Les Monts Eternels (Partie Sud)

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Ezak
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Ezak » sam. 13 août 2022 21:45

La réaction de notre guide à mes mots fut sobre. Après m’avoir regardé un instant, elle détourna les yeux pour fixer un point lointain, une montagne, tout en me remerciant pour mes informations avant de me suggérer de rentrer alors que la nuit tombait. Je dois avouer que je fus surpris par sa réaction. Non que je m’attendais à une particulière, mais me mettant à sa place, si on m’avait annoncé une telle chose, j’aurais eu mon lot de questions à poser, moi qui étais complètement ignorant de ce qui dépassait le domaine physique. Trop entier, comme à mon habitude, je ne pus m’empêcher de faire valoir le fond de ma pensée.


« Hé bien… J’aurais cru que cela vous aurait fait plus réagir que ça… C’est pas tous les jours qu’on apprend que les âmes des siens se formalisent à la suite d’un inconnu. Rassurez-moi, c’est pas quelque chose de commun dans ces régions ? »

Ma question était sincère, peut-être un brin naïve, maladroite sans aucun doute, et je pus le juger lorsque mon interlocutrice me couvrit d’un long silence avant de soupirer lentement. Elle tourna vers moi un regard brillant, que je jugeai être celui d’une émotion contenue.

« Que voulez-vous ? Pleurer ne me mènera nulle part et je n'y connais rien en magie. Alors si vous souhaitez juste obtenir une réaction inutile, je peux vous balancer du haut de la falaise, peut-être que cela vous conviendra mieux, hmm ? «

Des mots bien vindicatifs… Quelques années auparavant je l’aurais sans doute envoyé se faire voir, n’étant jamais le dernier à répondre aux provocations, mais après les évènements que j’avais vécu et qui m’avaient changés à jamais, je compris que cette rage n’était pas dirigé vers moi, c’était celle d’une femme qui souffrait. Ce regard, je l’avais bien trop vu durant la bataille de Kochii, dans le regard de Satina, dans celui de Xël, j’aurais probablement pu le constater aussi chez moi plus d'une fois si j’avais pu voir mon reflet, alors je pouvais comprendre, mieux que quiconque. Je plongeai donc mon regard longuement dans le sien, sans agressivité, aucune, sans non plus compassion exagérée sachant clairement que dans ces moments ce n’était pas non plus ce que l’on cherchait, et comme pour lui prouver ma bonne foi, j’avançai de quelques pas, me plaçant au bord du précipice, dos à elle, vulnérable. Signe de confiance ultime, après avoir subit une menace explicite.

« Je vous en prie. Faites-ce que vous voulez, si ça peut vous aider à vous faire sentir mieux. Je cherche juste à comprendre et à vous aider. »

Je n’avais pas peur, en ce moment, et à dire vrai, même sans mon armure je pense que je n’aurais pas plus été impacté par ce sentiment car je l’avais comprise. Dos à elle je la sentis se figer.


« Je me sentirai mieux quand j'aurai quitté cet endroit de malheur. C'est la seule chose qui compte à présent. Si vous voulez m'aider, réussissez votre quête. »

Ces mots me troublèrent. Sans doute, car je n’y distinguais pas ce que j’avais perçu en moi après avoir perdu tant à Kochii. Je me demandais où était sa haine, sa rage, ses envies de vengeances. Il m’avait fallu de nombreux jours de questionnement, et les mots de Satina pour que je passe à autre chose. C’est pourquoi à cet instant, je me retournai vers notre guide le visage empli d’incompréhension.

« Vous ne voulez même pas faire payer le meurtrier ? »

Elle haussa les épaules.

- Les miens vont-ils revenir si je me venge ? Vais-je me sentir mieux ? Non. Je ferais ce qu'il faut pour moi et ma famille et recommencerai ailleurs. J'ai un devoir envers notre futur et je ne vais pas le risquer pour la vengeance.

Par la couronne le monde était empli de personnes mille fois plus sages que moi, et objectivement, cela était peut-être mieux pour son salut. Cependant, alors que je réfléchissais à ses mots, je crus reconnaître en eux la finalité de ma réflexion faites à l’intérieur des murs kendrans, celle qui avait finit par surgir telle une évidence. Je devais avant tout me détâcher de la vengeance et m'inquiéter du sort de mes patries l’Ynorie, Kendra-Kâr et celui de ma lignée. En tant qu’humain, ma vie serait courte, je n’avais pas des siècles pour veiller à leurs sauvegardes, au mieux encore quelques dizaines d’années. C’était juste la plus belle, et la plus utile des choses que je pouvais faire pour les miens et les générations futures. Mon devoir était envers mes aïeux qui s’étaient battus pour que je puisse en avoir un, mon devoir envers mes successeurs pour qu’ils puissent eux aussi en bénéficier. C'est donc particulièrement touché par les mots de l’endeuillée que je me risquai à entrer dans son intimité.

« Votre devoir ? Celui de perpétuer votre lignée ? »

Elle hocha la tête.

« Je dois avant tout penser à mon enfant, pas à la vengeance. Si ma famille perdure, c'est une victoire plus grande que celle du tuer le responsable. N'est-ce pas ce pourquoi vous vous battez ici ? Faire perdurer les vôtres ? »

Je ne pus cacher ma surprise répétant lentement ces mots : « Votre enfant… » Je restai quelque secondes silencieux. Je comprenais beaucoup mieux, la rapidité avec laquelle elle avait pu se tourner vers l’essentiel, se détourner de sa douleur. Moi, je rêvais d’offrir un futur à des successeurs hypothétiques, elle, elle se trouvait déjà plongée dans cette problématique avec violence. Par la couronne, je la comprenais et je me sentis proche d’elle, ce qui me poussa à ne rien lui cacher de mes atermoiements intérieurs.

« Oui, c’est pour ça que nous sommes là. Moi plus que tout autre ici, car les miens sont menacés de disparition. Et même si nous réussissons notre quête, ils le seront toujours… »

Me sentant très concerné, je m’enquis de sa situation, plongeant encore un peu plus dans son intimité.

« Votre enfant est en sécurité ? »

Elle me fixe un instant pensive.

« J'imagine que vous avez hâte de les rejoindre pour vous assurer de leur sécurité. Nous ferons au plus vite. »

Puis elle répondit à ma question avec un sourire.

« Autant que moi, donc cela dépend en grande partie de vous et de vos compagnons. »

Au début, j’eus du mal à comprendre ces mots, avant que cela ne me vienne comme une évidence. Le seul moyen pour que cet enfant partage le destin de sa mère serait qu’il soit avec elle, à fortiori, en elle. Chose que confirma un échange de regard furtif que je compris entre Madoka et elle.

J’hochai à mon tour de la tête avant de répondre aux questions de notre guide.

« Oui, j’ai hâte. Et chaque jour passé ici me fait me sentir plus coupable. J’ai l’impression de ne pas être à ma place. »

Cependant, ce sentiment commençait à changer avec la discussion que nous étions en train d’avoir. Je me rappelais de chaque mot qui avait été prononcé lors de mon intronisation en tant que Chevalier et protéger les faibles faisait partie de mes attributions. Qu’il y avait-il de plus faible qu’une progéniture pas encore sortie du ventre de sa mère ? Je me devais de protéger cet être, et sa mère dont je comprenais tant les préoccupations. Cela donnait un peu plus de sens et de corps à ma présence en ces lieux. Pas qu’il n’y en avait pas avant, mais cela me semblait si impersonnel avant tout ça. J’étais un homme de passions, aux passions dévorantes même, et c’est ce qui me faisait vibrer. Je venais de trouver une nouvelle motivation guidée par ce à quoi je croyais vraiment, tant, j’étais attendri par son histoire.

« Mais mon devoir de Chevalier est aussi de protéger ceux qui en ont besoin. Alors je ferais tout pour vous protéger vous et votre enfant et les portes du Royaume vous seront grandes ouvertes. Si vous le désirez, je vous offrirai asile et protection, je vous le jure ici même. »

Cependant, quelque chose me chiffonnait depuis longtemps et peut-être Freida pouvait m’apporter une réponse.

« J’ai trouvé dans l’une des tentes de votre hameau, une coupure comme si quelqu’un avait fui de l’intérieur. C’était vous ? »

- On a tous une raison d'être là. Vous aidez les vôtres même ici, au vu de cette menace dont vous parlez.

Elle pencha ensuite la tête semblant réfléchir à ma proposition.

- Je... vais y réfléchir. Je ne sais de quel royaume vous parlez, mais tout est possible. Ma famille n'est pas originaire de ce pays, je n'aurai pas de mal à vivre dans un autre.

Elle nia ensuite de la tête à ma dernière interrogation.

- Non, je n'étais pas là. J'étais partie depuis plusieurs jours. S'il y a des survivants, je n'en ai vu nulle trace, mais la neige a tendance à brouiller les pistes dans ces régions.

Je mis une main sur son menton, pensif, caressant les poils de ma barbe en pleine poussé depuis le départ de l’Académie. Quelque chose clochait.

. « Attendez… Lorsque vous vous êtes occupée des corps, vous n’avez pas remarquée s'il manquait quelqu’un à l’appel ? »

Elle secoua la tête. - Aucun des villageois, mais il y avait trop de repas dans les maisons. Il devait y avoir des visiteurs.

« Des visiteurs… Peut-être ceux-là même qui nous précèdent et qui nous ont laissé ce cadavre. »

Elle jeta un coup d'œil à la grotte et hocha la tête.

C'est possible. Cela expliquerait beaucoup de choses concernant sa présence et son manque de vêtements. Et... peut-être que le responsable du massacre est parmi eux.

« Et si nous le croisons, nous saurons quoi faire… Bien que ce ne soit pas ce que vous recherchez… Fre… Fri.. Freida.»

Dis-je en articulant avec difficulté le nom que j’avais entendu indirectement.

Elle hocha la tête. « Je ne la recherche pas... mais si elle vient à moi, je n'aurai pas de raison de retenir ma main, messire... ? »
« D’Arkasse. Ezak d’Arkasse » dis-je avec un leger sourire.


Madoka profita du silence qui s’installait pour rebondir et demander des précisions sur ce qu’il y avait sur le nombre de repas en plus dans le hameau, des informations sur le chef de leur clan, père de son compagnon, probablement celui que j’avais vu clairement, présenté par le Maître de la Brume. J’appris que le ou les meurtriers avaient volés des armes. Mais j’imaginai de mon côté que cela pouvait tout aussi être le fait de pilleurs qui auraient pu trouvé le village vide, enfin rempli de morts. À ce stade, nous ne pouvions être sûr de rien. J'identifiais deux ententités pour le moment. D'un côté ceux que je nommais Le Maître de la Brume, l'Invincible des Givres que j'imaginais être accompagnés d'une troisième entité aux vu de mes hypothèses et d'un autre côté le mysterieux mage à la peau sombre qui avait massacré la famille de Freida. J'étais persuadé que les deux n'agissaient pas e concert. Enfin, Madoka l’interrogea sur le sommet qu’elle fixait plus tôt. Nous apprîmes donc qu’il s’agissait du Piton décharné, un lieu assez dangereux pour qu'elle juge devoir le contourner.

J’en profitai pour rebondir :

« On a encore combien de jours devant nous avant de s’extirper de la Faille ? »

- Nous y serons dans quatre jours, il nous en faudra autant pour la traverser. Si tout se passe bien.

C’est le moment que choisis Sibelle pour se joindre à nous, proposant à Freida plusieurs hypothèses sur l’identité du mort et nous informant au passage sur l’état du cadavre qui possédait deux trous dans la nuque. Alors que j’écoutais attentivement, je regardai avec attention ce qui se tramait à l’intérieur. Je ne sus pas ce qu’ils firent au corps, mais il n’avait plus le même aspect et avait quitté sa rigidité glaciale. L’elfe gris s’éleva même d’une traite pour annoncer qu’il y avait quelque chose à l’intérieur du cadavre, et il s’apprêtait à l’ouvrir pour vérifier. J’avais déjà Mongoor en main, que j’avais sortis au cas où il s’illuminerait pour annoncer la présence de morts-vivants. D’un pas, je me décalai au-devant de Freida, sans même m’en rendre compte pour protéger ces deux vies que j’avais juré tantôt de sauvegarder.

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Gamemaster6
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Gamemaster6 » dim. 14 août 2022 14:51

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 2 : Un lieu sans pitié ni repos.

Tandis que certains discutaient à l’extérieur de la grotte, d’autres, plus concernés par le corps, restaient à proximité. Cromax, visiblement déterminé à comprendre ce qu’il se passait avec ce corps, décida de l’ouvrir sous les yeux quelques peu décontenancés des autres présents. Fort heureusement pour eux tous, le froid avait bien conservé le corps et seul l’odeur métallique du sang se répandit dans la caverne alors que le Sindel éventrait le pauvre hère. Il dut y mettre un peu de force et briser la cage thoracique pour y parvenir, mais il put allègrement farfouiller dans l’intérieur du cadavre, les mains bien vite couvertes de sang, fluides, morceaux d’os et d’organes. Mais les recherches de Cromax furent vite interrompues par une vilaine douleur sur sa main droite qu’un réflexe l’obligea à retirer. Entre son pouce et son index, deux trous similaires à ceux trouvés sur le cadavre, quoi que bien plus petits, étaient visibles.

Le reste se passa très vite. Profitant de l’ouverture créée par l’action de Cromax, une demi-douzaine de petites créatures arachnoïdes prirent la fuite, ignorant complètement les aventuriers et les mages pour se ruer vers de minuscules failles à peine visibles dans la roche, disparaissant en quelques secondes, ne laissant derrière elles que de petites traces de sang, un cadavre éventré et des aventuriers décontenancés et probablement dégoutés.

- Je vous propose de brûler et balancer ce corps le plus vite possible.

Andreï, qui avait, comme tout le monde, assisté à toute la scène, n’avait visiblement pas envie de prendre le moindre risque de voir d’autres de ces créatures sortir de ce corps et son homologue semblait parfaitement d’accord. Freida, qui jeta un regard dubitatif à Ezak lorsque celui-ci se plaça devant elle, approuva l’idée, ajoutant cependant quelque chose.

- Ne dormez pas collés aux parois de la caverne. Je ne sais pas d’où viennent ces horreurs, mais l’une d’entre elle a dû pondre dans le corps de cet homme, alors mieux vaut ne pas leur donner d’autres opportunités…

La nuit tombant rapidement à l’extérieur, il ne restait guère de choix pour les aventuriers qui allaient devoir se serrer un peu plus que prévu. Ils allaient devoir passer la nuit ici, avec la certitude que rodaient ces araignées translucides pondant dans le corps d’hôtes pas forcément consentants. Rien de tel pour passer une bonne nuit en plein milieu des montagnes les plus dangereuses de Yuimen…


Récapitulatif des bobos et actions:

Ordre du groupe:
<-Cromax qui se la pète en volant->
Freida - Ezak - Faëlis - Sibelle - Hereld - Andreï - Madoka - Arkalan

Prévenez-moi de tout changement entre les majs, que je... maj ?

Xp :
Ezak: Discussion avec Freida : 0,5xp
Madoka: Discussion avec Freida : 0,5xp
Sibelle: Discussion avec Freida : 0,5xp


Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Arkalan
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Arkalan » mer. 17 août 2022 09:48

Je suis rapidement dérangé par une activité soudaine de la part de mes camarades d’ascension. La colère, légitime, que je ressens se mue vite en terreur quand j’aperçois des araignées translucides se précipiter vers les parois de la caverne. Je me redresse dans un sursaut d’effroi et bat frénétiquement des pieds pour chasser ou écraser ces horreurs. C’est certain à présent, les sbires de Valshabarath sont derrière tout ça. Les petites araignées se glissent dans les fissures de la paroi sur les quelles je jette encore de la neige du pied pour en tuer ou en blesser le plus possible, dire que j’allais me reposer contre ce mur. Ce que nous déconseille maintenant notre guide.

Je darde un regard assassin vers la bande d’imprudent qui s’est amusé à jouer au scientifique avec ce cadavre et quitte le refuge après avoir secoué ma couverture pour être certain que rien qui n’ait huit pattes ne s’y soit dissimulé.

Impossible de me reposer désormais. Je sais qu’à la moindre divagation de mon esprit je serais la victime de vieux souvenirs et des pires cauchemars liés aux tortures que j’ai subis. Un frisson de terreur parcourt mon dos alors que je gagne l’extérieur où la pénombre recouvre les monts aux alentours. Autant rester actif si je ne peux me reposer. Je m’enroule dans ma couverture et m’assure qu’il n’y a pas d’autres traces que les nôtres aux alentours. Quand la nuit sera tombé j’en profiterais pour observer les montagnes, peut être que la nuit révélera quelque chose de particulier.

(Compétences de pistage et observation nocturne des montagnes.)

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Faëlis
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Faëlis » mer. 17 août 2022 21:33

Faëlis préparait son couchage quand il fut interrompu par un cri de douleur. Des araignées surgirent en masse du corps avant d'aller se cacher dans les murs, non sans avoir piqué l'elfe gris !

Frissonnant, le jeune homme s'approcha du sindel couvert de croûtes de sang en grommelant :

« Tu ne pourras pas dire que je n'avais pas prévenu ! Bon, laisse-moi inspecter ça... »

Faëlis prépara sa magie, mais avant de pouvoir faire plus, il fut subitement plaqué contre le mur par un Cromax en chaleur qui voulait à tout pris l'embrasser ! L'elfe blanc le repoussa avec dégoût, mais trop tard pour sauver ses vêtements ! Il en fut quitte pour invoquer sa lumière pour se purifier lui-même en râlant :

« Alors déjà, vu ce qu'il y a dans le mur, tu ne me jettes pas comme ça dessus ! Ensuite il n'y a aucune place d'intimité ici, et enfin j'aimerais pouvoir faire mon examen tranquille pour savoir si cette chose t'a laissé un souvenir ! »

C'était bien la première fois que Faëlis faisait les gros yeux comme à un enfant ! Cromax recula avec un petit sourire et se laissa faire, demandant depuis quand il était si prude. Pour sa part, Faëlis invoqua à nouveau la lumière pour dissiper toute crasse. Il était quand même plus présentable comme ça ! Il entreprit ensuite d'examiner la plaie tout en marmonnant avec humeur :

« Ma foi, tu peux demander aux autres s'ils sont d'accord pour le spectacle, mais si non, nous n'allons pas le leur imposer. Par contre, dès que nous aurons un peu d'intimité... »

Il adressa un sourire un brin carnassier :

« Là il faudra qu'on s'explique longuement sur ta conduite... »

« Oh, je mérite certainement d'être puni. »

S'efforçant de garder son calme, Faëlis se concentra sur sa tâche. Il n'y avait qu'une petite marque. Hélas, l'elfe blanc n'était pas médecin, et il ne trouva rien de plus. Pas de nécrose, pas de trace d’œufs injectés... Par mesure de précaution, il invoqua un sort anti-poison.

Puis, il glissa à l'oreille de son compagnon :

« Ma famille est célèbre pour son art de la... punition... Certains plaisirs, cependant, me font peur, je l'avoue. Alors ne me pousse pas trop dans cette direction, car nous pourrions tous les deux le regretter. »

« À toi de ne pas trop me pousser, alors. Un peu de... douleur n'a jamais fait de mal à personne. Je tiens ça d'une jolie shaakt. »

Faëlis grimaça :

« Ok, tu sais quoi ? Évite de refaire des âneries comme ça, ne fourre pas ta tête dans la gueule d'un monstre pour vérifier ses caries et autre... bref, survie et on en reparlera ! »

Il rit, assurant que son dernier passage sous la patte d'un dragon lui avait suffit. Le souvenir de la bataille de Kochii tira un frisson à l'elfe blanc.

« Si tu t'attires encore des ennuis, tu verras que je peux être pire qu'un dragon ! Tu sais que j'ai affronté les nécromanciens, à la bataille ? Bon, je n'étais pas seul... mais j'ai abattu Gadory moi-même ! »

« Attention, tu parles quand même de mes anciens collègues ! Même si le Gadory là... je lui ai jamais parlé. Enfin, je ne parlais pas de Kochii. Plutôt de Verloa. Le pire endroit de cette planète. En revanche, ne me provoque pas trop, sinon je te ferai sortir le dragon en toi, grand fou. »

Faëlis grinça :

« Merci de me rappeler que tu t'acoquines avec des meurtriers... Bon, je n'ai rien trouvé. Je t'ai administré un sort anti-poison, au cas ou. Je vérifie juste un dernier truc... »

Après s'être assuré d'être tourné à l'opposé des autres membres du groupe, il glissa la main dans les chausses de demi-dieu et... vérifia le fonctionnement de cette partie. Par pur souci d'expertise médicale complète, bien sûr. Comme il laissait échappé un soupir de plaisir, l'elfe blanc arrêta et lui susurra à l'oreille :

« J'ai appris beaucoup de choses de ma famille... mais si tu veux plus... je t'ai déjà dit ce qu'il te restait à faire... »

Il retira sa main avec un clin d’œil pervers. L'autre lui promit qu'ils trouveraient leur moment d'intimité. Tout en gardant son calme, intérieurement, l'elfe blanc bouillait à cette idée.

« J'y compte bien... en attendant, allons nous coucher... et pas contre les murs. »

Ils allèrent donc se coucher ensemble, se relayant pour vérifier les murs... et se faisant quelques caresses discrètes, comme autant de promesses de ce qui viendrait. Si les conditions n'étaient pas optimales, au moins, cela les aida à passer une nuit correcte.

(((Utilisation de la lumière intérieure pour se laver ainsi que Cromax. Lancement d'un anti-poison de rang 2)))

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Sibelle
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Sibelle » jeu. 18 août 2022 14:07

Ouvrir le cadavre gelé s’avéra être une moins bonne idée que ce que nous croyions au départ. Nos narines furent d’abord envahies par l’odeur du fer, indice que le sang avait coulé. Ce qui était un moindre mal, puisque cet effluve devint bien vite familier pour un combattant. Par contre, lorsque Cromax eut brisé le sternum et écarté les côtes de la cage thoracique et qu’il farfouillait à la recherche de cette chose insolite qui avait bougé dans le cadavre, j’eus la mauvaise idée de m’approcher d’un pas ou deux afin de mieux voir. Heureusement, j’eus le réflexe de reculer prestement lorsqu’il retira rapidement sa main droite. Nous vîmes alors plusieurs petites araignées sortir de leur gîte, nous ignorant, pour se précipiter vers des failles à peine visibles couvrant les parois de notre abri temporaire.

Andreï nous proposa alors de brûler le corps pour ensuite s’en débarrasser. J’acquiesçai à la proposition d’un signe de tête. Freida crut bon de nous prévenir de ne pas nous adosser contre les parois pour dormir, mettant l’hypothèse qu’une de ces créatures à huit pattes avait pondu dans le corps du décédé. Conseil inutile puisque nous avions tous été témoin de la scène et assez intelligents pour parvenir nous même à cette conclusion. Mais je ne fis aucun commentaire dans ce sens, cela serait avéré inutile, et puis elle ne faisait que jouer son rôle de guide.

Mon attention se porta plutôt sur la réaction d’Arkalan. Son regard noir sur nous empli de mépris et de colère ne m’étonna guère. Ce fut plutôt sa réaction face aux petites arachnoïdes qui attira mon attention. À la vue de ses dernières, il s’était levé précipitamment et tentait désespérément d’écraser et de chasser les araignées. Sa peur envers les arachnoïdes était plus qu’évidente.

J’aidai à transporter le cadavre jusqu’au bord de la falaise pour le jeter dans le vide. Cromax lui lança un sort afin qu’il n’atteigne le sol afin de le carboniser et éviter d’autres propagations d’arachnoïdes advenant le fait qu’il y en ait.

Le soleil s’était à présent caché derrière les montagnes et seules les étoiles éclairaient le ciel. Emmitouflé dans une couverture, Arkalan était sorti. D’après sa réaction face aux araignées, j’en déduisis qu’il passerait la nuit dehors.

Faëlis s’assura que Cromax n’avait pas été infecté et entreprit de le purifier. Je constatai que ce guérisseur prenait vraiment plaisir à exercer son métier. Pour ma part, je décidai de demeurer dans l’abri afin de faire mon tour de garde en compagnie des elfes, tel que nous l’avions décidé précédemment, afin de permettre à nos compagnons humains de récupérer.

(Demeure en état d'alerte à l'aide de sa vue perçante et de son ouïe d'elfe)

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Ezak
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Ezak » jeu. 18 août 2022 18:48

Sur le pas de la grotte j’observai le sindel ouvrir le corps avec la même indifférence que s’il s’agissait la carcasse d’un bétail. Je ne m’en émus pas. J’imaginais que nous avions tous notre compte de barbarie en ces lieux. L’ou pouvait bien se donner tous les qualificatifs les plus prestigieux d’aventuriers, mercenaires ou que sais-je encore, sauveurs, la vérité était que nos étions des spécialistes du meurtre. Altérer un corps était normal, mais un corps mort l’était moins il fallait l’avouer. C’est probablement ce manque d’expérience avec la mort qui finit par piéger le Sindel qui retira vivement une main douloureuse du la chaire morte. Profitant de cette ouverture, une multitude d’araignées sortirent du macchabée pour aller se réfugier dans les parois de la grotte. Devant ce spectacle j’eus une expression de dégoût mais je me gardai de tout commentaire.

Andrei conseilla de bruler le corps, tandis que Freida nous recommanda de ne pas nous tenir contre les parois. Certains s’activèrent alors pour bouger le corps et s’en débarrasser. Bien entendu je ne participai pas au déménagement du macchabée. Je n’avais pas voulus jouer avec depuis le début et avait fait partie de ceux qui conseillaient de s’en débarrasser, ce n’était sûrement pas moi qui y toucherait dès cet instant. Chacun était responsable de ses choix.

Laissant donc faire je me préparai à dormir, les elfes ayant décidés de nous remplacer nous, humains pour la veille de nuit. Il s’en fallut de peu pour que je n’y lise pas une certaine condescendance envers notre humaine condition, mais je fis des efforts pour ne pas entrer dans ce système nourrit par ce complexe qu’il m’arrivait d’avoir vis-à-vis des elfes. C’était juste du bon sens, et ce groupe fonctionnait plutôt bien, c’était appréciable d’avoir de solides alliés sur qui compter. C’est pourquoi avant d’aller me coucher j’eus quelques mots pour eux.

« Je vous remercie de prendre les tours de garde pour permettre de nous reposer. Je vous le rendrai en me montrant d’autant plus infaillible. Comptez sur moi. »

Et sur ces mots j’allai me reposer avec mon paquetage près de moi, loin, très loin des parois. C'est Madoka qui m'interrompît quelques secondes me proposant de placer Andreï entre elle et moi pour sa protection. J'acquiescai devant son idée, il na fallait pas perdre de vue ceux que nous devions protéger. Inspiré par cette demande j'allai voir Freida.

"Nous nous regroupons entre humains pendant que les elfes vont monter la garde. Madoka est aller proposer au vieil Andrei de venir entre elle et moi pour que nous puissios assurer sa protection, si vous le désirez vous pouvez aussi venir. Vous êtes notre guide, la seule à connaître les lieux, vous êtes tout aussi essentielle à la réussite de cette mission, vous meritez la même protection, d'autant que vous comptez pour deux. Laissez-nous veiller sur vous. "



HRP :
- Aptitude Rp : Sommeil equipé
-
Modifié en dernier par Ezak le dim. 21 août 2022 00:27, modifié 2 fois.

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Madoka
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Madoka » jeu. 18 août 2022 21:44

Fort heureusement, ce qui se dégage du corps décongelé n’est pas aussi putride que je le craignais et l’odeur de sang qui titille mes narines me paraît relativement fraîche mais, peut être n’est-ce dû qu’à son état de congélation. J’observe la mine neutre et déterminée de Cromax en train de forcer pour briser les os de la poitrine du mort ; je l’avais mal jugé, je ne sais pourquoi je le prenais pour un être raffiné, presque maniéré.

Je l’observe attentivement quand il relève brusquement sa main des tripes sanglantes et qu’aussitôt, plusieurs petites créatures ressemblant fortement à des araignées en sortent et se ruent vers les parois de la caverne où elles disparaissent dans de minuscules failles. Un frisson me parcoure malgré moi tandis que je peine à chasser mes pensées, faites de ces araignées se faufilant par mes oreilles.
Proche des parois, Arkalan réagit vivement, frénétiquement, tentant d’écraser et chasser les araignées devant lui. Le regard plein de colère qui l’anime alors n’est pas seulement causé par l’effroi envers les araignées. Sans un mot, il sort de la grotte non sans chasser dans la neige les éventuelles retardataires.

L’évidence de notre situation nous pousse à enfin se débarrasser du corps. Aidée de Sibelle, nous portons le corps et le jetons dans le vide et Cromax, dont la main a été soignée par Faëlis, lance un sort qui consume le cadavre. Je prends quelques minutes à l’extérieur de la grotte pour nettoyer mes gants dans la neige et retourne à l’intérieur.
En rentrant, j’aperçois Faëlis et Cromax en train de roucouler dans un coin et souris, amusée et rassurée, de les savoir assez sereins pour rester naturels. Ezak, après avoir remercier les elfes qui prennent les tours de gardes, s’installe logiquement loin des parois pour la nuit. Après une rapide concertation avec lui, je regroupe mon paquetage auprès de lui et m’adresse à Andreï, dont les épaules semblent chaque heure moins capables de porter leur propre poids. Une grande fatigue se lit sur son vieux visage, et nous ne sommes qu’au deuxième jour d’une longue succession de journée difficiles et de mauvaises nuits.


« Sieur Penkovski ? Installez-vous entre nous, nous veillerons sur vous. Nous devons tirer parti de la moindre heure de sommeil qui nous est offerte. »

Je m’emmitoufle dans mes couvertures et m’installe en boule, plus assise qu’allongée, la tête sur mon paquetage, les yeux braqués vers le mur face à moi jusqu'à ce que la fatigue et le sommeil finissent par l'emporter.


((surveille la grotte grâce à sa vision nocturne avant de dormir))

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Cromax
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Cromax » sam. 20 août 2022 17:36

Le corps mort ne se laisse pas faire. Je dois y aller des deux mains pour ouvrir cette maudite cage thoracique, en plus de mon ouverture charnelle au poignard. Ça fout du sang partout, c’est dégueulasse… mais ça ne m’empêche pas d’en tirer un certain plaisir. Les chairs tranchées, le sang qui qui gicle. Je n’ai jamais été dérangé par tout ça, bien au contraire. Et je sens presque la passion du combat s’emparer de moi alors que je déchiquette la chair. Jusqu’à ce que…

« Ah putain ! »

Une morsure. Une saloperie vient de me mordre la main, laissant deux trous sur celle-ci, semblables à ceux décrits par Sibelle un peu plus tôt. Et soudain, on dirait que le corps, enflé d’un souffle vague, se met à vivre en se multipliant. Des formes sombres pullulent du cadavre ouvert et se ruent dans tous les coins de la grotte sur leurs multiples pattes velues.

« Qu’est-ce que c’est que ces horreurs ?! »

Des araignées. Des conneries d’araignées. Cette charogne n’est autre qu’une foutue couveuse pour ces octopattes de mes deux. Au moins, j’ai ma réponse à cette étrange forme mouvante. Et chacun sait désormais ce qu’abritent les discrètes failles de la grotte. Dégueu.

Sage, Andreï propose de brûler le corps. Pas bête. La guide, pratique, poursuivit sur la voie du logique en précisant à la petite troupe de ne pas dormir contre les parois. Sans rire. Il n’y a que les shaakts pour aduler ces araignées de merde. Et encore, pas tous apparemment, vu la tronche d’Arkalan.

Sibelle et Madoka, moins couardes que le reste des mâles de l’équipée, s’emparent du corps en vue de le balancer par-dessus bord. Au moins, il ne nous causera plus de souci. Pour ma part, je les accompagne et laisse la puissance de Lysis m’envahir pour foutre le feu au macchabée avant qu’il ne s’écrase en contrebas. Et qu’il brûle un bon moment, histoire de carboniser à fond, et qu’on n’ait plus à entendre parler de lui. Une curieuse pratique funéraire qui n’est pas sans me rappeler celles de ma patrie d’accueil, Tulorim.

À ce moment, Faëlis le blanc vient me voir, provoquant, affirmant qu’il m’avait prévenu. Il est prévenant malgré tout, et souhaite inspecter ma blessure. Elle n’est pas super belle à voir. Et j’espère que ces saletés n’ont pas eu le temps de pondre à l’intérieur. Je me vois mal commencer à lancer des toiles par la main, comme une sorte d’elfe-araignée. Je réagis cependant d’une manière un peu plus… bestiale que ce à quoi il s’attendait. Chuchotant, je déclare :

« Ne serait-ce pas le moment pour un nettoyage plus... en profondeur ? »

Et ce disant, je le plaque contre le mur de pierre à l’entrée de la caverne pour l’embrasser à pleine bouche, encore pris de la montée d’adrénaline de l’inspection du corps. Être couvert de sang me donne des idées, y’a pas à dire. L’hinion ne semble pas dans l’état d’esprit, et me repousse avec un air de dégoût. Je comprends vite par ses mots qu’il est plus horrifié pour la propreté de ses habits que par mes élans baveux. Il commente toutefois ne pas trouver d’intimité dans cet endroit, ce à quoi je lui réplique, mutin :

« Je ne te savais pas prude, très cher. Précieux, si, mais timide ? »

Pratiquant sa magie de lumière pour nettoyer tout vice sanglant de mon corps souillé, et inspectant ma morsure, il me répond qu’il ne souhaite pas imposer ce spectacle aux autres, à moins de leur demander leur assentiment. Mais qu’il serait ravi de poursuivre l’entretien une fois un moment isolé présent, allant même jusqu’à me provoquer davantage par un petit jeu de gronderie. J’y entre d’un air coquin, sans retenue, me mordant la lèvre avec provocation.

« Oh, je mérite certainement d'être puni. »

Il me confie que sa famille est passée experte dans le domaine de la punition, presque au point de l’effrayer lui-même. Il craint que je le pousse hors de ses retranchements. Chaud comme la braise, je fais tout le contraire.

« A toi de ne pas trop me pousser alors. Un peu de... douleur n'a jamais fait de mal à personne. Je tiens ça d'une jolie shaakt. »

Ah, Zya, fille du capitaine de l’Eventreur des Mers. De forts bons souvenirs, plein d’une délicate douleur. Faëlis ne semble de nouveau pas de la fête, et me confond devant mon attitude désinvolte. Je hausse les sourcils en précisant :

« Mon dernier séjour la tête sous la patte d'un dragon m'a largement suffit, de ce point de vue. »

Verloa. Un dragon d’eau, allié pourtant, mais n’ayant pas apprécié mon arrivée célébrante de sa condition draconique. Il y avait de quoi, pourtant. Quelle prestance, quelle puissance ! Faëlis semble se méprendre, et évoque la bataille de Kochii. Ce dragon-là, j’aurais préféré n’avoir jamais eu à faire à lui. Il se vante même d’un carton plein sur Gadory en personne. Blagueur, je rétorque :

« Attention, tu parles quand même de mes anciens collègues ! Même si le Gadory là... je lui ai jamais parlé. Enfin, je ne parlais pas de Kochii. Plutôt de Verloa. Le pire endroit de cette planète. En revanche, ne me provoque pas trop, sinon je te ferai sortir le dragon en toi, grand fou. »

Finalement, il me précise n’avoir rien trouvé de spécifique dans la plaie, et m’a inoculé un sort d’antipoison, au cas-où. Puis, subitement, il dit vouloir vérifier une dernière chose, et plonge sa main dans mes braies, tâtant sans vergogne ma virilité, m’arrachant un soupir satisfait alors que le désir parcoure mon corps… et se rassemble en un point précis. Il se retire alors, provocateur à son tour, et propose que nous allions nous coucher. Mais pas contre les murs. J’aquiesce, et le suis, m’allongeant à son côté, sur mes peaux sans trop lui laisser le choix. Il ne semble pas s’en plaindre, et alors que l’obscurité nous submerge, mes mains partent à l’exploration de sa peau, de ses attributs. En toute discrétion. Mes caresses trouvent réponse, et le moment est tendresse et charnel. En toute intimité, mais au milieu de tout le monde. Et j’avoue prendre un plaisir coupable à cette chaste exhibition, imaginant sans peine les réactions de certains, outrés par la pratique.

Je laisse mon corps se détendre dans une paisible méditation, collé à mon amant. Lorsque j’ai mon soûl de repos, je m’assieds cependant en m’enroulant dans une peau, veillant sur lui autant que sur les autres, pour le reste de la nuit. Histoire d’être prêts, le lendemain, à affronter la montagne. Et sans que l’un de nous n’ait été mangé par de sales araignées.



[HJ : utilisation du sort « Bûcher » au rang 5 sur le cadavre chutant]

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Gamemaster6
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Gamemaster6 » dim. 21 août 2022 19:12

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 2 : Un lieu sans pitié ni repos.

Vigilants après avoir été témoins du sort du pauvre hère dévoré de l’intérieur et servant de couveuse, les aventuriers se débarrassèrent sans mal du corps après y avoir mit le feu, perdant de vue son corps en flammes alors qu’ils dévalent chaotiquement la falaise. Chacun prépara alors la nuit, certains en méditant, d’autres en assurant la protection des éléments essentiels. Freida offrit un regard des plus dubitatifs à Ezak suite à sa proposition, mais finit par acquiescer, consciente des risques et acceptant la sollicitude du Kendran. Andreï, lui, n’essaya étonnamment pas d’argumenter, grommelant quelques mots inintelligibles avant de s’allonger après un bref repas pour ne pas ouvrir l’œil de la nuit.

Nuit qui fut, au grand soulagement de tout le monde, très calme. Parfois le vent s’infiltrait dans la caverne, provoquant des frissons dérangeants pour les aventuriers qui, bien qu’habitués à l’inconfort, en souffraient tout de même. Malgré les observations d’Arkalan à l’extérieur et la vigilance des autres à l’intérieur, rien ne sembla les interpeler et la nuit laissa finalement place au jour et à la reprise du voyage. Gardant la même organisation que la veille, le groupe repartit dès qu’il fut possible de mettre un pied devant l’autre. L’ascension dura toute la journée et mit à rude épreuve chaque personne présente car le vent et le froid redoublèrent de violence et il n’était pas rare que la guide arrête le groupe pour vérifier que le passage était sûr, la visibilité rendue parfois très mauvaise par la neige soulevée par les bourrasques et jetée aux visages des grimpeurs.

Pendant trois jours entiers, le voyage continua dans les mêmes conditions. Les nuits furent calmes mais froides, les journées furent éprouvantes mais dénuées de danger autre que le climat et le chemin tortueux que leur guide leur faisait prendre. Trois jours silencieux, à peine troublés par les bruits des pas, des respirations parfois difficiles, du vent sifflant dans les oreilles des aventuriers et les avertissements de leur guide lors des passages les plus délicats. Ce fut au milieu du quatrième jour qu’ils purent finalement s’arrêter alors que Freida, repoussant le capuchon qui couvrait sa tête, pointa du doigt la falaise qui se dressait devant eux.

- Voici la Passe. En la traversant, nous serons au cœur des montagnes et le plus dur sera derrière nous.

Image

Là, coincée entre les flancs abrupts des monts, une ouverture laissait filtrer la lumière et le vent. Des pics acérés, des corniches abruptes et des promontoires juchés à des centaines de mètres surplombaient la passe couverte d’une couche de neige en partie gelée. Un vent sans fin soufflait entre les parois vertigineuses, mais le sol était régulier et nul vide n’attendait la moindre erreur de jugement. Bien qu’étroite, la passe était bien plus praticable que le chemin qu’ils venaient de parcourir et cessait de grimper, coupant net à travers la formation rocheuse, comme une lame à travers un corps.

- Il nous faudra au moins quatre jours pour la traverser, mais je tiens à vous prévenir. Il n’y aura pas d’abris aussi pratiques que ceux que nous avons eu jusque-là, les expéditions contournaient la passe. Nous serons donc en terrain découvert jour et nuit. Si vous souhaitez profitez du reste du jour pour vous reposer et préparer la suite, c’est possible, nous ne l’emprunterons alors que demain matin. Dans tous les cas, je vous demanderais de faire le moins de bruit possible une fois entré. Le son porte très loin à cause de l’écho et du vent. Les chutes de pierres, de glace ou de neige sont dangereuses, mais ce n’est rien en comparaison avec les créatures que cela pourrait attirer.

Le choix était leur. Gagner quelques heures de marche avant la tombée de la nuit ou s’assurer d’avoir un peu de repos avant de pénétrer la partie la plus dangereuse du trajet selon leur guide ?



Récapitulatif des bobos et actions:

Ordre du groupe:
<-Cromax qui se la pète en volant->
Freida - Ezak - Faëlis - Sibelle - Hereld - Andreï - Madoka - Arkalan

Prévenez-moi de tout changement entre les majs, que je... maj ?

Xp :
Cromax : 0,5 Moment avec Faëlis ; 0,5 :repos, tour de garde, etc
Faëlis : 0,5 Moment avec Cromax; 0,5 :repos, tour de garde, etc
Arkalan :0,5 :repos, tour de garde, etc
Ezak : 0,5 :repos, tour de garde, etc
Madoka : 0,5 :repos, tour de garde, etc
Sibelle :0,5 :repos, tour de garde, etc


Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Arkalan
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Arkalan » sam. 27 août 2022 09:14

La nuit se déroule sans plus d’encombres et le voyage reprend son cours avec une extrême pénibilité, se battant contre les intempéries et le temps dans l’espoir d’atteindre le prochain refuge avant la nuit. Le premier atteint je m’empresse de boucher le plus de failles possibles dans les roches avec de la neige. Hors de question de revoir ces horreurs galopantes, j’en ai des frissons rien que d’y penser. Evidemment le chevalier de Kendra Kâr ne perd pas de temps pour venir s’en moquer allant jusqu’à me faire croire qu’une araignée grimpe sur ma jambe. Je réagis en jetant un air horrifié dans la direction qu’il m’indique. Quand je remarque la supercherie je darde un regard meurtrier vers son air hilare. Si nous n’étions que nous deux je l’égorgerais mais agir ainsi maintenant ne me servirait à rien, si ce n’est mourir à mon tour.

« Vous trouvez ça amusant de vous moquer de la peur des autres. Vous ne savez rien de ce qui pourrait se dissimuler derrière ces créatures. Peut être que vous vous pensez à l’abri de ce qui pourrait hanter vos nuits et même vos jours mais ce n’est pas le cas. Faites le malin chevalier, mais on ne peut fuir la terreur qui nous ronge de l’intérieur éternellement, même pour une courte vie humaine. »

Lui assenais-je d’un ton glacial avant de me tourner pour sortir de la grotte. Je l’entends se défendre que ce n’était qu’une blague, ne renforçant que ma rage. Qu’il se débrouille, qu’ils se débrouillent tous avec ces horreurs qui servent Valsabarath. Je médite à l’extérieur de la grotte avant de veiller le reste de la nuit, me fermant totalement au reste du groupe pour le reste du voyage.

C’est au quatrième jour que nous arrivons à la fameuse passe. Quatre jours de mutisme et d’air renfrogné sous les éléments déchaînés des montagnes pour atteindre une faille creusée dans le roc. Un passage qui, bien qu’impressionnant, semble plus praticable que celui de l’ascension. Notre guide nous met néanmoins en garde. Traverser nous prendra encore quatre jours au moins et il n’y aura plus de refuges comme nous en avons vu sur le chemin. Elle parle aussi de chutes de neiges et d’éboulement mais surtout des créatures que notre présence pourrait attirer. Enfin elle demande si nous préférons gagner quelques heures de route en commençant le trajet tout de suite ou si nous voulons nous reposer pour entamer la route demain matin.

Sans me concerter je pose mes affaires et commence à me creuser un abri dans la neige comme l’a fait notre guide à notre premier bivouac. Si le reste du voyage est décrit comme si dangereux alors je préfère que chacun soit au mieux de sa forme.

(Choisit d’attendre le lendemain)

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Sibelle
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Sibelle » sam. 27 août 2022 14:35

Mis à part, l’air renfrogné et le mutisme d’Arkalan, ce qui n’était pas une mauvaise chose en soi, l’ambiance s’avérait bonne dans notre groupe. Des liens commençaient à se tisser, certains plus que d’autre, et bientôt, une complicité devrait s’installer. Ce n’est pas que je sois à l’aise en groupe, mais cela s’avère essentiel pour notre survie dans ce milieu inhospitalier.

Les humains acceptèrent notre suggestion de les laisser dormir et Ezak prit même la peine de nous en remercier. Parole que j’appréciai et acceptai d’un hochement de tête en sa direction. Madoka et Ezak eurent la bonne idée de se regrouper au centre, mais surtout de conserver au centre le plus vulnérable du moins en apparence : Andreï et la plus indispensable à notre survie : Freida.

Cette nuit-là fut calme, mais froide. Heureusement, aucune araignée ou autre bestiole ne vinrent déranger le sommeil des uns, la méditation des autres. Nous repartîmes le lendemain après avoir mangé pour ma part, une autre portion de viandes séchées. Conservant toujours le même ordre, nous reprîmes notre ascension à la queue leu leu. L’ascension fut rude, le froid omniprésent et le vent soulevant la neige nuisant à notre visibilité. Nous avancions à un rythme régulier, interrompu à quelque reprise par Freida qui évaluait la sûreté de certains passages avant de nous laisser s’y aventurer.

Le refuge suivant fut marqué d’un bref incident entre Arkalan et Ezak. Ce dernier eut la mauvaise idée de prétendre qu’une araignée grimpait sur la jambe de l’elfe noir. Ce dernier fut en colère, avec raison pour une fois et ne se gêna pas pour remettre le kendran à l’ordre. Je ne me mêlai pas de cette altercation, il était préférable de les laisser régler eux-même leur différent. Mais ce comportement enfantin de la part d’Ezak me déçu.

Puis les jours se succédèrent dans les mêmes conditions. Les journées s’avéraient éprouvantes physiquement et les nuits sereines mais froides. Je ne m’extasiais plus devant le paysage toujours aussi magnifique, me concentrant davantage sur chacun de mes pas. Cette fois-ci, mon ennemi n’était point fait de chairs et d’os, mais de terre et d’air. Je combattais… nous combattions ensemble contre la nature qui s’avérait un adversaire impitoyable. Pour survivre, nous devions nous protéger les uns, les autres. Et c’est dans le silence que je prêtais une oreille très attentive aux dangers probables, mais surtout à la respiration de mes compagnons de voyage afin d’être prête à agir, si l’un d’eux venait à être pris d’une faiblesse quelconque.
Ce fut en mi-journée du quatrième jour que notre guide s’arrêta. Elle abaissa son capuchon et pointa la falaise qui nous faisait face. C’était la passe dont nous avait parlé la guide. Il s’agissait d’un étroit passage, une faille entre deux immenses parois de montagnes.

La guide nous expliqua qu’il faudrait quatre jours pour la traverser. Il s’agissait de la partie la plus dangereuse de notre voyage. Et cette fois, il n’y aurait pas d’abri pour la nuit. Elle nous regarda tous, nous demandant de faire un choix. Partir tout de suite, ou bien profiter du reste de la journée pour bien se reposer et être en meilleur état pour la longue traversée de la passe.

Il était évident que nous devions nous consulter, mais Arkalan n’en fit rien. Sans dire un mot, il se débarrassa de son sac, se creusa un nid dans la neige. Il avait décidé que nous ne repartirions que le lendemain. Déjà fatigué par la dure journée, cette attitude me mit en colère. Même si je considérais que la meileure solution était d’attendre, j’eus envie de le confronter et d’annoncer que je décidais l’inverse. S’il restait là, seul et bien tant pis pour lui.

« Pour ma part, je pense qu’il serait mieux de … »

Je m’arrêtai, prit une grande respiration et poursuivis :

« De rester ici pour la nuit. »
Je m’étais rétracté au dernier moment. Pour une fois j’avais contrôlé mon tempérament, mais ma colère était tout de même tangible. Contrairement à Arkalan, j’attendis le point de vue des autres avant de me préparer un coin pour la nuit.

(((propose de demeurer là pour la nuit, mais attends l'avis des autres.)

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Cromax
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Cromax » sam. 27 août 2022 16:58

Après une nuit paisible, nous reprenons la route. Trois jours de marche, et un p’tit peu plus qu’on nous a mis quand même, nous attendent. Éprouvants physiquement, les langues se délient difficilement en journée, lors de la marche. Le soir, certains discutent, d’autres préférant se reposer dans me mutisme. C’est ainsi que le second soir de notre progression, je m’approche de notre guide montagnarde, dont je ne connais pour ainsi dire pas grand-chose.

« Salut ! Je peux m'asseoir ? »

Elle m’invite à faire comme chez moi, et demande confirmation de mon nom. Je m’exécute, prenant place à son côté, puis acquiesce.

« C'est bien ça oui. Ton ours ne te manque pas trop ? Sacrée bête, en tout cas. »

Puis, trouvant mal engagé de poursuivre la conversation sans lui rendre la pareille, je me ravise :

« Et toi, c'est quoi ton nom ? J'avoue coupablement ne pas encore avoir pris la peine de réellement te parler, avec tout ça. »

J’apprends ainsi que l’ursidé s’appelle Bjorn. Ou un truc comme ça. Et qu’il semble assez éduqué pour qu’elle ait l’assurance de le retrouver à son retour. Elle, elle s’appelle Freida.

« Et fidèle, avec ça, le nounours. »

Je lui tends la main, cordial.

« Enchanté, alors. C'est sûr que ce n'est pas tous les jours qu'on fait une telle expédition. Dis-moi, tu venais du village où l'on s'est rencontré ? J'me souviens plus. »

Elle me rend ma poignée de main, fermement, indiquant qu’elle a élevé Bjorn depuis tout jeune. Elle confirme avoir habité dans le hameau, et être partie chasser pendant quelques jours lorsque le drame est arrivé. Une chance, ou une malédiction ? Elle semble avoir tout perdu, avec ce massacre. Je commente :

« Dur... T'es courageuse d'enchaîner sur notre guidage. C'est par désir de vengeance que tu agis ? Ces enflures paieront pour ce qu'ils ont fait. »

Elle rétorque que ce n’est pas le cas, même si les responsables ne subiront aucune pitié de sa part. Elle précise avoir des devoirs envers sa famille plus importants que la vengeance. Et que le risque d’y rester.

« C'est honorable. Je crois que dans ton cas, je n'aurais de cesse de les poursuivre pour leur péter les dents. Et le reste, sans doute aussi. Mais ne t'inquiète pas, nous te tireront de ces monts, ensuite. C'était bien ton souhait, c'est ça ? »

Je me frotte les chausses, comme pour raviver un peu la chaleur de ma peau, et poursuis.

« Tu as l'air de pas mal connaître ces montagnes. Tu as remarqué des changements récemment ? Les académiciens qu'on accompagne sont persuadés que la fin du monde arrivera bientôt... Et partira d'ici. »

Elle trouve l’hypothèse un peu exagérée : il y a bien eu quelques changements mineurs dans la météo, mais rien qui n’augure une fin du monde. C’est vrai que nous n’avons, pour l’heure, que peu d’indices sur les certitudes d’Hereld. À part ces rencontres pour le moins singulières. L’immortelle armurée, le mort gelé, le maître de la brume… Je hausse les épaules. J’insiste un peu.

« Ils semblent le croire, en tout cas. Une vieille légende des montagnes qui serait prêt à se réveiller, un envoyé de Yuïa, un truc comme ça. Tu n'as jamais entendu parler de ça ? »

Et j’enchaîne avec une question un peu hors sujet, les sourcils froncés :

« Ta famille n'était pas dans ce hameau ? »

Elle hausse les sourcils et jette un regard vers Ezak. Apparemment ils ont déjà abordé le sujet. Elle avoue connaître la légende des esprits. Et confirme que sa famille était bien dans ce hameau, bien qu’elle soit originaire de Nirtim. Elle parle d’y éduquer son enfant. Curieux qu’il ait survécu au carnage.

« Ah, donc tu connais la légende. Et ça te semble plausible, avec les événements récents, ou ils sont paranos ? Les morts qui marchent, les meurtres, plus tout ce que tu as observé. »

Une piste qui tombe à l’eau : elle se sent dépassée par tout ça. Je reprends, à propos de l’enfant, un sourire aux lèvres.

« Ah, ravi de savoir qu'il n'était pas au village. Tu l'avais envoyé vers Nirtim, déjà ? Tu prévoyais de partir ? »

Ella avoue qu’en réalité, il n’est pas encore né. Je manque de m’étouffer.

« Quoi, tu es enceinte, là ? Et tu prends tous ces risques ? Le terme est pour bientôt ? »

Si je ne m’attendais pas à un truc, c’est bien ça. Elle ne semble pas y trouver le moindre souci, cependant, affirmant avec conviction que nous avions besoin d’un guide, et que le choix de marcher seule dans le blizzard était moins enviable que son sort actuel, bien accompagnée. Pas faux. Elle me rassure quand même en précisant que le bébé est encore loin de naître. Je soupire de soulagement, me laissant aller à la confidence.

« Oh je ne m'inquiétais pas de tes aptitudes à nous mener, juste de la santé du bébé. J'ai... déjà escorté une femme enceinte, par le passé. Dans des conditions bien différentes. Je l'ai aidée à accoucher, en plein désert, alors que nous n'étions que deux, à des lieues de toute civilisation. »

Regardant le ventre de Freida, bien dissimulé sous ses couches de vêtements, je vais commenter sommairement…

« Il en aura vécu des choses, avant même de venir au monde. »

Mais une pensée me traverse l’esprit et m’arrache une grimace anxieuse.

« Et… Le papa ? »

Son regard se teint de tristesse, déviant de son assurance habituelle. Sa voix est tremblante, alors qu’elle me répond qu’elle espère qu’il soit mort sans douleur. Je soutien son regard et pose une main sur son épaule. Maigre réconfort.

« Je suis désolé. »

Puis, poursuivre :

« Si tu sens la peine te ronger, n'hésite pas à venir me parler. Freida. »

Je répète son prénom dans mon esprit, comme pour l’intégrer pour de bon. Je me sens plus proche d’elle, désormais. Je la considère comme une personne plus que comme un outil pour trouver notre chemin. Elle a une histoire chargée, des émotions vives. Pas juste une carte vivante qui parle. Sans transition, cependant, je change de sujet. Peut-être tout ceci est un peu trop intense pour une première discussion.

« Et... notre petit groupe, qu'en penses-tu ? Nous crois-tu à la hauteur de ce que les académiciens attendent de nous ? »

Elle regarde autour de nous, avisant tout un chacun. Elle avoue que malgré une première impression teintée de jugement négatif sur l’imprudence stupide de certains (sans rire…), nous sommes en relative sécurité. Bien préparés, et forts. Elle dénote cependant un manque de cohésion. Je hausse un sourcil alors qu’elle précise que rien n’est de ce côté insurmontable… Surtout vu la proximité de certains. Je réagis d’abord à la première affirmation.

« Un manque de cohésion ? Vous voulez parler de Sibelle et Arkalan ? Ils m'ont promis que leur mésentente ne nous desservirait pas. »

Puis, amusé par sa répartie sur mes accointances nocturnes, je précise :

« Il faut bien se tenir chaud ! Ça ne te dérange pas, j'espère ? »

Elle avoue n’avoir aucune confiance en le shaakt, et qu’elle s’en remettrait plus facilement à Andreï s’il fallait la sortir du pétrin. Pas demander… Pour la seconde question, elle précise que ça ne la regarde pas, du moment que je sache marcher le lendemain. Et que je n’attire pas les bêtes des environs.

« Oh, tu exagères, je ne suis pas si bruyant ! Quant à avoir de la difficulté à marcher... ce que je conçois sans peine, pour ma part je vole ! Et je peux porter celui qui faillira. Arkalan ne posera pas souci, même s'il est persuadé que les shaakts sont dans le coup. Ce n'est pas un mauvais bougre, il est juste... pas très social. »

Elle semble prendre en pitié Andreï, car elle y fait référence une fois de plus, demandant de lui apporter l’attention qu’il mérite, le voyant fourbu par l’expédition.

« Il y a plus agréable, c'est sûr. Même si rester critique est un atout : nous ne nous connaissons tous que très peu. Je ferai attention à Andreï, oui. Même s'il n'a pas non plus l'air très sympathique. »

Elle note, en opposition, qu’il a quand même sauvé Madoka. Un indicateur suffisant pour lui accorder sa confiance. Je ne suis pas super convaincu. Quant à Arkalan, elle met des mots clairs sur ce qu’elle pense de lui après lui avoir jeté un regard : ce n’est pas un bon compagnon de voyage. Dur. Elle affirme même qu’elle n’aurait aucun mal à le laisser derrière s’il s’avère que son attitude desserve le groupe.

« Il a agi par réflexe, n'importe qui aurait fait de même. Mais effectivement, Arkalan n'est pas à son coup d'essai pour la mise en danger. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a décidé de partir ainsi à l'aveugle dans les montagnes, lorsque nous étions au hameau. »

Elle va dans mon sens, indiquant que même sans ces animaux, ils seraient morts en quelques jours à peine, perdus et perclus de froid. Ils sont chanceux que nous les ayons rattrapés. J’acquiesce. Au moins je ne suis pas le seul à penser ça de leur scabreuse entreprise.

« De fait, une chance. Il m'aurait peiné de perdre Madoka si bêtement. Enfin... Je te laisse te reposer. Nous aurons d'autres occasions de discuter. Et surtout n'oublie pas : si tu as besoin de parler, de quoique ce soit : doutes, indices, émotions, je suis là. »

Elle me souhaite une bonne nuit, et je la laisse à ses occupations, partant en souriant.

Le lendemain, c’est Ezak qui, à la tombée du jour, me fait signe de le rejoindre à l’écart du groupe. Ils vont finir par penser qu’on complote, à force de messes basses. Intrigué tout de même, je le suis jusqu’à l’entrée du refuge, où je le retrouve en train d’observer les montagnes. Sans un mot, je me place à son côté, imitant son attitude et regardant à mon tour le paysage. Ezak prend la parole, sans préambule, et me demande de veiller sur Andreï. Décidément, ils sont nombreux à lui vouloir du bien, à ce vioque. Il est vrai qu’à son âge, une telle aventure doit être rude. J’opine du chef.

« Oui, il n'est plus tout jeune. Je m'occuperai de le transporter dès demain. »

Il hoche à son tour la tête et enchaine sans transition, allant droit au but. Efficace, j’aime ça. Il dit avoir appris plusieurs choses intéressantes auprès de nos commanditaires et de notre guide. Attirant mon intérêt, je tourne le regard sur lui alors qu’il me questionne sur le Maître de la Brume.

« Le Maître de la Brume... Cet elfe aux airs amicaux qu'on a découvert en chassant sa soi-disant sœur immortelle ? »

Ezak confirme, et me donne l’information qu’il détient : Ertiart l’aurait déjà croisé par le passé, à l’académie, alors qu’il cherchait des informations sur les Fenris. Le peuple local. Je fronce les sourcils.

« Hm. Il semble en avoir pas mal appris sur Nosveris, en tout cas. Et qu'est-ce qu'Ertiart lui aurait dit alors ? »

Il assure n’avoir rien révélé d’important, selon les mots d’Ezak. Un solitaire en quête de savoir exclusif à l’académie. Mais ce n’est pas tout : Freida elle aussi l’aurait déjà rencontré. Dans son village. Je l’interromps.

« Décidément, il apparaît partout ce bougre. Et il demandait encore des informations sur les Phalanges ? »

Ezak assure que cette fois, il donnait des informations plutôt que l’inverse. Il aurait narré la Légende de la Dame Louve aux autochtones. Un mythe fondateur Fenris évoquant Yuïa. Il se serait également entretenu avec l’ancien du hameau, bien que le sujet de la conversation n’ait pas été ébruité. Une demande d’informations sur la région, peut-être. Je suis dubitatif.

« En tout cas, il n'est plus là pour le dire. Enfin s'il faisait partie des morts du hameau. Tu crois que c'est lui qui a envoyé sa 'sœur' sur eux ? Masquer ses traces, après cinq ans ? Et cette légende, un rapport avec celle dont nous ont parlé les deux cryomanciens ? »

L’homme me surprend en affirmant avoir vu l’âme de l’ancien en question, apaisé, par le biais de ce fameux elfe fumeux. Il aurait dénoncé le coupable de leur perte : un mage à la peau sombre. En ce qui concerne la légende, Ezak ne semble pas avoir d’avis. Là encore, je fais la moue.

« C'est un peu facile... La brume glaciale, les morts... N'est-ce pas là sa signature, à ce maître du brouillard ? Vous avez récupéré des indices allant dans cette direction, au hameau avec Madoka, non ? Ertiart dément le fait que ça puisse être Dan, j'imagine ? »

Il avoue n’avoir pas évoqué le sujet avec le shaakt. Lui aussi un mage à la peau sombre. On pourrait presque commencer à comprendre la paranoïa d’Arkalan concernant les siens. Ezak est quand même de l’avis de l’innocence du Maître de la Brume pour ces crimes, arguant qu’ils n’auraient, lui et sa sœur, aucune raison de nous mentir. Je me gratte le menton. C’est maladroit de penser ainsi.

« Et Ertiart, il a un intérêt à mentir ? Je sais que tu ne lui fais pas confiance, mais il n'a rien fait contre nous, jusqu'ici. Ce qu'on ne peut pas dire de l'autre duo des glaces. »

Soupirant, je poursuis.

« Encore une fois, on ne saura pas avant que les visages se découvrent. L'important, alors, c'est que nous restions soudés. Ensemble. »

L’homme avoue s’être un peu emporté concernant notre meneur shaakt. Il ne pense pas qu’il mente, et pose même l’hypothèse de l’existence d’un autre peuple, humain, à la peau sombre. Des mêmes origines que ce cadavre congelé servant de couvée aux araignées. En conclusion, il assure qu’il souhaite unir nos forces, ces aveux partagés en étant une preuve. Il a beau être kendran dans l’âme et dans le geste, je lui fais confiance pour ça. Même s’il continue de me vouvoyer. Et moi de le tutoyer. Je réponds à son ouverture.

« Je suis bien d'accord. Si j'apprends quelque chose de mon côté, tu seras également au courant. Et tu sais mes lames dédiées à notre cause, et à la protection de chacun ici. Si tant est qu'il ne trahisse pas. »

Je laisse flâner un sourire sur mes lèvres, qu’il me rend brièvement en opinant. Plus sérieux, je poursuis néanmoins.

« Je n'ai jamais vu d'humains à la peau sombre autre part que sur Imiftil. Curieux que ce continent en ait. Je les voyais tous blancs comme la neige... Tu crois que c'était un autochtone ? En tout cas, sa mort n'était pas accidentelle. »

Selon lui, c’en est un. Des humains à la peau noire, il en a vu même à Kers, sur le Naora. Incrédule, je rétorque :

« Au Naora ? Je croyais qu'il n'y avait que des sindeldi, là-bas. Enfin... Il faut aussi dire que je n'y ai jamais mis les pieds. »

Laconique, il répond qu’en tout cas, il fait mieux vivre là-bas qu’ici par les temps qui courent. Il prend alors congé, souhaitant vouloir mettre de l’ordre dans toutes ces informations. Amical, il s’éloigne. Je reste un instant devant le paysage magistral et neigeux. Que faire de tout ça ? Le mystère, pour l’heure, ne semble que s’épaissir. De plus en plus, néanmoins, je commence à croire que rien de ce qui n’est arrivé depuis notre départ de l’académie ne soit le fruit du hasard. Tout semble lié, irrémédiablement. Mais comment ? Impossible à dire pour l’heure.


Le lendemain, pour faire valoir ma promesse à Ezak, je me rends près d’Andreï pour lui proposer de grimper sur mon dos pour la journée qui vient, afin de le soulager du fardeau de sa propre personne. Dans un premier temps, fier, il refuse catégoriquement. Ensuite, cependant, grâce à l’intervention opportune d’Hereld, il finit par accepter de mauvaise grâce, maugréant dans sa barbe comme un enfant. Je prends la forme d’une sorte de centaure, pour cette journée : mon buste à moi, et le corps d’un étalon blanc se fondant dans le paysage. Sur celui-ci se juche l’académicien âgé pour quelques heures de marches. Quand nous arrivons enfin à un autre tournant de notre voyage. L’arrivée à la fameuse et dangereuse passe. Une traversée de quatre jours, inconfortables et dangereux, nous attend. Freida nous intime à un silence total, doublé d’une prudence infaillible. Elle nous donne un choix : celui de rester ici pour la suite de la journée et de la nuit afin de prendre du repos avant cette nouvelle épreuve, ou poursuivre directement, nous faisant gagner quelques heures sur notre objectif.

Arkalan semble être le premier à se décider, creusant sans un mot son abri. Sibelle le suit de près, semblant du même avis. Même si ça semble lui arracher la gueule de le dire. De mon côté, j’acquiesce également.

« Que les humains se reposent, s’il nous faut quatre jours d’inconfort pour la traverser. Nous aurons besoin de toutes nos forces. »

Je ne sais si la décision est la bonne, cependant. Ça laisse de l’avance à nos ennemis. Et le temps n’est pas notre allié. La fatigue non plus, ceci dit. Et aucun compromis possible entre les deux. Toisant d’un air interrogateur les autres, je prépare mes peaux pour cette nouvelle nuit de veille.

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Madoka
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Madoka » dim. 28 août 2022 01:31

A mon réveil, rapide, frigorifique et surtout au lever du jour, je devine que la nuit s’est passée sans visite nocturne. En silence, chacun regroupe ses affaires et nous reprenons la route dès que possible, toujours dans le même ordre, survolés par Cromax. Je garde un œil sur Andreï, son allure et son rythme. Le vieil académicien souffre réellement de nos journées de marche, et pour cause, en plus de son âge il a pour lui de devoir faire avec un corps habitué à l’étude. Et pourtant, il ne rechigne pas, souffre en silence et avance en suivant le rythme d’une femme rompue à l’exercice.

Une longue et éreintante monotonie cadence cette nouvelle journée et souvent, lorsque Freida fait halte pour nous avertir d’un passage difficile et de la marche à suivre, je réalise à quel point la présence du mage est au mieux irresponsable, ou courageuse diraient certains, au pire la démonstration qu’ils n’ont su réellement appréhender l’étendue de leur expédition. Cette pensée me revient chaque fois que je relève la tête et que mon regard englobe le groupe. Si peu alors que le futur est a priori en jeu, si peu et aucun qui sache à quoi s’en tenir.
Lorsque les bourrasques manquent de le faire tomber à terre, je me dis pourtant que, peut être, sa présence est le fait d’une loyauté parmi les plus rares et d’une détermination poussée à l’extrême.


Les journées sont trop fatigantes et les nuits trop froides pour que mes idées et mes pensées puissent trouver un socle clair et cohérent. Je déteste attendre sans savoir pourquoi, et marcher sans savoir au moins ce qu’on cherche m’est insupportable. Ce paysage escarpé devient plus sordide jour après jour, l’impuissance et la lassitude que je ressens face aux bourrasques de vents glacés qui traversent mes vêtements et se ruent sur mon visage, pourtant à demi-dissimulé, me rappellent les pires moments au milieu du désert de l’Ouest ; à un détail près, j’avais un but précis.

Les soirs, je m’isole dans ma muraille de lassitude. Limitant les interactions au minimum, je ne fais que veiller à ma faim, ma soif et mon sommeil. Chaque soir pourtant, pendant les courtes heures de repos de ceux qui veillent à notre sommeil, l’observe les alentours, attentive aux bruits mais chaque fois j’ai l’impression d’être un peu plus au milieu de nulle part. Même la chouette qui nous survolait, je peine à la retrouver.


Ezak vient pourtant un soir modifier cette routine désespérante. Il s’assoit à mes côtés tandis que je me cale dans mes couvertures. Comme se parlant à lui-même il note le calme de notre voyage, si calme qu’il se demande quand tombera la tempête. Il est vrai que souvent, une période de calme relatif en précède une autre plus mouvementée, mais là encore, avant ici, tout cela je le contrôlais.

« Vous êtes impatient d’en découdre ? Demandé-je pourtant afin de connaître le fond de sa pensée.
-Non. La patience est bien l’une des choses que j’ai le plus nourris ces dernières années pour survivre, dit-il d’abord.
Il trouve d’ailleurs inutile d’appeler de ces vœux l’inévitable, car c’est bien vers cela que nous nous dirigeons. Il craint cependant que nous soyons pris par surprise.
Sur l’instant, je me demande comment, avec tous ces gens fébriles au moindre bruit cela pourrait arriver …

« Nous sommes constamment sur le qui-vive, mais dans un milieu inconnu. La nature même de ce qui peut nous tomber dessus, en revanche, est impossible à prévoir. »

Il acquiesce, ajoutant qu’il émet des doutes quant à la nature même de ceux qui nous ont attaqués, même s’il s’est déjà fait une idée à ce sujet.

« Et vous accepteriez de la partager ?
- Je l’ai déjà fait. Vous n’étiez pas présente à ce moment car vous vous mettiez dans le pétrin avec Arkalan. »

Je reste sans réaction tant la réponse s’éloigne de la question mais derrière mon regard patient, je ris de bon cœur, amusée d’abord par son sérieux … puis je m’interroge. Est-ce une autre provocation, à l’image de la blague faite au noiraud la veille ? Suis-je censée sortir de mes gonds pour si peu ? Mais cela reste une manière non déplaisante de rompre la monotonie de l’expédition, pour lui en tout cas s’il y prend plaisir. Au moins un qui s’amuse ; moi je m’ennuie tellement vite.
Sa réponse me sort de mes pensées et réveille un peu de mon intérêt pour ce qui nous rassemble. Selon lui, nos ennemis au village seraient de nature divine, peut être même les créatures de Yuia, les frères.

« Les deux qui selon la légende ont été absorbés par l’esprit fou, dis-je en réfléchissant à voix haute. »

Continuant sur cette voie de réflexion, je me remémore les paroles de la sorcière et tente de les juger sous un autre angle en prenant en compte le fait qu’ils sont sortis de la brume sans difficultés.

« Pensez-vous qu’ils œuvrent au même dessein que nous sans s’en douter, ou craignez-vous qu’ils soient sous l’influence de l’esprit emprisonné. »

Ezak m’apprend alors que lors de leur rencontre il a pu parler au mage ; celui dont Faëlis m’avait rapporté qu’il semblait rassurant ; et lui faire comprendre notre position. A cet aveu, ils les ont laissés partir indemne. Il en déduit qu’ils ont peut être le même objectif mais avoue, sagement au demeurant, qu’il ne leur fait pas confiance pour autant. Ils avaient selon lui ce comportement extrémiste des êtres dotés de pouvoirs divins, à l’image de Oaxaca et du Dragon qui n’avaient pas hésité à sacrifier leur alliés.

« S’ils sont effectivement ce que vous supposez, nous devons d'autant plus nous en méfier, bien plus même que d'un ennemi direct ou de ce mage qui aurait tué les villageois. Nous ne sommes rien aux yeux des Dieux et moins encore des créatures crées par eux. C'est une situation bien sombre à vrai dire, à des lieux de ce que nous pensions au départ. Je me demande si nos amis académiciens se rendent compte de la situation et de notre position. »

Mes propos, bien qu’alarmant si véridiques, ne sont que le reflet des siens. Pour sa part, il nous pense tous à côté de la plaque. Non en raison de nos capacités mais du fait qu’aucun de nous n’a de réponses claires. Nous ne faisons tous qu’émettre des hypothèses et les siennes, tout autant que les autres, sont probablement fausses.
Je l’observe tandis que son visage dénote une profonde réflexion. Il se pose de nombreuses questions, sans doute autant que moi, peut être plus que d'autres ici, mais cela l’affecte différemment. Là où je me sens ennuyée et contrariée, il se sent aveugle, impuissant car privé de marge de manœuvre alors qu’il avait avant tout cela l’habitude d’avoir une vision longue à chaque situation. A la tête d’une troupe assez nombreuses, il était les yeux, le cerveau, la sagesse de l’équipe afin que les missions soient menées à bien. Il se contente de marcher … comme nous tous.

« C'est ce qui m'est le plus difficile ici, n'avoir aucune vision d'ensemble, en être réduite à avancer et attendre. Et pourtant, je n'ai jamais été responsable que de moi. Nous connaissons l'enjeu de notre objectif mais nous ne pourrions en jurer. »

Je sors alors le morceau de parchemin offert par Hereld et le montre à Ezak, presque comme l’aveu d’un combat contre l’impuissance et l’ennui. J’y ai inscrit les directions que nous prenons chaque jour, déssiné la route et le temps de marche.

« J'en suis réduite à noter notre route pour me donner l'impression que je ne suis pas là pour rien. »

Je remarque une étrange lueur dans son regard, proche de la surprise, et ses mots le confirment aussitôt. Il se dit impressionné. L’utilité d’une telle carte ne lui échappe pas mais le naturel avec lequel il évoque sa réelle importance si d’aventure nous perdions Freida me laisse perplexe. C'est sans doute la vision longue dont il parlait qui le pousse à penser à cela, alors qu’il avait dit se faire un devoir de la protéger elle et son enfant.
Moi, mon but était plus égoïste, je voulais surtout m’occuper à quelque chose.

Il rit soudain, de manière légère, presque pour lui-même et se retourne vers moi, le sourire aux lèvres, il m’avoue m’avoir mal jugé.
Je ris brièvement, amusée tant par le côté communicatif de son sourire spontané qu’à cause des mots prononcés.

« Ah ! … cela m’arrive tout le temps, dis-je en souriant avant de rajouter d’un air faussement grave.
Mais j’espère que ce changement m’est favorable.
- Oh oui ! Vous montez en grade mais pas trop quand même … pour ça il faudrait que vous arrêtiez de trébucher sur les chemins étroits des falaises escarpées. »

Il m’amuse. Son tempérament soupe au lait a ce surprenant contraste provocateur, sans gêne, et je pense sans trop me tromper qu’il recherche et aime la confrontation. Amusée, un peu moins lassée de ma situation actuelle, je ne lui fais pas grâce d’une confrontation pour autant.
Je retire mon gant et lui tend la main.

« Ma foi, voilà un défi que je ne peux qu’accepter ! »

Il ne quitte pas son air amusé en me répondant qu’il n’en attendait pas moins.
Je remets aussitôt mon gant et réajuste mes couvertures pour une nouvelle nuit tout à la fois éprouvante et bienvenue.
La fatigue ou l’adaptation aux conditions, je ne sais laquelle des deux transforme mes nuits en moments de moins en moins difficile, mais je m’endors rapidement, ayant pris l’habitude de réchauffer mon visage enfoui dans ma capuche avec ma respiration.

Au milieu du quatrième jour, Freida nous arrête devant la dite faille que nous devions rejoindre puis traverser. Le ton est donné, à partir de maintenant, le chemin ne nous offrira plus de grotte ou de caverne pour nous protéger la nuit. Mais une fois traversée, le pire sera derrière nous, est-ce à dire que le pire est actuellement devant nous ? Il n’y a qu’à laisser faire nos sens aiguisés du dramatique.

Je dois lui reconnaître une chose, à cette faille. Elle a pour elle de casser l’insupportable redondance du paysage traversé jusque là. Elle est coincée entre les flancs abrupts des monts, des parois immenses nous surplombent tels des colosses et le vent nous accueille avec une violence prémonitoire. Le sol, de ce que je peux en voir a l’air régulier et le chemin en lui-même moins escarpé.
Il nous faudra encore quatre jours de marche pour la traverser, et les difficultés seront alors toutes autres. On laisse derrière nous les risques de chutes et la difficulté du terrain, quasiment impraticable par moment. On trouvera à la place un endroit battus par les vents, sans véritable repos et surtout un lieu où le moindre bruit peut éveiller les créatures qui y vivent.
Freida nous donne le choix, profiter du reste de la journée pour se reposer ou partir sur l’instant. Perdre du temps ne me plait pas énormément, ne sachant pas à quel point les autres ont comme avance, et là encore tout n’est que spéculation … mais le repos n’est pas à négliger, d’autant plus maintenant. L’endroit nous offre des espaces à l’abri, les derniers avant des jours.

Rapidement, le choix de rester se fait naturellement, entreprit par Arkalan qui creuse un abri dans la neige comme le premier soir de cette étrange expédition.
Sans demander mon reste, sans faire grand cas de l’animosité notable entre Sibelle et Arkalan, je réponds au regard interrogateur de Cromax.

« Mieux vaut tous nous reposer, oui. »

De notre repos dépend notre attention et notre capacité à réagir promptement. J’ai l’impression que Andreï lui-même a pu profité du fait d’être porté par Cromax, transformé en un centaure magnifique.
Ayant, j’espère à raison, estimée que le reste du groupe ne décidera pas de partir dès maintenant, je commence à préparer mes affaires afin de creuser un trou contre l’une des parois. J’avais pour ma part bien l’intention de gagner sur ma fatigue grâce à cette pause.

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Ezak
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Ezak » dim. 28 août 2022 09:53

Je pus lire clairement le doute dans les yeux de Freida au moment de ma proposition, mais elle finit par accepter et venir se positionner, avec Andrei, entre Madoka et moi pour sa protection. Mon jeu d’armes diverses positionnées près de moi, j’étais prêt à toute éventualité mais heureusement cette nuit là resta calme.

Nous repartirent le lendemain aux aurores, sur ce chemin tortueux à flanc de montagne avec lequel nous avions fait connaissance la veille. Là encore la route se fit en toute quiétude, sans problèmes majeurs. Nous avancions le pas prudent, petite troupe tranquille, dans ce paysage qui ressemblait en rien à ce que j’avas connus. Fils de la partie Sud-Ouest de Nirtim, je ne reconnaissais dans ce paysage accidenté, en proie aux vents glaciales, rien de mon Ynorie natale ou de mes terres ancestrales kendranes. Les plaines et collines fertiles, la douceur de climat à peine âpre en hiver de chez moi paraissaient inconcevables dans ce désordre de montagne, sans horizon visible. En ces lieues tout paraissait austère et étonnement calme.

Seul le vent plutôt vivace sur ce flanc de montagne semblait souffler un murmure constant se répercutant sur les parois rocheuses. Un chuchotis glaciale qui pouvait vous saisir jusqu’à l’os. Les seuls autres sons qui parvenaient à mes oreilles étaient ceux qu’émettait Freida parfois pour donner un ordre. Elle menait la cadence de notre chenille humaine avec une expertise et un sérieux qui rapidement tranquillisa mon esprit. Le lieu était semé d’embuche, et forçait même notre guide, pourtant familière de l’environnement à s’assurer de la sureté des passages. Rien ne nous était facilitée j’eus rarement affronté des conditions aussi éprouvantes. Le vent quand il ne chuchotait pas se mettait parfois à siffler, lorsque muer en de violentes bourrasques il nous aspergeait d’une neige scélérate qui arrivait toujours à vous surprendre. Toute la montage semblait s’exprimer de chuintement en sifflement irrégulier, comme pour nous hurler de partir. Et plus, nous violions son intimité plus elle faisait entendre son désaccord avec notre présence.

Il était difficile, voire impossible de communiquer entre les membres du groupe dans ces conditions. Je notai l’ironie de la situation, nous petite expédition, positionnée en ligne ,chacun de nous, ayant vu sur l’arrière de son plus proche camarade d’équipée et tous réunis dans notre solitude partagée.

Ce recueillement imposé rendait l’instant propice à un retour à soi. Fermé sur moi-même je me rendis compte que cela faisait longtemps que je n’avais pas eus d’espace à moi, pour me recentrer sur moi-même. Je n’avais fait en réalité que d’aller de service en service. D’abord sous la coupe de la Reine Noire à jouer le rôle de son Sergent docile, et à présent dans le sillage de Satina, en tant que fidèle Chevalier. Une reine pour une autre en somme. Enfin… Une reine déchue pour une reine niée dans sa qualité. J’avais participé à la chute de l’une, et j’avais pour dessein de participer à l’ascension de l’autre… Au final, je n’avais cessé de me battre pour d’autres car dans ce monde les têtes couronnés écrivent l’histoire et les lames qu’elles draguent dans leurs sillages n’étaient la que pour fixer l’encre. Soit ! Je n’en voulais plus au sort que m’avait réservé le monde depuis mon retour en grâce. Après tout, ma place n’était pas si mauvaise.

C’est sûr cette conclusion positive que nous arrivâmes au deuxième refuge. A peine avions nous mis les pieds à l’intérieur que frénétiquement le shaakt Arkalan commença à boucher les failles avec de la neige. Je l’observai un instant. Celui-là était vraiment un drôle d’oiseau. Il était bizarre, il n’y avait pas d’autres mots. Il ne se reposait quasiment jamais, ne parlait quasiment jamais, avait toujours cet air un peu sur ses gardes comme si il attendait quelque chose qui ne semblait jamais venir. Ce petit comportement avec lequel je m’accommodais mais que je trouvais tout même un peu agaçant à la longue me poussa à aller l’interpeller.

« Ça va ? Vous avez l’air au bord de la crise de nerf… »

L’homme me répondit d’une voix calme qui contrastait avec son empressement physique qu’il ne tenait pas forcément à se faire dévorer. Compréhensible, mais j’étais sûr qu’il y avait autre chose. Espiègle je continuai :

« Vous ne vous êtes pas dit qu’ils pourraient tout aussi bien vous rentrer dans les mains avec une telle proximité ? »

Sûr de lui, il affirmait être aussi prudent que moi j'étais moqueur.

Je fis mine de baisser mon regard vers les jambes d’Arkalan. « Vous êtes si prudent que vous ne voyez pas celle qui vous grimpe sur la jambe actuellement. »

Une expression de terreur naquit sur son viasage avant qu’il se rende compte qu’il n’y avait rien sur sa jambe. Son regard devînt haineux envers moi avant qu’il se mette à me faire la leçon sur le fait jouer avec la terreur des autres. Furieux il s’éloigna en me sommant de prendre garde à ce que mes peurs ne me rongent, moi aussi un jour. Il avait tord sur une chose. Cette peur incontrôlable je l’avais eu longtemps, tout le long de mon service sous Oaxaca.
J’observai le shaakt s’éloigner en tentant tant bien que mal de se retenir de rire. Je devais avouer ne pas avoir imaginer une telle réaction. Je le devinais dérangé, je ne l‘imaginais pas traumatisé.

« Oh allez ! C’était juste une boutade ! Le prenez pas comme ca. »

Mais il resta sourd et continua sa route. Je le laissai donc faire en levant les épaules.

« Et j’ai peur de rien… moi. »

Ce qui était présentement vrai sous mon armure. Probablement aurait-elle été plus utile au Shaakt qu’à moi-même.
Je restai le reste de la soirée un peu à l’écart des autres, souhaitant me reposer ardemment pour le reste de la route. Les conditions de voyages au lendemain furent tout aussi dur, mais restèrent calme. Il n’y eut pas d’incidents particuliers depuis la découverte du corps. Le temps me parut long, et un soir alors que je me retrouvai assis près de Madoka je me confiai en exprimant mes pensées à haute voix.

« Ce voyage est si calme, que je finis par me demander quand nous tombera dessus la tempête. »

Elle me demanda si j’étais pressé d’en découdre.

« Non. La patience est bien l’une des choses que j’ai le plus nourris ces dernières années pour survivre… Inutile d’appeler de ses vœux ce qui de toute façon adviendra. J’ai juste la crainte que cela nous tombe dessus par surprise, au moment où nous y attendons le moins… »

Elle alla dans mon sens en affirmant que nous pouvions pas prévoir ce qui pourrait nous tomber dessus dans cette nature inconnue.

« Je ne vous le fait pas dire… Nous n’avons à l’heure actuelle beaucoup de doutes sur la nature même de ceux qui nous ont attaqués alors allez voir ceux dont nous ne soupçonnons pas l’existence… Enfin, j’ai ma petite idée moi mais c’est mon intuition qui parle… »


Sa curiosité piquée, elle me demanda si j’accepterais de lui en parler.

« Je l’ai déjà fait. Vous n’étiez pas présente à ce moment car vous vous mettiez dans le pétrin avec Arkalan. »
Dis-je de manière factuelle sans ton accusateur dans la voix. J’étais déjà passé à autre chose.

« Je pense que nos ennemis étaient de nature divine… Je pense que ce sont les créatures de Yuia… les frères de notre ennemi. »

Elle m’écouta attentivement avant de demander des précisions. SI je pensais que c’était ceux de la légende et si je croyais savoir où allait leur allégeance.

« Oui ceux là même… Je ne suis pas vraiment sûr de leurs desseins. Je pense qu’ils essayent d’œuvrer dans notre sens, je pense même que depuis que nous avons eu notre conversation j’ai réussis à leur faire comprendre. Ils ont fait le choix de nous laisser avancer, sans s’en prendre à nous, en connaissance de cause. Mais je ne leur fait tout de même pas tout à fait confiance . Ils avaient tous les deux à leur manière ce petit comportement extrémiste qui faisait qu’ils avaient l’air de se sentir supérieur à nous et d’expérience tout ce qui est de nature divine est susceptible de nous causer des problèmes à nous mortels. Je crois que si les dieux ne sont plus sur Yuimen, c’est pour une bonne raison. Ce qu’on fait Oaxaca et le dragon noir deux de leurs … créatures… à Kochii en sont la preuve."

Elle affirma que si ma supposition était exact nous devions grandement nous en méfier, affirmant que nous n’étions rien aux yeux des Dieux. Je n’étais pas si extrémiste dans mon raisonnement, ne pouvant occulter qu’ils nous avaient en quelque sorte sauvés d’Oaxaca, mais je ne rebondis pas. Ce n’était pas là un débat d’idées. Elle finit sont intervention en se demandant si les académiciens qui nous accompagnaient étaient bien conscients de la situations ?

« Hé bien… C’est inquiétant à dire comme ça, mais je crains bien que nous soyons tous à l’ouest dans ce groupe. Académiciens comme aventuriers. Aucun de nous n’a de réponses claires si ce n’est que des hypothèses… Il se peut que moi même je raconte n’importe quoi…. »

J’émis un silence avant de reprendre : « Il n’y a pas si longtemps j’étais à la tête d’une troupe de cinquante âmes. Quand on est dans cette situation, quand on est en charge de tant de vie, on prend l’habitude d’être l’homme de la situation , un guide avec une vision longue. On doit être les yeux, le cerveau, la sagesse de l’équipée pour qu’il mène à bien sa mission. J’essaye du plus profond de mon âme de mettre cette expérience au service de tous ici, mais je dois avouer que pour le moment je me sens bien aveugle et privée de marge de manœuvre. Je me contente de marcher dans les pas de Freida, incapable de voir ce qu’elle peut lire dans ce paysage… »

Madoka me confia que cet impossibilité de pouvoir prendre les devants la frustrait également. Elle sortit de son manteau un petit parchemin ou était noté nos trajets avec beaucoup d’informations.

"J'en suis réduite à noter notre route pour me donner l'impression que je ne suis pas là pour rien."

J’ouvris un peu les yeux de surprise en observant le parchemin. « Hé bien… Je suis impressionné. Cela pourrait être utile aux survivants pour le chemin du retour si d’aventure nous perdions Freida… »

Il était vrai que depuis le début j’avais plutôt l(impression qu’elle était une débutante sympathique sans grande expérience mais qui était un possible fardeau. Il fallait dire que l’affaire avec Arkalan, quand ils nous avaient mis en danger avec leur initiative, ne m’avait pas aidé à changer d’avis. Je me rendis compte à quel point je m’étais trompé. Ce qui me fit rire de moi-même, posant une main sur mon front devant ma propre culpabilité. N’étant pas du genre à cacher ce genre de pensées, je lui révélai d’emblée les raisons de ce rire soudain dans un sourire.

« Je dois avouer que je vous ai mal jugé. »

Elle en rigola également affirmant que ça lui arrivait régulièrement.

« Mais j'espère que ce changement m'est favorable" rajoute-t-elle d'un air faussement grave.
J’aimais bien sa manière si singulière de prendre certaines choses avec une telle légèreté que tout semblait glisser sur elle. Elle était plutôt divertissante. Je répondis sur le ton léger de la blague. « Oh oui ! Vous montez en grade mais pas trop quand même…Pour ça il faudrait que vous arrêtiez de trébucher sur les chemins étroits des falaises escarpées. »
Elle retira son gant et me tendit sa main, affirmant vouloir relever le défi.

Amusé par sa réaction, je fis de même et lui saisit la main. « Ah j’en attendais pas moins !»

La dernière journée fut tout aussi rude que les autres, même plus. Plus nous menions notre ascension plus nous devions faire face au vent qui était de plus en plus présent en altitude. Les conditions étaient pas facile et je commençais à m’inquiéter pour l’état de nos commanditaires. C’est la raison pour laquelle lorsque nous atteignîmes le refuge au soir, je fis le choix d’aller m’enquérir de l’état Ertiart et Andrei après m’être assis près d’eux.

« Comment ça se passe pour vous ? Les corps ne sont pas trop fatigués ? »

Andreï était allongé, les yeux clos l’air épuisé, et c’est donc Ertiart qui me répondis

- Notre jeunesse nous manque, difficile de le nier. Profitez-en. Heureusement que notre chère guide est prévoyante.

Andreï les yeux toujours clos parvînt à articuler : - Ne pensez pas m'enterrer si facilement.

Les propos surprenant du vieux me firent rire. Je me permit de commenter : « C’est bien là notre malédiction à nous humains. Notre jeunesse est éphémère comparée à celle des elfes et j’aime à croire que cela nous rend beaucoup plus déterminé.»
Les coins de la bouche d'Andreï se courbèrentnt en un presque sourire pendant qu’ Ertiart l'observa un instant avant de reporter son attention sur moi

- Vous ne serez peut-être pas d'accord, mais je pense que notre longévité est bien plus une malédiction, pour nous les elfes. Mes meilleurs élèves sont souvent des humains et je doute que cela soit une coïncidence. Enfin, vous n'êtes sans doute pas venu là pour entendre des histoire de professeurs, puis-je vous aider ?

J’eus un sourire à la parie dur le talent des humains. C’était évident ! A mon âge je devais être l’un des meilleurs bretteurs de ma génération, alors en imaginant que j’avais le temps d’un elfe devant moi j’étais persuadé que j’aurai accompli des prouesse monumentales.

« Non en effet. Je suis venu vous voir pour évoquer de nouveau mes hypothèses concernant la nature de ceux que nous avons rencontrés. Dans les légendes de ce continent, il n’ y a rien qui évoque les capacités et pouvoirs des créatures de Yuïa ? Rien qui n’évoque une brume, des morts-vivants, en encore des âmes éthérées ? »

Il secoua la tête d'un air navré.

- Croyez bien que nous avons cherché, mais non, rien de plus. Les légendes varient selon les peuples et les époques et les seules qui survivent au-delà pour nous parvenir sont souvent cryptiques. Il n'est pas impossible que les légendes concernant Phaïtos nous ait été utiles, mais malheureusement nous n'avons nullement cherché dans cette direction, avec le peu de temps que nous avions.

« Phaïtos… Vous dites ça par rapport aux âmes ? »

Il acquiesca - Nulle part il n'a été fait mention d'un lien entre les âmes, les morts et Yuia, donc c'est l'explication qui me semble la plus logique, même si je ne sais pas ce que tout ça vient faire dans cette histoire.


Je fermai les yeux pour tenter de faire appel avec précision à mon souvenir. « Il avait l’apparence d’un elfe blanc avec d’étranges marques sur le visage. Des yeux totalement blancs. Et surtout un bâton de magie long un peu tordu, avec une tête en forme de crochet. Un peu comme ça… » Dis-je dessinant de mon index l’artefact sur le sol à travers la poussière.

« Ça ne vous évoque rien ? »

La description fit hausser un sourcil au mage qui sembla pensif pendant quelques instants.

- Cette description ressemble à celle d'un voyageur que j'ai rencontré il y a quelques années, bien qu'il n'avait pas de bâton à l'époque. Son nom ne me revient pas, mais la description colle, il m'avait fait forte impression, c'était un érudit des plus éclairés.

Cette révélation eut le don de me provoqué également un lever de sourcil. J’étais légèrement abasourdi. « Quoi ? Mais… Dans quelles conditions avez vous fait la rencontre de cet homme ? »

« Rien ne sortant de l'ordinaire. Il est venu à l'académie pour avoir accès à des ouvrages qu'il n'aurait pu trouver ailleurs. Je peux me tromper, parce qu'il ne m'a pas semblé être un mage et n'avait nullement ce bâton, mais la description colle étrangement. C'est pour cette raison que je n'ai pas pensé à lui, mais avec ce que vous me dites...

- He bien… La coïncidence interroge il est vrai… N’y a t’il pas un sujet de conversation que vous auriez eu qui pourrait avoir un lien avec notre affaire ? Même vaguement ?

- Il se renseignait sur les mœurs des Phalanges, si mes souvenirs sont bons. Je lui ai conseillé de ne pas trop les étudier de trop près, mais les dieux seuls savent ce qu'il ait de ces conseils et de ces informations.

Je posai une main sur mon menton. « Les Phalanges… Ce peuple que Freida décrivait comme territorial… »
Je me plongeai dans un long silence avant de reprendre. « Un dernier détail me vient à l’esprit. Lorsque nous avons pénétré la brume nous avons entendus un flot de voix indéchiffrables et nous avons vu d’étranges silhouettes humanoïdes dont les têtes étaient ornées de cornes ressemblant à celles des cerfs. »

- Ceux-là même. Le détail fit hausser un sourcil à Ertiart qui réfléchis quelques instants. - Cela peut être bien des choses. Les peuples d'ici utilisent souvent des fourrures pour se couvrir du froid, comme le fait notre guide. Il n'est pas rare de croiser des locaux arborant une fourrure de cerf ou de renne dont la tête garde encore les bois de l'animal. Le folklore est aussi rempli de légendes sur des créatures mi-humaine mi-animal et certain combattants ornent leurs armures des symboles liés à ces animaux. Je doute que vous ayez vu des fantômes ou spectres. Peut-être des égarés dans ce brouillard, je ne saurais vous dire.

J’hochai longuement de la tête en ayant e bien saisir toutes les informations.

-Bien… Peut-être que je devrais parler à Freida. En tant que locale peut-être à t’elle eu connaissance de mythes et récits ancestraux. Un autre regard ne serait pas de trop.
Le Shaakt affirma que l’idée était bonne, je me levai donc et jetai un dernier regard à Andreï toujours allongé.

« Et Andreï, tenez le coup ! Me faites pas mentir devant tous ces elfes ! »

Epuisé, il ne me répondit pas, pas je pus apercevoir un bref sourire sur son visage. Le pauvre était dans un état lamentable, et je me promis dorénavant de faire un peu plus attention à lui. En attendant je me dirigea vers Freida occupée à manger des morceaux de viandes séchées et une sorte de pâte brune.

"Freida, j’aurais besoin que vous m’aidiez. J’ai quelques interrogations et peut-être que votre savoir culturel pourrait m’aider : Avez vous déjà entendu parler de légendes sur des esprits de la Déesse Yuia dans votre cercle ?
Assise sur le sol elle hocha de la tête.


- Il y a les trois esprits des glaces que les Doigts de Givres contaient souvent, créées par Yuia et qui s'entredéchirèrent après son départ. Il y a aussi l'esprit de la Dame Louve mais seuls les phalanges en parlent et j'ai simplement eu vent de son existence en parlant à un voyageur. Il y a sans doute d'autres légendes, mais rien ne me vient à l'esprit.. pourquoi cette question ?


- Je cherche des réponses autres que celles des académiciens. Peut-être que vos connaissances sur les mythes et légendes, votre folklore pourraient nous aider….
Je réfléchis un instant avant d’énumérer : - Si je vous parle d’un elfe aux yeux blancs et aux étranges marques sur le visage, d’un bâton magique à la tête en forme de crochet ou encore de silhouettes humanoïdes aux cornes de cerfs dans de la brume, cela ne vous évoque rien ?

- Cela ressemble au voyageur dont je viens de vous parler, mais je ne me souviens d'aucun bâton. Cela remonte à un moment, je m'en souviens parce que nous n'avons guère de visites et encore moins d'individus solitaires.


Je fus estomaqué par ce qu’elle venait de m’apprendre. Je n’y croyais pas.

- Attendez attendez ! Vous êtes en train de me dire que votre voyageur en question était cet homme…. Que Ertiart a rencontré à l’Academie et que j’ai moi même rencontré en poursuivant notre adversaire juste avant votre arrivée dans votre hameau… »
Après un silence je relançai « Où et quand avez vous parlé avec ce voyageur ? »
Elle parut très surprise par ce que j’avançai.

-Je .. ne sais pas s'il a rencontré un des mages, mais la description correspond. Un elfe marqué de cicatrices avec des yeux blancs, il n'y en a pas beaucoup qui passent par ici, croyez-moi. Elle réfléchis un instant. - Je ne sais plus... environ.. quatre ou cinq ans ? peut-être un peu plus ?

-Où ça ? Dans votre hameau ?

- Oui, il est venu discuter avec l'ancien, puis il est reparti un ou deux jours après, il me semble.

-Vous savez de quoi ils ont discuté ?

Elle secoua la tête - Je ne me souviens pas, mais j'imagine que c'est en rapport avec les montagnes et les chemins possibles. je vois mal qui viendrait dans un village de trappeurs connu pour guider les voyageurs pour autre chose qu'un guide ou des informations.

Je posai les doigts sur l’arête de son nez tant le flot d’information nouvelle était dense.. « Cette histoire est tout un casse-tête… » Je pris un instant pour respirer, méditer sur la chose avant de tenter d’autres questions.
- Parlez moi plus en détail de cette histoire de Dame Louve.
Elle va sourit, compatissante.

- Ca en a tout l'air. Enfin c'est à vous de régler ça, je ne suis que la guide.

Puis elle haussa les épaules.

- De ce que j'ai compris, c'est la... vision de Yuia qu'ont les Phalanges. Je serais bien incapable de rentrer dans le détail.

-Les Phalanges encore eux… Vous pensez que nous en croiserons sur notre route ? J’aurais aimé les interroger sur leur légendes.

- J'espère sincèrement que non. Normalement ils ne viennent pas par ici, mais avec tout ce qu'il se passe, rien n'est sûr. Gardez en tête qu'ils sont rarement amicaux avec ceux qui bafouent leurs terres.

-Hmmm… vous avez bien dit qu’ils ne viennent pas par ici ? Alors si on en croise ça veut dire qu’ils seront bien loin de chez eux. Aucune raison d’être agressif envers nous, non ?

- On m'a toujours dit que les Phalanges aimaient se battre. Leur territoire c'est juste une raison de sortir les armes plus souvent. je doute qu'ils aient besoin d'une raison. C'est la loi du plus fort dans ces régions.

Pas de chance pour eux, j’aimais moi aussi me battre et j’avais même un certain talent pour ça. J’en avais maté des fortes de têtes.

« Comme à Omyre la Noire. Si on doit en arriver là ne vous inquiétez pas, j’ai eu l’habitude de ce genre de situation… »

Elle hausse les épaules. - Je ne m'inquiète pas, j'ai déjà géré plus coriace.

Je le regarda un instant. Depuis le début, elle degageait une confiance en elle et en ses capacités qui était plutôt admirable. Ca me tira un sourire.

« Oui, ça se voit que vous êtes une coriace ! »

Elle me souris en retour. - C'est la seule façon de survivre ici. Les faibles meurent, c'est comme ça.

. « C’est comme ça. » répétai-je devant ce qui était une évidence que j’avais acquise depuis longtemps.

« Vous disiez que votre famille ne venait pas d’ici la dernière fois. D’où venez vous ? »


- De Nirtim, si je le prononce correctement. Je n'en ai aucun souvenirs, mais ma famille avait fui quelque chose. Cela devait être assez horrible pour venir s'installer ici, de tous les lieux sur Yuimen.

« Ah ! Vous venez donc de mon continent . » Je le regardai attentivement, minutieusement cherchan dans ses traits quelque chose de familier.Ce n’était pas une Ynorienne j’en étais à peu près sûr peut-être une kendranne, mais elle pouvait tout aussi bien être de ce repaire de malfrats de Dahram.

« Je ne saurai dire d’où exactement , mais vous pourriez tout aussi bien être de chez moi. Le Royaume de Kendra-Kar. »

- Difficile à dire. Je sais que mes ancêtres étaient des fermiers et des chasseurs, mais mes parents sont morts quand j'étais jeune donc je n'ai jamais pu en apprendre beaucoup. J'imagine que c'est possible que je vienne de ce royaume, mais je ne peux pas l'affirmer.

J’hochai de la tête. « Qui sait… Peut-être qu’après tout ça vous pourrez de nouveau retrouver votre contient d’origine. Allez je ne vous dérange pas plus."

J’amorçai un depart avant de me retenir de justesse et de jeter rapidement un regard vers son ventre avant de le reporter vers elle. C’était out de même une femme enceinte. « Ça va aller pour « vous » ?

- Je l'espère, je n'ai pas très envie de moisir ici vu les circonstances.

Puis devant ma question personnelle.

- Vous n'avez vraiment pas à vous en faire. Concentrez-vous sur votre mission et tout se passera bien pour tout le monde. Si j'ai besoin d'aide, vous le saurez.

J’hochai de la tête avant de m’éloigner. J’allai trouver Cromax, lui faisant un leger signe de tête pour lu indique que j’avais à lui parler. Pourquoi lui ? Une habitude qui m’était resté de mon passage en tant que Sergent. Je pensais avoir identifié le plus compétent de la troupe, celui sur lequel je pouvais me reposer pour m’aider. Bon combattant, capable de prendre des initiatives, pas trop conciliant avec les actes irréfléchies. Même s’il m’agaçait un peu je savais pouvoir compter sur lui. Je me plaçai à la sortie pour l’attendre, les bras croisés, les yeux rivés sur le paysage. Lorsqu’il arriva à ma suite je lui fit part d’abord de mes inquiétudes.

- Pour commencer, je vais vous demander de jeter un œil attentif sur Andrei pendant le reste du voyage. Le pauvre est au bout de ses forces…

Il prit ma recommandation puisqu’il se propose de le porter dès le lendemain. J’hochai de la tête, c’était une bonne chose.

« Bon je vais aller au fait. J’ai beaucoup discuté avec nos commanditaires et notre guide et j’ai appris quelque chose des plus étonnant… »

J’émis une pause « Vous avez pu apercevoir le Maître de la Brume, vous aussi la dernière fois ? »
Il l’avait vu puisqu’il me demana si je parlais bien de l’homme que nous avions découver après avoir pris en chasse l’Invincible des Givres.

« Lui-même ! » Je détournai enfin mon regard du paysage pour le plonger sur dans les yeux de Cromax. « Ertiart dit avoir rencontré un homme avec la même description il y a quelques années, à l’Academie, il était venu se renseigner sur les Phalanges de Fenris… »

Curieux, l’elfe tenta de savoir ce que Ertiart lui avait dit.

« Rien de très important d’après lui. L’homme était venu en solitaire pour recueillir des informations dans des ouvrages uniquement disponibles dans l’Académie. Mais attendez ce n’est pas tout. J’ai également parlé à Freida et elle a aussi rencontrée un homme ayant la même description dans leur hameau, il y a quatre à cinq années… »

Cromax fit remarqué très justement que l’individu se démarquait par son ultra présence avant de demander si il cherchait également des informations sur les Phalanges.

« Il en donnait en tout cas. Elle se rappelle qu’il lui a apprit l’existence d’une de leur légende. La Dame Louve, leur représentation à eux de la déesse Yuïa, mais elle ne se rappelle plus en détail de ce mythe. »


Je continuai :

« Il aurait discuter avec leur ancien, mais elle n’a pas connaissance du sujet de cette conversation. Elle suppose que c’est pour avoir des informations sur la région. »


Cromax fit la moue avant de commenter le fait que l’ancien n’était plu là pour nous dire quel fu le sujet de leur conversation. Il chercha à connaître mon avis personnelle, si je pensais que le Maître de la Brume avait été envoyé l’Invincible des Givres tuer les habitants du hameau pour masquer ses traces et si la légende de la dame louve avait un rapport avec celle dont nous avait parlé le nécromancien..

Je commente d’abord. « Hé bien c’est pas tout à fait vrai… J’ai vu son âme, le Maître de la Brume me l’a montré, et me l’a présenté comme le chef du village. Il avait l’air paisible… »

Je réfléchis un instant avant de répondre aux questions qu’ils me pose.

« Je pense pas que qu’il soit responsable de ce qui s’est passé dans le hameau. Il nous a dit que le coupable était un mage à la peau sombre. Je suis tenté de croire qu’il était honnête. Et quant à la légende, j’en ai aucune idée. »


Cromax objecta que c’était un peu facile. Et i ltenta de savoir quel était la raction de Ertiart aux suspicions dirigés vers Dan.
Je levai les épaules : « Je n’ai pas abordé le sujet avec lui. Je ne saurais dire ce qu’il en pense. Je ne sais pas qui est le coupable mais je ne vois juste pas l’intérêt pour ce mage et sa « sœur » de mentir. C’est pas comme si ils étaient en position de faiblesse. Ils étaient même très sûrs d’eux. Là, c’est mon intuition qui parle. Je n’affirme pas qu’elle est tout à fait fiable. » avouai-je tout de même.

Comme pour tester mes convictions il me demanda si Ertiart ferait un meilleur coupable qu’eux, lui qui n’avait jamais agit contre nous, au contraire des deux autres. lI affirmai en tout cas que le groupe devait rester soudé pour régler cet affaire.

« Non j’ai peut-être exagéré avec Ertiart et mal interprété son mouvement d’humeur. Je ne crois pas qu’il mente. Et puis on sait que le coupable est un mage à la peau sombre, rien ne dit que ce soit un elfe. Il y a peine quelques jours nous avons trouvé un macchabé humain qui avait la peau sombre. Ça pourrait tout aussi bien être lui, ou quelqu’un de son peuple… »

J’ajoutai ensuite avec un brin de détermination. « Ne vous inquiétez pas. Je ne compte lâcher personne ici, c’est aussi la raison pour laquelle je vous donne ces informations. C’est en unissant nos forces que nous réussirons à venir à bout de cette affaire. »

Il marqua également sa détermination à travailler ensemble et me promit de venir m’informer de toute information supplémentaire qu’il glanerait avec un sourire auquel je répondis brièvement alors qu’il évoquait son étonnement d’avoir croisé des hommes à la peau sombre en ces lieus. Il pensait qu’il y en avait qu’en Imiftil. Il me demanda qi je pensais que le macchabé était un autochtone. J’en étais pas sûr mais je ne voyais pas pourquoi ce ne serait pas un. Il y en avait en Imiftil d’apres Cromax, je savais qu’il y en avait dans l’archipel du Naora, alors pourquoi pas ici en Nosveris également.

« Ça devait en être un. Au Naora aussi il y en a. J’en ai vu dans la ville de Kers. »

Il me révéla n'y avoir jamais mis les pieds et il pensait même qu'il n'y avait que des lefes gris là-bas. J'étais un peu éttonné qu'il n'an sache pas pus sur une terre d'où venait sa race mais je n'en dis pas plus.

« Oui… Et m’est d’avis qu’il fait mieux vivre là-bas qu’ici en ce moment…»
ajoutai-je en me frottant les bras comme pour me réchauffer, avant de reprendre. « Je ne vous dérange pas plus. Je vais tenter de mettre de l’ordre dans mon esprit avec toutes ces informations. Et je m’éloignai après un signe de tête amical, pour aller me reposer.

Le lendemain Cromax tint sa promesse et se changea en une sorte de centaure pour porter un Andrei qui n’avait pas la grande forme. Enfin nous atteignîmes la Passe. Un chemin étroit qui semblait fendre la montagne en deux. Freida nous prévînt des difficultés à venir avant de nous laisser le choix de nous reposer ou continuer. Je fis mine de ne pas avoir vu la petite tension entre Arkalan et Sibelle et je me rangeai de l’avis tous, Il était préférable de se reposer pour le lendemain. Freida avait soulignée bien avant notre arrivée ici l’importance de devoir monter nos camps tôts. Inutile de prendre un risque en ce jour.

Alors que je me mis à préparer mon espace pour la nuit, je dis en sorte de me rapprocher de nos chers académiciens.

« Le mythe des Phalanges de la Dame Louve. Ca vous parle ? » Leurs demandai-je en préparant le camp.

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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Gamemaster6 » dim. 28 août 2022 17:28

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 2 : Un lieu sans pitié ni repos.


Après que tous, y compris les académiciens visiblement soulagés de pouvoir profiter d’un peu de repos, avaient décidé de rester, chacun se prépara à passer la nuit dans le vestibule de la Passe. Le terrain était plat, mais dégagé et le vent s’infiltrait partout, obligeant chacun à l’endurer le temps de dresser el camp. La question d’Ezak ne passa pas inaperçu et Hereld entama une réponse.

- Vaguement. C’est leur vision de Yuïa, mais je n’ai jamais rien lu ou entendu de très précis à ce sujet, je doute que cela soit une représentation très répandue. Les Phalanges vénèrent Fenris et n’accordent que peu d’importance aux autres divinités, en dehors de quelques rares occurrences très limitées.

Andreï intervint alors, ajoutant quelques précisions.

- Ils la nomment Briggha et, depuis quelques années, un clan de Phalanges qui lui serait lié fait parler de lui, notamment en attaquant régulièrement les forces d’Oaxaca dans la région de Pohélis. Difficile d’en savoir plus, ils restent très discrets.

Les informations étant visiblement limitées, les académiciens ne purent en dire davantage sans spéculer complètement et chacun dut se préparer pour leur dernière nuit avant leur entrée dans la Passe. La lune de cette nuit-là était pleine dans le ciel et éclairait de sa lumière grisâtre les falaises vertigineuses, leur donnant un aspect inquiétant avec leurs formes décharnées semblant s’élancer vers le ciel nocturne. Soudainement, un long et puissant cri résonna, réveillant ceux qui dormaient. Il dura de longues secondes avant de s’éteindre progressivement, le silence revenant sur le camp où chacun s’interrogeait avant que la voix calme de leur guide n’attire leur attention. Elle était toujours allongée, visiblement pas plus inquiète que cela.

- Un Givralion. Ne vous en faites pas, il est très loin, leur cri tend à porter. Ils ne vivent pas dans les montagnes, il doit être dans une vallée à des kilomètres. S’il nous traquait, vous ne l’auriez pas entendu arriver.

Ce qui était sans doute loin d’être rassurant pour la majorité des présents, mais le silence qui s’installa ensuite ne fut nullement dérangé jusqu’au petit matin, confirmant les dires de leur guide. Reprenant le même arrangement, elle se mit en tête du groupe dès que celui-ci fut prêt à repartir, mais, surprenamment, elle n’avança pas pendant quelques instants, semblant sonder la Passe avant de se tourner vers le groupe, un air tendu sur le visage qu’elle camoufla rapidement derrière ses fourrures pour se protéger du froid toujours aussi vif.

- Restez sur vos gardes, on nous observe. Ne vous éloignez pas les uns des autres et surveillez les hauteurs. Ce n’est sans doute pas un animal, il nous aurait déjà attaqué ou ce serait éloigné, mais je n'arrive pas à repérer celui ou ceux qui nous observe.

Ce qui avait l’air de l’inquiéter davantage que la présence en elle-même. Jetant un dernier regard aux alentours, elle entama avec précaution le trajet dans la Passe, guidant les aventuriers d’un pas qui se voulait régulier, mais ceux qui la suivaient directement pouvaient sentir qu’elle était constamment sur ses gardes, à observer le moindre relief d’un mouvement de tête. Le trajet commençait à peine, et déjà la tension grimpait en flèche dans le groupe qui allait devoir rester vigilant en toutes circonstances.




Récapitulatif des bobos et actions:

Ordre du groupe:
Freida - Ezak - Faëlis - Sibelle - Hereld - Andreï sur Cromax - Madoka - Arkalan

Prévenez-moi de tout changement entre les majs, que je... maj ?

Une fois au courant, vous sentez effectivement un regard constant sur tous vos faits et gestes. Et je sais que certains ne vont pas aimer. [:Dange:]

Xp :
Cromax : Discussions avec Ezak et Freida : 1xp repos, repas, surveillance, 0,5xp
Faëlis : une fois rp
Arkalan : repos, repas, surveillance, 0,5xp,
Ezak : Discussions avec Madoka, Cromax, Hereld et Freida : 2xp repos, repas, surveillance, 0,5xp
Madoka : Discussion avec Ezak 0,5 xp repos, repas, surveillance, 0,5xp
Sibelle : repos, repas, surveillance, 0,5xp


Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Sibelle » ven. 2 sept. 2022 01:16

Pour une fois, nous étions tous d’accord de s’accorder le reste de la journée de repos afin d’être en meilleure forme physique pour traverser l’étroit passage que Freida surnommait : La passe.

Je choisis une place non loin d’Arkalan, et tout comme lui, je tapai la neige comme le faisait notre guide et y plaça ma couverture. Je venais tout juste de terminer, lorsque Cromax s’approcha de moi. Qu’il ait remarqué ma mauvaise humeur n’était pas une surprise, je ne m’étais pas donné la peine de la cacher, mais c’était gentil de sa part de s’informer de ce qui n’allait pas.

Je fronçai tout de même les sourcils, j’hésitais à me confier à Cromax. Je jetai un bref coup d’œil à Arkalan, puis je me retournai vers Cromax, tout en serrant les poings, bouillonnant de l’intérieur.

J’ouvris la bouche, mais je ne prononçai mot, me retenant de justesse. Ma colère était bien tangible, mais il était clair que Cromax n’en était point la cause. Je me dirigeai alors vers les fourrures que Cromax avait installées pour la nuit et je lui fis signe de la main de me suivre. Je pourrais ainsi lui expliquer la situation sans pour autant provoquer une querelle entre moi et l’elfe noir.

Cromax me suivit puis me désigna ses peaux étendues m’invitant à m’y assoir. J’hésitai un court moment, puis j’obtempérai. Il s’assit alors près de moi, et doté d’une patience et d’un calme désarmant, il se contenta de m’interroger du regard. Ce fut suffisant pour que je libère un flot de paroles, m’épanchant sans borne, mon ton de voix dénonçant mon exaspération envers deux de mes compagnons.

« Nous sommes seuls dans un endroit inhospitalier, nous devons former un tout, c'est une question de survie, on ne peut pas décider comme ça ce qu'on fait sans consulter personne.... En agissant ainsi on peut mettre la vie des autres en danger. »

Je m'arrêtai quelques secondes pour reprendre mon souffle, puisque j’avais tout sorti précipitamment, d’une traite.

« Et l'autre, qui s'amuse à faire l'enfant joueur de tours en s'amusant des phobies des autres… Nous devons nous entraider, passer au-delà de nos différends. »

J’étais énervée, incapable de le cacher. J’avais l’impression d’être avec deux garnements, un pire que l’autre qui ne pensait qu’à son petit nombril oubliant qu’il pouvait mettre en péril la survie des autres.

Cromax lui m’avait écoutée silencieusement se contentant de soulever un sourcil de temps à autre. Puis lorsque j’eus terminé, ce fut avec un sourire sur ses jolies lèvres pulpeuses qu’il me donna son avis. Il était d’accord avec moi sur un point. Arkalan aurait dû attendre l’avis de tous avant d’agir. Cependant, il me fit remarquer que si nous avions décidé de partir, il aurait dû reprendre son paquetage ou rester dans le trou qu’il avait fait. Seul. Il pensait tout comme moi que nous devions faire fi de nos différents. Ce qu’il ajouta me plut moins et me fit froncer les sourcils. Il soutenait que nous devions aviser les personnes concernées ou encore en parler à d’autres hors conflit, comme je venais de le faire avec lui. Évitant ainsi que la colère finisse par déborder à un moment inapproprié.

Ma voix n’était plus empreinte de colère, mais plutôt de frustration lorsque je lui répondis :

« M'entrainer ou voler... voilà, ce qui me calme d'ordinaire, mais impossible ici ! ... Eh oui, je dirai aux concernés ce qui me dérange, mais pas en ce moment. »

Il rajouta que lui en parler était déjà une première étape. Moi, au contraire, je me sentais lâche et hypocrite. Ce fut donc après un moment d’hésitation que je lui en fis part :

« En fait, non, je n'avais pas à en parler à une tierce personne...»

Cela dit, ma colère commençait à se dissiper. Je rajoutai plus calme.

« Mais je ne ferai rien, et je ne dirai rien aux concernés... ce ne ferait qu'empirer les choses...l'équilibre de notre groupe est très fragile... »

Cromax ne put dissimuler son désaccord par une légère grimace faciale. Il précisa que si tel était ma décision, je devais m’assurer d’être capable de ne pas éclater ma colère lorsque de nouvelles tensions apparaîtraient. Contrairement à moi, il croyait que dire les choses avec tact ne pouvait envenimer les choses.

(Du tact… c’est trop me demander.)

Si un jour il me connaissait davantage, il verrait que le tact ne fait pas partie de mes attributs.
Je le fixai droit dans les yeux, un peu contrariée par ses paroles.

« Je n'ai qu'une seule parole, si je dis que je vais me contenir, je le ferai.... Si j'avais eu un conflit avec toi, Madoka ou Faelis, je n'aurais pas hésité une seconde et je l'aurais réglé sans que la colère ne monte... Mais parfois, on sait qu'on va frapper un mur... que la discussion est inutile... »

S’il était vrai que je n’avais qu’une parole, il était vrai aussi que j’étais très susceptible et orgueilleuse…

Cromax jeta alors un regard vers Arkalan, puis Ezak, comme s’il réfléchissait à mes dernières paroles tout en acquiesçant d’un signe de tête. Du peu qu’il connaissait des deux hommes, d’Arkalan entre autres, il avait sans doute remarqué que ce dernier était des plus têtus et borné.

Je venais tout juste de me lever, prête à prendre congé lorsqu’il poursuivit la conversation sur tu tout autre sujet. Tout en m’offrant un délicieux sourire, il me questionna sur mes impressions au sujet de notre expédition. Il était curieux de connaître mon avis sur le cadavre retrouvé dans la grotte, sur l’attaque du petit village, sur notre guide et des académiciens.
Intéressée par cette nouvelle conversation, je me rassis à ses côtés.

« Les gens que nous avons rencontrés dans la brume ne sont pas des gens ordinaires... j'ai l'impression que ce sont les esprits réincarnés...Ils craignaient qu'on ne nuise à leur plan, ensuite, ils se sont ravisés... ils… enfin le mage, on n'a pas revu celle qu'il appelait " sa soeur". »


Intéressé, Cromax me donna des informations supplémentaires. Il avait su d’Ezak que ce mage-elfe avait déjà rencontré Hereld Ertiart à l’académie, il y avait quelques années de ça. Il cherchait des informations sur les peuples des Fenris. De plus, Freida aussi l’avait vu dans le village même où nous l’avions rencontrée en discussion avec le chef. J’ouvris les yeux tout grands de surprise à l’écoute de ces révélations. Je réfléchis et je m’interrogeai, ce qui se remarqua sans doute par mes yeux plissés.

« Information intéressante et intrigante... mais pourquoi le peuple de Fenris ? L’homme noir retrouvé nu en était-il un ? Et puis, il y a Andreï... il a été soucieux tout le long du voyage, la partie ou nous étions bien au chaud... tiré par les mammouths... Il ne nous cache trop de choses... et je me demande si sa faiblesse est due à l'effort de l'expédition ou bien à l'approche d'une autre chose qui l'affaiblirait... »

Mais je balayai l’air de la même pour effacer cette dernière hypothèse, c’était un peu tiré par les cheveux.

Tout en se frottant le menton, Cromax me dit que l’homme retrouvé gelé ne pouvait être un Fenris puisqu’ils étaient tous blancs. Information que je ne connaissais pas, mais que j’enregistrai. Par contre, il précisa qu’il n’était pas étrange que le mage-elfe se soit intéressé à ce peuple, puisqu’ils habitent les montagnes. Pour ce qui est d’Andréï, il ne le trouvait pas louche, il attribuait son comportement à sa vieillesse humaine. Il précisa que la cohésion de notre groupe ne serait pas possible, s’il y avait trop de méfiance.

Je fronçai alors les sourcils, légèrement contrariée.

« Je suis loin d'être la plus méfiante... »

Il le savait bien, nommant aussi Arkalan et Ezak. Il rajouta que se méfier les uns des autres n’allait rien nous rapporter.
Je me déridai :

« En fait, je suis plus prudente que méfiante... »

Tout en affichant un demi-sourire, je lui demandai :

« Et toi, l'expédition ne semble pas t'être trop pénible... Planer au-dessus de la neige, t'évite de t'épuiser par la marche, mais ça ne vide pas ton énergie ? »

Malgré mes réticences du début, je devais m’avouer que parler avec Cromax m’avait fait un grand bien.
Il expliqua que planer ne lui demandait pas davantage d’énergie, mais désormais il aurait un fardeau à porter, tout en pointant Andreï du menton. Il espérait se rendre rapidement à destination, trouver le mage Dan, déjouer les plans des deux êtres rencontrés aux hameaux.

Après avoir jeté à mon tour un coup d'œil à Andreï, je proposai:

« On peut se relayer si tu veux, sous forme d'hippogriffe je peux aussi le porter... on pourrait le porter à tour de rôle. »

Il déclina mon offre pour le moment tout en me remerciant pour la proposition.

« N'hésite pas.... Et pour ce qui est de Dan... j'espère que mes craintes ne sont pas fondées et que ce n'est pas lui le mage qui a tué les habitants du hameau. »

Il précisa que ce n’était que les paroles du mage-elfe. Il maitrisait les morts, il pouvait manipuler leur parole.
« Tu n'as pas tort... » Puis avec un sourire taquin je rajoutai :

« Cette fois, c'est toi qui est méfiant. »

De la prudence, me corrigea-t-il me taquinant à son tour sur l’affirmation que j’avais fait plus tôt dans la conversation.
Cette fois j’échappai un éclat de rire. Il avait réussi à me dérider et je lui en étais reconnaissante:

« Merci ! »

Il me répondit par un clin d’œil avant de rajouter qu’il était là si besoin et me souhaita une bonne nuit. Puis il s’approcha de mon visage et je pus sentir la chaleur de son souffle sur ma joue tout juste avant qu’il y appose ses lèvres. Un simple et léger baiser de bonne nuit. Une jolie façon de me congédier. Je lui souris et après avoir distraitement caressé la fourrure de la couverture, je me levai et lui dit : « Bonne nuit. » Moi aussi.

Lui tournant le dos pour retourner à mon refuge pour la nuit, je m’aperçus que le rouge était monté à mes joues, que le poil sur mes bras s’était relevé et que mon rythme cardiaque s’était élevé. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas partagé une quelconque intimité avec quelqu’un et cela risquait de durer encore longtemps.

(L’hippogriffe blanc…Sirat… Je m’ennuie d’eux).

Je m’ennuyais de la proximité que je partageais avec l’hippogriffe. Je me languissais du réconfort au creux des épaules de Sirat.

Une fois rendue, je me transformai en hippogriffe sous le regard agacé d’Arkalan. Je fis mine de rien et m’installer sur la neige. Les hippogriffes étant des animaux de montagnes, sa fourrure me tint au chaud.

J’observais silencieusement la pleine lune lorsqu’un puissant et long cri résonna sur les falaises et réveilla ceux endormis. Freida, toujours en position couchée nous informa qu’il s’agissait d’un Givralion et qu’il ne fréquentait pas les montagnes. Si jamais il nous avait traqués, nous ne serions plus là pour en témoigner. Je lui fis confiance et ne m’inquiétai alors pas outre mesure. Aucun autre incident n’arriva cette nuit-là. Pour ma part, je méditai et fit mon tour de garde sous forme d’hippogriffe pour ne reprendre ma forme elfique qu’au petit matin.

Lorsque tous furent prêts, nous reprîmes notre marche dans la neige, conservant toujours le même ordre. Mais nous ne marchâmes pas longtemps. Notre guide semblait examiner attentivement la passe, méfiante… ou très prudente. Elle nous demanda d’être très attentifs à ce qui nous entourait puisque nous étions observés. Elle nous somma de demeurer près les uns des autres et de surveiller en hauteur. Elle ne pensait pas à une présence animale, mais elle n’avait pas réussi à repérer ce qui nous observait.

Et ce fut avec méfiance et prudence que nous entrâmes dans la passe. Tous mes sens étaient en alerte prête à en découdre si besoin.
Nous avions fait que quelques pas que Faelis s'approcha de moi et me proposa de me transformer en hippogriffe afin de voir ce qui nous observait en haut. J'hésitai un moment puisqu'en hippogriffe je ne passe pas inaperçu... mais en fait, il sait déjà que nous sommes là.

"D'accord c'est une bonne idée" Dis-je tout bas, comme nous avait recommandé notre guide.

"Veux-tu être mon cavalier ? Sous forme d'hippogriffe je comprends ce que tu dis, mais je ne peux répondre. Donc un cri bref, c'est oui, deux cris brefs c'est non ! "

Par son sourire je devinai vite que cette nouvelle expérience lui fit plaisir. Je me transformai aussitôt, lui laissai le temps de me monter puis je m'envolai scrutant les falaises et explorant plus haut.
(capa rp de la fierté d’Azur : regard perçant et ouïe d’elfe)
Modifié en dernier par Sibelle le sam. 3 sept. 2022 01:58, modifié 1 fois.

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Faëlis
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Faëlis » ven. 2 sept. 2022 13:06

Le lendemain ne fut guère mieux, de même que les jours suivants. Le vent était féroce et la neige leur battait le visage pourtant bien protégé. Le froid était si mordant que même les fourrures peinaient à compenser. Pas à dire, c'était le pire endroit dans lequel l'elfe avait jamais été. Quand ce serait fini, il partirait explorer les désert de l'Imiftil, ça lui changerait !

Finalement, après plusieurs jours de voyage éreintant, ils arrivèrent à la passe. Telle un coup d'épée qui aurait éventré la montagne, elle dessinait un sillon qui s'enfonçait aussi loin que portait le regard. Maigre consolation : elle semblait bien plus praticable que le reste. Mais Freida précisa alors qu'ils n'auraient plus d'abris correctes avant quelques temps, et proposa que le groupe s'arrête ici pour aujourd'hui pour bien se reposer... mais en silence, car le moindre son allait se réverbéré au loin contre les parois.

Bien qu'ayant besoin de repos et abondant dans le sens du groupe pour attendre, Faëlis aida à dresser le camp tout en écoutant les conversations. Ezak posa une question sur une certaines « Dame louve », qui se révéla être l'un des noms de Yuia. Cela fit tiquer l'elfe blanc qui écouta attentivement la suite. La déesse n'était que peu vénérée par les peuples d'ici. Curieux dans un pays de glace... mais l'elfe s'endormait déjà.

Il fut réveillé par un terriblement hurlement et bondit sur son arc ! Mais Freida expliqua qu'il s'agissait d'un givralion, créature bruyante et trop lointaine pour être un problème. Quel foutu pays !

Le lendemain, ils entrèrent dans la passe. Le son se réverbérait effectivement assez bien, et ils eurent bientôt l'impression d'être épié. Freida confirma que quelqu'un les observait sans qu'elle puisse voir qui, mais il ne s'agissait sûrement pas d'une bête.

L'elfe blanc se tourna vers sa consœur :

« Si cet individu nous observe d'en haut, mieux vaudrait monter pour le trouver... Pensez-vous pouvoir voler jusqu'en haut du ravin ? »

Elle lui proposa de monter sur son dos avant de se transformer. N'en attendant pas tant, l'elfe bondit sur le dos, saisit son arc et encocha une flèche, prêt à ouvrir le feu s'ils étaient attaqués.

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Cromax
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Cromax » ven. 2 sept. 2022 14:48

Alors que nous montons le camp, Ezak demande à nos deux savants s’ils ont entendu parler de la Légende de la Dame Louve. Visiblement, son esprit a fait des tours et des détours depuis notre dernière conversation. Ils donnent tous deux des réponses complétives. Avatar de Yuïa, les phalanges l’appelleraient Briggha. Un clan lui étant dédié, malgré leur faible Foi générale envers une autre divinité que Fenris, semble s’opposer aux forces d’Oaxaca dans le Royaume de Pohélis. D’instinct, je corrige :

« De Tal’Raban, désormais. Plus d’Oaxaca. »

Son nom résonne dans ma tête comme la dernière chaîne qui m’éloignait de la liberté absolue. Hors de question de lui céder l’honneur de lui faire encore référence en ma présence.

Alors que la nuit approche, un cri lointain se fait entendre. Un Givralion selon Freida. Vraiment loin. C’est vers ce moment que je me décide d’aller vers Sibelle. Elle semble de méchante humeur : un constat qui ne me plait guère. Est-elle à bout de patience, concernant l’elfe noir, ou est-ce là la preuve d’un quelconque désespoir ? Je m’en enquiers sans tarder.

« Hé bien ? Que se passe-t-il donc ? Ça n'a pas l'air d'aller. »

Jetant un coup d’œil hargneux vers le shaakt en boule, confirmant ainsi mon premier sentiment, elle se tourne vers moi et serre les poings. Elle va pour parler, mais semble se retenir, ou bien se retient-elle seulement de faire péter son ire. Quoiqu’il en soi elle se lève et m’attire, direction ma couche, enfin, pour tous ses tracas me dire. Je l’y interroge du regard, et puis tout part. Elle commence par dire l’importance d’une cohésion dans la troupe, et regrette l’attitude de certains qui la joueraient solo : la décision un peu forcée de l’elfe noir de rester là pour cette nuit, sans concertation, et la gaffe d’Ezak se jouant des peurs d’Arkalan pour lui faire une blague. Si je comprends le premier, bien que je n’en fasse pas une affaire d’état, le second me semble un peu exagéré. L’humour est un bon moyen de détendre l’atmosphère. C’est en manquer qui tend les choses. Je décide toutefois d’abonder dans son sens. Pas de son discours entier, mais des points vers lesquels mon avis balance.

« Je suis d'accord avec toi. Après, si on avait décidé de partir, on aurait pu le tirer de son trou. Ou l'y laisser. Mais oui, nous devons passer au-delà de nos différents. Et ne pas hésiter à dire ce qui ne va pas. Aux concernés, ou à ceux que la colère ne cible pas. La laisser enfermée, c'est le meilleur moyen qu'elle éclate au mauvais moment, non ? »

Peut-être un peu moralisateur, je le dis un sourire plaqué sur les lèvres. D’un air frustré, elle me confie qu’elle préfère, pour se défouler, s’entraîner ou voler. Choses impossibles en l’état, sans risquer de se faire repérer. Elle promet d’en parler aux concernés, mais pas pour l’heure. Je la rassure, de bonne humeur.

« M'en parler, c'est déjà un premier bon pas. Ça ne défoule pas un peu, de la dire ? »

Et là, soudain, elle revient sur sa parole, indiquant qu’elle ne dira rien ni ne fera, de peur d’empirer les choses, regrettant une fois encore l’équilibre du groupe. Son revirement m’arrache une grimace.

« Alors sois sûre de pouvoir préserver ta colère en toi sans qu'elle éclate si plus de tensions apparaissent. Après, je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait que dire les choses puisse envenimer la situation. Si c'est dit de la bonne manière, du moins. »

Et sans ciller, elle me l’assure, affirmant être maîtresse d’elle-même. Elle confie qu’un souci avec Faëlis, Madoka ou moi se serait effacé rapidement, sans que colère ne monte. Mais Ezak et Arkalan, ça ne donnerait que honte. Je les regarde tous deux tour à tour. Il est vrai qu’ils n’ont pas un caractère facile. Différents, l’un et l’autre, mais pas simples d’abord.

« Ouais. C'est pas faux. Bon, je te fais confiance alors. Et sinon, cette expédition, tout ce qui se passe, qu'est-ce que tu en penses ? Le mort gelé, l'attaque du hameau, notre guide et nos meneurs ? » lui dis-je un sourire aux lèvres.

Elle s’est levée entre temps, comme si elle voulait rompre la discussion. Mais mes questions la font se rasseoir, et elle évoque les gens de la brume. Elle les suspecte d’être les esprits de Yuïa réincarnés. Je commente.

« Pas ordinaires, non. Ca c'est clair. Ezak m'a confié sa découverte que Hereld Ertiart avait rencontré cet elfe il y a plusieurs années, à l'académie, cherchant des informations sur les peuples Fenris. Notre guide, Freia, l'aurait aussi vu dans son village. Il aurait parlé à son chef, mais elle ignore de quoi. Tout semble lié, dans cette histoire. C'est un vrai sac de nœuds. »

Elle semble surprise et intéressée par mes aveux. Ezak semble ne se confier qu’à moi. Sibelle se questionne sur la nature de l’homme à la peau foncée retrouvé quelques jours avant, le prenant pour un Fenris, lui aussi. Elle ajoute se méfier d’Andreï, persuadé qu’il cache quelque chose, et que sa faiblesse dissimule peut-être l’existence d’un pouvoir sous-jacent. Un peu paranoïaque à mon goût, pour le coup. Je me frotte le menton, réflexif, prudent sur les mots que j’utilise.

« Je doute que le noir de peau soit un Fenris. Ils sont blancs comme des culs, de ce que je sais. Mais c'est le principal peuple vivant dans ces montagnes. Tout aventurier curieux de celles-ci doit sans doute s'intéresser à eux. A leurs mythes, légendes. Comme celle dont a parlé Ezak au feu, plus tôt, avec la Dame Louve. Quant à Andreï, c'est un vieil homme, je doute que ce soit plus que ça. La marche est rude, par ici, pour un humain de son âge. Quant à savoir qui cache quoi... C'est impossible à savoir pour l'heure. La méfiance extrême ne va pas en la faveur de notre cohésion, je préfère attendre que les masques tombent, tout en restant prudent, que de fomenter des hypothèses scabreuses. »

Elle semble mal le prendre, prétendant n’être pas la plus méfiante du groupe.

« Oh ça je sais. Mais ce n'est pas un concours. Arkalan l'est, Ezak l'est, tu l'es. Si l'on se méfie les uns des autres, ça n'apportera rien de bon. Y compris Ertiart et le vieux. Tout en gardant à l'esprit que leur fidélité et leur sincérité n'est pas acquise totalement. »

Elle précise le terme : prudente plutôt que méfiante. Serait-elle de mauvaise foi ? Je décide de ne pas relever.

« Oui, ça il faut l'être en toute occasion. »

Elle s’inquiète alors de savoir si voler au-dessus de la neige n’est pas trop fatiguant. Ça l’est, un peu, mais clairement moins qu’une progression avec la neige qui arrive aux genoux.

« Pas vraiment non. Enfin pas outre mesure, en tout cas. Même si désormais, j'aurai aussi mon fardeau à porter. »

Je désigne Andreï du menton.

« J'espère quand même arriver rapidement là où on se rend. Trouver Dan, retrouver ces deux bizarres et déjouer leurs plans. Qu'on sache le fin mot de l'histoire. Ou au moins dégoter quelques indices, en tout cas. »

Elle me propose de relayer le portage du vieil humain. C’est aimable de me le proposer.

« Ça va, pour l'instant. Mais c'est gentil à toi de proposer. J'y songerai. »

Elle commente alors sur Dan, et ses craintes qu’il ne soit pas le mage assassin du hameau de Freida. Je ne suis pas convaincu.

« Il faudrait déjà croire les paroles de l'esprit qui vous l'a décrit. Le mage elfe maîtrise les morts, il pourrait tout aussi bien leur faire dire n'importe quoi. Si c'est lui, par contre, il entendra parler de ma lame. »

Taquine, elle me rétorque qu’à mon tour, je suis méfiant. Entrant dans son jeu, je répète ses propres mots avec un sourire entendu.

« De la prudence, de la prudence ! »

Elle se laisse aller à un rire cristallin, qui m’amuse. Elle semble bien plus détendue. Je lui fais un clin d’œil et m’approche pour lui glisser un doux baiser sur la joue.

« Je suis là, si besoin. Bonne nuit Sibelle. »

Elle me souhaite une bonne nuit de même, acceptant sans reculer mon baiser. C’est agréable de se rapprocher ainsi de quelqu’un qu’on ne connaissait que trop peu l’instant d’avant. Je m’installe vite sous ma fourrure, prêt à méditer longuement, afin d’être en forme pour un tour de garde plus tardif. La nuit, heureusement, est calme et sans incident. Le lendemain en revanche, la pression monte d’un cran quand Freida nous annonce, une fois le groupe formé pour partir et Andreï monté sur mon dos, alors que j’ai pris l’apparence d’une grosse panthère des neiges, au pelage immaculé et aux coussinets bien plus discrets dans ce paysage que le centaure elfique de la veille, que nous sommes observés. Et pas par un animal. SIbelle, monté par Faëlis, décident de prendre de la hauteur pour observer les environs. De ma position au sol, avec mon regard acéré, je guette les alentours afin de repérer un quelconque mouvement, une forme anormale, une ombre suspecte. Rien ne doit m’échapper.


[HRP : vision améliorée des elfes gris]

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Arkalan
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Arkalan » ven. 2 sept. 2022 18:01

Je ne modère pas mon énergie pour me faire un abri efficace. J’en ai le temps et j’ai bien compris que plus il sera isolé du froid et du vent , plus mon repos sera efficace. Ainsi je creuse dans le sol poudreux tout en bâtissant des murs de neige que je tasse. Assez profond pour y enfuir ma tente que je recouvre de neige en prenant garde que le poids repose au maximum sur les parois. Je construit ainsi une sorte de petit terrier qui pourra accumuler ma chaleur tout en me protégeant du vent qui siffle en s’infiltrant dans la passe. Je secoue la tête, agacé, en voyant Sibelle se métamorphoser puis rentre dans mon abri, ne voulant pas être plus longtemps au contact des autres.

Il y fait noir malgré que le soleil ne soit pas encore couché et je suis heureux de pouvoir reposer mes yeux qui subissent l’éblouissement du paysage blanc. La température par rapport à l’extérieur y est bien plus supportable et j’en profite pour retirer mes gants pour inspecter que rien ne soit gelé, je fais ensuite de même pour mes pieds. Je retire la capuche qui repose sur ma tête depuis mon départ de l’académie, ressentant cela comme une véritable libération puis inspecte le reste de mon corps, inquiet que le froid ne m’empêche de ressentir une blessure.

Je prends le temps, sachant que ce sentiment de sécurité que j’ai ici n’est qu’une illusion. Néanmoins cette solitude me manquait, j’ai l’impression d’être seul, loin des autres que je n’entends plus grâce aux murs de neige tassés et au vent qui brouille les sons. Ils pourraient choisir de m’abandonner pour avancer que je ne m’en rendrais même pas compte. Ainsi je prends mon repas seul, redonnant de l’énergie à mon corps fatigué en consommant une ration de viande séchée emmitouflée dans une couverture. Je suis fatigué, épuisé de cette longue ascension où la concentration est essentielle pour ne pas faire un faux pas, où la lumière éclatante me donne la migraine et où je me suis privé d’un repos complet par crainte de finir dévoré par des araignées ou capturé par les Shaakts responsables de tout ceci ou encore trahis par ceux qui se prétendent être mes compagnons de route. Tout cette accumulation de fatigue, de proximité et de crainte pèse sur ma patience et fatalement sur mon humeur. Enfin j’ai un îlot de tranquillité et je peux m’interroger sur ce voyage.

De la magie douteuse, des araignées, un dessein maléfique, chaque petit indice renforce mon idée que les Shaakts sont derrière tout ça et mon interêt à les empêcher d’accomplir leur méfait ne cesse de prendre de l’importance. La cité de Gwadh a beau être loin à l’est, la proximité avec les montagnes et l’éloignement du conflit de Nirtim leur aurait permit de s’établir efficacement dans les monts. De plus, si les Thorkins sont réputés pour savoir creuser les montagnes, les Shaakts en sont tout autant capables, bâtissant des cités souterraines qui peuvent sans mal concurrencer celles des nains. Je déplie ma carte du continent, essayant de repérer grossièrement où nous nous trouvons mais ça m’est difficile sans repères. Je vois bien un plateau dessiné sur la carte mais il semble être bien plus grand que celui où les traqueurs ont attaqués. Je suppose donc que nous sommes encore dans la partie sud des montagnes. Je pourrais sans doute le constater si nous atteignons des sommets plus hauts.

Un cri puissant me tire de ma réflexion et me met en alerte. J’attrape mes armes pour sortir prudemment de ma tente, prêt à me défendre. Mais j’entends notre guide qui explique qu’il s’agit d’un givralion, une créature qui vit dans les vallées et dont le cri porte très loin. J’ai du mal à la croire cependant un coup d’oeil dans le ciel suffit pour m’assurer que rien ne nous rôde autour. Je retourne dans la tente et me repose convenablement la dague sous la couverture, prête à être saisie.

Je me repose toute la nuit et ne sors de ma tente que le lendemain avant que le soleil ne se lève pour avoir le temps de défaire mon abri sans faire attendre les autres. Une fois mon paquetage prêt, je patiente en mangeant un morceau tout en promenant mon regard sur les hautes parois de roches qui nous surplombent. Je n’aime pas ça, ce serait l’endroit parfait pour une embuscade. De plus, j’ai un sale pressentiment, celui qui fait me hérisser les poils de nuque. Une sensation qui s’accentue tandis que l’heure du départ approche et même notre guide avant de partir nous préviens que quelqu’un nous observe. Je garde mon arc en main et surveille les hauteurs comme elle le conseille tout en m’approchant d’une paroi, espérant être ainsi dans l’angle mort d’un éventuel tireur qui serait forcé de s’avancer pour m’observer ou m’abattre mais également de chercher des traces que pourrait laisser quelqu’un pendant une escalade. J’avance, en queue de fil, attentif, gardant toujours ce réflexe de jeter régulièrement un oeil par dessus mon épaule pendant que les deux Hïnions font offices d’appât dans le ciel.

((Utilisation de la compétence pistage.))

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Ezak
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Ezak » sam. 3 sept. 2022 13:45

A ma question sur la légende de la Dame Louve, Ertiart ne m’apporta pas bien plus d’informations que Freida mis a part ses doutes sur le fait que ce culte soit répandu chez les Phalanges. Andrei qui avait l’air bien plus informé m’apporte quelques précisions. J’appris que dans la bouche de ces croyants, la représentation de Yuia prenaitle nom de Briggha. D’ailleurs un clan qui la vénérerait serait connu pour attaquer régulièrement les forces d’Oaxaca à Pohélis. Ce à quoi Cromax répondit en corrigeant que ces forces étaient dirigés par Tal’Raban depuis la chute d'Oaxaca.

Je ne pus m’empêcher de cracher sur le sol en entendant ces deux noms, montrant de manière ostentatoire mon profond irrespect pour ces deux saloperies. Il n’y avait guère beaucoup de monde que je respectais parmi les anciens suivants d’Oaxaca, et le souvenir encore vif de la guerre n’arrangeait rien.

Sur ce, j’allai me reposer, désireux de reprendre des forces après l’étape forte épuisante de ces derniers jours. La nuit, alors que je dormais déjà, un grand hurlement vint déchirer l’espace. Dans ma tente, j'ouvris grand les yeux, et restai attentif à ce cri bestiale, impressionnant que je n’avais jamais entendu avant. Notre guide, calme, nous expliqua qu’il s’agissait d’un Grivalion et qu’il était loin. Il devait être un prédateur hors pair car elle précisa que si il nous prenait en chasse, nous ne l’aurions pas entendu arriver. Ayant une confiance aveugle en Freida dont j’avais pu mesurer les compétences et le sérieux, je refermai les yeux et ne mis pas beaucoup de temps à me rendormir.

Je me lèvai tôt et je fis le choix de vérifier une dernière fois mes armes pour les conditions à venir. Devant l’étroitesse de la Passe, je jugeai mon fouet inutile. L’endroit était trop exiguë et notre formation en ligne me gênerait sans doute dans son utilisation. J’attrapai donc ma lance et la plaça de manière à pouvoir la récupérer rapidement. Je pensais que c’était une arme qui pourrai être beaucoup plus efficace dans ce genre de couloir, surtout utilisée comme projectile comme j’aimais à le faire.

Lorsque vînt l’heure de partir Freida montra de l'inquiétude. Selon elle nous étions observés par autre chose qu’un animal. Alerte je regardai un peu partout mais je fus étonné de ne rien percevoir. Certains s’organisèrent en conséquence et les elfes blancs Faëlis et Sibelle eurent la bonne idée d’aller prendre de la hauteur pour tenter d’apercevoir quelque chose. Cependant, un point de leur échange verbal me fit tiquer lorsque Sibelle indiqua à Faêlis qu’elle communiquerait avec lui par cri. Je me fis donc écho des recommandations de la veille énumérées pas Freida.

« Ne faîtes surtout pas ça ! Si vous devez communiquer trouvez quelque chose de non verbale ou de moins bruyant que des cris. Notre guide nous a bien spécifier la veille que le moindre bruit est porté à des kilomètres par ces parois, et j’imagine que si les expéditions contournent ce passage ce n’est pas pour rien. Evitons de ramener ce Grivalion ou tout autre créature qui aurait faim d’hippogriffe. » Affirmai-je en jetant un regard à Freida pour obtenir son approbation ou non à mes propos, avant de me préparer à suivre la route à la place que j’occupai ces dernier jours, mais beaucoup plus alerte.




[Hrp : -Dépose le fouet dans mon paquetage et récupère la lance à la place (spadassin]

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Madoka
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Madoka » sam. 3 sept. 2022 22:27

((- marche toujours derrière andreï
- reste vigilante au moindre mouvement, au dessus et autour d'eux.))

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Gamemaster6
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Gamemaster6 » dim. 4 sept. 2022 15:12

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 2 : Un lieu sans pitié ni repos.


Sous les rafales de vent qui sifflaient à leurs oreilles, les aventuriers se préparèrent à emprunter la Passe. Freida indiqua une dernière ces consignes, répondant au regard silencieux d’Ezak.

- Pas de bruit. Si vous voulez communiquer, faites-le à voix basse, et surtout pas de cris. Nous sommes déjà surveillés, autant éviter d’attirer autre chose…

Lançant un regard éloquent à l’hippogriffe et à son cavalier, elle prit la tête de la petite troupe et s’engagea la première, suivi des autres. Rapidement, ils se rendirent compte que les rayons du soleil parvenaient difficilement à arriver jusqu’à eux et que l’atmosphère glaciale n’en était que renforcée. Le vent était féroce dans le goulot qu’était la passe et chacun devait forcer pour avancer pas à pas. Sibelle, dans les airs, ne s’en sortait un peu mieux, mais elle subissait d’autant plus la force du vent qui pouvait à tout moment l’envoyer contre les parois qui semblaient parfois dangereusement proches.

Tout le groupe était sur le qui-vive et, plusieurs fois, la guide les arrêta pour observer quelque chose ou parce qu’un morceau de roche avait dégringolé les falaises, son roulement résonnant entre les parois de la Passe comme pour annoncer leur arrivée. Personne ne voyait la moindre trace d’activité autre que la leur, pas même l’observateur et sa monture aérienne. Tout semblait paisible. Une fois de plus, pourtant, Freida stoppa le groupe d’un signe de la main, sans aucune raison apparente. Ce fut Cromax qui, le premier, perçut ce que la guide avait remarqué, rapidement suivi par Arkalan. Des bosses dans la neige, de manière éparses, dispersés sur plusieurs dizaines de mètres, invisible pour les observateurs aériens ou les yeux moins affûtés des autres aventuriers. Le shaakt pu même déceler quelque chose de réellement étrange. La présence de flèches plantées dans la neige et presque invisible sous la couche de poudreuse, sauf pour les sens affûtés et la paranoïa notable du shaakt.

À pas prudents, la guide découvrit peu à peu quelques corps jonchant le sol et recouverts par la neige. Des hommes et des shaakts, visiblement tombés dans un féroce combat, en témoignaient les membres coupés ou arrachés de certains. Les hommes avaient la peau sombre et portaient des peaux et fourrures là où les shaakts étaient en plus armurés comme pour la guerre. Tous – à l’exception de Sibelle et Faëlis toujours en vol - purent plus ou moins entendre le juron de Freida qui informa la petite troupe.

- Des soldats de Gwadh. Les humains doivent être des porteurs, des esclaves peut-être, ils n’étaient pas armés. Je ne sais pas ce qu'ils…

Un long hurlement lupin la coupa net. Un hurlement étrangement familier pour beaucoup, habitués à entendre les loups au clair de lune, mais bien plus grave et puissant qui résonna dans la Passe, semblant durer des heures. Le sifflement d’une flèche suivit, frôlant Sibelle au point de lui entailler quelques plumes au passage, la faisant faire une brusque embardée sur le côté, surprenant son cavalier qui faillit chuter, ne devant son salut qu’à son équilibre et ses réflexes. Semblant sorti de nulle part, un cavalier monté sur un immense loup blanc se dressait désormais sur le chemin. Il portait un casque orné de grandes cornes de cerf et une fourrure d’un blanc neige couvrait le reste de son corps. Sortant alors de la neige, d’autres humains surgirent, couvert de fourrures de loups, armés de haches pour la plupart, une dans chaque main, ou de grands marteaux d’acier luisant d'une étrange lueur bleutée. Il y en avait une demi-douzaine et ils se jetèrent sur le groupe avec une rage évidente, bien décidé à les passer de vie à trépas tandis que le cavalier encochait une nouvelle flèche, sans même chercher à discuter. Et le loup hurla de nouveau.

Un autre cri répondit, bientôt suivi d’autres…





Récapitulatif des bobos et actions:

Il y a six types armés jusqu'aux dents qui vous foncent dessus avec d'évidentes intentions belliqueuses et un autre qui tire sur Sibelle et Faëlis depuis son loup géant. Deux ont des grands marteaux et quatre ont deux haches dans chaque mains. Pas de cibles précises pour le moment, vous avez l'embarras du choix. Il y a assez de place pour vous battre, mais c'est loin d'être idéal et la neige et le vent ralentissent vos mouvements, faites attention. :D

Xp :
Cromax : Discussion avec Sibelle : 0,5xp
Sibelle : Discussion avec Cromax: 0,5xp
Ezak : j'ai changé tes armes rangés comme indiqué


Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Ezak
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Ezak » dim. 4 sept. 2022 23:46

Freida confirma mes propos et rappela ces consignes évoquées par elle-même la veille et que j’avais bien imprimé et nous pûmes nous mettre en marche. Contrairement à ce que j’aurais pu croire au départ, la route ne fut pas moins dure que ces derniers jours. Elle ne l’était pas plus non plus. C’était une tout autre difficulté avec une épaisse couche de neige qui rendait le pas difficile et un vent de face renforcé par l’étroitesse de la Passe et qui jouait contre nous. J’avais rabattu ma capuche pour me protéger de ces intempéries et je suivis les pas de Freida, totalement alerte.

Plusieurs fois, notre guide expérimentée nous alertait d’un geste, mettant notre colonne bien établie en arrêt. Etant aux premières loges, juste derrière Freida, comme depuis le début de notre formation, je tentai d’apprendre. Je n’avais aucun mal à suivre les ordres de la guide. Je savais qu’elle savait ce qu’elle faisait, et c’était sûrement la seule dans notre petite troupe hétéroclite dans ce cas. Cependant j’avais de plus en plus un important besoin de comprendre. J’étais un commandeur dans l’âme, un meneur d'hommes, pas un suiveur. Alors je tentai d’observer et de comprendre ce que voyait notre cheffe de file. Je tentai de comprendre les bruits qui l’alertaient. Celle d’une roche qui chutait de la falaise. Les sensations qui la dérangeaient. Une bourrasque un peu trop forte responsable de cette chute. Ce qui troublait son regard…

C’est d’ailleurs ce qui l’arrêta net, à un instant du parcours. Longtemps, je ne compris pas ce qu’elle vit. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait cette raideur soudaine, comme si elle avait aperçu quelque chose devant nous. Je m’écartai du couvert de son dos, plongé dans une incompréhension totale. Ce n’est que lorsqu’elle commença à les déterrer que je les vis, des petites bosses que formaient la neige. Elle jura ! Sous la poudreuse, des corps d’hommes tombés au combat. Des Shaakt et encore ces humains à la peau noire. Je me tournai vers mes camarades et jetai un regard entendu à Cromax, me rappelant la conversation que nous avions eus, avant de reporter mon attention sur les corps et le travail de Freida. Elle identifia les Shaakt comme venant de Gwadh. Je me rappelai avoir lu ce nom, sur la carte de Nosveris que j’avais en ma possession. Quant aux hommes sombres, elle émit l’hypothèse que c’était peut-être des esclaves. J'étais ecoeuré devant la mention de ces méthodes qui me rappelaient trop celles d’Oaxaca. Beaucoup de mes hommes disparus avaient été d’anciens esclaves, ce qui expliquait la raison pour laquelle ils lui avaient tournés le dos pour me suivre. Par ailleurs, j’’étais impressionné par les capacités de notre guide. Comment pouvait-on seulement avoir un œil aussi acéré ? Mais je n’eus pas le temps de m’extasier plus sur ses compétences et d’en apprendre plus ses constatations, car elle n'eut même pas fini sa phrase qu’un hurlement résonna dans toute la Passe.

Je levai rapidement les yeux vers la provenance de ce son. Devant nous, un cavalier juché sur un loup nous faisait face, et il fut bientôt rejoint par d’autres acolytes avec des fourrures de loups qui surgirent de la neige. Ça, c’était une surprise de taille. Amateur de tactiques militaires, si l’instant n’était pas si critique j’aurais probablement loué un tel camouflage de maître. C’était une embuscade presque parfaite, mais le danger m’empêcha de me plonger dans de telles réflexions inutiles à cette heure. De plus, il y avait surtout quelque chose qui me dérangeait, une impression de déjà vu, surtout avec le chef et ses cornes de cerfs sur la tête. Cela ressemblait un peu aux formes que nous avions vu dans la brume lorsque nous poursuivions la chouette. Je fronçai les sourcils devant cette évidence troublante, me rappelant également les propos de Freida sur les locaux. Mais encore une fois je n’avais pas vraiment le temps de m’abandonner à ces réflexions inutiles, la situation était urgente. Car déjà, les six hommes qui avaient surgit de la neige accouraient vers nous, armés de haches et de de marteaux dont émanait une lueur bleutée. Un détail que je n’aimais particulièrement pas. Un autre, également, étaient ces cris de loups qui se répercutaient plus loin comme répondant au premier, et laissant supposer des ennemis plus nombreux que ce que nos yeux étaient capable de voir. C’est à cet instant que je jurai en attrapant ma lance. J’essayai d’analyser rapidement la situation, il fallait que nous nous servions de l’étroitesse de l’endroit à notre avantage. Avec le débit rapide de l’urgence, je me tournai vers nos compagnons derrière moi, particulièrement vers les mages. C’était eux les membres les plus importants du groupe et ceux qui devaient être le plus protégés, au péril même de notre vie.

« Surtout, vous restez bien derrière à l’abri, en deuxième ligne et je veux que vous rendiez le sol glissant comme vous l’avez fait face à la meute ! Ralentissez les !"

Je me retournai à nouveau vers nos ennemis pour apercevoir que Sibelle plongea déjà vers l’homme juché sur le loup, qui encochait déjà une flèche. Un mouvement audacieux, mais qui mettait les deux elfes blancs en danger. Soucieux de les protéger et ayant confiance aux mages pour qu’ils exécutent ma demande je jugeai que la priorité était de de les aider en gênant leur adversaire direct. Avec force, je balançai ma lance grâce à deux pas d’élans, qui me placèrent au niveau de Freida, en tentant de viser le torse de l’homme juché sur le loup.


[HRP : CC Lancer avec la lance au Rang 5 sur le cavalier.
- Capa Techniques améliorées de l’Elite.
]

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Faëlis
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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Faëlis » mar. 6 sept. 2022 20:24

Le vol s'annonça difficile. Le vent se faisait de plus en plus violent et ils ne montèrent pas bien haut avant que Faëlis ne manqua d'être désarçonné. Il faillit lâcher son arc, mais parvint à se tenir d'une main. En bas, il n'entendait pas grand chose à ce qui se disait, mais il virent bientôt avec horreur que Freida avait découvert des cadavres sous la neige. Ils n'eurent guère le temps d'en dire pus, qu'une flèche frôla l'hippogriffe !

Sibelle fit une embardée et, une fois de plus, l'elfe faillit tomber. Serrant ses jambes puissantes et jouant de son équilibre maîtrisé, il parvint à rester en place mais, alors qu'il basculait à moitié sur le côté, il vit une horde de guerriers surgir de la neige pour attaquer le groupe ! Malpeste ! Ils allaient quand même devoir affronter ces maudits Fenris ! S'il c'en était réellement...

En attendant, il faisait confiance au groupe pour neutraliser les guerriers. Leur plus grand souci, à Sibelle et lui, était le chef. Monté sur un loup, un arc à la main. C'était lui qui avait tenté de les abattre !

« Foncez-lui dessus ! cria-t-il à l'oreille de sa compagne. Je vais en profiter pour essayer de lui caler une bonne flèche ! »

Toujours fermement tenu par ses jambes, au point qu'elles lui faisaient mal, il se laissa légèrement glisser de côté pour se mettre sous le meilleur angle. Puis, dès que l'hippogriffe plongea, il visa soigneusement la gorge et lâcha un trait meurtrier.

Au loin, déjà, retentissaient d'autres hurlements de loups.

(((Tir critique rang 3 sur l'homme à dos de loup)))

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Re: Les Monts Eternels (Partie Sud)

Message par Sibelle » mer. 7 sept. 2022 02:57

Je venais tout juste d’expliquer à Faëlis comment entrer en communication avec moi lorsque je revêtais la forme d’hippogriffe, que Ezak nous intima de ne pas le faire. Je hochai la tête dans sa direction.

Il avait tout à fait raison. La guide nous avait prévenus d’être le plus silencieux possible et dans mon empressement j’en avais oublié la consigne. Mes cris d’hippogriffe alerteraient tout prédateur des environs.

C’était avec une sorte de libération que je pris la voie des airs, prenant suffisamment d’altitude pour m’y sentir à l’aise. J’adorais voler, cela me faisait le plus grand bien, et le poids d’un cavalier n’entravait en rien mes mouvements. Je ne pouvais en dire autant des vents. Ceux-ci rendaient mes manœuvres difficiles et je devais toujours être très attentive afin de ne pas me faire prendre par les rafales de vent qui risquaient de me faire dévier de mon chemin et me conduire directement contre une paroi rocheuse. Tout en tentant de discerner, qui nous observaient, je gardais un œil attentif à l’avancée de notre guide et de mon équipe d’aventuriers.

Lorsqu’elle s’arrêta, j’exécutai des cercles afin de les attendre. Cela me prit un petit moment avant de comprendre la raison de leur soudain arrêt. Tout s’éclaircit, lorsque je vis notre guide déplacer de la neige et y découvrir des corps d’hommes. Alors que je tournai autour de notre équipe, j’entendis un long hurlement que j’attribuai à un loup. Un hurlement dont l’incroyable puissance fut accentuée par l’écho provoqué par les rochers de part et d’autre de l’animal.

Un bruit plus aigu, plus près suivi. Un sifflement d’une flèche qui passa si près de moi qu’elle effleura mes plumes et m’en priva de quelques-unes. Heureusement, ce fut superficiel et je n’eus aucune blessure. Par contre, ce projectile me déconcentra, et me fit perdre ma direction et une partie de mon équilibre. Je me dirigeai droit contre les rochers et j’eus de la peine à corriger ma direction. Je faillis perdre mon cavalier et sa survie ne fut due à ses réflexes et à son grand sens de l’équilibre.

Scrutant le sol à la recherche de l’origine de la flèche, je vis un homme juché sur un grand loup blanc. Faëlis l’ayant vu également et sûrement les nerfs aussi à vif que moi me pria de foncer sur lui. Il profiterait de ce moment pour tenter de l’empaler de l’une de ses flèches.

Je pris alors un peu d’altitude afin de corriger ma position et me retourner dans sa direction. Puis je pris de la vitesse en repliant légèrement mes ailes. Lorsque je sentis la pression des cuisses de Faêlis contre mes flancs, je repliai complètement mes ailes et je plongeai en piqué.

J’avais tenté à plusieurs reprises ce mouvement lors de mon escapade en montagne, puis j’avais aussi observé l’hippogriffe blanc chasser à plusieurs reprises. Toutes mes tentatives s’étaient avérées un échec, car je n’avais réussi à remonter à temps pour sortir mes griffes et empoigner ma minuscule proie.

Mais je ne visais pas la réussite de mon action, il était fort possible que je rate mon freinage, que je lui fonce dessus. Espérant qu’il me serve d’amortisseur, lui et toute cette neige.


((( Sibelle plonge en piqué vers le cavalier sur loup blanc et l’attaquer avec son bec grand ouvert. )))
((( Phase 1 (phase découverte) de l’apprentissage de la CC mêlée animale : Descente en piqué. )))
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 16 sept. 2022 02:36, modifié 1 fois.

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