Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » jeu. 5 sept. 2019 21:14

La présence dans la tour l’a laissé parler mais Maâra a ressenti tout le long de son court monologue une tension grandissante, une colère grondante qui exulte sans laisser place au silence. Aux travers des mots, Maâra perçoit une sorte de peur viscérale qui ronge les cordes vocales de la voix et s’immisce dans son propre esprit. L’influence des émotions est décuplée par le pouvoir de la femme sur l’esprit de Maâra, elle se sent happée par sa colère et chancèle plusieurs fois avant de s’arrêter et de s’asseoir en tailleur.
Son interlocutrice est perturbée, profondément et intimement ébranlée par Brytha … la simple énonciation de son nom l’a rendue folle au point d’en avoir oublié le reste de la réponse de Maâra.

((L’a-t-elle seulement entendue ?)) se demande Maâra tandis qu’elle lutte contre l’endiguement de rage qui s’impose à elle.

Brytha est son ennemie. Pas seulement d’elle, l’Ordre tout entier devrait la considérer comme une ennemie, comme le seul et le véritable ennemi à combattre. Elle la craint, elle la décrit comme la déesse qui viendra les chercher où qu’ils soient, elle ne voit qu’elle et voudrait qu’il en soit ainsi de tous … est-ce là la réelle raison du schisme ? Deux femmes se disputent le commandement d’Endor et chacune, Mérilian et Kadria, sont victimes d’un fanatisme, l’une dévote et l’autre martyr.
Sans encore s’en rendre compte, cela laisse une opportunité à Maâra de mieux comprendre Kadria et ses motivations. Avoir lutté indirectement contre l’influence de Brytha a semble-t-il ouvert une porte. Voyant en la nécromancienne une éventuelle alliée, elle lui demande son aide pour en finir avec la querelle qui sépare l’Ordre.


« Elle est dangereuse. J’ai rencontré l’un de ses sbires, elle pense Yuimen comme elle se souvient de son monde perdu. Elle veut l’équilibre à n’importe quel prix. En ce sens, elle est l’ennemi de tout Yuimen car elle veut le transformer et le vider de ce qui en fait son essence. Et on dirait qu’elle vous a fait plus de mal qu’à beaucoup d’autres …
Mais elle est l’origine de vos obsessions, pas du schisme au sein des Messagers. Pourquoi avoir banni et condamné tous ceux qui vénèrent profondément Phaitos ? Si votre souhait est d’en finir sans tuer aveuglément et gratuitement la moitié des personnes qui vous étiez dévouées, je ferais mon possible. La condamnation de l’élu, Korben, est-elle la cause de tout ceci ? »


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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » jeu. 5 sept. 2019 21:42

MaJ pour Zu'gash


Entendant tes mots, Kadria se calme un peu, mais sa voix se teinte de reproches :

"Ne prétends pas m'apprendre quoique ce soit ! Je connais Brytha mieux que vous et que quiconque. C'est d'elle que je tiens mes pouvoirs... et c'est pas elle que j'ai perdu la voix. Je me suis rebellée contre sa folie, mais j'ai besoin d'alliés convaincus. Je n'ai pas cherché cette folie. C'est Merilian qui a fait assassiner Korben, l'un de mes agents, sous prétexte de trahison et de jugement du dieu de la mort. Elle lui avait fait passer le rite du seuil de la mort, mais n'aimait pas l'idée qu'il ait survécu. L'équilibre n'existe pas. L'équilibre est une notion de Brytha. Il y a ceux qui sont avec moi et ceux qui sont contre moi. Choisissez votre camp judicieusement..."
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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » jeu. 5 sept. 2019 21:53

Daemon sembla soudain comme pris de folie. Il se précipita vers l'homme aux cheveux blancs, qui s'éclipsa dans les ombres. Quel imbécile ! Le voilà séparé d'un tiers de ses forces contre un seul homme pour l'adversaire !

Rendrak était prêt à passer à l'attaque, mais ils étaient trop nombreux, en face. Le risque de défaite, sans être certain, était réel. Il allait falloir ruser. Bon, autant abattre directement toutes ses cartes et voir ce que ça donnerait. Il releva son masque tout en déclarant :

« Votre maîtresse ne pouvait ignorer que le poison était sans effet, sur moi. Peut-être devriez-vous vous poser des questions sur ses intentions à votre égard. J'ai déjà regardé la mort en face, et vous ne représenterez pas un grand obstacle pour moi... »

Des murmures horrifiés montèrent alors que chacun constatait sa vraie nature. Le liykor roux fut cependant plus prompt a réagir :

« As-tu peur, monstre ? Si tu penses pouvoir nous tuer, alors fais-le ! »

Il bondit en avant, et il allait falloir l'arrêter très vite avant qu'il n’entraîne les autres à sa suite. Azra fit un geste, et Rendrak se jeta contre lui, le percutant de son bouclier pour le repousser. L'attaquant roula à terre et se releva. Mais déjà, la main d'Azra se refermait, et des griffes squelettiques sortaient du sol pour le clouer sur place. Les messagers, qui étaient sortis pour charger avec leur maître marquèrent une hésitation devant la facilité avec laquelle il l'avait maîtrisé. Rendrak appuya cela d'un rugissement suivi d'un ricanement sinistre. Il n'attaqua pas pour autant, ayant compris que l'essentiel de la bataille serait psychologique.

Azra frappa le sol de son bâton, et des murmures montèrent, plusieurs hommes avaient reconnu le bâton trois-crânes de Boson Camard. Un des hommes en noir, plus zélé, chargea malgré tout, avant de se rendre compte qu'il n'était pas très suivi. Il harangua ses compagnons :

« Nous sommes les serviteurs de la mort ! Vous n'avez pas peur de mourir, si ? C'est peut-être une liche, mais il est seul, avec son compagnon ! »

Azra cueillit ses propos au vol pour enchaîner :

« Je suis le Premier Messager, et je suis un nécromancien. Je ne suis jamais seul... Vous, en revanche, votre cheffe vous a demandé d'attaquer un mort-vivant avec du poison. Elle qui est si puissante, elle semble vouloir se cacher et vous envoyer pour me retarder... hé bien soit, je serais retardé, mais je pense que vous êtes réellement de loyaux serviteurs de Phaïtos, et je ne veux pas que votre mort soit inutile. Qui gagnerait quoique ce soit dans une lutte fratricide, à part ceux qui voudraient la perte de notre ordre ? »

Le liykor roux, qui continuait à se débattre avec les mains osseuses qui le retenait, hurla :

« Ne l'écoutez pas ! Ce n'est pas le Premier Messager ! Juste un laquais de cette folle de Merilian ! N'oubliez pas ce qu'ils ont fait à Korben ! »

« J'ignore qui est ce Korben, assura le nécromancien, avait-il donc tant d'importance pour vous ? Si oui, alors sa perte est regrettable... Je suis sûr que nous trouverons qui sont les manipulateurs qui ont pu commettre une telle tromperie. »


Intérieurement, il ne doutait pas que ce soit cette Kadria. Mais l'accuser directement n'apporterait rien de bon auprès de ceux qui s'étaient déjà engagés auprès d'elle. Les humains n'aiment pas être contredits, même quand ils soupçonnent la possibilité d'être dans l'erreur. Mieux valait leur donner l'illusion qu'ils arrivaient à leurs propres conclusions tout seuls. Il continua donc :

« Phaïtos est un dieu de justice : devant lui, il n'y a pas de riches ni de pauvres, pas de faibles ni de puissants, pas de mensonges ni d'illusions... Il n'y a que la vérité la plus crue, et la vérité, c'est que quelque chose va mal, dans cet ordre. Certains voudraient invoquer de faux prophètes, des élus et des champions... Merilian en fait partie, bien sûr. Mais au fond, tout ceci est bien parti d'un élu. Un homme dont la vie a été sacrifiée, mais pourquoi ? Qui est-ce qui y a gagné le plus ? »

« Personne ! L'ordre tombe en décrépitude ! Tout ça parce que Merilian voulait plus de pouvoir ! » lança un homme masqué.

« Personne, vraiment ? demanda Azra, comme pour lui-même. Ou au contraire, beaucoup de monde. Pour qui veut satisfaire sa soif de pouvoir égocentrique, mieux vaut avoir une poignée de fidèles dévoués qu'une armée peu convaincue. C'est plus flatteur, plus gratifiant... Je pense que beaucoup y ont gagné dans cette affaire, croyez-moi... mais il y a aussi ceux qui y ont perdu. Et ceux-là, c'est vous. »

Il écarta les bras et proclama :

« Vous êtes venus chercher une famille. Vous êtes venus chercher un foyer. Vous êtes venus chercher un lieu où vous seriez débarrassé des puissants qui vous empêchent de vivre votre foi comme vous l'entendez. Et au final, vous n'avez trouvé qu'un nouveau carcan. La peur rôde toujours. Un élu sortit de nulle part qui semble soudain devoir être tué. Des chefs qui se divisent et s'opposent. Et derrière, toujours, la peur de voir votre destin vous échapper, car on vous fait miroiter la crainte de tomber sous la coupe d'un maître malfaisant. Mais vous n'avez pas besoin de maîtres. Vous n'avez pas besoin d'avoir peur ! On vous a dressés les uns contre les autres, mais vous pouvez refuser de vous battre ! Je ne suis là que pour faire face à Kadria. Laissez-moi régler cela. Il est probable que l'un de nous deux mourra. Si c'est elle et que je deviens un maître tyrannique, il sera toujours temps de vous unir contre moi. Si c'est elle, alors, lorsqu'elle vous donnera des ordres qui prôneront la division, souvenez-vous : avez-vous vraiment besoin d'un maître ? »

C'en était trop pour le liykor, qui brisa les ossements avec un hurlement pour fondre sur lui :

« Assez ! Tu salis la mémoire de Korben et tu insultes Lord Kadria des brumes ! Tu vas mourir ! »

Azra fit un nouveau geste. Rendrak s'anima et son crochet se planta dans une épaule, retenant l'agresseur, le coupant dans sa charge. Azra s'approcha, pas à pas, en demandant :

« Es-tu donc si convaincu de sa bonne foi ? Je viens pour demander la paix et tu veux quand même te battre... Tu peux m'accompagner auprès d'elle, si tu le souhaites... »

Mais, comme prévu, la créature, folle furieuse, tenta de se dégager pour lui porter un coup de son poing énorme. Mais la dague d'Azra fut plus rapide. Un sifflement, une giclée de sang... et l'âme du liykor ne fit plus qu'un avec la dague maudite.

« L'agression est un piètre argument, mais un fameux révélateur de tes convictions... »

Il s'en doutait : ce liykor était un suivant convaincu qui avait l'oreille même de Kadria. Aux yeux de ses soldats, si la dame des brumes pouvait être mise en doute, il pouvait l'être aussi. Aucun ne fit un geste. Ils murmuraient, hésitaient... Azra mit les mains sur les hanches, l'air interrogateur :

« Alors ? Puis-je passer et en finir une bonne fois pour toutes ? »

Les hommes lâchèrent quelques commentaires acerbes, le menaçant de mort au cas où il les aurait trompés, mais ils s'écartèrent devant lui. Ils n'étaient pas pleinement convaincus, bien sûr, mais Azra n'avait pas besoin de plus. Pour une fois, il se félicita que son visage soit d'os, sans quoi, ils auraient vu un formidable sourire de jubilation quand il passa parmi eux pour entrer dans les couloirs du château.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » dim. 8 sept. 2019 23:14

La Sindel s’étonne du ton plein de reproche lorsque la voix s’offense qu’on veuille lui apprendre quelque chose sur la Déesse qui la hante. MaislLe fait est que sa déduction est plutôt juste : Kadria a été particulièrement proche de Brytha. Se défendant d’en savoir plus que n’importe qui, elle raconte à Maâra que c’est de la déesse qu’elle tient ses pouvoirs et que c’est par la déesse qu’elle a perdu la parole. Les phrases courtes de la voix ne permettent pas à la Sindel de déterminer si le mutisme de Kadria est une conséquence de ses pouvoirs influant l’esprit ou une punition pour s’être rebellée contre la folie de la Déesse.

« Il y a méprise sur mes intentions Dame Kadria. Je vous apportais une preuve de mes humbles connaissances. »

Ainsi, même les plus proches d’une entité assez puissante pour bouleverser le flux magique d’un monde, parviennent à s’en défaire. Est-ce là la preuve d’une faiblesse de la déesse ou une preuve de puissance de son ancienne adepte …
De sa position dominante, Brytha choisit d’éluder la question concernant la condamnation à mort des adeptes de Phaitos, propagée sous forme de condition d’accès par le garde étrangement versatile ; mais elle s’ouvre un peu plus au sujet de l’élu condamné, ou sacrifié, selon qui en parle. Korben était l’un de ses agents, sans doute un de ses alliés convaincus du danger représenté par Brytha. Elle qualifie le crime de trahison dont on l’a accusé de prétexte et, dans sa voix perle une certaine colère lorsqu’elle évoque le fait que Mérilian aurait invoqué le jugement du Dieu de la Mort pour justifier la condamnation à mort de leur élu. Maâra apprend d’ailleurs que c’est cette dernière qui lui aurait fait passer le fameux rituel du « seuil de la mort » … sans doute dans l’espoir qu’il en meure au lieu d’en revenir grandit et selon leurs lois : intouchable.


((Si cela est vrai. Quel genre de fanatique jongle avec la volonté du Dieu qu’il sert ?
- Tous les fanatiques, à un moment de leur vie, consciemment ou inconsciemment, tricotent et détricotent leurs interprétations des signes.
- Alors Kadria dit vrai ?
- Kadria est celle des deux se disputant le pouvoir à l’avoir … crois-tu qu’elle dirait la vérité si elle la desservait ?))


Une phrase rajoutée par Kadria intrigue Maâra, qui se demande alors si tout ce chaos au sein de ces Messagers ne viendrait pas d’une lutte absolue contre tout équilibre, même le plus infime. Kadria ne vit que pour détruire Bryha et ce qu’elle représente : l’équilibre et la neutralité. Une manière de ne garantir ni l’un ni l’autre est de nourrir le schisme qui ébranle les messagers du corbeau et d’obliger quiconque, excepté l’irascible maître d’arme Gwandor qui pourrait renverser la situation, à choisir un de deux camp.

« Veuillez pardonner d’avance mon entêtement à vouloir comprendre. Qu’étaient les Messagers du Corbeau pour vous, à l’origine ? dit-elle comme on pose une question rhétorique. On m’a parlé de famille, de respect et de liberté à vivre sa foi.
Vous m’avez demandé mon aide pour en finir avec cette guerre intestine, je vous propose une idée, qui ne condamnera pas la moitié des vôtres à mourir inutilement.
J’ai parlé à Daemon, celui qui a ôté la vie de Korben. Il a dit avoir accepté d’exécuter la sentence prononcée contre son ami … et s’il n’y avait pas eu de jugement légitime et impartial, il y a eu mensonge et tromperie de la part de quelqu’un. Si cette mort tragique est au cœur de cette guerre intestine, nous devons faire appel à la seule personne témoin de tout ce qui s’est passé : Korben. Il y a quelqu’un ici sûrement capable de communiquer avec lui : Le premier Messager. Si ce qui se dit sur vous est vrai alors vous jouerez un rôle dans cette vérité révélée. Korben peut témoigner des événements passés et vous pouvez savoir si ce que relate le premier messager de son contact est vrai.
Si coupable de tromperie il y a alors jugement il y aura. Un vrai jugement selon vos règles, les règles d’une famille qui se relèvera de cette lutte fratricide sans avoir perdu sa grandeur. Des Messagers forts, puissants et étendus pouvant se battre sur plusieurs fronts … n’est-ce pas là un meilleur atout dans la guerre contre Brytha.»


((Pas très judicieux … surtout si c’est elle qui a trompé tout le monde.
- D’autant plus qu’il parait qu’elle a tenté de faire assassiner le Premier Messager.
- Redondance ! Donc ton idée c’est de parier sur la tolérance d’un nécromant ?
- - Il a pardonné à Mérilian son coup de poignard dans le dos, on peut s’attendre à tout.
- S’ils ont moitié moins confiance en l’autre que toi en tes idées, ils vont s’épouser !
- Je ne comprends pas.
- Justement.))


Kadria se calme et s’adoucit au point que Maâra hésite à ouvrir les yeux, mais elle craint que sa vue ne soit altérée par les illusions causées par les miroirs. Il lui est cependant plus facile maintenant de se concentrer sur les bruits environnants en plus des paroles qui s’immiscent à nouveau dans son esprit, moins impétueuses.

L’idée de faire appel à son ancien agent ne semble pas complètement déplaire à la Dame des brumes mais possède, selon elle, de nombreux défauts et obstacles. Bien qu’elle ne se fâche pas à l’évocation du Premier Messager, elle n’en est pas moins réticente et méfiante sur le principe. Elle le considère comme un laquais de Mérilian, un fidèle ou serviteur tout juste bon à suivre ses ordres, comme Daemon d’ailleurs.
Pestant de ne pas savoir être totalement attentive quand ça ne l’intéresse pas, la Sindel tente de se remémorer les dires de ce dernier la concernant, car il lui semble que Daemon c’était dit le fidèle serviteur de Kadria, et qu’il devait sa place au sein des Messagers à elle et non à la fanatique.

Kadria ne saurait avoir confiance en l’information d’une sorte d’imposteur au service de son ennemi et quand bien même le pourrait-elle, Mérilian lui a certifié que l’âme du défunt était une âme héroïque et de ce fait, hors de portée d’un nécromancien.

((Une âme héroïque, vraiment ? Le savait-elle avant ou après l’avoir fait assassiner d’après toi … combien d’outrages et de violation à ses propres doctrines un fanatique peut-il parvenir à perpétuer sans se remettre en question ?
- Euh … tu veux une vraie réponse à cette question ? Je l’ai hein, c’pas l’souci. Mais bon …
- C’est impensable ! Ces âmes ne sont pas que des âmes puissantes, elles sont appelées à l’être d’une manière inconcevable pour les mortels. J’ai lu des écrits qui témoignaient de réincarnation..
- Ce sont surtout des âmes extrêmement rares, descendantes des premiers nés de Yuimen selon les légendes.
- Comment a-t-elle pu sacrifier une telle âme ? …
- Tu en penses quoi ?
- Elle ne voulait pas qu’il lui fasse de l’ombre, de la part d’une telle folle c’est plausible. Ou elle ment et a réussi à en convaincre Kadria.))


Maâra s’apprête à répondre, s’interrogeant sur l’absence de doute quant aux dires d’une femme devenue son ennemie … mais la voix de Kadria retentit à nouveau dans son esprit pour répondre à sa première question.
Aussitôt, Maâra coupe court à toutes pensées car le ton se fait plus sérieux, plus pesant à l’instar d’un prêcheur. Le tableau qu’elle dépeint des Messagers n’est guère engageant et donne plutôt l’impression d’un groupuscule de chétives victimes que de puissants érudits. Pour la Dame des brumes, les Messagers sont des gens qui se sont perdus en route. Fuyant un royaume hostile à leur foi et aux dieux sombres, ils se sont réfugiés, cachés et ont perdu de vue la vraie nature du monde. Elle les a vus chercher justice et équilibre dans des préceptes ambigus du Dieu des Morts et a su qu’ils étaient sur le point de franchir le pont qui mène aux griffes de Brytha. Elle est venue les sauver d’eux-mêmes, les sauver de la peur qui les réunissait jusque là, les sauver du funeste chemin vers une justice tronquée par un espoir d’équilibre. Elle compte réunifier l’ordre, lui dicter sa force et le purger de cette peur gangrénant sa vision du monde … certaine qu’à la fin, tous comprendront qu'elle leur a offert la liberté.
Un discours qui fait frémir la jeune nécromancienne qui n’avait plus entendu de telles paroles depuis les hérauts du clergé de Sithi ; tandis qu’elle peine à visualiser son idée de liberté quand même celles de penser et de faire des erreurs sont ôtées.

Finalement, deux voies distinctes s’offrent à elle. Argumenter sur le futur de l’Ordre et le concept d’équilibre qui semble être le point névralgique des pensées de cette femme, ou parvenir à faire s’écouter entre eux deux esprits puissants et plutôt revêches qui se sont déjà mutuellement désignés comme l’ennemi.

« Voilà une description peu avenante … mais permettez que je m’attarde sur l’espoir de rétablir l’unité. ((avant de savoir si tu veux faire partie d’une secte ! Rajoute son faera, aussitôt chassé par la Sindel.)) En tant que nécromancienne et élève d’un très vieil érudit, je pense que le doute quant aux paroles de Mérilian est fortement envisageable. Je pense que votre vision de Messagers vous égare sur un point, le nécromancien qui se présente comme le Premier Messager n’est pas un laquais de Mérilian. Elle-même a douté de lui … à sa manière.
Si vous n’en avez pas peur pour ce qu’il représente pour l’Ordre, il peut tenter de rétablir la vérité sur ce qui divise les hommes et femmes de ce château. J’aurais voulu vous proposer mon aide mais je n’ai plus ce don. »


Les mots et les doutes de Kadria lui reviennent en tête. Elle ne refuse pas d’emblée l’opportunité de faire appel à un nécromancien mais tergiverse sur la possibilité qu’il ne soit pas honnête envers elle. De la part de quelqu’un qui a condamné à mort tant de personnes sur simple suspicion de fidélité à Mérilian, la méfiance est comme une seconde peau.

« Quand nous interagissons avec l’autre monde, nos fluides ouvrent une brèche mais nous communiquons d’esprit à esprit, comme vous le faites avec moi. Vos pouvoirs vous permettent-ils de vous immiscer dans n’importe quel esprit présent ? D’être un témoin à l’écoute de l’échange entre un nécromant et l’esprit qu’il contacte ? »


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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 15 sept. 2019 21:03

L'atmosphère était lourde et sinistre malgré les nombreuses lanternes sur les murs, qui diffusaient des lueurs fantomatiques. Il n'y avait personne dans les couloirs. Pas âme qui vive dans ce qui aurait dû être un lieu rempli de fidèles de Phaïtos. Symboliquement parlant, c'était intéressant, mais en réalité, c'était plutôt inquiétant. Il devait en finir au plus vite avec cette histoire et rétablir l'ordre !

(As-tu conscience de la véritable épreuve qui approche ?) demanda Arek.

(Ça dépend, laquelle ?) répondit-il laconiquement.

(Parfait, tu en as conscience. Va tout droit, et grimpe au sommet de la tour des corbeaux.)

Il s’exécuta, tout en se demandant où en étaient ses compagnons. Le peu de résistance rencontrée était-il le signe qu'ils avaient fait diversion ? Il n'entendait pas de combat, cependant. Bon, le doute n'avait plus sa place à présent. Il était trop tard pour douter. Il fallait aller de l'avant et au plus vite !

Il trouva ladite tour et ses escaliers, qu'il monta prudemment, écoutant avec soin pour guetter le danger. Bientôt, une voix commença à tomber d'en haut : celle de la sindel qu'il avait rencontré. Elle semblait s'efforcer de convaincre quelqu'un d'écouter le Premier messager. Azra arriva dans la pièce au moment où l'elfe, demandait si les pouvoirs de la dame des brumes lui permettaient d'entrer dans l'esprit de quelqu'un pour écouter même les conversations d'un nécromancien et d'un mort. Elle devait donc être en train de parler à cette dernière... mais pourquoi n'entendait-il aucune réponse ? Une question intéressante, mais ils n'avaient guère de temps à s'y consacrer. Azra se glissa dans une ombre et s'infiltra, conscient que Kadria devait guetter l'entrée.

Mais à peine était-il sorti des ombres qu'il fut assailli d'images impensables ! Son propre corps, mais aussi ceux de Maâra et de Kadria le cernaient de toute part ! Des centaines, des milliers... non, une infinité qui se répercutaient dans une multitude de miroirs ! Voilà donc ce que voulait dire Daemon en parlant de ses illusions et de ses reflets trompeurs ! La tour était remplie de miroirs qui se réfléchissaient les uns les autres, au point que le nécromancien tituba et tomba à genoux, fixant le sol pour échapper au vertige.

Alors, la voix de Kadria retentit :

(Lord Azraël... vous avez été plus rapide que je l'attendais ! Votre présence ici était attendue de longue date... Nécromancienne Maâra ! Si vous êtes vraiment une ennemie de Brytha, tuez le Premier messager ! Tournons cette page qui n'a que trop durée ! En échange, vous recevrez un poste à la hauteur de vos qualités d'enquêtrice...)

Sa voix... elle résonnait dans sa tête ! Elle ne parlait pas, elle communiquait par la pensée ! Était-elle donc si puissante pour pouvoir à ce point se reposer sur la magie ?
Modifié en dernier par Azra le lun. 7 oct. 2019 19:48, modifié 1 fois.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » mer. 18 sept. 2019 16:11

Des croassements nerveux et stridents retentissent soudain au dessus d’elle, des froissements d’ailes et des coups de becs sur les parois des nichoirs intensifient l’inquiétude de Maâra. Est-elle allée trop loin ? Son instinct la pousse à ouvrir un œil malgré l’angoisse d’être happée à nouveau par les illusions.
Partout autour d’elle se trouve une masse rousse qui se déforment et se noient dans l’infini reflet du labyrinthe de miroirs. Elle distingue son visage, sa mine navrée et son regard perçant … ainsi qu’une masse sombre prenant de l’ampleur. Grinçant des dents pour supporter d’en voir plus, elle aperçoit la robe sombre et le bâton du petit homme … et quelque chose de plus troublant. Son heaume imposant n’est plus là mais ce qu’elle voit tient de l’impossible. Un visage qu’on dirait d’os, aux orbites vides et aux dents apparentes. La douleur et les vertiges sont tels qu’elle referme les yeux en gémissant. Elle se perd dans son propre flot de pensées tout en luttant pour endiguer ses appétences nourries par la souffrance dans son crâne.
Est-ce réellement un squelette qu’elle a aperçu en lieu et place d’un visage ? Est-il finalement le serviteur ou le nécromancien … le laquais de Mérilian ? Non, impossible, elle a était témoin de leurs échanges. Est-il une invocation d’un puissant sorcier capable de donner pleine conscience à sa créature ? Ou une résultante de l’affection causée par ces maudits miroirs.


Qu’il soit un homme ou autre chose, en revanche, ne change rien à ce qui se passe alors. Sa discrète arrivée met un terme à toute discussion entre Maâra et la curieuse Dame des brumes.
Elle s’adresse à lui par la pensée, ne pouvant faire autrement, et y inclut la nécromancienne contrariée. Elle le nomme sentencieusement Lord Azraël et le félicite à demi-mot d’être arrivé ici plus vite qu’elle s’y attendait mais gâche ce dit compliment en affirmant aussitôt que sa présence était attendue de longue date. Une étrange manière de s’adresser à un homme qu’elle semble considérer, à peu de chose près, comme un faux prophète aux ordres d’une assassine. Serait-elle en proie à croire en l’arrivée du vrai Messager du Dieu des morts si les événements récents n’avaient pas eu lieu ? … Maâra en est à cette question énigmatique quand elle entend Kadria lui ordonner de le tuer au nom de la lutte contre Brytha.

La Sindel n’en revient pas. Elle qui pensait être sur la bonne voie pour les réunir afin de trouver un terrain d’entente, elle qui était persuadée de l’avoir convaincue à chercher des réponses dans la vérité et non les dires d’une folle ou les signes relatés par des sans cervelles. Elle ne peut se résoudre à admettre qu’une femme ayant réussi à se déjouer de la main mise d’une ancienne divinité despote, en soit arrivée à agir elle-même en despote, sous couvert de combattre l’unique Ennemi de ce monde.

Elle parle difficilement, la voix tremblante de déception, tourmentée d’être à nouveau face à l’aveuglement d’un égo sur-développé.

« Je ne puis faire cela. Je ne suis point un être primitif ou un barbare assoiffé de sang et de pouvoir. Pourquoi avez-vous peur de lui ? Il ne vous a pas attaqué, il est venu seul. Pourquoi la vérité ne compte-elle plus pour vous maintenant qu’il est là ? Je vous en supplie, Dame Kadria, s’il est celui qui porte la parole de Phaitos … il n’est pas un de ces faibles d’esprits sur le point d’être affilié à Brytha. S’il existe une chance d’unir vos forces plutôt que de vous entretuer, ne mérite-t-elle pas d’être éprouvée ? »



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Modifié en dernier par Maâra le mer. 15 avr. 2020 22:37, modifié 1 fois.
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » mer. 18 sept. 2019 21:25

Alors qu'il titubait, Maâra prit de nouveau la parole. D'une voix tremblante, elle aussi terrassée par la vision des miroirs, elle suppliait Kadria de bien vouloir l'écouter. Elle parla de Brytha, un nom qui n'était pas totalement inconnu d'Azra, mais il savait trop peu de choses sur cette entité, si ce n'est qu'elle présentait une menace. Apparemment, Kadria était son ennemie, et Maâra aurait voulu qu'ils cherchent à l'affronter ensemble plutôt que de s’entre-tuer. La réponse de la dame des brumes tonna dans leurs esprits :

(Tu ne sais rien, sindel. Il est ici pour prendre le pouvoir sur cet ordre. Mais ce pouvoir est mien et il le restera ! Je t'avais prévenu !)

Une onde invisible parcourut la tour et un concert de croassement s'éleva ! Des corbeaux ! Dans les hauteurs du plafond de bois de la tour, des centaines de corbeaux de Phaïtos prenaient leur envol pour s'abattre sur l'elfe grise ! La harcelant de coups de bec, croassant de terreur et de folie. Cette sorcière devait les effrayer de ses illusions pour les rendre enragés !

« Arrête ça, Kadria ! C'est moi, ton ennemi ! Pas elle ! »

Aucune réponse. Il se résolu à ouvrir les yeux tout en ordonnant mentalement à Rendrak d'agir. Le liykor attendait toujours dans les escaliers, mais il était prêt à passer à l'action, bien qu'il ait peu d'espoir de surprendre par cette attaque sur deux fronts. Il bondit dans la salle en hurlant, faisant presque trembler le sol dans sa fureur et frappant de sa chaîne en larges moulinets. Les corbeaux se dispersèrent en paniques, libérant Maâra de leur fureur.

Parvenant à ouvrir les yeux, Azra tenta de fixer où était leur ennemi. Au milieu de tous ces reflets, comment savoir ? Il chercha des pieds qui se découpent sur le sol réel. Ceux-là, peut-être ?

Il bondit en avant, frappant de sa dague... et fracassa un miroir.

« Sept ans de malheur... comme si on avait besoin de ça en plus... » commenta Rendrak.

Un commentaire qui tira un ricanement de la dame des brumes, mais l'ouïe d'Azra n'était pas suffisamment aiguë pour deviner d'où il venait. Il tituba dans la salle, tentant de voir sa cible alors que les images dansaient autour de lui.

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » ven. 20 sept. 2019 22:44

Tel le tonnerre, la colère de l’autre éclate brusquement. La force de la véhémence qui habite l’esprit de Kadria foudroie et tétanise celui de la Sindel au point d’en perdre son souffle. Sa tête bourdonne et tonne. Elle se tient les tempes tandis que les mots enragés fondent dans son esprit pour porter le premier coup. Ils l’accusent d’être ignorante et coupe définitivement court aux tentatives de Maâra à trouver une solution avisée. Ils accusent le Premier Messager d’être là pour, ni plus ni moins, détrôner la Dame des brumes. Mais le pouvoir lui appartient, maintenant et pour toujours. Menaçante, elle rappelle à Maâra ce qu’il advient à ceux qui ne sont pas avec elle.

Soudain, les croassements se multiplient et s’élèvent, furieux et frénétiques. Elle les entend s’envoler et se débattre. Il y en a tant qu’ils se bousculent et se percutent parfois. La peur se dispute une place de choix en son corps après le contrecoup de la violence de Brytha sur son esprit, elle lutte pour bouger, elle lutte pour relever des paupières qui ne lui obéissent plus.
Au dessus d’elle, un bruit sourd la fait tressaillir avant que le son d’une masse qui tombe lourdement sur un miroir proche ne la fasse sursauter. Des corbeaux plongeant sur elle se sont heurtés violemment

((Mais bouge bon sang !))
- Mais bouge, bon sang !


Deux ordres unanimes qui purgent l’esprit de Maâra. Mais même ouverts, ses yeux ne lui servent à rien. Une pluralité de formes noires indistinctes fond sur elle à vive allure. Le bec d’un corbeau frôle sa tête et se fiche dans ses cheveux ; elle protège son cou des serres du corbeau hystérique. Les griffures ne traversent pas le cuir de son armure mais un autre corbeau arrive et cette fois, il pique bec le premier vers les mains de la nécromancienne. Elle s’en défait rapidement, quelques secondes à peine, mais le cœur de la nuée de corbeaux est maintenant sur elle. Certains se fracassent littéralement sur les rebords des miroirs en en brisant certains, d’autres lui tombent dessus comme un poids mort mais la plupart parviennent à la pincer, la griffer ou la planter de leurs becs et serres. Son armure la protège d’une partie des coups mais le nombre la submerge. Très vite, les dizaines de pincements ou lésions guères douloureuses quand elles sont isolées se muent en une sorte de houle de souffrance discontinue qu’elle n’arrive pas à contrôler et à surpasser pour se défendre de la horde.

Dans ce chaos indescriptible, elle entend quelqu’un hurler à Kadria de cesser de s’attaquer à elle et de le préférer lui, son véritable ennemi. Quelque part dans les tréfonds perdus de ses pensées elle réalise qu’il s’agit d’Azra, bien que sa voix soit différente. Elle se retrouve au milieu d’un combat qui la dépasse de beaucoup, au beau milieu de forces qui pourraient la balayer telle une miette sur un rebord de table.
Elle rassemble sa raison et son attention à la seule tâche de s’échapper des corbeaux. Un acte plus difficile à accepter qu’à faire car elles étaient toutes deux nécessaire à contrôler ses appétits malsains. La douleur de chaque morsure lui arrache un gémissement d’immonde satisfaction et elle s’oblige à l’accepter, à faire abstraction de ses émotions primales et de se concentrer sur la fuite. Elle se colle aux miroirs pour protéger une partie de son corps de l’assaut des corbeaux, une quasi réussite car elle en entend plusieurs heurter le côté opposé de son bouclier improvisé. Elle avance lentement sans parvenir à se relever et se sert maintenant de son propre sac pour chasser les volatiles et se protéger le visage.

Une présence glaciale se fait soudain sentir. Le froid lugubre et apaisant de la mort. Elle ouvre les yeux sans peine et voit le compagnon du Premier Messager, le Liykor imposant dans son armure lourde. Il fonce droit sur elle, sa gueule décharnée grande ouverte et son bras levé. Il brandit son fléau et fend l’air au dessus de sa tête à plusieurs reprises.
Les corbeaux qui ne sont pas fauchés s’enfuient à tire d’aile vers le plafond et la relative sécurité de leurs nichoirs.

Libérée, Maâra souffle et se redresse tant bien que mal. Ses mains, ses poignets, la base du cou et une partie de son visage sont recouverts de griffures et de marques de pinçures. L’indignation face à son échec bouillonne et se mue en une colère froide envers les aveugles écervelés rendus fous par l’excès de pouvoir. Plutôt revancharde, elle reste sur le palier au lieu de s’enfuir. Elle sent plus qu’elle ne sait qu’elle n’est pas de taille, la force de l’esprit de Kadria était déjà intense lorsqu’elle ne faisait que la menacer, mais tout son corps meurtri lui dicte d’agir, d’aider celui qu’elle craint à l’atteindre.

Le bruit de verre brisé qui retentit fait écho aux ambitions de la nécromancienne. Son regard se fait entièrement ombre lorsqu’elle en appelle à ses pouvoirs, sa peau se zèbre de nervures noires au contact de ses fluides ravivés par la rancune. Plusieurs filament d’ombre s’échappent de ses paumes et s’infiltrent dans le bois et la pierre de l’édifice jadis lieu de tant de tueries et depuis toujours imprégner de magie obscure. Ils cherchent parmi les nombreuses âmes de défunts les plus vives et les plus dociles pour les ameuter. Des squelettes en nombre pour briser les miroirs et en finir avec ce kaléidoscope tordu qui protège Kadria.


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Modifié en dernier par Maâra le mar. 21 avr. 2020 19:15, modifié 2 fois.
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » dim. 22 sept. 2019 03:04

(Avant)

(12)

Bras tendus devant elle, narines ouvertes et pulsant d'air chaud, la garzoke attend de pied ferme un truc. Un nom. D'sa future victime pique-assiette du Patron. Sauf qu'ça vient pas. Et qu'au lieu d'tout lui balancer pour qu'elle aille rendre la justice de l'assiette, l'Gwandor se tourne vers la gosse. Il lui cause. Et cause. Et puis ben... Il cause ? Merde alors, il sait aligner autant d'mots l'Patron ? Parce que là, il en dit des trucs ! Que Kadria fout l'bordel parce qu'elle a divisé un ordre... Ca s'divise un ordre ? Genre, si on lui ordonne d'tanner un cerf, on va lui dire d'tanner puis d'aller cerf ? Mais ça veut rien dire ! C'pas malin d'couper les ordres en deux comme ça ! Quelle idée d'con ! Et ça viendrait d'la Patronne ? Ben faut croire qu'passer tout son temps dans les courants d'air ça lui a pas fait qu'du bien. Ou alors c'est d'être entourée d'piafs comme Aro'. Déjà qu'sa corbac lui meule la caboche une bonne trentaine de fois par jour, vu l'nombre qu'elle a là-haut, c't'à s'demander comment elle a encore une tronche en un seul morceau. Un morceau... Un bout... Une part d'Kadria, ça r'ssemblerait à quoi ?

La peau-verte s'démêle du fil d'sa pensée quand l'elfe noir tout en armure d'même tonneau dit à Maya qu'la p'tite est p't'êt' en danger. Beuh ? Parce qu'elle est néroco... Néman..? Né-cro-man-cienneuh ? Ben pourquoi ? Sont sympas, nan ? Ils r'mettent d'aplomb les sieurs Nonos qu'la garzoke déboite sans l'faire exprès ! M'enfin, là, de suite, l'Patron a l'air... Paumé ? Il demande à la gamine un signe du Grand Patron qui prouve qu'elle a un lien avec lui. Avant d'remercier la tanneuse pour l'boulot qu'elle a fait, et qu'elle tient encore à bout d'bras. Enfin, jusqu'à c'qu'un des gus d'la salle d'arme s'approche d'un pas d'trop. Elle lui refourgue les plaques d'métal noir et les bottes d'un seul coup. Et l'type encaisse... Et r'cule d'un pas, pis d'un aut'. Zu'Gash sort la langue sur l'côté. Tomb'ra ? Tomb'ra pas ? Ca tangue sur un côtéééé et pis l'auuuut'. Ah ? Ah ?! Ah! Et vlan ! Le voilà qui s'casse la tronche ! Mais il s'fait rattraper par un aut' gus qui l'attendait et qui l'choppe sous les bras pour le r'dresser. Pas drôle.

Les mains libres, la peau-verte se met à s'curer une oreille du p'tit doigt, matant la gamine d'un oeil. La gosse a l'air d'hésiter. Elle mate sa frangine un p'tit moment, comme si elle pouvait lui causer directement dans l'crâne, comme le fait Aro' ! Mais la Juju' c'pas Aro' ! C'même pas un piaf ! Ou alors costaud l'bestiau pour porter autant d'métal sur les plumes. Et pis couillon aussi l'oiseau, parce que ça l'empêche de voler, ça... Mais du coup, sans son armure toute brillante, elle pourrait voler la Juju' ?

"Inutile de me regarder comme cela. Tu ne penses tout de même pas que je vais m'abaisser à ne serait-ce que penser à ta sombre divinité !", fait la morte-bouclier en détournant la tête, comme une dame noble qui veut pas r'garder la mare qui va tacher ses bottines. Et là, la flaque de boue a la trogne d'Maya.

"Whoahé ! Cause pas mal du Grand Patron, d'abord ! Pis j'te f'rai r'marquer qu'c'est dev'nu l'tien d'puis quelques s'maines."

"Inepties ! Silence, créature ignoble et malodorante !"

"Cause commun qu'on s'comprenne ! Eh en plus, j'y peux rien là ! C'la faute d'Aro' !"

"Rha ?"

"Ben oais ! J'suis trop forte mais même moi j'ai jamais réussi à m'dégobiller dans l'dos !"

"Arh ! Rha rahrah ?"

"Mais oais, t'fais pas d'bile !", rassure la tanneuse en choppant l'bec du piaf, qui s'réinstalle ensuite, l'air peinarde. "J'te rendrai la pareille la prochaine fois."

L'oiseau sombre se fige. S'relève. Étend ses ailes. Tourne deux fois autour d'la pièce et va s'poser sur l'sac de Maya, matant la garzoke d'son oeil du milieu sans l'cligner du tout. Elle fait une d'ces tronches ! Rien qu'pour récompenser c'te réaction, Zu'Gash a hâte d'avoir ses prochaines envies d'dégueuler ! La gosse pousse un petit soupir puis mate l'Gwandor d'ses yeux d'jolie gosse trop pareille des deux côtés d'sa trogne.

"Je... J'aimerais avoir les mots pour chasser cette lueur de votre regard, Lord Gwandor, mais j'ai encore beaucoup à apprendre pour revendiquer ma place de nécromancienne.", dit la gamine comme avec respect, mais sans détourner les yeux d'ceux du Patron. Ben merde alors... Où est passée la gosse qui rougissait jusqu'aux oreilles quand tu la foutais presque à poil pour voir ses bobos ? Elle pouvait pas rester droite, et là elle baisse même pas les yeux d'vant un type qu'a p't'êt cinq... Dix ? Cent ? Fois son âge ! Fortiche la p'tiote ! "Je ne peux que partager avec vous ce que je sais et... Ce que j'ai compris récemment."

La gosse croise les doigts d'vant elle, comme une damoiselle respectable. Elle reste silencieuse un p'tit moment, comme quand elle avait peur qu'sa magie foute l'bordel, avec les yeux qui brillent. Sauf qu'elle a grandi d'puis, donc elle cause. Et bordel qu'elle cause bien ! Avec de vrais mots et tout !

"Je comprends l'avis de Dame Kadria concernant certaines... Personnes. Certains tests imposés laissent peu de chances aux vrais fidèles de prendre conscience d'eux-mêmes avant d'être envoyés à Phaïtos."

"Hein ?"

"Rhaaa. Rah rarah raaarh ah."

"Ah ! Ah oais ! Donc en fait, tu t'serais pas posée, c't'à peu près sûr qu'on se s'rait fait tester ! Pis qu'on aurait clamsé !", répond triomphalement la peau-verte à son piaf noir planqué contre Maya, avant d'faire la gueule. "S'pèce d'rabat-joie."

"Ahem.", toussote la p'tiote avant d'continuer. "Mais j'ai aussi discuté avec la Dame des Brumes concernant son... Sa... Les émotions qu'elle a envers Brytha et... Jusqu'à récemment, je me sentais prête à la suivre, Lord Gwandor.", fait la p'tite en s'effleurant les mains. "Puis nous avons traversé un village... Puni. J'ai réfléchi aux projets évoqués et...", là, Maya rive un regard franc à l'elfe noir. Comme s'il n'avait pas l'moyen d'la trancher en deux d'un r'vers de main. "Je ne veux pas voir les Messagers se détourner autant de leur raison d'exister. Je refuse de voir l'entièreté des nôtres s'exposer aux yeux de tous pour une guerre personnelle. Car si nous révélons notre existence en affrontant ouvertement Brytha..."

"Rhaaa... Croâaaah."

"Oaip. P't'êt' même qu'on verrait des gars aussi fous d'leur dieu qu'les nôtres. Sauf qu'ils s'raient en face. Et qu'ils f'raient d'la lumière et tout. On en aurait du monde à envoyer au Grand Patron ! 'Fin au début, parce que bon, c'pas avec nos p'tites laineuses qu'on va défendre l'château longtemps, hein ? Si y'en a des groupes d'claquemurés brillants qui s'baladent comme ils veulent dans la nature, c'est qu'ils z'en ont pour les remplacer à la maison !"

La gosse regarde la peau-verte et cligne des yeux deux fois, comme si elle venait d'entendre un truc débile. Ou trop intelligent, faut voir. Bref, elle s'tourne vers l'Gwandor encore.

"Notre ordre est censé aider Phaïtos en allégeant son fardeau et en veillant à ce que nul n'abuse des trépassés, pas en prenant part à des conflits... Fabriqués. J'ai... Peur, Lord Gwandor. Je ne veux pas perdre ma nouvelle famille pour des raisons égoïstes.", affirme la gosse avant de faire un p'tit sourire à l'elfe d'en face. "Mais je comprendrais que vous me trouviez ridicule... Infantile."

"Ta nouvelle famille ? Cette bande d'adorateurs de la mort ? Et des morts si cela se trouve. C'est écœurant !"

La gamine lance un regard presque vexé à sa frangine. Et quand elle cause, c'est une voix dure qui sort. L'genre qui fait pas aussi gosse que d'habitude.

"Qui refusent de faire souffrir. De réduire en esclavage. De nier la vraie identité des gens et qui en font concrètement plus pour le salut des autres que certains adorateurs de Gaïa."

Et que ça s'regarde de travers ent' les soeurs.

"Ben valà ! V'là pourquoi les morts ont pas la parole ! Ça fout la merdeuh !"

"Je ne... Suis pas... M... Mo..."

"Mais si ! Et va falloir t'y faire un jour ! Et va beugler plus loin, Maya a encore à causer avec mon Patron préféré !"

La Maya cligne des yeux tout doucement et elle fait un sourire. Mais un vrai c'te fois. Pourquoi donc ? D'habitude ça la fait chier qu'la peau-verte fasse chouiner ou rager sa sœur. Décidément, sont vraiment bizarres les humains. M'enfin...

"T'inquiète, gamine !", fait la tanneuse en plaquant sa grosse paluche sur le crâne de la gosse. "T'as juste pas envie qu'ton clan s'fasse raboter l'museau par des types plus nombreux et qui brillent. C'pas con, t'sais ? M'enfin c'chiant quand même, Patron !", fait la garzoke en s'collant les poings sur les hanches. "On s'farcit toute une mission et l'ch'min qui va avec, et quand on r'vient, on peut même pas s'la couler douce ! "

Zu'Gash secoue la tête. Elle s'tape d'un coup l'poing dans la main et s'penche un peu, une main cont' la joue, pour dire un secret à l'oreille pointue d'son Patron préféré.

"V'savez Patron, si v'z'en avez marre des pique-assiettes et des gars qui sont pas foutus d's'entrainer quelques heures sans souffler comme des boeufs ou s'plaindre, z'avez qu'à l'dire ! On embarque Shaddi' et quelques gars, on s'trouve un coin loin d'ces vieilles pierres et on s'monte un camp peinard juste pour nous ! Comme ça on s'ra tranquilles pendant qu'les aut's s'étripent ou s'calment, on aura Maya pour nous raconter des histoires pour pioncer et on aura plus pour nous à bouffer ! J'me charge de chasser la barbaque !", murmure-gueule victorieusement la garzoke, fière de son idée.

Un bon p'tit camp'ment d'peau tannée et d'bois pas trop pourri, avec un gigot qui grille sur l'feu et des copains pour s'taper d'ssus pendant qu'ça cuit. Ça c'est la vie !



(Après)
Modifié en dernier par Zu'Gash le sam. 12 oct. 2019 23:13, modifié 1 fois.
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 22 sept. 2019 17:15

MaJ pour Zu'gash


Gwandor écoute en silence les propos de Maya. Il finit par hocher la tête alors qu'une lueur s'allume dans ses yeux alors que toute l'assistance l'écoute en silence. Les propos de Zu'gash lui tirent même un début de sourire, et il déclare finalement :

"Vous avez raison. Ceci est notre famille, et Kadria ne fait rien pour la garder unie. Elle a voulu me mettre devant le fait accompli et me forcer à joindre son camp, mais je commence à sentir que j'ai bien fait de refuser. Que tout le monde prenne les armes ! Il est grand temps pour moi d'aller parler à Merilian. Et si Phaïtos le permet, nous pourrons nous asseoir autour d'un bon feu de camp, comme le propose la Zu'gash."

Autour, plus de trente disciples ramassent leurs armes et armure. Celui qui est encombré de lingots de métal est un peu embarrassé mais s'efforce de suivre le mouvement, non sans lancer des regards paniqués en espérant que quelqu'un vienne l'aider. Puis, l'expédition ainsi formée prend la direction des portes. Les gardes placés par Kadria sont toujours en poste, mais ils ont l'air effrayés. Et pour cause : les troupes de Merilian ont réussi à se glisser aux portes, et Shadem est avec elles ! La nécromancienne elle-même surgit des ombres pour en prendre un en otage, demandant qu'on les laisse passer. Le chef des gardes proteste :

"Je... nous ne céderons pas ! La mort ne fait pas peur à de vrai fidèles de Phaïtos !"

Mais seul le silence suit sa déclaration alors que Gwandor entre dans la pièce. Rebelles et fidèles de Kadria se figent de terreur devant le maître d'arme comme devant l'ombre de la mort elle-même. Merilian elle-même comprend que le camp qu'il choisira sera celui des vivants. Pour les autres, il n'y aura que la mort.

Et pourtant, loin de tirer ses armes, il croise les bras et déclare :

"Que cesse cette folie. Laissez-les entrer et réglons ça une bonne fois pour toute."

Le chef des gardes hésite. Comme il l'a dit, la mort ne lui fait pas peur. Après tout, vous êtes bien placés pour savoir qu'un Messager du corbeau l'accueil volontiers plutôt que de renoncer à ses convictions. Mais peut-il vraiment s'opposer à l'un des lords de l'ordre ?

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 22 sept. 2019 17:16

Alors, un nouveau son naquit. Un grondement et un raclement de poussières s'assemblant. Puis, vint un grand fracas, suivi d'un autre, et encore un autre... et un cri strident, inhumain. Un cri de colère qui ne pouvait provenir que de Kadria. Des squelettes ! Maâra avait invoqué des squelettes pour détruire les miroirs ! À côté d'elle, Rendrak comptait :

« Vint et un. Vingt-huit. Trente-cinq. Quarante-deux... Heureusement que les elfes ont la vie longue, mam'zelle. Ça fait beaucoup de miroirs, tout ça ! »

C'est alors qu'un nouveau déchaînement d'image se déversa sur eux. Kadria s'était mise en mouvement ! Azra tenta à nouveau de se focaliser sur elle, cherchant sa position exacte. Un squelette fut frappé d'une nuée de corbeaux et tomba en morceaux. Puis, il y eut un éclat lumineux et un deuxième fut frappé par un rayon étincelant. Le rayon, poursuivant sa route, embrocha un deuxième squelette. Là ! Cela venait de par-là ! Et alors...

… et alors Azra eut une réminiscence d'un temps fort ancien. D'une époque où il était tout autre. Il sentit ses fluides gronder en lui et sa colère enfler et des mots anciens, prononcés dans des circonstances qu'il entrevoyaient à peine mais qui évoquaient la situation actuelle montèrent en lui, jusqu'à éclater en un rugissement :

« Assez de ces tours de passe-passe ! Moi, Chandakar, j'ordonne et le monde brise l'échine ! »

Ce qui se produisit entre ses mains n'était pas un souffle de Thimoros, mais une sphère d'énergie pure, dont l'apparente ténèbre cachait des pouvoirs bien différents de ceux des dieux sombres. Le projectile fut jeté d'un mouvement, décrivit une courbe aussi élégante que mortelle... et retomba.

Il y eut une explosion de flammes noires et un grondement terrible. Deux squelettes furent soufflés et d'innombrables miroirs brisés ou renversés. Il n'en restait plus assez pour répercuter les images à l'infini, et ils voyaient maintenant Kadria elle-même. Elle n'était pas exactement où il l'avait calculé, et n'avait été qu'égratignée par des éclats de métal, mais maintenant, elle ne pouvait plus se cacher à leur vue. Rendrak laissa échapper un ricanement :

« Bon... on va pouvoir passer aux choses sérieuses... »

La femme en blanc, se dressant seule au milieu des innombrables éclats de son pouvoir, afficha un instant une figure légèrement choquée. Les deux nécromanciens avaient brisé sa défense avec une efficacité remarquable, et elle était cernée par les morts-vivants. Mais déjà, son visage se recomposait en un masque froid et déterminé. Elle écarta les mains et de la lumière sembla couler en elle, une lumière dont la seule vue était douloureuse pour la liche.

(Vous êtes plus forts que je ne le pensais... mais ma cause est trop importante ! Mes plans si savamment orchestrés arrivent à leur terme et ce ne sont certainement pas quelques arrivistes qui vont m'arrêter ! L'ordre sera à moi !)

« Vous ne comprenez pas... c'est impossible ! Laissez-moi vous expliquer ! » s'exclama Azra.

Il avait certes bien des choses à lui dire, mais, comme il s'en doutait, elle n'y prêtait aucune attention. Alors, autour d'eux, le monde sembla tanguer, se gondoler... Cela rappela vaguement à Azra son seul voyage en bateau, sur le lac des hommes pâles, mais en bien pire. Même Rendrak et les squelettes vacillèrent et tombèrent. Le mur, le sol, tout ondulait et se déformait tandis que Kadria, elle, grandissait, jusqu'à paraître une géante étincelante d'un blanc aussi froid que mortel. Par Phaïtos c'était incroyable ! Même privée de ses miroirs, elle pouvait encore les mettre à genoux ! Azra rageait intérieurement. Il fallait trouver une solution ! Il prit son bâton pour tenter de s'appuyer dessus et de viser son ennemie d'un sort mortel, mais tout semblait tourner, se dérober, fluctuer sous ses pieds et autour de lui. Il n'allait pas y arriver. Elle le visait lui directement, à présent, et il n'était même pas sûr de savoir comment esquiver !

Bien sûr, Rendrak ne put s'empêcher d'y ajouter son grain de sel :

« Hé ! La rouquine ! C'est bien beau de nous donner le mal de mer, mais tu savais que les mort-vivants n'avaient rien à gerber ? »

(Silence, chien ! Et prépares-toi à rejoindre l'au-delà avec ton maître !)

« Ah ouai, c'est vrai, je suis un chien... D'ailleurs, j'ai une autre info inédite, pour toi... Tu savais que les chiens peuvent se déplacer à quatre pattes ? C'est tellement plus stable ! »

Et Azra réalisa alors que son compagnon n'était pas à genoux ! Il était à quatre pattes, en train de progresser vers la dame des brumes ! Celle-ci ne réalisa que trop tard son erreur de calcul. Déjà, le liykor avait projeté son crochet et il lui balayait les chevilles. Elle tomba à terre et les illusions se firent moins fortes. Azra se releva, prêt à attaquer, et il n'était pas le seul...

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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » lun. 30 sept. 2019 05:11

- X -

Daemon s'accroupit au bord du bassin aux eaux noires. Il y trouva son reflet, intact, la surface n’étant troublée par aucune ride, et il se remémora les nombreux souvenirs vécus dans ce jardin : sa rencontre avec Kadria, son accession officielle à l’ordre, le dur labeur des travaux de réhabilitation, son emménagement, et les nuits à observer les étoiles avec d’Asad…

Le bruit d’un projectile le sortit de sa torpeur. Il se riva vers l’ombre des taillis, puis vers Azra, qui attrapa quelque chose sur son manteau. Une fléchette empoisonnée, constata-t-il, avant de railler la méthode. Rendrak s’élançait déjà vers l’origine du tir, mais un liykor (celui-ci bel et bien fait de chair) jaillit devant lui. Son pelage était d’une rousseur que Daemon n’était pas prêt d’oublier.

(Sine, le compère de Korben…)

Alors, d’autres Messagers sortirent des ombres. L’un d’eux retira sa capuche et lui adressa un regard. Daemon faillit basculer dans les eaux troubles.

Ce regard d’un bleu céruléen, cette peau mate, ces cheveux blancs maintenus en arrière… Pas de doute possible. C’était Asad, là, juste devant. Un sourire mesquin se dessinait sur son visage, et le jeune homme du désert disparut dans la végétation.
Des invectives montaient déjà ça et là, mais Daemon n’en tint pas compte. Asad était bien présent, bien vivant. Qu’il soit venu en qualité d’ennemi ne le froissait pas, mais son esquive - à peine était-il apparu qu’il disparaissait déjà - lui était insupportable. Comment pouvait-il se soustraire aussi rapidement à sa vue ? Avec aussi peu de considération !

Daemon bondit droit vers l’ennemi. Ignorant les vociférations, il se jeta à travers les branches pour les semer. Dans le dédale ombragé, il trouva sans peine son chemin grace à sa vision, mais aussi par sa connaissance parfaite du terrain. Enfin, il trouva la silhouette tant convoité. Asad l’attirait vers cet endroit, cela ne faisait aucun doute.

- XII -
Modifié en dernier par Daemon le ven. 8 janv. 2021 00:29, modifié 5 fois.

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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » mar. 1 oct. 2019 03:09

- XI -

Daemon arriva au pied des marches de pierre. Par excès de prudence, il se figea un instant, à l’affut du moindre poursuivant. Azra était peut-être immunisé contre les poisons, mais ce n’était pas son cas. Lorsqu’il fut certain d’être seul, il gravit l’escalier pour rejoindre la galerie abritée.
Des portes cloutés menaient aux suites de l’aile est ; de grands appartements jadis fastueux, aujourd’hui délabrés ou rénovés partiellement par manque de ressources. Après avoir traversé le passage extérieur à pas de loup, il trouva la dernière porte ouverte. Ce n’était pas un hasard. Une coursive étroite l’attendait, et il la connaissait très bien.

Il ouvrit la seconde porte avec prudence, tout en sachant qu’elle grincerait encore davantage. La lumière feutré du salon l’accueillit. Une lanterne était posée négligemment sur un vieux meuble. De l’autre côté de la pièce, épée au fourreau, Asad fixait sur lui ce regard froid et dur qui le déconcertait toujours.
Son expression était impassible, mais il y avait un tel éclat dans ses yeux que Daemon dut détourner les siens, et il regretta son geste. Car quand il allait ramener son regard, ce serait pour voir le sien rivé sur lui, comme pour dire : tu as détourné les yeux, pour les ramener vers moi. Quand les détourneras-tu encore ?

Daemon serra les poings et le défia du regard.

« Alors comme ça tu fuis devant moi ? »

« Je dirais plutôt que c’est toi qui me cours après… » répondit Asad sans retenir sa satisfaction.

« Qu… !? »

Daemon laissa échapper un glapissement rageur. Il avait avancé d’un pas et restait figé dans sa posture. Comme si les circonstances permettaient qu’il se moque ainsi de lui.

« Et Kadria, quant est-il ? Elle ne t’a pas associé aux traitres ? »

« Ne rougit pas comme ça. On dirait une fillette, c’est ridicule… »

Asad ne put s’empêcher de rire, avant de s’interrompre brutalement. Daemon était écarlate.

« Cela aurait pu arriver, en effet, puisque tu étais mon duo. Mais mon allégeance première revient à Gwandor. Il serait mal perçu d’un Lord exécute les principaux suivants d’un autre Lord. Mon maitre est moins influant que la dame des brumes, mais elle sait se tenir à distance. Voilà d’ailleurs pourquoi elle s’attaque au menu fretin : Merilian. Si tu veux mon avis, cette femme est complètement dégénérée.

Je parle des deux, évidemment. »
finit-il par ajouter.

La situation était donc provisoirement sous contrôle, se rassura Daemon. Il était sincèrement heureux de savoir que son compère était en vie, pour ne pas dire qu’il ressentait un profond soulagement. Il ne lui était pas hostile non plus, même s’il n’en était pas tout à fait certain ; Kadria avait un don pour retourner le cerveau des gens.

« Et la garde, où est-elle ? Je n’ai vu aucun archer sur les remparts. »

Asad s’approcha et posa une main sur son épaule. Le semi-elfe réprima un geste de recul pour soutenir son regard. Il n'y avait rien de douloureux dans son geste, la pression de sa main était même tendre, amicale, mais elle pesait sur son esprit au point de le faire ployer.

« Comme tu le sais sans doute déjà, Gwandor reste neutre dans les querelles qui divisent la guilde. Mais neutralité ne signifie pas pour autant passivité. » fit-il en se fendant d’un sourire.

« Je vois... » conclua Daemon sans oser bouger, craignant de perdre le contact sur son épaule. « Ca tombe bien, nous sommes venu pour balancer Kadria du haut de sa tour. »

Ils restèrent un instant à s’observer sans qu’aucun poignard ne transperce l’un ou l’autre, quand Daemon eut un soubresaut.

« Mais j’y pense ! Je ne suis pas venu seul. Quels ordres vous a-t-on donné !? »

« Pas de prisonnier. Ce sont les termes. »

Daemon émit une moue contrariée.

« Alors je regrette. Tes amis sont probablement tous morts. »

- XIII -
Modifié en dernier par Daemon le jeu. 7 janv. 2021 22:48, modifié 2 fois.

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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » mar. 1 oct. 2019 16:48

- XII -

Le couloir éclairé par de rares luminaires était désert – plus qu’à l’habitude. Et Daemon ne se dérangea pas, dans sa précipitation, de troubler le calme qui régnait dans la forteresse.

« Azra ne se chargera pas de cette... ! C’est à moi de lui régler son compte ! »

« Calme toi. » fit Asad en le retenant dans sa course. « Nous arrivons aux abords de la salle de réception. Il y a toujours quelques Messagers qui veillent à cette heure, et si l’alerte a été donnée, c’est le point de rassemblement. »

« Tu veux aussi me faire une visite guid… »

Une porte s’ouvrit.
Daemon fit volte face, se dissimula sous sa capuche et se courba comme un vieillard pour se cacher au mieux. Ils restèrent immobiles. Une procession d'adeptes approcha et croisa leur chemin. Les pieds trainaient et Asad leur adressa un regard sévère pour détourner ceux des curieux. Le balayage de bures à n'en plus finir disparut enfin au tournant.

« Je vais lui tordre le coup à cette… »

« Oui, oui. On a compris. » coupa Asad avec la paume de sa main.

Ils ne rencontrèrent personne dans la partie ouest du château. Une ouverture en arc brisé délimitait l’entrée de la tour des mille corbeaux, la grande tour d’angle qui dominait les anciens chemins de ronde, où Kadria avait élu domicile. Ils s’arrêtèrent aux premières marches de l’escalier en colimaçon.

« Tu es sûr de vouloir faire ça ? Kadria est une puissante magicienne, l’aide de tes compagnons serait précieuse. »

« Hors de question. Cette femme m’a condamné pour le seul tord d’avoir réparé ses conneries. Elle a fait passer l’épreuve du passage à Korben alors qu’il était encore néophyte. Il n’était pas prêt. Il a perdu la raison à cause d’elle. »

Il retira sa capuche et se tut un instant.

« Ses derniers mots furent des remerciements. Je l’étranglais... à ce moment là. Mais ce n’est pas moi qui l’ai tué, c’est bien elle. »

« Tu m’as déjà tué une fois, je te rappelle. Tu traites tes amis avec – décidément – beaucoup de déférence. » ironisa Asad.

« C’était un accident… » compléta Daemon en levant les yeux au ciel.

Au même moment, un fracas de verre brisé descendit jusqu’à eux. Un combat faisait rage au sommet de l’édifice. Le son était étouffé par la distance, mais le simple fait de pouvoir le percevoir d’en bas était révélateur de la violence de l’affrontement.

« Comment a-t-il put nous devancer !? Ah non ! »

Ils se précipitèrent dans l’escalier en circonvolution. La succession de marches identiques avait un effet hypnotique. Et avant même de déboucher sur les appartements de Kadria, toujours dans cette semi obscurité, ils purent ressentir l’intensité de la magie à l’œuvre. C’était comme si l’air se troublait. Leurs forces s’amenuisaient, ralentissant leur course. Leurs corps devinrent lourds comme s’ils portaient un fardeau…

Ils gravirent les dernières marches à quatre pattes, et ce qu’ils découvrirent les clouèrent sur place. Une Kadria gigantesque se tenait devant eux, elle étincelait d’un blanc aussi froid que mortel, et l’espace environnant paraissait se déformer, se tordre comme dans un miroir concave. Le sol était recouvert d’ossements et d’éclats. Azra et Maâra étaient aussi présents, à genoux devant l’irrésistible illusion de l’enchanteresse.

(Ce n’est qu’une illusion. Ce n’est qu’une illusion.) psalmodia intérieurement Daemon, les yeux fermés.

C’est alors que Rendrak, le liykor squelette d’Azra, fanfaronna de n’avoir rien à gerber. La voix de Kadria résonna d’invectives dans tous les esprits, mais elle le sous-estima. L’invocation projeta sa chaine et balaya les chevilles de la magicienne, qui perdit l’équilibre. Elle chuta et son envoutement devint plus supportable, assez pour que Daemon puisse passer à l’attaque.

Il mit un pied au sol et s’éleva en cabrioles au dessus d’eux.

- XIV -
Modifié en dernier par Daemon le jeu. 7 janv. 2021 22:49, modifié 9 fois.

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » dim. 6 oct. 2019 22:22

Au bout de chaque filament, sur les dalles du plancher ou les pierres des murs, se forment des nappes d’Ombre visqueuses et mouvantes. Dix nids matérialisés par les pouvoirs sombres de Maâra qui donnent naissance à dix créatures squelettiques animées par sa seule volonté. Occupée à suivre les déplacements du Premier Messager et son compagnon, la Dame des brumes ne perçoit pas les pensées de Maâra et les ordres qu’elle lance à ses nouveaux pantins. Les squelettes sortent des Ombres en claquant des os et aussitôt, se dispersent dans toute la pièce, insensibles aux visions démultipliées de Kadria. Certains se jettent littéralement sur les parois lisses et glaciales, les percutant si fort que l’un d’eux en perd un bras au niveau du coude, d’autres attrapent des morceaux de dalles abîmées par le temps et frappent les miroirs les uns après les autres.

Toute la tour est inondée de bris de verre et de détonation aigue sans fin. Un cri s’élève pourtant au-dessus de toute cette cacophonie, strident et rageur. Un hurlement de colère qui ravive la volonté de Maâra, persuadée dès lors que son action, en plus d’être incroyablement jubilatoire, est efficace pour affaiblir la Dame des Brumes.

Tous leurs sens aux aguets, le nécromancien et sa créature cherchent la Dame qui se déplace vivement pour échapper à leurs regards. Un brusque mouvement dans les miroirs environnants force Maâra à s’arrêter elle aussi, avancée de quelques pas vers l’intérieur. Les dizaines de miroirs brisés réduisent l’impact des visions, mais elle n’oublie pas la dominance de cette femme sur elle, lorsqu’elle s’était glissée dans son esprit.
Soudain, un bruit d’ailes retentit au loin et l’un de ses pantins est soulevé du sol et disloqué dans les airs avant de retomber en une pluie de poussière d’os. Plus proche d’elle, un autre pantin évite de peu la volée de corbeaux qui remontent jusqu’aux nichoirs. Plus proche encore, un mouvement la fait sursauter, une forme blanche envahit soudain les miroirs alentours. Elle ne la voit pas mais sent l’air se remplir de sa puissance. La nécromancienne remue les doigts et manipule les filaments d’Ombre de ses pantins, ordonnant juste à temps à plusieurs d’entres eux de revenir sur leur pas, jusqu’à leur souveraine. Comme venu de nulle part, un éclat lumineux traverse les miroirs en direction de Maâra. Un premier squelette s’interpose et se fait littéralement traverser par l’éclat qui se désagrège en partie, explosant le reste du squelette. Un autre squelette s’interpose aussitôt et ralentit la course du rayon lumineux, laissant tout juste le temps à Maâra de s’écarter avant qu’il s’écrase sur le mur de pierre derrière elle.

De la poussière d’os se colle au sang qui macule son visage. Elle en inspire l’odeur à plein poumon avant de se redresser et d’avancer un peu plus, le regard noir de confiance en ses pouvoirs. Les squelettes restants repartent à l’assaut des miroirs et des corbeaux isolés les attaquant. Maâra concentre sa magie et modèle les ombres autour d’elle en une main aux longs doigts crochus. A quelques pas de là, elle a vu une botte et le bas d’une robe balayer le sol en reculant … Kadria est là, dos à elle, essayant de se frayer un chemin dans les ruines de son labyrinthe mirifique.

La nécromancienne relâche sa magie et la propulse vers la longue chevelure rousse. Elle reste immobile, observant la main s’approcher de sa proie qui se retourne vivement, comme ayant senti l’ombre venir, les yeux fous de rage. De ses mains blanches s’échappent déjà des éclats lumineux au moment où la main atteint sa gorge.
Mais soudain, une sphère d’énergie passe au dessus de leur tête. Une sphère d’énergie pure dont Maâra ne perçoit pas l’essence mais qui retombe aussitôt en remplissant l’air d’un vrombissement puissant. La main d’Ombre n’atteint pas sa cible, les crépitements lumineux ne quitte pas les doigts de la Dame des Brumes … tout est stoppé, balayé, détruit par l’explosion de la sphère dont s’échappent des flammes noires puissantes et folles.
Plusieurs squelettes sont détruits et une quantité indescriptible de miroirs est brisée. Les pâles réflexes de la Nécromancienne ne lui permettent pas de se protéger à temps, elle est emportée par l’impact comme un fétu de paille et roule sur le sol sur plusieurs mètres. Elle gémit et se pelotonne sur elle-même, les bras contre son visage. L’arrêt brutal de son corps contre un mur de pierre lui arrache un gémissement saccadé et lascif qu’elle maudit aussitôt.

Elle n’entend, ni ne voit ce qui se passe devant elle, la vue occultée par le voile flou de la douleur et l’ouïe dévastée par ses propres halètements. Kadria les foudroie du regard, eux les faibles nécromanciens fragilisés par ses visions et son influence lumineuse, qui sont parvenus à détruire sa solide défense. Mais pas elle. Elle se relève sans peine, à peine égratignée et force leurs esprits de sa rage aveuglante, les maudissant de vouloir détruire ses plans et voler son Ordre. Le Premier Messager tente pourtant encore une fois de l’avertir et l’exhorte de tout arrêter. Mais la Dame veut le pouvoir coûte que coûte, motivée par une cause qu’elle juge juste et nécessaire ; tout Premier Messager qu’il soit, il n’est qu’un obstacle de plus, et rien de plus.

La puissance de Kadria se dévoile alors, maîtresse des esprits et des illusions.
Le monde de ses ennemis se met à tanguer, à se tordre et se gondoler. Maâra ressent son corps glisser et rouler comme un pain de savon sur le pont d’un navire en pleine tempête. Incapable de se redresser ou de bouger elle s’agrippe à ce qu’elle peut. Les murs autour d’elle se mettent alors à s’étirer et se plier sur eux-mêmes. Au dessus de ce tableau vivant, la silhouette de Kadria apparaît enfin entière. Une belle femme vêtue d’une robe blanche et noire, une humaine au teint de peau pâle à peine ravivé par la flamboyance de ses longs cheveux ondulés. Et cette vision grandit et grandit encore sous les yeux effarés de Maâra qui lutte pour garder un semblant de stabilité. Immense, elle les dépasse de plusieurs têtes et gagne en puissance, tout son corps est nimbé de lumière.
Fermant enfin les yeux, Maâra lutte contre l’illusion. Ses bras tremblants la retiennent au sol et son esprit se force à ne ressentir que ce qui est censé exister. Les éclats de verre, les échardes de bois, de la poussière et des gravas. Elle se répète inlassablement qu’elle est sous l’emprise d’une force qu’elle est capable de vaincre. Quelque part devant elle, la voix gutturale du guerrier mort-vivant sonne comme une balise et elle s’y accroche mentalement pour que son vertige reflue. Impertinent, il nargue Kadria car sa condition de non-vivant le libère des maux qui immobilisent les deux nécromanciens.

Elle ouvre les yeux et le voit courir droit à quatre pattes dans un monde tordu, s’approcher d’une Kadria trop sûre d’elle et de ses illusions d’esprit, et parvenir à la faucher par les chevilles. La despote immense qui occulte la vision de Maâra s’effondre au sol et son pouvoir vacille, perd de son influence.
Mais pas assez rapidement pour la nécromancienne qui, luttant contre ses propres résolutions, décide de forcer son esprit à reprendre contact avec la réalité. Elle attrape plusieurs fragments de verre au sol et les serre contre ses paumes. La douleur aigue, la chaleur de son sang qu’elle sent perler sur ses doigts agissent mieux encore que les paroles d’un mort-vivant.

((Je t’en prie, ressaisis-toi ! Tu n’as pas compris encore, que tu n’es pas de taille ?
- J'vais très bien merci.))


La voix rude de sa maîtresse en révèle plus au petit rat Faera qu’une longue explication. Ses mains en sang sont devenues le centre de la concentration de Maâra, le point d’encrage d’une source indéfectible de volonté et de force mentale pour vaincre celle qui n’a pas daigné l’écouter. Trop folle et trop sourde à l’entendement … comme ce que risque de devenir Maâra contrôlée par la liesse de la souffrance.

Le moment propice pour agir ne peut être meilleur. Azra se relève, son compagnon est à nouveau prêt à attaquer et dans son dos, le jeune sang mêlé arrive prestement et s’élance directement vers la femme au sol, fragilisée momentanément.
Une flaque d’ombre grandit autour de ses mains à plat au sol, ses yeux entièrement noirs se relèvent vers sa proie et ne la lâche pas tandis que la masse d’ombre se rue à travers la pièce en direction de Kadria. Une ombre épaisse destinée à l’entourer et la suivre dans ses mouvements, la rendant presque aveugle tandis que trois adversaires l’assaillent en même temps.


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Modifié en dernier par Maâra le mar. 21 avr. 2020 19:16, modifié 2 fois.
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Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » lun. 7 oct. 2019 20:28

Invoquant sa magie, Maâra, comme en transe, invoqua une ombre étrange qui glissa de son corps comme une entité suintante et maléfique, jusqu'à envelopper la femme blanche. Dans la foulée, Daemon jaillit de l'entrée avec une pirouette improbable. Azra chargea, sa dague en avant, et il porta un coup féroce que Kadria n'esquiva que partiellement. La lame lui déchira le flanc alors que, d'un mouvement, elle saisissait la liche pour l'envoyer bouler plus loin. Mais il était trop tard pour elle. Daemon lui tomba littéralement sur le râble, produisant un craquement et un hurlement de douleur. La dame blanche tomba à terre, immobile, tandis que son gémissement s'élevait dans les airs...

… sans s'éteindre pour autant. Au contraire, il se mua en un petit rire douloureux. Le cadavre était là, à leurs pieds, et pourtant, le rire de la dame des brumes retentissait toujours dans leur esprit.

(Si j'avais pensé que vous seriez aussi puissants... je suis agréablement surpris. Cette force, hélas, ne peut contrer votre stupidité. Les Messagers du Corbeau ne survivront pas à ma mort. Ils s’entre déchireront et iront à leur perte. J'ai semé dans leurs esprits les germes du fanatisme le plus sauvage. Ils seront à moi, ou s’entre-tueront jusqu'au dernier ! Il n'y a rien de mal à cela : après tout, c'est votre seule chance de vaincre Brytha...)

Une forme fantomatique se dessina dans les airs. Celle d'un grand cygne noir. Azra sentit comme un frisson alors qu'il se posait sur la dépouille, et il sentit que ce qu'il voyait là, il ne pouvait le voir que grâce à sa faera. Celle-ci souffla :

(Morwen... c'est ton nom, maintenant ? Pourquoi ?)

Le cygne l'ignora, émettant seulement un cri qui était peut-être moqueur, ou terriblement triste. Et, toujours la voix de Kadria retentissait :

(Cet ordre ne sera jamais le vôtre. Qu'espères-tu, Maâra ? Il n'y a pas de famille, pour toi, ni ici, ni ailleurs. Il n'y a jamais de famille pour ceux dont l'esprit est malade. Tu finiras rejetée, comme partout ailleurs...)

Sa présence enflait dans l'air, et Azra fouillait des yeux autour de lui. Il y avait un truc. Il devait être quelque part... Où était-ce sa faera qui la gardait en vie ?

(Non, une telle chose est impossible. Assura Arek. J'ignore à quoi joue Morwen, mais elle n'est pour rien dans cette mise en scène.)

(Et toi, Daemon... Quel dommage de gâcher un si grand talent. Korben m'aura été plus utile, finalement. Lui, il a assuré le rôle que je lui avais attribué jusqu'au bout. M'a permis de faire la part des choses entre le bon grain et l’ivraie... Mais toi ? Ta passion pour Thimoros et la souffrance ne me dérangent pas, mais penses-tu vraiment pouvoir les cacher à cette bande de fanatiques qui ne jurent que par une mort douce et paisible ?)

Azra se figea, stupéfait. Était-ce vrai ? Était-ce possible ? Elle devait mentir pour les tromper ! Et pourtant, la passion du semi-elfe pour le combat et la violence étaient manifestes... Un adepte de Thimoros... Il se secoua et cria :

« Ça suffit, Kadria ! Tes mots ne sont que du poison, mais ce poison ne peut rien contre ce qui s'en vient. Tu ne seras jamais la maîtresse de cet ordre ! Tu n'as pas besoin de cela, nous aurions pu t'aider contre Brytha ! Mais tes illusions t'ont aveuglé toi-même. »

(Et qui gouvernera ? Toi ? Ne me fait pas rire... Tu peux tromper les autres, mais pas moi, Azra le petit paysan, prophète de pacotille ! Tu te donnes des airs de vieux sage et d'immortel, mais dans cette pièce, tu es de loin le plus jeune ! Petit gamin de tout juste dix-huit ans qui joue les seigneurs ténébreux... peu importe ta sombre ascendance, tu n'es qu'un reliquat du passé qui aurait dû s'éteindre depuis longtemps...)

Cette fois-ci, Azra tituba. Comment pouvait-elle savoir ?! Bien sûr, ses pouvoirs psychiques... Elle n'ignorait rien d'eux ! Pas étonnant qu'elle ait pu mener l'ordre selon ses bons vouloirs. S'ils avaient tardé ne serait-ce que quelques semaines de plus, tout espoir serait perdu, et l'ordre aurait été balayé, transformé en horde fanatique pour lutter contre Brytha. Soudain, sa menace prenait tout son sens : elle avait en effet eu le temps de façonner une partie de l'ordre selon son bon vouloir, et la tuer risquait de déclencher une explosion de violence. Mais avaient-ils seulement le choix ? Azra était en plein désarroi. Un plan ! Il fallait un plan ! La trouver... l'éliminer ! Mais où ? Et pour quel résultat ? Les armes du nécromancien étaient bien faibles face aux mots de la dame des brumes. Ses tentatives pour rallier les hommes en bas ne feraient probablement pas le poids.

Le cygne s'envola par une fenêtre, et il le remarqua à peine.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » sam. 12 oct. 2019 23:11

(Avant)
(13)

L'elfe tout sombre fait un truc bizarre quand la peau-verte a fini d'causer. En fait, c'est sa bouche qu'a un coin qui s'tire un peu vers le haut. C'dingue à quel point ça lui change toute la gueule d'avoir c'te presque sourire au Lord Gwandor. La Maya l'mate avec les yeux qui brillent ! Ou alors c'est juste un r'flet qui r'flète un aut' reflet v'nant d'une des armes cont' le mur. En bref, son patron préféré s'met à causer pour dire qu'c'te troupe des Messagers c't'un peu comme l'ancien clan de Zu'Gash, une famille qu'est pas du même sang mais qui fonctionne tout pareil et qu'la patronne en haut d'sa tour n'fait rien pour garder ensemble. Faut dire qu'ça cause et qu'ça cause les pas-peau-vertes ! S'tu veux qu'ton clan s'écharpe pas trop tout seul, t'as qu'à tabasser les fortes têtes pour t'faire respecter ! Et garder ceux qu'ont des idées à l'oeil, histoire qu'c'qu'ils ont dans l'crâne soit pas trop loin de c'que t'as toi dans la caboche.

La tanneuse se redresse d'un coup, les narines humant viv'ment. Elle a bien entendu ? Mais oui ! L'Patron vient d'dire à tout l'monde de chopper ses armes ! Va y avoir d'la bagarre ! Chouette ! Y'a trois fois deux mains entières de gars qui s'agitent pour s'équiper, même le gus avec les bras pleins des lingots d'métal noir. La garzoke se frotte les mains, la langue tirée. Eh, elle a bien écouté c'te fois ! L'Gwandor a dit qu'après la p't'êt' bagarre et avoir causé à Mériri, y'avait possible gueuleton autour d'un feu d'camp ! Zu'Gash ricane, le bide qui gronde déjà rien qu'à penser à un bon bout d'barbaque cuite à la broche !

L'groupe d'copains en sueur suit l'Patron, la garzoke, la gosse et la morte-bouclier sur les talons, vers l'endroit d'où elles viennent. Les portes. Et la bande de gars qui f'saient les beaux en gardant l'coin ont l'air d'être à deux doigts d'mouiller leurs braies. Ça tremble, et ça s'améliore pas quand Mériri' choppe un des gars. Elle a l'air d'vouloir échanger la peau du type contre un droit d'passage, et l'meneur des couillons r'fuse. C'qu'il a presque l'air courageux en rapp'lant qu'un Messager ça craint pas la mort. Z'ont tous l'air bien cons quand l'Gwandor s'pointe dans la pièce en disant en gros qu'c'pas la peine de faire tout c'foin. La garzoke se cure le nez du p'tit doigt, matant la bande de cons d'la salle. Y'en n'a pas un qui bouge. Sont d'venus sourds ? Ou l'temps s'est arrêté ?! C'possible ça ? Bordel, comment on vérifie qu'le temps a g'lé comme une mare d'flotte en hiver ?! Ah mais oui !

"Whoé ! Shaddi !", beugle la peau-verte en agitant la main non prise dans son pif.

Ah, il lui lance un r'gard pas content. Donc ça va, l'temps coule normal'ment. Fiou ! N'empêche, y'en a toujours pas un qui s'écarte pour laisser passer la cheffe de Maya. Et y'a un truc qui la dérange dans c'qu'elle a entendu. Un truc débile et...

"Ah oais, voilà ! Eh, l'type qu'a pas la dague cont' la gorge là.", lâche la garzoke en pointant l'chef des chieurs du doigt, mate un aut' de ses doigts, lèche la crotte de nez qui trônait d'ssus et continue d'causer. "La mort n'fait pas peur à un vrai fidèle du Grand Patron, qu'tu dis. T'pas bien ou quoi ? T'es entouré d'Mériri qui ramène des Sieurs Nonos et teste les na... Meul... ?"

"Rha."

"C'est ça ! Des nélus ! Pis t'as Shaddi qu'adore l'Grand Patron aussi, pis Maya, pis l'meilleur des Patrons Gwandor, et Maya, et tous les copains derrière, là et j'ai dis qu'y avait Maya aussi ? Bah donc t'crois qu'tu vas apprendre un truc neuf sur les vrais fidèles d'Phaïtos à quelqu'un ici ? T'es malade, hein ? Nan, ferme-la en fait. J'viens d'rentrer, j'veux pas m'chopper un rhume qui va m'boucher l'nez ! T'sais à quel point c'chiant manger avec l'nez plein ? T'sens rien sur la langue ! Ou d'ssous ! Ou même quand tu t'la mords et..."

"Rarah raah, rarh !"

"Mais oais, j'y v'nais, Aro' ! Euh... Merde... J'disais quoi ? "

"Crô-Ah."

Ah, ouais ! J'disais : allonge-toi dans un coin, transpire un coup et fais pas chier. On a encore des trucs importants à faire !, clame la garzoke en tendant l'doigt en l'air.

P'tit silence. La gosse fait un pas, v'nant s'mettre à côté d'la peau-verte et s'éclaircit la gorge un coup, mais façon propre, elle, avant d'causer.

"Pour simplifier, Zu'Gash vous rappelle que nous sommes tous des fidèles de Phaïtos ici.", dit-elle avant de fermer un peu ses p'tits yeux. "Et nous sommes déjà si peu nombreux... Nous avons déjà tant à affronter en-dehors de notre foyer, et maintenant il faudrait que j'assiste à cette déchirure ? Non. Je refuse. Je ne veux perdre aucun de vous pour une raison aussi... Aussi...", souffle la gosse en serrant les poings. "Triste."

Ben merde alors ! Elle ne va pas se mettre à chialer, hein ? Ça lui était presque passé !

"Eh bé oh ! Eh non hé ! Eh ben si !", boude soudain la garzoke en re-pointant son doigt à la ronde. "Z'allez m'la r'faire chouiner, bordel ! Vous faites chier avec vos conn'ries ! Merde alors ! Elle qu'était si contente d'rentrer, ben valà !", grogne la tanneuse en faisant la gueule. "Et ça, c'parce que deux-trois des Patrons s'prennent le bec ? Bon !", ajoute-t-elle en faisant craquer ses doigts. "On va tous monter régler c'bordel avec tout l'monde, comme on est tous là ! Qui aime Phaïtos me suive !", beugle Zu'Gash en tendant le doigt vers le plafond.

Puis en le tournant vers le couloir. Et encore en l'air. Et en mimant des deux doigts une montée d'marches. Pis en tirant la langue. Y'en a combien au fait ?



(Après)
Modifié en dernier par Zu'Gash le ven. 6 août 2021 11:13, modifié 1 fois.
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » mer. 16 oct. 2019 22:13

Les mâchoires serrées, la nécromancienne alimente de sa sombre magie l’ombre malfaisante lancée sur la femme aux cheveux flamboyant, elle la contrôle et la dirige sur sa proie qui à nouveau se retourne, comme capable de sentir l’essence maléfique des sortilèges qui l’assaillent. La magie lumineuse qui coule en elle perfore l’épaisse flaque d’obscurité mais ne touche pas son cœur, une parcelle seulement éclate en dizaines de gouttes suintantes mais l’ombre continue son avancée déstabilisante.
La Dame des Brumes se démène et use de sa magie et de ses membres pour se détacher de l’ombre poisseuse et Maâra sent plus qu’elle ne sait qu’en d’autres circonstances, elle se serait défait de l’ombre d’un mouvement las de la main. Mais Kadria est distraite par le nouvel arrivant et la haine qu’il véhicule. Daemon ne prend pas le temps de respirer ou de juger de la situation ; il n’a pas gravi les marches de cette tour pour tenter de dialoguer ou faire entendre raison à cette femme, la lueur de son regard n’impose aucune incertitude, nulle parole ne pourrait l’arrêter … et Kadria le sait.
Jusqu’à la dernière seconde, elle tente de détruire l’ombre et y parvient finalement en partie. Ses yeux accrochent les mouvements du Premier Messager au moment où se dernier se fend pour l’attaquer. Rapide, elle parvient à esquiver le coup qui aurait pu lui être fatal mais le nécromancien réagit aussitôt et touche son flan. Une belle entaille déchire robe et chair sans que Kadria ne recule. Une grimace de colère et d’agacement déforme son visage lorsqu’elle l’attrape à main nue et de sa force seule, le repousse violemment quelques mètres plus loin.

Une force et une maîtrise qui impressionne Maâra, seule face à eux, elle ne semble rien craindre, elle se défend et répond aux attaques avec une agilité et une concentration déconcertante. Aussi, lorsque le semi-elfe réapparaît comme par enchantement au dessus d’elle d’une souple cabriole, elle s’attend à la voir lever la tête vers lui, insondable et dominante … mais elle ne lève pas la tête. Les yeux grands ouverts, Maâra le voit plonger vers une femme soudainement sans défense. Son arme s’enfonce profondément dans la chair, la force de son attaque lui brise même les os.

Son cri de douleur accompagne sa chute, lente et molle, sur les ruines de ses miroirs hypnotiques.
Un cri qui se mue en un rire saccadé, douloureux et qui s’impose à l’esprit soudain stupéfié de Maâra, car la sensation qui accompagne ce contact est familier.
Elle est là, allongée et le regard vitreux mais c’est sa voix que la nécromancienne entend, comme si son esprit était resté ici, emprisonné par la tour peut-être ou par un mystérieux sortilège du Premier Messager.

Son rire se tarit à peine quand sa voix étrangement satisfaite retentit telle une complainte victorieuse. Tantôt, elle avait prononcé des mots qui peu à peu prennent sens : ʺun plan savamment orchestré.ʺ
Elle leur prédit la mort des Messagers car l’Ordre n’était déjà plus que l’ombre de lui-même, pervertit par son influence et ses manigances, nourri des germes d’un fanatisme si sauvage qu’il ne saurait survivre à sa mort, surtout si celle-ci était l’œuvre de traîtres. L’Ordre sera à elle, ou ne sera pas.

Le regard de la nécromancienne se fait las face à ce qui semble être la destinée des puissants, submergés par leurs propres pouvoirs, par leurs désirs de grandeur, par la puissance parfois inégalable de leurs prières. Un tel plan ne devait pourtant souffrir d’aucun imprévu … surtout celui d’une mort prématurée due de la sous-estimation de ses adversaires.
Le contact de Morëla, son Faera, la sort de ses réflexions quant à une probable mystification de la part de celle qui manipule les esprits et les illusions. Il lui dévoile une vision presque poétique d’un grand cygne noir qui prend forme et s’envole vers le cadavre. Elle observe sans grande émotion l’oiseau qu’elle juge trop grand et d’une beauté trop superficielle pour une faera. Le cygne chante et pleure à la fois et nul être présent dans cette tour ne peut avec certitude savoir s’il pleure sa maîtresse ou lui parle.

La voix de Kadria en revanche résonne à nouveau dans leurs esprits. Elle s’y infiltre et y insuffle le doute et la suspicion, telle une artiste de la manipulation. L’un après l’autre, elle se sert de leur faiblesse pour les perturber, les déstabiliser et semer les graines de la défiance afin de désunir le trio à peine formé.


Elle révèle à tous que le semi-elfe est un adorateur du Dieu de la guerre et de la souffrance ; une hérésie selon elle pour qui se pense être à sa place au sein d’une bande de fanatiques ne jurant que par une mort douce et paisible. Une accusation qui préoccupe le Premier Messager mais qui n’a pas encore l’effet escompté par la Dame des Brumes. Elle se heurte à des esprits plus indépendants que la piétaille qu’elle a influencée et enrôlée. Il tente de faire réagir l’esprit de Kadria en lui répondant ; peut être espère-t-il ainsi amorcer une piste qui les mènera à la source de cette voix ; mais en réponse, elle dévoile aussitôt ses propres secrets, le perturbant profondément. Lui qui se prétend Premier Messager et Prophète, lui qui se drape de sagesse et se donne des airs de seigneur ténébreux, n’est en réalité qu’un jeune homme, presque un enfant, dont la sombre ascendance aurait dû le mener à une mort prématurée.

Des confidences malveillantes qui en révèlent autant sur eux que sur les capacités hors norme de cette femme, capable de sonder leurs peurs et leurs secrets.
Les mots qui traversent l’esprit de Maâra, eux, vibrent et résonnent comme l’écho de ses propres cauchemars. Son Faera lui répète encore et encore que son esprit n’est pas malade, que les mots de Kadria ne sont que le reflet de ses pensées et non une réalité admise par tous. Elle n’a d’ailleurs pas pu mettre de mots sur ce soi-disant mal de l’esprit.

((Elle a ressenti ton malaise, elle a perçu une peur en toi, mais n’a pas deviné qu’elle ne te dominait plus. Ton esprit est plus fort que ses manœuvres, plus sain que celui d’une femme dominée par sa folie vengeresse.))

Entendre ces mots d’une femme qui gît à terre met à rude épreuve son orgueil et son désintéressement. Les pensées de Maâra se tortillent sous l’effet de l’intense combat contre l’influence de l’esprit de Kadria, contre son profond malaise provoqué par quelques mots seulement. ((dont l’esprit est malade.)) Elle a tant lutté pour se défaire de cette ignominie en elle, tant souffert pour accepter l’inéluctabilité de cette ignominie. Sa vie ne sera qu’une longue et douloureuse rivalité entre cette sombre part qui ne s’éveille qu’à la douleur et l’autre sombre part de son esprit qui ne demande qu’à être en paix.
Et cette humaine, aveugle à l’entendement et devenue folle à force de souffrance, pense pouvoir faire d’elle une faible petite chose qui a peur d’être rejetée. ((Tu finiras rejetée, comme partout ailleurs)) … a-t-elle dit, et à bien des égards elle ne se trompe pas ; mais être rejetée par des mortels n’atteint que moyennement la nécromancienne. Et assurément, la demi-révélation à son propos ne l’a pas assez perturbée pour en oublier le cœur du vrai mystère.

Persuadée que le corps devant elle n’est pas celui de la véritable Dame des Brumes, la nécromancienne dirige son attention vers le cygne noir au dessus du corps. D’un geste discret des doigts, elle manipule sa magie d’obscurité et insuffle son pouvoir dans son ombre dans le but de la manipuler. Tel un pantin visqueux, une partie de son reflet au sol se détache et s’étire jusqu’au noble volatile.

((Tu as bien compris que c’est une Faera ? S’interroge son rat Faera toujours en train d’œuvrer pour que Maâra puisse distinguer le cygne.
- Bien sûr … et tu vas continuer ton subterfuge magique pour que je puisse atteindre cette oie.
- C’est un cygne.
- Quelle différence cela fait.
- C’est surtout une Faera, elle est intangible, ce n’est pas aussi simple qu’avec une vraie personne.
- Qu’en sais-tu, tu as déjà essayé ?))


Voyant alors le cygne battre des ailes pour s’envoler, Maâra se concentre sur l’ombre qu’elle contrôle.


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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » ven. 18 oct. 2019 03:41

- XIII -

Daemon s’élevait dans les airs. Tout se passa très vite. Alors qu’il débutait sa cabriole, il put constater que les autres aussi étaient passés à l’attaque. Une ombre fusa en provenance de Maâra et déstabilisa la dame blanche, qui ne put esquiver totalement la dague d’Azra, bien qu’elle se saisit de lui pour l’envoyer dans une étagère. Mais c’était trop tard. Daemon lui tomba littéralement dessus, l’écrasant de tout son poids avec un sinistre craquement osseux. Kadria émit un dernier râle, malgré les griffes plantés dans sa gorge.

Il du reconnaitre, en l'abandonnant blafarde et gisante dans ses sublimes dentelles, qu'elle avait un visage doux et harmonieux une fois la folie dominatrice évaporée.

« De la part de Korben. » fit-il en s’essuyant les mains.

Asad, qui n’avait pas bougé de l’entrée, lui adressa un sourire rassuré. Vaincre un des Lord n’était pas une mince affaire, mais il semblait qu’il était tombé à point nommé. Sa vengeance accomplie et l'honneur de son défunt ami lavé, il ne lui restait plus qu'à faire le ménage, car il n'oubliait pas tous les fidèles à Kadria qui n'avaient pas hésité à le condamner.
Les autres se remettaient de l’affrontement, et Daemon rejoignit son compagnon avec un regard complice, quand une voix antiphonique résonna.

(Si j'avais pensé que vous seriez aussi puissants... je suis agréablement surprise.)

Daemon chercha précipitamment Kadria des yeux et la trouva au même endroit, toujours morte. Mais il ne rêvait pas. Il entendait bien sa voix.

(Cette force, hélas, ne peut contrer votre stupidité. Les Messagers du Corbeau ne survivront pas à ma mort. Ils s’entre déchireront et iront à leur perte. J'ai semé dans leurs esprits les germes du fanatisme le plus sauvage. Ils seront à moi, ou s’entre-tueront jusqu'au dernier ! Il n'y a rien de mal à cela : après tout, c'est votre seule chance de vaincre Brytha...)

« C’est qui Brytha ? »

Asad lui adressa un regard désespéré. Il ne réagit cependant pas lorsqu’une ombre se dessina au dessus d’eux. Un cygne noir fantomatique était apparut : Morwen, la faera de Kadria. L’oiseau descendit se poser sur la dépouille et déploya ses ailes avec majesté. Le sens de son apparition échappa aux spectateurs, davantage encore pour Asad, qui ne pouvait le voir. Il était cependant évident que le cygne jouait un rôle dans cette histoire. Il ne restait plus qu'à définir lequel.
La défunte continua son discours postume.

(Cet ordre ne sera jamais le vôtre. Qu'espères-tu, Maâra ? Il n'y a pas de famille, pour toi, ni ici, ni ailleurs. Il n'y a jamais de famille pour ceux dont l'esprit est malade. Tu finiras rejetée, comme partout ailleurs...)

La sindel encaissa la pique sans montrer de réaction. Il était évident que si elle cherchait une nouvelle famille, l’accueil laissait à désirer. Mais Kadria ne s’arrêta pas là. Elle ne faisait que commencer.

(Et toi, Daemon... Quel dommage de gâcher un si grand talent. Korben m'aura été plus utile, finalement. Lui, il a assuré le rôle que je lui avais attribué jusqu'au bout. M'a permis de faire la part des choses entre le bon grain et l’ivraie... Mais toi ? Ta passion pour Thimoros et la souffrance ne me dérangent pas, mais penses-tu vraiment pouvoir les cacher à cette bande de fanatiques qui ne jurent que par une mort douce et paisible ?)

« Pas assez douce pour toi !? »

Il adressa un poing rageur envers son ancienne confidente, tout en veillant à ne pas croiser le regard de la liche. Comment avait-elle pu trahir son secret ? Il réfléchit un instant… avant de comprendre. Cependant, Azra avait à peu près la même vision de leur religion que Merilian, il ne doutait pas que son ouverture envers le culte violent et mortifère de Thimoros soit plutôt réduite et tranchée.

Azra vint heureusement à sa défense et repoussa toutes ses mauvaises paroles, qu’il considérait comme un poison destiné à semer la discorde entre eux. Il regrettait aussi. Il regrettaient qu’ils aient du en arriver à de telles extrémités, alors que les aspirations de Kadria aurait très bien pu être entendues, et accordées.
Un rire grinçant lui répondit.

(Et qui gouvernera ? Toi ? Ne me fait pas rire... Tu peux tromper les autres, mais pas moi, Azra le petit paysan, prophète de pacotille ! Tu te donnes des airs de vieux sage et d'immortel, mais dans cette pièce, tu es de loin le plus jeune ! Petit gamin de tout juste dix-huit ans qui joue les seigneurs ténébreux... peu importe ta sombre ascendance, tu n'es qu'un reliquat du passé qui aurait dû s'éteindre depuis longtemps...)

« QUOOOIII !!!??? »

Le seigneur liche qui l’accompagnait depuis des semaines, qui lui prodiguait sans cesses des conseils lourdingues sur le sens de la vie et de la dévotion, avait à peine dix-huit ans… Ce n’était pas possible. Pourtant, Azra ne démentit pas. Elle lui avait complètement coupé la chique.

« Tu aurais quand même pu m’informer de ce détail. Tu n’as même pas la moitié de mon âge ! C’est bien la peine de prendre ces grands airs de – Oh oh oh – et la vacuité des considérations des mortels par-ci, et le sens de la vie dans l’éternité par-là… quelle farce !

Et oui, ceci
– fit-il en désignant son gantelet – est le bras de Thimoros. Celui qu'il utilisait pour torturer ses victimes. La relique des ultimes souffrances, celle dont je suis le gardien ! D’où nous venons les cultes noirs sont indissociables, c’est ainsi. La mort accompagne la souffrance, la souffrance préserve de la mort. Mais peu importe. »

Le cygne s’envola par une fenêtre, mais personne n’y prêta attention. Asad, qui partageait le même secret, s’approcha de lui et dégaina son épée qu'il pointa en direction d’Azraël.

« Nous vous remercions pour votre participation. Il reste des alliés de Kadria et tous les traitres doivent être massacrés cette nuit ! »

Un doute l’effleura un instant. Il adressa un regard à Asad.

« Mais Kadria… Elle est bien morte ? »

Le basané haussa les épaules.

« Peu importe ! »


(((Daemon s’éloigne dans l’escalier si vous n’avez pas de prompte réponse. :p )))
- XV -
Modifié en dernier par Daemon le ven. 8 janv. 2021 00:43, modifié 7 fois.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » ven. 18 oct. 2019 21:16

MaJ pour Zu'gash et Daemon


Alors que Zu'gash s'apprête à partir, c'est Daemon qui déboule en sens inverse et la percute de plein fouet. Le ridicule de la scène passe cependant globalement inaperçu, car les messagers semblent un peu choqués par les propos de Maya. Avec l'appui de la garzok, ses paroles ont atteint l'assistance et Merilian, toujours aussi déséquilibrée, semble prête à écraser une larme. Ce qui, de sa part, ne signifie absolument pas qu'elle ne va pas égorger sa cible très prochainement. Le chef des gardes, pris en otage, vit tout de même la lame s'éloigner un peu de sa gorge. Les deux groupes se faisant face, celui de Gwandor et celui des gardes de la porte, se détendirent légèrement.

Mais c'est alors l'elfe noir qui prend la parole pour déclarer :

"C'est vrai. Tout ceci n'est qu'un vaste gâchis. Ceux qui veulent partir devraient pouvoir le faire. Je n'aime pas les crimes qui ont été commis ici, et je ne serais pas surpris que tu y aies participé, Merilian. À moins que ce soit Kadria ? Mais peu importe. S'il le faut pour que l'utopie qui a brièvement existé ici perdure, je quitterais ce château, et ceux qui estiment ne plus pouvoir y vivre après ce qui s'est passé pourront venir avec moi."

Son regard se durcit alors qu'il déclarait :

"Maintenant, baissez votre arme, Merilian. À moins que vous ne soyez vraiment si avide du sang de vos frères ?"

Arken, l'homme aux airs de corbeau, s'approcha d'elle avec un signe de tête encourageant. La nécromancienne pinça les lèvres, puis, après réflexion, libéra sa cible. Alors, elle déclara :

"Le destin de notre ordre repose entre les mains de Phaïtos. Nous séparer ? Rester unis ? Nous entretuer ? Ô, notre seigneur... envoyez-nous un signe..."

Un instant de silence s'installa... avant que ne résonne un choc profond et sinistre... suivi d'un deuxième alors qu'une rumeur étrange, aussi surnaturelle qu'inquiétante, montait des profondeurs. Il y eut comme une sensation de froid sinistre qui montait des abîmes insondables et mystérieux du château.

Bientôt, la rumeur fut rejointe par des cris de terreur. Des Messagers affluaient de partout, en panique. De l'extérieur comme de l'intérieur de château, quelque chose les poussait vers vous !

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » sam. 19 oct. 2019 11:45

Maâra restait parfaitement flegmatique, et elle invoqua même son pouvoir en direction de la faera. Sans succès, bien sûr. L'entité immatérielle et hors du temps disparut dans la nuit.

Daemon, en revanche, se précipita sur Azra en piquant une crise de nerfs. Apparemment, l'idée que le nécromancien puisse être tout juste sorti de l'adolescence l'énervait au plus haut point. Mais comment lui expliquer ? Il y avait tant à dire... Tout était devenu si compliqué ces dernières années... il lui aurait fallu tout un discours pour exprimer son ce qu'il était devenu. Son âge aussi incroyablement grand que ridiculement petit. Tant de choses et si peu de mots et de temps pour les exprimer...

Déjà, le semi-elfe tentait d'argumenter sur son adoration de Thimoros, affirmant que, là d'où il venait, les deux dieux sombres ne faisaient qu'un. Puis, ce fut Asad, le compagnon de Daemon, qui s'avança en pointant son arme vers le nécromancien. Pourtant, loin de sa tentative d'assassinat précédente, il se rangea tout naturellement aux côtés du semi-elfe lorsque ce dernier clama que tous les traîtres devaient être éliminés cette nuit même. Puis, ils repartirent bien vite au pied de la tour. Azra les regarda s'éloigner en silence. Que ferait-il d'eux ? L'ordre était plus divisé encore qu'il ne le pensait... mais pour l'instant, il fallait se concentrer sur Kadria.

Il se retourna et contempla, toujours en silence, les miroirs restants qui entouraient la pièce. Les reflets de Kadria y étaient toujours, debout et souriants, un élément que lui-même n'avait pas remarqué jusque-là. Alors, les reflets sortirent de leurs miroirs. L'image du cadavre se brouilla également pour devenir cette d'une guerrière qui avait dû appartenir aux fidèles de la dame des brumes. De ce cadavre, un nouveau reflet s'élevait et marcha tranquillement. Tous virent glisser vers le même lieu vide, et s'asseoir en tailleur, se fondant en une seule silhouette. Kadria, blessée par les éclats de la bataille, se tenait assise devant eux, les yeux fermés, concentré sur le sortilège qu'elle avait maintenu si longtemps.

Puis, elle se releva en souriant :

(Bon, j'imagine qu'il va falloir en finir moi-même...)

« Ok, là, ça devient vraiment flippant ! » protesta Rendrak.

« Je n'étais pas venu pour te combattre, Kadria
, lâcha Azra. Si tu lis si bien dans nos esprits, tu dois le savoir. C'est toi et toi seule qui est responsable de cette situation. »

(Oui. Et pour être honnête, j'aurais préféré que ça se passe autrement. Tout ce sang versé est un véritable gâchis. Mais c'était le seul moyen.)

« Le seul moyen de faire quoi ? »

Alors, à sa grande surprise, elle répondit, mais pas dans son esprit. Sa bouche s'ouvrit pour laisser échapper un son sifflant, strident, une horrible voix de mégère brisée :

« Me venger... de Brytha... celle qui m'a promis une vie meilleure... seulement pour briser ma voix et mon esprit de ses rites barbares. Ce ne sont pas les paroles qui la détruiront, mais bien d'acquérir un pouvoir à sa mesure. »

Une vengeance et une soif de destruction envers un ennemi qui la dépassait, et de loin. Cela, au moins, Azra pouvait le comprendre. Après tout, c'était toute l'histoire de sa vie. Depuis les petites brutes de son enfance, jusqu'à la fureur de Chandakar, il n'avait jamais eu rien d'autre que sa volonté de fer pour s'opposer à des ennemis qui ne pouvaient que gagner. Il avait tenu, encore et encore, et finalement... les choses avaient évolué en sa faveur, en un sens.

C'était là l'erreur de Kadria. Elle avait basculé vers une soif de destruction qui ne pouvait la conduire qu'à sa propre perte. En réalité, Brytha l'avait déjà vaincu, sans même avoir à l'affronter. Elle l'avait poussé dans une direction qui l'avait conduite à se détruire elle-même tout en affaiblissant un ordre dédié à un dieu élémentaire. Si le nécromancien ne connaissait que fort peu cette divinité, cela suffisait à lui arracher un frémissement.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » lun. 21 oct. 2019 05:29

- XIV -

La réponse d’Azra se fit attendre et les deux compères s’éclipsaient déjà dans l’escalier. Tandis qu’ils dévalaient les innombrables marches, Asad partagea ses doutes :

« N’était-ce pas prématuré ? La voix de Kadria résonnait encore dans l’air. Il reste des zones d’ombres… »

« Je lui ai broyé le cou de mes mains ! » cracha Daemon.

Kadria avait fait preuve d’une redoutable combativité, mais face à autant d’ennemis, elle ne pouvait que ployer. Cependant, la manifestation du cygne l’inquiétait. Les desseins de la faera demeuraient un mystère, et il doutait que Morgoth le renseigne à ce sujet.

« Et pour le Premier Messager ? »

Daemon lui adressa un regard furieux. Il n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, mais leur secret venait d’être découvert et ils ne devaient en aucun cas laisser l’initiative à leurs détracteurs.

« Ca lui apprendra. C’était la seule chose à faire : attaquer. Une fois les sbires de Kadria mis hors courses par nos soins, plus personnes ne pourra contester notre présence. »

« C’est risqué… »

« Pas autant que de laisser notre destin entre les mains d’un autre. Oui, c’en est fini de la confiance. Kadria l’a rompue, et j’en ai assez ! Plus aucune magicienne ne m’attribuera un rôle. Le mien, je le prendrai. De force ! De mes mains ! »

Le couloir de l’aile ouest était désert, l’affrontement qui avait eu lieu restait ignoré du reste du château, ce qui était une véritable aubaine. Ils échangèrent un regard et se faufilèrent le long des couloirs, contournant la salle de réception, pour rejoindre l’entrée principale, un passage souterrain situé tout au sud. L’idée était simple : supprimer les gardes et ouvrir la grille pour les hommes de Merilian.
Mais alors que Daemon se précipitait à travers l’ouverture, il percuta de plein fouet une carrure impressionnante. Sous le choc, il perdit l’équilibre et bascula en arrière. Légèrement sonné, l’inaction d’Asad le laissa perplexe. Ce n’est qu'en découvrant les petits yeux rouges et porcins rivés sur lui, qu’il comprit.

« Zu’Gash !? » dit-il avec un soubresaut. « Tu as finalement pu réussir à entrer. »

Des paroles et une légère agitation finirent par attirer son attention. Il jeta un œil derrière la garzoke et, à sa grande surprise, là où il s’attendait trouver une poignée de gardes, une véritable assemblée conversait.

Daemon et Asad se frayèrent un chemin dans la salle des gardes. Maya était en compagnie de Lord Gwandor le Sombre en personne. Il échangeait avec les rebelles du village, menés par Merilian qui menaçait d’égorger un guetteur.
Le maitre de la garde, facilement reconnaissable par sa haute taille et son armure sombre, menait les négociations et dénonçait autant les crimes de Merilian que ceux de Kadria. Douceur et mesure dans sa voix étaient autant de mises en garde envers la nécromancienne... Lord Gwandor avait joué la carte et de la neutralité et c'était montré rassembleur dans sa volonté. Cependant, si les évènements venaient à mal tourner, en tant que premier militaire, chacun le savait capable de concessions et de trancher net.
Apparemment décontenancée, Merilian, qui s'était encore une fois laissé emporté par sa folie, retira avec une lenteur prudente sa lame de la gorge du garde et finit pas baisser les bras. Elle semblait désorienté, et surtout, perdue. Sa foi aveugle la malmenait. Elle avait besoin d'un signe. D'un mot de Phaïtos.

« Ressaisit toi ! » s’écria Daemon en écartant des gardes pour se frayer un chemin. « Kadria est une hérétique qui méprise notre temple. Elle a perverti nos préceptes pour servir ses desseins, tout cela pour former une armée à sa solde dans le but d’atteindre une certaine… Bry… Brytha ? »

Lui même n’était pas certain de tout comprendre, seulement la volonté de Kadria de mettre la main sur leurs ressources à des fins personnelles. Mais c'était dorénavant de l'histoire ancienne.

« Elle me l’a avoué cette nuit même, avant que je lui tords le cou ! »

« Après, non ? » corrigea Asad, avant de se faire foudroyer du regard.

« Le ver est sorti, mais la pomme est pourrie ! Nous devons supprimer la corruption dès maintenant, sinon elle continuera de se propager. » Il adressa un regard de défit à Gwandor, et fit un signe de main à Merilian. « Ton poignard. Laisse moi finir le travail. »

Il attendit une réaction de Merilian et le silence s’installa… Elle ne vint pas. A la place, une percussion sinistre se répercuta dans les murs. Puis une seconde. Une onde puissante et inquiétante, toute droit sorti des profondeurs. Daemon échangea un regard interrogateur avec Asad, qui paraissait tout aussi décontenancé que lui. Il se frotta inconsciemment les bras, parcouru par d’irrépressibles frissons. Un froid avait investit les lieux. Un froid de mort.

Une rumeur de panique monta. Des Messagers affolés affluèrent aussi bien de dehors que d’entre les murs. L’acier siffla en sortant des fourreaux et les groupes auparavant belliqueux se placèrent dos à dos, prêts à accueillir la mystérieuse menace.

- XVI -
Modifié en dernier par Daemon le ven. 8 janv. 2021 01:10, modifié 4 fois.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » mer. 23 oct. 2019 13:31

(Avant)
(14)

La peau-verte se tourne d'un bloc vers le passage menant au reste du château quand elle se prend un mur. En fait nan, c'est le mur qui lui rentre dedans ! Bordel, il veut déjà en découdre alors qu'elle a eu la geni... La tillesse... La genlesse ? Bref, qu'elle a eu l'coeur d'lui laisser la caillasse sauve ! Elle baisse les yeux sur l'morceau paroi qui tient à peine debout après l'avoir chargée ! L'a rien dans les guiboles, cui-là ! Beuh ? Des guiboles ? Ça a des pieds un mur, mais des jambes ? Et des ch'veux ? Et une voix qui connait son nom ? Bigre, ça pour sûr c't'un drôle de tas d'cailloux. Pour un peu, ça r'ssemblerait même à...

"Ah ! L'Demiiii !", fait-elle en écartant les pattes de devant si vite qu'elle se cogne les poignets dans l'cadre d'la porte. Mais euh ! Foutus murs ! C'est une entente pas loyale, ça ! En conséquence, après grosse réunion dans la tête de la peau-verte, elle en vient à la solution ultime : croiser les bras et faire la gueule. Quand l'mur en aura marre qu'elle le boude, il lui f'ra savoir ! Et pour marquer l'coup bien comme il l'faut, elle pivote pour qu'le D'mi passe à côté d'elle, un aut' gars qu'elle a déjà vu sur les talons. M'enfin, pas vraiment sur les talons. Quand t'as quelqu'un là, t'perds ta botte, tu fous les pieds dans la flotte fangeuse et ça t'fait tellement chier qu'tu fous ton poing dans la gueule du premier qui t'suit ! Et avec un peu d'bol, l'y était pour rien donc ça vire en baston générale ! Avec des dents qui volent, des armes qui claquent, un chef de clan qui gueule et marave tout l'monde pour calmer tout ça... Ah bordel... Zu'Gash renifle, une p'tite larme à l'oeil en y r'pensant. Ça a été marrant, quand même.

Mais c'pas tout ça, y'a d'autres chieurs adorés dans les environs ! À commencer par l'Demi et son copain, qui cause... Avec des mots compliqués. Kadria est une... Tique ? Une tique qui erre ? Bah nan vu qu'elle reste dans sa tour tout l'temps ! M'enfin il confirme que la patronne voulait aller poutrer de la Brytha. Quoi que ce truc soit. Il a toujours parlé autant c'gars-là ? Et il a toujours eu cette gueule de type à qui on a chipé son bout d'poulet ? La vache, l'est r'monté ! Ça s'voit qu'il a la dalle, il cause de ver sorti d'une pomme pourrie. C'con ça, ça fait jamais d'mal d'avoir un peu d'viande avec un fruit ! Pfeuh ! Savent pas c'qu'est bon, c'est tout !

Et l'Demi est pas l'seul à causer. Son Patron préféré s'y colle aussi, et c'qu'il dit fait tomber la mâchoire d'la garzoke.

"Rhaa.. Rarah !"

Jusqu'à ce que Aro' la cogne du bec, oaip. Faut pas saloper l'par terre. Y'a d'jà tant d'gus dans c'te pièce que c'est un coup à faire tomber tout l'monde. Elle ramène sa mâchoire d'la main et re-boude. L'Gwandor dit qu'il va p't'êt' partir, c'qui la fait chier. Mais z'auront l'droit d'partir avec lui ! Ça, c'est chouette ! Ça, ça redonne son sourire à la tanneuse ! Pas grave s'il faut quitter l'château ! C'même la meilleure des idées ! Dormir dehors, c'moins d'risque d'avoir une pierre du plafond qui t'tombe sur la trogne ! Ou tout un pan d'mur quand tu fais pas gaffe qu'il est d'jà bien amoché et qu'tu t'appuies d'ssus, sans savoir qu'un couillon d'aut' membre du clan s'en sert pour s'cacher pendant qu'il pose sa pêche !

La garzoke se racle l'oreille avec sa discrétion habituelle quand la Mériri' fait comme l'Gwandor. Après avoir lâché l'garde, elle d'mande un signe. Mais pas à Maya, c'te fois. Elle le d'mande directement au Grand Patron... Qu'a pas l'air d'vouloir lui répondre. Faut dire qu'il est p't'êt' pas là aujourd'hui ? L'était pas là y'a quelques s'maines nan plus. Ni quand elles s'sont pointées la première fois... Beuh ? Attends un peu... Mais... Mais ? Mais nan ! C'pas vrai, ça ! Il est v'nu ? Et pile quand elle n'était pas là ?! Et comme elle l'a jamais croisé... Ça veut dire... Merde alors ! Elle a loupé la visite du Grand Patron à chaque fois ! Rah, fait chier ! Ça change tout ! Plus question d'partir du château si Phaïtos vient leur faire coucou à chaque fois qu'elle s'en barre !

Gros silence pendant qu'la tanneuse grogne dans son coin, les bras croisés très forts et la gueule d'travers tant elle est pas contente. Tout l'monde a l'air d'attendre l'message du Grand Patron. Sauf qu'à la place, y'a un 'boum'. Et après, y'en a un autre qui fait v'nir du froid. Pas comme quand tu t'prends un vent d'hiver dans la tronche, mais quand tu fous l'pied dans un cimetière en pleine nuit et qu'tu t'en rends compte que quand une patte à moitié bouffée par les vers t'agrippe la botte trouée... Mais y'a plus important à penser, là ! Oaip ! Il sait jouer du tambour le Grand Patron ? Ben c'pas pour l'vexer, mais jouer mal au point d'faire détaler tous les Messagers du château et d'autour d'la bâtisse vers eux, c'pas bon signe. Mais ça reste un signe ! Va être contente la Mériri ! 'Fin, sauf si elle s'fait aplatir contre un mur à cause d'toute c'te foule qui débarque de nulle part.

La peau-verte dévoile ses crocs en un sourire excité. Si ça fuit, c'est qu'y'a danger ! Si y'a danger, c'est qu'y'a des trucs à taper ! Si y'a d'quoi taper, Zu'Gash va pouvoir rendre le mur jaloux encore plus vite ! Elle agrippe son gourdin d'os et s'fout d'profil, passant l'long des Messagers qui viennent d'l'intérieur, tapant joyeus'ment dans l'dos d'ceux qui ont l'bon goût d'lui laisser l'terrain d'jeu !

"Rah... Rarah. Arh coroah ?", d'mande le piaf noir en s'foutant presque à plat sur son épaule.

"Ben nan, j'sais pas ! C'pour ça que j'vais voir !", répond la garzoke en pointant son gourdin d'vant elle. "T'sais qu't'es débile d'temps en temps, Aro' ? Oailleuh ! Ça change pas c'que j'dis ! Aieuuuuh !", chouine-t-elle en secouant la caboche, les yeux rivés vers la pénombre. "Eh ! J'sais pas c'qui s'passe, mais si quelqu'un en profite pour taper dans les réserves d'la cuisine, va avoir affaire à moi !"

Derrière la peau-verte, elle entend à peine la gosse d'mander à ceux d'dehors c'qui s'passe et la morte-bouclier taper sa lame contre son aut' pièce d'équip'ment. Va y avoir d'la baston ! Va y avoir d'la baston !

En fait...

Y'a intérêt à avoir d'la baston ! C'la seule raison qu'a l'droit de s'mettre entre elle et une bonne grosse pitance bien grasse !



(Après)
Modifié en dernier par Zu'Gash le ven. 6 août 2021 11:15, modifié 1 fois.
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » ven. 25 oct. 2019 20:44

MaJ pour Zu'gash et Daemon


Un peu surprise par l'entrée de Daemon autant que par les étranges phénomènes se déclenchant, Merilian tend son poignard au semi-elfe, sans manifestement vraiment comprendre pourquoi. Mais déjà, partout autour des rumeurs de combat se répandent. Un messager paniqué cria :

"Les morts... Les morts se réveillent ! Ils sont tous en train de se réveiller !"

L'effroi n'en est que plus grand. Aussi habituée que soit la secte vis à vis des nécromanciens, nul n'ignore qu'aucun homme ne pourrait ainsi réveiller la multitude qui sommeil sous le château. Et si une telle armée devait revenir et s'en prendre à vous, vous n'auriez que peu de chance d'y survivre... Ceux qui arrivent de l'extérieur, cependant, sont les plus paniqués. Comme fous, ils sont incapable de vous dire ce qui se passe à la surface, et la pression qu'ils exercent vous pousse vers les profondeurs. Ce que Gwandor approuve bientôt :

"Reculez tous ! Vers la salle de réception ! Nous pourrons y manœuvrer plus facilement !"

Le mouvement st tel que vous ne pouvez guère y résister, et vous arrivez bientôt dans la salle de réception, avec sa grande table vide à cette heure. Vous entrez juste à temps pour voir une phalange de squelettes équipés de lance qui se déploie face à vous avec une organisation millimétré. Gwandor distribue aussitôt ses ordres, gardant une réserve, dirigée par Merilian, pour protéger l'entrée de la salle tandis que d'autres doivent faire face aux lanciers...

(((Un combat assez rude s'annonce. Vos ennemis ne sont pas très puissants, mais ils tendent des pièges, se coordonnent et font de leur mieux pour garder leur ligne de bataille intacte. De votre côté, vous pouvez compter sur les autres messagers, y compris Gwandor qui fait un carnage. Merilian, sans arme, ne participe pas directement, et son compagnon reste auprès d'elle. Lorsque vous aurez vaincu la première ligne de bataille, ayant essuyés des pertes, vous en verrez une deuxième se former, motnant depuis les catacombes. Arrêtez-vous là.)))

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » ven. 25 oct. 2019 21:03

Consciente que l’essence même d’une Faera est issue des fluides magiques de Yuimen, elle cherche à comprendre et savoir si deux choses immatérielles provenant d’une même source sont capables d’interagir. Mais l’ombre de la nécromancienne s’étiole dans le vide alors qu’elle traverse le plumage noir du volatile, qui s’envole vers une destination inconnue de tous, laissant là, le cadavre encore chaud.

((Bon, ben, tu as essayé.
- Tu partirais comme ça toi ?))


Etant ce qu’il est, son Faera est bien obligé de comprendre le changement de sujet de la Sindel, mais cela ne l’empêche pas de frapper son petit front invisible de sa patte tout aussi immatérielle. Une seconde avant, ses pensées étaient toutes tournées vers son essai, son expérience et son espoir, concentrée au point de ne pas entendre les cris de semi-elfe qui percent la lourde ambiance depuis les révélations de Kadria. Et tandis que ce dernier réagit rageusement quant à l’âge supposé du Premier Messager, n’admettant pas qu’une personne ne faisant pas la moitié du sien ait pu lui servir des sermons sans fins sur le sens de la vie, de la mort et de la vacuité des considérations des mortels ; Maâra s’interroge sur le départ du cygne.

((Quand je mourrai, est-ce que tu partiras comme ça, quelques secondes à peine après ?
- Elle est morte …
- Et ? Toi qui m’as parlé de l’importance, de l’inéluctabilité de notre rencontre. Moi qui te suis liée de corps et d’esprit, moi que tu as accepté comme maître, celle que tu suivras toute sa vie durant … tu t’en irais comme ça, sans plus de respect que celui qu’on a pour un arbre mort ? Pourquoi tu m’as montré cette oie …
- Cygne
- Suffit, c’est une grosse bête à plumes avec un long cou et qui pond des œufs, peu importe son nom. Qu’est-ce que je dois comprendre de cette vision … que toutes les relations ne sont que futilités sans affection, je le savais déjà !!
- C’est ta douleur qui parle, reprends-toi et écoute moi. Tu es venue dans cette tour pour comprendre comment ils en sont arrivés là. Je t’y aide en te montrant tous les individus qui en sont les instigateurs.
- Alors montre-moi Kadria, pas la faera d’une morte.
- C’est ainsi que l’a nommé celui qui porte le bâton de Camarde.
- L’esprit d’un mort ne peut pas parler ainsi à tout le monde.
- Soit. Mais tu n’as pas besoin de moi pour chercher.))



Dans la tour ne reste plus que le Premier Messager et son fidèle compagnon mort-vivant. Daemon est repartit, à la fois pour fuir celui en qui il avait placé de vains sentiments et pour poursuivre et abattre les alliés de Kadria espérant ainsi étancher sa propre soif de vengeance.

Dans les rares miroirs encore debout, loin du centre de la tour où s’est joué le combat, une forme est restée intacte, celle de la femme aux longs cheveux roux. Un sourire énigmatique étire ses fines lèvres, ses yeux observent la scène dans son ensemble, même l’oiseau alors qu’il s’était envolé par une fenêtre. Lorsque le nécromancien l’aperçoit, les différents reflets de Kadria bougent à l’unisson et sortent des miroirs comme autant de feu follet vaporeux dansant dans la nuit. Impossible de dire si cela est une nouvelle illusion ou la réalité. Le cadavre au sol s’entoure d’un léger voile translucide et laisse apparaître après sa dispersion le corps d’une femme vêtue de la même cape sombre par-dessus une armure de métal. Une de ses agents sans doute, morte pour sa cause elle aussi ou était-elle devenue un pantin manipulé.
Les formes fantomatiques de la femme rousse s’avancent sous les regards stupéfaits des deux nécromanciens et se rejoignent au même endroit. Elles se regroupent les unes après les autres en mouvement pour donner forme à une personne bien réelle … ou pas.

Kadria ouvre les yeux et se relève en souriant, sa voix résonne dans leur tête à nouveau.

(bon, j’imagine qu’il va falloir en finir moi-même …)

L’impénétrable Maâra semble alors plus captivée que jamais par ce qui se passe. Les pouvoirs d’illusion de cette femme semblent sans limites, quel préjudice qu’ils soient les outils d’un esprit obtus et aveugle. Azra tente encore une fois de lui faire entendre raison, répétant qu’il n’est pas venu ici pour la combattre et qu’elle seule est responsable de la situation. Un avis étonnamment partagé par la Dame des Brumes, elle se sent effectivement responsable mais tout le sang versé, bien qu’étant un véritable gâchis, était surtout inévitable car le seul moyen de se venger de Brytha.
Se disant, les mots sortent de sa gorge meurtrie par les rites et tortures barbares des sbires de Brytha. Des rites voués à lui rendre la vie meilleure disaient-ils mais qui n’ont fait que corrompre son esprit, sa lucidité et sa voix. La voix autoritaire et grave dans leur esprit a laissé place à une succession de sifflement strident, un râle brisé qui répand toutes ses douleurs passées.
Et pour se venger de la Déesse d’un autre monde, il lui faut acquérir un pouvoir à sa mesure.

Est-ce là l’inéluctable destinée de toute personne qui emprunte la voie de la vengeance. Bien que toute fraîche, celle de Daemon le pousse à poursuivre les pantins de celle qu’il pense avoir tué … la vengeance s’accompagne-t-elle toujours d’une soif inassouvissable. Est-ce force ou faiblesse de sa part d’avoir dominé la folie qui s’était emparée d’elle à la mort de sa sœur ? Est-ce sa froide patience ou la lâcheté qui l’a poussée à aider cet homme, Arken, à sauver une âme en détresse, au lieu de poursuivre les assassins ? Est-ce de savoir sa sœur en paix aux enfers qui l’aide à triompher de la soif de vengeance aveugle ? … tout son être lui dicte la réponse, tout son être l’a poussé à connaître et comprendre ce qu’il était réellement advenu de leur élu, Korben, mort et sacrifié pour une cause sans que quiconque ici ; en dehors de Kadria, Merilian et lui-même, ne comprenne laquelle.

- C’était le seul moyen à votre portée, aveuglée par tant de souffrance. Comment tous ces sacrifiés peuvent-ils être un moyen d’acquérir un plus grand pouvoir si vous y perdez vous aussi la vie ? Vous êtes en train de détruire ce qui représente l’ennemi de cette méprisante déesse … vous œuvrez encore pour elle en sacrifiant les fidèles, même fanatiques, d’un Dieu de Yuimen. Il n’est peut être pas trop tard. Kadria, votre mort serait le véritable gâchis ... alors je vous en prie, écoutez-le.


D’un regard, elle désigne le Premier Messager, qu’elle voit enfin nettement pour la première fois, sans masque. Elle ne sait ce qu’il est mais il n’est pas un simple nécromancien, il n’est peut être même plus l’humain qu’elle pensait qu’il était. Face à ces deux puissants, elle se sent à la fois honorée et plus faible que jamais, grandement aidée par la difficulté qu’elle a à ne pas grimacer de douleur à chaque mouvement de lèvres.


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Modifié en dernier par Maâra le mar. 21 avr. 2020 19:18, modifié 2 fois.
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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