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par Faëlis » mar. 31 mars 2020 20:59
Le voyage reprit le lendemain. Inlassablement, ils avançaient, cherchaient un chemin, contournaient des ravines... Avec le retour d'Aliéna, cependant, Faëlis pouvait pleinement se concentrer sur le soutien des gamins, car elle pouvait explorer facilement les alentours pendant ce temps, ainsi qu'en profiter pour repérer de la nourriture. Il ne lui demanda jamais pourquoi elle était revenue. Il sentait que ce n'était pas une question à poser, et de toute façon, l'essentiel était qu'elle soit là.
Malgré cela, ils se trouvèrent bientôt perdus entre les falaises des contreforts des montagnes de Gamerian. Le sentier était étroit et certains passages demandaient de progresser avec prudence. Pour ne rien arranger, le lendemain matin, le brouillard s'était levé. La température avait chuté dans la nuit et plusieurs enfants semblaient commencer à tomber malade. Étonnamment, Aliéna alla s'occuper d'eux spontanément, mais elle ne tarda pas à se glisser près de Faëlis pour lui avouer son impuissance :
« Je n'arrive pas à retrouver où on est. Il n'y a peut-être même pas de sortie à cette fichue passe ! Mais pour en être sûr, il faudrait que je parte pour un voyage de plusieurs jours et... je suis fatiguée. »
« Je comprends. Ne t'inquiète pas, on va trouver quelque chose. »
Même à ses oreilles, ses paroles sonnaient fausses. Ils avançaient à l'aveugle, et à la grâce des dieux... Bientôt, ils débouchèrent sur des collines boisées, si denses qu'ils se trouvèrent bientôt à devoir contourner la masse impénétrable des arbres. Ils ne s'éloignèrent pas, cependant, car il y avait beaucoup de ronces au bord de cette forêt, avec des quantités abondantes de mures. Faëlis dut insister à plusieurs reprises pour ne pas trop en manger car les enfants se précipitaient dessus ! Mais ces fruits, en grandes quantité, pouvaient rendre malades...
Puis, Aliéna remarqua quelque chose :
« Là-bas ! Un cerf ! Il est rentré dans la forêt ! »
Non seulement l'animal pouvait faire un gibier idéal qui les nourrirait pendant plusieurs jours, mais en plus il indiquait une trouée qui allait peut-être leur permettre de couper à travers cette fichue forêt ! Cela dit, en voyant la petite ouverture dans le couvert végétal, l'elfe fut impressionné : l'animal avait dû avoir grande peine à passer ! Et eux-même n'auraient jamais vu ce passage sans lui !
L'elfe s'y engagea d'abord seul, pour s'assurer que le chemin restait praticable assez loin. Comme c'était le cas, il demanda au groupe de s'engager à sa suite. Commença alors une marche de plusieurs heures dans une quasi-obscurité. Certains enfants commençaient à avoir peur, mais Zarvik, le garzok, était au contraire plus que jamais dans son élément.
« Elle est pas normale c'te forêt... » marmonna-t-il une fois.
Au début, Faëlis ne comprit pas ce qu'il voulait dire : elle avait l'air au contraire tout ce qu'il y a de plus normale ! Puis, il se rappela que l'Anorfain, qui l'avait vu grandir, était une forêt enchantée... et il comprit. Les arbres, ici, évoquaient ceux de l'Anorfain. Soudain, il ne savait pas s'il devait s'en réjouir.
Après une nuit difficile, car il n'y avait que peu d'espace pour établir un camp, ils continuèrent leur route, jusqu'à arriver à une zone brumeuse. Y avait-il donc un lac, par ici ? Tout le monde commençait à avoir vraiment peur, et Aliéna elle-même lui demanda s'il ne serait pas plus prudent de faire demi-tour. Ils n'avaient pas retrouvé le cerf, ils étaient toujours affamés et ils savaient de moins en moins où ils étaient. Mais le regard perçant de l'elfe pouvait guider le groupe. Cette semblait curieusement moins le gêner que les autres.
Puis, avec une soudaineté surnaturelle, le brouillard s'écarta pour dévoiler un spectacle merveilleux : devant eux, une forêt dont les feuilles semblaient presque d'or. Les troncs étaient blancs, et le cerf se tenait là, bien droit, regardant droit vers eux comme un guide satisfait et un brin moqueur. Puis, il se détourna et disparut.
« Tu as déjà vu un endroit comme ça ? » demanda Aliéna.
« Non... mais il ne nous reste plus qu'à avancer vers l'inconnu, en espérant qu'il nous réserve une bonne surprise... »
Et sur ce point, pour la première fois et sans qu'il puisse se l'expliquer, il était confiant. Ils marchèrent encore jusqu'au soir, avant d'arriver dans une petite clairière où se trouvait une maison en pierre. Devant, un homme vêtu de vert les attendait, mains jointes. Faëlis cligna des yeux, cherchant à comprendre s'il regardait un elfe ou un humain, ni quel âge pouvait avoir cette personne. Il était incapable de le dire. Il était vieux, cela ne faisait aucun doute, mais il se tenait droit. Ses traits étaient fins et gracieux comme ceux d'un elfe, mais en grande partis engloutis dans une barbe grise. Même sa couleur de peau était indéfinissable, hésitant entre la chaire, la terre et les jeunes feuilles vertes... Il hésita, ne sachant que dire. Puis, lorsqu'il eut trouvé, il ouvrit la bouche, mais l'homme avait déjà pris la parole, d'une voix rocailleuse :
« Bienvenus, mes amis. Bienvenus à l'Ermitage. »