Les Portes et Remparts

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Yuimen
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Les Portes et Remparts

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:19

Les portes et remparts d'Oranan
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Les portes de la ville se dressent magistralement entre deux tours. Des gardes patrouillent, il vous faudra montrer patte blanche pour rentrer dans la ville. Malgré la circulation, les gardes fouillent tous les convois. Il y a quelques marchands et quelques habitants qui vont et qui viennent. La ville semble prête à fermer ses portes à la moindre alerte. Sur les tours, les gardes scrutent l'horizon avec une vigilance sans faille.

La grande cité fortifiée est impressionnante. À ses pieds, les murs sont hauts et épais. Vous passez la porte une fois que les gardes vous laissent tranquille. Le sol est pavé, au-dessus de vous vous pouvez apercevoir des trous, meurtrières et autres orifices destinés à ralentir une éventuelle invasion dans les murs ... Puis vous rentrez en ville.

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Silmeria
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Silmeria » lun. 7 janv. 2019 22:59

Hrist avait quitté le Palais de la Roseraie depuis que la nuit était tombée, elle se trouvait en bordure de route, observant les travailleurs aller et venir dans l'enceinte de la ville. La femme se savait recherchée en ces lieux, entrer dans une ville telle qu'Oranan demanderait un minimum de préparation et d'observation. Aucune alerte n'était donnée et les gardes n'organisaient que des contrôles de routine, toutefois, les visiteurs n'étaient pas fouillé. Les gardes n'étaient que des hommes de milice, il n'y avait aucun samouraï en vue.

La jeune femme s'approcha davantage jusqu'à trouver un vendeur de frusques auprès duquel elle acheta une bande de tissus brun de piètre qualité. L'homme l'observait de haut en bas tandis qu'elle le payait mais il n'y avait rien dans ses yeux qui laissait croire qu'il avait reconnu en elle la femme recherchée qu'elle était. Elle prit congés immédiatement et longea la route jusqu'à trouver l'objet de ses désirs.

" Qu'est ce que tu cherches de beau ? " Piaillait gaiement sa Faera.

Au dessus des femmes, de lourds nuages noirs roulaient dans les cieux, annonciateurs d'une averse imminente.

" Je cherche un petit quelque chose pour m'aider à passer inaperçue."

Elle avançait jusqu'à s'éloigner des portes de la ville à tel point qu'elle finit par bientôt les perdre de vue. Plus haut dans le ciel, un vol circulaire d'oiseaux noirs annonçait qu'elle venait de trouver l'objet de ses désirs. La femme approchait de cette chose noire qui attirait tant les rapaces et se pencha sur celle-ci. Un hérisson avait été écrasé plus tôt par un chariot et grouillait d'insectes. La Sindel s'enveloppa dans son tissus bon marché fraichement acquis et saisis l'animal mort de ses mains et l'ouvrit en deux de sa lame. La puanteur était aigre, le froid ambiant n'avait en rien altéré sa puanteur et il devait être là depuis un moment à en juger la tâche brune qu'il laissait au sol. Hrist se frotta le cadavre aux mains et aux avant-bras avant d'essuyer le reste à sa nouvelle cape de chanvre. Elle y ajouta de la terre, quelques généreuses poignées de poussières et s'allongea un instant dans les aiguilles de pins brunes qui sentaient bon la résine. Un malaise commençait à se faire sentir, l'odeur du cadavre de hérisson lui montait aux nez et faisait remonter dans le même mouvement son estomac qui lui jetait des remontées acides alarmantes.

" Oh, tu sais, si tu vomis tu pourras toujours t'en tartiner le visage, au point où tu en es. "
" J'ai bien peur que ça soit un mal nécessaire pour entrer en ville. Si on me prends pour une malade, je pourrais entrer sans être trop fouillée. Il y a toujours une fille pour les camelots, les routards et les nécessiteux qui viennent demander du pain ou un tas de paille où dormir. Ne perdons pas de temps. Je me sens observée. " Disait-elle tout bas en observant autour d'elle l'orée de la forêt silencieuse. Les bambous sauvages se dressaient si haut qu'ils rivalisaient avec les plus vieux arbres, les broussailles abondantes et dénudées de leurs feuilles avaient un air de mur de fagots qui protégeait la forêt. Hrist cessa d'observer autour et engagea une marche boiteuse jusqu'à rejoindre après quelques temps la grande porte de la ville où elle se glissa dans un groupe de vieux mendiants rassemblés autour d'un camelot qui leur vendait des amulettes magiques pour s'octroyer la bonne fortune ou guérir leurs maux. Un homme lui tendit une vieux collier composé de dents de chien et d'herbes enroulées autour d'une cordelette de chanvre en vantant ses mérites pour se débarrasser de la goutte ou du mal de dent. Hrist détourna le regard, s'enfonçant encore davantage dans la masse grouillante de miséreux qui se pressaient devant les portes de la ville.

Derrière les murs imposants de la ville d'Oranan, Hrist avait laissé de nombreux souvenirs, du sang, des flammes ainsi qu'une pointe d'amour. Est-ce qu'il y avait des traces de son dernier passage ou bien avaient-elles été oubliées avec le temps ?

Hrist passa enfin la ligne, on ne fit guère attention à elle, la jeune femme avança pour dépasser les derniers gardes quand soudain l'un d'eux lui barra le chemin en lui appuyant la lance contre la poitrine. Elle resta immobile un instant, espérant en silence qu'il s'agissait juste d'un garde qui s'assurerait qu'elle ne venait pas mourir dans un coin de rue.

" C'est elle ? " Demanda le garde qui regardait derrière la femme. Elle entendit la voix qui répondit à sa question et fut parcourue d'un long frisson.

" Oui mon bon Seigneur, c'est bien elle, la maudite Plume de Xenair, la sanguinaire tueuse qui nous cause tant de torts... Par Yuimen enfin elle sera jugée. "

Hrist avait été trahie, dénoncée par Edmund de la Maison Noire, cet infâme sbire d'Oaxaca avait finalement trouvé un moyen de l'empêcher de rentrer à Omyre. La femme poussée par l'adrénaline fit tomber la cape ensanglantée et polluée des restes d'animaux morts, prête à se défendre, espérant faire assez de recul parmi la foule pour trouver une brèche et s'y glisser mais Edmund avait admirablement préparé le terrain et déjà les gardes avaient fait reculer les passants et elle entendait le lourd pas des Samouraï en armure approcher. Hrist tira une arme, de toutes façons, elle devait en découdre et savait être à la hauteur pour s'opposer à quelques gardes, mais Edmund dans son dos resterait un grand danger. Mais il n'en fut rien, à peine eut-elle arraché la Vieille Rengaine à son sommeil qu'un froid glaçant lui fouettait le visage puis le corps. Ses yeux brûlaient et très vite elle dût se protéger le visage, n'ayant qu'à moitié aperçu l'origine de cette attaque. Sous la tempête de magie de glace qui dévorait ses membres et les enveloppait dans une pellicule de glace solide et de plus en plus grosse, Hrist vit un petit homme la main tendue vers elle, il portait les armoiries de son clan et était entouré de quatre Samouraïs.

Elle cessa de voir et d'entendre, son corps prisonnier de cette cage glacée, elle ne pouvait plus bouger, sa respiration cessait et lorsque l'air venait à trop manquer, elle sombra dans une torpeur funeste qui se brisa aussi soudainement qu'avait survenu cet assaut.

Hrist se réveilla à terre, désarmée et pointée par de nombreuses lames, un Samouraï venait de briser à l'aide de son fourreau sa prison mortelle et s'empressait d'éloigner ses armes. Ils la trainèrent ensuite encore à demi-consciente jusqu'à la Milice en riant et se félicitant à l'avance d'une telle prise.
Modifié en dernier par Silmeria le lun. 28 janv. 2019 19:52, modifié 1 fois.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Anastasie Terreblanc
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Anastasie Terreblanc » sam. 19 janv. 2019 02:38

L'aube pointait à peine le bout de son nez lorsqu'Anastasie arriva aux portes d'Oranan. Elle s'était levée très tôt pour être certaine d'arriver au premier relai avant la tombée de la nuit, ayant laissé Fenrir, sa monture, à Kendra Kâr. Et si elle possédait bien quelques couvertures dans son paquetage pour se tenir chaud la nuit, elle préférait garder cette option pour les quelques jours trop éloignés de la civilisation pour y trouver des auberges régulièrement. Mais les premiers jours, pour peu qu'elle ne perde pas trop de temps en chemin, seraient aisés, la route entre Oranan et Kendra Kâr étant l'une des plus empruntées du continent. Il y avait, autour des grandes villes, suffisamment de hameaux et de villages pour ne pas avoir à dormir à la belle étoile pendant près d'une semaine ; près de Bouhen, ensuite, les habitations se faisaient de nouveau régulières pendant un certain temps, proche des routes très sûres du Royaume de Kendra Kâr. Il n'y avait au final qu'une portion de route d'une dizaine de jours qui se faisait dans l'inconfort, mais là encore quelques petits détours permettaient ci et là de manger un repas chaud et avoir un toit pour la nuit.

Mais c'était cependant sans compter les diverses distractions qui pouvaient avoir lieu sur le chemin, de la pluie à l'attaque de brigands, en restant optimiste. Si la route était sûre, le continent n'en restait pas moins en guerre et il était de moins en moins rare de voir des bandits de grand chemin s'aventurer jusque dans les coins les plus fréquentés de la République ou du Royaume. De plus, ce voyage devait également servir à lui donner le temps nécessaire pour établir un plan d'action futur et se concentrer sur elle-même. Sans compter, évidemment, la tâche qui lui incombait de tirer le plus d'informations possible à Zekiel avant de définitivement l'éradiquer. En somme, beaucoup de choses qui pourraient potentiellement lui faire perdre du temps, ou simplement ralentir sa cadence et l'obliger à marcher de nuit quelques heures pour atteindre le prochain village. Autant de raisons qui la poussaient à commencer son voyage au plus tôt.

Elle avait donc traversé un bon tiers de la ville alors que le soleil n'était même pas visible à l'horizon, ne faisant qu'annoncer son apparition en éclairant très faiblement le ciel, pour arriver aux portes de la ville alors qu'il daignait enfin se montrer. Là, les gardes commençaient déjà à faire entrer quelques marchands et voyageurs, quoique rares de si bon matin. Il y avait aussi, en nombre quelque peu supérieur, des personnes quittant Oranan, à la tête d'une cargaison ou d'un simple bagage. Faisant partie de ces derniers, la jeune femme traversa le seuil de la ville sous les yeux indifférent des gardes.
Modifié en dernier par Anastasie Terreblanc le dim. 11 août 2019 15:21, modifié 3 fois.

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Merci à Itsvara pour la signature.

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Alfryda Bröhm
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Alfryda Bröhm » lun. 28 janv. 2019 22:34

Une nouvelle bosse sur la route fait sursauter la carriole, certainement la fois de trop. Je manque de m'étaler sur un sac de charbon qui rattrape ma chute de justesse, me laissant le soin de découvrir la paume de mes mains enduite de suie. Pestant contre mon infortune, j'essuie rapidement le noir sur la jute et me retiens sur les parois du chariot pour me hisser à portée de Ghunt, le conducteur, visiblement occupé à cracher ses glaires sur la route dans l'espoir de la reboucher.

"Dites, on y est, non ? C'est pas Oranan, là-bas ?"

Mon doigt pointe en direction d'une cité en bord de mer dont l'air salé embaume subitement mes narines, vierge sensation que je ressens avec une pointe d’appréhension. La voix rocailleuse de Ghunt recouvre le grincement des roues tandis qu'il se racle la gorge pour me demander de répéter. Un brin rageuse, j'attrape le tissu de son col et crache ma question dans son oreille, certaine qu'il n'en a pas manqué un seul mot cette fois.

"JE DIS, ON EST ARRIVÉ, MAINTENANT ?!"

Sa surprise est telle qu'il doit resserrer sa prise sur les rênes pour ne pas basculer, vociférant quelques sottises que j'ai la chance de ne pas entendre. Un nouveau raclement de gorge et le vieillard daigne enfin me répondre.

"Ouais, ouais... On est arrivés."

Satisfaite, je retourne m'asseoir à l'arrière du transport et laisse les longues minutes jusqu'aux portes de la ville m'impatienter, ne quittant ses murs fortifiés des yeux que pour me couvrir d'un nouveau trou sur la chaussée. Je profite néanmoins de l'attente pour me faire mon premier avis sur Oranan, celle dont tout le monde parle en ces temps de guerre. L'architecture est largement contraire à celle de Mertar, habituée à passer mes journées à l'abri du soleil et de ses bienfaits. J'ai entendu Mère parler une fois de cette cité où les Hommes marchent sous des cerisiers en fleurs, sans jamais vraiment comprendre ce à quoi elle faisait allusion. Je n'ai pourtant pas perdu de temps lorsque j'ai ouïe dire que ce bastion était à l'origine d'une compétition de forgerons et qu'un Thorkin de la Capitale avait été choisi pour y participer, profitant de cette occasion pour me libérer d'une vie bercée par les demandes en mariage incessantes et une carrière qui n'allait nulle part.

Soudainement, le chariot se stabilise dans sa progression et le roulis en devient presque harmonieux alors que nous circulons maintenant sur une route pavée, confirmant notre arrivée aux portes de la cité. Le cocher ralentit l'allure et nous voilà mêlés à de nombreux voyageurs désireux d'entrer en ville, sagement alignés comme ces troupeaux de moutons que l'on peut trouver dans les montagnes. Un court silence s'ensuit jusqu'à notre arrêt complet, visiblement loin dans la colonne qui ne progresse que trop lentement à mon goût. Peu dérangé par la situation, Ghunt débouche sa bouteille d'eau-de-vie et commence à la descendre dans de bruyantes gorgées qui accompagnent sa levée du coude quasi artistique.

Un soupir m'échappe alors que je constate qu'il est plus pratique de continuer à pied, là où de simples salutations aux gardes suffisent à poursuivre son route. Ramassant mon sac par l'une de ses bretelles, je saute à terre d'un saut habile et m'avance jusqu'à hauteur des chevaux, attirant l’œil du conducteur qui ne s'arrête pas de boire pour autant.

"Ghunt, je vais continuer seule à partir d'ici. Ca va me dégourdir les jambes."

D'un revers de la manche, il essuie sa grosse barbe emmêlée et étouffe le début de sa réponse par la même occasion, me laissant le soin de le deviner par moi-même.

"Comme tu veux. Tu sauras où aller ?"

"Ça va, je vais me débrouiller. Tu penses en avoir pour combien de temps avant de me rejoindre ?"

L'air pensif, le vieux Thorkin reprend une nouvelle rasade en levant les yeux au ciel et reprend un semblant de sérieux alors qu'il observe rapidement le cortège de chariotes qui le précèdent.

"J'dirais... Une heure, peut-être deux. Ça t'laissera un peu d'temps libre, j'imagine. De toute façon, le temps qu'tu retrouves cet ivrogne et qu'il dessoûle, j'ai d'quoi faire un autre aller-retour jusqu'à Mertar, j'te l'dis."

Ma foi, je ne dis pas non à un repas chaud et le silence d'une chambre pour calmer le bourdonnement infâme qui me hante depuis les premières minutes du voyage. Un signe de main conclut notre échange et c'est un brin nerveuse que je me dirige vers les portes massives d'Oranan, première étape de ma nouvelle vie.
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Oljyn
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Oljyn » mar. 29 janv. 2019 14:47

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D’un pas décidé, je sors de l’auberge, suivi de près par le forgeron. Il me rattrape même et nous nous dirigeons d’un pas rapide, côte à côte, vers les portes de la ville pour en découdre. J’évite de justesse un étrange elfe à la peau noir et à la sale gueule. Je plisse un instant les yeux en me demandant d’où pouvait venir une telle créature et surtout comment il a réussi à se faire tirer par le bras par une Hinionne.

" Regarde où tu marches avant de te blesser. "

Je fais immédiatement volte-face à Kazuto qui ose encore me provoquer. Décidément, il va prendre ce qu’il mérite. Nous poursuivons notre parade au milieu de la foule qui s’écarte devant notre passage. Comme si ils pouvaient ressentir notre hargne adressé l’un à l’autre. Nous arrivons aux portes de la cité, dressées entre deux tours et fortement gardées. Il est plus difficile d’y entrer que dans sortir. Mais l’abondance de passage nous force à faire la queue pour sortir. Nous patientons sans se quitter du regard. Les sourcils froncés, sans cligner des yeux. Avançant petit pas par petit pas. Nos gestes sont étrangement semblables. Nous tapotons du pied, croisons les bras, soufflons, jetons un regard noir à l’autre en remarquant que nos gestes sont identiques.

Nous passons finalement les portes et nous mettons à l’écart de la route pour ne pas se donner en spectacle. Nous retirons tout deux nos affaires. Nous retrouvant uniquement avec nos mains pour nous défendre. Torse nue. Je remarque qu’il garde tout de même l’anneau d’argent autour de son cou.

Quelques étirements, deux trois roulements d’épaule. Craquements de doigts. Bombage de torse. Nous nous faisons finalement face. Les poings levés. Le décompte se fait de lui-même, inconsciemment. Nous attendons cinq secondes avant de commencer. Nos corps s’élancent en avant. Il débute par un direct du droit. Puissant. Rapide. J’esquive d’un pas de côté et tente un crochet qu’il bloque, j’enchaîne avec un second de l’autre main. Il se baisse pour esquiver et remonte en vitesse pour essayer de me cogner le menton. J’esquive de justesse. Recule, me remet en position. Poing levés devant mon visage. Il fait de même. Nous nous sommes testés. Nous reprenons sans attendre, à la vitesse supérieure. Nous avons visiblement tous les deux l’habitude de nous battre. Il porte le premier coup réussi. Percutant ma mâchoire et me laissant goûter mon propre sang. Mais je me reprends vite, l’enchaînant d’un coup à l’estomac et écrasant ensuite mon poing contre sa joue. Pas de pause. Il recule d’un pas, se reprend, lève ses poings et fonce. Le duel s’accélère. Nous nous rendons coup pour coup et la fatigue nous donne à présent du mal à garder les bras levés. Nous respirons fort et nous avons même attiré quelques curieux qui nous observent en gardant leur distance. Les gouttes de sang et de sueur commencent à perler sur le sol. Nous poursuivons, poussé par la fièvre de la bagarre. Je parviens à bloquer un coup, saisissant son poignet pour ne pas qu’il puisse se défendre. J’envoie mon autre poing en plein dans son nez. Le visage projeté en arrière, je me pense vainqueur mais il est résistant. Il se sert de la distance de sa tête pour me mettre un coup de boule qui me percute le nez. Je titube, manque de tomber. Une main sur le nez pour calmer l’écoulement de sang. Je remarque à travers mon regard troublé par la douleur que mon adversaire fait de même. S’assurant que je ne revienne pas immédiatement à la charge. Je renifle un bon coup. Crache le mélange de sang et de morve qui me tombe dans la bouche avant de me redresser. Il fait de même. En position, à nouveau, les bras le long du corps. Aucun de nous n’a la force de les relever et l’assaut qui vient sera le dernier. Déterminant le vainqueur. Nous avançons l’un vers l’autre.

" Ca suffit ! "

Un groupe de garde s’approche d’un pas rapide tandis que les remparts se fleurissent de quelques archers.

" Vous vous êtes cru dans l’arène de Kendra Kâr ?! Cessez immédiatement ceci ! Ou vous passez la nuit au cachot ! "

Les gardes nous encerclent rapidement et ils étaient plutôt sérieux. Je baisse les bras, peu envieux de passer une nuit en cellule. Le forgeron fait de même avant de se tourner vers moi, l’air plus calme qu’à la sortie de l’auberge. Un regard plus respectueux et un ton plus cordial.

" Comment tu as dit que tu t’appelais déjà ? "


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Oljyn
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Oljyn » mer. 30 janv. 2019 14:37

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Claquement de langue agacé. Je tape du pied, les bras croisés. Équipé pour le voyage qui m’attend. Il ne manque que le forgeron qui doit m’accompagner et celui-ci n’a pas l’air pressé. Nous avions rendez-vous à l’aube à l’endroit où nous étions battus. Les gardes m’ont évidemment reconnu avec ma gueule encore bleuis et rougis des impacts de coup de la veille. A leurs regards de travers j’adresse un sourire gêné et un signe de salutation de la main. A leur air mécontent, je comprends qu’au moindre pet de travers je finis en cellule. J’attends encore de longues minutes à faire les cents pas, trop irrité à présent pour profiter du lever de soleil sur les cultures autour de la cité. Les champs qui se colorent d’orange petit à petit au gré de la course du jour qui avance inexorablement vers les montagnes ne font que me rappeler que Kazuto est en retard.

" Tu comptes pêcher quoi au milieu des forêts ? "

" Ah ! Le voilà enfin ! "

" J’suis pas en retard que je sache, le soleil se lève à peine. "

"Oui ! Justement !"

" Tu vas pas commencer à me trouducuter l’esprit hein ! "

Un raclement de gorge sur les remparts nous distrait. Un garde nous y fait signe qu’il nous garde à l’œil. Nous poussons tous les deux un souffle nasal agacé et baissons d’un ton. Rapidement, nous passons en revue notre équipement. Des vivres, de l’eau, du matériel pour passer la nuit dehors. Il se moque de ma canne et de mon petit filet de pêche mais il sera bien content quand nous pourrons manger du poisson quand nous serons à proximité du lac ou du fleuve. Excepté sa masse, il ne porte pas d’armes. Il porte toujours son marteau, sa hache et son burin à la ceinture et moi en guise d’arme, j’ai toujours mon sabre. En silence, nous jetons un dernier regard vers Oranan avant d’emprunter la route qui part vers les montagnes.


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Modifié en dernier par Oljyn le ven. 1 févr. 2019 14:15, modifié 1 fois.

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Vohl Del'Yant
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Vohl Del'Yant » jeu. 31 janv. 2019 18:24

Lorsqu’il arrive au niveau de la porte Est d’Oranan, un soupir de soulagement s’échappe de ses poumons, Vohl s’autorise à souffler un peu et à ralentir le rythme, quitte à être plus trempé que nécessaire par la bruine. Quelques mètres plus loin, à l’abri des intempéries, le jeune Hïo attend une éclaircie. Il est équipé d’un petit poney, auquel est attelée une petite remorque.

Vohl s’approche et s’éclaircit la gorge. Le forgeron tourne la tête vers lui, sur laquelle une moue mi déçue, mi blasée se dessine.

« Je suis Kage No’Otoko et… »

La surprise efface la moue de son visage expressif.

« Vous voilà enfin ! Je vous ai attendu toute la journée, hier ! »


L’envie lui faire comprendre qu’il n’y est pas pour grand-chose à l’aide d’un bourre-pif bien senti lui titille l’encéphale, mais il tâche de faire taire la colère dans laquelle le forgeron n’a encore aucune part. Le temps de se calmer, Hïo lui coupe une nouvelle fois la parole.

« Je… »
« Mon frère répétait que vous deviez avoir un empêchement et que vous ne tarderiez plus, mais vous n’arriviez pas… »

Le forgeron, un peu plus jeune que Vohl, semble éprouver du soulagement à l’idée que son protecteur l’ait enfin rejoint. L’assassin s’accroche à cette impression pour tolérer l’exubérance de l’adolescent excité.

(Takoido ressemble de plus en plus à un grand frère poule.)

Vohl place les paumes en avant, comme pour se rendre lors d’un combat qu’il a déjà mené il y a quelques minutes et dont il n’a pas envie de prendre à nouveau le chemin.

« Ecoutez, je m’excuse platement de mon retard. J’ai été pris au dépourvu par certains évènements, et j’ai du retarder notre rencontre… »
« Oh, tutoyez-moi ! Je suis plus jeune que vous ! »

Le visage de son interlocuteur est jovial et détendu, mais le protecteur est mal à l’aise : malgré sa jeunesse, le forgeron est expert dans son domaine. Il aura du mal à le tutoyer, aussi cordiaux que soient leurs rapports. Il accepte tout de même, plus par politesse et pour s’excuser d’avoir mis tant de temps à venir que par réelle adhésion.

« Entendu : ce sera plus facile ainsi. Mais je te prierai de faire également abstraction de la légère différence d’âge. Tutoies-moi également. »
« J’attendais que tu me le proposes…Bon, puisque tu es là, autant y aller non ? »

Vohl répond avec un sourire.

« J’attendais que tu me le proposes. »

Une expression sardonique plus tard, Hïo remarque un point qui semble lui poser problème.

« Tu n’as pas de monture ? Tu peux te mettre dans la remorque, mais… ça ne sera pas confortable. »

Le poney, court sur pattes mais puissamment bâti, semble en effet pouvoir le tracter s’il se met dans la charrette.

« Je vais marcher à côté de toi. Si nous passons à côté des écuries, je pourrai récupérer Mahô. »
« Ta quoi ? »
« Mahô. C’est le nom de ma monture. »
« Oh, je vois ! »

A la tête du jeune homme, Vohl comprend qu’il trouve le nom pour le moins étrange, mais qu’il n’en dira rien, par respect de la politesse oranienne. Puis ce dernier hoche la tête.

« Nous allons passer par là-bas, de toutes façons. Nous pourrons récupérer ta Hô. »

L’erreur de compréhension du jeune forgeron passe inaperçue auprès de son protecteur, et Vohl aimerait enchainer sur le sujet de la cartographie. Son protégé semble avoir un plan en tête, mais ce n’est peut-être pas le bon moment pour aborder cette partie. Si quelqu’un les écoute, connaître le tracé que le jeune forgeron a décidé pourrait le mettre en danger. Le garde du corps se contient donc, bien que la curiosité lui brule la langue. Il préfère l’interroger sur l’utilité de la charrette. Après tout, s’il s’agit du métal de Rana, la quantité nécessaire pour ouvrager une arme ou une portion d’armure doit être aisément transportable ?

« Eh bien, la dernière fois que je suis allé chercher de la faerunne, j’avais tenu le même raisonnement. Mais au final je n’avais eu de quoi forger que quelques pièces, et encore, en liant la faerunne avec un autre métal. Cette fois-ci, cette astuce m’est interdite si je veux impressionner les juges ! »
« Le Conseiller m’a parlé de cette aventure. Tu étais avec Cherock’O Fall, n’est-ce pas ? »
« Exact ! C’est un ami d’enfance ! Il est devenu connu maintenant : entre le Marteau de Valyus et la Kizoku-Rana, il doit lutter pour mettre ses bottes… blague à part, c’est un ami précieux. Il m’a sauvé la vie à plusieurs reprises lorsque nous étions sur la piste de la faerunne. »

Sentant que l’on s’approche du sujet de la destination, Vohl tend la main vers l’extérieur des murs.

« Ça semble se calmer légèrement ! Nous y allons ? »
« Tu as raison : nous avons de la route à faire. » , dit-il en claquant les rênes du petit équidé. « Hue, Nacabis ! Nous allons avoir le temps de discuter ! »

Vohl n’a pas de doute là-dessus : il prie plutôt pour que le jeune homme soit moins volubile la nuit que le jour. Il est toutefois satisfait du caractère jeune et dynamique de la tête blonde…qui n’a de blonde que le nom, au vu de la masse noire remontée en un chignon, trait caractéristique du peuple d’Ynorie. Le jeune homme est jovial, peut-être un peu trop excité par le début de l’aventure, mais cela se calmera sans doute après quelques jours de voyage. Et…Vohl doit bien admettre qu’avec la succession d’évènement, son retour à Oranan chamboule un peu ses émotions, à lui aussi.

(Je n’arrive pas à réaliser que je participe réellement à cette compétition. Qui l’eut cru, il y a encore quelques semaines ?)

Quelque part, le protecteur est soulagé que sa mission commence véritablement. Et qu’il soit descendu des chapeaux de roues qui ont marqué le début de l’aventure. Un brin de calme lui permettra de complètement récupérer de la nuit passée. Les essieux peinent un peu à trouver un appui, puis l'ensemble du chariot se met en branle et l'attelage s'éloigne enfin des remparts que n'auront abrité Vohl que le temps d'une nuit. Il s’engage à nouveau sous la pluie fine, sortant de l’abri que procurent les deux tours gardées et les remparts de la ville. Les gardes, qui ont reconnu le fils Himatori, laissent passer l’escorte sans plus d’attention.

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Faëlis
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Faëlis » sam. 30 mars 2019 15:44

Le voyage aurait été paisible sans les innombrables questions d'Aliéna. La jeune femme ne voulait pas vraiment le croire quand il affirmait ne pas comprendre qui pouvait ainsi chercher à l'imiter. Selon elle, il ne devait pourtant pas y avoir tant d'elfes dans la région ! Il devait bien s'agir de quelqu'un qui le connaissait, et le suivait. Ce à quoi l'elfe répondit que, manifestement, ils étaient même devancés...

Il savait qu'en proposant son aide aux Amants de la rose sombre, il s'était engagé dans une partie dont il ignorait nombre de règles. Quelqu'un cherchait-il à retrouver Cromax avant lui ? Ou s'agissait-il de sa mère, veillant sur lui à distance ? Mais pourquoi mettre en place un système si compliqué ?

Ces questions le tourmentaient encore lorsqu'ils arrivèrent à Oranan. La ville était imposante, et puissamment fortifiée mais, comme aux petit village d'Ishikawa, l'architecture avait quelque chose de déroutante, avec ses toits délicatement recourbés, soutenus par des poutres rouges, le plus souvent en bois. Il en émanait une impression d'élégance martiale dont le jeune elfe tomba aussitôt amoureux. Il était rare qu'une ville exprime aussi bien ce mélange de force et d'élégance qui était pour lui la marque d'une vraie beauté.

Bien sûr, il n'y avait rien de surprenant à cela : l'Ynorie était une république, modèle utopique et bienveillant, qui devait faire face aux nombreux assauts des forces d'Omyre. Et de ce qu'il en savait, la ville n'était jamais tombée. Peuple fier et hardi, les ynoriens cultivaient leur indépendance avec ardeur.

Les armoiries de la ville, un cercle égalitaire bordé d'acier, comme pour en assurer la protection, de couleur verte et contenant deux grandes ailes argentées, dominaient les portes de la ville. Ils durent s'arrêter quelques minutes, le temps d'un contrôle mené par des gardes aux armures sophistiquées et élégantes. Comme toujours, dans une ville si près du front, les contrôles étaient draconiens, quitte à devoir ralentir le trafic. Personne ne pouvait entrer sans être fouillé, et les tours puissantes qui entouraient les portes laissaient entrevoir des archers aux aguets. C'était impressionnant, car il n'y avait à priori aucune menace imminente. Mais comme les gardes de la porte, les archers accomplissaient leur devoir comme si chaque jour pouvait être le dernier.

Aliéna n'était pas à l'aise, mais les gardes ne semblèrent pas y prêter trop attention. Ils contrôlèrent ses armes et signalèrent, comme à Faëlis, que les tirer en ville leur attirerait de graves ennuis. La milice et l'armée n'étaient jamais loin... Mais comme ils ne trouvèrent rien d'autre de suspect, ils les laissèrent entrer...

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Hatsu Ôkami
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Hatsu Ôkami » lun. 15 avr. 2019 23:44

La routine du voyage reprit, les jours recommencèrent à défiler jusqu’au moment où, au détour d’un virage, les hautes murailles de la ville apparurent enfin, signifiant la prochaine fin du voyage pour les deux compagnons de route. Il leur fallut encore plusieurs heures pour les atteindre. La jeune femme quitta le chariot et enfourcha Yoru, chevauchant à côté du forgeron pour, selon elle, « avoir l’air d’une vraie escorte », tirant un sourire au forgeron. Ils se firent arrêter par les gardes de la ville qui voulurent inspecter leur chariot, s’attirant les foudres du forgeron malgré les recommandations d’Hatsu. Voyant que le forgeron déclinait haut et fort leurs identités et ce qu’ils transportaient en attirant les regards de toutes les personnes alentours, elle soupira en se pinçant l’arête du nez.

- Onoda… ils font leur travail…

- Et bien j’aimerais pouvoir faire le mien voyez-vous !

Les deux gardes, quelque peu décontenancés par l’agression verbale dont ils avaient été victimes sur ce qui était pour eux un simple contrôle de routine, attendirent qu’Hatsu ne parvienne à calmer le forgeron avant de laisser entrer le chariot au plus vite pour éloigner le fou furieux qui le dirigeait, remerciant du regard la jeune femme qui leur offrit un sourire désolé. Elle accompagna alors le forgeron à travers la cité, retrouvant avec bonheur les larges et belles rues de sa ville natale. Bouhen souffrait la comparaison dans son esprit, Oranan était la plus belle ville du monde à n’en point douter. Lorsqu’ils furent enfin devant la forge d’Onoda, Hatsu mit pied à terre, voulant l’aider à décharger le chariot, mais une demi-douzaine de jeunes hommes et femmes apparurent comme par magie pour saluer le forgeron à grand coup de titres honorifiques pompeux, avant de vider le chariot en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Un peu circonspecte, la jeune ynorienne se tourna vers le forgeron qui affichait un large sourire.

- Vous pensiez que je travaillais seul ?

- Je ne sais jamais à quoi m’attendre avec vous…

Il y eut un silence gênant, aucun des deux ne souhaitant prendre la parole. Après de longues minutes, ce fut finalement Onoda qui se lança, surprenant la jeune femme en s’inclinant devant elle.

- Je vous remercie pour m’avoir protégé durant ce dangereux périple, Ôkami. J’aimerais vous remercier…

- Faites de votre mieux pour remporter la compétition et je m’estimerais satisfaite. Et vous n’aviez pas à…

- Je sais. Je prends sur moi, alors soyez en heureuse nom d’une enclume !

Le léger rire de la jeune femme lui tira un sourire.

- C’est demandé si gentiment, comment refuser ? Bonne chance Onoda, je compte sur vous !

- Lorsque j’aurai gagné, j’espère recevoir les félicitations qui s’imposent, Ôkami.

- Et quelles sont ces félicitations que vous souhaitez ?

Le haussement de sourcil suggestif du forgeron fit soupirer la jeune femme qui croisa les bras d’un air exaspéré.

- Ne rêvez pas. Vous êtes trop vieux et pas du tout mon genre.

Le forgeron ne se départit pas de son sourire, prenant cet air théâtral dont il avait le secret.

- Vous m’en voyez vexé. J’imagine que vous préférez les mystérieux hommes protecteurs… Tant pis, je ne souhaitais rien d’autre. Partez à présent, mon cœur saigne !

Il la congédia d’un geste exagérément pompeux. Soupirant pour la forme, la jeune femme remonta sur son cheval, tournant une dernière fois la tête vers le forgeron.

- Tant pis… moi qui allais vous proposer un fougueux baiser d’adieu…

- NANI ?!

La réaction exagérée du forgeron lui tira un sourire et elle s’éloigna après l’avoir salué plus sobrement, l’entendant nettement retourner vers son atelier en hurlant des ordres pour qu’il puisse se mettre au travail. Ils savaient tous les deux que ce n’était qu’un jeu pour éviter une situation pleine de malaise, mais la jeune femme espérait au fond d’elle que personne n’avait entendu cela, les rumeurs iraient bon train sinon, les gens ayant tendance à tout prendre au pied de la lettre lorsqu’il s’agissait de ragots ou de phrases sorties de leur contexte.

Elle prit la direction de la demeure familiale, une légère appréhension se lovant dans son estomac à l’idée des retrouvailles avec ses parents. Elle profita néanmoins de sa solitude nouvelle pour flâner un peu, redécouvrant avec plaisirs les senteurs des plantes, la beauté des fontaines, statues et ornements typiques de sa ville natale. Si elle prenait son temps, ce n’était pas uniquement pour profiter du retour en ville, mais surtout pour réfléchir à comment confronter ses parents. Elle avait passé un long moment loin du cocon familial. Elle s’était battue, blessée, avait tué et elle redoutait de devoir expliquer tout cela, de devoir retourner à une routine monotone avant de devoir se plier aux exigences d’un autre qu’elle n’aimait pas. Non, décidément, elle ferait selon sa propre volonté. Elle allait faire éclater la vérité et, si pour cela, elle devait se mettre une autre famille à dos, elle le ferait malgré tout, quitte à sacrifier sa condition de noble. Elle serait libre, c’est tout ce qu’elle voulait.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
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Vohl Del'Yant
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Vohl Del'Yant » ven. 19 avr. 2019 00:11

Les jours dans les plaines se seront déroulées dans un tout autre contexte que leur passage précédent ! Les champs sont soumis au rude réveil par les socs de charrue, les rizières sont retalutées pour maintenir l’eau qui s’accumule dans les bassins suite à la fonte de la neige et au regain de vie des rivières. Avec l’agriculture, c’est également un pan de l’économie oranienne qui se réveille : marchands, passants et pèlerins tiennent désormais compagnie aux rondes de milice et des soldats réglementaires. A chaque fois qu’ils croisent ces derniers, Vohl fait profil bas. Quoi qu’ait pu lui dire Hïo, il aurait préféré arriver de nuit.

(“Parce qu’arriver de nuit, ça ne te semble pas suspect ?”...si, bien sûr. Bon sang. Voilà que je reçois des leçons de prudence par celui qui n’avait pas toléré de contradiction pour l’idée de partir chez Oaxaca. Reprends-toi, Vohl.)

Mais il faut reconnaître au forgeron qu’il prend ses précautions pour soulager son protecteur de ses craintes : se mettant en avant, il laisse son protecteur dans son ombre, effaçant presque sa présence. Sa participation à l’évènement a fait des émules, et nombreux sont ceux qui le reconnaissent. Certains lui adressent des signes de mains, et d’autres se montrent plus entreprenants.

“Rana vous accompagne, Himatori ! On dit que la clef cette fois est une lance de chevalier !”

D’autres s’approchent et sur un ton de conspirateur lui sussurent des propositions. La plupart sont malhonnêtes et d’autres tout simplement illégales. Une femme d’un certain âge, présentant les signes d’une vie difficile et les stigmates des efforts qu’elle lui a couté, va même jusqu’à présenter ce qui n’était ni plus ni moins qu’une proposition de services mutuels.

(Tout n’est pas rose, même dans la cité de la République.)

Mais le comportement du forgeron semble artificiel à son protecteur. Une sorte de flegme apparaît à mesure qu’ils approchent de la cité. L’excitation qui le tenait lors de leur départ a fait place devant la concentration et une certaine distance. Comme s’il protégeait une idée de peur qu’elle ne s’échappe malencontreusement de ses lèvres. Le changement d’attitude n’est pas pour déplaire à Vohl.

Ils finissent par franchir, après un ultime champ de Kochii, l’intersection qui les amène droit vers la porte oranienne. Les gardes échangent un regard interloqué à la vue du forgeron. Vohl regarde le forgeron avec un œil neutre. Une chose lui saute soudain aux yeux. Avec toutes les épreuves qu’ils ont traversées, leurs deux tenues sont tâchées de sang, sales et, pour ne rien arranger, doivent puer au moins autant qu’un troupeau de kaeashs. Un piètre accoutrement face aux majestueux remparts de la cité qui les dominent désormais. Vohl comprend toutefois mieux la réaction des soldats. Il baisse les yeux, comme un modeste serviteur à côté d’un noble en selle. Une attitude qui colle à la perfection à la posture de Hïo, droit sur son destrier. Malgré la tenue aussi sale que n’importe quel mendiant, sa posture digne indique la fierté d’un lignage d’une importance capitale dans la ville oranienne.

“Hïo Himatori ?”

“C’est moi.”

“Bon retour !”

“Des rumeurs courent sur votre mort.”

Le forgeron lève un sourcil étonné, avant de répondre dans un sourire de circonstances :

“Eh bien, navré d’apporter d’autres nouvelles.”

“Ha ! Votre frère serra ravi de vous revoir ! Il nous a fait part d’un certain agacement à devoir se charger des livraisons.”

“Votre langage vous rend honneur, soldat. Mon frère s’est sans doute exprimé dans des termes moins courtois !”

“Hmrm. Enfin. Vous pouvez passer !”

Les deux compagnons passent les portes. Vohl prend une bouffée de l’air d’Oranan. Le cœur en paix se fige.

“Oh, attendez un moment ! ”

L’un des soldats s’approchent d’eux, l’air suspicieux. Vohl se prépare à fuir. Le répit n’aura pas duré longtemps.

“Dites...vous avez ... ce que vous vouliez ? J’ai un pari en cours avec mes amis...”

Vohl se détend. Hïo se gratte le début de barbe qui lui décore désormais le menton, comme s’il hésitait à donner la réponse.

“Oh...oui, soldat. Vous pourrez dire que ceux qui ont parié contre moi ont eu une bien mauvaise intuition.”

“J’en suis le premier ravi, sire Himatori !”

“J’ose espérer que vous miserez sur moi pour le pari suivant ?”

“Haha...ce sera un pari risqué mais prolifique si vous l’emporter, forgeron ! Les cotes sont pour le moins en votre défaveur.”

“Ah ? Et pourquoi donc ?”

“Sire Onoda est rentré il y a quelques jours. Et...il était accompagné d’une compagnie plus... convaincante que la vôtre.”

Un regard l’air de rien vers Vohl indique sans faillir le sujet de ses propos. Le mercenaire en profite pour baisser davantage la tête, comme abattu par la remarque.

(Hatsu Ôkami. Elle est rentrée !)

“Sachez que j'aurai tout le temps de laisser parler mon art et mon enclume, soldat. Et apprenez que Kage a ouvert une brèche dans les défenses oaxiennes, dont les Kendrans seraient bien bêtes de ne pas profiter. Et défait l’unité d’élite envoyée pour m’éliminer par la déesse noire.”

“Vraiment ?”

Le soldat n’en croit semble-t-il pas un mot. Le ton de la voix ne lui disant rien, il s’autorise une vengeance mesquine pour ce manque de foi. Laissant ses yeux retrouver l’éclat sauvage de son dernier combat, il retrousse sa lèvre supérieure sur ses dents en une parodie de sourire, donnant un spectacle d’halluciné en pleine soif de sang. Il se place dans une position de profil. La garde de l’escrimeur. L’une des premières gardes apprise à l’école militaire. Le garde retient de justesse un mouvement de recul mais détourne les yeux, perturbé.

“Vraiment. Est-ce tout ?”

“...Pardon. Oui, forgeron, vous êtes bien sûr libre de circuler. Bonne chance pour la suite...je miserai peut-être sur vous.”

“Parfait ! J’espérerai alors que cet investissement vous rapportera !”

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Faëlis
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Faëlis » jeu. 16 mai 2019 18:09

L'elfe trépignait devant les portes, sous le regard impassible des gardes qui stationnaient un peu plus loin et les observaient du coin de l’œil. L'immensité des plaines ynoriennes l'attendait, mais sa nouvelle compagne de voyage n'était pas là.

« On dirait que tu as oublié d'aller aux toilettes... » ricana Aliéna.

« Et toi, tu t'es grillée. »

« Quoi ? »

« Tu crois que dire qu'il n'y a rien à savoir à ton sujet va la convaincre de ne pas se poser de questions ? »

Elle haussa les épaules :

« Si elle en pose trop, je la tue. »

Réponse évidente, du moins pour elle, aussi l'elfe insista avec un regard lourd :

« Si tu commets des crimes en ma présence, je serais forcé d'intervenir. »

Il s'attendait à une nouvelle raillerie, mais non. Elle lui répondit par un regard lourd, et n'ajouta plus un mot. Ils restèrent donc là, à attendre Madoka. Une attente qui ne fut pas longue car, subitement, elle était là ! Passant devant eux, elle se moqua :

« Allez allez, je n'attends plus que vous ! »

Faëlis laissa échapper un soupir à fendre l'âme avant de lui emboîter le pas. Un bon archer se tien en retrait, ce qui est, tout à fait accessoirement, une bonne position pour admirer le postérieur des individus qui passent en tête. Aliéna, parfaitement au courant de cela, se plaça derrière lui pour échapper à son regard...

… ou pour satisfaire le sien ?

Bon, mieux valait ne pas y penser. Il préféra s'adresser à la guide :

« Mais dites-moi, comment connaissez-vous la région du palais ? C'est un endroit très fréquenté ? »

D'après elle, il n'y avait pas grand monde, mais elle avait passé son enfance dans la région, dans une petite garnison. Elle changea assez vite de sujet pour demander si c'était une particularité culturelle elfique de courir à l'aveugle à la rescousse d'un compatriote. Faëlis éclata de rire :

« Que voulez-vous, je suis un protecteur : ma tâche est de protéger ! Rares sont ceux qui se risquent en dehors de l'Anorfain et, pour être honnête, protéger celui-là est tout simplement ma mission. »

Aliéna sursauta, il sentait son regard fixé sur lui. Tant mieux, il avait pas mal de choses à rattraper.

« Qu'y a-t-il mon amie ? Mon jeu d'acteur de fils de noble rebelle était convaincant, non ? Mais je préfère jouer franc jeu ici. Je risque ma carrière avec celui-là, et vous, vous avez beaucoup d'argent à y gagner. Je ne peux pas vous en dire plus, mais faite moi confiance. Je n'ai aucun intérêt à vous mentir. »

Il adressa un sourire radieux à Madoka :

« Nous sommes d'accord ? »

Elle se mit à marcher à reculons devant eux. Elle les inspectait sous toutes les coutures, avec une curiosité insouciante, tout en lui faisant remarquer qu'elle n'était pas intéressée par les richesses mais plus par les échanges de bons procédés. Voilà qui était intéressant. Il se doutait bien qu'elle devait lui cacher des choses. Sur un ton plus comique, elle lui demanda comment on devenait un noble rebelle. Tout en continuant à marcher vers elle, il fit sa plus élégante révérence :

« Pour ma part, en jouant le rôle d'un jeune abruti dans une cour royale. »

Avec un petit sourire, il ajouta :

« Et vous, comment obtient-on le déguisement de guide de montagne quand on est une charmante jeune femme ? »

Dessinant doucement les formes de son corps, elle expliqua qu'elle avait accompli plusieurs missions d'escortes récemment, ce qui avait amené au bouche-à-oreille guidant notamment l'elfe vers elle. Elle n'avait certes pas le physique de l'emploi, mais s'y connaissait bien assez. Elle avait ainsi déjà traversé du désert de l'ouest, en Imiftil, mais ne mentionnait rien dans les montagnes ynoriennes, ce que releva le jeune homme.

« J'espère que vous connaissez aussi bien les montagnes que le désert. Seriez-vous disposée à accélérer la cadence ? J'ai l'habitude de voyager en courant. »

Aliéna renifla, sans doute mécontente de cette conversation qui l'ignorait :

« De toute façon, vous n'arriverez jamais à me rattraper... »

En réponse, la guide les guida vers un chemin de traverse et les invita à se mettre au pas de course. Faëlis lui emboîta le pas sans hésiter. Aliéna, bien sûr, avait son propre moyen pour voyager, et l'elfe ne fut aucunement surpris de voir un célérian passer au-dessus d'eux dans un tourbillon de plumes bleues !

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Madoka
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Madoka » ven. 17 mai 2019 22:51

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Impossible de manquer les deux silhouettes à quelques mètres devant les portes, sous le regard curieux et sceptique des passants. La femme et sa chevelure blanche, l'Hinion et sa tête qui dépasse largement les hommes de mon pays ne passent pas inaperçu, d'autant plus que l'elfe danse d'un pied sur l'autre. De loin, je les vois discuter, trop loin pour lire le mouvement de leurs lèvres, surtout de profil ; la femme pince le nez et ricane tandis que lui ne se dépare pas de son air préoccupé. Lorsque j'arrive à quelques mètres, je lis sur les lèvres de l'elfe l'avertissement qu'il donne à sa compagne, lourd de sens, la prévenant qu'en cas de crimes commis en sa présence, il serait forcé d'intervenir.
Je lève les yeux au ciel et défie les esprits méconnus du destin de m'avoir mis un paladin sur mon chemin, ou un de ces enfiévrés redresseurs de torts au cul serré et aux mœurs de jeunes pucelles. Je les salue d'une révérence bien de chez nous et les dépasse de quelques pas avant d'entonner avec entrain.

« Allez allez, je n'attends plus que vous. »


L’elfe soupire, encore que le mot ne suffise pas. Son soupir donne l’impression qu’il expulse toutes les émotions négatives de son corps afin qu’elles répondent à sa place … ou qu’elles transmettent un message que la convenance ne permet pas de prononcer. Il m’emboite le pas et reste en retrait à deux pas de moi tout au plus. D’un coup d’œil dans mon dos, j’aperçois la jeune femme à un pas derrière l’elfe. Une étrange file que voilà, telles trois chenilles ayant dévié de leur procession.
Cela ne l’empêche nullement d’entamer la conversation, se demandant comment sa guide connaissait la région et si le palais était un endroit fréquenté.

« Oh non, on peut même dire que le palais n’est fréquenté que par ceux qui le connaissent déjà. La région est peu peuplée, surtout des hameaux entourés de champs, de rizières et d’élevages ou des villages de pêcheurs. Il y a aussi une garnison un peu plus au sud, là où j’ai passé du temps, enfant, assez pour vous guider jusque là bas plus vite qu’en prenant la route. » Disant cela, je m’apprête à rajouter un mot à propos de l’elfe qu’on poursuit mais me souviens qu’il ne le connait pour ainsi dire pas alors qu’il semblait et semble encore presque prêt à partir seul à sa poursuite.

« Mais dites-moi, dis-je ensuite pour reprendre la formule de l’elfe, c’est une particularité de votre culture que de partir à la rescousse d’un compatriote à l’aveugle ? »


Ma question le fait rire aux éclats. Un rire clair et cristallin qui marque à mes oreilles un réel amusement. Il m’annonce être en fait un protecteur, de ce ton spécial où se mêlent évidence et justification ; et qui me laisse penser qu’il l’est d’une toute autre manière que moi lorsque j’escortais le forgeron Sinari. Il fait de la protection de cet elfe en particulier une mission, ou plus précisément, simplement sa mission. Peut être n’est-ce que son tempérament qui le pousse à se hâter ainsi car, comme il me l’apprend, rares sont les Hinions qui s’aventurent en dehors de l’Anorfain, une région qui paraît-il cache une cité millénaire.

Je le vois tourner la tête vers celle qui l’accompagne et qui vient de réagir brusquement aux propos de Faëlis, mais son attitude ne me permet pas à elle seule de comprendre quels mots lui valent ce sursaut et de regard crispé. La surprise d’apprendre quelque chose qu’elle ne connaissait pas ? Le mécontentement de le voir répondre à une question pour le moins anodine en apparence ?
De la même manière qu’un farceur enlève son masque, il dévoile une vérité à Aliéna dont je ne saisis qu’en partie le fond, dans laquelle il semblerait avoir joué un fils de noble rebelle. Un jeu d’acteur convainquant si on en croit les propos de Faëlis et la réaction de la jeune femme mais il souhaite maintenant jouer franc jeu car, dans cette mission, il risque sa carrière de protecteur.
Un coup d’œil de sa part sous-entend que l’argent qu’il y a à gagner n’est pas destiné qu’à moi mais bien à toutes les deux. Moi qui les pensais plus ou moins compagnon de route, il semble qu’elle a des intérêts différents dans cette affaire qu’une simple solidarité ; cela expliquerait certains de ses mots ou certaines œillades méfiantes à mon égard.
Faëlis insiste sur la confiance que je peux avoir envers lui, qu’il ne peut certes pas tout dire sur lui ou sur sa mission mais qu’il n’est pas là pour mentir. Le sourire étincelant qui suit n’est adressé qu’à moi, lorsqu’il requiert mon acquiescement.

« Ma foi … Votre Grâce, dis-je d’un air taquin en clignant de l’œil, je ne suis que votre guide, je n’ai rien à exiger quant à votre honnêteté. Si à un moment ma curiosité naturelle vous met dans l’embarras, n’y répondait pas, je ne m’offusquerais pas. Et puisque vous avez relevé ce point, je ne veux pas d’argent, c’est impersonnel … j’ai pour habitude de m’entendre sur des échanges de faveurs, que nous aurons tout le loisir de négocier en tête en tête. »

Je me retourne pour lui faire face et sautille en marche arrière en plissant les yeux d’un air amusé.

« Vous m'intriguez Messire Rebelle. Comment en devient-on un ... Vous avez refusé un mariage arrangé ? »

Ne se départissant pas de sa bonne humeur, il exhibe une révérence élégante et gracieuse, plus aérienne que la nôtre. S’il devait en enchaîner plusieurs, je paris qu’il pourrait s’envoler mais ainsi, tout en marchant, c’est une exhibition agréable à regarder.
Il est devenu ce noble rebelle en jouant les abruti à la cour royale … une réponse somme toute très vague, surtout qu’il y a mille façon de jouer les idiots et plus encore d’y répondre. Dans mon monde, généralement, les idiots se font croquer tout cru ou manipuler pour être mangé à point ; les faux idiots en revanche, on ne sait jamais ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent ou ce dont ils sont capables … comme le bâtard shaakt que j’ai laissé aux portes de la ville.
Il laisse en suspens cette image décalée et dérangeante d’un Hinion décadent jouant au fou du roi et me retourne la question sur mon paraître, se demandant comment une charmante jeune femme obtient le déguisement de guide de montagne. La perspicacité du terme choisi m’amuse beaucoup, le jeu de dupes m’amuse toujours et il semble ne pas être offensé par ce qui pourrait être pris pour une duperie ou un piège.

« Vous avez remarqué ! Dis-je en passant le bout de mes doigts le long de mon corps pour confirmer son affirmation et prolonger cette apparence charmée, avant de répondre d’une voix très studieuse. Et bien j’ai œuvré pour le grand Conseil d’Oranan, j’ai fait traverser le désert de l’Ouest à un Sinari afin qu’il trouve un métal précieux, et l’ai ramené ici, en vie ; le bouche à oreille a très vite fait le reste … vous en êtes la preuve puisque vous êtes venus me voir. Mais je vous concède ce point : je n’ai pas la tête de l’emploi, il me manque une certaine … taciturnité. »


L’ Erementarīfōji est un événement majeur dans notre ville, peut-être aurais-je pu mieux insister sur ce détail afin qu’il se penche sur la récence de ma réputation. Son attitude envers cette révélation aurait été particulièrement intéressante pour juger du degré d’abrutissement dont il sait faire preuve, même en situation hasardeuse. Mais il est déjà trop tard, son sérieux revient ternir sa jovialité … quel drôle de métier que protecteur, on dirait qu’à terme on devient seulement pressé et inquiet pour les autres, quel ennui.
Son aspiration à évaluer ma connaissance de mes montagnes comparée à celle du désert marque une fin prématurée à nos échanges de faux-semblant et nous devrons attendre pour savoir lequel des deux s’amuse le plus à manier le faux pour approcher du vrai.
Un mal pour un bien, cependant, car nous approchons d’un chemin de terre qui s’éloigne de la route principale pour s’enfoncer dans les terres.

« Vous lisez dans mes pensées, dis-je lorsqu’il propose d’accélérer la cadence. Par ici commence la course contre votre compatriote. J’écarte du bout du pied des ronces pour dévoiler un sentier étroit serpentant à travers le bois délimitant plusieurs domaines d’élevage et de cultures. Le pas de course sera obligatoire de nombreuses fois, mais pour l’instant, pensez à baisser votre royale tête. Évitez les démonstrations inutiles de vitesse, je n’irais pas chercher celui qui se sera perdu.»

Cependant, le grommellement de la jeune femme m'indique clairement qu’elle préfèrera n’en faire qu’à sa tête. Une fois les buissons de ronces passés, je me lance au pas de course, autant pour leur faire plaisir que la nécessité de gagner du temps sur la première journée déjà bien entamée. Dans mon dos, j’entends distinctement le battement d'ailes d'un volatile énorme en plein envol. Un oiseau blanc et noir aux reflets bleu ciel pourfend les hauts buissons pour s’élever au dessus de nous, majestueux et immense.
Modifié en dernier par Madoka le sam. 29 juin 2019 15:09, modifié 2 fois.

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TheGentleMad
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Re: Les Portes et Remparts

Message par TheGentleMad » lun. 20 mai 2019 21:52

-----K-----


Dès le départ du camp, Tanahashi entreprit de raconter à Kurgoth, qui s'en moquait royalement, ce qui s'était passé dans sa vie depuis leur dernière rencontre. Sauvé in extremis par des bandits qui l'échangèrent contre une rançon, le sergent raconta s'être battu contre vent et marée avec sa hiérarchie pour rester dans l'armée malgré sa jambe en miettes. Il aurait, grâce à sa détermination, réussi à rejoindre la cavalerie en prenant du galon. Si le garzok ignorait totalement les histoires du nouveau major, préférant surveiller que personne ne touche à ses affaires, transportées par le cheval du garde qu'il avait décapité, l'ynorien déversait à longueur de journée son fiel aux oreilles de son prisonnier, le traitant, lui et les siens, de bêtes qu'il faudrait exterminer. Traîné derrière le cheval du major Tanahashi tel un trophée de guerre, le barbare avait pour seul repos les arrêts nocturnes durant lesquels, s'il était uniquement nourri avec les restes des soldats et constamment surveillé, au moins échappait-il aux insultes du major.

Les soldats, s'ils n'étaient pas aussi virulents que leur chef, crachaient bien volontiers dans leurs restes avant de les lui servir et s'amusaient à le réveiller la nuit lorsque l'ennui les gagnait. Kurgoth endura ces mauvais traitements en montrant aussi peu de réactions que possible, afin de ne pas satisfaire les humains. Le voyage, durant lequel le garzok ne vit aucune fenêtre pour s'échapper, traversa de larges champs cultivés avant d'atteindre la capitale. Le convoi l'escortant avait la fâcheuse tendance d'attirer les regards. Si les soldats, et en particulier leur chef, semblaient l'apprécier, Kurgoth nettement moins. Ces passants, victimes perpétuelles des guerres sans moyen de s'en prémunir, s'agglutinaient à leur passage pour déchaîner sur le prêtre de Thimoros, par jets de pierres et crachats, leur haine et leur colère. La plupart du temps, un rugissement et un brusque mouvement dans leur direction faisaient fuir la majorité des badauds qui, même après s'être regroupés, se montraient moins agressifs. Lorsque cela ne suffisait malheureusement pas, notamment à cause de son escorte qui réagissait aussi promptement que possible, ses réactions ne faisaient alors qu'encourager les miséreux, qui redoublaient alors d'ardeur dans leurs attaques.

Mais tout cela restait supportable et presque insignifiant pour Kurgoth, surtout en comparaison ce qu'il voyait grandir devant lui. Petit à petit, la capitale de l'Ynorie, Oranan, émergeait des collines et se déployait sous les yeux du garzok. Elle n'était pas aussi imposante qu'Omyre, mais bien plus inquiétante, puisque toute sa population allait, il le savait, lui être farouchement hostile. Surveillé comme il l'était, il n'eut aucun problème à entrer, Tanahashi le déclarant simplement comme un prisonnier de guerre à interroger. Cette ville, toute entière, serait désormais sa prison. Avant même d'en franchir les portes, n'ayant pu se soustraire à son escorte, le barbare n'avait plus, pour seule option, que d'observer ce qui l'entourait, les murs, les tours, les gardes et les rues afin de préparer sa fuite à venir.
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Alfryda Bröhm
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Alfryda Bröhm » lun. 17 juin 2019 16:45

La nuit avait été longue et pénible après la nouvelle d'hier soir. J'avais à peine fermé l’œil, l'esprit tiraillé entre la frustration de ne pouvoir remplir mon premier travail et la colère de l'apprendre par l'intermédiaire d'un bête parchemin. Bragarr n'avait pas eu le courage de me l'annoncer - à moins qu'il n'ai pensé que je n'en vaille pas la peine, ce qui ne fait qu'attiser le mépris que je ressens à son égard. Qu'importe, il ne sert à rien de ruminer cette histoire, je dois passer à autre chose. Ma bourse est presque vide, je n'ai aucun moyen de me payer une monture jusqu'à Mertar, sans parler des vivres et du matériel de campement. Partir seule à pied est une mauvaise idée, je n'ai pas l'intention de me faire égorger sur la route par quelques bandits de grands chemins. Il ne me reste qu'une solution : trouver un travail d'escorte auprès d'un caravanier ou d'un marchand itinérant jusqu'à Mertar. Je n'aime pas ce genre de boulots, mais il va falloir éviter de faire la fine bouche.

---------------------

Je paye la chambre auprès de l'aubergiste après une sommaire collation qui me remplira l'estomac au moins jusqu'à cet après-midi. Sans me retourner une seule fois, je me dirige vers l'entrée - ou plutôt la sortie de la ville, certaine de ne jamais reposer les pieds ici. La journée s'annonce ensoleillée et il est encore tôt, mais je reste passive après une telle dégringolade de ma fierté.

(Si je revois ce foutu ivrogne, je lui encastre mon poing si fort dans la gueule qu'il aura le nez rouge jusqu'à son dernier jour de beuverie...)

La route n'est pas encore bondée de Grands-Gens et j'atteints rapidement les portes d'Oranan, là où je me trouvais encore toute pétillante il y a quelques jours de cela.

(J'aurais aimé que l'on me dise, qu'on me prévienne que les choses n'allaient pas se passer comme prévu. Que ma mère me radote une fois encore que je fais n'importe quoi et que je n'ai rien à gagner à faire l'imbécile. Peut-être que j'aurais dû l'écouter, que j'aurais dû me marier comme elle me le demandait si souvent...)

Je reste immobile au milieu de la route, laissant quelques passants me bousculer et s'énerver de me trouver sur leur passage. L'espace d'un instant, je suis perdue dans mes pensées pour finalement pouffer de rire en repensant à ce que je viens de me dire.

(Pfffhaha.... Quelle connerie. Tant que j'aurais encore assez de voix pour gueuler, on ne me passera pas la bague au doigt ! Parole d'Alfryda, non de non !)

Revigorée, je reprends la marche et passe devant les gardes de la cité qui, comme à leur habitude, me suivent du regard jusqu'à le poser sur une personne plus louche qu'une Thorkine à la crinière de feu. J'arrive finalement à ce que j'appelle les environs de la cité, là où se font les départs à travers l'Ynorie, voir le continent. C'est ici que je suis la plus susceptible de trouver quelqu'un à la recherche d'une escorte de dernière minute ou peut-être d'un cocher si la chance me sourit. Quoi qu'il en soit, c'est à moi de me renseigner auprès des personnes qui attendent sur le côté de la route, impatient de repartir tant que le soleil est encore de la partie.

Après une vingtaine de minutes à tourner autour de potentiels employeurs, je montre pâle figure. La pêche a été mauvaise et aucun d'entre eux ne se dirige vers ma destination. Beaucoup descendent vers le sud, sud-est en direction de Bouhen et Gasansary et je commence à montrer des signes d'agacements, une nouvelle fois frustrée que les événements ne se déroulent pas comme prévue. Une partie de moi-même se demande si je n'ai pas la poisse, mais l'arrivée de nouveaux caravaniers sur le bord de la route me redonne de l'espoir et je tente à nouveau ma chance, en particulier auprès d'une humaine qui attend aux cotés de deux hommes occupés à charger son chariot de lourds sacs de graines.

"Vous êtes à la recherche d'hommes de mains pour vous escorter ?"

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Son regard se pose sur moi, elle ne s'attendait visiblement pas à se retrouver en face d'une Thorkine. Son visage dégage une fausse douceur et un véritable sérieux, caché derrière des cheveux que l'on croiraient colorés dans du sang. Les mains croisées, elle jette un oeil autour d'elle et finit par me répondre, visiblement déçue du choix qui s'offre à elle.

"Oui... Je cherche effectivement une escorte pour protéger mon convoi et son chargement. Vous êtes ?"

Je fais mine de ne pas relever ce qui a pour effet de me mettre hors de moi et me contente de glaner davantage d'informations auprès d'elle.

"Alfryda. Jusqu'où allez-vous, Dame...?"

"Madame Anya suffira. Jusqu'aux terres Thorkines, en passant par le Duché de Luminion pour y vendre mes récoltes."

"Je cherche à rejoindre Mertar, je vous propose donc mes services. J'ai l’œil pour repérer les embuscades et je suis capable de me débarrasser d'à peu près n'importe quoi. Qu'en dites-vous ?"

Madame Anya cherche ses mots, gardant sur ma petite personne un regard qui cherche la véracité dans mes propos. Je soutiens ce même regard, consciente que l'employeur est la première personne à impressionner pour gagner son approbation. Finalement, le verdict tombe.

"Hum... Ma foi, vous ferez l'affaire, Alfryda. Ces deux gaillards sont capables de défendre le convoi, mais vous ne serez pas de trop. Je paye à l'étape, vous aurez donc votre premier salaire à Luminion, puis le deuxième une fois à Mertar. Les repas sont à votre charge, mais je saurais vous trouver un endroit où dormir à l'arrière du chariot."

Voilà enfin une raison de sourire. Mon employeuse termine le chargement et j'en profite pour épousseter mes vêtements, vérifier l'état de mon couteau et me préparer à un voyage que j'espère sans encombres.
Modifié en dernier par Alfryda Bröhm le mer. 23 oct. 2019 13:57, modifié 1 fois.
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Endar
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Endar » mer. 25 sept. 2019 16:47

Si la beauté se trouvait à Oranan, Endar ne se plaisait pas à la contempler. Ni l'architecture si particulière des ynoriens avec leur toit voûté et leurs tuiles couleur émeraude ni les tapisseries ou les robes luxueuses présentées par les marchands n'intéressaient le shaakt. Si sa bourse était pleine, cela ne lui mit pourtant pas du baume au coeur après tant d'échecs et de morts consécutifs depuis ces derniers, ces derniers mois. Il avait perdu toute notion du temps à force d'avoir traversé le portail en direction de ce monde qui l'avait accueilli comme un héros, qui avait érigé une statue en son honneur et au sein duquel il avait pu considérer certains habitants comme sa famille, sa vraie famille au sens où les pathétiques humains l'entendaient. Son autre famille à Khonfas ne l'attendait guère, au contraire leur seul désir était qu'il trouve enfin la mort, que cette idiote prophétie racontant la mort de l'actuelle reine de sa cité natale de par sa main allait s'éteindre en même temps que sa vie.

Ses pas lourds, presque militaires, attirèrent rapidement l'attention sur sa propre personne. Après tout, le champion de Thimoros ne cachait nullement ses origines, et plus encore il était fier comme un paon d'avoir ce tout nouveau corps. Par moment, son ancien corps le manquait atrocement, c'était viscéral, instinctif, cependant il sentait de nouvelles forces s'accroître au sein de son enveloppe charnelle. Ses sens étaient plus aiguisés, sur le qui-vive et attendant la première occasion qu'un idiot ne lui donne un prétexte pour qu'il l'égorge. Il sentait ses muscles se tendre dans son armure de plates qui semblait avoir épousé les formes de son nouveau corps d'ailleurs. Ses ailes aux fines membranes n'étaient pas visibles, elles restaient sagement dans cette carapace que formait son plastron auréolé de pics hérissés de glace. De ses bottes glacées ressortaient, par contre, un ensemble disparate de poils couleur de jais et d'os saillants. Le spectacle était également visible au niveau de ses gantelets qui s'étaient adaptés à sa nouvelle morphologie. Son armure, ses armes constituées d'un arc splendide et d'une épée des plus banales détonaient dans l'atmosphère feutrée dont les ynoriens étaient habitués.

A ce titre, plusieurs d'entre eux le regardèrent de travers ou pressèrent leurs atroces progénitures aux yeux tout aussi bridés que leurs parents. Bien vite, la rue en direction de la porte principale d'Oranan se dégagea à son arrivée. Quelques jeunes ynoriens semblaient vouloir en découdre, mais un seul regard suffit à leur faire lâcher leurs armes de fortune et à les faire déguerpir rapidement. Deux yeux jaunes suivaient les patrouilles des miliciens qui étaient sur le qui-vive, leur main d'arme sur la poignée de leur étrange sabre. Certains eurent le malheur de croiser son regard et, il en était sûr, ils n'oublieraient pas de sitôt ces deux yeux dorés tels ceux d'un loup affamé au milieu des ténèbres. La foule s'était écartée de lui, frôlant presque les murs des maisonnées bien moins riches que ce qu'il avait pu apercevoir. Dans le brouhaha ambiant, il distingua nettement quelques questions qui revenaient sans cesse : Etait-il Endar, le fameux héros d'Aliaénon ? Qu'est-ce qu'une pourriture de shaakt fait dans notre belle cité ? Qu'est-il au juste, une abomination d'un des treize ou l'engeance d'un lointain dragon ?

A cette dernière question, il foudroya du regard les personnes qui en discutaient. Ses cornes élégamment tournées vers l'arrière, battues par sa chevelure de jais n'étaient pas l'oeuvre d'une procréation avec un dragon. Endar haïssait ces créatures reptiliennes pour leur arrogance, leur puissance et leur insoumission. Il se promit d'un jour de les soumettre, qu'importe le prix qu'il fallait payer. Un collier pour esclave, voilà la seule chose qui attendait les autres races inférieures à la sienne. Quant à être une création d'un des treize, cette assertion était véridique, mais jamais, au grand jamais, il ne se serait abaissé à baiser les pieds d'un des lieutenants d'Oaxaca. Il était le fidèle de Thimoros et il ne rendrait de compte qu'à son Dieu, même Zewen pouvait aller pourrir en enfer, ainsi ce dernier pourrait tenir compagnie à Phaïtos.

Alors qu'il franchissait le portail, des miliciens mais également des militaires manquèrent de le faire trébucher, ces derniers étant pressés à rejoindre un camp qui commençait à se dresser à la lisière de la forêt d'Ynorie. Mais ce n'était pas la première chose qui le fit tiquer, puisqu'un idiot bridé hurla: "A mort les shaakts !" Le cri de colère était vite repris par quelques dizaines, voire centaines d'ynoriens qui avaient patiemment attendus qu'il franchisse la porte principale avant de l'injurier. Un large sourire mauvais déforma ses lèvres. Il n'oublierait assurément pas ces dernières paroles.

S'éloignant du campement dont plusieurs dizaines de tentes étaient déjà dressées et où les regards mauvais à son encontre étaient accompagnés par une épée se dégainant pour le dissuader de s'approcher, il s'enfonça plus profondément au coeur même de la sylve.

Shirel Benevent
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Shirel Benevent » dim. 17 nov. 2019 11:16

« Je veux bien te croire mais... c'est qui ? »

Shirel ouvrit vaguement les yeux lorsqu'une main subtilisa le papier officiel de Luminion de sa poche. Il y avait un brouhaha confus au loin, comme si une foule se tenait quelque part : il sentait qu'il était allongé sur un sol de pierre dur, dans l'ombre d'un coin.

« Regarde. Il dit qu'il est envoyé par le duché... et qu'il a des informations importantes à transmettre. Mais il est arrivé tout à l'heure à l'auberge d'Oshito et a demandé à ce qu'on l'emmène de toute urgence jusqu'à Oranan... »

La suite était moins distincte, mais Shirel perçut les mots “maigrelet”, “se fichent de nous”, “entourloupe ?

« Je ne vais pas le lâcher. Je l'emmène au Conseil d'Ynorie, et si c'était des sornettes, je lui fous un mois de travaux d'intérêts généraux, pour lui apprendre. »

L'autre garde ricana. Shirel ouvrit les yeux entièrement et se releva doucement. De ce sommeil impromptu étaient nées quelques courbatures et une impression de rêve persistante. Il était encore maladroit en se relevant et tituba sur le côté, les yeux cernés de fatigue. Et puis, il avait faim. C'était encore quelque chose qu'il pouvait supporter un peu, mais lorsque le milicien qui l'avait conduit jusqu'ici et le garde d'Oranan se tournèrent vers lui, l'expression plus que suspicieuse, il sentit qu'il n'aurait pas droit à un accueil aussi nourrissant que dans le village de tantôt.

Il fallait reconnaître qu'il avait alarmé le milicien, le forçant à abandonner ses amis en transportant un étranger jusqu'à Oranan au cours d'une éprouvante demi-journée de voyage, lui qui comptait profiter de sa solde en bières et saké chez Oshito, et que de plus l'étranger s'était paisiblement endormi sur son épaule. Le milicien avait eu le temps de réfléchir à tout cela. L'histoire du jeune homme était non seulement invraisemblable - n'aurait-on pas plutôt envoyé un Ynorien qu'un Kendran pour une affaire d'une telle importance ? - mais son attitude même était louche. Après une telle bataille, personne de sensé ne s'endormait aussi facilement, si ? L'adrénaline autant que le sens du devoir auraient dû le maintenir éveillé, à n'importe quel prix.
Et puis, bon. Le saké d'Oshito était tout de même sacrément bon. Ce n'était pas pour rien que ce milicien s'était arrangé pour être envoyé dans cette région pour la semaine. Tous ses plans étaient ruinés à présent.

« Réveillé, hein ? »

Le milicien s'avança, l'air peu amène, et lui saisit brutalement le bras. Il tenait le papier officiel de Luminion dans l'autre main.

« On va t'emmener au Conseil, mon gars. Et t'as intérêt à pas leur raconter de sornettes. »

Il plissa les yeux et glissa :

« Certains conseillers savent détecter les mensonges... »

Puis il s'écarta un peu, observant avec un sourire mesquin une forme de panique s'emparer de Shirel. Ce dernier n'avait pas tout à fait l'intention de mentir : simplement, il se pouvait qu'il exagère un peu certains détails, pour justifier sa fuite, ou alors qu'il explique qu'il avait reçu la mission de prévenir les autorités, sous-entendant hâtivement qu'un officier la lui avait confiée alors qu'il se l'était attribuée de lui-même. Il songeait que l'esprit d'initiative n'était pas forcément très bien récompensé dans l'armée ; du reste, il se réveillait à peine et se sentait aussitôt considéré comme un menteur et un sournois, dans un lieu inconnu, une salle de garde à proximité des portes d'Oranan, comme en témoignait le chahut de la foule qui se massait pour entrer ou sortir au gré des fouilles systématiques. C'était suffisant pour qu'il se sente aussitôt intimidé : il répondit par un hochement de tête anxieux et fut aussitôt emmené.

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Nhaundar
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Nhaundar » lun. 2 nov. 2020 14:43

De retour A la belle aura. 2

"Je ne comprends toujours pas pourquoi tu m’as fait venir ici !" Se lamente Sylve.

Nous ne sommes pas vraiment dans l’enceinte de la ville, mais suffisamment proche pour qu’elle ne souffre pas de conséquence quant aux ordres qu’elle a reçus. Ma proposition de nous rendre ici lui a semblée étrange, mais devant mon enthousiasme, elle n’a pu qu’accepter. Les pieds sur le sable et l’océan à perte de vue, je m’apprête à une nouvelle expérience magique. Boire un fluide en présence de l’élément en question. J’enlève mes chausses et avance jusqu’à avoir l’eau au niveau des hanches.

"Vous êtes tous bizarre vous les mages !" Grogne-t-elle.

Je ne fais pas attention à ses propos et saisis une de mes fioles de fluides d’eau pour la boire d’une traite. Le liquide coule en moi et laisse une sensation plus forte et plus profonde qu’une rasade d’eau fraîche en plein été. Dans un premier temps je ne sens pas de changement, mais petit à petit ma perception se voit altérer. Je prends conscience de la vie présente dans l’eau à proximité. Je suis sans voix face à la multitude êtres vivants, qui sont pourtant cachés à ma vue, tant par ceux cachés sous l'eau, que ceux trop petits pour est simplement perceptible à l’œil nu. Ma perception se focalise ensuite sur mon être et le fait sentir toute l’eau qui est en moi. Je suis ébahi par ce que je ressens. Mon corps paraît comme un océan où vivrait une faune sous-marine tout aussi dense que l’immensité du véritable océan qui me fait face. L’espace d’un instant, en tant que forme de vie dans l’eau, j’ai l’impression d’être un de ces êtres qui habitent mon corps, de n’être qu’une entité parmi une multitude et de ne pas percevoir que je fais partie de quelque chose d’encore plus grand.

Ma perception revient à la réalité et je vois qu’un changement s’est opéré autour de moi. L’eau est montée jusqu’à atteindre mon torse et un tourbillon commence à se générer, me faisant presque perdre l’équilibre. Je parviens à me stabiliser lorsque l’eau disparait à mes pieds sous l’effet d'une rotation dont je suis au centre. Me voilà dans l’œil d’un tourbillon d’eau qui me dépasse de plusieurs têtes. Lorsque je tente de mettre la main dans l’eau, la pression de la rotation l’éjecte instantanément. La colonne d’eau autour de moi grandit encore et encore, donnant à ce spectacle une impression de domination des éléments, une force implacable pour un simple être comme moi. Puis elle se rétrécie soudainement. La pression me clou contre le sol sans être capable de faire autre chose qu’attendre et résister, en espérant que je tienne ma respiration suffisamment longtemps. Aussi vite qu’elle m’est tombée dessus, la conne d’eau se dissipe. Je n’ai que le temps de me relever pour prendre une bouffée d’air que l’eau revient à son niveau d'orogine et reprend le cours normal de ses va et vient.

"Bon sang ! Nhaundar tu vas bien ?" S’inquiète Sylve qui arrive à mon niveau et me tire hors de l’eau pour s’assurer que je ne me noie pas.

Je me laisse faire et reste au sol, profitant de chaque bouffée d’air. Je prends le temps d’un simple geste de la main pour lui signifier que je vais bien. Bien que fatigué par ce que je viens de subir, je suis tout excité par la manifestation magique dont j'ai été l'origine.

Arrêt aux écuries.

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Akihito
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Akihito » ven. 2 juil. 2021 23:22

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

28 : Arrivée remarquée.

Passer un portail magique et débouler au milieu d'une cité assiégée à dos de renne, cela avait de quoi en perturber plus d'un. Les Samouraïs de faction sur la muraille se retournèrent vers lui, naginatas brandis et katanas dégainés. Dans un signe d'apaisement, Akihito leva les mains en l'air, portant bien haut la Kizoku Rana au dessus de sa tête. C'était le meilleur moyen pour se faire identifier comme un allié au sein d'un groupe de soldats sur les dents.

"Je ne suis pas un ennemi !"

les terribles lames ralentirent leurs courses, avant de finalement se stopper. Akihito faisait confiance à ses compatriotes pour reconnaitre la célèbre lame, et ils ne lui firent pas défaut.

(Bon, j'en mène pas large...Un peu plus, et je me faisait transpercer par au moins cinquante bons centimètres d'acier Himatori de trois endroits différents.)

Un long, trop long silence passa, avant qu'un officier des Samouraïs ne s'avance vers le jeune homme transpirant à grosses gouttes. Il ne faisait pas partie des quelques hommes qu'il avait croisé à travers son père : trop jeune, sans doute, car les traits sous son casque faisaient penser à un homme approchant de la trentaine.

"Déclinez votre identité.

- Akihito Yoichi, citoyen d'Oranan.

- Le Porteur, hein... A quel poste était assigné votre père ?

- Porte nord, et surveillance de la route menant au temple de Rana," répondit du tac au tac l'Ynorien. Son interlocuteur hocha la tête, visiblement soulagé. Le lien de filiation entre un membre des Samouraïs et le Porteur de la Kizoku Rana n'était sans doute pas passé inaperçu au sein de ce corps militaire. D'un geste, il intima aux soldats de baisser leurs armes ce qu'ils firent tous, bien que l'officier, lui, gardait toujours une main sur la poignée de son sabre. Une mesure de prévention qui n'était pas pour déplaire au fulguromancien. Il préférait savoir sa ville protégée par des officiers trop prudents que pas assez.

"Je suis le sergent Yoki. Votre arrivée nous a un peu prise par surprise, alors vous pardonnerez notre accueil un peu... Rugueux.

- La rigueur et rapidité d'action de vos hommes vous honore, reconnu-t-il, faisant tressauter les coins de la bouche du militaire. J'étais en mission pour le Conseil et je viens faire mon rapport, en plus de proposer mon aide à la défense de la cité. Vous savez où je peux trouver le Conseiller Muri ?

- Il est fort occupé à la préparation des défenses... Mais la Conseillère Shimi l'épaule, et elle est sans doute au Conseil en ce moment. Elle saura vous renseigner."

C'était une aubaine, la conseillère était également celle qui l'avait envoyer en mission auprès de l'état major Kendran. Il inclina la tête à l'intention du sergent, le remercia, puis jeta un regard circonspect sur les alentours. Il était arrivé avec Brume sur les murailles, mais il devait maintenant en descendre; Voilà un détail auquel Xël n'avait pas pensé en le renvoyant dans sa cité natale.

De son côté, la renne sembla comprendre la volonté de son maître, et se jeta naturellement dans le vide. Les cris de surprise des soldats résonnèrent pour mourir tout aussi rapidement, regardant avec un regard ébahi le Porteur de la Kizoku Rana chevaucher une renne qui... Planait tranquillement dans les airs, se rapprochant avec douceur du sol pour reprendre un trot régulier ensuite, comme si de rien était. Naturellement, les quelques passants s'écartèrent eux aussi, une expression médusée sur le visage. Le cavalier, lui, faisait de son mieux pour paraître le plus décontracté du monde, avec une réussite somme toute relative.

(Les rennes, depuis quand ça planent ?)

(Mmmh... Partant du principe, certes absurde, que Brume est une renne du Père No-Hell qui vole dans le ciel avec son traîneau...)

(Oui, bon, on va s'arrêter là.)

C'est donc sur le dos d'une renne volante qu’Akihito traversa la ville pour se présenter devant le bâtiment du Conseil de l'Ynorie. De petites étables étaient présentes pour accueillir les éventuelles montures des visiteurs de marque d'Oranan s'entretenant avec les hautes instances de la République, et elles étaient évidemment vides pour la plupart. Il y laissa Brume, qui se jeta avec entrain sur le fourrage apporté par le palefrenier qui ne devait pas voir très souvent pareille monture, à la vue de son regard plus que circonspect. L'un des gardes en poste à l'entrée du bâtiment le reconnu et se porta à sa rencontre, lui demandant s'il souhaitait s'entretenir avec la Conseillère Shimi. L'enchanteur acquiesça, tout en reconnaissant à son tour le soldat : il faisait partie de ceux en poste lorsqu'il s'était présenté quelques semaines plus tôt.

Le dédale des couloirs à l'intérieur du bâtiment silencieux -une bien étrange vision, lui qui était d'ordinaire grouillant de vie- mena cette fois l'enchanteur vers un bureau. Il y pénétra, et eu la surprise de voir un visage familier, en plus de la Conseillère Shimi. Un port altier, une chevelure de jais qui s'harmonisait avec une rutilante brigandine d'Olath d'un noir abyssal, un arc en bandoulière : Hatsu Ôkami était elle aussi présente. Il la salua d'un léger sourire et d'un hochement de tête, avant de s'adresser à la seconde archère de la pièce., en s'inclinant plus profondément.

"Conseillère Shimi. Je viens faire mon rapport pour la mission que vous nous avez chargé, Ser Kiyoheiki et moi même, ainsi que pour proposer mon soutien à la défense de la ville."


HRP :


Xp : 1xp (Retour à Oranan)

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Akihito
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Akihito » lun. 5 juil. 2021 11:38

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

31 : Par milliers.

Le jour de la bataille était arrivé. Et pour ça, Akihito n'avait pas chômé, pendant ces quelques jours d'attente.

Il avait commencé par s'écrouler dans le lit d'Anthelia, et dormir. Il y avait passé une longue demi journée, dormant dans les draps encore imprégnés de l'odeur de son amante. Il s'inquiétait pour elle, et aurait aimé rejoindre l'armée Kendrane pour se battre avec elle. Mais sans moyen efficace et rapide de rejoindre la masse des soldats... Il avait, à contre coeur, décidé d'assurer sa participation à la bataille en rejoignant Oranan. Yliria lui manquait un peu, aussi. il avait croisé Kiyoheiki, qui lui avait appris qu'ils avaient accomplis leur mission et qu'elle était en bonne santé, malgré quelques envies meurtrières à l'égard du comte Ybelinor. Ca l'avait fait sourire, mais l'idée qu'elle puisse se jeter dans une bataille de cette envergure, elle qui n'était pas d'ici et avait déjà suffisamment de problèmes, le dérangeait.

(C'est une tête brûlée, doublée d'une tête de mule,) lui rappela Amy.

(Pas faux. Elle faisait pas grand cas de mes inquiétudes.)

Ca ne servait à rien de se prendre la tête maintenant. Il adressa une prière silencieuse à Valyus, lui demandant de veiller sur elle, sur lui, sur Anthelia... Sur beaucoup de personnes, en fait. Ca le fit rire, alors qu'il montait les marches menant aux remparts.

Il ouvrit, puis referma sa main en la contemplant. La sensation durement acquise à travers les combats d'entraînement avec Ryo était encore là, restait à savoir s'il allait pouvoir l'utiliser en combat. L'enchanteur avait retrouvé le soldat par hasard sur le terrain d'entrainement de la ville, le lendemain de son retour. Les deux hommes s'étaient aperçus, et après un rapide cours pour utiliser le sort contenu dans son tatouage -un enseignement qu'il avait complètement oublié de lui donner- ils avaient décider de s'entraîner ensemble. Akihito avait dominé sans mal le jeune soldat, son expérience accumulée après toutes ses aventures surpassant la maigre carrière militaire de l'héritier Ôkami. Il en avait donc profité pour tenter de maîtriser cette technique, initiée et lamentablement échouée à la fin de son duel contre Crean.

Se jeter contre son adversaire pour forcer un échange de coups ne suffisait pas. Le timing était la clé de la manœuvre, puisqu'une charge prématurée donnerait le même résultat que contre le premier des Treize, à savoir une rapide retraite pour se mettre de nouveau à portée optimale et le frapper. Une avancée trop tardive ne faisait que le mettre sur la trajectoire de l'attaque, l'encaissant de plein fouet.
Avec ses multiples duels amicaux contre Ryo, Akihito avait mis le doigt sur ce qu'il lui fallait travailler : trouver le moment où l'adversaire amorce son attaque. Ainsi, en se ruant sur lui, la cible était prise de court et forcée de continuer son attaque, ou bien battre en retraite. C'était cet instinct, cette recherche du moment et de la lecture de l'attaque qui avait été la cible de ses efforts. Pour rajouter en difficulté, le timing variait également en fonction des attaques, de même que le positionnement. Minimiser les dégâts d'une frappe d'estoc d'une lance, la taille d'un sabre ou le direct d'un poing nu... Autant de situations différentes qui appelaient des contremesures différentes. Heureusement pour lui, Ryo avait eu la curiosité durant son entraînement militaire de se former à une grande variété d'armes. Et sans être proefficient dans toutes (son arme de prédilection restant le sabre), il avait au moins les bases dans leur maniement.

Encore, et encore, ils s'étaient affrontés. Alternant entre son marteau et la Kizoku pour se former à la technique avec ses deux armes, il avait cherché à trouver la faille, le timing. Ca n'avait pas été sans conséquences, et le premier jour il avait été plus ou moins roué de coups. Ryo lui avait même fêlé une côte, le forçant à aller voir un des prêtres du temple de Gaïa. Mais plus il affrontait Ryo, plus son timing s'aiguisait. Lors des pauses, il observait les autres duels amicaux, nombreux en cette période de tension qui forçaient beaucoup de soldats à se défouler pour contenir leur anxiété. L'Ynorien simulait alors les combats dans sa tête, jugeant d'à quel moment il aurait bougé, quelle seconde avait laissé entrevoir cette percée. Le dernier jour, Akihito lisait les mouvements de Ryo comme dans un livre ouvert, et parvenait à faire ce pas symbolique à l'impact significatif quand il le désirait. Mais le jeune soldat était encore assez inexpérimenté, et quiconque affrontant une personne sans cesse pendant plusieurs jours pouvait commencer à prédire ses mouvements.

C'est pourquoi ce jour là, il avait mis à l'épreuve sa technique contre d'autres soldats, maniant diverses armes. Les résultats avaient été probants et la tension qui montait et explosait dans sa poitrine, comme un pic d'adrénaline, à chaque fois qu'il voyait la faille, apparaissait de plus en plus régulièrement. Il avait récolté quelques beaux bleus pour ça et des douleurs à le faire grimacer sur tous ses mouvements, suffisamment pour le forcer à faire un ultime passage au temple de Gaïa. Il ignorait si, exposé à la violence d'un combat réel, il pourrait exécuté ce mouvement appris dans la douleur, mais la bataille ne l'attendrait pas.

(On y est.)

Akihito fini enfin de monter les marches, arrivant sur le rempart de la ville. La conseillère Shimi avait souhaité que les aventuriers comme lui se positionnent ici, pour pouvoir agir promptement si le besoin s'en faisait sentir. Et il n'était pas seul. Hatsu accompagné de Kinome, la Sindelle croisée devant le bureau au Conseil, et le sergent Kiyoheiki. Il allait affronter les hordes d'Omyre, se massant devant la villes par milliers, avec ces quatre là. La vue des hideuses troupes garzoks le fit frémirent, d'autant plus à cause du relatif silence qui flottait sur la plaine. Le calme avant la tempête. Et tempête il y allait avoir.

Car quand il n'était pas occupé à se faire rosser, manger ou se reposer, Akihito avait pris soin de barder son équipement de tous les sorts possibles. Leur avantage avait été prouvé de manière indéniable contre Crean, sans lesquels il n'aurait pas pu déverser un flot de magie ininterrompu. Il avait décidé, cette fois-ci, de privilégier les sorts de zone. Parce qu'ils étaient déjà gourmand en fluide, mais aussi parce que dans une guerre d'une telle envergure, ils allaient se révéler d'une redoutable efficacité.

(Tu es prêt ?)

(Autant que je peux l'être. J'aurais aimé en mettre quelques uns sur Hatsu et les autres, mais j'ai déjà eu du mal à boucler tous ceux sur moi. Puis ils étaient sans doute tout aussi occupés que moi.)

(Courage, Porteur.)

L'Ynorien ferma les yeux avant de prendre une profonde inspiration, qu'il relâcha doucement. C'était un tournant majeur dans sa jeune vie. Oranan lui avait tant donné. Il allait marcher sur les traces de son père, et prouver que le sang qui coulait dans ses veines et la lame de Faerunne à sa ceinture étaient là pour une bonne raison.

"... C'est parti."


HRP :

Xp Apprentissage Différence d'un pas : 2xp

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Kiyoheiki
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Kiyoheiki » dim. 11 juil. 2021 16:35

~Auparavant~

~~

Les visages sont fermés ce matin. Rien d'étonnant car le spectacle qui se déroule sous les yeux des conseillers Shimi et Muri n'a rien de réjouissant. Je ne peux cependant qu'imaginer une certaine révolte dans leurs cœurs, car c'est la seconde fois en moins de deux ans que les troupes de la Sombre Dame sont à nos portes. Lors de la première, j'étais de l'autre côté du portail nous liant à Aliaénon. Je participais alors à la bataille pour m'assurer que les troupes de la Reine Noire ne puissent pas envahir Fan Ming puis Oranan par cet inhabituel accès.

Aujourd'hui, la mine sévère, j'assiste à ce que mes amis ont du voir à l'époque. Des mouvements de troupes en bataillons serrés et plutôt organisés. L'ampleur de la situation me frappe alors. Ces ennemis sont si nombreux que j'ai dû mal à voir si ce que nous avons fait aux ruines a eu le moindre impact. Quid des autres missions ? Ont-ils obtenus des résultats plus évidents ? Je masse lentement mon poignet marqué et fronce les sourcils alors que déjà des incidents violents éclatent au loin.

Bientôt, des bruits de pas approchant l'état-major près duquel je me tiens me fait légèrement orienter mon regard sur le côté. Cherock O'Fall nous rejoint et salue les conseillers. Il explique que le petit groupe dont il fait partie et qui se tient un peu plus loin sur les remparts s'apprête à effectuer un raid contre les troupes mercenaires pirates de Perailhon. L'idée est de les provoquer suffisamment pour qu'ils perdent patience et tentent d'attaquer.

J'esquisse un mince sourire à la salutation du jeune homme, mais je ne suis pas d'humeur à faire de la petite conversation. Je suis davantage intrigué par le déroulement de sa propre mission et en attente de ses questions quant à ce qui s'est passé aux côtés de Yliria. Mais rien de tout ceci ne se produit. Peut-être est-ce mieux ?

Après avoir exposé son plan, il repart rapidement. Je l'observe s'éloigner un instant. L'idée de provoquer des troupes imprévisibles comme ces pirates ne m'enchante guère, ne sachant pas comment ils vont effectivement y faire face. Se lanceront ils contre les murailles malgré l'inutilité presque évidente de la chose ou s'éloigneront-ils pour accroître la pression sur nos alliés ? S'ils pouvaient entrer dans une frénésie telle qu'ils s'en prennent à leurs propres compagnons...

Le temps de réfléchir à cela, le porteur de la Kizoku-Rana est déjà en avance sur moi. Je salue les conseillers et lui emboîte le pas. Je serai plus utile aux côtés de cette petite escouade qu'ici sur les remparts. Deux binômes de cavaliers et de montures volantes quittent les murailles avec détermination. Je joins les mains et me concentre. Mon peuple et nos terres font face au plus grand péril que nous ayons connu jusqu'ici. Je n'hésite pas et refoule mes pensées égoïstes pour ne faire qu'un avec mon Devoir.

Lorsque je rouvre les yeux, empli de sérénité et d'un esprit lucide et clair, je les pose sur les duos des airs. Mon long corps écailleux se ramasse sur lui-même puis se déroule, me lançant dans les cieux à leur suite. De cercle en cercle, je prends de la hauteur, apposant mon regard violacé en contrebas sur toutes ces formes vivantes ou non, hostiles envers mes protégés. Mon museau se tourne vers les paires dans les cieux et je me glisse sans difficultés à leurs côtés.

Dans un mouvement lent, j'ondule autour d'eux deux fois puis amène ma tête à portée d'écoute. Je leur laisse le temps de comprendre que je suis un Protecteur de l'Ynorie, pas un autre ennemi. Quelques inspirations plus tard, d'une sage voix gutturale et grondant certains sons, je me fais entendre.

"Harcelez et provoquez. Trouvez refuge à mes côtés en cas de difficultés."

J'ondule de nouveau, mettant en évidence les écailles luisants sur mon long corps comparé à leurs frêles silhouettes grandement exposées. Les deux cavaliers se mettent d'accord pour effectuer un premier passage au-dessus des troupes pirates. Je demeure au-dessus d'eux, patient et veillant à ne pas me placer accidentellement entre eux et leurs cibles.

Pluie de magie et de projectiles tombe en contrebas, provoquant des exclamations enragées ou apeurées. Les mercenaires n'ont pas du voir venir l'escouade. Plusieurs tombent, victimes de sorts les laissant secoués de soubresauts ou percés de traits aux faiblesses de leurs armures quand ils en disposent. Des cris et des gestes finissent par indiquer la position des attaquants. J'amorce ma descente, effectuant d'un commun accord un passage vif dans les premiers rangs des pirates à l'opposé de mes partenaires, afin de faire instinctivement comprendre à ces mercenaires qu'ils sont ironiquement pris en tenaille. Je passe en force, jouant de ma taille massive, les bousculant ou les frappant de mon corps d'écailles. Je ne leur laisse pas le temps de se ressaisir et reprends de la hauteur. Du coin de l'œil, j'aperçois des archers nous viser. Des traits fusent, trop hâtifs pour la plupart ou ayant déjà voyagé trop longuement dans les airs. Si certains tirs touchent mon corps serpentin, ils ne font de riper sur mes écailles.

Une décharge magique attire mon attention sur un binôme et j'assiste à l'envoi d'une volée de flèches supplémentaire. Mal coordonnée, elle suffit pourtant à blesser la monture du jeune Cherock. Son vol se fait plus erratique. Calmement, je fais usage de ma force intérieure, matérialisant ma présence auprès d'eux et interceptant une poignée de projectiles leur étant destinée.

Tandis que les flèches choient, mes yeux violets fixent la plaie sanglante. Je place un anneau de mon long corps sous les pattes de l'hippogriffe, lui assurant un bref appui. Des crocs, j'ôte la flèche la plus problématique de son flanc. Ma perle dorée luit ensuite brièvement tandis que j'emploie une partie de mon essence lumineuse pour soigner la plaie. A peine la magie a-t-elle fait effet que le duo quitte la protection de mon anneau et plonge en direction des archers.

L'humain se laisse choir de sa monture à quelques mètres du sol, usant de magie contre les attaquants à distance. J'assiste à son assaut en solitaire, remarquant le mouvement d'une partie des pirates dans sa direction. Sereinement, j'oriente mon museau vers le bas et plonge à mon tour. Je fends une partie des piétons et me pose, me tenant entre eux et le jeune homme aux prises avec un groupe de pirates encore debout.

Ondulant mon corps lentement, j'appose un regard neutre sur les mercenaires que j'empêche de progresser. Certains reculent en me voyant, d'autres sont visiblement pris entre l'envie d'user de leurs lames contre moi et rester prudemment en retrait. D'autres encore, plus téméraires et visiblement mieux équipés que leurs confrères, exhortent les autres à attaquer. Certains ont combattu des champions marins de Moura, ils ne sont que moyennement impressionnés par un dragon serpent.

Mon long corps se meut comme une vague et pendant un moment, ni les pirates ni moi ne bougeons. De l'autre côté de ma position, je perçois des sons de lame, des cris guerriers et des crépitements magiques. Les mercenaires hésitent et quand ils cherchent à me contourner, ma longue queue claque au sol, menace d'un fouet dont je n'hésiterai pas à faire usage. L'avertissement n'est pas entendu par une poignée d'entre eux qui charge en hurlant. En réponse, je pivote vivement sur les pattes, faisant un balayage au sol de mon puissant appendice caudal. Plusieurs assaillants chutent, déséquilibant leurs voisins. Quelques coups de lames et de lance tentent de percer mon armure naturelle, mais là encore, fer et tranchant en tous genres ripent ou ricochent sans faire couler la moindre goutte de sang.

Un moment de flottement semble se faire, certains mettant toute leur fougue dans un coup et se retrouvant avec des bras rendus tremblants par l'effort ou le contrecoup. Résolument, j'avance pas après pas vers eux, marchant au bout du troisième plus haut dans les airs. Mon museau se rapproche d'un pirate tétanisé et j'ouvre la gueule lentement, dévoilant de dangereux crocs.

Un éclat lumineux sur ma droite me fait prestement relever la tête et esquiver le coup d'un large cimeterre, tenu par un pirate massif. L'homme fortement barbu se place entre l'autre et moi, faisant de larges moulinets de sa lame. Il est encouragé par ses pairs et les mots ont l'air de le galvaniser. Il attaque encore et encore, s'énervant et me traitant de noms plus injurieux les uns que les autres, simplement parce que je me contente d'éviter ses coups.

Prenant appui sur l'air, je prends mon envol et évite ainsi une charge et un lourd coup de cimeterre. Autour de nous, des cris triomphants et un sourire enthousiaste de la part de l'humain barbu pensant m'avoir mis en déroute. Mon corps clair effectue un court cercle puis je plonge résolument en vrillant, chargeant de l'épaule et du flanc une partie des troupes et exposant le pirate tenace. Campé sur ses jambes, il me provoque, le regard rivé dans le mien. Il ne se rend compte que trop tard de la présence de ma queue derrière lui. D'un simple balayage, je fauche ses appuis et il tombe sur son flanc, son cimeterre glissant au sol. Lorsqu'il rampe ventre à terre pour le récupérer, j'agis. Mes puissantes pattes le saisissent sous ses biceps et je prends de l'altitude.

Dans ma prise, l'homme se débat de longues secondes avant de regarder en bas. Il se figé et cherche maladroitement à s'accrocher à mes pattes. Ses pensées me sont inconnues, mais elles doivent être assez perturbées pour que je puisse tenter de glisser certaines suggestions dans son esprit. J'abaisse la tête, pivotant mon profil pour le regarder. Son expression pâle change lorsqu'il m'entend parler.

"Votre place n'est point ici, vagabond des mers. Je n'ai rien contre vous ou les vôtres. Fuyez ce conflit qui ne vous concerne en rien. Si vous et vos compagnons persistez à menacer mon Peuple, sachez que mon indulgence prendra fin."

Je plonge de nouveau, ramenant l'homme à une hauteur raisonnable. Volant droit devant moi, je reprends un peu de vitesse, ajuste ma prise puis largue ma proie. L'élan est tel que le barbu, après avoir fait un court vol plané, percuté de côté une poignée de pirates. Ils chutent en groupe, se retenant à leurs voisins qui tombent aussi. J'effectue un autre passage en sens inverse, notant que si certains ont accidentellement blessés leurs voisins de leurs armes en chutant, un bon nombre se remet péniblement sur pied.

Mon regard violet se détourne d'eux. Mon long corps progresse sans effort en l'air, couvrant de sa taille et ses écailles la retraite de l'escouade aérienne.



~Suite~


[XP : 0,5 (observateur de la bataille) + 2 (combat)]

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Sibelle
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Sibelle » mar. 13 juil. 2021 03:05

Sibelle s’était accordée deux heures de méditation dans l’auberge des hommes libres. Puis, elle avait erré dans les rues d’Oranan et s’était retrouvée dans le camp d’entrainement désert à ce moment de la nuit. Elle y avait fait ses échauffements, combattus des mannequins de bois et de pailles, puis s’était dirigée vers les murailles sud suite à l’invitation des dirigeants de la ville.

Le soleil n’était pas encore levé et pourtant les remparts étaient loin d’être vides. Nombre de soldats et d’aventuriers s’y tenaient afin d’être témoins du combat qui était sur le point d’être déclenché. Silencieuse, la guerrière prit place aux côtés des deux combattants qu’elle avait croisés dans les corridors la veille.

Oranan est entourée de toutes parts. Trois camps ennemis se tiennent assez près : les liykor au nord-est, les orques de Karsinar à l’est et sud-est, et puis les pirates de Darham au sud. Et même la côte est cernée par les voiles noires. Et puis, plus loin, se trouvant à l’est l’armée de Crean et de Kynt, et les nains complètement à l’extrémité. Morts-vivants, armée d’Omyre, elfes blancs, armées de Bouhen, de Kendra-Kâr et de Shory, tous ces peuples se sont mobilisés pour prendre ou reprendre ces terres qui leur semblent légitimes.

Puis au centre de cette plaine occupée, un petit groupe de personnes de chaque camp s’avança, apparemment pour amorcer une discussion. Sibelle retint son souffle. Bien qu’elle était combattante dans l’âme, elle espérait que les pourparlers aboutissent à une entente et que la guerre soit évitée. D’expérience elle savait qu’il n’y avait aucun gagnant lors d’une guerre, seulement des survivants. Même dans le cas où le camp Ynorien l’emportait sur ses adversaires, les habitants d’Ynorie étaient déjà perdants. Le combat n’était pas entamé que les terres cultivées étaient déjà piétinées par les nombreuses armées venues de toutes parts.

De leur camp, elle reconnut le comte Ybelinor et le général Andelys. De l’autre camp, elle crut reconnaitre deux des treize sans pour autant pouvoir les nommer. Ces six personnes allaient sceller le sort de dizaines de milliers de gens dans l’espace d’une discussion. Malgré son ouïe aiguisée, la distance qui les séparait des murailles était trop importante pour que Sibelle entende quoi que ce soit. Elle se concentra alors sur sa vision, se fiant à leur posture et déplacement pour tenter de déduire comment se déroulait la discussion. Après quelques minutes, elle vit la délégation des deux camps tourner les talons, la mine fermée… La guerre était donc inévitable…. Mais déloyale… Comme il aurait fallu s’en douter, la délégation n’avait pas eu le temps de rejoindre ses montures, qu’une attaque arriva du ciel. Une elfe grise montée sur une affreuse bestiole (Vywerne) tenait en sa main une lance. Le général Andelys réagit vite et bien. La lance venait à peine de quitter la main de l’infâme dame grise qu’il s’était déjà jeté sur le comte afin de le protéger. Il réussit son action, mais en paya le prix. La lance transperça son armure or et argenté, ainsi que tout son corps pour ressortir à l’avant. Son agonie fut brève, la mort vint le chercher rapidement. Son méfait accompli, l’arme meurtrière disparut pour retourner dans la main de sa maîtresse sous forme d’épée. Le ricanement aigu de l’assassin fut suivi du cri d’agonie du sacrifié suivi de celui de rage d’un elfe gris. Ce dernier se transforma en dragon. Sibelle plissa les yeux. Elle crut d’abord qu’il s’agissait de Naral, puis se ravisa. La tête de ce dragon était d’un rouge sombre et son ventre blanc, alors que Naral était entièrement mauve. Elle demeurait tout de même perplexe. Cet homme dragon s’était mis à pourchasser l’elfe grise qui avait attaqué le comte appartenant au camp adverse. Il y avait donc division au sein du même camp.

Sibelle fut sortie de sa réflexion par son voisin qui venait de prononcer un nom : Cromax. Sibelle en déduisit que c’était ainsi que se prénommait l’elfe-dragon. L’aventurier se tourna ensuite vers la guerrière et se présenta : Cherock O’Fall, tout en la remerciant de prendre place à leur côté. Les présentations faites, ce jeune humain aux yeux bleus en amande, s’adressa à l’archère Ynorienne à ses côtés. Tout comme Sibelle, il n’avait pas l’intention de rester là sans rien faire, il suggéra de provoquer l’ennemi pour les forcer à avancer vers les murs.

Sibelle inclina de la tête à son tour en direction de Cherock puis de la jeune femme et se contenta d'un :
"Sibelle "

Un signe de tête lui fut rendu de la svelte Ynorienne aux longs cheveux auburn qui répondait au nom de Hatsu.

Cette dernière descendit les murs à grande vitesse, porta un petit objet à sa bouche et souffla. Un son aigu en sortit et un griffon surgit des habitations pour se poser près de l’archère. Il avait répondu à l’appel du sifflet. Impulsive, et n’ayant apparemment pas l’intention d’attendre plus longtemps, elle répondit que pour elle, il n’y avait d’autres choix que d’éliminer ces vermines.
Sibelle toujours en haut des murailles, regardait Hatsu et sa monture. Elle n'avait qu'une seule envie, se mettre à l'action, elle aussi. Elle se tourna vers Cherock, et sans donner d'explications supplémentaires, sans détour, elle lui demanda:

"Peux-tu supporter les hautes altitudes ? Serais-tu utile sur le dos d'une monture ? Comme attaquer à distance d’une façon ou d’une autre ?"


Le temps était compté et Sibelle était allée droit au but. Elle estimait qu’un cavalier pourrait être un atout supplémentaire, mais elle n’avait pas l’intention de jouer la protectrice. Elle devait donc s’assurer qu’il serait à l’aise dans les airs et apporterait son aide. Elle n’avait pas besoin d’un fardeau sur son dos.

Surpris au départ par le comportement des deux femmes qui l’accompagnait, il se ressaisit assez rapidement. Il maniait la magie de foudre, ce qui lui permettrait d’attaquer à distance. Il n’avait que très peu d’expérience en termes de vol, mais l’avait déjà expérimenté. Il calma ensuite les ardeurs de l’Ynorienne en l’incitant à choisir une cible spécifique à provoquer, le choix ne manquant pas. S'adressant à ses deux nouveaux acolytes, Sibelle commenta:

"Je suis d'accord, prenons quelques instants pour établir un plan d'attaques"

Hatsu leur expliqua qu’il serait opportun de s’attaquer aux pirates, située plein sud. Ces hommes étant moins disciplinés et puis elle nourrissait une rancune envers ces humains qui avait choisi le camp adverse. Sibelle opina de la tête au choix de Hatsu.
L’hinionne, satisfaite de la réponse de Cherock , lui répondit:

« Puisque tu peux être utile, je vais te permettre de grimper sur mon dos, lorsque j'aurai pris la forme d'hippogriffe. Tu devras te tenir fermement à mes plumes, car je n'hésiterai pas à filer à tout allure ou à fondre en piqué sur l'ennemi."


Elle jeta un coup d'oeil à Hatsu, mais surtout à son griffon, un prédateur naturel de l’hippogriffe et poursuivit:

"Sous cette forme, je comprends tout ce que vous dites, mais je ne peux répondre que par des cris. Un cri bref sera un oui. Deux coups brefs seront un non. "

Attentif aux instructions de Sibelle, Cherock suggéra qu’elle produise un long cri pour annoncer une descente en piquée. Auquel cas, il lui serait nécessaire de bien s’accrocher.

Sibelle opina de la tête :

"Ça me va. "

Et elle rajouta, prenant un air sérieux.

"Si jamais il y a chute, je pourrai te rattraper avec mes serres.... mais dès que je ferai une manœuvre délicate, je te préviendrai par ce cri long, comme demandé. "

Cherock estima que la discipline n’était pas davantage l’apanage des liykors ou des garzok, mais il accepta tout de même le choix de l’Ynorienne. Cela dit, il déposa son arme contre un mur et fila prévenir l’état major.

Sibelle jeta un dernier regard vers le griffon... mais ne fit aucun commentaire et amorça sa transformation.

Les conseillers d’Oranan, n’étant pas loin, Cherock mit peu de temps à les rejoindre et Sibelle put entendre la conversation. Le jeune humain ayant expliqué leur plan de provoquer les pirates, le conseiller Muri leur répondit qu’ils étaient prêts à affronter une dite attaque. Il termina en les incitant à la prudence. Puis Cherock, s’adressa à un officier placé non loin des conseillers. Sibelle connaissait Kiyoheiki pour avoir combattu à ses côtés sur Aliaénon. Ce dernier lui avait même fait l’honneur de la portée jusqu’au champ de bataille où s’affrontaient Herbivores et Carnivores.

Contrôlant à présent sa transformation, Sibelle la fit progressive, partant des pattes arrière pour terminer par la tête, consciente du choc que cela pouvait causer la première fois. L’apparence de la Fierté de l’Azur attira l’attention du griffon qui heureusement fut bien contrôlé par sa maîtresse.

Au retour de Cherock, l’hippogriffe avait déjà plié ses genoux au sol. Il suffit au blondinet de sauter agilement sur son dos.
Lorsqu’Hatsu donna le signal de départ par un hochement de tête, l’hippogriffe émit un petit cri puis galopa avant de se lancer dans le vide et d’ouvrir ses ailes. Sibelle appréciait toujours le vol qui lui procurait un sentiment de liberté, même s’il ne s’agissait pas de voler par plaisir, mais par devoir cette fois. Le griffon suivit Sibelle se positionnant sur sa droite légèrement au-dessus. De l’index, elle leur indiqua qu’elle prenait de l’altitude.

Elle venait tout juste de sentir la présence du dragon d’Or à ses côtés, qu’il prit la parole pour leur proposer protection en cas de difficulté. Son corps recouvert d’écaille constituait une armure qui l’immunisait des attaques des archers, ce qui n’était pas le cas de l’hippogriffe ou du griffon.

Sibelle survola l’armée de pirate, qui tout comme l’avait prédit Hatsu, était complètement désordonné, n’optant pour aucune formation stratégique défensive, les pirates exposés ainsi aux éventuelles attaques provenant de la terre ou du ciel.
Ce fut donc avec surprise qu’ils virent des êtres volant filer vers eux pour les attaquer. Sibelle se contenta de survoler d’assez haut l’armée ennemie permettant à son cavalier d’envoyer des décharges électriques à ses victimes. Ce qu’il fit avec enthousiasme sans se faire prier.

Puis voulant, elle aussi participer à la bagarre, elle prit de l’altitude afin de faire rapidement volte-face, émit un long cri puis pour prévenir son cavalier, puis descendit en piqué, comme un aigle fondant sur ses proies. Elle se releva au dernier moment effectuant un rase-motte au-dessus des soldats désemparés. Alors que Cherock jetait ses sorts, elle en agrippa un premier de ses serres, l’écrasant de toutes ses forces au point d’entendre ses os craqués pour le relâcher sans vie sans tonus. Puis de son bec tout grand ouvert, elle fonça sur le cou d’un second, déchirant sa carotide avant de le jeter violemment sur un troisième qui en perdit l’équilibre, tomba et s’assomma la tête sur une roche.

Bien que désorganisés, les pirates ne se privèrent pas de riposter. Des flèches fendirent l’air dans leur direction. Reprenant légèrement de l’altitude, Sibelle put en éviter quelques-unes. Grâce à ses sorts magiques, Cherock réussit à en repousser la grande majorité. Ce fut au moment que Sibelle décida de prendre davantage de l’altitude qu’une flèche l’atteint et pénétra son flanc droit. Elle poussa un cri de douleur tout en redoublant son battement d’ailes afin de s’éloigner du champ de bataille. Elle voulut retirer le projectile de son bec, mais la flèche était hors d’atteinte. Bien que résistante à la douleur, celle-ci lancinante, la déconcentrait provoquant un déséquilibre qui manqua à deux reprises de faire choir son cavalier.

Heureusement pour Sibelle et Cherock, le dragon d’or, qui avait été témoin de la dérape de l’hippogriffe, se matérialisa à leur côté, déviant du coup une poignée de projectiles qui aurait pu être fatale pour le mage et sa monture. Bienveillant, le dragon d’Or plaça une partie de son long corps sous les griffes de l’hippogriffe qui s’y agrippa sans hésiter, bénéficiant ainsi d’un moment de répit. De ses crocs aiguisés, le dragon extirpa la flèche qui avait pénétré profondément dans la chaire de l’hippogriffe. S’en suivit un autre cri de douleur. Le dernier, puisque bien que Sibelle ne put voir les manœuvres de son bienfaiteur, elle sentit une lumière bienveillante réchauffer la plaie et la guérir.

À peine la plaie cicatrisée, l’hippogriffe lâcha un long cri de guerre provenant d’un animal en furie nourri par l’esprit de vengeance avant de descendre à toute allure en direction des archers qui l’avaient blessée.

Une fois à une hauteur qu’il sembla juger raisonnable, Cherock sauta au sol pour se réceptionner sans trop de difficulté. Sibelle fit alors demi-tour, revenant à la charge et se posa au sol. Si sa première idée était de reprendre sa forme elfique, elle n’en fit rien, trop pressée d’assouvir sa soif de vengeance.

Alors que non loin d’elle Cherock se battait tantôt au corps à corps, tantôt à coup de sort. Sibelle, pour sa part, se retrouva encerclée par quelques pirates, qui croyaient sans doute avoir affaire à une simple monture, qu’ils pourraient monter et mener à leur guise. Elle les détrompa assez rapidement. Prenant appui sur ses serres avant, elle effectua une spectaculaire ruade digne d’un redoutable étalon envoyant décrochant la mâchoire de l’un et heurtant mortellement le crâne de l’autre. Elle allait bondir sur un autre archer qui tentait de fuir lorsqu’elle vit un pirate de petite taille tenter d’attaque le blondinet par l’arrière. Sibelle laissa sa proie fuir et bondit sur la demi-portion plantant sauvagement ses griffes dans son dos, le faisant choir face contre terre. Ses serres transpercèrent violemment la chair et les artères, et le sournois mourut vidé de son sang. Il y eut quelques autres échanges sanglant, puis d’un commun accord tacite, Cherock et l’hippogriffe décidèrent de retourner à l’abri des murailles, ils les avaient suffisamment provoqués.
Cette fois, Cherock sauta sur le dos de Sibelle sans que cette dernière ne prenne la peine de plier ses genoux, elle le savait suffisamment agile pour la monter sans peine. Elle ne perdit donc pas de temps et battit des ailes et s’envola. C’était sans compter sur un pirate téméraire qui avait réussi à agripper les serres de Sibelle tout juste avant qu’elle ne s’envole. Elle tenta de lui donner des coups de sabot, sans succès. Elle pensait à faire quelques tonneaux lorsque Hatsu intervint. D’une flèche au cœur, le passager clandestin mourut rapidement, lâcha sa prise et effectua une chute libre à très grande vitesse avant de s’écraser violemment au sol. Sibelle fit un dernier passage en rase-motte au-dessus de la canaille marine avant de prendre de l’altitude et de retourner à l’abri des remparts.


[XP : 0,5 (témoin de la bataille) + 0,5 (discussion) + 2 (combat)]

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Akihito
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Akihito » mar. 13 juil. 2021 04:18

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

32 : Frapper vite et fort.

Tout commença très rapidement. Les armées se massaient et se faisaient face dans toute la plaine entourant Oranan, écrasant cultures et rizières, pataugeant dans ces mêmes rizières pour les plus mal chanceux. De loin, il était compliqué de distinguer quelles forces étaient en présence avec précision. Dans les environs immédiates de la périphérie de la ville, il y avait à l'ouest une masse, immense, remplies de Garzoks. Les forces de Karsinar, qui narguait les Ynoriens en se tenant en avant, devant leurs remparts. A ses côtés, une Lykor femelle se tenait : l'enchanteur ignorait qui elle était, mais a sa façon de se tenir d'égale à égal aux côtés du Prédateur ultime, elle devait sans aucun doute diriger les forces de sa race située au nord d'Oranan. Au sud, c'était des troupes de pirates bigarrées qui se mélangeairnt pêle-mêle : des enfoirés recrutés par Perailhon, sans aucun doute, pendant que lui maintenait le blocus maritime.

(... Ils n'ont pas l'intention d'attaquer.)

(On dirait bien.)

Les Ynoriens avaient l'avantage indéniable des remparts de leur cité, et pour s'être cassés les dents par deux fois dessus les troupes d'Omyre en avaient conscience. C'est pourquoi ils encerclaient sans attaquer la ville : dans la plaine, les forces de la République se feraient écraser par le surnombre d'Omyre et ne pouvaient venir en aides à leurs alliés Kendrans, Thorkins ou même Hinïons. Car une troupe éclatante et escortés par des chevaliers griffons étaient présents, et sans aucun doute des forces de l'Anorfain. Ils affrontaient dans les rizières une horde de morts vivants, dont les arrières étaient protégés par les forces de pirates. Le reste, Akihito ne pouvait que le deviner.

Enfin, une longue bande de verdure avait pris forme au milieu du champ de bataille. Et puisqu'elle avait pris forme au milieu des forces omyriennes, elle ne lui disait rien qui vaille. Peut être était-ce l'oeuvre de Leona, l'une des Treize aux puissants pouvoirs sur la nature ? Alors ça n'annonçait vraiment rien de bon.

Un peu en bordure du champ de bataille, à mi distance des deux forces principales, une rencontre au sommet eu lieu, entre deux délégations. Une ultime tentative, sans doute, de régler pacifiquement la guerre. Côté Kendra-Kar, Akihito reconnaissait l'armure rutilante du général Andelys, celle du garde royal Anton du Val et un troisième personnage qui devait être le Comte et conseiller du roi, mais il était moins sûr de son identité. Côté Omyre, c'était Crean Lorener, une silhouette élancée et une personne ressemblant étrangement à... Cromax, sous sa forme elfique. Une idée aussi inquiétante que perturbante, qui trouva rapidement sa réponse. Une lancière, juchée sur une wyverne et qui tournait dans les cieux depuis quelques temps déjà, plongea pour empaler le Général Andelys protégeant de son corps le troisième envoyé, alors même que chacun des partis retournait dans son camp respectif. Une marque de fourberie et de lâcheté sans nom. L'Ynorien vit alors le supposé Cromax se métamorphoser en Dragon pourpre avant de se lancer à la poursuite de l'attaquante, qui n était autre qu'une autre des Treize, Sisstar.

"Cromax... À quoi tu joues exactement..."

Des personnes pouvant se tenir aux côtés des Treize et dotés d'une capacité de métamorphe aussi poussée n'était clairement pas nombreuses. Et cette course poursuite aérienne ne faisait que semer un peu plus le trouble dans l'alignement du Sindel.
Mais ce n'était pas son problème actuel : il n'avait aucune emprise dans ce genre de combat, et alors que le ballet aérien se finissait brutalement au sol, Akihito observa les armées entourant la capitale de sa patrie. Il fallait faire quelque chose.

Il se tourna vers la Sindelle rencontrée plus tôt, et qui contemplait aussi le champ de bataille. Une main sur la poitrine, il s'inclina légèrement à son intention.

"Akihito Yoichi. On a malheureusement pas eu l'occasion d'être présenter, mais je vous remercie de nous aider à défendre notre cité."

L'intéressée ne répondit que brièvement par son prénom : Sibelle. Supposant que l'hinïonne ne devait pas être une bavarde, il se tourna cette fois vers Hatsu pour l'inclure dans ce qu'il allait dire.

"Omyre n'a pas l'air de vouloir bouger, et j'ai pas envie qu'on se regarde en chiens de faïence alors que d'autres se battent pour nous. Il va falloir leurs forcer la main, mais l'armée doit pour l'instant rester sur les murs... Autrement dit, c'est à nous de jouer. Une idée ?"

Loin de prendre vraiment le temps de considérer sa question, le mage vit avec effarement les deux femmes qui l'accompagnaient prêtes à en découdre et foncer tête baisser, la première en lui demandant s'il pouvait se battre dans les airs, à distance...

"Je suis un enchanteur de foudre, alors je peux tout à fait attaquer à distance avec mes éclairs, comme au corps à corps. Pour les hautes altitudes, j'ai eu mon baptême de l'air récemment."

... Et là seconde en appelant d'un sifflement Kinome et se jucher sur lui, s'appretant à décoller immédiatement.

"Ta détermination fais plaisir à voir, Hatsu, mais prenons quelques instants pour réfléchir avant d'aller en découdre, ok ? Histoire de joindre l'utile -aider l'armée- à l'agréable -épingler ces enfants de catin."

Il balaya de la main les murailles et derrière elles, les armées :

"Lykors, Garzoks, pirates. A votre avis, lesquels seraient les plus susceptibles de répondre à une provocation et un raid éclair ?"

Hatsu arrêta son envol, à son grand soulagement. Puis elle donna son avis : les pirates étaient forcément moins disciplinés.

"Mmmh. Les garzoks et les Lykors sont pas connus non plus pour leur discipline... Mais à contrario des pirates, ils n'ont pas de général sur le terrain avec eux."

Sibelle, qui avait acquiescé à sa proposition de se poser et parler stratégie avant de se lancer, reprit la parole et précisant la raison de sa question pour le moins singulière.

Sibelle semble satisfaite de la réponse d’Akihito ,et lui répond:

"Puisque tu peux être utile, je vais te permettre de grimper sur mon dos, lorsque j'aurai pris la forme d'hippogriffe. Tu devras te tenir fermement à mes plumes, car je n'hésiterai pas à filer à toute à l'heure ou à fondre en piqué sur l'ennemi. Sous cette forme, je comprends tout ce que vous dites, mais je ne peux répondre que par des cris. Un cri bref sera un oui. Deux coups brefs sera un non.

- Et un coup long, descente en piquée ? Pour que je m'accroche à ce moment là.

- Ça me va."

Jetant un coup d'oeil à une portion de la muraille non loin, Akihito aperçu les Conseillers en charge de la défense. Si leur stratégie fonctionnait, il était préférable qu'ils soient avertis.

"Je file prévenir l'état major dans ce cas, qu'ils se tiennent prêt à cet éventuel assaut pirate. Je reviens dans un instant."

Puis, aidé de ses bottes de Foudre, il rejoignit en un temps record les généraux oranais. Face aux deux conseillers, il les salua militairement.

"Conseillère Shimi, Conseiller Muri. Notre groupe a décidé d'aller mener un raid éclair sur les troupes pirates de Perailhon, pour les provoquer et briser ce statu quo afin d'aider nos alliés. Si nous réussissons, les troupes d'Ynorie devraient se tenir prêtes à un assaut au sud de la cité.

- Nous sommes prêts. Un assaut de la cité serait suicidaire pour eux : ils en sont conscients. Gardez ça à l'esprit. Et soyez prudents."

Il aperçu ensuite Kiyoheiki qui se trouvait non loin, parmi l'Etat major. Une présence rassurante et s'il avait bien une foule de questions à lui poser, il s'en garda bien : le temps était compté.

"L'aide du Dragon d'Or d'Ynorie est la bienvenue. Heureux de vous savoir en vie, Ser."

Voyant le sergent visiblement occupé par autre chose, Akihito retourna vers ses compagnons au pas de course et aperçu hippogriffe roux a la place de Sibelle. Une transformation qui l'aurait laissé pantois s'il n'avait pas croisé juste avant Cromax.

"Décidément, les polymorphes sont plus nombreux que je le pensais."

Il sauta prestement sur le dos de sa monture temporaire, ajusta sa position tant bien que mal et une fois aussi bien installé qu'il le pouvait, Akihito s'adressa à la noble archère.

"On y va ?"

Pour toute réponse, Kinome pris son envol sous l'impulsion de sa cavalière, rapidement suivi par Sibelle et lui-même. Voir sa ville depuis les airs était un spectacle saisissant, renforçant encore plus sa volonté de protéger son foyer. Un mouvement dans son dos l'alerta, et il se retourna pour voir un long reptile de plusieurs mètres de long les suivre. Une crinière dorée surplombait des écailles d'un blanc nacré et de féroces serres : le Dragon d'or, protecteur de l'Ynorie, se joignait finalement à eux.

"Harcelez et provoquez à votre gré. Trouvez refuge à mes côtés en cas de difficulté."

L'enchanteur opina du chef, pas sur que sa propre voix allait couvrir le durcissement du vent, avant de se concentrer sur la tâche à venir. Car déjà dépassaient-ils les murailles du Sud, fondant a plusieurs dizaines de mètres de haut sur les pirates massés au sud.

Hatsu fut la première à ouvrir le bal et commença à enchaîner ses tirs, flèches après flèches, ne s'embarrassant sans doute pas de viser tant leurs adversaires étaient nombreux. Un exemple que suivit Akihito : marteau à la main, le fulguromancien laissa libre court à sa magie et libéra un véritable barrage d'orbes de foudre. Cette partie alors silencieuse du champ de bataille s'emplit rapidement de cris de douleur, de surprise et d'alerte. Flèches et orbes tombaient comme le déluge, avant que Sibelle ne pousse un long cri : le signal de la descente en piquée.

Se plaquant contre sa monture, l'Ynorien eu malgré tout une brusque sensation de chute, rejoignant les crânes des pirates à une vitesse terrifiante. Les serres de Sibelle lacérèrent armures et visages ; ses sabots fracassèrent boucliers et crânes, avant qu'elle ne remonte aussi vite qu'elle était descendu dans ce passage mortel. Akihito avait modestement contribué à l'oeuvre, balançant son marteau autant qu'il le pouvait. De terribles frappes qui emportèrent quelques pirates supplémentaires.

(Les ailes me gênent pour attaquer...)

Voyager et se battre sur une monture volante étaient deux choses terriblement différentes, et il l'apprenait sur le tas. Mais son rôle était de provoquer, pas de massacrer le maximum d'ennemis. C'est pourquoi lors de la remontée, il se permit un grand éclat de rire sonore, comme pour se gausser de ses adversaires.

Éclat de rire qui fut entendu car si avant les flèches les ciblant étaient décochées de manières isolées, c'est deux vraie volées de flèches qui les ciblèrent, alors qu’Akihito recommancait à tirer ses munitions magiques. La première nuée de projectiles fut esquivée en grande partie par les manoeuvres de Sibelle, et les quelques rares à la viser correctement furent renvoyées à leurs propriétaires par le sort contenu dans la cotte de Faerunne de l'enchanteur. Mais il n'eut pas le temps de lancer un deuxième sort identique pour contrer la salve suivante, et malgré les esquives de l'hippogriffe, une des flèches perça douloureusement son flanc droit.

Le cri perçant du rapace résonna et si le vol était encore possible, il était devenu plus erratique. Une blessure qui ne passa pas inaperçu pour le sergent oranais, qui vola gracieusement vers eux et traita magiquement la blessure de Sibelle. Un soulagement pour Akihito, qui rangea sa gourde qu'il s'apprêtait à utiliser et posa une main sur la garde de son sabre, l'autre levée bien haut. L'abus magique contenu dans sa relique parcourut son corps et s'agrégea au dessus de sa main, formant rapidement une boule de foudre condensée vibrant violemment. L'obus fut catapulté dans les airs, décrivit une lente parabole avant de fondre avec une rare violence en contrebas, explosant dans une bruit de tonnerre.

Akihito se risqua à regarder le résultat de son attaque, et fut presque terrifié par sa puissance : un trou noir de plusieurs mètres de diamètre s'était formé au milieu de l'armée, et aucune trace des hommes qui s'y trouvait quelques temps auparavant.

"Sibelle, tu peux continuer ?! hurla Akihito alors que le Dragon soigneur s'éloignait après avoir parfaitement guérit la blessure de Sibelle, qui lui répondit par un simple cri court.

- Oui !

- Alors allons rendre une visite de courtoisie à ceux qui nous tirent dessus !"

Une autre réponse affirmative s'en suivit. Laissant à la polymorphe (dont les yeux de prédateurs étaient sans doute plus puissants que les siens) le soin de trouver leurs cibles, Akihito poursuivit ses assauts incessants avant que le signal convenu ne le pousse à s'aggriper à sa crinière, suivit d'une descente à la verticale. Il manqua presque de tomber, ne devant son salut qu'au redressement au tout dernier instant de l'hippogriffe. Elle les avaient emmené au dessus d'un petit contingent d'archers, dont le regard médusé se posa sur eux alors qu'ils encochaient des flèches.

"BONJOUR !"

D'une voix tonitruante, Akihito sauta du dos de Sibelle alors encore à quelques mètres au dessus du sol. Faisant appel à son médaillon de Faerunne, un socle d'air se forma sous ses pieds à distance, divisant une chute qui lui aurait sans doute briser au moins une jambe à deux réceptions un peu douloureuses pour ses chevilles. Mais il se devait de libérer la place à Sibelle pour qu'elle atterrisse en toute sécurité. C'est pourquoi sa deuxième chute se fit au milieu des archers et provoqua une puissante vague énergétique de Foudre, touchant tous les archers autour de lui. Ce sort, si durement appris contre des pirates par un jeu du hasard mais qui lui avait fait faux-bond à plusieurs reprises contre Crean, sembla vouloir prendre sa revanche.

Tout autour de lui, les archers furent touchés par la déferlante magique et si certains ne furent pas immédiatement balayés, ils finirent néanmoins au sol, parcourus de spasmes leurs faisant rendre leur dernier souffle.

Histoire de faire les choses bien, l'enchanteur ne s'arrêta pas là et abattit sur le sol la tête de son marteau. Il sentit le pouvoir runique s'activer pour la première fois et déclencher une secousse sismique autour du point d'impact. Les archers au delà de la zone d'impact de son sort furent secoués et une petite moitié tomba à terre, déséquilibrés. En quelques instants, il avait dégager une zone de dix mètres de diamètre, permettant largement à l'hippogriffe d'atterrir.

"Alors les mercenaires de mes deux, on a peur d'attaquer une ville assiégée en surnombre ? Il vous faut une invitation peut être ?"

Le ton railleur de l'Ynorien, couplé à la force du nombre, incita les pirates effrayés par la démonstration de force à attaquer : deux d'entre eux décochèrent leurs traits, mais les flèches furent une nouvelle fois retournés contre eux grâce à la fulguromancie. Les deux assaillants s'écroulèrent, l'un se tenant la cuisse, l'autre fixant avec un regard blême la tige de bois dépassant de sa poitrine.

[color=#DFBF00"Ce genre d'invitation vous va ?"[/color]

Cette autre provocation moqueuse enragea les pirates qui lâchèrent leurs arcs, visiblement inefficaces, pour se jeter sur lui armés de coutelas et autres sabres. Dans son dos, une bourrasque de vent annonça l'arrivée de Sibelle qui engagea immédiatement le combat. Akihito entre aussi dans la mêlée, surclassant sans problème les premiers adversaires qui arrivaient. Pour la plupart, c'était des combattants à distance qui affrontait Akihito, rompu au combat au corps à corps. Le premier fut envoyé au tapis avec quelques côtés en miettes, quand le second eu lui son bras broyé après une esquive sur le côté d’Akihito. Après quelques adversaires sommairement neutralisés pour les plus chanceux et tués pour les autres, arrivèrent les sabreurs savant tenir correctement une lame. Si l'Ynorien les dominait individuellement, leur nombre le mettait progressivement en difficulté. A plusieurs reprises, un truand des mers le prit à revers. Si la première fois lui causa une belle coupure à la cuisse, les autres furent interceptées par une Sibelle salvatrice qui repoussa de son bec et de ses pattes de fourbes attaques.

Kiyoheiki était là, lui aussi. Akihito ne le voyait que du coin de l'oeil, mais le corps serpentin du sergent protégeait un large flanc de leur incursion offensive, ce qui lui permit de tuer deux adversaires de plus de sa masse et d'une munition élémentaire tirée à bout portant. Cependant, les troupes s'amassaient autour d'eux, innombrables. Ils se faisaient peu à peu submerger, à tel point qu'un coup d'oeil échangé entre lui et l'hinïonne mena à un constat évident : il était temps de partir.

A ce moment là, un pirate plus grand et massif que les autres s'avança. Capitaine de navire ou mercenaire en chef, il avait l'air un peu plus belliqueux que les autres. Akihito aurait bien affronté cet adversaire un peu plus relevé, mais ca aurait été des risques inutiles. Aussi lança-t-il une dernière pique en sautant sur le dos de Sibelle avec agilité, non sans lancer une dernière provocation.

"On se retrouve sur les remparts mon chou, si t'as les couilles de venir me chercher."

Un clin d'oeil ponctua sa déclaration, et une brusque envolée le décolla du sol. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'un des Fernand se jette et s'accroche aux pattes de Sibelle, l'arme entre les dents. L'enchanteur chercha un moyen de la déloger et un cri perçant interrompit son geste. Hatsu intervint et tira une flèche experte sous le poitrail de l'hippogriffe, suivit d'un cri de douleur. Un soubresaut, le claquement sec d'un coup de patte fini de se débarrasser du gêneur qui fit une chute vertigineuse et s'écrasa dans la masse de ses comparses. Kiyoheiki avait apparemment eu la même idée, alors qu'il lâchait lui aussi un pirate barbu de très haut.

Une opération rondement menée, selon Akihito. Au prix de quelques bleus et d'une belle coupure, il avait semé un beau boxon et, il l'esperait, suffisamment provoqué les mercenaires de Perailhon. Pour faire bonne mesure, il décida d'utiliser un dernier sort, le Cercle protecteur. Mais avec une forme plus offensive, le faisant apparaître avec directement ses cibles en son sein. Les pirates échappèrent de justesse à une nouvelle dose de Foudre, le sort d’Akihito ayant été interrompu par une brusque embardée pour éviter de nouvelles flèches. Un sort gâché, mais qui n'entama pas ses réserves pour autant car c'était un autre de ses sorts transférés.

Akihito clôtura ce raid en lâchant autant qu'il pouvait de ses orbes de foudre. Certains touchaient, d'autres se désagregeaient avant de toucher leurs cibles. Jetant un dernier regard dans son dos, il vit un colossal pilier de lumière s'élever au milieu de l'armée de morts vivants, au delà des hordes pirates. La lueur sacrée avait l'air dévastatrice, et raffermit sa détermination : ils n'étaient pas les seuls à mettre du cœur a l'ouvrage.


HRP :


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Hatsu Ôkami
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Hatsu Ôkami » mar. 13 juil. 2021 17:17

Dans le sang


L’aube s’ouvrit sur un spectacle encore jamais vu de mémoire d’hommes. Accoudée aux remparts protégeant l’écrin de l’Ynorie, Hatsu observait les immenses armées se mettre en place, prête à faire couler sans et sueur sur les terres de son peuple, pour leur liberté à tous. Hommes, elfes et nains alliés dans le seul et unique but de défendre Yuimen de la menace de l’Impératrice Noire. Il fallait bien un ennemi d’une telle ampleur pour pousser ainsi tous ses peuples à faire faces aux hordes Garzoks et Segteks accompagnés des serviteur humains, parias et traître qui souillaient le sol de l’Ynorie, de morts qui n’auraient jamais dû quitter leurs tombes et de créatures que seuls des fous auraient pu imaginer. Coincés dans leur capitale, les ynoriens ne pouvaient qu’observer, impuissants, le déplacement des troupes qui réduisirent à néant l’espoir d’une quelconque récolte cette année. Une pensée triviale face à toute la violence qui allait venir.

Un mouvement sur sa droite lui fit tourner la tête et elle la hocha vers Cherock qui venait lui aussi de monter aux créneaux. Une elfe blanche qu’elle avait déjà aperçu vint les rejoindre peu après, se présentant sous le nom de Sibelle. Hatsu lui répondit sur le même ton sans lâcher des yeux les cavaliers qui s’avançaient au centre de l’immense déploiement de forces. Une tentative de négociation que Hatsu trouvait vaine et vouée à l’échec. Nul ne saurait résonner la folie de la Déesse Noire et de ses serviteurs. Nul n’aurait pu envisager également leur traîtrise, car lorsque les négociations échouèrent, une wyverne portant sa cavalière fondit sur les représentants des forces alliées pour les attaquer. Jurant entre ses dents, la jeune femme ne put que contempler le manque d’honneur des Omyriens qui, une fois de plus, frappaient dans le dos. Sans perdre un instant, elle descendit les marches la ramenant vers l’intérieur de la cité. Sa main fouille sa besace avant que la voix de Cherock ne l’interpelle, lui demandant ce qu’elle comptait faire.

- N’est-ce pas évident ?

Sans attendre, elle tira sa flûte de son sac, positionna ses doigts pour obtenir un son aigu et siffla. Un cri lui répondit et, quelques secondes plus tard, Kinome surgit des habitations tandis que Hatsu se tournait de nouveau vers le fulguromancien qui semblait vouloir la retenir.

- Envoyer ces ordures aux Enfers. Je ne vais pas attendre les bras croisés.

Car si l’armée ynorienne ne pouvait venir en aide à ses alliés, elle pouvait quand même avoir la joie de tuer autant de traîtres et d’horreur que possible en restant sur le dos de Kinome. Cherock chercha à calmer les ardeurs de la jeune femme qui monta sur Kinome lorsque celui-ci se posa devant elle. Elle s’installa en entendant le fulguromancien déblatérer elle ne savait quoi, posant néanmoins une question importante, qui attaquer ?

- Les pirates. Premièrement parce qu'ils sont forcément moins disciplinés que le reste et ensuite parce que ce sont des traîtres qui se sont alliés aux ennemis des Hommes. Et cela me suffit amplement.

Cherock et l’elfe semblèrent d’accord, mais le premier s’en alla prévenir l’état-major, forçant Hatsu à attendre, laissant son impatience grandir alors qu’on pouvait entendre les premiers bruits de la bataille. Elle cessa cependant d’y penser lorsque, sous ses yeux, l’hinionne commença à changer d’apparence, à gonfler, grandir, se recouvrir de plumes pour devenir un hippogriffe au plumage roux. Interloquée, Hatsu la fixa quelques secondes avant de poser une main apaisante sur Kinome qui avait claqué le bec, soudainement très intéressé par l’animal apetissant qui venait de sortir de nulle part. Les deux semblèrent s’observer un instant et Hatsu aurait juré sentir Kinome se tenir plus droit encore, comme pour affirmer sa supériorité.

La jeune femme, bras croisés, laissait son index tapoter son bras en observant, mâchoire serrée, Cherock s’entretenir avec les conseillers. Cela ne prit pas longtemps, mais chaque seconde lui sembla durer des heures avant qu’enfin il ne descende des remparts pour se diriger vers l’hippogriffe. Hatsu étira ses bras, puis son cou et flatta l’encolure de Kinome qui, comprenant le message, écarta les ailes d’un mouve brusque avant de prendre son élan pour décoller, suivant de près l’hippogriffe avant de se poster sur sa droite, légèrement plus haut. Hatsu ne savait pas ce que le duo comptait faire, mais elle comptait bien rester à bonne distance, n’ayant nullement envie d’exposer son compagnon aux lances et lames des pirates. Elle dirigea son regard vers Cherock alors qu’ils dépassaient les remparts et pointa le ciel du doigt avant de faire grimper Kinome.

Un bruissement du vent murmura à ses oreilles et elle tourna la tête derrière elle. Elle écarquilla les yeux avant qu’un sourire ne fleurisse sur ses lèvres. D’un blanc pur orné d’or, un immense dragon semblant glisser sur l’air s’était joint à eux. Le Dragon d’or, protecteur de l’Ynorie, s’était joint au combat. Ce spectacle seul suffit à Hatsu pour espérer encore davantage. Son regard balaya les masses réduites à de minuscules silhouettes sur le sol tandis qu’elles s’entrechoquaient, luttaient, tuaient et mourraient. Elle inspira et ferma les yeux un instant.

- Puisses-tu m’entendre Rana. Que tes vents nous soient favorables en ce triste jour, que ta sagesse et ta force guident notre peuple face à cette épreuve. Que tes vents guident ma flèche vers le cœur de l’ennemi. Que ta force et ta sagesse m’inspirent pour remporter la victoire.

Elle tira une flèche de la Poche, souffla sur la pointe avant de l’encocher.

- Puisses-tu m’entendre, Rana.

Puis, en pressant les flancs de Kinome, elle lui fit faire une boucle pour piquer vers la masse des pirates agglutinés hors de portée des archers ynoriens. Mais pas hors de portée de ses flèches si de la magie de Cherock qui déchâinait sa magie sur les hordes de Perailhon. Kinome se redressa à quelques mètres du sol, suivant l’hipogriffe avant de passer au-dessus de lui. Hatsu décocha flèche après flèche, sachant fort bien qu’elle n’avait pas à s’inquiéter à l’idée de tomber à court de munitions. Elle ne visait pas vraiment une cible précise, se contentant d’arroser les pirates de ses traits jusqu’à ce qu’ils finissent par riposter. Une première volée de flèche cibla le duo Sibelle/Cherock, sans heureusement faire de dommages. Hatsu fit remonter Kinome, évitant de justesse un trait qui lui frôla la tête.

D’autres traits filèrent vers la grifonnière, mais Kinome, agile, refit une boucle pour plonger sur les pirates, évitant les quelques flèches et permettant à Hatsu de ficher la sienne dans l’œil d’un des archers. Un sourire carnassier et satisfait déforma les traits de l’ynorienne pendant un court instant, puis Kinome remonta vers le ciel. Elle vit une flèche percer le flanc de l’hippogriffe et jura. Elle entendit les cris des pirates et fit de nouveau grimper Kinome tandis qu’une lumière s’échappait du Dragon d’Or, soulageant l’hippogriffe de sa blessure. Hippogriffe qui fonça alors directement vers les archers. Hatsu les observa un instant et décida de harceler les fantassins pour leur laisser le champ libre. Elle se pencha sur le côté, faisant comprendre à Kinome de virer sur la gauche. Il se mit à faire de lent cercle tandis que Hatsu observait la situation avant de finalement commencer à tirer. Les casques des fantassins les protégeaient bien de ses flèches, mais leurs épaules et leurs nuques restaient vulnérables. Elle en faucha quelques-uns avant que Kinome ne fasse une brusque embardée.

- Kinome qu’est-ce que…

Le griffon piqua vers le sol, filant en rase motte au-dessus des soldats sur quelques mètres. La pointe d’une lance frôla de trop près le flanc du griffon, mais il ne remonta qu’après que Hatsu lui ait tiré le cou vers le haut. Hatsu entendit un cri et se pencha avant de comprendre pourquoi Kinome semblait peiné pour grimper correctement. Des serres entourant sa tête, un homme se débattait en frappant les pattes du griffon qui l’avait attrapé. Hatsu soupira, puis un trait frôla le griffon, puis un second. Plusieurs archers disposés ailleurs l’avait pris pour cible. Et la vitesse réduite du griffon et sa cavalière risquait de les mener tous les deux à leur perte. Hatsu commença à riposter, mais les archers étaient bien plus nombreux et une des flèches entailla son bras, puis une des pattes arrière de Kinome qui poussa un cri furieux.

- Kinome, lâche-le !

Le griffon tourna sa tête et son regard orée vers la jeune femme qui tentait de monter l’humain en se penchant pour qu’il comprenne. Il y eut un moment d’incompréhension entre les deux avant que le griffon ne lâche. L’homme hurla en chutant pour s’écraser des mètres plus bas. Hatsu n’avait guère de remord à ce sujet, mais Kinome avait été bien trop impulsif à son goût. Ou alors avait-il eu l’idée de manger sa capture ? L’idée la fit frissonner.

Reportant son attention sur l’action qui se passait plus bas, elle vit l’hippogriffe et son cavalier tenter de remonter, un homme accroché à la jambe de l’animal. Tapotant l’épaule de Kinome, elle le fit piquer, arma sa flèche et tira en passant juste à côté. Elle entendit un cri de douleur et vit l’homme chuter alors que le dragon remontait lui aussi après avoir envoyer valser un pirate qu’il avait capturé, le balançant directement au beau milieu des pirates. Si ça n’avait pas été des êtres vivants cela aurait pu être un jeu amusant…

- Cela ne suffira probablement pas…

Elle observa du côté des Garzoks et de leur général qui se tenait face à la porte en narguant ses défenseurs. Et l’idée de lui faire ravaler son arrogance lui chatouiller les mains.


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Kiyoheiki
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Kiyoheiki » dim. 25 juil. 2021 09:41

~Auparavant~


Lentement, j'appose mon regard sur les troupes que nos actions combinées viennent de piquer au vif. Elles semblent réceptives à la provocation. Pourtant, quelque chose les retient. Il semble qu'un ordre résonnant avec force soit parvenu à contrer la stratégie mise en place. Mon attention se porte sur l'hippogriffe dont le cri m'interpelle et dirige mon regard plus loin, vers une petite troupe bien équipée, différemment du reste des combattants. À son tour, l'humain perché sur son dos se fait entendre, indiquant que les individus lourdement protégés sont de possibles officiers de la Dame Sombre. La prochaine cible semble toute désignée et des tirs dont de puissants sorts frappent la zone.

Un écho désapprobateur résonne dans ma perle tandis que le binôme plonge, vraisemblablement afin de se confronter directement à cette élite. Le fer de lance aérien prend beaucoup de risques. Malgré le côté impétueux de ces jeunes êtres, ma nature ne me permet pas de les laisser se mettre en danger sans prendre ma part de responsabilité.

J'ondule dans la direction du corps de huit combattants porteurs de pavois, gardant à l'esprit la présence des autres troupes à proximité. Il me faut faire barrage de ma forme, mais de vagues mots évoquant une promesse floue m'incitent à prendre des précautions. Canalisant ma puissance lumineuse, je cherche à duper les yeux des phalanges, les guidant subtilement afin qu'elles croient me voir à une position légèrement différente.

Nul ordre d'attaque n'émane de la tête de cette troupe. Point de silence pourtant, car l'individu le plus important du contingent nie à plein poumons être responsable de tout ceci, ne pas avoir commis quelque acte répréhensible contre nous. Au sol, face à eux, le binôme elfe redevenue elle-même et le jeune homme exigent des réponses sans sembler se rendre compte de leur position vulnérable. Je laisse mon corps perdre de la hauteur et me pose en arc de cercle, barrant de ma forme serpentine l'accès à la zone.

L'individu n'a pas la voix assurée d'un meneur de troupes. Il décline son identité. Markus Scortum, Roi de la cité de Darham et qui n'a semble-t-il aucune envie de se battre et périr. Ses paroles devient sa responsabilité vers le Général de la Demie Déesse Perailhon, nous invitant à le prendre lui pour cible. Son attitude est inhabituelle. Sa garde rapprochée est-elle ici pour le défendre ou l'empêcher de fuir ?

Le meneur d'une armée ne peut se permettre de se montrer aussi chancelant. Je fais alors rugir sa voix.

"Vous êtes impliqué, Roi de Darham. Votre présence conforte les agresseurs de mon peuple dans leur supériorité."

J'ondule de façon menaçante pour les contraindre à bouger.

"En menaçant les miens, vous faites de moi votre adversaire. Décidez-vous vite, votre destin est en jeu."

La logique de ce roi ne s'aligne guère avec la mienne alors qu'il répond avec la crainte au cœur que le Treize mentionné est notre problème, pas le sien. Cela ne change rien à la menace de son armée envers mon peuple. Sa répartie ne fait qu'irriter les jeunes combattants, les poussant à mener l'offensive. Flèches et magie volent et frappent. Le Roi est frappé d'un douloureux sort et se fige. Autour de nous, les hommes d'arme se rapprochent lentement. Le temps nous manque.

Me ramassant sur moi-même, je lance mon corps d'écailles contre les sentinelles à l'opposé de l'elfe guerrière, faisant choir mes cibles. J'appose un bref instant mon regard sur le Roi, dont le destin sera d'être capturé et ramené dans nos murs. Je me saisis de lui, me ramasse sur moi-même et repars dans les cieux. Je grimpe par des cercles de plus en plus élevés et erratiques, évitant des projectiles m'étant destinés.

Mes yeux violets glissent sur la scène en contrebas où le binôme posé est pris pour cible par quelques membres de l'élite. Ils sont couverts par les flèches de l'autre duo, certaines semblant faire fi des lourdes protections et volant des vies. Une nouvelle fois, je fais appel à ma magie afin de faire taire les accès de violence. Toutefois, résonnant comme un bourdonnement, un appel vague se fait au cœur de mon être. Un moment de distraction, suffisant pour dissiper ma concentration et me contraindre à réajuster ma prise sur mon prisonnier. Mon sortilège n'a pas pu prendre forme.

Au sol, j'aperçois une lance toucher la cuisse du jeune ynorien et fais prestement demi-tour, me rapprochant vivement. La magie curative pulse depuis ma perle, aidant le blessé à se remettre. Il grimpe sur le dos de l'hippogriffe qui prend finalement son envol, esquivant de peu d'autres assauts d'armes longues.

De mon armure naturelle, je fais barrage entre les hardis combattants et les troupes au sol. Sans un regard supplémentaire en arrière, j'accompagne le petit groupe, un étrange individu nullement à sa place dans ce conflit tenu avec sûreté entre les pattes.


~Suite~


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Akihito
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Re: Les Portes et Remparts

Message par Akihito » ven. 30 juil. 2021 16:43

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

34 : Négociations au sommet.

Le survol de l'armée de Darhàm et de pirates pris quelques minutes, durant lesquelles l'enchanteur Ynorien prit le temps de respirer un peu. C'était la première fois qu'il participait à un combat à si grande échelle, et la succession de combat n'était pas de tout repos. Profitant d'un point de vue incomparable sur le champ de bataille, il en profita pour tenter de juger un peu de son avancement. Autour d'Oranan, malgré leur capture et leur assaut, les pirates ne se lançaient pas à leur poursuite. Les Garzoks de Karsinar et les Lykors au nord restaient eux aussi en formation. Du côté des armées Thorkines face aux forces de Crean, une violente mêlée semblait avoir été engagée, avec un, semblait-il, léger avantage pour le peuple de Valyus. Leur avantage numérique leur permettait de prendre peu à peu l'ascendant, de même que l'aile de cavalerie qui les accompagnait se dégageait du même combat, certainement pour relancer une charge meurtrière.

(Le commandant Pérussac et le général Throgg'inn semble bien gérer leur affaire.) commenta Amy.

(Faut dire que ces sacrées têtes de pioches de Thorkins en ont à revendre.)

Se rappelant les quelques heures passées dans leur camp, Akihito se souvenait avoir été impressionné par l'entrainement des êtres de la montagne, ainsi que de leur hargne dans celui ci. L'image du Thorkin l'ayant conseillé sur la tenue de son bouclier, de l'art de la Phalange, lui revint aussi en tête. Il avait laissé le bouclier au palais de la Roseraie, pour pouvoir porter une partie du paquetage de Xël. Mais désormais, il regrettait de ne pas l'avoir pris avec lui au prix d'être un peu surchargé l'espace d'un temps. Ca lui serait tellement profitable s'il devait se battre au coeur d'une armée Omyrienne...

Un hurlement perturba ses réflexions : le sergent Kiyoheïki avait fait une embardée pour esquiver une volée de flèches, et le roi Markus ballotant sous lui avait donné de la voix pour signifier sa peur. Et il tenait fermement dans ses mains ses armes, dans le vain espoir que ça pourrait lui être utile une fois arrivée dans la ville d'Oranan. Une longue claymore, et un lourd pavois. Un sourire étira les lèvres d’Akihito sous son heaume quand son regard se posa sur le lourd rectangle d'acier et de bois, mais il se força à reporter son attention sur le reste du champ de bataille. Le butin de guerre allait attendre.

L'affrontement entre les troupes principales de Kendra-Kâr et d'Omyre était sanglant, et les deux titans ne semblaient pas vouloir céder à l'autre. Si certains fronts semblaient avoir été enfoncés par l'un ou l'autre des camps, la situation restait, semblait-il, stable. A contrario de la marée de morts-vivants affrontant les troupes elfiques : le colossal pilier de lumière qu'il avait vu un peu plus tôt ne semblait pas avoir été la pour faire joli, car les relevés avaient vu leurs effectifs drastiquement diminuer, et les Hinïons n'allaient pas mettre très longtemps avant de nettoyer les dernières poches de résistance nécromantique. Ce qui allait laisser découvert les arrières de Darhàm...

En résumé, les alliés de l'Ynorie prenait visiblement lentement l'ascendant : rien n'était joué, loin de là. Mais ça ne pouvait qu'être encourageant pour la suite de la bataille. Akihito se cramponna à la crinière de Sibelle qui amorçait sa descente vers la portion de muraille au dessus des portes, là où ils avaient observés le début de la bataille. Les trois formes volantes atterrirent avec leur "invité", qui fut lâcher sans ménagement sur le sol de pierre. Le jeune homme descendit de l'elfe blanche transformée, qui reprit sa forme originelle. Il lui tendit ses deux armes récupérées in extremis, poignées en avant.

"Ton aide pour le transport valait bien que je me prenne un coup de lance pour les récupérer. Merci encore, Sibelle."

La peu bavarde Hinïonne acquiesça en prenant et rengainant ses armes, alors qu’Akihito se dirigeait vers le roi de Darhàm qui reprenait son souffle après une réception brutale qui lui avait vidé les poumons.

"Roi Markus. Vous êtes désormais un prisonnier de guerre Ynorien et tant que vous ne tentez rien de stupide, vous aurez la vie sauve."

Il tendit une main vers ce dernier.

"Vos armes, je vous prie. Et ne pensez même pas à user de votre aquamancie."

Le tintement de l'acier répondit à son injonction : arme et bouclier tombèrent au sol, de même que le casque du roi qui dévoila un visage jeune. Markus Scortum devait avoir à peine quelques années de plus que lui, mais avait un pouvoir et des responsabilités bien plus grandes que les siennes. Cela fit remettre un instant en question son opinion du roi : il avait dû accéder au trône sous le joug d'Oaxaca et n'avait sans doute rien connu d'autre : peut-être que lui aussi, se comporterait de la même façon si...

"Encore une fois, par Moura, je n'ai aucune intention de me battre. C'est vous qui avez tué des hommes de sang froid, qui essayaient juste de me protéger. Puissent vos maîtres respecter davantage votre si cher code d'honneur."

Et ainsi se termina sa reconsidération de Markus Scortum. Serrant les poings avec colère, Akihito poussa du pied épée et casque contre les créneaux pour ne pas gêner les soldats, avant de ramasser le bouclier. Plus il ouvrait la bouche, et moins l'enchanteur avait de scrupule à récupérer son bouclier.

"C'est la guerre, votre majesté. Et au cas où ca vous aurait échappé, vos soldats assiègent notre ville. Vous êtes donc de facto nos ennemis. Et ne vous méprenez pas : vous affrontez ne me plait guère.

- La guerre, la guerre. Une guerre que je n'ai en rien voulue, oui ! Ce n'est pas par choix que je suis ici. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je serais toujours dans mon château, à Darhàm, à ne pas me soucier de politique étrangère, ou de votre... foutue guerre."

Il l'invita alors à se lever, et le fit avancer le long des remparts vers les conseillers et l'état-major. Il se tourna une dernière fois vers ses compagnons, les saluant et remerciant silencieusement de leur aide, puis profitant de la petite minute que lui offrait le trajet, il ajouta :

"Vous ne semblez pas apprécier Perailhon. Ça tombe bien, nous non plus : j'espère que ce point commun pourra mener à un accord arrangeant.

- Perailhon était jusqu'ici ma plus grande chance de survie. Il n'est pas question de l'aimer ou non. Si je l'ai évoqué, c'est parce que c'est lui qui donne les ordres, ici.

- J'ai bien compris que c'était lui qui vous avait traîné ici, rétorqua Akihito en soupirant. Et je ne doute pas que ça recommencera quand il aura de nouveau besoin de vos troupes si Omyre venait à gagner cette bataille et à entrer dans d'autres guerres... Sauf si Omyre perd. Et peut-être avec votre aide. Réfléchissez y : Darhàm aura certainement plus à profiter d'une alliance avec l'Ynorie et Kendra-Kâr, que de la vassalité forcée d'Omyre.

- Sauf qu'Omyre se dresse entre Darhàm et Oranan, et que vous ne pourriez rien faire s'ils nous attaquaient. Oaxaca a la mainmise sur mon Royaume, ne doutez à aucun instant de ça. Et qu'importe ma volonté."

Arrivant près des conseillers, Akihito retira son heaume et l'accrocha à la boucle de sa ceinture, puis posa une main sur l'épaule de Markus. Une main ferme sans être menaçante, dans l'idée de prévenir toute tentative farfelue du roi.

"Conseillers, faute d'avoir pu briser le statu quo, nous avons tout de même réussi à faire prisonnier le roi de Darhàm, Marcus Scortum.

- Bon travail, Porteur. C'est un prisonnier de valeur que vous ramenez là, commenta la Conseillère Shimi après avoir salué poliment le roi.

- Soldats, emmenez-le dans une cellule solide et veillez à ce qu'il ne manque de rien. Je veux au moins deux hommes en permanence pour garantir sa surveillance."

Le Conseiller Muri fut bien plus expéditif que sa collègue, et déjà des Samouraïs chargés de la protection des deux Conseillers se dirigeaient vers le roi pour le mettre aux fers. Akihito fut surpris d'une telle rapidité, aussi s'avança-t-il d'un pas, se mettant au devant des gardes s'approchant.

"Si vous me permettez Conseiller, je pense que nous pourrions faire mieux que de l'enfermer. Car nous sommes toujours prisonniers de la ville, mais maintenant que nous avons le chef d'une des armées qui nous assiegent... Des négociations pourraient être possibles."

Il se tourna vers le roi de Darhàm.

"Vous dites que Darhàm est séparée d'Oranan par Omyre. Mais si nous remportons cette guerre, ce sera Omyre qui sera prise en tenaille.

- Négocier ? Négocier quoi ? N'avez-vous pas compris que nous ne sommes que des pions, des prétextes, pour que ces deux géants de Nirtim puissent s'affronter, Kendra Kâr et Omyre ? Il n'y avait qu'à voir les négotiations du début de la bataille. Y avait-il un ynorien ? Un habitant de Darhàm ? Ni vous ni moi ne pouvons contrôler quoique ce soit dans ce qui se passe ici."

L'imposant Conseiller, lui, ne semblait pas perturbé par l'intervention du roi. D'un signe, il confirma aux Samouraïs qui s'étaient arrêtés à la prise de parole d’Akihito qu'il fallait attendre un peu, avant de prendre la parole.

"J'ignore ce que vous avez en tête, Yoichi. Mais tentez, si vous pensez pouvoir en tirer quelque chose.

Merci Conseiller, dit l'enchanteur en inclinant la tête à son encontre, avant de se retourner vers le roi Markus. Vous avez raison : seuls, on ne fait pas le poids. Mais regardez les solutions qui s'offrent a vous si vous restez ainsi : si Omyre gagne, vous continuerez d'être utiliser comme de la chair à baliste. Si Kendra-Kâr gagne, vous serez du côté des vaincus et traités comme tels, peu importe que vous ayez été contraints ou non. Roi Markus, je vous propose d'arrêter de subir cette guerre "comme un pion", et de vous allier à l'Ynorie.

- Vous semblez n'avoir aucune idée d'à qui vous avez à faire. Si je trahis Omyre, ils me tueront sans aucune pitié. Alors que là, en jouant mon rôle de "pion", j'ai tout le confort du monde qui m'attend chez moi. Et quand bien même je déciderais de jouer les héros suicidaires, les troupes de la villes sont fanatisées et ralliées à Oaxaca et Perailhon. Elles ne trahiront pas, toute mauvaise image que vous puissiez avoir d'elles."

Akihito commença à saisir à qui il avait à faire. Le roi n'avait semble-t-il aucun pouvoir, ni impact.

"... Si je comprend bien, vous n'avez aucune influence sur cette guerre ? Donc vous ne nous servez... A rien ?"

Il le dit avec un sourcil levé, en posant la main sur son sabre.

"Voilà ! Voilà, je n'ai rien à voir avec tout ça et je n'ai aucune influence, dit le roi avec un soulagement visible. Je ne vous suis d'aucune utilité. Ni à eux. Enfin vous comprenez.

- Donc vous n'avez aucune valeur en temps que prisonnier."

Le chuintement de la lame de Faerunne sortant de son fourreau résonna dans l'air, qui s'alourdit subitement. Le visage de Markus s'affaissa avant de se teinter de peur devant la voix atone d’Akihito.

"Peut être que la vue de votre corps pendant aux murailles de la ville poussera les quelques hommes qui vous sont loyaux a emmener les autres, dans ce cas."

Une déclaration qui ne plu à personne : ni aux conseillers qui lui jetèrent des regards courroucés sans pour autant intervenir, ni au roi de Darhàm qui se jeta à genoux, suppliant pour sa vie. L'Ynorien n'aimait pas vraiment donner cette image de lui devant les plus hautes instances de la République, mais il serra les dents : son bluff se devait d'être crédible.

"Non, non ! Mon corps est très bien en vie ! Pitié, ne me tuez pas, je peux vous offrir de l'or, des bijoux, des pierres précieuses, après tout ceci, si vous me laissez vivre.

- Si la ville tombe, je tombe avec. Tout votre or ne me sera d'aucune utilité. Le problème c'est que votre armée nous menace et nous empêche de sortir des murs de la cité. Qu'est ce que vous pouvez me proposer pour régler ce problème, roi de Darhàm.

- Mais rien ! J'pourrais vous proposer ma couronne que ça n'y changerait absolument rien. C'est Perailhon l'homme qu'il vous faut, pas moi. Ou l'autre là, le gros musclé. C'est lui qui dirige le siège."

Akihito soupira. C'était une perte de temps, au final.

"Très bien, dit-il en rangeant son arme, avant de s'adresser aux responsables de la défense de la ville. Honorables conseillers, je ne sais plus rien à demander au roi Markus. Jai essayé d'envisager toutes les options pour nous sortir de ce pétrin, mais il semblerai que sa capture ne soit pas la clé de ce siège."

Puis il s'adressa aux gardes qui s'étaient rapprochés.

"Vous pouvez l'emmener."

Markus Scortum fut emmené par les Samouraïs sans opposer la moindre résistance. A en voir ses jambes tremblantes, Akihito ne douta pas qu'il avait réussi à faire peur au roi de papier, mais qu'il n'avait réellement aucun moyen de bouger ses troupes d'une quelconque façon avantageant Oranan. Celle que l'on nommait La Faucheuse se tourna alors vers lui, un air embarrassé sur le visage.

"Peut-être pourrions-nous trouver conseil auprès de vous, Porteur. Nous avons tous deux un avis différent sur la suite des événements. Le Conseiller Muri prône une vision défensive, et tient à garder Oranan close et nos soldats protégés par nos murs. De mon côté, je crois qu'il est de notre devoir de participer à cette bataille visant à nous défendre. Nous déshonorerions notre alliance avec Kendra Kâr en restant ainsi cloîtrés. Et je pense que nous pouvons lancer un assaut sur les troupes faisant face à la ville, et nous déployer devant celle-ci pour la défendre ensuite contre ceux qui oseront venir."

Shen Muri, quant à lui, grogna :

"Ce qui menacerait à la fois les vies de nos soldats, et de notre peuple si nous échouons. Nous avons des murailles, elles servent à se défendre, dusse la situation rester immobile."

Nora Shimi secoua la tête, et conclut :

"Qu'en pensez-vous, Porteur ? Un assaut héroïque, ou une défense prudente ?"

Akihito fut pris au dépourvu : on lui demandait son avis ?

(J'ai pourtant rien d'un stratège !)

(Et pourtant, tu passes ton temps à établir des plans pour défaire tes adversaires. La diversion thorkine pour pénétrer le palais de la Roseraie, l'attaque contre Crean, le sauvetage de Xël... Sans oublier celui de ta mère avec Yliria contre Kisp.)

(Peut-être bien, mais on peut pas dire que ca ai tous été des francs succès, ni des solutions adoptées.)

(Et ? Le simple fait que tu établisses des stratégies en amont, si infructueuses qu'elles soient, montre que tu as le minimum nécessaire pour donner ton avis. La plupart ne s'embarrassent pas de ce genre de considération et ne font que rentrer dans le tas, comme une certaine pyromancienne que tu as récemment rencontré.)

Les paroles d'Amy le rassurèrent, et elles finirent de le convaincre lorsqu'elle ajouta que les conseillers lui demandaient son avis, pas de prendre la décision. Il prit donc un temps pour réfléchir, profitant des informations qu'il avait pu glaner en altitude un peu plus tôt.

"... Je serais de l'avis de la Conseillère. La vie de nos soldats est en jeu, c'est vrai. Mais restez à ne rien faire ne fera que nous laisser être des victimes des événements. Et plus nous attendons, plus nos alliés s'affaiblissent."

Il pris un instant pour réfléchir avant de pointer le nord.

"Je pense que nous devrions cibler les Lykors. Ils sont isolés du reste des troupes, sans leur cheffe qui fricotte avec le Prédateur, et c'est plus une meute qu'une réelle armée. Ce sont les cibles les moins dangereuses... Et les plus à même de nous sauter à la gorge si nous les attaquons avec une fraction de nos troupes avant de nous replier vers les remparts. Et là, nous pourrons prendre avantage de nos murs. Et pour peu que ca entraîne les Garzoks..."

(Et pourquoi ne pas profiter de l'absence de Markus ?)

Une fois encore, l'être d'air lui fit penser à une autre option qui le fit réfléchir, aussi ajouta-t-il :

"D'un autre côté... Les forces de Darhàm n'ont plus de chef non plus, et l'armée de mort vivants à sacrément été enfoncée. On pourrait réussir à rejoindre les armées kendranes.

Ce sont les options que je vois, et je laisse votre expérience parler pour déterminer celle qui vous semblerait la plus judicieuse."


La Faucheuse pris le temps de considérer son avis, avant de répondre en secouant la tête.

"Nos portes principales, vers l'est et donc vers le corps d'armée principal de Karsinar, sont les seules où nous pourrions faire passer l'armée pour avoir le temps qu'elle se déploie. Leurs troupes sont dispersées : les forces de Darhàm au sud, les loups au nord. Nous avons une chance d'affaiblir les garzoks et de maintenir la position si les autres viennent."

Elle expliqua brièvement le plan : une charge de cavalerie pour engager le combat, suivi d'un repli pour laisser les fantassins au pied des murailles couverts par les archers dessus. Affronter les troupes de Karsinar ne disait vraiment rien au Porteur de la Kizoku-Rana, mais il ne supportait pas que d'autres risquent leur vie pour sa patrie alors qu'eux restaient bien au chaud à l'abri des murs.

"Je n'avais pas pensé à la taille des portes... Mais soit. L'idée de nous battre dos à la ville pour nous y replier si la situation venait à nous échapper me semble acceptable, bien que j'eus préférer pouvoir frapper depuis le nord. D ailleurs, vous pensez que les ailes de cavalerie seules pourraient franchir les portes nord et sud ?

- Nous n'allons pas séparer nos troupes : un assaut éclair frontal contre la ligne d'ennemis nous faisant face restera la meilleure technique. Les cavaleries mettraient trop de temps pour arriver, si elles sortaient au nord et au sud, avec le risque de subir une charge de nos ennemis sur ces flancs, trancha-t-elle, finalement soutenue par le lent hochement de tête de Shen Muri.

- Mon intention était simplement de tirer partie de ces ouvertures après que la mêlée au pied des remparts ai été engagée. Une fois ce raid éclair fait, la cavalerie pourrait rentrer dans la ville pour ressortir au nord ou au sud, si Darhàm ou les Lykors entrent dans la mêlée.

- Nous verrons bien comment cela tourne.

- Très bien. Une dernière chose... Me permettrez vous de prendre part au raid ? J'en suis à l'origine quelque part, aussi aimerais-je en assumer les risques.

- Cela va de soi. Vous êtes libres de vos actes et bienvenu pour aider la charge."

Akihito hocha la tête, avant de saluer militairement les deux conseillers qui commençaient à donner les ordres pour préparer la charge de la cavalerie Ynorienne. De son côté, l'enchanteur se prépara à traverser rapidement la ville à l'aide de ses bottes, pour rejoindre en un éclair les écuries où Brume l'attendait depuis quelques jours déjà. Puis il fut pris d'un soudain doute : Brume n'était en rien un destrier de guerre, et la dernière chose dont il avait besoin, c'est qu'elle panique au milieu de la charge, ce qui avait de grandes chances de leur être fatal à tous les deux.

(Et puis, le GLORIEUX porteur de la Kizoku Rana qui charge à dos de renne à POMPON...)

(Roh eh, hein ? Bon.)

Akihito se tourna donc vers un des officiers qui aboyaient des ordres en vue de la charge à venir, juché sur un cheval lui même. Il l'approcha et après avoir échangé quelques mots et l'avoir réorienté vers un palefrenier, Akihito rejoignait à son tour une aile de cavalerie, juché sur un étalon alezan à la crinière moucheté de blanc? Un cheval qu'on lui avait vendu fougueux et intrépide, pour "Mener la charge et enfoncer ces salopards de peaux-vertes", pour reprendre les termes du palfrenier. Pour l'instant, la monture semblait plus calme et docile que se jetant volontiers dans une mer d'adversaires. En attendant, Akihito examina son pavois nouvellement acquis : un lourd bouclier légèrement incurvé, aux poignées et attaches faites dans un cuir noble, à peine usé. Le bois semblait lui aussi de premier choix, de même que... Tout le pavois, en fait. Et le mieux, c'est que puisqu'il partageait la même constitution globale que le roi Markus, le bouclier semblait presque fait sur mesure pour lui, si on mettait de côté un léger ajustement de sangle pour que sa tenue soit vraiment confortable.

(Un bouclier de roi pleutre, mais pleins aux as.)

Et il n'allait pas s'en plaindre. Avec, il allait pouvoir manier le Marteau de Valyus d'une seule main tout en se protégeant. Et pourtant, c'est la Kizoku Rana qu'il saisit en main. Il allait charger avec des Ynoriens, sous son impulsion : charger à leurs côtés avec un des symboles de leur peuple au clair ne pouvait que les motiver d'avantage à affronter les Garzoks... Et Karsinar, le Prédateur. L'un des Treize.

(Le Porteur de la Kizoku Rana contre les Treize. Deuxième round.) commenta sobrement Amy.


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