Les Collines aux Cyclopes

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Yuimen
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Les Collines aux Cyclopes

Message par Yuimen » jeu. 10 oct. 2019 13:51

Les collines aux Cyclopes

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Bien modestes comparées au puissant massif des Jumeaux qui les domine de toute son écrasante masse, les collines aux Cyclopes forment tout de même une petite chaîne de montagnes de bonne taille, avoisinant les deux mille mètres d'altitude en leurs parties les plus élevées. Elles tirent leur nom d'une vieille histoire à moitié oubliée évoquant un légendaire combat entre une tribu de Cyclopes et les premiers colons Kendrans. Peu fréquentées à l'heure actuelles, ces collines furent jadis passablement exploitées, notamment pour en extraire les pierres ayant servi à la construction des forts de la région mais aussi pour le bois de la forêt qui les couvrait jadis, disparue du fait de l'exploitation intensive qui en fut faite.

Grottes et torrents, petits lacs de montagne et modestes bois sont fréquents dans ces régions reculées que ne parcourent plus guère que quelques chasseurs audacieux. Certains prétendent qu'il resterait quelques Cyclopes dans la partie la plus au nord, sans doute n'est-ce là que racontars de pochtron mais qui sait? Outres ces hypothétiques survivants, on trouve toute la faune sauvage habituelle des montagnes, de l'aimable marmotte au redoutable Woger en passant par les Gakhaïs et autres Sektegs cornus.


Lieux particuliers au sein des collines aux Cyclopes:
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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » sam. 11 janv. 2020 20:48

Guidé par son grigri, Faëlis obliqua bientôt vers le nord. Il traversa la cille de Gamerian, cité montagnarde sur le pied de guerre, car on disait que des batailles avaient éclaté non loin contre les forces d'Oaxaca. Il n'y fit qu'une brève halte, se renseignant au passage sur les enfants disparus. Tout ce qu'il apprit, c'est que d'autres enlèvements semblaient avoir eu lieu par ici. Puis, il reprit son chemin. Le trajet s'éternisait... Pourvu qu'elle soit proche ! En même temps, plus il avançait, plus il redoutait ce qu'il allait trouver...

En discutant à Gamerian, il avait appris le nom de cette région. Les contreforts s'appelaient les collines aux cyclopes, de par une ancienne légende racontant l'affrontement de kendran avec une tribu de ces créatures mythiques. Hé bien il espérait au moins que ces choses étaient retournées dans leurs mythes, car il n'avait pas hâte d'affronter des géants à un œil !

Pour l'heure, il n'avait rien d'autre à faire que parcourir la campagne, où les routes étaient rares. En se focalisant sur l'amulette, il remarqua d'infimes variations de directions. Des variations presque visibles à l’œil nu. Il n'y avait qu'une seule explication : il approchait ! Il hâta le pas, manquant plusieurs fois de trébucher tant il était concentré sur son guide. Oui, pas à dire, il ne devait plus être très loin. L'amulette... elle tourna avec une soudaineté qui le pris par surprise ! Il regarda autour de lui. Il n'y avait rien d'autre que rochers et buissons. Il devait y avoir une erreur ! Qu'est-ce que ça pouvait bien signifier ?

Il se mit à tourner en rond. L'amulette le ramenant encore et toujours vers une prairie totalement vide, jusqu'à finir par retomber mollement. Ça devenait franchement inquiétant ! Est-ce qu'il avait fait tout ce trajet pour rien ? Est-ce que cet objet n'avait été qu'un attrape-nigaud depuis le début ? Non, non, non ! Il donna un furieux coup de pied au sol. Il fallait réfléchir ! Il y avait sûrement...

… le sol ? Oui, bien sûr ! Elle pointait vers le sol, quel idiot il faisait ! Aliéna était sous terre ! Mais comment creuser un sol aussi rocheux ? Non, absurde, il fallait qu'il fouille les alentours. Ce qu'il fit jusqu'au soir... avant de découvrir enfin, à quelques centaines de mètres, les restes d'une ancienne carrière. Et dans le creux taillé en amphithéâtre, il remarqua une ouverture. Une caverne artificielle ! La roche exploitable devait être enfoncée dessous terre, de sorte que les ouvriers avaient taillé un réseau de galeries pour continuer à les exploiter. Et Aliéna devait être dans ces galeries ! Il attacha son cheval à un vieux poteau, et se dirigea vers l'entrée.

Il s'y engagea résolument, faisant doucement rayonner son Muutos pour voir dans le noir. Dehors, le soleil était couché, s'enfoncer loin sous terre n'était peut-être pas une bonne idée, mais il avait trop hâte de retrouver la jeune femme. Les couloirs étaient lisses et droits, ce qui était sans doute normal pour une excavation de carrière. Sur les murs, il voyait les traces des découpes et des blocs retirés. Au moins, le chemin n'était pas trop piégeant, si on exceptait les virages parfois brusques...

L'amulette ne lui était d'aucun secours ici, elle tournait en tout sens, mais il n'y avait pas de chemin direct. Il devait s'enfoncer dans ce labyrinthe. Mais bientôt, il eut la sinistre confirmation de ce qu'il craignait : des traces, un ancien feu et quelques ustensiles... des gens étaient passés ici récemment. Sans doute les ravisseurs d'Aliéna ! Mais qu'étaient-ils venus faire ici ? Hum... question stupide, sans doute : un abri isolé, abandonné et perdu sous les collines... un endroit parfait pour se cacher ! S'il n'avait pas eu l'amulette, l'elfe aurait pu chercher toute sa vie à travers Nirtim sans jamais soupçonner cet endroit...

Soudain, il déboucha dans une salle faiblement éclairée. Un puits d'aération était ouvert au sommet, permettant à un rai de lumière de tomber sur l'eau qui recouvrait le sol. Pas plus d'une dizaine de centimètres de profondeur, semblait-il... Il préféra néanmoins ne pas s'approcher du centre. Il fit donc le grand tour, remarquant un couloir de l'autre côté. Mais alors, un glissement sinistre se fit entendre.

Une forme imposante se déroula au centre de la salle. Une créature comme il n'en avait jamais vu, pas même dans les livres. Un corps de serpent, mais deux bras et une tête de saurien, d'étranges voilures bleutées, plus de deux mètres de haut... un vrai monstre !
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La créature siffla avec fureur. Elle l'avait repéré ! Le sol était plus irrégulier, ici, et des mouvements latéraux secs et violents montrèrent que la créature, bien que rampante, était agile et surtout très rapide ! Pas une hésitation : il saisit son arc et tira une flèche qui érafla une des peaux membraneuses du monstre qui cracha avec fureur. Il encocha une deuxième flèche alors que son adversaire se dressait de toute sa hauteur et poussait une série de crachotement, comme... un genre de langage ?

Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions : une masse s'abattit sur lui. Un énorme serpent ! Impossible ! Il n'existait pas de créatures semblables hors des jungles d'Imiftil ! Il voulut saisir son sabre mais, déjà, la créature s'enroulait et l'enserrait. Il mobilisa toute sa force, qui avait triomphé de tant d'obstacles... mais le serpent constrictor dépassait de loin les capacités d'un simple elfe. Il entendit des voix au loin qui disaient des choses mais, déjà, l'ombre tombait sur son esprit. C'était tellement stupide... de finir comme ça...

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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » sam. 18 janv. 2020 21:59

Les ombres se dissipèrent pour laisser place à d'autres ombres. Où était-il ? Il était allongé, bras au-dessus de la tête et jambes légèrement écartées. Que se... Il n'arrivait pas à bouger ! Il y avait un peu de lumière, il le voyait, maintenant. Une simple petite bougie. Et des chaînes. Il était enchaîné sur une table inclinée à 45 degrés. Autour, il ne voyait rien. Il entendait vaguement des bruits d'eau qui tombait, en revanche. Et il sentait une pression sur sa poitrine qui devait être celle de bandages. Il ne savait pas si c'était vraiment rassurant...

Le temps passa, long et de moins en moins douloureux. L'étreinte du serpent l'avait blessé, mais rien d'irréparable, surtout qu'il avait manifestement été correctement soigné. Malgré cela, il se doutait qu'il n'était pas en bonne posture... et Aliéna ? Bon, il ne la voyait pas, mais normalement, il était prisonnier du même endroit qu'elle, c'était déjà ça.

La porte s'ouvrit et quelqu'un entra derrière lui, avec une lumière bien plus vive dans les mains. Faëlis tenta de se tordre pour le voir, sans y parvenir dans un premier temps. Une silhouette déposa une lampe sur une table et l'elfe sentit son sang se glacer en voyant tout un assortiment d'instruments de torture déposés dessus. Puis, l'homme se retourna et il reçut un second choc.

C'était un elfe ! Et un elfe au visage étrangement familier... Ses cheveux étaient presque blancs, ses vêtements trop riches pour un bandit, et son visage ressemblait beaucoup à celui que voyait Faëlis dans un miroir ! Vêtu de noir et d'or, avec des gants de velours blancs, il marchait avec une grâce tout aussi familière : la démarche féline des Nyris.
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Comme il le regardait sans rien dire, Faëlis prit la parole :

« Tu as comme un air de famille, n'est-ce pas ? »

« Dès la première phrase, tu ne me déçois pas. »

Il s'approcha doucement.

« Faëlis Nyris'Kassilian... Cela faisait longtemps que je rêvais de te rencontrer, mais j'avoue avoir été un peu pris de court. »

« Vous avez enlevé mon amie ! À quoi vous attendiez-vous ? Et qui es-tu, exactement ? »

« Aegnor Kassilian, est mon nom. »

Logique... si sa démarche était Nyris, ses cheveux d'argent portaient la marque des Kassilian. Cela dit, les deux familles s'étaient si souvent mélangées...

« Quant à ton... amie, poursuivit-il. Tu ne nous as guère laissé le choix. »

Il n'était plus qu'à vingt centimètres. Son visage était d'une élégante perfection, et ses doigts vinrent caresser le torse du prisonnier. Faëlis frémit, autant de peur, que de la naissance d'un désir. Il avait oublié comme sa famille était riche en spécimens remarquables !

« Et pourquoi donc ? » Souffla-t-il.

« Allons, tu connais bien le but de notre famille, non ? La raison même pour laquelle tu existes. Il en est qui disent même que tu es l'aboutissement de tout cela... »

« Le parangon des elfes... une sélection qui se fait depuis des générations dans chacune des deux familles... »

« Oui. Chaque famille cherche les spécimens les plus beaux, les plus forts, avec la meilleure santé... pour s'accoupler. Ainsi, naissent deux lignées. Lorsqu'elles atteignent le maximum de leurs possibilités et avant que les risques de consanguinité ne se fassent sentir, ils s'hybrident pour donner naissance à un Nyris'Kassilian, quintessence de deux lignées. Hum... je vais être honnête avec toi. Je me préparais à me moquer du piètre parangon que tu faisais, mais force est de reconnaître que tu es vraiment... »

Il ne trouva pas de mots. Normal, Faëlis lui-même manquait de mots pour décrire sa propre beauté. Mais en cet instant, il en venait presque à l'oublier : ce Aegnor occupait tout son champ de vision, sa voix mélodieuse emplissait ses oreilles et ses doigts qui caressaient presque distraitement son torse provoquaient une tension brûlante, même à travers les bandages. Il n'avait pas oublié la débauche parfois sordide à laquelle pouvait s'adonner sa famille, et cela faisait partie des choses qu'il avait fuie... mais maintenant, ces ombres anciennes se rappelaient à lui avec une effrayante netteté, comme s'il les avait quitté hier. Il tenta de s'en extraire :

« Et quel est le rapport avec Aliéna ? »

Avec un mouvement de violence qui lui coupa le souffle, Aegnor appuya sur les bandages, et une vive douleur témoigna de la présence d'une côte fêlée à cet endroit.

« Tu es censé améliorer la race hinïon, abruti ! Pas dilapider des millénaires de sélection soigneuse dans de vulgaires humaines ! Les semi-elfes sont d'ordinaire de pathétiques accidents, heureusement sans conséquence, mais avec toi... quelle hérésie ce serait ! »

Faëlis serrait les dents pour faire refluer la douleur. Mais le pire était bien là : cette douleur ne faisait en rien refluer le désir qui pointait en lui pour ce... monstre. En fait, c'était même plutôt le contraire... Il tenta d'ironiser :

« Et avec toi, ça ne donnerait rien... du coup, j'en déduis une certaine jalousie ? »

Aegnor serra les dents. La colère hautaine habillait son visage de nuances toutes plus charmantes et plus sinistres les unes que les autres. Mais il se calma bien vite :

« J'avoue qu'au moins, tu as eu la décence de choisir une humaine de qualité... mais cela reste une humaine. Mais je pourrais effectivement m'amuser avec elle, si tu persistes à te montrer insolent. Ce sera juste une autre forme de jeu... »

Hors de question ! Il n'était pas sûr que même Aliéna soit préparée à la perversité qui couvait dans la famille, d'autant que ce salaud avait l'air d'être un de ses représentants les plus déments ! Il valait mieux changer de sujet.

« C'est toi qui as envoyé des assassins sur ma route, en Ynorie ? »

« Moi ? Oh non ! Derrière chaque serpent comme celui qui t'a maîtrisé, il y a un roi saurien comme celui que tu as vu dans la grotte... Je ne suis que l'héritier de la lignée du Serpent, tout comme tu es celui de la lignée de la Rose. C'est mon père, qui voulait te récupérer. Tu auras peut-être noté, d'ailleurs, que les flèches n'utilisaient qu'un poison somnifère. »

« Et qui est ton père ? »

Aegnor sourit alors que sa main redoutable recommençait à dessiner des arabesques sur le ventre de son prisonnier :

« Ma fois... le même que le tient. »

Cette fois-ci, Faëlis en eut la tête qui tournait. Non ! Trop, c'était trop ! Il fallait que ça s'arrête ! Son père était un monstre dévoyé, mais... pas à ce point ! Et sa mère dans tout ça ? N'avait-elle rien remarquée ? Cette folie devait cesser ! Tant de morts et de souffrances... juste pour créer un joli elfe ? Est-ce que tous ces gens avaient perdu la raison ?

La main de velours alla se perdre autour de la boucle de sa ceinture, et Faëlis laissa échapper un gémissement dont il était incapable de déterminer si c'était le désir malsain ou le désespoir. Il voulait croire à la deuxième réponse. Il voulait croire que, même s'il était le produit de la même sélection que cet être sublime et ignoble, il était différent ! Il voulait croire...

« Allons, oublions cela... Faëlis Nyris'Kassilian... tu es indéniablement un amant digne de moi, et je vois que tu n'as pas perdu tout le désir et la passion qui sont l'essence même de nos familles. Dis-moi ce que tu veux que je te fasse... »

« Je veux... »

« Oui ?... »

« Tes mains... »

« Oui ? »

Faëlis desserra les dents. Ses yeux se mirent à briller de larmes alors qu'il se relâchait :

« Tu as raison... »

« Oui ! »

« Ces années de sélections, elles ont créé quelque chose de plus grand, de plus beau... si terriblement beau... que vous en avez perdu la raison ! Je veux que tu écartes tes mains de moi ! Tu es ce que je refuse d'être : le produit d'une sélection artificielle au nom d'un idéal absurde. Créer l'elfe parfait ? Le dernier gratte-papier de Cuilnen est plus parfait que toi car lui, au moins, il est authentique ! Il n'est pas une caricature d'elfe archétypal née d'un esprit malade ! C'est là le seul résultat de votre quête du corps parfait : vous n'êtes même plus des elfes, juste des monstres rayonnants de beauté mais à l'âme pourrie d'obsessions malsaines. Aliéna est réelle. Tu n'es qu'un homme de papier. »

Le coup qui suivit lui coupa le souffle, et il crut un instant qu'il allait s'évanouir. Au milieu d'un brouillard rouge de douleur, il entendit le hurlement bestial d'Aegnor :

« Hé bien soit ! Puisque tu préfères les humains, je vais t'en envoyer quelques-uns ! Et tu imploreras mon pardon, après cela ! Quant à ta misérable Aliéna, je te ferais savoir combien d'os intacts il lui restera quand j'en aurais fini avec elle ! »

Et il partit, laissant un elfe sanglotant de douleur et de désespoir, prisonnier de corps mais libre d'esprit.

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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » dim. 26 janv. 2020 16:01

Alors qu'il était seul dans le noir, Faëlis avait de plus en plus l'impression de s'enfoncer dans les abysses de l'océan le plus sombre. Tant de choses avaient été révélées, uniquement pour dévoiler à quel point le monde n'était que mensonge et tromperie. Oh, bien sûr, il savait que le mensonge était un outil redoutable, et lui-même n'hésitait pas à y recourir pour la bonne cause... mais le jeu auquel se livrait sa famille, sa mère et, il le découvrait maintenant, son père, dépassait les simples intrigues de cour. Des gens souffraient et mouraient alors qu'ils n'avaient jamais rien eu à voir avec cette histoire. Et lui-même voyait son destin tordu. Quoi qu'il arrive, il ne pourrait jamais ignorer et oublier qu'il était le fruit d'une absurde quête de perfection. Un être qui n'existait pas en lui-même, mais comme le fruit d'une volonté passée, d'un objectif dépassé, d'une ambition délavée par des siècles d'obsession. La pureté ! Il avait longtemps cherché comment l'atteindre. Le bonheur ? L'honneur ? L'aide de son prochain ? Insidieusement, il avait été invité à penser comme ceux qui l'avaient conçu, patiemment, de génération en génération, à savoir par la simple beauté physique. Une pureté de race qui élevait la subjectivité au rang de science...

Aliéna avait payé pour avoir été mêlé à tout cela. Soudain pris d'un accès de haine aussi tordu que celui de ce « Serpent » qui manipulait sa vie, il se dit qu'il devrait bien avoir un enfant avec elle, juste pour infliger à ces monstres la vue de l'aberration qu'ils redoutaient tant. Mais non ! Concevoir un enfant avec un but aussi mesquin reviendrait à s'abaisser à leur niveau. Il devait s'échapper, et sauver sa compagne. Fuir loin d'ici et de tous ces fous...

La porte de la cellule s'ouvrit de nouveau. Il redouta un instant que son terrible demi-frère soit de retour, il n'était pas sûr de pouvoir l'affronter de nouveau, mais ce furent deux humains qui entrèrent. Un grand costaud et un type plus trapu, au sourire goguenard. Ce dernier lança à son comparse :

« Parfait, il est réveillé ! Allez, vas-y ! Bon sang, il a presque la même tête que cette belle gueule d'Aegnor, en plus... bah, ça fera plaisir d'amocher un peu un de ces mignons. »

Sans attendre, le costaud se dirigea vers le prisonnier pour lui envoyer un coup de poing dans le ventre avec la nonchalance de qui ne voit ni bien ni mal dans ce qu'il fait. L'elfe serra les dents. L'autre s'installa sur une chaise, un sourire sadique au visage :

« T'as bien fait d'énerver le maître, l'elfe ! Jamais il nous aurait permis de nous amuser sans ça. »

Nouveau coup, nouvelle pointe de douleur. Puis, un autre, plus haut, proche de la côte fêlée. Cette fois-ci, Faëlis ne put retenir un hurlement.

« Attention, par contre ! s'exclama le bandit. Le maître a bien dit qu'il ne fallait rien faire d'irréparable ! Et tu sais que les elfes sont des fragiles... »

Avec une moue un peu inquiète, la brute reprit moins fort... C'était peut-être une chance à saisir. Faëlis entreprit de mimer une douleur supérieure à ce qu'il ressentait. À chaque coup, il gémissait plus fort, essayant de ne pas penser au type assis qui semblait éprouver un plaisir pervers qui ferait passer Aegnor pour le type le plus délicat et le plus raffiné qui soit. Combien de temps cela dura ? Impossible de le dire, mais lorsqu'il fit mine de s'évanouir, il n'eut pas besoin de faire appel à de grands talents d'acteurs tant son corps le faisait souffrir. Aussitôt, la réaction ne se fit pas attendre :

« Bon sang, j'avais dit pas trop fort ! Réveille-le dans le bac... »

Est-ce qu'il y avait une chance... oui ! La brute était en train de le détacher ! Il se laissa faire tandis qu'on le portait plus loin. Il entrouvrit les yeux juste assez pour voir un baquet d'eau à côté d'une table couverte d'instruments de torture. Il se laissa traîner. Ils allaient passer juste à côté de la table...

« Ah et puis... quand il sera réveillé, pas la peine de revenir au chevalet. Tu le tiendras pour le noyer un peu pendant que moi je pourrais profiter du joli derrière de sa grâce... Bordel, ça va être encore meilleur qu'avec les gamins ! »

La table était à portée et l'âme du protecteur s’enflamma ! D'un premier geste, il envoya son poing dans le ventre de son tortionnaire, le pliant en deux. D'un deuxième, il saisit une lame et la lui planta dans la gorge. Il se retourna ensuite vers l'autre monstre. Celui-ci couina comme un goret et tenta de fuir. Manque de chance pour lui, il avait déjà baissé ses chausses et ne fit que s’empêtrer les jambes et tomber à terre. En d'autre circonstances l'elfe, perclus de douleur, aurait été incapable de le rattraper, mais là c'était trop facile... L'homme tenta de supplier en pleurnichant. Il le frappa d'un coup de lame. L'autre hurla. Il frappa encore, et encore, et encore... jusqu'à ce qu'il se taise.

Tremblant, Faëlis laissa retomber son arme. Il avait les larmes aux yeux. Il voulait sortir d'ici ! Juste partir loin de toute cette folie ! Mais il ne pouvait pas. Pas avant d'avoir sortie Aliéna de cet enfer. Il ferma les yeux et s'accorda une minute de méditation. C'était peu, mais cela lui suffit à reprendre un peu ses esprits. Il ramassa le scalpel et sortit de la salle de torture.

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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » ven. 31 janv. 2020 14:57

L'obscurité était assez forte, juste percée par quelques ouvertures dans le plafond. La peur au ventre, Faëlis marchait pourtant avec détermination. Il n'y avait aucun bruit. Manifestement, la carrière était loin d'être surpeuplée...

Il tomba bientôt sur une ouverture d'où venait la lumière d'une lampe. Un bureau ! Des papiers, manifestement des fiches de comptes, de quoi écrire et plusieurs coffres. Dans l'un d'eux, il retrouva ses équipements. Ouf ! C'était déjà ça de fait ! Il remit ses vêtements et, cette fois-ci, n'oublia pas d'équiper son armure. Il y avait aussi un coffret de pièces et de pierres précieuses représentant sans doute une partie des gains des bandits. Il le ramassa sans hésiter. Bien mal acquis peut toujours profiter à d'autres !

Finalement, comme il entendait des bruits, plus loin, il poursuivit son exploration par un couloir qui s'enfonçait dans les profondeurs. Il n'eut pas longtemps à marcher avant d'arriver dans un large couloir où l'attendait un spectacle monstrueux : une multitude de cages étaient empilées de part et d'autre et dans ces cages... il y avait des enfants. Des dizaines d'enfants emprisonnés, le regard vide et désespéré. Aussitôt, la lumière se fit dans son esprit. Les enfants enlevés... Il en avait entendu parler dans tout Gamerian ! Et les livres de comptes... ces gens faisaient du trafic d'enfants esclaves ! Il sentit son cœur se retourner. Les quelques paires d'yeux qui s'animèrent pour se poser sur lui lui donnèrent l'impression de brûler sur place. Il regarda autour de lui, mais ne trouva rien pour les libérer. Alors, il souffla :

« Courage, je vais revenir vous chercher ! Est-ce que vous savez où ils ont mis les clés des cadenas ? »

Il s'attendait à ce que personne ne sache, mais un petit garçon gémit :

« Vous êtes comme le méchant maître... »

« Non, je ne suis pas comme lui. J'étais prisonnier moi aussi, mais je vais tous nous sortir d'ici ! »

Alors que des murmures montaient autour, l'enfant souffla :

« C'est lui qui a les clés. Il est allé voir la jolie dame, au bout du couloir... »

L'estomac de Faëlis se serra. Il le remercia et se précipita vers le fond de la galerie. Alors qu'il arrivait au bout, un hurlement à glacer le sang retentit et il paniqua vraiment. Aliéna ! Il se retint de courir à toutes jambes, ce qui aurait fait trop de bruit, de par son armure. Il arriva finalement à l'entrée d'une salle similaire à celle où il était enfermé. Là, Aliéna était enchaînée, vêtue de haillons et couverte de blessures. Aegnor était face à elle, ricanant, un tison ardent à la main. Les mains d'abord un peu tremblantes, Faëlis saisit son arc et encocha une flèche.

« J'ai une bonne nouvelle ! riait l'elfe aux cheveux blancs. Ton petit ami est en train de... s'amuser dans une autre cellule. Il a eu le choix de te sauver, mais ne l'a pas saisi... »

« Mensonge... souffla Aliéna d'une voix que Faëlis entendit à peine. Ce type est le crétin de plus débordant de bonnes intentions que j'ai jamais vu. Des tarés, j'en ai vu un paquet avant toi... et aucuns n'étaient plus flippants que Faëlis en quête pour faire le « bien ». Le jour où tu auras vraiment affaire à lui, tu comprendras. »

Même sans la voir, même sans entendre le son de sa voix, le jeune homme aurait reconnu entre tous ces accents méprisants qui mêlaient compliments et insultes avec la virtuosité de qui a déjà vu tous les sommets dans le mal comme dans le bien. Alors qu'Aegnor, riant, la faisait hurler de nouveau, il visa et tira.

Est-ce que son geste fut trop rapide ? Sa main trop tremblante ? Ou était-ce une autre raison qu'il refuserait toujours d'admettre ? La flèche qui aurait pu transpercer la gorge du monstre ne fit que lui traverser la main. Il lâcha la barre de métal chauffée au rouge et se retourna, le visage déformé par la haine et la surprise. En cet instant, il n'avait plus rien de beau.

« Que... quoi ? Les autres n'auraient pas trahi... »

« Non, ils sont juste morts. » lâcha froidement Faëlis.

Aliéna le fixait, le regard figé de stupeur. Elle n'avait pas vraiment dû croire qu'il l'avait retrouvé... mais comme elle l'avait dit, il y avait des circonstances où rien ne pouvait l'arrêter ! Mais aussi vicieux soit-il, Aegnor n'était pas né de la dernière pluie. Comprenant aussitôt que le vent avait tourné, il tourna les talons et s'enfuit par un couloir transverse. Aussitôt, Faëlis s'élança vers un trousseau de clés abandonnées sur une table et libéra son amie. Celle-ci manqua de s'effondrer contre lui :

« Alors... tu m'as réellement retrouvé ? Comment as-tu... »

« Longue histoire. C'est terminé maintenant... »

Il invoqua aussitôt sa lumière de soin, qui avait jusque-là réservé, pour guérir le plus gros de ses blessures.

« On n'a pas le temps ! Ce porc va s'enfuir ! » protesta-t-elle.

« On n'a pas le temps, en effet, car il y a des enfants à sauver. »

« Les enfants ? Mais bordel ils ne vont pas disparaître, on reviendra plus tard ! Il fait abattre ce chien... »

« Non. Assez de morts. Chacune de leurs vies ont plus de valeur que la sienne, tu ne crois pas ? »

Elle plongea ses yeux, braises ardentes de fureur, dans les siens, et ce qu'elle y vit sembla l’apaiser un peu :

« Quel foutu abruti tu fais, avec tes principes... allons-y, mais si tu fais ne serais-ce que mine de me traiter de demoiselle en détresse pour satisfaire de pulsions de preux chevalier, c'est toi qui subiras ce que je réservais à ce fils de chien. »

Faëlis se garda de préciser qu'il avait le même père, car en fait, il n'avait rien à redire au sujet de l'insulte. Ils sortirent pour aller chercher les enfants.

Ceux-ci semblaient à peine y croire quand leurs cages s'ouvrirent une à une. Les plus jeunes devaient avoir moins de dix ans. Certains étaient des adolescents... aucun ne méritait de traîner plus longtemps dans ces sinistres galeries. L'elfe eut pourtant un instant d'hésitation quand il croisa le regard le jeune garzok dont les yeux jetaient des éclairs. C'était la première fois qu'il croisait un représentant de ce peuple redouté et maudit... mais cela n'avait pas d'importance ici. C'était un enfant et il n'avait rien à faire ici. Il ouvrit la cage et le fit sortir avec les autres.

Une fois le groupe d'une bonne dizaine assemblé, ils n'eurent guère de mal à les convaincre de les suivre. La plupart étaient si désespérés qu'ils étaient prêts à tout accepter. Seul le garzok grinça :

« Ouai mais vous êtes quand même un elfe... »

Néanmoins, quand Faëlis croisa son regard, il eut le bon gré de détourner le sien. Ensemble, ils partirent à la recherche de la sortie.

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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » dim. 2 févr. 2020 13:38

Il ne leur fallut que quelques minutes pour trouver la salle où rampait l'imposant « roi saurien ». Au centre d'une salle un peu en contrebas par rapport au couloir par lequel ils arrivaient, la créature était occupée à manger une carcasse de bête.

« Il doit y avoir une autre issue... » souffla Aliéna.

Le petit garzok cracha :

« Ouai, un genre de puits avec un monte-charge. Sauf qu'il faut quelqu'un de ce côté pour l'actionner et je ne resterai pas derrière ! »

Faëlis aurait sans doute pu l'actionner lui-même et ensuite descendre en rappel en temps normal, mais il ne se sentait pas au mieux de sa forme. Et puis, il avait un compte à régler avec cette sale bête. En plus, elle se trouvait dans le chemin le plus naturel quand on entrait dans la carrière. N'importe quel voyageur cherchant à s'abriter pourrait tomber dessus...

L'elfe descendit donc dans la grande salle, bientôt suivie par Aliéna.

« Reste en arrière, tu es blessée ! » souffla-t-il.

« Tu te souviens ce que j'ai dit sur tes pulsions de preux chevalier ? Cette fois-ci je passe l'éponge. La prochaine fois je t'émascule. »

Elle avait déjà sorti son sabre. L'elfe secoua la tête, agacé.

« Quelle foutue tête de mule ! Tu peux bien dire de moi ! »

« Tu es en train de dire qu'on a un point commun ? Rien que d'y penser, ça me dégoûte. »

« Tu peux retourner dans ta geôle, si tu trouves que tu y étais en meilleure compagnie ! »

« Il y avait aussi un bellâtre d'elfe, donc pas vraiment. Mais au moins, il y avait les rats pour relever le niveau ! »

« Hé bah ici on a un serpent, si tu préfères aller lui... »

Il s'interrompit, autant parce qu'ils venaient de se rappeler tous deux le fameux serpent qu'à cause du sifflement agressif qui venait troubler une conversation qui avait sérieusement haussé le ton. Le roi saurien n'était manifestement pas tolérant vis-à-vis des querelles de vieux couple. Les deux jeunes gens, en revanche, s'étaient regonflés à bloc. Faëlis avait envie de... non, pas de faire l'amour sauvagement à la superbe créature de fantasme qu'il avait enfin retrouvé avec toute sa verve hargneuse, bien sûr que non... il avait envie de passer ces nerfs sur ce foutu serpent !

Le roi saurien poussa une série de sifflements féroces alors qu'Aliéna longeait le mur pour l'attaquer par un autre angle. L'elfe blanc se souvint aussitôt de ces sifflements. Il banda son arc et tira vers le mur de la grotte. Avec un sifflement strident, le serpent constrictor qui s'apprêtait à se laisser tomber dégringola, grièvement blessé. Aliéna s'écarta avec un juron de charretier, puis s'élança vers le monstre qui rampait au centre de la pièce.

Sans attendre, Faëlis tira une munition lumineuse pour se lier à elle et invoqua les pouvoirs de la lumière pour la soutenir.

« Qu'est-ce que c'est que cette horreur ? » cria-t-elle en zébrant l'air, sans parvenir à entamer les écailles du monstre alors que la lumière l'enveloppait.

« Que votre grâce me pardonne : un truc de preux chevalier ! »

Il lâcha une flèche qui déchira une voilure dorsale de la créature, sans paraître la gêner plus que ça.

« C'est pas vrai, je vais te tuer ! »

« Devrais-je vous laisser seule face à cette créature ? Il suffit de demander ! »


Elle peinait à traverser les défenses du monstre, dont les mains griffues tentaient de la saisir. Elle frappa avec un grincement de rage :

« Si ma princesse elfique était capable de surmonter sa peur de se casser un ongle pour se battre ce serait avec plaisir ! »

Serrant les dents de colère, il s'avança. Après tout, il n'avait pas le choix : il devait tirer de plus près s'il voulait que ses flèches passent.

« Me voilà, donc ! Aux ordres de sa majesté, dame Aliéna de Mauvaise foi ! »

Cette fois-ci, la flèche traversa les écailles. Le monstre siffla furieusement et ramena sa queue dans un mouvement brusque. Faëlis bondit pour éviter ce balayage, avec succès, mais cela réveilla la douleur dans sa poitrine et il trébucha en retombant, roula par terre, tenta de se relever et retomba.

« Ma majesté n'est pas satisfaite des pitreries de son bouffon ! » hurla Aliéna avec une pointe de panique.

Elle-même était plus lente que d'ordinaire et un revers l'envoya rouler plus loin. La créature se dressa de toute sa hauteur au-dessus de Faëlis... avant de recevoir un caillou dans la tête. Un caillou qui fut bientôt suivi d'autres ainsi que de boules de boue. Le serpent siffla, se secoua, cracha avec fureur. Le jeune garzok menait l'assaut ! Les gamins prenaient tout ce qu'ils pouvaient pour lui jeter !

L'elfe réagi aussitôt en tirant son épée pour la plonger directement dans le corps de la bête avant de s'écarter d'un bond. Il invoqua à nouveau sa magie, distordant la lumière... Le roi saurien bondit vers lui... mais ne fit que frapper une cible illusoire. Au passage, Faëlis récupéra son épée, l'arrachant avec une gerbe de sang. Aliéna s'était relevée, un peu sonnée. Il lui renvoya aussitôt sa lumière de soin. Requinquée, elle se rua en avant pour trancher un bout de queue du monstre.

Jetant son épée de côté, Faëlis prit plusieurs flèches d'une main et déversa un flot de traits sur la créature qui tourbillonnait, tentant d'esquiver, frappant de toute part. Puis, elle se dressa de toute sa hauteur avec un rugissement d'autant plus terrible qu'il avait quelque chose de presque humain. De l'ouverture dans le plafond, des lézards et des serpents se mirent à tomber alors que le saurien s'élançait, frappait alors que l'elfe reculait, nouveau bond, nouvelle esquive, mâchoires qui claquent... le monstre fou furieux frappait encore et encore. Aliéna tenta de se lancer à sa poursuite mais des serpents se dressaient sur son chemin. Elle les décapita uns à uns, avant de pousser un cri lorsqu'une créature parvint à la mordre. Titubante, elle continua pourtant à charger alors que son compagnon pirouettait comme il pouvait, encaissant de plus en plus de coups. Heureusement, son armure était tout à fait à même d'arrêter les griffes du monstre. Mais bientôt, il se retrouva acculé et tomba à terre. Les énormes mâchoires sifflantes s'abattirent sur lui et il les saisit à mains nues, repoussant de toutes ses forces. Pour un elfe, il était d'une constitution peu commune, mais le roi saurien était plus fort encore. Sa gueule garnie de dents s'approchait lentement, et les forces du jeune homme le lâchaient...

C'est alors qu'avec un hurlement déchirant, Aliéna rassembla ses dernières forces pour enfoncer son épée dans le corps de la bête. Celle-ci se contorsionna et se dégagea, et Faëlis reprit son épée pour, d'un mouvement, lui transpercer la gueule. Le monstre tomba à terre, agité de convulsions.

Sans attendre, l'elfe se précipita sur sa compagne qui gémissait au sol. Le venin du serpent qui coulait en elle l'avait finalement terrassée. Elle toussa et murmura :

« Hé bien au moins j'aurais le plaisir de savoir que tous tes efforts pour me sauver auront été vains... C'est terminé... Finalement, j'avoue qu'au moins, les dernières semaines de ma vie auront été meilleures que toutes celles qui les ont précédé... grâce à toi... merci. »

Faëlis la prit dans ses bras, le visage marqué d'incompréhension :

« Mais... qu'est-ce que tu racontes ? »

Elle serra les dents :

« Je suis en train de mourir imbécile ! »

« Mais non, attend... »

Il rassembla ses derniers pouvoirs de lumière pour chasser le poison. Sentant cela, Aliéna ouvrit des yeux ronds alors qu'il souriait :

« Tes prochaines semaines seront aussi passionnantes, je t'assure... »

« … »

« Autre chose à dire ? »

« MAIS C'EST PAS VRAI ! Il n'y a donc aucun moyen d'être enfin libéré de toi ?! »

Mais alors même qu'elle criait, un petit sourire de soulagement s'affichait sur son visage. Ils firent signe aux courageux enfants qui les avaient aidés de venir. Il était temps de sortir de cette maudite carrière...

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Faëlis
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Re: Les Collines aux Cyclopes

Message par Faëlis » dim. 2 févr. 2020 15:32

Ils se frayèrent rapidement un chemin vers la sortie, retournant finalement dans l'excavation à ciel ouvert de la carrière. C'était le petit matin, et l'elfe remarqua des empreintes de cheval récentes. Aegnor avait fui depuis une entrée plus discrète du complexe. Comme Halcyon n'était pas là, le jeune homme partit inspecter ce passage.

Un bandit faillit lui sauter dessus en gémissant :

« Pitié, emmenez ce monstre ! Il a essayé de me mordre ! »

Faëlis le repoussa durement :

« Estimez-vous heureux si je ne vous tue pas sur le champ ! Où est mon cheval ! »

« Ici ! Là ! Là ! Il a défoncé sa porte ! Emmenez-le, je vous en supplie ! »

L'elfe haussa un sourcil et regarda dans la direction indiquée. Halcyon était bien là, grattant le sol avec fureur. Il sembla reconnaître son maître et henni sauvagement.

« J'ai essayé de le nourrir, je vous jure ! » gémit le palefrenier.

« Avec quoi ? Avec ça ? »

Faëlis désigna un tas de foin humide et de mauvaise qualité, au milieu de box vides et miséreux. Très loin du standing attendu par le noble pur-sang ! Avec une pointe de pitié, il prit les rênes et emmena le cheval l'empêchant de fracasser au passage le crâne du bandit.

« Si j'étais vous, je partirais d'ici. Cette carrière va retrouver sa paix minérale, maintenant. »


L'homme ne se le fit pas dire deux fois. Et dans la lumière de l'aube, Faëlis, Aliéna et la dizaine d'enfants s'éloignèrent dans les collines.

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