Les Ruines de la Cité d'Astérök

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Yuimen
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Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Yuimen » mar. 2 janv. 2018 15:29

Ruines de la cité d'Astérök

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Cité d'Astérök à son apogée

La cité d'Astérök est sans doute la plus vieille cité construite par des Garzoks. Les légendes datent sa construction à plus de 26 000 ans, au temps de l'ère glacière. Les Garzoks, loin d'être les mauvaises créatures que nous connaissons à l'heure actuelle, étaient une peuplade indépendante, fière, et puissante. Cette cité servait de refuge à de nombreuses autres peuplades qui s'étaient égarées trop au Nord.
Elle fut détruite par une inondation due à la fonte des glaces des milliers d'années plus tard.

De nos jours, les Garzoks vont encore parfois en pèlerinage à ce lieu dont les légendes évoquent l'âge d'or de cette population. Cependant, loin d'être la fière cité qu'elle était, il ne reste plus que des ruines, une terre aplanie et rocheuse et, ça et là, des traces d'une civilisation. Mais le temps, les éléments et la nature ont repris leur droit sur cette vieille terre...

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Hatsu Ôkami
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » mer. 25 mars 2020 17:51

Au cœur des vestiges


Il fallut encore plusieurs jours au duo pour parvenir de l'autre côté des monts du massif. Hatsu surveillait Kraska du coin de l'oeil, le voyant s'affaiblir au fur et à mesure de leur avancée. Aussi décrétait-elle des pauses plus longues et plus régulières et des nuits plus reposantes, prenant toujours le premier tour de garde, plus long. Elle aussi fatiguait, mais elle n'avait pas envie de voir le Garzok mourir sur le chemin. Elle espérait que le vieux sage dont il faisait mention allait pouvoir lui venir en aide. Son épaule à elle avait largement eut le temps de se remettre de l'attaque de la Mantis. Elle avait fait en sorte de le ménager et, puisqu'aucune autre menace ne s'était jetée sur eux pendant le trajet, elle était persuadée que la gêne qu'elle ressentait encore ne serait bientôt qu'un mauvais souvenir.

Finalement, alors que le zénith réchauffait doucement les deux voyageurs, la cité leur apparut enfin, au loin. Kraska l'aperçut en premier et la pointa du doigt à Hatsu qui fixa aussitôt son regard dessus. Elle finit par apercevoir, au beau milieu d'une étendue rocheuse chaotique, les traces d'une ruine couvrant un large périmètre. Située en contrebas, ce qu'il restait de la cité ne payait pas de mine. Elle n'était même pas certaine qu'il y ait assez de murs pour former un taudis. Elle garda ses commentaires pour elle et emboîta le pas du Garzok. A vue de nez, il leur faudrait encore quelques heures avant d'attendre les premières ruines, aussi resta-t-elle vigilante. Elle prenait finalement conscience d'entrer véritablement sur le territoire d'Omyre, et les légendes qu'elle connaissait ne lui laissaient qu'une désagréable impression alors qu'elle foulait du pied les herbes éparses à moitié desséchées et la roche qui semblait rougit par le sang des temps anciens.

A perte de vue, elle ne semblait voir que désolation dénuée de toute vie. Les quelques arbres semblaient malades ou morts et même en cherchant, elle ne trouvait nulle trace d'une quelconque vie animale. Tout au plus un corbeau qui survolait la zone en croassant de manière insupportable. Elle plissa les yeux en examinant le volatile, mais il était bien trop haut dans le ciel et elle se retint d'essayer de le toucher d'une flèche pour le faire taire. Elle n'avait pas de flèches à dépenser inutilement et préférait surveiller les alentours. Ne rien voir en surface ne voulait pas dire que le danger ne rôdait pas. Les souterrains étaient peut-être infestés de créatures en tout genre dont elle n'avait même pas conscience ou même idée de leur existence. Qui pouvait dire ce que les marchands de morts d'Oaxaca pouvaient encore créer pour satisfaire leurs lubies macabres et dévastatrices.

Lorsque finalement ils atteignirent les premières ruines, Hatsu prit la tête de leur duo, arc en main, flèche encochée. Elle ne voulait pas courir le moindre risque et restait vigilante. Kraska, de son côté, semblait bien plus détendu, mais elle n'en avait cure, elle ne comptait que sur ses intuitions et son instinct. Elle tourna vivement la tête lorsque le cri d'un corbeau proche attira son attention. Perché sur un tas de pierre informe, il observait les deux voyageurs. La jeune femme jura entre ses dents en apercevant le volatile et ses trois yeux fixés sur elle. Elle savait que les corbeaux de Phaïstos étaient un mauvais présage et celui-là semblait fixé sur eux, elle n'aimait pas ça. Kraska n'en avait définitivement rien à faire et ignora le charognard.

Détournant finalement les yeux du volatile, la jeune femme reprit son exploration des ruines. Elles se concentraient davantage dans ce qui avait dû être le centre-ville. Les murs avaient davantage résisté, même si la vaste majorité s'étaient effondrés, et elle pouvait sans mal déceler les tracés des anciennes rues et des ruelles qui parcouraient la cité. Elle se demanda quel genre de catastrophe avait pu frapper la ville. Elle pensait en apprendre davantage en rencontrant le fameux sage dont parlait Kraska. Une fois de plus, le croassement d'un corbeau lui fit tourner la tête. Les suivait-il ? Elle fixa l'animal en plissant les yeux, sa flèche la chatouillant dangereusement.

- Nous sommes presque arrivés.

Elle tourna la tête vers Kraska et reposa son regard sur l'endroit où le corbeau se tenait. Elle ne vit que le vide et fronça à nouveau les sourcils, le cherchant du regard, en vain. Elle n'aimait pas ça. Elle suivit donc Kraska avec ses sens en éveil, prête à déceler la moindre présence inhabituelle. Après avoir bifurqué pour contourner un amoncellement particulièrement imposant de gravats, elle stoppa net et dirigea son regard sur la droite. Persuadée d'avoir entendu quelque chose, elle tendit l'oreille et scruta les alentours, tendues. Un mouvement fugace attira son œil et elle pointa aussitôt sa flèche dessus.

- Baisse ton arme, tu ne crains rien.

Elle jeta un œil au garzok en faisant une moue peu convaincue, mais abaissa lentement son arme, malgré tout. Émergeant des décombres qui les entouraient, deux autre garzoks, une shaakte et, plus étonnant, un kendran, se dévoilèrent. Ils semblaient tous connaître Kraska, mais la plupart observaient Hatsu avec un mélange de curiosité et de méfiance, exception faite du kendran qui la toisa d'un air étrange. La jeune Ynorienne jeta un regard interrogateur à Kraska qui ne s’embarrassa pas de présentations et continua sa route. Suivit par le quatuor, elle s'enfonça davantage dans la ville avant de tomber sur un agglomérat de toiles tendues, de planches branlantes à moitié rongées et de murs de pierre, dressés avec les moyens du bord. Dans cet entremêlas de bric et de broc, des outils, des objets pour vivre, un foyer encore fumant et un vieux Garzok aux yeux vitreux. Adossé a un mur, un long bâton d'un bois noueux posé à ses pieds, il semblait fixer Hatsu de ses yeux morts. Avant même que Kraska ne parle, le vieillard parla d'une voix étonnamment forte, bien que profonde et caverneuse.

- Bon retour parmi nous, Kraska.

Sur son épaule, un corbeau se posa soudainement en croassant. Il fixa Hatsu, la sondant de ses trois yeux sombres.

- Et bienvenue à toi, Fille des Loups.
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Hatsu Ôkami
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 26 mars 2020 20:21

Hatsu resta immobile, les yeux écarquillés et fixés sur le vieillard Garzaok qui lui faisait face. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle venait d'entendre. A ses côtés, Kraska lui lança un regard interrogateur, mais elle ne s'en occupa pas, toute occupée qu'elle était à détailler le sage qui semblait en savoir beaucoup. Beaucoup trop même. Même Loup semblait surpris et restait muet après les paroles de l’ancêtre. Avait-il dit cela parce qu'il connaissait son nom, ou bien parce qu'il percevait quelque chose que personne d'autre n'avait jamais perçu ? La jeune femme était perplexe et passablement suspicieuse face à des connaissances qui n'auraient pas dû tombé entre les mains de quelqu'un vivant à des semaines de marche de sa ville d'origine, voire n'aurait pas dû être dévoilées tout court, puisqu'elle et Loup étaient les seuls au courant. Elle se méfia aussitôt de ce Garzok qui pourtant désigna le sol devant lui, l'invitant à s'asseoir.

- Ne sois pas effrayée. Perdre la vue m'a donné une toute nouvelle vision du monde. Je n'en dirais pas plus si tel est ton choix. Mais tu es venue ici pour une raison, et je peux t'aider.

- Pourquoi m'aideriez-vous ?

- Parce que c'est mon rôle. Et que les différends entre les races ne m'intéressent guère. Le Destin se moque de cela et je fais de même. Souhaites-tu en savoir plus sur ce que tu recherches ?

- Oui. Mais Kraska a besoin de soin et je préférerais m'entretenir en.. privé, plus tard.

- Ainsi soit-il. Vient me voir lorsque la Lune aura passé son premier quart dans ce cas. Thomir, aide-là à s'installer veux-tu ? Vordt, force Kraska à se reposer, je m'occuperai de lui tout à l'heure.

Les intéressés, respectivement le Kendran et l'un des deux Garzok, obtempérèrent et la jeune femme suivit le Kendran jusqu'à un entrelacs de toile tendues et de planches maintenus entre elles par des cordes, formant un sommaire chapiteau où elle put poser ses affaires et installer sa couche pour la nuit à venir. Le jour déclinait déjà, mais la jeune femme avait encore quelques heures devant elle, aussi en profita-t-elle pour adresse une prière muette à Rana, ce qu'elle n'avait pas fait depuis les heures précédant la bataille de Luminion. Elle pouvait difficilement juger de l'intervention de la déesse sur le déroulé, mais elle ne cherchait pas à remettre en doute ses actions. Elle avait agis, et c'était tout ce qui importait. La voix grondante de Loup l'interpella lorsqu'elle sortit de sa prière, qu'elle faisait à genoux, les mains en coupe posées sur ses genoux.

(Vieillard sait. Intriguant. Odeur trop forte?)

L'idée que le vieux Garzok puisse sentir Loup via son odorat vit sourire la jeune femme.

(Non, c'est impossible, voyons. Peut-être est-ce un genre d'oracle, il a mentionné le Destin.)

(Pouvoirs étranges... méfiance.)

(Je sais, mais si je peux en apprendre plus, je dois prendre le risque, puisque tu refuses d'en parler.)

Loup n'essaya nullement de l'en dissuader, sans pour autant rebondir sur sa remarque. Elle avait compris qu'il n'intervenait jamais dans ses décisions lorsqu'elles ne concernaient pas une chasse ou tout autre attribution qu'il s'était lui-même fixé, alors même qu'il restait très vague sur le Pacte qui les liait. Se relevant, elle sortit de sa cahute de fortune et fit un tour rapide des environs. Les ruines de la vieille cité offraient une certaine protection contre les intempéries et le campement de fortune était bien caché, les protégeant d'éventuels curieux. Même si le lieu n'était guère propice à la vie quotidienne, faute de nourriture visible, elle pouvait aisément comprendre que certains s'y installent pour fuir et se cacher.

Lorsque la lune entama sa course dans le ciel, elle alla s'enquérir de l'état de son compagnon de route, le trouvant d'humeur maussade, le torse recouvert de tissus dégageant une forte odeur. La mine presque boudeuse du garzok tira un sourire amusé à Hatsu qu ne s'éternisa pas en le voyant ainsi et chercha le vieillard qui était toujours à la même place, son bâton désormais posé à sa droite. Il semblait préparer quelque mixture odorant dans un bol. Les plantes qu'il broyait avaient une odeur entêtante qui s'insinua rapidement dans l'odorat d'Hatsu, la faisant secouer la tête pour chasser la gêne. Elle patienta, laissant en silence le Garzok terminer son travail. Lorsqu'il termina, la lune avait atteint son premier quart dans le ciel. Il posa le bol devant lui et le poussa légèrement vers la jeune femme assise face à lui. Elle jeta un bref regard à la mixture avant de reposer ses yeux sur le Garzok qui prit la parole.

- Que cherches-tu ?

- Vous le savez, non ?

- Oui, mais toi, le sais-tu vraiment ?

- Je cherche un artefact dont j'ai besoin.

- Vraiment ? En es-tu si certaine ?

Hatsu se tut un instant, ne comprenant pas les dernière paroles du vieillard. Bien sûr qu'elle était certaine ! Elle avait entrepris ce voyage dans ce but, trouver ce carquois disparu, devenir plus forte pour faire face à son ennemi. Pourtant les paroles du vieux sage aveugle la faisaient remettre cette vision en perspective. Elle se demandait ce qu'il entendait par là ? Se fourvoyait-elle dans ses choix ? Elle était pourtant convaincue du contraire, certaine de prendre les bonnes décisions en ce qui concernait son voyage. L'air énigmatique du vieillard la fit froncer les sourcils. Ce qu'elle cherchait vraiment...

- Des réponses. Je veux comprendre, savoir ce que mon héritage représente et ce que je dois faire. Et cet artefact y est lié, d'une manière ou d'une autre.

- Dans ce cas, tu es sur la bonne voie. Laisse-moi t'aider.

Il poussa davantage le bol face à elle avant de prendre un petit morceau de bois fin qu'il enflamma en le posant brièvement dans le foyer. Il le tendit à Hatsu qui le prit sans comprendre, avant de suivre son instructions et de le plonger dans le bol. Rapidement, une épaisse fumée odorante s'en échappa. Une odeur encore plus entêtante que la mixture elle-même, qui la fit tousser.

- Inspire profondément. Détends-toi et inspire. Tu auras les réponses que tu cherches.

Elle hésita, mais la curiosité et l'envie d'en savoir plus furent plus fortes que ses appréhension. Elle prit le bol en main et inspira longuement, inhalant la fumée. Après deux ou trois inspirations, la tête commença à lui tourner et elle lâcha le bol en voulant se saisir de son arc, certaine d'avoir été dupée. Elle s'effondra finalement sans avoir pu faire le moindre mouvement cohérent, sombrant dans l'inconscience. Au dessus-d'elle, un croassement fut la dernière chose qu'elle put percevoir.
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Hatsu Ôkami
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » ven. 27 mars 2020 15:21

Elle avait l'impression de flotter dans un océan d'obscurité. Des flashs lui parvenaient, comme d'antiques images enfouies dans son esprit. Elle se réveilla en sursaut, le front perlant de sueur, à l'endroit précis où elle s'était effondrée, le sage la fixant toujours de ses yeux morts, le corbeau à nouveau sur son épaule. Elle se redressa, la tête lourde encore embrumée des vapeurs inhalées. La lune avait largement avancé sa course, descendant doucement vers l'horizon. La jeune femme ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Elle était toujours là, vivante, un léger mal de crâne pour seul effet. Elle scruta le garzok, cherchant à déceler quelque chose dans son attitude, mais rien ne se dégageait de l'antique personnage.

- Ton esprit est semé de doutes...

- C'était quoi ça ? Vous m'expliquez avant que...

- Du calme, du calme. Il n'y a aucune malice. Ce n'est que médicinal.

- J'en ai assez entendu...

Elle se leva sans plus de cérémonie, déterminée à s'éloigner au plus vite de cet individu. Elle craignait un nouvel empoisonnement et se maudit de n'avoir pas été plus vigilante. Elle se sentait étrange et imputait cela à la fumée qu'elle avait inspirée, ce qui ne lui plaisait pas du tout.

- La réponse à tes questions te sera donnée cette nuit, si tu daignes écouter.

Elle se figea, retint une réplique cinglante et s'éloigna sans lui accorder un regard supplémentaire. Il s'était bien fichu d'elle et elle n'avait rien appris de particulier. Daigner écouter, quelle connerie ! Elle allait écouter quoi ? Son corbeau ? Énervée, elle passa devant Kraska qui discutait avec ses camarades garzok. Il la héla et elle tourna un regard ombrageux vers lui. Un léger silence prit place avant qu'il ne l'invite à se joindre à eux. Elle n'était pas d'humeur et allait pour refuser lorsqu'elle repensa aux paroles qu'elle venait d'entendre. Devait-elle vraiment y prêter attention ? Elle accepta finalement, désireuse malgré tout de trouver ce pour quoi elle était venue. Après tout, elle n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. Les deux garzoks l'examinèrent avec une certaine curiosité teintée d'intérêt, mais un regard de leur compatriote leur fit comprendre qu'un geste déplacé serait vraiment mal venu.

- Nous parlions de la raison de ta présence ici. Une Ynorienne dans les terre d'Omyre ce n'est pas courant, encore moins accompagnée par un des nôtres.

- Ce n'était pas vraiment prévu non plus, mais une chose en entraînant une autre... J'ai un but et si on ne se met pas en travers je n'ai pas de raison de m'en prendre à qui que ce soit.

- Il nous a expliqué. Un fou, l'homme dont tu cherches l'héritage... Il aurait été un brave parmi les nôtres. Son histoire ne m'est pas inconnue.

Hatsu fixa aussitôt son regard sur le Garzok, totalement attentive à la suite.

- Cela fait quelques générations, mais il y a une histoire semblable concernant une passe, dans les montagnes. Une troupe d'un clan presque décimée par un seul homme et son animal. Pour certains cette passe est maudite depuis et les clans alentours l'évitent. Les morts semblent apprécier l'endroit depuis ce jour.

- Où ? Où est-ce ?

- Environ quatre jours de marche vers l'est, puis un vers le nord.

- L'homme, son corps, qu'est-il devenu ?

- Nul ne le sait, mais il y a une rumeur comme quoi une étrange femme blanche l'aurait emmené au royaume des morts en dispersant le reste. Enfin, ce ne sont que racontars pour moi, les humains sont pâles, oui, mais pas blancs.

Hatsu resta silencieuse quelques instants, afin de réfléchir à toutes ces informations. Ce ne pouvait être une coïncidence, elle devait trouver cette passe et essayer d'en savoir plus une fois sur place. Si ce qu'elle pensait était vrai, alors cette fameuse femme blanche était son ancêtre, une des Chasseresses avant elle. Elle n'avait pas de preuve et Loup restait muet à ses questions, mais l'idée ne lui paraissait pas impossible. Elle devait s'y rendre. Kraska l'observa pendant toute sa réflexion.

- Laisse-moi deviner, tu comptes t'y rendre ?

- C'est de la folie, cette passe est hantée, il faudrait être fou pour y aller !

- Je ne savais pas les Garzoks si superstitieux...

- Les esprits existent et nous ne pouvons rien faire contre eux. Nous ne sommes pas fous au point de nous sacrifier sans aucune raison.

La jeune femme eut une moue dubitative. Elle avait vu les Garzoks se ruer sur le mur de Luminion dans le simple but de mourir pour permettre aux autre d'avancer. Pour elle, c'était exactement la même chose. Sa décision était de toute évidence prise et elle était décidée à repartir dès le lendemain.

- Je t'accompagnes toujours.

Elle posa les yeux sur Kraska, qui n'avait pas bougé mais qui la fixait comme pour la défier de l'en empêcher. Les deux autres restèrent muets et ce fut la jeune femme qui prit la parole.

- Tu es blessé...

- Je n'ai pas payé ma dette. Et j'ai mon propre rôle à jouer.

- Comment le sais-tu ?

- J'ai eu la réponse à ma question.

Elle fronça les sourcils avant de finalement soupirer. Elle devait admettre que parcourir seule les terres d'Omyre ne l'enthousiasmait guère, et elle avait confiance en Kraska, ayant combattu avec lui. Après tout, il devait connaître la région.

- Soit, départ dans trois jours alors, que tu récupères.

- Je n'ai pas bes...

- J'ai aussi besoin de quelques jours, le temps de me préparer. Trois jours, alors profites-en.

Il grogna, mais elle fut intraitable sur la question. Elle voulait faire le vide et réfléchir de son côté, s'informer sur les dangers et chemins sûres. Elle devait connaître le terrain avant de s'y aventurer, c'était primordiale pour un chasseur. Les proies ne seraient pas forcément celles qu'elle pouvait imaginer, et elle voulait éviter d'en devenir une au beau milieu de ce désert de roche. Elle allait trouver cet objet, trouver les réponses qu'elle attendait et, pour cela, elle devait être prudente.
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Sirat
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Sirat » ven. 27 mars 2020 23:18

Nourrir un enfant de 8 mois et en plein cœur de l'Omyrhie n'était pas chose facile. Encore moins pour l'humoran, qui n'était pas habitué à ce genre d'exercice.
Les premiers cris de faim se firent sentir sur le sentier, Sirat dû les prendre en compte, car ils risquaient d'alerter toute la garde de la magicienne noire. Il lui fallut mâcher ses propres provisions afin de les rendre comestibles. Finalement, la petite n'était pas difficile. Car c'était une fille, il le comprit aussi très vite quand son plastron fut humide. Il râlait, pourquoi s'infligeait-il cela. Il devait régulièrement quitter le chemin pour éviter les patrouilles trop nombreuses. Il évita l'antre des exclus et le camp de la déportation. Aux loin, il observa la prison se perdre dans les brumes un frisson lui parcourut le dos et il s'en éloigna rapidement.

La nuit était tombée, il regardait la gamine qui s'était endormi après avoir babillé pendant trois heures. Il ne se fâchait plus, elle observait avec ses grands yeux son air taciturne et lui restait calme, inquiet.
Il n'avait plus de quoi la nourrir et la situation se compliquait, car chasser n'était plus possible avec ce poids entre les mains.

Il marchait, cela la berçait. Au début de journée, il avait passé le fleuve et se rapprochait de plus en plus de la frontière.
Un léger tapis de neige commençait à se déposer, c'est à cet instant qu'il aperçut les premières ruines. S'extirpant du sol d'ancienne fortification, fossile d'une cité s'érigeaient éparses autour d'habitations usées et trouées.

La végétation avait repris ses droits, ici-bas. Cette Kendra-Kar des montagnes étaient maintenant morte, mais à une autre époque...
Pour l'humoran et le bébé elle représentait une aubaine, un abri même partiel, leur permettrait de passer la nuit.
Il s'empressa de s'en rapprocher. Un mur écroulé lui offrait une entrée et il se glissa dedans. À l'intérieur de cette maison en ruine, le froid se faisait moins mordant. Il découvrit un peu la petite et la jaugea avec ses petites joues rosies par la température. Elle dormait et il la serra contre lui, tout en observant les alentours.
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Hatsu Ôkami
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » mar. 31 mars 2020 17:30

Une rencontre surprenante

Les trois jours ne furent pas de trop pour Kraska. Malgré sa hargne et son assurance, sa guérison avait été passablement ralentie par leur voyage et Hatsu avait bel et bien constaté qu'un départ plus précipité aurait pu être, à long terme, fatal pour le Garzok. Elle avait donc profité pleinement de ces trois jours dans un confort précaire, mais bienvenue. Elle s'était longuement renseignée auprès des locaux sur les dangers de la région, les pièges naturels et les créatures qui pouvaient y résider. Rien de réjouissant, loin de là, mais au moins ne partait-elle pas à l'aveugle sans la moindre idée de ce qu'elle risquait de croiser. Elle étudia sa carte et y ajouta nombre d'éléments en fonction des indications qu'on lui donnait, notamment l'emplacement de la fameuse passe, la localisation d'un lieu nommé Antre des Exclus qu'elle devait absolument éviter, de même que le camp de la déportation.

- Crois-moi, tu préfères être mise en pièces par un carnassier que de finir là-bas.

Le Kendran avait eu l'air mortellement sérieux en lui disant cela, aussi avait-elle suivi son conseil à la lettre. Discrétion et prudence seraient les maîtres-mots des prochains jours, voire semaines si la recherche devait encore s'éterniser. Elle avait hâte de trouver enfin des réponses et savoir qu'elle se rapprochait peu à peu la mettait dans une étrange euphorie qui la faisait se lever de bonne humeur malgré le froid et le temps maussade. Seule la perspective de ne rien trouver pouvait contenir son enthousiasme, mais cette idée ne restait jamais très longtemps et était rapidement remplacée par la projection de son futur après avoir réussi sa traque.

(Chasseresse devra faire un choix.)

Cette phrase, lancée par Loup comme on donnerait le beau temps pour commencer une conversation, l'avait surprise et elle s'était assise à l'écart pour en savoir plus.

(Un choix ? Quel choix ? Et ne me dis pas que ce n'est pas le moment, tu as entamé cette conversation!)

(Chasseresse toujours liée à la magie. Pas exception.)

(La magie ? Mais je n'ai rien d'une mage, Loup. Je n'ai pas ce don.)

(Pas encore. Cela viendra. Et tu auras le choix.)

(Mais quel choix?)

(De la puissance.)

Pour la jeune femme, cela n'avait aucun sens. Elle n'avait aucune affinité avec une quelconque magie et jamais elle n'avait entendu parlé que qui que ce soit dans sa famille possédait un quelconque fluide. C'était si rare, après tout. Pourtant, nul ne connaissait le rôle de la Chasseresse, oublié, aussi cela ne lui sembla pas si impossible. Saugrenu, certes, mais pas impossible. Elle se demanda si cela avec un quelconque lien avec ce fameux Pacte, mais, une fois de plus, Loup resta muet à ce sujet, ne dévoilant rien de plus à la jeune femme qui ne fit que ressortir frustrée d'une conversation qu'elle ne maîtrisait absolument pas.

Lorsque finalement elle et Kraska se mirent en route, la neige était doucement tombée quelques heures auparavant et une fine pellicule blanche recouvrait le paysage d'un manteau presque trop éclatant. Ils se dirigèrent, après de rapides adieux, vers la sortie des ruines, marchant d'un pas tranquille, mais vigilant. Il leur fallut un certain temps et l'obscurité tomba rapidement, les surprenant tous les deux. Avec ce ciel gris et nuageux, difficile de déterminer l'heure de la journée, mais Hatsu ne s’attentait pas à être partie si tard. Elle se résolut néanmoins à continuer un peu afin de trouver un abri.

- Kraska, arrête-toi...

Le Garzok la regarda et suivit son regard. Au sol, de larges empreintes avaient tracé une piste jusqu'à une maison proche. Saisissant son arc, Hatsu fit un signe à son compagnon qui, empoignant sa hache, la suivit après un bref hochement de tête. Elle n'avait rien contre qui que ce soit, mais elle avait profité d'un peu de confort et d'une aide précieuse pendant ces trois jours, elle devait s'assurer que cette présence n'était pas une menace pour les quelques réfugiés. Elle leva la main et désigna la porte à Kraska qui, lentement, en étouffant ses pas, s'y dirigea à ses côtés. Les traces menaient droit vers l'intérieur et Hatsu y risqua un rapide coup d’œil. Une ombre, massive, semblait penchée sur quelque chose, dos à la porte. Elle fit le chiffre un avec son index et Kraska hocha la tête, raffermissant sa prise sur sa hache. Elle ne voulait pas créer de conflit, mais si menace il y avait pour les réfugiés, elle voulait l'empêcher de nuire au plus vite. Mais attaquer un simple voyageur ne l'enchantait guère, aussi prit-elle une décision qui pouvait s'avérer désastreuse si la menace était bien réelle.

- Qui que vous soyez, posez vos armes bien en évidence et poussez-les vers nous puis retournez-vous lentement. Aucun mal ne vous sera fait si vous obtempérez.

Kraska lui lança un regard réprobateur, mais elle était sérieuse, elle n'allait pas attaquer quelqu'un à vue sans raison. Elle s'engagea à demi dans l'embrasure de la porte, pour être visible de son interlocuteur, et qu'il puisse constater qu'elle était armée.

- Que faites-vous dans le coin ? Ce n'est pas exactement un lieu propice pour un peu de visite.
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Sirat
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Sirat » jeu. 2 avr. 2020 09:51

Un bruit de rocher roulant sur le sol lui fit relever la tête. Derrière lui, quelqu'un venait de rentrer dans l'embrasure de la fissure. Un deuxième bruissement juste à côté, lui indiqua qu'ils étaient deux. Sirat s'était fait surprendre. Il enrageait d'avoir été si distrait. La fatigue et cet enfant avaient eu raison de sa vigilance. Une voix de femme s'éleva presque aussitôt dans la pièce froide et sombre. Elle lui demandait de déposer ses armes au sol et de se retourner calmement. S'il obtempérait, aucun mal lui serait fait. Des voleurs, se demanda-t-il, si s'était le cas, il n'avait aucune envie de le tuer sinon il ne se serait pas embarrassé de le prévenir et l'aurait attaqué. Elle lui demanda pourquoi il rôdait dans les alentours. Il se redressa doucement, mais garda l'enfant contre lui. Il pouvait se battre, mais le nourrisson le réduisait dans ses mouvements. Il devait être plus calme et voir à qui il avait à faire.

Si je me désarme madame, je n'aurait plus rien pour me défendre si vous en voulez à ma bourse. La politesse aurait été de se présenter en premier lieu, mais laisser moi me retourner lentement que l'on puisse se voir afin de faire connaissance.

Elle accepta la proposition, mais lui rappela de ne faire aucun geste suspect. Elle tenta de le rassurer en lui disant que son argent ne l'intéressait pas. Il esquissa un sourire et se retourna lentement, le bébé toujours langé contre lui.

Merci

Il observa la jeune femme qui se tenait devant lui. Une archère fine et élancée le menaçait de son arc. Brune avec de longs cheveux noués, elle avait un regard déterminé et fixait intensément sa cible. Elle se tenait droite, sur son mètre soixante-dix, habillé de vêtement simple, mais pratique qui cintrait sa taille. Quand elle vit l'enfant dans les bras de l'humoran elle baissa son arme. Interloquée, elle échangea un regard avec son compagnon, une peau verte de grande taille, athlétique. Il portait une grande tresse qui lui descendait dans le dos.

Je me nomme Sirat je ne suis qu'un pauvre hère qui cherche un foyer pour ce petit. Nous avons vu dans cette vielle ruine la possibilité de se protéger du froid. Et vous que faites vous ici, hormis votre ami, il est clair que vous n'êtes pas du coin

Il ne pouvait pas se présenter réellement, même si la description n'était pas totalement fausse. Il avait intentionnellement oublié le côté, fanatique et ambivalent de son rôle.
Elle s'inclina et se présenta. Elle s'appelait Hatsu et le garzok s'appelait Kraska. Elle lui proposa quelques vivres pour s'excuser.
Quand elle parla de la nourriture le ventre du zélote gargouilla.

Vous êtes tout deux pardonné. Et j'accepte avec plaisir vos victuailles.

Il installa sa carcasse sur un vieux banc en attendant qu'on le serve.

Et quel est le but de la quête de cette fine équipe ?

Ils installèrent de quoi faire cuire une marmite. Un petit feu s'alluma et réchauffa très vite les alentours. Sirat se frotta les mains prenant garde de ne pas trop bouger l'enfant. Mais il se rapprocha de l'âtre. C'est Kraska qui lui répondit, la jeune Hatsu cherchait un artefact dans les montagnes. Sirat plissa les yeux. Le garzok l'accompagnait simplement, car il lui devait la vie. Elle remplissait la marmite et lui asséna un petit pique avant de demander à l'humoran ce qu'il faisait avec un poupon.

En quête d'une relique, hein... Hmmm, cela sent bon.

Il huma le fumet. Il salivait rien que de voir les ingrédients plongés dans la petite casserole. Il jaugea l'enfant encore endormi dans ses bras.

Je l'ai sauvé dans les plaines, je dois juste lui trouver un foyer. Vous savez s'il y a du monde dans ses ruines ?

Elle redressa la tête et examina Sirat. Pourquoi lui parlait-il de relique, elle n'avait jamais mentionné ce terme. Pour l'enfant, elle lui préconisa de l'amener vers une ville humaine. Il en existait, mais il fallait passer par les montagnes.
Il repensa à sa vie de précaire dans les ruelles de Kendra Kar. Il regarda la petite, il savait que ce n'était pas ce que Zewen lui réservait.
Il plongea dans les yeux de l'archère avec un sourire.

On ne part pas à l'aventure dans les terres d'Omyre pour un vulgaire colifichet. Un artefact peut importe ce qu'il est, doit avoir un minimum de valeur pour qu'on risque sa vie ainsi.

Il soupira et secoua la tête.

J'ai grandi avec les humains, dans leur ville. Un orphelin ne trouve que rarement un bon foyer. Qui sont-ils, ces gens vivants ici ?

Elle avoua être à la recherche d'une relique qui devait se cacher dans les montagnes. Sirat admira par la porte, la neige qui tombait dehors.
Kraska prit la parole, il décrivit les habitants des ruines comme des gens bien, des habitants qui avaient fuis les guerres et les persécutions, il prévoyait un avenir difficile pour l'enfant si Sirat maintenait sa décision. L'humoran inspecta cet immense gaillard en longueur. Il paraissait blessé et fatigué, mais il avait l'air honnête tout comme sa compagne de route.

La vie est dure partout malheureusement, cela l'endurcira.

Il respira l'air, de manière étrange. Il avait réponse à tout, il avait déjà décidé de se débarrasser de l'enfant. Pour le fanatique les signes étaient là et cela lui suffisait.

C'est son destin, je n'étais sur sa route que pour la déposer ici. Personne ne pensera à elle dans ces ruines. Je vous remercie vous m'avez apporté le signe qu'il me manquait.

Il regarda la mélasse avec avidité. Son ventre se tordait de faim.

C'est prêt ?

Il n'avait rien, pour se servir. Mais il trouva un vieux bol ébrécher dans la poussière du sol. Il l'essuya avec sa cape et tendit son écuelle. Hatsu déposa la mélasse qu'elle avait épaissie dans le bol. Une légère fumée chaude s'en dégageait. Elle proposa d'en garder pour la petite. Il opina du chef, la gamine se réveillerait bientôt et au moins elle aurait à mangée.

Zewen nous donne toujours la providence pour ceux qui acceptes de l'écouter.

Il engouffra sa part rapidement et il sortit une gourde de cervoise et en proposa à la jeune archère ainsi qu'a son compère. La jeune femme refusa poliment, mais pas la peau verte qui attrapa avec voracité la gourde.

J'avoue, c'était risqué de votre part de me faire confiance, si vous acceptez de m'accompagner pour rendre cet enfant, je veux bien vous aider dans votre parcours. Les montagnes sont dangereuses et votre ami à l'air pas au mieux de sa forme. Et je dois encore juger si cette famille sera acceptable pour cette jeune demoiselle.

Vexer, Kraska répondit qu'il n'avait qu'une égratignure, Sirat avait vécu tant de temps avec ses congénères qu'il savait ce peuple fier et courageux. Il agréa d'un signe de tête alors qu'Hatsu levait les yeux au ciel tout en prenant une cuillère de son ragoût. Elle reporta sa délicate attention sur l'humorane. Elle n'avait rien à lui offrir, pas d'argent, la relique était pour elle, que pouvait-il gagner à les suivre. Il haussa les épaules. Il trouvait l'entreprise intéressante. Il n'y avait pour une fois pas de royaume à défendre, pas d'enjeux, juste un simple objet à dénicher au fond d'une grotte. Cela lui remémorait ses premières aventures, la fois où il avait rencontré Sibelle, Azalée et Fenouille. Il trouvait tout cela vivifiant. Son oncle disait bien : Les plaisirs de la vie appartiennent à qui sait les saisir. Il y avait aussi cette impression qu'il devait s'engager au côté de ce duo hétéroclite. Il garda cependant ce dernier sentiment pour lui. Il tendit la gamine à Hatsu, pour qu'elle la prenne. Il avait besoin de se dégourdir les bras.

Une présence féminine lui fera du bien.

Puis il se redressa et s'étira.

Je n'ai rien à gagner en effet. Mais je sens que c'est ce que je dois faire et vous non plus vous n'aviez rien a gagner à partager un souper avec moi. De plus ces derniers temps, je me cherche un peu, une histoire simple me fera le plus grand bien.

Elle contemplait le bébé dans ses bras, elle l'avait attrapé comme un vase fragile. Elle ne se sentait pas qualifiée pour la prendre. Elle scruta l'humoran qui se dressait devant elle et accepta. Elle ne promettait pas, au Zélote, un avenir facile, mais il haussa les épaules. Il avait vu sûrement bien pire.
La jeune archère ne faisait d'ailleurs plus attention à lui. Son attention s'était reportée sur la petite fille qu'elle tenait tendrement dans ses bras. Celle-ci lui répondait par des babillages et en attrapant une mèche des cheveux de l'aventurière. Totalement attendrie, elle lui donna son doigt à téter. Sirat contemplait le visage d'Hatsu baigné par les reflets doré des flammes. Derrière ses airs de condottieres, se cachait une âme innocente. Combien de temps faudrait-il a la vie pour l'effacer. C'était revigorant pour le vieux mercenaire de voir se petit brin de femme.

Il avait la mine apaisé. Elle demanda si elle pouvait lui donné à manger.

Allez-y de toute façon, elle aura bientôt un autre foyer et mes deux bras pourront vous servir plus aisément dans les montagnes. Vous avez une destination plus précise ?
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » dim. 26 avr. 2020 11:50

Lentement, elle observa la silhouette inconnue qui se trouvait dos à elle. Elle n'avait jamais eu l'intention de faire du mal à qui que ce soit, mais une telle présence la rendait nerveuse et elle préférait être certaine de ne pas laisser un potentiel danger hanter les lieux. Contre toute attente, une voix rauque, indubitablement masculine, lui répondit, après s'être redressé. Il la prenait visiblement pour une voleuse, la faisant tiquer. Elle n'en était pas et n'en serait jamais une, mais la confusion, au vu de la situation, était compréhensible. Elle hésita à la laisser se retourner ainsi, et un coup d’œil à Kraska ne l'avança guère, le Garzok fixant la silhouette avec attention. Elle finit par répondre.

- D'accord, doucement, et pas de gestes brusques. Et je n'ai que faire de votre bourse, rassurez-vous.

Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle en avait après lui, elle voulait simplement s'assurer que les habitants ne craignaient rien. A sa grande surprise, ce fut un Humoran qui se tourne vers elle, tenant dans ses bras un poupon endormi. Il remercia la jeune femme qui échangea un regard éberlué avec son compagnon de route qui haussa les épaules, pas beaucoup plus avancé qu'elle concernant la présence d'un nourrisson indubitablement humain dans les bras d'un tel colosse. Qui aurait cru que des mains griffues puissent tenir aussi délicatement une chose aussi fragile ? Il se présenta sous le nom de Sirat et cherchait apparemment un abri pour la nuit. Hatsu baissa son arme avant de ranger sa flèche et de s'incliner poliment, s'excusant de la méprise qui venait d'avoir lieu.

- Navrée pour ce moment, mais la région étant ce qu'elle est, nous préférons être prudents. Je me nomme Hatsu et voici Kraska. Et nous ... sommes en voyage, pour résumer simplement.

Elle ne voulait pas trop en dire et se garda bien de parler plus longtemps de cela, changeant de sujet en proposant plutôt de partager leurs vivres pour se faire pardonner. Elle ne l'avait pas attaqué à vue, heureusement. Il accepta avec plaisir, avouant sans le vouloir être affamé, son estomac s'en chargeant pour lui. Aidée de Kraska, la jeune femme installa leurs affaires et, rapidement, un foyer s'alluma sous la petite marmite de voyage qu'elle emmenait partout. Elle s'étonna elle-même de la facilité avec laquelle elle et Kraska montaient en un temps record leur camp. Ils ne voyageaient pourtant pas ensemble depuis des mois, mais ils savaient parfaitement s'adapter aux gestes de l'autre pour être efficaces. La force de l'habitude, probablement. Elle tiqua lorsque Sirat posa une question concernant leur voyage, mais Kraska la devança.

- Elle cherche un objet et, comme je lui dois la vie, je l'accompagne.

Elle retint de justesse un grognement. Elle allait devoir lui dire de ne pas balancer ce genre d'information à n'importe qui. Elle n'était peut-être pas la seule à la recherche de cet artefact, et Talabre n'avait probablement pas dit son dernier mot à son sujet, elle ne voulait pas que quiconque puisse lui donner une indication sur sa direction. Mais elle ne pouvait rien dire face à l'humoran et se contenta d'un ton sarcastique à l'intention de son compère.

- Dis comme ça on dirait que c'est une corvée.

Le visage de Kraska se fendit d'un sourire moqueur et elle lui renvoya une moue faussement exaspérée, augmentant encore un peu l'amusement du Garzok. Elle l’appréciait réellement, grand guerrier vert. Loin des brutes sans cervelle que dépeignaient les récits, il était fier et, bien qu'un peu bourru, honorable et combatif et un compagnon de route, certes peu bavard, mais agréable. Elle reporta néanmoins son attention sur l'humoran, et plus précisément le poupon dans ses bras, qu'elle désigna.

- Et vous ? C'est plutôt inhabituel de voyager avec un bébé.

Surtout dans une région aussi inhospitalière. Et seul, de surcroît. Elle se méfiait encore un peu de cet individu. Il ne semblait pas agressif, mais elle ne dormirait que d'une oreille cette nuit, elle le savait. Si l'explication sur l'enfant, trouvé lors de son voyage, la laissa dubitative, elle n'en montra rien. En revanche, que Sirat parle aussitôt de relique la fit se tendre légèrement et elle plissa les yeux.

- Qu'est-ce qui vous faire dire que c'est une relique ?

Il balaya sa question en déclarant qu'on ne venait pas dans un lieu aussi dangereux en risquant sa vie pour un objet quelconque, ce qu'elle admit volontiers, le trouvant étonnamment perspicace. Il lui demanda également si elle savait où l'enfant pouvait être en sûreté et s'il y avait des gens dans ces ruines. Elle examina l'enfant et réfléchit en ajoutant quelques herbes à la mixture qu'elle était en train de préparer. Son choix se porta naturellement sur Luminion.

- Dans ces ruines... il y a quelques personnes, mais je doute que ce soit un bon foyer pour un enfant de cet âge. Le mieux serait de l'emmener dans la ville humaine la plus proche, mais vous devrez traverser les montagnes.

Cela ne l'enchantait guère, visiblement. Il était lucide sur le sort d'une orpheline en ces temps troubles. Hatsu également, mais elle voyait mal les gens d'ici, possédant déjà bien peu de ressources, s'occuper d'un enfant si jeune. Sirat voulut néanmoins en savoir plus à ce sujet. Sur ces parias qui habitaient les ruines d'une si ancienne cité. Kraska répondit, étant visiblement sur la même longueur d'onde que la jeune archère.

- Des locaux qui fuient la guerre et la persécution de la Sombre Impératrice. Des gens biens, mais avec peu de ressources. L'accueillir leur sera difficile, je le crains.

L'argument ne freina pas Sirat qui parla de destin, comme quoi il était destiné à déposer l'enfant ici après l'avoir sauvé, persuadé que cette vie ici l'endurcira. À ses paroles, Hatsu resta perplexe, tout comme Kraska à qui elle jeta un regard entendu. Les deux compagnons n'étaient guère convaincus par les paroles sibyllines de l'humoran, mais aucun des deux ne le fit savoir. Après tout, Hatsu ne remettait jamais en question les croyances des autres. Elle croyait en Rana, et elle s'en tenait à ça. Elle reporta son regard sur Sirat qui lorgnait sur la marmite. Elle touilla la mélasse et servit finalement une généreuse portion à l'humoran avant de servir Kraska et elle-même. Elle en garda un peu pour l'enfant, consciente qu'il aurait sans doute faim à son réveil. Sirat dévora son repas à toute vitesse, visiblement affamé et proposa une gourde de cervoise que la jeune femme refusa poliment, au contraire de Kraska qui accepta la chose avec avidité.

- J'avoue c'était risqué de votre part de me faire confiance, si vous acceptez de m'accompagner pour rendre cet enfant je veux bien vous aider dans votre parcours. Les montagnes sont dangereuses et votre ami n'a pas l'air pas au mieux de sa forme. Et je dois encore juger si cette famille sera acceptable pour cette jeune demoiselle.

Vexé, Kraska cessa de boire la gourde pour fixer l'Humoran un instant avant de répondre.

- Une égratignure, je suis plus que capable. Enfin, c'est elle la patronne.

Cela fit lever les yeux au ciel à l'archère qui jeta un regard en coin au Garzok qui ne réagit pas. Elle prit une cuillère de son repas, le savourant lentement, avant de répondre à sa proposition, prenant le temps d'y réfléchir un instant.

- Si vous y tenez, vous pouvez venir, mais qu'avez-vous à y gagner dans l'histoire ? Je n'ai pas d'argent à vous offrir, pas plus qu'une quelconque récompense si ce n'est ce que nous dénichons en route, hormis la relique que je ne céderai à aucun prix.

Elle était prête à se battre à ce sujet, mais, encore une fois, Sirat surprit la jeune femme par sa réponse. Il lui tendit l'enfant qui gazouillait. Surprise, elle reçut le poupon et le manipula comme si elle avait peur de le briser, le tenant doucement en y jetant un air perdu. L'Humoran se leva et en profita pour s'étirer avant de répondre, donnant encore comme argument que c'était ce qu'il devait faire, ajoutant qu'une aventure simple comme celle-ci lui ferait du bien. Cela laissa la jeune ynorienne perplexe, une fois de plus. Elle reporta pourtant bien vite son attention sur le bébé qui avait trouvé très amusant de tirer sur une mèche qui était passée à sa portée. Tenant à sa masse capillaire, la jeune femme lui donna plutôt un doigt que l'enfant prit et suçota avec ravissement.

- Soit, si vous voulez, vous pouvez venir, un peu d'aide ne sera pas de trop, nous ne savons pas vraiment dans quoi nous nous embarquons. Par contre...Je ne suis pas une nourrice, ne comptez pas sur moi pour m'en occuper. Enfin, je peux bien le nourrir j'imagine.

Sirat ne sembla pas gêné à ce sujet, persuadé qu'il était que les habitants d'ici s'en occuperaient à sa demande. La jeune femme était peu convaincue et commença à nourrir le nourrisson qui sembla apprécier la mélasse. L'Humoran s'interrogea sur leur destination et, toute occupée à nourrir avec précaution le petit être dans ses bras, elle ne prit pas la peine de faire attention à ses mots.

- Plus ou moins. Une passe où elle aurait été aperçue pour la dernière fois. C'est maigre, mais j'ai bon espoir de trouver un indice sur place.

Comme elle le soulignait, c'était maigre et Sirat fut parfaitement d'accord avec cela. Malgré tout, elle ne comptait pas abandonner. L'humoran semblait particulièrement à l'aise avec l'idée de fouiner un peu au hasard dans une région dangereuse. L'idée qu'il soit un de ces aventuriers, vivant sur les routes, d'aventures et de quêtes, la fit sourire, elle qui lisait avec avidité les récits de ceux qui se vantaient de parcourir le monde.

- Vous semblez avoir l'habitude. Vous partez souvent à l'inconnu ?

- C'est l'essence même de ma nature, je me laisse guider par le flux du monde, par Zewen

- Je peux comprendre de s'en remettre à une puissance divine, bien que les laisser dicter ma vie ne me tente pas. C'est par ce biais que vous êtes arrivé ici ?

-Ce n'est pas une question d'ordre, nous ne sommes rien, à peine un grain de poussière dans un univers qui se meut continuellement. Nous appartenons à cet espace, il serait étonnant de vouloir en sortir. L'univers a une histoire, nous ne pouvons que faire qu'un avec lui...

Il disait cela en passant sa main au-dessus des flammes et Hatsu le regarda avec un visage aussi neutre que possible, pas bien certaine de savoir quoi répondre à cela. Peut-être qu'il le sentit, peut-être s'en rendit-il lui-même compte, mais il s'excusa et invoqua la fatigue. Elle sourit et proposa de prendre le premier tour de garde et Kraska le deuxième, ce qui lui laisserait le temps de se reposer. Soulagée, elle put enfin rendre l'enfant à Sirat. Elle n'était guère à l'aise avec et, même si le bambin était adorable, elle était loin de posséder un quelconque instinct maternel. Elle leur souhaita une bonne nuit, tapota l'épaule de Kraska en lui disant qu'elle le réveillerait et alla se poster à la sortie de l'habitation en ruine, emmitouflée dans son manteau et sa couverture. Elle allait prendre le temps de penser, cette nuit.
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Hatsu Ôkami
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Hatsu Ôkami » dim. 26 avr. 2020 23:39

De lentes volutes de vapeur s'échappaient à intervalles réguliers de la bouche de la jeune femme assise devant l'habitation en ruine qui leur servait d'abri pour la nuit. Une fois de plus, elle avait rencontré un étonnant personnage. Elle ne savait toujours pas si elle devait faire totalement confiance à ce Sirat. Il semblait enclin à l'aider, mais invoquer la volonté divine pour justifier un choix ou une action lui paraissait bien trop facile. Elle se savait vulnérable dans cette région du monde et avait accepté,mais elle le surveillerait jusqu'à être certaine qu'il n'était pas un danger pour elle.

(Chasseur fort. Prudence.)


(Je sais. Il y a quelque chose qui émane de lui. Il semble cacher quelque chose également. J'ai un étrange sentiment à son sujet.)

(Sens affûtés. Presque autant que Loup)

(Une chance que je n'ai pas l'odorat d'un loup, je n'aurai pas survécu avec un Garzok à mes côtés.)

Loup ricana à sa remarque, laissant là la jeune femme qui observait la voûte céleste. Elle se demandait comment les choses évoluaient en Luminion. Elle espérait que Thorkins et Kendrans s'entendaient pour bouter Oaxaca hors des montagnes, puis que les peuples libres s'allieraient pour la vaincre une bonne fois pour toute. Elle-même savait cela peu probable, mais les récents événements pouvaient aller dans ce sens, avec un peu de chance. Elle n'était pas utopiste, mais si elle parvenait à faire équipe avec un Garzok, les humains pouvaient bien s'allier aux Thorkins, non ?

Son esprit vogua jusqu'à sa famille. Elle se demanda ce qu'il advenait d'eux. Elle espérait que Talabre les laisse en paix, que son jumeau ne lui en voulait pas, que ses parents étaient en bonne santé. Puis elle dériva sur Volh. Elle avait pensé à lui pendant la bataille. Un instant, alors qu'elle avait cru mourir, son visage était apparu dans son esprit, et avec lui les regrets de l'avoir ainsi laissé derrière. Elle se sentait coupable de cela. Peut-être qu'elle aurait pu faire autrement, mais elle avait craint pour les siens, s'était précipitée et elle craignait de ne plus le revoir. Elle soupira, se remémorant les doux moments passés avec lui. Elle aurait aimé le sentir près d'elle, l'avoir à ses côtés. Elle rentrerait à Oranan après cela, et elle priait Rana qu'il n'ait pas disparu comme il savait si bien le faire. L'avait-il cherché au moins ? N'avait-elle pas été trop hâtive ? Son cœur se serra à cette idée. Serait-il possible qu'elle...

- Tu devais me réveiller il me semble.

Elle sursauta, tournant la tête vers Kraska qui était adossé au mur derrière elle. Sa main frotta son front, gênée. Elle se sentait un peu idiote. Supposée monter la garde et surprise comme une amateure.

- Désolée, je réfléchissais.

- Un défaut commun chez les Humains. Toujours à penser à trop de choses au lieu de vivre le moment présent.

Il s'installa à côté d'elle, humant l'air frais avec force.

- Tu peux encore rester ici, tu n'es pas...

- Tu ne comprends pas, décidément. Je viens avec toi.

- Tu es blessé !

- Et tu es faible. Chacun son handicap.

- Fais ce que tu veux...

- J'y compte bien.


Elle soupira avant de se lever, quelque peu vexée par les paroles du Garzok. Elle se savait bien moins adroite ou forte que beaucoup, mais elle n'aimait pas pour autant qu'on lui jette ce genre de choses à la figure.

- Tu réveilleras Sirat.

- Je sais. Il semble intrigué. Par toi.

- Grand bien lui fasse.

Elle rentra dans la ruine, l'entendant grommeler quelque chose dans sa langue gutturale. Loin de s'en formaliser, elle prépara son couchage, disposant ses affaires avant de s'enrouler dans sa couverture, une flèche à portée de main, au cas où. Elle jeta un œil à la silhouette endormie de l'humoran, le bambin reposant non loin, emmitouflé dans le bouclier de son protecteur. Cela lui tira un sourire avant de s'endormir.

Aux premières lueurs de l'aube, un fin rayon de soleil vint caresser les paupières inertes qui tressautèrent avant de s'ouvrir sous la poussé d'une imposante main. Gênés, les iris se détournèrent de la lueur trop vive pour un simple réveil matinal. Hatsu se frotta les yeux, s'étira en étouffant un bâillement. Ses yeux balayèrent la pièce et elle se remémora la veille au soir avec précision. Kraska dormait dans un coin, adossé plus qu'allongé, et le poupon restait endormi, son petit torse se soulevant au rythme de sa respiration. Puis son regard se posa sur l'Humoran, qu'elle put finalement observer dans une lumière moins inquiétante que celle des flammes d'un foyer de fortune.

De dos, elle pouvait seulement deviner sa musculature, ses bras terminés par des mains aux griffes tranchantes. Un curieux tatouage – ou bien était-ce un sceau- reposait sur un de ses avant-bras, mais elle n'en connaissait pas la signification ou la provenance. Il possédait un pelage cendré, terne qui ne laissait que peu de place à une couleur ternie que l'on devinait avoir été bien plus vive dans sa jeunesse. Car il n'était plus si jeune, elle le devina aisément lorsqu'il se retourna. Des rides creusaient son visage couturé de cicatrices. Un regard d'un noir profond amputé de moitié, visiblement échauffé à en juger la cicatrice qui le barrait. Elle le percevait. C'était un combattant. Probablement l'était-il toujours d'ailleurs, à en juger par son attirail martial d'une qualité plus que correcte. Elle se sentit soulagée de ne pas avoir eu à l'affronter. Nul doute que l'issue n'aurait pas été autant en sa faveur qu'elle l'avait cru en l'abordant.

Rapidement, elle et Kraska guidèrent Sirat entre les murs effondrés, les rues éventrées et les restes abandonnés de l'ancienne cité. Kraska ouvrit la marche, pénétrant dans le repère de ceux vivant ici. Ils atteignirent sans encombre ou rencontres l'antre du vieux sage. Celui-ci était accompagné du Kendran, qui devait tenir une conversation avec lui car ils se turent et se tournèrent vers eux. Si leur présence ne l'alarma pas, son attitude changea aussitôt en apercevant Sirat. Il empoigna sa lance et la pointa vers lui.

- Ne bougez plus ! Vous avez ramené un sbire d'Oaxaca !

La jeune fille se crispa et sa main dévia aussitôt vers son carquois alors que son comparse s'emparait rapidement de sa hache. Elle sentait bien que quelque chose clochait, mais elle arrêta son geste lorsque le vieux garzok réagit, s'adressant au Kendran à côté de lui.

- Viktor, les apparences peuvent être trompeuses, mon jeune ami, et le destin n'a pas vocation à choisir un camp. Approchez, Zélote, je suis honoré de vous accueillir.

Le Kendran obéit et Sirat dépassa Hatsu et Kraska. Ce dernier le fixait d'un air méfiant. Hatsu, elle, était partagée. Elle entraîna Kraska légèrement en arrière, pour être hors de portée d'oreille.

- Il a dit quelque chose de particulier ?

- Non ! Je t'ai dit, il a posé une question sur toi, savoir pourquoi je voyageais avec toi. Rien de plus.

Elle n'aimait pas ça. Pas du tout. Le vieux Garzok la scruta un instant et elle cru comprendre qu'ils parlaient d'elle, ce qui ne l'enchanta pas davantage. Ils semblèrent se mettre d'accord et l'humoran lui confia finalement l'enfant avant de les rejoindre. Hatsu le fixa, bras croisés, sur ses gardes.

- Je pense qu'on a des choses à se dire, avant d'aller plus loin. Et je ne pense pas que vous puissiez me refuser cela.
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Re: Les Ruines de la Cité d'Astérök

Message par Sirat » dim. 3 mai 2020 09:18

Hatsu donna à mangé à l'enfant tout en répondant. Le seul indice qu'ils avaient était une passe où l'artefact eut été aperçu. En somme il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent pour l'humoran qui resta perplexe

C'est maigre comme indice... Mais c'est l'essence même de l'aventure, l'inconnue

Il affichait un franc sourire. Il ne serait pas dit que ces broutilles entacherait son optimisme. Il observait depuis les plaines sa vie comme une renaissance intérieur, et même si cette aventures semblait désuète, elle était comme une fontaine de jouvence qui inondait son palpitant. Elle répondit d'un sourire, léger, mais sincère. Son visage s'éclaira légèrement, découvrant un teint juvénile. Elle se demandait s'il avait l'habitude de faire cela, partir à l'aventure. On pouvait lire une certaine admiration, comme une petite fille devant une histoire fantastique.

C'est dans ma nature, je me laisse guider par le flux du monde, par Zewen.

Elle haussa un sourcil. Quand elle entendit le nom de Zewen, mais elle le balaya et se hâta de finir son repas...
Mais très vite elle fit remarquer qu'elle ne pouvait comprendre qu'on s'en remette à une puissance divine. Elle ne voyait pas sa vie ainsi, sans libre-arbitre, sans choix. Elle se demanda si c'était par ce biais qu'il était arrivé jusqu'ici.
Il fallait avouer que "oui" mais il ne comprenait pas l'inverse, le libre-arbitre n'était qu'une fiction qu'on se racontait pour que l'histoire de nos vies soit moins lourde à porter.
Un regard impénétrable, il fixa le brasier.
Il se rapprocha du feu, en s'accroupissant. Il contempla les flammes.

Ce n'est pas une question d'ordre, nous ne sommes rien, à peine un grain de poussière dans un univers qui se meut continuellement.

Il passa sa main autour des flammes. Jouant avec, celle-ci lui répondant en virevoltant entre ses doigts et s'évanouissant dans la pénombre de la nuit.

Nous appartenons à cet espace, il serait étonnant de vouloir en sortir. L'univers à une histoire, nous ne pouvons que faire qu'un avec lui...

Se rendant compte du côté abscons de ses paroles, il releva la tête vers la jeune femme.

- je m'égare la fatigue et le froid sûrement.

Hatsu resta dubitative. Tandis qu'elle donnait à manger à l'enfant. Elle semblait partagée entre une fascination et une gêne. La jeune femme ne semblait pas se projeter dans un avenir fait de lange et couche et encore moins dans les paroles occulte de l'humoran.
Elle rendit le poupon promptement à Sirat qui l'attrapa. Il commençait à s'y faire finalement. Ces quelques jours, à barouder avec elle, l'avait rapproché du petit être. Mais il ne voulait pas s'attacher.
La jeune archère proposa des tours de garde et se proposa pour le premier. Sirat acquiesça sans rien dire, alors qu'il enveloppait dans sa cape de l'unique la petite qui s'était endormie. Il était encore perdu dans ses pensées ou la petite l'attendrissait peut-être, car il prenait grand soin de bien la recouvrir.
Il utilisa son bouclier en guise de berceau. Il prit la peine de l'isoler du sol avec quelques pierres. Elle devait être au chaud, mais pouvoir respirer.
Près du feu, emmitoufler dans sa cape, la petite pouvait dormir en sûreté.
Il se redressa, découvrant dans la pénombre le plastron des harpies qu'il portait.
Hatsu était déjà partie monter la garde. Elle s'était hissé sur le monticule de pierre qui jadis avait été un mur et aujourd'hui une porte entre ouverte sur la nature glaciale des montagnes. Elle s'était emmitouflée dans sa couverture et son manteau pour affronter le froid. Kraska se préparait à dormir essayant de se nicher dans un léger dénivelé dans le sol.
Sirat s'en approcha, s'adossant sur le mur.

- comment tu t'es blessé et comment tu t'es retrouvé avec elle loin de ton clan?

Kraska, jeta un regard vers elle avant de revenir vers Sirat.

Mon clan a été depuis longtemps décimé par la Déesse et ses larbins, j'en suis le seul survivant. Elle m'a sauvé la vie, deux fois, contre ceux de mon peuple et contre cette Mantis qui m'aurait tuée sans ses soins. Je lui dois la vie et je la repayerai avec la mienne. Même pour une humaine, elle est étrange, et j'aimerais savoir s'il y a plus qu'elle ne veut bien le dire. Et toi ? As-tu décidé de ça sur un coup de tête. Tu ne sais pas dans quoi, tu t'embarques.

Il se reposa dans une petite alcôve que le mur offrait, à cause de sa vétusté. Il scruta la silhouette de la jeune archère se découper dans la nuit.

Je prends souvent mes décisions sur un coup de tête, mais je prends note de tes mises en garde, merci.

Cerné par la fatigue, il finit par fermer les yeux sur l'image de cette étrange Hatsu si intrépide et s'endormit.
C'est le garzok qui le réveilla pour son tour. Il se redressa, jeta un coup d'œil sur le couffin improvisé pour voir que tout allait bien. Ces traits étaient encore tirés, mais il passa sa main sur son visage et se redressa pour prendre son tour de garde.
La température était terriblement descendue et du gèle s'était déposé sur le sol de la cahute.
Hatsu dormait en boule, recroqueviller dans un coin, emmitouflée dans sa couverture, son sac en guise d'oreiller et une flèche à portée de main. Il observa son visage, les joues rougies par le froid, paisible.

Il alla a l'entré et posa sa carcasse sur le monticule de pierre qui gerbait à l'extérieur. La nuit était encore présente, mais dans le ciel des lignes plus claires apparaissaient peignant la voûte céleste dans une aquarelle céruléenne.
Il se prit à rêvasser sur cette estampe naturelle, contemplant la beauté sans artifice de Yuimen.
À la première lueur du levant, il plissa les yeux. L'humoran s'étira en se redressant. Il alla vers la jeune femme, un brin de soleil caressait son visage. Il posa sa main sur son épaule pour la réveiller et alla ensuite s'asseoir prêt des cendres.

Elle l'observa un instant, lui prit l'enfant et ses affaires. Il avait hâte de partir. Toute la troupe finit par être debout et s'en alla de leur refuge.

Il déambulèrent dans les ruines. Des maisons de forme cubique s'amoncelaient de par et d'autre de ce qui avait été une rue principale. Il n'y avait plus qu'un squelette flétrie qui arborait en guise de peau une végétation montagnarde. Sur la pierre, s'était agrippé des racines, d'ou s'élevait des pins sylvestre, des épicéas, des sapins et d'autres plantes. C'était une nouvelle ville de jade et émeraude qui était née sur les décombres de l'ancienne.
Il n'y avait pas vraiment âme qui vive, hormis une faune de rongeurs ou d'oiseaux déranger par cette équipée chamarrée.

Ils arrivèrent devant un édifice qui était mieux entretenu que les autres. Un pan de mur était couvert de pampre vert, à la bonne période, celui-ci devait se couvrir de pourpre et devait ravir son propriétaire.
L'entrée était propre. Ils poussèrent la porte en bois, qui grinça. Sirat restait derrière avec le poupon qui ne bougeait pas. Il observait l''humoran avec ses grands yeux ouverts.

la pièce n'était pas très grande, faite de pierre, des poutrelles en bois sortait du sol pour soutenir les murs. Elles se joignaient dans le plafond en dôme.
Une paillasse remplie de bol de terre cuite, herbe, cataplasme, bouteille de potion et vieux grimoire se trouvait sur la droite. Une odeur de fumée épicée s'en dégageait. Dans le fond près d'une petite cheminée encore allumait se trouvait un vieux garzok voûté sur sa chaise. Une cape faites de fourrure animale usée recouvrait ses épaules.

Il tenait un bâton qui se courbait en haut en forme de crochet, dessus un énorme corbeau s'était niché. Il jaugea les trois étrangers de ses trois yeux et croassa. Juste à côté du vieux sages, un homme semblait avoir été coupé dans sa conversation. Il se tourna vers le trio. C'était un Kendran, on les reconnaissait à leur nez, le teint pâle et des cheveux blonds en boucle d'or qui retombait sur ses épaules. Il devait avoir une trentaine d'années et semblait être plutôt bel homme.

Quand il vit la corneille se retourner, il se redressa en direction de Hatsu et Karsak qu'il reconnut, mais quand il vit la silhouette de Sirat se dessiner derrière eux, il porta aussitôt son regard sur le sceau du dragon noir et sa réaction fut tout de suite agressive. Il attrapa une lance que le zélote n'avait pas remarquée et qui devait être posé contre un mur dans l'ombre. Il la pointa en direction de l'humoran.

"BOUGER PLUS !!"
"Vous avez ramené un homme d'Oaxaca !"

Alors que Sirat allait réagir, le vieillard leva la main, pour calmer le jeune éphèbe.

Viktor, les apparences peuvent être trompeuses, mon jeune ami et le destin n'a pas vocation à choisir un camp. Approchez, Zélote, je suis honoré de vous accueillir.

Le jeune homme se calma et baissa son arme avec vigilance. Sirat passa entre Hatsu et Kraska, imperturbable une lueur froid figé dans le regard.
L'ancien Garzok releva le visage, avec un sourire détendu. Ses yeux d'albâtre fixèrent l'humoran. Manifestement, l'ancien était aveugle. Sirat courba la tête en signe de respect.

Je suis un peu étonné...

Enfin, il y a des choses qui se sentent plus qu'elles ne s'observent.

En effet

l'humoran échangea un coup d'œil mauvais au jeune Kendran qui lui rendit.

Que puis-je faire pour Zewen

Sirat découvrit alors l'enfant et le tendit, la petite gazouilla un peu puis se tue alors que le doyen l'attrapait et le contemplait de ses deux billes laiteuses.

C'est de la folie !!

S'écria le jeune Kendrane, ses cris firent pleurer la petite que l'ancêtre se mit tout de suite a bercer.

Calme toi Viktor

Elle a perdu son père dans les plaines, elle ne doit pas rester avec moi.

Le vieux garzok resta songeur

Je ne peux pas refuser.

Ce n'était pas une option.

Il plongea son regard laiteux sur Hatsu.

Vous allez veiller sur elle.

Oui

La corneille cria en s'agitant et en piétinant sur son perchoir.

Alors j'éduquerais l'enfant.

Merci

Hatsu semblait énervée, le regard sur le zélote et le vieillard. Elle avait les bras croisés, mais ne semblait pas entendre ce qu'il venait de se dire. Sirat était content de l'accord trouvé avec ce vieux magicien. Il regarda une dernière fois, l'enfant et attrapa une lueur aux plus profonds de ses yeux, une étincelle qui le confortait dans son choix. Cet enfant avait une destinée et il avait agi selon les écrits. Il en était persuadé. Il se retourna vers Hatsu qui faisait une moue irrité et Kraska perplexe.
La jeune archère l'attendait, sur ses gardes.
Dés qu'elle put elle l'interpella.

- Je pense qu'on a des choses à se dire, avant d'aller plus loin. Et je ne pense pas que vous puissiez me refuser cela.

Il fronça les sourcils.

Je ne vous ai jamais rien refuser, il faut simplement poser les bonnes questions. Je vous propose de sortir, pour en parler.

Elle hocha la tête et sortit dehors, il lui emboîta le pas. Kraska hésita un instant, mais suivit.

Aussi tôt le pied dehors, elle se retourna en relevant le col de son manteau. Un air sévère sur les lèvres, elle lui demanda s'il était à la solde de la magicienne noire.

Il prit un instant pour bien choisir ses mots.

Je ne suis à la solde de personne. Mais je porte le sceau de son dragon : une vilaine mésaventure dans une île.

Il eut une pensée pour N'kpa et une vague de tristesse s'abattit sur lui. Fugace, il put chasser cette nostalgique rêverie qui l'embarrassait et reprit un masque sérieux

D'autres questions?

Elle l'observa un instant, suspicieuse et peu convaincue par ses dires. Elle voulait en savoir plus, elle ne s'aventurerait pas avec un étranger capable de la trahir.
Visiblement contrarié, il soupira, mais daigna s'expliquer un plus précisément.

Quand vous m'avez vu, la première fois, vous m'avez jugé pour ce que je suis et non ce que j'étais ou représentais.

Il se tourna vers Kraska qui restait spectateur.

On sait tous que malgré notre passé, nos origines, il ne nous ai pas interdit de nous en affranchir et de ne pas être continuellement parqué dans des cases. Comme un Garzok est forcément stupide et sanguinaire, vous comme moi savons que ce n'est pas la vérité

Il reporta son attention sur la jeune femme.

Le choix de ce sceau et de son acceptation est discutable quand on sait que le Dragon en question vous toise...La vraie question qui vous taraude vous et votre petit ami

Son visage se rida contrarié quand elle entendit le terme "petit ami" il le remarqua, mais continua.

J'y ai déjà répondu, je ne suis pas à la solde de la magicienne noire et j'aimerais apprendre moi aussi à vous connaître avant de brûler les étapes et de se faire trop de confidence. Je suppose que vous aussi vous avez de secret...

Il s'étira, comme pour ponctuer sa phrase et signifier qu'il en avait terminé.
Elle acquiesça à sa tirade, bien qu'elle exprima la peur de se faire doubler elle semblait plus calme. Pour répondre à sa réclame elle lui demanda ce qu'il voulait savoir.

Je ne vous doublerais pas, vous avez ma parole.

Il esquissa un sourire avec douceur

J'aime les femmes mystérieuses, nous apprendront à nous connaître sur la route.

Cette fois, ses sourcils se haussèrent exagérément, elle demanda à Kraska s'il avait une remarque. Le garzok qui n'avait pas parlé, une un bref sourire.

Une seule. J'ai quand même meilleur goût que m'enticher d'une humaine de son genre.

La jeune archère ne trouva pas cela forcément drôle et ils prirent le chemin qui s'engouffrait dans la montagne.
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