Re: Les Portes et Remparts
Posté : lun. 9 août 2021 19:34
La Rascasse traversa nonchalamment le canal menant au centre de la cité sous le regard éberlué des défenseurs d'Oranan. Sirius s'était remis de ses blessures en grande partie grâce à la magie blanche de Mythanorië. Du navire, il avait un aperçu du chaos qui régnait à l'extérieur des murs. Il vit le ciel se noircir et une créature de la fin des temps rompre les portes et murailles de la cité par la seule force de ses serres. Sirius avait autrefois prié pour qu'il ne le croise plus jamais, mais il était bien là : le Dragon Noir, messager des Enfers, avait rejoint la bataille. Montée sur lui, Oaxaca observait son déroulement.
"Si c'est pas la fin du monde, ça y ressemble quand même vachement."
Là encore, l'angoisse lui serrait le ventre. Il observait l'équipage de la Rascasse en effervescence, c'était lui qui les avait attiré en plein dans ce spectacle de la fin des temps. Allait-ce être leur chute ou leur heure de gloire ? Sirius fut tiré de ses pensées par Gallion, qui lui avait ramené un bout d'étoffe noir. Lorsqu'il le déplia, le dessin blanc d'une tête de mort aux fémurs croisés semblait attendre son prochain geste. Le borgne s'en saisit, car c'était là tout ce qu'il restait à présent du Masamune, son noir pavillon.
"On l'a vraiment dessinée avec le cul, cette tête de mort."
"Ah ça, c'est sûr qu'c'est ignoble."
"Du coup, ça fera parfaitement l'affaire."
Sirius noua le pavillon autour de son coup comme un foulard et laissa le reste flotter à côté de son bras droit. Le Masamune avait coulé, mais à travers lui, il vivait encore. Il fut le premier à descendre dans la capitale d'Ynorie, épaulé par l'oudio et la prêtresse Leyna. Des miliciens s'étaient déjà dépêchés pour les accueillir avec les pointes méfiantes de leurs lances.
"Yo. On est v'nus aider !" déclara-t-il avec un grand sourire, tandis que Mythanorië se présentait comme le capitaine du navire.
L'homme à la tête des miliciens avait tout d'un vétéran de guerre, mais il ne cacha pas son étonnement :
"Par Rana, qui êtes-vous donc, et comment avez vous réussi à passer le blocus ?"
"Par la grâce de Moura, tout est possible." répondit Leyna. "Nous sommes la confrérie d'Outremer. Nous sommes prêt à vous aider, mais nous avons besoin de savoir comment."
"Concernant les détails techniques..." Mythanorië désigna le borgne du pouce. "Voyez avec lui. Certains points m'échappent encore."
Sirius s'avança vers le militaire, la main tendue en guise de salutations, faisant fi des coutumes ynoriennes.
"Sirius Hartingard. J'étais sur Aliaénon pendant la deuxième bataille d'Oranan." Il jeta un coup d’œil autour de lui. "J'ai cru comprendre que vous aviez un léger différend à régler avec l'armée d'Oaxaca. Si quelqu'un peut me dire où trouver les gens qui prennent des décisions, dans le coin, ça s'rait vachement sympa."
Le bonhomme ne serra pas sa main et l'informa de la situation avec le genre de mine grave si propre à la soldatesque :
"Nous sommes encerclés de toutes parts par les troupes d'Omyre, et leur foutu dragon vient de défoncer notre mur d'enceinte au niveau de la porte. C'est bien plus qu'un léger différend. Nous sommes sans nouvelle de nos deux conseillers spécialisés dans le domaine militaire, Nora Shimi et Shen Muri. Ils étaient sur la muraille avant qu'elle s'effondre, je crains le pire les concernant.Je suis donc actuellement le plus indiqué pour vous guider. Conseiller Hoga Tirama, capitaine de la milice Oranienne."
Le sourire du pirate laissa doucement place à un air plus sérieux, celui que partageaient ces camarades. Pour autant qu'il se bornait à le prétendre, la situation présente se prêtait difficilement à ce genre d'insouciance. Le conseiller Hoga leur fit part de la charge ynorienne à l'extérieur des murs. Le gros de leurs forces était donc sur le champ de bataille, et seuls restaient la milice et leurs conseillers militaires au sein de la ville. Cependant, une bonne partie de cet état-major avait été porté disparu suite à l'écroulement des portes. Pour le reste, Oranan était encerclée de toutes parts, comme le craignait Sirius, et la férocité du combat entre les forces oaxiennes et les alliés n'avait pas encore nommé de vainqueur. Seulement, le Dragon Noir était un fléau sur le monde, craint même des dieux, et son arrivée ne présageait rien de bon pour l'avenir de l'Ynorie.
Sirius demanda ce qu'il en était de la compagnie Air-Gris, avaient-ils laissé des machines volantes qui pourraient faire diversion contre la bête ?
"Vous pensez bien que les elfes gris ont décampé sitôt la menace d'une armée déferlant sur notre cité. Ils ont daigné accepter d'emporter avec eux la population fuyant la ville, mais leur participation à tout ceci s'arrêtera là. Il ne reste ici plus l'ombre de l'une de leur machine, et le terrain d'embarcation est occupé par les troupes de Darhàm, au sud de la cité."
"Bien sûr..." pesta le marin.
"Nous avons déjà fait face au dragon et nous avons survécu. La force de Moura ne cède pas devant la menace."
En toutes situations, Leyna était d'une assurance à toute épreuve, mais Hoga remit les choses en perspective.
"Il s'agit ici d'une calamité majeure de notre monde. Toute témérité de votre part pourrait se solder par votre mort instantanée."
Les dés étaient jetés, ils savaient qu'ils ne pouvaient plus rien tirer du conseiller et qu'il était temps de passer à l'action.
"S'ils se sont occupés des réfugiés, c'est déjà ça. Je pense qu'on f'rait mieux d'aider les gaillards devant la porte, enfin, c'qu'il en reste. Comme ça vous pourrez sortir vos copains des décombres. Nos gars sur la Rascasse pourront aider à la défense du port et des murailles pendant ce temps."
Il se tourna d'un geste vers Mytha et Leyna, ses camarades de bord. Ses traits étaient légers malgré la gravité de ce qui les entourait.
"Z'en pensez quoi ? Quoiqu'il arrive, je veux voir personne partir à l'aventure dans son coin. Pas de sacrifice héroïque ou de "heuuuur on s'revoit de l'autre côté partez sans moâaa", pigé ? On botte des culs ensemble, et on se fait botter le cul ensemble. Laissez le dragon à l'armée, parce que ce grand type a raison : cette saloperie est la pire chose qui soit jamais arrivée à Yuimen. Croyez-moi, j'l'ai déjà vue de près."
Son regard croisa celui de l'oudio qui s'était saisie de son tricorne et qui lui renvoyait un hochement de tête confiant. Prêt à partir, il posa une dernière question au conseiller :
"Avant qu'on y aille, y'a quoi comme euh... gens comme nous, aventuriers, tout ça, avec lesquels on pourrait se coordonner, dans les parages ?"
"Il y en a quelques uns : Cherock O'Fall, porteur de la Kizoku Rana, charge avec notre cavalerie les troupes de Karsinar. Le Dragon d'Or d'Ynorie, saint protecteur de notre cité, vole dans les cieux pour défendre les siens. Sibelle, une elfe blanche, et Hatsu Okami, une dresseuse de Griffon, sont également présentes."
Sirius était heureux d'entendre que Sibelle était bien arrivée à la défense d'Oranan. Mais quelque part, Sirat sans doute rôdait du côté omyrien. Comment allait-elle réagir si elle le recroisait dans ces circonstances ?
"Ah et aussi, c'est quoi la situation du côté Aliaénon ? Y vous ont pas envoyé de renforts ?"
Surpris, Hoga s'éclaircit bruyamment la gorge.
"Ainsi vous êtes de ceux qui y sont allés. J'ai de mauvaises nouvelles pour vous : une rébellion des titans sur place nous a coupé toute possibilité de traverser le fluide. Nous ignorons tout de ce qui s'y passe depuis. Je gage qu'ils sont au moins dans d'aussi beaux draps que nous."
Les trois marins s'emboîtèrent le pas jusqu'aux murailles. Sirius avait laissé des instructions : les marins de la Rascasse resteraient dans la cité pour aider là où ils pouvaient se rendre utiles, et si jamais Perailhon finissait par lancer une attaque sur le port, Hoga ferait le nécessaire pour qu'il soit mis au courant.
"Si ce Hoga dit vrai, alors Mazhui a ptèt été évacué avec les autres."
"Si Moura le veut... Il a fait beaucoup pour former cette... confrérie d'outremer à laquelle je me suis moi-même jointe. Une confrérie dont vous êtes le porte-étendard."
Sirius se tourna vers Leyna, souriant à pleines dents.
"Déçue ?"
Elle conservait son air impassible. Ses yeux semblaient se perdre dans les abysses de sa pensée.
"L'avenir le dira."
Ouille, ça, c'était froid. Glacial même.
"Ah ? Euuh... Ouais, j'imagine." balbutia le borgne.
(J'suis censé répondre quoi, moi ? Même pas elle me calcule !)
Après un silence gênant, elle demanda au sujet de ce qui semblait bien plus important à ses yeux :
"Où avez-vous trouvé ce trident ?"
"Mh ? Nosvéria. Comme je l'ai dit, il m'est un peu tombé dans les mains." répondit-il, embarrassé.
"Il n'y a pas de hasard dans les desseins de Moura. Ce trident a jadis conquis toute l'Omyrie. Son retour en ses temps de guerre en disent long... mais pourquoi revient-il à vous plutôt qu'à son peuple ? Je suis la fille des deux océans, et pourtant, cette énigme m'échappe. Encore une fois, l'avenir parlera."
"Fille des deux océans ? Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Elle lui montra ses doigts palmés.
"Earionne et sang-pourpre. Les deux peuples de l'océan. Fille perdue pour les uns, hérésie pour les autres. Cela ne m'empêche pas de tracer ma voie, comme vous le faites."
Sirius se demanda si ce n'était pas là l'origine de sa froideur. Exclue des deux peuples pour ses cheveux roux, Leyna n'avait sans doute jamais eu de véritable famille.
"T'as pas eu une vie facile, on dirait."
"Moura nous met tous à l'épreuve. Par ma foi, je suis prête à toutes les surmonter."
Elle forçait. En fin de compte, sa foi mouraïque était-elle née d'une conviction véritable, ou parce qu'elle y voyait un récif auquel se raccrocher lorsque la vie devenait trop injuste, trop incompréhensible ?
"Bien parlé. Mais si tu veux mon avis, ça te ferait pas de mal de péter un coup, de temps en temps !" lança-il avec un grand rire et une tape dans le dos.
Il couina de douleur. Il venait de se rappeler que cette femme n'était qu'os sous sa peau bleue, mais que Moura l'avait investie d'une prouesse physique bien supérieure à la sienne. Leyna le fixa bizarrement. Elle n'avait sans doute pas compris le sens de ses paroles.
"Bordel..." fit Heart dans sa barbe lorsqu'il arriva devant les portes effondrées. "Bon, je pense que ça sert à rien de demander qu'on nous ouvre."
Sans attendre, il tenta de gravir la colline de débris. Ce n'était pas le genre d'escalade auquel il était habitué, mais il parvint à se hisser au-dessus du bazar sans s'arracher la peau des genoux. De là où il était, il avait une vue imprenable sur la lutte impitoyable qui avait pris place juste devant la cité. Il était bien tenté de les rejoindre sans attendre, mais il fut retenu par les appels à l'aide de la conseillère Nora Shimi. Leyna et Mythanorië avaient commencé à mettre leur force prodigieuse au service des ensevelis. Il s'attarda donc à les aider comme il le pouvait de là où il était. Après avoir dégagé quelques pierres, des cris désespérés parvinrent à ses oreilles. Quelqu'un était bloqué dans la pénombre, les jambes en compote, à priori seul survivant de son entourage. Dans sa souffrance, il implorait qu'on lui vienne en aide, mais le pirate ne voyait pas bien comment il pouvait l'aider seul.
"J'crois que ce gars là perd du sang !" cria-t-il à l'adresse des sauveteurs.
Le hennissement d'un cheval abattu tourna son attention vers la bataille. Il vit clairement la silhouette massive de Karsinar prête à fondre sur un mage désarçonné, sans doute le Cherock mentionné plus tôt par Hoga. S'il ne se dépêchait pas, le Prédateur Ultime allait sans doute ôter à leur armée un atout de taille.
"Hé, si vous avez de la corde, lancez-la moi ! Sortez le plus de gens possible et rejoignez-moi ensuite !" avait-il crié à l'adresse de ses compagnons en contrebas.
Quelque part dans la cité, un vieil homme s'était mis à hurler. Mythanorië, qui était sans doute la plus prévenante du groupe, sortit un bout de corde qui permit à Sirius de hisser Leyna jusqu'à lui, laissant l'oudio aider les rescapés de son côté. Sans atteindre, les deux autres dévalèrent les restes du murs et coururent jusqu'au champ de bataille qui les attendait.
((( Si montée de niveau :
Mains dans les poches : A chaque montée de niveau, le larron reçoit 2D50*niv yus. )))
[XP : 1 (discussions avec Hoga et Leyna) + 0,5 (escalade et aide aux victimes)]
"Si c'est pas la fin du monde, ça y ressemble quand même vachement."
Là encore, l'angoisse lui serrait le ventre. Il observait l'équipage de la Rascasse en effervescence, c'était lui qui les avait attiré en plein dans ce spectacle de la fin des temps. Allait-ce être leur chute ou leur heure de gloire ? Sirius fut tiré de ses pensées par Gallion, qui lui avait ramené un bout d'étoffe noir. Lorsqu'il le déplia, le dessin blanc d'une tête de mort aux fémurs croisés semblait attendre son prochain geste. Le borgne s'en saisit, car c'était là tout ce qu'il restait à présent du Masamune, son noir pavillon.
"On l'a vraiment dessinée avec le cul, cette tête de mort."
"Ah ça, c'est sûr qu'c'est ignoble."
"Du coup, ça fera parfaitement l'affaire."
Sirius noua le pavillon autour de son coup comme un foulard et laissa le reste flotter à côté de son bras droit. Le Masamune avait coulé, mais à travers lui, il vivait encore. Il fut le premier à descendre dans la capitale d'Ynorie, épaulé par l'oudio et la prêtresse Leyna. Des miliciens s'étaient déjà dépêchés pour les accueillir avec les pointes méfiantes de leurs lances.
"Yo. On est v'nus aider !" déclara-t-il avec un grand sourire, tandis que Mythanorië se présentait comme le capitaine du navire.
L'homme à la tête des miliciens avait tout d'un vétéran de guerre, mais il ne cacha pas son étonnement :
"Par Rana, qui êtes-vous donc, et comment avez vous réussi à passer le blocus ?"
"Par la grâce de Moura, tout est possible." répondit Leyna. "Nous sommes la confrérie d'Outremer. Nous sommes prêt à vous aider, mais nous avons besoin de savoir comment."
"Concernant les détails techniques..." Mythanorië désigna le borgne du pouce. "Voyez avec lui. Certains points m'échappent encore."
Sirius s'avança vers le militaire, la main tendue en guise de salutations, faisant fi des coutumes ynoriennes.
"Sirius Hartingard. J'étais sur Aliaénon pendant la deuxième bataille d'Oranan." Il jeta un coup d’œil autour de lui. "J'ai cru comprendre que vous aviez un léger différend à régler avec l'armée d'Oaxaca. Si quelqu'un peut me dire où trouver les gens qui prennent des décisions, dans le coin, ça s'rait vachement sympa."
Le bonhomme ne serra pas sa main et l'informa de la situation avec le genre de mine grave si propre à la soldatesque :
"Nous sommes encerclés de toutes parts par les troupes d'Omyre, et leur foutu dragon vient de défoncer notre mur d'enceinte au niveau de la porte. C'est bien plus qu'un léger différend. Nous sommes sans nouvelle de nos deux conseillers spécialisés dans le domaine militaire, Nora Shimi et Shen Muri. Ils étaient sur la muraille avant qu'elle s'effondre, je crains le pire les concernant.Je suis donc actuellement le plus indiqué pour vous guider. Conseiller Hoga Tirama, capitaine de la milice Oranienne."
Le sourire du pirate laissa doucement place à un air plus sérieux, celui que partageaient ces camarades. Pour autant qu'il se bornait à le prétendre, la situation présente se prêtait difficilement à ce genre d'insouciance. Le conseiller Hoga leur fit part de la charge ynorienne à l'extérieur des murs. Le gros de leurs forces était donc sur le champ de bataille, et seuls restaient la milice et leurs conseillers militaires au sein de la ville. Cependant, une bonne partie de cet état-major avait été porté disparu suite à l'écroulement des portes. Pour le reste, Oranan était encerclée de toutes parts, comme le craignait Sirius, et la férocité du combat entre les forces oaxiennes et les alliés n'avait pas encore nommé de vainqueur. Seulement, le Dragon Noir était un fléau sur le monde, craint même des dieux, et son arrivée ne présageait rien de bon pour l'avenir de l'Ynorie.
Sirius demanda ce qu'il en était de la compagnie Air-Gris, avaient-ils laissé des machines volantes qui pourraient faire diversion contre la bête ?
"Vous pensez bien que les elfes gris ont décampé sitôt la menace d'une armée déferlant sur notre cité. Ils ont daigné accepter d'emporter avec eux la population fuyant la ville, mais leur participation à tout ceci s'arrêtera là. Il ne reste ici plus l'ombre de l'une de leur machine, et le terrain d'embarcation est occupé par les troupes de Darhàm, au sud de la cité."
"Bien sûr..." pesta le marin.
"Nous avons déjà fait face au dragon et nous avons survécu. La force de Moura ne cède pas devant la menace."
En toutes situations, Leyna était d'une assurance à toute épreuve, mais Hoga remit les choses en perspective.
"Il s'agit ici d'une calamité majeure de notre monde. Toute témérité de votre part pourrait se solder par votre mort instantanée."
Les dés étaient jetés, ils savaient qu'ils ne pouvaient plus rien tirer du conseiller et qu'il était temps de passer à l'action.
"S'ils se sont occupés des réfugiés, c'est déjà ça. Je pense qu'on f'rait mieux d'aider les gaillards devant la porte, enfin, c'qu'il en reste. Comme ça vous pourrez sortir vos copains des décombres. Nos gars sur la Rascasse pourront aider à la défense du port et des murailles pendant ce temps."
Il se tourna d'un geste vers Mytha et Leyna, ses camarades de bord. Ses traits étaient légers malgré la gravité de ce qui les entourait.
"Z'en pensez quoi ? Quoiqu'il arrive, je veux voir personne partir à l'aventure dans son coin. Pas de sacrifice héroïque ou de "heuuuur on s'revoit de l'autre côté partez sans moâaa", pigé ? On botte des culs ensemble, et on se fait botter le cul ensemble. Laissez le dragon à l'armée, parce que ce grand type a raison : cette saloperie est la pire chose qui soit jamais arrivée à Yuimen. Croyez-moi, j'l'ai déjà vue de près."
Son regard croisa celui de l'oudio qui s'était saisie de son tricorne et qui lui renvoyait un hochement de tête confiant. Prêt à partir, il posa une dernière question au conseiller :
"Avant qu'on y aille, y'a quoi comme euh... gens comme nous, aventuriers, tout ça, avec lesquels on pourrait se coordonner, dans les parages ?"
"Il y en a quelques uns : Cherock O'Fall, porteur de la Kizoku Rana, charge avec notre cavalerie les troupes de Karsinar. Le Dragon d'Or d'Ynorie, saint protecteur de notre cité, vole dans les cieux pour défendre les siens. Sibelle, une elfe blanche, et Hatsu Okami, une dresseuse de Griffon, sont également présentes."
Sirius était heureux d'entendre que Sibelle était bien arrivée à la défense d'Oranan. Mais quelque part, Sirat sans doute rôdait du côté omyrien. Comment allait-elle réagir si elle le recroisait dans ces circonstances ?
"Ah et aussi, c'est quoi la situation du côté Aliaénon ? Y vous ont pas envoyé de renforts ?"
Surpris, Hoga s'éclaircit bruyamment la gorge.
"Ainsi vous êtes de ceux qui y sont allés. J'ai de mauvaises nouvelles pour vous : une rébellion des titans sur place nous a coupé toute possibilité de traverser le fluide. Nous ignorons tout de ce qui s'y passe depuis. Je gage qu'ils sont au moins dans d'aussi beaux draps que nous."
Les trois marins s'emboîtèrent le pas jusqu'aux murailles. Sirius avait laissé des instructions : les marins de la Rascasse resteraient dans la cité pour aider là où ils pouvaient se rendre utiles, et si jamais Perailhon finissait par lancer une attaque sur le port, Hoga ferait le nécessaire pour qu'il soit mis au courant.
"Si ce Hoga dit vrai, alors Mazhui a ptèt été évacué avec les autres."
"Si Moura le veut... Il a fait beaucoup pour former cette... confrérie d'outremer à laquelle je me suis moi-même jointe. Une confrérie dont vous êtes le porte-étendard."
Sirius se tourna vers Leyna, souriant à pleines dents.
"Déçue ?"
Elle conservait son air impassible. Ses yeux semblaient se perdre dans les abysses de sa pensée.
"L'avenir le dira."
Ouille, ça, c'était froid. Glacial même.
"Ah ? Euuh... Ouais, j'imagine." balbutia le borgne.
(J'suis censé répondre quoi, moi ? Même pas elle me calcule !)
Après un silence gênant, elle demanda au sujet de ce qui semblait bien plus important à ses yeux :
"Où avez-vous trouvé ce trident ?"
"Mh ? Nosvéria. Comme je l'ai dit, il m'est un peu tombé dans les mains." répondit-il, embarrassé.
"Il n'y a pas de hasard dans les desseins de Moura. Ce trident a jadis conquis toute l'Omyrie. Son retour en ses temps de guerre en disent long... mais pourquoi revient-il à vous plutôt qu'à son peuple ? Je suis la fille des deux océans, et pourtant, cette énigme m'échappe. Encore une fois, l'avenir parlera."
"Fille des deux océans ? Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Elle lui montra ses doigts palmés.
"Earionne et sang-pourpre. Les deux peuples de l'océan. Fille perdue pour les uns, hérésie pour les autres. Cela ne m'empêche pas de tracer ma voie, comme vous le faites."
Sirius se demanda si ce n'était pas là l'origine de sa froideur. Exclue des deux peuples pour ses cheveux roux, Leyna n'avait sans doute jamais eu de véritable famille.
"T'as pas eu une vie facile, on dirait."
"Moura nous met tous à l'épreuve. Par ma foi, je suis prête à toutes les surmonter."
Elle forçait. En fin de compte, sa foi mouraïque était-elle née d'une conviction véritable, ou parce qu'elle y voyait un récif auquel se raccrocher lorsque la vie devenait trop injuste, trop incompréhensible ?
"Bien parlé. Mais si tu veux mon avis, ça te ferait pas de mal de péter un coup, de temps en temps !" lança-il avec un grand rire et une tape dans le dos.
Il couina de douleur. Il venait de se rappeler que cette femme n'était qu'os sous sa peau bleue, mais que Moura l'avait investie d'une prouesse physique bien supérieure à la sienne. Leyna le fixa bizarrement. Elle n'avait sans doute pas compris le sens de ses paroles.
"Bordel..." fit Heart dans sa barbe lorsqu'il arriva devant les portes effondrées. "Bon, je pense que ça sert à rien de demander qu'on nous ouvre."
Sans attendre, il tenta de gravir la colline de débris. Ce n'était pas le genre d'escalade auquel il était habitué, mais il parvint à se hisser au-dessus du bazar sans s'arracher la peau des genoux. De là où il était, il avait une vue imprenable sur la lutte impitoyable qui avait pris place juste devant la cité. Il était bien tenté de les rejoindre sans attendre, mais il fut retenu par les appels à l'aide de la conseillère Nora Shimi. Leyna et Mythanorië avaient commencé à mettre leur force prodigieuse au service des ensevelis. Il s'attarda donc à les aider comme il le pouvait de là où il était. Après avoir dégagé quelques pierres, des cris désespérés parvinrent à ses oreilles. Quelqu'un était bloqué dans la pénombre, les jambes en compote, à priori seul survivant de son entourage. Dans sa souffrance, il implorait qu'on lui vienne en aide, mais le pirate ne voyait pas bien comment il pouvait l'aider seul.
"J'crois que ce gars là perd du sang !" cria-t-il à l'adresse des sauveteurs.
Le hennissement d'un cheval abattu tourna son attention vers la bataille. Il vit clairement la silhouette massive de Karsinar prête à fondre sur un mage désarçonné, sans doute le Cherock mentionné plus tôt par Hoga. S'il ne se dépêchait pas, le Prédateur Ultime allait sans doute ôter à leur armée un atout de taille.
"Hé, si vous avez de la corde, lancez-la moi ! Sortez le plus de gens possible et rejoignez-moi ensuite !" avait-il crié à l'adresse de ses compagnons en contrebas.
Quelque part dans la cité, un vieil homme s'était mis à hurler. Mythanorië, qui était sans doute la plus prévenante du groupe, sortit un bout de corde qui permit à Sirius de hisser Leyna jusqu'à lui, laissant l'oudio aider les rescapés de son côté. Sans atteindre, les deux autres dévalèrent les restes du murs et coururent jusqu'au champ de bataille qui les attendait.
((( Si montée de niveau :
Mains dans les poches : A chaque montée de niveau, le larron reçoit 2D50*niv yus. )))
[XP : 1 (discussions avec Hoga et Leyna) + 0,5 (escalade et aide aux victimes)]