La Forêt du Châtiment

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Eyriella Grottenbois
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Eyriella Grottenbois » dim. 29 déc. 2019 18:32

Lors de cette poursuite, l'aldryde dû se focaliser sur son vol pour ne pas perdre du terrain malgré les obstacles, et elle finit par arriver à ce qui semblait être un tertre, en tout cas une formation rocheuse que la créature qu'elle avait poursuivi avait franchi grâce à une minuscule ouverture dans celle-ci...

* Un oiseau quelconque n'aurait aucune raison de s'engouffrer ici, et il est trop tôt pour des chauves-souris... je dois donc être en présence d'une de ces teignes d'elyds, alors attention ! Je pourrais bien tomber dans une embuscade à l'intérieur, il faut que je me montre prudente... si c'est leur repaire, je dois m'en assurer, poursuivons le sans plus tarder, il sera toujours temps de retrouver Jakob ! *

Eyriella, sans perdre une seconde, emboîta le pas à la créature volante à l'intérieur de la formation rocheuse, espérant en découvrir plus sur le repaire des bestioles kidnappeuses d'enfants ! Prête à être attaquée, elle surveilla son parcours à vigilance maximale tandis qu'elle progressait à l'intérieur à la poursuite de la créature ailée...

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Gamemaster3
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Gamemaster3 » mar. 7 janv. 2020 22:25

Intervention pour Eyriella



Eyriella s’engouffra alors dans une petite percée naturelle de la roche qui formait ce tumulus reculé. Même si l’aldryde adapta sa vitesse, pressentant qu’un danger potentiel pourrait aisément s’en prendre à elle en s’engouffrant aveuglément dans cet antre inconnu, elle fut surtout frappée par une circonstance qu’elle n’avait sans doute pas anticipée. Plongée dans une pesante pénombre, la jeune femme ailée fut stoppée nette dans sa course, devant passer quelques minutes à attendre, vulnérable, que ses pupilles s’adaptent à la noirceur qui s’était installée en ces lieux, avant de pouvoir reprendre son exploration.

Heureusement pour elle, Eyriella eut le temps de commencer à deviner quelques formes, grises et vaporeuses, ombres parmi les ombres, sans subir la moindre attaque de la part de qui que ce soit. Elle semblait se trouver au bout d’un long couloir rocheux, dont la seule autre issue se trouvait face à elle. Poursuivant alors son intention première, l’aldryde s’engouffra dans ce ténébreux dédale, toujours à la recherche d’un indice lui révélant la présence d’elyds ou des enfants disparus en cet endroit…

Cheminant désormais avec tâtonnement du fait du manque de luminosité, l’aldryde progressa durant plusieurs minutes dans ce méandre, manquant à plusieurs reprises de se prendre une stalactite invisible car elle volait trop proche de la voute. Elle déboucha finalement dans une vaste salle caverneuse dont elle ne pouvait percevoir les contours du fait de la noirceur tenace qui bloquait toujours son champ de vision. Elle put cependant distinguer à travers l’intense silence qui régnait ici-bas des chuchotements sur sa droite, entrecoupés du bruit des gouttes d’eau qui tombaient à intervalles réguliers. S’il lui était impossible de discerner une quelconque conversation intelligible à cette distance, ni le nombre d’interlocuteurs, elle put cependant savoir que d’autres individus se trouvaient eux-aussi dans cette cavité naturelle. Face à elle, Eyriella put enfin découvrir la première source lumineuse depuis son entrée dans le tertre. Bien que faible, car cachée par un mur de roches, la lumière dansait sur les formations calcaires qui hantaient la cave de leurs formes raides dans l’obscurité, indiquant une autre potentielle présence de créatures en ces lieux.

Qu’allait désormais faire l’aldryde dans cette nouvelle situation ?
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Eyriella Grottenbois
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Eyriella Grottenbois » jeu. 16 janv. 2020 15:34

Alors qu'Eyriella pénétrait dans l'ouverture de la roche, elle dû rapidement s'arrêter pour habituer ses yeux à la pénombre totale qui régnait à cet endroit... ce qui lui fit perdre un temps précieux dans sa poursuite ! Néanmoins, elle parvint à reprendre son exploration pour cheminer le long de cette cavité, parfois risquant une collision avec des stalactites... mais elle put cependant arriver à une cave large et apercevoir des chuchotements sur sa droite, ainsi que de la lumière devant elle.
Sachant que c'était peut être les fillettes enlevées qui chuchotaient ainsi, elle se décida pour se rendre directement à droite dans la caverne, voletant prudemment, à l'affut du moindre bruit ou mouvement suspect. Il lui fallait vérifier s'il s'agissait bien d'humains dans cet endroit, ou si par malheur il s'avérait que des elyds se parlaient ainsi entre eux...

( Douce et Belle Avoreen, faites que ce soit les enfants kidnappés ! )

Eyriella s'approcha donc inexorablement de la source des chuchotis dans cette grande caverne...

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Gamemaster3
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Gamemaster3 » mar. 21 janv. 2020 21:15

Intervention pour Eyriella



L’aldryde s’approcha alors de la source des bruits suspicieux, s’enfonçant encore plus dans les entrailles noires de la grotte dans laquelle elle avait pénétrée. Précautionneusement elle avança vers les voix entendues quelques secondes auparavant, faisant attention à son environnement pour ne pas se faire surprendre bêtement. Petit à petit elle put identifier des mots, voire des bribes de phrases chuchotées non loin d’elle :

« … parents… »
« … sais pas… »
« …manger… »
« … entends… bruit… »


Il semblait qu’Eyriella venait enfin de trouver ce pour quoi elle errait depuis déjà de nombreuses semaines.
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Eyriella Grottenbois » jeu. 6 févr. 2020 17:15

S'étant rapprochée des voix, elle put identifier le contenu des murmures et cela mit l'aldryde particulièrement en joie, car, à priori, il s'agissait là de voix humaines qui parlaient de parents et s'inquiétaient de manger ou autre...

( Que faire ? Rester avec eux et essayer de les rassurer ? Cela risque d'attirer l'attention et, si ce sont des elyds qui les ont conduit là, ils risquent de me prendre pour l'un d'eux... le risque serait trop grand, surtout maintenant... vu que j'ai trouvé quelque chose, autant rejoindre Jakob au plus vite désormais et l'avertir qu'il faut fouiller la zone à la recherche d'un accès à taille humaine qui puisse nous permettre d'évacuer au plus vite ces enfants d'ici et les ramener chez eux... il est fort possible que j'ai suivi un elyd jusqu'ici mais pour l'instant, aucune preuve évidente de leur présence ni de leur implication dans les enlèvements. En ai-je besoin ? Non, la priorité, ce sont les enfants. Jakob pourrait m'aider si éventuellement ces elyds décident de nous attaquer, allons le chercher ! )

Sa décision prise, Eyriella changea sa trajectoire aérienne pour repartir de là où elle venait, se fiant à tous ses sens et à son instinct de vol pour retrouver la sortie sinueuse de la caverne. Elle prit son temps cette fois, faisant particulièrement attention à ne faire aucun bruit pour ne pas attirer l'attention d'éventuels elyds qui garderaient les enfants pendant qu'elle s'enfuyait discrètement de cet endroit.

Une fois à l'air libre, elle prit rapidement ses marques topographiquement et reparti vers l'autre côté de la clairière où elle avait laissé Jakob, et, dès qu'elle l'aperçut, se dépêcha de lui dire :

"Jakob, je crois que je les ai trouvé, par là-bas ! J'ai pu passer par une petite ouverture dans la roche qui donnait son une grande caverne souterraine, on doit trouver un point d'accès car je pense que j'ai retrouvé la trace des enfants ! Scrutons les environs rocheux pour un passage suffisamment grand pour faire entrer des enfants et, potentiellement, toi aussi ! Regarde, je vais t'indiquer la direction approximative de la caverne, d'après mon point d'entré... "

Et Eyriella s’exécuta, ne laissant pas le temps à Jakob de répondre grand-chose, lui faisant des signes pour qu'il la suive.

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Gamemaster3
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Gamemaster3 » sam. 8 févr. 2020 12:40

Intervention pour Eyriella



Jakob suivit ainsi Eyriella en direction du tumulus suite à ses indications. Le tertre retrouvé, l’aldryde et le forestier se mirent à chercher activement une entrée potentielle pour permettre aux enfants identifiés par Eyriella d’entrer et surtout, de ressortir d’ici… Si la jeune femme put rapidement retrouver le petit orifice en hauteur qui lui avait permis une première fois de s’infiltrer dans la structure de terre, il fallut plusieurs longues minutes au duo pour finalement identifier une seconde trouée habilement camouflée derrière des buissons et des branchages.

De petite taille, l’ouverture était sans aucun doute artificielle et, si Eyriella pouvait à nouveau y pénétrer sans difficulté du fait de sa petite taille, Jakob devrait s’y aventurer en s’accroupissant. Aucune source de lumière n’éclairait l’épaisse noirceur du souterrain et il faudrait très sûrement à nouveau progresser pendant plusieurs minutes dans le noir total avant de pouvoir déboucher sur une potentielle autre salle souterraine.
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Faëlis » dim. 8 mars 2020 16:37

C'est parfois lorsque les pires choses sont passées que les vrais ennuis commencent. Faëlis et Aliéna avaient finalement réussi à échapper aux infâmes esclavagistes, et au terrible demi-frère de l'elfe, mais ils se trouvaient maintenant en pleine nature, accompagnés d'une vingtaine d'enfants terrorisés et perdus dans le coin le plus paumé des Duchés. Les deux jeunes gens avaient des rudiments de vie en nature et pouvaient trouver de quoi manger, mais ce n'était pas sans mal, surtout face à autant de bouches à nourrir. Un point positif, au moins : les enfants avaient presque arrêté de pleurer lorsqu'ils se disputaient.

« Trois mûres ? Est-ce que tu te fous de moi ? » hurla l'humaine.

« Les autres n'étaient pas à maturité, tu as tant que ça envie de choper la courante ? »

« C'est toi qui devrais te mettre à courir avant que je ne te défonce ta belle gueule ! »

« C'est un peu gonflé, toi, tu n'as rien rapporté ! »

« Le lapin d'hier, c'était moi ! Je ne peux pas faire des prises comme ça tous les jours ! »

Derrière, une petite fille leva des yeux humides. Bon, il était peut-être trop tôt pour dire qu'ils étaient habitués à leurs disputes, finalement. Aliéna serra les dents et Faëlis lui glissa à l'oreille :

« Tu devrais aller la calmer... »

« Pourquoi c'est à moi de jouer les nounous ? Parce que je suis une femme ? »

« Non, parce que tu es humaine et que tu n'as pas un air de famille avec leur ancien geôlier. Ils te font plus confiance. »

Grinçante, elle alla voir la petite fille pour s'efforcer de la rassurer. Elle ne savait pas s'y prendre avec les enfants, mais ceux-ci auraient accepté une liykor noire comme figure maternelle. Tout en pensant cela, Faëlis se fit la réflexion qu'ils y auraient probablement gagnée au change. Puis, il se concentra sur le chemin. Au moins, il savait dans quelle direction ils allaient. La mousse sur les arbres lui permettait de repérer le nord en toutes circonstances. Hélas, pour l'heure, c'était insuffisant pour retrouver leur chemin. Il fallait à tout prix retrouver la route de Gamerian, aussi, avisant un arbre particulièrement haut, il grimpa agilement jusqu'au sommet.

Bilan. De la verdure, de la verdure, de la rocaille et... ah oui ! De la verdure. Génial. Les collines s'éloignaient et ils s'enfonçaient de plus en plus dans la forêt du châtiment, une étendue magnifique, sans doute une des forêts les plus primaires qu'il connaisse. En temps normal, il aurait aimé s'y promener, mais là, il avait surtout besoin d'en sortir ! Et pour l'instant, le mieux qu'il avait réussi à faire, c'était les empêcher de tourner en rond.

Comme si ça ne suffisait pas, alors qu'il redescendait, il entendit Aliéna piquer une crise. Apparemment, elle en était venu à considérer que hurler sur la gamine était le meilleur moyen de la calmer. Il fallait croire que ces récits sur l'instinct maternel naturel des femmes ne survivait pas à une Aliéna désemparée. Puis, il y eut un concert d'exclamations stupéfaites et un oiseau bleu passa à tir d'aile devant lui. Les enfants n'avaient encore jamais vus la forme de célérian de la femme aux cheveux blancs, ce qui amena à ce que Faëlis finisse sa descente dans un silence relatif, juste percé de murmures.

Lorsqu'il revint à terre, il fut accueilli par le petit garzok, qui le regardait avec une moue mécontente :

« C'est pas vraiment une humaine. Et vous êtes pas vraiment un couple. »

« Il serait temps de s'en rendre compte... » marmonna Faëlis avec humeur.

« Elle est partie... »

« Elle reviendra. »

Du moins il l'espérait. Puis, à sa grande surprise, le gamin tendit un nid avec des œufs, expliquant qu'il l'avait trouvé en grimpant dans un arbre pour l'imiter.

« Il ne faut pas faire ça, c'est dangereux... » grimaça l'elfe.

« Moins dangereux que de mourir de faim. »

De tous les enfants, il était l'un des plus âgés et clairement le plus mature. Il était d'ailleurs le seul à savoir comment trouver à manger. Il savait même un peu trop bien...

« À un moment, il faudra bien désigner quelqu'un dans le groupe... »

« Nous ne mangeons pas nos semblables ! »

« C'est comme ça qu'on fait en Omyrhie. Vous préférez tous mourir de faim ? »

Il lui fit les gros yeux et le gamin n'insista pas. L'elfe désigna la direction à prendre. Sans surprise, un gamin se plaignit bientôt d'avoir mal aux pieds. Il le fit venir et examina ledit pied. Il commençait à avoir des ampoules, lui aussi... Un peu de magie de la lumière allait faire passer la douleur et la fatigue, mais il ne fallait pas se leurrer : il épuisait ses pouvoirs sur toutes ces malheureuses têtes blondes pour n'apporter qu'un vague palliatif temporaire. Il arriverait bientôt un moment où même la magie ne pourrait plus rien.

Ils continuèrent à marcher, tout en faisant des pauses fréquentes. Maintenant qu'Aliéna était partie, hors de question de partir chercher de la nourriture, ce serait laisser les enfants seuls... L'elfe s'efforçait de faire bonne figure, mais il était de plus en plus épuisé. Combien de temps allait-il tenir ? Et surtout, combien de temps allaient-ils tenir ?

Le soir approchant Faëlis leva les yeux vers le ciel que commençait à se couvrir de nuages. La nuit risquait d'être humide.Il demanda aux gamins de rassembler des branchages et entreprit de leur montrer comment fabriquer un abri rudimentaire. Ils étaient fatigués et n'aspiraient qu'à se reposer. Comment les convaincre ? Bon, le garzok était déjà au travail, mais ils n'y arriveraient pas à deux... qu'est-ce qui pouvait décider des gamins ? Hum...

« Voyez ça comme un jeu ! On va faire ça en groupe et on va voir quel groupe fabrique la plus jolie maison ! »

Cela en fit bouger plusieurs puis, par effet de groupe, les autres suivirent. Les enfants n'étaient pas si différents des adultes... Pendant quelques heures, il passa d'un groupe à l'autre pour donner des conseils, mais, lorsque les premières gouttes tombèrent, ils avaient fabriqué plusieurs abris couverts de feuilles. De son côté, Faëlis avait utilisé trouvé de l'amadou et des essences de bois idéales pour allumer un feu. Il allait falloir le garder allumer toute la nuit car la température risquait de chuter rapidement avec la pluie.

Malgré cela, ils n'avaient qu'une poignée de fruits et quelques œufs à manger. Le jeune homme les fit cuire en essayant d'ignorer son estomac qui gémissait. Avec si peu, ce ne serait pas encore ce soir qu'il ferait un repas... Puis ils se couchèrent, bercés par le bruit de la pluie.

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Faëlis
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Faëlis » jeu. 19 mars 2020 13:42

Le jour suivant ne fut guère meilleur. Vers midi, Faëlis décréta une pause, autant pour lui que pour les autres. La pluie revenait de façon sporadique et il sentait ses forces le quitter. À sa grande surprise, ce fut le garzok qui lui amena quelques baies qu'il avait trouvées.

« Comment t'appelles-tu ? »

« Zarvik. »

« Merci Zarvik, mais tu devrais plutôt apporter ça aux autres. »

« Ils ont mangé hier soir. Sans vous, nous sommes tous morts. »

« Ça va aller, je t'assure, ma magie me soutient. »

C'était un mensonge, sa magie ne pouvait plus rien à ce stade. Les yeux de Zarvik qui le fixaient intensément lui firent détourner les yeux. Autour, les gamins étaient à la peine, mais ils avaient besoin de lui. À quelle distance étaient-ils du plus proche village ? Impossible à dire. Dans ces montagnes peu peuplées, ils pouvaient encore marcher pendant des jours sans rien trouver. Faëlis soupira et prit la nourriture. Elle était largement insuffisante à apaiser son ventre, mais c'était déjà ça.

Il fut alors attiré par le bruit d'un animal. Il reconnut aussitôt les pas d'un sanglier ! Il se précipita dans la direction. Les enfants l'avaient déjà vu et leurs réactions se partageaient entre l'admiration et la terreur. Des cris montaient de partout, et l'animal se figea, subitement sous tension. Faëlis cria aussitôt aux enfants de se calmer. Il ne fallait pas bouger ! Ce n'était pas la période de reproduction, donc il y avait peu de chances que ce soit une laie furieuse avec ses marcassins, mais une rencontre avec un sanglier restait toujours un risque. Les enfants ne pourraient pas fuir, ni grimper aux autres. Faëlis encocha une flèche, prêt à tirer, même s'il savait que ni une flèche ni son épée ne pourrait arrêter un sanglier en colère. Quelques secondes passèrent, et il sentit un tremblement de fatigue inhabituelle dans sa main... ce n'était pas le moment ! Mais finalement, la bête s'éloigna au trot. Il laissa échapper un soupir de soulagement, et le groupe reprit la route.

L'après-midi, il vit un faisan. C'était sa chance ! Il encocha une flèche et visa l'oiseau. Sentant la menace, celui-ci s'envola aussitôt. L'elfe s'efforça de le suivre des yeux... mais sa vision se brouilla. La flèche partit uniquement pour rater sa cible. Il jeta son arc au sol avec fureur et s'assit par terre, désespéré. Personne n'osa le déranger. Il ne voulait plus penser, plus bouger, plus rien faire. Assez de responsabilités impossibles, assez de tout... Il voulait juste dormir et, peut-être, tout abandonner ici, dans la forêt et ses chants d'oiseau. Perdu au milieu des montagnes. Il y avait pire endroit pour finir sa vie, après tout...

Il resta prostré jusqu'au soir. Autour de lui, il entendit des cris de surprise qui lui firent lever les yeux... juste à temps pour voir deux lièvres atterrir devant lui et entendre une voix familière lancer :

« Debout, la mauviette, on a un repas à préparer ! »

C'était Aliéna ! Elle était vraiment revenue ! Il avait tellement de mal à y croire qu'il ne répondit rien et se mit simplement au travail. Les enfants étaient ravis et, pendant tout le repas, ils se pressaient autour de la jeune femme en lui demandant rien de moins que de refaire son tour de magie ! Un peu dépassée, elle sembla d'abord ne pas comprendre, jusqu'à ce que l'elfe lui fasse un petit signe, comme s'il battait es ailes. Aussitôt, son visage s'éclaira et elle se changea en oiseau, sous un concert d'applaudissements ! Faëlis put dormir profondément pendant que sa compagne avait enfin trouvé un moyen de canaliser les gamins, d'autant que ce soir-là, ils eurent tous le ventre relativement plein !
Modifié en dernier par Faëlis le mar. 24 mars 2020 20:53, modifié 1 fois.

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Oljyn
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Oljyn » lun. 23 mars 2020 14:20

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Progresser dans une forêt n’est déjà, de base, pas dans mes habitudes. Alors le faire de nuit, à la lueur d’une torche, est tout juste supportable. Plusieurs fois je manque de me croûter à cause d’une racine. Je jure, je peste, je grommelle. Au moins nous ne croisons pas de créatures sauvages ou en tout cas nous ne les voyons pas. Je remarque que mon humeur agace mon forgeron et pour être tout à fait honnête je m’en moque.

" T’en a pas marre de pleurnicher ? "

" Me fais pas chier. " Rétorquais-je crûment. " Pourquoi on n’attends pas le lever du jour ? "

" Parce que nous avons du retard à rattraper. "

Il a raison, la durée du concours a beau être rallongée, nous ne sommes pas en avance. Je soupire exagérément fort, suivi par le soupire exaspéré de Kazuto. Nous poursuivons néanmoins notre chemin sans nous disputer ce qui, vu les circonstances, est un exploit. Nous trouvons le fleuve Kokyo à travers les bois et décidons de le remonter comme nous l’avions prévu. Je sais qu’il y en a pour quelques jours de marche avant d’arriver dans la Sylve des Premiers Âges mais la présence d’eau à proximité me rassure et me calme. Le jour se lève finalement et après un rapide petit déjeuner nous reprenons la route, toujours en silence. Le rythme de nos pas est bercé par le bruit du courant du fleuve, nous progressons à l’abri du soleil, couvert par le feuillage des arbres centenaires. Un bruit me fait lever les yeux pour apercevoir une étrange créature couverte de plumes et d’écailles qui bondit d’arbres en arbres. Je commence à m’inquiéter quand je distingue qu’il y en a quatre autres qui voltigent au dessus de nos têtes.

" Des Kragens. Ils ne s’attaquent pas aux hommes, en théorie. Tu ferais mieux de regarder où tu met les pieds. "

Je manque justement de trébucher sur une pierre à ce moment là, provoquant un autre soupire du forgeron et une injure de ma part. Heureusement il a raison, les étranges reptiles poursuivent leur courses sur les plus hautes cimes des arbres pour rapidement disparaître.

La journée s’achève et nous décidons enfin de nous arrêter pour nous reposer. Kazuto s’occupe de monter le camp tandis que je prépare mon filet pour attraper de quoi manger. Le repas se passe en silence mais je perçois que mon forgeron à une mine assombri. Il termine rapidement son repas avant d’aller se reposer sans dire un mot. Je rejoins également ma paillasse après avoir donné une autre bûche au feu de camp pour éloigner les bêtes sauvages.


>>>
Modifié en dernier par Oljyn le mar. 24 mars 2020 22:34, modifié 2 fois.

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Oljyn
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Oljyn » lun. 23 mars 2020 22:06

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" Vous comprenez pas les leçons on dirait. "

" Silence ! "

Sa voix nasillarde me fait encore ricaner malgré la douleur qui me saisit la mâchoire. Nous avions eu le droit au plus désagréable des réveils. Le canard, ce brigand à qui Kazuto avait brisé le nez dans le Val d'Abondance, et ses sbires nous avaient pris par surprise peu avant le lever du jour. Nous avions manqué de prudence et nous l’avions payé. En sous nombre et trop embrumé pour réellement nous défendre, ils nous avaient roués de coups avant de nous ligoter pour nous emporter vers leurs camp situé plusieurs kilomètres en amont du fleuve. Au moins nous n’avions pas fait marche arrière mais malgré l’expression de confiance de mon forgeron, j’avais du mal à croire que nous allions nous en tirer cette fois.

Assis sur un tronc, je constate que malgré la débâcle du campement dans la forêt de Nostyla ils sont toujours nombreux. Leur chef, l’homme à la tête de fouine et au cheveux sur la langue donne de nombreuses directives. Je ne tarde pas à comprendre la raison de leur présence ici. Aux abords du camp, entre les nombreuses tentes et caisses de vivres, d’outils et d’armes, se trouvent des cages. Petites, grandes, vides ou contenant des animaux ou créatures étranges. Je remarque même, déplumés et suspendus par les pieds à une corde reliant deux mats, les Kragens qui étaient passés au dessus de nos têtes. Ces raclures avaient mis leurs opérations de vol de paysans en pause pour s’adonner au braconnage. Nous avions vraiment à faire à ce qu’il y a de pire. A côté de moi, le forgeron continue de provoquer le jeune homme au nez cassé, provoquant chez lui une colère qui produit des sifflements nasaux stridents. Un peu plus loin, sur une souche d’arbre fraîchement coupé, est assis poings liés un Shaakt qui nous observe avec intérêt. Un membre du Tonnerre d’Omyre ? Si c’est le cas il a été rapide pour nous retrouver. Dommage pour lui, j’ai l’impression qu’il a d’abord croisé la route des bandits. Le visage tuméfié, il a dû se défendre avec hargne avant de se faire attraper. Nous ne nous en sommes pas mieux tiré que lui au final. Kazuto a encore la lèvre qui saigne et moi j’ai l’impression qu’un cheval m’a marché sur le visage.

La fouine n’est toujours pas venu nous voir, s’interroge t-il sur ce qu’il va faire de nous ? Nous tuer ou exiger une rançon ? Un coup de poing me frappe la joue et me fait cracher salive et sang. Je secoue la tête avant de plonger mon regard dans les yeux du bandit qui venait de me cogner.

" Y avait un moustique sur ma joue ? "

Ces braconniers sont si susceptibles. Vexé par ma question et par le rire moqueur du forgeron, il arme son poing à nouveau. Je me redresse, bombant le torse sur mon siège improvisé, prêt à me faire casser le nez sans broncher. Mais il suspend son geste et arbore un visage effrayé alors que le mien affiche une mine surprise. Tout mouvement dans le camp s’arrête et les têtes se tournent vers les bois d’où vient de surgir un hurlement terrifiant. Mélange d’un cri humain et bovin qui nous fige sur place. Le forgeron à côté de moi s’agite tandis que les braconniers se lancent des regards inquiets. Un second cri, plus long et fort que le précédent commence à faire grandir un vent de panique que le chef de la bande cherche à contenir. Puis vient un bruit de martèlement de sabots et de troncs qui se brisent.

" Faiviffez vos armes ! "

Hurle la fouine au centre du camp, brandissant déjà sa masse. Certains lui obéissent, s’équipent d’épées, de haches, de boucliers ou d’armes à distance. D’autres choisissent de fuir et le Shaakt en profite pour discrètement se lever et disparaître dans une tente alors que le martèlement est de plus en plus fort.

" Le voilà l’enfoiré. "

Inquiet, je me tourne vers lui alors que le canard rejoint son chef.

" De qui tu parles ? C’est quoi qui arrive ?! "

Sa mine s’assombrit tandis que son regard se teinte de haine pur. Un troisième hurlement, proche du campement, me vrille les oreilles juste avant qu’une créature immense déboule dans le campement, ravageant tout ce qui se trouve sur son passage, équipements et hommes sans distinction et sans effort. Le monstre mesure pas loin de trois mètres de haut et doit peser aussi lourd que le tronc sur lequel je suis assis. Une créature hybride mi-homme mi-taureau dont je ne croyais pas à l’existence. Un Minotaure, créature de légende terrifiante, se dresse pourtant au centre du campement avec son corps musclé comme un bœuf, ses cornes d’ivoires longues et épaisses capables d’embrocher un cheval, son regard empreint de sauvagerie au dessus de ses amples narines s’agitant au gré de sa respiration rauque. Sa gueule s’ouvre pour pousser un nouveau cri juste avant qu’il ne saisisse un banc de fortune de ses bras puissants pour faucher une demi-douzaine d’hommes trop lents pour fuir. La fouine donne l’ordre de tirer à volonté et les traits d’arbalètes pénètrent le cuir solide de la bête, ne provoquant chez elle rien d’autre qu’un hurlement de colère. Le monstre semble invulnérable, seul une large cicatrice pourfendant son ventre peut laisser croire que quelqu’un a déjà réussi à le blesser gravement. Kazuto rive un regard enragé sur le Minotaure, serre les mâchoires à en baver et montre les dents comme un chien sur le point de mordre. En l’observant, j’aperçois le Shaakt ressortir de la tente avec les mains libres, il nous observe et lève sa main en l’air où se forme un éclair.

" Bordel ! "

Lâchais-je en poussant sur mes jambes libres pour pousser le forgeron. Nous tombons tous les deux derrière le tronc où le projectile de foudre s’abat en provoquant le fracas du tonnerre. Un brigand vole au dessus de nous en hurlant l’instant d’après pour tomber dans le fleuve qui se teinte de rouge. Son arme tombe sur les galets devant nous, manquant de m’écorcher le visage. Kozuto ne fait même pas un commentaire sur mon geste et se précipite sur l’arme en rampant pour se débarrasser de ses liens. Les cris mêlée des bandits et du Minotaure recouvrent le mien quand je lui demande ce qu’il fout en le voyant s’élancer vers le monstre arme à la main sans même m’aider à défaire mes liens. Il semble avoir perdu la raison au milieu de cette folie qui s’abat sur le campement. Entre les bandits, le Shaakt, le Minotaure, c’est bien le moment de perdre les pédales. Je jure encore tout en rampant jusqu’à une hache un peu plus loin pour me libérer enfin de mes entraves. Un bandit passe à côté de moi avant que je me redresse mais il m’adresse à peine un regard avant de fuir dans la forêt. Le tonnerre s’abat encore sur le campement, je me redresse pour m’assurer que mon forgeron n’a pas fini carbonisé. Non, mais sa présence proche du Minotaure n’est pas plus rassurante. Le Shaakt, responsable de la foudre qui s’abat se retrouve en confrontation face à un braconnier. Je traverse le campement à toute allure, évitant les bandits occupés à gaspiller leurs projectiles. Une cage s’écrase devant moi, coupant nette ma route. Je remarque alors que la bête enragé à foncer dans les cages d’animaux, brisant, retournant et ouvrant certaines cages en libérant les détenus, ajoutant encore plus de chaos à la situation. Heureusement la plupart se contente de s’enfuir sans attaquer, que ce soit dans les bois ou dans le fleuve.

Je reprend ma course, ignorant le tambour qui s’affole dans mon crâne et la douleur de mes mâchoires qui se touchent à chaque pas. J’approche du Shaakt, encore et encore, si bien que j’arrive pile à sa hauteur quand il parvient à se débarrasser du bandit. Il arme sa main, générant un nouvel éclair mais mon épaule lui percute le torse, déviant son tir qui strie le ciel et provoque un coup de tonnerre assourdissant. Le Shaakt est propulsé dans la tente derrière lui alors que je me retourne pour vérifier que mon forgeron est toujours en vie. Il combat toujours contre le Minotaure, aux côtés de la fouine et ses acolytes. Une nuée de flèches est plantée dans la bête mais elle n’en parait pas diminuée. Elle s’empare d’une autre cage vide qu’elle lance pour faucher un bandit à distance. Elle rate le bandit et c'est moi qui me retrouve sur sa trajectoire. Je me baisse en me protégeant la tête. Le projectile passe au dessus de moi et arrache la tente dans laquelle se trouve l’assassin du Tonnerre d’Omyre. Il se relève et m’observe avec un regard haineux, je me redresse à mon tour et m’avance pour en finir avec lui.

Il esquive mon premier coup de poing et pose juste un doigt sur mon bras qui est prit l’instant d’après d’un spasme incontrôlable, je mange ensuite son poing en plein visage. Je recule, pour un gringalet il a de la force. Il met de la distance entre nous et s’empare de plusieurs couteau de lancer qu’il jette en même temps dans toutes les directions. J’ai d’abord le réflexe d’avoir un rire moqueur avant de remarquer que les projectiles commencent tous à entamer une courbe pour me foncer dessus. Je fais alors demi-tour en jurant pour courir me réfugier derrière une table que je retourne. J’entends les couteaux s'y planter l’un après l’autre et après un instant je sors à nouveau de ma planque pour retourner au combat. Mais le Shaakt a disparu tandis que la foudre s’abat à nouveau, proche du forgeron. Je parcours le camp de plus en plus dévasté du regard, me baisse pour éviter un nouveau projectile alors qu’à nouveau un coup de tonnerre résonne suivi d’un hurlement du Minotaure.
Ca y est ! Je vois le Shaakt ! A l’orée du bois, proche d’un buisson pour s’y cacher. Je crache un caillot de sang au sol avant de ramasser un bouclier rond qui traîne. Je fais ensuite le tour en m’assurant qu’il ne me remarque pas, rejoignant à mon tour les fourrés bordant le camp. Les bruits de hurlements humains des braconniers, le cri monstrueux du minotaure accompagné des coups de tonnerre suffit à étouffer le bruit de mes pas précipités. J’arrive enfin derrière le Shaakt qui ne remarque ma présence que maintenant. Je lance mon bouclier vers lui, un tir lamentable mais qui a l’utilité de le gêner pour son sort qui s’écrase contre un arbre derrière moi. Mon poing percute son estomac, dessinant sur son visage usé une grimace de douleur. Un second coup déforme sa tête déjà laide, je sens les os de sa mâchoire se briser sous mes phalanges. Enfin, de mon autre main je frappe son menton, fermant sa gueule ouverte bavant de sang et tranchant sa langue entre ses rangées de dents. Il décolle du sol avant de retomber lourdement dans les buissons, s’emmêlant dans les ronces. Il est inconscient pour un long moment, je peux le parier. Je secoue ma main droite en expirant un grand coup tout en observant le camp en ruines, juste à temps pour voir la bête attraper la jambe du forgeron et le projeter au loin.

" Merde ! "

Il atterrit dans le fleuve. Je reviens sur mes pas, à couvert des buissons pour ne pas me faire repérer par le monstre qui, au bruit, en termine avec les derniers combattants. Une créature effrayante qui a pulvérisé tout un campement, une bonne quarantaine d’homme, sans même pousser un soupire de fatigue. Je plonge dans le fleuve et me précipite au secours de Kazuto qui coule vers le fond. Je le ramène à la surface et le tire sur la berge boueuse alors qu’il tousse comme un damné, les yeux rougis par la douleur, la colère et aussi la tristesse. Il se roule en boule et se met à pleurer, à se maudire. Je me redresse pour m’assurer que le Minotaure ne nous remarque pas mais la créature n’est plus là. Elle est repartie, laissant derrière elle un amas de cadavres et un amoncellement de matériel brisé.


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Modifié en dernier par Oljyn le mar. 24 mars 2020 22:45, modifié 2 fois.

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Oljyn
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Re: La Forêt du Châtiment

Message par Oljyn » mar. 24 mars 2020 14:10

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Kazuto s’était redressé. Assis au bord du fleuve, les pieds baignant dans l’eau froide. Les yeux encore bouffis et le nez dégoulinant. Je l’observe sans rien dire, ému par son chagrin inexplicable. Une douleur à mon avant-bras me tire un grognement. Peut-être venais-je de trop forcer en cognant ce salopard d’elfe noire, réanimant ma blessure infligée par la créature dans la grotte. Je masse mon poignet et m’assure que la plaie ne se soit pas remise à saigner.

" Je suis désolé de t’avoir emporté là dedans. "

Je dirige mon regard vers le forgeron qui poursuit d’un ton navré.

" Lors de ma dernière participation au concours, nous avons découvert avec mon escorte une grotte dans cette forêt. L’ouverture était sous un arbre centenaire et à l’intérieur les murs étaient tapissés de Gravilay. "

Il laisse échapper un rire étouffé par la douleur.

" Putain on pensait avoir trouvé un trésor. Il y avait facilement de quoi faire plusieurs armures complètes. Au moins une vingtaine, nous n’avions même pas de quoi emporter tout ce qu’il y avait à notre portée. Et la caverne s’enfonçait dans les profondeurs encore et encore. Nous nous laissions guider par les racines qui formaient une galerie. "

Je l’entend renifler et le vois se frotter les yeux pour effacer les larmes qui coulent sur ses joues.

" Nous avions manqué de prudence à nous enfoncer autant et il était déjà trop tard quand nous nous en sommes rendus compte. Nous avons entendu son cri, son beuglement immonde qui a fait trembler toute la grotte. Un Minotaure putain, qu’est ce qu’il foutait là ? Maintenant je sais que c’est sans doute un de ceux qui a perdu la raison, un monstre déchu. Mon escorte, ma femme a essayé de l’abattre, elle l’a blessé au ventre mais elle en a perdue la vie. C’est sa blessure qui m’a permis de m’enfuir. Quel genre de mari je suis, merde, si je n’ai pas pu la défendre et ne suis même pas capable de la venger ! "

La colère prend le dessus et Kazuto commence à se tordre à nouveau pour se mettre à quatre pattes et marteler le sol avec ses poings. Je comprends mieux maintenant sa réaction dans la forêt de Nostyla quand j’ai fais un commentaire déplacé sur sa précédente escorte. Il s’agissait de sa femme, morte en le protégeant.

" C’est pour ça que tu voulais absolument le Gravilay. Pour revenir ici. "

Il pousse un gémissement de douleur avant de fondre en larmes à nouveau, laissant son front s’enfoncer dans la boue. Venger sa femme et remporter un concours qui lui a prit la vie. Une cause honorable.

" Pardonne moi ! "

Je me redresse et balaie le campement du regard pour retrouver mon sabre. Je ne sais pas trop quoi penser mais sa douleur me fait mal au cœur. Je le laisse un instant seul pour partir à la recherche de mon arme. Je retourne les toiles de tente, les débris de caisse, pousse les corps du pied pour finalement la retrouver dans la main d’un brigand mort.
C’est une vraie boucherie, les corps sont écrasés, brisés, les visages figés dans des expressions mêlant douleur et terreur. Je retrouve même le corps du canard, allongé à coté d’un tronc dans lequel il a dû se cogner. Un gamin, à peine plus jeune que moi. Une tignasse blonde tâchée de sang, quelques poils aux joues, même pas de quoi faire une barbichette. Son nez tordu pousse encore un léger sifflement. Son nez pousse encore un léger sifflement ? Je m’agenouille à coté de lui pour rapprocher mon oreille de son appendice nasal déformé. Il respire ! Faiblement, mais il respire !

" KAZUTO ! " Criais-je vers le fleuve.

Je pose mon sabre pour aider le canard à se redresser et ainsi mieux respirer. Il laisse échapper une quinte de toux et ouvre des yeux paniqués. Il tente vainement de se débattre, croyant sûrement que la bête est encore là.

" Calme toi canard ! Le monstre est parti ! Tu as une sale blessure à la tête. "

En effet, rien d’autre sur son corps n’indique qu’il est blessé ailleurs. Mais l’état de la plaie à l’arrière de son crâne me préoccupe. Il grimace et gémit de douleur quand je tâte la blessure du bout des doigts et je me rends compte qu’elle saigne encore.

" KAZUTO MERDE GROUILLE TOI ! "

Commençais-je à m’énerver. Je l’aperçois se relever mollement et s’essuyer le visage d’un revers de manche. Il semble reprendre contenance quand il s’aperçoit qu’il y a une autre âme qui vive au milieu de ce carnage. Il se précipite vers moi d’un pas plus assuré et après avoir rapidement compris la situation va chercher de quoi bander la blessure.

" Faut le ramener à Gamerian. " Dit-il en m’aidant à le panser.

" Et pour le concours ? "

Je plonge mon regard dans le sien. Nous pouvions encore tenter de nous emparer du Gravilay nécessaire pour l’armure et rentrer à temps mais j’ignore si canard pourrait survivre. Je m’en voulais de lui proposer mais Kazuto souffrait de ne pas avoir réussi à venger sa femme, voulait-il également sacrifier le concours pour un type qui nous en a fait baver tout le long de notre voyage ? Il pousse un soupir en observant le brigand dont le regard commençait à nouveau à se troubler. Il lui colle une petite gifle pour le maintenir éveillé.

" Reste avec nous canard ! On va te sortir de là. "

Il m’observe ensuite et répond d’un ton dénué d’hésitation. Le forgeron que j’avais côtoyé pendant des semaines était de retour.

" A quoi bon gagner un concours si je ne suis pas capable de me regarder en face ? Je ne peux pas laisser ce gosse crever ici. "

Je lui donne une bourrade dans l’épaule et lui adresse un sourire sincère soutenu par un regard plein de fierté.

" Trouvons de quoi le transporter alors. Accroche toi canard ! "

Je me redresse mais le brigand me saisit le bras avant de bredouiller quelques mots avec sa voix nasillarde.

" Donald. Mon nom c’est Donald. "


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