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par Selen » lun. 31 janv. 2022 20:11
Enfin, j’arrivai en bordure du Lac. Il portait bien son nom : nulle part aux environs on ne pouvait discerner quoique ce soit. De mes yeux plissés, je tentai d’apercevoir la silhouette de l’île divine, en vain. Pas plus que l’ombre du passeur légendaire. Laissant à ma monture l’occasion de se reposer, attachée à un arbre du coin, je m’assis sur une roche, pensif, et observai les flots embrumés.
Au bout d’une bonne heure de vaine observation, sans voir ni entendre le moindre changement sur la surface vague du lac, je décidai de me redresser, un peu confus. L’observation ne donnerait rien de plus, ni l’écoute, même avec mon ouïe performante. Je me relevai et allai détacher Aster de son arbre. Il ne restait plus qu’une solution avant de partir dans les extrêmes évoqués par l’elfe de la taverne : faire le tour du lac pour obtenir un indice sur l’existence de ce passeur. C’était ça ou commencer à ramasser du bois pour me construire un radeau de fortune, au risque de me perdre dans la brume du lac. Un aspect peu recommandé, donc.
N’ayant aucune envie de traverser la Yarthe, déjà large à sas sortie du plan d’eau, je commençai, bride à la main et pieds au sol, à contourner le lac par le nord. Je restai attentif au moindre détail : ponton d’amarrage, traces de barques ou de bac sur le sol, corde abandonnée. Même une tentative un peu ratée d’embarcation passée. Mais il n’y avait pas grand-chose, voire rien du tout, à me mettre sous la dent. Je poursuivis mon chemin de longues minutes, sans que je puisse avoir la moindre notion du temps qui passait, dans ce brouillard épais aveuglant le soleil. Puis, soudain, me vint à l’oreille un clapotis différent. Comme de l’eau claquant sur une structure, que je ne tardai pas à apercevoir. Une cabane, sobre, bordait l’endroit. Une sorte de quai en bois s’étendait prudemment. Sans attendre davantage, je m’y précipitai et entrai pour explorer les lieux. C’était désert, mais les quelques rares aménagements indiquaient qu’il y avait bien quelqu’un qui vivait là. Sans le moindre confort, d’ailleurs.
Confiant en cette idée, je décidai d’en attendre le propriétaire. C’eut pu être le fameux passeur, ou un résident isolé, une sorte d’ermite vivant de la pêche. L’un comme l’autre, les informations que je pouvais en tirer pour traverser jusqu’à l’Île de Brytha me conviendraient sans peine. J’avais de quoi convaincre. Par la verve ou par la force.
Je me postai, assis, jambes croisée, sur le ponton de bois, et attendis une fois de plus le moindre mouvement sur les flots, le moindre indice sonore m’indiquant la présence d’un être non loin.