Le Désert Bleu

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Yuimen
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Le Désert Bleu

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 17:20

Le Désert Bleu

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Le désert bleu, aussi appelé le désert de l'est, est un lieu aride qui se différencie des autres déserts par son sable qui est de couleur bleu. Selon les endroits, le décor jongle entre erg (désert de dunes) et reg (désert de pierres). de multiples petits reliefs y percent souvent les dunes et sont autant de repères pour les autochtones.

Il ne fait pas bon s'y promener en touriste et il faut être fou pour penser pouvoir y survivre sans quelqu'un connaissant parfaitement bien le terrain. Les lances d'El Abhar tuent automatiquement tout étranger pénétrant dans leur territoire et de nombreux clans chercheront à vous réduire en esclavage. Des créatures dangereuses telles que les véroces, les vers des sables, les wunrkrols, les vers aqueux, les jinns et, dans une moindre mesure, les serpents et les scorpions aux venins mortels sont autant de rencontres à éviter (Bien entendu, il existe aussi des animaux sauvages moins agressifs vivant ici, comme les camïus ou les aniacs). La température peut monter jusqu'à cinquante degrés en journée et descendre jusqu'à zéro la nuit, les tempêtes de sable sont monnaie courante et les rares sources d'eau sont jalousement protégées ou enfouies dans les montagnes.

La plupart des chevaux supportant mal le climat désertique, les peuples du désert leur préfèrent les dromadaires, qui demandent moins de ressources en eau et en nourriture et sont plus endurants.

Le clan Kel Attamara, commandé par Salaheddine, fidèle à Yuimen, est à l'origine une alliance d'une cinquantaine de familles différentes et sont depuis longtemps le clan dominant. Ils sont anti-esclavagistes et très actifs en la matière, organisant des raids ciblés pour affranchir les esclaves des autres clans, offrant souvent aux meilleurs guerriers et aux plus belles femmes d'intégrer leur clan et conduisant les autres en sûreté du côté du royaume de Yarthiss ou du comté de Nélys. Ils vivent en semi-nomadisme, la tribu se mouvant au gré des caprices du désert, des points d'eau potable et de la nourriture trouvable alors que là où les basses montagnes de l'ouest s'aperçoivent à l'horizon, le temple de Yuimen et le palais du désert se dressent, entourés de tentes de nomades, à proximité de l'oasis de Blewaz.

De nombreux autres clans et familles, la plupart esclavagistes, s'opposent à la croissance et la puissance grandissante du clan Kel Attamara en tentant de nombreux raids pour affaiblir celui-ci avec plus ou moins de succès.
Ils ne s'allient cependant pas et s'affrontent même assez souvent entre eux, à cause de rancœurs millénaires, de convoitises de ressources et de différents religieux. En effet, leurs croyances se divisent entre Thimoros, Phaïtos et Moura en général.

Il n'existe que deux clans dévoués à Moura, le clan Kel Yammu et le clan Kel Abzu. Ceux-ci se disputent le contrôle des côtes exploitables à l'est et au sud du désert, où des criques boisées et bien protégées entre les falaises permettent la construction de navires. Les bords de mer au nord leur sont inintéressants car inexploitables et trop dangereux, les marées transformant les plages en bourbiers et autres sables mouvants où les héqets aiment à se dissimuler. Ces deux clans vivent principalement de la piraterie, de l'esclavage et de la pêche, abordant les navires avec leurs zarugs pour piller leurs richesses et asservir leurs équipages.

Pour ce qui est des clans dévoués à Thimoros et Phaïtos, il en existe plusieurs dizaines. Ceux-ci ont été progressivement chassés des dunes par le clan Kel Attamara et se sont réfugiés dans les reliefs à l'ouest, où les montagnes sèches deviennent de véritables forteresses. Ils sont restés longtemps divisés, embourbés dans des querelles intestines mais le clan Al Setesh, adorateur de Phaïtos, prend actuellement le dessus sur tous les autres alors que le clan Kel Apep, le plus important clan d'adorateurs de Thimoros, se disloque petit à petit.

À noter aussi dans les montagnes du nord-ouest la présence des Lances d'El Abhar qui gardent farouchement les entrées de son territoire souterrain. N'espérez pas y être bien accueilli, le moindre être intelligent est perçu comme une menace à éliminer aussitôt. Leur culture toute entière tourne autour de la soumission complète qu'ils doivent à leur chef de droit divin, le grand sarrum. Leurs cultes religieux sont très insolites et assez cryptiques, tout tournant autour du grand sarrum qui serait l'incarnation de Zewen ; si un individu de son propre peuple l'éliminait, il n'y aurait plus de destin possible et ce serait la fin de l'existence. Leurs terres sont considérées comme maudites par les Zurqadams et beaucoup se demandent si ce peuple existe réellement ou n'est qu'une légende.

Au nord du désert, l'auberge "Entre Deux Mondes" est la première habitation que vous verrez faire le lien avec l'occident. Elle se dresse juste à la frontière du royaume de Yarthiss avec le désert de Perellos et sert principalement de relais aux marchands ainsi qu'aux chasseurs de vers venus du royaume de Yarthiss. Ils accueillent aussi les chercheurs-mages qui étudient le site de fouille de Bien'en Tal, à une vingtaine de kilomètres plus à l'est.

Au sud-ouest, une dizaine de kilomètres avant d'arriver à la frontière avec le comté de Nélys, vous pourrez trouver de nombreux squelettes pétrifiés dans le creux des dunes qui ont fusionné avec le sable, vestiges de l'antique guerre entre humains et éarions et de millénaires d'expérimentations nécromantiques par les clans d'adorateurs de Phaïtos. Le village de Tian Nin, fidèle aux Kel Attamara, à une quarantaine de kilomètres vers le nord, fait parfois les frais de leurs expérimentations.

Enfin, à l'ouest, le massif de Sharq'Al-Jabal, infertile et abrupt sur tout son pan est, est très laborieux à traverser. Il renferme de nombreuses grottes, cavernes et galeries souterraines ainsi que certains vestiges datant de l'ère des dieux mais, une fois les premiers cols franchis, il se fera de plus en plus doux et accueillant jusqu'à ce que vous arriviez dans les hauteurs du comté de Nélys. A l’extrême sud-est du massif, vous tomberez peut-être sur l'inquiétant temple de Thimoros qui est caché entre les rocs...

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Re: Le Désert Bleu

Message par Lahora Al'Disia » sam. 18 avr. 2020 15:53

[Précédemment]

La traversée :

Couverte de « boue » et sans doute de sang, je sentais peu à peu l'adrénaline et la peur s'estomper. Ma lance tomba au sol et mes jambes cédèrent sous mon poids. Les bras ballants, à genoux sur la roche et le sable bleus, je commençais à réaliser.

(Je suis dehors ! Je suis enfin à l'extérieur!)

Un sourire se dessina sur mon visage, puis un léger rire traversa mes lèvres, un rire à la fois nerveux et soulagé. Le visage rivé vers le sol, je me rendais compte que j'avais atteint mon objectif. J'avais franchi l'avant-post et n'avais plus qu'à avancer dans le désert. Il n'y aurait aucun poursuivant, aucune traque. Pour mon peuple, quitter ces souterrains signifiait s'enfoncer sur des terres impies, sans foi ni loi, peuplées d'infidèles torturés et ignorants… À leurs yeux, j'étais déjà morte Pourtant, je pariais ma vie sur des rumeurs qui prétendaient que le monde extérieur était différent, habité, civilisé… Je me souvenais de toutes ces histoires que nous entendions et que nous nous racontions avec Asha …

"Asha !…"

Mon regard se porta d'un coup dans la direction de l'avant-poste. Mon visage exprimait un genre de frayeur alors que je prenais conscience de ce que j'avais fait.

(Je l'ai abandonné ! J'ai fui sans l'attendre ! Je l'ai condamné!)

Des larmes se mirent à couler sur mes joues et je finis par m'effondrer totalement. J'avais été poussée par une peur, un instinct de survie, qui avaient fait abstraction de tout le reste, et j'avais laissé Asha là-bas. Lui qui avait toujours été là pour moi. Quand enfant, je subissais les coups et les reproches de mon père, s'était à ses côtés que je trouvais du réconfort. Quand plus tard, je revenais des durs entraînements, courbaturée et couverte d'ecchymoses, s'était ensemble que nous nous évadions en nous contant les « légendes du dehors ». Lors de mon mariage avec Ranam Al'kaïd s'était lui que je cherchais du regard dans la foule. Enfin, ce fut dans ses bras, que j'avais scellée mon destin et le sien. Nous avions commis un acte interdit et impardonnable. Lui et moi, avions cédé à nos sentiments. J'étais une Lance, un soldat. Il était un Zenj, un esclave. Une relation charnelle entre membres de castes différentes était punie de la peine capitale. Nous aurions été exécutés et nos corps détruit, sans aucune chance de nous réincarner. Alors, une seule solution s'était présentée à nous : Fuir.

Asha n'en avait que pour quelques minutes. Un allé-retour, pour récupérer quelques vivres, mais le temps s'était écoulé, la peur m'avait envahie et j'avais fui… Seule

(J'aurais dû attendre ! Il avait seulement un peu de retard ! J'aurais dû aller le chercher… Tu l'as abandonné!)

Le visage dans mes mains, je ne pouvais arrêter de pleurer. Mon cœur s'effritait à chacun des reproches que je me faisais. La tristesse et les remords déchiraient mon âme.

Je restais recroquevillée, envahie par la douleur durant de longues minutes, avant que mon esprit tente de refaire surface. Lentement, je commençais à me faire une raison ou plutôt à me convaincre. Était-ce encore une fois un réflexe de survie ou mon passé m'avait modelée ainsi ? Je l'ignorais et ce n'était pas là ma préoccupation à cet instant. Comme se réveillant au plus profond de mon être, une « petite voix » se fit entendre.

( Il mettait trop de temps. Il s'était fait capturer…. J'aurais dû aller le chercher… Et a quoi bon ? Pour te faire prendre avec lui ? … Ils étaient sur tes talons, tu les as entendus à l'avant-poste. Si tu avais attendu ou fait demi-tour, tu ne serais jamais arrivé ici.)

Je me relevais étape par étape, doucement, ramassant mes affaires et ma lance brisée. Me ressaisir était la seule chose à faire. Avancer ou avoir fait tout ça pour rien. Je devais laisser Asha derrière moi, comme tout le reste. Je n'avais plus rien mis à part un espoir d'avenir dans ce monde inconnu. Au pied du mur sans attache, avais-je d'autres solutions ? Pour moi, il n'y en avait pas.

Mes doigts serrèrent le pendentif trouvé dans la tanière de la pieuvre. Je ne l'avais pas plus que cela examiné jusqu'ici. L'objet semblait être un soleil stylisé, bien que l'usure n'aidait pas à confirmer cette idée. Étrangement, j'y voyais un symbole. Peut-être une manière de m'accrocher à quelque chose.

(Quitter l'obscurité pour le monde de la lumière... Va de l'avant.)

Ma main se crispa un moment autour du petit objet de fer, avant de le glisser sous mes vêtements. Sans me retourner, je me mis en route.

Je débutais mon voyage et une nouvelle vie.
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Re: Le Désert Bleu

Message par Lahora Al'Disia » dim. 19 avr. 2020 14:07

La température intense était une chape de plomb sur mes épaules et le sable fin rendait chacun de mes pas difficile. Les dunes bleues formaient une région infinie semblant se fondre avec le ciel dans l'horizon lointain. La sueur collait à ma peau le tissu de mes vêtements. Malgré cette sensation désagréable, je tentais de dissimuler chaque millimètre de mon corps clair. Seul mon regard bleuté apparaissait dans l'ouverture laissée par mon chèche. La lumière m'éblouissait formant des halos lumineux illusoire vaguant dans l'air autour de moi. Je sentais la sensation de chaleur sur ma chair, autour de mes yeux, m'indiquant que le soleil trouvait chaque faiblesse de ma défense. Ma lance brisée était devenue un bâton de marche m'aidant à progresser, mètre après mètre, pas après pas. J'avais quitté le pied de la montagne depuis plusieurs heures et il n'y avait toujours rien. Aucun palais imposant en pierres bleues, aucune cité aux tours vertigineuses, ni même d'oasis verdoyante entourée de tentes… Seule la montagne à l'ouest formait une silhouette massive et partout ailleurs le sable.

La seule chose encourageante était que le soleil descendait doucement annonçant la fin de ce jour. Je m'arrêtais enfin au sommet d'une vaste colline bleue et m'assis. Je m'accordais pour la première fois une pause et du repos, même si les termes à la vue de la situation n'étaient sans doute pas entièrement adaptés. Mes lèvres déjà gercées étaient douloureuses et malgré mes précautions des cloques apparaissaient sur le dos de mes mains. En une seule après-midi, je subissais déjà les blessures de cette région hostile. On m'avait appris, depuis ma naissance, que seuls les tunnels sous la protection du Grand Sarrum étaient vivables et bénis par la volonté du dieu vivant. Sous le soleil, rien ne pouvait survivre. Les assaillants de l'extérieur n'étaient que des imitations d'hommes vomi par le désert afin de tenter de détruire le divin Sarrum. Je doutais de ces apprentissages, mais ces heures, passées dans cette fournaise, me faisaient m'interroger. Comment vivre sur ces terres sans eau, où seul le sable et la roche semblaient pouvoir exister ? Peut-être que l'enseignement que j'avais reçu était finalement la seule vérité.

(Impossible ! ... Toutes les histoires de Shafa Elmira ne peuvent pas être des mensonges.)

Shafa Elmira était un "élu de Zewen", de la caste des halabis ,qui avait disparu pendant dix ans. Tous le pensaient mort. Pourtant, il revint dans sa terre d'origine, alors que j'étais moi-même qu'une enfant. Il prétendait avoir voyagé durant toutes ces années à l'extérieur. J'entendais encore mon père rire avec d'autres Lances des « propos insensés » que cet homme colportait. Ce fut, pour une grande partie, ses mots qui alimentèrent mes espérances sur le monde au-delà de la montagne. Les propos tenus finirent par déplaire et l'homme avait finalement été banni. On le nommait depuis « Shafa le dément » ou encore « L'halabi fou ».

(Il y a forcement une part de vérité dans tout ça… Il le faut.)

Je regardais le soleil couchant, tout en tentant de me raccrocher à ce simple espoir. Mes yeux se fermaient presque involontairement. Assise, les cuisses serrées contre ma poitrine, mon arme dressée comme un étendard au sommet d'une butte, je sombrais dans un sommeil agité.

À mon réveil, je grelottais, mais je fus rassurée par l'obscurité de la nuit qui m'entourait. J'avais devant moi peut-être une ou deux heures avant que le soleil ne se lève. Si la fournaise du jour avait été plus supportable, j'aurais sans doute voyagé de nuit plutôt qu'à la lumière. Je fis le point sur mes réserves d'eau et repris mon chemin.

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Message par Lahora Al'Disia » lun. 20 avr. 2020 00:42

La seconde journée fut un enfer. J'avais marché des heures sans vraiment apercevoir la moindre évolution. Si les montagnes s'éloignaient derrière moi, le reste du paysage restait une étendu vierge et aride. L'après-midi était avancée et j'avais déjà à mon côté une outre vide. Ma protection contre le soleil avait été mise à mal, je ressentais la terrible douleur de ses rayons sur tout mon visage ainsi que sur mes mains. Mes yeux, toujours éblouis, me piquaient alors que la sueur coulait de mon front. Le paysage était flou et déformé, comme nimbé d'une brume translucide. Ce fut encore une fois avec soulagement que je vis le soleil se coucher, embrasant le ciel avant de laisser place à la nuit.

Une nouvelle fois, mon sommeil fut agité, ponctué de nombreux réveils. Les raisons étaient multiples : les tiraillements de ma chair brûlée, le froid saisissant de la nuit, la crainte d'être surprise par un prédateur ou encore le visage d'Asha apparaissant dans mes rêves. Ce fut en sursaut que j'ouvris les yeux alors que l'aube débutait à peine. Il était temps de reprendre la route.

Toujours vers l'Est, sans vraiment savoir où menait mes pas, je continuais inlassablement de progresser.

Trois jours maintenant que j'avais quitté les souterrains qui m'avaient vue naître. Le soleil était à son zénith et je marchais mécaniquement, titubant parfois. J'approchais l'outre de ma bouche et bus quelque gorgés, quand je me sentis partir en avant.

La crête de sable s'effondrait sous mes pieds, me faisant dévaler la dune où je me trouvais. Roulade après roulade, je soulevais le sable fin et dégringolait la pente avant de m'arrêter. Le visage couvert de poussières bleues, je me mis à tousser en frottant mes yeux avant de réaliser l'absence de ma réserve d'eau. Paniquée, je parcourais les environs du regard, quand finalement je la vis enfin. Elle était un peu plus bas dans la descente. Je me précipitai vers elle, en me rendant compte qu'elle se vidait de son précieux liquide. En la saisissant, je remis le bouchon pour empêcher le peu d'eau qu'il restait de s'échapper. Une fois ressaisi, je fis le point sur son contenu et la dure réalité m'explosa au visage. En étant optimiste, il me restait quelques gorgées. Désemparé, je récupérais les diverses choses que j'avais dispersées dans ma chute. Malgré cette infortune, reprendre la route était ma seule chance. Même si cette chance venait de fortement s'amenuiser.

Ce fut en fin de journée, que je finis par m'écrouler, épuisée. Je venais de boire ma dernière gorgée d'eau. Je m'endormis en position fœtale, recroquevillée sur le sable bleu alors qu'une nouvelle fois, le soleil disparaît derrière la silhouette des dunes. Cette nuit, là, j'ouvrai les yeux qu'à de rares occasions.

Savez-vous qu'un animal blessé ou à l'agonie attire les charognards ? J'aurais sans doute pu m'attendre à me retrouver avec un véroce agrippé sur le dos ponctionnant mon sang, ou me faire attaquer en plein sommeil par un ver des sables… Mais la chose qui allait profiter de ma vulnérabilité était très différente.

Mon esprit tentait de sortir de sa torpeur, si bien que les premiers signes du danger me semblèrent n'être que des brides de songes. J'entendis un grognement ou plutôt un genre de gargouillement, quand je réalisais enfin que ces sons étaient bien réels, j'ouvris les yeux. Je fus pour le moins surprise en apercevant une très large et massive silhouette au-dessus de moi. Instinctivement, je sortis mon couteau de ma ceinture, tout en me redressant pour faire face à un ... Dromadaire.

Avant même que je puisse vraiment réaliser où se trouvait le cavalier, je reçus un violent coup derrière la tête et sombrai dans l'inconscience.
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Message par Lahora Al'Disia » mar. 21 avr. 2020 01:24

Ma perception au monde s'ouvrait à nouveau. Cela débuta par des bourdonnements sourds, semblables à des vibrations. Ces dernières perçaient le néant, comme une litanie déformée et lointaine. Puis ma conscience tenta de déchirer le voile qui l'emprisonnait afin de comprendre ce qui m'entourait. Les murmures se transformèrent en des mots plus intelligibles, mais encore incompréhensibles, comme prononcés dans une langue étrange et difforme. Chaque écho résonnait dans mon crâne douloureux et je sentais nettement la blessure à l'arrière de ma tête. Mes yeux s'ouvrirent légèrement, mais tout semblait trouble, un ensemble d'ombres étranges et torturés. Quand enfin les mots furent compréhensible, il me fallut encore un temps avant que j'en saisisse le sens. Il y avait bien deux timbres distinct, deux mâles. Mes paupières s'entrouvrirent à nouveau et à travers l'environnement éthéré je devinais deux silhouettes.

« Camil ! Crois-moi ! Je ne vois pas en quoi s'est insensé.

- Malek ! Écoute ! La seule certitude est qu'elle sent aussi fort que dix cadavres. Où l'as-tu trouvée ?

- Pas très loin ! À moins de quatre milles. Pourtant, je te dis que cette femme est une Lance d'El Abhar ! Elle vaut le double.

- Malek. Mon très cher Malek. Le mois dernier, un homme me prétendait également en avoir vu tout un groupe. Ils mesuraient plus de deux mètres, avaient des lances du double de leurs tailles et, toujours d'après cet homme, ils n'avaient ni habit ni armure, car leurs corps étaient recouverts d'écailles en métal.

- Mais elle a des marques sur le corps et…

- Arrête ! Je ne fais pas affaire en me basant sur des légendes. Je t'en offre la somme habituelle. Ni plus, ni moins… Et je suis généreux vu son état… Tiens, tiens ? Comme dit le proverbe : quand on parle du Wunrkrol, on sent le sol trembler. Ta prise ce réveil Malek. »

J'avais tous mes sens éveillés maintenant . Assise sur le sol, je sentais les liens entravant mes poignets. Les bras en l'air accrochés à un poteau solidement enfoncé au sol, je me trouvais dans ce qui semblait être une tente de fortune. J'entendais le vent, ainsi que les blatèrements des montures à l'extérieur et les voix de quelques autres personnes. Devant moi, se tenaient bien deux hommes. À leurs tenues, je supposais être devant deux zurqadams. Le nommé Malek, portait des vêtements plutôt usés dans les couleurs ocre. Le second, Calim, portait une tenue plus claire dans les tons crème et était coiffé d'un turban violet. Ils me fixèrent un court instant avant de sortir sans rien ajouter.

Je ne restai pas longtemps seule, une poignée de seconde plus tard une jeune femme entra dans la tente avec entre ses mains une outre et une grande vasque de terre cuite. Elle était vêtue sobrement et semblait éviter mon regard alors qu'elle s'approchait de moi. Sans un mot, elle me donna à boire et je ne me fis pas prier. L'eau fraîche semblait couler avec difficulté dans ma gorge seiche, mais j'avais si soif que je faisais abstraction de cette sensation. Finissant par m'étrangler, je recrachai mes dernières gorgées dans une quinte de toux.

« Doucement. Tu dois prendre ton temps. »

Je suivis le conseil, me laissant guider par la main de la jeune femme qui tenait la gourde. Quand mes lèvres quittèrent le goulot, la femme commença à remplir la vasque d'eau afin de me laver. C'était étrange. Cette femme en face de moi n'était évidemment pas une « élue de Zewen », mais elle avait tout à fait l'air d'être … Humaine. Après tout, c'est ce que j'espérais en m'aventurant dans le désert, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir comme un étonnement devant cette évidence. Je décidai de rompre le silence avant qu'elle ne s'en aille.

« Où suis-je ? Qui es-tu ? Qu'est-ce que je fais ici ? Pour…

- Chuuut ! Pas si fort. Reste discrète. Il n'est pas bon d'attirer l'attention. »

Je baissais d'un ton sans pour autant vraiment comprendre ce qu'elle voulait dire.

« Explique-moi ! Je ne me souviens pas comment je suis arrivée ici.

- Tu as été ramené par un chasseur. Il t'a trouvée, de ce que j'ai entendu.

- Trouvée ? Ce n'est pas le souvenir que mon crâne semble avoir retenu de cette rencontre, mais peu importe... Et mainteant? Où sommes-nous ?

Elle sembla hésité et lança un regard vers l'entrée de la tente avant de continuer.

- Tu es dans un campement de nomade. Pour le moment, tu es dans cette tente afin de… Tu étais mal en point et déshydratée. Tu as été installée sous cette tente, pour le moment. Mon maître, Calim Thamir Almasi, ne souhaite pas que sa marchandise meure…

- Marchandise ?!

- Ce ne sont que les mots de mon maître. Tu es captive. Tu es une esclave comme moi.

- Je ne suis pas une Zenj !

- Écoute. Je ne comprends pas ce que tu dis, mais je te conseille d'obéir. Sinon, ils feront en sorte que tu obéisses d'une manière ou d'une autre.

Je hochai la tête pour indiquer que je comprenais, même si aux fonds de moi je n'acceptais pas cet état de fait. La jeune femme termina sa tâche. Elle rassembla ses affaires et se prépara à quitter la tente. Je lui murmurai alors une dernière question ?

- Comment t'appelle tu ?

- On me nomme Ayah. Et toi ?

- Lahora … Merci.

Vêtue et voilée de noir, je ne voyais que ses yeux verts. Je fus pourtant certaine qu'un sourire se dessina à mon dernier mot, juste avant qu'elle ne sorte de la tente.
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Message par Lahora Al'Disia » mer. 22 avr. 2020 14:22

((( [:attention:] Attention ! Scènes violentes ! [:attention:] )))



Mon premier contact avec l'extérieur aurait certainement pu être moins dur, mais je prenais conscience de bien des choses.

(Tu cherchais le peuple qui vivait sur ces terres ? Et bien, ils te sont tombée dessus comme une pieuvre terrestre sur un enfant… )

Je tentais désespérément de me détacher, en secouant et tirant mes liens. Les cordes étaient solidement nouées et toutes mes tentatives n'eurent que pour effet de tirer encore davantage sur mes bras et mes épaules. Je finis par abandonner en soupirant.

(Au moins, ils-t-ont évitée de mourir de soif…)

Je secouai la tête comme pour chasser cette pensée.

(Et tu vas peut-être les remercier en plus ! Ressaisis toi et trouve plutôt une solution pour sortir de là!)

J'avais perdu toute notion de temps, mais la lumière semblait décliner doucement, m'indiquant que la nuit approchait.

Je n'eus pas l'occasion d'élaborer le moindre plan, car je fus interrompue par l'entrée d'Ayah, accompagnée du nommé Malek. Elle avait toujours cette attitude soumise, le visage vers le sol évitant tout regard. Cette fois, elle apportait ce qui semblait être des vêtements pliés et identiques aux siens. L'homme, quant à lui, bomba le torse fièrement en me toisant du regard. Il tenait dans sa main le manche de ma lance, comme si ce dernier était un bâton de geôlier. J'aperçus également mon couteau à sa ceinture. Je compris qu'il les arborait par provocation, comme des trophées. Il me le confirma d'ailleurs par ses propos :

« Comme tu le vois je t'ai tous pris, il sera sage que tu en prennes pleinement conscience et que tu sois… Hum ? … Docile. Ayah enlève lui ses guenilles ! Elle n'est pas présentable ni vendable de la sorte. »

Ayah s'approcha et s'exécuta. De mon côté, je me laissais faire, tout en fixant Malek. Il se sentait en position de dominant et il aimait ce genre de situation. Une fois mes vêtements déchirés et sales retirés, je me retrouvais nue. Mon geôlier me détaillait, curieux de mes scarifications qui formaient des lignes de points suivants mes membres ou dessinant d'étrange dessin sur mon corps pale. Il commença à faire un tour autour de moi, s'attardant sur mon dos et mes cicatrices causées par les coups de fouet et de bâton de mon père. Il prenait le temps d'examiner les détails de sa prise. Pourtant, j'eus un frisson quand il ouvrit la bouche.

« Ayah laisse nous. Je vais m'en charger. »

La jeune esclave eut également un sursaut de surprise, mais obtempéra en me lançant un regard inquiet. Je me retrouvais attachée, nue en compagnie de ce pourceau. Je me retournais légèrement vers lui et l'expression même de son visage me dégoûta. En réponse, je lui fis un sourire pincé et murmurai quelques mots inaudibles.

« Que dis-tu ? »

Je lui répondis par un nouveau sourire, en lui faisant signe d'approcher d'un mouvement de tête. Malek eut un air satisfait et s'avança vers moi. Ses doigts courraient sur ma peau et je feins d'apprécier. Quand il fut suffisamment proche, je lui murmurais calmement :

« Il te reste une chose encore à me prendre…

Il répondit par un petit rire gras et satisfait, alors que je lui chuchotais à l'oreille.

… Car pour tous prendre à quelqu'un, ... »

Je ne finis pas ma phrase. J'ouvris grand la bouche dévoilant mes dents limés et vint refermer ma mâchoire sur sa trachée. Mes jambes s'enroulaient autour de son bassin alors que je ne lâchais pas prise. Plaqué contre moi, il tentait désespérément de sortir mon couteau pris en étau entre lui et moi. Je sentais son sang chaud et écœurant emplir ma gorge et je fus forcé de déglutir afin de l'avaler pour ne pas lâcher prise. Je dus résister à la douleur alors qui se mit à me frapper à plusieurs reprises dans les cotes. Finalement, quand il tenta de me repousser, je desserrais mes cuisses et tiras ma tête en arrière. Pris par son propre élan, sa gorge se déchira sous mes dents. Malek se retrouva au sol, gargouillant d'une manière ignoble alors qu'il tentait de crier à l'aide. Pour ma part, je me contentais de cracher vers lui le sang et la viande que j'avais en bouche. Désespérément, il tenta de mettre ses mains à sa gorge, son regard terrifié tourné vers moi. Il se noyait dans son propre sang, mais s'était l'hémorragie qui faisait le plus gros du travail. Je finis par lui sourire de toutes mes dents. Un sourire carnassier, accentué par mes dents en pointes et mon visage couvert de sang.

« Pour tous prendre à quelqu'un, il faut lui prendre la vie. »

Au même moment, j'entendis un cri à l'extérieur. Il fut suivi de plusieurs autres, sans que je sache ce qui se passait. Je tentais de récupérer, tant bien que mal, le couteau dans la ceinture de Malek avec mes pieds, sans succès. Dehors, des cris d'alarme résonnaient, puis Ayah entra dans la tente.

La jeune femme resta un instant clouée sur place face au spectacle. Malek baignait dans son sang la gorge ouverte. J'étais toujours attachée, mais le sang dégoulinant sur mon menton ne laissait aucun doute sur ce qui venait de se passer. Je pris les devant afin de la faire réagir.

« Détache moi ! Détache-moi, vite ! »

Elle détourna ses yeux du corps pour obéir à mes instructions.

« Ayah ! Qu'est-ce qui se passe dehors ? »

Tentant de faire abstraction de la scène, la jeune femme mis un moment avant de répondre.

« Le campement… Il est attaqué... Je ne sais pas par qui… Des Kel Attamara, je crois… »

Une fois détachée, je commençais à m'habiller tous en tentant de comprendre.

« Des Kel Attamara ?

- C'est un des plus grands clans du désert mené par le roi Salaheddine.

Je fus prise d'un vertige et finis par me retenir de justesse sur l'épaule d'Ayah.

« Il faut partir ! Enchaînée avec un clan ou un autre…

- Tu n'es pas en état et…

- Pas questions, que je sois enchaînée à nouveau. »

Je me mettais à fouiller Malek afin de récupérer mes biens. Le manche de lance, mon couteau, mon collier et cette petite pierre gravée d'un symbole, il avait pris le temps de me faire les poches avant même de me conduire ici. Je remis également la main sur mes brassards et mes jambières jetées dans un coin de la tente. Des objets, apparemment, moins estimés par ces esclavagistes. N'écoutant pas Ayah qui tentait de me résonner, je finis de me préparer, avant de m'apprêter à sortir. Ayah se mit alors devant moi, me barrant la route.

« Non ! Ils ne sont pas esclavagistes ! Ils ...

- Je ne prendrais pas le risque. Ecarte-toi !

- Non ! J'ai raison, ils vont nous affranchir. Je ...


Son visage se figea alors que ses yeux regardèrent avec frayeur et étonnement la lame de mon couteau planté dans sa poitrine.

- Je ne prendrais pas le risque. »

Je sortis sans me retourner, laissant les deux corps derrière moi.
Modifié en dernier par Lahora Al'Disia le mer. 22 avr. 2020 21:48, modifié 1 fois.

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Re: Le Désert Bleu

Message par Lahora Al'Disia » mer. 22 avr. 2020 21:23

J'avais profité de la nuit et surtout du conflit pour m'enfuir. Un dromadaire harnaché et chargé de vivre, avait été mon salut. Le cadavre bardé de plusieurs flèches à ses côtés, semblait indiquer que je n'étais pas la seule à tenter de déserter le campement. Le cavalier n'était cependant pas la seule victime. L'animal boitait et avait une profonde blessure, il restait suffisamment solide pour me porter loin de mes « propriétaires » cette nuit-là.

Les assaillants restaient un mystère… Un autre groupe d'esclavagiste, ou le groupe mentionné par Ayah. Je ne souhaitais pas le savoir. Ce que j'avais compris en entendant parler Calim et Malek, c'était que mon peuple était une énigme. Pour ma part, quand Ayah avait parlé du clan Kel Attamara , j'avais demandé plus d'informations, mais je n'ignorais pas ce nom. Ce clan était celui qui devenait de plus en plus pressant aux entrées des terres du grand sarrum. Je ne pouvais pas prendre le risque d'être capturée pour devenir une source d'informations. Je n'avais aucun doute, il m'aurait emprisonnée et torturée. Certes, je m'imaginais peut-être le pire des scénarios, mais comme je l'avais dit à Ayah : « Je ne prendrais pas le risque ».

Mon nouveau départ dans le désert était très différent de ma première expérience. Après une courte nuit de fuite dans l'obscurité, je voyageais sur le dos de ma monture pendant une journée. J'avais pris la direction du nord sans vraiment savoir si l'option allait être payante, mais l'est ne m'avait pas réussi. Ma tenue semblait plus adaptée et j'étais mieux protégée de la menace du soleil, même si la chaleur restait une contrainte. La seconde journée, je la passais à marcher à côté du dromadaire. Sa blessure était devenue trop grave et il ne pouvait plus me porter. Il ne passa d'ailleurs pas la nuit et je dus récupérer ce que je pus avant de reprendre la route.

Au milieu de la quatrième journée, alors que j'arrivais à la fin de mes provisions. Je m'imaginais revivre mon calvaire passé quand je vis une chose…

À la vue du paysage qui me faisait face, je tombai à genoux de surprise et de stupéfaction. À mes pieds, s'étendait une pente de sable bleu, comme j'en avais vu des kilomètres. Pourtant, en contrebas, la couleur azur s'arrêtait pour devenir blanche. Du sable blanc ! Moi-même, je ne pensais même pas qu'une telle chose était possible. Je restais un long moment à observer ce paysage nouveau et étrange, avant d’apercevoir une structure au loin. Je me mis en route vers ce bâtiment, ignorant alors qu'on le nommait : « L'Auberge "Entre Deux Mondes" »

[A suivre]

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Re: Le Désert Bleu

Message par Gamemaster2 » lun. 8 juin 2020 23:21

Intervention pour Lahora Al'Disia

><

Prête à remplir sa mission, la petite compagnie quitte l'auberge alors que le soleil n'est pas encore à son paroxysme. Selon les estimations de Vyrier, ce dernier estime que le groupe arrivera rapidement au site de fouilles pour ne pas avoir à subir une éprouvante traversée du désert sous un soleil ardent. L'idée semble ambitieuse, car elle demande un rythme soutenu de la part des mercenaires et surtout de ne faire aucune rencontre fortuite sur la route, rencontre qui retarderait grandement les estimations de Vyrier et qui demanderait d'affronter une chaleur mortelle.

La première heure se déroule plus rapidement que prévu. Lahora découvre peu à peu les personnages qui composent l'équipe. En tête de file, Sabro est un homme plutôt âgé qui demeure peu bavard, ne répondant que lorsqu'on lui adresse la parole. Il semble froid, mais pas méprisant et désagréable pour autant. Deux autres, Klarh et Gabroy, semblent se connaître de longue date ou au moins d'avant l'expédition. Les deux larrons s'échangent quelques broutilles et rigolent par moment, soutirant quelques sourires à Vyrier qui se contente d'avancer en suivant Sabro. Enfin, Verlor est un Thorkin qui ferme la file, s'enfilant des rasades de bière soigneusement conservée dans une outre en cuir et rapellant à l'ordre Klarh et Gabroy lorsqu'ils se dispersent trop.

La suite est plus agitée, moins propice à la rigolade. Sabro semble avoir perdu le chemin à suivre et il aura fallu de précieuses minutes à la compagnie pour retrouver son chemin, mais ce n'est pas tout. Impossible de savoir si tout le monde ressent la même chose, mais Lahora est mal à l'aise, comme si quelque chose les observait depuis maintenant plusieurs minutes. Serait-ce ce détour qui a capté l'attention de dangereux prédateurs ? Ou bien la difficulté à rester hydratée sous un soleil qui tape de plus en plus fort ? La groupe ne tarde pas à le découvrir, car de derrière une dune se dévoilent d'étranges silhouettes serpentines qui approchent avec de mauvaises attentions. La menace se déclare de la bouche de Sabro qui sonne l'alerte et incite à prendre les armes.

"Des vers aqueux ! Défendez-vous !"

Au nombre de cinq, les vers foncent vers les adversaires en première ligne, à savoir Sabro et les deux amis mercenaires. Le surnombre des créatures oblige Verlor à charger marteau à la main pour équilibrer le combat, mais l'une des horreurs aqueuses découvrent une potentielle proie facile en la personne de Vyrier. Seule Lahora peut faire obstacle et combattre la créature pour protéger son commanditaire qui recule déjà en découvrant les crocs de la créature.


-----------------------
(((À ta guise, on peut faire ce combat ensemble en tour par tour ou tu peux le remplir seule en libre !)))
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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Heolaf
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Re: Le Désert Bleu

Message par Heolaf » mer. 5 janv. 2022 17:21

[Suite directe de la fin de la bio’]
Partie I : Désertion

Un seul mot en tête : fuir.

Revivre ces années sous le joug d’un nouveau diable ? Jamais Heol ne le supporterait. Les pas de course s’enchaînaient, les uns après les autres, les uns plus vite que les autres. C’était trop, il fallait partir. Mais fuir, vraiment ? Pendant l’espace d’une seule seconde, il se permit un regard derrière lui. Il était esclave, mais cela ne changeait rien au fait qu’il fuyait un combat. En contre-bas, à quelques centaines de mètres se dressait le campement en pleine agitation de son maître. De là où il se trouvait, il entendait encore les ordres, des hurlements qui résonnaient entre les dunes du Désert bleu. Bientôt, ils recevraient la monnaie de leur pièce ; ce qu’ils avaient fait à sa famille, ils le subiraient.

De l’autre côté du camp, symétriquement placés par rapport à Heol, des centaines de points colorés déferlaient, le sabre levé vers le ciel, en provoquant leur cible avec des hurlements brutaux et harmonieux. La scène donnait lieu à un spectacle aussi envoûtant que morbide : des marchands sur lesquels fondent des pirates sans pitié, des marins qui se font submerger par de hautes vagues, un camiü qui fait paisiblement sa toilette sans savoir que juste en dessous de lui, un ver des sables s’approche de la surface, gueule béante. Cette fureur, projetée en avant, qui agite derrière elle ce nuage de sable – dû à ses pas – et qui se prépare à s’abattre sur sa proie, c’était… une somptueuse atrocité. Les pupilles de ses yeux se dilatèrent légèrement : plaisir ou crainte ? On ne le saura pas. Heol lui-même ne savait pas.

Le fuyard détourna son regard, une fois cette décisive seconde achevée.

Ses yeux se portèrent alors sur ce désert qui semblait s’étendre sur des lieues entières sans jamais s’arrêter. C’était à la fois splendide et terrifiant, libérateur et critique. Mais ça ne l’arrêtera pas. Mieux vaut mourir debout que vivre esclave, n'est-ce pas ? C’est ce qu’il avait fini par se dire, c’est ainsi qu’il s’était convaincu, pendant ces longues secondes de fuite effrénée, que celle-ci était considérablement préférable. Pourtant subsistaient la crainte d’une honte qui finirait peut-être un jour par gagner son cœur ainsi que du mépris qu’aurait ressentie sa famille si elle l’avait vu faire, si elle avait encore été là pour le voir, si elle le voyait.

Ça y est, un pas de plus et il franchit le sommet de cette dune ; sans qu’il n’y ait de raison logique, comme s’il plongeait dans un océan de liberté, il prit appui sur la pointe de ses pieds, plia les genoux et se jeta de l’autre côté de cette muraille sablonneuse. Le temps de reprendre son souffle, Heol s'assit et repensa à ce qu’il venait de faire. S’il avait décidé de ne pas regretter cette action de fuir, le procédé laissait clairement à désirer : gravir une dune entière plutôt que de la contourner, surtout face aux assaillants, aurait pu être le meilleur moyen pour qu’ils le remarquent, le pourchassent et... fassent Moura-sait-quoi.

Peu importe, il était arrivé en sécurité.

Bon… Et maintenant ? Derrière lui, le chaos, devant lui, l’inconnu. Il regarda le ciel. Dans un environnement où on voit le même paysage peu importe la direction dans laquelle on est tourné, les peuples du désert apprennent très vite à se repérer grâce à la lumière des astres. Le Sud était derrière lui, au Nord les montagnes, à l’Ouest l’océan, à l’Est du désert (enfin, plus que dans les autres directions). Restait sa destination première, le seul endroit où, d’après les dires, il serait encore accepté. Dans ses souvenirs – enfin, d’après ce qu’on lui racontait – le Temple de Moura était à la limite entre l’eau, le sable et les terres fertiles.

Heol se redressa sur ses deux jambes encore légèrement tremblantes, tâta pour se rassurer sa gourde et sa dague, d’une main et de l’autre, remonta le tissu de son chèche jusqu’à la limite inférieure de ses yeux puis se mit en marche, vers l’Ouest, avec pour ambition de longer l’eau jusqu’au Temple, au Nord.

Du moins, c’est ce qu’il avait prévu de faire.

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Heolaf
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Re: Le Désert Bleu

Message par Heolaf » sam. 8 janv. 2022 20:48

Précédemment...

Droite, gauche, droite, gauche… Le mouvement se répétait automatiquement, pourtant il n’y avait que sur ça que Heol était encore capable de se concentrer. Et s’il arrêtait cela, ce dernier effort… On ne donnerait pas cher de sa peau et il finirait à la merci des bêtes du désert. Il avait vu le jour se lever et se coucher plusieurs fois, même s’il ne saurait dire avec exactitude à combien de reprises cela s’était produit. L’Ouest, toujours l’Ouest, et depuis la deuxième heure de la journée, il n’avait plus d’eau dans sa gourde, malgré ses efforts d’économies ; de plus, son ventre commençait à vivement exprimer son mécontentement.

Gauche, droite, gau–– Non, l’homme du désert tomba à genou, c’était le pas de trop. De désespoir, il regarda autour de lui en espérant trouver une source de réconfort, n’importe laquelle… Rien. Il ne vit que des dunes, des roches et le ciel – même pas d’ombre, aucune trace d’installation de puit, sa gourde toujours aussi vide et son estomac toujours aussi grondant. Il dut se dire, à ce moment-là, qu’il n’en avait plus pour longtemps. Ce désert qui l’avait vu naître, il le verrait également mourir – enfin, ça il l’avait toujours su, mais il pensait quand même que quelques années ou décades passeraient encore avant ce moment fatidique. Rien ne semblait plus pouvoir le retenir. Peut-être fera-t-il au moins plaisir à quelques charognards. Ce serait déjà ça de pris.

Ainsi, peu à peu, Heol sentit son corps tomber sur le côté droit. Déjà sur ses genoux, son bras fut le premier à ressentir le choc avant que sa tête ne vienne heurter le sol à son tour. Tout devint flou, la chaleur se ressentait de moins en moins dans son corps et les secondes avaient perdu leur tempo originel. Ses yeux se fermèrent peu à peu alors qu’il lui semblait vivre ses dernières secondes. Et ce fut le noir, un noir lourd, pesant, puis doux. Cela dura un moment – c’est vague, « un moment », non ? Mais Heol n’aurait su dire si ç’avait duré une seconde, une minute ou deux heures –, toujours est-il qu’alors qu’il était inconscient, il lui sembla percevoir une voix, lointaine, puis qui se rapprochait, peu à peu. Il ne comprit pas de suite ce qu’elle disait, ni même si elle était réelle. Heol tâcha de se concentrer et mit quelques secondes avant de parvenir à ouvrir les paupières.

Il ne se souvint pas tout de suite d’où il était : le paysage n’était pas reconnaissable, les formes n’étaient pas envisageables, tout semblait… démesurément courbé, allongé, rétréci… Rien n’avait l’air ni logique ni à sa place. Quant aux couleurs qui l’entouraient… Heol ne trouvait pas de mot pour les exprimer ; elles étaient là mais il ne les comprenait pas. La voix se fit entendre à nouveau. Elle n’était plus lointaine, elle était dans sa tête, elle semblait résonner entre les parois de sa cavité crânienne.


Tu ne dois pas t’endormir, tu as encore à faire.

S’endormir… mourir, voulait-elle dire ? Oui, il se mourrait, c’est vrai. Comment avait-il pu l’oublier ? Il ne pouvait pas mourir, il devait se battre. L’homme du désert serra du poing puis, dans un grognement, planta ses phalanges proximales dans le sable, qui se creusa légèrement sous son poids. Se relever, marcher…

Suis-moi…

Elle résonna à nouveau, Heol serra des paupières de douleur et manqua un temps de perdre l’équilibre, la voix lui fit comme l’effet d’une migraine. Comment suivre une voix ? Il se le demanda, leva les yeux puis la vit. Elle était là, à une vingtaine (peut-être plus, peut-être moins ?) de mètres de lui. Autour, tout était toujours aussi poignant d’incompréhensibilité. Seule la voix, qui lui apparaissait comme un halo de lumière bleu-gris, était intelligible. Il regardé sa main, par réflexe, pour se raccrocher à quelque chose de tangible, il ne la vit pas. Il regarda ses pieds, il ne les vit pas davantage. Pourtant, il savait qu’il marchait et qu’il bougeait ses membres supérieurs, mais sans arriver à les percevoir.

Ton heure n’est pas venue. Tu viens seulement de te libérer, ne songe même pas à mourir.

Mourir ? Plutôt crever ! Heol serra des poings et courut vers la voix. Elle voulait qu’il la suive ? Il allait la rattraper. Il lui sembla foncer, un peu plus vite à chacun de ces pas qu’il ne pouvait voir et plus il se rapprochait, plus la lumière devenait grande et forte, jusqu’à recouvrir tout autour de lui et l’éblouir de son aura inconcevable.

D’un coup, il y eut un son particulièrement aiguë, de nouveaux échos de voix et une sensation de fraîcheur très forte, froide, fluide… Il sentait de l’eau sur son visage, elle ruisselait et entrait par ses orifices. Il lui sembla se noyer. Comment se noyer, en plein désert ? Si encore il voyait sa mort, mais même pas… elle était brillante, terriblement lumineuse. Son corps semblait se remplir d’eau et il ne pouvait rien faire contre. Il était incapable, littéralement, une fois encore.

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Re: Le Désert Bleu

Message par Heolaf » ven. 28 janv. 2022 10:31

Précédemment...

Alors qu’il semblait à Heol qu’il se noyait, revenant peu à peu à la réalité, une voix puissante et dure l’aida un peu davantage à émerger de cet état de semi-conscience qui le tenait.

Allez, réveille-toi, pas un bon endroit pour se reposer, mon ami.

Heol tâcha de se cramponner à cette portion de réalité. En guise de préambule, il voulut ouvrir les yeux, qui se mirent à le piquer ; quelque chose coulait contre. De l’eau ? S’était-il donc vraiment noyé comme cela lui avait semblé ? Il n’avait pourtant pas atteint l’océan et ses derniers souvenirs ne laissaient pas présager d’oasis ou de lacs.

Encore un petit effort et l’homme du désert réussit à entrouvrir les paupières, ce qui laissa encore plus d’eau ruisseler contre ses yeux. Il porta les paumes de ses mains pour les en débarrasser ; en même temps, par automatisme, Heol se mit à tousser pour faire sortir ce qui en réalité n’avait jamais atteint ses poumons.

Ah ! Tu vois qu’il n’était pas mort !

Une autre voix, un peu plus grinçante, se fit entendre derrière la première, alors que la vision de Heol était encore troublée par les perles d’eau sur ses yeux.

Oui bah il avait pas l’air… Attends, regardez, c’est… (La voix s’arrêta nette, puis il y eu des échanges de paroles sur un ton plus bas, sans pour autant que les personnes présentes autour de lui et qu’il commençait à discerner, ne s’écartassent. Heol n’arriva à rien comprendre distinctement bien qu’il lui semblât par la suite avoir entendu les mots « mains » et « marques ».) Peu importe, donne-lui un peu d’eau.

Oh non, pas encore de l’eau. Heol poussa un gémissement de mécontentement tout en voulant accélérer son émergement, craignant d’être à nouveau inondé sans pouvoir rien y faire. La seule différence était que cette fois-ci, il avait compris qu’on n’avait pas cherché à le tuer et qu’il ne s’était noyé directement dans la mer. Des bribes de souvenirs lui revenaient en mémoire alors que sa vue devenait de plus en plus claire. Il était dans le désert, il avait marché pendant des jours et, sans plus d’eau à la fin, était tombé à bout de souffle… Puis il avait rêvé ? Ou alors quelque chose – quelqu’un – lui était apparu ? Il ne saurait trop dire.

À force de frotter et de se forcer à émerger, de peur d’être à nouveau immergé, Heol parvint à percevoir qu’étaient penchées au-dessus de lui trois silhouettes, habillées comme lui en un ample takakat – au moins n’avait-il pas été « secouru » par quelque étranger perdu ou malveillant. Toutes avaient le visage à découvert. Au centre se trouvait l’homme à la voix grinçante, sans doute le chef et étonnamment celui qui avait l’air le plus sympathique des trois. À la gauche de celui-ci, Heol reconnut la voix qui s’était penchée au-dessus de lui et l’avait sans doute recouvert d’eau plusieurs fois. Enfin, tout à droite se tenait un homme à la barbe longue, épaisse et grisâtre ; il n’avait encore prononcé un mot et se contentait d’observer l’homme à terre, d’un visage tout-à-fait vidé d’expressions.
L’homme au centre lui tendit la main.

Il reprend des couleurs, on a bien fait de s’arrêter, finalement. Je suis Aleph, voici (il montra l’homme à sa gauche) Eria et là (à présent, l’homme à sa droite, qui restait toujours de marbre), Romih.

Heol prit la main tendue et voulut tirer pour se relever, sans succès. Eria tourna la tête et cria, au reste du groupe, une petite dizaine d’individus, restés plusieurs mètres en arrière sur leurs bêtes, pour qu’on lui rapporte de quoi le nourrir ; une galette de céréales et une gourde d’eau lui firent remis par un enfant aux yeux verts. Ce n’était à la fois pas grand-chose et énormément pour l’affamé. La maigre consolation ne fit pas long feu dans les mains de Heol sous le regard très curieux du jeune garçon, qui restait là, planté comme un piquet, devant l’inconnu à la mine sale. Il avait les yeux fixés sur le dos de ses mains, où les poings enchaînés témoignaient de son passé d’esclave. L’affranchi s’en rendit vite compte et leva les yeux vers les hommes face à lui, qui firent de même. Aleph prit la parole.

Ne t’en fais pas. Tu n’as rien à craindre avec nous. Nous sommes de simples marchands, et pas du genre de ceux que tu as pu croiser.

Intérieurement, Heol soupira de soulagement. Extérieurement, il hocha du chef, d’un air entendu.

Et maintenant… si tu nous disais ce que tu fais ici, au juste ?, demanda Eria, en reprenant la gourde d’une main et écartant l’enfant, toujours immobile, de son interlocuteur.

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