L'ïle Interdite

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Yuimen
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L'ïle Interdite

Message par Yuimen » mar. 22 janv. 2019 15:11

L’Île Interdite

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Aux larges des côtes kersiennes se trouve une île mystérieuse et sauvage. Les Hafiz ont appris à s’en méfier comme de la peste, et elle a à Kers une aura malfaisante, qui lui donne son nom : l’Île Interdite. Les nombreuses légendes et histoires sur celle-ci, effrayant les enfants à la tombée de la nuit ou les adultes qui devraient l’apercevoir ou s’en approcher en bac, sont souvent en deçà de la réalité de l’endroit.

Elle a pourtant un aspect paradisiaque, avec ses grandes plages de sable blanc, ses jungles de palmier au vert vif souvent ensoleillé, l’eau azuréenne qui l’entoure. À tous points de vue une île paradisiaque, où chacun aimerait passer quelques jours de repos, au soleil, à siroter du jus de noix de coco directement à la source. Mais ce serait sans compter les nombreux dangers qui l’habitent.

Rien que les eaux l’entourant sont peuplées de nombreuses espèces aquatiques dangereuses : requins mangeurs d’hommes, pieuvres géantes… Les petits cours d’eau de l’île sont eux-mêmes parcourus de piranhas et alligators affamés. Certains affirment même avoir aperçu des bans entiers de sirènes, cruelles et carnassières.

Les plages sont les seuls endroits plus ou moins sécurisés de l’endroit. Longues, larges et désertes, les seuls risques sont de marcher sur un oursin ou de se faire alpaguer par une créature semi-marine. Quelques passes rocheuses offrent toutefois quelque danger si vos chevilles ne sont pas solides et votre pas pas suffisamment assuré.

Les plaines de l’Ouest sont elles aussi relativement dégagées de tout danger, malgré toute une variété d’insectes divers et de lézards venimeux qui parcourent furtivement leurs hautes herbes aux fleurs colorées, bien que quasiment toutes toxiques.

Ça se complique nettement plus lorsqu’on entre dans la jungle. Vous serez bien heureux de tomber sur l’une des quelques tribus de worans tigrés qui la peuplent dans de petits villages cernés de palissades en bambou, les protégeant autant de leurs guerres intestines que des animaux sauvages de la jungle. Ces tribus sont pour la plupart carnivores, et ne se laissent écœurer par aucune viande, pas même celle d’aventuriers inconscients qui n’auraient pas montré patte blanche. Pour ceux ayant un talent naturel pour la persuasion, ces tribus peuvent faire bon accueil et servir de relais fort opportuns pour une exploration plus poussée de l’île. Car hors de ces villages, la jungle est terriblement dangereuse. Peuplée de nombreux fauves carnassiers, de serpents venimeux, de grenouilles toxiques ou de singes agressifs. L’on raconte même qu’il y existe une créature à nul autre pareil sur Yuimen : une Licorne. Un animal magique farouche, qui ne se laisse pas aisément approcher. Qui n’apparait qu’aux cœurs purs, et dont on dit que les larmes ont des vertus de guérison, voire même de résurrection.

Et plus l’on se rapproche du centre de l’île et de la montagne volcanique qui y vrombit, fumante, en permanence, plus les dangers sont nombreux. Car on dit qu’outre la lave, un sombre maléfice pèse sur le centre de l’île. Le volcan n’entre qu’occasionnellement en éruption vive, se contentant la plupart du temps à faire bloublouter sa lave en quelques projections atteignant rarement l’extérieur du cratère. Mais c’est au creux de celui-ci, dans les profondeurs de la terre, que le Mal règne. Une sombre force, ancien temple de l’ombre, abrite les souvenirs d’une entité terrifiante ayant défié jusqu’à la mort elle-même. Une liche du nom de Mongoor Vlash qui aurait acquis un grand pouvoir magique lui permettant de se changer librement en avatar de l’ombre : un puissant Dragon Mauve. Il a été vaincu par un groupe de valeureux aventuriers, et l’un de ses anciens disciples, un certain Naral Shaam, qui aurait à son tour acquis ce pouvoir de se changer en Dragon Mauve, l’héritant de son ancien maître à la mort de ce dernier. Mais même si l’elfe aux cheveux mauves a quitté l’île, le mal ronge toujours les fondements de celle-ci, et de nombreuses créatures malfaisantes rodent dans cet ancien temple du Mal, chargé d’effluves magiques.

L’unique entrée de ce temple se situe sur les parois du volcan, sur un petit plateau où stagnent les ruines éternelles d’un ancien temple, détruit par le temps et la nature. Un enchantement de lumière puissant baigne les lieux, car il est impossible d’y périr…

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Yliria
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 9 mai 2019 16:22

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Naufragée

L’impression de flotter dans une mer d’obscurité. Aucune sensation autre que le froid, un froid intense. Aucune lumière, rien de visible, pas de son non plus. C’était étrange. Pourtant, je sens qu’il y a quelque chose. Bouger est si difficile… mon corps se rappela à moi, n’appréciant guère le traitement qui lui fut infligé. Où suis-je ? Une lumière, soudaine et brillante, une forme ailée, qu’est-ce donc ?

(Yliria !)

Le réveil fut brusque et douloureux, bien qu’étrangement calme. M’asseyant en ignorant les plaintes de mon corps endolori, j’essayai de me remettre les idées en place. La traversée, l’attaque, la créature… Tout me revint peu à peu et je m’étonnai presque d’être encore en vie… étais-je dans son estomac, comme dans ce fameux conte ?

(Mais non, idiote, tu t’es échouée sur l’île ! Ouvre les yeux !)

Voilà qui était rassurant. Relevant la tête, j’examinai les alentours, baignée par une douce chaleur provenant de l’astre solaire. Une plage, du sable fin, des arbres exotiques, des crabes, quelques roches éparses, et des débris qui jonchaient le sol face à une mer bleu et paisible. Tournant la tête, j’aperçus le volcan, mais une butte de sable m’empêchait d’en estimer la distance. Je n’avais apparemment rien de cassé, ce qui était un petit miracle en soit au vu de la violence de l’attaque. Prise d’une soudaine inquiétude, je posai des questions sur Nyllyn, mais Alyah m’affirma qu’elle ne m’avait pas quitté pour aller vérifier et ne le ferait pas tant que je ne serai pas en totale sécurité, ce qui m’angoissa. J’espérai seulement que rien ne lui était arrivé.

Je constatai avec soulagement que mon sac et mon équipement n’avait pas dérivé et étaient toujours sur moi. J’en fus étonnée, au vu de la difficulté que j’avais eu à remonter à la surface en étant consciente, comment avais-je pu arriver jusque-là sans couler ? Alyah, comme souvent, avait réponse à tout.

(Une deuxième Salamandre est arrivée, elle a fait fuir la première et elle t’a amené au rivage.)

(C’est possible ça ?)

(Apparemment. Par contre tu as un peu dérivé avant et elle t’a emmené bien plus au sud que le point d’arrivée prévu.)

Je lui demandai les indications, traçant avec le fourreau de mon arme une carte approximative de l’île. Lorsque qu’elle m’indiqua où j’étais, je pâlis. J’étais tellement loin de l’endroit initialement prévu ! J’en aurai pour des jours à seulement rejoindre ce point précis, ils auraient bougé bien avant. L’itinéraire prévu m’étant inconnu, impossible de les rattraper en coupant à travers l’île. Alyah m’assura qu’on trouverait un moyen et, pour m’occuper l’esprit, je décidai de faire l’état de mes affaires. Tout était trempé, évidemment. Les rations étaient complètement foutues et je dus sécher magiquement tout le reste pour éviter que cela ne moisisse dans le sac. Au moins j’avais toujours de l’eau, mais c’était bien le seul réconfort que j’avais. Pas de vivres, pas de carte, pas d’itinéraire et personne pour m’épauler, j’étais vraiment dans la merde !

Subitement, je me sentais vulnérable, seule, et en danger. Les informations que nous avions trouvées sur cette île m’angoissaient. Tout ici était fait pour tuer, et j’étais seule pour affronter tout cela. Je devais rejoindre le convoi, il n’y avait pas d’autre alternative, je devais les retrouver pour espérer m’en sortir. Rassemblant mon courage, je me dirigeai donc vers le nord, marchant le long de la butte sans oser la franchir. Les plages étaient désertes, aucune créatures à l’horizon, et l’eau transparente de la mer me permettait de voir arriver la moindre menace de ce côté-là tandis que la butte empêchant quiconque ou quoi que ce soit de me voir. C’était la façon la plus sûre de progresser, marcher dans le sable en restant en alerte en permanence.

Les heures défilèrent ainsi, sous un soleil de plomb qui ne facilitait pas la marche. Les quelques arbres n’offraient que peu d’ombre et le sable semblait renvoyer la chaleur, augmentant un peu plus le calvaire. Après ce qui me sembla être une éternité, j’aperçus quelque chose échoué sur la plage et, en m’approchant, je vis un corps à moitié ballotté par les vagues. Il s’agissait du mercenaire qui était avec moi dans l’embarcation. Je le tirai en dehors de l’eau, constatant que son corps sans vie était malgré tout intact.

(Fouille-le, il a peut-être quelque chose d’intéressant sur lui.)

Je m’exécutai, non sans grimacer. Fouiller les corps me rebutait, mais à part une bourse avec quelques yus, une lame et un carnet gorgé d’eau dont l’encre avait été presque entièrement effacée, il n’avait hélas rien de plus sur lui. Je lui laissais donc le carnet, prenant le reste, il n’en aurait de toute façon pas l’utilité. Je commençai à jeter des regards autour de moi. Je ne pouvais décemment pas le laisser ainsi…

(Je sais à quoi tu penses, mais tu as plus urgent à faire Yliria. Et puis tu n’as rien pour creuser.)

(Je sais… je vais brûler son corps, c’est mieux que rien. Et j’ai entendu dire que cela se faisait chez certains peuples, ce n’est pas si mal.)

Afin de ne pas trop utiliser ma magie, je fis ça de manière diffuse, pour ne pas me fatiguer. Lorsque les vêtements se mirent à flamber, je m’écartai. L’odeur devint vite horrible et je m’éloignai en vitesse après une courte prière pour le repos de son âme. Le brûler était toujours mieux que de le laisser en pâture à la première créature venue, j’en étais convaincue. Un panache de fumée commença à s’élever et j’accélérai le pas. Rien ne disait qu’il n’y avait pas de Worans agressifs dans les parages, et une fumée allait forcément attirer l’attention, je décidai donc de filer en vitesse. Rien que l’odeur pouvait attirer n’importe quoi.

Après m’être éloignée suffisamment, je me sentis mieux et repris la route vers le nord. Le reste de la journée passa ainsi sans incident majeur, tout au plus une sorte de gros crabe agressif s’approcha, mais il était bien lent et je m’en tirai avec une simple frayeur, cette satanée bestiole étant sortie de nulle part. Lorsque le soleil se mit à descendre à l’horizon, mon ventre commença à crier famine et je me mis à la recherche de quelque chose à manger, sans succès, la plage ne recelait absolument rien et pas question de mettre les pieds dans l’eau après tout ce qu’il s’était passé. Autant en pas tenter les Enfers. Ce fut donc le ventre vide et anxieuse que je m’installai pour dormir, sans allumer de feu ou faire quoique ce soit qui puisse trahir ma présence. Alyah assura qu’elle veillerait sur mon sommeil, mais je n’étais pas tranquille. Il y avait bien longtemps que je n’avais plus voyagé seule ainsi, j’avais oublié à quel point cela était angoissant lorsque la nuit tombait. Je n’avais qu’une hâte, retrouver le convoi et Nyllyn. Je me faisais un sang d’encre pour elle, j’espérai qu’elle allait bien.

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Yliria
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 9 mai 2019 16:30

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La nuit, loin d’être reposante, fut courte. Je mis un temps fou à fermer l’œil et me levai dès les premières lueurs de l’aube. Alyah essaya tant bien que mal de me garder au repos, prétextant, et avec raison, que jamais je ne tiendrai un rythme pareil plusieurs jours de suite avec l’estomac vide, mais j’étais trop stressée pour espérer réussir à correctement me reposer sans rien faire. Marcher avait au moins l’avantage d’occuper mes pensées et d’éloigner celles qui auraient risqué de me faire abandonner et me recroqueviller dans un coin. J’avais l’impression de revivre mon voyage de Yarthiss à Exech. Les mêmes angoisses, la même peur de tomber sur quelque chose de dangereux, la même appréhension dès que la nuit venait à tomber.

(Mais cette fois, je suis là !)

(Oui, c’est vrai.)

Car la présence d’Alyah m’aidait, indéniablement. Même si mes nuits étaient courtes, les journées étaient moins monotones et moins angoissantes avec elle à mes côtés. Elle restait visible, voletant autour de moi , allant régulièrement voleter un peu plus haut pour vérifier que rien ni personne n’approchait. Le reste du temps, nous parlions, de choses et d’autres. Du passé surtout, mais aussi du futur, des choix que j’aurai à faire un jour, des choses que je serai tôt ou tard obligée d’accomplir pour avancer. Une question, cependant, me surpris.

(Et après ? Une fois ton but atteint, que feras-tu ? Te rangeras-tu à une vie tranquille ? Continueras-tu d’aider l’Ordre ? Auras-tu une autre envie ?)

(Tu me prends au dépourvu… Je n’y ai jamais réfléchi. Pour moi ce n’est pas demain que la question se présentera.)

(Je ne dis pas le contraire. Mais ne voulais-tu pas avoir une vie plus normale ?)

(Je ne sais pas, je ne sais plus trop. Voyager me plaît, c’est juste que, où que j’aille, je finis forcément par avoir des ennuis, d’une manière ou d’une autre.)

(Arrête de te mettre des cultes fanatiques ou les pègres locales à dos déjà, tu verras, ça aide.)

(Qu’est-ce que tu insinues ?)

(Que tu aimes ça, Yliria. Tu aimes l’aventure, tu es juste trop effrayée de par ce que cela pourrait te coûter. Tu retiens uniquement le négatif de toutes tes expériences, jamais tu ne vois le chemin parcouru, à quel point tu as changé. Il y a à peine un an, tu savais à peine lancer un sort, et là, tu fais partie d’un ordre de combattant et ta maîtrise de l’épée et de la magie s’affinent de jour en jour. Tu fais des rencontres, tu voyages, et les seules choses que tu retiens, ce sont les ennuis. Arrête de ne voir que ce qui te hante, voit le bon côté des choses. Et tu verras que j’ai raison.)

(Et ma situation, il est où le bon côté des choses ?)

(… Tu es en vacances sur une île paradisiaque ? Le côté mortel et dangereux ne doit pas te rebuter.)

Je poussai un long soupir, un léger sourire aux lèvres. Etais-je vraiment si négative ? Nyllyn le disait régulièrement, mais pour moi, ce n’était que réaliste, rien de plus, rien de moins. Peut-être qu’Alyah disait vrai et que je me cantonnais aux mauvais aspects de tout ce qu’il m’arrivait. Tout n’était pas noir, loin de là, mais tout cela m’avait rendu méfiante, à juste titre au vu des événements qui avaient pris place avant même mon arrivé à Kers. Perdue dans mes réflexions, je mis un moment à entendre la voix d’Alyah. Elle semblait alarmée.

(Yliria ! Cours, tout de suite !)

(Que se passe-t-il ?)

(Une salamandre ! Elle arrive droit vers toi !)

Un simple coup d’œil affolé vers la mer et la vague qui s’approchait me suffit. Sans chercher à en comprendre davantage, je me ruai en avant, courant le plus vite possible pour échapper à l’énorme montre marin. Comment pouvait-elle savoir que j’étais là et, par Meno, n’y avait-il donc rien d’autre à manger dans les profondeurs ? J’eus le temps de faire une bonne centaine de mètres avant que la créature ne sorte de l’eau, son immense corps s’échouant à moitié sur le rivage avant que ses nombreuses pattes ne l’amènent complètement sur la terre ferme. Elle était encore plus impressionnante une fois sortie de l’eau, mais je rompis rapidement le contact visuel pour me remettre à courir, peu désireuse de rester dans les parages avec une telle créature.

(Tu disais quoi déjà ? Voir le bon côté des choses ? En vacances ? )

(Tais-toi et cours !)

L’irritation dans la voix d’Alyah suite à ma remarque m’aurait presque tiré un sourire si la situation n’était pas aussi critique. Après quelques minutes de course, je ralentis, constatant que la créature ne m’avait nullement poursuivie. Reprenant mon souffle et une gorgée d’eau, je soupirai de concert avec Alyah, c’était un vrai soulagement. Soulagement de courte durée lorsque de nouveaux remous furent visibles à quelques dizaines de mètres de la plage, s’approchant rapidement. Je commençai à me demander si je n’avais pas un aimant à bestioles sur moi et me remis à courir en m’éloignant le plus possible du rivage, longeant la butte qui séparait la plage du reste de l’île. Je n’osais pas encore la franchir, la plage avait quelque chose de rassurant… du moins jusqu’à ce que toutes les créatures des environs ne viennent tenter de m’attaquer, ou du moins de se montrer lorsque je passai par là.

(Peut-être que s’éloigner de la plage ne serait pas si bête en fait…)

(Quoi ? Mais on ne sait même pas ce qu’il y a de l’autre côté !)

(Non, mais je suis sûre qu’il n’y a pas de Salamandre.)

Je m’arrêtai de courir et plissai les yeux. Une énorme masse que j’avais prise pour un rocher semblait à moitié échouée sur le rivage, mais lorsque la masse remua, je compris qu’en effet, une autre salamandre se prélassait sur la plage. Je jurai. Je n’avais guère envie de m’enfoncer dans l’île sans vivres et sans idée de l’endroit où je devais aller. Mais lorsque l’immense animal tourna sa tête dans ma direction, je fis un choix rapide et grimpai la butte sans me retourner, faisant face à une mer d’herbes hautes avec, au loin, une immense forêt qui se tenait entre moi et le volcan. Sans plus tarder, je m’enfonçai donc dans le cœur de l’île, pas très rassurée par l’inconnue et la dangerosité affichée des lieux.

(J’aperçois un cours d’eau non loin, vers le Nord, le suivre pourrait être une bonne idée. Au moins tu auras à boire.)

(Bonne idée !)

Je bifurquai donc dans la direction indiquée, marchant difficilement au milieu des hautes herbes, remarquant néanmoins al beauté des fleurs colorées qui poussaient ici, me retenant de les effleurer des doigts après qu’Alyah m’ait affirmé qu’elles étaient pour la plupart toxiques. Si la moindre plante pouvait tuer quelqu’un, je me demandai comment quoi que ce soit pouvait vivre sur cette île. Pas étonnant que tout le monde fuyait cet endroit comme la peste. Parfois, des petits animaux, lézards et insectes, passaient non loin, mais je ne m’en préoccupai pas vraiment, me méfiant plutôt des créatures plus grosses avec trop de dents pour mon bien. Je mis un moment à atteindre le cours de la rivière qui semblait provenir du cœur de l’île. La suivre me donnerait un point de repère, mais était-ce une bonne idée de continuer à m’enfoncer dans les terres ?

(Tu as plus de chance de trouver le convoi en suivant les cours d’eau, ils passeront forcément à proximité de l’un d’eux.)

(Tu as raison… Tu ne veux vraiment pas aller voir où ils sont ?)

(Et te laisser seule ? Certainement pas ! Si je te laisse seule cinq minutes, tu vas avoir le temps d’attirer toutes les créatures du coin.)

Je lui répondis d’un grognement exaspéré qui lui tira un ricanement et, suivant son conseil, je me mis en marche en suivant la rivière. Ne restait plus qu’à espérer que tout se passerait au mieux. Et avec tout ça, je n’avais toujours aucune idée de comment localiser le temple et la cape… tout ça partait très mal.

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Yliria
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 9 mai 2019 17:02

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Suivre la rivière s’avéra plus compliqué que prévu. Le terrain en lui-même n’était pas difficile, les berges étaient faciles à emprunter ; des arbres, bien qu’éparses, offraient un peu d’ombre et le sol était sec et moins trompeur que le sable dans lequel je pouvais m’enfoncer. Le problème venait surtout des habitants du coin. Plusieurs fois je vis de gros lézards écailleux qu’Alyah qualifia de « crocodiles », qui se doraient au soleil. Leurs mâchoires comptaient trop de dents à mon goût et je fis un détour à chaque fois. Alyah vit aussi des sirènes, ce qui m’incita à garder mes distances avec les berges, j’avais suffisamment entendu parler de ces créatures pour m’en méfier sans avoir à les rencontrer. Au final je finis par me dire que rester sur la plage aurait peut-être été plus salutaire, mais Alyah n’en démordait pas, il fallait avancer, et elle serait là pour m’éviter les potentiels dangers. Alors je slalomai entre les obstacles, les prédateurs et les plantes toxiques… un coin merveilleux.
Mon ventre commençait sérieusement à crier famine, mais je n’osais pas m’approcher du bord pour tenter de pécher quoi que ce soit, et attraper un animal à mains nues me paraissait tout bonnement impossible. Je n’avais jamais chassé de ma vie, il me paraissait difficile de commencer ici, la faune avait plutôt tendance à attaquer plutôt qu’à fuir à mon avis. Il y avait bien quelques champignons de temps à autre, mais je m’en méfiai lorsqu’Alyah émit un doute sur le fait qu’ils soient mortels ou non. Lors d’une pause au pied d’un arbre pour me protéger du soleil de la mi-journée, j’examinai un peu plus en détails les alentours et, comme l’avait souligné Alyah, le coin était magnifique. Verdoyant, une eau claire et scintillante, des arbres exotiques et un soleil brillant. Nul doute que cela aurait fait un endroit parfait pour prendre du repos si ce n’était pas aussi mortellement dangereux.

Cela dura plusieurs jours. Je parvins, çà et là, à ramasser quelques fruits, heureusement comestibles, mais je n’arrivais pas à me nourrir suffisamment et je commençai à être de plus en plus fatiguée à mesure que le temps passait. La chaleur et le fait de devoir être en vigilance constante, même la nuit, n’arrangeait rien et je prenais de plus en plus de pause, perdant parfois conscience plusieurs minutes sans m’en rendre compte avant qu’Alyah ne parvienne à me réveiller. Seule l’eau continuait à ne pas me faire défaut et, lorsque j’atteignis enfin la lisière de la forêt touffue, je m’écroulais à moitié contre un arbre, pour une longue, très longue pause. Alyah voleta aux alentours, dénichant quelques baies qu’elle m’indiqua et qui calmèrent légèrement ma faim, sans la faire disparaître pour autant. Malgré l’heure peu avancée, je décidai de ne plus bouger de la journée, me reposant à l’ombre, grignotant les quelques baies ramassée au hasard. Par Meno j’étais tellement fatiguée. Et inquiète. L’absence de Nillim à mes côtés m’angoissait, j’avais peur pour elle. Alyah me répétait de m’inquiéter pour moi avant tout, mais je n’arrivais pas à me sortir de la tête qu’elle était peut-être en danger.

(Parce que toi non ? Pense à toi avant tout ! Tu es bien plus dans la panade qu’elle !)

(Je sais ! Mais je n’y peux rien.)

(A force de trop t’attacher à tout le monde, tu finiras malheureuse Yli…)

(Qu’est-ce que c’est supposé vouloir dire ?)

Je n’obtins aucune autre réponse de sa part et une partie de l’après-midi se déroula dans un silence relatif, perturbé par les cris de quelques animaux, le chant d’oiseaux ou le bruissement des arbres sous le vent. Je finis par m’assoupir, ne me réveillant qu’au petit matin. Alyah ne me réveilla pas d’elle-même cette fois, mais elle signala tout de même sa présence, affirmant qu’elle avait veillé sur mon sommeil que rien n’avait perturbé. Pas vraiment plus reposée que la veille, je me mis néanmoins en marche, entrant avec prudence dans la jungle, suivant toujours le cours d’eau, seul point de repère dans toute cette masse végétale. Les arbres, larges et immenses, offraient une protection bienvenue contre les rayons cuisants du soleil et la plupart d’entre eux semblait centenaire, au moins. Contrairement aux plaines, il y avait constamment du bruit, venant de partout et cela n’aidait pas beaucoup à ce que je me focalise sur les plus proches.

Et puis, soudainement, les choses se corsèrent lorsqu’une créature surgit de nulle part me fonça dessus. J’eus tout juste le temps de régir grâce au cri d’alerte d’Alyah, me jetant au sol d’une roulade pour éviter l’assaut. La créature me fit face en sifflant, une gueule d’immense serpent terminant un cou accroché à un corps écailleux dotés de quatre pattes puissantes terminées par de grandes griffes acérées. On aurait dit un croisement entre un serpent et une panthère. Je ne cherchai pas à admirer l’animal, préférant fuir au plus vite devant l’agressivité dont elle faisait preuve. Sautant par-dessus un grande souche, je détalai, Alyah me disant où était la créature pour que je puisse éviter ses attaques lorsqu’elles survenaient. Elle était très agile, grimpant aux arbres pour se donner de l’élan, me rasant plusieurs fois la tête de ses grandes griffes. Je finis par me réfugier dans un tronc creux effondré sur el sol, l’entendant me chercher aux alentours. J’avais les poumons en feu, impossible de courir plus longtemps et j’étais trop fatiguée pour espérer faire quoi que ce soit pour me défendre, jamais je ne serais assez réactive.

Cachée dans mon abri de fortune, j’attendis que les bruits alentours se dissipent, que mon cœur et ma respiration se calment. Alyah ne pouvait guère m’aider, la végétation bloquait la vue dans toutes les directions, impossible de dire si quelque chose allait surgir ou non. J’hésitai un moment, puis finis par sortir en prenant garde au moindre bruit. Une fois sortie, je me rendis compte que j’étais complètement perdue au cœur de la mer végétale. Difficile de discerner le soleil correctement, autant dire que m’orienter là-dedans était sans doute impossible. Alyah me donna une direction, étant à peu près certaine que la rivière était de ce côté et je suivis son indication. Puis un cri familier retentit et j’eus juste le temps de me jeter au sol avant que la même créature ne me saute dessus de nouveau. Elle ne lâchait pas l’affaire, aussi je tirai ma lame tandis qu’elle bondissait sur un tronc pour sauter dans ma direction. Trop lente, ma roulade ne m’empêcha pas d’être percutée à pleine vitesse et mon dos heurta un tronc avec violence. Bénissant une nouvelle fois mon armure, je relevai la tête juste à temps pour voir la créature bondir. J’empêchai sa mâchoire de m’atteindre avec ma lame, la forçant à reculer en l’enflammant. Elle recula d’un bond, sifflant de rage avant de se ruer sur moi, évitant mon coup de lame avant de sauter sur moi, me plaquant au sol. Sa mâchoire visa mon cou mais je parvins in extrémis à l’en empêcher. Elle planta ses crocs dans mon épaule. LA douleur fut horrible, un goût de bile me remontant dans la gorge et j’activai ma magie, m’entourant d’un feu protecteur pour la faire reculer. Elle sembla ignorer la chaleur, mordant avec plus de force, me faisant hurler de douleur. Serrant ma lame, je la lui enfonçais dans son long cou, la faisant aussitôt lâcher prise avant qu’elle ne recule en titubant, la lame toujours plantée en travers de son cou, son sang se répandant sur le sol.

Elle finit par s’effondrer non loin et je rampai pour récupérer ma lame, m’adossant ensuite à un arbre malgré les suppliques d’Alyah.

(Bouge ! Yliria pour l’amour de Meno, tu dois bouger, le sang va attirer tous les prédateurs du coin !)

Elle avait raison, je le savais, mais j’étais épuisée, j’avais mal et mes jambes refusaient de bouger. J’avais des potions dans mon sac… il fallait juste que j’en prenne une et tout irait mieux. Quelque chose se planta dans mon cou, comme une sorte d’aiguille, me faisant sursauter. Portant la main à l’endroit touché, j’en retirai une sorte de fléchette. Je regardai les alentours, sans rien voir. Ma vue se brouilla rapidement et j’eus encore plus de mal à bouger le moindre membre. J’entendais bien la voix d’Alyah, mais elle n’était qu’un bourdonnement lointain. Quelque chose émergea de la végétation. Puis ce fut de nouveau le noir.


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Message par Yliria » sam. 18 mai 2019 23:08

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L'Envoyée

Le réveil fut douloureux, comme si on m’avait jeté au sol. Les mains attachées, bâillonnée et les yeux bandés, impossible de savoir où j’étais, comment m’enfuir et de qui. Il y avait bien des bruits aux alentours, mais c’était surtout la forêt qui était perceptible, aucune parole, aucun mot de la part de celui ou ceux qui m’avaient assommée. Quelques bruits de chocs se firent entendre puis suivirent les bruits caractéristiques d’un feu, un crépitement léger lorsque le bois éclatait sous les flammes. Même à travers le bandeau sombre que j’avais sur les yeux, je parvenais à percevoir la faible lueur du brasier. Combien de temps avais-je pu rester inconsciente ? Tous ces événements commençaient à devenir de plus en plus difficiles à gérer. D’abord l’attaque, puis le naufrage, la solitude, la faim, la poursuite, et maintenant ça… c’était trop. Jamais je n’aurai dû venir ici, c’était une erreur monumentale et j’avais entraîné Nyllyn avec moi dans cette folie. C’était stupide de regretter maintenant, mais c’était plus fort que moi. Allongée au sol, incapable de faire autre chose que me tortiller sans rien voir ni comprendre de ce qui m’entourait, j’étais trop vulnérable, cela me pesait. J’avais peur. Peur comme rarement j’avais eu peur avant, d’une terreur sourde qui me comprimait la poitrine et qui obligeait mon corps à tenter de se libérer de ses entraves.

Un mouvement juste à ma droite me fit sursauter et une main me saisit au visage, me forçant à me redresser, m’adossant à ce que j’imaginai être un arbre. Une main plus large que mon visage, mais bizarrement douce, comme si elle était couverte d’une fourrure. C’était là le seul point positif, parce qu’une simple pression sur mon visage me fit comprendre qu’il pouvait me faire très mal sans difficulté. Son but était cependant de me retirer le bâillon qui entravait ma bouche. Il le fit après une mise en garde. Une voix grave dont les mots étaient parfois difficilement articulés, comme si quelque chose gênait sa locution.

- Je te nourris. Pas un bruit, pas un cri, ou tu le regretteras. Compris ?

Je hochai la tête et il enleva le bâillon avant de m’enfoncer une cuillère dans la bouche. Je me sentais ridicule à ce qu’on me donne à manger ainsi, comme un bébé, mais je mangeais enfin, alors je ne fis pas la difficile. La nourriture, épicée et surtout constituée de viande, était un bonheur après ces quelques jours de privation et j’en étais presque à réclamer pour manger plus vite. Une fois repue, je me sentis quelque peu mieux malgré l’angoisse de ne toujours pas savoir ce qu’il se passait. Alors que je pensais que j’allais de nouveau être bâillonnée, l’homme décida de poser quelques questions. Toujours avec cette étrange façon de parler.

- Tu es bien armée pour une enfant, qui es-tu et que fais-tu sur cette île ?

J’eus envie de lui dire qu’il aurait dû se présenter avant, mais une petite voix dans ma tête m’incita à la prudence. Ce n’était pas le moment de jouer la fière vu ma situation. Je répondis donc le plus calmement possible malgré le léger tremblement que je ne contrôlais pas vraiment.

- J’ai fait naufrage. Et si je suis armée c’est pour me défendre, c’est tout.

Il se contenta d’un grognement et je l’entendis distinctement approcher. Comprenant son intention sans avoir besoin de le voir, j’essayais de reculer, sans succès. Je n’avais pas vraiment envie d’être de nouveau bâillonnée.

- Attendez, je vous promets de ne pas faire de bruit, je …

Il s’en ficha royalement et me bâillonna de nouveau avant de me soulever et de me jeter nonchalamment sur son épaule comme si je ne pesais rien. Et il se mit en route, marchant un long moment. J’étais de plus en plus angoissée. Où m’emmenait-il ainsi ? Alyah n’en savait pas plus que moi, et cela ne fit qu’augmenter la peur qui m’envahissait depuis plusieurs heures. Passer des heures le corps sur une épaule me donna un violent mal de ventre, à moins que ce ne soit l’angoisse ? Je commençais à me demandais si j’allais un jour savoir ce qu’il voulait faire de moi. Puis des voix s’élevèrent soudainement, parlant un dialecte que je ne comprenais pas. Celui qui me portait s’adressait visiblement à quelqu’un situé plus haut que lui, l’obligeant à élever la voix. Puis un grincement précéda le bruit caractéristique d’un bruit de pas. Ils étaient plusieurs à n’en pas douter. Il y eut un échange qui me sembla fort agressif, mais nous finîmes par avancer de nouveau, le grincement se répétant, derrière nous cette fois, probablement qu’une porte avait été franchie. Je commençais à avoir une idée de qui pouvait être tous ces gens, et cela ne me fit pas plaisir du tout. Le peu qu’on m’avait dit des Worans de l’île m’avait suffi à ne pas vouloir les côtoyer de trop près, et voilà que j’étais au milieu de tout un groupe.
On me posa au sol sans délicatesse et une longue discussion dont je ne comprenais rien eut lieu autour de moi, entre celui qui m’avait amené ici et ceux chez qui nous venions d’entrer. On me souleva par le col, enlevant d’abord le bâillon, puis le bandeau qui entravait ma vue. La lumière, pourtant peu vivace, suffit à me brûler la rétine quelques instants, me forçant à fermer les yeux avant de parvenir à voir correctement ce qu’il se passait autour de moi. Et ce que je vis ne me rassura pas du tout. Des Worans, par dizaines, la plupart armé, me faisaient face tandis qu’un autre semblait être en train de me présenter. Mais impossible de comprendre ce qu’il pouvait bien vouloir dire. L’un des Worans s’avança alors. Grand et couvert d’une fourrure tigrée sombre, il me toisa avec un regard étrange. Il parla sèchement et quelques armes se dressèrent soudainement vers moi, à moins que ce ne soit vers le Woran derrière moi qui resserra sa prise. J’aurai voulu m’enfuir, mais j’avais toujours les mains liées. La situation semblait vraiment délicate, pour lui comme pour moi. Il fallait que je m’enfuie au plus vite.

(Tes liens sont des cordes, si tu te posais la question.)

(Parfait ! Pyromancie alors !)

Libérant ma magie, une aura de feu m’entoura soudainement, surprenant toute l’assemblée, y compris mon ravisseur qui s’écarta soudainement. Je créai rapidement une flamme dans ma main pour brûler les cordes qui me retenaient, la transformant ensuite en boule de feu, me tournant vers celui qui m’avait amené jusque-là, un Woran à la fourrure très claire, presque blanche, parsemée de nombreuses cicatrices.

- Je veux mes armes, où je vous jure que cette boule de feu ira vous frapper !

Il semblait abasourdi et ne bougea pas. Je jurai intérieurement. J’avais espéré qu’il obéisse pour que je puisse ensuite m’enfuir, mais il n’avait pas l’air très réactif.

- La bénédiction d’Utu !

Une voix féminine transperça le silence et les rangs de Worans. Une Woran, âgée si j’en jugeais par sa démarche, se plaça devant les guerriers qui jetaient des regards angoissés, allant de l’ancêtre à moi, comme s’ils craignaient que je ne la brûle vivante. Elle s’avança néanmoins, d’une démarche boiteuse avant de se poster devant moi, me regardant de ses yeux jaunes perçants.

- Toi à qui Utu a fait don d’une infime partie de son pouvoir, toi qui es son Envoyée, entend ma demande. Je t’en conjure !

A mon plus grand étonnement, elle s’inclina devant moi. Les guerriers baissèrent leurs armes et quelques têtes s’inclinèrent à leur tour. Je ne comprenais vraiment plus rien. Et, par tous les dieux du panthéon, qui était Utu ?

(Si je ne dis pas de bêtise, c’est l’équivalent de Meno chez les Woran, j’ai déjà entendu ça quelque part. Ils doivent être impressionnés par ta pyromancie, puisque c’est le dieu du feu.)

(Il pense que je suis quoi ? Une envoyée divine ? Merde, je ne vais pas leur dire que c’est le cas, il y en a plein des pyromanciens de par le monde)

(Fais ce qui te semble le mieux, mais ta vie est en jeu Yliria.)

Elle en avait de bonne ! J’éteignis néanmoins ma magie, ne voulant pas paraître menaçante, avant de m’adresser à la Woran.

- Euh je… Je ne suis pas une envoyée d’Utu, j’ai juste fait naufrage et…

- Utu ne révèle ses plans à personne, mais tu es ici sur sa volonté, j’en suis certaine ! Sois la bienvenue, jeune fille du continent. Nous devons nous entretenir, en privé. Laissez-nous passer vous autres, l’Envoyée est arrivée, nous devons nous montrer accueillant. Quant à l’exilé…

Elle se tourna vers le Woran qui m’avait amené ici et un léger sourire apparut sur son visage.

- … l’Envoyée décidera de son sort ! Qu’il nous suive !

Tout cela me dépassait complètement. Dans quoi est-ce que je m’étais fourrée cette fois, pour l’amour de Meno ?


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » dim. 19 mai 2019 22:02

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La hutte dans laquelle on me proposa de m’installer était étonnamment spacieuse et chaleureuse, bien qu’aucun feu n’y flamboyait. Installée sur une large chaise, la vieille Woran attendit patiemment que je m’installe face à elle, me laissant inspecter l’intérieur qui me parut moins rustique qu’il n’aurait pu être. Bien qu’il y ait peu de fioritures, l’ensemble semblait confortable. Une seule pièce où table et chaises côtoyaient une couche. Quelques ouvertures pour laisser entrer la lumière et un sol en bois parfois blanchit par le temps. Le Woran qu’elle avait qualifié d’exilé se tenait en retrait, presque comme s’il était là à regret à présent. La voix de la Woran brisa le silence. Son toux était plus doux que je ne l’aurais imaginé et elle m’invita à m’asseoir.

- Avant tout, je suis navrée que vous ayez été traitée de la sorte. Il est inadmissible d’avoir insulté une Envoyée, j’espère que vous serez magnanime.

- Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas une envoyée, j’ai juste…

- Il est dans votre intérêt d’être une Envoyée jeune fille, croyez-moi. C’est peut-être le seul moyen que vous ayez de repartir en vie d’ici.

Cette histoire était donc une pure invention. Mais cela n’expliquait pas que tout le monde ait cru à ses paroles. Mon air dubitatif la fit sourire et elle s’enfonça dans sa chaise, croisant les mains devant elle.

- Je ne vais pas vous mentir, tout ceci est monté de toutes pièces. Je n’aime guère voir nos hommes violer et massacrer des jeunes filles innocentes, surtout si jeune. Votre magie a été pratique pour inventer cette histoire, bien qu’elle ait un fond de vérité venant d’une croyance de notre tribu, qu’un jour un envoyé d’Utu ira défier les forces maléfiques de l’île pour offrir à notre peuple un lieu plus sûr où vivre.

- Et vous avez risqué probablement votre vie parce que vous ne vouliez pas me voir… vous ne me connaissez pas, pourquoi prendre ces risques ?

- Jeune enfant, sachez que vous avez échappée à un sort peu enviable. Je ne souhaiterais cela à personne, même pas à mes ennemis. Bien sûr, je n’ai pas fait ça uniquement pour vous, j’espère que nous pourrons… trouver un accord.

Evidemment… Je me disais bien que je n’allais pas juste pouvoir repartir avec une petite tape amicale dans le dos et un sac plein de nourriture, ça aurait été trop beau.

- J’imagine que je n’ai guère le choix, puisque si je refuse, je ne ferai pas de vieux os. Je vous écoute.

- Vous êtes maligne, c’est bien. Ma demande est simple. Je veux que vous deveniez l’envoyé d’Utu.

Je fronçai les sourcils.

- Et je dois faire quoi ? Allez vaincre une entité maléfique, seule ? Mais jamais je ne pourrai faire ça !

- Je le sais. Je ne vous demande pas d’accomplir ce que la légende raconte. En revanche, j’aimerais que vous retrouviez un de nos enfants. Il s’est aventuré dans un lieu sombre et n’est toujours pas revenu, pas plus que celui que nous avons envoyé pour le sauver. Et vous ne serez pas seule. Wollar, viens ici !

Le Woran qui était resté en retrait, Wollar donc, se raidit, mais obéit. Il semblait peu fringuant à présent, jetant des regards angoissés à la Woran assise. Il s’inclina devant elle, l’appelant « Mère Frima ».

- Je veux que tu accompagnes cette jeune fille, que tu veilles sur elle, que tu sois son guide pour l’aider à accomplir sa mission et que tu al ramènes saine et sauve, même au péril de ta vie. Si tu fais cela, ton exil sera revu, puisque tu auras été d’une aide précieuse à notre village en aidant une Envoyée.

Il releva un visage partagé entre l’appréhension et l’étonnement. J’avais envie de savoir la raison de son exil, mais je tins ma langue, laissant la « Mère Frima » expliquer en détail ce qu’elle espérait. Un enfant avait apparemment décidé de prouver sa valeur en allant explorer un temple obscur niché sur les pentes du volcan, là où personne n’allait à cause de la malfaisance avéré des lieux. Un guerrier avait décidé d’y aller, seul, afin de retrouver et ramener l’enfant, mais personne ne l’avait revu. Tout cela était récent apparemment, moins d’une semaine, mais le temps pressait selon la Woran. D’après elle, cet endroit corrompait ceux qui s’y trouvaient trop longtemps, l’environnement et les créatures avait peu à peu évolué autour de ce lieu maudit et il était préférable de ne pas traîner. Elle me demanda donc de me hâter, assurant qu’elle me fournirait tout ce dont j’avais besoin pour cette mission. J’avais néanmoins bien compris son jeu. Rien n’aurait pu m’empêcher d’accepter puis de fuir une fois les portes du village franchies. Mais en assurant au Woran exilé qu’il retrouverait sa place parmi les siens, non seulement il ferait en sorte que je fasse ce qu’elle demandait, mais en plus elle ne mettait en danger aucune vie au sein même du village.

Elle sembla remarquer que j’avais parfaitement compris son petit jeu, affichant un large sourire. Je doutais de réussir, mais l’idée que le lieu dont elle parlait soit celui où je pourrais trouver la fameuse cape tournait dans ma tête depuis qu’elle avait décrit l’endroit. Ce n’était pas une simple coïncidence, c’était forcément ce temple qui renfermait le précieux artefact que je recherchais. Alyah semblait d’accord avec moi, et même si la dangerosité de l’endroit me donnait surtout envie de fuir, avec ce Woran derrière mon dos, je n’avais pas le choix, donc autant en profiter pour trouver ce que j’étais venue chercher à l’origine. La seule chose qui me gênait était l’état de Nyllyn, mais Alyah accepta enfin de partir à sa recherche, disant que je ne risquais rien si je me cantonnais à jouer mon rôle. Facile à dire, mais elle semblait convaincue que je saurai gérer avant de m’assurer qu’elle ferait au plus vite pour trouver Nyllyn.

(Dis-lui que je vais bien si tu peux, s’il te plait.)

(Tu sais que je ne joue pas la messagère.)

(Je t’en prie Alyah, tu n’as même pas à te dévoiler, juste à insuffler que je vais bien. Elle doit être folle d’inquiétude ou se blâmer ou…)

(Très bien, je verrais ce que je peux faire… Fais attention à toi, je reviens vite.)

(Merci Alyah, vraiment.)

La sensation de tendresse que je reçus en retour me fit sourire tandis qu’on me présentait l’endroit où j’allais pouvoir passer la nuit. Mais mon esprit était loin, très loin, à espérer que Nillim allait bien et qu’Alyah la trouverait et saurait la rassurer. Toute cette expédition n’était apparemment pas pour rien, mais j’aurais aimé ne pas avancer à l’aveugle avec un inconnu dont la mission était de me surveiller. Il allait falloir que je sois encore plus prudente dorénavant. J’avais manqué de prudence à de trop nombreuses occasions, il n’était plus question de faire les mêmes erreurs.

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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » mar. 28 mai 2019 11:44

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Je ne passai qu’une nuit au village, à l’écart des Woran, sous la houlette de la Mère Firma qui prétexta une communion avec Utu pour qu’on ne vienne pas me déranger. Je n’aimais guère tromper ainsi ses gens, mais Alyah avait raison, dire la vérité équivalait à tendre une perche, je devais rester calme pour le moment et ne pas avouer que tout ceci était une odieuse supercherie. Meno me pardonne... Le bon côté, c’était que cette nuit fut un bonheur. Je pus manger à ma faim et dormir en sécurité, contrastant avec les derniers jours. Le réveil fut agréable bien qu’un peu brusque, Wollar me secouant pour me réveiller, à ma grande déception, j’aurais bien fait une grasse matinée pour une fois. Il semblait impatient de partir et m’enjoignit de me hâter avec une voix qui ressemblait à un grognement. Après un repas frugal composé de fruits, je m’équipai, Wollar m’ayant rendu tout mon équipement la veille, avant de sortir. Il régnait une relative obscurité, preuve que le jour se levait à peine et que la masse forestière empêchait les rayons du soleil de parvenir jusqu’à nous. Le village était encore en grande partie endormi, seuls quelques gardes étaient levés et nous ouvrirent la porte. Un brusque bruit derrière nous me fit me retourner et une Woran s’approcha en courant, Wollar s’interposant comme s’il craignait une agression au vu de l’équipement de la Woran. Mais ce n’était pas le cas.

- S’il vous plaît, prenez-moi avec vous ! Je vous en conjure, mon frère a disparu dans cet endroit maudit où vous vous rendez. Pitié, par Utu, laissez-moi le retrouver.

Qu’étais-je supposée faire ? D’un côté la détresse qui se lisait dans ses yeux et s’entendait dans sa voix était si forte que je ne pouvais pas lui dire non, mais ce périple était dangereux, je ne voulais pas avoir la mort de quelqu’un sur la conscience après avoir accepté. Je jetai un œil interrogateur à Wollar qui haussa les épaules, l’air de dire que c’était mon problème. C’était bien ma veine. J’essayai, en vain, de la dissuader, de lui faire comprendre que notre expédition était dangereuse, mais elle persista.

- Sauf votre respect, vous êtes une enfant et un… un mâle exilé. Je ne pense pas que refuser mon aide soit une bonne idée. Je connais la jungle et ses dangers, je connais le chemin et je sais me battre bien mieux que beaucoup ici.

Vexée ? Un peu. En proie au doute ? Assurément. Elle n’avait pas l’air de vouloir renoncer et semblait presque prête à nous attaquer pour prouver qu’elle était sûre d’elle. Soupirant, j’acceptai finalement. Elle hocha la tête, resserrant sa prise sur la lance qu’elle portait et nous emboîta le pas tandis que nous sortions du village. Les gardes ne firent pas le moindre geste pour empêcher la Woran de venir avec nous, ce qui m’étonna. Peut-être qu’ils s’en fichaient… Toujours était-il que nous étions de nouveau au cœur de la forêt. Moi qui pensais que voyager en groupe avait au moins l’avantage de discuter pour passer le temps, je me trompais. Les deux Worans restaient parfaitement silencieux la plupart du temps. Celle qui se présenta comme Valah ne parlait pas et Wollar ne faisait qu’indiquer le chemin. Alyah restait injoignable, j’étais donc seule perdue dans mes pensées la plupart du temps. Seules les alertes de Wollar à cause de dangers potentiels ou les brusques changements de direction venaient me sortir du vagabondage de mon esprit.

Esprit qui partait çà et là, pensant plus ou moins à toutes les personnes que je voulais revoir. Puis il dérapa vers Elle. Que faisait-elle en ce moment ? Je me le demandais. Les paroles du mage d’ombre restaient toujours dans un coin de ma tête, instillant un tel doute que parfois je craignais de découvrir la vérité. Mais une chose était sûre. Une fois sortie de cette île et la mission au Naora achevée, je devrais préparer sérieusement mon voyage jusqu’à Gwadh. Au fond de moi j’appréhendais ce voyage, mais il fallait que j’aie enfin mes réponses. Cela me fit penser qu’il serait préférable que je retrouve certaines personnes avant, Fyly et les autres par exemple, Vyrl aussi… il serait probablement déçu, mais j’avais finalement pris une décision à son sujet, à force d’y réfléchir. Tout était allé trop vite, et puis il était humain, il serait un homme le temps que je revienne le voir, et moi j’aurai à peine changé. Alyah me dirait sans doute que je m’en faisais trop, mais il fallait voir la réalité en face, ma vie était un tel capharnaüm que je doutais parfois de pouvoir retrouver une vie normale parfois. Alyah avait raison, je m’y étais habituée, à toutes ces aventures.

Une halte fut décidée lorsque le jour commença à baisser et les Worans choisirent un renfoncement dans le creux d’un immense tronc pour se reposer. Rassemblant un peu de bois mort, j’allumai un petit par magie, attirant les regards de mes compagnons qui semblaient à la fois fascinés et inquiets. La magie n’était pourtant pas si rare, pourquoi réagissaient-ils ainsi ? Le repas se fit dans le même silence que le reste de la journée, chacun perdu dans ses pensées, trop occupé à mâcher pour tenter d’engager une conversation. Devais-je être l’instigatrice ? Je ne savais même quoi dire pour démarrer une conversation vu le peu de volonté des deux autres possibles interlocuteurs. Parler du village ? Mauvaise idée puisque Wollar était apparemment un exilé… quelque chose me vint finalement.

- Combien de temps mettrons-nous pour atteindre le lieu en question ?

Wollar releva la tête de sa gamelle, dardant son regard doré sur moi, semblant réfléchir avant de répondre. Je n’étais pas bête, je savais qu’il nous faudrait au moins une semaine pour atteindre le lieu prévu, la Mère Firma me l’avait expliqué. La réponse de Wollar fut donc une surprise.

- Quatre jours si nous traînons, en comptant celui-ci. Enfin ça c’est si nous ne rencontrons aucun prédateur trop affamé.

Il énuméra une liste non-exhaustive de créatures pleines de dents, griffes, pointes, venins et mandibules qui pourraient être dangereuses et j’eus rapidement mon compte. Comment pouvaient-ils survivre sur cette île avec toutes ces créatures dangereuses ? La question fit simultanément sourire les deux Worans. Ce fut Valah qui répondit, approuvé d’un hochement de tête par Wollar.

- Nous sommes les plus dangereux de tous, tout simplement.

J’eus une moue dubitative mais n’ajoutai rien. Leur assurance ne me déplaisait pas, mais elle ne me rassurait pas non plus. Rien ne pouvait les avoir préparés aux horreurs qui pouvaient peupler le temple du Dragon Mauve. Je n’étais pas mieux lotie, mais au moins j’étais consciente des risques, contrairement à ce qu’ils affichaient. Après cela, les langues se délièrent plus volontiers, à croire qu’ils attendaient simplement que quelqu’un ne fasse le premier pas. S’ils restèrent vagues sur leur peuple, disant qu’ils préféraient ne pas révéler de choses importantes à une étrangère, cela ne les empêcha pas de me poser une foule de questions, notamment la raison de ma présence ici. Car même s’ils n’étaient pas marins, ils savaient qu’une barrière naturelle entourait l’île et les alentours et qu’aucun bateau ne passait par ici.

- Je suis ici pour obtenir un objet qui me permettrait de me protéger de l’obscurité afin de la vaincre. J’ai réellement fait naufrage à cause de l’attaque d’une salamandre, mais je ne suis pas ici par hasard.

Le fait que je recherche un artéfact agissant contre les forces sombres sembla intriguer les deux Worans. Encore un rapport avec leur légende j’imaginais. Valah semblait traiter la légende de l’Envoyé d’Utu avec sérieux et je me gardai bien de lui dire que tout ça n’était que les manigances de Firma, je voulais d’abord en discuter avec Alyah quand elle reviendrait. La nuit finissant par recouvrir d’un voile sombre toute la masse végétale, il fut temps d’éteindre le feu et de dormir, Wollar insistant pour veiller, se disant parfaitement capable de passer une nuit sans dormir. Allongée sur un tapis de feuilles relativement confortable, j’espérai sincèrement que le reste du voyage serait aussi calme que cette journée.


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » mar. 28 mai 2019 11:48

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Réveillée par une étrange sensation, je me relevai, l’esprit toujours légèrement brumeux. Le jour ne perçait pas encore la cime des arbres, mais quelque chose m’avait perturbé dans mon sommeil et il fallait que je sache quoi. Je voyais Valah toujours allongée au sol, endormie et Wollar nous tournait le dos, veillant toujours au grain. D’où venait cet étrange sentiment qui m’avait éveillé soudainement ? L’impression d’être épiée ne me plut guère et je me levai, veillant à ne pas faire de bruit. Mais je n’étais pas habituée à la sensibilité des Woran, et Wollar se retourna aussitôt, me regardant avec un œil intrigué. Je me contentai de le saluer de la tête tout en commençant à m’éloigner. Il me retint par le bras, me disant très clairement de ne pas m’éloigner. J’inventai un mensonge qui le fit me lâcher aussitôt avant de me dire de ne pas trop m’éloigner. Au moins il respectait l’intimité, c’était bon à savoir.

Sans trop comprendre pourquoi, j’avais le besoin de trouver l’origine de la sensation qui s’emparait de moi. C’était comme si quelque chose m’appelait, oblitérant tout le reste, les sons de la forêt semblaient si lointains en comparaison. Quelle était donc cette étrange impression ? Contournant un large arbre, je tombai nez à nez avec une forme si blanche que je dus plisser les yeux pour essayer de voir ce que c’était. Un sentiment me submergea. L’affolement, le danger. Prévenir, il fallait les prévenir ! Puis tout disparut et la seule chose que je vis fut la terre sur laquelle je m’effondrai. Une voix familière me tira de mon étrange léthargie, une voix qui commençait à me manquer et que je fus heureuse d’entendre de nouveau malgré le ton alarmé qu’elle utilisait.

(Yliria ! Réveille-toi Yliria ! Que s’est-il passé ?)

Remettant de l’ordre dans mes idées, je m’assis sur le sol, quelque peu désorientée. Que venait-il de se passer ? Je ne comprenais pas. J’avais eu cette sensation. La mystérieuse forme blanche avait totalement disparut et les bruits de la forêt que je ne percevais plus revinrent peu à peu, comme si mes sens revenaient à eux en même temps que mon esprit.

(Alyah ? Je… je ne sais pas. Il y avait quelque chose.)

Qu’est-ce que je venais de vivre exactement ? Je n’en avais aucune idée. Je me rappelais nettement du sentiment d’affolement qui m’avait submergé. Prévenir quelqu’un, mais qui ? C’était à n’y rien comprendre. Alyah semblait toute aussi dubitative que moi face à mes propos incohérents quant à ce qu’il venait de se produire. J’avais le plus grand mal à expliquer avec des mots ce qu’il venait d’arriver. Finissant par reprendre mes esprits complètement, je me levai et retournai vers les Worans, encore perturbée par ce qu’il venait d’arriver. Wollar me lança un étrange regard tandis que je m’installai sans bruit sur la couverture qui m’avait tenue chaud cette nuit, mais il ne dit rien, n’ayant pas conscience de la tempête qui faisait rage dans mon cerveau, essayant de démêler les nœuds que cette étrange rencontre avait provoqué. Alyah eut apparemment du mal à capter mon attention, finissant par hurler dans mon esprit, me faisant sursauter. Une fois focalisée sur elle, elle ronchonna quelque peu.

(Excuse-moi Alyah, j’ai vécu quelque chose de bizarre.)

(Ce n’est pas une raison pour m’ignorer ! Mais bref, passons. J’ai trouvé Nyllyn et les autres. Ils sont bien plus au Nord, tu mettrais des jours à les retrouver, mais vu leur direction, ils se rapprochent du volcan, donc avec un peu de chance, tu les retrouveras facilement après avoir fouillé le temple.)

(Et Nyllyn, comment elle va ?)

(Elle… elle était secouée par ta disparition. Je l’ai vu agir en journée, on aurait dit que son esprit était ailleurs en permanence. J’ai insufflé l’idée que tu allais bien et que vous vous retrouveriez tandis qu’elle dormait et elle semblait aller mieux au réveil.)

(Merci Alyah ! Merci !)

(Je n’ai pas fini. Il y a quelque chose qui me tracasse. Je n’y avais pas prêté attention, mais il y avait quelque chose d’étrange au sein du convoi. Difficile de dire avec certitude quoi, mais quelque chose s’est passé, et je ne pense pas que ce soit lié à l’attaque de la Salamandre.)

Une bonne nouvelle ne pouvait visiblement pas venir seule, il fallait que quelque ne tourne pas rond, évidemment. Mais sans autre indication, je ne pouvais qu’attendre d’être réunie avec l’expédition pour m’apercevoir de mes propres yeux de quoi il en retournait. Et m’éclipser n’était pas une option. D’une parce qu’ils me retrouveraient facilement, les deux Worans connaissant mieux la forêt que moi, et de deux parce que, malgré tout, je voulais voir ce temple de mes propres yeux, trouver cette cape et sauver cet enfant. Être aidée par des habitants était rassurant et bien plus efficace. Il ne me restait plus qu’à prier Meno pour que rien n’arrive à Nyllyn en attendant.

Après un frugal petit-déjeuner, nous nous remîmes en route, suivant Wollar qui évoluait avec aisance dans toute cette masse végétale. Il semblait distinguer des choses qui me restaient invisibles, débusquant des sentiers cachés, des lieux pour se reposer qui apparaissaient comme par magie. Je trouvais ça fascinant. C’est comme si la forêt lui montrait le chemin et l’aidait dans ses déplacements. Valah était moins à l’aise que lui, bien qu’elle soit agile et se déplace avec aisance dans la forêt. Moi en revanche, j’avais du mal. J’avais beau être agile et relativement souple, les chemins étaient traîtres, je n’avais jamais le moindre repère et devait me fier uniquement à la vision du dos de Wollar ou de Valah et les journées de marche me laissaient exténuée. J’avais déjà fait de longues traversées à pied, que ce soit dans les plaines à l’Ouest de Yarthiss ou dans le désert ou les montagnes, mais il n’y avait pas cette humidité étouffante, ces racines géantes qui m’obligeait à les escalader ou les constantes mises en garde de Wollar qui mettaient à chaque fois mes nerfs à rude épreuve.
Le soir du troisième jour, il me prit à partie tandis que Valah montait la garde un peu plus loin.

- Demain nous devrions arriver en bordure du volcan, j’ai aperçu quelques dépôts cendreux. A partir de là, je ne serais plus d’aucune utilité en tant que guide, je n’ai jamais été aussi près de cet endroit malsain.

- Je comprends. Vous tenez toujours à venir ? Vous risquez votre vie.

- Si je peux retrouver la place qui est mienne, je suis prêt à faire les sacrifices nécessaires. Et… renoncer alors qu’une enfant trouve le courage d’affronter un tel endroit serait une preuve que je mérite mon exil.

- Vous me surestimez, je suis morte de trouille.

Cela le fit sourire.

- Il n’y a pas de courage sans peur. Je ferai mon devoir en vous protégeant, Envoyée.

- Je ne suis pas…

- Je connais votre point de vue et, malgré ce qu’a pu dire la Mère Firma, je suis convaincu que vous n’êtes pas totalement là par hasard, que vous en ayez conscience ou non, et elle a dû le sentir aussi, malgré tout.

Je ne répondis pas, pensive. Tout cela me laissait perplexe.

- Je dois avouer être surpris, bien peu réfuterait quelque chose pouvant leur apporter gloire et reconnaissance, même d’un peuple différent.

- Je me fiche de la gloire ou de la reconnaissance, je laisse ça à ceux qui ont le temps de s’en vanter.

- Vraiment ? Alors pourquoi faire tout ceci ? Venir sur cette île ?

- Pour trouver la force de combattre mes ennemis.

- Quitte à risquer votre vie ?

- Cela vous parait-il si étrange ?

- Venant de la bouche d’une enfant ? Oui.

Je n’étais plus une enfant, plus depuis cette fameuse nuit où ma vie avait basculé d’un seul coup d’un quotidien monotone mais joyeux en une vie de choix difficiles, de combats et de moments où ma vie était tenue par le seul fil du Destin ou celui d'un lame, amie ou ennemie. Elle m’avait privé de ma vie ce soir-là et il fallait que j’en recommence une autre. C’était ce que j’avais fait, en quelque sorte. Tous ces voyages, toutes ces rencontres avec toujours le même objectif, même si le doute commençait peu à peu à m’envahir depuis la rencontre avec ce mage qu’Elle avait envoyé. Ma seule motivation était la vengeance à l’origine. Maintenant, je n’en étais plus si sûre.

Je n’essayai pourtant pas de le faire comprendre à Wollar. Il n’avait pas besoin de savoir, ça ne le regardait pas. Tout ce qui importait, c’était de trouver ce temple, d’y pénétrer, de trouver l’enfant, la cape, et de ressortir en vie pour retrouver Nyllyn. Tout le reste était secondaire pour le moment. Une fois le repas terminé et les tours de garde décidés, je pris le temps de me perdre dans mes pensées. Allongée sur le sol, je scrutai la cime à peine visible à la tombée de la nuit, les quelques flammèches et étincelles du feu laissant une étrange lueur sur les troncs adjacents. L’esprit tourné vers les récents événements, j’essayai de voir une quelconque intervention extérieure, un signe, quelque chose qui pourrait justifier un tel enchaînement d’événements. La seule chose qui me vint avant de dormir fut la forme d’un blanc pur que j’avais aperçu et sa mise en garde qui restait dans un coin de ma tête. Sans savoir ce qui allait se produire, difficile d’anticiper un quelconque danger et encore moins de prévenir qui que ce soit. Et qui devais-je prévenir ? Je n’y comprenais rien et le sommeil ne tarda pas à me faire perdre le fil de mes pensées, Alyah me conseillant doucement de ne pas m’inquiéter et de dormir. Parfois je me disais qu’elle en savait plus que ce qu’elle ne voulait bien me dire.

(C’est pour ton bien, dors maintenant.)


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 20 juin 2019 18:08

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Le lendemain, le réveil fut calme et la marche reprit. Valah semblait de plus en plus fébrile à mesure que nous approchions du volcan dont nous pouvions parfois ressentir la chaleur portée par le vent. Selon Wollar, nous y serions en fin de journée, avant si nous pressions le pas et Valah avait visiblement décidé de se presser. Je ne pouvais pas vraiment lui en tenir rigueur. Elle devait être morte d’inquiétude pour son jeune frère. Je voyais Wollar lui jeter de furtifs regards, comme s’il essayait de capter son attention, mais sans succès. Il cessa son manège lorsqu’autre chose attira son regard. Il s’arrêta, s’accroupissant sur le sol pour le détailler tandis que j’en profitai pour boire une rasade d’eau fraîche. Le front soucieux qu’il arbora en se relevant me fit froncer les sourcils. Je n’eus pas besoin de poser la question qu’il nous informa aussitôt de ce qu’il avait repéré.

- Une meute de kragen, une douzaine au vu du nombre de traces, peut-être plus.

Ne sachant pas ce que c’était, je lui offris un air dubitatif qui le fit soupirer. Comme si je connaissais tout le bestiaire d’une île où je n’aurai jamais pensé mettre les pieds un jour !

- Un animal relativement faible seul, mais redoutable en groupe, très agile et intelligent. Ils n’attaquent que rarement les nôtres, même en étant en supériorité numérique car ils n’aiment pas prendre de risques. Mais s’ils sont affamés et que nous les croisons…

La menace était claire et mieux valait pour nous ne pas tomber sur une meute de ces créatures. Wollar m’en appris un peu sur cet animal qui pouvait grimper aisément aux arbres et courir à une vitesse ahurissante pour attraper la proie sur laquelle il avait jeté son dévolu. Pas vraiment très rassurée, je jetai fréquemment des coups d’œil aux alentours en avançant, sans rien repérer. Heureusement notre guide avait une solution, simple, mais qu’il disait être suffisamment efficace pour dissuader les kragens de nous confondre avec leur prochain repas.

- Si nous restons groupés, ils ne tenteront rien. Ils sont suffisamment intelligent pour rapidement évaluer leurs chances et ils préfèrent les proies isolées et sans défense.

- Et s’ils attaquent quand même ?

Je n’essayai même pas de cacher mon angoisse. Me battre contre un adversaire armé était une chose, essayer de ne pas finir dévorée par des créatures d’une jungle inconnue en était une autre et je n’étais pas du tout prête pour ça. Il me regarda avec un air étrange avant de poser une main sur mon épaule, comme pour me rassurer.

- Restez près de moi et tout ira bien.

Je hochai la tête en signe d’assentiment, espérant que nous n’aurions pas à combattre une meute de créatures de ce genre. Soudainement, nos déplacements devinrent bien plus lents et nous étions bien moins espacés les uns des autres. Valah, qui n’avait pas décroché un mot, avait compris le danger et s’était immédiatement rapprochée de nous et chacun évoluait en collant pratiquement son voisin. Mon cœur menaçait à chaque bruit de quitter ma poitrine et je me demandais combien de temps je parviendrai à tenir ainsi. La main posée sur la poignée de mon épée, j’avançais derrière Wollar lorsque celui-ci se jeta soudainement en arrière, me plaquant au sol alors que quelque chose bondissait au-dessus de nous, frôlant probablement son dos. Écrasée et à demi sonnée par le choc, je secouai la tête tandis qu’il se relevait en toute hâte, sortant une arme faite de corde et de pierre qu’il m'avait décrit comme était des bolas. Très pratique pour chasser, mais j’avais un doute sur leur utilité dans une telle situation. Valah m’aida à me relever et se campa sur ses jambes, sa lance pointée vers l’opposé de là où regardait Wollar. Déglutissant, je sortis ma propre lame, me retenant de l’enflammer. Au beau milieu d’une forêt aussi touffue que celle-ci, je n’osais pas utiliser ma magie, de peur de déclencher l’incendie du siècle et de tuer absolument tout ce qu’il pouvait y avoir aux alentours, nous y compris. Je scrutai les alentours avec frénésie, essayant de repérer d’où pouvait surgir l’un des kragens. Mais rien, pas un son plus haut que le reste, pas de mouvement inquiétant, rien qu’un immobilisme angoissant. Wollar finit par avancer, prudemment, scrutant autour de lui à chaque pas et je le suivis, concentrée à tenter de percevoir quelque chose qui semblait ne jamais vouloir venir.

- Restez près de moi, c'est dangereux.

Pas besoin de me le dire deux fois. SI même lui trouvait cela dangereux, c’était que la situation était critique et je n’allais pas jouer les fières à aller au-devant du danger comme une idiote suicidaire, cela m’avait top souvent été néfaste par le passé, je devais être plus réfléchie, plus calme, plus…

- Attention !

Le cri de Valah perça le silence et mes pensées tandis qu’un kragen se jetait sur elle, la faisant chuter. Je me précipitai et donnai un coup avec ma lame, mais l’animal, trop vif, bondit en arrière et nous toisa une demi-seconde avant de disparaître dans le sous-bois. Valah se releva, une légère plaie barrant son front. Elle semblait davantage vexée que blessée et regarda Wollar avec un certain énervement, comme s’il était responsable, ce qui m’étonna. Celui-ci ne fit pas attention et restait focalisé sur les alentours.

- Ils nous testent. Il suffirait d’en blesser quelques-uns pour qu’ils abandonnent. Restez vigilantes.

Notre progression reprit, lente et laborieuse. Les attaques survenaient toujours, avec une irrégularité qui nous empêchait de les prévoir. Un kragen surgissait de nulle part, tentait de griffer ou mordre, puis disparaissait avant que nous ne puissions réagir. Ce petit manège eut lieu trois ou quatre fois et Wollar et Valah avaient tous deux quelques blessures superficielles. Je remarquai qu’aucune des attaques ne me visait moi, ce dont je m’étonnai après la cinquième attaque.

- Soit ils vous jugent trop puissante et se méfient de vous. Soit vous êtes une jeune à leurs yeux, ce qui fera de vous leur cible prioritaire lorsque vos gardiens, nous en l’occurrence, seront suffisamment affaiblis, pas avant.

C’était donc quitte ou double. Cela n’avait rien de rassurant. Un cri étrange survint et le sous-bois se déchira soudainement, plusieurs kragens passant simultanément à l’attaque en bondissant des fourrés. Wollar hurla quelque chose que je ne compris pas, trop occupée à me jeter au sol pour éviter les griffes de celui qui m’avait sauté dessus. Il me passa à quelques centimètres et se retourna tandis que je me relevai. Et ce fut là que je compris. Ils commençaient à nous séparer. Valah était à une dizaine de mètres, évitant les assauts de trois d’entre eux, tandis que Wollar faisait de même de l’autre côté. Je me précipitai pour le rejoindre mais le kragen ne l’entendait pas de cette oreille et cracha un long jet liquide de couleur marronnasse, me forçant à me jeter au sol. J’entendis distinctement le liquide toucher quelque chose te se mettre à grésiller. Mes yeux virent un arbre fumer tandis que le crachat rongeait son écorce, me laissant quelque peu pantoise.

(Ils crachent de l’acide en plus ? C’est quoi cette île, par Meno ?!)

Un cri me fit me retourner tandis que deux kragens se joignaient au premier pour me foncer dessus, mâchoires ouvertes et griffes en avant. Trop de dents, trop de griffes. Je n’eus pas le temps de réfléchir à comment faire, je me contentai d’agir, par instinct. Une boule de feu se concentra dans ma main libre et fusa sur le kragen le plus proche, pénétrant sa mâchoire ouverte en l’envoyant valser un bon mètre en arrière où il s’écroula tandis que les deux autres s’éparpillaient, probablement surpris. Je me ruai sur le blessé pour l’achever rapidement avant qu’il ne puisse régir, plantant ma lame dans ce que j’imaginais être là où se situait son cœur. Il s’arrêta de bouger, à mon grand soulagement, et je pus rapidement évaluer la situation. Valah était hors de vue, mais Wollar avait apparemment réussi à se débarrasser d’un des kragens qui le harcelait et courrait vers moi, deux autres aux trousses, mais qui s’écartèrent lorsqu’une boule de feu jaillit dans ma main. Ils décampèrent sans rien essayer de plus et Wollar me fit signe de le suivre. Courant quelques dizaines de mètres, je vis Valah aux prises avec un nombre croissant de kragens. Il devait y en avoir une demi-douzaine à présent. Elle était montée sur un tronc couché au sol et les tenait en respect avec sa lance, faisant de grands moulinets pour les écarter, tailladant les plus téméraires.

Wollar se mit à leur foncer dessus en hurlant pour attirer leur attention et cela fonctionna au-delà de toute espérance, puisque d’autres kragens convergèrent vers nous depuis les alentours. Je me ruai à sa suite, me concentrant surtout sur le fait de ne pas tomber. Lancer une boule de feu ne me semblait pas judicieux, je me contentai de la garder à la main pour les effrayer, ce qui eut un effet tout relatif lorsque l’un d’entre eux claqua ses mâchoires à quelques centimètres de ma main. Repoussant un instant ses assaillants distraits par les vociférations de Wollar, Valah parvint à sauter du tronc où elle s'était perchée et à nous rejoindre. Les kragens fondaient sur nous, il me fallait courir, le plus vite possible.

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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 20 juin 2019 18:21

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La course folle dura un moment qui me parut à la fois très court et très long. Wollar nous guidait, esquivant de son mieux les attaques des kragens qui commençaient, lentement mais sûrement, à nous fatiguer. Les deux worans étaient couverts de griffures. Je m’en sortais mieux grâce à mon armure, mais j’avais une estafilade sur le front qui saignait abondamment et gênait ma vue. Finalement, notre course folle s’arrêta lorsqu’un kragen parvint à sauter sur le dos de Wollar et à le faire tomber. Valah et moi nous précipitâmes sur lui, donnant chacune un coup de notre arme pour tuer l’animal. Mais le mal était fait et nous étions totalement encerclés. Valah aida Wollar à se relever tandis que j’essayais de tenir la meute en respect avec mon arme et ma boule de feu. Ils n’osaient pas trop s’en approcher, mais cela ne durerait pas, il nous fallait un plan pour fuir, et vite.

Pourtant, ce fut bien différent de ce que j’imaginais. Les kragens se mirent soudainement à tous regarder dans la même direction, puis l’un deux émit un son et ils s’éparpillèrent dans toutes les directions, disparaissant dans la forêt sous nos yeux médusés. Wollar, sentant que quelque chose clochait, nous prévint de nous tenir sur nos gardes puis, alors qu’il levait les yeux, je le vis immédiatement tourner la tête.

- Un basilic, ne le regardez surtout pas ! Suivez-moi, nous devons atteindre le volcan !

Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était cette créature, mais je ne me fis pas prier et suivis le woran, Valah sur mes talons. J’avais une sensation désagréable, comme si la peau de ma nuque me brûlait par moment, mais Alyah me fit bien comprendre de ne surtout pas me retourner et de continuer à courir. Je sentais que nous n’étions plus très loin. La jungle devenait moins touffue, l’air semblait plus sec et surtout plus chaud. Valah poussa un cri qui précéda le bruit d’un choc sourd sur le sol et je fis immédiatement volte-face pour aller l’aider. Sur elle se tenait une sorte de lézard géant, la maintenant au sol de sa patte griffue tandis qu’une longue queue se balançait.

(Ferme les yeux ! Si tu rencontres son regard, tu es morte !)

J’obéis aussitôt et reçus un coup qui m’envoya voler contre un arbre, me coupant la respiration quelques secondes.

(Et je fais comment pour aider Valah et tuer cette bestiole si je ferme les yeux ?)

(Je vais te guider, et puis tu as déjà fait ça une fois, avec Lichia, tu sauras le refaire !)

Facile à dire, Lichia n’essayait pas de me tuer et n’était pas une bestiole écailleuse de près de trois mètres de long. Je me relevais tant bien que mal, gardant malgré tout les yeux fermés. J’entendais Wollar jurer et Valah se débattre, mais pas moyen de situer la créature avec seulement mon ouïe.

(A ta droite !)

Pas le temps de réagir que quelque chose de massif me heurtait de plein fouet, me jetant de nouveau au sol, ses crocs, ou griffes, s’enfonçant dans mes côtes, me faisant crier de douleur. Je frappai d’un coup de ma lame, à l’aveugle. La pointe perfora nettement les écailles de la créature et un liquide poisseux coula sur ma main quand j’enfonçai mon arme jusqu’à la garde dans le corps de la créature. Elle cria de concert, me lâchant immédiatement lorsque je retirai la lame d’un coup sec. Pas moyen de savoir où je l’avais touché, mais je l’entendis s’éloigner. Grimaçant, je me redressai et jetai un œil inquiet à ma blessure. Rien de très grave, mais j’avais surtout peur qu’elle ait des crocs ou griffes empoisonnés, ça n’aurait rien d’étonnant pour une créature de cette île. Mais, selon Alyah, ce n’était pas le cas. Il pouvait en revanche griller mon cerveau d’un simple regard… merveilleux.

(Il est parti ?)

(Non, il est dans les arbres, il attend le bon moment je pense.)

Je retins un juron de justesse et me remis debout en fermant les yeux de nouveau. J’eus le temps d’apercevoir Wollar et Valah, dos à dos, guettant eux aussi l’arrivée de la créature, les yeux rivés sur le sol. Manière différente, résultat similaire, mais mes yeux étaient ce que j’avais de plus efficace pour trouver un ennemi. Privée de la vue, je voyais difficilement comment m’en tirer sans trop de dégâts. Je me mis malgré tout en garde, essayant de repérer des sons qui auraient pu trahir la créature. Une branche qui craque, le bruissement du feuillage, des feuilles écrasées, n’importe quoi qui pouvait indiquer une direction. Rien. Enfin, beaucoup de bruits, mais rien qui m’indiquait ce que je recherchais, les sons environnants masquaient totalement ceux que pouvaient faire le basilic.

(Alyah, je n’y arrive pas ! il y a trop de bruits.)

(Tu n‘es pas concentrée.)

(Le fait d’être en danger de mort tend à me préoccuper un peu, oui !)

(Ce n’est pourtant pas la première fois.)

(D’habitude je peux voir ce que j’affronte, ça aide ! Et ça n'a jamais été facile je te rappelle !)

Un choc sourd derrière moi me fit me retourner en plaçant ma lame en position défensive, plus par réflexe qu’autre chose. Bien m’en prit, parce que la créature me percuta violemment, me projetant une fois de plus au sol. Cette fois-ci, je laissais tomber la prudence et créais une aura de feu pour repousser le reptile. Cela ne lui fit ni chaud ni froid et il plongea de nouveau ses griffes au même endroit, perçant pour de bon mon armure et mes côtes. La douleur, atroce, me fit hurler et complètement perdre la concentration pour maintenir ma magie qui s’éteignit aussitôt. Je sentais le souffle de la créature sur moi tandis qu’elle cherchait à atteindre ma gorge, sa mâchoire bloquée par ma lame. J’avais dû lui couper quelque chose parce qu’un liquide poisseux coulait sur le bras tenant ma lame, mais impossible de vérifier avec sa tête si proche de la mienne. Mon autre main, repoussant le plat de ma lame pour l’empêcher de trop s’approcher de ma gorge, était inutilisable ainsi et lancer un sort allait être extrêmement compliqué dns cette situation. J’entendis Alyah me hurler quelque chose dans ma tête mais je n’avais ni le temps ni la possibilité de m’y attarder, je devais me sortir de là ! D’un mouvement du coude, je fis glisser la lame d’un coup sec, tranchant manifestement quelque chose vu le cri que poussa la créature. Cela ne fit que l’énerver car je me sentis être soulevée du sol et violemment projetée. Mon dos heurta un tronc et le choc me fit lâcher mon arme qui tomba hors de ma portée immédiate. J’entendis nettement la créature me foncer dessus et me concentrai pour faire apparaître deux orbes de feu que j’envoyai à l’aveugle dans la direction supposée du basilic.

(Ton arme, sur ta droite !)

Je plongeai au sol, espérant récupérer ma lame avant que la créature ne m’atteigne. Je sentis la morsure de l’acier, m’entaillant la paume de la main dessus, mais peu importait, je n’étais plus désarmée et, même si la différence n’était pas énorme, cela me rassurait tout de même. Les pas de la créature se firent discret puis plus rien. Un cri d’Alyah me fit rouler sur le côté juste à temps pour éviter de finir écrasée par le basilic qui avait probablement bondit depuis un arbre proche.

(Mais elle est increvable ou quoi cette bestiole de malheur?)

(Tes boules de feu n’ont pas eu l’air de beaucoup l’affecter. Elles devaient manquer de puissance.)

(J’essaie de m’économiser !)

(Comme si c’était le moment !)

Le pire, c’était qu’elle avait raison …

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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » jeu. 20 juin 2019 20:26

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Bondissant sur le côté, j’évitai une nouvelle attaque du basilic qui semblait infatigable, contrairement à moi. Impossible de placer une boule de feu à l’aveugle sans me fatiguer davantage et mes esquives étaient toujours in extrémis, et seulement parce qu’Alyah parvenait à m’indiquer la direction adéquate. Il fallait que je puisse voir la créature pour l’affronter, cela devenait crucial. Sa capacité à tuer d’un regard était beaucoup trop handicapante.

(Il faut que je parvienne à atteindre ses yeux et à les lui crever !)

(Si tu penses vraiment faire ce à quoi tu penses… c’est complètement stupide et dangereux, mais ça devrait fonctionner.)

(Je n’ai pas le choix de toutes façons, j’ai l’impression de l’avoir mis en rogne.)

(Ah ça c’est sûr, tu lui as coupé la langue, perforé une patte et roussit les écailles, il a l’air furieux et entièrement concentré sur toi.)

Ça aurait pu me réjouir qu’il soit blessé ainsi, mais la blessure que j’avais au flanc droit me faisait un mal de chien et je perdais un peu plus de force à chaque minute qui passait, je devais en finir au plus vite avant d’être trop épuisée pour agir.

(Alyah !)

(A mon signal… Maintenant !)

Au lieu d’esquiver l’attaque comme je le faisais depuis un moment, je fonçai sur la créature et lui sautait dessus lorsqu’Alyah me donna le signal. Ça n’eut pas l’effet escompté car elle m’envoya au tapis d’un coup de patte qui me laissa sonnée quelques secondes, temps suffisant pour qu’elle attrape ma jambe et commence à la broyer entre ses mâchoires. Je ne cherchai même pas à la faire lâcher prise, me contentant de frapper sa tête de ma lame. Deux coups à l’aveugle suivis d’un rugissement. Elle me lâcha et Alyah me décrivit rapidement qu’elle se roulait sur le sol.

(Tu as eu un œil ! profites en !)

Facile à dire, j’avais la jambe en miette, probablement une ou deux côtes cassées et j’avais tellement mal que j’en pleurais de douleur.

(C’est maintenant ou jamais Yliria !)

Je me redressai tant bien que mal et, guidée par Alyah, bondissai d’une jambe sur le basilic, enfonçant ma lame jusqu’à la garde dans ce que j’espérais être la tête de la créature. Elle se débâtit violemment, me ballottant tandis que je restais accrochée à mon arme, essayant de me concentrer suffisamment. Je pus enfin embraser ma lame qui, enfoncée dans la chair du monstre, la fit rugir de nouveau. Une horrible odeur de chair carbonisée emplit l’air et le monstre se débâtis avec d’autant plus de rage, fou de douleur. La lame finit par ressortir et un balancement de tête m’envoya une nouvelle fois au sol où je restais quelques instants, essayant de reprendre mon souffle et de faire abstraction de la douleur qui commençait à réellement m’handicaper.

(Il va te charger ! Yliria !)

Il fallait tenter le tout pour le tout. Je mis toute la puissance encore disponible dans la boule de feu qui apparut dans ma main. Paume faisant face à la créature, j’inspirai avant de propulser le projectile enflammé avec toute la puissance qu’il me restait. J’espérai que ça suffise à l’arrêter. Quelques secondes plus tard, l’animal me percuta violemment et s’effondra sur moi, m’écrasant contre le sol. Je n’osais pas ouvrir les yeux pour vérifier l’état de la créature, me contentant d’essayer de m’extraire. Bien m’en pris, parce qu’elle n’était pas morte et je sentis son souffle s’approcher. J’enfonçai ma lame aussi fort que je le pus, mais elle ne fit qu’entailler les écailles, mon bras manquait de force, j’étais complètement vidée. La créature sembla se redresser, ou glisser… je ne savais plus trop. Tout mon corps me faisait mal, je n’arrivais plus à discerner les sensations normales de la douleur. Je sentis par contre nettement que quelque chose de poilu se posa sur mon front, et la voix de Wollar s’éleva. Elle était lointaine, comme s’il n’était pas là, mais à une centaine de mètres. Je ne comprenais pas ce qu’il me disait. On me souleva, on m’enleva mon sac et on me fit boire. Je reconnus le goût d’une des potions que j’avais dans mon sac. Je remerciai intérieurement celui qui avait eu cette lumineuse idée. La suite fut quelque peu confuse, parce que je gardais les yeux fermés. Pas parce que je craignais encore le basilic, simplement parce que cela aurait demandé trop d’énergie et que je n’en avais plus. Pourtant mon corps refusait de s’endormir. J’aurai pourtant préféré. Lorsque la potion se mit à agir, ressoudant les chairs et les os, la douleur fut insoutenable. Je parvins de justesse à ne pas sombrer dans l’inconscience, aidée par les mots d’Alyah et les soins des worans. Je finis par arrêter de souffrir après un temps qui me parut une éternité. J’haletais, j’étais couverte de sueur, et probablement de sang aussi. Plusieurs fois on me fit boire, doucement, jamais plus de deux gorgées. Une histoire d’estomac touché je crois…

Je ne me rappelai pas avoir sombré, mais le réveil fut moins douloureux et violent que je l’aurai cru. J’ouvris doucement les yeux, sentant la douce chaleur d’un feu non loin et apercevant la voûte étoilée. J’étais enroulée dans une couverture et on m’avait retiré mon armure. Bouger s’avéra encore douloureux, aussi restai-je allongée après une seule tentative, laissant échapper un gémissement qui fit apparaître le visage de Wollar au-dessus du mien. Il ne dit rien, soutenant ma tête pour me faire boire quelques gorgées d’eau avant d’appliquer un linge humide sur mon front et de s’asseoir à côté, restant visible pour que je n’ai pas à tourner la tête.

- Comment vous sentez-vous ?

- Mal…

Je n’avais pas vraiment la force de parler et il le comprit, se contentant de remonter la couverture et de veiller au grain alors que je somnolais de nouveau. Le second réveil, au lever du soleil si j’en jugeais par la luminosité, fut nettement plus claire et bien moins douloureux. La potion avait pris son temps, mais elle avait fini par faire effet. A moins que ce ne soit les soins des deux worans, puisque ma jambe et mon torse étaient recouverts de tissus imbibés d’une étrange odeur, probablement un onguent local. Me redresser fut délicat et Valah fronça les sourcils en me voyant, appelant Wollar avant de me forcer à m’allonger de nouveau.

- Restez au sol, vous avez besoin de repos.

- Le temps presse… votre frère.

Valah prit un air étrange, un mélange de culpabilité et de...gêne ?

- Je sais… mais vous n’êtes pas rétablie.

Wollar, qui écoutait en silence, renchérit.

- Nous ne sommes plus très loin, mais si quelque chose venait à nous attaquer, vous seriez trop faible pour vous défendre. Nous avons vu votre combat et…

- C’était surtout un sacré coup de chance que je m’en sorte, je l’avais compris seule…

- J’allais dire que vous vous en êtes remarquablement sortie face à une créature de cette envergure. Même nos plus vaillants chasseurs évitent les basilics.

(Ils n’ont pas une Faera comme moi pour les épauler, c’est tout !)

Le ton condescendant d’Alyah me tira un léger sourire et je hochai la tête pour dire aux deux worans que je comprenais. Je m’étais trop souvent surestimée et avais foncé tête baissée. Cette fois, il valait mieux être préparée et en forme, surtout vu ce qui nous attendait encore. Et nous n’étions même pas arrivés devant le temple.


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » ven. 21 juin 2019 00:05

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Je restai alitée jusqu’en milieu de journée avant de finalement être capable de me lever. La potion, additionnée aux onguents, avait fait des merveilles et la majeure partie des blessures avaient disparu, même si j’avais encore d’énormes tâches violettes sur la peau et quelques douleurs au flanc. Valah semblait peu encline à me laisser me relever, mais je pus lui démontrer que tout allait bien après quelques échauffements. Son inquiétude, alors qu'elle était restait de marbre depuis le début de ce périple et ne parlait presque pas, était étonnante, mais bienvenue. Il fallait que je pense à remercier Sorinion pour les potions en rentrant, c’étaient de vraies petites merveilles. Nous reprîmes donc la route vers le volcan et, je l’espérais, la cape. Malgré quelques légères faiblesses dues à une atmosphère de plus en plus étouffante et avec tout de même un certain contrecoup lié au combat, je ne m’en sortis pas trop mal. Puis la forêt laissa place à un endroit que je qualifiai intérieurement d’apocalyptique. Des pentes de roches noires sur lesquelles étaient visibles des veines rougeoyantes qui serpentaient jusqu’à la mer où qui se refroidissaient à quelques mètres seulement des premières plantes. Pas le moindre animal en vue à l’exception de quelques oiseaux qui survolaient les flancs de la montagne qui semblaient fumer en permanence en crachant de noires volutes épaisses et probablement irrespirables. Une terre désolée surmontée d'une montagne noire menaçante. Un endroit parfait pour un lieu maudit en somme.

- L’entrée se situe sur un des flancs, plus haut. Êtes-vous sûre de… ?

- Oui, allons-y.

Pas de temps à perdre, je n’allais pas reculer maintenant alors que nous étions sur le point de trouver l’entrée. L’ascension fut relativement simple. Seule la chaleur pouvait être un obstacle, la lave rendant l’atmosphère étouffante, et j’y étais habituée à présent. Je m’attendais presque à ce que des créatures surgissent des veines de lave, mais rien de tel ne se produisit et nous pûmes avancer sans rencontrer de résistance. Parfois la lave jaillissait un peu plus violemment des ruisseaux qu’elle produisait, projetant quelques éclaboussures sur le sol, nous obligeant à bondir en vitesse pour ne pas en recevoir. J’eus un étrange pressentiment lorsque nous parvînmes à mi-chemin, comme si quelque chose ou quelqu’un m’observait, mais j’eus beau scruter les alentours, je ne vis rien et cela, loin de me rassurer, me fit me tenir encore davantage sur mes gardes. J’aperçu un curieux promontoire rocheux, étrangement sculpté à même la montagne. On pouvait y distinguer de vieilles ruines étranges. Les pierres écroulées semblaient luire et je sentais de la magie dans l'air, bien que j'étais incapable de savoir de quelle magie ou de quel sort il pouvait bien s'agir. Nous progressâmes au milieu des pierres et j'eus le sentiment que ce lieu cachait quelque chose. Puis elle apparut. Large double porte d’un noir profond, sculptée à même la montagne, ouvragée en représentant un immense dragon crachant du feu, suivi pas une horde d’humanoïdes levant leurs bras décharnés vers lui. Les humanoïdes me semblèrent étranges, très maigres, les côtes saillantes, sans aucun cheveux... étant donné les détails apportés au reste des bas-reliefs, cela me semblait étrange, ils ne ressemblaient pas à des humain, elfes ou thorkins. Je tendis la main pour effleurer la pierre des doigts, mais je retins mon geste. Il y avait quelque chose d’étrange avec cette porte. Nous étions à l’ombre, entourés de roches noires, et pourtant, elle semblait éclairée comme en plein soleil, elle brillait. J’interrogeai mentalement Alyah.

(Je sens des fluides de lumière là aussi. Il y a un enchantement sur cette porte, mais impossible d’en déterminer la nature.)

(Je risque quelque chose selon toi ?)

(J’en doute… enfin je ne peux pas être certaine, mais je pense que cette porte a été scellée pour empêcher les forces obscures de la franchir. Tu devrais y parvenir, en théorie.)

Cela ne me rassura guère. Scellée certes, mais pour empêcher d’entrer, ou de sortir ? Et si la porte était scellée, il y avait quelque chose qui clochait dans toute cette histoire. Je me tournais vers Valah avec un regard soupçonneux.

- Comment votre frère a-t-il pu entrer si la porte, qui est probablement le seul accès, est scellée ?

Regard gêné puis léger sourire coupable. Cela me suffit. Il n’y avait jamais eu d’enfant Woran piégé dans cet endroit. Elle expliqua qu’ils voulaient seulement que l’Envoyé pénètre dans le temple et accomplisse son devoir et que la survie d’un enfant aurait été une motivation plus importante qu’une récompense qu’ils ne pouvaient de toute façon pas offrir. Apparemment la mère Firma lui avait confié cette mission le matin de mon départ, pour ajouter du réalisme à toute la mascarade. On se fichait de moi depuis le début, mais bizarrement cela m’ôta un poids. Wollar aussi sembla surpris par la révélation, probablement que, de par son statut d’exilé, il n’avait pas été mis au courant. Il se tourna vers moi.

- Ma mission reste inchangée, je dois vous protéger. Que comptez-vous faire ?

Je posai de nouveau mon regard sur l’immense porte enchâssée dans la pierre. Que faire ? La réponse était simple, j’allais faire ce pour quoi j’étais venue jusqu’ici. Mission ou non, le fait était que l’objet que je convoitais était probablement là-dedans. Savoir qu’aucun enfant ne risquait de mourir était un soulagement qui n’allait pas m’empêcher d’ouvrir cette porte. Mais puisque nous n’étions pas pressés par le temps.

- Faisons une pause avant d’entrer. Nous ne savons pas ce qui se tient là-dedans, un peu de repos ne fera pas de mal, puisque nous n’avons finalement pas de raison de nous hâter.

Je savais que cela permettrait également à la caravane de se rapprocher d’après les dires d’Alyah, donc avec un peu de chance, je pourrais les apercevoir le lendemain. Les deux worans acquiescèrent et dressèrent un campement sommaire avec mon aide. Chacun vaqua à ses occupations et je me mis à examiner la porte plus en détails. Il fallait bien trouver un moyen de l’ouvrir, mais rien n’était visible qui aurait permis de pousser ou tirer l’immense battant. Cela me laissa perplexe et je cherchais une réponse dans les bas-reliefs gravés là. Mais à part le fait que la vénération pour le Dragon gravé en son centre était flagrante, l’examen de la porte ne m’apporta rien.

(Tu peux juste essayer de la pousser non ?)

(Et me prendre un sortilège en pleine figure ? Non merci.)

(Je pense que c’est une barrière pour empêcher ceux voué à l’ombre d’y entrer ou d’en sortir. Ce n’est pas ton cas. J’y ai bien réfléchi et je suis sûre que tu ne risques rien. Sinon tu peux crier Mellon, on ne sait jamais.)

(C’est quoi encore cette histoire ?)

(Rien rien… bon tu vas l’ouvrir ?)

(Tu es sûre de toi ?)

(Hum… disons qu’il y a une petite marge d’erreur dans mon raisonnement, mais elle est minime, insignifiante. Allez, zou, ouvre moi ça.)

(Tu es sûr que…)

(ZOOOUUUU)

Je retins un soupir avant de poser les deux mains sur les battants et de pousser. Cela n’eut pas l’effet escompté, la porte resta figée, immobile. J’étais tout près du but et le seul accès était bloqué. La poisse !


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » ven. 21 juin 2019 00:20

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Je n’essayai pas d’ouvrir la porte de la soirée, laissant l’obscurité s’installer en espérant trouver une idée d’ici là. La chaleur émise par le volcan n’était pas aussi insoutenable que je l’aurai cru et j’y fus rapidement habituée. Le repas fut sommaire bien que moins silencieux qu’à l’ordinaire, les deux Worans échangeant beaucoup dans un dialecte qui m’était inconnu. J’aurai pu être vexée d’être ainsi mise de côté par les deux habitants de l’île, mais j’avais autre chose en tête et mon regard dérivait rarement de la porte. Alyah et moi étudions toutes les possibilités, mais rien de ce que je connaissais sur la magie ne pouvait m’aider. Détruire la porte n’était tout simplement pas une option, cela nous était impossible et même si c’était possible, cela me semblait être une mauvaise idée. Si elle était censée retenir quelque chose à l’intérieur, il était crucial de ne pas laisser cette chose s’échapper. Entrer était tout aussi dangereux, parce que je n’avais aucun moyen de savoir si la porte se refermerait ou non, mais je n’avais pas fait tout ça pour finalement rebrousser chemin devant l’entrée et il était toujours possible que la porte se scelle d'elle-même. La magie permettait beaucoup de choses dont je n'avais toujours pas conscience.

(Une idée ?)

(Une, mais pas sûre que cela fonctionne. Retourne vers la porte.)

(Et après ?)

(Tu verras…)

Avec si peu d’informations, j’étais réticente, mais Alyah insista jusqu’à ce que j’accepte et me lève, surprenant les deux worans qui se gardèrent pourtant de tout commentaire. Alyah me fit m’asseoir face à la porte avant de me dire d’apposer la paume sur la pierre. Il n’y avait pas de changement et je le lui fis remarquer, mais elle m’ordonna de me concentrer et de cesser de parler. Je retins un grognement et fermai les yeux en inspirant.

(Il faut que tu ressentes l’énergie magique qui se dégage de la porte.)

Toujours pas plus avancé, j’essayais plusieurs choses. Inspirer puis expirer lentement, pousser légèrement, tenter de lancer un sort, mais rien. Ce petit manège dura un moment, et je finis par me lasser. Je n’avais jamais absorbé de fluides autrement qu’en buvant des potions. Ce n’était même pas un fluide mon propre élément, comment étais-je supposer absorber quelque chose comme ça alors que je ne le ressentais et ne le voyais même pas ?

(Tu ne fais pas d’effort !)

(Je suis fatiguée surtout, je verrais ça demain.)

Dépitée, je m’allongeai sur ma couche en ignorant la présence boudeuse d’Alyah dans mon esprit. Ce qu’elle pouvait être pénible quand elle s’y mettait ! Je n’abandonnais pas, je faisais une pause. S’acharner ne m’apporterais rien, j’en étais certaine, il me fallait simplement réfléchir, prendre le temps. Peut-être que la solution m'apparaîtrait après une nuit de sommeil.

Il fallait avouer qu’au réveil le lendemain, aucune idée n’avait miraculeusement germé et nous étions toujours bloqués devant cette porte de malheur. Le soleil perçait à travers la voûte céleste, nimbant le flanc de la montagne sombre d’une lumière plus que bienvenue. Assise devant la porte, je sentais la caresse des rayons du soleil. La douce chaleur était bienvenue après la nuit étrangement froide qui avait eu lieu. La porte brillait toujours et les rayons du soleil semblaient en amplifier l’effet, la pierre semblait luire d’une manière bien plus vivace que la veille au soir. Comme alors, j’inspirais profondément et comme la veille, je n’avais pas moindre idée de ce qu’Alyah pouvait bien attendre de moi. Toujours boudeuse de ma réaction de la veille, elle restait muette, envoyant seulement des réponses monosyllabiques d’un ton grincheux à chacune de mes questions. Je laissai tomber et me concentrai sur la porte. J’avais retenu le conseil d’Alyah et essayais de ressentir l’énergie magique qui se dégageait de la porte. Le silence et la sensation de la pierre froide furent longtemps les seules choses que je parvins à percevoir. Puis quelque chose d’autre s’alluma, une sensation différente, à la fois familière et totalement nouvelle. J’inspirai profondément, laissant la sensation m’envahir. Un picotement me prit dans le bout des doigts, remontant lentement le long de mes bras avant qu’une sensation de calme ne m’envahisse soudainement. J’ouvrai les yeux, constatant que mes mains et mes bras semblaient s’être illuminés d’eux-mêmes. J’aurai dû paniquer, mais je me sentais étonnamment calme, comme si je savais que je ne risquais absolument rien. Puis mes bras et mes mains redevinrent normaux tandis que la sensation évoluait au sein de mon corps, se propageait avant de finalement disparaître. La sensation de calme finit par s’évanouir et je me tournais vers les deux worans qui me regardaient avec des yeux ronds.

- Qu’avez-vous fait ?

- Je…

J’en savais rien. C’était la stricte vérité, je n’avais aucune idée de ce qu’il venait concrètement de se passer. La seule chose dont j’étais sûre, c’était que la pierre était devenue bien plus sombre à mes yeux. Intriguée, je posais de nouveau la main dessus. Simplement, comme si elle n’avait jamais opposé la moindre résistance, elle s’ouvrit sur un abîme d’un noir profond rehaussé de lointaines teintes rougeâtres. Je me figeai devant l’entrée et jetai un œil aux alentours, craignant une attaque. Rien ne se produisit et je scrutai les ténèbres qui stagnaient au cœur de l’édifice enfoui sous la montagne. Aucun mouvement et un silence oppressant. Voilà ce qui nous attendait dans ce sombre lieu empli de mystère. Les deux worans profitèrent de mon inspection pour rapidement plier le camp et me rejoindre. Je vis à leurs yeux qu’ils étaient méfiants, mais déterminés.

- Vous n’avez aucune obligation de m’accompagner là-dedans. Dire que je n’ai pas survécu au basilic est tout à fait crédible.

J’entendis Valah pouffer et Wollar soupirer.

- Ma mission est de vous garder en vie. Dire cela reviendrait à avouer mon échec et je préfère encore mourir. Et je n’ai qu’une parole, je ne vais pas abandonner.

- Même si ma mission était seulement de m’assurer que vous entriez en ce lieu, il serait lâche de ma part de vous y abandonner après tous ces secrets et manipulations de mon peuple à votre égard. Et entre nous, je suis curieuse de savoir ce que cet endroit nous réserve, j’ai envie d’en savoir plus.

Un woran d’honneur tenue par une promesse, une woran curieuse en mal d’aventures et…moi … une chouette équipe en somme. Je leur offris un sourire entendu avant de fixer mon regard vers les ténèbres du temple.

(Ce n’est plus le moment d’hésiter…)

Enflammant ma lame pour éclairer, je pris la tête de notre trio et m’enfonçai dans l’obscurité étouffante de ce lieu maudit. Je jetai un dernier regard vers la base de la montagne, espérant apercevoir les silhouettes que j’espérais voir. Mais rien n’était visible, aussi inspirai-je profondément avant d’avancer pour de bon.

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(((HRP: Tentative d’absorption naturelle d'1PM de fluide de lumière)))
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » lun. 1 juil. 2019 14:27

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Une exploration risquée


Aussitôt que notre trio pénétra dans le temple, je sentis quelque chose m’oppresser. La magie sombre semblait avoir totalement imprégné l’endroit, cela me rappelait mon combat contre le mage shaakt. Même si je ne ressentais aucun effet malsain, il y avait cette sensation étrange, cette oppression qui m’enserrait la poitrine d’une appréhension et d’un sentiment de malaise qui n’allait probablement pas s’arranger en s’enfonçant davantage dans le temple. Je pensais que les deux worans ressentaient la même chose que moi, mais vu leur incompréhension lorsque je posai la question, je trouvai ça étrange. Pourquoi avais-je cette sensation désagréable contrairement à eux ? Un lien avec la magie de la porte ? Un lien avec le fait d’avoir déjà subi les assauts d’une magie sombre ? Tout était possible et je n’étais pas certaine de réussir à connaître la réponse.

Après moins d’une dizaine de mètres, la porte se referma soudainement derrière nous, me faisant sursauter et nous plongeant dans une obscurité presque totale. J’avais enflammé mon épée et il y avait bien une étrange lueur rougeâtre qui nous parvenait de je ne savais où, mais c’était là les deux seules sources de lumière, le reste étant totalement plongé dans le noir. Pour mes yeux, ce n’était pas un problème, mais je n’étais pas aussi confiante pour les deux worans. Ils semblaient d’ailleurs jeter des regards inquiets autour d’eux et ne me quittaient pas d’une semelle, ce qui m’étonna.

- Nous ne sommes plus sous la protection d’Utu dans cet endroit sombre. Nous préférons combattre sous son regard lumineux, cela nous rend plus forts.

Je n’avais pas du tout envisagé cela.

- Mais… mais pourquoi me suivre alors ? Vous saviez que…

- Oui, nous en avions conscience. Nous accompagnons Son Envoyée, nous saurons nous montrer à la hauteur, n’ayez crainte.

J’affichai une moue dubitative. Ils prenaient trop à cœur cette histoire d’Envoyé et cela me faisait craindre le pire. Mais savoir qu’ils ne flancheraient pas avait au moins le mérite de me donner un semblant de sentiment de sécurité. J’étais bien plus rassurée avec deux alliés que seule au cœur de ce lieu. La faible obscurité ne me dérangeant guère, je pus observer avec une certaine attention l’intérieur de l’édifice. Creusé à même la roche, les murs n’en restaient pas moins sculptés et étrangement lisses. De hautes colonnes montaient jusqu’au plafond en voûte et des statues menaçantes gardaient le tout dans de larges alcôves creusées dans les murs, leurs yeux sombres et froids semblant nous suivre tandis que nous avancions dans un long couloir. Le sol était étrangement dallé, semblant représenter quelques motifs complexes qui n’évoquaient absolument rien à Alyah. L’obscurité, l’oppression et l’inconnu me rappelèrent ma première expédition dans le mausolée aux abords du territoire de Yarthiss. J’espérai intérieurement que le déroulé serait différent et davantage en ma faveur cette fois.
Le couloir se termina soudainement et j’écarquillai les yeux devant ce qui nous attendait. Une immense salle que nous pûmes éclairer grâce des braseros qu’enflammèrent les Woran, me laissant avancer prudemment au centre de la pièce, épée levée pour éclairer le plus possible. D’imposantes colonnes similaires à celles du couloir soutenaient une immense voûte. Une grande estrade en escalier était au centre de la pièce. Je montais les trois marches pour essayer d’en découvrir plus, mais la pièce ne contenait rien de plus et aucune gravure n’était visible. La pierre était marquée par endroits, comme si quelque chose se tenait là et avait été enlevé, mais impossible d’en savoir davantage. Avec la lumière des braseros, la salle paraissait plus grande, mais aussi étrangement menaçante, les colonnes étant sculptées pour représenter un dragon surmontant des corps qui peinaient à le soulever, lui et le trône sur lequel il était installé.

(Charmant…)

Je ne pris pas le temps d’étudier les colonnes en détail, Valah me faisant signe, m’indiquant plusieurs portes de part et d’autre de la salle, un total de quatre, plus une cinquième, bien plus large, au fond de la pièce. L’exploration allait prendre du temps s’il fallait explorer chaque chemin, mais nous n’avions guère le choix. Il fallait procéder par élimination et je proposai de commencer par la première sur la droite et de terminer par la plus grande. Wollar acquiesça, tout comme Valah qui s’avança aussitôt vers la porte. Je l’arrêtai, lui indiquant qu’il fallait être prudent, qui pouvait savoir quel genre de pièges pouvait avoir été posé. Elle me regarda avec circonspection.

- Pourquoi y aurait-il des pièges ?

Et sans attendre ma réponse, elle ouvrit la porte. Je soupirai, à la fois de soulagement, parce qu’aucun piège ne se déclencha, mais aussi de dépit en voyant Valah aussi peu attentive à son environnement. C’était pourtant du bon sens, de faire attention à ne pas activer un piège dans un lieu inconnu et visiblement abandonné, surtout au vu des histoires entourant les lieux. Valah me jeta un regard intrigué qui faillit de faire soupirer de nouveau, mais je n’ajoutai rien, me contentant de regarder ce qui était visiblement une pièce de rangement, du genre placard à balais ou pièce de stockage.

- Oui bon, d’accord, pas de piège pour ce genre de pièce.

Visiblement peu intéressée pour fouiller une pièce aussi peu importante, Valah ressortit aussitôt, mais je fis quand même l’effort de jeter un œil attentif, les apparences étant parfois trompeuses. Pas dans ce cas visiblement, ce n’était qu’une pièce de stockage. La seule chose qui restait était des coupes et autres contenants que je ne pris pas la peine de prendre. J’en examinais un rapidement pour me donner bonne conscience avant de la reposer à sa place. De simples coupes en bois, rien de bien intéressant.

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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » lun. 1 juil. 2019 14:34

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La porte située à l’opposée débouchait également sur une pièce de stockage, en tout point semblable à la première. Pour un début d’exploration, tout ceci était relativement calme et lorsque la troisième porte s’ouvrit, je m’attendais presque à une autre salle de stockage, mais à la place se fut un étroit et sombre couloir qui nous accueillit. Disposant de la seule source de lumière, je passai devant, prudemment, inspectant le sol et les murs avec attention. Des portes étaient visibles de chaque côté, toutes avec un motif différents dessus. Cela me rappelait curieusement les runes que j’avais sur moi, mais tout en étant foncièrement différent. Les portes ne dégageaient aucune énergie magique et les pièces qui se trouvaient derrière étaient simplement des chambres, pour la plupart sommaires et sans rien d’intéressant à l’intérieur, à l’exception d’un parchemin dans l’une, et d’une bourse vide dans l’autre. Rien de bien utile donc, aucune indication sur ce que je cherchais et pas la moindre trace de vie pour le moment. La porte opposée s’ouvrit sur le même couloir qui débouchait sur le même genre de chambre sommaire qui ne contenait absolument rien. Un peu déçue, je retournai dans la grande salle, me postant devant la large et haute porte sur le mur opposé à celui par lequel nous étions arrivés.

La porte en elle-même ne présentait aucune particularité, mais en la poussant, une chaleur étouffante nous prit soudainement et mes yeux s’écarquillèrent devant le spectacle offert par ce qui s'offrait à mon regard. La salle, de taille modeste comparée à celle précédente, était lumineuse. Pas parce qu’un sort permettait de l’éclairer, mais parce que des coulées de lave descendaient le long des parois pour se faufiler dans les entrailles de la montagne. Accolés à ces veines de lave, d’immenses fours, des enclumes, des outils par dizaines, des râteliers pas toujours vides, attendaient patiemment que quelqu’un remette en route l’immense forge que j’avais devant les yeux. Le spectacle était impressionnant et je m’approchai d’un des râteliers contenant encore les restes d’armes fabriquées ici. Elles étaient faites d’un métal plus sombre encore que l’obscurité environnante et j’entendis Alyah murmurer dans mon esprit.

(De l’Olath…)

(Qu’est-ce que c’est ?)

(Un métal qui contient une puissance liée aux fluides, ce qui leur donne des propriétés uniques. Enfin ce métal en particulier tu ne l’apprécieras pas je pense. Le Xiuhl, celui de feu, te conviendrait mieux j'imagine.)

En effet, un métal lié à l’obscur ne m’intéressait guère et de toute façon, même si les lames étaient en bon état, le reste des hampes et poignées étaient très abimées. Je laissais donc tout ça en place, avec dans l’idée de peut-être repasser par là pour récupérer le métal. Cela pouvait toujours servir… ou se revendre, ma bourse commençait sérieusement à m’envoyer des appels à l’aide. Je m’éloignai des râteliers, rejoignant les deux Worans et nous reprîmes le chemin vers l’autre bout de la salle, scrutant tout de même les murs dans l’espoir d’apercevoir une cavité ou une porte, mais rien. Arrivant finalement à l’autre extrémité de la salle, je poussai la porte qui, comme toutes les autres, s’ouvrit sans artifices sur un escalier vertigineux qui s’enfonçait profondément dans les entrailles du volcan. Là encore, des coulées de lave serpentaient le long des parois entourant l’immense colimaçon. Il n’y avait pas de rambardes, glisser voulait dire faire un plongeon direct vers l’obscurité du lieu, aussi c’est avec mille précautions que j’entamai la descente, veillant bien à ne perdre l’équilibre malgré la largeur plus que correcte des marches.

(Tu ne vas pas tomber, avance.)

(C’est plus fort que moi, tu as vu la hauteur ?)

(Effet d’optique. Il n’y a que quelques dizaines de mètres tout au plus.)

Je fronçai les sourcils et regardai de nouveau en bas. Le fond du gouffre semblait se rapprocher à mesure que je le fixai et c’est Valah qui me retint par l’épaule.

- On ne tombe pas ! Vous vous penchiez un peu trop.

- Hum… merci.

J’avais un sentiment étrange en fixant le fond. Je n’avais pourtant pas peur de la hauteur, j’étais venu ici dans un immense engin volant au-dessus des nuages. Quelque chose n’allait pas, j’avais l’impression de me faire happer par le vide, c’était déroutant. La descente de l’escalier ne fut en effet pas aussi longue que j’aurai pu le croire et nous parvînmes rapidement dans une salle aux dimensions tout simplement gigantesques. Creusée à même la roche, la salle devait faire plusieurs centaines de mètres de long et de large, et plusieurs dizaines de mètres de haut, dépassant probablement l’escalier que nous venions de descendre. Çà et là, des colonnes brisées gisaient au sol et chaque morceau de roche était plus grand que moi. On pouvait voir d’étranges marques sur le sol et les murs, d’immenses traces de griffes, des zones noircies et en partie fondues. Quel cataclysme avait bien pu se passer ici ? C’est comme si deux énormes monstres s’étaient affronté au cœur de cet endroit et avaient en partie endommagé tout ce qui se trouvait autour d’eux. Je pris un instant pour examiner des traces au sol. Les profonds sillons qui striaient la roche étaient plus larges que ma main. J’espérais que la ou les créatures qui avaient fait un tel ravage n’étaient plus en ces lieux. Avançant vers le centre de la pièce, j’essayais d’apercevoir l’autre bout, mais la taille de la pièce et l’obscurité qui régnait en ces lieux rendait la chose peu aisée.


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » lun. 1 juil. 2019 14:42

<< Auparavant


Quelque chose attira pourtant mon attention dans cette obscurité. Quelque chose était différent au cœur de cette salle, comme si un élément n’y avait pas sa place, comme une flamme fugace au cœur d’un blizzard.

- Vous sentez ça ?

Les deux Worans me regardèrent, perplexes et je fronçai les sourcils avant de me diriger d’un bon pas en direction de ce qui m’intriguait autant. Alyah m’encouragea, semblant intéressée, presque impatiente, ce qui me parut étrange. Puis ils apparurent. Deux immenses squelettes au cœur des ténèbres.

- Des dragons…

Le murmure de Wollar ne m’échappa pas et je m’approchai des squelettes, comprenant que cette sensation d’énergie magique provenait de l’un d’entre eux. Le squelette semblait différent de l’autre, il dégageait quelque chose et semblait luire, comme si quelque chose enveloppait ses os. La sensation était semblable à celle ressentie à l’extérieur, comme si la magie était similaire, bien que largement atténuée. Un résidu de l’immense pouvoir magique qui habitait le dragon. Je ramassai une dent au sol, de la taille de ma paume et décidai de la garder pour l’étudier plus tard. J’allais pour continuer l’exploration, mais Alyah m’arrêta brusquement.

(Attends Yliria… ce serait du gâchis.)

(Du gâchis ? De quoi tu parles ? Je ne peux pas transporter ça, tu as vu la taille du squelette ?)

(Je ne te parle pas de ramener de vieux os, mais de récupérer le fragment de pouvoir qu’ils contiennent encore.)

Je restai dubitative devant l’idée de ma faera, l’entendant pousser un soupir d’exaspération.

(Tu l’as presque fait devant la porte. Si tu m’avais écouté, tu aurais absorbé le pouvoir magique ambiant.)

(C’est possible ça ? Je n’en ai jamais entendu parler !)

(Et bien c’est chose faite. C’est pour ça que tu as été sensible à l’énergie magique, à ce résidu, parce que tu as déjà laissé la magie de lumière passer à travers ton corps. Maintenant, il faut que tu fasses la même chose, mais que tu la conserves en toi, que tu te l’appropries.)

(J’ai du mal à en voir l’intérêt…)

(Simple, la lumière combat les ténèbres, soigne les blessures, guérit les maux et protège. Si tu es toujours celle que tu étais avant d’entrer dans ce temple, je sais que tu ne passeras pas à côté de ça.)

Elle avait parfaitement raison, j’en vis l’intérêt au moment où elle termina son explication.

(D’accord, comment je fais ?)

Le sentiment de victoire qu’elle me transmit me fit lever les yeux au ciel et je m’agenouillai près du squelette, attirant la curiosité et l’incompréhension de Wollar.

- Que faites-vous ?

- Je vais tenter de m’approprier un pouvoir pour nous aider face à l’obscur. Je ne sais pas combien de temps cela peut prendre donc…

Il ne me laissa pas terminer et hocha la tête avant de sortir ses armes et de discuter rapidement avec Valah qui hocha la tête à son tour, me jetant un regard étrange où j’y décelai un soupçon de curiosité. Alyah me rappela à l’ordre. Je me focalisai donc sur le squelette, posant les deux mains dessus, même si Alyah précisa que c’était totalement inutile pour absorber le fluide. Je fermai les yeux et inspirai profondément, essayant e suivre les conseils d’Alyah. M’ouvrir au flot magique… rien que ça me prit un certain temps, ce fut une sensation diffuse au début, très légère. Puis, à force de focaliser mon esprit dessus, j’identifiai un flot, comme un petit ruisseau, mais fait de magie, de lumière. Elle était là, cette magie, ondulant faiblement, résidu ancien d’un être d’une incroyable puissance.

(C’est ça, concentre toi. Fais venir la magie à toi, attire-la, puis retiens-la, fais la tienne.)

Plus facile à dire qu’à faire, mais je n’abandonnai pas. Me focalisant uniquement sur la sensation de le flux d’énergie, j’essayai de m’y accrocher, de le saisir délicatement, comme s’il risquait de rompre à chaque seconde. Tout cela se passait sans aucun mouvement, simplement d’un point de vue magique, c’était nouveau et étrange, mais très intriguant et je m’efforçai de faire venir à moi ce flot que je percevais à peine. Ce fut long, et je crus parfois qu’il allait s’étioler, m’échapper pour s’évanouir, ce fragment de magie. Mais je parvins à l’attirer et la sensation lorsqu’il intégra mon corps fut à la fois nouvelle et très semblable à ce que j’avais déjà vécu avec la porte. Pas de picotements désagréables, mais la sensation d’une douce caresse remontant le long de mon corps, faisant légèrement scintiller ma peau.

(Ne te déconcentre pas, il faut que tu la fasses tienne, sinon elle va s’évanouir ! )

Elle avait raison, l’effet faiblissait et je me focalisai de nouveau dessus, recommençant à l’attirer à moi. Ce fut long, très long. Chaque petite déconcentration rendait la chose plus difficile et c’était stressant, la magie semblant s’affaiblir dès que je relâchai ma vigilance. Mais à force d’insister, à force de persévérer, la magie finit par intégrer mon corps et la sensation de calme et de sérénité qui m’envahit brièvement tandis que mes mains et mes bras scintillaient faiblement me fit un bien fou alors que je m’écartai du squelette désormais terne. Je m’assis quelques instants, respirant profondément, sentant cette nouvelle énergie au sein de mon corps. Ce n’avait pas été fatiguant au sens propre, mais la concentration nécessaire était tout de même éprouvante et je pris quelques instants pour me calmer, buvant un peu d’eau avant de me relever. Je sentis les regards curieux des worans mais ne préférai rien leur dire pour le moment, me contentant d'un hochement de tête pour leur signaler que tout allait bien. Je me remis debout et m’étirai avant de regarder en direction de l’autre bout de l’immense salle.

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(((HRP : tentative d’absorption d'un PM de fluide de lumière. La magie dans les restes du dragon/prêtre de lumière a été vue en accord avec le lore du lieu avec GM9)))
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » lun. 1 juil. 2019 14:47

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Soudain, Wollar posa une main sur mon épaule et me fit signe de ne pas faire de bruit. Il s’accroupit derrière une colonne effondrée, Valah faisant de même et je les imitai, un peu surprise.

- Que se passe-t-il ?

- Nous ne sommes pas seuls… il y a des bruits de pas.

Je jetai un œil inquiet vers la porte et, après quelques instants, des silhouettes apparurent. Six au total, toutes armées, ce qui n’augurait rien de bon. En étudiant rapidement le groupe, je remarquais quelque chose, une arme que j’avais déjà vue. Une lance avec une large lame recourbée à son extrémité. Cela ressemblait bien trop au type croisé à Kers et qui avait attaqué Nyllyn.

(L’un d’eux a des fluides de Lumière…c’est étrange.)

L’un d’entre eux était en effet curieusement plus visible que les autres. Il brillait et semblait avoir des difficultés à avancer correctement, comme s’il était épuisé. Ils étaient tout de même une demi-douzaine et nous n’étions que trois, je ne voulais pas lancer un combat de front contre eux. Il fallait la jouer fine. Cachés derrière une colonne effondrée, les deux worans et moi observions le groupe avancer au cœur de la salle, s’approchant inexorablement de nous. Ils avaient tous des torches et semblaient préparés pour le combat, certains ayant même leurs lames tirées. Wollar m’interrogea du regard et je lui expliquais rapidement qui je pensais qu’ils étaient. Des fanatiques, ici pour m’empêcher de toucher à l’héritage du dragon qu’ils vénéraient… ou s’en emparer pour leur propre intérêt, la possibilité n’était pas à écarter. Cela le laissa songeur quelques instants avant qu’il ne hoche la tête.

- Nous allons les retenir, avancez.

- Quoi ? Mais vous êtes fous, ils sont six ! Armés et entraînés qui plus est. Je ne vais pas …

- Vous n’avez pas le choix ! Je ne sais pas quelle peut être l’entité que vous allez devoir affronter dans ce sombre lieu, mais vous ne pouvez vous épuiser sur ses serviteurs. Faites-nous confiance et allez-y.

Je jetai un regard à Valah qui hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, visiblement impatiente d’en découdre. J’hésitai. Je ne pouvais pas les laisser faire ça sans agir moi aussi. Je les condamnais à une mort probable s’ils y allaient ainsi, seuls.

- Laissez-moi au moins faire diversion et vous les prendrez en embuscade. D’accord ?

Wollar me regarda intensément et je crus qu’il allait refuser. Mais un sourire apparut sur son visage et il posa sa large main sur mon épaule.

- Je prie Utu que vous réussissiez à trouver ce que vous étiez venue chercher.

Cela ressemblait beaucoup trop à des adieux à mon goût, mais il ne me laissa pas le temps de répondre et fit signe à Valah de le suivre. Cette dernière m’adressa un signe de tête et, silencieusement, ils se déployèrent, chacun d’un côté, hors de vue du groupe et je restai seule, attendant le bon moment pour agir. Il fallait que cela soit réaliste pour ne pas éveiller leur attention tout en laissant suffisamment de temps aux worans de se mettre en position. Inspirant profondément, je m’éloignai soudainement en courant, attirant l’attention de la petite troupe. Un cri se fit entendre et je m’arrêtai, faussement essoufflée et surprise. Le chef de file ôta sa capuche et je reconnus sans peine le Sindel croisé à Kers qui me regardait en souriant, une joie non feinte mais malsaine se réverbérant dans ses pupilles.

- Comme on se retrouve… Je trouvais ça étrange de ne pas te voir au sein de cette expédition ridicule alors que ton amie y était… je comprends mieux.

La phrase me sortit immédiatement de mes gonds et je pointai ma lame vers lui, l’enflammant aussitôt.

- Qu’avez-vous fait à Nyllyn ?

- Ton amie ? Rien, pour le moment. Et si tu te rends bien gentiment cela continuera.

(Calme-toi Yliria, il ment et tu le sais.)

Alyah avait raison, je devais gagner un peu de temps, par perdre mes moyens et leur foncer dessus, même si l’envie me démangeait. Je ne savais pas où étaient les deux worans ni s’ils étaient prêts à lancer leur embuscade, mais je fis de mon mieux pour être le centre d’attention de tout le groupe. Je pris aussitôt une position de combat, de profil, genoux légèrement fléchis.

- Me rendre ? Je vous ai vaincu une fois, je peux recommencer.

Cela eut le don de l’énerver, car il fit tournoyer son arme sur le côté avant de pointer la lame vers moi, dans un geste qui se voulait sans doute intimidant, mais qui m’assura simplement que j’avais sa pleine concentration. Les autres tirèrent également leurs lames. Haches, épées et dagues. Le plus ennuyant restait le dernier, armé lui d’une arbalète et déjà en train de me mettre en joue. J’hésitais. Devais-je passer à l’action ? Fuir ? Maintenir cet étrange statu quo où personne ne bougeait vraiment et où le moindre mouvement déclencherait les hostilités ?

Hostilités qui prirent la forme d’une lance transperçant le dos de l’arbalétrier tandis que des bolas s’agrippaient au cou d’un épéiste, le faisant chuter tandis qu’il lâchait son épée dans un cri étouffé. Le groupe fit volte-face tandis que Valah et Wollar se jetaient sur les deux blessés, ce dernier me hurlant de finir ma mission. J’eus un instant d’hésitation, pouvais-je vraiment les laisser dans cette situation ? Le Sindel, pas dupe, profita de cet instant pour me foncer dessus, m’obligeant à esquiver son attaque et à le repousser. Wollar lui sauta dessus en me hurlant de sortir. Je ne comprenais pas. Nous pouvions les vaincre ! Pourquoi ne pas s’allier pour s’en débarrasser ? La réponse me vint presque au même moment que la question, lorsque d’autres torches furent soudainement visibles. Wollar me jeta un dernier regard et je hochai la tête. Ils pouvaient tous les deux fuir, j’avais bien remarqué leur vitesse et leur agilité, mais je les ralentirais. Faisant volte-face, je me ruai vers l’autre extrémité de la salle. J’entendais les cris et les bruits du combat s’intensifier derrière moi, la rage du Sindel surplombant le tumulte, me hurlant de revenir. Je parcourais les derniers mètres à toute vitesse, ouvrant la lourde porte aussi vite que possible avant de continuer ma course dans un long couloir en pente douce, qui se mit à tourner, tel un colimaçon, m’enfonçant un peu plus dans les entrailles du volcan. J’éteignis mon épée avant de la ranger, ne produisant qu’une faible flamme au bout de mes doigts, largement suffisante pour me permettre de me déplacer sans craindre de percuter quelque chose. J’eus l’impression de courir pendant une éternité, arrivant finalement en nage et complètement essoufflée à la fin de cet étrange escalier sans aucune marche et sans y voir grand-chose, ma flamme s’étant éteinte depuis longtemps. Seule l’obscurité m’accueillit dans une nouvelle salle de dimensions plus modeste que la précédente. En revanche, l’énergie magique qui se dégageait de cet endroit était si fort que j’avais l’impression de nager dedans, de m’y noyer. Magie loin d’être agréable et qui ne présageait rien de bon.


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 20:18

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Au cœur des ombres

J’avais l’impression d’étouffer, avançant difficilement alors que rien ne semblait pourtant gêner mes déplacements. C’est comme le lieu lui-même ne voulait pas de moi et me repoussait. Et pour combler le tout, la flamme que j’avais rallumée au bout de mes doigts semblait comme aspirer par l’obscurité, disparaissant finalement, me laissant dans le noir complet, m’obligeant à tirer mon épée et à l’enflammer, sans donner un résultat satisfaisant. Ce lieu semblait plus oppressant, plus sombre, plus malsain que les pièces précédentes, comme si le Mal avait imprégné chaque parcelle de pierre, chaque centimètre de dalle de cette pièce. Je ne percevais aucune présence, pas la moindre trace de vie ou de mort, un simple vide, un néant obscur et complètement…

(Yliria !)

La voix d’Alyah me tira de mes pensées et je sursautai en la voyant devant moi, lumineuse. C’était si rare qu’elle apparaisse ainsi devant moi. Elle semblait toujours se cacher ou me cacher des choses, cherchant à me manipuler telle une…

(Yliria ! Bon sang reprends toi !)

(Je comprends rien, qu’est-ce qu’il m’arrive… je… je me sens tellement … énervée… triste, je sais même plus.)

(C’est la magie sombre du lieu, elle t’empoisonne le cerveau. Il faut que tu te concentres. Je vais te guider d’accord ? Focalise-toi sur moi, sur ma lumière et sur ma voix. C’est clair ?)

(Oui… désolée, je ne le pensais pas… je…)

(Je sais Yliria, je sais. Suis-moi.)

Ce que je fis, me concentrant sur elle, sur sa silhouette qui semblait si lumineuse dans toute cette obscurité, comme un soleil miniature au milieu d’une nuit sans lune. Elle parlait, inlassablement, me rappelant des choses, me forçant à ne pas penser, car dès que je réfléchissais à quelque chose, mes pensées tombaient inexorablement vers le négatif ou le violent. Par moment, j’en voulais à Yuimen tout entier, puis l’instant d’après j’en venais à regretter d’avoir survécu jusque-là. La magie semblait accentuer chaque petite faiblesse que je pouvais laisser transparaitre, même pendant moins d’une seconde. A chaque fois, Alyah me rappelait à l’ordre, me remettait sur le droit chemin, brisait mes pensées pour que je me focalise sur elle et non sur le reste. J’avais l’impression de mettre des heures à faire dix mètres. Puis Alyah me signala quelque chose. Une porte, sur la droite et une autre en face.

Je me dirigeai aussitôt vers la porte de droite, une légère tension me prenant sans vraiment que j’en comprenne la raison. Touchais-je au but ou était-ce simplement un pressentiment, un avertissement instinctif ? Alyah guidant toujours mes pas et mes pensées, j’ouvrai la porte, dévoilant là encore, un néant absolu. Levant ma lame, j’essayai de voir quelque chose, distinguant finalement les contours d’un large lit, de divers meubles, tables, chaises et décorations. Une chambre, au beau milieu de ce lieu maléfique. Avançant prudemment, je constatai qu’il n’y avait rien de menaçant et entrepris de fouiller chaque tiroir, d’ouvrir chaque porte. J’y trouvais quelques vieilles fripes, beaucoup d’ouvrages sur la magie qu’il aurait été intéressant de prendre avec moi, mais je n’avais pas les moyens de transporter autant de livres, ni le temps de les sélectionner. Je les laissais donc en place, un peu déçue, faisant ricaner Alyah.

(Tu es devenue un vrai petit rat de bibliothèque.)

Sa remarque me fit lever les yeux au ciel et sourire en même temps et je constatai que cette pièce-là ne créait pas cet effet étrange que j’avais ressenti dans la précédente. Je me repris cependant bien vite, je n’avais pas le temps de lambiner. Je remarquai une commode bien plus ouvragée et précieuse que le reste des meubles présents, les tiroirs étant ornés de tête de dragons aux yeux fait de pierres précieuses. Difficile de passer à côté et elle devait sans doute renfermer quelques trésors ou objets précieux. Voire même… Un peu impatiente, j’ouvris le premier tiroir qui ne contenait que quelques pièces de tissu, d’un joli mauve, mais rien de bien intéressant ou de magique. Je les rangeai néanmoins dans mon sac, le tissu étant incroyablement doux, je me disais que je pourrais en tirer quelque chose un fois retournée à la civilisation. Le deuxième tiroir contenait un miroir et quelques petites pierres brillantes que j’examinai, intrigué par leur couleur jaune dorée. Ce n'était pourtant pas de l'or.

(Tu sais ce que c’est Alyah ?)

(Non. Je ne suis pas orfèvre, mais j’imagine que c’est précieux.)

Là encore je fourrai le tout dans mon sac avant de m’accroupir pour ouvrir le dernier tiroir qui contenait un objet que je n’aurai jamais cru trouver dans une commode. Je sortis donc le bouclier de là avant de l’examiner attentivement. A part son étonnante légèreté et sa surface polie intacte, il n’avait aucune particularité et ne dégageait aucune énergie magique d’aucune sorte. L’intérieur était composé de deux poignées espacées, une au centre et l’autre plus proche du bord, et il était entièrement métallique. J’en avais déjà vu de similaire ailleurs et je me dis que cela pourrait être utile, d’une manière ou d’une autre. Je défis mon sac et m’employai à l’y attacher avant de terminer de fouiller la pièce, ne trouvant rien d’autre à ma grande déception.

(Tu pensais vraiment que ce serait si facile ?)

(On peut toujours espérer.)

Je fouillai encore un peu, notamment sous le lit et en vérifiant les murs, mais je me rendis à l’évidence, il n’y avait rien de plus ici. Je sortis de la pièce, retrouvant l’atmosphère viciée qui n’atteignait curieusement pas l’intérieur de ce que je supposai être la chambre de l’ancien propriétaire des lieux. De nouveau, Alyah dut constamment me guider et chasser la noirceur qui tentait de s’infiltrer dans mon esprit. J’avais beau lutter, elle revenait toujours et cela sans que je n’explique comment. Je pris la direction de l’autre porte, mais un bruit attira mon attention et je tournai la tête vers sa source. Ceux-ci provenaient de l’entrée de la pièce et se rapprochaient rapidement. Puis le Sindel émergea de l’obscurité pour se ruer sur moi, sa lame déjà rougie, et j’esquivai son attaque d’un pas de côté avant de parer la suivante, nos lames s’entrechoquant dans une gerbe d’étincelles.

- Il n’y a personne pour te sauver cette fois, ni tes animaux de compagnie, ni ton amie.

- Espèce de …

(Tu t’énerveras plus tard ! Reste concentrée sur lui, ne prête pas attention à ses paroles !)

Il me repoussa avec force et se mit en position, sa longue lance à la lame étrange pointée vers moi. Un sourire carnassier apparut sur son visage tandis que je me mettais en garde à mon tour. Nous allions régler ça une bonne fois pour toute.

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Modifié en dernier par Yliria le dim. 7 juil. 2019 11:00, modifié 2 fois.

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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 20:26

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Ce fut moi qui attaquai la première, réduisant aussitôt la distance entre nous d’un bond. Il avait un énorme avantage au niveau de l’allonge de son arme, je devais le forcer à être sur la défensive. Le coup ascendant se bloqua contre le manche qu’il avait placé sur la trajectoire et j’évitai son attaque circulaire en me plaquant au sol avant de bondir de nouveau, sautant légèrement pour asséner un coup vertical qui s’écrasa de nouveau sur le manche de sa lance. Il me repoussa et je fis quelques pas en arrière pour être hors de portée de son arme. Les ombres diffuses produites par les flammes de mon épée donnaient à la scène une atmosphère encore plus glauque qu’elle ne l’était déjà. Le Sindel semblait à la fois ravi et contrarié. Le fait que j’ai réussi à atteindre le temple de son bien-aimé cinglé de dragon devait peser dans la balance et probablement qu’être seul avec moi pour me faire la peau devait le rendre jouasse. Je ne pensais pas mériter une quelconque haine, mais s’il voulait en arriver là pour une simple cape, il allait être servi.

- Jamais tu ne trouveras notre relique. Tu mourras ici, et les secrets de notre maître seront gardés jusqu’à son retour prochain.

Il aurait tout aussi bien pu me donner la météo, pour ce que j’en avais à faire, de lui, de son ordre de fanatiques et des secrets de son maître. Je n’étais là que pour une chose, la cape, rien d’autre. Voyant que je me fichais pas mal de ses paroles, il me chargea soudainement. Une boule de feu l’accueillit, le heurtant de plein fouet, s’écrasant sur son torse dans un grésillement. Cela arrêta sa charge et je pus lui foncer dessus à mon tour, glissant sur le sol pour lui entailler la jambe avant de le dépasser et de me retourner face à lui tandis qu’il grimaçait de douleur. Je ne lui laissai pas le temps de se remettre de l’attaque et enchaînai les assauts, veillant à ne suivre aucun schéma défini, attaquant rapidement pour l’empêcher de contre-attaquer. Attaque de tranche ou d’estoc, vertical ou horizontale, ascendante ou descendante, je ne lui laissai pas le temps de réagir autrement qu’en parant. J’avais trop longtemps été sur la défensive dans mes combats, c’était à moi d’attaquer maintenant. Aucun coup ne portait vraiment, mais quelques estafilades commencèrent à apparaitre à divers endroits du corps du Sindel. Il était grand et fort, impossible de ne pas l’avouer, mais j’étais plus rapide, plus fine, plus petite et agile, je devais juste en jouer. Chaque coup porté faisant voleter des flammèches qui manquaient de toucher la longue cape qu’il portait et je redoublai d’agressivité pour le forcer à commettre une erreur. Une seule erreur et le combat serait gagné.

Mais l’erreur ne vint pas de lui. Voyons une ouverture dans sa garde, je m’y engouffrai aussitôt, sans me rendre compte qu’il avait prévu cela. Le coup du manche de son arme que je reçus dans l’estomac me plia en deux et le coup-de-poing qui suivit me jeta au sol, de petite lumières dansant devant mes yeux. J’eus le réflexe de rouler et bien m’en pris en entendant l’épaisse lame de son arme fracasser le sol à l’endroit où je me trouvais quelques secondes plus tôt. Je me relevai rapidement, sentant mon nez libérer un flot carmin sur mon visage. Il ne m’avait pas loupé ! Le combat changea de main et ce fut lui qui commença à m’acculer. Je faisais de mon mieux pour esquiver, mais l’allonge de son arme rendait les ripostes difficiles et la puissance de ses coups me cantonnait à devoir absolument éviter de parer sa lame, de peur que le coup ne passe ma défense. Un coup particulièrement violent me força à m’accoler à une colonne en reculant et le Sindel jubila, parlant d'une voix chargée de mépris.

- Tu te défends bien pour une hybride, je dois le reconnaître.

Je sentais monter une colère en moi depuis un moment, et cela ne fit que l’accentuer davantage, sans savoir pourquoi. Je me fichai pourtant qu’on m’insulte dans un affrontement, tous les coups étaient permis lorsqu’ils s’agissaient de survivre, alors les insultes n’étaient clairement pas le pire que ce type pouvait faire. Pourquoi cela m’atteignait-il ? Il arma sa lance et lança son attaque, que j’esquivais différemment, me jetant en avant pour faire une roulade avant de planter ma lame dans sa cuisse. Mon arme chauffée à blanc transperça la jambe du Sindel comme du beurre et il hurla de douleur tandis que je retirai la lame, enchainant aussitôt avec un coup en pleine poitrine qu’il parvient néanmoins à dévier avant de reculer d’un pas, grimaçant de douleur.

- Vous êtes plutôt chiche pour un Sindel, il faut l’avouer.

Il me regarda avec une haine non dissimulée et je lui rendis un visage paré d’un air satisfait. S’il voulait jouer aux insultes et à celui qui énerverait l’autre le plus vite, j’avais de l’énergie à revendre pour ce petit jeu. Il se remit droit, tenant sa lance d’une main, l’autre fouillant une poche d’où il sortit un objet qu’il dissimula dans son poing. Croyant qu’il allait utiliser de quoi se soigner ou un objet dangereux, je me lançai vers lui. Il pointa son poing vers moi et l’ouvrit alors que je n’étais qu’à un mètre. Je compris mon erreur en voyant une petite pierre dans sa main et il prononça un simple mot. Une explosion de lumière jaillit de la rune, m’aveuglant complètement. Je reculai aussitôt, balayant l’espace devant moi de ma lame par réflexe, mon bras protégeant mon visage. Je sentis nettement quelque chose approcher et ma lame heurta celle du Sindel. Le choc faillit me désarmer et mon bras partit en arrière. Anticipant un probable coup, j’allumai une boule de feu et, lorsque sa lame pénétra mon flanc, elle partit aussitôt, le cri de douleur du Sindel faisant écho au mien alors qu’il reculait, retirant la lame de mon flanc qui se mit aussitôt à saigner abondamment. Je fouillai ma ceinture à tâtons et engloutis aussitôt une gorgée de potion tout en reculant, trébuchant stupidement sur un défaut du sol. Le bruit métallique que j’entendis en tombant me donna une idée et j’entrepris aussitôt de récupérer l’objet sous les indications d’Alyah, tandis que le Sindel approchait en claudiquant. Après l’avoir agrippé et avoir glissé mon bras à l’intérieur des poignées, je le plaçai aussitôt entre moi et le Sindel. La lame du fanatique se fracassa contre le bouclier, le son du choc se réverbérant dans la salle en un écho assourdissant. Mon bras encaissa moins de choc que je n’aurais cru et la lame du Sindel fut tout simplement stoppée net, à sa grande surprise. Je lui assénai un coup de talon dans le tibia de sa jambe blessée, le faisant tituber suffisamment pour me permettre de reculer et me relever en grimaçant, mon flanc saignant toujours. Le Sindel se remit en garde et me lança un regard mauvais. Je jetai un œil au bouclier qui avait tenu le coup et reportai mon attention sur le fanatique avant d’apercevoir quelque chose derrière lui qui me fit pâlir. Une sombre masse s’élevait et semblait prendre vie, sa forme s’épaississant et devenant plus nette chaque seconde. Le Sindel finit également par se retourner et je le vis reculer en boitant avant de courir vers moi, aucune animosité dans le regard, simplement la peur.

(Merde, Alyah qu’est-ce que c’est ?)

(Un élémentaire d’obscurité, et un gros. Il ne peut être détruit que par le soleil ou la magie de lumière.)

En voyant la masse sombre se former en une brume compacte qui prit une vague forme humanoïde, je reculai à mon tour. Cette créature bloquait les escaliers, mieux valait l’attirer ailleurs et espérer lui échapper pour retourner dans un endroit plus lumineux ensuite.

(Tu peux aussi la combattre, tu as des fluides de lumières à présent.)

Une idée qui ne m’enchantait guère pour le moment.


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Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 20:30

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Regarder une masse sombre prendre forme avait quelque chose d’envoûtant. Mais lorsque ladite forme commença à avancer, je ramassai mon sac et filai au plus vite vers la porte que je n’avais toujours pas ouverte, la blessure sur mon flanc me ralentissait, mais la douleur diminuait tandis que la potion se mettait lentement à faire effet. Le Sindel avait fait de même, malgré sa jambe blessée, et il y parvint juste avant moi, poussant le lourd battant qui se referma juste derrière moi dans un bruit sourd. Non loin l’un de l’autre, essoufflés tous les deux, nous nous regardâmes un instant. Ma main se crispa sur la poignée de mon arme tandis qu’il relevait la sienne. Mais la vision de l’ombre passant sous la porte et se reformant de l’autre côté me força à me focaliser sur elle. Elle était bien plus rapide que je ne l’imaginais. Je vis du coin de l’œil le Sindel fouiller ses poches, probablement à la recherche d’une autre rune. Mais je voyais difficilement quel genre de rune pouvait avoir un effet suffisant sur une créature pareil. D’après Alyah, il craignait et donc détestait la lumière et la magie qui y était liée, attaquant sans vergogne ceux qui en usait. Etait-ce ça dont parlaient les Worans lorsqu’ils mentionnaient une créature malfaisante qui hantait les lieux ?

Je préférai ne pas vérifier et scrutai la pièce du regard. Elle était en arc de cercle, avec toujours les mêmes colonnes et le même genre de voûte. Sur les murs je pus apercevoir des bas-reliefs, mais je ne m’y attardai pas suffisamment pour voir de quoi il s’agissait exactement. La seule chose qui attira mon regard fut l’imposant trône à l’extrémité de la salle. Mon rapide examen s’arrêta là, l’élémentaire commençant à se déplacer avant de se ruer sur le Sindel qui avait déjà commencé à s’enfuir vers l’extrémité opposée de la salle, droit sur le trône. Il était à l’origine de son « éveil », donc cela n’était guère étonnant que l’élémentaire veuille lui faire la peau selon moi. Je devais en profiter et laisser ces deux-là s’entretuer. Quelque chose m’empêcha cependant de le faire. Je n’avais toujours pas trouvé la fameuse cape, et j’avais pourtant fouillé toutes les salles que j’avais trouvées, exception faite de celle-ci. Et puis j’eus un doute en voyant le Sindel se ruer sur le trône.

(Ah le sale fils de…)

Je n’avais aucune certitude, mais s’il voulait récupérer un des artéfacts, se ruer sur le trône pouvait signifier qu’il y en avait un non loin de ce dernier. Je courrai donc à sa suite, armant une boule de feu que je lançai dans sa direction, la voyant s’écraser quelques pas devant lui, le forçant à ralentir. Il se retourna et brandit de nouveau une rune. Je me protégeai aussitôt les yeux et bien m’en pris. Un imposant rayon de lumière frappa l’élémentaire d’obscurité lorsque le Sindel cria le nom de la petite pierre de pouvoir. Un cri strident se fit entendre et la créature sembla rétrécir à vue d’œil avant que le rayon de lumière ne faiblisse et ne finisse par s’éteindre. D’une ombre géante, l’élémentaire était devenue d’une taille humanoïde bien moins impressionnante, mais toujours dangereuse selon Alyah.

(Sa taille le rend plus facile à éviter, mais si elle te touche, les fluides d’ombres vont faire des ravages.)

J’avais cependant plus urgent à faire. L’élémentaire semblait déterminer à tuer le Sindel et celui-ci ne pouvait à priori plus se défendre contre l’entité obscure. Il me regarda alors, tandis que j’enflammai de nouveau mon épée. La peur se lisait sur son visage. Puis l’élémentaire fondit sur lui et il hurla de douleur, appelant à l’aide, demandant grâce. Ses cris résonnaient dans la salle, se réverbérant contre les murs froids. N’en pouvant plus, je lançai une nouvelle boule de feu, frappant l’élémentaire dans ce que je pensais être le dos. Cela n’eut pas l’air de lui faire beaucoup plus d’effet qu’une petite tape amicale, mais il s’éloigna du corps à présent ravagé du Sindel. La peau de l’elfe gris était parcheminée, noire par endroit et il ne bougeait qu’à peine, respirant difficilement.

(Bordel Yliria, mais qu’est-ce que tu fous ?)

(Tu as entendu ses cris non… je … je ne pouvais pas le laisser subir ça.)

(C’est un ennemi, il voulait ta peau !)

(J’ai jamais dit que c’était logique… c’était instinctif. Regarde le maintenant, c’est horrible ! Et vu son état il ne pourra plus faire grand-chose.)

Elle soupira.

(Ce qui est fait est fait, j’espère juste que ça ne va pas faire empirer les choses. Le feu ne sert à rien contre lui, utilise tes fluides de lumière sur ta lame, cela devrait suffire après ce qu’il a subi.)

Et je m’exécutai, inspirant avant d’appeler cette nouvelle magie et de la projeter dans ma lame comme je le faisais avec ma magie du feu. Les flammes de mon épée changèrent alors de couleur, devenant soudainement d’une couleur dorée comme le soleil, tirant une exclamation enjouée à Alyah avant qu’elles ne se s’éteignent. Ma lame rayonnait à présent d’une douce lumière blanche et aucune chaleur ne s’en dégageait. Passé le léger instant de flottement où je me demandais pourquoi Alyah avait réagi comme ça, j’évitai un premier assaut de l’élémentaire en bondissant sur le côté, plaçant ma lame entre lui et moi. Il évita aussitôt la lame enchantée et s’éloigna de celle-ci. Une preuve qu’il craignait la magie entourant la lame.

Je me ruai en avant, tenant mon arme à deux mains au-dessus de ma tête, l’abaissant violemment pour couper la créature en deux. J’eu l’impression de ne rencontrer que le vide alors que ma lame tranchait allègrement dans l’amas d’obscurité. Un jet sombre fusa vers moi et me percuta à la tête, provoquant une vive douleur avant que je ne m’éloigne d’un bond, constatant qu’une poignée de cheveux flétris me resta dans les mains lorsque je passai mes doigts sur ma tempe. Rien de bien grave en somme, mais il valait mieux ne pas réitérer ce genre de chose. Quoique fasse l’élémentaire, je devais simplement l’éviter.

(Oui, sinon tu finiras chauve, ce serait dommage.)

(Très malin… Il a rétréci non ?)

(Oui, il n’a pas apprécié ton attaque. Essaie juste de mieux l’éviter.)

Je remis ma lame face à l’élémentaire Ce genre de créature était un problème face à mon arme et même le bouclier que j’avais attaché à mon bras ne servirait probablement à rien. Il allait falloir que je passe un moment à entraîner de nouveau ma magie, l’ancienne comme la nouvelle.


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Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 20:38

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Combattre un être qui changeait de forme était complexe et bien plus dangereux que je ne l’aurai cru. Les jets d’obscurité pure qu’il lançait devait à tout prix être évité et rendait difficile toute approche. Plusieurs fois ma lame enchantée le frôla avant que je ne doive me jeter sur le côté pour éviter son attaque. Alyah m’avait précisé qu’un simple contact n’aurait pas d’effets à long terme, mais mieux valait ne pas subir un contact prolongé ou je finirais par ressembler au Sindel. Heureusement, ma lame pouvait stopper les attaques de l’élémentaire qui produisait un bruit semblable à un sifflement lorsque la lame entrait en contact avec lui. A force de persévérance, sa taille avait largement diminué et sa vitesse également, comme si la lumière le privait de sa force peu à peu. Un sort de lumière aurait probablement été bien plus efficace, mais je n’en connaissais pas et seule ma lame avait un réel effet sur lui. J’esquivais et contre attaquais sans relâche malgré la fatigue, réduisant l’élémentaire à la taille d’un enfant avant qu’il ne finisse par s’élever trop haut pour que je puisse l’atteindre. Je m’attendais à ce qu’il me fonce dessus et me préparai en conséquence. Il fit exactement ce que je craignais et plongea vers moi. Préparée à l’assaut, je bondis sur le côté alors qu’il me manqua d’un cheveu, me ruant aussitôt sur lui en enfonçant ma lame dans les volutes maléfiques. Sa magie m’agrippa le bras et la douleur, cuisante, faillit me faire lâcher mon arme. Je tins bon et donnai un large coup de taille avant de reculer, me tenant le bras en grimaçant. Je vis mes veines ressortirent et ma peau sembla prendre une étrange teinte grisâtre avant de revenir à la normale.

L’élémentaire, lui, avait bien plus souffert que moi et sa taille s’était encore réduite d’un cran, s’approchant davantage d’un globe obscur que d’une entité malfaisante. Mais il restait dangereux et mieux valait ne pas le laisser regagner des forces. Je me ruai à nouveau vers lui, tailladant la forme sombre qui ne se défendait plus aussi vivement qu’avant, comme si toute son énergie était épuisée. Un dernier coup d’estoc sembla être le coup de grâce, l’entité s’évaporant dans un chuintement, ne laissant rien derrière elle à part le silence et un certain soulagement de ma part et de celle de ma faera. Ma lame d’un blanc lumineux reprit son apparence métallique et je soufflai en examinant mon bras qui était intact mais néanmoins douloureux, comme si la magie persistait encore malgré la disparition de la créature. J’espérais simplement qu’elle ne m’avait pas contaminé ou maudit.

(Non, je ne ressens pas de fluides sombres en toi, n’aie crainte.)

Je balayai la pièce du regard, cherchant le Sindel du regard. Mon œil s’arrêta sur sa silhouette qui s’était trainé tant bien que mal jusqu’au trône. Je pris la même direction, lame en main, bien décidée à ne pas le laisser s’emparer de quoique ce soit. L’achever ? Probablement pas, je ne le pensais pas dangereux. Son arme trainait là où l’élémentaire l’avait presque tué et s’il ne se levait pas, c’est qu’il était trop faible pour le faire. Anya me traita de naïve, mais je n’aimais pas tuer. Je l’avais fait, par nécessité, pour me défendre ou par colère, ce que je regrettais concernant ce dernier point. A quelques mètres de lui, je pus voir qu’il tenait quelque chose dans sa main, serré contre son torse, un bâton de couleur mauve, une gemme sombre ornant un sommet en forme de main griffue. Alyah n’avait pourtant pas décelé de fluide en lui, qu’allait-il faire avec un bâton de ce genre ? Il fixa son regard sur moi, un sourire victorieux s’affichant sur son visage ravagé.

- Mon maître me récompense ! Grâce à cet artefact, je vais protéger son œuvre, tuer ses ennemis et prendre la place qui me revient à ses côtés lors de son retour !

Je ressentais en effet une magie sombre pulser au cœur de la gemme ornant le bâton qu’il portait, mais cela ne me renseignai pas sur la nature du pouvoir que le sceptre pouvait avoir. Je savais seulement que sans fluides, il n’allait pas soudainement se mettre à lancer de terribles sorts obscurs. La magie est étrange, mais elle a tout de même ses lois. Lois que, visiblement, je pensais trop immuables, puisqu’une sombre magie sortit du sceptre et enveloppa le Sindel. Je reculai en vitesse, plus que méfiante face au nuage sombre qui enflait toujours plus, m’obligeant à reculer de plusieurs mètres pour être sûre qu’il ne me toucherait pas. J’entendis les cris de douleur du Sindel avant que cela ne se transforme en grognement plus animal qui me fit me figer, le regard braqué sur une forme qui émergeait du nuage sombre qui se dissipait peu à peu.

(C’est une blague ?)

Un lézard ailé de plusieurs mètres de long me faisant soudainement face là où se tenait le Sindel juste avant. Le bâton avait disparu, mais la gemme qui le composait était incrustée dans le front de la créature. La bête était d’un mauve sombre, seules ses ailes étaient d’une teinte plus claire, bien qu’entourée de noir, tout comme ses yeux, dont les pupilles oranges me fixait avec haine et mépris. J’avais une wyverne sous les yeux, et elle n’allait pas rester sagement à me regarder. Elle se rua en avant. Des centaines de kilos de muscles dirigés entièrement dans ma direction.

(J’ai bien fait de l’aider tiens…)

La gueule de la wyverne s’ouvrit et claqua dans le vide. Je m’étais jeté sous le lézard, échappant ainsi à ses mâchoires et à ses yeux, empoignant ma lame pour tracer des sillons sanglants dans ses pattes arrière, le faisant hurler, probablement plus de frustration que de douleur, ses écailles réduisant sensiblement la puissance de mes coups. Il se retourna violemment, sa queue hérissée de pointes frôlant ma tête de quelques centimètres à peine. Je roulai pour éviter son aile. La créature, bien qu’imposante, semblait un peu pataude, comme si elle avait du mal à se coordonner correctement.

(C’est un humanoïde qui a soudain l’apparence d’une wyverne, rien de très étonnant.)

Pataude ou pas, la créature faisait bien dans les trois mètres de long pour le double d’envergure. Le fait qu’elle soit dans une pièce réduisait l’intérêt des ailes, par contre ses mâchoires, sa queue et ses griffes étaient des sérieux problèmes. Je reculai hors de portée et me cachai derrière une colonne alors qu’elle tournait sur elle-même dans l’espoir de me trouver. Il me fallait une stratégie contre une créature pareille.

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Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 20:48

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Foncer tête baissée contre un monstre de cette taille était une très mauvaise idée, j’avais déjà pu avoir un aperçu avec le basilic, et là on parlait d’une sorte de dragon de trois mètres de long avec de grandes ailes et une bouche avec trop de dents. Cachée derrière la colonne, je l’entendais renifler et me préparai, elle n’allait pas mettre longtemps à me trouver, il fallait juste que je l’accueille comme il fallait. Au moment où je la sentis se tendre et avancer, je sortis de derrière la colonne et lui envoyai une boule de feu sur le front. L’orbe flamboyant s’écrasa sur les écailles de la créature qui s’ébroua, me laissant le temps de courir vers elle. Ses écailles étaient sombres, mais il y avait certains endroits plus clairs, notamment sous le cou, près des articulations et aux jointures des ailes. J’espérai que ces endroits étaient plus fragiles pour pouvoir blesser la bête plus facilement. Rugissant, la wyverne arqua son cou et fonça tête la première dans ma direction. Je pus éviter sa morsure, mais je dus lever mon bouclier pour encaisser le coup d’aile qui vint juste après, me projetant plus loin. Je me relevai aussitôt d’une roulade en grimaçant. L’attaque était loin d’être sans conséquence, mon bras avait subi un sacré coup malgré tout.

La créature se mit en mouvement et sauta, déployant momentanément ses ailes afin de m’atterrir dessus. J’évitais ses pattes en roulant en avant, arrêtant la queue dont elle se servait comme d’un fouet avec le bouclier. Une des longues épines qui l’ornait parvint tout de même à se planter dans mon bras gauche, rendant toute utilisation de mon seul moyen défensif encore plus compliquée et douloureuse. Mais cette attaque me laissa le temps de placer un coup d’estoc dans l’appendice de la créature, perçant les écailles et la queue de part en part. Elle rugit de douleur et se retourna, m’arrachant presque mon arme des mains. Elle me fit face, toujours la même haine luisant dans ses pupilles. Un détail qui m’avait échappé me sauta soudainement aux yeux. Certains endroits de son corps semblaient différents. Les écailles y étaient craquelées, noircies presque, comme elle avait subi une attaque magique.

(Le bâton n’a fait que transformer le Sindel en wyverne, il ne l’a pas guéri. Il doit être épuisé.)

(Il est bien tenace pourtant.)

Mon bras pouvait en témoigner. Cela me laissait cependant entrevoir un moyen de le vaincre. Lorsque la créature se rua de nouveau vers moi, je glissai sous elle, frappant son cou sans faire bien plus qu’une estafilade. Mes yeux fouillaient les écailles à la recherche des zones les plus touchése par l’assaut de l’élémentaire d’obscurité. Lorsque je pus finalement en repérer une, j’y enfonçai ma lame jusqu’à la garde, pile à la jonction du cou et du torse de la bête qui hurla tandis qu’un liquide poisseux s’échappait de la plaie. Elle se débattit en relevant le cou, me soulevant du sol avant que la lame ne se retire de la plaie. La blessure n’était guère importante compte tenu de la taille de la wyverne, mais elle saignait abondamment, preuve qu’elle avait été efficace. Ne voulant pas lui laisser le temps de se reposer, je lançai une boule de feu en visant sa mâchoire avant de me ruer sur elle. La boule de feu s’écrasa de nouveau sur ses écailles dans une gerbe de flamme et elle me vit arriver, essayant aussitôt de me mordre. Je bondis en arrière pour éviter ses assauts. Trois fois, ses mâchoires claquèrent non loin de moi et à la quatrième, lorsqu’elle s’approcha davantage, j’enfonçai ma lame dans sa bouche, perforant son palais avant de lâcher l’arme pour éviter qu’elle ne m’arrache le bras, m’entaillant tout de même sur ses crocs. Privée de mon épée, je sortis ma petite dague en reculant, la regardant d’un air dubitatif en voyant la taille de l‘adversaire qui tentait sans succès de retirer la lame qui lui perforait la mâchoire. Du coin de l’œil, je vis la lance du Sindel à plusieurs mètres de moi et me ruai vers elle, captant le regard de mon adversaire qui oublia momentanément la douleur pour se focaliser sur moi.

Je ramassai l’arme au moment où la wyrverne donnait un coup de queue qui me percuta de plein fouet dans le dos, m’envoyant au tapis. Par chance, les épines ne firent que m’entailler les côtes à cause de leur espacement. Je crachai tout de même un filet de sang en me relevant, tenant difficilement la lourde lance dans les mains, abandonnant le bouclier et la dague au sol. J’évitai un coup de griffe et ripostai de toutes mes forces, déchirant l’aile droite de la créature qui rugit de nouveau, donnant alors un violent coup de tête que je parai avec le manche de la lance, me faisant reculer tandis que mon bras blessé demandait grâce. La queue de la bête fendit de nouveau l’air, s’écrasant sur moi. J’eus juste le temps de faire un pas sur le côté avant d’abattre la lourde lame qui trancha net l’appendice écailleux. La créature rugit de douleur tandis que je lâchai la lance, trop lourde pour mon bras endommagé. Je vis la wyverne s’approcher et ramassai mon bouclier et ma dague, tentant le tout pour le tout. Elle lança sa tête vers moi. De mon bras intact, je tins le bouclier tout en me décalant sur le côté au dernier moment. Le choc fut rude, mais supportable et je pus rester debout pour ensuite sauter sur la tête du dragon avant de saisir ma dague à deux mains et de lui enfoncer dans le crâne, l’enflammant dès qu’elle perça la chair de la créature. Cette dernière rugit de nouveau, se débattit et je fus catapultée sur le sol où je roulai pour me mettre hors de portée avant de reporter mon attention sur elle. Elle se débattit quelques instant avant de finalement s’effondrer au sol, secouée encore quelques instants de spasmes avant de finalement cesser tout mouvement. L’épais nuage sombre fit de nouveau son apparition, enveloppant la créature avant de rétrécir peu à peu, ne laissant sur le sol que le sindel et mes armes.

Je me relevai difficilement et m’approchai de l’elfe gris. Ma dague était profondément enfoncée dans son crâne et mon épée dans sa gorge tandis que son corps était couvert de blessure. Je récupérai tout cela, non sans une grimace de dégoût en retirant ma dague du crâne de l’elfe. Je détestai vraiment ça.

(Je crois que je vais vomir… Je vais fouiller la salle.)

(Fouille-le lui déjà.)

(Quoi ? Mais…)

(Yliria ! Tu n’es plus une enfant, fouille le, il a peut-être la cape sur lui, ou un autre objet de grande valeur, alors fouille moi cet énergumène. Je sais que tu n’aimes pas ça, mais il va falloir que tu t’y fasses.)

Elle avait raison, mais je n’aimais vraiment pas faire cela, surtout sur quelqu’un que je venais de tuer… Mon bras émit une douleur de protestation quand je voulus le bouger et je m’attardai d’abord sur mes soins, buvant une potion et faisant un bandage sommaire avec des bouts de tissus de la cape du Sindel défait. Ce n’était pas du grand art, mais cela tiendrait le temps que la potion fasse effet ou que je puisse profiter de vrais soins et d’un repos bien mérité. Non sans répulsion, je fouillai le Sindel, récupérant une bourse bien remplie, un message parlant du temple, probablement d’un de ses supérieurs, une gourde vide et quelques bricoles sans intérêt. Son armure et sa cape étaient salement amochées, et de toute façon, je n’allais pas déshabiller un mort. Je gardai sa lance cependant, qu’Alyah m’indiqua être un naginata après avoir fouillé sa mémoire. Ce n’était pas mon genre d’arme, mais elle était plutôt atypique et les fines gravures sur la lame me firent penser qu’elle était de très bonne facture. Je me relevai, rangeant tout ça et récupérant le bouclier que j’avais laissé au sol. Ne me restai plus qu’à trouver la fameuse cape qui avait déclenché tout ça. Après un dernier regard pour le corps sans vie du Sindel, je me dirigeai vers le trône où j’espérai trouver la cape, ou au moins un indice sur sa localisation, cherchant des yeux le sceptre qui m’avait causé tant de difficultés.


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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » sam. 6 juil. 2019 21:03

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Le sceptre que le Sindel avait utilisé pour se battre avait mystérieusement disparu et, malgré mes recherches, je ne pus le dénicher. Un peu déçue, j’avançai vers le trône, espérant y trouver enfin quelque chose. Mais rien. Ce n’était qu’un trône vide, sans réel intérêt si ce n’était les motifs finement ouvragés qui le composait. Il était cependant curieusement orienté. Non pas face à la porte, mais en biais, comme s’il avait été déplacé. Les marques au sol indiquaient la même chose et je tentai de le bouger. Autant essayer de déplacer un rocher à main nue, le siège ne bougea pas d’un pouce malgré tous mes efforts. Soupirant de frustration, je m’assis dessus, essayant de voir s’il n’y aurait pas une raison à cette orientation, tout en prenant une petite pause bien méritée. Mais c’était une mauvaise idée. Non seulement le trône était lourd, mais il n’était pas du tout confortable, à se demander si quiconque avait un jour essayé de poser ses fesses là-dessus. Alyah apparut soudainement devant moi, l’air à la fois énervée et intriguée.

(Bon ! Tu peux m’expliquer ce qui t’as pris de sauver le Sindel tout à l’heure ?)

Je grimaçai, je savais qu'elle allait revenir là-dessus. ça avait été un simple réflexe, dans l’urgence du moment. Les cris qu'il avait poussé m'avait fait réagir plus vite que je n'avais réfléchi. Au vu du résultat, j'aurai dû m'abstenir, mais certains réflexes ont la vie dure.

(Je… c’était stupide, je sais.)

(Visiblement tu ne sais pas assez ! Bon sang Yliria, tu n’es pas là pour sauver les autres ! Tu es là pour te sauver toi, pour survivre, pour devenir plus forte. Oublie les autres et surtout tes ennemis !)

(Je ne suis pas comme ça Alyah ! Je… je ne peux pas ne penser qu’à moi sans imaginer être à leur place… Père m’a enseigné à m’inquiéter pour les autres… j’ai du mal à déroger à ces principes.)

(Je ne te demande pas d’abandonner tes principes, simplement de savoir faire la part des choses quand cela est nécessaire. Que tu veuilles protéger autrui, c’est très bien, mais ne va pas te mettre en danger pour ça. Je suis ta faera, la seule chose qui me préoccupe, c’est TA vie et TA santé. Toi et uniquement toi. Alors la prochaine fois qu’un ennemi demande grâce après avoir tenté de te tuer plusieurs fois, ne l’aide pas… ou au moins assomme le !)

Ses derniers mots me tirèrent un sourire.

(Je ferai de mon mieux. Je suis désolée, c’était stupide.)

(Je sais. Tu as compris, c’est l’essentiel. Sujet clos, trouvons cette cape maintenant !)

Plus facile à dire qu’à faire, mais elle avait raison. Elle se mit à voleter dans la salle en espérant trouver quelque chose tandis que je continuai de me focaliser sur le trône. Il y a avait quelque chose qui me dérangeait avec ce dernier, sans que je n’arrive à mettre la main dessus. Son orientation me paraissait étrange, mais plus que tout, pourquoi un trôle au beau milieu d’une salle vide ? J’eus beau tourner la question dans ma tête, je n’en voyais pas l’utilité. Tâtonnant les bras du trône, je suivais des doigts les contours des gravures avant de remarquer une irrégularité sur ma droite. En appuyant dessus, il y eut un cliquetis et l’irrégularité s’enfonça alors avant que le siège ne bouge légèrement avant de se mettre à descendre. Alyah, entendant le bruit, s’affola et se rapprocha, me rejoignant finalement en constatant que tout allait bien. La descente ne fut guère longue et nous amena dans une salle tout aussi obscure que le reste du temple, mais plus petite et bas de plafond. Une flammèche au bout des doigts, je descendis du trône et de la plateforme, levant la main pour balayer la salle du regard, tombant nez à nez avec un dragon. Je reculai en criant de surprise avant de constater qu’il ne s’agissait que d’une statue, ce qui provoqua le fou rire d’Alyah.

(C’est bon… avoue que c’est surprenant.)

(Oui, oui, si tu veux, allez. Fouille maintenant.)

Non sans grommeler face à sa réaction, la faisant pouffer de plus belle, je me mis à fouiller la pièce du regard. On aurait dit un caveau, ou une crypte, mais sans aucun cercueil. Il y avait bien des torches sur les murs, mais elles n’étaient plus utilisables, la première que je touchai tomba en morceau. Là aussi les murs semblaient gravés et représentaient une scène étrange où un homme, ou du moins un humanoïde, semblait devenir un dragon. Sur une fresque, autour du dragon était disposés divers objets qu’il semblait offrir à des serviteurs. Une épée, un sceptre, un casque, une armure et une cape. Si j’avais une bonne idée de ce qu’était le sceptre, je découvrais le reste des objets, excepté la cape que je cherchais. Je repensais au casque vu un peu plus tôt, il serait intéressant de retourner voir la chambre pour s’y intéresser davantage. Je suivis la fresque jusqu’à l’autre bout de la salle. Plusieurs alcôves étaient creusées à même la roche et semblaient attendre d’être emplies avec l’objet qu’il convenait. Toutes étaient vides, sauf une, vers laquelle je m’approchai. Une étoffe d’un mauve sombre, faite d’un tissu qui semblait doux, était pliée à l’intérieur. En la prenant, je sentis un pouvoir aux origines sombre envelopper la cape, comme si elle avait été tissée par l’obscur même. Pourtant, elle ne rayonnait pas de pouvoir maléfique. Difficile d’affirmer avec certitude que c’était bien l’objet que je recherchais sans un examen plus approfondi, ce qu’Alyah me poussa à faire plus tard.

(Je sais que tu aimerais en être sûre, mais nous devons sortir d’ici. Rien ne dit que tes amis worans ont réussi à s’occuper des fanatiques. Et si ce n’est pas le cas, ils vont forcément finir par converger jusqu’ici, et tu es toute seule.)

(Tu as raison… c’est juste… j’aimerais en être sûre, ne pas avoir fait tout ça pour rien.)

(Je sais, mais le temps presse.)

Elle avait raison, aussi je m’exécutai malgré tout. J’attachai la cape autour de mes épaules, remettant mon sac par-dessus.

(Elle te va bien. Un peu grande peut-être.)

Cela me fit sourire.

(Pas question de la retoucher, mais merci.)

Restait ensuite à refaire tout le chemin en sens inverse en espérant ne pas tomber sur les fanatiques. Les potions avaient fait leur office, au moins en partie, mais mes réserves diminuaient et je ne voulais pas subir de nouvelles blessures. J’avais eu mon compte de combat dans ce temple, j’espérai que cela se calmerait un peu.


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(((HRP : Tentative d’appropriation de la relique : Cape du Dragon Mauve.)
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » ven. 12 juil. 2019 20:03

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Des larmes pour un cœur pur

Après être retournée dans la salle qui avait vu mon affrontement avec le Sindel, je pris le chemin inverse et remontait peu à peu vers la surface. Je fouillai à nouveau la chambre ancienne, intriguée par le casque qui n’était vraisemblablement qu’une réplique, aussi le laissais-je là, il était de toute façon bien trop lourd. La grande salle où était apparue l’élémentaire d’obscurité était toujours aussi sombre, mais la magie ne semblait plus avoir d’emprise sur moi et je pus traverser l’endroit sans pensées négatives et sans avoir la sensation de me noyer dans une magie obscure. J’espérai de tout cœur que la cape y était pour quelque chose. Personne ne semblait avoir descendu les escaliers à la suite du Sindel et cela me rassura un peu. Avec un peu de chance, les deux Worans étaient venus à bout des fanatiques et ils m’attendaient sagement à l’entrée du temple, en bonne santé.

(On peut rêver…)

(Le défaitisme ne te va pas au teint Yliria.)

Difficile d’être optimiste au vu de la situation désastreuse dans laquelle je les avais laissés. Alyah eut beau me dire qu’ils avaient fait leur choix, je me sentais responsable et particulièrement nerveuse. Lorsque je finis de grimper les escaliers, je fus surprise par le silence qui régnait dans la salle où reposaient les deux squelettes de dragon. Pas un son, pas un murmure, rien du tout. J’avançai à pas rapides, scrutant les environs, repérant plusieurs corps que j’identifiai comme faisant partie des fanatiques, me permettant un rapide examen à chaque fois sous les conseils d’Alyah, mais aucune trace des Worans. Un des corps attira cependant mon attention, car il ne portait pas la tenue des fanatiques. Il s’agissait d’un Hafiz. Soudainement victime d’un très mauvais pressentiment, je me relevai et me mis à courir en direction de la sortie, traversant en trombe la salle de la forge sans m’occuper du métal ou des outils. Je n’avais qu’une idée en tête, rejoindre l’entrée du temple. Il n’y avait pas de corps à cet endroit, mais je pouvais facilement repérer des traînées de sang et cela ne me plaisait guère. J’atteignis finalement la porte de sortie et l’ouvris aussitôt, pour tomber sur deux Hafiz surpris et visiblement épuisés. Ils tirèrent leurs armes, mais un cri les fit s’arrêter et un jeune homme s’avança, le visage tout aussi surpris que les deux Hafiz. Je reconnus Harion, le mage de terre de la caravane. Il avait une balafre sur le front et lui aussi semblait épuisé.

- Yliria ? Qu’est-ce que…

- Pas le temps, plus tard ! Avez-vous vu deux Worans ?

- Des Worans ? Euh… oui, ils ont filé à toute allure en nous laissant contre ces espèces de cinglés vêtues de noir et de mauve. Mais que…

- Plus tard… merci je… Où… Où est Nyllyn ?

La caravane était agglutinée près de la porte, entre les murs en ruine et je reconnus quelques visages, notamment Théodore Joraquin, qui avait lancé tout ça, Izar’tho, même Béarid était là et cela me fit chaud au cœur. Mais aucune trace de Nyllyn. Je jetai un regard désemparé à Harion lorsque celui-ci prit un air gêné. Ma voix se fit pressante et légèrement inquiète.

- Harion… Où est Nyllyn ?

- Elle… elle a pourchassé un des cinglés lorsqu’il a tenté de s’enfuir. On a entendu ses cris un peu après, mais personne n’a pu aller voir et… Attend Yliria !

Je n’écoutais plus. Il m’avait donné la direction, cela me suffisait. Mon pressentiment se transformait en panique et je dévalai les pentes du volcan en ignorant complètement les appels des membres de la caravane. Les Worans étaient saufs, mais restait Nyllyn, je devais la trouver, m’assurer qu’elle allait bien. Evidemment qu’elle avait pourchassé l’un des fanatiques, cette espèce d’idiote tête brûlée …

(Regardez qui parle…)

Je courus comme une folle et entrai dans la forêt, parcourant à peine une dizaine de mètre avant de tomber sur le corps d’un fanatique baignant dans une mare de sang. Je scrutai les alentours en avançant avant de l’apercevoir, au pied d’un arbre, les yeux clos, non loin du cadavre d’une créature écailleuse. Mon cœur rata un battement en voyant le sang dont elle et l’arbre qui la soutenait étaient maculés et je me précipitai vers elle.

- Nyllyn ! Pitié Nyllyn par Meno ouvre les yeux.

Je la sentis remuer et ses paupières s’ouvrirent difficilement. Une main pleine de sang se leva et se posa sur mon visage, comme si elle cherchait à s’assurer que j’étais bien là.

- Yliria ? Tu… tu vas bien, louée soit Sithi…

Elle grimaça et je constatai ses blessures. Elle semblait avoir une jambe cassée et la cage thoracique enfoncée, en plus des coups profonds qu’une épée avait laissés à divers endroits.

- Je… t’en fais pas, je vais te soigner, ne bouge pas.

Je débouchai fébrilement une fiole de soin tandis que sa respiration sifflante devenait de plus en plus faible.

(Yliria… C’est fini.)

(Non ! Elle va s’en sortir, elle va…)

- Yli…

Je relevai la tête et ne pus retenir un sanglot en voyant ses yeux vitreux.

- Je suis désolée Nyllyn, tout est ma faute. Me laisse pas, s’il te plaît, je ne veux pas de nouveau perdre quelqu’un…

Je serrai sa main dans la mienne et la sentis perdre peu à peu ses forces. Un léger sourire flotta sur son visage ensanglanté.

- Tu m’as manqué.

Je la pris dans mes bras, la sentant peu à peu se détendre avant de finalement ne plus bouger. Je la secouai légèrement avant de fondre en larme. Ma meilleure amie venait de mourir dans mes bras, et je n’avais rien pu faire. C’était ma faute, si j’étais revenue plus tôt…. Si j’étais restée près d’elle… si je n’avais pas cherché à trouver cette fichue cape… tout ça ne serait pas arrivé, elle serait encore là, à rire avec moi, à me taquiner.

- Nyllyn…

Pourquoi était-ce elle qui en payait le prix ? Pourquoi c’était elle qui était allongée là et non pas moi à sa place ?

(Ce n’est pas ta faute Yliria, elle connaissait les risques…)

(Je m’en fous ! Je m’en tape de ça ! Elle était la personne qui se rapprochait le plus d’une famille et elle vient de mourir parce que je n’étais pas là pour elle !)

(Tu ne peux pas sauver tout le monde Yli…)

(Je ne veux pas sauver tout le monde, je veux la sauver elle !)

(C’est trop tard.)

(Je sais… je sais…)

Et j’aurai probablement la vision de son visage apaisé, mais à tout jamais inerte, dans mon esprit pour le restant de mes jours.

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Yliria
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Re: L'ïle Interdite

Message par Yliria » ven. 12 juil. 2019 20:08

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Je restai là un moment qui me sembla aussi long que court, à bercer Nylyn dans mes bras. Alyah n’essaya pas de m’inciter à bouger. Je venais de perdre mon amie, ma sœur, elle me laissait tranquille pour encaisser le choc, ce dont je lui étais reconnaissante. D’ailleurs la forêt entière semblait me laisser tranquille. Je ne percevais pas de bruits autres que les miens. Je me fichai du reste à vrai dire, je ne me focalisai que sur Nyllyn, le reste m’importait peu. Elle semblait si paisible, le léger sourire qu’elle avait eu ne l’avait plus quitté et cela me fit encore plus mal que si elle avait grimacé. Elle avait été contente de me voir, jusqu'à la fin, et moi je l’avais regardé mourir sans pouvoir rien faire, sans avoir rien fait pour elle, sans avoir été à ses côtés pour la protéger. Je m’en voulais tellement. Je l’avais cru en sécurité avec la caravane, je m’étais dit que rien ne lui arriverait et elle était morte alors qu’on allait enfin réussir à se rejoindre.

- Pourquoi as-tu couru après ce type Nyllyn ? Pourquoi me laisses-tu seule ?

Je n’avais pas le droit d’être en colère contre elle, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Si seulement elle était restée avec les autres, si elle avait attendu près de la porte, on serait en train de fêter nos retrouvailles, de se raconter nos aventures en riant et je ne serai pas là, à pleurer en serrant son corps sans vie au milieu de la forêt. J’en voulais à Yuimen tout entier à présent. A ces fanatiques qui avaient créé cette situation, à cette forêt et à cette ile pour abriter toutes ces créatures, à ce temple pour m’avoir retenu aussi longtemps, à moi-même, pour en vouloir ainsi à tout le monde alors que la faute m’incombait en premier lieu. Je voulais juste qu’elle me parle à nouveau, revoir son sourire, même si elle me taquine, je voulais juste qu’elle soit là…

- Pourquoi est-ce que tous ceux que j’aime finissent pas s’éloigner de moi ?

Mon père était mort, j’avais dû quitter Fyly et les autres pour les protéger, tout comme Vyrl, et là, c’était Nyllyn qui perdait la vie. Je voulais juste quelqu’un à qui me raccrocher sans avoir peur de le perdre. J’entendis Alyah dans mon esprit. Elle était là, elle. Cela eut le mérite de m’arracher un rictus avant que mes yeux ne retombent sur le visage lumineux de Nyllyn. Lumineux ? Je relevai la tête et resserrai les bras autour de mon ami en voyant une forme blanche incroyablement lumineuse s’avancer lentement. Alyah restait sourde à mes appels et les sons environnants semblaient avoir disparu. Ce n’était pas la première fois que je ressentais cela, mais pourquoi maintenant ? Une vague de réconfort m’enveloppa doucement et la forme lumineuse approcha. Ce n’était pas immatériel, je pouvais entendre ses pas sur le sol, mais j’avais du mal à définir sa forme exacte. Puis la lumière décrut peu à peu et une tête fuselée aux yeux dorés se pencha vers moi. En touchant mon front, je compris qu’elle ne me voulait pas de mal, sans pour autant comprendre ce qu’elle souhaitait, ni pourquoi elle apparaissait maintenant.

Les yeux d’or se tournèrent vers Nyllyn et, instinctivement, je la posai au sol avant de reculer d’un pas. Elle se pencha au-dessus du corps sans vie de mon amie et je reniflai sans comprendre ce qu’il m’avait pris ou ce qui allait se passer. Du bout de son museau, elle toucha Nyllyn et une intense lumière irradia, m’aveuglant complètement, m’obligeant à détourner le regard malgré moi. Je voulais savoir ce qui allait arriver à Nyllyn, je ne voulais pas qu’on lui fasse du mal. Cela dura une éternité, ou quelques secondes, pendant lesquelles je ne cessai de m’interroger. Lorsqu’enfin la lumière décrut, Nyllyn semblait avoir guérit de ses blessures, mais elle restait inerte et le petit espoir qui m’avait habité s’étiola. La créature tourna sa tête vers moi et j’entendis Alyah hurler quelque chose dans mon esprit, mais sans la percevoir. La lumière émanant de l’animal augmenta et je me sentis soudainement mal avant de m’effondrer, comme vidée de mes forces. La dernière chose que je vis fut le visage de Nyllyn, baigné par la lumière de la créature tandis qu’elle s’approchait de nouveau de mon amie.

De la lumière, partout. Tout semblait baigné d’une douce lueur dorée, bienveillante et réconfortante comme le soleil. Je me rendis comte que je ne ressentais rien, ni douleur, ni faim ou soif. Une petite silhouette approcha, virevoltant vers moi. Je finis par reconnaître Alyah, mais elle était légèrement différente, les flammes et la lumière dont elle était composée habituellement étaient elles aussi dorées, comme un mini soleil souriant qui volait vers moi. Elle semblait radieuse et ravie.

(C’est la première fois que l’on communique ainsi, normal que je sois contente.)

(Où sommes-nous ?)

Elle fit une moue, cherchant probablement la réponse en regardant autour de nous.

(Une bonne question, mais il est trop tôt, ce n’est pas encore prêt. Je peux simplement te dire que nous sommes bien plus liées qu’avant si cela se manifeste, même dans cette forme... basique.)

(Ton plan fonctionne alors ?)

Elle me regarda d’air air navré, ayant parfaitement compris ce que je voulais dire. Elle s’approcha et tendit la main vers moi, sans que l’on puisse cependant se toucher.

(Tout ce que je fais est pour t’assurer le meilleur destin Yliria. Je peux faire des erreurs, mais ne doute jamais que tout est fait dans ton intérêt.)

(Je croyais que tu voyais le futur.)

(LES futurs, ils sont changeants, se modifient à chaque action que les mortels prennent. Tu n’es pas la seule à influencer ton futur, tes rencontres et d’autres personnes l’influencent, que tu en ais conscience ou non. Alors oui, je t’incite dans une direction, mais tu restes maîtresse de tes choix.)

(Et si je décide de tout laisser tomber ? D’envoyer paître tout ça et de m’isoler ?)

(Je serai là malgré tout, parce que je suis ta faëra et que j'irais où tu iras.)

A ce moment-là, j’aurais aimé pouvoir la serrer dans mes bras et elle me sourit doucement.

(Allez, réveille-toi.)

Devoir faire de nouveau face à la réalité ne m’enchantait guère.

(Je ne suis pas certaine de le vouloir…)

(Elle t’attend pourtant. Ne fais pas l’enfant gâtée.)

(Qui ça « elle » ?)

Seul un sourire me répondit tandis que la lumière décroissait et que le rêve prenait fin.


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Modifié en dernier par Yliria le ven. 12 juil. 2019 20:15, modifié 1 fois.

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