La Yarthe

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Yuimen
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La Yarthe

Message par Yuimen » lun. 30 mars 2020 15:24

La Yarthe

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Frontière naturelle avec le Territoire de la Sororité de Selhinae, la Yarthe est un fleuve qui traverse le Royaume de Yarthiss. Trouvant sa source dans les Monts de Wadashaï, il descend ensuite la montagne afin de rejoindre le Lac Brumeux et la ville de Syllive, bastion de la mystérieuse armée grise de la déesse Brytha.

Une fois le lac passé, vous apercevrez rapidement les cîmes des arbres de la Forêt du renouveau. Vous traverserez ce lieu pendant plusieurs heures, ne voyant pas âme qui vive, n'entendant que le champ des oiseaux, traversant parfois une brume presque mystique. Ce lieu est fantasmé, empli de légendes, peu ose s'y aventurer à part sur les rives du fleuve.

Après un long trajet dans le silence, vous trouverez ça et là de petits villages ou bien des fermes qui irriguent leurs champs à l'aide de l'eau du fleuve. Peu de temps avant de rejoindre Yarthiss, vous découvrirez le temple de Moura, petit havre de paix niché sur une hauteur. La quiétude laissera peu à peu place aux bruits de la ville et aux passages de bois qui enjambent le fleuve.

Traverser la capitale du royaume ne sera pas chose aisée sur le fleuve, il faudra jouer des coudes avec les embarcations présentes un peu partout sur les côtés. Une fois les quartiers populaires dépassés, le reste de la route se fera sans encombre. Après une centaine de kilomètres, vous arriverez enfin en vue de l'océan et de l'immense port de commerce, installé sur les berges du fleuve, qui a su faire la richesse de Yarthiss.

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Aenaria
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Re: La Yarthe

Message par Aenaria » mar. 31 mars 2020 23:36

Nous commençâmes à ramer en cadence, un coup à droite, un coup à gauche, un coup à droite, un coup à gauche. Au début, tout allait bien nous avancions à contre-courant avec un rythme correct, la vitesse de ramage étant relativement rapide. N'ayant plus l'habitude de soumettre mon corps à de tels efforts contrairement à Ehemdim qui m'avait supporté pendant des jours à travers l'Imiftil depuis le désert de l'Est, je sentis que celui-ci était encore tout courbaturé des spasmes que j'avais éprouvé ces derniers jours.

J'étais un soldat de formation, je n'allais pas renoncer aussi facilement que cela, nous avions appris à endure bien pire que cela, j'avais enduré bien pire que cela notamment à Omyre dans les mains de Liam. Inspirant et expirant un peu plus fort, je sentis un second souffle me galvanisant. Nous avions fait et appris énormément de choses durant notre formation militaire, notamment à manier une barque sur un fleuve mais pas à contre-courant et une chose était sûre : il était fort complexe de garder une embarcation bien droite.

La conséquence la plus immédiate de ce manque de précision fut les nombreux décalages dont fut victime notre embarcation. En allant au centre du fleuve, le courant était bien plus rapide, il se faisait clairement plus ressentir. Clara avait eu raison de nous indiquer les rives du fleuve pour pagayer plus tranquillement. Si on pouvait appeler cela tranquille. Tenant un rythme rapide, mes muscles se mirent rapidement à me brûler les bras. J'avais néanmoins l'impression que notre dépense d'énergie était bien trop grande et que nous allions vite être à cours de force. Je savais que ce n'était pas le but recherché par Ehemdim. Aussi, je pris les devants.

- "Ehemdim, nous ne devrions pas pagayer aussi vite, c'est contre productif. Ce n'est pas la vitesse qui fait la qualité de notre avancé mais plutôt la manière dont nous ramons. Appuyons plus nos coups de rames, cela nous permettra d'être plus stable et de mieux nous diriger et donc de perdre mon d'énergie.

- Nous devrions pagayer en quinconce et non tous les deux du même côté. Tu pagaies à droite quand je donne un coup de rame à gauche et on échange à chaque coup de rame.

- D'accord, faisons ça."

Lui parler m'avait presque mise à bout de souffle. Mobiliser mes poumons pour pagayer et parler en même temps, c'était un peu trop pour moi d'un coup. Il me fallut quelques précieuses secondes afin de reprendre le cours de notre activité physique de la journée. Mieux valait pour moi me dépêcher car une barque à fond plat, transportant du bois arrivait droit sur nous à une bonne vitesse. Si nous ne bougions pas rapidement notre embarcation, le choc serait violent et certainement pas en notre faveur.

L'arrivée d'un bâtiment aussi massif sur le fleuve nous créa une voie d'eau un peu plus calme, suffisamment calme pour nous permettre de donner quelques coups plus prononcés de pagaies dans l'eau afin de nous dégager de sa route. J'avais du mal à tenir le rythme, Ehemdim le sentit car notre barque repartait en arrière, comme si elle était aspirée par le transporteur et la Yarthe. Être à l'arrière était un avantage et un inconvénient, c'était Ehemdim qui nous tirait mais c'était moi qui nous dirigeait et là, j'avais beaucoup de mal à le faire, je baissais la tête de dépit ne faisant plus attention à ce qu'il se passait autour de moi.

- "Allez Naria !"

Ce cri du coeur qui venait d'Ehemdim me fit réaliser que je ne faisais plus grand chose de mes dix doigts et qu'en cela je nous mettais tous les deux en danger. Relevant la tête, je vis le transporteur à quelques mètres de nous. De désespoir, je plongeai ma rame plus profondément et appuyai plus fort que d'habitude afin de nous faire tourner en direction de la rive. Une fois, deux fois, trois fois, la quatrième fut la bonne, je sentis la vitesse du transporteur dans mon dos ainsi que quelques éclaboussures lorsqu'il passa tout près de moi. Nous l'avions échappé belle et cela me donna une petite décharge d'énergie supplémentaire.

Maintenant que nous avions atteint notre objectif, à savoir retrouver la rive afin de ne pas subir trop violemment le courant, nous pouvions ralentir le rythme quelque peu. Nous avions forcé plus que de raison afin de retrouver des eaux moins tumultueuses, plus facilement navigable à contre-courant.

(Si on peut parler de facile...)
(Courage Naria.)

Heureusement, la petite voix chantante de ma faera était là pour m'encourager et me faire tenir bon. Lorsque nous fûmes à bonne distance du centre du fleuve, nous pûmes ralentir quelque peu notre vitesse afin de prendre une allure moins sportive. Je sentis alors la fièvre monter en moi, une fièvre qui ne ressemblait pas à celle que j'avais enduré ces derniers jours. Celle-ci était différente mais les symptômes étaient bien les mêmes : sensation de chaleur dans le corps, sudation du haut du corps, faiblesse musculaire principalement dans les bras, impression de perdre pied...

(Tu n'as pas de la fièvre Naria, c'est bien différent.)

Je ne comprenais pas ce que voulait dire ma faera. Je sentais mes forces m'abandonner, j'avais terriblement chaud, j'avais envie d'arrêter de pagayer afin de me reposer, de reprendre mon souffle. Tout dans la tête et rien dans les muscles, voilà ce que disait mon instructeur à l'armée. Il m'avait fait endurer des efforts longs et continus pendant des heures, ce n'était tout de même pas des pagaies qui allaient me faire rendre l'âme ! Je valais bien mieux que cela. Je pris une profonde inspiration et poussai un peu plus sur mes bras pour continuer de faire avancer notre embarcation et tenter de la garder dans le droit chemin, ou plutôt dans notre ligne d'eau.

Mon regard se porta au loin, je pouvais voir que le paysage commençait doucement à changer, plutôt en ma faveur. Des tons de vert foncés faisaient doucement leur apparition. Un dernier effort, un dernier souffle, un dernier coup de rame afin d'atteindre ce petit embarcadère. La forêt était toute proche, on pouvait discerner du fleuve une route de terre qui devait conduire vers un chantier d'exploitation de la guilde des bucherons dont avait parlé Clara.

(Allez Naria, encore un petit effort... On y est presque !)

Ce fut avec l'énergie du désespoir que je lançai mes dernières forces dans la bataille afin d'atteindre ce ponton de bois salvateur. D'un coup de rame plus fort que les autres, Ehemdim commença à faire tourner notre barque de manière à la faire arriver de manière parallèle au ponton afin de l'y amarrer plus facilement. Nous dûmes pagayer de travers pendant quelques secondes afin de toucher le bois et je ne pus m'empêcher de pouffer un ouf ! de soulagement. Ehemdim dans un mouvement souple, bondit en dehors de la barque, je pris la corde qui était accrochée au milieu de notre embarcation et la lui lançai afin qu'il amarre le tout à l'un des anneaux présents.

Une fois notre embarcation amarrée au quai, je pus en fin en sortir, les bras pratiquement tétanisés par l'effort. Nous récupérâmes nos effets personnels et nous entreprîmes d'aller nous jeter sur la rive toute proche afin de reprendre notre souffle. Nos corps luisaient de sueur après l'effort concédé, nous étions en train d'apprécier le moment, celui d'avoir réussi quelque chose de fort physiquement. J'avais encore du mal à respirer normalement. Il me fallut plusieurs minutes afin de calmer les battements de mon coeur. Lorsque l'orage dans ma poitrine disparut, je pus enfin articuler une phrase en bonne et due forme.

- "Je croyais que tu voulais qu'on y aille doucement !

- Je voulais voir à quel point tu avais perdu physiquement mais il semblerait que ton corps soit encore en bonne forme même si j'espérais qu'on arriverait plus vite et moins fatigués que cela. Mes bras me font un mal de chien !

- Et moi donc !

- "Ça sera fini le jour de tes noces" que disait ma mère !

- Espérons que demain ça aille mieux."

Ehemdim se leva et se posta derrière moi, m'entourant de ses jambes et entama un massage le long de mes trapèzes douloureux avant de descendre quelques instants plus tard vers mon bras puis fit de même vers mon bras gauche. Cela permis d'évacuer une partie des tensions dans mes muscles, ce massage était fort opportun.

- "À pied, cela nous aurait pris à peine 10 minutes de faire la route jusqu'à cet embarcadère."

Je me retournai vers lui vivement, le regard noir.

- "Tu te payes ma tête !"

(Tout doux Aenaria, respire.)
(Je suis très calme.)

- "Non."

Je me relevai avec la vitesse de l'éclair lui faisant face alors que monsieur était simplement assis sur les cailloux.

- "Tu as sciemment poussé mon corps à bout physiquement ?

- Lorsque tu tombes de cheval, tu restes au sol ou tu te relèves ?

- Belle utilisation d'une figure de style, je vois très bien où tu veux en venir. Je suis passée par des douleurs affreuses, je n'étais pas capable de tenir sur mes jambes, tu as du me porter et maintenant que je me sens mieux, tu veux déjà me pousser à bout ? Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

- Calme-toi Naria."

Il sentit que le vent était en train de tourner car la colère était en train de monter en moi, tout comme le rouge à mes joues.

- "Je ne voulais pas te faire souffrir, juste voir si un exercice aussi physique que celui-là allait te faire sortir de tes gonds.

- Sortir de mes gonds ? Tu parles de ma magie ?"

Il acquiesça simplement de la tête en guise de réponse. Il y avait un message subliminal dans ses propos mais lequel : me faire sortir de mes gonds avec ma magie... Il avait voulu vérifier si je me contrôlais, si je contrôlais mes pouvoirs magiques. En nous éloignant de la ville et en me cachant ses véritables intentions, il avait cherché à me faire passer un test d'endurance. Basique mais déloyal. Je saurais m'en souvenir en temps et en heure de cette petite traitrise.

(Ses intentions sont louables Naria, tu devrais le reconnaître.)
(Est-ce qu'il t'aurait consulté avant de faire ça ?)

J'étais légèrement soupçonneuse envers ma faera. Je la savais très protectrice envers moi et ce genre de comportement ne serait pas inapproprié. Ils avaient déjà eu l'occasion de se parler, tout comme j'avais eu l'occasion de parler avec la faera d'Ehemdim, Licinia, afin de régler un épineux problème.

(Il aurait pu mais il n'en a rien fait. Même sa faera ne connaissait pas ses intentions.)
(Tu viens de lui demander je suppose ?)
(À l'instant.)

Donc elle n'y était pour rien. D'accord, autant la croire alors. De toute façon, elle ne pouvait pas me mentir. Me cacher des choses ça oui, elle l'avait déjà fait par le passé mais me mentir, je savais que cela lui était impossible.

Je fronçais vivement les sourcils à m'en faire apparaître la ride du lion que les humains portaient fièrement pour certains d'entre eux avant de lancer un regard noir à mon fiancé.

- "Tu vas le payer très cher !

- Je suis prêt à assumer les conséquences de mes actes.

- Arrête un peu tes bêtises. Il semblerait que j'ai passé ton test sans trop de problème. Je me sens vidée physiquement et magiquement je dois dire mais ça va.

- Comment ça magiquement ?

- Je ne saurais trop me l'expliquer mais j'ai l'impression d'avoir moins de magie en moins, cela va te paraître bien étrange mais c'est la sensation que j'ai. Je pense que je n'ai pas encore complètement récupéré, tout simplement.

- Prête pour la retour ?"

Il afficha un petit air malicieux sur le visage que je ne connaissais que trop bien. Je me trompais peut-être mais j'avais l'impression qu'il avait un atout dans sa manche et que je n'allais pas tarder à en voir la couleur.

- "Tu m'expliques ?

- Nous allons rentrer à pied, cela te permettra de détendre tes muscles et comme j'ai pu le dire tout à l'heure, cela nous prendra à peine 10 minutes. Par contre, tu portes tes armes, histoire de faire reprendre l'habitude à ton corps.

- Je peux le faire.

- J'ai oublié de dire que nous allions le faire à un bon rythme..."

A bon rythme, un silence pesant, inutile d'en dire plus, je savais pertinemment ce que cela voulait dire : nous allions marcher au pas militaire elfique. En d'autres termes, ces fameuses 10 minutes de marche tranquille allaient se transformer en moins de 5 minutes de marche rapide. C'était bien ma veine. De toute façon, un bon soldat ne refusait jamais une tâche. Je récupérai mes effets personnels, m'en équipait tout comme Ehemdim qui repartit vers le ponton une fois terminée. Il détacha notre embarcation qui suivit tranquillement le courant. Je ne compris pas son geste avant de le voir revenir vers moi.

- "Notre objectif est d'arriver avant notre bateau très chère."

Je vis le bateau prendre de la vitesse, magnifique. Indiquant le chemin de terre de la main, j'enjoignis mon fiancé à passer devant pour m'indiquer la route à suivre. Il passa devant et avança d'un bon pas. Je n'avais plus qu'à m'aligner dans sa foulée maintenant qui était encore raisonnable en terme de vitesse et de longueur mais le connaissant, il ne tarderait pas à allonger le pas et le rythme. Je pouvais toujours voir la barque à nos côtés avançant plus vite que nous puis Ehemdim accéléra progressivement le rythme. Je tins la cadence sans problème, mes jambes me portaient sans problème mais les bras commençaient légèrement à tirer maintenant.

Progressivement, nous nous mîmes sur le même rythme que la barque qui continuait d'avancer dans l'eau. Cela était positif pour moi car je tenais toujours bon mais nous n'étions pas encore à pleine vitesse et je le savais. La marche militaire était bien plus rapide que cela mais j'avais peur qu'Ehemdim n'aille pas à fond pour ne pas me blesser. Je me sentais vraiment bien, physiquement à part les bras, je pouvais pousser la vitesse encore un peu plus loin. Il était temps de voir si mon fiancé allait accélérer encore un peu. Après tout son objectif était d'arriver avant la barque, si nous voulions nous y tenir, il fallait nous bouger les fesses.

- "Sindeldi !

- Ma parole, nous ne sommes plus à l'armée !

- Allongeons le pas encore, je m'en sens capable.

- Tu m'en vois ravi."

Aussitôt dit, aussitôt fait, il se mit pratiquement à courir devant moi. Je le rattrapai rapidement et nous commençâmes doucement à mettre de la distance avec notre bateau. Je n'avais plus qu'à tenir la cadence maintenant jusqu'à Yarthiss.

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