Le Castel Enulcard

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Yuimen
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Le Castel Enulcard

Message par Yuimen » mer. 3 janv. 2018 14:05

Le Castel Enulcard
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Vieux castel se situant à l'ouest de la ville ; il semble abandonné et vraisemblablement hanté. Pourtant, le grand domaine est habité par une très vieille Elfe sang-mêlé qui ne sort jamais du château.

Forces mercenaires ne s'acagnardent pas à piller de manière lente la vaste demeure, mais cependant, beaucoup ne reviennent pas du périple.

Il faut oser pour pénétrer dans cette gentilhommière immense et avoir beaucoup de chance pour en ressortir.

La rumeur raconte que l'unique seigneur du domaine a vécu fort longtemps ...

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Eldros Rougine
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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » sam. 6 août 2022 15:47

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Après avoir retrouvé le convoi, panser nos blessures et fait le constat de nos pertes humaines et matériels nous avons repris la route. Une fois de plus nous nous en tirions bien et je me félicite à nouveau de cette halte qui a servi à créer une cohésion de groupe. Au final nous avions surtout perdu du temps, nécessaire pour réparer les chariots menaçant de se briser avant d’arriver à destination.

Nous avions retrouver la route après quelques jours à suivre le flanc des Monts Sanglants et pouvions désormais poursuivre notre avancée sur un terrain plus propice aux chariots et ce sans essuyer une nouvelle attaque. J’étais même parvenu à échanger mon loup contre le cheval de Laggrat Gar. A dire vrai c’est elle qui l’a proposé, avouant qu’elle était plus à l’aise sur ces montures carnivores.

Nous ne sommes qu’à quelques jours de Darhàm quand j’aperçois des nuages menaçants venant du nord tandis qu’un vent froid et violent nous fouette le visage depuis le petit matin. Je sais déjà que la couleur sombre de l’horizon est de mauvaise augure. En mer nous aurions fait le nécessaire pour l’éviter, voir pour trouver une crique où s’abriter le temps que la tempête passe. Mais nous sommes au beau milieu d’une plaine et mon seul espoir est d’avancer le plus possible dans l’espoir de trouver un hameau ou une ferme où nous abriter. Je donne donc l’ordre d’augmenter la cadence, usant d’avantage les montures déjà épuisées et qui montrent leurs mécontentements par des hennissements et des grognements.

Hélas aucun abri ne se distingue à l’horizon et les éclaireurs reviennent au convoi avant d’être perdus dans la pluie torrentielle qui s’abat désormais sur la plaine. Elle transforme le chemin de terre en une boue poisseuse dans laquelle les roues s’embourbent. Le tonnerre gronde et les éclairs strient le ciel, effrayant les montures et inquiétant les voyageurs. L’orage se retrouve rapidement au dessus de nos têtes et nous avons tous le pied à terre pour alléger les charrettes et les pousser au besoin mais surtout éviter d’être les points les plus élevés de la plaine car la foudre tombe à plusieurs reprises heureusement assez loin pour ne pas faire de dégâts. Le bruit de la pluie, du vent et du tonnerre est assourdissant et même les chevaux en panique deviennent inaudibles. Je marche péniblement, de la boue jusqu’aux chevilles, le vent me repoussant en arrière. Une autre épreuve de Phaïtos et je ne me laisserai pas abattre. C’est quand un autre éclair illumine le ciel noir que je distingue notre salut. La silhouette d’un château qui se dessine au nord. Assez proche pour l’atteindre en moins d’une heure. Je hurle à Uthurg de s’approcher et lui désigne le bâtiment quand la foudre s’abat à nouveau. Par signes nous parvenons à nous comprendre et rapidement le convoi change de direction, quittant la route boueuse pour retourner dans les herbes sauvages en direction de ce château perdu au milieu de nulle part.

L’espoir de pouvoir s’abriter donne de l’espoir aux Garzoks qui redoublent d’efforts pour atteindre le lieu plus rapidement et nous arrivons bien vite au pied d’un vieux castel à l’allure abandonnée. Nous en poussons les portes pour pénétrer dans une cour dallée. Laggrat repère rapidement une écurie sur notre gauche et nous nous hâtons d’y mettre les montures et les chariots en sûreté tandis que mon regard s’élève vers les hautes tours qui me surplombent. Face à moi un bâtiment imposant dans lequel on peut pénétrer soit par une grande porte de bois mal entretenue face à moi ou par une plus petite à ma droite. J’observe le château et ses vieilles pierres grises avec un sentiment étrange que je ne saurais expliqué mais j’ai la certitude que je dois y entrer.

Je rentre d’abord dans l’écurie et m’assure qu’il ne manque aucun chariot avant d’informer que je compte visiter le bâtiment principal. Seul Laggrat et ses orcs désirent rester avec les chevaux, arguant qu’ils sont suffisamment à l’abri du vent et de la pluie pour les calmer et les reposer. J’incline la tête et retourne à l’extérieur pour traverser la cour en compagnie de ceux qui veulent me suivre. Je pousse à l’aide d’Uthurg la porte principale et pénètre dans un hall immense que je peux détailler quand un éclair éclate dans le ciel. Je me saisis de ma lanterne pour l’allumer et y voir plus clair, rapidement imité par d’autres Garzok et ma surprise est immense. Un sourire ravi se dessine sur mes joues car je comprends désormais que je ne suis pas arrivé ici par hasard.

Face à la porte se trouve deux immenses escaliers de marbre et de rambardes d’acier forgé permettant de gagner les étages supérieurs mais surtout, entre les deux escaliers qui se rejoignent plus haut, se trouve un tableau immense. Certes usé par le temps et l’humidité mais qui permet quand même d’y voir celui qui était sans doute le propriétaire des lieux. Mais ce n’est pas l’homme peint sur le tableau qui me fait sourire de satisfaction, un homme qui parait assez jeune et qui se tient fièrement debout, tenant dans sa main une rapière à la lame rouge sang ainsi qu’une garde sublime, d’un noir profond. Exactement la même que celle que j’aperçois dans mes visions. La lame est ici, Phaïtos m’a mené ici et je retournerai tout ce castel jusqu’à ce qu’elle trouve sa place, entre mes mains.

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Eldros Rougine
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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » sam. 13 août 2022 11:06

Le château me parait encore plus immense que ce que l’on peut percevoir depuis l’extérieur. Le double escalier imposant monte vers les étages en s’entrecroisant, trop haut pour que la lumière de ma lanterne soit suffisante pour éclairer le plafond. Je distingue, passant sous l’escalier, des couloirs menant à droite ou à gauche. Un grand lustre est suspendu au dessus de nos têtes, sans conteste de bonne facture, aux cierges consumés. On devine aisément la fortune du propriétaire rien qu’en parcourant des yeux la salle. Bien qu’il ne reste rien des tapisseries sinon des suspentes, de nombreux tableaux garnissent encore les murs, portraits, paysages ou représentations d’une chasse fructueuse, aux cadres dont la dorure perce encore par fins endroit la poussière à la lumière des flammes. Quelques trophées de chasse ornent le haut des portes, crânes ou têtes empaillées de cerfs, de sanglier ou de brok’nuds dont les tissus ont soufferts du temps, donnant une apparence d’outre tombe à la décoration.

Le groupe s’éparpille à travers le hall, inspectant le lieu sans oser toucher ce qui s’y trouve. Un groupe plutôt nombreux car beaucoup ont choisi de m’accompagner dans la vaste demeure. Y compris l’Oracle et ses sbires. A t-il comme moi ressenti quelque chose en se trouvant sous les hautes tours ou a t-il aussi vu la lame dans des visions ? Cette idée me fait darder un regard méfiant vers lui. Il le remarque et m’en adresse un semblable. Epreuve ou compétition ? Phaïtos se sert de ce château pour transmettre un message et l’ambiance qui règne ici fait peser une tension qui laisse deviner le dénouement qui va suivre. L’aspect lugubre du lieu, ce silence étouffant malgré la pluie battante que l’on entend sur le toit qu’on devine, perdu dans l’obscurité au-dessus de nos têtes et les volets qui claquent au vent. Pas un couinement de rat ou un battement d’ailes de chauve-souris ni même un bourdonnement de mouche.

« Que faisons nous ici ? »

Vient me demander Uthurg, son regard las devenu agité et inquiet. Voir ce tas de muscles craindre quelque chose me persuade qu’une chose inexplicable plane sur nous. Il n’est d’ailleurs pas le seul, tous sont fébriles, leurs mains crispés sur leurs armes.

« C’est une autre épreuve monsieur Bal-Grel. Voyez ceci. »

Lui dis-je en désignant la lame sanglante de mes visions sur le tableau en poursuivant:

« Cette arme m’apparaît chaque nuit depuis notre départ d’Omyre et voilà que nous sommes chez l’homme qui la possède ou possédait. Cette lame doit être mienne, c’est la volonté de Phaïtos. »

« Ridicule. »

Rétorque l’Oracle. La tension s’accentue tandis que je me rapproche de lui, la main sur le manche de ma lame. Quelques grognements se font entendre de son coté et du mien avant que je réponde à mon tour.

« Bien. Si vous tenez à trouver vous aussi la lame je suis certain que Phaïtos me laissera la prendre sur votre cadavre. »

« Ou peut-être que ce sera l’inverse. »

Nous nous défions du regard une poignée de secondes avant que je lui tourne le dos pour donner mes ordres.

« Séparez vous en deux groupes. Sentez vous libre de piller comme vous l’entendez. Nous partagerons le butin une fois dehors. »

Si sur un bateau pirate cette annonce aurait fait la joie des matelots elle est dans ce hall à peine fêtée. Les esprits sont trop accaparés par l’aura qui pèse sur nous. Quoiqu’il en soit, trois groupes se forment. L’Oracle s’éloigne avec ses cinq acolytes qui lui sont encore fidèles, prenant le passage qui passe sous les escaliers pour disparaître dans un couloir qui va vers la gauche. Un second groupe empreinte l’escalier pour rejoindre l’étage, composé de Obei, l’orc à la peau grise qui me suit depuis la forêt d’Ynorie, et de cinq autres Garzoks. Mon groupe, enfin, prend le couloir à l’opposé de l’Oracle, éclairant les murs à la lumière de nos lanternes et s’éloignant du bruit de la pluie qui tombe sur le toit. Je suis donc accompagné d’Uthurg, de son camarade Nàhkzog, de Amnok le forgeron et deux autres Orcs dont je n’ai pas retenu les noms.

La chasse à la relique est lancée et je refuse de sortir de ce château sans la lame qui m’a été désigné par Phaïtos.

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Eldros Rougine
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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » sam. 24 sept. 2022 21:39

Nous progressons dans un couloir large mais qui parait pourtant étroit tant il est long et étouffant. J’écarte de mon bras squelettique les toiles d’araignées assez épaisses pour cacher la vue, en partie parce qu’elles ont accumulées la poussière du lieu. Et c’est assez étonnant car aucune bestiole à huit pattes n’est présente, ni rats, ni vermines, comme ci tous les êtres vivants avaient quittés l’endroit.

Le couloir en lui même témoigne d’une richesse d’antan, des lustres sont suspendus au plafond haut. Le parquet, maintenant vermoulu, craque sous nos pas. Les murs sont décorés de tapisseries décharnées et de nombreux tableaux. Paysages, natures mortes, portraits… Ces derniers ont tous le même air de famille: visage fin, trait dur, l’air mécontent voir hostile. Je sens le malaise de certain derrière moi qui commentent à voix basse avoir l’impression d’être suivi du regard. Il est vrai que leurs regards agressifs sont incessamment sur nous même quand je regarde par dessus mon épaule pour les observer après les avoir passés. Pourtant je sais qu’il s’agit d’une technique de peinture, un tour de passe-passe d’artiste pour donner de la profondeur à son oeuvre. Je me souviens en avoir entendu longuement parlé lors d’un repas avec mon épouse quand je menais encore une autre vie, forcé de faire semblant de m’intéresser à ce qu’elle me racontait.
Pourtant la sensation que je ressens proche de ces peintures est bien différente, comme si les hommes, femmes et même animaux peints s’apprêtaient à surgir de la toile pour nous attaquer. J’ai beau fouiller dans ma mémoire, jamais ma femme ne m’avait fait part d’une telle ruse de peintre.

Derrière nous le bruit de la tempête s’atténue avec la distance que nous prenons vis à vis du grand hall tandis que nous arrivons à la première porte du couloir, sur notre gauche, face à un grand tableau où je reconnais le maître des lieux, toujours aussi jeune, les cheveux longs et noirs impeccablement coiffés, habillé d’une chemise de soie rouge et d’un gilet élégant orné de chaînes d’or, portant dans sa main droite un sceptre de bonne facture. Un homme beau et visiblement très riche mais quelque chose cloche avec son visage à l’apparence jeune. Son regard semble trop dur, trop sérieux pour un homme de son âge, comme si il avait vécu bien plus d’années qu’il ne semblait en avoir traversé. A son autre bras se tient une femme, jeune elle aussi, aux cheveux de jais et à la peau pâle, vêtu d’une robe ravissante qui ferait rougir de jalousie les plus riches femmes nobles de Kendra Kâr, ces grosses truies.
Elle semble heureuse et épanouie mais un peintre dessine ce qu’on lui demande de dessiner. Sans doute que c’était tout l’inverse, malheureuse à en crever d’avoir été forcée d’épouser un inconnu contre la promesse d’un héritage conséquent et probablement une réputation grandie pour la famille de la demoiselle. Derrière eux se tient le château, impeccable, grandiose, presque majestueux, une image loin de la demeure abandonnée que nous arpentons.

« Que faisons nous ? »

Demande Uthurg alors que je scrute chaque détail de la toile pour une raison que j’ignore. L’écho de sa question résonne dans le couloir auparavant silencieux, comme si nous étions dans une caverne. Le silence qui s’abat ensuite nous étouffe, même le son distant de la pluie qui s’écrase sur le toit n’est plus audible et après quelques instants un murmure traverse le couloir, venant de derrière nous et filant vers une porte un peu plus loin, tout au fond du corridor. Un chuchotement que mon esprit aimerait décrire rationnellement comme un courant d’air mais je sais pertinemment que ça n’en était pas un. L’instant d’après alors que les poils sur ma peau sont encore hérissés, c’est une musique qui résonne dans le château, venant de devant nous, de derrière cette dernière porte. Une musique de bal, invitant à danser, sons de violons, de tambourins et de luth. Les Garzoks dressent leurs armes, visiblement sur les nerfs. La surprise passée je m’approche vers la porte alors que la musique se poursuit, jouant son air entraînant et cessant soudain alors que j’ouvre la porte.

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Eldros Rougine
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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » sam. 22 oct. 2022 13:49

Je pousse la porte, révélant une salle plongée dans le noir, assez grande pour que la lumière de nos lanternes peine à atteindre les murs. Je distingue cependant des draps poussiéreux qui recouvrent des meubles, sans doute des ensembles de tables rondes et de chaises hautes, disposées de manières régulière dans la pièce. Je devine qu’il s’agissait d’une salle de réception, dédiée sans doute à recevoir de nombreux invités pour les bals de grande envergure qui peuvent se dérouler dans ce genre de domaine. Je m’avance entre les bosses blanches, ayants des formes d’araignées blanchâtres et immobiles, suivi des Garzoks derrière moi, attentifs au moindre bruit. D’où venait cette musique ? Nous ne l’avions pas rêvé. D’autres voyageurs qui se sont enfuis ? Possible.

« Séparez-vous et trouvez qui à fait autant de bruits. »

Derrière moi les orcs s’agitent pour former deux groupes dont le premier s’éloigne vers un bout de la salle loin de la porte tandis que l’autre m’attends. Je jette un oeil par les hautes fenêtres pour ne déceler que les ténèbres à travers le verre. Il n’y a ni reflets de lune, ni éclairs qui strient le ciel de lueurs blanches. Je pourrais simplement en déduire que l’orage est terminée, d’ailleurs aucune goutte de pluie ne vient percuter la fenêtre et je n’entends aucun son venant de l’extérieur. Mon impression est qu’un voile sombre est posé devant la fenêtre, devant chaque fenêtre même car en longeant le mur j’ai la même sensation. Quelque chose m’angoisse dans cette obscurité de l’autre côté du mur, moi, le serviteur d’un Dieu de l’ombre. Dérangé par le noir, effrayé à l’idée que ces ténèbres ne viennent m’engloutir alors que j’ai l’impression que cette ombre cherche à briser la vitre. Je dresse une lanterne devant la fenêtre, cherchant à percer la pénombre mais la lumière est rapidement happée et je ne distingue que mon visage inquiet dans le reflet.

Je détourne le regard et secoue la tête pour reprendre de l’assurance. Une épreuve, ce n’est qu’une épreuve de Phaïtos et je n’échouerai pas. Je me tourne vers les guerriers qui m’attendent, silencieux, scrutant autour d’eux avec des regards préoccupés. Je fais signe d’avancer, prenant la direction opposé au premier groupe dont l’écho des pas se fait moins audible et les lueurs de leurs flammes plus faibles. Nous avançons, lanternes dressées et prêts à dégainer. La tension est palpable, étouffante, je sens la peur qui pèse sur mon groupe composé en plus de moi d’Uthurg et Amnok, le forgeron. Les tables se font plus rares jusqu’à être absentes, laissant un vaste espace au bout duquel est situé une estrade de bois usé. Dessus se tient une silhouette qui nous fige et fait retentir le son de l’acier qui se dresse. Une forme blanche, aux jambes larges et aux épaules quasi-inexistantes, immobile, tournée vers nous. La surprise passée et voyant que rien ne se passe, je m’approche de quelques pas.

« Ce n’est qu’un drap. »

Les Garzoks baissent leurs armes et je les observes s’interroger du regard avant de hocher la tête, convenant sans doute entre eux qu’il est inutile de revenir sur le fait qu’ils se sont effrayés devant un stupide bout de tissu. Amnok s’avance pour voir ce qui est dissimulé dessous, faisant remarquer au passage que d’autres draps sont présents sur l’estrade, recouvrant sans doute d’autres objets. Il tire sur le tissu, révélant un squelette tenant un violoncelle qui tombe avec le mouvement du drap, s’écrasant au sol en provoquant un son grave qui résonne dans toute la salle. Je darde un regard noir vers le responsable qui hausse bêtement les épaules. Plus prudemment nous retirons les autres, découvrant d’autres instruments et leurs musiciens. De plus en plus étrange.

« Il y a une porte ici. »

Lâche Uthurg d’un ton las en éclairant la dite porte faite d’un bois épais aux charnières et à la poignée d’or. Nous l’ouvrons pour découvrir une nouvelle pièce, bien plus petite que la précédente. Une sorte de petit salon, à l’ambiance plus intimiste. Enfin qui devait sans doute l’être à la grande époque mais qui maintenant est encore plus étouffante, surtout quand on y pénètre avec des êtres aussi massifs que des Garzoks. Nous nous frayons rapidement un passage entre les canapés de velours poussiéreux et les tables basses où reposent des verres de vins sales. Aux murs sont accrochés des tableaux dont un en particulier attire mon regard. Une autre peinture du maître de ce domaine, en compagnie d’une autre femme. Je devrais plutôt dire une femelle car je perçois dépassant de sa chevelure d’or des bouts d’oreilles pointues malgré des traits plutôt humains. Une engeance hybride sans doute qui n’est ni belle ni laide mais qui me fixe à travers la toile avec un regard hypnotique. Mais si il y a bien quelque chose qui me trouble c’est le visage du propriétaire des lieux qui n’a pas prit une ride par rapport au dernier tableau que j’ai vu. Pourtant un détail me saute aux yeux, derrière eux se tient le même mur du château mais cette fois couvert d’un lierre florissant, celui qui met des dizaines d’années à se répandre ainsi. J’ignore pourquoi je me focalise sur le lien entre ces deux détails, le visage inchangé et le mur, qui sont sans doute seulement une volonté soumise au peintre. Une intuition, un pressentiment, me dit de plus en plus hardiment que quelque chose ne va pas.

« Il n’y a personne ... »

« Retrouvons les autres. »

Répondis-je simplement aux mots dépités d’Uthurg avant de revenir dans la grande salle où il n’y a plus aucune trace de l’autre groupe.

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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » ven. 23 déc. 2022 16:20

Je franchis une nouvelle fois la porte nous séparant de la salle de reception et l’atmosphère me paraît encore différente: plus lourde, plus sombre, plus glacé. J’entends la respiration des deux Garzoks qui m’accompagnent se faire plus profonde tandis que leurs corps se tendent. Ils sont agités comme des animaux ressentant la tempête, l’avantage de leur côté bestial même si je perçois moi aussi qu’un danger nous guette. Un brouillard obscur empêche la lumière de nos lanternes de percer les ténèbres de la pièce et de voir un signe de l’autre groupe. Nous marchons groupés et mon regard se tourne encore vers les fenêtres où il m’a semblé voir quelque chose bouger. Rien. Si ce n’est mon reflet et celui des orcs qui m’accompagnent. Nous progressons toujours entre les tables couvertes de draps poussiéreux, immobiles comme des statues prêtes à bondir, déplaçant leurs ombres aux grés de nos flammes.

Uthurg s’arrête soudainement, brandissant son arme en suivant quelque chose du regard. Il est rapidement imité par Amnok qui s’exclame qu’il a vu quelque chose. Je dresse ma lanterne, n’ayant rien vu de spécial. C’est alors qu’un violent courant d’air froid et puant traverse la salle en agitant les draps, filant droit vers notre destination et provoquant le claquement sourd d’une lourde porte. Notre petit groupe y répond par un sursaut et des grognements.

« C’est assez ! »

Déclarais-je d’un ton colérique. Moi qui ai combattu dans la bataille la plus mortelle de l’histoire de ce monde je refusais de trembler dans une vieille ruine étrange. Je suis Eldros Rougine, serviteur de Phaïtos, je ne crains rien ni personne. Je quitte la formation, marchant d’un pas décidé vers le fond de la salle jusqu’à atteindre une porte. Je l’ouvre sans ménagement, causant un vacarme qui fait écho dans tout le château, suivi d’un grand silence tandis que me rejoignent les deux Garzoks. Nous entrons dans une seconde vaste salle meublée de tables et de bancs, en assez grand nombre pour y tenir un somptueux banquet. Toujours plongée dans les ténèbres, aucune lueur venant de l’extérieur ne perce cette brume qui s’amasse aux fenêtres.

« Toujours aucun signe du reste du groupe… »

Déclare Uthurg d’une voix tendue alors que nous avançons entre les tables dans la pièce qui ne semble pas avoir d’autres issues. Je pousse un profond soupire.

« Retournons à l’entrée, ils y sont sûrement retournés. »

Ils inclinent la tête et nous retournons sur nos pas avec l’oeil attentif, remontons le couloir aux portraits et aux regards toujours aussi dérangeants. Le silence est accablant alors que nous approchons du hall où le plafond ne renvoie plus le bruit des gouttes de pluies qui s’écrasaient avant sur le toit. La tempête semble s’être apaisée mais hors de question de repartir tant que je n’aurais pas mis la main sur cette rapière.

« Toujours personne. »

« Peu importe, on poursuit l’exploration. Je ne vais pas patienter qu’ils sortent de leur trou ! »

J’empreinte alors l’escalier massif pour gagner l’étage, dévisageant le portrait immense qui surveille la porte.

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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » mar. 21 févr. 2023 21:41

Un tapis rouge et poussiéreux habille le sol de l’étage, dessinant une voie dans ce qui semble être une salle d’exposition d’armes et d’armures. Immobiles, elles sont disposées dos aux murs et reflètent les flammes vacillantes de ma lanterne. L’atmosphère est pesante, rendu oppressante par les visières aux ténèbres insondables qui surveillent le passage, l’unique passage qui se dirige vers un couloir aux dimensions indiscernables. A l’opposé, dans mon dos, se trouve une porte entrouverte d’où s’échappe soudain un son qui fait sursauter tous les Garzoks qui m’accompagnent. Aucun ne parvient à contenir son élan de peur, moi y compris.
De la pièce est audible une complainte larmoyante, un chagrin aux cris d’une peine contagieuse. Les armes se dressent d’un geste hésitant plus contrôlés par la peur que par la combativité. Une étrange odeur ampli l’air, que je devine venir des Garzoks. Une effluve d’inquiétude et de crainte mêlée à celle de leur sueur à laquelle je me suis pourtant accommodé. Une odeur qui me les fait, étonnement, paraître plus humain qu’à l’ordinaire. Je me sens bizarrement proche d’eux à ce moment précis car comme eux j’ai peur. Pourtant je m’interroge, pourquoi une lamentation me cause ce sentiment à moi et un groupe d’Orc taillés pour la guerre ? Le simple fait de me poser la question efface la frayeur pour la transformer en colère et je la formule à voix haute pour que ceux qui m’accompagnent se ressaisissent. La réaction est rapide, le temps d’un grognement et Amnok ouvre la porte d’un coup de pied, provoquant un vacarme assourdissant.

Nous entrons dans la pièce, armes au poing. Les lamentations ont cessés. Les flammes des lanternes balaient les murs, déplaçant les ombres du mobilier: grand lit, armoire, bureau, chaise et coiffeuse. Personne. Et plus le moindre son. Seulement un souffle glacé dans ma nuque. Je me retourne et ne peut contenir un cri d’horreur suivi par ceux qui m’accompagnent, faisant écho au propre hurlement que pousse la créature derrière nous, agrippée au mur. Une forme spectrale, à l’apparence de femme, à la chevelure décrépie d’un blanc fantomatique, flottant autour de sa tête aux contours amaigrie, déformée par son rugissement aigüe qui fait vibrer les fenêtres, donnant une vision sur sa bouche qui paraît être un puit sans fond de ténèbres. Agrippée à la tapisserie comme un animal, dardant d’un air furieux son regard blanchâtre aux veines éclatés les teintants de rouge. Elle se détache du bord de la pièce pour me foncer dessus avant que je reprenne mes esprits. Hébété, je peux simplement sentir cette chose me traverser. Un courant d’air glacé qui me gèle de l’intérieur, me laissant pétrifié tandis qu’elle quitte la pièce après quelques acrobaties aérienne en faisant toujours résonner son cri dans les couloirs du château.

Pas de répit. Dans le cadre de la porte, sortant de l’obscurité, une armure nous fonce dessus, suivi de près par d’autres. D’une démarche maladroite mais rapide, le bruit des plaques d’acier couvert par celui du cri spectrale.

« LA PORTE ! »

Rugit Bal-Grel alors que je reste encore immobile. Trop tard, la première armure entre juste avant que le forgeron ne la referme. Des hallebardes s’y plantent, traversent le bois et blessent Amnok qui pousse un grognement en empêchant les assaillants d’entrer, tambourinant comme des furies pour faire craquer l’orc.

« Rougine ! »

Mon esprit se remet en place, mon corps à bouger, plus agacé que réveillé par ce manque de politesse venant d’Uthurg. Je le pardonne pour cette fois étant donné que c’est ce qui me sauve d’une décapitation. Je dresse mon bouclier, déviant l’arme qui passe au dessus de mon crâne pendant que acolyte frappe d’un grand coup de hache la cheville de l’armure mobile. Elle met genoux à terre et je parviens à lui porter un coup à l’épaule pour la désarmer. Elle ne s’avoue pas vaincue et saisi ma jambe de son autre bras pour me faire tomber. Sa force est inattendue et je crains pendant un instant qu’elle ne m’arrache le pied.
Mon dos rencontre le plancher avec fracas mais le geste de l’adversaire laisse l’opportunité à Uthurg de frapper à nouveau. Le coup porte à la tête et fait sauter son casque, révélant le crâne d’un squelette qui fait claquer sa mâchoire et tourne ses orbites vides vers le Garzok. Je profite de l’occasion pour me redresser et saisir mon arme. Je frappe et sépare le crâne du reste du corps qui s’effondre.

Pas le temps de respirer car les coups à la porte sont incessants et les grognements plus lourd d’Amnok indiquent qu’il ne parviendra pas à les retenir éternellement. Nous nous précipitons à son aide en poussant l’armoire contre la porte pour la bloquer. Le forgeron s’écarte et inspecte sa blessure alors que les tambours des armures se font insistant avant de cesser complètement, replongeant le château dans un silence complet à l’exception de nos respirations lourdes.

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Re: Le Castel Enulcard

Message par Eldros Rougine » sam. 21 oct. 2023 18:08

Les moments de calme et de vacarme se croisent. La porte lourdement barricadée et la blessure d’Amnok pansée, les Garzoks restent stoïques, presque larvaires, assis pour ne pas que nous nous bousculions dans cette pièce devenue notre cellule. La porte se remet à trembler sous les lourds coups des squelettes en armure, brisant le silence étouffant. ils nous rappellent qu’ils sont là et que nous ne pouvons pas sortir.

J’inspecte plus en détail la chambre à la lueur de ma lanterne quand le silence reprend. Luxueuse, à l’image du reste du château, les meubles sont de bonnes factures, massifs, poussiéreux mais intacts. Un lit, une commode, une coiffeuse, un paravent dissimulant une baignoire et un bureau d’une taille suffisante pour écrire. J’ouvre les tiroirs en quête de choses utiles. J’y trouve quelques araignées, résidus de maquillage ainsi que des bijoux de valeurs considérables. J’en inspecte quelques uns et les ranges dans mon sac avant de remarquer une chose étrange avec la boîte à bijoux, plus lourde que ce qu’elle devrait être. Je l’inspecte sous tous les angles, cherchant l’origine de cette masse qui ne devrait pas être. Je ne distingue rien de particulier et pourtant il y a bien quelque chose qui n’est pas normal. J’en vide définitivement le contenu, renversant bagues d’or, colliers de perles, bracelets et broches d’argents qui se répandent avec un bruit de forte averse sur le bureau et le sol alors que le silence était revenu.. Les Garzoks sursautent et Uthurg m’interroge d’un regard à la fois perplexe et courroucé.

« Je satisfait ma curiosité monsieur Bal-Grel. »

Dis-je en portant la boîte à mon oreille pour l’agiter. Il y bien quelque chose à l’intérieur, je l’entends se glisser d’avant en arrière avant que le vacarme ne frappe à nouveau la porte. Je m’assois sur le lit en inspectant d’avantage l’objet pour trouver le moyen de l’ouvrir. Je découvre un petit loquet dissimulé au fond, sous la protection de soie. Celui-ci ouvre le côté de la boîte et me permet d’en extirper un livre, plutôt un carnet, du style typique des femmes de Kendra Kâr qui sont d’assez bonne famille pour avoir été lettrés mais trop bête pour en faire autre chose que de coucher leurs pitoyables vies sur quelques pages en quelques lignes d’encres avant de se coucher elles-mêmes sous les corps grassouillets de leurs maris forcés. J’en ai la preuve rapidement en ouvrant le journal et sautant quelques pages d’un témoignage de jeune fille jusqu’à arriver à un âge plus mure.

Se plaignant d’être offerte par un homme riche à un autre homme riche dans l’espoir de s’enrichir d’avantage. Elle n’a pas l’air de se rendre compte qu’il y a des hommes pauvres qui échangent contre deux chèvres leur fille simplement pour avoir une bouche de moins à nourrir dans leur foyer. Pour vivre une vie misérable dans la crasse à travailler la terre et torcher le cul des poules alors que elle n’aura qu’à ouvrir les cuisses pour offrir des héritiers bénéficiant d’une richesse conjointe. Il n’y a pas vie plus facile que celui d’une fille riche. Pas que cela me touche pour les pauvres, cela prouve simplement la bêtise ignare de cette sotte.

Je saute quelques lignes sans interêt pour finalement tomber sur une description du maître des lieux suivis de quelques mots:

 Il m’a fait forte impression. Je ne peux nier que c’est un bel homme et qu’il se montre d’une gentillesse à laquelle je ne m’attendais pas. Il est étonnant car il fait preuve d’une assurance que je n’ai eu l’occasion de voir que chez des hommes plus âgé tant dans son regard sage que dans son caractère… 

Je saute quelques lignes encore et ne peut m’empêcher de me redresser du lit quand mes yeux glissent sur une phrase.

La chose la plus surprenante cependant et cette lame qu’il ne quitte jamais. Une rapière à la lame cramoisie qui pour moi à un aspect terrifiant … 

C’est bien ici. Je suis au bon endroit, sur le bon chemin.

( Ô Phaïtos, je surmonterai cette épreuve ! )

L’assaut des armures animées contre la porte reprend et je referme le carnet pour le remettre dans mon sac. J’avise les deux orcs et après une lente respiration leur ordonne de se tenir prêt. Il m’affiche d’abord un air surpris avant de rapidement se reprendre en se levant et saisissant leurs armes. Eux comme moi savent très bien que nous devrons bien sortir d’ici un jour. Alors que nous sommes sur le point de pousser la barricade de fortune un rugissement se fait entendre de l’autre côté de la porte avant qu’une bataille s’engage. Nous avons tous reconnu ce cri guerrier de rage. Il s’agit de celui d’un Garzok, un autre groupe se trouve derrière la porte et à engagé la lutte contre ces engeances mortes vivantes qui bafoue la loi de Phaïtos.

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