Les Rues et Ruelles

Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

Les Rues et Ruelles

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:18

Rues et ruelles
Image

Égayée de nombreux jardins et jeux d'enfant, votre traversée de la cité pourrait ressembler à une promenade. Cependant, sous leurs airs propres et joyeux, les ruelles d'Oranan sont celles d'une cité en guerre permanente. Vous ne trouverez que rarement des hommes désarmés, et nombreux sont les militaires qui rôdent.
Les mercenaires sont courants aussi, par contre les voleurs sont rares, découragés par cette surveillance permanente.

Avatar du membre
Madoka
Messages : 172
Enregistré le : lun. 31 déc. 2018 17:29
Localisation : Les Monts éternels

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Madoka » lun. 28 janv. 2019 17:43

Je pousse un long soupir depuis la cabine du norimono de Keyoke. Abritée des regards et de la pluie, j'observe les passants par les étroites ouvertures des parois vernies qui m'entourent. La densité est telle que les chapeaux de paille forment une vague qui suit le courant des pas des habitants. Un pas cadencé et rapide, très différent de Kendra Kar où j'y ai vu pour la première fois des gens flâner pour le plaisir, parce qu'ils en avaient le temps. Ici, personne ne perd son temps car ici, personne ne sait si le leur sera long.

Je quitte les rues du regard pour contempler la bourse en cuir entre mes doigts et pendant que je la tripote comme un mendiant palpe son premier sous d'or, je me demande si je vais encore augmenter le retard accumulé. Rien ne presse en ce qui concerne la bourse, à l'inverse de ma visite à la milice … encore que, le mal est déjà fait et je doute de pouvoir arriver à mes fins dès ma première visite. J'ai beau être la seule à pouvoir jouer ce rôle, il n'en reste pas moins que je ne suis pas capable de me poster devant eux, condescendante et hautaine pour leur commander de réparer nos erreurs.
Je pousse un autre soupir tout en caressant la gravure de la grue aux ailes déployées au centre d'un cercle rayonnant. Un dessin anodin, couramment représenté dans les œuvres … mais celle-ci précisément, lorsque que je l'ai vu sur le bureau de Keyoke, m'a paru familière. Et pour cause, cette grue orne le haut d'une porte de maison où j'ai vécu après ma dernière fugue de l'orphelinat. Une maison, une cachette, un abri, un refuge, voilà ce que c'était. Que j'ai abandonné pour rejoindre la Maison rouge.
Là où vivent les "Ombres de l'Infortune", baptisées ainsi à cause du nom donné à l'endroit : "Fuun". La malchance. Où vivent des orphelines, des fugueuses, les filles de trop d'une famille pauvres, les indésirables en quelques sortes, celles qu'on ne préfère pas voir car personne ne saurait quoi en faire. "Une bande de délinquantes" diront les habitants du quartier et ils n'ont pas complètement tord car au tout début elles survivaient de petits larcins ou de prostitution. Quand j'y suis entrée, elles étaient devenues une bande forte, une bande qui ne vendait plus leur corps mais leurs compétences. Toute fille arrivant dans cette maison est acceptée et un rôle lui est attribué. Les plus malingres font la manche, les plus agiles font les poches, les plus loquaces s'occupent des marchandages, les plus malignes gèrent les contacts et les contrats, certaines comme moi à l'époque sont les invisibles qu'on envoie suivre des gens, voler dans les maisons ou au contraire y déposer des choses. Toutes sans exceptions doivent accepter en contrepartie la possibilité de devoir tuer … tuer pour se défendre bien sûr mais surtout, tuer toutes celles qui trahissent le groupe. Je les ai quittées pour la Maison Rouge avec une promesse très simple, ne jamais en parler. Pendant les premières semaines, j'en ai vu plusieurs observer mes activités et les gens que je côtoyais ; puis un jour, plus rien et au fil des ans, j'ai fini par ne plus y penser et les oublier jusqu'à ne plus reconnaître tout de suite le symbole de la demeure.

Mais maintenant je ne peux que me demander : Keyoke était-il un commanditaire et bienfaiteur de l'Infortune à mon époque ? Notre rencontre n'était peut être pas l'œuvre de ma bonne fortune comme je l'ai cru à l'époque. S'il fait son "marché" parmi les Ombres, à quel moment ai-je commencé à être manipulée, à partir de quel moment dans ma relation avec lui ai-je vécu dans le mensonge et les faux-semblants et ai-je vraiment fait un choix en acceptant de travailler pour lui ?
Beaucoup trop de questions et de remises en cause me passent par la tête depuis ces derniers jours, des questions qui ne m'auraient même pas effleurées avant mon Retour. Et des réponses à ces questions, je ne les trouverais qu'en comprenant le sens de cette énigme … si tant est que s'en soit une.
((Suivante non éclairée mais dévouée
Je m'attache aux pas dans la journée
Nichée dans les profondeurs de l'âme
Je donne vie aux pensées infâmes
Si toutefois je suis née de la lumière
C'est dans l'obscurité que je prospère))


Hermétique comme je suis à la poésie et ses images métaphoriques, je n'ai pas encore trouvé la solution ; ni comment ouvrir le tiroir dédié aux Ombres de l'Infortune. Pendant que Nonj' préparait le matériel pour ma transformation j'avais essayé de réciter le poème devant le tiroir autre sans effet que de me sentir stupide à parler à du bois.
Et maintenant je suis là, à triturer le cuir, à passer mes ongles dans les creux et à me demander ce que je vais en faire.
((Et puis merde !!))
En retard pour en retard …

- Faites demi-tour, dis-je à l'un des porteurs après avoir ouvert un panneau de mon norimono. Prenez la rue de la liseuse de rêve puis la ruelle de droite avant d'y arriver. Je vous dirais quand vous arrêter.

L'homme m'observe un instant, jaugeant la situation et la meilleure attitude à adopter au vu de l'intransigeance des ordres donnés par la fouine Chumaka quant à l'urgence de ma destination.

- Dois-je y aller à pieds ? Demandé-je avec la voix la plus dédaigneuse possible.

Il baisse la tête et m'assure de sa servitude à mon égard. Je n'en demande pas tant mais fais comme ci et me contente de refermer brusquement le panneau. ((J'aurais eu le même résultat avec un sourire !)) Décidément, ce rôle ne va pas être agréable à manier.

suivant
Modifié en dernier par Madoka le jeu. 7 févr. 2019 11:01, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » lun. 28 janv. 2019 22:50

L'entrée du Conseil est tout aussi dense que lorsqu'il est entré. Il faut dire que l'entretien n'aura pas duré : une dizaine de minutes, tout au plus. Il repasse devant les deux gardes, toujours à leur poste. Ni l'un ni l'autre ne décoche un mot lorsqu'il descend vers les mercenaires qui comparent leurs armes et l'épaisseur de leurs armures.

(Ils pourraient aussi bien être ici qu'agenouillés sur les robes d'Oaxaca, pour la plupart. Dommage que la vertu ne vienne pas avec la taille de l'armure, en effet !)

L'assemblée est hétéroclite. La plupart sont dans la fleur de l'âge, mais certains semblent plus aguerris. On en veut pour preuve les lacérations et les cicatrices parfois profondes, barrant un œil ou prenant la place d'une oreille, qui transforment quelques homme en des patchworks couturés. Vohl se fraie un chemin au milieu de la foule bruyante. Plus vite il se noiera dans la foule, mieux il se portera. Il a une brève pensée à Mahô, sa monture si particulière qu'il a laissée à l'écurie, à l'extérieur des remparts. Au début, l'emmener dans ces rues aurait été aisé. Mais pendant son trajet dans les montagnes, l'animal a grandi en même temps que ses bois : impossible désormais de l'emmener avec lui sans qu'elle risque d'embrocher un passant par mégarde.

Ses pensées reviennent au présent. Il doit retrouver Hïo Himatori. Il sait par où commencer : c'est l'armurerie où il s'est chaque fois que ses moyens le lui permettaient. L'armurerie de Takoido Himatori, frère de Hïo Himatori et fils du forgeron Akido Himatori. Le fournisseur exclusif de l'armée oranienne. Le plus grand forgeron d'Oranan, bien qu'il se dispute le titre avec plusieurs confrères. La famille Himatori ne vit que pour l'art de la ferronerie et le travail de tous les métaux, afin d'en tirer les plus beaux et les plus redoutables des articles. C'est donc tout logiquement que les appartements de la famille soient disposés autour de la boutique.

Vohl doute cependant que le forgeron soit disponible dès à présent : s'il attend que les clients quittent la boutique, il pourra alors faire ample connaissance avec son protégé. Il se résout à errer dans les ruelles en attendant que vienne l'heure ou le plus gros des clients s'éparpillent pour rentrer chez eux. Il s'engage dans les ruelles un peu au hasard, retrouvant des ruelles qu'il n'a plus fréquenté depuis maintenant un moment. Il s'y engage avec un certain plaisir, quoi qu'en fronçant le nez par moments. Il marche avec flegme, sans hâte, contemplant les petits détails de la vie oranienne : le style si particulier des maisons, les compositions florales sur les parterres, l'organisation exquise des jardins, la propreté générale des ruelles. Il aime cette ville.

Ses pensées reviennent vers sa soeur alors qu'il passe devant une petite place pourvue des haies végétales. Il profite de la présence de bancs pour s'asseoir et prendre le temps de la réflexion.

(Bon. Hellanor semble s'être amourachée de ce paon de Mumina Ryôri.)

Le frère protecteur doit reconnaître que l'homme n'est pas laid, tout au contraire. Cela ne le rend que plus insupportable. Il sait toutefois que sa frustration trouve une autre raison à la nouvelle relation de sa soeur. Ryôri est un lèche-botte. Plus agé qu'Hellanor, le soldat n'a pour seul mérite que celui d'avoir su se placer. Il ne se distingue par aucun fait d'arme, aucune renommée, aucun talent particulier si ce n'est d'avoir soutenu Talabre lors de sa nomination au poste de capitaine. Et ce fait le range immédiatement, pour Vohl, dans la catégorie des hommes soumis à n'importe quel pouvoir tant qu'ils y sont confortablement installés.

(Elle n'aurait pas pu trouver quelqu'un de bien, hein...)

Vohl enrage. Il se lève du banc pour faire les cents pas autour des haies, cueillant machinalement quelques feuilles racornies par l'hiver pour les effriter méticuleusement, comme s'il tenait en main la tête du prétendant outrancier.

(Je n'ai de toute façon pas mon mot à dire...ni les moyens de remédier à la situation... Je suppose qu'il me faudra me faire à l'idée...)

Sa résignation disparaît aussitôt qu'il songe à appeler beau frère l'ignominieux tape-à-l'oeil. Pour se calmer, il fait l'inventaire de ce dont il dispose avant que ne démarre sa mission : d'ailleurs, il est bientôt l'heure. Dans son sac, quelques provisions, une corde, un briquet, et sa bourse de runes. Sa gourde est presque pleine et ses armes fidèles à leurs fourreaux. Il inspire profondément, se sentant plus calme une fois l'examen effectué. Il ouvre les yeux : la nuit est bien tombée, et les embruns venus du large, chargés d'iode, le font frissonner. La nuit. Le froid. Le calme. Vohl se sent dans son élément. Le bruissement d'une étoffe attire son attention alors qu'il s'apprête à repartir. Une jeune femme vient de passer dans une rue perpendiculaire à la sienne.

La violence du parfum qu'elle porte est le reflet de son énergie : à peine Vohl l'aperçoit-il qu'elle disparaît dans une volée de robe bleue et argentée, d'un pas décidé. Soulevant un sourcil interrogateur, le jeune homme pense avoir reconnu la jeune femme qu'il a croisé le jour même au Conseil d'Ynorie : Hatsu Ôkami.

(Que fait-elle à la tombée de la nuit dans ces ruelles ...? D'aucun dirait qu'elle semble énervée.)

Le caractère de la jeune femme semble affirmé, et le claquement des chaussures sur les pavés semble applaudir la conclusion. Cela fait sourire Vohl : sourire qui se fige lorsque de nouvelles silhouettes se glissent dans la même ruelle. Ceux là sont attifés de façon bien moins affriolante. Des mercenaires. L'ynorien ne les reconnait pas : mais il n'a pas pû voir tous ceux qui étaient devant le Conseil. Et ces hommes ont la dégaine négligée classique des mercenaires de piètre qualité.

(Si elle est passée par la place de la république dans cette tenue, ils ont du penser qu'il y avait là matière à gagner une avance sur salaire non négligeable...)

Vohl hésite. S'il ne va pas l'aider, il y a de fortes chances pour que son forgeron ait un adversaire de moins à vaincre. Mais la balance ne pèse pas longtemps le pour et le contre. Sa soif de justice balaie d'un revers dédaigneux sa fibre compétitive. Il s'élance dans une rue parallèle à celle empruntée par la jeune femme, afin de la devancer et de la rejoindre sans avoir à doubler ses poursuivants.

Oranan est une ville militaire et ses rues sont arrangées de façon idéale pour cette démarche. Ses bottes le propulsent en avant. Il bifurque deux intersections après, et se place à l'intersection, où il attend la demoiselle dont l'écho des chausses luxueuses lui indique l'arrivée imminente. Lorsqu'elle apparaît devant lui, il commence à marcher à côté d'elle.

"Vous n'en ignorez sûrement rien, mais quelques gentilhommes ont pris sur eux de vous escorter, annonce-t-il tranquillement d'une voix douce. Souhaitez-vous un peu d'aide pour gérer les prétendants que votre tenue a su motiver?"

Avatar du membre
Hatsu Ôkami
Messages : 186
Enregistré le : lun. 14 janv. 2019 11:57
Localisation : Monts Sanglants

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Hatsu Ôkami » mar. 29 janv. 2019 01:20

Hatsu était plus qu’énervée lorsqu’elle quitta la propriété et qu’elle commença à arpenter les ruelles de la ville. Elle était partie sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir mais elle était trop en colère contre ses parents pour pouvoir se calmer tout de suite. Elle finirait par rentrer, elle le savait, mais pas ce soir. Elle prit une rue plus large et marcha en direction de la porte Sud de la cité, bien décidée à quitter la ville et à profiter d’une journée de calme en forêt le lendemain. Loup semblait plus que d’accord avec son idée et cela la fit sourire malgré elle. Parfois, cet esprit ancestral avait les réflexions d’un enfant devant un cadeau inattendu. Elle traversa une place presque vide à l’exception de quelques types qui bavardaient dans un coin. Bavardages qui se suspendirent à son arrivée. Elle ne leur accorda pas un regard mais son trajet passait non loin d’eux et, forcément, l’un d’eux se sentit obliger de tenter une approche aussi subtile que délicate, toute en finesse comme seuls les mercenaires dans leur genre savaient les faire.

- Hey, donzelle ! Ça te dit de passer une bonne soirée avec nous autres ? On aurait bien besoin de réconfort après une dure journée !

Il s’esclaffa d’un rire gras, accompagné par les autres mais Hatsu les dépassa sans leur accorder plus qu’un regard dédaigneux avant de s’éloigner. Elle entendit nettement un sifflement et le nom des Ôkami sortirent de la bouche de l’un des mercenaires et cela la mit de nouveau en rogne et elle accéléra le rythme, ses chaussures claquant avec force sur les pavés. Elle détestait ça, n’être qu’un nom de famille, la fille des Ôkami, comme si sa vie n’était liée qu’à sa famille. Il lui avait fallu longtemps pour se rendre compte de cela, mais maintenant que c’était fait, elle avait compris qu’elle avait été sur le point de passer à côté de sa vie. Elle s’était reprise à temps et c’était bien le seule bénéfice qu’elle pouvait retirer de ces fiançailles qui lui avaient ouverts les yeux à temps.

Alors qu’elle continuait sa marche vers la sortie de la ville, elle entendit nettement des bruits de pas derrière elle. Différents rythmes, des bruits métalliques. Apparemment les mercenaires croisés plus tôt c’étaient mis en tête de la suivre. Hatsu réprima un frisson de dégoût et continua à avancer, prête à saisir la moindre occasion pour leur fausser compagnie. Elle savait s’orienter en ville, elle connaissait les raccourcis, elle savait exactement comment se débarrasser de ces types sans avoir à les croiser de nouveau. Elle aperçut un autre individu à une intersection et elle se demanda s’il était avec les autres mercenaires. Elle devint légèrement anxieuse en imaginant qu’elle était cernée. Ses mains devinrent moites mais elle se démonta pas et continua son chemin. Elle savait que trois rues plus loin, il y avait une ruelle qui lui permettrait de bifurquer pour atteindre plus vite son objectif, il lui suffisait de l’atteindre.

Elle l’en eut cependant pas le temps car le type croisé juste avant apparut sur son côté, la faisant se raidir légèrement lorsqu’il se mit à marcher à ses côtés. Elle allait s’écarter lorsqu’il lui apprit qu’il souhaitait l’aider contre les mercenaires qu’il avait visiblement aperçus, raison pour laquelle il l’avait suivie. Elle ralentit légèrement et détailla le nouveau venu. Il ne lui était pas inconnu… elle l’avait croisé plus tôt dans la journée dans le bâtiment du conseil, elle s’en souvenait maintenant. Loup se manifesta à son tour, un certain enthousiasme perçant sa voix grave et éthérée, ce qui étonna Hatsu, lui qui était d’habitude si las lorsqu’elle ne chassait pas.

(Chasseur efficace… Festin !)

Hatsu hocha la tête, oubliant momentanément qu’il était dans son esprit puis se tourna vers l’homme qu’elle examina en détail. Il était grand, avait une corpulence impressionnante, des joues creuses avec une barbe et se dissimulait sous des vêtements amples qui cachaient ses armes. Elle ne lui faisait pas vraiment confiance, mais le bruit des pas de ses poursuivants l’incitèrent à ne pas refuser une aide qui ne se représenterait probablement jamais. Et elle n’avait guère envie de devenir le jouet d’hommes crasseux et visiblement plus stupides qu’un bouc dont ils avaient apparemment mis un point d’honneur à imiter l’odeur.

- Un peu d’aide ne serait pas de refus en effet, je vous en remercie. Laissez-moi juste quelques secondes.

Elle s’arrêta, se pencha et déchira sa robe en longueur au niveau de ses jambes avant de balancer d’un revers de chevilles ses chaussures plus encombrantes qu’autre chose. Elle enfila son brassard d’archère, prit son arc et encocha une flèche. L’homme n’avait pas perdu une miette du spectacle, mais elle avait d’autres chats à fouetter que cacher ses jambes et ses pieds à un étranger qui était visiblement ici pour lui venir en aide.

- Voilà, je suis prête. Je n’ai guère envie de tuer ses hommes. Ils ont beaux être rustres et probablement plus stupides qu’une dinde, ils n’ont encore rien fait qui justifierait plus qu’une simple correction.

Les rustres en question apparurent d’ailleurs dans la rue et lancèrent une série de piques à la jeune femme en lui promettant de la décoincer et e lui donner une raison de marcher aussi droit. Hatsu tiqua et banda son arc, lâchant la flèche qui se planta juste au-dessus de la main de l’un des hommes qui était posée sur un mur. L’homme eut un sursaut et un mouvement de recul tandis que la oix d’Hatsu claquait, furieuse.

- La prochaine va entre tes deux yeux de porcin répugnant si tu t’avises de parler de nouveau de cette façon à une Ôkami !

Elle se sait hypocrite en disant cela alors qu'elle souhaite que son nom cesse de régir sa vie, mais c'est plus fort qu'elle, elle hait bien plus les insultes que l'importance de son nom. Les insultes et les promesses déplacées se mirent à pleuvoir et ils s’avancèrent en rigolant. Hatsu plissa les yeux en encocha une deuxième flèche avant de parler à l’inconnu qui n’avait toujours pas bougé.

- Je change d’avis, faites ce que vous voulez d’eux, parler ainsi des femmes me suffit à les considérer comme des ordures sans honneur qui méritent de se prendre mes flèches dans les parties intimes. Et si on s’en sort, je vous paierais de quoi oublier cette soirée dans la meilleure taverne de la ville, vous avez ma parole.

La situation n’était pas à leur avantage, à deux contre cinq, ils risquaient d’être submergés et elle n’avait aucune idée des capacités de son compagnon d’infortune. Hatsu avait une boule dans l’estomac à présent. Elle avait déjà tué. Mais jamais d’êtres humains. Elle espérait, en son for intérieur, ne pas avoir à le faire.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le jeu. 7 févr. 2019 11:10, modifié 3 fois.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

Avatar du membre
Alfryda Bröhm
Messages : 51
Enregistré le : dim. 27 janv. 2019 16:02

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Alfryda Bröhm » mar. 29 janv. 2019 03:04

Opressante, c'est le seul terme qui me vient à l'esprit à propos de cette ville. Les Grandes-Gens occupent l'espace comme nulle autre race, m'obligeant à me sentir comme une enfant au milieu d'adultes pour la première fois de ma vie. L'inquiétude me pousse à garder les mains sur les lanières de mon sac, de peur de voir disparaître le seul lien à ma ville natale et ce malgré la présence de ce qui semble être des gardes soigneusement placés aux intersections. La masse de monde m'empêche d'admirer correctement le détail de la maçonnerie Ynorienne, particulièrement soignée pour un travail d'humain. Quelques minutes d'une marche lente me permettent de m'éloigner des portes et de profiter d'un attroupement plus aéré, desserrant du cuir de mon paquetage mes phalanges blanchies par l'angoisse, le tout accompagné d'un souffle d'apaisement.

(Fiou, on respire mieux, par ici.)

Rassurée, je prends un instant pour me repérer au milieu de ce qui semble être une place commune. Le croisement se détaille en avenues, rues et ruelles qui mènent vers un tentant inconnu, mais le travail prime sur le loisir d'explorer Oranan de long en large. Pour l'heure, je dois trouver vers où et surtout vers qui me diriger pour prendre part à l'événement et rencontrer le forgeron de Mertar. Autant demander à la garde, ils sauront certainement m'aider. Hâtant mon allure alors que mes yeux le repèrent, je me dirige vers un surveillant isolé et parfaitement stoïque, à l'exception de sa tête qui bouge au gré des passants qui défilent devant lui. Tout sur son visage indique le sérieux et l'austérité, corrélant avec un professionnalisme qui m'oblige à choisir correctement mes mots.

"Hem... Excusez-moi, soldat ?"

Son regard se braque immédiatement sur moi à mon approche et ses bras quittent leur inertie pour m'indiquer qu'il est à mon écoute, comme pour ne pas m'infliger l'inconvenance de pencher la tête pour s'adresser à moi.

"Je peux vous aider, civile ?"

Le ton est courtois et cache habilement la surprise d'échanger avec une Thorkine, phénomène peu commun pour ces peuples humains si ordonnés à la vie en communauté. Je reste brève et concise dans ma demande, malgré le peu d'informations que je possède.

"J'ai fais le voyage depuis Mertar pour assister au concours de forgerons, le... Humpf, le nom m'échappe, je suis navrée..."

"L'Erementarīfōji, oui. Vous arrivez un peu tôt, les premières démonstrations ne commencent que dans deux mois."

La nouvelle m'arrache un haussement de sourcils, surprise de savoir que l'événement se déroule bien plus tôt que prévu. Les forgerons ont donc besoin d'autant de temps pour se préparer ?

"Je vois. Néanmoins, je ne compte pas y assister pour le plaisir. Je suis ici pour proposer mes services à l'un des candidats, un Thorkin originaire de ma cité."

"Ho, vous venez prêter main forte aux forgerons ? Présentez-vous à l'accueil de la Chambre du Conseil, ils vous expliqueront la marche à suivre."

Accompagnant le geste à la parole, le soldat prend la peine de m'indiquer la direction à prendre ainsi qu'une brève description du bâtiment, déjà visible depuis notre position. Satisfaite, je prends grand soin à le remercier et lui souhaite bon courage dans l'exercice de ses fonctions avant de presser le pas vers le centre administratif de la compétition, tentant de répéter correctement son nom par la même occasion.

"Erementaro... Erementarifa... Humpf..."
ImageImage

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » mar. 29 janv. 2019 10:21

La jeune femme ralentit légèrement, considérant l’offre qui lui est faite. Cela donne l’occasion à Vohl de confirmer son impression. Malgré sa tenue bien plus sophistiquée qu’en début d’après-midi, il s’agit bien de la même personne. Elle est désormais maquillée et coiffée comme le veut la tradition oranienne dans les bonnes familles ; sa tenue quelque peu garçonne de cuir a cédé la place à une robe bleue, liserée d’argent au col haut, mettant en valeur ses formes. Ainsi apprêtée, elle ajoute au parti déjà impressionnant qu’elle représente une valeur ajoutée non négligeable. Pour avoir vu sa sœur se préparer de nombreuses fois, le vagabond sait qu’elle a dû passer des heures devant sa commode : ce n’est pas un effort que l’on fait pour une simple soirée. Il en déduit que la jeune femme devait sans doute rencontrer son futur époux.

(Soit le fiancé est très laid, soit elle n’a pas l’intention de se plier aux vœux de sa famille !)

Au vu des sourcils froncés de la jeune femme et de la colère qui semble la tenir à chaque instant, il penche davantage pour la seconde option. En même temps qu’il la dévisage, Vohl sent son regard peser sur lui, le détaillant comme on jauge un bœuf au marché. Le jeune Del’Yant s’en fiche éperdument : après tout, il est normal qu’elle tente d’estimer ses chances contre les mercenaires, clairement en surnombre. Elle semble appréhender le service, cependant.

(Un inconnu, en pleine nuit, alors qu’elle est poursuivie ? Evidement qu’elle se méfie.)

Vohl attend la réponse, cheminant à côté de la demoiselle. Quelques mètres plus loin, elle accepte son aide…avant de s’arrêter subitement. Avant que l’ynorien ne puisse s’interroger sur ce qui lui passe par la tête, elle se penche et déchire sa robe dans la longueur, et envoie ses chaussures valser sur les pavés.

Le jeune homme ne peut s’empêcher de se demander s’il est utile d’exciter davantage les maraudeurs qui l’ont prise en chasse. Lorsqu’il la voit s’armer d’un protège-bras et d’un arc, il sourit. Il se peut que son précédent jugement ait été un peu hâtif. Elle lui demande ne pas abimer les mercenaires plus que nécessaire. Ce n’était pas dans ses intentions, mais il se demande si les flèches de l’archère sont les plus appropriées pour cette démarche. Il approuve néanmoins d’un hochement de tête. Pas la peine de donner à la milice plus de travail qu’ils n’en ont déjà.

« Entendu. »

Par-dessus l’épaule de la jeune femme, il voit le premier mercenaire s’engager dans la ruelle. Quatre autres hommes arrivent bientôt à sa suite. Aux apostrophes et aux propositions d’une nuit de folie, Vohl secoue la tête. C’est une certitude, ils sont motivés…et peu au fait des coutumes oraniennes. Leur élocution est toutefois claire : s’il est à peu près sûr qu’ils ont bu, ils ne sont pas imbibés. Il doit être possible de les raisonner.

Une flèche siffle pour aller se planter vers l’un des hommes. Autant pour la raison, c’est parti pour l’intimidation. La jeune femme n’a pas l’air d’être prête à faire dans le détail. Chose confirmée par une provocation supplémentaire de la jeune archère.

« La prochaine va entre tes deux yeux de porcin répugnant si tu t’avises de parler de nouveau de cette façon à une Ôkami ! »

(Pour quelqu’un qui fuit ses obligations familiales, l’argument du clan, il faut oser !)

Hatsu Ôkami lui confie le soin de juger si les agresseurs sont dignes de vivre, et lui promet de lui payer un peu de réconfort si tout cela finit bien pour eux. Vohl hausse les sourcils. La perspective d’une bonne soirée ne le tracassait pas trop, avant cet instant.

(Croit-elle que je serai plus motivé si elle me propose une carotte ? C’en est presque humiliant !)

L’honneur a l’air de tout de même tenir à cœur à la jeune femme : et elle semble s’emporter facilement. Et cela pourrait conduire la situation à dégénérer plus qu’elle ne le devrait. Le jeune homme tâche de le faire comprendre à la jolie jeune femme.

« Tâchez de garder votre sang froid. La colère n’est pas la meilleure alliée du chasseur. »

Il se fond dans les ombres, avant de s’élancer en silence vers les mercenaires. Il ne sort des ombres que qu’une fois arrivé à hauteur du groupe et saisit le meneur par la gorge avant de lui plaquer son arme sous le menton. Les griffes luisantes piquent légèrement la peau de son cou, faisant perler le sang. Il fait face aux quatre hommes restants, ce qui lui donne l’occasion de les détailler avec un peu plus de précision. Trois d’entre eux sont armés d’épées courtes, accompagnée d’une dague de facture plus ou moins quelconque. Ceux-ci semblent relativement jeunes, et bien que les aventures leur ait sans doute apporté une certaine connaissance des combats, ils n’inquiètent pas Vohl. Le dernier se tient légèrement en retrait, et est autrement plus aguerri. Le visage buriné, de multiples cicatrices couturent ses bras épais. Il est assez trapu, la mâchoire large. Ce qui pend à sa ceinture n’est pas pour rassurer le jeune assassin : une arbalète d’un côté, et un court katana de l’autre. Leurs regards se croisent, et Vohl acquiert la ferme conviction que s’il avait laissé la jeune femme se débrouiller seule, elle n’aurait pas vu le lendemain, peu importe qu’elle eut satisfait les désirs de ses violeurs.

« Messieurs, un peu de tenue. La Maison Rouge n’est pas loin, et vous pourrez y trouver de quoi soulager vos bourses. Pourquoi les risquer ici ? »

Sa remarque autant que son apparition subite semble faire son petit effet, et les mercenaires marquent un temps d’arret. Alors que l’ancien soldat se prend à espérer qu’il n’y aura pas d’effusion de sang inutile, l’un d’entre eux enfonce une lame dans le ventre de son partenaire . A l’odeur, il a plus de quelques guinomis de saké dans le sang,. Vohl laisse l’homme choir au sol alors que les autres adversaires lui sautent dessus. Ses bottes lui permettent de bondir en retrait afin d’esquiver les coups : les mercenaires mettent à profit le temps gagné pour saisir leurs armes. Vohl se prépare à esquiver une nouvelle fois les coups.

Avatar du membre
Hatsu Ôkami
Messages : 186
Enregistré le : lun. 14 janv. 2019 11:57
Localisation : Monts Sanglants

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Hatsu Ôkami » mar. 29 janv. 2019 14:12

La tension était palpable dans l’air tandis que les cinq mercenaires approchaient lentement. Hatsu avait encoché une flèche et se tenait prête. Elle entendit son allier de circonstance lui conseiller de se calmer et ses paroles lui rappelèrent celles que Loup prononçait au début, lorsqu’elle s’acharnait et s’énervait en forêt. Longtemps elle avait laissé échapper sa frustration et sa colère avant qu’un incident qui aurait pu lui coûter la vie ne lui fasse entendre raison. Cela la calma instantanément et la colère qu’elle ressentait laissa la place à de la détermination. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander comment il voyait la suite, l’homme disparut soudainement. Hatsu n’eut pas le temps de comprendre qu’il réapparaissait près des mercenaires et en prenait un en otage.

(Voilà autre chose… il est efficace!)

(Chasseur… Intéressant… tu dois le séduire !)

Hatsu ignora la remarque de Loup en retenant un soupir exaspéré. Si même lui s’y mettait… Elle entendit son compagnon inattendu discuter avec les mercenaires, tentant probablement de les raisonner et Hatsu se mordit la lèvre.

(J’aurai dû y penser au lieu de leur envoyer une flèche !)

Elle se savait impulsive, mais elle avait espéré avoir réussi à canaliser cette colère et cette impulsivité qui bouillonnait au fond d’elle depuis des mois. Visiblement elle s’était trompée. Elle n’eut cependant pas le loisir d’épiloguer plus en amont sur son comportement car l’éclat d’une lame retint son attention et l’un des mercenaire s’effondra, visiblement poignardé par un de ses comparses.

(Des traîtres en plus d’être des lâches !)

Comprenant que le moment n’était plus à la réflexion mais à l’action, elle se décala sur le côté pour avoir une meilleure vue de la situation qui lui semblait désastreuse. Trois des mercenaires, armés d’épées et de dagues se jetèrent sur son compagnon tandis que le quatrième s’évertuait à armer une arbalète. Tous se focalisaient sur l’homme qui lui était venu en aide et elle doutait qu’il puisse supporter les attaques de trois hommes en plus des tirs de carreaux meurtriers. Elle ne réfléchit pas longtemps, sa respirations ralentit, elle banda son arc, faisant arriver l’empennage de sa flèche sur sa joue, expira lentement, visant le cœur de l’arbalétrier qui avait mis en joue l’homme aux prises avec les trois autres. Elle hésita une fraction de seconde puis baissa très légèrement son arc avant de faire partir la flèche qui fila, silencieuse, sur sa cible. Elle atteignit l’avant-bras droit de l’homme, le traversant en lui faisant lâcher un cri de douleur mêlée à de la surprise. Il lâcha également son arbalète qui s’écrasa sur les pavés.

Alerté par le cri de son compagnon, l’un des trois hommes se retourna et remarqua, stupéfait, que la jeune femme qu’ils prenaient pour une petite nobliau sans autre talent que son rang avait réussi à blesser aussi grièvement l’un des leurs avec une flèche. Il tourna un visage chargé de haine vers la jeune femme et, oubliant totalement la raison première de cette altercation, à savoir le dépucelage en règle de cette coincée prétentieuse et snobinarde, il lui fonça dessus avec la ferme intention de lui faire goûter de son épée. Il voulait l’entendre supplier avant de la tuer, oh oui, il en avait envie maintenant.

Hatsu vit l’homme foncer sur elle avec un regard fou et, comprenant ses intentions, elle n’hésita pas longtemps et s’engouffra dans une ruelle adjacente, attirant vers elle celui qui lui en voulait. Elle avait une idée en tête et cela permettrait à son allié de ne pas avoir trois hommes valides contre lui, espérant qu'il parviendrait à gérer les restants. Elle devait juste prendre un peu de distance, et elle savait exactement comment faire cela.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » mar. 29 janv. 2019 16:26

Les trois jeunes tentent de lui sauter dessus pour le mettre en pièces. Ils lui bloquent la vue sur ce que fait le dernier, armé de son arbalète. Ce n’est pas plus mal : si je n’ai pas de ligne de vue, il ne doit pas en avoir non plus. Vohl s’esquive. Il reste proche du sol : il espère que la jeune fille utilisera son arc à bon escient, mais il ne tient pas plus que ça à recevoir une flèche dans l’épaule. Il a sous-estimé l’archère, toutefois : un cri retentit bientôt, derrière les trois mercenaires qui s’acharnent sur lui. Il semblerait que l’homme armé d’une arbalète ait payé le temps d’armement particulièrement long de son arme. Un bruit métallique confirme la chute de l’instrument sur les pavés.

Des trois mercenaires qui s’acharnait sur lui, celui de droite pousse un mugissement avant de s’élancer vers l’ainée des Ôkami en jurant, les yeux exorbités par la révolte de cette « petite catin des hauts quartiers ». Vohl prie pour que ladite catin s’en sorte, mais il ne prend pas le temps de vérifier. Un contre trois, c’est un challenge suffisant. Profitant de la surprise et de l’hésitation qui se dessine sur les traits de ses deux adversaires au corps à corps, il passe à l’assaut. Profitant que l’un d’entre eux est encore tourné vers le chef manifeste de la bande, il lui assène un revers de ses griffes, qui l’atteint en pleine tête. Le mercenaire est projeté dans une exclamation de douleur contre le mur alors que retentit encore l’avertissement de son comparse.

Muni d’une courte dague, le mercenaire se fend en direction de Vohl. La lame est déviée par le kote de cuir de son bras gauche. De piètre qualité, l’armure l’a tout de même préservé d’une méchante estafilade. Le dernier homme s’est muni de sa lame, et avance également vers le jeune assassin, les yeux voilés par la douleur de sa blessure précédente. Il sourit, sûr que même avec un seul bras, il viendra à bout de son adversaire. Son sourire dévoile des dents jaunies par Rana seule sait quelle substance, et Vohl reprend une garde plus conventionnelle pour parer un éventuel assaut vicieux.

« Tu aurais mieux fait de nous laisser agir, mon garçon. »

Vohl ne répond pas. Si l’individu avait voulu discuter, il l’aurait fait avant. Ce n’est qu’une ruse pour détourner son attention.

« C’est qui pour toi, de toute façon…ta petite catin personnelle ? Elle chie bien trop haut pour ça, t’es pas son genre. Alors quoi… tu te prends pour un sauveur ? » dit-il tout en tournant autour de Vohl, sa main valide faisant tournoyer la rapière. L'ancien soldat reste concentré. L’autre mercenaire reste en place, et tient fermement sa dague, guettant la moindre occasion. Il s’agit de ne pas la lui fournir.

« Elle ne te revaudra rien, tu sais. Ses parents dorment dans des draps d’or, t’es au courant…mais tu pourras toujours te gratter pour en recevoir le moindre fil. »

Le déserteur reconnait que cet argument aurait certainement du poids pour quelques un de ses concitoyens. Mais pour quelqu’un qui a vécu dans les égouts, puis survécu à l’enfer enneigé des cimes de Luminion, le simple fait d’être en vie et dans sa ville natale est suffisant. Il entend derrière lui un mouvement. Par réflexe, il saute. Aussi haut que possible. La lame fend l’air, là où il se trouvait il y a un instant. D’environ quatre mètres de haut, il voit que l’homme qu’il croyait avoir assommé s’est redressé et lui lance un regard ahuri.

(Ah, oui, hein… ça peut surprendre au début !)

La gravité le rattrape alors qu’il retombe sur l’auteur du coup en traitre. Son coude vient percuter avec violence le crâne du malheureux, dont le corps s’effondre cette fois inconscient pour de bon. Il n’échappera pas à quelques hématomes supplémentaires puisque Vohl lui atterrit purement et simplement dessus. La chair molle amortit sa chute, et il remarque ce cette technique pourrait être d’une efficacité notable. Il se promet d’y réfléchir plus tard, comptant bien profiter jusqu’au bout de la surprise provoquée par son mouvement. Le voltigeur en profite pour se catapulter aussitôt vers le vétéran, qui s’est remis du choc et pare de justesse la trajectoire des griffes.

La riposte ne se fait pas attendre et deux lames s’abattent sur lui. Fort heureusement, le coup du jeune mercenaire manque de précision, et l’arme du vétéran retrouve les griffes sur son chemin. Pour cette fois, le jeune Ynorien écope d’une estafilade bégnine à l’épaule. Un sentiment de chaleur maintenant familier l’envahit : la rage du sang bouillonne et ses griffes se transforment en de multiples éclairs d’aciers. Les parades maladroites de la jeune recrue sont rapidement débordées, et une plaie imposante de forme sur son torse, courant de la poitrine à l’épaule. Il recule alors, le souffle coupé par la douleur, et s’adosse au mur tout proche. Ses jambes flageolent et il tente d’éponger l’impressionnante quantité de sang qui s’écoule de la blessure, toutefois superficielle, et qui souille ses vêtements d'allure modeste déjà hachés par le coup.

La lame a mordu la chair et le sang sombre s’envole dans les airs avec les mouvements violents de Vohl, qui se concentre à présent sur l’homme grisonnant. Ce dernier dévie les coups de mouvements précis du poignets, et ne cède pas une once de terrain au jeune protecteur.

(Clairement, il a l’habitude des combats.)

D’un coup soudainement plus violent, l’homme écarte les griffes de Vohl de sa trajectoire pour lui asséner un estoc rapide. L’assassin décale sa tête par réflexe, mais trop lentement : le coup destiné à son œil droit lui fend la pommette. Le sang coule aussitôt, dévalant sa joue pour mouiller le col de son habit noir.

Furieux de s’être laissé surprendre, et humilié par la touche, Vohl profite de l’élan de son adversaire pour lui asséner un coup violent contre les côtes. Au bruit, deux côtes au moins sont fêlées. Il dégaine de la main gauche la dague qui pend à sa ceinture. Il n’y aura pas d’échappatoire pour celui-ci. Vohl recule pour se fondre de nouveau dans les ombres. Du coin de l’œil, il note que le jeune se remet de ses émotions, ne lui prêtant encore aucune attention. Il disparaît aux yeux de son dernier adversaire. Il a déjà une idée pour venir à bout de l'homme expérimenté. La mine patibulaire, ce dernier s’élance vers la zone d’ombre pour lui asséner un autre coup.

Il ne rencontre que le vide. Vohl s’est propulsé, d’une détente, jusqu’à atteindre le sommet du mur. Ainsi suspendu, il se laisse tomber, lames vers le bas, répétant ainsi le mouvement qu'il vient d'employer lors de l'attaque surprise. Cette fois cependant, il maîtrise mieux ce qu'il veut faire : donner un coup puissant, appuyant de tout son poids pour littéralement traverser le corps de sa cible. Un assassinat par le haut. Ainsi positionnées, ses lames peuvent être guidées, car sa trajectoire correspond à une chute libre. Les trois branches de la griffes visent l'épaule valide de l'homme. Elles s’enfoncent dans entre la clavicule et la cage thoracique du vétéran, qui s’effondre dans un gargouillis immonde lorsque Vohl atterrit sur lui.

Malgré la faible résistance de l'armure fine et de la peau de son adversaire, le choc est rude, et son épaule encaisse rudement le choc. Il doit peaufiner cette technique : s'il y arrive, il pourra trouver une nouvelle utilité au pouvoir spectaculaire de ces bottes. Devant le spectacle, le dernier mercenaire prend la fuite, à grand renforts de regards apeurés et de halètements. Vohl reprend son souffle pendant que la course trébuchante du pleutre l’éloigne d’une mort certaine.

La blessure au visage saigne abondamment, et lui provoque une douleur aiguë. La plaie court sur la joue sans atteindre l’œil: le jeune homme a été chanceux. Elle est toutefois profonde et impressionnante mais moins handicapante qu'un oeil en moins : il s'autorise une gorgée de sa gourde avant de se remettre en marche, grimaçant au goût âpre de la boisson. L'efficacité du breuvage est néanmoins prouvée, et la blessure commence à résorber, bien qu'elle soit toujours visible. Il avance jusqu'à l’intersection au plus vite afin de vérifier que la jeune Ôkami s’en sort mieux que lui.

Avatar du membre
Hatsu Ôkami
Messages : 186
Enregistré le : lun. 14 janv. 2019 11:57
Localisation : Monts Sanglants

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Hatsu Ôkami » mer. 30 janv. 2019 00:03

Hatsu courait, arc en main, vérifiant que l’autre homme la suivait toujours. Elle avait calqué sa course sur celle, plus lente, du mercenaire. Elle savait qu’elle pouvait le semer, elle attendait juste d’avoir une distance suffisante. Lorsqu’elle dépassa la troisième rue d’affilée, elle bifurqua à droite, puis à gauche et s’engouffra dans un goulot où elle se mit à marcher avant de s’accroupir. Elle vit le mercenaire passer devant elle sans la voir, courant pour, il le pensait, la rattraper. Elle attendit quelques secondes et sortit à son tour, encocha une flèche et visa le dos du mercenaire qui hésitait quant à la direction à prendre. Sa flèche fendit l’air pour se loger dans la cuisse de l’homme qui n’avait rien vu venir et qui tomba à genoux en se tenant la jambe. Loup la félicita, ce qui était assez rre pour le souligner. Une soirée à marquer d'une pierre blanche, à tous les niveaux.

(Chasseur est devenu Proie. La jeune Louve est maligne.)

(J’ai un bon professeur.)

Le ricanement de Loup lui parvint et elle sourit à son tour avant de s’avancer, tenant en joue l’homme qui roulait des yeux effarés en tentant d’enlever la flèche.

- Je serais vous j’éviterais de la retirer, vous risquez de vous vider de votre sang.

Le mercenaire, furieux, se remit debout avec difficulté et la foudroya de ses yeux clairs.

- Toi catin, tu vas me le payer.

Hatsu n’avait en aucun cas fait quoi que ce soit qui justifierait de se faire traiter de catin mais elle fit de son mieux pour garder son calme. Le mercenaire, prit d’une furie qu’Hatsu n’avait anticiper, se jeta sur elle failli l’empaler sur son épée. Seul le fait que sa jambe blessée ne le soutienne pas sauva Hatsu qui reçut une simple estafilade sur les côtes, la faisant tout de même gimacer de douleur. Reculant rapidement, elle pesta et déchira une manche pour presser le tissus contre la plaie. La blessure n’était pas grave en elle-même mais elle avait manqué de vigilance et elle se maudit pour cela. Elle jeta un regard mauvais au mercenaire qui se tenait la jambe et rebroussa chemin d’un pas vif en lâchant une dernière phrase à son adversaire.

- Je vous suggère de quitter la ville si vous survivez. Mon père aura vent de tout cela, et la milice privée de notre famille n’est pas très regardante sur ses… méthodes.

Elle mentait honteusement, la milice privée s’occupait exclusivement de garder les propriétés de la famille et même si c’était des guerriers aguerris, jamais ils n’accepteraient de faire ce genre de travail indigne et déshonorant. Mais ça, le mercenaire ne le savait pas et Hatsu lui flanqua une peur bleue, si bien qu’on ne le revit plus jamais à Oranan, on retrouva seulement une flèche au sol dans une petite flaque de sang au lever du jour.

Hatsu regagna la rue dans laquelle elle avait laissé son allié. Prudente, elle se fit aussi silencieuse que possible en approchant et avait encoché une flèche, au cas où. Elle fut soulagée de constater qu’il était vivant et que les mercenaires étaient tous au sol. Morts ou assommés, elle n’en savait rien. Elle s’avança vers le mystérieux individu et s’inclina après avoir rangé son arme, dans un salut respectueux qu’elle n’accordait pas souvent.

- Je suis navrée de vous avoir malgré moi entraîné là-dedans et vous remercie pour votre aide. Sans vous…

Elle laissa la phrase en suspens, frissonnant à l’idée de ce qui aurait pu se passer si ces types lui étaient tombés dessus tous les cinq. Elle releva la tête et grimaça de douleur en sentant sa blessure la lancer légèrement. La plaie n’était pas inquiétante ni profonde, mais elle était tout de même douloureuse. Elle examina également les lambeaux de ce qui était autrefois une superbe robe et soupira. Sa mère allait la tuer… Jetant un œil aux alentours, elle avisa une ruelle sombre non loin.

- Laissez-moi juste me changer en vitesse et après je vous invite pour boire quelque chose si vous êtes d’accord. J’ai besoin d’un remontant moi aussi…

Vérifiant qu’il n’essayait pas de la reluquer, Hatsu ôta sa robe, banda sa plaie comme elle put avec des bande de tissus qu’elle serra autour de son ventre, avant d’enfiler une tunique, un pantalon et des bottes qu’elle avait commandé pour être pratique et permettant un camuflage efficace en fprêt. Une teinte verte-marron qui jurait avec les couleurs habituelles qu’elle portait, mais peu lui importait, elle préférait se sentir à l’aise. Elle ôta les épingles dans ses cheveux qu’elle attacha en une simple queue de cheval. Une fois prête, elle ressortit de la ruelle en tenant sa robe d’un air ennuyé. Elle rangea dans son sac et rejoignit l’homme qui l’avait aidé.

- Bon et bien… enchantée, Hatsu Ôkami, fille de… Non, appelez-moi Hatsu, on gagnera du temps, si vous le voulez bien. Je vous remercie une nouvelle fois de m’avoir aidé, vous n’aviez aucune raison de le faire, je vous en serai éternellement reconnaissante, vous pouvez en être assuré. Puis-je avoir votre nom avant que nous ne partions nous remettre de cet incident ? C’est moi qui offre. Ce n’est pas grand-chose compte tenu des risques que vous avez pris mais je n’ai rien de mieux à vous offrir pour le moment, mais j’y tiens.

Elle faisait la fière, mais elle était légèrement angoissée à l’idée qu’il ait tué les hommes derrière elle et que quelqu’un n’ait vent de cette histoire. Et même si l’homme en face d’elle l’avait aidé, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir une certaine méfiance vis à vis e lui, ne sachant pas vraiment pourquoi il l’avait aidé, quitte à risquer sa vie pour la sienne. Elle était cependant soulagée qu’ils en soient tous les deux sortis sains et saufs et c'est avec un sourire sincère qu'elle invite son compagnon à l'accompagner.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » mer. 30 janv. 2019 06:51

La jeune femme apparaît, arme en main, avant qu'il ne puisse rejoindre l'intersection. L'ynorien la regarde afin de détecter une éventuelle blessure qui nécessiterait des soins. Son rapide examen lui confirme qu'elle n'a rien de grave : sa robe est déchirée sur le côté, mais sa blessure est minime. Il sourit en constatant qu'ils ont au moins en commun cette écorchure au niveau des côtes. Cette fine blessure mis à part, elle semble indemne, quoi qu'un peu décoiffée. Le sourire de Vohl se mue en rire discret lorsqu'elle le remercie de son aide en s'inclinant profondément. Il n'est pas exactement certain que les parents de cette Ôkami auraient eu la même démarche à son égard : cela rend le geste d'autant plus appréciable et lui confère un sens tout particulier. Il la remercie d'une inclinaison de la tête.

"N'en parlons plus : j'ai fait ce que l'honneur et la justice commandait."

Il est vrai qu'elle vient d'échapper à un sort peu enviable, se remémore-t-il en pensant aux yeux vicieux du mercenaire grisonnant. Malgré le maintien ferme de sa posture, une grimace de douleur déforme ses lèvres écarlates. Vohl devine qu'il s'agit probablement d'un de ses premiers affrontements : le moment n'est pas à souligner l'imprudence de sa démarche, mais plutôt au réconfort.

"Pour être honnête, je vous suis également reconnaissant : le trait que vous avez destiné à l'homme armé d'une arbalète m'a permis de gagner ce combat sans ... trop de dégâts." termine-t-il en désignant la blessure qui courre sur sa joue.

Elle jette un regard rapide dans la ruelle, pour constater que trois des hommes sont à terre. Puis elle lance un regard désolé à sa robe déchirée. Le jeune homme suit son regard avec une pointe d'amusement. Il se souvient également avoir douté de nombreuses fois lorsqu'il s'est écarté du chemin qui était tracé pour lui : le dilemme de la jeune femme ne lui est pas étranger ! La première née des Ôkami s'éclipse brièvement afin de se "changer" avant de l'emmener se désaltérer. C'est sans nulle doute une bonne idée : ce n'est pas la peine de pousser la provocation jusqu'à débarquer dans les tavernes, vêtue d'une robe dont le prix doit frôler l’indécence pure et simple, fendue de surcroît sur toute sa longueur. Il détourne le regard afin de préserver la pudeur de la jeune femme.

Lorsqu'elle revient, les cheveux de la demoiselle cascadent sur ses épaules, leur teint se confondant avec l'ensemble aux teintes de camouflages. La métamorphose est impressionnante : la fille de bonne famille s'est un peu effacée, laissant apparaître un aspect plus volontaire de sa personnalité. Vohl aurait aimé, lui aussi, retrouver sa tête des meilleurs jours, mais sa récente expérience avec le Conseiller Gale lui a fait comprendre qu'il devait soigneusement préserver ce qui le distinguait du déserteur placardé sur les affiches de recherche. Ses réflexions sont interrompues par des présentations plus en règles de l'archère. Elle lui confirme son nom, lui demandant cordialement de l'appeler Hatsu. Elle lui demande son nom à son tour, avant qu'ils n'aillent récupérer de leurs émotions.

(Ah!)

D'un mouvement de bras, il l'invite poliment à se mettre en route pendant qu'il prend la parole.

"Éloignons-nous d'ici, pour commencer... Les noms sont une chose importante : Hatsu, vous avez pu vous en rendre compte. Le votre est pour certains la force politique de votre maison; pour d'autres, il ne signifie que l'appât du gain. Connaître le mien pourrait vous mettre dans une situation délicate ; je préfère pour l'instant vous éviter ce poids. Appelez-moi simplement Kage."

Malgré ses paroles qui se veulent apaisantes, il sent une tension chez la jeune femme. Alors qu'ils marchent, il reprend :

"Je vous sens tendue. Il n'y a pas lieu de l'être. Vous vous inquiétez sûrement de ce qui pourrait ressortir de cette nuit ?"

Après une brève interruption afin de la laisser répondre à cette question, si elle le souhaite, le jeune homme avance avec assurance :

"D'aucun mercenaires iraient se plaindre qu'un des viols qu'ils ont tentés sur la famille Ôkami a lamentablement échoué." Il continue d'un air un peu amusé. "Ils en perdraient toute la virilité qu'ils essaient d'afficher. Et celui que vous avez blessé, leur meneur, n'aura plus l'occasion de retenter l'expérience."

Il s'arrête et attend que la jeune femme se retourne vers lui. Il tâche au mieux de prendre en compte les sentiments qui apparaitront sur son visage: l'horreur, le dégoût, la gêne ? Il pèse les mots suivants avec soin, le ton grave, tâchant d'expliquer son acte sans donner l'impression de s'excuser d'une quelconque faute.

"Des cinq hommes, un seul méritait la mort. Neutraliser le meneur fait fuir les lâches habitués à se soumettre à ses ordres. Je l'ai vaincu, et je ne le regrette pas : s'il était encore en vie, il nous aurait traqué avec ses hommes, simplement pour calmer son égo. J'ai laissé les jeunes coq débiles en vie, dans l'espoir qu'ils trouveront un meneur qui saura leur mettre du plomb dans la cervelle. Je ne le regrette pas non plus."

D'un ton plus léger, il poursuit en rejoignant Hatsu, afin qu'ils puissent se remettre en route.

"Et puis, si l'un de ceux-là revenait vous voir, j'ai désormais suffisamment vu de votre habileté pour ne pas avoir à me faire de souci! "

Un peu plus loin se trouve l'Auberge des Hommes Libres, une destination idéale pour qui cherche à se changer les idées autour d'une pichet ou d'un plat mitonné de bonne qualité. Une de leurs spécialités, le coq aux amandes, pourrait avoir une saveur toute particulière pour eux, ce soir.

Avatar du membre
Hatsu Ôkami
Messages : 186
Enregistré le : lun. 14 janv. 2019 11:57
Localisation : Monts Sanglants

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Hatsu Ôkami » mer. 30 janv. 2019 16:51

Au-delà des différences

Un homme d’honneur et à qui la justice tenait à cœur. Voilà ce que Hatsu comprit des paroles de l’homme qui, après une remarque sur le fait de donner aussi facilement son nom et des dangers que cela peut lui causer, se présenta sous le nom de Kage. Un pseudonyme, mais Hatsu se contenta d’un hochement de tête. S’il ne souhaitait pas donner son nom, elle n’avait pas à l’obliger à le faire. Chacun avait ses secrets, elle la première avec cette histoire d’esprit ancestral et de pacte. Kage, donc, ressentit la tension et la légère angoisse que traînait la jeune femme alors qu’ils avançaient dans les rues désertes et tenta de s’enquérir de ses pensées.

- Ne vous inquiétez pas. Cette nuit est un fiasco à tous les niveaux de toute façon, j’appréhende juste le fait que quelqu’un n’apprenne mon implication dans cette histoire. Je n’ai pas été des plus discrète, je pense que vous l’avez remarqué.

Elle dit cela avec un léger ton ironique, se moquant d’elle-même et de sa réaction stupide. Kage tenta de la rassurer, confirmant qu’un seul des hommes, le meneur, était mort. Les raisons qu’il donna à cette mort &taient d’une logique qui souffla complètement Hatsu. Elle qui n’a jamais tué ne put que hocher la tête devant les arguments de son sauveur. Le fait qu’il ne regrettait rien lui allège imperceptiblement les épaules et elle se détendit, perdant sa posture droite, distante et froide qu’elle s’appliquait à conserver en presque toutes les circonstances. Elle le regarda avec respect. Il ne la traitait pas comme une chose fragile à qui il fallait cacher la triste réalité ou la dure vérité. Et Hatsu appréciait qu’il la traite pour ce qu’elle était, pas pour ce qu’elle semblait être.

- Je vous remercie pour votre franchise. Malgré ce que j’ai pu dire sous le coup de la colère, je m’en serais probablement voulu d’avoir tué un de ces hommes, au moins pour un temps.

Le ton léger avec lequel il vanta ses mérites fit légèrement rougir la jeune ynorienne, peu habituée aux compliments sincères venant d’ autres personnes que sa famille. Elle entendait sans cesse des compliments mais l'hypocrisie habituelle n'avait pas sa place dans les paroles et la voix de l'homme qu'elle avait en face d'elle, elle en était certaine.

- Oh je… j’ai eu de la chance, ils m’ont sous-estimé. Je connais la ville, j’ai juste utilisé ça à mon avantage. Je n’ai pas vraiment pu vous voir à l’œuvre, mais vous devez être un combattant émérite pour vous débarrasser ainsi de plusieurs adversaires. Je tâcherai de ne pas vous mettre en colère.

Elle avait dit cela avec un sourire mais la sincérité transpirait dans ces paroles. Pendant qu’ils marchaient, ils s’approchèrent de l’Auberge des Hommes Libres. Hatsu aimait cet endroit où voyageurs de tous horizons se rencontraient. Elle y passait régulièrement lorsqu’elle allait ou revenait d’une escapade en forêt. Elle appréciait écouter les récits de certains, les vantardises des autres et n’avait jamais été prise de haut ou mise à l’écart, les gens ignorant pour la plupart son identité. L’aubergiste, Kanumi, l’accueillait toujours avec sympathie et c’est ce qui arriva ce soir aussi lorsqu’elle franchit la porte, Kage à ses côtés.

Elle appréciait cette auberge. Elle était conviviale et chaleureuse, bien loin des tavernes miteuses que l’on pouvait croiser à certains coins de rue. La décoration, très sobre, donnait un cachet à l’endroit qui était parfaitement entretenu et qui jouissait d’une bonne réputation dans toute la région. Il fallait dire que l’aubergiste et sa femme était deux jeune gens agréables et qui recevaient très bien. Les plats et boissons ne manquaient jamais et leur qualité n’était plus à prouver. Apercevant Hatsu, Kanumi lui adressa un sourire chaleureux lorsqu’elle s’approcha de lui et détailla celui qui était à ses côtés avant de poser de nouveau les yeux sur sa cliente, un sourire plus énigmatique sur les lèvres.

- Hatsu, toujours un plaisir. Je vois que tu es accompagnée, c’est… inhabituel. Ta table est libre si tu veux.

- Bonjour Kanumi. Oui on.. on s’est croisé un peu plus tôt, on a discuté et je l’ai invité. Merci, je vais te prendre une bouteille de saké ainsi que ton plat du jour s’il te plait. Ah et j’offre ce qu’il veut à celui qui m’accompagne. Et comme d’habitude…

- Tu n’es jamais venue ici, je sais, depuis le temps tu devrais arrêter de me le rabâcher. C’est noté, Nokora t’amènera tout ça sous peu.

Elle offrit un large sourire à Kanumi. Cela faisait un moment qu’elle lui avait demandé ce service, pour ne pas éveiller l’attention sur elle lorsqu’il avait appris son nom. Ici, elle était simplement Hatsu, jeune chasseuse, et c’était tout ce qui importait. Elle attendit que Kage commande puis alla s’installer à une table sur le mur, à un endroit éloigné de la porte. Elle se sentit obligée de justifier ce qu’il venait de se passer avec l’aubergiste.

- Je viens régulièrement ici depuis quelques temps. Ça me détend et j’ai fini par faire connaissance avec le couple qui gère l'endroit.

Elle marqua un temps de pause lorsque Nokora, la femme de l’aubergiste, leur apporta leurs commandes de boisson en leur offrant un sourire amicale et bienveillant. Hatsu la remercia et se tourna de nouveau vers Kage, une question lui brûlant les lèvres depuis qu’elle l’avait rencontré.

- Si je ne m’abuse, vous étiez dans le bâtiment du conseil plus tôt aujourd’hui. Vous veniez pour l’Erementarīfōji ? Je vous ai vu suivre l’intendante.

Il y avait d’autres explications mais comme il y avait de nombreux mercenaires en ville pour cet événement, cela semblait la raison la plus probable pour Hatsu. Elle voulait surtout savoir s’il avait déjà participé et, qui sait, obtenir quelques conseils avisés d’un vétéran. Elle lui sourit en triquant, buvant une rasade d’un saké qu’elle appréciait malgré son goût amer qui la faisant toujours frissonner à la première gorgée. Cette soirée avait mal commencé, elle espérait au moins la terminer dans un calme relatif et agréable.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

Avatar du membre
Alfryda Bröhm
Messages : 51
Enregistré le : dim. 27 janv. 2019 16:02

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Alfryda Bröhm » dim. 10 févr. 2019 22:50

Après avoir pris le temps de me réserver une chambre dans l'auberge de mon client, ce dernier est venu régler les frais du repas en me signalant d'un geste de la main qu'il ne me voulait pas à ses côtés pendant le paiement. Je dois avouer que ce genre de situation me laisse légèrement mal à l'aise, comme pour me rappeler que je suis encore une gamine que l'on doit entretenir. Mais compte tenu du peu de Yus qu'il me reste en poche depuis mon départ en hâte de Mertar, je ne vais pas me plaindre d'une avance sur salaire. Quoi qu'il en soit, la tournure que prennent les événements me met en joie et c'est l'esprit libre que je me décide à retourner voir Ghunt, resté près de la boutique de l'artificier, pour lui annoncer la nouvelle.

(Je serais bien allé m'excuser auprès d'Uzuki et de son fils, mais j'imagine qu'il ne doit pas m'en tenir rigueur. Et puis, je n'ai pas à assumer les bourdes d'un autre Thorkin, même si c'est celui qui me paye.)

Connaissant déjà le chemin, j'atteins rapidement la rue où se trouve l'atelier, à côté duquel la remorque attend toujours de repartir pour Mertar. Le cocher est d'ailleurs assis à l'avant, fumant tranquillement sa pipe sans prendre conscience du monde qui l'entoure. C'est d'ailleurs ce qui le fait sursauter lorsque je l'appelle d'une voix forte, agitant de la main le contrat approuvé par Bragarr, faisant peu fi du regard surpris des passants qui m'entourent.

"GHUNT ! Il est d'accord !"

Je ne me donne pas souvent en spectacle, mais je dois admettre qu'une fois la pression retombée, il y a de quoi se sentir rassurée. Le vieux Thorkin me répond d'un sourire en relâchant une bouffée de fumée dans les airs. A ses côtés, je prends le temps de lui expliquer ce qu'il s'est passé dans l'auberge, n'omettant aucun détail sur la gentillesse soudaine du Thorkin à mon égard. Ghunt acquiesce sans pour autant s'en étonner, même s'il admet que cela n'arrive que rarement.

"C'vieux poivrot est ce qu'il est, mais il a bon fond. J'espère que tu sauras l'supporter sans trop t'attarder sur ses vices."

"Ne t'en fais pas, j'en ai maté un certain nombre au cours de ma vie."

"J'en doute pas, gamine. Mais lui, tu s'ras forcée d'te l'coltiner pendant un sacré bout d'temps.

"Ça ira, j'te dis. Qu'est-ce que tu comptes faire, de ton côté ?"

"J'vais rentrer à Mertar, mon boulot ici est terminé. L'Bragarr a tout son matériel pour le concours stocké dans un endroit sûr, il lui reste plus qu'à ram'ner l'minerai. Et j'compte sur toi pour l'ram'ner lui."

"Ça, c'est mon travail, ouais. Et je n'en ai jamais raté un seul."

"Ahah, continue comme ça, alors. Allez, j'me sauve. Ça m'a fait plaisir d'te revoir avant d'reprendre la route, gamine."

"Une dernière chose, Ghunt. Tu sais ce que c'est ?"

J'extirpe rapidement le gri-gri du tricheur de mon sac et le montre au vieux Thorkin, susceptible d'avoir pu croiser une chose similaire au cours de sa vie. Sa grosse main sèche s'en empare un instant et le retourne dans tous les sens avant de me le rendre en acquiesçant, les yeux rivés sur l'objet.

"T'as trouvé ça où ?"

"Le tricheur a laissé ça sur la table, avant de s'enfuir. Étrangement, ça m'a picoté les doigts quand je l'ai récupéré. Y'a de la magie, là-dedans, non ?"

"D'la bonne magie, ouais. Ça s'appelle une rune, t'en trouveras pas partout, d'cette breloque. Par contre, dans cet état là, elle te servira pas à grand chose. Va dans une boutique d'articles enchantés, on pourra t'aider à en faire quelqu'chose d'utile."

L'explication reste floue, mais je sais quoi faire désormais. Je reste un instant pour aider le cocher à atteler les chevaux et le salue à mesure qu'il progresse dans l'allée, jusqu'à disparaître dans la rue qui mène jusqu'aux portes de la cité.
ImageImage

Avatar du membre
Alfryda Bröhm
Messages : 51
Enregistré le : dim. 27 janv. 2019 16:02

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Alfryda Bröhm » mer. 13 févr. 2019 02:08

Au cours d'une traque ou d'une filature à ciel ouvert, je dois avouer ne pas être particulièrement à mon aise. J'ai beaucoup pratiquée dans des environnements couverts, comme Mertar ou les forêts qui entourent la cité, protégée de la lumière du soleil par les arbres et leur feuillage. Mais dans ce genre de situation, je suis aussi utile que Bragarr le prétend, ce qui a le don de me foutre rapidement en rogne. Les yeux plissés, je tente de faire du mieux que je peux au milieu de tous ces Grands-Gens qui me bouchent la vue, cherchant à ne pas perdre de vue mon client pour ne pas faire de la mission un échec total.

(Bon sang, comment je vais repérer le moindre type un peu louche si je ne suis même pas foutue de savoir où je fous les pieds ?! Quelle couillonne je fais d'avoir proposé une idée pareille ! Quand je pense qu'hier encore, je me vantais d'avoir l’œil affûté...)

Sans s'en rendre compte, le Thorkin me facilite tout de même la tâche en s'arrêtant de temps à autre auprès d'un étal, m'accordant de précieuses minutes pour observer les environs à l'ombre et dans le calme. Je me fais discrète dans mon attitude et me tient à mon rôle d'interprétation, confiante dans les retouches de mon style vestimentaire pour ne pas me trahir aux yeux de celui que je recherche. Un foulard sur les cheveux, une cape prêtée par mon client pour cacher mon équipement et un panier en oseille récupéré sans demander à l'auberge font de moi une simple passante qui se livre à ses emplettes quotidiennes, comme il en existe des centaines dans la cité. Mais s'il est impossible de voir clair dans mon jeu, je reste incapable de retrouver l'indésirable qui doit certainement coller au train de Bragarr en ce moment-même. Ce dernier reprend d'ailleurs lentement le chemin du port, prenant son temps pour s'attarder sur les échoppes qu'il juge intéressantes. Bien en retrait, j'observe tout ceux qui s'avancent dans le même sens, jaugeant chaque individu susceptible de correspondre à l'idée que je me fais d'un potentiel maraudeur.

(Hm... Il y en a trop qui pourraient convenir au profil d'une personne mal intentionnée. Je vais laisser le choix se réduire de lui-même, en espérant que le temps se dégrade et que je puisse y voir quelque chose.)

Tout en rajustant mon foulard, je me mêle à la foule et tente de garder un œil alerte malgré l'éblouissement, comptant sur mon intuition pour débloquer la situation.
ImageImage

Avatar du membre
Faëlis
Messages : 224
Enregistré le : ven. 4 janv. 2019 17:20

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Faëlis » sam. 30 mars 2019 21:04

L'omniprésence des troupes en ville était un fait avéré. Ce qui n'empêcha pas Aliéna de faire remarquer que toutes ces maisons en bois pourraient finir en un sacré brasier.

« Peut-être mais je te saurais gré d'éviter de le dire trop fort, avec tous ces gardes ! » s'énerva Faëlis.

Surtout que la beauté des lieux était indéniable, et que l'idée que cela soit détruit le répugnait. Arriverait-il un jour à faire comprendre la valeur du « beau » à sa compagne ? En attendant, ils devaient trouver le terrain d'entraînement, et ce n'était pas chose aisée, car la ville était immense ! Ils demandèrent leur chemin à plusieurs reprises, et, à plusieurs reprises, Aliéna dû rappeler son compagnon à l'ordre car il se mettait à flâner ici et là, appréciant les petits sanctuaires ouverts et les maisons aux décorations élégantes, même pour les plus pauvres. Les jardins étaient extrêmement fréquents, concourants sans doute à l'immensité de la cité.

Finalement, ils sont orientés par un passant vers le palais du conseil, là où sont établis les sièges du pouvoir d'Oranan. Non loin, se trouve l'endroit qu'ils cherchent, et peut-être quelques réponses...

Avatar du membre
Nam
Messages : 10
Enregistré le : ven. 12 avr. 2019 19:33

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Nam » jeu. 18 avr. 2019 13:08

"Reviens ! Au pieeeeed !"

Nam ne savait plus quoi crier tandis qu'il courrait derrière le bichon blanc, son intriguant message toujours roulé à son collier. Le petit animal était malin car les rues d'Oranan étaient chargées d'obstacles et encombrés par les allés et venues de la population. Le grand gaillard savait qu'il devait se tenir à carreau car les ruelles étaient pleines d'hommes d'armes, de militaires ou de mercenaires à l'affût du moindre trouble pour exercer leurs talents. Cela ne suffisait toutefois pas à tarir sa curiosité : ce message devait forcément contenir quelque information intéressante et Nam savait que plus difficile était l'épreuve, plus prestigieuse était la récompense.

"Oh non, pas par là !" (le petit chien venait de pénétrer dans une ruelle particulièrement étroite) "Par les dieux, c'est à peine si je peux avancer de face !"

En effet, la ruelle était si mince que la carrure du colosse l'handicapait sérieusement pour se mouvoir. Fort heureusement, celle-ci était vide. Il fut obligé de ralentir, manquait de percuter de ses massives épaules les fondations de quelques bâtisse un peu fragile. Toutefois, ce boyau urbain l'incommodait fortement. Lors d'un instant, il imagina que les murs de par et d'autres de la rue se refermeraient bientôt sur lui et qu'il se verrait piégé dans cette partie de la ville pour l'éternité, coincé par sa corpulence. Sa claustrophobie lui fit accélérer le pas, malgré lui et il s'écorcha les bras au fur et à mesure qu'il progressait. Le bout de la ruelle pointait et Nam en fut grandement soulagé.

"J'espère vraiment que cela en vaut la peine, reprit Nam, qui sentait le point de côté le guetter."
Il avait beau être plus agile et rapide que son apparence ne le laissait à penser, il commençait sérieusement à fatiguer.

Le bichon avait détalé et tourné brusquement vers la gauche. Lorsque Nam sortit de la ruelle, il percuta un couple qui devait profiter de cette belle journée pour se promener. Si la femme eut le réflexe de se tenir en arrière, l'homme, plus distrait, reçu de plein fouet le torse du géant, le projetant deux mètres plus loin. La femme hurla de stupeur, craignant pour la santé de son conjoint qui venait d'embrasser les pavés.

"Vous êtes complètement malade ! Kwan ! Kwan ! Tu m'entend ?!" (elle se précipita vers l'homme abasourdi par le choc)

"Oh mille excuses ! dit Nam en s'arrêtant. Je suis stupide d'avoir foncé tête baissée en plein milieu d'une rue aussi passante..."

"Vous avez complètement assommé mon fiancé, grosse brute ! Regardez, il ne bouge même plus ! Kwan, tu m'entends? Kwan !!"

Nam ne savait plus où se mettre. Il jeta un regard vers la rue où des passants s'était arrêté devant l'incident. Il ne vit aucune trace du bichon. Il soupira tandis qu'il se rapprochait de l'homme qu'il venait d'heurter.

"Ne vous approchez pas de lui ! Vous l'avez assez amoché comme ça !"

"Arrrh, ça va, ça va, je ne suis pas mort, répondit l'intéressé qui avait tout de même la lèvre éclatée."

"Je suis incroyablement navré, monsieur. Laissez-moi vous aider à vous relever."

Nam passa une main sous chaque aisselle du blessé et le redressa sur ses jambes sans effort. Il le plaça contre un mur pour qu'il puisse retrouver son équilibre.

(le dénommé Kwan cracha un glaviot ensanglanté) "Pour être franc, je ne vous en veux même pas. J'ai vu après quoi vous courriez. J'ai moi-même essayé d'attraper ce clébard il y a un mois, sans succès. je n'en pouvais plus de ses aboiements. Impossible de faire la sieste avec un boucan pareil."

Tiens donc ! dit Nam étonné. Oui, oui c'est exact. Je pense que j'ai également échoué. Cette petite teigne est visiblement trop rapide pour moi. Y'a-t-il quelque chose que je peux faire pour me faire pardonner ?

"Ça ira, merci. On ne va pas faire un procès pour une bousculade malencontreuse, n'est-ce pas?

"Enfin, quand même, vous ne l'avez pas raté ! Imaginez si mon fiancé avait heurté l'angle d'un mur ! Il aurait pu s'ouvrir le crâne comme une noix de coco !"

"Si je peux vous donner un conseil camarade, vous devriez chercher du côté du port. Le chien adore chiper un ou deux poissons à l'occasion et je le vois souvent traîner par-là. J'ignore le nom de son propriétaire ni l'endroit où il crèche mais vous devriez commencer par les docks. Je suppose que votre course-poursuite lui a donné faim."

"Par les dieux, merci. La vie est décidément pleine de surprises : je percute quelqu'un et le voilà qu'il m'aide de son plein gré."

"Que cela ne vous encourage par à bousculer d'autres gens! Viens Kwan, que je te débarbouille à la fontaine."

La femme aida son fiancé en le prenant par la taille et il continuèrent leur chemin.

"Encore désolé ! Et merci ! Au plaisir !"

L'homme fit un vague geste d’au revoir de la main et ils disparurent dans la foule. Nam en profita pour reprendre son souffle, et se dirigea vers le port d'Oranan...

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » jeu. 16 mai 2019 20:21

Le voici de retour dans la rue, près d'un quart d'heure après être entré dans la boutique de l'artificier. Un fumigène orne désormais sa ceinture, dans une petite pochette qui lui évitera d'exploser à tout instant. La fraîcheur de l'air le saisit d'autant plus que le vent s'engouffre brusquement dans la rue qu'il emprunte. Il sourit. Un présage de bon augure pour ce qu'il prépare ? Qui sait. La réponse viendra de toute façon quand il mettra a exécution le plan qui s'agrémente de détails de minute en minute, rassemblant toutes ses années à étudier les divers aspects d'une stratégie. Le matériel sera bientôt complet pour ce qu'il a en tête. Mais il lui reste le paramètre des alliés à prendre en compte. Il a repris plusieurs fois les simulations mentales pendant la nuit, n'arrivant pas à dormir. Peu importe la réaction des pions neutres, il ne s'en sortira pas seul, même avec Hatsu agissant de son côté. Il frissonne en pensant à la jeune femme : jamais son cœur n'approuvera ce mariage forcé. Dusse-t-elle le haïr pour ce qu'il s'apprête à faire, il ne laissera aucune chance à celui que son âme maudit depuis des années. Il n'y a qu'un seul paramètre sur lequel il refuse de transiger : elle doit sortir indemne de cette aventure.

Ses pas résonnent sur les pavés humides de la pluie nocturne comme autant de coups de marteau sur une décision de juge martial, adjugeant le verdict. Son cœur pulse à mesure qu'il rejoue une énième fois le scénario qui a finalement retenu son choix. La brise marine adoucit un peu son humeur, lui faisant parvenir le parfum salé et iodé synonyme d'une fuite qu'il refuse de prendre. Autrefois, il l'aurait peut-être fait. Aujourd'hui, c'est impensable. L'occasion et la cause sont trop belles pour céder à l'anxiété. Il dirige ses pas vers un endroit connu. Une grille rouillée, permettant l'entrée dans les égouts. Il doit trouver ses alliés. Et il risque probablement sa vie en le faisant. Son coeur saigne lorsqu'il repense à ce qui a signé son départ de ces lieux enfermés et empuantis. Et pourtant, certains aspects de cette vie lui manquent : les rires des enfants, la bonne humeur des apprentis voleurs, même les remontrances et les missions forcées de Sombre. Aujourd'hui, il n'est pas certain qu'il aurait eu le courage d'y retourner sans s'être mêlé au sort de la chasseresse.

Il est devant la grille. Elle est juste assez grande pour qu'il puisse y entrer en se laissant tomber et n'a presque pas changée depuis la dernière fois qu'il l'a franchie. Un monde de ténèbres, peuplé de créatures étranges, mais dans lequel il a passé la plus grande partie de sa vie de vagabond. S'il entre par celle-ci, il renoue avec son passé. Un fleur de feu dont il se croyait guéri renaît dans sa poitrine. Un sentiment de fureur particulier, comme s'il ne venait pas réellement de lui. Sa main vient effleurer sa hanche. La morsure brûlante d'une haine qui lui intime de s'engager dans le trou béant. De s'y engager ? C'est bien plus que cela : elle lui ordonne de s'y jeter, sans un regard en arrière. Talabre doit payer ! Il hésite une dernière fois avant de se morigéner : ces regrets ne le mèneront nulle part. Il est temps qu'il s'explique, auprès de Sombre comme de ses protégés. Après avoir étudié les alentours d'un geste machinal pour vérifier que personne ne l'observe, il soulève la grille de métal qui n'émet pas un seul grincement. Vohl soupire pour évacuer un stress qui vient de remonter. Sombre, au moins, est donc toujours là : son mentor se chargeait personnellement de huiler les gonds de la grille afin d'éviter qu'ils attirent l'attention en voulant se mettre à l'abri ou en sortant pour leurs escapades nocturnes. C'est la seule grille traitée ainsi, à sa connaissance. Après avoir soulevé la grille de métal, il se laisse tomber une nouvelle fois dans les ténèbres.

Avatar du membre
Madoka
Messages : 172
Enregistré le : lun. 31 déc. 2018 17:29
Localisation : Les Monts éternels

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Madoka » ven. 17 mai 2019 22:37

précédent

De son œil expert, il examine le tranchant des lames et les manipule avec adresse, sans doute pour tester leur poids et leur équilibre. Il a l’air assez satisfait de leur qualité pour me les acheter huit cents Yus chacune. Autant dire une petite fortune pour la paire ; les pillards combattus dans les marais étaient piètrement habillés mais ils savaient choisir leurs armes, ou les récupérer sur un cadavre encore chaud comme je l’ai fait après notre rencontre.
L’homme me désigne alors un endroit de la boutique où je pourrais trouver une armure à ma taille et m’indique quelques modèles pour lesquels il propose un simple échange contre mes armes, si cela me convient. En guise de réponse, je lui confie les deux épées avant de rejoindre les mannequins de bois. Il y en a de toutes sortes, allant de la brigandine en cuir au plastron de plates ; un modèle en revanche me paraît moins lourd à porter, composé d’un gilet de cuir renforcé et d’un manteau long de cuir épais assez ample. Lorsque je le rejoins, il m’indique un endroit derrière une cloison où je pourrais m’habiller si besoin puis demande à un employé de retirer l’armure du mannequin pendant que nous scellons notre accord en se saluant, les mains jointes et la tête légèrement inclinée.

Lorsque je termine de m’habiller, toute le monde est déjà occupé à servir d’autres clients ou de retour dans les ateliers. Je ressors comme je suis arrivée, en me faufilant entre les curieux et les amis de la famille du vainqueur du concours.

« Tu pensais partir sans me dire adieu ? »

La main sur mon épaule me fait sursauter mais aussitôt après, la voix me rassure. Ce n’est pas quelqu’un envoyé par mon ancien mentor pour me « prier » de le rejoindre et d’oublier mes folles envies de liberté. Ce n’est que Morlet, le semi-elfe chez qui je loge et qui parvient presque toujours à me retrouver. Il n’était pas chez lui lorsque je suis passé prendre mes affaires et j’ai eu effectivement l’espoir de partir sans avoir à lui dire adieu. Quelque chose d’étrange s’est passé entre nous le mois dernier, quelque chose que je ne m’explique toujours pas et qu’il nous faudra un jour régler … mais pas ici, ni maintenant ni demain.

« On ne se dit jamais adieu … et tu n’étais pas chez toi. »

Il acquiesce en silence et hausse les épaules, avec l’air de celui qui pensait avoir réussi à engager une conversation. Il me suit en marchant à un pas derrière moi, les mains dans le dos, la tête dodelinant au rythme d’un fredonnement guilleret.

« Pou … Pourquoi t’es encore là ? T’as pas un truc à faire, quelqu’un à faire chanter ou un autre à tabasser.
- Non M’dame ! Je veux voir la tête de Monsieur Parfait quand il te verra. »

"Monsieur parfait", c’est comme ça qu’il surnomme Keyoke, mon maître, avec une ironie acide envers ma totale confiance en cet homme que j’avais érigé en demi-dieu ; selon ses dires et c’était sans doute vrai, je m’en rends compte. J’étais fascinée par les mystères entourant mon mentor, par sa force, son pouvoir, sa droiture, sa détermination et le fait qu’il m’avait accepté telle que j’étais à l’époque ; froide, insensible et sauvage. C’est un jeu auquel on jouait souvent, avant ma mort. Il se moquait non pas de ma relation avec mon maître, mais de la manière dont j’avais placé ma confiance en un homme qui n’avait fait que me promettre des choses ; et j’enrage intérieurement maintenant que je réalise qu’il avait raison depuis le début. J’use de tout ce que je possède comme contrôle pour masquer l’aigreur bouillante qui me fond les tripes et lui répond sur un ton plaisant.

« Tu devras attendre encore un peu alors. Quelqu’un m’attend aux portes de la ville et je suis assez pressée. »

Et mon ton est plutôt convaincant, il n’insiste pas plus, il est suffisamment patient pour attendre quand il s’agit de s’amuser à mes dépens. Mais il semble intéressé par mes projets et me demande vers quelles lointaines et hostiles contrées je me dirige de ce pas après moins de deux jours de repos.

« L’Est Ynorien. Oui, j’en conviens, ça fait moins rêver que le désert d’Imiftil mais vois-tu, ma participation au concours m’a valu d’être reconnue comme guide … comme quoi tout arrive ; alors je vais continuer à me faire un nom dans ce domaine, moins pire que l’autre qui me faisait rester dans l’ombre.
- Mais tu aimes ça : être dans l’ombre.
- C’est toi qui m’as conseillé de me mettre en avant.
- Oui, pour éviter à Chumaka de te sacrifier à son profit ... c’est, c’est pour Monsieur parfait que tu joues au guide ? »

Quelque chose dans son regard me fait penser au fameux matin où je lui ai avoué être morte et ressuscitée, à ce matin où il m’a prise dans ses bras, où il a perdu pied et failli baisser sa garde. Il ne se contente pas de badiner en marchant pour passer le temps, il m’écoute et cherche à comprendre. Ce n’est pas dans ses habitudes, du moins pas jusqu’à ce matin fatidique.
Pendant une seconde, je forme les premiers mots d’un mensonge facile, puis je repense à nos derniers moments ensemble, à son étreinte que je dois encore décortiquer, aux risques qu’il a pris pour m’avertir du piège que le second de mon maître était en train de refermer sur moi … et j’efface cet énième mensonge sans autre objectif que de l’éloigner un peu plus de moi. C’est une sangsue, il me l’a dit cent fois, je ne pourrais pas m’en débarrasser si facilement, surtout maintenant que je l’ai choisi lui, comme refuge à mon retour du désert.

« Euh, non, c’est mon choix. Je vole vraiment de mes propres ailes.
- Waou, tu m’en diras tant, dit-il de cet air qui reflète tout et son contraire.
- C’est très récent, à vrai dire. Je ne retourne pas chez Keyoke … peut être jamais plus.
- C'est-à-dire jamais plus, comme dans "je suis banni" ?
- Non, c’est moi. J’ai besoin de temps pour faire le point. Ouais, je sais, moi aussi ça me fait bizarre de prononcer des mots pareils mais … tu te souviens du compartiment dans son bureau que j’essayais de forcer avant de participer à l’Erementarīfōji ?
- Hum
- Et bien je l’ai ouvert, grâce à Nonj’ … parce qu’elle en pouvait plus de me voir me débattre en vain pour faire parti d’un monde duquel j’étais et serais exclue à jamais. Il m’a menti, toutes ces années il m’a trompé.
- Et tu t’en aperçois que maintenant ? C’était quoi déjà ta phrase pour le décrire : ses secrets ont des secrets. T’as passé ta vie à mentir, je te mens constamment … ouais, euh, désolé … et t’as soudainement besoin d’y réfléchir ?
- Il connaissait mes parents, dis-je en lui coupant la parole et d’une voix plus hostile que voulue, il est venu me chercher parce que j’étais leur fille et qu’il pensait que j’avais leurs aptitudes pour la magie. Il ne m’a pas trouvé par hasard et choisi pour ce que j’étais à l’époque, il m’a cherché pour ce qu’il croyait que j’avais. Et quand il s’est aperçu que je ne possède aucuns fluides, il a continué à me faire croire que j’avais un avenir dans son organisation, alors que j’étais juste une … touffe de poussière qu’on pousse du pied au lieu de la jeter. Il n’était pas obligé de me mentir pour que j’accepte de le suivre, je ne lui ai rien demandé, jamais … »

Sa réaction est moins ironique que je l’escomptais, il ne fait d’ailleurs pas de remarque sur ce qu’il pense de la confiance ou de la franchise. En mettant enfin mes pensées en mots, je les trouve simplistes. Je sais que mon maître est plus complexe que ça mais je sais aussi que dans mon état d’esprit actuel, il ne ferait de moi qu’une bouchée. Je devrais être en route vers Kendra-Kar et chercher à en savoir plus sur les personnes de mon dernier souvenir avant de mourir. Au lieu de cela, j’ai sauté sur la première occasion qui me permet de fuir, de camoufler ma peur de faire le premier pas vers ce qui compte vraiment.

« Tu avais raison sur un point. Cette participation à l’Erementarīfōji en mon nom était une étape forte, une première … sauf que pour moi c’est l’équivalent à la première pierre d’un édifice dont je n’ai pas le plan. Ça ne m’a absolument pas aidé à accepter mon sort, à relativiser ma mort ou ma résurectruc … alors merde d’accord, merde. Ce jeu là entre nous, ça marchait quand j’avais un rôle à jouer, là je suis seulement moi et je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire. Je ne sais pas ce que je suis.
- Moi je sais qui tu es. »

Encore ce ton, ce regard étrange que je ne comprends pas. Mais il a raison, il me connait mieux que quiconque dans cette ville et j’ai comme l’impression d’être loin de la réalité en disant ça ; rien en moi ne l’a jamais étonné ou rebuté. Il y a tant de questions en suspens entre nous, tant de réponses que je voulais ni franches ni mensongères et que je n’ai jamais demandées.

« Une chose est sûre. Je veux avancer, pas revenir en arrière … c’est pourquoi je dois m’éloigner de lui et pourquoi nous devrons mettre des choses au clair toi et moi avant de continuer quoi que ce soit. Ta réaction, les mots que tu as essayé de taire …
- Bien. »

Je m’attendais à tout sauf à une adhésion si rapide. Il sourit en voyant ma mine déconfite mais ses yeux sont fixes et son regard impassible. Il me connait, il a compris avant moi que mon retour parmi les vivants, que ma nouvelle sensibilité aux émotions ira de pair avec une volonté de tout recommencer et tout comprendre. L’idée même d’une discussion à cœur ouvert avec lui me donne des frissons d’angoisse. Il le sent, ou peut être a-t’il lui aussi besoin de temps, car il ne me force pas à abandonner ma soudaine envie de voyager. Il me promet qu’à mon retour, si je suis prête à accepter toutes les vérités possibles, il répondra à toutes mes questions, même celle qui concerne sa peur de m’avoir perdu.

« Bien. Dis-je en rassemblant mon courage pour ne pas avoir l’air complètement apeurée à l’idée de m’imaginer Toutes les vérités possibles. Une formule qui, dans sa bouche perverse, peut donner naissance à des cauchemars sans fins.
J’ai l’impression que ça sera aussi difficile à dire qu’à entendre. »


A quelques mètres des grandes portes, il me souhaite bonne chance mais ne me dit pas au-revoir, nous ne nous le disons jamais.
Modifié en dernier par Madoka le ven. 28 juin 2019 22:36, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 304
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Akihito » mer. 22 mai 2019 15:30

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XIV.3 : Un ami en commun

Alors qu'ils marchaient côte à côte dans une rue plutôt tranquille en ce début de matinée, l'Ynorien se présenta : Kage No'Otoko. S'il connaissait Hïo, c'était parce que c'était lui qui l'avait accompagné et escorté durant l'Erementarifoji. Et visiblement, il avait réussi sa tâche parce qu'il était revenu vivant et que ce dernier avait ouvert une échoppe à Gasansary, au doux nom de "L'Enclume de Rana". Souriant en reconnaissant bien là son ami aux penchants quelque peu dévots, ce sourire se figea lorsqu'il percuta sur le lieu d'ouverture de sa forge : Gasansary.

"Les runes ne sont pas un problèmes pour moi en effet, laissez moi quelques instants avec les runes et je pourrais les identifer. Mes capacités d'enchanteurs me permettent de déchiffrer et comprendre le sens des objets magiques que je touches. Une identification en somme. Je pourrais donc vous traduire le sens de vos runes sans soucis. Mais, attendez... Gasansary ? Pourquoi Hïo irait-il ouvrir une échoppe là bas ? Pourquoi est-ce que... Mmmh. S'il ouvre son Enclume de Rana, c'est qu'il a gagné et peut donc ouvrir son propre commerce comme tout les précédents gagnants, aidé par le Conseil. Vous auriez-donc non seulement escorté Hïo, mais en plus vous l'auriez fait gagner le concours ?" demanda incrédule le jeune homme.
Kage ne répondit pas. Au contraire, après avoir jeté un coup d'oeil circulaire, il l'entraîna dans une ruelle adjacente qui était elle parfaitement déserte. Devant ce comportement plus que suspect, Akihiko condensa par réflexe ses fluides au niveau de sa main, prêt à répondre à la moindre menace. Vohl ne sembla pas l'apercevoir et après avoir vérifié une seconde fois que personne n'était à proximité, il se mit à s'adresser à Akihiko à voix basse.

"J'ai besoin de vous. Un mariage forcé va avoir lieu. Si vous venez d'arriver en ville, il est normal que vous n'en ayez pas entendu parler... Je passerai rapidement les détails pour vous brosser un portrait rapide de la situation. L'homme est ambitieux. Ce n'est pas un mal. Mais associé à un manque total de valeurs, je crains fort que ce soit destructeur : pour la non consentante, qui a déjà subit ses coups, mais aussi pour Oranan, à plus long terme. La République s'appuie sur des valeurs solides pour résister aux tentations de domination..."

Il secoua alors la tête d'une manière traduisant un désespoir certain et une réelle implication dans sa démarche. Pendant qu'il ne le regardait pas Akihiko désengagea sa magie, rassuré par les véritables intentions de celui qui avait protégé son ami. Kage releva son regard où brillait une certaine détermination et quelque chose qu'il ne parvint pas à définir... De l'espoir ? De la confiance ?

"Pour conclure cette description bien en deçà de ce qui se trame, je n'ajouterai que ceci : le point de départ de cette union forcée est une menace de mort sur la famille de la jeune femme."
A ces mots, le regard de l'enchanteur se durcit. S'il ne portait pas un grand intérêt à la politique, les méthodes douteuses comme celles-ci ne pouvaient que le faire sortir de ses gonds. Quelque part dans son esprit, Amy revêtit son apparence de Faëra guerrière samouraï, les ailes brillant d'un orange combatif. Elle approuvait par cette simple réaction les pensées de Akihiko.
"Je ne laisserai pas arriver une chose pareille. Seul ou non. Mais mourir en vain me peinerai : le suicide ne me va pas au teint. Un soutien serait plus que bienvenu. Mais cette opération est délicate : je ne peux me méfier de ceux qui me soutiendront."

Akihiko opina du chef. Kage était clairement plus impliqué qu'il ne voulait bien le dire, mais ses intentions étaient nobles. Il s'inclina de nouveau devant lui, pour appuyer et marquer encore plus son appel à l'aide.

"Je sais pouvoir me confier à vous : Hïo m'a ... régulièrement ... rappelé votre attachement aux valeurs. Aidez-moi, je vous prie."

(Il peut bien parlé : son attachement aux valeurs à l'air au moins aussi fort que le tien. Aaah ces Ynoriens, toujours aussi têtus...)

Soulevant un court instant les coins de ses lèvres en un sourire devant la remarque de sa compagne, il reprit rapidement un visage plus sérieux en tendant une main à Kage, l'invitant à se relever.

"Les valeurs hein... Il est vrai que c'est quelque chose que j'estime particulièrement. Mais relevez-vous Kage, j'ai bien saisi la portée de votre motivation et de votre détermination. La justice et la protection sont deux valeurs importantes du culte de Valyus que je respecte profondément et qui guident une partie de mes pas, je ne peux donc pas rester indifférent à cette situation. De plus, on pourrait considéré qu'ayant surement protégé un de mes amis les plus chers de plusieurs dangers, j'ai une "dette" envers vous.
Néanmoins, je vois bien que cette situation vous affecte bien plus que vous ne voulez bien me le dire. Sans vouloir remettre votre sincérité en doute, j'ai besoin d'en savoir plus sur les raisons qui vous poussent à agir avant de m'engager à vos côtés.

Hïo vous l'a peut-être dit, mais j'ai ma propre maxime. "Ce n'est qu'à ses actes qu'on juge la valeur d'un homme." N'ayez donc aucune crainte et soyez franc avec moi."



Modifié en dernier par Akihito le lun. 17 juin 2019 14:38, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 304
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Akihito » lun. 17 juin 2019 14:33

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XIV.4 : Un ami en commun.

Akihiko observa Kage se relever avec reconnaissance, et après avoir vérifier une énième fois que personne ne pouvait les écouter, il poursuivit d'une voix encore plus ténue.

(Quoi que ça puisse être, il se montre excessivement prudent.)


"Ce que vous avez perçu... Ce que je ne vous ai pas encore dévoilé, je pense que malgré vos dire vous vous en doutez. L'homme concerné est coupable d'assassinats et n'hésite pas à se salir les mains lorsqu'il se pense intouchable. Les pressions sur les familles de ses subalternes, menaçant la vie de ces derniers, n'est qu'une des odieuses facettes qui émaillent son brillant parcours. Parmi les meurtres commis, celui de mon père, profitant de la confusion d'un raid garzok devant mes yeux. J'ai pu dresser une liste non exhaustive de ses victimes par la suite. Caprices, désirs et domination ... Rien qui ne vaille la sang versé."


- Vous êtes poussé donc par le désir de vengeance... murmura Akihiko pour lui même, alors qu'il sentait la colère enfler dans la voix de celui qui avait perdu son père.

Une colère légitime emplit son cœur, transparaissant légèrement derrière sa voix.

- Jusqu'à présent, continua Kage, cela lui a réussi, car il se montre d'une rare clairvoyance sur ceux qui ploieront devant son chantage tout en lui garantissant des soutiens. Il est impossible de le confronter publiquement en espérant avoir gain de cause. Ou si gain de cause il y a, cela ne m'empêchera ni de profiter de ce qu'il a acquis, ni de continuer ses exactions.
Qu'en déduisez-vous?"


L'enchanteur prit quelques temps pour digérer ces informations. Indéniablement, l'Ynorien avait soif de vengeance : le sang appelait le sang. Bien que n'ayant jamais été dans cette situation -Valyus en soit loué-, il comprenait parfaitement le fait d'éprouver un tel sentiment. Le léger éclat qui avait briller dans ses yeux à chaque fois qu'il avait évoqué la promise du meurtrier voulait peut-être dire qu'aussi bien pour le meilleur que pour le pire, il s'était éprit de la femme en question, lui fournissant une raison de plus de vouloir la mort de l'homme mais aussi une de plus de le craindre.
Akihiko secoua la tête. (Non, non. Ces suppositions ne me servent à rien dans le cas présent.)
L'homme était influent, le faire chuter ne serait pas chose aisée. Pourtant, Akihiko prit sa décision.

"Kage, vous avez mon soutien plein et entier dans cette affaire. Mais, j'ai une condition.
J'ignore comment vous souhaitez régler cette histoire, mais je répugne à faire couler le sang pour rien. Même si la fin justifie les moyens, je préférerais éviter que nous tuions cet homme d'entrée de jeu. J'ai pour principe de toujours demander à mes ennemis de se rendre avant de rentrer dans la mêlée.
Mais ne vous inquiétez pas : si mêlée il y a, je n'irais pas avec le dos de la cuillère. A partir du moment où les solutions pacifiques ne sont plus une option, je n'ai aucun remord à user de ma force à pleine puissance."


Déceinturant la Kizoku-Rana et retirant son gant gauche pour montrer la marque de la Kizoku-Hana, il s'inclina devant Kage en présentant la lame devant lui une main sur la poignée, l'autre au niveau du fourreau.

"Par la lame qui m'a reconnue comme digne de la porter, je me mets à votre service dans votre quête de justice. Puissent les corbeaux se repaître des ennemis de l''Ynorie."


Modifié en dernier par Akihito le lun. 17 juin 2019 14:41, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 304
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Akihito » lun. 17 juin 2019 14:35

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XV.1 : Sauvetage et Imposture.

Kage sembla soulagé des paroles de Akihiko. Son aide avait indéniablement de la valeur pour le jeune homme. Il se montra néanmoins étonné par la demande de l'enchanteur, lui demandant s'il le pensait sanguinaire avant de lui assurer qu'il avait un plan pour éviter de faire couler le moins de sang possible.

"Loin de moi l'idée de vous prendre pour une bête assoiffée de sang. Il me parait simplement sensé qu'on puisse réclamer le sang d'une personne contre qui on a des griefs comme les vôtres. Mais je serais ravi d'entendre votre plan."

Les deux nouveaux compagnons s'enfoncent alors dans le dédales des rues oraniennes, Kage prenant le soin de ne parler que lorsqu'ils sont parfaitement seuls dans la rue et jetant quelques coups d'oeil derrière lui, s'assurant sans doute qu'ils ne sont pas suivis. Aux vues de la gravité de l'acte en préparation pour certaines instances ynoriennes, une telle prudence n'était pas de trop.

"Tout ce que je veux pour cet homme est le discrédit. Pour cela, je souhaite le faire passer pour un allié d'Oaxaca, ou du moins, un de ceux qui traite avec la déesse noire. Pour ce faire, j'ai besoin de deux chose venant de vous : vous devrez vous faire passer pour un membre du Tonerre d'Omyrhe."

Bien que cette dissimulation soit sensée, elle n'en restait pas pour le moins dérangeante. Et puis, le Tonnerre d'Omyre ? Qu'est-ce que c'était ? Une rapide consultation mentale de sa Faera lui indiqua qu'elle n'en savait pas plus que lui. Cependant, la présence du mot "Tonnerre" avait peut être quelque chose à voir avec les fluides de foudre. Gardant les questions qui se pressaient sur ses lèvres, Akihiko continua d'écouter les explications de Kage.

"Ne vous en faite pas. Votre visage restera inconnu. Votre implication est et restera quoi qu'il arrive entre vous et moi. Je vous le jure sur ma vie. Vous aurez un pardessus à capuche pour camoufler vos traits. La première étape sera de pénétrer dans la maison le plus discrètement possible. Les gardes ne doivent surtout pas être alertés, et ces miliciens n'ont fait que vendre leur service à un homme qui ne les méritait pas. Aucun mal ne doit leur être fait. D'autant plus que cela ne manquerait pas d'alerter leurs compagnons. Je suggère que vous entriez par le toit nord, qui donne dans le salon du premier étage. Je vous enverrai un signal lorsque la voie sera libre : je serai moi même sur les lieux pour jouer mon rôle. Une fois cette arrivée discrète réalisée, vous aurez quelque chose de bien plus voyant à faire. Il faudra en appeler à vos arcanes et à votre maîtrise de fulguromancien. Pour que les gens vous croient plausible en tant qu'agent oaxcien, je vous remet ceci : un insigne oaxcien, des manchettes d'un membre réel de cette caste, et le badge trouvé sur le cadavre une fois que Hïo l'eut achevé. Arborez ces trois signes, et avec d'impressionnants sorts de foudre, vous devriez pouvoir passer sans crainte pour un des leurs."

Le jeune homme lui glissa à ce moment là dans sa main trois objets : un badge de l'armée oaxacienne que même lui aurait pu identifier comme tel, ainsi que deux autres bijoux. Il décida de les ranger rapidement, préférant les examiner une fois seul chez lui. Il vit néanmoins la présence d'éclairs sur ces derniers, renforçant son hypothèse de lien avec les fluides de foudre. Kage poursuivi le déroulé de son plan, faisant naître toujours plus de questions chez le fulguromancien.

Est abordé un sujet épineux. Ses reliques. Malheureusement très voyantes, elles seraient aisément identifiables, surtout la Kizoku. Kage voulait que Akihiko s'en sépare et use d'armes plus conventionnelles pour son déguisement. Il alla sans dire qu'Amy protesta vivement dans son crâne, se parant de couleurs rougeoyantes signes de son mécontentement. Akihiko allait protester également, le conspirateur lui demanda de l'écouter encore un instant pour qu'il termine son explication.

"Ce ne sera pas utile de tuer quelqu'un : mais n'ayez pas peur d'électriser quelques nobles... cela sera plus réaliste et avec un peu de chance, cela réactivera peut-être le cerveau que certains d'entre eux semblent avoir oublié au fond de leur bourse. Vous vous demandez sans doute pourquoi cette mascarade ? Parce que vous devrez enlever quelqu'un. La personne dont la vie permet à Talabre d'exercer son odieux chantage. En voici un portrait. Vous le reconnaîtrez facilement : c'est le frère de la marié, il ne sera donc pas loin d'elle, et c'est un jeune soldat. Votre déploiement de sort vous permettra de tenir à distance ceux qui essaieraient de vous en empêcher. Quelqu'un vous aidera à faire reculer les plus téméraires. Vous sortirez ensuite par le toit, et je vous aiderai à mettre en sûreté ce pauvre homme."

Il avait toutes les cartes en main, selon Kage. Après s'être tu pendant toute son explication, Akihiko commença à dérouler son barrage de questions qu'il retenait.

"Mmmh... tout cela à fait naître une foule de questions. Pour commencer, ce Talabre, c'est la fameuse personne contre laquelle nous allons agir ? demanda Akihiko qui, après un hochement de tête de son interlocuteur, continua. Ensuite, mes reliques. Si camoufler la Kizoku-Rana risque en effet d'être délicat, je suis réticent à m'en séparer. Je n'en userai pas, mais je souhaite pouvoir la garder avec moi, quitte à la recouvrir d'un fourreau de tissu. Pour le marteau en revanche... Sachez que cet artefact peut aussi bien me servir d'arme que de catalyseur magique pour amplifier mes attaques de fluides. C'est donc une arme idéale si j'ai besoin de me battre, autant au corps à corps que pour lancer des sorts. Puisqu'il est relativement peu connu en dehors de Mertar, la cité thorkine, peu de gens le reconnaîtront aisément à sa forme. Je pourrai le recouvrir de suie ou de charbon pour le rendre méconnaissable et palier à son côté pour ke moins... tape-à-l'œil.
Ensuite, sur le déroulement même de cet enlèvement... Bien que sois en bonne condition physique, je doute de mes capacités à pouvoir grimper au premier étage d'une maison sans assistance. Et utiliser une échelle (par exemple) implique que quelqu'un la retire après mon passage. Comment allons nous procéder ?
Et enfin, dernière question et pas des moindres, ce jeune soldat est-il au courant du projet ? Car si un prétendu sbire d'Oaxaca vient l'emmener de force, ne risque-t-il pas de se défendre et rendre son "enlèvement" plus compliqué ? Ah, et si vous pouviez également m'en dire plus sur ce fameux Tonnerre d'Omyre... Si je ne connais pas ce groupe ou ses motivations, me faire passer pour eux risque d'être compliqué."


Laissant enfin la parole à son interlocuteur, Akihiko la lui reprit une dernière fois en pensant à quelque chose qui lui traversa l'esprit.

"Et... Comment comptez vous accuser ce fameux Talabre de comploter avec la Reine Noire ? Je veux dire, faire enlever le frère de sa future femme le jour même de son mariage, ça n'a aucun sens ni intérêt, surtout si c'est son moyen de pression sur la famille de cette dernière..."

Modifié en dernier par Akihito le lun. 17 juin 2019 14:42, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 304
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Akihito » lun. 17 juin 2019 14:36

Dans le chapitre précédent...
Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XV.2 : Sauvetage et Imposture.

Kage, après un instant de réflexion et un énième coup d'oeil circulaire, approuva la proposition de Akihiko pour ses reliques. Utiliser autre chose que les reliques qu'il a eu tant de mal à obtenir et surtout se séparer de la Kizoku qui l'a choisie par l'intermédiaire d'Amy, c'était pour lui difficilement acceptable. Le nom de Talabre résonna une nouvelle fois dans sa mémoire quand son interlocuteur confirma que c'était bel et bien la cible de cette mascarade. Il avait déjà entendu ce nom, mais seulement entendu. Sûrement évoqué à la volée dans une conversation qu'il avait entendu, le bougre étant apparemment un nobliau en puissance. En somme, rien qui ne lui apportait d'informations supplémentaires.

"Quant à vos inquiétudes sur le fait de vous hisser jusqu'au premier étage... sans aller jusqu'à une échelle, pensez-vous pouvoir vous hisser sur une corde à noeuds ?

- Une corde à noeuds... bien que je ne vois toujours pas comment l'accrocher et permettre de monter au premier étage, j'ai eu l'occasion de m'y exercer pendant ma jeunesse. Même si cela remonte à quelques années, pour un unique effort ça ne sera pas un souci."

Après un hochement de tête approbatteur, Kage expliqua les raisons d'une telle mise en scène.

"L'objectif de cet enlèvement est de faire croire que Talabre cherche à s'approprier avec un peu trop d'empressement la puissance et la richesse de la famille qu'il fait danser dans sa main. Le rapt de l'unique frère de Hatsu Ôkami laissera penser qu'il cherche à se rapprocher de poste d'héritier de cette ancienne maison. Quant à l'opposition que le frère mettra à contrer notre plan, il permettra de le laver d'éventuels soupçons de complicité visant à détrôner sa soeur. Et ce jeune soldat est encore bien moins expérimenté que vous : la surprise étant de votre côté, je ne pense pas me faire de faux espoirs en prévoyant votre rapide succès. Par ailleurs, le moyen de pression est toujours valable si les victimes sont conscientes que la situation n'a pas changé : peu importe que le jeune Ôkami soit visible et sous sa coupe ou invisible et soumis à une main intermédiaire. Il resterait possible pour lui de faire son chantage. Partir du principe que les shaakts ont enlevé l'homme sur son ordre -sous l'ordre de qui, sinon ? - est la seule possibilité qui permet de comprendre cet événement, et de lui trouver un sens."

Akihiko ne put s'empêcher de trouver cette justification tirée par les cheveux. Même si elle etait logique dans un certain sens, il pensait surtout que les convives allaient surtout penser à un raid oaxacien pur et simple, dans le but de perturber les familles nobles d'Oranan et sans commanditaire interne. C'était l'explication la plus simple possible et parfaitement crédible. Il en fit part à Kage avant que celui-ci ne continue son explication en présentant brièvement le groupe qu'il devait imiter, le Tonnerre d'Omyre. Un groupe secret de Shaakts, à la sombre réputation et connu pour maîtriser les fluides de foudre. Cela faisait sens alors, paré des insignes de ce groupe et balançant des éclairs à tout va, il ferait le parfait trouble-fête omyrien. Et avant que Akihiko ne puisse répondre quoi que ce soit, Kage fouilla dans sa bourse et fourra dans la main de l'enchanteur deux pierres qu'il identifia instantanément comme étant des runes. Il lui demanda alors de les identifier pour lui, leur sens pouvant peut-être être d'une quelconque utilité pour l'opération à venir.

"C'est vrau que je vous avait promit de les identifier... Alors, voyons ce que nous avons là... Ah, déjà je peux vous donner la signification de la première. Il s'agit de la rune Tem, ce qui correspond à "Esquive" dans la langue des temps anciens. J'en ai moi même une, c'est pourquoi je connais déjà son nom. Une rune de type "action", relativement commune mais polyvalente." Akihiko rendit la première rune à Kage avant de froncer les sourcils en observant la seconde pierre, ressentant des pulsions très particulières. La deuxième en revanche... Elle m'est inconnue et semble particulièrement puissante... Laissez moi quelques instants et je pourrai en percer le secret."
Fermant les yeux, le jeune homme referma ses doigts sur la pierre, à l'écoute des vibrations magiques que lui seul percevait.





identification de rune pour Vohl Del'Yant :
- Rune Ymesu.

Avatar du membre
Gamemaster2
Messages : 205
Enregistré le : ven. 29 mars 2019 15:08

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Gamemaster2 » mer. 19 juin 2019 19:29

Intervention pour Cherock O'Fall


><

La mélodie de la pierre était une première pour le jeune enchanteur, d'abord incapable de comparer cette musique runique avec une autre. Laissant son esprit s'imprégner du rythme, il parvint à remonter jusqu'au refrain et un nom s'encra jusque dans sa tête.

Ours.

-----------------------------

(((Identification de la rune => Ydemu "Ours")))
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

Image
L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

Avatar du membre
Jorus Kayne
Messages : 310
Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
Localisation : Sur un navire en partance pour Eniod, normalement

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Jorus Kayne » dim. 1 sept. 2019 16:02

Je passe de rue en rue, questionnant les personnes que je croise. Tous m’indiquent un emplacement assez vague et leur avis sur ce qui s’est déroulé avec l’elfe est encore plus flou. Argent, rivalité amoureuse et même une histoire d’une plante torturée. Je commence à perdre espoir quand je vois un gamin avec des vêtements bruns troués en plusieurs endroits, juché en hauteur sur plusieurs caisses. Cette fois-ci, c’est sans aucun espoir que je pose une énième fois ma question.

"Et toi, t’aurais pas vu une elfe verte par hasard ?"

"Ca dépend !" Lance-t-il avec culot.

"Et ça dépend de quoi au juste ?"

"Ca dépend de combien tu peux avancer pour avoir l’info !" Renchérit-il avec un aplomb surprenant.

"Ben voyons ! Allez à la prochaine gamin !" Dis-je en commençant à partir.

"Moi j’l’ai vue la taurine !" Dit-il avant que je ne l’interrompe toujours en marchant.

"Taurionne !"

"Si tu veux. Elle était avec un mec bizarre !" Me stop-t-il du haut de son perchoir.

Je reviens à hauteur du mioche, intrigué par sa révélation.

"Et c’était qui ce type ? Il lui voulait quoi ?"

En guise de réponse il me tend une main vide, demandant de l’argent. Qu’ai-je à perdre avec tout l’argent que j’ai amassé ? Je lui donne quelques yus et attends mes informations.

"Alors ?"

"C’est votre copine qui avait besoin de lui. Elle voulait passer en douce au Naora." M’explique-t-il.

"Au Naroa, mais pourquoi ?" Fais-je à moi-même. "A quoi il ressemble ce type ?"

Il me tend la main de nouveau pour quémander encore des yus. Je réprime l’envie de le corriger, mais finalement je lui donne encore de l’argent.

"Le double et je te dis même où il est en ce moment précis !" Fait-il avec son air narquois.

"C’est de l’extorsion !" Dis-je alors que je cède de nouveau, la main dans la bourse.

Il empoche la totalité et tend son bras, doigt pointé derrière-moi.

"C’est ce type juste-là !"

Je me retourne pour faire face à un homme qui dénote totalement avec le style Oranais. Malheureusement pour moi, l’homme remarque que l’on s’intéresse à lui et décampe rapidement du secteur. Ne pouvant pas perdre la seule piste que j’ai de retrouver Castamir, je me lance à sa poursuite. L’homme passe par des ruelles étroites rendant difficiles de courir. Cependant je suis plus malin et surtout plus agile. A l’aide de cabrioles, j’arrive à passer outre les divers obstacles qui se dressent sur mon chemin et réduit significativement la distance. Voyant sa stratégie mise en échec, ma cible change de stratégie en empruntant une ruelle plus propice à une vitesse de pointe. Cette fois-ci mes cabrioles ne me seront d’aucun secours, hormis peut-être une idée qui me vient en tête. Il me faut cependant attendre un peu, avant d’avoir la possibilité de gravir quelques caisses en bois qui me permettent d’atteindre le toit à ma droite, non sans perdre du terrain malheureusement. Peut-être pense-t-il m’avoir semé, car il se retourne plusieurs fois et ralentit quelque peu la cadence pour certainement s’économiser. La chance est avec moi pour le moment car l’architecture des toits me permet de le suivre assez vite, sans risquer de perdre mon équilibre. Il continue tout droit après un carrefour, me forçant à faire un bond de plusieurs mètres pour atteindre la maison suivante. Cette fois-ci je suis repéré. Le bruit de mon atterrissage n’est pas passé inaperçu et l’homme reprend sa course de plus belle après s’être assuré de ma position en hauteur. Plus question pour lui d’hésiter, il tourne à gauche pour me forcer à sauter de nouveau et se heurte à une charrette de fruits arrivant en sens inverse. Il tombe au sol avec un léger soupçon d’agrume dans l’air et les protestations du conducteur.

Il ne m’en faut pas plus pour bondir sur ma proie comme un chat sur une malheureuse souris prise au piège. Le choc est rude, surtout pour celui qui s’est trouvé sous mes bottes à ce moment-là. Je tombe un peu plus loin et me relève alors que l’homme dégaine une lame courte. Je le cerne un peu mieux à présent. Il porte un long vêtement gris foncé, dissimulant une chemise blanche cachée sous une veste bleue assez chics et des collants marron clairs. Ses cheveux châtains clairs se baladent libres au vent. Peut-être voulait-il jeter son ample vêtement au moment où je l’aurais perdu de vu et se cacher au milieu de la populace. Il frappe dans ma direction, mais il semble avoir du mal à accuser du choc et j’évite avec facilité le coup d’un salto sur le côté. L’homme est faible et en adoptant une posture souple propice à l’esquive il me sera plus facile d’éviter les coups.

(Non il vaudrait mieux économiser ton énergie. Si Castamir est en danger tu auras besoin de toutes tes force disponibles.)

(Tu n’as pas complètement tord. Cependant il a des informations pour moi, alors il est hors de questions de le tuer et mon énergie m’aurait été utile !)

(Essaie de le frapper aux genoux, comme tu l’as fait contre la créature de lave.)

(Oui enfin je ne suis pas parvenu à grand-chose non plus !)

(C’est une occasion idéale de t’entraîner pourtant ! Il est déjà affaibli et le fait d’être encore plus diminué va lui saper le moral. Aie confiance. Et puis il s’agit d’un humain cette fois-ci, pas d’un monstre de lave !)

Poussé par ma faéra et au mieux de ma forme, je concentre mon énergie. Comme lors de la première fois, j’enveloppe mon poing droit d’un manteau de force intérieure et la condense à la surface de ma main pour augmenter sa densité. Nouvel assaut de mon adversaire qui frappe au niveau de ma gorge, me laissant une ouverture. Je passe sous sa garde, évitant le coup de justesse, alors que mon poing désormais solide comme une pierre frappe son genou droit. Bien que le coup puisse lui faire mal, il n’en semble pas diminué pour autant. Sa jambe se meut toujours aussi bien et je suis contraint d’effectuer une roulade arrière pour éviter le coup de dague visant ma nuque dégagée.

(Non qu’il s’agisse d’un humain ou d’un monstre ne change rien au problème !)

(Tu t’étais essayé à une deuxième fois, rappel-t-toi les vagues.)

Effectivement, un vieux souvenir concernant des marins qui voulaient jouer un mauvais tour au p’tit mousse du bateau, m’a fait penser à une chose. J’ai été capable de les surprendre grâce aux ondulations de l’eau. Ca m’avait donnée l’idée de générer une onde de choc à l’impact, mais pas que, je pensais même guider cette onde pour atteindre l’articulation du genou. Ayant une bonne distance entre nous, l’homme profite de l’occasion pour tenter de s’enfuir. Me tournant le dos, je concentre mon énergie dans ma main pour l’émettre et bondis d’un coup. Je réduis rapidement la distance, trop rapidement même. Mon adversaire se retourne subitement par sa gauche pour me frapper de son arme. Malgré ma souplesse, cette fois-ci je ne peux qu’encaisser le coup alors que j’attaque de même. Sa lame m’atteint juste au-dessus de la clavicule. Je grince des dents alors que je crois sentir le froid de la dague contre ma chaire et je frappe à mon tour la même cible que précédemment. Je transmets au genou mon énergie modelée en une onde que je dirige. Je sens ma force intérieure atteindre le centre de l’articulation. Cependant, une nouvelle fois je ne parviens par à atteindre mon but. L’articulation semble toujours intacte et mon adversaire profite de mon désarroi pour reprendre le dessus. J’arrive à stopper son avantage avec un bon crochet de gauche et un direct du droit en plein pif.

(D’accord, là ça commence légèrement à m’énerver ! Je devrais en être capable, j’ai essayé plusieurs façons différentes et rien ! Une idée ?)

(C’est pas à moi qu’il faut le demander, c’est toi le spécialiste du combat.)

(Durant tes nombreuses existences, les êtres avec qui tu as vécus, il n’y en a pas un qui a été capable de quelque chose de similaire ?)

(Non aucun ! Quoique, après réflexion j’ai connu un maître de l’acuponcture !)

(Et c’est quoi comme style de combat ?)

(Ce n’est pas un moyen de se battre, bien au contraire. Il utilisait des aiguilles pour soulager et guérir ses patients. Cette technique est encore utilisée et soulage tous types de maux, physiques et psychiques…)

(D’accord donc je fais quoi, je lui me propose une séance de relaxation ?)

(Tout l’art est dans l’emplacement des aiguilles. Frappe simplement au bon endroit en essayant de toucher le genou.)

(Et je fais quoi depuis tout à l’heure au juste ?)

(As-tu essayé d’atteindre le genou en son centre ?)

(Et bien oui j’ai…frappé avec une enveloppe d’énergie et…provoqué une onde. D’accord tu as raison, je n’ai pas frappé l’intérieur du genou lui-même.)

Devant moi l’homme ne bouge plus. La main contre son nez qui saigne légèrement, il doit se demander pourquoi je n’agis pas. Il va vite comprendre qu’il aurait mieux fait de tenter de fuir à nouveau. Encore une fois je rassemble mon énergie, mais la concentre dans l’épaule. Ce n’est que lorsque je charge mon adversaire, une dernière fois je l’espère, que je la déplace lentement le long de mon bras. Arrivé à son niveau, il tente un coup de son pied droit pour me surprendre. Malheureusement pour lui je parviens aisément à passer outre et vient chercher l’articulation de sa jambe opposée, tendue au sol. J’accélère la vitesse de mon énergie dans mon bras pour qu’elle sorte au moment où je vais frapper le genou. Le coup touche, je sens ma force interne pénétrer à l’intérieur de la jambe et l’homme me confirme ma réussite avec un beau cri de douleur. Sa jambe désormais coincée, j’achève son moral en saisissant son bras armé et enchaînant les coups au visage. Sa résistance cède finalement lorsque son visage tuméfié prend diverses teintes de rouge et de rose.

"Bordel mais tu me veux quoi saleté de gamin !" Gémi-t-il.

"Tu as croisé le chemin d’une taurionne. Où est-elle ?" Lui dis-je l’air sévère.

"Je t’emmerde toi et ta copine verte !" Me répond-il, ignorant de la colère qui monte en moi.

Je dégaine ma dague de glace et la pose contre son visage en le menaçant.

"Tu sens ce froid ? Il n’est pas naturel ! Si tu as vu ce dont je suis capable avec mes poings, devine ce qui m’est possible une fois armé ! C’est la dernière fois que je te pose la question. Où est-elle ?"

"Il est trop tard de toute façon. Elle est déjà loin !" Dit-il.

"Tu ne m’as pas répondu, donc tu choisis une mort lente et douloureuse. Qu’il en soit ainsi !" Fais-je armant mon bras.

"Un petit bois !" Cri-t-il en m’arrêtant, puis reprend plus calmement. "Un petit bois près des cultures de blés, direction d’Ishikawa. J’ai entendu parler d’une vente avec un type intéressé."

Ce type m’intrigue autant qu’il me rend fou. D’un ton calme et froid je lui pose cette question :

"Une vente dis-tu ?" Explique-toi !

"Les elfes vertes, c’est pas un truc qui se voit pas souvent en pleine ville et des hommes riches sont capables de grosses sommes pour en faire ce qu’ils veulent ! Plus c’est rare, plus c’est cher !" Explique-t-il.

(Des esclavagistes !)


Je ne peux réprimer l’élan de colère qui hurle en moi et le frappe à la tête avec le manche de ma dague pour l’assommer. Je dois faire vite pour devancer l’acheteur. Je déplace le corps contre le mur et lui fais les poches. Je suis malchanceux et je ne trouve aucun document relatif au kidnapping de Castamir. En plus de sa dague il possède une bourse de yus et…trouvé ! Une bouteille de gnôle ! Je vide une partie du contenant dans le gosier de l’homme et le reste sur lui. Avec un peu de chance, s’il m’a menti, je le trouverai encore sur place. Je fais l’état de ma blessure à l’épaule et remarque que l’armure a plus encaissé le coup qu’il n’y paraît. Malheureusement je crains que d’autres dommages ne ruinent complètement ma protection.

3 - Promenons-nous dans les bois !
Modifié en dernier par Jorus Kayne le lun. 2 sept. 2019 16:12, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Yurlungur
Messages : 91
Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 07:31

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Yurlungur » dim. 1 sept. 2019 17:56

...

Il paraît qu'on se sent tout drôle quand on change de monde. Que l'atmosphère est différente, qu'on regarde autour de soi avec un air ébahi, qu'on a l'impression de renaître. Malheureusement, Yurlungur ne ressentait rien de tout ça. Après avoir quitté la Milice, elle avait dormi comme une masse dans une petite auberge de la cité ynorienne, et elle parcourait désormais les rues d'Oranan en contemplant vaguement l'architecture bizarre des habitations. Certains trouvaient ces édifices charmants, avec leur aspect particulier : elle les trouvait juste étranges. Une lassitude noire avait envahi son regard : elle avançait en longeant les murs, restant à l'ombre. Ce n'était pourtant pas une bonne nuit de sommeil qu'il lui fallait – c'était autre chose, et elle ne savait pas mettre le doigt dessus. La disparition de Guigne et de Jess y était sans doute pour quelque chose.

Dans ces conditions, afin de combler autrement ce besoin, il ne lui restait qu'à faire quelques emplettes. Elle passa dans une rue marchande et se mit à observer avec une envie sincère quelques vêtements qui étaient exposés. Les tissus étaient de soie pure : ses propres frasques, quant à elles, étaient des guenilles qui commençaient sérieusement à pâtir de ses longs voyages.

Évidemment, les marchands la regardaient d'un œil soupçonneux quand elle s'approchait de leurs marchandises avec intérêt. Elle ne leur prêtait guère d'attention, mais rougissait et se sentait honteuse lorsque passait près d'elle une belle Oranaise vêtue d'une grande robe rouge et dorée, laissant derrière elle un parfum discret et enchanteur. Ces robes soyeuses épousaient gracieusement les formes de ces quelques dames qui parcouraient les étals en ce début de matinée : Yurlungur, en se comparant à elles, ne voyait sur son propre corps que du plat, accentué par son équipement guerrier. Sur elle, qu'est-ce que ça rendrait ? Elle aurait voulu quelque chose qui la rende un peu plus... féminine, peut-être. Qui cache un peu son côté farouche ? Si le rouge, chez ces dames, leur donnait une aura de prestige, elle craignait que quant à elle, cela ne la fasse paraître que plus... sanguinaire.

Elle s'écarta de l'étal et le marchand derrière elle s'empressa de vérifier qu'elle n'avait rien dérobé, avant de s'adresser à un milicien qui passait pour la désigner et glisser quelques mots. Elle n'était pas idiote et comprenait tout à fait ce qui se passait, mais laissait la situation se former... et peut-être dégénérer ? Cela ne l'aurait guère dérangée. Si jamais on l'attaquait la première, elle saurait se défendre...

Puis une tunique toute bleue attira son attention à une échoppe plus modeste. Elle ne possédait pas la splendeur des précédents, mais étaient d'un bleu marin avec des ornements discrets d'un blanc pur, dont une fine ceinture. L'ensemble possédait peu de formes au niveau du torse et était probablement destiné à un jeune garçon de son âge : la vieille Ynorienne qui s'approchait doucement, remarquant son intérêt et ses cheveux courts dut, de dos, la confondit aisément.

« Eh bien, mon garçon... cette tunique te plaît ? Mais dis-moi, où sont tes parents ? »

Yurlungur se retourna et laissa découvrir un visage assurément plus sombre que ce que la tailleuse avait dû attendre, puisqu'elle recula d'un pas en sursautant. Ou se rendait-elle compte de sa méprise ? Ou que Yurlungur était Varrockienne ?

« Oui... Je voudrais l'acheter. Mes parents... »

Un sourire s'épancha sur son visage pourtant si amer par ailleurs.

« Mes parents m'ont laissé un peu d'argent pour m'acheter de nouveaux vêtements avant qu'on reparte pour Kendra Kâr. »

Ce discours si banal tranchait avec sa tenue martiale et ses cheveux mal coupés.

« Ah... Bien sûr... »

L'Ynorienne eut un moment d'hésitation. La bague d'Aethalin pulsait pour convaincre la vieille dame, par son influence impalpable, d'accorder à la jeune fille ce qu'elle désirait.

« C'est que ce n'est guère un habit pour jeune fille, voyez-vous.
- Cela ne me dérange pas, répliqua sans animosité Yurlungur. Et puis, si je m'en lasse, je le laisserai à mon petit frère. »

L'Ynorienne acquiesça du chef et décrocha la tunique pour l'amener vers le petit comptoir de sa boutique. La transaction fut rapidement effectuée, et la vieille dame proposa même un coin à l'arrière pour se changer. La tunique, assez sobre, se mariait assez bien avec le reste de ses équipements ; elle sortit et continua à flâner dans les rues d'Oranan, beaucoup plus détendue.

...

Avatar du membre
Vohl Del'Yant
Messages : 100
Enregistré le : mer. 19 déc. 2018 23:32
Localisation : Oranan

Re: Les Rues et Ruelles

Message par Vohl Del'Yant » mer. 18 sept. 2019 00:57

Après quelques ruelles parcourues, le groupe atteint le croisement de l’artère de Kahn et la voie Kitarana, à la limite nord de la ville. La disposition des rues permet à Vohl de prévoir quel chemin sera suivi par le deux hommes s’il les laisse ici. Le fulguromancien a en effet l’air pressé d’emmener le jeune frère de Hatsu chez sa connaissance… une conduite que l’ancien assassin trouve pour le moins suspecte. Malgré tout, il décide de faciliter la manœuvre, afin de pouvoir prendre un coup d’avance sur Cherock si ce dernier souhaitait n’en faire qu’à sa tête et risquer de ruiner ce qui leur a pris tant de temps à mettre en place. Le voleur laisse le fulguromancien et le jeune soldat le distancer, obliquant vers le Niwa-michi, ces rues se croisant en un jardin de fleurs éclatantes pendant la belle saison, aujourd’hui arborant un manteau vert sur des frêles armatures de bois cannelé. Il retrouve directement la trace des deux hommes et les prend en filature. Le début de cette dernière n’est pas compliquée : les deux hommes semblent partir à l’assaut des rues étroites, s’enfonçant toujours davantage vers le centre commerçant de la ville forteresse.

Vohl se demande un instant s’il n’a pas été floué depuis le début : si l’homme qui aidera Ryo à se cacher est un commerçant, le voleur ne donne pas longtemps avant que la nouvelle d’un jeune homme recherché soit vu dans l’une des boutiques. Un sentiment souvent cotoyé le retrouve rapidement : un sentiment qu’il contient avant de voir ce qu’il en est vraiment. Il se tient hors de vue du duo. La précipitation ne lui donnera pas les réponses plus rapidement, et son instinct souffle sur son envie naturelle d’être seul à posséder toutes les cartes en main. Il prend grand soin de ne pas les perdre de vue sans dévoiler sa présence. Les boyaux dans lesquelles ils progressent présentent une problématique qu’il a l’habitude de traiter : émettre le moins de sons possibles pour éviter que ce dernier, conduit par les pavés, n’arrivent aux oreilles des deux hommes.

Ses bottes, souples, lui permettent de se déplacer sans bruit sur les pavés. Les rues généralement peu encombrées d’Oranan lui permettent de ne pas craindre de trébucher sur des paquets de feuilles ou d’ordures entreposées. C’est toutefois un autre problème qui se présente à lui, lorsque Cherock et Ryo prennent la route des grands carrefours, forçant Vohl à marcher derrière eux, pleinement visible, afin de ne pas les perdre. Afin de donner le change, il fait mine de s’intéresser aux boutiques qui présentent sur leurs étals des articles de toutes qualité et de tous types. La rue, sans être surpeuplée, est arpentée par un certain nombre de passants : le voleur est contraint de se mêler à la foule pour ne pas perdre les deux cibles. La difficulté de traquer des individus qui le connaissent lui apparait clairement.

D’une part, il faut faire une croix sur la discrétion absolue. Quiconque verrait un homme attendre pendant une minute au coin d’un mur avant de se lancer rapidement dans la foule, se dépêchant d’arriver à l’intersection suivante avant que les cibles ne disparaissent. Il doit donc suive les deux hommes directement… La filature a ceci d’amusant que les deux hommes l’ont déjà vu et le reconnaitront s’ils se retournent. Et c’est donc ce qui tient lieu de second point. Il ne peut pas arborer une tenue suspecte étant donné les patrouilles sur les dents que l’on voit passer. Presque tous les individus dotés d’habits noirs font l’objet d’une inspection attentive des miliciens. Vohl se félicite d’avoir abandonné la bure anonyme.

Par chance, ou peut-être parce que le public leur a fait craindre d’être reconnu, les deux hommes quittent rapidement l’allée pour une mince ruelle. Vohl attend tout de même un peu avant de s’engager dans le passage. Pour patienter tandis qu’ils prennent un peu d’avance, il cherche à faire mine d’inspecter un étal fourni. Chose aisée puisqu’ils n’ont fait que s’enfoncer dans les quartiers commerçants : les étals à la sauvette ont laissé place aux devantures de magasins de plus haute gamme. Ici, chaussures côtoient les armes et les parchemins. C’est devant un magnifique vase aux armoiries d’un héron et d’une grue dansante qu’il s’attarde.

Après une quinzaine de secondes, il pénètre à son tour dans le passage. Cherock est en train de tourner au bout de la ruelle. Vohl se fige en espérant que la vue de sa silhouette n’aura pas interpellé le fulguromancien. Ce n’est visiblement pas le cas, ou bien celui-ci n’en laisse rien paraitre puisqu’il continue sa route. Avant de les suivre, Vohl est interrompu par le bruit d’un huis qu’on actionne. Il s’immobilise en entendant la voix de Cherock répondre à celle, inconnue de lui, d’une femme, qui les invite à entrer après quelques modestes présentations et des salutations cordiales. Vohl attend que la porte se referme avant de faire route vers le bruit.

Même la porte fermée, le jeune assassin entend les bruits de la discussion du fulguromancien et de la jeune femme. Sur la boutique – car il s’agit clairement d’une boutique – sont inscrits les mots qui désigne une encreuse. Une encreuse est une tatoueuse particulière dont on dit qu’elle allie les tatouages avec l’art difficile de l’acupuncture, afin de renforcer durablement, grâce à une encre particulière, les capacités de l’encré. Au vu des réalisations affichées sur la devanture, celle-ci n’est pas de moindre talent. Dragons, serpents, tigres… de puissantes symboliques. Nombre de soldats abordent des tatouages, même s’ils n’ont pas tous les fonds pour s’autoriser le luxe d’une encreuse.

C’est d’ailleurs pendant ses discussions à ce sujet avec ses anciens confrères que le déserteur avait eu connaissance de ces pratiques pour le moins obscures. L’usage de la magie pour modifier son corps… sans qu’il ne sache encore pourquoi, le principe même dérange le voleur. Vohl se plaque à la porte. Il a la confirmation que c’est dans ce magasin qu’ont pénétré Ryo et son protecteur temporaire. C’est l’information qu’il lui fallait. Il n’a nulle envie d’être découvert alors que sa filature a atteint son objectif. Il s’éclipse en continuant sa route, notant mentalement l’emplacement de la boutique.
Il fait aussitôt route vers le Sablier d’Or, son point de rendez-vous de ce soir. Pendant qu’il arpente les ruelles, tête baissée et en pleine réflexion, il commence à réfléchir à ce plan, proposé par le fulguromancien. Tout à l’heure, sans avoir besoin de passer le pas de la porte, une odeur capiteuse avait agressé ses narines, accoutumées à l’air moite de l’égout. Que quelqu’un avec un tel arôme puisse se résoudre à laisser le jeune Ryo transpirer et rancir pendant près d’une semaine lui parait improbable. Quand à ne pas lui accorder le luxe de se nourrir à satiété… n’en parlons pas. Vohl n’ose envisager le résultat d’un retour d’un homme présumé enlevé en bonne santé et complètement replet. A croire que les ravisseurs se font mous, ces jours-ci, pour servir le choshoku au lit et laisser dormir plus que de raison leur prisonnier. Avec une clémence pareille, les prêtres de Rana auraient de quoi rougir de leur hospitalité pourtant légendaire.

Ryo ne peut rester dans la ville. C’est la conclusion évidente sur laquelle revient Vohl. Puisque les égouts seront fouillés de fond en comble, et puisque le plan de Cherock est une mauvaise idée à bien des égards, ils n’auront d’autre choix que de se risquer hors de la ville. L’hiver rigoureux ne leur laissera pas le loisir de lambiner et le fait de rester actif les épuisera. Mais surtout, cela empêchera Ryo de sentir le savon parfumé. Et cela, aux yeux de juges…ou de leur nez… sera une nouvelle preuve percutante de la duplicité de Talabre, si ce n’est des Yamadas au complet. En espérant que le procès se déroulera bien. Vohl adresse une brève pensée à Rana concernant ce point.

Ils feront donc route dans la forêt en sortant au sud de la ville. Le nord sera bien plus surveillé étant donné la nature des infiltrés présumés. Pour la question du moment, le plus tôt sera le mieux. Ce soir. Ils devront espérer passer pour des pêcheurs sans prétention, ce qui devrait être rendu possible par les fripes données par Cherock au frère de Hatsu. Ils devront également procéder avant la tombée de la nuit, afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Résolu à ne pas en parler à Cherock, Vohl lève les yeux. Il est devant le Sablier.

Répondre

Retourner vers « Oranan »