La Forêt Sombre

Répondre
Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

La Forêt Sombre

Message par Yuimen » mer. 27 nov. 2019 21:51

La Forêt Sombre

Image


Bien qu'officiellement sous le contrôle partagé des deux pays varrockiens, la Forêt Sombre est dans les faits un territoire dominé par les elfes, connaissant les lieux bien mieux et les parcourant bien plus que les habitants d'Henehar ou de Pohélis entre lesquelles les bois sont situés.

Si les elfes savent tolérer les habitants de Henehar, la plupart de leurs rencontres avec Pohélis se terminent par des effusions de sang depuis la prise de pouvoir d'Oaxaca, forçant les bûcherons de la cité à se retrancher à la lisière ouest de la forêt. Pour autant, véritable dédale de feuillus quand vient l'été, les lieux sont un emplacement stratégique de première importance dans la guerre entre les deux villes de magie. Ainsi il est de moins en moins rare d'y croiser des troupes d'une cité ou de l'autre, tentant de tendre une embuscade ou de prendre le contrôle de la région. Et il l'est encore moins d'y croiser des cadavres à moitié dévorés par les animaux la peuplant ou couverts de flèches.

Lieux particuliers :
  • Aucun pour le moment.

Avatar du membre
Thaïs
Messages : 9
Enregistré le : jeu. 14 mai 2020 08:51

Re: La Forêt Sombre

Message par Thaïs » mer. 20 mai 2020 17:40

[5]


Thaïs et moi avons quitté la maison par le chemin habituel vers le bois sombre. Il porte assez bien son nom, c’est un lieu que je n’aime pas trop. Heureusement, la jeune femme prend soin de ne jamais dépasser la lisière ouest afin d’éviter les rencontres inopportunes.

Très vite, la forêt s’offre à nous, de son vert intense et ses arbres immenses, dont l’épais feuillage nous protège du soleil. Sautant agilement par-dessus les vieilles souches et branches en tout genre, je me mets en quête d’une petite proie à avaler, tandis que l’humaine récolte peu à peu l’ensemble des ingrédients qui lui sont nécessaires pour la réalisation de sa potion, dont la fameuse benoîte.

J’ai remarqué un défaut, chez Thaïs: lorsqu’elle progresse de la sorte en forêt, tout son corps de met en quête de ce qu’elle recherche. Elle a tendance à totalement faire abstraction du reste. Certes, son corps possède de sacrés réflexes qui l’empêchent de se prendre les pieds dans de vieilles racines noueuses, mais je pourrais tomber dans un trou ou me faire dévorer par un prédateur sans qu’elle ne s’en aperçoive. Elle scrute, cherche, épie, touche, hume. L’ensemble de ses sens sont réquisitionnés pour sa quête momentanée.

Alors que je franchis quelques fougères: un sifflement. Je me fige, mes oreilles se dressent, mes vibrisses sont tendues. Léger, subtile, presque inaudible, je perçois parfaitement le bruit sans pouvoir en déterminer l’origine exacte. Quelques crissements de feuilles mortes. Je ne suis assurément pas seul dans les parages! Je vois les hautes feuilles bouger… m’aplatissant sur le sol, le regard à l’affut, je fais l’erreur de bondir sur ma proie sans en connaitre sa nature. Un serpent! Un fichu serpent! Je n’ai pas le temps de réagir ou de me débattre qu’il s’est enroulé autour de mon ventre poilu. Je n’ai d’autre choix que de miauler de toutes mes forces, espérant attirer l’attention de Thaïs pour qu’elle me vienne en aide.

Heureusement, elle m’entend.

« Gazu! »

Aussitôt, la tatouée dégaine sa dague pour me porter secours. Bon sang! Je l’ai vue s’entrainer plusieurs fois avec cette arme, on ne peut pas dire que ce soit son domaine de prédilection! Le cri poussé par Thaïs distrait mon prédateur de son festin. Non d’un chat! Je voulais manger, pas être mangé! Il se détourne vers elle et, la toise de ses yeux jaunes vif et me relâche peu à peu, sans doute emporté par l’opportunité d’un repas plus somptueux.

Thaïs s’approche lentement, sur les gardes, son arme brandie devant elle, alors que le serpent ondule dans sa direction. Je pourrais presque entendre le coeur de la fille battre depuis ma position. Je la sens nerveuse.

Certain d’être épargné, je fonce me cacher dans les fourrées, place de premier choix pour le spectacle qui va m’être offert. J’espère que la fin en sera heureuse…

C’est un réel combat visuel qui a lieu. La femme et la bête ne se lâchent pas du regard. Lentement, Thaïs porte la main à son outre et la vide de son contenu rafraichissant sur le sol mousseux. J’ignore quel est son plan, mais je lui fais confiance. Elle ne laisse rien au hasard. La bête fulmine. Enervée, elle est dressée sur une vingtaine de centimètres, ouvrant grand la gueule et laissant apparaitre ses crocs pointus, libérateurs de venin. J’en ai les poils qui se dressent d’effroi.

Lentement, la jeune femme se met à tourner autour du rampant, ne sachant trop comment l’aborder. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle n’ pas choisi sa baguette, c’aurait été tellement plus simple! Tandis qu’elle tournoie, je vois une lueur dans son regard. Elle a une idée. Prenant sa dague du bout de sa fusée, elle la renverse sur sa main, la lame venant flirter avec son poignet, avant de, par un geste vif et rapide, la lancer droit vers la bestiole. Malheureusement, l’arme n’a même pas effleuré la peau du serpent. On aurait pu penser que le geste aurait effrayé l’animal, mais même pas. Cela l’a juste énervé un peu plus, déclenchant un strident concert de sifflements. La tête du reptile se balance d’avant en arrière, le reste de son corps semble figé. Je me félicite d’être réfugié dans la direction opposée au lancé de dague…

Adroitement, alors qu’elle a toujours son outre dans la main gauche Thaïs réussit à atteindre sa baguette fixée à sa ceinture. Enfin une arme qu’elle maitrise davantage. Mais sans prévenir, l’animal effectue un bond habile en sa direction. En un dixième de seconde, j’ai le temps de constater toute sa longueur. Il ne s’agit certainement pas du plus long serpent des forêts, mais sa taille n’en est pas moins impressionnante ! Tout cela s’est passé tellement rapidement, que Thaïs n’a pas eu le temps de réagir. Déjà, l’animal s’enroule sinueusement autour de sa taille fine. Je vois l’oppression du serpent sur son ventre, creusant ses côtés. La pauvre, elle doit avoir l’impression de sentir ses intestins se broyer sous la force du reptile. Elle suffoque. Après quelques tours de taille durant lesquels Thaïs n’est pas parvenue à se défaire de la bête, cette dernière se dresse face à son visage, prête à planter ses crocs dans la peau tatouée. Au moment où la tête plonge en sa direction, Thaïs parvient à enfourner son outre dans la gueule fulminante du venimeux. Dans un petit craquement, les crocs percent la peau de bête du récipient, et un léger bruit d’écoulement parvient aux oreilles de la belle. Mais elle ne prend pas le temps de savourer cette nouvelle acquisition, car la victoire n’est pas encore atteinte. Elle sait certainement que, contrairement aux guêpes qui perdent leur vie en même temps que leur dard, il n’en va pas de même avec les serpents et leur venin. Par contre, la bête semble affaiblie par cette expulsion. Les anneaux se desserrent légèrement de l’abdomen de Thaïs qui, dans un cri lui procurant de la force, parvient à se dégager de l’emprise de l’animal, dont les crocs sont toujours plantés dans le cuir. Le serpent retombe au sol dans un bruit moi. Il est désorienté et fortement gêné par sa position.

Alors, je vois l’attitude de Thaïs se modifier. Elle entre dans une sorte d’état méditatif. Ses yeux sont mi-clos, elle prend de grandes inspirations et expire calmement. Aussi, de manière presque imperceptible et dans un chuchotement bref, elle donne un petit coup de poignet dont les effets me laissent encore abasourdi. La racine d’un arbuste proche du reptile se déterre avec force. Elle s’élève pour prendre de l’élan et vient cogner le serpent, dans un mouvement lourd. La bête est littéralement assommée.

Thaïs ne perd pas de temps. Avant que l’animal ne revienne à lui, elle court droit sur sa dague, et vient rapidement la planter dans la bestiole. Cette fois, elle est terrassée, ça ne fait aucun doute.

Tandis qu’elle découpe soigneusement les gencives du serpent, certainement pour laisser planter les crocs dans la gourde afin de ne pas perdre son précieux liquide, je sors timidement de ma cachette.

« Et bien. Courageux mais pas téméraire le chatounet! M’enfin vient, on va te trouver un truc à manger. J’ai ma benoite et mieux encore, j’ai du venin! Ma journée est faite. »

Et tandis qu’elle me gratifie le haut de la tête, nous nous mettons en quête d’un dîner.

Répondre

Retourner vers « Royaume Conquis de Pohelis »