Le Village de Faërlom

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Yuimen
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Le Village de Faërlom

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 12:55

Le village de Faërlom


Faërlom est un petit village perché dans les sommets Nosvériens. Il est le plus haut de ceux situés sur les Monts éternels. La seule trace de vie au-dessus de ce bourg est la noble cité de Nosvéria.

Il n’y a pas de rue à proprement parler et ce village ressemble plus à un campement qu’à une véritable agglomération. La plupart des habitants vivent dans des yourtes. La demeure de l’Ancienne, l’auberge et le grenier sont les seuls bâtiments construits en dur, à partir d’une roche gris-bleu et de rondins de bois.

Ce village se trouve sur un petit plateau entouré d’une forêt de conifères. La neige recouvre le village de son étincelant manteau. Seuls les deux mois d’été arrivent à venir à bout de cette couverture de nacre.

Les gens sont accueillants et chaleureux malgré le froid ambiant. Les dures conditions de vie leur ont appris à être solidaires. Rares sont les légumes qui poussent sous ce climat. Ce petit peuple compte une majorité de chasseurs qui font également de redoutables combattants.

L’Ancienne gère ce village avec sagesse mais ne se montre que très rarement aux voyageurs. Toutefois, elle ne refuse jamais de leur prodiguer des soins si besoin est.

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Ehök
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Re: Le Village de Faërlom

Message par Ehök » ven. 28 août 2020 10:22

II.7 Une chasse qui prend fin.
II.8 La promesse de sang.


(Suis-je mort ? Ai-je rejoint ma femme et ma fille ?)

Lorsque je me réveille, mes yeux s’ouvrent pour me laisser voir un nouvel environnement. Pas de neige, de montagne ou même de bête prête à me dévorer. Quelque chose tourne en cercle au-dessus de ma tête. Flou au début, ma vision s’améliore petit à petit et dévoile une sorte de gris-gris d’osselets tenu par un bras maigre. Alors que je porte mon attention sur le lieu où je suis, je semble être couché sur une table, au milieu d’un grand bâtiment. Un mixte entre le bois et la pierre. De nombreux objets pendent, accrochés à diverses poutres. Une douce odeur d’encens et de fumée m’arrivent au nez. Gärähm apprécierait cet endroit.

(Gärähm !)

L’état actuel de l’enfant me frappe au visage avec violence et me sort de la léthargie dans laquelle j’étais. Je me redresse immédiatement et lorsque le haut de mon corps rejoint la verticalité, mes récentes blessures se rappellent à moi. Je serre des dents au lieu de crier ma souffrance, plus par réflexe que par orgueil envers la personne qui est présente. D’ailleurs, une main m’attrape par mon épaule endolorie pour mater ma résistance et me force à me coucher. La douleur est telle que je suis contraint d’obéir.

"Tu n’es pas en état de faire quoi que ce soit !" Tonne une voix féminine rouillée par l’âge.

Je finis après quelques instants à observer l’étrange être qui vient se présenter dans mon champ de vision à ma droite. Il s’agit d’une femme, assez petite. Je ne parviens pas à lui donner d’âge avec son couvre-chef aussi étrange qu’énorme qui lui masque le visage. Je ne sais pas où je suis, qui est cette femme, ni ce qu’elle me veut. C’est donc en pleine légitimité que je l’attrape fermement par le col et la rapproche de moi. Cependant en agissant de la sorte, quatre lances viennent caresser ma gorge. Sans que je sache d’où ils viennent, quatre hommes parés pour le combat sont à présent à mes côtés. La femme lève la main pour qu’ils s’éloignent, mais elle dévoile rapidement ses intentions. Doucement, elle place deux mains frêles sur mon avant-bras et presse sans prévenir plusieurs points. Malgré ses mains chétives, la peau déjà pâle de ses doigts devient aussi blanche que la neige par la pression. A peine deux secondes plus tard, mon bras est pris d’une forte douleur, malgré cela je suis incapable de me retirer de son étreinte. Ma prise se relâche d’elle-même et la femme ne me libère que bien plus tard, lorsqu’elle estime que le message muet qu’elle vient de m’adresser est bien passé. D’un bref geste de la main, les hommes reprennent leurs positions tandis qu’elle enlève son couvre-chef et se présente.

"Je suis la chef de ce village, la Yarl Ehärik. Puis-je savoir ce qu’un guerrier de Gròòth Vallhü, nos ennemis, vient faire sur notre territoire ?"

(Nos ennemis ? Alors je suis arrivé au village de Faërlom !)

La chef du village est une ancienne, mais peut-être pas autant que Grand’Ma. Sa peau est encore plus blanche que la mienne et ses yeux rouges ont viré en une sorte de rose claire avec l’âge. Ses cheveux gris sont tellement emmêlés qu’ils ressemblent à plusieurs nids d’oiseaux conçus avec la même branche. Pourtant, même si elle a clairement affiché le statut d’ennemi entre elle et moi, je ne ressens pas d’animosité dans son regard.

"Je viens quérir votre aide Yarl !" Finis-je par lui répondre.

Elle affiche un mince sourire avant de me tourner le dos pour se rendre vers une table à quelques pas de là et de répliquer à son tour.

"Tu as parcouru le trajet à pied et seul pour me demander mon aide ? C’est bien une chose que je n’aurais pas crue du grand Ehök sachant la tension entre nos villages !"

La surprise me fait de nouveau bondir de la table.

"Comment…arg !" La douleur s’impose à moi et m’oblige à reprendre ma précédente position. Après quelques inspirations difficiles, je reprends ma question. "Comment savez-vous qui je suis ? S’est-on déjà rencontré ?"

Elle continue de manipuler des choses hors de ma vue comme si elle ne prêtait pas attention à moi puis répond toujours sans se tourner.

"Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais j’ai bien connu ton père, Ehök fils d’Ehöl ! Tu portes le même visage, mais je vois que tu as également reçu son tempérament."

Elle revient ensuite vers moi et pose un linge humidifié par un produit verdâtre et au combien repoussant. Avec soin, elle répand le produit sur mes plaies et alors que je m’attends à souffrir d’un contact direct avec mes blessures, je ne ressens aucune douleur si ce n’est presque un soulagement. Elle retourne prendre le produit et répète l’apposition plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite du résultat. Tandis qu’elle range ses affaires, je me lève lentement et sentant que mes douleurs se sont fortement calmées, je lui pose la question qui me taraude.

"Pourquoi ?"

Elle s’arrête et se retourne lentement, me dévisage, puis détaille ma propre question.

"Pourquoi t’ai-je soigné alors que nos villages se haïssent ? Qu’aurais-tu fais pour recevoir un tel traitement de faveur alors que la pire des morts attendraient n’importe lequel des tiens ?" Prononce-t-elle avec un visage de marbre. "Tu n’as rien fait ! Remercie ton père car c’est par ses actes que tu as reçu cette grâce. Notre village avait une dette envers lui et je t’en remercie car grâce à toi, nous nous en sommes acquittés !"

"Mon père ? Mais qu’a-t-il…" Je suis cependant arrêté avant d’avoir fini ma question.

"Demande cela à ton père en espérant que tu sais communiquer avec les morts, en attendant je présume que tu n’as pas parcouru les dangers des Mont Eternels seul, pour avoir la chante de te faire occire par nos guerriers. Que nous vaut ta visite ?" Exige-t-elle impérieusement.

(Je ne devrais pas contrarier la seule personne capable de me faire tuer d’un simple ordre et puis elle a raison, le motif de ma présence est des plus importants !)

Je prends une grande inspiration et fixe le regarde de la femme sans ciller.

"Je viens quérir l’aide de votre…de votre aide Yarl. Une jeune enfant de notre village est gravement malade. Grand’Ma tente de l’aider, mais elle ne peut que la garder en vie jusqu’à la venu d’un remède."

"Grand’Ma ? Cette tête de Barioth est encore en vie ?" Ricane l’ancienne.

"En…en effet." Dis-je un peu surpris par sa réaction. Voyant une certaine affection envers Grand’Ma, je décide de tenter la carte sentimentale. "Elle est la grand-mère de l’enfant. Elle a récemment eu des difficultés à se nourrir correctement, mais la perte de la jeune enfant lui serait fatale. Elle est le dernier membre de sa lignée."

"Perdre un être cher est une chose commune en ces terres et Grand’Ma a déjà vécu nombre de deuils. Il serait peut-être mieux pour elle de retourner auprès des esprits." Me rétorque-t-elle avec un air de défi dans le regard, comme si elle avait compris ma manœuvre. "Et toi ?" Elle me fixe intensément du regard quelques instants avant de reprendre. "Que vaut la vie de cet enfant pour toi ?"

(Je n’aime guère la tournure de la conversation, néanmoins j’ai l’impression qu’elle saura si je mens !)

"Gärähm est la nièce de ma défunte femme et avec Grand’Ma, elles sont les derniers membres de sa famille." Dis-je en attendant la réaction de la Yarl.

Celle-ci me fixe du regard, plisse les yeux puis les ouvre en grand.

"Je vois. Ainsi donc tu penses sauvegarder la mémoire de ta famille en la protégeant coûte que coûte. Elle a donc autant de valeur que ta propre vie, ou peut-être plus pour entreprendre un tel voyage !"

(Elle lit en moi comme dans un livre ouvert ! De plus, son désir de connaître l’importance qu’à Gärähm pour moi signifie qu’elle voudra quelque chose d’équivalent à marchander.)

C’en est trop. Je quitte d’un geste la table réveillant des blessures qui ne sont apaisées, mais non guéries. Par mon acte soudain, les gardes agissent de concert et les deux plus près de leur chef brandissent leurs armes pour m’empêcher d’avancer. Je réprime l’envie de lui arracher la tête quitte à me faire transpercer de part en part et viens au sujet principal.

"J’en ai assez de ce petit jeu ! Etes-vous au moins capable de soigner l’enfant ?"

"Je ne peux soigner les morts et ma capacité de guérison ne va au-delà de mes connaissances. Parle-moi du mal dont elle souffre !" Réplique-t-elle.

Je cherche dans ma mémoire l’image de la jeune fille et fais preuve de concentration pour ne pas revoir ces mêmes images illusoires lorsque j’ai défailli.

"Elle était fatiguée avant de se coucher. Au matin, elle était transpirante avec de nombreuses plaques bleues sur son corps !" Fais-je en me maudissant de ne pas avoir prêté plus attention à sa peine.

A ma réponse, la Yarl ouvre grand les yeux et recule de surprise comme si elle venait de voir un serpent dans ma bouche, prêt à fondre sur elle.

"Bon sang, pauvre enfant ! Vous n’êtes que des barbares pour agir de la sorte !" Grogne-t-elle à mon intention.

Je ne comprends pas un traitre mot de ce qu’elle vient de dire et ma surprise sort d’elle-même.

"Des barbares ? Mais qu’entendez-vous pas là ?"

"Ainsi donc tu l’ignores !" Déclare-t-elle après m’avoir inspecté. "Il vaudrait mieux pour elle qu’elle rejoigne l’autre monde. Je sais par expérience qu’elle ne sera jamais acceptée dans votre village. Cependant tu sembles différent et je suis en mesure de la guérir si tu acceptes d’en payer le prix !"

Je suis perdu avec ces informations, mais l’essentiel est que Gärähm peut être sauvée et c’est sans savoir ce qu’il en retourne que j’accepte.

"Dites-moi et j’agirai !"

Elle cherche un siège, s’y assoie et me sourie avant de faire reculer ses hommes d’un geste de la main.

" Les grelots du grand Skadi ! C’est un objet qui a pour nous une grande valeur et qui nous a été dérobé par votre village. Si tu fais une promesse de sang que tu feras tout pour nous le remettre je t’aiderais."

(Une promesse de sang ? Celui qui ne tient pas sa parole se voit maudire lui et les siens par Fenris et jamais il ne pourra lutter contre Njord lors de la dernière bataille. Je serais donc son obligé jusqu’à ce que j’honore ma promesse.)

Tandis que je m’inquiète de ce que la promesse pourrait impliquer, j’en oublie un détail important.

"Vous avez dit que mon village vous l’a dérobé. Hors je n’ai aucun souvenir d’un tel objet !"

"C’est parce que vous vous êtes étripé pour l’avoir pensant que c’était une protection divine, mais sa valeur est tout autre. Le premier qui nous l’a dérobé a tué le précédent Yarl, espérant qu’ainsi il aurait la faveur de Fenris. C’était un homme grand comme toi, avec une large cicatrice sur le torse !" Répond l’ancienne.

"Arkähäm cœur fendu !" Fais-je en me rappelant cet homme. "Je me souviens de lui, il avait prétendu avoir la protection des dieux après une absence et s’est lancé dans le défi du Torkensën pour devenir Yarl. Cependant il n’est jamais revenu ! D’ailleurs je crois que plus personne n’a retenté le défi depuis. Se serait donc lui qui l’aurait dérobé ?"

"A toi de me le dire. Si tu dis vrai, les grelots du grand Skadi doivent reposer sur son corps !" Résume-t-elle et explicitement, je comprends que je dois me lancer à sa recherche.

"C’est malheureusement impossible ! Seuls ceux qui veulent participer au défi du Torkensën et prétendre au titre de Yarl en connaissent la nature et l’emplacement. C’est une ancienne loi et nul ne l’a jamais bafouée ! L’autre possibilité serait de lever une troupe pour atteindre les corps pour qu’ils reçoivent le rite funèbre, mais seul le Yarl en a l’autorité !" Dis-je en expliquant les raisons qui rendent l’acquisition impossible.

"Alors il ne te reste qu’une chose à faire : participer au défi !" Déclare-t-elle le plus simplement du monde.

Je finis par poser les genoux à terre et baisse la tête en signe de résignation. Puis, je lui fais part des raisons qui rendent cette chose impossible.

"Je ne peux ! J’ai perdu ma femme ainsi que ma fille et avec elles, c’est tout mon être qui s’est brisé. J’étais un grand guerrier autrefois, mais ce temps est fini et Fenris ne peut rien pour cela."

Elle se lève de son siège et s’avance, me relevant la tête avec sa main sur mon menton.

"Fenris ne peut rien car il n’a rien à faire. Seul celui qui t’a ensorcelé peut lever cette malédiction, mais pour cela tu ne devras blâmer nul autre que toi-même !" Sa remarque est comme un coup tranchant en moi, mais elle ne s’arrête pas là. Après quelques instants pour assimiler l’information elle m’achève. "Le choix t’appartient, mais si tu veux sauver cet enfant tu devras honorer cette promesse de sang et devenir Yarl ou mourir en essayant."

(J’ai le choix entre voir mourir une enfant qui m’est chère ou la sauver et prendre un risque si grand qu’il reviendrait à se rendre soi-même dans l’autre-monde. Gärähm ne jouirait plus de ma protection et une fois que Grand’Ma ne sera plus de ce monde, ce qui arrivera avant qu’elle ne devienne une femme. Elle devra se rendre bien plus utile pour le clan que maintenant. Ce serpent de Mahayük attendra la première opportunité pour se venger d’elle.)

Les genoux ancré dans le sol, je reste muré dans le silence. L’ancienne prend cette absence de réponse pour un refus.

"Je vois ! J’ai levé la dette du clan alors tu dois partir avant que…"

"C’est d’accord !" Dis-je en stoppant net la Yarl qui s’apprêtait à quitter la demeure. Je lève la tête et nos regards se croisent. Je reprends avec toute la conviction qu’au moins, j’aurais plus de temps à offrir à Gärähm. Je me relève et m’avance à la table où se trouve les remèdes ainsi qu’un couteau. Je le saisis et me tranche l’intérieur de la main droite pour y faire couler mon sang. "Je jure sur mon sang que je ferais ce qui est en mon pouvoir pour vous rapporter votre objet sacré. Que Fenris m’en soit témoin et brûle mon âme si je n’honore pas ma promesse !"

La Yarl Ehärik s’approche lentement de moi et serre ma main dans la sienne.

"J’accepte ta promesse de sang, Ehök fils d’Ehöl !" Par ces mots la promesse est désormais aussi vivante que toute chose. Cependant, l’ancienne ne s’arrête pas là. "Et pour le bien de notre village je t’aiderai à honorer ta promesse."

Je regarde avec incrédulité la Yarl. Elle n’a nul besoin de m’aider, sauf si effectivement leur honneur est aussi important. Elle s’en va dans une partie du bâtiment occultée à mes yeux et y revient avec un étrange objet rectangulaire qu’elle me présente.

"Tu auras très certainement besoin de ceci dans l’accomplissement de ta promesse."

"Qu’est-ce ?" Dis-je en reniflant. "Cela se mange ?"

Je provoque le rire des gardes qui nous entourent et la femme m’explique la nature de cette étrange chose.

"Ceci s’appelle un grimoire. Il contient bon nombre d’informations concernant les plantes, certaines créatures et l’usage qu’on peut en faire comme la mixture que j’ai utilisé pour te soigner. Si tu ne sais pas ce que c’est, je suppose que tu ne sais pas lire, mais je pense que Grand’Ma t’apprendra."

"Même Grand’Ma n’a pas une telle chose ! Pourquoi me l’offrez-vous ?" Fais-je en prenant le livre.

" Tout comme la hache qui protège ton foyer et tue tes ennemis, ce livre peut soigner, mais il peut aussi tuer si l’on s’en sert autrement. Ce qui est arrivé à l’enfant n’est pas le fruit du malheur. Quelqu’un l’a empoisonné !"

"Non c’est impossible ! Nul étranger n’est venu dans notre village depuis la mort du précédent Yarl par le pirate." Dis-je.

"C’est bien ce que j’ai cru comprendre, vous êtes devenus plus méfiants envers l’extérieur, même avec nous avant le début des hostilités. Cela signifie qu’un membre de ton propre village possède de bonnes connaissances en remèdes et poisons, et s’en sert pour de funestes intérêts ! Tu auras besoin de ce livre s’il agit à nouveau !" Explique-t-elle avant de reprendre. "Je ne souhaite pas te jeter hors de chez moi comme un malpropre après ta promesse de sang. Mais je ne souhaite pas non plus la mort de cette jeune enfant. Tu devrais partir au plus vite. Mes hommes te feront accompagner jusqu’à ton village et durant le temps de préparation, je vais m’occuper du remède."

Alors qu’elle s’éloigne de moi, je m’incline au sol et y dépose mon front.

"Yarl Ehärik je ne sais comment vous remercier pour tout ce que faites pour moi."

"Ho que si tu le sais et pour le salue de ton âme tu respecteras ta promesse. Cet objet possède une telle valeur qu’il vaut bien quelques concessions. Va, je dois préparer le remède. Attends-moi dehors !" Clame avec le plus grand sérieux l’ancienne.

II.9 Sur le départ.
Modifié en dernier par Ehök le ven. 28 août 2020 14:45, modifié 4 fois.

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Ehök
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Re: Le Village de Faërlom

Message par Ehök » ven. 28 août 2020 10:25

II.8 La promesse de sang.
II.9 Sur le départ.


Tandis que je sors, la vieille femme parle avec l’un de ses gardes qui quitte également le lieu et s’en va hors de mon champ de vision. Dehors, de nombreux regards se portent sur moi qu’il s’agisse des hommes, femmes ou enfants, mais plus particulièrement de ceux en armes et leur regard torve. Le village est plus grand que dans mon vieux souvenir. Les bâtisses se sont multipliées et le niveau de vie des habitants semble s’être grandement amélioré. Je suis plus que surpris de voir qu’ils possèdent des chameaux-béliers. Ces créatures sont particulièrement utiles pour la culture des champs car il faut une force considérable pour retourner la terre gelée afin préparer les cultures et elles savent également dénicher des lieux où poussent les rares denrées comestibles durant l’hiver. Nous en avions encore avant le dernier solstice d’hiver, mais la famine nous a obligés à user de nos dernières bêtes comme un ultime recours. Je patiente seul aux portes de la demeure de la Yarl avec le même regard méfiant que l’on me porte. Il y a eu de nombreux conflits entre nos clans, nombre de guerriers de valeurs sont morts et si l’écho des rumeurs n’a pas changé la vérité, le village de Faërlom a perdu certains enfants dans ces rixes. S’ils savent d’où je viens, je ne suis pas sûr de sortir d’ici vivant. Au bout d’un certain temps, la Yarl et ses gardes ressortent. Elle me confie une outre avec le plus grand soin et je m’en saisis avec la même précaution.

"Si tu ne m’as pas trompé, ce breuvage va sauver cette jeune enfant." Dit-elle avant de porter le regard au-dessus de mon épaule.

Lorsque je joins mon regard au sien, c’est pour voir un homme venir vers nous à dos de renne. Jusque-là, nous n’avons toujours chassé cette créature pour les nombreux avantages qu’elle nous procure. Sa peau est très appréciée une fois tannée, ses cornes sont solides et ont de nombreuses utilités de fabrication que ce soit pour faire des outils ou le renforcement des yourtes, mais son réel intérêt vient de sa chair particulièrement tendre. J’avais entendu dire qu’autrefois elles étaient utilisées pour servir de monture, mais jusqu’à aujourd’hui je n’y ai jamais vraiment cru. L’homme s’arrête avec non pas un, mais deux rennes et descend pour saluer la Yarl. Il est emmitouflé dans des vêtements sombres recouvert de neige des pieds à la tête.

"Tu accompagneras Ehök jusqu’à son village de Gròòth Vallhü." Fait l’ancienne qui se doit de rapidement réprimer la contrariété de l’homme d’un geste ferme, avant d’adoucir la tension avec sa voix calme. "Je comprends les émotions qui t’animent, mais je te conjure de me faire confiance !"

L’homme finit par acquiescer de la tête avant de porter un regard des plus mauvais à mon encontre. La Yarl se saisit du second renne par les lanières et me les tend.

"Si tu ne sais pas monter un renne, fit-toi à Lyörik. Il est notre meilleur pisteur dans les Monts Eternels. Il connait des chemins qui te permettront d’arriver plus rapidement chez toi ! Mais je te mets en garde. Porte le plus grand respect pour lui ou a neige recouvrira ton corps !"

Je hoche positivement de la tête pour simple réponse. J’ignore les raisons de cette hostilité à mon égare, mais elles semblent plus importantes que le conflit qui lie nos villages, quelque chose de plus personnel. Un homme vient à nous et s’affaire à installer sur le renne qui m’est destiné, mes effets personnels qui n’étaient pas présentes à mon réveil. Il vient à moi en tendant les mains jusqu’à l’outre contenant le remède que je finis par lui céder. Il range précautionneusement l’objet, probablement pour qu’il ne subisse pas de dommage durant le trajet. Lyörik le guide, remonte sur son renne et attend que je fasse de même. Je monte sur le dos de l’animal avec difficulté, manquant même de tomber de l’autre côté emporté par mon propre poids. Si cette vision de moi plutôt gauche faire rire les quelques personnes qui se sont arrêtées pour me voir, ce n’est nullement le cas de l’homme qui va m’accompagner. Il tourne la tête dès qu’il me voit enfin stabilisé, salut l’ancienne et s’empresse de partir en donnant un petit coup de rêne. La Yarl m’adresse un dernier mot avant que je ne quitte le village.

"Je t'offre de quoi soigner tes blessures !" Me dit-elle en tendant un petit sac. "Maintenant va et ne vit que pour ta promesse de sang !"

Je la salue et imite le guide en secouant les lanières. Cependant je n’arrive à rien et il faut qu’un homme vienne donner une tape sur la croupe de l’animal pour qu’il daigne partir.

II.10 La source de la haine.

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