pour les poser sur Hatsu qui attendait. Ryo rangea le sabre et le posa sur ses genoux, regardant sa sœur avec une certaine peur.

- Hatsu… c’est…

- Je ne suis pas faite pour ce rôle, Ryo. Je n’ai pas envie de ce rôle, et les sabres ne me vont pas au teint.

La dernière remarque tira un sourire au jumeau, mais il reprit bien vite un air plus grave.

- Pourquoi maintenant ?

- Parce que toute cette histoire m’a ouvert les yeux. Parce que tu porteras notre nom avec plus de dignité que moi, après ce qu’il s’est passé. Et parce que j’ai envie d’autre chose, de changer d’air, de vivre loin des intrigues, loin des complots et des coups bas.

- Hatsu..

- Père… Mère, je suis désolée. J’ai besoin de temps, j’ai besoin de quitter la ville un moment. J’étouffe ici et je… je vous demande juste de comprendre. Ryo… je sais que je te prends de court, j’aurai aimé t’en parler avant… tu as déjà fait beaucoup pour moi et…

- J’accepte, Hatsu. Si tu penses que je serai à la hauteur, alors je prendrai cette responsabilité… mais toi, que vas-tu faire ?

La jeune femme s’inclina devant son frère qui, gêné, ne sut quoi faire et resta silencieux tandis que, le visage face au sol, la jeune femme soupirait. Elle releva finalement la tête, plongeant ses yeux dans celles de son jumeau.

- Voyager. J’ai entendu des rumeurs, des murmures inquiétants. Quelque chose se prépare, je le sens et … et je veux vous savoir en sécurité et pour ça, je dois partir, je dois agir.

Elle ne pouvait pas leur parler du Pacte, de son rôle de Chasseresse ou de l'artéfact, mais elle voulait qu’ils comprennent qu’elle avait quelque chose en tête.

- J’ai découvert un moyen de protéger notre famille, de faire plus pour notre pays. Et c’est ce que je vais faire.

Elle se releva, leur offrant un sourire tendre, mais un regard ferme.

- Je vais attendre quelques jours. Après cela, je vais partir, seule.

(Jamais seule…)
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Re: Les Habitations

Message par Hatsu Ôkami » sam. 12 oct. 2019 00:45

Un départ précipité

Souriante, Hastu confirma au vendeur qu’elle allait effectivement partir pour un périple qu’elle pensait long et préférais donc ne pas être prise au dépourvu. Le vendeur sembla énumérer chacun des articles posés sur le comptoir, bougeant ses doigts d’une étrange manière qui, dans l’esprit d’Hatsu, devait être une méthode de calcul bien à lui. Lorsqu’il lui demanda la somme de 232 yus pour le tout, Hatsu haussa un sourcil face au prix dérisoire et lui tendit donc la monnaie qu’il compta de la même manière. Elle lui offrit un franc sourire lorsqu’il lui proposa un sac en toile et elle accepta, n’ayant pas pensé qu’elle prendrait autant d’affaires en une seule fois. Elle empaqueta son barda, remercia une dernière fois le vendeur et sortit dans la rue avant de prendre le chemin de la demeure familiale, levant les yeux au ciel lorsque l’un des gardes proposa de porter son sac pour elle.

- Ce n’est pas la peine. Et puis cela vous gênerait si vous deviez sortir votre arme.

Une remarque qui fit se raidir le garde qui, après un sourire rassurant de la jeune femme, soupira, comme s’il venait d’échapper au pire. Cela l’amusa autant que ça l’exaspéra. Jamais elle n’avait été mauvaise avec les personnes travaillant pour sa famille, bien au contraire. Elle ne s’attarda néanmoins pas davantage sur ce point et marcha d’un pas décidé pour rentrer chez elle. Elle remarqua cependant assez vite qu’elle n’était pas suivie que par ses deux chaperons. Au moins deux autres silhouettes se déplaçaient vers elle, et elle n’aimait pas ça. Elle était bientôt arrivée, mais une autre lui coupa la route. Encapuchonnée, comme les autres, elle et ses gardes étaient maintenant cernés. Leur nombre n’était pas élevé, mais Hatsu avait appris à ne surtout pas sous-estimer autrui, surtout qu’elle n’avait qu’un arc sur elle, qu’elle portait une tenue, certes pratique, mais pas du tout protectrice et qu’elle ne s’attendait pas vraiment à quelque chose de ce genre. Ses deux gardes avaient déjà dégainés et faisaient face, mais la situation n’était guère brillante. Puis l’encapuchonné face à elle fit tomber sa capuche et Hatsu vit rouge.

- Talabre…

- Bonsoir cher Hatsu, quel plaisir de te voir ici… presque seule… sans défense.

- Comment…

-… me suis-je échappé ? Allons, tu penses bien que mes contacts n’ont pas chômé. Tu me déçois, tu as vraiment cru que j’allais moisir en prison ? Je te pensais plus intelligente.

Hatsu retint une réplique cinglante, se contentant de jeter un regard empli de haine et de mépris à l’homme qu’elle avait en face d’elle qui, lui, souriait. Un sourire mauvais qui ne plut pas du tout à la jeune femme.

- Je t’avais dit que je me vengerai.

- Et me poignarder dans le dos aurait été bien plus efficace et sûr que toute cette petite mise en scène ridicule.

- Te tuer ? Par tous les dieux quelle idée! J’ai d’autres projets… Tu as ruiné ma vie…

- Vous n’avez que ce que vous méritez ! Vous êtes un assassin, un manipulateur et une ordure !

Elle vit le regard de l’ancien capitaine s’assombrir et il dégaina, pointa sa lame vers elle.

- Tu as le choix, soit tu me suis et tu auras la vie sauve, soit tes gardes et ta famille meurent, et tu iras les rejoindre après les avoir pleuré.

- Vous suivre ? Dans quel but ? Vous voulez roucouler en lune de miel ?

- On peut dire ça… Si tu ne veux pas être ma femme… et bien je ferai de toi ma put…

Une flèche partit aussitôt vers Talabre, qui l’esquiva d’un rapide pas sur le côté, se mettant aussitôt en garde face à une Hatsu folle de rage et qui encochait une seconde flèche qu’elle tira en l’air, bien trop haut pour espérer toucher Talabre, et qui partit dans les airs avant de retomber dans une autre rue. L’ex-capitaine ricana, se moquant d’elle.

- Je vous pensais plus douée…

- Et moi je vous pensais plus prudent… vous savez où nous sommes, n’est-ce pas ?

Le sourire de Talabre mourut tandis que des bruits de course se faisaient entendre, non loin. Hatsu lui lança un sourire moqueur.

- Je ne joue plus contre vous, Talabre. Vous n’avez ni moyen de pression, ni appui, ni aucun moyen de me forcer à vous obéir, parce que vous n’êtes plus une menace pour ma famille et vous le savez très bien.

- C’est ce que nous allons voir !

Il fonça sur elle, évitant d’un souple bond la flèche décochée par la jeune Ynorienne. Ses deux gardes se mirent en travers du chemin et interceptèrent le coup violent qu’il comptait lui asséner. Elle vit bien que les gardes avaient eu du mal et elle recula, instinctivement. Les yeux fous, Talabre, s’acharnait sur les deux gardes qui commencèrent à plier. Derrière elle, les deux silhouettes se mirent aussi en action. Elle se retourna et n’attendit pas, décochant aussitôt un trait meurtrier qui stoppa net l’un des assaillants, lui perforant l’épaule. Deux dagues fusèrent dans sa direction, lancées par le second encapuchonné. L’un d’elle entailla le flanc de la jeune femme, l’autre passa au ras de la tête d’un de ses gardes. Acharné, Talabre envoya un des gardes au tapis d’un coup de pied dans l’abdomen avant de perforer l’épaule du second qui hurla de douleur, faisant tourner la tête d’Hatsu. Elle n’eut pas le temps de voir venir le coup qui lui était destiné et s’écroula sur le sol tandis que Talabre, après ce violent coup de poing, se pencha vers elle, lui enserrant la gorge.

- Je veux que tu souffres. Et je vais adorer te bais…

Il hoqueta tandis qu’Hatsu enfonçait une de ses flèches sous les côtes de l'ex-capitaine avant de la retirer, faisant jaillir le sang de son ennemi Les bruits de pas se firent plus proches et les premiers cris se firent entendre. Hatsu reconnut immédiatement la voix de Tanis, et Talabre également. Il leva son épée, finalement décidé à achever la jeune femme, mais une ombre dans son dos le stoppa net. Il para l’assaut furieux du chef des gardes, le repoussa avant de détaler à tout vitesse, suivit par ses deux acolytes, laissant une fine traînée de sang sur le sol. Une demi-douzaine de gardes envahit la ruelle et se mit en cercle autour d’Hatsu et des deux gardes qui l’accompagnait. Elle se redressa en toussant, se massant la gorge tandis que Tanis donnait des ordres brefs avant de s’agenouiller devant elle.

- Damoiselle…

- Je vais bien Tanis…

Le chef des gardes leva les yeux au ciel.

- Vous êtes… ah je n’ai même pas les mots !

Elle lui sourit avant de grimacer lorsqu’elle se releva. Elle s’enquerra de l’état des deux autres blessés qui, fort heureusement, s’en sortiraient avec quelques soins. La troupe les escorta jusqu’à la demeure familiale qui se mit aussitôt sur le pied-de-guerre. Mais Hatsu savait que Talabre n’allait pas tenter de venir ici. Non, il n’était pas stupide et il allait probablement retenter quelque chose de similaire, lorsqu’elle s’y attendrait le moins. Elle allait hâter son départ. Elle prévint son frère qui fut surpris et tenta de la dissuader, mais, têtue, elle ne changea pas d’avis.

- Et concernant … Volh ?

- Je ne prendrai pas le risque de le retrouver avec Talabre à mes trousses. Je vais partir, seule. Je lui laisserai un mot pour lui expliquer.

- Hatsu… Tu ne peux pas faire ça. Tu es sécurité ici.

- Et ? Je vais devoir rester à jamais enfermée avec la peur au ventre que sortir me fasse croiser sa route ? Jamais ! Tu m’entends ? Il ne gâchera pas ma vie ainsi. Je vais l’éloigner de vous, de Volh, de tous ceux auxquels je tiens et, lorsque je l’aurai en face, je lui planterai une flèche entre les deux yeux et le laisserai en pâture à la première bête venue.

Résigné, son frère abandonna l’idée de la raisonner, sachant très bien qu'elle n'écouterait personne dans son état. Hatsu, elle, bouillonnait de rage, mais eut une pensée pour Volh.

(Il va m’en vouloir…)

Mais si elle devait subir ses remontrances en échange de le savoir en sécurité, elle n’allait certainement pas hésiter. Pas cette fois.
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Re: Les Habitations

Message par Akihito » sam. 19 oct. 2019 01:25

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXIV : Direction, Shory !

Akihiko était désormais fin prêt pour son voyage : une bourse bien remplie, des potions pour parer à toutes éventualités et il s'était débarrassé de tout ce qui pouvait l'encombrer. A bien y penser, il ne pouvait être plus préparé. une bourse bien remplie, des potions pour parer à toutes éventualités et il s'était débarrassé de tout ce qui pouvait l'encombrer. Il fixa enfin par-dessus sa couverture de voyage, une grande couverture originellement pour deux personnes dans laquelle il s'enroulait pour se protéger de l'humidité du sol quand cela s'avérait nécessaire. Ainsi harnacher, il descendit de l'étage où se trouvait sa chambre et croisa sa mère dans l'escalier. Dans un sourire, elle lui souhaita bon voyage.

"Merci mère. Mais je crois que ce dernier sera plus long que celui avec Hïo, je ne vous reverrai pas, père et toi, avant un long moment.

- Ce n'est pas grave. Tu as besoin de voler de tes propres ailes maintenant, tu ne pourras pas éternellement rester avec nous. Pense juste à nous rendre visite si tes pas te ramènent à Oranan.

- Evidemment !" répondit le fils à sa mère en la serrant une dernière fois dans ses bras. Ses deux parents l'avaient élevé et sans avoir vu ses grands parents, disparus lorsqu'il n'était qu'un nourrisson, ils étaient donc sa seule et unique famille. Ne pas les visiter de passage dans la ville était simplement inconcevable.
Son père n'était pas là en revanche, en train de patrouiller dans la campagne oranienne sûrement. Il aurait simplement donné une accolade à son fils et lui aurait souhaité de faire attention à lui. Akihiko quitta donc sa maison sans un regard derrière lui. Il ne savait pas que c'était la dernière fois qu'il la verrait avant un long moment et que l'ambiance chaleureuse qu'il quittait partirait bientôt.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Une surprise de taille l'attendait chez Anthelia : Ryo n'était plus là. Paniqué, l'enchanteur courut voir la jeune femme.

"Anthelia ! Où est passé Ryo ?!

- Ryo ? Oh, votre ami Kage est passé le récupéré tôt ce matin, pendant que tu étais parti faire ton paquetage.

- Tu es bien sûre que c'était lui ?

- Comment le saurais-je ? rétorqua la tatoueuse en haussant les épaules. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Mais Ryo l'a suivi sans rechigner en me remerciant de l'avoir hébergé. Il s'excuse aussi de ne pas pouvoir te remercier en bonne et dû forme, mais il assure qu'à l'instar de sa soeur, il sera toujours ravi de t'accueillir chez les Ôkami lorsque tout sera tassé. Kage te remercie également pour tout ce que tu as fait pour lui et qu'il sera ravi de croiser de nouveau ta route, dans des conditions plus "officielles". Je ne comprends pas trop cette dernière partie, ça doit être quelque chose entre vous deux.

- Oui c'est le cas. Ouf... Voilà qui me rassure.

- De quoi j'ai l'air ?"

Rassuré par les explications d'Anthelia, Akihiko prit alors le temps de détailler sa future compagne de route. Des bottes de cuir noir étaient passées par-dessus un pantalon de lin brun retenu par une ceinture munie d'un grand nombre de poche. A sa cuisse se trouvait un étui comme Akihiko en avait vu parfois, le type de rangement contenant des lames de lancer qui pouvait facilement s'ouvrir pour piocher dans les projectiles à l'intérieur. A la forme légèrement circulaire de la poche, il misa sur les étoiles de jet propres aux ynoriens. Au dessus de la ceinture, une tunique verte forêt renforcée par un plastron de cuir clouté protégeant la poitrine et le dos. Des protèges-bras en cuir ornaient ses avants bras, également cloutés. Enfin, une longue cape de voyage à capuche tombait dans son dos.

"Pas mal, tu m'as l'air étonnamment bien équipée pour une commerçante, taquina le jeune homme en jetant un coup d'oeil au sac de voyage compact qui trônait à ses pieds, à côté d'un autre sac en jute qui semblait bien remplis.

- Eh, je suis pas une potiche ! Les encres de la Corporation, j'allais les chercher moi-même sur la fin. Et le voyage jusqu'à Kendra-Kâr est long !

- Tu n'utilisais pas les Cynores ? Avec le prix des tatouages, tu pouvais te le permettre non ?

- J'ai pas confiance en ces machins volants. Ils me fichent la trouille, se trouver aussi haut dans le ciel... T'imagines si ce truc tombait ? PAN !! Et une bouillie d'Anthelia, une ! déclara-t-elle, ce qui ne manqua pas de faire rire l'ynorien.

- Ahah, je comprends. Et le bateau alors ? Tu as peur de couler ?

- C'est différent. Au moins, je sais à peu près comment le bateau flotte et fonctionne, donc ça me rassure. Mais je préfère privilégier la voie terrestre. Le bateau, je ne l'utilisais tout simplement pas pour les encres car j'aime bien passer un peu de temps sur les routes, seule avec moi-même. Mais là, Shory est un peu trop loin pour y aller à pied sans perdre un temps considérable, alors le bateau me conviens."

(Heureusement qu'il lui convient... Non mais, c'est elle qui décide de nous suivre, elle va pas imposer sa loi non plus !)

(Toujours contrariée qu'elle nous accompagne ?) se moqua l'enchanteur.

(Bien sûr que je le suis ! Elle a beau ne pas être l'allumeuse que je pensais après son tatouage des plus... Bref, mais j'ai pas aimé son chantage pour que tu l'emmènes.)

(Je suis un grand garçon Amy, pas la peine de te braquer pour si peu.)

(Humpf. On verra bien.) dit la petite Faëra avant de bouder. Dans un coin de son esprit, il eu l'image d'Amy en tenue guerrière, en train de frapper un espèce de gros sac rouge en cuir avec des gants dans le même matériau. Akihiko n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être, mais si cela permettait qu'elle se détende, peu importait la méthode, aussi curieuse soit-elle.

"Bon, et bien si tu es prête, en route !"

C'est une fois que la tatoueuse ai fermé toutes les ouvertures de sa maison et après un dernier regard nostalgique que les deux nouveaux compagnons se dirigèrent vers le port d'Oranan, quittant l'Ynorie pour un long moment...


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Nhaundar
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Re: Les Habitations

Message par Nhaundar » sam. 28 mars 2020 15:04

VI.31 Jeu de dupes.

Je pénètre dans le bâtiment à la poursuite de l’intendant Kayeko. Les lieux sont délabrés et visiblement à l’abandon depuis un bon moment déjà. Les poutres sont pourries par l’humidité et le plancher comme le plafond sont parsemés de trous plus ou moins majeurs. Je ne m’attarde pas vraiment sur la décoration au vu de la situation. L’homme est armé et peut utiliser la magie de foudre. Je passe dans un long couloir et tourne vers une vaste salle lorsque de puissants éclairs frappent la porte que je m’apprêtais à franchir. Dès l’instant où le choc s’arrête, je passe la tête et vois Kayeko qui continue de fuir au milieu de deux rangées de machines à tisser. Peu monopolisés avec la présence d’un seul sort de cet élément dans mon éventail de capacités, je concentre mes fluides de terre pour envoyer une frappe du golem sur lui. Il est grisant de se dire qu’à présent, je possède suffisamment de ressources magiques en moi pour user de mes sorts à leur plein potentiel. Une lumière au bout de mon bâton s’illumine brièvement lorsque ma magie est condensée et un amas de terre s’abat sur une des machines présentes qui obstruent ma frappe. Profitant de cette protection bienvenue, l’intendant file à toute allure jusqu’au fond du bâtiment entre deux rangées de machines.

(Ma parole, mais il connaît l’agencement de cet édifice de mémoire ? Après tout, c’est ici qu’il a donné rendez-vous, c’en est sûrement la raison. Mais dans ce cas-là cela signifie qu’il connaît les sorties possibles !)

A mon tour je me rue à sa poursuite en longeant le mur. Je passe à côté de plusieurs des nombreux mécanismes présents et un bref coup d’œil me confirme qu’il s’agissait-là d’un ancien atelier de textile. Il reste encore de vieilles bobines de fils présentes sur une ou deux machines, ainsi qu’au plafond tenues par un système de cordage. Arrivé au bout de l’allée de machines, Kayeko bifurque subitement sur la droite, à mon opposé, se précipitant vers le mur. Des raies de lumières au sol indiquent la présence d’une porte menant à l’extérieur. Avec un peu de retard, j’arrive également au bout et monopolise mes fluides de feu pour lancer une boule sur l’intendant qui me tourne le dos. L’amas de flammes est projeté sur ma cible qui touche sa jambe droite. Le choc lui fait perdre l’équilibre et tombe fatalement au sol. Bien qu’il soit potentiellement sans défense, je préfère lancer à nouveau mon sort de terre cette fois-ci sur la porte, au niveau de la poignée. Le sort de terre vient frapper précisément là où je le veux et la porte se déforme dans le montant en bois. Malheureusement pour moi, Kayeko profite de ce moment pour lancer ses éclairs sur moi. Je perds rapidement le compte du nombre d’éclair qui me tombent dessus tant la douleur me submerge. Je sens déjà les brûlures tirer sur mon torse alors que je trébuche, dos contre le mur.

Entre ma position précaire et la douleur perturbant ma concentration, je ne suis pas en position de me défendre correctement. Je m’éloigne rapidement, cherchant la protection des ateliers de tissage, craignant autant les foudres de sa magie que de sa colère. Cependant, il n’en fait rien. L’intendant se précipite jusqu’à la sortie, mais ne parvient pas à ouvrir la porte endommagée.

(Sa magie est trop dangereuse pour le laisser agir à sa guise, cependant le sort utile dans ces circonstances n’est pas complètement au point. Mais ai-je le choix ?)

Je concentre mes fluides de feu, mes ressources les plus importantes, vers l’intendant et les immiscent dans son cerveau. Avec la pratique du sort que la camarade de Sylve qui m'a servie d'entraînement et mon combat contre les hommes qui nous poursuivaient, je sais déjà dans quelle partie je dois focaliser ma magie. Une fois à l’intérieur, je les manipule de sortes à perturber son inconscient. Pour que la technique fonctionne, il me faut intensifier ses peurs et je n’ai guère besoin de chercher pour savoir qu’être capturé par la milice suffit amplement. Je fais naître en lui une crainte bien plus forte d’être pris qu’il ne n’est déjà. La sensation d’être acculé quoi qu’il fasse.

Le sortilège semble fonctionner car ses yeux s’écarquillent et scrutent les moindres recoins du secteur. Au lieu d’utiliser sa magie, il se rue sur moi et frappe avec sa lame. Au moins je fais face à des coups que je suis capable de parer avec mon bâton, ou d’éviter en mettant de la distance. Le coup venant du haut pour me fendre le crâne en deux, je place mon bâton magique horizontalement pour le stopper. Malgré cela la force de mon adversaire, est plus importante que moi et m’oblige à m’extraire complètement en pivotant mon arme sur la gauche. Pris par l’élan de sa propre force, Kayeko m’offre le temps de m’éloigner d’un pas. Il charge à nouveau sur moi, mais la distance entre nous me permet de lancer une boule de feu avant de devoir le recevoir. Le coup le frappe gravement à l’épaule gauche, mais ce n’est malheureusement pas son bras armé. Je continue de mettre de la distance entre nous, qui est un avantage pour moi dans cette situation.

L’intendant fait de même et nous nous retrouvons à faire face alors qu’un atelier de tissage nous sert, l’un comme l’autre, de protection. De mes coups répétés, la tenue de mon adversaire part en lambeaux. Ne lui étant plus d’une grande utilité, il déchire ce qu’il en reste, révélant les raisons de sa carrure plus importante que lors de notre précédente entrevue. Il arbore désormais une cotte de maille qui se prolonge sur ses bras et ses jambes. Seule la tête est découverte.

(Croit-il qu’il est en sécurité ?)

Je monopolise mes fluides de feu et les projette sur son arme pour la chauffer intensément. Bien entendu, dans cette situation il n’a aucune raison de garder l’arme en main et craindre des blessures à sa main directrice. Il lâche donc sa lame et porte vers moi une attention malsaine. Sa main génère des arcs électriques, signe distinctif d’un usage de la magie foudroyante. Je m’apprête à éviter le sort, mais au lieu de lancer directement son attaque magique sur moi, il l’envoie sur une partie de l’atelier de tissage. Renforcé par un élément métallique, l’atelier possède une barre qui se prolonge de chaque côté, de sorte que je suis aux premières loges pour apprendre le pouvoir terrible de la conductivité des sorts de foudre. Les arcs électriques me frappent à nouveau et se sont mes jambes qui prennent. Générant une douleur à laquelle je ne pense pas m’habituer un jour, j’en perds l’usage de mes membres inférieurs et m’effondre au sol en hurlant de douleur.

(Bon sang, mais il pouvait pas utiliser la magie de glace à laquelle je peux m’immuniser !)

Tandis que de l’autre côté, sa lame émet toujours une forte lueur par la chaleur qu’elle dégage, l’intendant décide de boire une potion. Si j’en possède moi-même, aucune ne peut me soigner. Je profite donc de ce moment pour rassembler mes fluides à l’aide des esprits présents. Ces derniers répondent à mon appel et augmentent mes ressources magiques que l’usage intensif de mes sorts avaient réduit à néant.

J’entends le bruit caractéristique d’une lame contre le sol. Kayeko, vient de reprendre son arme et se dirige vers moi avec l’intention d’en finir. Immobilisé au sol, dans ma position actuelle je serais capable d’une piètre défense. Je génère sur son chemin, un mur de flammes de deux mètres de large qu’il doit traverser s’il veut m’atteindre par ce côté.

(Vient donc si tu l’oses !)

Il n’en fait rien. Ce sont les bruits de pas qui s’éloignent qui me le confirment et dans mon état je ne suis pas capable de le poursuivre. J’ai donc échoué ! Ainsi s’achève ma première mission de milice, couché au sol craignant le premier venu qui sera pleinement capable de m’achever. Dans cette position je prends au moins le temps de souffler. Le bruit des lames qui s’entrechoquent parvient jusqu’à moi ainsi que les bruits de pas de l’intendant qui se trouve juste au-dessus. Sa silhouette apparaît justement par l’un des trous du plafond. Il cherche visiblement un endroit par lequel sortir pour s’échapper par les toits.

Une profonde colère nait en moi. Si je devais avoir mon orbe magique qui se teinte de couleur en fonction de mes émotions, elle devrait être d’un noir profond. Ma rage et mon orgueil m’intiment de ne pas abandonner et d’achever la tâche qui m’a été confiée. Je dirige ma main vers l’intendant et monopolise mes fluides terrestres. J’estime la position de ce scélérat et vise deux points près de lui. Avec le minimum de magie, je lance successivement deux colonnes de terre qui explosent le plafond en laissant des trous. La structure précaire de l’édifice termine ma tâche. Un énorme morceau de l’étage supérieur de détache du reste, emportant avec lui Kayeko qui chute d’une bonne hauteur sur un atelier de tissu en bois, avant de finir au sol sous quelques gravats qui continuent de tomber après la chute.

"Celle-là tu l’as pas volé !" Dis-je finalement satisfait du résultat final.

"Tu n’aurais jamais dû, misérable larve !" Grogne péniblement l’être qui s’extirpe du plafond qui a cédé et se dresse devant moi. "Cette fois-ci je vais m’assurer que grilles à en mourir !"

(Bon sang, mais il est increvable celui-là !)

Il maintient fermement sa lame dans sa main et se rapproche de moi. A nouveau je concentre mes fluides de feu et vient chauffer son arme. Malgré la douleur, sa rage est plus forte et lui permet de garder l’arme en main. Mais il finit par céder et la lâche près de moi. Il me regarde de toute sa haine tandis qu’il concentre ses fluides dans ses mains qui s’électrifient. Il ne me reste plus qu’un fragment de magie et alors que je m’apprête à lui rendre la politesse, des bruits de pas rapides nous alertent et Sylve apparaît soudainement. Elle n’a pas le temps de réagir que plusieurs arcs électriques s’abattent sur elle, la faisant hurler de douleur alors qu’elle tombe à genoux.

"S’associer avec un Shaakt ! Tu mérites d’aller pourrir au royaume de Phaïtos !" Crache-t-il alors que ses mains s’électrifient à nouveau.

J’entends un léger tintement me parvenir. Ce sont les petites cloches que j’ai reçues et qui m’alertent qu’un être proche est en danger de mort !

(Mais que faire ? Qu’est-ce que je peux faire dans ces conditions ? Son épée est bien à porté de main, mais je n’aurais pas la force de le frapper avec. Je ne sais que manipuler la magie !)

Une illumination me vient. C’est ma seule chance de sauver celle pour qui je dois tout ! Alors qu’il jouit du plaisir à voir la semi-elfe dans cet état, attendant surement qu’elle relève les yeux pour contempler sa faiblesse, j’attrape l’épée et en poussant mon corps dans ses retranchements, j’use de ma main gauche gravement touchée pour caler l’arme et l’orienter vers l’intendant. Je place ma main gauche à l’opposé du fulguromancien, use de mes fluides de terre restant et d’un geste en direction que ma cible finale, je dirige mon sort terrestre pour qu’il frappe l’arme par le manche. La colonne percute l’arme, broie ma main porteuse et projette la lame droit sur l’homme dont le corps se voie jouir d’une épée plantée jusqu’à la garde. La surprise se peint sur son visage. Il titube quelques instants en arrière avant de tomber au sol, inerte.

"Passe le bonjour à Phaïtos du con !" Fais-je en perdant finalement connaissance.

VI. 33 Rapport de mission.

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Nhaundar
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Re: Les Habitations

Message par Nhaundar » jeu. 7 mai 2020 20:54

VI. 33 Rapport de mission.

De retour chez Sylve, je prends le temps de savourer ce repos bien mérité. Ces dernières aventures ont été éprouvantes et une certaine quiétude fait malgré tout, beaucoup de bien. Pourtant, je ne compte pas rester là sans rien faire. Maintenant que je possède le temps et des capacités supérieures, je replonge à nouveau avec grand plaisir dans mes études magiques.

La raison pour laquelle je me suis intéressé immédiatement aux fluides terrestres plus tôt qu’à un autre élément, c’est sa capacité d’impact physique, comme la pierre qui s’est abattu sur nous durant notre investigation des ruines et que j’ai repoussé avec une colonne de terre. Aucun autre élément n‘aurait été capable d’une telle chose. Cependant, ce n’est pas la seule raison. La magie terrestre est réputée pour offrir une protection très intéressante aux coups physiques. A l’image de Sylve qui porte des armures, je compte créer moi-même une protection avec mes ressources magiques.

Je monopolise mes fluides terrestres pour les rassembler autour de ma main droite. Ma maîtrise magique est-elle que je n’ai aucune difficulté à façonner mes fluides de la sorte et une couche de terre se forme autour de mon membre. Sans grande difficulté pour le moment, mon sort n’en est qu’à son prélude. Je compte former une couche protectrice sur l’intégralité du corps, mais pour l’heure il n’est question que d’un tas de terre sur ma main.

Avant de passer à la phase où je recouvre mon corps de tout mon fluide, je m’attelle à renforcer la couche de terre pour la rendre plus solide. J’augmente la quantité de mana et un important amas de terre se forment sur ma main. Malheureusement un poids considérable se génère et je suis incapable de tenir sur une longue période, me forçant à rompre le sort. Tandis que j’augmente mes réserves magiques grâce aux esprits alentours, je réfléchie à mon problème. Avec le temps et la pratique, je suis capable de générer des sorts de plus en plus importants, requérant des ressources magiques elles aussi plus importantes en conséquence. Mais je fais fausse route, car si je veux déployer une concentration de mana en hausse par rapport à un sort de base, je n’arpente pas le bon chemin !

Plutôt que jouer sur la quantité, je m’intéresse à la qualité et en ce sens, à la densité de ressource magique déployée. Sur ma main, les fluides se concentrent en un bloc de terre, puis des couches de bois apparaissent avec l’accroissement de la densité. Je ne cesse de me focaliser sur la qualité du mana et après le bois ce sont des cailloux qui se forment, puis une surface composée de plusieurs pierres. Je continue d’augmenter la concentration de magie, mais il semblerait que je ne sois pas capable de plus. Je sens que la force qui s’exerce sur ma main devient plus importante et bien qu’elle soit du domaine du supportable, ce n’est pas l’idée finale que j’escomptais.

(Une seule partie de mon corps est recouverte et si je souhaite l’étendre à tout mon corps, cela va être compliqué. Voyons d’abord les effets sur un recouvrement entier du corps.)

Usant du procédé pour recouvrir ma main, j’enveloppe lentement mon corps entier du fluide terrestre puis le condense afin de former la couche de protection. Effectuant cette tâche membre après membre avec soin, des mains jusqu’au torse, ensuite en redescendant le long de mes jambes, je remarque une gêne qui s’installe avec le poids généré. Actuellement, seule ma tête et mon coup sont encore nus. Il m’est très difficile de bouger les membres tant la charge est importante et si je ne tombe pas à la renverse, c’est qu’à présent je ne suis plus qu’une statue de pierre.

(Ca m’a l’air solide. Dommage qu’en l’état ce soit complètement inutile en combat ! Est-ce que Sylve possède des armures lourdes ? Je suis curieux de voir comment un truc aussi lourd puisse être porté sans poser de problème.)

Je romps le sort qui se désagrège rapidement en fines articules et part à la recherche de l’équipement de la guerrière. A force d’aller et venir, je connais les différentes pièces et j’arrive dans l’espace dédié aux armes et armures de la semi-elfe. Ici des armes diverses sont présentes : katana, dague, hallebarde. Cependant ce sont les armures qui m’intéressent notamment les équipements lourds. Installée sur un présentoir, une armure massive, aux couleurs prédominantes rose et argent, se dresse avec tous ses éléments. Je porte mon attention sur la protection de torse, la plus importante et y glisse mes mains à l’intérieur. Il s’avère que sous le métal protecteur se trouve une fine couche molletonnée, permettant un confort lorsque l’armure est portée.

(Voilà donc comment une telle chose peut être équipée sans être une véritable gêne pour son porteur. Une idée simple, mais à laquelle il fallait penser. Devrais-je moi-même trouver un moyen de compenser l’absence cruelle de confort avec l’armure ?)

Je retourne à ma salle d’étude. Les objets ici sont trop précieux pour que je risque de les endommager bêtement. Une fois sur place, je fais de nouveau appel aux esprits pour augmenter mes réserves de fluides terrestres. Je n’aime pas l’idée de devoir m’interrompre alors que je pourrais être proche d’une solution déterminante.

Une nouvelle fois je crée l’armure, en concentrant une couche de fluide si dense qu’elle forme un amas de pierre et provoque une impossibilité de mouvement. Puis, entre la peau de ma main et l’armure, j’insère mon fluide terrestre qui servira de couche de confort. Alors que je m’attends à devoir matérialiser le fluide en une forme plus agréable, comme je l’ai fait avec l’armure, il s’avère que cette simple couche permet de repousser la pierre de ma peau suffisamment pour me permettre de bouger bien mieux. J’étends cette couche de fluide sur l’intégralité de mon corps. L’avancée de cette nouvelle partie va de paire avec une sensation de légèreté, même si la présence de cette armure de pierre est encore une gêne.

(Ces derniers temps j’ai été capable de repousser les limites de mes sorts et avec, ma capacité à générer une quantité plus importante de mana pour mes capacités magiques. Voyons ce que cela donne à présent !)

Je concentre mes fluides terrestres pour générer mon armure de pierre avec plus de ressources que précédemment. La matérialisation de l’armure de pierre concentre déjà sa quantité maximum et hormis en ajoutant des couches successives de pierre, je ne pourrais faire mieux sans ressembler à un énorme tas de roches ambulantes. Je concentre donc le reste de mes ressources magiques dans la zone intermédiaire entre la peau et l’armure et le constat est saisissant. La réduction de la gêne est considérable. Bien qu’encore présente, une maîtrise magique supérieure pourrait complètement pallier à ce problème. De plus, la quantité de fluide générée permet une utilisation du sort sur une durée sensiblement plus importante.

(Maintenant que j’ai les bases du sort, voyons s’il est possible de l’étendre.)

Je retourne dans la salle des armures et rapporte un mannequin. Celui-ci me servira de cible pour vérifier si je peux user de ce sort sur quelqu’un d’autre que moi. Je commence par recouvrer mes fluides grâces aux esprits et lorsque je suis pleinement satisfait, j’use de mes recherches pour générer la même armure sur le mannequin. Le sort fonctionne, mais il me faut plusieurs tentatives pour m’habituer au corps d’autrui.

Une réelle excitation parcourt mes veines lorsque je parviens à atteindre mon objectif. Poussé par mes réussites, je fais de nouvelles tentatives cette fois, en générant deux armures sur deux cibles simultanément, dont une sur moi. Mes essais se soldent par des échecs. Soit j’arrive à générer une armure sur une des cibles et une vague protection de boue, soit les cibles ne sont que partiellement recouvertes et le sort de dissous presque immédiatement.

(C’est comme si j’essayais de tracer un cercle d’une main et un carré d’une autre. Quoique c’est un exercice qui semble plus abordable de celui-là ! Passons. Je suis capable de générer une bonne protection physique, je devrais demander à Sylve sont avis sur la résistance. Il est cependant dommage que je ne puisse pas faire de même pour plus d’une cible. Créer une telle résistance sur plusieurs cibles en une fois est un atout considérable. Mais peut-être qu’en diminuant la densité des fluides terrestres, je pourrais être en mesure d’y parvenir !)

Je recouvre mes ressources magiques de terre et m’attelle à la tâche. Je génère une première couche de fluide que je fais durcir sur l’intégralité de mon corps. J’use d’un minima de ressource pour opérer et rapidement une protection se forme. Lorsque je m’arrête, j’analyse le résultat.

(Aucun mouvement de gêne cette fois-ci et ce peu importe mes mouvements ! La protection semble bonne au premier abord et…)

J’arrête mon analyse. Non pas que je sois subitement dérangé, mais après une pression un peu plus forte, la gangue de terre s’est désagrégée d’elle-même. Une protection peu efficace dirons-nous. Je recommence à nouveau en augmentant la densité de fluide pour la couche de protection. Le fluide se matérialise et prend forme en un amas de terre. Cette fois-ci la résistance de la couche protectrice est plus importante et ne cède pas aux premiers coups. De plus cette couche est suffisamment malléable pour ne pas entraver mes mouvements.

(Bien. Reste à maintenant à faire en sorte de conférer cette protection à plusieurs cibles !)

Je procède comme précédemment et me concentre sur le mannequin pour m’assurer que la protection fonctionne. J’y parviens sans grande difficulté, après tout j’ai été capable de bien plus.

(Voyons ce que cela vaut pour deux cibles en même temps.)

Je monopolise mes fluides et les séparent en deux flux distinct. L’un reste sur moi tandis que l’autre va sur le mannequin. Je laisse les fluides englober leurs sujets avant de créer la couche protectrice en augmentant la densité. Si je n’ai pas de problème concernant ma propre protection de terre, le problème est bien différent pour le mannequin. Encore une fois je ne parviens pas à me concentrer sur deux cibles à la fois. Cela revient à effectuer deux tâches différentes en même temps et rend mon entreprise bien plus complexe.

(Peu importe ! La concentration est bien moins importante au vu de la densité nécessaire. Je suis presque sûr qu’à force d’entraînement c’est réalisable.)

Loin de me laisser abattre par la difficulté, je prends quelques instants pour calmer ma nervosité face à cet échec avant de reprendre mon travail. Après une brève méditation, je joue à nouveau avec mes fluides terrestres autour de mes cibles. Légèrement habitué par la manipulation sur moi-même, je me concentre plus particulièrement sur la formation de la couche de terre sur le mannequin. La tâche est ardue, mais avec un effort conséquent je parviens finalement à créer cette protection sur les deux cibles initiales.

(Je suis assez fier de moi. Malheureusement je dois admettre qu’une utilisation de la magie de la sorte, requière une telle quantité de concentration qu’il me sera presque impossible à opérer en plein combat.)

Le sort se rompt avec l’absence de fluide nécessaire à son maintient. C’est là le problème à n’user que peu de ressources pour travailler.

(Bien entendu il me faudra user de plus de fluides magiques lors des affrontements pour qu’il soit véritablement utile. L’augmentation de la densité des fluides n’est cependant pas envisageable, cela demande déjà trop de concentration pour rajouter encore de la difficulté. Pourtant, le résultat est là et si j’y suis parvenu ainsi, peut-être existe-t-il une autre voie pour arriver à la même destination. Ou peut-être pas ! Je pars du principe que le sort précédent ayant fonctionné, je suis capable de générer une protection physique moins importante, bien que sur plusieurs cibles. Pourtant la demande en ressource mentale est trop importante. Dès le début j’ai œuvré dans le mauvais sens, pensant que c’est réalisable alors que clairement je n’arrive à rien !)

J’arrête le court de mes pensées, presque résigné, lorsque celles-ci me reviennent comme un boomerang lancé trop fort.

(Œuvrer dans le mauvais sens ? Et si au lieu de d’émettre mon fluide sur mes cibles avant de le condenser en une armure, je préparais cette transformation en amont ?)

L’idée est folle, mais elle me redonne l’envie de repousser mes capacités. Avant de se faire, je rassemble mes réserves magiques. J’aime être en pleine possession de mes moyens, quitte à devoir multiplier les appels aux esprits s’ils ne répondent pas systématiquement. Une fois mes ressources terrestres au maximum, je rassemble mes fluides. Au lieu de les projeter sur mes cibles comme les fois précédentes, je me concentre sur la densité du fluide tout en l’empêchant de se matérialiser. Cette façon de faire est ardue, mais elle reste dans mes capacités. Je parviens à stopper la solidification de ma magie en enfermant mon sort dans une bulle de fluide. <une fois cela fait, je le scinde en deux et projette ces moitiés de sorts sur moi et ma cible. La bulle éclate au contact et libère le sort qui se matérialise en une gangue de terre.

Le sort s’interrompt rapidement, mais je n’ai utilisé qu’un minimum de mana. Je monte la quantité de fluide d’un cran et tente de scinder le sort en trois. Je n’y arrive malheureusement pas, mais cette fois-ci, la protection a duré plus longtemps. J’augmente encore le niveau de ressource magique jusqu’à épuisement de mes fluides terrestres et parviens à générer un troisième bouclier de terre supplémentaire.

Je suis on ne peut plus ravi de mes prouesses et de mon travail acharné. Je n’ai malheureusement pas l’opportunité de partager ce plaisir avec Sylve, puisqu’elle n’est pas présente, mais je suis curieux de voir sa tête lorsqu’elle verra cela. Il faudra également qu’elle me donne son avis sur la protection que cela procure, comparé à une armure traditionnelle.

VII. 1 Etudes magiques (suite).
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Re: Les Habitations

Message par Nhaundar » jeu. 7 mai 2020 21:39

VII. 1 Etudes magiques.

Je m’attends à faire preuve de patience en attendant la venue de ma camarade, mais ma solitude est arrêtée par la présence d’un invité. Je m’approche de la porte d’entrée et à son ouverture, je croise le regard du maître archéologue Ashiro. Nous sommes aussi ravis de se retrouver l’un l’autre. Nous étions dans des ruines lorsque le destin nous a séparés avec sa capture. Heureusement nous avons atteint Oranan en premier et avons pu prévenir les hommes à la porte de la cité qui se sont chargés de son sauvetage pendant que de notre côté, nous nous occupions du mandataire.

"Je dois vous remercier. J’ai cru comprendre que je devais vous montrer ma gratitude pour l’intervention des gardes. Sans eux je serais toujours aux mains de mes ravisseurs." S’exprime Ashiro.

"Ce n’est pas moi, mais Sylve qui est intervenue auprès des gardes." Lui dis-je minimisant mon importance.

"Je sais que l’idée vient de vous et que vous avez craint qu’ils ne prennent pas un Shaakt au sérieux." Me rétorque-t-il en posant une main sur mon épaule. Je le fais entrer et il enchaîne après l’avoir invité à s’asseoir. "D’ailleurs cette mission de milice s’est soldé avec succès ! Vous devriez avoir de meilleurs regards sur vous maintenant !"

Je me gratte la joue, évitant son regard avant de lui répondre.

"C'est-à-dire que…pas vraiment non ! Non pas que je cherchais une certaine renommée, mais il n’y a pas eu de vrais retentissements. L’opinion ne semble pas avoir changé à mon sujet. Vous désirez du thé ?"

"Que diable, vous êtes parvenu à trouver le tombeau d’Erézia, nombres de pillards et autres profanateurs n’ont pas réussi un tel exploit !" S’exclame-t-il sans répondre à ma proposition.

Je sourie et fais mine de m’intéressé à autre chose.

"Disons que j’ai minimisé mon rapport à mon supérieur au sujet des ruines. Je ne peux permettre que d’autres risquent leur vie et je doute que l’esprit aime être dérangé !"

"Un acte noble jeune Shaakt !" Me lance-t-il pour me taquiner. "Dommage que la relique ne soit pas en votre possession. Sa présence seule suffit à son porteur pour être reconnue !"

"Je n’aurais pas été en mesure de l’utiliser, mais oui c’est effectivement dommage. Dites, vous savez que je suis plus âgé que vous vieux sénile !" Dis-je en retournant la pique à l’instigateur.

"Je reste le pus sage de nous deux !" Se félicite-t-il. "Pourquoi ne pas trouver une relique qui vous corresponde et vous procure une grande renommée ?"

La remarque à de quoi surprendre, mais je ne la prends pas au sérieux.

"Sans vouloir vous manquer de respect, j’ai certainement vu moins de choses que vous, mais de ce que j’en sais, les reliques ne poussent pas dans les arbres. Il ne suffit pas de se lancer à leurs recherches pour les trouver !"

"C’est là où vous avez tort jeune Shaakt ! Nous sommes à une ère où des êtres prodigieux apparaissent. Qu’ils doivent leurs renommées grâce à la possession de reliques ou celles-ci se trouvant sur le chemin d’individus exceptionnels par la grâce des dieux, ces objets légendaires refont surfaces !" Explique l’archéologue dans une posture théâtrale.

"J’apprécie la proposition, mais je n’ai guère le temps à perdre avec ces recherches." Dis-je avant de poursuivre. "En tant que mage, mes capacités reposent sur le nombre de mes compétences magiques et l’emploie que j’en fais ! Je travaille actuellement à approfondir mes connaissances magiques terrestres et lorsque je serais en mesure d’acquérir les fluides de lumières, les sorts de soins seront à ma portée !"

"La magie lumineuse ? En effet vous semblez être très occupé." Me répond-il en se levant. "Dans ce cas je m’occuperai de cette tâche pour vous !" Je m’apprête à l’arrêter, mais il reprend de nouveau. "Je vous dois la vie et certainement l’une de mes plus grandes découvertes archéologiques, même si je ne puis le dévoiler pour le moment. Cependant je suis un maître dans l’art de dénicher les secrets du passé. Vaquer à vos travaux, je reviens vers vous dès que j’ai du nouveau !"

Je regarde Ashiro partir sans être capable de retenir cette tête de mule.

(Au moins, au milieu des livres il ne sera pas en danger. N’est-ce pas ?)

Je reste seul jusqu’en milieu d’après-midi lorsque Sylve fait son retour. Bien qu’ayant eu l’ordre de rester auprès de moi durant ma mission au sein de la milice, elle est membre des éclaireurs militaires d’Oranan et à ce titre, elle doit rendre un rapport sur ses activités.

"Alors que cela a-t-il donné ?" Je lui demande en l’accueillant chez elle.

"J’ai attendu un sacré moment, mais ils étaient malheureusement trop occupés pour recevoir mon rapport décemment, vu l’urgence des évènements avec les troupes d’Omyre. J’ai cependant eu l’opportunité de me déclarer comme apte au service, vu que ta mission s’est terminée, mais j’ignore quand je pourrais être mobilisée." Me répond-elle avec une amertume dans la bouche.

Sylve fait partie de ces personnes qui donneraient sa vie pour protéger son foyer. Savoir que durant notre excursion, ses camarades étaient mobilisés pour affronter l’ennemi et la mort, fait passer ma mission pour une balade en forêt. Une profonde déception prend place sur son joli visage et provoque en moi un sentiment de culpabilité.

(Si seulement j’avais été plus fort, nous n’aurions pas eu tant de problèmes et la mission aurait été rapidement terminée. J’aurais pu prendre part au combat à ses côtés, même si je doute que notre simple présence aurait changé quoique ce soit aux évènements !)

Je pose une main sur son épaule et tente de faire disparaître ses idées noires.

"Suis-moi, j’ai quelque chose à te montrer !"

Avec réticence elle m’obéit, mais je sais que cela aura un effet bénéfique sur son moral. Une fois dans la plus vaste pièce, je monopolise mes fluides terrestres et créé deux gangues de terre autour de nous deux. La surprise laisse place à la stupéfaction lorsque son corps est recouvert d’une couche de terre. Avec une fébrilité que je tente de dissimuler, je lui pose cette question :

"J’aimerais ton avis, est-ce assez résistant ?"

Elle sort son arme et frappe quelques coups sur son propre bras. Avant de me donner son avis.

"C’est…incroyable ! Je dirais que c’est aussi résistant qu’une armure intermédiaire et les mouvements…" Elle effectue de multiples mouvements de bras, mimant des échanges avec un adversaire imaginaire. "…les mouvements ne sont en rien gênés ! C’est incroyable !"

Le sort s’interrompt et avec une réelle satisfaction, je m’apprête à lui montrer le second sort que j’ai réussi à mettre au point. Je concentre à nouveau mes fluides et les dirigent sur elle en augmentant la densité. Ma magie recouvre son corps et se solidifie jusqu’à former un amas de pierres.

"Et maintenant ?"

Elle regarde le bouclier de pierre qui s’est formé sur elle. A nouveau elle frappe son propre bras, mais elle répète la chose avec de plus en plus de force, jusqu’à ce que le sort s’interrompt de lui-même.

"Comment as-tu… ?" Demande-t-elle avant que je ne l’arrête avec mes lamentations.

"Cela ne convient pas ? Il est vrai qu’il y a une gêne que je ne suis pas en mesure de supprimer, mais je pensais que la protection serait assez bonne pour en faire abstraction !"

Elle se rapproche de moi et me frappe d’un petit coup sur la tête pour que je m’arrête.

"Mais c’est le cas ! Ta protection est aussi résistante qu’une armure lourde, non peut-être même plus ! Il y a effectivement une gêne, mais comme tu l’as dis ce n’est rien comparé à la plus importante protection dont j’ai eu la chance de me vêtir ! Tu as accompli de grandes choses, sois en fier !" Termine-t-elle avec un regard plein de confiance qui m’est adressé, loin de la déception d’il y a quelques instants. "Qu’as-tu appris à faire d’autre ?"

Je suis surpris par sa question, mais je reste encore galvanisé par ses précédents encouragements.

"Ma foi, j’ai réussi déjà pas mal de choses en une journée, mais il est vrai que j’ai encore autre sujet d’études en tête. Un sort que j’ai vu durant notre affrontement dans les plaines. Si j’y parviens, je suis sûr qu’il te plaira ! En attendant, j’ai besoin de toi pour terminer l’achèvement de mes sorts. Si je suis capable de les réaliser, j’ai besoin de le faire dans des conditions de stress. Tu pourrais m’y aider ?"

"Avec grand plaisir." Dit-elle avec le regard acéré d’un prédateur.

Il s’avère que Sylve a en tête une idée que je trouve assez sadique. A des moments aléatoires, les jours qui suivent, la semi-elfe me prend par surprise. Un signal où je suis contraint de générer des boucliers de terre sur moi, ainsi qu’un mannequin que je dois garder en permanence où je me trouve. A d’autres moments, c’est une simulation de combat qui s’engage et je me dois de générer un bouclier de pierre aussi rapidement que possible. Il me faut du temps pour obtenir les premières réussites en situation de stress. Cependant, avec la répétition des efforts, mon travail finit par payer. Au fur et à mesure, je suis capable de produire ces protections de plus en plus rapidement, jusqu’à atteindre l’efficacité souhaitée.

VII. 1 Etudes magiques (suite).
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