La Plaine des Amazones

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Yuimen
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La Plaine des Amazones

Message par Yuimen » dim. 26 août 2018 10:57

La Plaine des Amazones

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Région au climat tropical bordée de deux grands fleuves et située sur un grand plateau calcaire entre les deux grands massifs montagneux de l'Imfitil, la Plaine des Amazone offre un paysage unique sur Yuimen. Les pluies torrentielles qui s'abattent sur elle à la saison humide depuis des millénaires ont profondément creusé les parties les plus tendres du socle rocheux et épargné les parties les plus dures, créant ainsi un relief complexe d'où émerge une infinité de pitons plus ou moins élevés. Autant dire qu'il est aisé de s'y perdre lorsqu'on ne connaît pas parfaitement la région.

Outre les deux fleuves et le Lac Brumeux, de nombreux cours d'eau se forment durant la saison humide, inondant parfois de vastes zones qui deviennent alors marécageuses. Les plaines deviennent incroyablement verdoyantes, tandis qu'à la saison sèche, le sol retrouve sa fermeté et la végétation brunit sous l'ardeur du soleil, constituant un paysage d'apparence plutôt aride.

Très surveillées par les patrouilles de la Sororité et parsemée de quelques petits villages exclusivement habités de femmes, la région peut être considérée comme relativement sûre, à condition de ne pas être un mâle bien évidemment car mieux vaut ne pas tomber sur les Soeurs de Selhinae. Les grands prédateurs naturels sont devenus rares au fil des ans, mais serpents, araignées et autres scolopendres venimeux abondent, particulièrement durant la saison des pluies.

Lieux particuliers au sein de la Plaine des Amazones :

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Alyssia
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Re: La Plaine des Amazones

Message par Alyssia » ven. 4 janv. 2019 21:01

Lorsqu'Alyssia ouvrit les yeux et se redressa, son environnement avait complètement changé. De sa cité natale d'Izurith, seul univers qu'elle connaissait et comprenait, elle était passée à une vaste plaine verdoyante qui semblait, au vu du ciel, sur le point d'être complètement inondée de pluie. Le sol était très inégal, creusé par endroits et proéminent à d'autres, mais ce n'est pas ce qui choqua la jeune femme.

« C'est vert... » commenta-t-elle à voix haute en se redressant.

Sa bouche resta entrouverte quelques secondes après ce constat pour le moins déroutant. La seconde précédente elle se trouvait au milieu d'une ruelle sombre alors que deux énormes coups de canons retentissaient, l'un tout proche, l'autre au loin. Elle aurait dû être morte. Était-ce donc cela qui attendait les défunts ? Des plaines cabossées recouvertes d'herbe ? C'était la première fois qu'elle en voyait de si près, si bien que, mettant instinctivement sa circonspection de côté, elle se laissa rapidement aller à en arracher quelques touffes pour les observer de plus près et les renifler. Elle en porta même quelques brins à sa bouche, curieuse, avant de les recracher dans un rictus. De l'herbe, en une telle quantité, elle ne pouvait définitivement pas se trouver dans sa cité, probablement réduite en poussières. Pour autant, cela ne lui en apprenait pas plus sur sa position. À sa connaissance, la planète entière était recouverte de terres désolées et pratiquement planes ravagées par les elfes et jamais elle n'avait entendu parler d'un quelconque lieu ayant survécu à ce carnage. Les indices étaient cependant mince et Alyssia dut rapidement se faire une évidence : elle n'avait aucun moyen de comprendre ni comment elle était arrivée là, ni où était ce "là" en question.

Faute de mieux, dans une ultime tentative de comprendre ce qui lui arrivait, elle se pinça le dos de la main du bout de ses longs ongles, s'attirant un gémissement de douleur et un certain regret.

« Si je suis morte, ça n'a pas l'air bien différent de la vie pour le moment, » soupira-t-elle, contenant la crise d'angoisse qui pointait par un agacement bien réel.

Finissant de reprendre ses esprits, elle se redressa avant de faire un inventaire de ce qu'elle avait sur elle : à savoir un couteau caché dans son long manteau jaune et une carte de paiement. En dehors de cela, elle n’avait que les vêtements qu’elle portait sur elle avait que l’inexplicable ne se produise.

« Et maintenant ? » se demanda-t-elle toute seule, comme si formuler cette question lui permettrait plus facilement de trouver une réponse.

Mais il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire. A part marcher dans une direction aléatoire en espérant trouver quelque chose d’autre qu’une vaste étendue de plaine. Après tout elle n’avait jamais entendu parler de lieux où la nature serait visiblement intacte, alors pourquoi ne pas espérer trouver quelqu’un sur sa route ? C’est ainsi que, choisissant son chemin au hasard, elle commença à marcher, sans but. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour s’empêcher de se poser toutes les questions qu’elle tâchait depuis quelques minutes déjà de taire dans son esprit. Des questions bien plus angoissantes qui ne manqueraient pas de la paralyser sur place si jamais elle les laissait s’insinuer trop longtemps dans son esprit.
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Alyssia
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Re: La Plaine des Amazones

Message par Alyssia » sam. 5 janv. 2019 00:10

Verdure, verdure, verdure… Verdure, verdure, verdure… Encore de la verdure. A perte de vue. La nuit étant tombée depuis plusieurs heures, cela ne représentait plus que quelques mètres, vaguement éclairés par la faible clarté de la lune qui transperçait quelques nuages moins épais que les autres. Pour autant, la température avait commencé à chuter dangereusement et s’endormir sans abri ni couverture ne semblait pas vraiment être une très bonne idée en l’état, aussi Alyssia se contentait-elle de continuer sa route, gardant une trajectoire la plus droite possible compte tenu de l’environnement accidenté. Elle avait d’ailleurs manqué de tomber à maintes reprises et n’avançait plus très vite, trop occupée qu’elle était à tâtonner et se réchauffer en se frictionnant les épaules à l’intérieur de son manteau. Par chance, la pluie n’avait pas encore éclaté malgré les grondements sourds que l’on pouvait entendre à la suite d’un éclair de temps à autres, la faisant trembler un peu plus à chaque fois. Izurith était une planète morte, la pluie ne représentait pas plus de quelques courtes averses dans l’année pour elle ; pourtant, voilà que les nuages grondaient plus bruyamment qu’elle ne les avait jamais entendus, à la suite d’explosions de lumière qui la terrifiaient, tant le phénomène relevait de la légende pour elle. Elle n’avait aucune conscience de sa position géographique et chaque coup de tonnerre semblait annoncer une catastrophe plus importante que le précédent. Et toujours aucun signe de vie.

Quand finalement la première goutte d’eau se fit sentir, glissant le long de sa joue, la panique l’emporta. Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que ce phénomène isolé ne se transforme en une véritable douche glacée pour la jeune femme et qu’elle ne se mette à courir sans s’arrêter, retenant des sanglots tant de terreur que de frustration. En quelques minutes à peine son corps entier semblait trempé comme si elle avait plongé la tête la première dans une étendue d’eau et elle ne sentait même pas les larmes couler le long de son visage, mélangées à l’eau de pluie qui lui brouillait plus encore la vue que ne l’avait fait jusqu’à présent la pénombre. Son pied heurtait des petites buttes qui la faisaient trébucher mais elle parvint à garder un semblant d’équilibre avant de finalement s’éclater la tête la première contre une bosse plus grande qu’elle et de tomber à la renverse aussitôt, sonnée. Elle s’écroula dans la boue, s’empêtrant presque dans le sol déjà trempé et peinant à reprendre ses esprits, et y resta ainsi plantée près d’une minute avant que la pluie ne lui obstrue les voies respiratoires et qu’elle ne soit forcée de se retourner pour finalement essayer de se relever.

Il y avait maintenant beaucoup de sang sur son visage, dont une partie coulait par-dessus son œil droit qu’elle devait maintenir fermé et son ouïe semblait également atteinte, ses oreilles résonnant dans un sifflement assourdissant alors que le peu qu’elle pouvait entendre était brouillé par le fracas de la pluie sur le sol. Aussi, lorsqu’elle sentit quelque chose lui effleurer le dos alors qu’elle tentait tant bien que mal de se relever, sa première réaction fut de hurler en se débattant, retombant aussitôt dans la vase qui constituait maintenant le sol. Mais une main la tira rapidement de sa détresse, la redressant sans trop de peine en l’agrippant par les manches et la réceptionnant dans ses bras une fois debout. Ses sens toujours brouillés par sa première chute, elle ne put juger de son sauveteur qu’à quelques détails, comme l’énorme cape dont il se servit pour l’emmitoufler dans ses bras ou la musculature qu’elle percevait au travers de son armure de cuir. La silhouette réconfortante semblait parler mais son ouïe ne lui permit pas d’identifier ses paroles ; devant son absence de réaction, elle souleva Alyssia dans un effort modéré tout en la serrant contre sa poitrine, rendant soudain évident la différence importante de taille entre eux. Si l’Izurithoise était d’un ordinaire méfiant et indépendant, c’est énormément de soulagement et de gratitude qui lui vinrent à l’esprit alors qu’elle enfonçait son visage dans la cape qui la recouvrait maintenant intégralement. Elle avait perdu la civilisation depuis des heures sans aucune idée d’où elle était et de si elle reverrait un jour un visage humain ; peu importait à ce moment précis, tout ce qui comptait était qu’une personne était là. Qu’elle n’était plus seule au monde.
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Alyssia
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Re: La Plaine des Amazones

Message par Alyssia » sam. 5 janv. 2019 01:21

Alyssia s’était sentie portée de longues minutes à un rythme soutenu avant de laisser la pluie derrière eux. Son ouïe s’était peu à peu calmée et elle put entendre une porte s’ouvrir avant que son sauveteur ne les mette à l’abri, refermant à leur suite. Il ouvrit sa longue cape et la posa avec délicatesse au sol, lui laissant le loisir d’ouvrir les yeux pour observer ses alentours. Dans un premier temps, la lumière l’éblouit violemment, piquant ses paupières alors qu’elle clignait frénétiquement, tentant de s’habituer à la nouvelle luminosité. Lorsqu’enfin sa vision s’adapta à son environnement, elle regarda la personne qui la fixait maintenant avec une certaine inquiétude. C’était une femme bâtie comme certains des plus grands Izurithois qu’avait pu croiser Alyssia, arborant cependant un visage doux et agréable à observer, malgré les quelques cicatrices qui couturaient son visage fin au nez en trompette. Ses cheveux blonds attachés en tresse faisaient ressortir ses grands yeux gris-bleus qui semblaient transpirer l’honnêteté.

« Eh bah, tu faisais quoi au milieu de nulle part comme ça ? » demanda-t-elle dans un accent qu’Alyssia n’avait ô grand jamais entendu.
« Je… Je sais pas… » bégaya la jeune femme, quelque peu perdue en contemplant ses alentours.

Rien ne semblait tout à fait normal autour d’elle. Déjà elles se trouvaient dans une petite maison visiblement faite de bois, matériau extrêmement rare à Izurith et qu’il semblait douteux de vouloir utiliser pour bâtir. Ensuite, tous les objets semblaient appartenir à l’histoire, de l’accoutrement de cuir animal mais relativement grossier de sa sauveteuse à la cheminée qui crépitait non loin de là en passant par les différentes marmites et autres objets qui trainaient ci-et-là.

« Tu sais pas ce que tu fais au beau milieu de la plaine des Amazones ? D’autant que t’as pas l’air du coin, on se retrouve pas comme ça en plein territoire de la Sororité par hasard. »

L’Izurithoise hésita.

« Heu… Je sais pas, » répéta-t-elle, sans trop savoir quoi dire d’autre.

Son interlocutrice se gratta la tête en plissant les yeux. Elle avait le regard d’une enfant.

« Je comprends pas bien, mais ça sera certainement plus clair demain. »

Elle désigna une rangée de couches rudimentaires non loin de là, dont certaines semblaient avoir servi récemment.

« Déshabille-toi et prends une couverture, je vais faire réchauffer quelque chose. »

La jeune femme s’exécuta, retirant ses vêtements trempés et réalisant à peine qu’elle tremblotait, ne gardant que ses sous-vêtements, et alla chercher une couverture épaisse visiblement d’origine animale, pour ne rien changer à l’étrangeté de l’environnement. Son hôtesse était déjà en train de s’affairer près de la cheminée, y posant une marmite dont Alyssia ne parvenait à voir le contenu. Maintenant tout emmitouflée, elle se posa sur la large table en bois rectangulaire devant laquelle était positionnés deux bancs, de part en part. C’était visiblement un lieu de vie commun à plusieurs personnes, l’espace comme les différents paquetages l’illustrant parfaitement, mais elles étaient seules présentement.

« Je m’appelle Alyssia, » articula-t-elle finalement en grelotant.
« Valentine, » se présenta l’autre en la regardant avec un sourire franc.

L’Izurithoise le lui rendit faiblement, sans y penser. Peu importe où elle se trouvait, force était de constater que les visages y étaient plus amicaux qu’à l’accoutumée. D’ordinaire, ce simple fait l’aurait rendue plus méfiante, mais quelque chose dans l’air, les lieux, son regard peut-être, la rassurait suffisamment pour qu’elle ne voit en sa sauveteuse qu’une âme charitable. Comme pour illustrer cette pensée, cette dernière repris la parole, répondant à une question qu’Alyssia ne s’était pas vraiment posée : comment s’étaient-elles rencontrées dans une plaine aussi vaste par ce temps et à cette heure.

« T’as pas l’air très préparée pour le voyage, t’as de la chance que j’ai vu tes traces en patrouille. Ca fait des heures que je te cherche. »
« Merci, » répondit faiblement l’intéressée, presque machinalement. Elle ne savait trop quoi dire d’autre.
« Bon, on va réessayer alors. Qu’est-ce que tu faisais en plein milieu du territoire de la Sororité sans aucun paquetage ? Tu cherches refuge ? » demanda-t-elle en remuant énergiquement ce qui sentait maintenant comme une soupe, en simplement beaucoup plus alléchante pour les narines d’Alyssia, habituée à manger de la nourriture infâme recomposée artificiellement.
« Je… » commença-t-elle, cherchant ses mots. « Je suis pas d’ici. Je veux dire… J’étais dans une ville, probablement très loin d’ici… Il y a eu des explosions… Tout allait être détruit… Et je me suis réveillée ici. »

Valentine se gratta la joue pensivement, visiblement perplexe face au récit de son invitée. Elle ne semblait pas remettre sa parole en doute, mais ne faisait pas beaucoup plus de sens de la situation qu’Alyssia. Cette dernière se doutait que si elle n’avait jamais entendu parler de ce lieu étrange qui semblait figé dans une époque lointaine, l’inverse était probablement vrai et elle ne connaissait probablement pas sa cité d’origine. Pour autant, mue par un faible espoir, elle se laissa aller à lui poser la question.

« Je viens d’Izurith, tu connais ? Je croyais que le monde entier était recouvert des mêmes terres désolées qui l’entourent, infertiles et mortes, mais cet endroit est si plein de… verdure… Comment avez-vous échappé à la destruction par les elfes ? »

Son hôtesse lui jeta un regard plein d’incompréhension.

« Les… elfes ? Tu veux dire ceux que Khonfas ? Ils sont dangereux mais de là à détruire le monde… »

Alyssia baissa rapidement les yeux face à la réaction de Valentine. Comme elle s’y attendait, leur histoire était complètement différente, il y avait peu de chances que les elfes dont elle parlait soient les mêmes que ceux qui avaient un temps contrôlé sa ville natale, détruisant tout le monde connu autour de la gigantesque cité qu’ils avaient créée en asservissant les humains. Sinon, jamais elle n’aurait remis en doute leur capacité à détruire le monde. Alors comment ? Comment avaient-ils échappé à tout cela ? Restait-il un continent non exploré par les elfes lors de leur arrivée sur leur planète ? Ou bien… Était-ce une autre planète ? Après tout il était de notoriété publique que ceux-ci étaient arrivés d’un univers bien plus avancé technologiquement que le leur lors de leur invasion, ne pouvait-on pas en conclure que d’autres lieux existaient, comprenant leurs propres avancées technologiques à travers leur propre histoire ? Mais comment se serait-elle retrouvée ici ? Cependant, une idée lui traversa l’esprit, remettant de l’ordre dans sa tête.

« Est-ce que tu as vu d’autres traces ? De quelqu’un d’autre ? »

Valentine secoua la tête.

« Non, juste les tiennes. Mais les autres Amazones de ce poste sont parties en patrouille également. Vu la pluie, elles vont probablement dormir dans un autre camp pour la nuit, mais demain matin on pourra leur demander si d’autres sont dans ton cas. En tout cas j’ai jamais entendu parler d’Izurith, donc je pense pas que ce soit la porte à côté. »

Alyssia opina du chef en signe d’assentiment, supposant facilement leur fonction. Peu importe qu’elle soit dans un autre monde ou pas, force était de constater qu’elle était bien loin de la cité qui l’avait vue naître.

Son hôtesse attrapa finalement deux bols, qu’elle servit généreusement d’une soupe aux légumes et à la viande. L’Izurithoise aurait bien été incapable d’identifier quoique ce soit à l’intérieur de son auge, n’étant même pas certaine de savoir ce qui était ou non d’origine végétale. Pour autant, son ventre se mit immédiatement à gargouiller lorsque la gamelle arriva finalement devant elle, ses narines comme ses yeux identifiant la qualité des produits sans le moindre doute. Aussitôt la cuillère dans sa main, elle se mit à ingurgiter le liquide chaud à toute vitesse, découvrant des saveurs qu’elle n’avait jamais ne serait-ce qu’imaginées possible. La découverte des différents goûts et textures des morceaux fut dans un premier temps plus mitigée, perplexe qu’elle était face à ces sensations nouvelles, mais l’habitude s’installa rapidement et elle se mit bientôt à les mâcher bruyamment en fermant les yeux, concentrée sur ces plaisirs nouveaux.

Valentine semblait fort amusée par la scène, mangeant bien plus calmement tout en observant son invitée avec un sourire en coin. Lorsqu’Alyssia termina enfin son bol, elle alla immédiatement lui en chercher un second avant de retourner s’asseoir pour continuer son repas. La seconde tournée se termina plus lentement mais dans le même silence relatif, uniquement troublé par les bruits de mastications et de pluie s’abattant toujours sur le toit de la petite bâtisse de bois. Le temps s’était cependant calmé et plus aucun éclair n’avait résonné depuis bien longtemps, pour le plus grand bonheur de la jeune femme qui avait passé tout le trajet dans les bras de sa sauveteuse à sursauter au moindre coup de tonnerre.

Le repas enfin terminé, Valentine se déshabilla à son tour et éteignit les différentes lampes à huile disposées dans la pièce, laissant la cheminée crépiter doucement dans son âtre avant d’aller se coucher dans l’un des lits sommaires au fond de la pièce. Alyssia l’imita rapidement, s’allongeant dans une autre couche en se roulant littéralement à l’intérieur de sa couverture avant de plonger dans un sommeil de plomb en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, éreintée par cette journée hors du commun.
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Alyssia
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Re: La Plaine des Amazones

Message par Alyssia » lun. 28 janv. 2019 12:26

Alyssia dormit d'un sommeil troublé, peuplé d'éclairs tonitruants et d'étendues infinies de surfaces planes, au-delà desquelles se profilait Izurith, ne se rapprochant jamais malgré les kilomètres parcourus.

Elle n'émergea cependant que tard, du moins pour les standards de ses hôtesses, réveillée par le rire puissant de Valentine qui semblait avoir une voix correspondant à son physique. Généralement douce, souvent imposante. Lorsque l'Izurithoise ouvrit les yeux, elle aperçut deux autres silhouettes assises à table avec sa sauveteuse, discutant autour de ce qui semblait être de la viande séchée.

Restant emmitouflée dans ses couvertures, ses vêtements étant hors de portée, la jeune femme se releva pour s'approcher timidement des maintenant trois guerrières présentes dans la pièce. L'une d'elle arborait des cheveux roux en bataille, frisant de manière chaotique jusqu'à ses épaules et encadrant un visage quelque peu masculin, au diapason de sa carrure plus petite que celle de Valentine, mais toute aussi imposante. La seconde voyait ses oreilles pointues dépasser quelque peu de ses cheveux châtains, trahissant des origines partiellement elfiques. Elle était svelte et élancée et vêtue d'une tenue près du corps légèrement armurée, permettant à la fois une protection et une certaine mobilité en combat. Si le matériau utilisé était bien différent de son monde natal, Alyssia n'avait cependant aucun mal à reconnaître des idées similaires à celles ancrées sur Izurith, prouvant une certaine avancée technique de ce monde dans les arts de la guerre.

« Tu dois être Alyssia, » fit la semi-elfe d'une belle voix chantante lorsque celle-ci arriva à hauteur de la table. « Eïlyenwë, » se présenta-t-elle avec un large sourire.

L'Amazone aux cheveux roux scruta l'Izurithoise de haut en bas d'un regard avant de prendre la parole.

« T'as pas l'air bien robuste, mais ils pourraient avoir besoin d'aide à l'intendance, si tu cherches un endroit où rester, » fit-elle en terminant de mâchonner un morceau de viande. « Enfin bon, tu peux rester quelques temps avant de te décider, comme invitée. »

La semi-elfe accorda un nouveau grand sourire à Alyssia avant de donner un léger coup de poing dans l'épaule de sa comparse, lui provoquant un grognement.

« Et cette rustre est Agathe, c'est la doyenne de cet avant-poste. Enfin, plus ou moins la doyenne, » ajouta-t-elle en se tapotant le bout des oreilles. « Je ne sais pas si tu connais d'autres demi-elfes... »
« Oh, heu, si, beaucoup, » rétorqua l'Izurithoise d'une voix enraillée.

Elle toussa, expulsant sans ménagement quelques glaires de sa gorge, alors qu'Eïlyenwë lui tendait un morceau de tissu et Valentine une choppe d'eau. Elle avait couru sous une tempête la veille et ça ne pouvait pas être une bonne chose pour sa santé, d'après ce qu'elle savait. Elle s'en tirait cependant, visiblement, avec un gros rhume, ce qui n'était pas très cher payé compte tenu de la situation. Le temps de calmer quelque peu sa gorge et de s'asseoir autour de la table, côte à Valentine et face aux deux nouvelles venues, Alyssia continua sa première phrase de la journée, un peu plus assurée.

« Si, beaucoup. Il y avait beaucoup de demi-elfes dans les quartiers pauvres de... De là où je viens. »

Toujours emmitouflée dans sa couverture, elle attrapa la tasse d'eau devant elle de ses deux mains pour la porter délicatement à ses lèvres. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'en boire toutes les deux secondes. Presque littéralement. L'eau sur Izurith était quelque peu altérée, désagréable à boire même pour elle qui n'avait alors connu que ça. Pourtant, celle-ci était claire, presque sans goût. Finissant sa choppe, elle retourna son regard vers Eïlyenwë, soudain quelque peu mal à l'aise. Dans son monde natal, les semi-elfes étaient énormément victimes de racisme, de par leur passé, mais elle ne connaissait rien des mœurs de cette région, ou univers, peu importe ce que c'était exactement. Peut-être la jeune Amazone attendait une réaction de la part d'Alyssia, trop déboussolée et endormie pour vraiment laisser qui que ce soit lire ses émotions.

« Ce sont de loin les meilleurs amants que j'ai eu, » ajouta-t-elle naturellement.

Elle cherchait, par une remarque pour elle tout à fait anodine, à ne laisser aucun doute concernant son acceptation des semi-elfes, cependant les réactions de ses différentes interlocutrices lui firent vite comprendre que la sexualité n'était pas si anodine que cela en ce nouveau lieu. Valentine se mordit la lèvre pour s'empêcher de rire alors qu'Agathe explosait sur place, rebondissant pratiquement sur le banc à force de gloussements irrépressibles. Entre les deux, les joues d'Eïlyenwë avaient ostensiblement rosi alors qu'elle ignorait parfaitement la réaction de ses deux amies, fixant sur Alyssia un regard quelque peu surpris, la bouche entrouverte.

« Eh bien... » articula-t-elle dans la cacophonie que l'Amazone aux cheveux roux maintenait à elle seule. « Les elfes en général sont connus pour être des êtres sensuels, je suppose. »

Cette intervention eut pour effet de faire repartir Agathe de plus belle, tout en emportant Valentine avec elle cette fois, l'imposante guerrière tombant peu à peu dans des ricanements qu'elle tâchait de cacher à leur invitée, cachant son visage dans son épaule. Alyssia était quelque peu perdue face à ces réactions, regardant les trois Amazones l'une après l'autre alors que la semi-elfe lui accordait un sourire gêné qui semblait tant s'excuser de l'attitude de ses camarades qu'exprimer une certaine timidité à l'encontre de l'Izurithoise et son ouverture sexuelle affichée.

( J'imagine que mon intervention était inattendue, ) supposa la jeune femme en se recroquevillant légèrement sur elle-même.

Après tout la libération sexuelle était quelque chose de relativement récent dans l'histoire d'Izurith, et visiblement cette nouvelle société était socialement très arriérée comparée à ce qu'elle connaissait. Au moins les femmes n'étaient-elles visiblement pas choquées par ses propos, seulement amusées, se rassura-t-elle.

L'hilarité terminée, après près d'une minute d'une longueur terrifiante, Eïlyenwë reprit la parole, changeant radicalement de sujet.

« Il y a un avant-poste général, dont dépend celui-ci, à un peu moins de deux jours de marche, » expliqua-t-elle à Alyssia. « A cheval. On a besoin d'y aller pour faire venir une relève ici si tu veux que l'on t'accompagne jusqu'à la Sororité, où tu pourras rester à l'abri au moins le temps de comprendre ce qu'il t'arrive. »

L'Izurithoise sentit une boule se former dans son estomac. Que voulait-elle dire par « à cheval » ? Elle n'était jamais montée sur un animal, en fait elle n'avait jamais vu d'animal assez gros pour que quiconque s'en serve comme monture, cela faisait partie pour elle d'une culture ancienne et pratiquement oubliée. Cependant, elle tâcha de faire bonne figure face à ses hôtesses ; elle redressa le visage vers la jeune femme-elfe et hocha la tête en signe d'assentiment.

« Je... Je vous fais confiance, » baragouina-t-elle.

C'était une première pour elle, ou peu s'en fallait en tout cas. Mais elle le pensait. Ces personnes semblaient sincères, pourvues d'une simplicité disparue depuis longtemps à Izurith. Et elle était si perdue, dans ce monde étrange et étranger, qu'il lui semblait que s'en remettre à ces inconnues était la seule chose qu'elle pouvait faire. Alors... Elle leur faisait confiance. Tirant à Eïlyenwë un sourire attendri, et à Valentine un rictus plus amusé, quoique bienveillant.
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Alyssia
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Re: La Plaine des Amazones

Message par Alyssia » jeu. 31 janv. 2019 17:00

« Détends-toi, tout va bien se passer, » rassura Eïlyenwë, le rire dans la voix.

Mais elle avait beau répéter cela à Alyssia, cette dernière n'arrivait nullement à se calmer, ainsi perchée sur un cheval dont la taille au garrot égalait la sienne. C'était la première fois qu'elle voyait l'un de ces animaux de sa vie, elle ne s'était pas imaginé se retrouver si vite sur le dos de l'un d'eux, à devoir naviguer avec seulement quelques directions floues et ses jambes. C'était une jument tout à fait calme, d'une belle robe blanche tachetée, prêtée par Valentine, dont c'était la seconde monture. Mais peu importe à quel point elle était immobile, les tangages intimidaient la jeune femme au plus haut point.

La semi-elfe, elle, montait un étalon noir et blanc bien plus grand encore, et nettement plus impétueux. Elle ne semblait cependant avoir aucun problème à garder une assiette absolument impeccable, et ce malgré son attention complètement portée sur la position d'Alyssia. Elle était d'une grâce à toute épreuve, dégageant une beauté qui ne laissa pas l'Izurithoise insensible, ainsi perchée sur son splendide cheval avec une aisance déconcertante. Valentine, de son côté, chevauchait une large monture de trait brune, plus habituée à porter des charges lourdes comme l'armure et les provisions dont elle avait la responsabilité. C'était apparemment sa jument de voyage, quand elle se servait surtout de Brume, celle prêtée à Alyssia, pour ses patrouilles et missions.

« Redresse-toi, et laisse-toi aller, » conseilla la semi-elfe, désignée meilleur cavalière de la région par ses amies. « Quand tu es prête, avec douceur, sers les talons et elle se mettra au pas. »

L'Izurithoise hocha la tête mais s'abstint d'obéir immédiatement, tâchant d'abord de calmer ses nerfs.

( Allez, doucement, elle ne va pas te faire tomber, ) s'apaisa-t-elle intérieurement.

Puis, après quelques secondes de concentration, elle prit une large inspiration et s'exécuta, intimant à sa monture de se mettre en avant. Cette dernière réagit instantanément, entamant un pas lent et linéaire sans se faire prier et faisant découvrir à la jeune femme les balancements caractéristiques des chevaux que l'on monte. D'abord surprise, elle se pencha immédiatement vers l'arrière, faisant suivre ses mains dans le mouvement, mais elle se ressaisit avant de complètement tirer sur les rênes et arrêter sa monture, reprenant la position conseillée par Eïlyenwë. L'euphorie prit rapidement la place de l'anxiété, ainsi baladée sur une créature de presque dix fois son poids ; elle aurait pu l'envoyer paître de quelques coups de cul sans que l'étrangère ne sache rien y faire, mais au lieu de cela elle l'avait acceptée, décidant arbitrairement de la laisser sur son dos. Elle n'aurait su si cette attitude était engendrée par l'amour, l'ignorance ou la crainte, mais l'Izurithoise s'en retrouvait profondément reconnaissante pour l'animal et, avant qu'elle ne puisse s'en rendre compte, un grand sourire illumina son visage.

« Elle adore qu'on la gratte derrière les oreilles, » fit Valentine qui avait lancé sa monture à gauche d'elle alors qu'Alyssia lui caressait l'encolure.

Suivant le conseil sous-jacent, elle se pencha quelque peu pour passer sa main à leur base, attirant quelques ponctuations de contentement de la part de Brume. Eïlyenwë, à sa droite, lui adressait un grand sourire, comme heureuse de voir que l'expérience était concluante.

« On ne devrait pas avoir besoin de galoper, mais je te montrerai quand même lorsque tu seras plus à l'aise, au cas où. »

L'Izurithoise opina une nouvelle fois du chef et se redressa sur sa selle, bien plus à l'aise que quelques secondes auparavant. Agathe, qui restait en poste le temps de leur voyage, leur fit quelques signes de main en guise de salutations avant de rentrer dans la chaumière alors que les cavalières s'éloignaient à l'horizon.
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Merci à Itsvara pour la signature.

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