Les Landes Fleuries

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Yuimen
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Les Landes Fleuries

Message par Yuimen » sam. 16 nov. 2019 14:05

Les landes Fleuries


Profitant du climat généreux et d’une bonne terre fertile, les plaines occidentales du Royaume de Yarthiss sont prises entre la Garigue sèche de la Fédération de Wiehl, les Plaines Sèches de l’est de la nation, et l’humide Plaine des Amazone. Et ces trois-là ont tout à lui envier. Un cadre idyllique que n’aurait pas repoussé un sinari – ils s’y sont d’ailleurs installé en des temps anciens avant de filer vers le sud du continent en laissant les humains profiter des lieux. Des plaines vastes et fleuries, agréable décors pour tout romantique à la recherche de l’inspiration bucolique, tout amoureux désirant offrir à sa belle un pique-nique délicat et parfumé.

Un endroit comme il en existe peu sur Imiftil, où l’on peut profiter de la nature sans qu’elle tente de vous tuer, parmi une faune pacifique composée de bouloums, Asternias et autres Nigris. Attention, toutefois, à ne pas marcher ou poser les fesses sur un Mâche-Pied sauvage attendant son petit déjeuner.

On dit même qu’une tribu de centaures pacifiques chevauche vaillamment à travers les landes, ivres d’une belle sensation de liberté.



Lieux particuliers :

  • Aucun pour le moment.

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Selen
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Selen » sam. 15 janv. 2022 17:48

Je connaissais moins les plaines fleuries du Royaume de Yarthiss que la Garrigue fédérée. Elles n’étaient toutefois pas désagréables à parcourir, plus fraîche grâce à la végétation locale, diversifiée et dense, due aux fleuves qui parcouraient le pays, et les marais humides ceignant la route vers la capitale. Un paysage des plus dévasté, boueux et brumeux, qu’heureusement j’évitai soigneusement en longeant la voie principale. Là encore, l’homme avait eu la bonne idée de planter çà et là, à plusieurs dizaines de lieues d’intervalle, des couverts pour la nuit et de quoi soulager sa faim.

Le voyage ne rencontra là encore pas plus de difficultés. Je me familiarisais avec l’équitation, et ma monture s’habituait à moi, petit à petit. Un premier voyage utile pour tisser les premiers liens de confiance nécessaires à tout partenariat entre êtres vivants.

Après une douzaine de jours de voyage, nous bifurquâmes vers le sud, longeant un fleuve majeur dont j’appris le nom via un tavernier de route : la Yarthe. Nous arrivâmes bientôt en vue des hauts murs de la cité humaine, vers lesquels je me dirigeai sans tarder. J’avais beau savoir que Brytha était apparue hors de la ville, plus au sud, je me devais de m’informer davantage sur celle-ci et les moyens d’accéder à ses pairs.

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Selen
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Selen » lun. 31 janv. 2022 20:04

Le voyage dans les plaines du Royaume, longeant la forêt du Renouveau, fut plus sauvage que celui depuis Tulorim. Aucune route, ici, pour diriger ma voie, heureusement marquée par l’orée des bois constamment à ma gauche. Aster semblait apprécier pouvoir galoper dans les prés fleuris, moins rudes à ses sabots que les pavés des voies officielles. Après plusieurs jours de chevauchée, je croisai la route d’un grand fleuve, que j’identifiai directement comme étant la Yarthe. L’elfe de l’auberge m’avait donné des informations sûres, et je lui en étais reconnaissant. Je bifurquai donc vers l’ouest sans plus tarder, longeant le fleuve vers l’amont, dans un paysage qui se faisait de plus en plus brumeux.

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Triam
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Triam » ven. 11 nov. 2022 23:22

La clarté du jour me tire de mon sommeil. Un autre jour de route. Les elfes dorment encore autour de moi. Non, en vérité, il me revient que les elfes ne dorment pas. Leurs postures rigides et la sévérité de leurs traits témoigne de leur méditation profonde. Leurs têtes étaient toutes pratiquement cachées derrière de grands chapeaux, des capuchons ou des voiles sombres. J'avais entendu dire que les Shaakts toléraient mal le soleil, et que c'est pour cela que leurs cités, telles que Khonfas, sont presque entièrement souterraines. De mon côté, j'ai l'impression d'assister à une scène de deuil. Quand bien même, je me fais silencieux pour ne déranger personne. Mes yeux s'adaptent peu à peu à la lumière. Notre voyage s'est poursuivi loin des pâturages de Saman, nous roulons au beau milieu d'une vaste plaine arrosée de soleil. La verdure du Wiehl y rencontre la chaleur du royaume de Yarthiss, les fleurs côtoient l'horizon, les pissenlits montent jusqu'aux ailes des oiseaux. J'aperçois Vit, blotti à l'arrière. Bien que son visage soit lui aussi caché derrière un voile de tissu aux reflets bleutés, je reconnais sa silhouette, et il semblait être le seul elfe noir à être vraiment curieux du paysage que nous traversons. Je me déplace lentement pour le rejoindre, et ma place est prise sans attendre par un elfe jaloux de mon petit coin d'ombre.

Il regarde l'extérieur, tourné de manière à ne pas recevoir directement la lumière du soleil. Maintenant que je me rapproche de lui, je me rends compte que sa respiration est plus lourde que la journée d'avant, et que les rayons solaires le font suer à grosses gouttes.

"Sale temps, hein ?" me dit-il avec un sourire peiné.
"Moi, ça va."

Il sourit de manière cynique. Bien sûr que de mon côté, ça allait. Seulement, il semble accuser le coup moins bien que ses congénères.

"Les autres ont vécu à Tulorim pendant des années. Certains y sont nés, j'imagine. Moi, c'est différent. J'ai quitté Khonfas il y a un mois à peine."
"... C'est comment là-bas ?" je lui demande, intrigué par le nombre de Shaakts qui semblent préférer l'exil à leur pays natal.
"C'est ce qu'il y a de plus éloigné d'une demeure, tout en en étant une. La vie peut être douce dans la ville basse, mais il faut sans cesse se battre pour qu'elle le reste. Littéralement, parfois. Le statut social de chacun dépend à la fois de leurs talents propres et de leur capacité à piétiner leurs confrères pour se hisser au sommet. C'est un environnement de jalousie et de trahison perpétuelles. Une course sanglante pour faire partie de l'élite. Khonfas récompense les plus ambitieux et châtie les autres d'une manière ou d'une autre. Ceux qui parviennent à se hisser au sommet de l'aristocratie sont les membres les plus accomplis de l'espèce. Les autres..."

Il désigne les occupants du chariot d'un mouvement de tête.

"Les autres survivent tant bien que mal. Ils ne sont pas plus chez eux à Khonfas qu'à Exech ou à Tulorim. S'ils étaient pleins aux as, à la rigueur..."

Après un instant de silence, je finis par lui poser la question.

"Pourquoi es-tu parti ?"

Il se mord les lèvres. La chaleur lui monte à la tête, et le rend plus nerveux qu'à l'accoutumée.

"Qu'as-tu à offrir à Khonfas si tu es trop faible à son goût, ou trop gentil, ou que tu boîtes, ou bien tu es frêle ou maladif ? Et qu'est-ce que Khonfas peut bien t'offrir, dans ce cas ? On pourrait tout aussi bien dire qu'on n'a pas vraiment quitté notre berceau, mais que c'est lui qui nous a recrachés."

Vit, sans doute un diminutif pour un nom Shaakt tombé en disgrâce, ne laisse quasiment rien paraître de ses émotions, mais il est facile de voir à travers son jeu quand on s'attend à de la tristesse.

"Je peux te dire que ceux qui quittent le monde des Shaakts le font rarement par principe. On est juste pas assez bons, alors on cherche d'autres moyens de survivre."

Je devine le poing qu'il serre, caché derrière les plis de son pantalon.

"Quelque part, on a peut-être que ce qu'on mérite."

Du coin de l’œil, je m'aperçois que certains elfes noirs, qui avaient sans doute prêté oreille aux mots de Vit, baissent lentement la tête, vaincus. Je comprends mieux la triste réalité que ces gens-là se sentent coupables de leur situation, et doivent peut-être se dire qu'ils ont trahi Khonfas par faiblesse. Mon cœur se pince à l'idée qu'une partie d'eux croit encore à l'élitisme cruel des cités souterraines et se reproche d'avoir échoué.

Un hennissement étouffé se laisse entendre à l'extérieur, et la cadence ralentit. Notre convoi prend une pause près d'une rivière surmontée d'un pont de bois. Les voyageurs las descendent se reposer à l'ombre des oliviers et profiter d'un déjeuner en pleine nature. Vit hésite à descendre, abattu par le climat. Je tourne mon visage vers l'ouest, duquel nous vient une légère brise.

"Tu ne t'y habitueras jamais si tu restes là."

Il finit par accepter de s'installer à l'ombre d'un grand arbre non loin de la rivière. Je m'assied près de lui et lui tend un chiffon que j'ai trempé dans l'eau.

"Essaie sur tes bras."

Sceptique, il se mouille les bras. Quelques secondes passent dans le silence, puis le vent se lève. Il écarquille les yeux.

"Pas mal, hein ?"
"Je dois l'avouer. J'ai presque froid, maintenant. Héhé, je pourrais m'y habituer, en fait." fait-il en souriant.

J'observe le reste des Shaakts. Tous ne réagissent pas de la même manière à l'ambiance des Plaines Sèches. Certains sont indifférents, ayant peut-être arpenté ces routes par le passé, d'autres, les plus jeunes en particulier, semblent s'émerveiller devant les plus petites choses, les feuilles d'olivier, les pissenlits.

"Et toi, pourquoi tu fais route avec notre joyeuse troupe ?"
"Eh bien... Il y a cette espèce d'assiette que je dois livrer à un archéologue de Yarthiss. Une course pour mon euh..."

J'hésite à dire "maître" en pensant à Manznar.

"Mon patron."

Il avise un coup d’œil à mes compagnons de route.

"Tes amis aussi ?"
"Euh, non. Eux, ils sont juste... là."

Vit hausse les sourcils.

"Mais encore ? Le prends pas mal, mais t'as l'air plutôt novice, pour un garçon de courses. J'imagine que t'as d'autres raisons de partir à des lieues de ta ville natale."
"... Je suis pas né à Tulorim. Je suis de Nélys, à l'origine. J'y serais bien resté mais on m'a pas trop laissé le choix."
"C'est à dire ?"

Je ravale une boule d'amertume.

"Disons que..."
"CENTAURES !"

Un cavalier en panique hurle l'alerte, fuyant un imposant nuage de poussière soulevé par les sabots d'une horde hostile. J'avais entendu parler des centaures qui sévissaient sur les routes, mais pas ici, pas sur la route la plus sûre du continent. Quoique, à y réfléchir, un attroupement de caravanes sans véritable escorte et remplie de biens et de réfugiées était la proie idéale pour des pillards habitués des convois sous protection de riches marchands. Corsos, orque fort de corps et d'esprit, s'affaire dans toutes les directions, beuglant des ordres pour maintenir la cohésion du groupe.

"Tout le monde ! Dans les chariots ! Les autres, avec moi !"

Armé d'une lance en piètre état, il organise du mieux qu'il peut la défense de sa charge. Je me tourne en panique vers Vit, mais ce dernier n'était pas étranger au danger non plus. Prenant les devants, il me prend par le bras.

"Tu l'as entendu, non ? Grouille !"

Je commence à peine à courir que je vois déjà des corps tomber. Des femmes, des enfants... non...

"ILS NOUS ONT PRIS EN TENAILLE !"

Je m'aperçois avec horreur que des flèches nous viennent de l'autre côté du pont. Il n'y a nulle part où fuir. Je me perds un instant dans le regard vitreux d'une femme dont la trachée avait été transpercée par un des traits.

"Vit ! Vit !!"

Je perds tout jugement. Je me débats pour me libérer de l'emprise de Vit. Mon monde n'est plus que les cris des réfugiés et les hennissements des montures. Tout semble s'écrouler sous mes pieds et ma vision se raccroche à ces yeux contemplant la mort.

"Tu veux crever ici ?" crie l'elfe qui me serre toujours l'épaule.

"Attends, attends !" lui dis-je comme si je pouvais le persuader de se donner à la mort.

Il se plante face à moi, tenant fermement chacun de mes bras au point que je sens presque ses ongles s'y enfoncer. Son regard glacial me rappelle à la réalité.

"Ignore-les, ils sont tous déjà morts. Ils n'en valent pas la peine."

Je reste figé, ses mots m'atteignent mais je ne parviens pas à prendre la moindre décision. C'est comme si l'humain en moi avait laissé place à un animal apeuré.

"Triam, tu m'écoutes ?!"

Il me secoue, rappelant tous mes sens au devoir.

"Toi et tes compagnons, vous devez fuir vers le sud. Le sud, tu m'entends ?"

Il désigne de vastes plaines aux herbes hautes. Il me semble avoir vu des bois plus au nord, mais j'ai l'esprit trop paniqué pour le contredire, et de plus, il semble avoir de l'expérience. Je hoche la tête. Il détourne le regard et me pousse vers le sud. Je lui obéis presque inconsciemment. Mes jambes prennent le pas sur ma pensée, pendant que Vit court vers les cavaliers en débandade.

"Corsos ! Où est Corsos ?!"
"Malvales ! Guasinaaa !!"

Courir. Je dois courir. Vers le sud. Je ne veux pas mourir.

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Guasina
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Guasina » sam. 12 nov. 2022 20:24

Tout au long de notre parcours, nous pûmes constater un progressif changement du paysage qui nous entourait. Bien que les pâturages des alentours de Saman dégageaient un certain charme, les plaines dans lesquelles nous pénétrâmes resplendissaient par une végétation luxuriante et abondante qui me coupait le souffle. Ainsi, je demeurai sur le toit de la caravane, préférant m’accommoder de la chaleur qui régnait en ces lieux afin de profiter de la vue d’une flore colorée et d’une faune exotique. Tout au long de cet agréable parcours, je vis des fleurs de toutes les nuances de jaune, d'orangé et de rouges, ainsi que des feuillages s’étalant d’un vert très pâle à un vert beaucoup plus foncé. Certaines fleurs immenses protégeaient de minuscules étamines, alors que d’autres au contraire, possédaient des corolles profondes, surplombées par un long pistil agencé des fins et interminables étamines. La faune n’était pas en reste, je vis un petit groupe de bouloums occupés à mastiquer de belles grandes feuilles pourpres. Bien que ce mammifère bleu à la longue queue ne me fût pas inconnu, j’en avais jamais vu en si grandes quantités à la fois. Je retins un hoquet de surprise lorsque j’aperçus deux démons rouges s’approcher de ma caravane. Par instinct de survie, bien que cela s’avérait inutile, puisque cet animal était doté d’une faible vue, je retins mon souffle et me couchai sur le toit. Démons… il s’agissait bien du surnom que j’affublais personnellement à ces Asternias, par la présence de petites cornes sur le front et par leur instinct de prédateur. De petite taille, moi et mes semblables pouvions leur servir d’encas. Ceux-ci étant à l'état sauvage, je me doutais bien qu’ils ne s’approcheraient pas suffisamment de ma caravane pour y grimper, bien qu’ils avaient sûrement détecté ma présence grâce à leur odorat bien développé. Je n’avais encore jamais vu personnellement d’Arternias jusqu’ici, et c’était bien ainsi. Je ne les connaissais que par réputation puisqu’il était important de bien connaître la nature de nos éventuels prédateurs.

Quelques heures plus tard, notre convoi s’arrêta à un pont de bois surplombant une rivière. Je montai rapidement sur le dos de Pataud, le laissant voler jusqu’à cette rivière pour y nager. Je le dirigeai vers la berge et je mis pied au sol… ou plutôt dans un ou deux centimètres d’eau. Je lui laissai faire quelques plongées pour se rafraîchir alors que pour ma part, je décidai de faire un brin de toilette. Bien qu’un peu à l’écart des caravaniers, je ne voulais me déshabiller et risquer d’être vue nue. Je me contentai donc de m’asperger de l’eau sur le visage et de me tremper les cheveux, les démêlai avec mes doigts en guise de peigne.

Je venais tout juste de terminer de tresser mes cheveux en deux nattes lorsque je vis un cavalier shaakt, un éclaireur, arriver au galop dans notre direction tout en s’écriant :

«CENTAURES ! »

« Des centaures ? »

Je ne connaissais pas cet animal ou ce peuple, mais par l’air paniqué du cavalier, je compris qu’un ennemi dangereux approchait.
Encore les pieds dans l’eau, je vis les gens s’affoler et partir de tout côté. Le colosse Corsos prit alors le commandement, incitant, à tous, mais malheureusement en vain, d’entrer dans les chariots et de s’y terrer. Mus par une peur légitime et par leur instinct de survie, les gens se cachaient où ils pouvaient, les mères risquant leur vie pour retrouver leur progéniture et les mettre en sécurité. Je restai là un moment, figée, stupéfiée, sans savoir quoi faire, témoin d’un terrible chaos. Et le pire était à venir puisque la menace ne nous avait pas encore rejointes. Ce qui ne tarda pas. Dès que je vis le nuage de poussière, je me ressaisis et je détachai rapidement les sangles qui retenaient mon arbalète à mon sac à dos. Libérée de tous mes bagages que j’attachai sur la selle de Pataud, arbalète en main, j’attendis.

Au départ, je crus qu’il s’agissait de barbares montés sur de robustes chevaux. Mais lorsqu’ils approchaient davantage, je réalisai que cavalier et montures ne faisaient qu’un. Déjà les flèches pleuvaient et je vis des femmes, des hommes et des enfants se faire empaler par ces redoutables projectiles.
Malgré mon expérience au combat, une peur indescriptible m’étreignit, mais ma colère face à ce carnage la surpassait. Oubliant le risque de me faire écraser par des shaakts en fuite, je courus jusqu’à la route, Pataud sur mes talons et je grimpai rapidement sur la rambarde du pont. Je trempai mon carreau dans la potion de poison acheté à la boutique de Manzarr, et j’armai mon arbalète.

Tout en visant le premier centaure de la bande, j’attendis qu’il soit à ma portée de tir. Lorsque ce fut le cas, j’arrêtai ma respiration, et je déclenchai le mécanisme de mon arme. Le petit carreau fila à toute vitesse et atteignit sa cible, le vaisseau sanguin proéminent du cou du meneur de tête. L’effet fut immédiat, il s’arrêta soudainement, puis tomba raide à terre. Créant ainsi une embardée qui retarda ceux qui le suivaient. Mon choix de tir n’avait pas été fait au hasard. Je voulais que l’hémorragie se fasse le plus rapidement possible. Mon carreau étant de petite taille pour une telle créature, une blessure à la jambe l’aurait peu affectée. Alors que dans le cou, le cœur à proximité, je savais que l’effet serait presqu’immédiat. Le poison pour sa part accentuait la vitesse de réaction. Ce gros bétail dormirait quelques minutes.

Cette petite diversion devait me donner suffisamment de temps pour retrouver Malvalès et Triam.
Toujours sur mon perchoir, je scrutai les alentours, lorsque j’entendis Triam crier. Je cherchais au loin, alors qu’il était tout près. Je montai sur Pataud et je le rejoignis immédiatement. Tout comme moi, il était effrayé. Je me devais être forte et prendre en main la situation. Tentant de conserver mon calme.

« Je suis là. Trouvons Malvalès et fuyons. »


((( Utilisation d’un carreau amélioré.
Utilisation d’une dose de poison. )))

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Malvales le fleuri
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Malvales le fleuri » lun. 23 janv. 2023 01:28

Post squelette.

[Malvales continue de jouer avec les enfants durant la pause. Lorsque les centaures attaquent, il attrape l'une des trois enfants et commence à fuir en direction du nord, s'enfonçant dans la partie dense de la forêt.

Tout en fuyant, il cherche à repérer un arbre ou autre endroit où se cacher hors de la vue des centaures.]

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Triam
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Triam » dim. 29 janv. 2023 18:12

"Je suis là. Trouvons Malvalès et fuyons."

Je me raccroche à la voix de Guasina, montée sur son canard de compagnie. Seule présence rassurante dans ce chaos, elle fait preuve d'une étonnante capacité d'adaptation et le calme d'une aventurière expérimentée malgré sa carrure. Je balbutie, ne sachant pas où laisser mes jambes m'emmener.

"Je... Je sais pas où il est. Je le vois pas ! Est-ce qu'il est déjà..."

Je le cherche du regard, espérant déjà ne pas la voir entouré de ces terrifiants centaures. Car ça voudrait dire le rejoindre dans ce massacre. Et bien que je n'aime guère le savoir en danger, j'ai davantage peur pour ma propre vie. J'ai honte de l'admettre, mais c'est ce que je désire de tout mon être : fuir. C'est au moment précis où cette pensée s'est concrétisée dans mon esprit que j'ai commencé à reprendre mon calme. Alors même que je regarde les migrants shaakts et garzorks se faire massacrer, la panique commence à prendre place à la conviction que je ne veux pas être à leur place, et que contrairement à la plupart d'entre eux, j'ai une chance de m'en sortir.

"Si on ne part pas maintenant, on est morts."

Enfin, mes jambes me portent. Je cours vers les larges plaines au sud. Je comprends la stratégie de Vit. Bien que cet endroit ressemble à un large champ ouvert et à un terrain de chasse idéal pour ces centaures, les herbes soient assez hautes pour s'y cacher en rampant. Les bois des marais, bien que plus riches en cachette, demandent de courir sur deux ou trois kilomètres de plat complet, et nous écartent définitivement de toute civilisation. Le réfugié shaakt ne devait pas en être à sa première mésaventure, lui non plus. Néanmoins, un plan hasardeux. Qui pouvait dire avec certitude que les centaures n'allaient pas en voir certains fuir de ce côté et entamer une chasse à l'homme dans un terrain complètement à leur avantage ?

Je n'ai pas le temps d'y penser, j'ai déjà pris ma décision. Dès que j'atteins les hautes herbes, je tombe à plat ventre et commence à ramper frénétiquement dans la même direction. Je lance de temps à autre un coup d’œil rapide pour vérifier que Guasina m'a bien suivi.

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Guasina
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Guasina » mar. 7 févr. 2023 01:38

Bien que la plus petite de mon groupe, je devais être celle qui avait le plus d’expérience comme aventurière. Expérience ou pas, il n’en restait pas moins que lors de telle situation, j’étais morte de peur. J’avais appris à utiliser l’arc, la fronde et l’arbalète depuis ma tendre enfance, mais jamais dans l’intention de tuer. Il s’agissait d’armes de combat, souvent mortelles, mais je les avais très peu utilisées en ce sens. Et lorsque ce fut le cas, le visage de ceux morts par mes flèches m’a hantée des nuits entières. Je n’étais pas une guerrière, j’étais seulement une protectrice.

Ces créatures mi-homme et mi-animal jouissaient d’une force phénoménale qu’ils utilisaient sans remords pour frapper, trancher, décapiter tous les êtres sur leurs passages. Il ne s’agissait pas de guerriers combattant d’autres guerriers, mais plutôt de brigands assoiffés de sang qui tuaient sans regard au statut de leur victime.

Triam à mes côtés, il ne restait plus qu’à trouver Malvalès avant de prendre la fuite.

Le teint pâle, les yeux hagards, Triam m’avoua qu’il ne savait pas où se trouvait notre ami, il ne l’avait pas vu… tout comme moi, il craignait le pire, mais n’osa pas terminer sa phrase… me laissant deviner la fin. Nous regardâmes de tous les côtés, sans le trouver. Au bord de la panique, Triam affirma avec justesse que ne pas partir maintenant serait signer notre arrêt de mort. Cela dit, il prit ses jambes à son cou et courut vers le plaines au sud, me faisant signe de le suivre.

Ne pouvant me résoudre à partir, je lui criai :

« Je te rejoindrai ! »

Toujours en selle, je poussai un long soupir, puis ordonnai à Pataud de décoller, je le fis monter suffisamment haut dans les airs, afin de ne pas être atteints par les flèches.

(Pas besoin de monter si haut,.. déjà qu’ils doivent ignorer l’existence des lutins, ils ne peuvent se douter qu’une lutine chevauche actuellement un canard… pour eux, il ne s’agit que d’un simple canard traversant le ciel. Ils sont pour l’instant trop occupés pour penser à se préparer à manger. Pataud ne risque rien.)

Comme toujours ma conscience raisonnait avec justesse et bon sens.

(Je m’en serais voulue qu’il prenne une flèche en pleine poitrine, il est plus qu’un animal de compagnie pour moi, plus qu’une monture, il est mon ami, mon petit.)

Je fis faire un premier tour dans les airs, mais je ne vis pas Malvalès, je partis vers l’est, et je ne le vis pas davantage, ni vers l’ouest. Ce fut à contrecœur que j’abandonnai et que je rebroussai chemin. Je ne l’avais pas trouvé, mais je gardais espoir qu’il était vivant, car je n’avais pas vu de traces au sol de ses jolies branches fleuries.

À dos de canard, je rattrapai Triam sans peine. Il avait atteint les champs et je le voyais ramper.
Je fis signe à Pataud de descendre et il atterrit…sur le dos de Triam.

« Désolée. » dis-je en un murmure.

Pataud sauta maladroitement sur le sol et pour ma part, je marchai aux côtés de Triam, devant même ralentir le pas, puisque le jeune mage devait ramper afin de ne pas être repéré… Les herbes faisaient plusieurs fois ma taille, je ne craignais rien à demeurer debout.

Les premières heures de marche furent très calmes. Seuls le bruit de mes pas et ceux de Pataud sur le sol, le froissement des herbes par le corps de Triam, brisèrent le silence qui régnait dans les hautes herbes. Lorsque la nuit fut tombée, Triam se permit de marcher. Afin de tenir le rythme je sautai agilement sur le dos de Pataud et je suivis mon compagnon humain sans difficulté. Nous marchâmes encore longtemps. Puis, toujours derrière lui, je le vis ralentir et s’arrêter. Je vis ses épaules s’affaisser, puis tressauter. Il s’était retenu tant qu’il avait pu, mais là, il n’en pouvait plus. De peine et de misère, entre deux sanglots, il proposa de s’arrêter. J’acquiesçai d’un signe de tête.

Doucement, sans le brusquer, je descendis de Pataud et je m’approchai de lui. Sans dire un mot, mais sans le quitter des yeux, je sautai sur ses genoux, puis j’escaladai la manche de sa tunique pour m'asseoir sur son épaule. De ma petite main gauche, j’essuyai tendrement une larme s’écoulant sur sa joue, puis j’y déposai un délicat baiser.

« C’est terminé, nous nous en sommes sortis.»

Cela dit, je poussai un long soupir de soulagement. J’avais également besoin de décompresser, de profiter du calme qui régnait enfin sur ses lieux, d’oublier le carnage et toutes les victimes que nous avions laissées derrière nous. À cette pensée, je sentis un pincement au cœur. Je les avais abandonnés à leur sort, je n’avais pas combattu les centaures… Je repensai aux deux fillettes avec qui j’avais partagé de précieux moments et je priai pour qu’elles soient toujours en vie. La question de Triam, concernant l'endroit où nous étions, me sortit de mes réflexions.

« Je ne sais pas. Aimerais-tu que je survole les airs pour te décrire les lieux ?» Lui proposai-je d’une voix douce.
Ce ne fut que d'un voix affaiblie par la fatigue et la peur qu'il accepta mon offre. Je l'observai un moment afin de juger si je pouvais le laisser seul un moment. Ayant estimé qu'il ne pouvait rien lui arriver de fâcheux, j'hélai Pataud.

Sitôt qu’il arriva, je grimpai sur son dos et il décolla. Je laissai mon compagnon ailé, se dégourdir les ailes et parcourir un grand cercle tout autour du lieu où nous nous trouvions, puis je le fis atterrir non loin de Triam. Pataud venait à peine de replier ses ailes que Triam m'interrogea.
Je sautai agilement sur le sol, puis je m’approchai de lui, demeurant bien en face afin de bien voir l’expression de son visage.

« Je ne peux te dire où nous nous trouvons, je ne possède aucun repère» Dis-je déçue de ne pouvoir en dire plus.
La région ne m’étant pas familière, j’avais aucune idée de l’endroit où nous nous trouvions.

«Par contre, je peux te décrire ce que je vois. Il y a des plaines à perte de vue. Je ne vois plus d’arbres du côté où il y avait la forêt.»
Modifié en dernier par Guasina le mer. 29 mars 2023 02:07, modifié 2 fois.

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Malvales le fleuri
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Malvales le fleuri » ven. 10 févr. 2023 20:33

[Malvales va se cacher avec l'enfant, et durant la nuit, essayer de retrouver ses deux autres compagnons.
Il va tomber sur un centaure durant sa "fuite", et essayera de ne pas se faire repérer par ce dernier, l'enfant toujours avec lui.

Il y aura une légère phase de "combat".

Au cours de ce passage très survival horror, il va tomber sur divers cadavres, dont celui du chef de la caravane. ]

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Triam
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Re: Les Landes Fleuries

Message par Triam » mar. 11 avr. 2023 02:16

Je sursaute, sentant une pression soudaine sur mon dos. Je manque de hurler, mais je me rends bien vite compte que ce n'était que Pataud, l'animal de compagnie de Guasina. Elle s'excuse timidement, et Pataud se met à marcher à nos côtés.

Après ce qui me semblent être des heures passées à ramper dans la broussaille, je rassemble enfin le courage de me lever pour regarder en arrière.
Couvert d’un voile nocturne, le paysage est méconnaissable, pas de centaure à l’horizon, encore moins de caravane. Je pousse un souffle tremblant et, m’assurant que Guasina me suit encore, je continue ma fuite à la marche. Mes articulations me font souffrir, mais ce n’est qu’après une ou deux heures de plus que je me laisse tomber.
Éreinté, mes muscles se relâchent et des larmes se mettent à couler. Il m’est presque impossible de récupérer mon souffle entre les sanglots que je n’arrive plus à contrôler. La lutine se pose sur mon épaule, essuie une larme et pose un baiser maternel sur ma joue.

"C’est terminé, nous nous en sommes sortis."

J'ai honte de laisser ma peur et mes émotions déborder ainsi. Je fais de mon mieux pour que mes tressautements n’affligent pas ma parole.

"Arrêtons-nous là..."

J’avise les environs. Le calme plat qui règne désormais sur les prés, rompu seulement par les bruits des grillons, me donne l’impression d’avoir changé de continent.

"Où sommes-nous, à ton avis ?"
"Je ne sais pas. Aimerais-tu que je survole les airs pour te décrire les lieux ?"

Sa voix est douce. Trop douce. Être pris en pitié dans une telle situation m'emplit d'un vide indescriptible. Je m’affaisse.

"Oui, oui s’il-te-plaît."

Elle semble me dévisager pendant quelques secondes, puis elle appelle Pataud pour survoler les lieux. Je réalise alors que si elle le voulait, elle pouvait s'en aller à n'importe quel moment. Elle possédait un degré de liberté auquel aucun d'entre nous ne pouvait prétendre, dans cette caravane. Lorsqu'elle se pose, je lui demande ce qu'elle a vu. Elle ne cesse de me fixer, comme si elle surveillait de près mes émotions. Je déteste ça.

"Je ne peux te dire où nous nous trouvons, je ne possède aucun repère. Par contre, je peux te décrire ce que je vois. Il y a des plaines à perte de vue. Je ne vois plus d’arbres du côté où il y avait la forêt."

Pas de forêt, pas de centaures. Un léger tressaillement parcourt mon échine au même moment que la terreur relâche son emprise.

"Si ma mémoire ne me trompe pas, la ville la plus proche est Syllive. Deux, trois jours de marche, tout au plus."

Je cherche mon sac à tâtons, et je suis soulagé de l'avoir encore sur moi. On aura de quoi manger sur la route, mais pour l'instant...

"Il se fait tard. Tu... sais comment faire du feu ?"

Silence gênant.

"Parce que moi..."



Après quelques heures d'essais infructueux, j'ai envie de tout plaquer et de dormir dans le froid emmitouflé dans le peu de couverture que mon bagage contient. Avec un agacement contenu pour ne pas l'aggraver, je remarque à Guasina.

"Non, c'est moi, j'aurais dû y penser plus tôt. Je veux dire, on ne parle pas vraiment de la même ampleur de..."

Le bâton se brise en deux. Comme les autres fois, je sentais comme une vague odeur de brûlé, mais toujours pas de flamme. Je me retiens de jurer. Je ne peux pas lui demander de m'aider non plus.

"Besoin d'aide ?"

Je pousse un petit cri et tombe à la renverse.

"Vit ?!"

Le shaakt retient un rire. Il n'a pas l'air d'être blessé. En vérité, il semble même plutôt détendu. Je n'avais même pas remarqué qu'il était aussi près.

"Désolé, je ne voulais pas vous faire peur."

Je m'époussète tout en regardant autour de nous.

"Tu es tout seul ?"

Il soupire en haussant les épaules.

"J'ai pris mes jambes à mon cou. Je croyais qu'on allait tous fuir dans les hautes herbes en espérant que les centaures ne puissent pas tous nous avoir, mais il a dû dire à tout le monde d'aller vers les marais."

Il s'approche lentement en se cherchant une place assise autour du feu de camp raté.

"En théorie, ce n'est pas le terrain favori des centaures, mais ces bourbiers sont de vrais pièges à mouches. J'ai bien peur qu'il n'ait fait le mauvais choix en espérant sauver plus de gens."

Assis en tailleur, il passe sa main sur son visage avec un air grave.

"C'est vraiment horrible, mais qui n'aurait pas paniqué à sa place dans une telle situation ?"

J'ai l'impression que j'étais à peine conscient au moment de la fuite. Je n'étais qu'adrénaline et terreur, mais je me souviens très nettement des gens qui essayaient désespérément de remonter dans les chariots pour se mettre à l'abri des flèches.

"Alors tu penses que... que tout le monde est..."
"Je ne sais pas... Et ça peut paraître lâche, mais je n'ai vraiment pas envie de me risquer à aller vérifier. Je peux essayer ?" dit-il en me faisant signe de lui prêter mes ustensiles.

Il commence à travailler sur le feu avec des mouvements nets et précis. Nul doute qu'il avait l'habitude de ce genre de gestes. Quant à moi, le doute me ronge.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tout était calme et d'un seul coup, une attaque venue de nulle part..."
"Les centaures, voilà tout. Fondre aussi vite que l'éclair sur des convois peu défendus, c'est leur spécialité. On a juste manqué de chance, j'imagine."

Il est davantage concentré sur l'allumage du feu que sur les détails de la conversation.

"Ça n'a pas l'air de t'affecter tant que ça."

Il me regarde en coin, haussant presque un sourcil.

"J'ai vu pire. C'est plutôt toi qui me surprend. Tu étais à peine capable de mettre un pied devant l'autre il y a quelques heures."

Il voit juste. Moi-même, j'en suis surpris. Je me sens coupable de m'être si vite remis des morts que j'ai vues. Rien qu'hier, je partageais la croûte avec ces personnes, et maintenant, qui sait si le moindre réfugié avait survécu au massacre ? Tant de femmes et d'enfants...

"Pas la peine de s'en vouloir. On aime prétendre que la vie des autres nous affecte tout autant que la nôtre, mais c'est notre propre vie qui nous importe le plus, au final. Il n'y a pas de honte à survivre."

Il se tourne vers Guasina avec un sourire.

"Tu n'es pas d'accord, la lutine ?"

Une étincelle.

"Ah. Ça y est. Triam, passe-moi des brindilles."

Nous nous attelons à nourrir les flammes jusqu'à ce qu'enfin, le feu se stabilise. La chaleur apporte avec elle le réconfort.

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