Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

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Cromax
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » ven. 22 nov. 2019 10:38

Un dernier pour la route…

L’enceinte de la cour est vide. Tout juste aperçois-je une porte se refermer lentement sur ma gauche. Je n’y prête pas vraiment attention, n’ayant cure de ceux qui veulent se cacher. J’ai tout autre chose à faire que de persécuter les lâches et ceux qui veulent sauver leur peau. C’est vers la grande double-porte que mes pas m’amènent. Je l’ouvre sans difficulté, m’immisçant dans cette salle tout droit sortie du passé. Je m’y revois combattant un ennemi intouchable au centre d’un cercle de feu : Lysis. Une mise à l’épreuve, autrefois réussie, sous les yeux de la prêtresse de la Rose régissant les lieux. Aujourd’hui, l’ambiance est toute autre. Mon humeur, aussi. Je n’étais alors qu’un jeune combattant encore inexpérimenté et impressionnable, je suis aujourd’hui un tueur déterminé et conscient de sa tâche. L’endroit a été réaménagé : un trône, des tentures rouges, un tapis du même coloris déroulé vers le meuble d’assise. Des torches aussi, éclairant l’endroit de leur lumière vacillante. Mon regard se plisse lorsque je l’aperçois. Elle. La femme masquée du Temple, désormais débarrassée de ses attributs et déguisements. C’est son visage découvert que je découvre : une peau pâle comme une fraiche aurore matinale, des cheveux sombres comme la nuit, un regard clair comme l’eau d’une lagune paisible. La Dame, si jeune et si impérieuse pourtant, est vêtue d’une robe pourpre. Elle est assise sur le trône, posant sur moi un regard mystérieux. Je raffermis l’emprise sur mes deux lames, et commence à m’approcher d’un pas rapide, déterminé. Une subite migraine, hélas, me paralyse soudainement, me faisant ployer le genou en grimaçant. Pas de doute, c’est bien elle. Elle et ses fichus pouvoirs. Je serre les dents, tentant de résister à son sortilège, en vain. Elle est puissante, ça ne fait aucun doute… Je la vois se redresser dans son siège, la mine grave.

« Cromax… Cromasth d’Amarthan, ou quel que soit le nom que tu souhaites te donner. Tu es la vie, la sauvagerie, la détermination incarnée. Et pourtant, tu restes si naïf, si pur dans tes pensées. »

Je ne peux répondre, tremblant pour ne pas m’effondrer totalement au sol, trop fier pour lui faire ce plaisir.

« Tu te présentes à moi en ennemi ce jour, alors que depuis si longtemps tu te dis mon amant. »

Son amant ? Qu’elle aille se faire voir : j’ai partagé beaucoup de couches, mais jamais la sienne… La vérité me frappe cependant avec violence. Bien sûr…

« Oui, tu l’as compris. Je suis la Rose Sombre, protectrice des secrets de la guilde que tu représentes. L’ultime segment de pouvoir de ceux que tu défends et protège. Celle pour qui tu as châtié, celle pour qui tu as tué. »

Grantier. Le nom de mon ancien ennemi m’apparait dans l’esprit. Ce vieux duelliste à l’influence notable en République d’Ynorie, qui siégeait de sa superbe dans la Palais de la Roseraie de Soie. Un homme distingué, intelligent. Un traître de la guilde. Mais que suis-je de moins, à cette heure, si c’est elle, la guilde ? L’aurais-je donc tué par simple abus, par l’illusion d’une trahison ? Son seul crime n’avait-il été que de comprendre ce que je comprends moi-même aujourd’hui ? Est-ce ce dont Pulinn a tenté de me prévenir ? Et cette soi-disant trahison de Zarnam… N’est-il finalement que le sbire encore loyal de cette entité ? Mes pensées ont-elles fait de moi un traître sans le savoir ? Sans doute. Pulinn aussi, vraisemblablement, a trahi, et l’a cher payé. Mais est-ce un mal ? Tout s’éclaircit un peu trop simplement à mon goût. Ai-je moi-même fermé les yeux docilement devant les horreurs que je comprends, pendant toutes ces années ? Est-ce vraiment cette entité sans cœur que j’ai aveuglément servi sans la connaître, sans même me rendre compte de ma servilité ? Rhétoriques questions que celles-ci, car la réponse est claire désormais, et un goût de bile me prend à la gorge lorsque je le comprends. Loin de m’abattre cependant, ça force ma détermination, ça renforce ma rage, ma volonté ardente de mettre fin à ses jours. Plus pour ce qu’elle a fait au Palais, à mes alliés. Plus pour ce qu’elle a fait à la Dame Blanche du Temple. Non. Pour ce qu’elle m’a fait, à moi. Indirectement, vicieusement, avec manipulation. Une manipulation de maître. Une allégeance sous-jacente à un masque, une image imprécise et mystérieuse. La Rose se lève et tend une main impérieuse dans ma direction.

« Et puisque tu as compris, tu dois mourir. »

Une douleur m’assaille l’esprit, plus vive encore que la précédente, me tordant les neurones. J’ai l’impression que mon crâne va imploser, et je tombe à genoux, me tenant la tête de mes mains crispée, forcé de lâcher mes armes. Non, bordel. Je suis vaincu, déjà, avant même d’avoir pu porter le moindre coup, avant même d’avoir pu tenter quoique ce soit. C’est injuste, c’est…

(Non !)

Lysis, implacable, sort de mon esprit, sort de mon corps, prend forme devant moi, protectrice inattendue, inespérée. Flamboyante comme au premier jour, belle et dangereuse, ses mains se remplissent d’un feu destructeur : elle va mener ce combat pour moi, elle va vaincre, elle va…

Toute douleur part brutalement de mon corps, de ma tête. Libéré, je laisse mes mains choir au sol, ahanant, suant. Et devant moi, c’est Lysis qui part en vrille. Je sens sa douleur dans mon esprit, son état se faire instable. Elle est comme clignotante, à genoxu à son tour, maintenue sans défense par cette créature terrible, cette femme à l’apparence si frêle et fragile. Cette Rose Sombre. La peine de ma faera, de cette compagne de feu, me redonne la force d’agir. Je m’empare de mes lames au sol et bondis d’une énergie retrouvée dans une course vers la responsable de tout ce chaos. Je vais pour l’atteindre, prêt à frapper, certain qu’elle ne puisse réagir car elle doit continuer à contrôler Lysis si elle ne veut pas imploser dans une gerbe de feu mais… Un choc me cueille de côté. Violent. Un coup de boutoir qui non content de me dévier de ma course m’envoie bouler comme une poupée de chiffon sur une colonne qui m’accueille douloureusement.

J’accuse le choc, souffle coupé, clignant des yeux avant de me retourner, abasourdi, vers cette force surprise qui m’a balayé. Et là, devant moi, se tient un être singulier. Caparaçonné dans une armure écarlate, une sorte de chevalier impressionnant tant en taille qu’en stature. Un être dangereux, sans aucune hésitation possible. D’autant plus qu’il se tient face à moi complètement désarmé, si ce n’étaient ses poings engoncés dans de la plate épaisse, et de curieuses lames de parade au niveau des avant-bras.


***

Je m’approche, fourbu, blessé et ahanant, de celle qui possédait l’armure vivante. De celle qui les possède tous, du plus humble serviteur au plus rétifs des gardes de la Rose. Épuisée, elle aussi, incapable désormais de lancer le moindre sortilège, elle me regarde approcher avec une lueur de défi dans le regard.

« Vois, Cromax. Vois notre œuvre. Les Amants ont été châtiés, mon culte purgé des traîtres et des faibles. Pulinn, Zarnam… Vois, Cromax, ce qu’on pourrait bâtir ensemble si tu t’alliais à moi, maintenant. »

Mes dents serrées, le souffle court, les sourcils froncés. C’est sans lamoindre hésitation que dans un cri hargneux, je me lance vers elle pour planter dans son frêle corps mes deux lames au niveau des clavicules. Comme je le fis jadis avec Rewolf Grantier. Son regard se glace alors que je l’entraîne dans ma chute, et qu’en son corps ma métamorphe prend subitement plus de place. La place de sa vie, la lui arrachant d’une dernière transformation lui perforant le cœur. Sale garce. Espérait-elle vraiment m’embobiner encore, après tout ça ?

M’éloignant de son corps, je fusionne avec Lysis presque instinctivement. Je tombe à genoux, défait. Et je hurle. Je hurle. Je crie toute la rage en mon sein, toute la colère, toute l’ivresse. Prisonnier de moi-même, voilà ce que je suis, au final. Prisonnier de mes choix, prisonnier de mes songes, de mes pensées. Et là, j’explose. Des flammes naissent de mon corps, projetées partout autour, calcinant l’armure, calcinant la Rose Sombre, calcinant la salle entière et frappant les murs avec force, des murs déjà défaits par le temps, aux pierres descellées. Je ne suis plus que flammes. Un oiseau de feu, qui prend son envol dans la destruction des seules zones encore habitables du Clan des Roses. Un envol final, un envol sans retour…

Ou peut-être que…

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Cromax
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » ven. 22 nov. 2019 10:58

Message PNJ

Dehors, un grabuge subit se fait soudain entendre. Une détonation, de la fumée sortant des failles dans les murs, une lueur flamboyantes. La porte sur laquelle Zarnam est fiché, mort, explosant avec lui. Même Fenouil dans son abri, accompagné de la prêtresse, dut sortir dans la cour pour ne pas prendre feu à son tour. L’elfe aux cheveux rouges venait de reprendre connaissance, un peu désorientée mais bien vivante. Ses soins avaient permis qu’elle survive à tout ça.

S’il reste des gardes de la rose, ils semblent soudain prendre conscience de l’horreur de la situation. Ils jettent armes au sol et prennent la fuite sans demander leur reste. Puis, après quelques instants, une silhouette de feu sort de l’encadrement bouillant de la porte. Lysis.



Image




Elle adresse un regard à chacun, avant de prendre la parole.

« C’est fini. La Rose Sombre est vaincue. Ses amants ne sont plus, et Cromax s’en est allé. Peut-être reviendra-t-il un jour, peut-être pas. Il est libre, maintenant. Vraiment libre. Et il souhaite que chacun de vous le soit à son tour. »

Elle désigne une bourse au sol, devant elle. Tombée des cieux ? Celle de Cromax.

« Il tenait à vous récompenser. De votre présence, de votre soutien, de vos sacrifices. Dans cette bourse, vous trouverez un présent de 5 000 yus qu’il tenait à vous donner, à chacun. »

Elle regarda vers Fenouil et précisa :

« Même toi. »

Puis elle poursuivit.

« Le reste de la somme, il souhaitait le confier à un ordre nouveau dont il a appris la naissance il y a peu, et qui comme lui se bat et se battra pour la liberté en ces terres, contre les forces occultes d’oppression, contre les lois exagérées et la justice corrompue. L’Ordre Pourpre. Et il avait une dernière mission, pour celui d’entre vous qui le souhaiterait : mener cette bourse et l’argent qu’elle contient sur l’Île de Tol’Lhein, au large de Tulorim, où elle devra être remise à l’ordre. »

Elle va faire une pause, scruter le regard de chacun, et terminer :

« Mais ce choix est vôtre, tout comme ce que vous ferez de votre avenir. Les Amants de la Rose Sombre ne sont plus, mais laissent une place libre, si l’un de vous souhaite les rebâtir de la base. Une meilleure version de ce qu’ils ont été. L’Ordre Pourpre attend de nouveaux membres, de nouveaux associés, pour faire valoir ses idéaux de liberté. Eux aussi, vous pourriez les rejoindre. Ou prendre votre propre voie, votre propre chemin. Car c’est tout ce qui compte : vous êtes libres. »


Et elle attendit les questions, resta pour les réactions.


[HJ : don de 5 000 yus de la part de Cromax à ceux qui les réclameront. Le reste de l'argent pourra être versé à l'Ordre Pourpre via l'un de vous ou via la prêtresse rouge. Le Clan des roses est détruit, le Temple des Plaisirs souillé et Pulinn n'y retournera plus, prenant sa "pension" en Hidirain. Les amants sont morts, libre à l'un de vous de prendre le relais s'il le souhaite, avec partage équitable des ressources de la guilde. Sinon, l'ensemble des ressources ira à l'Ordre Pourpre, nouvelle guilde/version de la guilde dirigée par Cromax et ses PNJ sur l'île de Tol'Lhein, qui sera officialisée sous peu. A vous de faire votre choix.]

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Madoka
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » lun. 2 déc. 2019 23:24

Et soudain, alors que l’équipe disparate que nous sommes se regroupe, une brusque détonation fend le silence engendré par la fin des combats, provenant de l’intérieur de la forteresse en ruine. Un grondement terrible se fait ensuite entendre, plusieurs explosions se succèdent et une gerbe de flammes embrase soudain le ciel. Toute la forteresse est prisonnière de ce feu presque irréel de fureur et de propagation ; des gardes survivants lâchent leurs armes, les visages ahuris figés vers les flammes et les colonnes de fumée, et s’enfuient prestement, vers je ne sais où. Quelques autres parviennent à sortir de la forteresse en feu, hébétés et tout aussi rapide à fuir ; sauf ce petit être vert aux longues oreilles, tenant à bout de bras une femme blessée aux cheveux rouges.

Si soudain que j’en reste bouche bée, sidérée, incapable de bouger ou de parler. Mes pensées se bousculent, mes yeux restent fixés sur les flammes, envoûtantes à leur manière, fixés sur un mouvement curieux dans l’encadrement de la porte soufflée par l’explosion avec le corps de Zarnam. La chose qui se déplace là-dedans est la mystérieuse créature qui s’était dite liée à Cromax ; et elle est seule. Une réflexion stupide en soi, comment un être fait de chair aurait pu la suivre, mais mon regard reste un instant à chercher derrière elle, par réflexe, par espoir, par habitude des événements invraisemblable en leur compagnie.

Elle s’avance seule jusqu’à nous, le visage grave, et nous observe tous de son regard de braise où ne brûle plus aucune trace de malice. Je l’écoute nous annoncer sans préambule que tout est fini, je l’écoute mais mon esprit est ailleurs, à tenter de déchiffrer ses mots pourtant simples. Elle parle de la rose sombre, cette organisation qui nous unit sans vraiment comprendre ce qu’elle était, elle nous annonce qu’elle est vaincue, comme on le dit d’une armée, que ses amants ne sont plus … et que Cromax s’en est allé. Des mots simples qu’on utilise souvent pour atténuer la brusquerie des autres, mais ce qu’elle rajoute ensuite me fait perdre pied. ((Peut-être reviendra-t-il, peut-être pas … peut-être, peut-être pas …)) La douloureuse et pourtant libératrice discussion que nous avons eu il y a peu me revient en boucle tandis que je l’entends annoncer qu’il est maintenant libre et souhaite qu’on le soit nous aussi, comme un écho à mes pensées. De quoi s’est-il libéré dans cette forteresse ?

Plus digne et plus légère, et suffisamment rapide pour empêcher quiconque de l’interrompre, elle nous désigne une large bourse, propriété de Cromax a priori. Je manque de m’étouffer lorsqu’elle nous précise que chacun de nous peut y prendre la somme exubérante de cinq mille yus, une fortune en soi. Mon regard balaye l’assistance, comptant silencieusement ces membres, mon esprit divague sur l’irréalité de cette foutue fortune lorsqu’elle nous informe que Cromax souhaitait en plus confier le reste à un nouvel ordre se battant pour la liberté. La Liberté, encore ce mot qui résonne douloureusement en moi. Elle parle et continue à nous faire part des vœux de Cromax, me donnant cette étrange impression qu’elle nous fait là, la lecture d’un testament.

Plusieurs choix s’offrent à qui veut continuer à marcher dans le sillage de Cromax ou sur le chemin qu’il semble avoir ouvert cette nuit.
Les Amants de la Rose Sombre, quoi qu’ils aient été, ne sont plus ; mais comme un arbre foudroyé à sa base, il en reste des racines, qu’une personne mieux attentionnée pourrait reprendre en main. Un héritage lourd, tant de secrets enrobés de mystères que de danger au parfum de trahison ; seule une personne cherchant et voulant réparation pourrait envisager telle entreprise. Une personne comme Pulinn, me dis-je alors avec un pincement de regret ; elle voudrait savoir ce qui s’est passé ici.
L’Ordre Pourpre, luttant pour ce qui était si cher aux yeux de Cromax. Un nouvel Ordre cherchant de nouveaux membres. Un Ordre ambitieux qui veut propager et faire valoir leurs idéaux de liberté. Une lourde charge que cela aussi. Ma liberté m’importe, cela est indéniable, j’ai très chèrement défendu la mienne un jour, pour quel résultat … mais ai-je ce qu’il faut pour défendre celle des autres.
La liberté de les quitter séance tenante, un choix facile pour qui a une vie toute tracée devant soi.


Épuisée tant physiquement que mentalement, je m’avance vers la bourse en soufflant longuement.

« Ça fait vraiment beaucoup à digérer. »

Sans sourciller et sans hésiter, je prends mon dû et m’approche de la créature flamboyante. Ma voix n’est pas aussi assurée que je le voudrais, brisée par la douleur encore très présente, abîmée par la teneur de certain propos à venir.

« Mais je ne peux pas repartir comme ça, pas après avoir passé tant de jours à courir après une énigme. Cromax d’abord … que s’est-il passé là-dedans ? Vous êtes au courant pour moi n’est-ce pas, quand vous dites qu’il reviendra peut être, c’est … pareil ? De quoi s’est-il libéré là-dedans, ces amants, cette rose sombre, c’était quoi en fin de compte, pourquoi était-il devenu un traître ? Et cet Ordre Pourpre … non ... en fait, en ce qui les concerne, j’irais, avec qui voudra. J'irais pour leur remettre l’argent, je lui dois bien ça. »

La fatigue l’emporte sur mes intentions, sur la quantité de choses sur lesquelles je m’interroge. Elle partira bientôt, elle qui a dit être lui et inversement, s’il est libre, elle l’est aussi, libre de le rejoindre, libre de l’attendre, libre de faire sa vie ; mais je doute qu’elle attende longtemps avant de commencer à le faire.

Modifié en dernier par Madoka le mer. 18 déc. 2019 21:33, modifié 2 fois.

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Faëlis
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » mar. 3 déc. 2019 20:27

C'est alors qu'une violente explosion fit trembler le sol. Alors que plusieurs personnes, dont un lutin, fuyaient l'intérieur, un panache de flammes éclot comme une fleure. Des débris tombent, du haut du ciel, en pluie qu'il n'a guère de peine à esquiver. L'elfe blanc reste un instant médusé, se demandant ce qui s'était passé. Devait-il se précipiter pour aider ? Car il le sentait au plus profond de lui : un terrible bouleversement. Un grand vide. Une âme s'était envolée avec les flammes, celle de leur guide, Cromax. La bataille était terminée, et avec elle tous ceux qui l'avaient orchestrés.

Mais voilà déjà une nouvelle forme ardente : la créature qu'il avait brièvement rencontrée à Kendra Kâr. Lysis, la dame de flamme. Elle indique, parmi les restes de l'ancien château, tombés à leurs pieds, une imposante bourse d'or. Cromax, explique-t-elle, est libre aujourd'hui. Parti au loin, peut-être pour ne jamais revenir. Il recherche un ordre nouveau, qui sera garant de la justice, mieux que ne le furent les Amants de la Rose Sombre, aujourd'hui définitivement vaincus. L'or est pour eux, s'ils le souhaitent, mais le reste ira à cet Ordre Pourpre, qui prendra la suite.

Madoka fut la première à approcher, épuisée et débordante de questions. Faëlis vint à son tour, lui proposant son épaule pour lui éviter de s'effondrer. Bien qu'il ne soit plus guère vaillant lui-même, la galanterie restait une valeur cardinale !

« J'accepte volontiers le cadeau, mais partage les mêmes questions, assura-t-il. Je pense, en effet, que si cet ordre existe et si c'est sa volonté, alors l'argent devrait leur être remis. Cela dit, je souhaiterais également savoir de quoi il en retournait. Qui étaient vraiment les Amants ? Et pourquoi se sont-ils ainsi entre-déchirés ? »

(((Récupération de la bourse de 5000 yus)))
Modifié en dernier par Faëlis le sam. 21 déc. 2019 14:35, modifié 1 fois.

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Fenouil
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » jeu. 5 déc. 2019 03:56

La porte du placard à balai n'étant pas étanche, une petite lueur réussissait à y pénétrer. Elle était faiblarde, mais cela suffisait amplement au gobelin pour voir comme en plein jour. Agenouillé près de la prêtresse, la tête de celle-ci appuyée contre sa cape qu'il avait roulée en boule afin de permettre un meilleur confort à sa protégée, Fenouil observait sa respiration, à l'affut du moindre mouvement.

Au bout de quelques minutes, il la vit battre des cils et ouvrir ses beaux grands yeux. Regardant de gauche à droite afin de tenter de se repérer, elle demanda par un regard interrogatif où elle se trouvait. Fenouil s'approcha alors de son oreille et lui chuchota:

« Nous sommes dans un placard de rangement dans les ruines de votre palais. Je vous ai mis là pour votre sécurité, car il y a des gens qui nous attaquaient... On va attendre que ça se calme et on pourra sortir. »

Apparemment sous le choc, elle se contenta d’opiner d’un petit mouvement de la tête.

Ils attendirent en silence. Puis, quelques minutes plus tard, une violente déflagration se fit entendre et de la fumée pénétra sournoisement sous la porte. Fenouil compris qu’ils devaient sortir rapidement de leur cachette pour ne pas mourir d’asphyxie.

« Nous devons sortir pour ne pas nous faire enfumer... Je vais vous aider. »

Cela disant, il se releva et présenta sa main afin d’aider la prêtresse à se lever. Elle accepta l’aide et s’appuya sur Fenouil et sortit avec lui. Les yeux écarquillés, Fenouil remarqua alors les cadavres gisant dans leur sang sur le sol. Des armes avaient été laissées là, et en s’étirant le cou, il put même voir des gardes du palais qui déjà loin prenaient la fuite.

Puis, un bruit de grincement de la double porte attira son attention. Les yeux froncés, il ne la lâcha pas du regard, prêt à fuir à la première occasion. La silhouette qui en sortit n’était point la Rose Sombre, mais une tout aussi jolie créature fort séduisante et toute de flammes. Ses seuls habits, tout de même forts jolies, avaient l’apparence d’armures carbonisées.

Son menton droit fier, son petit nez en trompette qui lui donnait un air mutin, elle prit le temps de regarder chacun d’eux. Fenouil qui suivait ce regard brûlant s’aperçut enfin qu’ils n’étaient pas que deux. Obnubilé par la triste scène de massacre, il n’avait porté attention aux autres yuimeniens de races diverses qui se trouvaient là. Il eut un hoquet de surprise lorsqu’il vit la resplendissante Tina, mais avant même qu’il songea s’approcher d’elle, l’être de flamme leur adressa la parole. Elle leur annonça tout d’abord que la Rose Sombre était vaincue et que l’un de ses amants, nommé Cromax, était parti, libéré désormais. Elle désigna une bourse à ses pieds et révéla qu’il s’agissait là de la récompense offerte par l’amant pour les remercier de leur soutien et sacrifice. 5 000 yus étaient offerts à chacun d’eux, Fenouil y compris. Le reste de la somme devait être confié à un nouvel ordre qui lutterait pour la liberté, pour la justice et contre les forces occultes. Elle convia ceux qui se porteraient volontaires à transporter cette grosse somme de yus au nord de Tulorim sur une île portant un nom trop complexe pour que le gobelin l’ait retenu.

Tout en écoutant les paroles de la dame aux cheveux rayonnants, Fenouil soutenait encore sa protégée. Lorsqu’elle eut terminé de parler, Fenouil chuchota à l'oreille de la prêtresse.

« Tout semble fini et j'ai rien compris... Qui est cette femme qui a pris la parole ? Qui sont les amants ? Qui est Cromax et pourquoi il me récompense ? »

Même si Fenouil ne comprenait pas pourquoi il se méritait une telle somme, il l’acceptait sans
émettre aucune réticence.

Reconnaissante envers le gobelin, la prêtresse consentit à lui raconter les grandes lignes de la situation et à répondre à ses questions. Ce fut ainsi qu’il apprit que les Amants formaient une société secrète dirigée par la Rose Sombre. Elle était secondée par Cromax et deux autres gardiens. Ces derniers temps, elle avait éprouvé le besoin d’étendre davantage ses pouvoirs sur l’organisation et dut par le fait même confronter ses trois gardiens. L’un des gardiens, le dénommé Cromax, l’aurait vaincue, et c’était sa compagne nommée Lysis qui avait le mandat de leur remettre leur récompense. La prêtresse supposa que Cromax voulait récompenser le petit gobelin qui lui avait sauvé la vie. Elle termina ses explications par un sourire sincère et reconnaissant.

La tête penchée légèrement de côté, Fenouil avait écouté attentivement les réponses de la prêtresse sans l'interrompre. Lorsqu'il entendit le nom de gobelin, il grimaça légèrement, si légèrement que cela dû, du moins il espérait, passer inaperçu. Il se contenta de dire:

« Je suis Fenouil… fils d'humains. »

Puis, tout en plongeant son regard dans ses magnifiques yeux.

« Et vous ? Pourquoi ont-ils voulu vous tuer ? Vous étiez un gardien également ? »

Patiemment, elle lui expliqua qu’elle était la prêtresse de la rose et qu’elle connaissait les secrets de la Rose Sombre, raison pour laquelle ils avaient voulu la réduire au silence. Elle n’eut pas le temps de prévenir les gardiens et d’éviter le pire.

« Oh ! » se contenta-t-il de répondre... Il avait enfin compris.

Puis, après un court temps de réflexion, il la questionna de plus belle

« Mais vous n'avez pas un vrai prénom ? Juste un titre ? » demanda-t-il naïvement.

Tout en lui affichant un charmant sourire, elle lui dévoila qu’elle se prénommait Amaïa.
Il répondit à son sourire, s’assura qu’elle pouvait tenir debout tout seul et s’approcha de l’objet de ses convoitises, la bourse de yus. Il dut par contre prendre son mal en patience, car deux humains l’avaient précédé : une femme aux cheveux bruns et un blondinet plutôt prétentieux. Une fois leur part du butin ramassée, ils s’en éloignèrent tout en posant d’autres questions sur l’ordre éteint et l’autre naissant.

Une fois près de la bourse et par le fait même de la belle Lysis, Fenouil eut l’impression qu’il ressentait la chaleur de ses flammes. Il s’agissait là sans doute de l’effet de son imagination et il ne s’en préoccupa pas trop.

Tout en se penchant vers les yus, il jeta un regard furtif vers Lysis pour constater qu’elle surveillait ses moindres gestes, comme si elle lisait en lui son envie de récolter un peu plus de pièces que prévu. Conscient qu’elle ne ferait qu’une flambée d’un petit voleur comme lui, il compta exactement 5 000 yus. Puis de peur d’en avoir pris un de trop et de subir le courroux de la flamboyante gardienne du trésor, il remit un yus dans la bourse.

Il salua une dernière fois Amaïa, puis fit un signe de tête aux autres et marcha en direction des portes de l'enceinte. Chemin faisant, il contourna un cadavre, puis décida de s'arrêter. Il se pencha vers ce dernier, puis après avoir jeté un regard furtif à Lysis, il fouilla dans les vêtements dans l'espoir d'y trouver une bourse bien remplie, un bijou ou tout autre objet utile. Une fois le contenu des poches du cadavre transféré dans les siennes, il vit une belle épée en argent tout près, il la pris, s'assura que la lame était en très bon état et la rangea à sa ceinture. Il se releva ensuite, sortit de l'enceinte et se dirigea vers la forêt, il allait d'abord récupérer la broche qu'il y avait cachée. Espérant retrouver ensuite le sentier qui le mènerait à la rivière qu’il longeait avant de rencontrer la prêtresse en danger.


(((Fenouil fouille un cadavre: ramasse la bourse de yus, bijoux, ainsi que tout objet se trouvant dans les poches du cadavre, et une épée en argent.)))
Modifié en dernier par Fenouil le dim. 15 déc. 2019 18:41, modifié 2 fois.

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Kerenn
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kerenn » dim. 8 déc. 2019 18:08

A peine ai-je achevé de faire preuve de ma mauvaise foi qu'une explosion fracasse la porte sur laquelle j'ai cloué le cornu, suivie d'émanations de fumée laissant supposer un incendie. Puis une créature apparaît, femme étrange semblant faite de feu et vêtue, plus que légèrement, de noir. Prêt à user une fois encore de ma sombre magie si nécessaire, je l'écoute avec un étonnement soigneusement dissimulé par un masque d'impassiblité nous expliquer que tout est fini. La rose sombre est vaincue -mais comme j'ignore de qui, ou de quoi, il s'agissait cela ne me perturbe pas outre mesure - les amants ne sont plus et Cromax s'en est allé, enfin libre nous dit-elle. Je ne parviens pas à réprimer une légère moue désabusée à ces mots. La liberté. A mes yeux ce n'est jamais qu'une illusion, du moins dans son absolu, car toujours nous interagissons avec le monde qui nous contraint, oriente nos pas. Mais peu importent mes considérations philosophiques, voilà longtemps que je ne me fatigue plus à tenter de les partager.

L'étrange donzelle affirme ensuite que Cromax tenait à nous remercier de nos efforts et qu'il a souhaité nous remettre à chacun cinq mille yus, même à l'espèce de petit gobelin vert sorti des ruines après l'explosion précise-t-elle. Quel rôle il a joué dans tout ça je n'en sais rien et je n'en ai cure, j'étais là pour deux raisons et elles viennent de s'envoler. Enfin, plus ou moins, quelque part je peux considérer avoir payé la dette que j'estimai avoir envers Cromax, c'est toujours ça de pris. La femme poursuit en nous parlant d'un "ordre pourpre" récemment né dont mon compatriote aurait entendu parler, ordre qui s'attacherait à "se battre pour la liberté en ces terres, contre les forces occultes d’oppression, contre les lois exagérées et la justice corrompue"...

(Eh bien, bon courage mes cocos, z'avez pas les couilles sorties des ronces...)

Elle ajoute avoir une dernière mission pour qui le souhaiterait : remettre le solde de la bourse dans laquelle nous sommes invités à prélever notre récompense à cet ordre, quelque part sur une île dont je n'ai jamais entendu parler. Qui le voudrait pourrait aussi refonder les amants de la rose sombre, précise-t-elle encore, ou rejoindre ce nouvel ordre. L'Ynorienne, qui semble à bout de forces, remarque que cela fait beaucoup à digérer et qu'elle ne peut pas repartir comme ça, pas après avoir tant couru après une énigme. Elle demande ce qui s'est passé à l'intérieur des ruines, questionne sur les tenants et aboutissants de l'affaire qui nous a tous conduits ici puis déclare qu'elle ira porter l'argent à ce nouvel ordre, estimant devoir cela à Cromax. Faëlis abonde dans son sens et pose à son tour quelques questions afin de comprendre ce qui s'est passé, ce qu'était cet ordre des amants et pourquoi ils se sont finalement déchirés. Pour moi, tout ceci n'a plus la moindre importance : ils n'existent plus et savoir le pourquoi du comment alors que je n'avais pour ainsi dire aucun lien avec eux me semble plutôt futile. Mais il me reste encore quelques paroles à prononcer avant de partir, parce que j'ai donné ma parole, à l'attention de l'étrange femme de feu puisque elle semble liée à Cromax et que je ne suis pas en mesure de les lui transmettre en personne :

"Dis à Cromax que les Elémentaires d'Elysian, Ixtli en particulier, ainsi que Shill, lui envoient leurs amitiés. Dis-lui que ce monde se reconstruit lentement, que de nouveaux équilibres se tissent et que nous veillerons à ce qu'il demeure en paix."


Je récupère ensuite les yus offerts, les soupèse pensivement un instant puis les tends à l'Ynorienne :

"Prends ça fillette, t'en auras sans doute plus l'usage que moi. Pose pas de questions bêtes, prends-les, c'est tout. Et fais gaffe à tes petites fesses, va pas les fourrer dans des ennuis plus gros que toi."

Un léger sourire en coin souligne ces derniers mots, prononcés sans le moindre mépris pour une fois. Pourquoi elle? Peut-être parce que, quelque part, son courage et son sens de la répartie pince sans rire me rappellent un peu Kahena. Et parce que je n'ai que faire de récompense, ainsi que je l'ai dit d'emblée, mais qu'à tout prendre je préfère que cet argent lui revienne plutôt qu'à un ordre dont je ne sais rien mais dont les principes évoqués me font sourire par leur indécrottable naïveté. Qu'importe. Le temps est venu pour moi de reprendre la route, où qu'elle puisse mener. Je salue brièvement les personnes présentes d'un vague signe de la main, me détourne et quitte les lieux sans un regard en arrière.

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Gamemaster9
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Gamemaster9 » ven. 13 déc. 2019 09:12

Message PNJ


Lysis attendit que Madoka, Faëlis et Kerenn aient parlé pour rétorquer à son tour, d’abord vers l’elfe gris qui s’en allait sans détours :

« Ton message sera transmis, Kerenn d’Elysian. Nul doute qu’il leur rendra visite sous peu. »

Elle se tournera ensuite vers Madoka, gardienne de 10 000 des yus de Cromax, et garante volontaire du reste de sa bourse pour la mission vers Tol’Lhein.

« Là-dedans… La dame masquée l’attendait, avec un garde du corps plutôt coriace. Cromax et moi, non sans peine, sommes parvenus à les vaincre. À les tuer tous les deux. Elle, c’était la Rose Sombre, cheffe secrète de l’association des Amants éponymes. Cromax ne l’a trahie que lorsque ses lames ont pénétré ses chairs. Le reste n’était qu’une mise à l’épreuve pour tester sa… loyauté. Une loyauté aveugle qu’elle réclamait, passant au-delà de tous ses méfaits. Pulinn l’a refusée, Zarnam l’a acceptée, restait Cromax, le troisième Gardien, qui à son tour l’a refusée. De ça, il s’est libéré. Et par ça, il a libéré tous les servants de la rose. Les gardes de la rose et leurs pairs n’étaient que des coquilles vides à la volonté brisée par la Rose. En la tuant, il les a eux aussi libérés de leurs entraves mentales. L’Ordre Pourpre, je ne saurais en dire plus : je n’en connais guère plus que le nom et la volonté de suivre les traces de Cromax. Ce sera à eux de créer leur propre voie. »

Elle se tourna vers Faëlis :

« Il ne m’appartient pas de révéler qui étaient réellement les amants. Des êtres secrets aux buts mystérieux. Eux savent. »

Elle laissa un instant son regard planer sur Madoka. Elle savait.

« Ce que je peux révéler, c’est que ce déchirement subit de leur ordre a été initié par la Rose Sombre elle-même. Elle souhaitait sortir de l’ombre. Au final, elle y restera à jamais… »
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Tina
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » ven. 13 déc. 2019 13:03

[Avant]
-17-

Tina est dans un état tel qu'elle remarque au dernier moment la silhouette pourtant massive de l'elfe gris, lui tendant une gourde en l'incitant à prendre une potion de soin s'y trouvant. La jeune femme met un bref instant à comprendre le sens de ses paroles, mais se saisit vivement du contenant, effectue un léger geste pour trinquer à l'intention de son interlocuteur et avale une rasade immédiatement. Elle a à peine le temps de lui rendre sa possession que le sindel est déjà reparti à l'assaut. Une main sur le flanc, la tulorienne sent un tiraillement désagréable se faire au niveau de sa blessure. Pendant un moment, elle se demande si la douleur ne lui a pas fait accepter trop vite. Qui sait ce que les concoctions de soin d'un elfe ont comme effet réel sur un corps humain ? Alors elle attend, le regard rivé sur les mouvements des uns et des autres, faisant se mouvoir ses fluides sous sa peau. Mais ses beaux yeux verts d'eau ne peuvent que constater l'évidence que l'obstacle nu et vivant se dressant encore entre eux et la forteresse est d'un autre gabarit que les gardes abattus ça et là. Tina n'est pas de taille et elle le sait. Le combat n'a jamais été son fort, et le massacre commis envers l'un de ses agresseurs l'a vidée de ses forces.

Les doigts lissant distraitement les bords déchirés de sa tunique d'un autre monde, elle sent sa blessure cesser de saigner et se refermer, ne lui laissant qu'une sensation fantôme de pincement sur la peau. Elle ne peut qu'observer, presque impuissante, des créatures mortes s'en prendre à certains de ses compagnons. Des assauts de magie frapper l'air. Des cris combattifs qu'elle a l'impression d'avoir émis elle-même plus tôt. L'elfe blanc domine les lieux de la voix, affirmant que celle qui a été épinglée et presque tuée dans le temple de Kendra Kâr s'en est sortie. La distraction est suffisante pour que l'être nu soit poignardé par l'elfe gris, provoqué par ce dernier, puis épinglé d'une hallebarde contre le battant de l'entrée de la forteresse.

Une soudaine torpeur tombe sur les présents, mais elle n'est rien comparée à la stupeur frappant l'ensemble des participants alors que le bâtiment semble littéralement exploser et s'embraser. Les gardes qui semblaient encore hésiter finissent par lâcher leurs encombrantes armes et fuir tandis qu'une forme déjà rencontrée émerge de la porte réduite en échardes. Tina reprend un souffle qu'elle n'avait pas conscience d'avoir retenu, s'approchant comme les autres de la femme flamboyante leur annonçant que tout est fini. La Rose Sombre est vaincue, impliquant la chute d'amants et le départ d'un Cromax enfin libre. La tulorienne cligne lentement des yeux et se laisse aller à un petit sourire. Elle ne l'a connu que de brèves heures, mais elle lui souhaite de trouver un semblant de paix et du temps à la fois pour se remettre de cette obligation et surtout... Pour pouvoir faire le deuil des siens.

Elle relève la tête, écoutant la suite et écarquillant les yeux au montant invraisemblable offert. Cinq milles yus... Plus d'argent qu'elle n'en a approché dans toute sa jeune vie. Avec cela, elle va pouvoir faire tant de choses ! Aider tant de ses voisins ! À condition d'en masquer l'existence à Mémé Samantha. Nul doute que la vieille renarde n'en laisserait rien à personne... Tina acquiesce en prenant en note l'existence d'une île, celle de Tol'Lhein au large de sa chère cité, où le reste des yus devra être remis à l'Ordre Pourpre dont l'idéal est de protéger la liberté en s'opposant aux forces d'oppression, aux lois injustes et à la justice corrompue. Tout un programme, que la tulorienne trouve à la fois intéressant et terriblement ambitieux.

À la suite de Madoka et de Faëlis, puis d'une petite silhouette que la jeune femme reconnaît comme le sekteg Fenouil, Tina récupère le montant offert puis recule, écoutant la jeune femme puis l'elfe blanc poser des questions quant aux événements qui ont pris place dans la forteresse. Le grand elfe gris se contente de transmettre des salutations de la part de... D'Elémentaires d'Elysian, quoi que cela veuille dire, avant de remettre sa part du butin à l'ynorienne. Il lui adresse quelques mots avant de s'en retourner ailleurs. A-t-il seulement une idée du chemin à suivre ? Compte-t-il repartir à pied ? Possède-t-il suffisamment de vivres ? La légère inquiétude de la belle persiste, même si elle n'en mentionne rien. Après tout, le problème est identique pour elle. Elle est extirpée de ses pensées par la voix de la dame de feu, expliquant qu'il s'agissait d'un conflit interne à une organisation à laquelle l'illustre elfe aventurier appartenait. Il en était l'un des gardiens, comme Pulinn et le nudiste, testés quant à leur loyauté envers la femme appelée la Rose Sombre. Une confrontation qui a abouti au trépas de ladite fleur.

Tina a beau écouter, elle ne se sent pas touchée par tout ceci. Elle a accompagné Cromax afin de l'aider et dans le but de tisser un lien, même infime, avec lui et en contrepartie de la promesse de la ramener parmi les siens. Brièvement, après avoir aperçu Fenouil, la jeune femme revoit de façon assez vive plusieurs visages surgissant des tréfonds de sa mémoire. Que sont devenus les autres yuiméniens ayant rallié cet autre endroit ? Elle a pu voir que le gobelin s'en était sorti, même s'il n'a pas l'air de l'avoir remarquée. Quid de l'impolie elfette claire ? Du sage Vadokan ? Sont-ils parvenus à rentrer aussi et ont-ils, comme elle, atterri dans la propriété de quelque figure célèbre ? Qu'est-il advenu du fascinant Kalahan et de sa soeur ? Du sergent Collin et des autres ? Penser à peux attriste un peu la jeune femme, qui doit secouer vivement du chef pour chasser ces idées.

Le regard de la tulorienne se pose sur l'ynorienne proche, dont elle constate l'état aussi peu glorieux que le sien. Au moins, elles n'auront pas à presser le pas ou celui des montures cette fois.

"Je me languis des miens et de ma chère cité de Tulorim.", répond la belle en portant les mains à son bandana pour défaire sa chevelure et la dénouer des doigts. "L'Île semblant sur le trajet, il semble que nous soyons destinées à voyager encore un peu de concert, chère Madoka. Si ma compagnie ne vous est pas désagréable, cela s'entend.", ponctue-t-elle d'un doux sourire.

Elle fait lentement glisser son regard sur la dame de feu avant de poursuivre.

"Si... Non, lorsque vous reverrez Cromax, dites-lui... Dites-lui simplement merci.", dit la jeune femme sans élaborer, certaine que l'elfe illustre trouvera un sens à sa gratitude, avant de croiser les bras et d'élever un index. "Mais surtout de verrouiller ses portes solidement et d'engager quelque enchanteur pour s'assurer que nulle aventure magique ne viendra dorénavant le troubler jusque dans ses quartiers privés."

Tina sourit avec amusement, appose son regard sur la forteresse puis sur l'ynorienne. Elle se rapproche d'elle de quelques pas, prête à lui tendre son avant-bras une nouvelle fois. Juste au cas où. Elle se doit de mémoriser tout ce qu'elle peut pour le raconter à son jumeau. C'est la seule carte qu'elle aura pour l'empêcher de lui tirer les oreilles et de l'accabler de son inquiétude, même amplement justifiée. Quand il saura qu'elle a été blessée, elle en entendra parler pendant des jours...

Peut-être que faire durer le trajet de retour n'est pas une si mauvaise idée, en fin de compte.

[Suite]
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Madoka
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » mer. 18 déc. 2019 15:45

Les réactions de chacun et chacune ne tardent pas.
Faëlis me suit de près. Protecteur dans l’âme, il fait fi de ses blessures pour se tenir prêt à me soutenir quand, trop fière pour admettre en avoir besoin, je m’oblige à paraître en meilleur forme que je ne le suis.
Le petit être et la femme aux cheveux rouges échangent entre eux à voix trop basse pour être destinées à tous.
Kerenn, lui, demande à la créature flamboyante de passer un message à Cromax. Message énigmatique et personnel qu’il aurait pu cent fois lui dire de vive voix. Il n’en semble pas chagriné, tout juste un air plus morose que ce que je lui connais. Ce qu’il fait ensuite, en revanche, me surprend à plus d’un point. La récompense en main, il se dirige vers moi et me tend la bourse, arguant qu’une fillette comme moi en aura plus besoin que lui. Ma surprise me fait balbutier quelques remarques inutiles et évidentes qu’il rabroue aussitôt, avant de souhaiter que mes fesses restent loin des ennuis plus gros que moi. Encore un qui me dit ces mots là, me dis-je à part, pensive et sceptique.

« J’te promets rien. Les petits ennuis, ça m’ennuie. » Je le regarde partir, tenant dans ma main la bourse en réfrénant mes questions bêtes puis, m’exclame haut et fort.
« Merci grand-père ! »

Ma voix déraille un peu et je manque de volonté à lui hurler autre chose. Les attitudes et comportements elfique sont un mystère pour moi. Partir ainsi sans un regard, sans plus que le message qu’il n’a pas pu lui transmettre avant : est-ce de la pudeur, des remords, du chagrin, de la rancune, un hommage ? Dans quel état serais-je, moi, si je n’avais pas pris les devants ce soir-là avec Cromax ? Les elfes pensent toujours avoir plus de temps que nous autres humains, ils patientent, attendent le bon moment ; pas nous, pas moi.

La voix de l’être de feu retentit de nouveau, coupant court à toutes ces questions bêtes, et assure au Sindel déjà loin que son message sera transmis. Ainsi, Cromax n’est pas mort. Qu’il ne soit pas là physiquement pour nous le dire n’a étrangement pas d’importance au fil du récit de sa compagne. Il était emprisonné sans le savoir dans une organisation secrète dont il pensait être l’un des gardiens, l’un des dirigeants. En réalité, il n’était que le jouet de cette femme, cheffe invisible et surpuissante des Amants. Elle était La rose sombre et ils étaient sans le savoir ses outils, ses marionnettes. Tous les gardes se ressemblant tant n’étaient en réalité que des coquilles vides, ce qui explique la réaction des survivants, soudain libérés de toute entrave mentale. Tous les récents événements, l’attaque au Palais de la Roseraie de Soie, le meurtre de Pulinn et la course-poursuite étaient une épreuve, sadique et tordue, en vue de tester la loyauté du troisième Gardien. Elle exigeait d’eux une loyauté aveugle … et elle l’avait, presque, avant de vouloir sortir de l’ombre. Pulinn a refusé, Zarnam a accepté. Son erreur a été de penser qu’elle pouvait imposer sa volonté à un être de la puissance de Cromax dont sa liberté importait plus que sa vie.
Une partie du récit fait écho à mes récentes et sombres pensées, je sais sans en vivre le souvenir ce que j’ai fait lorsque quelqu’un a tenté de me priver de ma liberté … la différence, c’est que je n’étais pas de taille à y survivre.

J’y vois surtout un peu plus clair sur l’étendue des ombres restantes autour de cette organisation secrète. Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux qu’elle reste ainsi, sans base et sans couronne ; que ces êtres aux buts mystérieux restent vraiment isolés maintenant, où qu’ils soient, qui qu’ils soient.
Mais tout cela a au moins le bénéfice de la simplicité, sans faux-semblant, sans énigmes. Et pour cela, je la remercie pour nous avoir donné un semblant de fin à tout ceci ; même si, au final, aucun de nous n’est directement impacté par la fin de la Rose Sombre.

Après toutes ces explications, un court silence s’installe, rythmé au son des inspirations de chacun et élégamment brisé par la douce voix de Tina.
Partie depuis trop longtemps de son pays natal, elle a grande hâte d’y retourner et se propose de m’accompagner jusqu’à l’île de Tol’Lhein, au large de Tulorim, sa destination finale.

« Bien sûr, avec le plus sincère des plaisirs. » Dis-je en lui partageant la vue de son doux sourire et de l’écouter mêler subtilement moquerie et remerciement dans le message à transmettre à Cromax ; lui conseillant à l’avenir de veiller à verrouiller et protéger ses portes afin que plus rien ne vienne troubler son repos.
A l’amusement notable de la belle de Tulorim, j’y rajoute quelques mots légers.

« Dites-lui aussi qu’on prendra grand soin de ses chevaux.
On ne devrait pas trop traîner,
rajouté-je à Faëlis et Tina. Si d’autres veulent se joindre à nous, c’est le moment.»

Grimaçant d’effort, je salue la créature de feu et salue aussi le naturel avec lequel je le fais ; comme quoi on peut même s’habituer à l’irréel.
Titubant et traînant des pieds, je rejoins l’arrière de notre ancien campement où les chevaux, heureusement à l’abri, nous attendent. Sur le chemin, j’ôte la cape rouge et or d’un mort pour emballer les bourses en un seul et gros tas. Les armes, armures et bourses de Yus des anciennes coquilles vides de la Rose Sombre feront la joie des voyageurs et bucherons qui passeront par là, nul doute que la faune locale aura nettoyé les corps d’ici là. Je m’attèle cependant fouiller mes adversaires, sachant encore où ils se trouvent, y cherchant des fioles, des bijoux ou objets intéressants à troquer, je ramasse même des cailloux ressemblant aux runes que m’a fait découvrir Lilo, même si de nuit je n’arrive pas à distinguer s’ils ne sont que de simples cailloux.
Modifié en dernier par Madoka le mer. 5 févr. 2020 15:17, modifié 2 fois.

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Faëlis
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » mer. 18 déc. 2019 21:04

Il s'avéra que le chaos avait été le fruit de la maîtresse secrète de l'ordre. Voulant sortir de l'ombre, elle avait tenté de resserrer son contrôle sur les Amants. Au final, sa quête vers les hauteurs n'a fait que la conduire aux tréfonds des enfers... Quel gâchis !

« Alors je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à rapporter cet argent. Puisse l'avenir réserver moins de malheurs... »

Tina souhaitait pour sa part retourner vers sa Tulorim natale, ce qui la mettait sur le même chemin. Au moins, l'elfe serait-il en bonne compagnie ! Néanmoins, la jeune femme qui s'appuyait sur lui insista pour aller fouiller les corps en quête de quelques richesses. Si Faëlis n'approuvait guère de piller les cadavres, il se doutait en même temps que dans cette région, les charognards en tous genres ne laisseraient pas grand-chose. Il entreprit de fouiller également, mais en profita aussi pour jeter une poignée de terre sur chaque corps. Il n'avait pas de temps d'enterrer tous ces cadavres, mais au moins pouvait-il leur accorder les derniers hommages, à ces pauvres gens manipulés, et réciter une prière pour eux... une attention qu'il ne dédia cependant pas à leur infâme chef.

Ceci fait, ils se mirent en route vers Kendra Kâr, épuisés et silencieux...

(((Faëlis va rechercher essentiellement l'argent, sans s'encombrer d'équipement)))

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Kassar le laid
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kassar le laid » jeu. 16 janv. 2020 00:10

Précédemment...

Les idées fussent et glissent autour de moi, tandis que chacun mets en avant ses aptitudes pour participer à l’assaut à venir. Sans surprise, tous les membres de notre saugrenu groupe semblent être plus capables que ma personne, autant dans les domaines de l’acier, de l’arc ou des arts occultes. Je ressens pourtant une certaine irritation quand Gaïus avance qu’il pourrait escalader la muraille : même ce corniaud de nobliau semble être plus utile que moi ! Il n’y a que la tulorienne qui semble partager mon absence d’efficience au combat – quoique, quelqu’un qui, selon ses propres termes, a «la capacité de mettre le feu à petite distance », me semble quelqu’un de terriblement mortel en temps normal… Mais le temps n’est pas normal, pas avec cette troupe qui ne souffre aucune comparaison, n’est ce pas ?

Cromax, attentif à nos propositions, les synthétisent en un plan qui, sans sembler tenir du génie militaire, paraît cohérent et surtout sauf : Gaïus nous aidera, moi et Tina – le nom de la tulorienne -, à grimper sur les remparts pour nous occuper des archers, tandis que Madoka, Kerenn et Cromax mèneront la charge. Fäelis, plus à l’aise avec un arc et les sortilèges qu’une épée, s’occupera de couvrir nos deux groupes au besoin. Le tout s’opérera sous le couvert de la nuit, qui n’est désormais guère loin, pour un maximum d’efficacité.


( C’est un joli plan, mais pourquoi est-ce que Cromax ne se transforme pas juste en dragon et met le feu partout ? Cela me paraît plus efficace, à moi… Il a vraiment besoin de nous?)

Je sais cependant garder mes réflexions pour moi, sentant l’ambiance lourde, concentrée sur la tâche à venir. Qui sait quelles motivations animent l’esprit d’un elfe aussi puissant, après tout ? Il a peut-être de bonnes raisons de ne pas se transformer à nouveau.

C’est ma première veillée avant une bataille, et tandis que l’astre du jour meurt afin de laisser place à l’orange du crépuscule, je dégaine la lame du milicien, encore attachée à ma ceinture. L’éclat sanguin de la lueur céleste s’accroche dans le reflet de l’acier, et je l’y fais jouer mécaniquement, l’esprit ailleurs. Prendre quelques archers par surprise, surtout avec une bonne lame, sous le couvert de la nuit, semble être à la portée de quelqu’un comme moi… Des images fugitives de mon passé miroitent fugacement devant mes yeux : un marchand mort, mon bâton couvert de sang, une frénésie qui laisse place à l’horreur.

Suis-je prêt à tuer ? Encore ?

Ces gardes de la rose semblent déterminés et entraînés : Une combinaison pour le moins dangereuse pour ma santé... Quant à leurs motivations… Et bien, ils ont trahi leur ancien chef, n’est ce pas ? Ils doivent avoir une excellente raison pour trahir un être capable de se changer en dragon… Et probablement pas une bonne, de ce que j’ai pu réunir comme informations jusqu’ici. Je ne devrais pas avoir trop de remords à occire de tels êtres… J’espère juste que….


POC !

Un bruit sec résonne dans l’obscurité naissante. Quelque chose vient de se planter dans le bois non loin.

POC!

Un second bruit, et déjà toute la compagnie est en armes, sur le qui-vive. Surpris, je ne réalise qu’un instant plus tard : c’était le son de flèches. Nous sommes attaqués !

Mon souffle s’accélère alors que je distingue, accourant vers nous à grande enjambée, un groupe de gardes, menés par Zarnam en personne !


« Ho non… Ho non… non non non... »

Ça ne devait pas se passer comme ça ! Où est le plan bien ficelé ? La sécurité ? Déjà évaporée dans le chaos d’un combat même pas commencé ? Tremblant, je relâche ma prise sur mon bâton, qui tombe dans l’herbe sans un bruit, et ressert ma prise sur l’épée de mes deux mains.

Autour de moi, mes improvisés frères et sœurs d’armes sont déjà parés et préparés. Cromax indique son intention de rentrer dans le château pour faire face à la prêtresse, et nous laisse le soin de gérer la troupe et ce Zarnam. Quelle blague ! Comment espère-t-il que l’on gère ce diabolique éphèbe, chargeant contre nous à la tête d’une troupe assoiffée de sang ?

Mais mes objections, une fois de plus, resteront lettres mortes. Car l’instant suivant, Cromax n’est plus là, et un sillon de sang et de cadavres se trace soudain spontanément au milieu de nos agresseurs. Ma surprise n’est cette fois que partielle : je me serais attendu à ce qu’il se transforme en … en … Un autre gros tueur venu droit de légendes, et les écrasent ou les brûlent, mais la capacité de tuer des dizaines d’hommes tout en disparaissant est un talent lui aussi tout à fait convenable.

Pas le temps de s’extasier cependant. À peine mon regard se décroche-t-il de cette nouvelle scène surréaliste que deux hallebardiers se détachent de la troupe, avec l’intention manifeste de me prendre en tenaille.


« Re… Reculez ! Ze zuis armé ! »

Ma menace bravache mais pathétique, associée à un balayage maladroit de la lame, semble accélérer le pas des tueurs plutôt que de les ralentir.

( Super Kassar, et maintenant ? Tu pensais que tes dons exceptionnels à l’escrime allaient les intimider, peut-être ? Bien joué, vraiment ! )

Lentement, boitant à chaque pas, je recule tandis qu’ils avancent. Une lueur froide, magique, jaillit non loin : sûrement l’un des magiciens qui souhaitent dissiper le linceul nocturne qui commence à tomber et nous masquent nos assaillants. Grâce à ce petit éclat magique de jour, je distingue à présent mes assaillants, et c’est fou le nombre de petits détails que l’on peut remarquer, dans ce temps dilaté qui précède la catastrophe : la barbe de quelques jours, à dessein soigneusement entretenue, du garde qui s’approche sur la gauche ; son regard déterminé, mais détendu, comme un loup acculant un lapin; le reflet funèbre de la lumière lunaire sur la pointe de sa hallebarde. Chez son compatriote de droite, c’est la démarche hésitante, le teint livide, la grimace de douleur et la tâche vermeil sur son flanc qui attire mon regard. Cromax semble avoir eut en partie celui-là avec son attaque mortelle.

Puis, soudain, l’instant suspendu éclate, comme une bulle de savon, et l’éclat meurtrier de la hallebarde de droite déchire l’espace dans ma direction !


« HAAAAAAAAA ! »

Je hurle ! Quelle terreur ! Ma lame en parade, tintement d’acier contre l’acier, ma garde qui glisse, la morsure cruelle d’une arme étrangère dans ma chair malade, au niveau de l’épaule gauche !

Nouveau hurlement ! Dégagement, je m’élance, fou de terreur, loin de mon assaillant et droit sur le second. Surprise dans ses yeux quand je croise son regard, il me pensait maîtrisé. J’arrête de réfléchir, je tends les bras, lame en avant, et je pousse avec toute la force que confère l’adrénaline ! Sons de griffe de métal sur l'armure de métal, ma lame glisse le long de l’armure sans la percer, mais remonte vers son bras. Bruit humide, liquide poisseux sur mon masque, et grognement douloureux du garde. Je crois que je lui ai fait une estafilade au bras ! Peut-être ! JE NE SAIS PAS !

Je continue de courir, clopinant, haletant, cherchant une échappatoire à cette folie ! Un éclair fend la nuit dans le ciel clair, et je me rends compte qu’il ne vient pas du ciel vers la terre, mais de Zarnam vers ses assaillants !


(C’EST DE LA FOLIE!)

Un sifflement fend l’air. Je tourne la tête vers son origine, pour voir l’ombre du flèche filer droit vers moi ! Esquive impossible, trop lent, souffle coupé, impact violent contre mon masque, chute sur le dos, dans la boue sanglante de la bataille. J’halète, irrégulièrement, je devine mes pupilles sauvagement dilatés et sens chaque muscle trembler à l’unisson sous la panique. Un liquide chaud coule sous mon masque, et mes yeux distinguent l’empannage d’une flèche, pile entre les deux yeux, violemment plantée dans mon masque.

( Que… )

J’ai… Faillis mourir ? Juste à l’instant ? Si ça n’avait pas été pour mon masque, je…

Je plonge ma main dans l’immonde mélasse qui fait office de sol, saisissant de nouveau la poignée de mon épée, comme on saisirait la main d’une mère protectrice, en quête d’un semblant de confort dans la tourmente. La lueur d’une déflagration emplit l’espace, éclairant un bref instant un spectacle d’ombres difformes, de piles de cadavres, le tableau sortis du cerveau torturé d’un artiste dément.

( Je ne peux pas rester ici ! )

Prenant appui sur le coude de mon bras non blessé, je commence à me relever, quand une lueur familière attire mon attention. L’éclat meurtrier d’une hallebarde ! Je roule dans la boue, esquivant de justesse l’arme qui éclate le sol détrempé dans un bruit spongieux, et j’achève de me redresser maladroitement, l’épaule gauche maintenant entièrement ensanglanté et le bras correspondant terriblement faible… Devant moi, le garde à la barbe de quelques jours se remet en garde, frustré de ne pas avoir réussi à me toucher. Son compagnon clopine derrière lui, plus lent à cause de ses blessures.

( Réfléchis Kassar, vite ! Tu as un archer derrière toi, un hallebardier en pleine forme devant, et une autre blessé derrière. Tu as aucune chance de défaire à la régulière ces gars-là, sauf le blessé peut-être… )

Déjà, me repositionner. Si je ne sais pas voir l’archer, j’ai déjà perdu. Lame en avant pour créer un espace entre moi et mon opposant, je titube plus que je ne marche en arc de cercle autour de lui, jusqu’à avoir mes deux assaillants en vue et la direction générale d’où est venue la flèche dans mon angle de vue.

Ensuite, trouver une ouverture. Si je ne peux pas les battre à la loyale, il doit y avoir un autre moyen ! Je tiens mon épée bien droite entre moi et les hallebardiers, changeant de cible toutes les quelques secondes, pour les tenir à distance – ou du moins, je le crois ! Qui a dit qu’une épée gagnerait à la taille contre une hallebarde ?! De nouveau, le coup arrive, un coup d’estoc animé par l’intention ferme de m’empaler. Nouvelle lame en parade, réussite in-extremis, hallebarde ouvrant une nouvelle plaie sur mon flanc.


(Maintenant! Pendant que sa hallebarde est engagée!)

Sauvagement, j’arme un coup d’épée circulaire, visant maladroitement à la gorge de mon assaillant. Pas bête et entraîné, il ne lui faut qu’un seul pas-chassé en arrière pour éviter mon attaque, et ramener son arme en position. Mais ma lame, emportée par l’inertie, continue sa course, et un son sourd s’échappe alors qu’elle heurte violemment le casque de l’autre hallebardier. Déjà anémique, il titube sous le choc, avant de s’effondrer soudain, ses jambes l’abandonnant finalement.
Seconde d’hébétement de ma part, que mon adversaire restant ne néglige pas. Ses pieds s’enfoncent dans le sol, son dos se recourbe, le hallebardier se prépare à un nouveau coup. Déjà, le sinistre instrument de mort entame sa course…


Nouveau bruit mou. Mais aucune douleur. La hallebarde ne m’a pas touché. Non pas que j’ai esquivé, mais elle a déviée sa course, heurtant sans mal aucun l’herbe à mes pieds. Un regard suffit à voir pourquoi : une pointe de flèche dépasse de la gorge de l’homme, qui s’effondre sur les genoux, le regard soudains pleins de nuages. Puis, lentement, il s’effondre pour de bon.

L’épée me glisse des doigts, je tombe à genoux. Le chaos de la bataille diminue autour de moi alors que s’empilent les morts. Plus d’éclairs, plus de déflagrations : Zarnam semble hors course.

Je touche ma blessure à l’épaule de ma main valide, la ramène pleine de sang. Il va falloir soigner ça…

Une nouvelle explosion déchire le bruit de la bataille. La porte de château explose, dans une furie de feu, de chaleur et d’éclats de bois enflammés et de joints métalliques chauffés à blanc, tombant en une pluie terrifiante sur le champ de bataille. Les murs de la forteresse semblent… Émettre de la fumée ? Je devine qu’un terrible incendie doit avoir lieu à l’intérieur, et le bâtiment est sans doute compromis par l’intensité de l’événement.

À la vue de leur bastion profané, les gardes de la rose réalisent l’horreur de leur situation. Certains jettent leurs armes au sol, mais tous entament une course désespérée pour leur vie, se dispersant dans les bois environnants.

Tétanisé par cette victoire subite, j’observe, fatigué et fasciné, la femme de feu sortir par la porte consumée. De sa voix brûlante, elle proclame la fin de la Rose Sombre et des amants, ainsi que le départ de Cromax. Accompagné d’un petit mot sur la liberté finalement acquise de Cromax, et son désir que nous soyons libre à notre tour… Quoi, Cromax n’était pas libre ? C’est une métaphore ou c’est littéral ? QUI pouvait empêcher cet elfe de faire ce qu’il voulait ?

Elle continue, parle d’une bourse pour chacun d’entre nous. 5000 yus.

(5000…)
C’est COLOSSAL. Je n’ai jamais vu autant d’argent de ma vie !

Elle nous parle aussi d’un nouvel ordre, l’Ordre Pourpre, dévoué au combat contre les formes d’oppressions et l’injustice. D’une bourse qu’il souhaiterait que l’un d’entre nous mène sur l’Île de Tol’Lhein une bourse spéciale, pour financer cet Ordre Pourpre. Puis elle attend.

De loin, j’observe le ballet de mes compagnons qui, un à un, se rende auprès de l’être ignée, prennent leur part de l’or, lui posent des questions sur Cromax, sur les Amants de la Rose. J’observe, j’écoute, j’apprends. Ma soif de mystères, comme un animal reput, ôte ses griffes de mon âme et de mon jugement.

Puis, chacun se disperse, lentement, seuls ou en groupe. Bientôt, il ne reste que moi, et l’être enflammé. Me relevant péniblement, j’avance vers elle.


« Ze… Merzi pour l’arzent. Z’a fa bien m’aider. »

Je me saisis de la bourse et la glisse à mon ceinturon. Je me sens partagé : qu’ais-je fais pour mériter cet argent ? Mais il serait folie de le refuser, j’en ai besoin, ne serait-ce que pour prendre un bain, manger et prendre de vrai vêtements !

Je jette un dernier regard vers la femme en partant.

« Zi fous foyez Cromax… Dites-lui que z’étais un honneur de le connaître, même zuste un peu. Bonne zance à lui et à fous. »
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Kassar le laid
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kassar le laid » sam. 18 janv. 2020 23:25

Retour à la normale

Dans l'ombre du seuil de l'ex-Clan des Roses, je laisse mon regard planer sur le champ de dépouilles qui en parsème la périphérie. Les défunts jonchent le sol verdoyant, à présent gorgé de sang, en un motif décousu d'uniformes et d'armes. Cela est si abondant par endroits, que la terre elle-même dégorge ce sang en une mare boueuse, d'un triste vermillon salis. Les survivants étant partis à leurs propres destinées, et les charognards n'étant pas encore, je suis pour un court instant le seul témoin de ces corps gisant sinon dans l'indifférence générale.

Ma main valide tenant mon épaule ruisselante de sang, je contemple la lune qui s'élève timidement, succombant lentement à l'épuisement qui m'éperonne dans le silence des lieux. Depuis que je suis sur ce continent, je n'ai fait que courir, passer de splendeurs en terreurs, chevaucher, et me battre. Je suis épuisé, anémique.. . Détachant mon regard de la foule gisante à mes pieds, je sonde les plaines rocheuses qui entourent la forteresse. En amont de la pente, la silhouette du Massif des Jumeaux crèvent l'horizon, imposante. En aval, une forêt titanesque s'étend en un vrai océan vert. Je me souviens que mes ex-compagnons de route l'appelait La Sylphe des Premiers Âges.


(Hmm... Aucune route évidente ne semble être présente. Le clan de la rose tenait à sa discrétion, apparemment.)

Si aucune voie ne quitte ce lieu vers un village proche, alors cela veut dire que je vais devoir tailler mon propre chemin, sans repères, en espérant tomber sur une route. Et cela va être long, et difficile. Et je n'ai aucune envie de partir en pleine nuit, et blessé de surcroît.

Un regard en arrière me laisse apercevoir l'imposant édifice qui me surplombe. De la fumée sort encore des fentes des murailles, toutes en pierres de tailles. Par les ouvertures et failles entre ses dernières, j'aperçois la lueur chaude et dansante des flammes. La compagne flamboyante de Cromax - Ou Cromax lui-même, peut-être - a fait de l'auguste bâtisse un nid de braise, couvant encore à l'intérieur des murs. Existe-t-il toujours une chambre épargnée par la déflagration ? Au vu la quantité de soldats qui y logeait, il doit bien y avoir une salle de soins, n'est-ce pas? Des soins dont je pourrais me servir présentement, s'ils ont été eux aussi épargnés par la furie du feu.


( Cela vaut au moins la peine d'aller vérifier.)

 Claudiquant mon chemin dans la bâtisse, j'en passe les battants effondrés, calcinés. L'intérieur, cette immense salle, est le témoin silencieux du combat dantesque qui s'y est déroulé. Le trône qui s'y tenait a perdu sa noblesse, le dossier ayant partiellement fondu sous la furie des flammes magiques. Chaque chandelier, chaque candélabre, chaque applique qui fut en métal a subi un sort semblable, des coulis métalliques éclaboussant murs et sols comme le sang doré d'une royauté égorgée. Sur les murs, les immenses tentures qui, je le devine, devaient être d'une chaude couleur vermillon, achèvent d'être dévorés par des flammes mourantes, les cendres s'entassant çà et là en petits amas le long des murs. L'épais tapis qui traçait le chemin entre la porte à double-battant derrière moi et le trône devant moi n'est plus qu'un tapis de braise fumante, emplissant l'air de fumées âcres et d'une chaleur brûlante. Ca et là, d'immenses pierres de tailles gisent, brisées, sur le sol de la salle. Levant le regard, je constate que d'immenses trouées parsèment le plafond de l'endroit. L'explosion a descellé quelques vieilles pierres de la voûte, selon toute vraisemblance. Tout ici suinte la ruine de l'endroit, le tourment y ayant pris place me semblant avoir imprégné jusqu'aux murs même de la salle, de la marque indélébile que laissent les tragédies - ou les grandes victoires.


Plissant les yeux dans l'air brûlant, je distingue une porte au fond de la salle, non loin du trône brisé - l'accès à l'arrière-salle, peut-être ? La porte, comme le mur attenant, semblent relativement épargnés par les événements. Sans doute puis-je trouver ce que je cherche de l'autre côté - de quoi soigner cette vilaine blessure. Je ne vais pas me risquer à traverser l'endroit d'une traite cependant... La fumée qui émane des draperies en pleine incinération, et la chaleur qui l'accompagne, empreint plus fortement l'endroit à mesure que l'on s'éloigne de la porte d'entrée. Sans protection pour ma gorge, l'atmosphère même du lieu va me brûler les poumons...

Bien, je vais devoir trouver un autre chemin. Je franchis de nouveau le seuil de la grande salle, tournant les talons, arrivant une fois encore dans la cour souillée de sang. Autour de moi s'étend le reste de l'antique forteresse. Selon toute vraisemblance, les soldats qui vivaient ici n'étaient pas assez nombreux pour occuper et réparer l'entièreté de l'endroit en ruine. Ils laissèrent de nombreuses parties effondrées sur tout le terrain, de ce qui fut jadis murailles et tours. Je pourrais peut-être me faufiler à l'étage, au-dessus de la grande salle en ruine, en escaladant une de ses structures, et avec peut-être un saut ou deux ? Hmmm... Mes blessures risquent d'être un handicap ici, sans compter mon pied bot... Ne serait-il pas plaisant de trouver une petite pente douce, pas trop granuleuse, pour atteindre les hauteurs ? Je veux dire, j'ai bien droit à une épreuve facile, après tout ce que j'ai traversé, non ? 

Une petite porte sur ma droite attire mon attention, le long d'un des murs qui borde la cour, que je n'avais pas remarqué auparavant. Un autre accès aux arrières-salles ? Je m'y dirige, teste le loquet. Verrouillé. Évidemment. Cela commence à devenir frustrant ! Je n'ai ni la force ni les moyens de démolir par moi-même une porte, mais il me reste une option : peut-être que l'un de ses cadavres parsemant la cour possède la clé du lieu.

Retournant au centre de la cour, j'aproche du plus proche cadavre. J'ai été précédé : un corbeau s'est approché, attiré par la perspective d'un bon repas, et croasse de désapprobation à mon approche.

"Ho, za va hein, ze pazze une pire zournée que la tienne."

Rapidement, je palpe les braies du garde, à la recherche du cliquetis familier des clés. Corps après corps, je poursuis ma recherche, avec l'impression vague d'être devenu une sorte de profanateur de sépulture...

Finalement, sur un archer à l'œil crevé d'une flèche, je trouve un trousseau de clé. La clé s'insère avec un son plus que satisfaisant dans la porte une fois le chemin de retour effectué, m'ouvrant dans un grincement l'accès à l'intérieur de la bâtisse.

Il ne me faut guère longtemps, de là, pour atteindre l'arrière-salle.... Pas trop de dégâts, visiblement ! J'aperçois les bocaux pleins de baumes, étalage aux couleurs mât sur les étagères, et des bandages soigneusement pliés alentours. Quelqu'un se faisait-il soigner ici récemment?

Rapidement, je récupère ce dont j'ai besoin : quelques pièces de tissus propres, un baume pour aider à accélérer la cicatrisation, m'offrant de quoi nettoyer et bander ma plaie. Je ne suis pas guérisseur... Bon sang, faire un nœud sur sa propre épaule est particulièrement incommode... Mais au terme de mes efforts, je parviens à une forme de garrot satisfaisant.

À présent... Je mange, et je reste dormir ? Est-ce bien raisonnable de dormir sur le lieu encore chaud d'un massacre? ... Mais où iras-je dormir sinon? Dehors? A la merci des bêtes? Je peux voir les avantages à rester ici : l'absence de voie
d'accès signifie qu'il y a peu de chance de recevoir des visiteurs, et avec la toute récente attaque, toute personne sensée en restera loin. Et il y a des murs ici, au moins... Je fais le trajet pour aller verrouiller de nouveau la porte qui m'a ouvert les lieux, avant de revenir dans la salle de soin. On est jamais trop prudent, pas vrai?

Tirant de ma poche les miches de pain prises lors de mon séjour sur l'Allégresse, je ne mets pas longtemps avant de les dévorer, me surprenant moi-même de ma voracité. Je sais que je devrais me restreindre, j'ai encore de la route à faire pour le retour et peu de provisions... En même temps, les derniers événements ont besoin d'être compensés, et la nourriture remplit convenablement cet office ce soir.

Le ventre plein, je peux enfin m'adosser à un coin de la pièce, mon épée à mes côtés en cas de danger. Et dans l'obscurité bienvenue, enfin au calme, le sommeil vint me trouver...


La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le jeu. 23 janv. 2020 21:03, modifié 5 fois.
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Kassar le laid
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kassar le laid » dim. 19 janv. 2020 16:10

Précédemment...

Mes paupières s'ouvrent sur un point du jour timide, encore occupé à reprendre sa place à l'horizon de la voûte céleste... J'ai dormi replié sur moi-même, dans un geste presque protecteur... Et les courbatures sont au rendez-vous. J'étire mes membres raidis, à l'exception de mon bras blessé, bâillant à mesure que je regagne mes sens.

C'était une bonne nuit de sommeil ! Je me sens bien mieux, quoique encore un peu faible, et plus calme aussi, étrangement - un changement de rythme plus qu'agréable. Il ne me faut pas plus de quelques minutes pour trouver de quoi changer mon bandage de la veille, à présent imbibé de sang. Mes premiers soins, quoique crus, semblent avoir été profitable et le flot de sang est endigué. Il ne va pas falloir forcer sur ce bras pendant encore un moment, mais au moins le pire est évité. Plus qu'à remettre un bandage...

Fin prêt, je me dirige vers la porte empruntée la veille, mais un étrange vrombissement étouffé emplit l'air à mesure que je m'en approche... Curieux... Avant d'ouvrir la porte, je m'approche d'une meurtrière, le long du mur, pour jeter un coup d’œil à l'extérieur...

Pouah !
L'odeur de putréfaction me fauche au moment où j'y colle mon visage. A travers la fente dans la pierre, le charnier d'hier se révèle plein d'une vie foisonnante à présent : insectes vrombissant en quantités, mouchetant l'air de leur présence, corbeaux affamés occupés à arracher de longs lambeaux de chair, ... Mon regard accroche, penché au-dessus d'une pile de corps, une forme imposante à la fourrure grise maculé de sang... Un loup?! Je me dégage de mon observatoire, le cœur battant, et m'assure que la porte est bien fermé à clé, mû par l'instinct. Que m'a-t-il pris de rester dormir si proche d'un tas de cadavres ? Je savais que l'endroit serait bientôt envahis de prédateurs, venus se repaître de leurs infortunes ! Il va falloir réfléchir pour ne pas attirer la même infortune sur moi...

Adossé à la porte, je tambourine du bout des doigts le bord de mon masque en pesant ma situation. Je dois partir, évidemment, mais je ne peux pas accéder à la cour : trop de risque de me faire attaquer par un charognard ou une bête des bois en quête d'un repas. En plus, une forteresse est plutôt équipée de meurtrières que de fenêtres. C'est très pratique pour ne pas rendre l'invasion trop facile, empêchant quiconque de les emprunter - mais dans le même temps, personne ne peut aussi s'en servir pour sortir...

Reste qu'il existe probablement un étage au-dessus de moi. Est-il possible qu'à cette hauteur, il existe de vrais fenêtres, suffisamment large pour moi? Peut-être qu'avec une corde, je pourrais descendre le long d'un des murs et partir discrètement ? Et pour aller où ? Je sais que traverser la Sylve me permettrait éventuellement d'aller à Kendra Kâr, mais le voyage prendra au moins des semaines à pieds... Sans compter les dangers que peut abriter ce bois, ma blessure et tout le reste... Hmmm... La forêt, hein? Une idée me vient : il doit bien y avoir des routes qui la traversent, n'est-ce pas ? Si je longe l'orée des bois, je devrai bien finir par tomber sur un chemin plus officiel... Et de là, peut-être qu'un voyageur pourra me renseigner... Pas le plan le plus élaboré - trop d'éléments reposent sur le hasard -, mais avec les éléments en ma possession, je ne peux faire guère mieux...

Le plan est fait, plus qu'à agir. Je n'ai pas à chercher bien loin dans les couloirs pour repérer l'escalier de pierre, s'élevant vers un autre étage. Prudemment, lame au clair, je m'engage sur les marches, concentré à ne pas me laisser surprendre par une éventuelle mauvaise surprise... Mais les dieux semblent avoir épuisé pour le moment leurs sacs à malices, car l'étage est aussi désert, quoique moins désolé, que le rez-de-chaussée. Finalement, je trouve dans une salle non loin - une chambre, au vu de la présence d'un lit, d'une malle et de quelques autres meubles - la fenêtre espérée, suffisamment large pour me permettre de tenter une escapade! Elle est brisée cependant, peut-être suite à la détonation d'hier, et au sol miroite mille petits vicieux éclats de verres. Je vais devoir faire attention...

Rapidement, je récupère les draps du lit, et ceux d'autres chambres adjacentes à l'étage, les nouant ensemble pour obtenir cette corde de fortune, la clé de ma liberté.

Attachée par une extrémité à l'un des pieds du lit, je jette l'autre extrémité par la fenêtre, évitant avec soin les tessons au sol se faisant. À l'extérieur, pas de traces de prédateurs : cette ouverture ne donne pas sur la cour, et seule l'immensité vallonnée des plaines rocheuses s'étend devant moi à présent.

(Plus qu'à y aller.)

La descente est lente, prudente et difficile. N'ayant que peu de force dans mon bras convalescent, je prends au maximum appui sur les pierres inégales de la forteresse pour assurer ma descente sans forcer plus que de raison... J'ai l'impression de prendre des heures à descendre, mon souffle et mes muscles tremblant sous l'effort... Mais ma prudence paye quand je touche enfin la terre!

Sans demander mon reste, je commence ma marche dans la direction de la Sylve, sans manquer d'effectuer un large détour autour de la cour de la forteresse. Je ne voudrais pas attirer le mauvais type d'attention...


La Suite, vers la Sylve des Premiers Ages...
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