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Le camp militaire à l’extérieur de Kendra Kâr est immense, difficile de le rater. Délimité par un ensemble de piquets et de cordes entourant de nombreuses tentes et bâtiments plus grands en bois. J’y aperçois également de vastes terrains vagues propices à l’entrainement, que ce soit à l’arc, à l’épée ou même à cheval au vu des longues lices à proximité de l’écurie qui n’a rien à envier à celle de Kendra Kâr. Les chevaux sont grands, musclés, formés pour la guerre.
L’aube se lève à peine mais le camp est déjà bien agité. Des rangs nombreux de soldats courent autour du camp, d’autres s’affairent aux tâches quotidiennes ou prennent encore leur petit déjeuner.
« Halte là ! »
Je me fige devant la sentinelle qui se tient devant moi en me faisant signe de m’arrêter.
« Je suis Xël Almaran ! Je viens voir le Général Bogast ! »
Le soldat plisse les yeux, me jauge de haut en bas alors que je lui montre l’insigne confié la veille.
« Xël Almaran ? »
Je hoche la tête pour confirmer alors qu’il semble s’enthousiasmer de ma présence.
« Le plieur d’espace ! Celui qui a gagné le tournoi de ... »
« Rassel ! »
La sentinelle se remet au garde à vous et son visage se fige comme celui d’un gamin prit sur le fait pendant une bêtise. Un autre soldat se tient derrière lui à quelques mètres de là, une femme à l’allure fière portant une tenue de maille, aux cheveux blonds et courts et dardant vers la sentinelle un regard sévère de couleur émeraude.
« Le Général l’attend alors laisse le passer. »
« A vos ordres Sergent ! »
« Venez avec moi Almaran. »
La sentinelle s’écarte en me saluant militairement, le front suant à grosses gouttes. Je lui adresse un sourire étonné avant de m’avancer pour suivre le pas rapide de son supérieur. Elle ne prend pas la peine de se présenter et avance sans ralentir, le chemin tout droit tracé par les autres soldats qui s’écartent sur son passage en la saluant avec un air presque apeuré. Elle me conduit à un bâtiment en bois plus grand que les tentes aux alentours. Nous gagnons l’entrée en grimpant quelques marches grinçantes. A l’intérieur un long couloir flanqués de six portes avec une septième tout au fond vers laquelle je suis mené. Elle frappe à la porte avec la délicatesse d’un Troll, c’est un des gardes vu la veille qui ouvre en adressant un sourire éclatant à l’officier qui lui répond par un long soupir las. Pourtant le garde est loin d’être laid, un visage engageant à la mâchoire carrée, un nez fin, des yeux marrons, de longs cheveux blonds. Le tout posé sur une carrure grande, musclé et imposante. Il doit faire chavirer le cœur d’un bon nombre de femmes simplement d’un regard.
« Je vous ramène le mage. »
Lâche elle avec hargne, accentuant le sourire de l’escorte du Général qui s’écarte pour nous laisser passer.
« Merci Anne. »
« Sergent Aldchet. »
Corrige t-elle après un claquement de langue agacé et un regard assassin. Le second garde, celui qui m’a touché l’épaule et confié le paquet, apparaît à son tour dans l’encadrement de la porte. Plus petit que son compère, il me dépasse tout de même d’une bonne tête. Il n’est pas moche non plus, seulement la beauté de son acolyte éclipse la sienne, des cheveux courts et une barbe brune finement taillé, son regard azur est chaleureux bien que ses sourcils soient froncés en regard réprobateur vers son camarade en s’excusant auprès du Sergent. Elle darde un dernier regard inquisiteur vers le plus grand avant de se retourner pour repartir en m’ignorant superbement.
« Allez entre Xël. »
Déclare le brun en m’indiquant d’entrer dans ce qui semble être un bureau bien éclairé par de larges fenêtres. Contre les murs sont posés des étagères contenant des cartons débordants de dossiers. Face à moi, un large bureau de bois simple, impeccablement rangé où ne sont présent qu’un sceau, une plume et un encrier. Installé sur une chaise derrière le bureau se trouve le Général Bogast qui m’invite à m’asseoir face à lui d’un signe de main en consultant un tas de papier tandis que les deux gardes du Général se mettent en place, chacun d’un côté de la pièce, patientant debout sans dire un mot. Il reste silencieux deux petites minutes avant de taquer ses feuilles pour les poser devant lui d’une façon rigide pour finalement prendre la parole.
« Ca n’a pas été fait hier soir mais je vous présente les Lieutenants Edmen Danwil et Camille Hereham qui m’accompagnent au quotidien. »
Il désigne le grand blond comme étant Edmen et l’autre étant Camille. Il reprend sans attendre:
« Notre Roi m’a dit que vous avez demandé une formation de mage de bataille mais vous devez savoir que nous sommes très peu dans l’armée à avoir développé un seul type de magie, à l’exception de nos guérisseurs peut être. Moi même mon rôle était en grande partie de simplifier le déplacement des navires en faisant souffler le vent dans le bon sens. Rien de bien guerrier. Je vois cependant dans les rapports de bataille et les témoignages de vos exploits dans l’arène que vous êtes capables de bien des prouesses et j’ai en effet quelques formations mettant à profit les mages comme vous et moi. »
Je reste interdit, ne sachant pas trop quoi répondre alors qu’il reste silencieux tout en m’observant.
« Nous allons déjà voir de quoi vous êtes capable. »
Il se lève et je l’imite pour lui emboîter le pas à l’extérieur du bâtiment, talonné par ses deux gardes. Nous traversons le camp vers le nord, avançant vers les montagnes jusqu’à un terrain d’entrainement situé à l’extrémité du camp. Le dénivelé donne une vue sur tout le camp et un point d’observation magnifique sur Kendra Kâr et l’océan. La plaine est d’ailleurs fortement battue par les vents marins et les drapeaux aux couleurs du royaume autour de nous s’agitent avec énergie. A l’autre bout du terrain se dresse un mannequin de paille et de bois équipé d’un bouclier et d’une épée en bois. Les traces de sabot au sol indiquent que c’est un endroit habituellement utilisé par les cavaliers.
« Allez Almaran. Montrez moi ce que vous savez faire. »
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