Les Monts Eternels (Partie Sud)

[Ezak]

Je me fis vite repousser par le jet puissant de la cascade, me laissant trempé et un peu touché dans mon égo. Agacé, je fis quelques pas en arrière, alors que Freida émit l’idée qu’il devait y avoir une autre issue. Peut-être, mais si elle existait, elle n’était pas facilement visible. Tout n’était que mur rocheux et cristaux bleutés, en apparence. Perplexe, je regardai cascade avec plus d’attention alors que Andréi s’interrogeait sur le chemin pris par l’eau et que Sibelle s’interrogeait elle sur le son sens, ascendant ou descendant. Je répondis à cette interrogation :

« J’ai clairement ressenti le jet me repousser par le haut, de la même manière qu’il a repoussé votre lame vers le bas… »

Je me rapprochai de la cascade pour la regarder avec attention. Aucune issue derrière elle. Cependant quelque chose m’intrigua particulièrement lorsque je me baissai pour regarder son point de chute.

« C’est bizarre. On dirait que l’eau aux extrémités se dirige vers le centre. »

Pourtant je ne distinguais aucun trou dans le sol pouvant drainer cette eau.

« Il faut que l’on comprenne le chemin parcouru par cette eau. »

Aussitôt dit, je me relevai et sortis mon sabre dont je passai le fil sur la paume de ma main, assez profondément pour avoir une quantité de sang assez conséquente. Puis j’approchai ma main de la cascade, l’effleurant pour y déverser mon sang, en espérant qu’il m’aiderait à comprendre le cheminement de l’eau.

[Faëlis]

La pierre s'enfonça dans le lac, comme si il était plus lourd, plus pâteux que de l'eau... mais malgré tout bien liquide. Cromax tenta de poser un pied, et il sembla un instant qu'il allait resté à la surface... mais après quelques instants, il s'enfonça et dut reculer.

Fronçant les sourcils, Faëlis décida de se lancer dans une tentative plus risquée . Il recula un peu, puis s'élança vers l'eau ! Courant, il incurva bien vite sa trajectoire pour rester prêt de la berge, là où, il l'espérait, l'étrange lac n'était pas trop profond. Le but était de courir dessus le temps de quatre ou cinq pas, pour voir s'il était possible de profiter du délais avant de s'enfoncer. Peut-être que si les pieds ne restaient pas suffisamment longtemps posés, il resterait à la surface ?

[Sibelle]

Nos tentatives se conclurent toutes en échecs; la nourriture lancée par Madoka n’altéra aucunement le cours de l’eau cristalline. Lorsque je plaçai le bout de la lame de mon sabre contre la cascade d’eau, je crus un instant à ma réussite puisque l’écoulement fut altéré… un bref moment. Trop bref…la pression de l’eau eut le dessus sur moi et força mon bras à descendre avec une telle violence que j’en sentis de la douleur. Frustrée de ma défaite, je ne pus retenir une sonore expiration nasale marquant mon mécontentement. Ezak pour sa part, moins prudent, tentant de passer directement, fut projeté brutalement et chuta sur le sol, trempé.

Devant notre échec cuisant, Freida fit la suggestion de l’existence d’un autre passage. Je ne partageais pas cet avis. Je pensais sincèrement que la chute était la seule voie possible, mais que son accès était gardé et protégé. Je soupirai. J’aurais mille fois préféré combattre un ennemi de chairs et d’os que de résoudre une énigme afin de poursuivre notre chemin.

Lorsque je me tournai vers Andreï, je le vis silencieux et concentré sur le haut de la cascade. Je m'approchai de lui et lui demanda

« Avez-vous une idée, une solution ? »

S’il n’avait pas trouvé de solution, il avait par contre observé que l’eau ne formait pas de bassin au sol, l’endroit où elle était censée tomber. Je regardai à mon tour et j’en vins à la même conclusion que lui. Je me permis de proposer une hypothèse.

« À moins qu'elle monte ? »

N’en sachant pas davantage que moi, il se contenta d’un haussement d’épaules.

(Je pourrais escalader la paroi rocheuse pour en avoir le cœur net.)

Ce fut Ezak qui me répondit. Pour sa part, il avait bien senti se faire repousser vers le haut, alors que moi, j’avais été repoussée vers le bas. Il émit enfin l’hypothèse que l’eau se dirigeait vers le centre. Après avoir affirmé qu’il devait trouver dans quel sens se dirigeait l’eau, il dégaina son sabre pour faire une entaille suffisamment profonde dans le creux de sa main. Il approcha cette dernière de l’eau espérant que son sang suivrait le courant. Son idée n’était pas mauvaise, ça pourrait marcher.

Je laissai donc tomber mon idée d’escalade et je me plaçai derrière lui afin de l’accueillir dans mes bras et lui éviter une violente chut si jamais il était projeté violemment une fois de plus.

(((Sibelle se place non loin derrière Ezak pour attraper ce dernier et lui éviter une chute s'il est propulsé à nouveau )))

[Cromax]

Chacun y va de sa petite expérience sur le lac étrange. Hereld ne parvient pas à geler l’eau… Par manque de pouvoir, ou par manque de volonté ? D’autres y jetèrent trucs et machins comestibles ou non. Du gâchis, si vous voulez mon avis. Et pour rien, de surcroît. Seule ma propre expérience semble fonctionner, ou tout du moins donner quelque chose de productif. Mon pied fige un instant la surface avant de s’y enfoncer, quelques courtes secondes après. Je lève un sourcil, curieux. En voilà une propriété intéressante, et incongrue qui plus est. Je m’apprête à essayer davantage quand Arkalan vient me surprendre par des chuchotements inattendus. Je sursaute presque à son arrivée, ne m’attendant clairement pas à un geste si social de sa part. Il me demande en quoi je pourrais me transformer pour traverser le lac. À quoi s’attend-il ? Un navire ? Je risque de le décevoir. Et si je pourrais y aller en créature marine ou semi-aquatique, en canard géant par exemple, ce n’est pas dans mon intention. Et je lui explique.

« Ce sol d'eau a l'air partiellement solide, je me demande si l'on ne pourrait pas y courir. J'aimerais éviter éventer mon pouvoir de transformation devant nos amis shaakts, pour le moment. Je pense que vous pouvez comprendre : la confiance n'est pas encore installée. »

Il s’étonne de cette propriété de l’eau que je lui décris, et je lui explique ce que j’ai compris :

« En y posant le pied, il a fallu plusieurs secondes avant que celui-ci ne s'enfonce. »

Une fois encore, il semble circonspect. Qui ne le serait pas ? Il parait finalement me croire, et se questionne sur la possibilité d’une telle action.

« Je vais m'y essayer en tout cas, avant de proposer l'idée. Quant à ce qui le permettrait... j'en sais foutrement rien. »

Je plonge dans son regard, interpelé par la situation.

« Pas trop ennuyé par cette possible alliance avec les shaakts ? »

Bien entendu, il tique que le terme « alliance ». ça ne lui convient pas, et il condamne toute possibilité d’une telle sémantique avec des shaakts. Un peu provocateur, mais amical néanmoins, je lui retourne le compliment :

« Et tu es bien placé pour le savoir, n'est-ce pas ? Enfin. C'est vrai qu'Ertiart nous la met à l'envers depuis le début. »

Mon ton, sur la seconde partie de la phrase, est plus tendu, plus sombre. Arkalan ne semble pas avoir mal pris ma remarque, en tout cas, et y répond en entrant dans mon jeu. Mais est-ce vraiment un jeu ? je ne connais pas son passé, ni ses passifs. Il soliloque ensuite sur la confiance toute relative qu’il a à l’égard d’Herekd, le suspectant d’être une marionnette des matriarches. Le regard qu’il darde vers la commandante à ce moment, teinté de haine, confirme bien sa répulsion totale pour les siens. Je mesure la teneur de ses propos :

« J'sais pas, j'suis moins catégorique que toi, même si j'ai jamais eu de bons rapport avec ceux de ton peuple. J'ai même fait partie d'une compagnie de chevaliers visant à détruire les matriarches de Caïx Imoros, dis-toi. »

Un haussement d’épaules plus tard, j’enchaîne :

« Enfin, c'était une autre vie, presque. J'ai toujours eu un doute, pour Hereld. J'attendais de voir. Mais là j'en suis convaincu. J'ai plus confiance en ces nouveaux noirs qu'on vient de rencontrer : au moins ils ont le même but que nous, quoique tu puisses en dire. On peut s'entraider. Sans accorder notre confiance totale, bien sûr, ni leur tourner le dos, si l'on en croit ton expertise. »

Il me précise qu’elle me traitera comme un outil plus que comme un allié. Sans doute. Et je lui dis être très clair sur ce fait là.

« Je n'ai cure d'être utilisé, si c'est avec mon consentement et pour servir mes buts. C'est comme ça que je les vois aussi : utiles. »

Il me questionne ensuite sur l’ordre de chevalerie en question, demandant s’il a un rapport avec les rebelles. Les fameux rebelles des marais dont j’ai entendu parler, sans jamais les rencontrer pourtant. Je pense que Daïo y était lié, d’une manière ou d’une autre.

« Les Chevaliers de la Flamme Noire. Dirigée par un mâle, Daïo Ichioama. Il avait des contacts avec les rebelles du marais, mais sa base d'opération œuvrait au cœur-même de la cité. J'aurais une ou deux anecdotes à te raconter, si nous avions le temps. J'ignore ce qu'ils sont devenus à ce jour. Tant les chevaliers que mon ami. »

Il dit espérer pour la santé de mon ami, content de voir que ses buts sont partagés. Je fais un peu dériver la conversation.

« Il était moins... crispé que toi, je dirais. Moins soupçonneux. Ça doit te prendre une énergie folle au quotidien, d'être en permanence sur tes gardes concernant ceux qui t'entourent. »

Il avoue penser des fois à en finir plutôt que de se battre… avant que la puissance de sa haine ne le rattrape. Des mots durs, que je ne sais pas trop comment prendre. Maladroit, je tente de me rattraper, déconcerté par son aveu profond.

« Pourquoi ne transformerais-tu pas cette haine généralisée en une haine individuellement ciblée ? Tu ne peux pas détester tout le monde, si ? »

Le monde lui est indifférent, c’est son peuple qu’il déteste le plus.

« Mais tu sembles haïr tes semblables, quels qu'ils soient. C'est une haine qui s'étend à toi-même, ou qui part de toi-même pour se répandre aux autres ? »

Il prend le temps de la réflexion avant de préciser son positionnement réel : un mélange de rancune et de méfiance, agrémenté par les expériences rudes de son passé. Trahisons, disgrâces. L’esprit du mal est marqué sur sa face. Trahisons, quel outrage ! Il n’est que nuisance depuis sa naissance. Hem. Je m’égare. Il me le rappelle en disant que l’heure n’est pas à la philosophie, car nous devons toujours trouver un moyen de traverser ce fichu lac. Il émet l’hypothèse de la capacité de flotter d’un objet avec plus de surface qu’un pied. Personnellement, j’ai une autre idée.

« Je dois tenter un truc, attends... »

Mais sitôt que je veux m’y essayer, je vois Faëlis se précipiter sur la surface en courant. Mais le mec il pique mes idées, ma parole ! Joueur, je décide de courir au plus vite pour le rattraper et lui faire un plaquage un peu énervé, comme dans un sport qui n’aurait pas encore été inventé (quoi ?). Comme ça on verra aussi si tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé. Heu. Comme ça on verra comment qu’un être vivant s’en sort, dans c’te bousin.

Lysis, elle, garde son rôle de protectrice et laisse les aventuriers faire leurs expériences.

[Arkalan]

Rien ne se passe à la surface du lac. Soit il n’y a rien sous les eaux sombres soit ça n’aime pas les rations de viandes séchés. En tout cas je ne suis pas plus avancé et je n’ai pas trouvé de moyen de traverser le lac. Hors de question de le faire à la nage.

J’ai bien une idée mais pour ça je dois demander à cette elfe gri, Cromax. Je m’approche et lui adresse la parole à voix basse pour ne pas me faire entendre des Shaakts.

« En quoi pourriez-vous vous transformer pour nous faire traverser ? »

Sans que je lui demande il me fait part de ses observations. Il explique que l’eau a l’air partiellement solide et émet l’hypothèse qu’on pourrait y courir. Devant mon scepticisme il me fait même une démonstration, montrant que son pied ne s’enfonce pas immédiatement quand il pose le pied sur l’eau. Quant à ma question il répond qu’il préfère éviter montrer ses pouvoirs devant les Shaakts, arguant que la confiance n’est pas encore installée.

« Courir sur l’eau… »

Soufflais-je, hésitant.

« Je me demande ce qui peut permettre ça. »

"Je vais m'y essayer en tout cas, avant de proposer l'idée. Quant à ce qui le permettrait... j'en sais foutrement rien."

Il plonge son regard dans le mien :

"Pas trop ennuyé par cette possible alliance avec les shaakts ?"

« Le mot alliance n’existe pas quand il s’agit de Shaakt. »

Rétorquais-je. Il rétorque à son tour avec un ton provocateur que je suis bien placé pour le savoir et il me surprend même à accuser Hereld de nous mener en bateau.

Je pousse d’abord un court ricanement cynique à sa taquinerie.

« Plus que tu peux le croire. »

A sa seconde remarque je tourne mon regard vers l’autre bout du lac avec un air pensif.

« Je ne lui fais pas confiance non plus. Les Shaakts comme moi, qui se sont libérés de l’emprise des femelles, sont rares. La plupart ne sont que des marionnettes pendus aux bouts des doigts de leurs maîtresses. Je ne serais pas étonné que ce soit son cas. Je le dis depuis le début. Toute cette histoire pue le Matriarcat d’Elfe Noire à des kilomètres. »

A ces derniers mots je darde un regard haineux dans la direction de la commandante. Cromax répond être moins catégorique et m’apprends qu’il a fait partie d’une compagnie de chevaliers visant à détruire les Matriarches de Caïx. Un aveu qui me surprend et qui fait grimper dans mon estime cette elfe ce qui me pousse à lui expliquer qu’il sera considéré comme un outil et non comme un allié quand il admet qu’il a plus confiance dans l’unité de pacification qu’en Hereld. Curieux j’en demande plus sur cette compagnie de chevaliers. Nous échangeons quelques mots sur les chevaliers de la flamme noire et le Shaakt qui était à leur tête, un certain Daïo Ichioama duquel il n’a plus aucune nouvelle.

« Si son but était le même que le mien alors j’espère que ton ami se porte bien. »

Il répond qu’il était moins crispé que moi et soulève le fait que ça doit être fatiguant de toujours être sur ses gardes. En a t-il une véritable idée ? Il est vrai que je suis épuisé.

« Oui. Parfois je me dis que je ferais mieux d’en finir. Puis la haine me rattrape. »

La haine qui me pousse à en finir avec les Matriaches. Qui me donne le courage de traquer et tuer ces garces. Le fait que je haïsse mes semblables le pousse à philosopher, me demandant si c’est une haine qui s’étend à moi même ou si ça part de moi pour se répandre aux autres. A cette question, je prends le temps de réfléchir:

« C’est un mélange de rancune et de méfiance, accentué par l’expérience et le vécu. J’ai été trahis de nombreuses fois en pensant trouver un allié. Voilà pourquoi je reste méfiant, nous ne sommes trahis que par ceux à qui nous accordons notre confiance. Quant à savoir si je me déteste parce que je suis un Shaakt… Oui… C’est certain. Mais ma rancoeur primordiale ne vient pas de là. »

Nouvelle pause avant de déclarer.

« Mais l’heure n’est pas à la philosophie. Il faut trouver un moyen de traverser. Si un pied peut tenir quelques secondes, probablement qu’un objet avec plus de surface peut tenir plus longtemps. »

Cromax, sur cette conclusion, prend congés pour se précipiter sur l’eau et plaquer l’elfe blanc qui visiblement avait la même idée que lui. J’observe la scène avec un air dubitatif avant d’essayer ma propre hypothèse. Je fouille dans mon sac et en extirpe une cape épaisse pour l’étaler sur l’eau et y poser prudemment un pied, voir si comme le pense Cromax, l’eau possède une certaine résistance.

((Regarde si la cape peut faire office de radeau. ))

[Gamemaster6]

L'Aube d'un hiver sans fin

Chapitre 3 : Sous le toit du monde

Au milieu des cristaux, chaque groupe tentait de comprendre l'obstacle qui leur faisait face. Avec plus ou moins d'ingéniosité.

Ezak décida de s'entailler la main sous le regard éberlué de Freida et celui, plus froid, d'Andreï. Son idée valait l'essai et cela paya. Lorsqu'il laissa son sang s'écouler sous la cascade, tous purent voir l'hémoglobine se diriger vers le centre de la chute d'eau pour finalement commencer à remonter le courant, comme si une force invisible défiait les lois de la nature à cet endroit précis. Andreï commenta, d'un ton surpris et fasciné.

- Voilà qui est étonnant, cela ne devrait pas être possible. Mais peut-être que c'est le moyen de grimper dont nous avions besoin.

Freida, elle, restait silencieuse, à la fois éberlué et admirative devant l'ingéniosité du Kendran. Ne leur restait plus qu'à mettre leur théorie à l'épreuve. pouvaient-ils grimper la chute d'eau en se faisant propulser par cette dernière ?


De l'autre côté, les choses se déroulèrent de manière plus rocambolesque. Arkalan décida de jeter sa cape sur l'eau, persuadé qu'elle tiendrait plus longtemps et fut amèrement déçu de constater que ce n'était pas le cas. Elle coula tout aussi vite que le pied de Cromax juste avant et il se retrouva avec une cape trempée. Une chance qu'ils ne soient pas dehors en pleine tempête de neige.
Faëlis mit une autre théorie à l'épreuve en courant directement sur le lac. Et cela fonctionna. Malgré la sensation étrange d'élasticité, il put courir sans trop de difficulté. C'était sans compter sur la jalousie de Cromax qui les envoya tous les deux crever la surface de l'eau dans un grand bruit d'éclaboussure. Sous la surface, l'eau était froide et sombre et les deux elfes sentir qu'il serait bien plus aisé de marcher ou courir à sa surface que d'essayer de nager dedans. C'était comme si de petites mains invisibles les tiraient vers le bas. Rien qui ne les empêchaient de remonter à la surface, mais la sensation étrange était bien là. Tout comme les deux orbes jaunes luisant au fond du lac et qui, ils en étaient sûrs, semblaient grossir.

Sur la rive, les shaakts, eux, se préparèrent à traverser, attachant leurs armes sur leurs dos et sécurisant tout ce qui pouvait l'être. L commandante observait silencieusement l'endroit où Cromax et Faëlis avaient involontairement plongé, les sourcils se fronçant un peu plus à chaque seconde qu'ils passaient sous l'eau.

Récapitulatif des bobos et actions:

Les groupes :

Droite : Ezak, Sibelle,Madoka ,Freida, Andreï et Lysis,

Gauche : Faëlis, Arkalan, Cromax, Hereld, Les shaakts

Xp :

Arkalan: 0,5 xp : discussion avec Cromax
Cromax: 0,5 xp : discussion avec Arkalan

[Sibelle]

Les deux pieds campés au sol, placée derrière le kendran, j’attendais les résultats, anticipant la projection de son corps dans ma direction. Bien que je craigne le pire, j’avouais souhaiter me tromper.

Lorsqu’ Ezak approcha sa main ensanglantée près de l’eau, j’inclinai légèrement la tête vers la gauche afin de voir ce qui se passait. Le liquide carmin s’avérait facile à distinguer de l’eau claire de la cascade. Nous vîmes donc aisément le sang se diriger en profondeur vers le centre de la cascade avant d’être aspiré vers le haut. Étonné, comme nous tous, Andreï exprima son étonnement, mais accepta les faits, tout en disant que nous devions en profiter.

Après un moment de réflexion, je me tournai vers Ezak.

« J'ai beau chercher, la seule chose que je vois, c'est d'enrouler une corde autour de ma taille, de vous laisser l'autre bout et de plonger tout en visant le centre. Et si je réussis, je vous tire tous avec moi…, mais je ne suis moi-même pas convaincue que ça puisse marcher. »

Alors que je pensais qu’on rejetterait mon idée, Ezak affirma la trouver bonne. Cependant, il voulait y aller à ma place, prétextant que ses bottes lui permettaient d’atteindre une très grande vitesse. Il pensait qu’il avait plus de chance que moi d’atteindre le centre.

Bien que mon orgueil était légèrement attaqué, il ne s’agissait pas d’une compétition. Nous étions persuadés tous les deux de pouvoir y arriver. Après un court moment de réflexion me permettant de trouver une alternative, je lui proposai.

« De mon côté, je pensais m'y rendre en effectuant un saut acrobatique… »

Puis je jetai un regard aux autres: Freida, Madoka, Andréi. Sachant que Lysis se débrouillerait seule.

« Pensez-vous avoir la puissance pour tous nous tirer ? … Nous pourrions plutôt nous répartir en 2 cordés ? Et vous feriez partie de la première. Qu'en pensez-vous ? »

Bien qu’il croyait la cascade suffisamment puissante pour tous nous aspirer, il accepta mon idée pour faire deux cordés.

Je disposais de deux cordes et prête à en prêter une à Ezak, s’il en avait besoin.

Sans perdre de temps, j’enroulai ma corde à ma taille et je présentai l’autre bout à Andreï. Freida les yeux emplis d’admiration serait accordée à Ezak. Et en ce qui concernait Madoka, libre à elle de faire son choix.

J’attendis qu’Ezak fasse son essai, puis je m’élançai à mon tour, plongeant à travers la cascade effectuant un saut acrobatique dans le but d’atteindre son centre.

((( Sibelle s’encorde, puis plonge dans la cascade pour atteindre le centre en effectuant un saut acrobatique. )))

[Cromax]

Faëlis rattrapé, confirmant donc avec brio notre aptitude à courir sur la surface de manière assurée, je le plaque violemment dans l’eau, et nous en crevons la surface. C’est frais. Froid, même. Mais je ne peux empêcher un sourire amusé. Le liquide est cependant un peu moins… aisé à traverser par nos membres, si nous espérions y aller à la nage. Sa nature l’empêche d’être aussi fluide que de l’eau, sans aucun doute. Par contre, un truc bizarre survient : je me sens attiré vers le bas, comme si on me tractait vers les profondeurs abyssales. Et au moment de vérifier si c’est bien le cas ou non, baissant le regard vers le fond, je vois remonter vers nous, lentement, avec une présence subitement très menaçante, deux orbes jaunes. Des yeux. Et des yeux d’une grosse bête, en plus. Il ne fait pas bon traîner dans le coin…

Alors j’agis : saisissant Faëlis, je me rue vers la surface, prenant mon élan sous l’eau pour m’envoler au-dessus du liquide avec l’elfe dans mes bras, brisant la frontière entre liquide et air en une gerbe aqueuse. Prenant un peu de hauteur, j’aperçois les shaakts préparer leur traversée, suivant sans doute notre exemple. Mais un danger s’est ajouté, et je me dois de les prévenir. Hurlant à leur attention, je m’exprime :

« Attention ! Grosse bestiole en approche depuis les profondeurs ! »

Et sans demander mon reste, je me rue, tout en volant, vers les bords du lac. Hors de question de me faire happer comme une libellule par un vilain crapaud.

Lysis, de son côté, observe avec lassitude les aventuriers tenter de trouver une solution pour passer la cascade. Sans aider le moins du monde, bien entendu.

[Ezak]

Mon sang versé dans la cascade montra clairement le chemin du courant, descendant au sol par les bords, avant de faire le chemin inverse par le centre. Stupéfait, et troublé par cet mouvement qui n’avait aucune logique, j’entendis à peine Andreï suggérer d’utiliser le mouvement ascendant comme chemin.

Oui, c’était l’idée, mais il fallait espérer ne pas se noyer. Après tout on ne voyait pas ce qui se trouvait en amont de cette cascade. Une eau profonde ? Sibelle proposa que l’on s’attache tous avec une corde, et qu’elle tenterait de sauter au centre de la cascade pour tous nous entraîner.

"L'idée me semble bonne ! Mais laissez moi y aller en premier. Mes bottes me permettent de courir très vite. En prenant de l'élan j'aurai sûrement plus de chance que vous de pouvoir atteindre le centre de la cascade."

Elle sembla mettre en doute un instant ma capacité à tous pouvoir nous entrainer mais proposa que l’on se sépare en deux groupes. Passablement agacé par le sous-entendu je répondis en levant les épaules :

« Je pense que que la cascade est assez puissante pour tous nous drainer. Mais j’imagine que ça ne coûte rien de prendre nos précautions. Suivons votre plan et faisons deux cordés. »

J’attrapai la corde dans mon paquetage avant de me retourner vers Freida, la traîtresse, d’un air neutre, ne voulant pas trahir le fait que je l’avais percée à jour. Jusqu’où nous avait-elle mentit. Attendait-elle vraiment un enfant ? Pour sûr, elle voulait notre perte, et c’est pourquoi elle avait envisagé un autre chemin, voulant nous éloigner du but. Quoi qu’il en fût, le dicton disait qu’il valait mieux être proche de ses ennemis. La partie d’échec commençait, comme cela le fut jadis face aux suppots d’Oaxaca sur La Balliste, mais comme l’histoire l’avait prouvée, j’étais le meilleur à ce jeu. Elle ne perdait rien pour attendre.

Je lui tendis ma corde.

« Attachons-nous ! On prend de l’élan et on saute au milieu de la cascade l’un après l’autre. Laissez du mou entre nous pour ne pas entraver la course. Je passe en premier. » dis-je avec calme mais une certaine autorité.

Et cela dit, j’attendis qu’elle s’encorde avant de suivre le dérouler du plan.

HRP : Utilise la rapidité de ses bottes.

[Faëlis]

Le test se révéla concluant : l'eau pliait légèrement sous son poids mais pouvait le soulevé malgré l'armure tant qu'il ne restait pas trop longtemps à la même place ! Faëlis commençait à faire demi-tour... quand il vit Cromax qui lui fonçait dessus ! Avant de pouvoir réagir, il fut plaquer sur le liquide... et les deux elfes s'enfoncèrent dans cette étrange eau pâteuse, oppressante, trop lourde pour y nager efficacement.

Faëlis mit une seconde à réaliser ce qui se passait. Il se méfiait mais n'était pas préparé à une tentative d’assassinat en bonne et due forme ! Paniquant, il se débattit, tentant de trouver pied en espérant que le fond n'était pas trop loin. D'une main, il tira son sabre dans une vaine tentative de défense... et c'est alors qu'il vit deux yeux jaunes et brillants qui montaient vers eux depuis les profondeurs.

Avant qu'il puisse réagir, la main de Cromax le saisit à nouveau pour le tirer à l'extérieur et le ramener sur la berge, avertissant le groupe de l'approche de la créature.

Se sentant soudain un peu bête, Faëlis rangea son sabre et recula loin de la berge pour saisir son arc sans rien ajouté. Il ne savait plus trop quoi penser.

[Arkalan]

J’observe avec un certain dépit à la fois ma cape trempée, les deux elfes claires jouer à se jeter à l’eau et les sombres se préparer pour traverser. Ce manque de prudence me rend nerveux, agacé et las.

Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence, si Cromax se refuse à changer d’apparence pour nous mener en sécurité de l’autre côté alors nous allons devoir nous baigner dans l’eau glacé et noir de ce lac souterrain.

J’accepte à peine l’idée que le Sindel jaillit à la surface en prévenant de l’approche d’une créature. Sans attendre je saisis mon arc et une flèche, prêt à abattre le monstre qui a eu le temps de grandir sans prédateur dans ce lieu oublié.

[Madoka]

((post squelette

Mado passe en dernier. Prend de l'élan et tente d'atteindre le centre de la cascade d'un bond comme ses compagnons grâce à ses bottes lui permettant de faire des longs bonds.))

[Gamemaster6]

L'Aube d'un hiver sans fin

Chapitre 3 : Sous le toit du monde

Sur les rives du lac, la tension monta soudainement. En entendant l'avertissement de Cromax, les shaakts se mirent aussitôt en formation de défense, bouclier face au lac, lances pointées vers l'immense zone aqueuse. La commandante joignit ses hommes tandis que le mage préparait quelque sortilège, flanqué des archers qui observaient attentivement la surface plane. Mais plane, l'eau ne le resta pas longtemps. D'immenses remous rompirent la tranquillité des lieux et le bruit caractéristique de centaines de petites pattes cristallines se fit entendre. Les scorpions de cristal fuyaient la zone à toute vitesse, comme si le Dragon Noir en personne était à leur trousse.

Mais au lieu d'une vision sombre et malfaisante, ce qui émergea de l'eau était aussi éclatant qu'un joyau laissé en pleine lumière. la tête d'un immense serpent de cristal émergea de l'eau, ses imposant yeux dorés dépassant de loin la taille de n'importe lequel des mortels qui se trouvaient sur la rive, médusés face à cette apparition.

Sa langue vibra dans l'air en un chuintement assourdissant, se réverbérant sur les cristaux qui vibrèrent en réponse, créant une mélodie de sifflements si fort que tous durent se boucher les oreilles pour ne pas voir leurs tympans exploser. Enfin, après de longues et douloureuses secondes, le bruit cessa et le serpent fixa un instant le groupe avant que son cou ne file vers l'avant, droit sur Faëlis et Cromax. Sa tête s'arrêta si près de la rive que tous auraient pu la toucher et les deux elfes purent sentir son souffle qui les fit presque reculer par sa puissance. Un sifflement s'échappa alors de la gueule de la créature. Un sifflement saccadé que tous finirent par interpréter. Un rire. Suivit d'un charabia qui surpris tout le monde..


- On la donne, on la reprend. On la coupe et sssependant ssssssans la voir. On peut la déformer. Elle finit par sssss'envoler. Ssseul sssselui qui l'aura pourra répondre à la quessssstion.

Il fixa le groupe et attendit que l'un d'eux réponde. Et tous purent se poser la question. Que se passait-il s'ils se trompaient ?


Loin des préoccupation serpentesque qui occupait désormais le groupe de gauche, celui de droit tenta une expérience pour le moins inattendue. Encordé par petit groupe, ils décidèrent de se jeter purement et simplement dans la cascade dans l'espoir d'être propulsé à son sommet. Malgré ce plan pour le moins farfelue, Andreï et Freida acceptèrent sans rechigner les corde et se joignirent au groupe. Et... cela fonctionna. Sibelle se jeta la première, après une cabriole des plus spectaculaire, bien que sans doute inutile. EE sentit aussitôt l'eau la tremper de la tête au pied et son corps fut propulsé vers le haut avec violence. Beaucoup de violence. tant et si bien qu'elle se retrouva dans les airs au dessus de la cascade, à une dizaine de mètre au dessus de tout sol ou eau, avant de retomber brutalement dans une immense gerbe aqueuse. Elle fut rapidement suivit d'Andreï dont les cordes vocales furent mises autant à rude épreuve que le reste du corps. Ezak, Freida et Madoka subirent le même sort, tous atterrissant dans un large bassin dont l'eau était étonnamment chaude et agréable. Tous purent également sentir que la pression de l'eau n'avait pas été tendre avec leurs corps et chacun put pester pour les bleus et courbatures qu'ils ne manqueraient pas d'avoir après ce passage dans la cascade. Au moins avaient-ils passé la cascade.

- Je suis trop vieux pour ce genre de choses.

Andreï se redressa péniblement avec l'aide de Freida qui commença ensuite à essorer ses cheveux trempé. L'eau arrivait aux genoux des aventuriers et c'était presque un miracle que la chute n'eut pas été plus brutale. Lorsqu'ils observèrent les alentours, ils remarquèrent d'étranges statues de cristal qui bordaient la rive du bassin. Toutes étaient de formes humaines et leurs yeux vides de cristal semblaient étrangement fixés sur le groupe. Et la sensation d'être observé ne quitta plus aucun des membres après ça. Au delà du bassin, un nouveau chemin serpentait dans la grotte. Mais Freida attira soudainement l'attention de tout à chacun en pointant une statue du doigt.

- Elle... elle a bougé, non ?

A peine Freida eut terminé ses mots que le doute s'insinua dans chacun des membres du petit groupe. Cette statue avait-elle bougé ? Celle-là aussi, non ? Il y avait une dizaine de statues et pas assez d'yeux pour toutes les surveiller. Peut-être valait-il mieux filer en vitesse. Ou bien s 'assurer que tout ça n'était que le fruit de leurs esprits éprouvés par les épreuves que les montagnes leur envoyait, les unes après les autres.

Récapitulatif des bobos et actions:

Les groupes :

Droite : Ezak, Sibelle,Madoka ,Freida, Andreï et Lysis,

Gauche : Faëlis, Arkalan, Cromax, Hereld, Les shaakts

Xp :

[Ezak]

J’observai Sibelle prendre son élan et plonger en un saut acrobatique dans la cascade dans un long soupir. En tant qu’acrobate moi-même, je trouvai le geste d’une certaine grâce, mais cette manie typiquement elfique de vouloir se faire voir - et j'imaginais que c'était pour prouver je ne savais quelle supériorité, sur nous autres « pauvres humains, derniers des mortels » - avait de quoi me faire vider l’air de mes poumons. Je me retins tout de même de faire tout commentaire à voix haute, et couru à mon tour vers la cascade. Je me sentis aspiré, vers le haut après avoir atteint son centre et je fus projeté ensuite dans les airs, sans que je ne comprenne trop ce qui se passait. Le cri d’Andreï parvint à mes oreilles alors que je me vis redescendre avec force vers un bassin qui vint cueillir mon corps, avec une douceur toute relative. Je pestai en me relevant, non contre une peur que je ne pouvais ressentir sous mes écailles, mais contre celle-là même que je ressentirai en différé en retirant mon armure, plus tard. À Andreï qui commentait sur ces choses qui n’étaient plus de son âge je répondis.

« Ne prévalez pas des résistances de la jeunesse. Même moi, je n’en peux plus de ces cabrioles. » dis-je en me mentant à moi-même, puisqu’au fond moi, je ressentais cette adrénaline de l’aventure dont je prétendais à qui voulait l’entendre ne plus avoir le goût. Il aurait suffi de voir ce petit sourire que j’avais pour s’en rendre compte. Et pousser par cet élan, je me permis de taquiner le vieux sur son cri.

« Au passage, joli grain de voix !»

Mais je ne pus pas pousser plus la plaisanterie car la traitresse attira notre regard sur les ce qui délimitait le bassiin et nous encerclait, des statues de cristales, de forme humaine. Elle prétendait les avoir vu bouger. Je voulus mettre sa parole en doute, mais mon œil cru déceler le même mouvement, presque imperceptible. J’analysai rapidement la situation et fit part de mon avis.

« Hâtons-nous de sortir de ce bassin ! Nous sommes encerclés, en plus petit nombre, les mouvements entravés par de l’eau jusqu’aux genoux. Si ces statues sont bien aussi vivantes qu’elles en ont l’air, rester ici c’est du suicide. »

Je me dirigeai alors vers la route que je voyais se dessiner au loin. J’eus un instant la tentation de sortir mes lames, mais je repensai aux scorpions et je préferai jouer la carte de la passivité, non sans lâcher quelques mots à voix haute.

« Nous ne faisons que passer. Laissez-nous aller et tout ira bien pour nous tous. »

(HRP : Bonus de persuasion des protections d'avant-bras)

[Madoka]

Jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce que je vois l’Hinionne s’envoler, et ce malgré avoir observé le sang remonter l’étrange cascade aux eaux comme immobiles sans même brouiller son écoulement ; je doutais de la possibilité que sa force puisse porter notre poids. Malgré l’étonnante certitude de certains, peut même en raison de la facilité avec laquelle l’anomalie de cette cascade a été découverte ; je voulais encore douter, confondre mon intuition quant à l’identité du traître.

Mais voyant la force, la violence avec laquelle Sibelle et Andrei sont propulsés vers le haut, je dois m’avouer vaincue. Même les règles physiques les plus fondées n’ont pas sens ici … je crains le moment où nulle base logique, nulle règle établie ne bâtira mes réflexions car alors, la folie me gagnera.

Dernière à passer, j’attends quelques secondes avant de sauter à mon tour droit vers le centre de la cascade et, aussitôt, je m’élance vers le haut. Si violemment que j’ai l’impression de chuter vers le haut. La tête sous l’eau, je ne perçois rien ou presque mais après quelques courtes et trop longues secondes je quitte l’eau et suis comme projetée dans les airs cette fois, par-dessus la cascade, haut, trop haut. Aussitôt, et cette fois la sensation n’est point étrangère, nulle force ne me retient et je chute lourdement dans un bassin peu profond.
L’atterrissage est douloureux, je ne saurais dire qui de la surface ou du fond m’a causé le plus de mal. Je me relève maladroitement, trempée jusqu’aux os, sonnée comme si j’avais dégringolé un escalier mais euphorique comme après une sensation forte, je pouffe d’un rire nerveux quand l’envie de le refaire me traverse l’esprit.


Mais mon rire nerveux ; dernier rempart face à l’inconcevable réalité qui règne ici ; ne dure pas. Nous avons tous atterris dans un large bassin dont l’eau chaude nous arrive jusqu’aux genoux ; encerclés par une dizaine de statues de cristal à la dérangeante apparence humaine. C’est un piège, me dis-je alors en lorgnant là où me portent tous mes soupçons. D’autant plus un piège que les statues semblent nous observer. Ce n’est pas comme les scorpions, ce n’est pas l’effet de leur orbites vides qui semblent regarder partout à la fois, je me sens observée, épiée. Gagnée par une inquiétude grandissante en tenant compte du nombre de statues et du souvenir du corps transpercé de cristaux, je cherche et trouve rapidement un chemin hors de l’eau.
A cet instant, alors que ma curiosité à comprendre où nous sommes et la nécessité de trouver le but final à notre présence se disputent la marche à suivre, Freida interpelle tout le monde en pointant du doigt une statue, persuadée de l’avoir vu bouger.
Et quoi ? Pourquoi pas ? Au point où nous en sommes après tout !
Les yeux fixés sur une statue que je jurerais avoir à mon tour vu bouger, je sombre lentement mais sûrement dans quantité de folles pensées quand Ezak nous remet la priorité en perspective. Il nous faut sortir de ce bassin. Quoi que soient ces statues humanoïdes, qu’elles nous observent ou bougent ; rester encerclés les pieds dans l’eau n’est pas envisageable. Je rejoins Ezak qui se dirige déjà vers le seul chemin d’accès et le suit à reculons quelques centimètre derrière lui ; gardant ainsi un œil sur les statues et nos arrières.

[Faëlis]

Un début de panique s'était emparé du groupe. Les shaakt se préparaient au combat, tandis que le sindel restait en première ligne pour accueillir la chose. Pourtant, personne ne pouvait être préparer à ce qui venait.

Il s'agissait d'un serpent. Un serpent de cristal si gigantesque qu'il y avait de quoi se demander comment il avait pu tenir dans le lac. Il les dominait de toute sa hauteur. Sa hauteur de brins de cristaux blancs. Son sifflement strident résonna sous la voûte de la caverne, se réverbérant au point que Faëlis ne put s'empêcher de lâcher son arc pour se boucher les oreilles. Cette créature pouvait les désarmer en sifflant et les écraser d'un mouvement ! Le combat serait impossible...

Mais voilà que le sifflement se mua en un rire étrange, suivi de mots parfaitement compréhensibles.

« On la donne, on la reprend. On la coupe et sssependant ssssssans la voir. On peut la déformer. Elle finit par sssss'envoler. Ssseul sssselui qui l'aura pourra répondre à la quessssstion. »

Une énigme ! Il était fréquent d'y jouer, à la cours de Cuilnen, bien que Faëlis n'y ait pas plus brillé que cela... Mais pour le coup, il se creusa la tête, et la réponse lui apparut assez vite. Un sourire lui vint. Cette créature était magnifique, et il aimait s'illustrer devant les gens magnifiques !

Il ramassa son arc, mais sans l'encocher, puis s'avança pour déclamer bien fort :

« Puisqu'il en est ainsi, à votre demande, je la prends donc pour vous dire, auguste serpent, que la parole peut être donné et reprise. Qu'elle peut être coupée, bien qu'invisible. Malgré cela, elle continue à voler de part les airs, qu'il y ait quelqu'un pour l'entendre ou non ! »

[Arkalan]

Le monstre s’extirpe de la surface. Immense serpent de cristal aveuglant, sa langue provoque un bruit assourdissant m’empêchant de tirer ma flèche. Je crois les derniers instants de Cromax arrivés alors que la créature s’avance vers lui mais il s’arrête avant de le gober et sa gueule laisse entendre une sorte de rire sifflant avant de prononcer une énigme. Une énigme assez simple dont je crois trouver la réponse rapidement. Cependant je me garde bien, comme d’autres, d’ouvrir la bouche pour donner la réponse. Car la dernière partie de son énigme me laisse perplexe, seul celui qui aura la parole pourra répondre à la question. Et si cette énigme à première vue simple possédait un piège tordu ? Est-ce qu’un seul d’entre nous à l’autorisation de parler pour donner la réponse ? Et dans ce cas, qui ?

Je n’ai pas le temps d’y réfléchir car l’Hinion ne se méfie pas autant et dévoile la réponse. Je reste sur mes gardes, attentif à ce qu’il se passe.

[Sibelle]

Ne pouvant courir aussi vite qu’Ezak, j’avais évalué que le saut acrobatique était une bonne alternative. En effet, mon plongeon dans la cascade me permet d’accéder immédiatement au centre de celle-ci. Je m’attendais à remonter violemment vers le haut, mais jamais avec une telle puissance. Cette ascension me fut tout de même agréable, mais elle l’aurait été considérablement plus, si elle s’était effectuée dans l’air au lieu de l’eau. Le cri d’Andreï tout le long de la montée me confirma qu’il était toujours attaché à moi. Je poussai une longue inspiration lorsque nous sortîmes enfin de l’eau pour nous retrouver dans les airs. Mais notre chute dans le bassin sous nous fut aussi violente que notre montée. Heureusement, j’avais acquis au fil des années assez d’expérience pour me réceptionner de façon à amortir ma chute. Bien que rompue au combat, j’étais consciente que ce n’était pas les mêmes muscles qui avaient été sollicités et que je souffrirai probablement de courbatures le lendemain, ou pire encore dans les heures qui suivraient. J’étais en train de détacher ma corde lorsque je vis Ezak, Freida et Madoka chuter non loin de nous dans le bassin.

L’eau qui m’arrivait aux genoux était d’une chaleur agréable, et en d’autres circonstances, ce bassin entouré de nombreuses statues de cristal aurait pu constituer un endroit agréable pour y prendre un bain.

Andréï avoua que de telles épreuves n’étaient plus de son âge. Suite à quoi, contrairement à moi, peut-être pour détendre l’atmosphère, Ezak se permit de taquiner le vieux mage au sujet du long cri qu’il avait lancé lors de la montée. Ce qui me rendit un peu perplexe. Alors que pendant notre promenade, j’avais été tentée de lui faire part de mes doutes à son sujet, ses récentes railleries me décidèrent à garder le silence. Il en profiterait peut-être pour me ridiculiser ou pour piquer une colère, ce que je voulais éviter.

J’avais fait quelques pas vers la rive en direction du chemin lorsque Freida, visiblement nerveuse, nous informa qu’elle avait vu les statues bouger. Ce fut à ce moment que je me sentis observée par ces statues humanoïdes. Je n’eus donc aucune peine à croire son affirmation et je poursuivis un peu plus rapidement mon avancée hors de l’eau. Ezak nous incita, avec raison, à sortir le plus rapidement de l’eau, ce que je fis, non sans fixer les statues qui se trouvaient non loin de mon point de sortie.

Une fois sortie de l’eau, je jetai un dernier coup d’œil aux statues avant de suivre les autres.

((( -J’ai pris en compte dans mon rp la capacité rp d’amortissement de chute améliorée de Sibelle.
-Sibelle sort de l’eau, tout en étant attentive aux moindres mouvements des statues. )))

[Cromax]

Et pour être une grosse bestiole, c’est une grosse bestiole ! Alors que les shaakts se positionnent, forgés par l’habitude, dans leur posture de combat, la tête d’un immense serpent cristallin perce la surface du lac alors que le vacarme de milliers de petites pattes sur le sol de la caverne indique la fuite des scorpions précédemment rencontrés. Je reste un instant coi, dans les airs, en observant la bestiole gigantesque. Magnifique. Sa tête vient se projeter presque au corps à corps de ma posture aérienne, et j’ai presque envie de poser ma main sur ses écailles de cristal bleuté. Ses yeux d’or étreignent mon âme alors qu’un sifflement naît de la créature sans doute centenaire. Millénaire. Un sifflement qui m’évoque un rire. Et puis, des mots. Des mots étonnamment compréhensibles. Une énigme venue du fond des âges.

Les mots sifflés résonnent dans mon esprit, alors que mes méninges se mettent à tournoyer comme les rouages d’une machine trop rarement usitée.

On la coupe… On peut la déformer… On peut répondre si on l’a… C’est un peu misogyne mais… une bite ? Non, non. Personne ne la reprend, même si on la donne. Surtout moi. Et puis ça ne s’envole pas, même si ça permet d’atteindre le septième ciel. Mais quoi alors ? La dignité ? Elle, elle finit souvent par s’envoler, pour le coup. Et il en faut pour répondre à l’énigme d’une telle entité. Mais non, ça ne colle pas à tout, encore une fois.

Oh ! Ça y est, je l’ai ! J’ouvre la bouche pour répandre ma science absolue, certain de ma victoire quand… Bah je me la fais couper. Faëlis me prend de court, déballant un discours bien trop long pour une réponse devant être si courte. Quel pédant, quand même, celui-là. Et précieux, en plus. Vexé de m’être encore une fois fait spolier par le lumineux, je répète, maussade :

« Ouais. La parole, c’ça. »

Espérons que la diatribe de l’hinion n’aura pas emmêlé le serpent d’eau.

Lysis, elle, rejoignant en haut les autres, observe sans mot dire la statue, prête à tout confraglationner si besoin.

[Gamemaster6]

L'Aube d'un hiver sans fin

Chapitre 3 : Sous le toit du monde

Face à l'immense serpent de cristal qui leur faisait face, le groupe d'aventuriers et de shaakts était bien silencieux après l'énigme posée. Faëlis capta avec aisance l'attention du serpent lorsqu'il offrit sa réponse. Une réponse élaborée qui, aux yeux de certains, semblait bien inutile, mais une réponse néanmoins. Le serpent resta silencieux tandis que Cromax maugréait dans sa barbe inexistante, donnant lui aussi la même réponse avec moins de panache et d'attitude que l'Hinion. Après un silence pesant qui sembla durer des heures, le serpent parla finalement.

- La parole, oui, bien répondu, petit elfe.

Un vent de soulagement se fit sentir dans tout le groupe, mais il fut de courte durée. Plus vive que l'éclair, la langue du serpent fouetta l'air, s'enroulant autour de Cromax qu'il goba en entier sous le regard effaré de tous. Il fixa ensuite l'entièreté du groupe, puis recracha le Sindel qui s'échoua à nouveau sur la rive, couvert d'un mucus étrange, inodore et incolore, mais couvrant son corps de la tête au pied. Le serpent, lui, semblait ricaner avant de lentement descendre sa tête pour se mettre à la hauteur du groupe. Il ouvrit grand une gueule sans le moindre croc visible, invitant visiblement le groupe à s'y engouffrer.

- Vers la sssssortie vous sssssouhaitez vous diriger. Une aide je peux vous accorder. Sssssous le lac, sssse trouve sssse que vous cherchez. Entrez et dans le lac vous pourrez pénétrer.

Une proposition des plus douteuses et inattendue que le groupe allait devoir sérieusement étudier. Surtout en voyant Cromax couvert de cet étrange mucus qui ne semblait pas pouvoir être retiré.

Dans l'autre groupe, la situation était tout autre. Andreï lâcha un de ses rares sourire aux paroles d'Ezak, mais n'ajouta rien, peu enclin à parler pour ne rien dire. Suivant Ezak, le groupe entier se hâta de sortir du bassin d'eau chaude, certains oeillant avec méfiance les statues tandis que d'autres semblaient plus pressé de s'en éloigner au plus vite. Et rien n'empêcha quiconque de sortir de là et de s'en éloigner. Le chemin leur tendait les bras et l'emprunter ne fut pas entravé par la moindre statue. Un mauvais tour de quelqu'un ? Ou simplement une panique devenu paranoïa au milieu de cette caverne sans aucune logique. Difficile à savoir. Surtout lorsque, après une seule petite minute de marc ils se retrouvèrent à nouveau face au même bassin. Et face aux mêmes statues qui, cette fois, les fixaient alors qu'ils venaient du chemin et non pas du bassin.

Mais ce qu'il n'avait pu prévoir, c'était la présence, au milieu du bassin, d'une silhouette. Une silhouette féminine, assise sur l'eau, jouant d'une longue flûte de cristal dont la mélodie ne leur parvenait pas. Elle ne ressemblait à rien de ce qu'ils avaient pu voir jusque là. Elle semblait faite d'eau et ses habits de cristal, donnant un étrange mélange qui hypnotisait même le chevalier avec la plus forte des volontés. Personne ne pouvait en détacher les yeux. Du moins jusqu'à ce que la flûte quitte ses lèvres. Chacun retrouva alors ses esprits, comprenant que la mélodie qu'ils croyaient silencieuse, les avait hypnotisé jusqu'au bassin sans qu'ils s'en aperçoivent.

- Visiteurs, visiteuses. Bien loin de chez vous vous trouvez.

La voix de l'être au milieu du bassin était enchanteresse, si agréable qu'on avait envie de l'écouter à jamais. Chacun de ses geste n'était que grâce et fluidité alors qu'elle se levait et marchait jusqu'à eux, ses pieds effleurant la surface de l'eau sans même y crée une seule onde. Elle n'avait rien d'humaine ou elfique, et pourtant, elle était parfaitement à sa place à cet endroit.

- Est-ce la sortie que vous cherchez ? Ou bien un désir plus grand encore vous pousse à cheminer par ses voies tortueuses ? Dites-moi donc, voyageurs.


Récapitulatif des bobos et actions:

Les groupes :

Droite : Ezak, Sibelle,Madoka ,Freida, Andreï et Lysis,

Gauche : Faëlis, Arkalan, Cromax, Hereld, Les shaakts

Xp :

[Faëlis]

Le serpent approuva, au grand dame de Cromax qui avait trouvé avec un temps de retard... Et pour toute réponse, il fut promptement avalé ! L'hinïon allait protester, mais le sindel était déjà recraché. Bon, juste une bonne peur... et un message délivré de manière peu commune.

Le serpent expliqua alors que, s'ils acceptaient d'entrer dans sa gueule, il les emmènerait vers ce qu'ils cherchent. Avec un rire nerveux en voyant un Cromax couvert de bave, Faëlis déclara :

« S'il avait voulu nous dévorer, il l'aurait fait sans notre avis ! »

Il s'avança... mais bloqua aussitôt. Il allait lui-même finir sale et couvert de bave ! Il lança un regard angoissé à ses compagnons. Quelle galère !

(((Faëlis va entrer... mais si un de ses compagnons veut le pousser, profitez-en !)))

[Arkalan]

La tension est en haute voltige entre le moment où le serpent de cristal annonce que la parole est une bonne réponse et l’autre où il avale tout cru Cromax pour ensuite le recracher. Je n’ai aucunement le temps de réagir et reste interdit, ne sachant pas comment lire les intentions de cette créature.

Finalement elle nous invite à entrer dans sa gueule pour atteindre le fond du lac. Comme le souligne l’Hïnion elle ne s’embêterait pas d’un tel stratagème pour tous nous dévorer et malgré ma méfiance je m’avance et patiente devant le serpent en observant les Shaakts, provoquant presque la commandante du regard pour qu’elle passe devant.

((Attends que les Shaakts pénètrent dans le serpent avant d’y aller.))

[Cromax]

Le serpent ne semble pas prendre outrage de la superbe exagérée du nobliau de service bien trop prompt à la répandre partout comme une limace sa salive gluante. Au contraire, il donne raison à ce dernier : évidemment que c’est la parole. Pas besoin d’user de tant d’ambages pour donner une si simple réponse. Je roule des yeux, mais cela ne dure guère, une langue fourchue vient me saisir à la taille et m’envoie droit dans la gueule du reptile.

(Bordel de…)

Je songe à me rendre intangible pour ressortir de lui aussitôt, ou ou en émerger par la gorge via un coup de lame bien placé, mais je n’ai le temps de me décider que le quitte brutalement son gosier, roulant comme un pantin sur la rive. Je me relève, guettant d’un œil mécontent celui que j’avais qualifié de superbe, et qui n’est finalement qu’un vers visqueux et baveux. Je me relève tant bien que mal, ronchonnant d’être ainsi trempé dans ce mucus visqueux qui a heureusement le bon sens de ne pas puer la charogne. Et le serpent ricane. Non mais sérieusement ? En plus de se goinfrer de moi, il se fout de ma tronche ? Je pose une main sur la garde de ma métamorphe : quelle en serait la forme idéale pour étêter ce gros boudin d’eau détestable ?

Et le voilà maintenant qu’il propose à toute la trouve d’entrer dans sa gueule béante, assurant que ça mène vers la sortie de la grotte. Enfin. Sous le lac, visiblement notre destination, selon les termes de cet animal trompeur et malin. C’était pour montrer l’exemple qu’il l’avait gobé de pied en cap ? Faëlis, sûr de lui, s’engouffre dans la bouche ouverte, prétextant que s’il avait voulu nous manger, il l’aurait déjà fait. Naïve petite créature que cet elfe : il ne songe même pas à une ruse nocive de la part de l’habitant du lac. Personnellement, je suis plus amer lorsque je rétorque :

« Ne vous avisez pas de nous tromper, créature, si vous ne voulez pas que vos entrailles soient déchiquetées de l’intérieur. »

Et, avançant vers sa gueule sans croc, je commente :

« Vous allez nous chier en bas, c’est ça ? Hé bien quitte à passer par un trou de balle, autant être bien lubrifié, j’imagine… »

Je secoue la main, éclaboussant de cette substance baveuse le sol rocheux. Puis, enfin, je m’avance à mon tour, et prenant la direction de sa gorge, je précise aux autres :

« Allez, un peu de courage les noirs. Suivez-nous. »

Et par noirs, j’entends aussi bien le groupe de Gwadh que notre académicien et notre méfiant de service. C’est pas maintenant qu’ils doivent nous faire faux bond.

Lysis, de son côté, après les quelques événements du groupe face à cette apparition, va décider de ne surtout pas se baigner dans le bassin comme Ezak. Et puis quoi encore ? Ses belles flammes. En lieu et place, elle va se changer en faera et, sans chercher à fuir cette fois, va intégrer le rubis enchanté du collier de Madoka : la seule en qui elle fait réellement confiance, sans aucun doute.

[Madoka]

Nous parvenons à sortir du bassin et de la caverne, et ce, sans aucune intervention, bruit ou menace. Je ne m’y attendais pas, bien au contraire. L’absence de danger est plus perturbante encore. Ai-je étais trop méfiante, ai-je préjugé d’un piège en raison du traître parmi nous … c’est agaçant, je dois garder l’esprit clair vis-à-vis de l’ennemi.

Nous nous retrouvons à nouveau à suivre un de ces chemins semblables aux autres, bordés de cristaux, sans objectif en vue.

« Qu’est-ce que … »

Devant moi, la même caverne, le même bassin, les mêmes rangées de statues de cristal qui, cette fois, ont le regard fixé sur nous. On est bien ! Me dis-je une seconde avant d’apercevoir, assise sur l’eau et jouant de la flûte, une créature féminine qui capte mon regard pour ne plus s’en effacer. Et pour cause. Une créature surnaturelle se tient là, au corps fait d’eau et aux vêtements de cristal. Elle joue de son instrument, aucun son pourtant ne gagne mes oreilles. Lorsqu’enfin, sa mélodie finie, l’instrument quitte ses lèvres, je sens mon esprit se libérer d’une pression impalpable et je réalise seulement maintenant les implications de notre situation sans parvenir à y mettre sens et ordre. Derrière moi, nos empreintes partent et reviennent … mais je ne saurais retracer le chemin parcouru. L’idée est là, illogique et flottante, à l’image de la créature dont la voix enchanteresse perturbe ma concentration. Nous aurait-elle ensorcelés ? Est-ce seulement possible en réalité ?

((Mais où est-ce qu’il reste une part de logique ou de concret ici ?))

Elle nous accueille étrangement, elle qui pourtant semble aux manœuvres de notre retour. Elle se relève alors, pleine d’une grâce certaine et indéfinissable tant son aspect est à la fois peu commun à mon intellect et en harmonie avec ces lieux. Réelle et inconsistante à la fois, tel un esprit ou un fantôme, elle marche sur l’eau sans y laisser d’onde. Arrivée près de nous, elle nous demande vers où nous marchons, une sortie ou vers un objectif inconnu, poussé par un auguste désir.

Je reste béate une seconde, jusqu’à entendre le murmure de Lysis ; tout aussi surnaturelle mais plus directe ; désirant savoir si elle peut allumer l’inconnue. Son aplomb et sa radicalité me remettent les idées en place, si l’on veut ; en tout cas je souris sans peine et lève un regard amusé vers la compagne de Cromax bien que, comme les autres, je lui refuse cet empressement, au moins par réciprocité envers l’attitude de notre … adversaire ?
Cependant, et pendant que Ezak et Sibelle se chargent à leur manière d’entrer en contact avec ce qui nous entoure, je murmure à Lysis :

« Pouvez-vous tenter d’aller voir comment vont les autres ?
- Si je raconte ça à Cromax, il va vouloir venir.»
((Tu m’étonnes !))

Elle se transforme alors … en une si petite chose qu’il est facile de la perdre de vue.
Sa réussite ou son échec en dira plus long que mille questions et réponses évasives sur les capacités de l’inconnue ; mais ce chemin, pourquoi nous l’avoir fait rebrousser pour maintenant s’enquérir de nos objectifs et motivations, au lieu de nous laisser l’arpenter … même en vain.

« Est-ce à vous que nous devons ce retour sur nos pas ? Car peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous attendez de nous. ? »

Elle prend le temps, a priori, de répondre à chacun de nous mais sans donner beaucoup du sien … et ça, en revanche, j’en ai plutôt l’habitude de la part de ceux qui possèdent les réponses ET l’ascendant. Elle sème ici et là des sous-entendus, des allusions et des paroles faussement directes. Elle sait ce que nous cherchons, ou en tout cas le laisse paraître, et nous y rendre ne dépend que de nous et notre faculté à trouver le moyen de le demander.
Et tout cela en sautillant d’un coin à l’autre, en jouant les ingénues et en se laissant aller d’aise.
A ma question, elle inverse les rôles et estime que nous sommes plus certainement en demande qu’elle, nous qui vagabondons dans les terres glaciales.

((Houlà non, envoutant et surnaturel petit agrégat d’eau parlant. On s’éloignait au cas où t’as pas remarqué, on s’est pas attardé pour demander l’chemin hein … ))

Mes mots restent en suspens aux bords de mes lèvres. J’ai soudainement l’intuition qu’elle n’est en fait qu’une intermédiaire, qu’elle est là pour nous tester, peut être nous faire perdre du temps. Une gardienne sans doute, qui ne tire pas toutes les ficelles.
A mes côtés, Ezak en prompt chevalier s’exerce à un exercice parfois dangereux : l’honnêteté. Il avoue sans ambages la raison de notre présence au milieu de cette mystérieuse grotte et la finalité de notre mission ; et demande en retour la marche à suivre pour être mené vers Yuia-Tùrë. Mais ce qui force mon respect et ma retenue est ce changement de ton. Lui, capable de tant d’affront ou d’effronterie mal réglée, ayant une tendance naturelle à s’imposer et ordonner au point de brusquer l’autre ; s’efface volontairement, priant l’inconnue de nous aider.
Sibelle se joint à la demande du chevalier, d’un ton neutre mal calqué sur la tentative première d’Ezak ; elle impose un marché comme elle l’avait fait avec les Shaakts, comme si les deux situations étaient semblables. On ne marchande pas ainsi, sans rien offrir que de la condescendance quand on n’est pas en position de force ; à moins de vouloir sciemment tout faire capoter ... mais dois-je m’en étonner ? Nul besoin de briller d’intelligence pour voir qu’elle est ici chez elle, qu’elle a toutes les cartes en main … et qu’une telle dissonance de ton ne peut nous être que préjudiciable. Et comment je fais moi pour réparer un tant soit peu ça, que l’effort de contenance d’un Kendran ne soit pas entièrement gâché par la suffisance d’une Hinione. Moi dont la seule option pour ne pas dire de bêtises est de ne rien dire du tout.

« Vous savez notre mission et notre détermination est certaine. Nous vous écoutons, Gardienne des lieux, quelles sont les règles ? Que devons-nous faire ? »


Patiemment attentive à nos paroles, elle disparaît pourtant sans crier gare et réapparaît aussitôt derrière Ezak, approchant un visage espiègle de son oreille pour lui murmurer quelques mots ; et disparaît à nouveau, son rire accompagnant son retour au milieu du bassin.
Malgré sa jovialité latente, mon sang ne fait qu’un tour lorsqu’elle parvient sans effort à stopper net le départ de Lysis et l’enfermer dans une cage de cristal. Elle garde son attitude, n’ayant l’air que faussement vexée lorsqu’elle accuse sa fuite d’impolitesse et la nomme cousine …

Elle nous fixe après un "quant à vous" équivoque.

« Les mortels sont amusants. Toujours à marchander et espérer gagner quelque chose via les efforts des autres sans eux-mêmes essayer de comprendre ce qu’ils ont devant eux. »

((A d’autres ! quels efforts tu fournis là cocotte ! T’as surtout l’air de t’amuser.))

« Hé oui, les mortels, que voulez-vous ! Jamais prévisibles et si distrayants. »

Nos mondes n’ont pas l’air d’être fait pour se comprendre. Elle nous ensorcèle pour nous faire revenir ici, s’impose à nous comme si on était censé savoir ce qu’il en est, nous enferme … mais s’agace de nos demandes d’informations.
Ces gens, ces esprits, ces créations des Dieux et consorts ont été créés avec la science infuse en plus de pouvoirs immodérés ; ils oublient trop souvent que les mortels ont été créés vide de tout et limités par leur interactions. Nul savoir ne né du silence de celui que l’on questionne.

La revoilà qui lévite maintenant au-dessus de nos têtes, telle une enfant incapable de reste en place. Allongée dans le vide comme sur un lit invisible, elle refait preuve, involontairement sûrement, de cette incompréhension mutuelle avant d’enfin se souvenir qu’on ne ressent pas les ondes invisibles, qu’on ne comprend pas le langage corporel de statues de cristal, qu’on n’est pas familier des jeux et des logiques des immortels.

« Ce bassin ne sert pas qu’à y tremper vos orteils, voyons donc ce qu’il peut bien faire d’autre. »

Par pitié qu’on n’est pas à boire de cette eau, me dis-je alors en jetant un œil à nos chaussures encore mouillées.
Je longe la rive du bassin tandis que je vois Ezak, moins méfiant ou plus déterminé à en finir, entrer directement dans l’eau. J’observe l’eau et le fond du bassin en réfléchissant à voix basse.

« Quelles avaient été ses paroles déjà, "il peut vous y mener pour peu qu’on sache comment le demander" … comme un ultime puits à souhaits. »

J’y cherche un indice ou la moindre marque, quelque chose au fond de l’eau ou sur la rive qui sorte de l’ordinaire. En vain. Ni objet, ni trace, ni gravure ; le bassin, les statues, la gardienne, tout est destiné à un autre type de compréhension que mon univers simple et pragmatique. Il serait raisonnable de lâcher l’affaire …

« Et eux, c’est quoi ? Dis-je sans pourtant lever le regard. Un peu de compagnie pour vos éternelles journées en solitaire ou nos prédécesseurs ? »

Je l’entends soudain rire aux éclats. Je me redresse et remarque avec plaisir que Lysis a pu reprendre forme humaine sans que la créature ne s’en émeuve ; mais ce n’est pas cela qui cause l’hilarité de cet être moins surnaturel ainsi, pliée en deux en train de rire de bon cœur pendant de longues secondes. Outre son rire, ses paroles ne sont pas anodines et éveille ma curiosité ; celle-là même qui n’es pas en phase avec leur monde.
Énigmatique, elle m’avoue ensuite que les statues sont des cadeaux qui décorent l’endroit … mais en quelque sorte seulement.

Flottant maintenant au dessus d’Ezak, on comprend qu’il est sur la bonne voie de la réponse. Allongé dans l’eau, elle lui conseille simplement de se détendre et à nous de suivre son exemple.
Une sorte d’ultime puits à souhait dans lequel on s’abandonne pour y trouver ce qu’on cherche. A quelques pas de là, fière et silencieuse, Lysis réagit vivement, se transforme en cette petite chose radieuse et fend l’air pour disparaître dans mon pendentif. La main sur ce dernier, je hoquette avant de comprendre. Depuis l’apparition de son homologue d’eau à la voix enchanteresse, je suis longue à la détente.
Se laisser aller donc, c’te galère. Face à l’inconnu ainsi imposé, parfois, je me sens lasse du rôle de pion. J’envie un peu Cromax, peut être qu’il se sent un peu moins souvent si impuissant.

((Bah ! qu’importe. On est peu de choses ici-bas, moins encore ici-même.))

Je saute la rive et m’étends, à moitié assise en remuant lentement les bras.

« Dites-moi, gardienne des lieux … A qui êtes-vous liée, qui vous a fait ces cadeaux ? »

Une dernière tentative de saisir une once de ce qu’elle est ; j’attends la réponse évasive tandis que je me penche et sens l’eau chaude recouvrir mes oreilles et mes joues, les bras étendus de chaque côté. Détendue au point d’être à la merci du moindre courant, prête à plonger, une énigme demeure … une parmi tant d’autres qu’il nous faudra bien résoudre pour atteindre notre objectif.

[Sibelle]

Ce fut avec soulagement que je suivis mes compagnons d’aventure m’éloignant du bassin entouré de statues. Nous marchâmes à peine une minute de marches que nous débouchions vers une salle comportant un bassin entouré de statue.

(Pas possible, nous sommes revenus sur nos pas !)

Au centre du bassin, assise sur l’eau directement sans aucun support physique, se trouvait une musicienne jouant de la flûte, longue et faite de cristal.

(Mais ? )

Bien que je possédais en tant qu’elfe une ouïe très fine, je n’entendais aucune mélodie, aucune note, aucun son. Captivée bien malgré moi par cette apparition, je pus constater qu’elle n’était pas faite de chairs et d’os, mais d’eau. J’étais hypnotisée par cette créature hydrique habillée de cristal. Ce ne fut que lorsqu’elle éloigna la flûte de ses lèvres que j’eus l’impression de m’appartenir à nouveau.

Ce fut de sa voix enchanteresse qu’elle s’adressa à nous, signalant que nous étions bien loin de notre région d’origine. Tout en marchant sur l’eau, elle s’approcha de nous et nous demanda ce que nous cherchions, la sortie ou bien un désir plus grand.

La première à intervenir fut Lysis qui nous demanda si elle devait enflammer la dame du lac.

D’un commun accord, sans la moindre consultation, Ezak, Madoka et moi avions décliné l’offre de Lysis par un hochement négatif de la tête.

Ezak prit le premier la parole répondit que nous ne cherchions pas la sortie, ce qui était à moitié vrai. Il expliqua que nous avions vu cette grotte en rêve comme si nous avions été guidés vers elle. Si nous ne connaissions le but de cette vision, le nôtre s’avérait de trouver Yuia-Tùrë. Il conclut en lui demanda qui était-elle et quel était cet endroit étrange.

Tout en écoutant les réponses de Ezak, je m’approchai d'une statue et tout en la regardant dans les yeux, je lui demandai:
« Êtes-vous retenu prisonnier sous forme de statue. Clignez une fois des yeux pour oui, et deux fois pour non. »

Pendant que je fixais la statue dans les yeux tout en attendant sa réponse, Madoka demanda si la dame du lac était responsable du retour sur nos pas.

La statue ne fit aucun signe demandé et la dame d’eau se moqua légèrement de moi, caressant la tête d’une statue trouvant comique j’ai songé à lui parler.

Elle refusa de s’identifier, n’en voyant pas l’importance tout en répondant à Ezak que ce que nous cherchions n’était pas là.

Retournant sur son bassin afin de s’y allonger comme on l’aurait fait sur un imposant et confortable matelas, elle nous expliqua qu’elle n’attendait rien de nous que l’inverse serait plutôt vrai. Ce que’ Ezak finit par confirmer en rajoutant que notre but était de protéger ce monde d’un danger éminent. La priant de nous aider.

Connaissant ce fier Kendran, je me doutais bien qu’il avait dû faire de gros effort pour s’adresser ainsi à cette créature d’eau.
Le comportement de la dame me porta à croire que j'avais deviné juste et que des gens avaient été transformés en statues. Je décidai donc de m’adresser à mon tour à elle.

« Il serait aimable à vous de nous indiquer comment cet endroit peut nous mener à ce que l'on cherche. »

J'avais utilisé des formules de politesse tout en conservant un ton neutre, je n'avais surtout pas utilisé un ton mielleux. C'était contre ma nature.

Sitôt terminée, j'enchaînai :

« Mais avant que vous nous donniez l'information demandée, je veux savoir quel en est le prix, après quoi, nous déciderons si l'information vaut le prix.... Car j'imagine que tout a un prix ? À moins que vous pensiez nous informer gratuitement ? »

Madoka renchérit à son tour demandant les règles des lieux et ce que nous devions faire.

Cette dame sans nom connu disparut soudainement de la surface de l’eau pour réapparaître derrière Ezak. Elle y resta le temps de lui susurrer quelques mots à l’oreille, puis reprit sa place initiale riant de sa blague. Elle prenait plaisir à se jouer de nous.

Alors que Lysis sous sa forme de Faera songeait à partir, elle bougea légèrement le doigt dans sa direction, enfermant la jolie faera de feu dans une petite cage de cristal.

Madoka, elle sembla perdre son calme, reprenant les paroles de la dame au sujet des mortels. Ce n’était pas prudent de narguer ainsi cette femme d’eau.

L'emprisonnement de Lysis dans une cage de cristal ne fit que confirmer mes doutes, nous étions ses prisonniers... ou peut-être ses jouets... Elle pouvait nous répondre immédiatement, mais ne le fit point. Tout en indiquant que les réponses à nos questions se trouvaient ici, elle rajouta que le bassin ne servait pas seulement à y baigner nos pieds. Je m'approchai donc davantage du bassin, mais aussi le plus près possible d'une statue. La présence de ces statues aux yeux mobiles me perturbait tellement, que j'en oubliais notre mission. Mais heureusement Ezak et Madoka se concentraient là-dessus. Je me penchai donc vers l'eau cristalline, plaçant mes mains en coupe afin d'en recueillir le plus possible, puis me tournant vers les statues, je les aspergeai de l'eau en formulant ma question.

« Eau du bassin, réponse à toutes nos questions, dévoile la vraie nature, celle d'origine, de cette statue. »

Lysis prévint Ezak de ne rien tenter contre la silhouette qu’elle nomma cousine, comme cette dernière l’avait fait un peu plus tôt.

Ezak entra dans le bassin et s’y allongea. Pendant ce temps, la dame du bassin répondit à la question de Madoka en disant que les statues étaient en quelque sorte des cadeaux.

Mon essai d’eau sur les statues la fit rire au point de se plier en deux. Pour ma part, je commençais à en avoir assez de toutes ces moqueries. Il fallait qu’elle soit vraiment solitaire pour nous tourner ainsi en ridicule et nous prendre pour des jouets.

Je vis Madoka s’allonger à son tour dans l’eau.

Pour ma part, je tournai le dos au bassin tentant de reprendre mon calme, d’y voir plus clair et de choisir ce que j’allais faire.

Les yeux fermés, je pris de longues respirations faisant le vide dans ma tête. Après deux petites minutes de calme. Je me repassai toute la scène depuis notre arrivée dans le bassin. Mon orgueil d’elfe en avait pris tout un coup. Je n’avais pas apprécié ces moqueries devant toutes mes tentatives de trouver des réponses. Mais ce qui me fit prendre ma décision, ce fut le comportement de Lysis, ou plutôt l’avertissement qu’elle avait donné à Ezak de ne pas s’en prendre à la femme du bassin… Si Lysis était de feu, elle était d’eau.

Je savais bien que si je m’opposais à la volonté de cette créature d'eau, elle s’amuserait encore un peu, ne me fournissant aucune réponse. Si je tentais de m’enfuir, elle me ramènerait une fois de plus avec sa flûte.

Résignée, j’entrai dans le bassin, je m’étendis dans l’eau. Les yeux fermés, je me concentrai sur ma respiration. Quoi qu’il arrive, il était important que je demeure calme, je serais ainsi plus alerte en cas de danger.

(((Sibelle se calme et décide de s'allonger dans le lac. )))