Les Côtes du Domaine

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Yuimen
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Les Côtes du Domaine

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 11:47

Les côtes du Domaine

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Froides et humides, voilà ce que sont ces côtes faiblement boisées en comparaison de toute la végétation grouillante que l'on peut trouver de l'autre côté de la ville. Ici, en dehors du port, on pourra trouver de temps à autre de minuscules buissons résistants au gel, au vent et à la neige avec une férocité encore jamais vue.

La plupart du temps, il s'agira de plages de sable couleur d'ivoire bien souvent recouvertes par la neige et qui s'étendent parfois sur plusieurs dizaines de mètres. En d'autres endroits, on ne trouvera pas plus d'un mètre de terre sablonneuse, qui s'ouvre parfois sur des petites cavités figées par le temps et le mélange avec l'eau et le calcaire. La plus grosse de ces cavités donne sur un grand escalier menant directement au temple de Yuia.


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Jorus Kayne
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Re: Les Côtes du Domaine

Message par Jorus Kayne » lun. 12 sept. 2022 21:21

XVI Information et dissimulation.

XVII L'antre.


Le paysage de cette partie du Nosvéris est magnifique, lorsqu’on prend le temps de visiter les lieux. Tout paraît désertique, presque comme si c’était un lieu sans âme qui vive. Même si le Nosvéris n’est pas ce qu’il y a de mieux pour vivre à cause de son climat rude, le peu de végétation donne une impression d’un terrain hostile. Suivant les indications de la carte de mémoire, je longe les côtes, autant pour trouver le lieu indiqué que pour rester loin de cette fameuse forêt. Les vagues viennent s’écraser sur des récifs aux allures de lames acérées.

(Ces falaises abruptes, ces reliefs tranchants, ce paysage sans vie, c’est comme si une énorme créature avait mis un coup de dents à la terre elle-même !)

(Comme le dragon d’Oaxaca ?)

(Je dirais plutôt l’immense Titan que l’on a aperçu avant de détaler et vite heureusement.)

Je continue de marcher sur ces côtes froides et sans vie, me remémorant ces souvenirs sombres mes derniers instants sur Aliaénon. Simaya qui donne sa vie pour nous sauver et Xël qui refuse de la laisser ici. Si nous avons pu mettre un plan rapide pour nous en sortir tous les trois, je ne peux oublier ceux qui n’ont pas pu revenir en vie, comme Onoka, ou pire, ceux qui s’en sont sortis comme ce foutu elfe rose de Naral Shaam. Sans m’en rendre compte, je serre les poings à l’idée qu’il soit en vie plutôt que d’autre. Je revois encore son sourire sadique, alors que nous venions à peine de le sortir de sa prison. J’ai encore du mal à comprendre pourquoi Sibelle s’est rangée de son côté. Loin d’observateur indiscret, Ysolde en profite même pour sortir de mon médaillon et s’installer sur mon épaule, sa petite main chaleureuse sur ma nuque.

Je secoue la tête pour revenir sur les terres froides de Sinenfain. Un peu trop froide à mon goût d’ailleurs. Prenant ma broche dans la main, j’active son pouvoir et ressens la chaleur qui s’en émane.

(Jorus, je crois qu’on est arrivés !)

Effectivement, cela ressemble assez bien à ce que nous avons vu sur la carte. Cependant, j’ai beau regarder autour de moi, rien n’est visible. C’est à peine si cette partie du monde est vallonnée. Une vaste plaine, coupée net par les dents d’un monstre imaginaire.

"Que disait le poème déjà ?" Dis-je en fouillant dans mes affaires.

"Le poème ? Je croyais que ce n’était qu’une fausse énigme destinée à cacher la carte ?" Me répond ma faéra.

Il est rare pour nous de parler de vive voix ainsi, mais étant si seul dans ce lieu vide, j’ai cette horrible impression d’être le dernier être sur Yuimen. Une conversation orale avec quelqu’un me fait du bien.

"Je commence à en douter. Je crois que le poème comme la carte indiquent le chemin. L’un n’allant pas sans l’autre !" Fais-je en lisant ensuite à haute voix.

"Mon amour, mon aimée.
Moi qui possédais une grande richesse,
Tu m’as fait comprendre de tes regards passionnés
Que ma vie n’était que bassesse.

J’emporte avec moi ce que j’ai de plus précieux
Pour venir te retrouver, ma perle dorée.
Ensembles, nous garderons ces moments merveilleux
Jusqu’au bout de l’éternité.

Au sommet de la vigie,
L’eau de lune éclairera ton chemin.
Gardé par notre petit
Je t’attendrais, tendant la main."


"Tu penses avoir compris le message caché ?" Réfléchit ma faéra.

"Un message caché ? Et s’il n’y en avait pas ?" Dis-je simplement.

"C'est-à-dire ?"

"J’ai plus l’impression qu’il s’agit-là d’une lettre et vraisemblablement à celle qu’il aime."

Puis je relis les passages un à un.

"Mon amour, mon aimée.
Moi qui possédais une grande richesse,
Tu m’as fait comprendre de tes regards passionnés
Que ma vie n’était que bassesse."


"Là il est question de sa vie passée et pourquoi il s’en détourne."

"J’emporte avec moi ce que j’ai de plus précieux
Pour venir te retrouver, ma perle dorée.
Ensembles, nous garderons ces moments merveilleux
Jusqu’au bout de l’éternité."


"Donc là il fait référence à sa robe magique ?"

"C’est possible, mais ça peut être totalement autre chose. Il a accumulé beaucoup de richesse. Il a peut-être quelque chose qui lui tient à cœur. Mais je suis perplexe sur la partie mentionnant l’éternité. Et pour ce qui est de la dernière partie…"

"Au sommet de la vigie,
L’eau de lune éclairera ton chemin.
Gardé par notre petit
Je t’attendrais, tendant la main."


"La vigie ?" Reprend-elle.

La perche est trop tentante pour ne pas la saisir.

"C’est la partie la plus haute d’un navire !"

"Ha ha ha ! Mais c’est aussi un point d’observation. Comme cet espèce de monticule là-bas ?" Désigne-t-elle en volant devant moi.

Plus loin devant nous, ce qui me paraissait être un tas de roches quelconque, est en fait un amas de pierres, formant un escalier pour atteindre une roche plate, semblable à une plateforme. Je décide de poursuivre ma route pour aller l’examiner. Sur place, il n’y a rien de notable. Je monte les escaliers faits avec les matériaux environnant pour atteindre le sommet, mais rien de plus. Si ce n’est un point d’observation agréable, propice à la détente. Les vagues viennent se fracasser sur la falaise, plusieurs mètres plus bas. Une mélodie marine enivrante pour qui aime la mer.

"On devrait partir Jorus ! Ici, les journées sont plus courtes, il fera bientôt nuit." Prévient ma faéra.

"Mmm oui, c’est vrai. Même si la présence de la lune ajoute un charme supplémentaire à cet endroit. Je commence à croire qu’il n’y a jamais eu de…" Dis-je avant de m’arrêter.

"Jamais eu de quoi ?" Me demande-elle.

"La lune, regarde !" Dis-je en pointant du doigt l’astre qui apparaît à l’horizon. "Sa lumière éclaire la surface de l’eau en un long chemin lumineux jusqu’à nous. "

"Oui, mais il n’y a rien ici !"

"Au sommet de la vigie, l’eau de lune éclairera ton chemin. Il est question d’une éarionne, je pense surtout que le chemin est quelque mètre plus bas. Il faudrait quelqu’un capable de voler !" Dis-je en lorgnant sur ma faéra.

"Ca va j’ai compris. Je fais un bref passage et je reviens." S’exclame-t-elle avant de disparaître pour revenir aussi rapidement, provoquant mon inquiétude.

"Un problème ?"

"Au contraire, il y a une cavité rocheuse juste en dessous. Il te faudra cependant une corde pour l’atteindre !" Explique-t-elle.

"Tu sais ce que ça signifie ?"

"La recherche de la relique continue !" S’exclame-t-elle excitée, avant de rejoindre l’intérieur de mon collier.

Attaché à une corde, mon grappin vient se planter dans un interstice rocheux, me permettant une descente plus aisée. Comme me l’a expliqué Ysolde, il y a un passage dans la roche, assez large pour permettre le passage d’une personne. L’ouverture est dissimulée par un pic rocheux devant. Il n’y a qu’en cherchant à descendre que l’on peut espérer trouver cet accès. L’état des fonds marins dans ce secteur ne permet pas de s’approcher assez pour le découvrir. Je pénètre à l’intérieur, sous la lumière lunaire. Je fouille dans mon sac pour en ressortir de quoi allumer ma torche. Le passage est étroit, mais assez large si je tiens mon sac par la main. Ce n’est qu’au bout d’une petite avancée, que j’atterris finalement dans un espace beaucoup plus grand. N’ayant qu’un chemin face à moi, je continue d’explorer, jusqu’à ce que le bruit de la mer ne soit qu’un lointain écho. Le seul bruit présent est l’eau qui tombe goutte à goutte des stalactites, brisé par ma propre respiration et l’écoulement d’une petite rivière en direction de l’océan.

Eclairé par ma torche, j’arpente le dédale rocheux avec appréhension. Il faut dire que l’humidité présente rend ma progression assez ardue. Je finis par glisser, devant mettre un pied au sol pour me rattraper. Je manque de peu de m’éclater le nez, mais de ce fait, j’aperçois quelque chose d’inquiétant. Sur la surface rocheuse, des marques de griffes sont identifiables. Je suis incapable de déterminer quelle créature peut laisser une telle cicatrice dans la roche, ou même si elles sont plusieurs. La seule chose que je crains, est sa potentielle dangerosité.

Malgré cette menace, je continue ma progression et arrive dans un vaste espace. La lumière de ma torche se reflète sur les parois rendues très humides, par la présence d’un petit lac. La surface de l’eau particulièrement calme, est uniquement perturbée par les quelques gouttes d’eau du plafond. Sur la partie accessible, sans avoir à se mouiller, une étrange scène est présente. Adossés à une paroi rocheuse, deux squelettes se tiennent blottis l’un contre l’autre.

(C’est bien la première fois que je tombe sur des squelettes !)

(En général, ce sont les animaux nécrophages qui s’occupent des dépouilles. Les rares êtres vivants, mais aussi le peu de passage ici, ont certainement permis aux squelettes de rester aussi bien conservés.)

J’avance jusqu’à eux, restant tout de même à une distance respectable. C’est là le tombeau de deux personnes et vu comme ils se tiennent, des amoureux. Il y a très peu d’effets personnels. Les vêtements ont été désagrégés par le temps, ne laissant qu’une vieille épée dans son fourreau et les bijoux. Le plus grand des deux êtres, porte d’ailleurs un collier de perles à la main, identique à celui qui se trouvait dans la boîte chez la vieille éarionne. Tandis que je me rapproche pour l’examiner, un petit détail me titille l’esprit.

(Ils ont l’air si paisible, mais je me demande comment ils ont pu rester dans une telle position, alors qu’il y a un ou des créatures qui sont passées ici ?)

Je suis tiré de mes réflexions par un important bruit aqueux. Sans prévenir, une pluie de gouttes se met à tomber, comme si une cascade venait subitement d’apparaître. Un frisson me parcourt l’échine, lorsque cette cascade vient étrangement se positionner au-dessus de ma tête. Lentement, je porte le regard vers la source, pour découvrir le crâne imposant d’une créature qui me fixe, la gueule grande ouverte, dévoilant une myriade de crocs acérés. Son grognement sourd n’augure rien de bon non plus.

Craignant pour ma vie, je bondis au loin donnant le signal d’un affrontement. Dès mon premier geste, la créature se rue sur moi, ne me manquant que de peu. A distance, je vois le monstre qui me menace avec plus de clarté. Un monstre de plusieurs mètres de long, doté d’une longue queue, quatre pattes et d’une mâchoire effrayante. Un coup semblable à un cobra, des écailles bleutées aux reflets irisés parsème la partie dorsale de la tête jusqu’à l’extrémité de sa queue. En plus de posséder des griffes dangereuses sur ses pattes musclées, la créature a également le charme de deux rangés de pics sur son coup, sa queue, tout comme son sur étrange dos bosselé à chacune de ses pattes avant.

(Un drakarn !)

(Tu sais ce que c’est ?)

(Oui, comme beaucoup de marins. S’il ne fait pas le poids face aux dragons que j’ai rencontrés, ils sont connus pour effrayer bon nombre de marins qui s’approchent trop des côtes et récifs. Si je devais en rencontrer un, on m’a conseillé une marche à suivre : fuir et ne jamais s’approcher de son territoire.)

(Donc c’est soit on se bat contre cette chose, soit on fuit par un chemin extrêmement où l’on peut se tuer à la première glissade ?)

(Tu as tout compris !)

Face à moi, le monstre me fixe, mais sa patience atteint sa limite. Ses griffes plantées dans le sol, il se propulse en avant et tente de me mâchouiller la tête. Je dégaine ma pourfen’dent de la main gauche et lui offre une belle marque au visage, qui engendre la méfiance. Sur la défensive, je l’oblige à reculer en le provoquant de ma torche dans mon autre main. La présence du feu l’agace et il griffe finalement mon bras, lacérant ma peau sous ma protection et me faisant perdre la torche qui roule au sol. Ma main droite, désormais libre, je jette mon sac aux loin et dégaine ma dague de glace, me préparant à repousser mes limites face à un tel adversaire.

Même si j’adopte une posture d’esquive grâce à mon énergie, cette fois-ci, c’est lui qui prend l’avantage. Ses dents claquent, là où je me trouvais un instant plus tôt. Un pas sur le côté pour esquiver l’attaque et ma précieuse dague de glace frappe ses écailles, ne laissant qu’une longue éraflure sans la moindre goutte de sang. Je savais cette bête résistante, je comprends mieux à présent. Ses crocs ne montrant pas de réussite, le drakarn use de ses pattes avant pour frapper. Je lui oppose mes dagues, lorsque trop acculé, je préfère bondir en retrait. Bien que je sois assez habile avec les acrobaties, le terrain ne s’y prête pas et mon pied gauche glisse, m’obligeant à me stabiliser avec mon genou qui frappe le sol. Profitant de ma faiblesse évidente, mon adversaire se précipite à nouveau sur moi, les crocs grands ouverts. Ceux-ci se plantent en partie dans mon armure et je dois ma survie à mes dagues qui m’aident à résister à la pression qu’il exerce.

Grâce à ma dague draconique, j’arrive à lui arracher un croc d’un coup de poignet, l’obligeant à reculer sous la douleur. Je m’extirpe de la zone d’influence de ses griffes, usant de mes bras pour garder ma stabilité à la réception. Il pousse un furieux rugissement et se précipite vers moi dans une sorte d’attaque suicide. Sans prendre le temps de frapper comme il faut ou même de protéger ses parties vitales, il charge. Usant du moindre avantage qui s’offre à moi, ma pourfen’dent pénètre dans la chair molle de son ventre et continue sa course en arrachant quelques écailles à sa patte avant gauche. Son attaque elle, n’avait rien de particulièrement dangereuse et manquait cruellement de précision.

Bien qu’il soit affaibli, il ne cesse de se dresser devant moi avec une impression de fureur dans les yeux. Cette fois-ci, c’est moi qui prends l’initiative de l’échange. Ma torche se trouve à quelques mètres des squelettes et la créature entre moi et la seule source de lumière. Ainsi placé, je suis dans l’ombre de la bête, m’offrant la possibilité de disparaître dans les ombres. L’instant suivant, je frappe sur ce qui doit être son flanc droit et le fait rugir de douleur. Son corps se courbe sur la gauche et pensant qu’il me fuit, je ne m’attends pas à recevoir un fulgurant coup de queue, dont l’un des pics qui s’y trouve, se brise en se logeant au travers de mon armure et pénétrant à l’intérieur de ma chair, au niveau de la cuisse. L’un comme l’autre, nous accusons le coup reçu. J’extirpe en grinçant des dents le pic que je jette au sol et m’empresse de vider une grande potion de soin.

(Il faut trouver une solution pour reprendre l’avantage du duel.)

(La torche, il paraissait craindre le feu !)

Je me dépêche donc de retrouver ma source lumineuse, provoquant de nouveau un rugissement frénétique. Lorsque je crois avoir atteint mon but, une énorme mâchoire m’attrape par le buste et m’agite dans tous les sens. Ses crocs pénètrent dans ma chair, mais l’ouvrage de qualité de ma protection me sauve la vie de peu. Finalement, je suis sauvé par sa prise incomplète et glisse hors de sa gueule, terminant ma chute plusieurs mètres plus loin, dans l’eau glacée. Je me dépêche de regagner le sol, avant que la bête aquatique ne profite de son élément de prédilection. Rien. Bien que je sois presque à sa merci, la dernière blessure étant particulièrement grave, le drakarn ne bouge pas. Il reste à me fixer, me tenant éloigné de ma torche, m’offrant le luxe de soulager ma douleur avec une nouvelle potion et permettant à ma croche de me réchauffer.

Je cherche à le contourner par la gauche, mais il s’assure de se dresser devant moi. Je fais de même à droite et encore une fois, il ne cesse de me barrer le chemin. Dans cette danse, un élément vient m’interloquer.

(Et si…ce n’était pas la torche qu’il m’empêchait d’atteindre ? Et s’il protégeait l’espace vers les squelettes ?)

(Pourquoi ferait-il cela ? Il n’y avait rien, même pas un œuf à défendre !)

(Je sais pas, une intuition. Et je crois que je vais risquer ma vie pour le vérifier !)

Je m’élance en avant, rangeant ma dague de glace dans son fourreau pour me laisser la main libre. Lorsqu’il s’élance à son tour pour m’attaquer la gueule ouverte, je le surprends en sautant au-dessus de lui. Je pose un pied sur son dos voûté, entre les rangées de pics et me propulse de nouveau pour atteindre ma torche. Je m’empresse de la saisir, avant de m’extraire aussi rapidement que possible, avant qu’une attaque ne s’écrase sur moi. Mon instinct me donne raison, car une seconde plus tard, sa queue frappe la roche où je me trouvais. Je fais face à la créature, équipé de ma torche, et vérifie mon hypothèse. Lorsque je me déplace à gauche, elle bouge en conséquence et réitère le mouvement, lorsque je me déporte à droite.

(C’est donc eux qu’elle protège !)

(Mais pourquoi ? Ca n’a pas de sens !)

(Je l’ignore encore, mais à chaque fois que je m’y approchais, le drakarn est entré dans une sorte d’hystérie qui m’a permis de l’atteindre. Je dois donc trouver un moyen de m’approcher de nouveau, pour le frapper à mort !)

Pour cela, rien de mieux que de me fondre dans les ombres. C’est donc en tenant fermement ma terrible dague en dent de dragon d’un côté et ma torche de l’autre, que je compte mettre un terme à tout cela. En face, mon adversaire me fixe autant par ses yeux que par ses crocs. Il a peut-être dévoué sa vie à la protection des deux êtres derrière-lui, mais cela sera aussi sa perte. Rassemblant mon courage et ma détermination, je visualise mentalement la marche à suivre et me lance vers la bête. Elle s’apprête à me recevoir et va à mon encontre lorsque la distance se réduit. Lorsqu’elle s’élance, j’arme mon bras pour lancer la torche, visant avec précision, car tout dépendra de ce simple jet. La torche décrit une courbe au-dessus du drakarn, pour atterrir dans son dos, là où les squelettes se trouvent. Pris au dépourvu, le monstre s’inquiète pour les individus qu’il protège et lorsqu’il retourne la tête vers moi, je ne suis plus là. Disparaissant dans l’obscurité, j’ai profité de l’occasion pour me précipiter dans le dos du monstre. Ne m’apercevant que trop tard, il cherche à me frapper de sa queue, que j’évite d’un salto avant, toujours en poursuivant ma progression. Lorsque j’arrive au plus près de mon objectif, la bête se retrouve son état d’hystérie. Tout son être se précipite sur moi, comme si sa vie en dépendait, au détriment de son intégrité physique. De mon pied qui atteint la paroi, je me propulse en avant et prends mon adversaire de court. Mon bras, gorgé d’énergie, propulse ma terrible dague dans le cou du drakarn, l’y enfonçant profondément. Le coup le criblant d’une terrible douleur, laisse son instinct reprendre le dessus en s’éloignant d’un ennemi trop dangereux pour lui.

Cependant, et malgré la douleur qui l’accable, il fait demi-tour dans ma direction, ou plutôt dans celle des deux individus dont il a dévoué son existence. Rampant sur un sol souillé de son sang, à peine en mesure de bouger à cause de la blessure. Face à une telle volonté, je ne peux m’empêcher de penser que je passe à côté de quelque chose de cruciale. Je délaisse le monstre pour porter mon attention sur les deux individus et les mots de la vieille éarionne résonnent en moi, lorsque mes yeux se posent sur l’être à droite possédant un collier de perles et non l’autre.

"Emporte-le avec toi je te pris ! Si tu es vraiment sincère, tu sauras quoi en faire !"

Je vais reprendre mon sac et m’empare de la boîte, en me rapprochant de nouveau. A mon arrivée, la bête agonisant cherche encore à m’éloigner de ce qu’il protège en grognant fébrilement. Il s’arrêt net lorsque j’ouvre la boîte pour découvrir le collier. C’est sans aucune réaction, si ce n’est un gémissement, qu’il me laisse le passer autour de la main du squelette qui en est dépourvu.

Pas de réaction, aucune porte dérobée qui ne s’ouvre, d’inscription magique ou de voix céleste qui me guiderait vers la relique. Etrangement cela m’importe peu désormais. Je viens d’apporter le dernier élément qui permettait à ces amoureux d’être en paix. Car j’en ai la conviction : il s’agit là du célèbre voleur et de sa tendre aimée. Eux qui ne pouvaient vivre librement, ils ont choisi de s’unir dans l’éternité de la mort. J’espère au moins que Phaïtos leur accordera cela.

Bien que ce ne soit qu’une hypothèse, je crois avoir le moyen de la confirmer. Je m’approche du drakarn qui souffre, attendant peut-être que je lui offre enfin le repos qu’il mérite, mais non. Au lieu de cela, je vide le contenu de ma gourde pour soigner sa blessure et la réduire à une simple estafilade. C’est presque surpris qu’il me regarde le guérir et sans broncher, quoiqu’un peu méfiant, il me laisse soigner ses deux autres blessures graves qu’il avait.

(Mais bordel pourquoi tu as fait ça ? Tu as risqué ta vie pour l’abattre et maintenant tu le soignes ?)

(Gardé par notre petit, je t’attendrais, tendant la main. C’étaient les derniers vers du message. Au début, je pensais que leur enfant était soit repartit, soit il avait péri par le drakarn. Sauf que leur petit est le drakarn ! Lui comme l’éarionne sont lié à l’eau et je suis presque certain qu’elle l’a recueilli. A défaut d’avoir pu avoir une famille, ils ont forgé un lien plus fort encore. Au final, ce n’était pas une énigme codée, mais simplement un message pour se réunir ensemble pour la dernière fois.)

Tandis que le drakarn s’approche pour humer le collier et se frotter légèrement aux os, il se frotte contre la paroi au-dessus des trépassés. Bien que le mur s’effrite sur le reste des corps, mon attention se porte sur l’étrange dessin qui apparaît derrière une couche de glace. Un étrange cheval avec deux points de chaque côté.

(Je reconnais l’hippocampe des éarions, mais les points…)

(Ils symbolisent la richesse ! Eniod possède les mêmes sur son blason et beaucoup de personnes usent de ces cercles pour symboliser une forte somme d’argent et le pouvoir qu’il confère.)

(Oulà, tu en sais des choses !)

(Pour ceux qui viennent des rues…ces cercles représentent le malheur, car on sait que pour amasser de l’argent, les hommes sont capables de tous !)

Ma faéra ne dit plus un mot et le drakarn, ne me considérant plus comme une menace pour lui et ce lieu sacré, s’en retourne à son milieu naturel. La recherche de la relique s’est soldée dans une impasse et il est temps pour moi de partir. Je rassemble mes affaires et quitte ce lieu, sans objet magique, mais le cœur soulagé.


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