Message
par Yuurei Akuma » mer. 14 juil. 2021 11:57
Ce fut une nouvelle nuit qui s'annonçait dans la Forêt du Levant. Notre duo n'avait pas encore rejoint leur trou dans la pierre, leur grotte réaménagée en habitation pour les besoins de l'humain et par habitation, je n'entends pas un vulgaire trou avec quelques paillages, mais bien ce qu'on peut attendre d'une maison enchâssée dans la roche, mais ceci est un autre sujet. Notre couple profitait encore de la fraicheur de la forêt. Le temps en cette saison estival était encore doux en temps normal, mais cette nuit, ainsi que les quelques précédentes, semblait quelque peu particulière. Ce fût d'ailleurs la raison de leur présence aussi tardive en ce lieu. Vous espériez une escapade romantique et quelques amourettes dans une clairière poétiquement éclairée au clair de lune ? Allons, nous ne sommes pas dans la version roman à l'eau de rose de la Fantasy.
Cette nuit n'avait donc rien de féerique, ni même de romantique finalement. Ce fût une nuit sans lune et d'un calme inhabituel au sein d'une forêt. Une nuit anormalement froide ou nul oiseau brassant ses ailes, nul petit animal se cachant dans les fourrés ou d'animal plus imposant cherchant sa nourriture nocturne se manifestaient. Non, seul le vent, l'élément le plus indomptable, faisait occasionnellement bruisser les branches des arbres et danser les feuilles, se moquant du silence cadavérique des lieux représentant habituellement la vie à l'état sauvage. Notre duo armé débusquait parfois, par accident, un petit animal embusqué et terrifié par autre chose qu'un simple prédateur et le sentiment d'oppression s'accentuait face à toutes ces irrégularités dans la quiétude habituelle de ces lieux forestiers.
Ce fût donc lors d'une pause aux abords d'un ruisseau alimentant cette forêt, couvert par le bruit de l'eau, que notre couple prenait un instant de repos. Ceux-ci n'avaient, pour le moment, rien vu de tangible pouvant confirmer leurs soupçons sur l'anormalité qui planait depuis quelque temps en ces lieux, mais depuis quelques jours, la même question les hantes comme un doute insupportable. Le sentiment d'oppression grandissant ne semblait pas quitter la Forêt du Levant et un sentiment que quelque chose de contre nature hantait les lieux caressait doucement l'esprit de la taurionne, comme un frisson lui faisant trembler l'échine. La créature qu'ils cherchaient pouvait être la, à les observer silencieusement de ses yeux morts et attendant le moment propice pour attaquer.
Cette sensation d'être épiée ne désemplissait pas et notre duo avait redoublé de prudence, regardant autour d'eux sans jamais percevoir autre chose que le vent ou la forêt les accueillant. Le sentiment d'oppression mêlé à la peur de l'inconnu qu'offre l'obscurité donnaient au paysage, d'habitude si merveilleusement bucolique, quelques élans horrifiques. Ce fut lors de cette pose aux abords de la rivière ou nos comparses avaient mainte fois amoureusement passée leurs repas que quelque chose se produisit, ou plutôt ne se produisit plus.
Le vent, élément bien trop puissant pour être dompté, ne caressait plus la cime des arbres et c'est maintenant un silence macabre qui prenait place dans une forêt censée être pleine de vie. L'atmosphère oppressante atteignait doucement son apothéose et un claquement presque indicible se faisait doucement entendre, traversant à peine le silence des lieux et habituellement caché par le bruit du vent caressant les feuilles. Ils ne sont pas seuls, visiblement et la forêt avait revêtu en mécanisme de défense, son voile d'oppression le plus visible pour repousser cet intrus qu'elle n'acceptait pas en son sein. Quittant l’abri auditif du ruisseau, notre couple se mit en route, arme à la main, pour trouver l'auteur morbide de ces claquements. Cet intrus horrifique n'avait pas l'habitude d'évoluer en forêt aussi il serait facile pour un trappeur de retrouver une piste avec les nombreuses traces que cette chose laissait derrière elle, mais ce sont deux trappeurs qui suivent les traces et chaque empreinte tordue, chaque branche cassée ou chaque trace de verdures piétinées était noté et analysé afin de savoir à quel genre d'abomination ils avaient affaire. Non, nous ne sommes pas dans une version roman à l'eau de rose de la Fantasy. Ce soir, nous sommes définitivement dans une version qui n'a rien à envier au mythique Edgar Allan Poe.