La Garrigue

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Yuimen
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La Garrigue

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 11:07

La garrigue

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Les terres les plus australes de la Fédération de Wiehl sont recouvertes d'une flore sauvage, de buissons épineux et de bruyère odorante poussant sur des reliefs rocailleux et arides : unique sur Yuimen, cette zone en a acquis un nom, la garrigue. Peu d'arbres y poussent, mais de nombreux cactus et plantes dures qui font de cette étendue un espace difficile à traverser. Heureusement, quelques voies ont été aménagées au fil des années : il existe également des chemins plus discrets, connus des seuls habitants de la région, brigands ou bergers.

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Tips
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Re: La Garrigue

Message par Tips » sam. 31 oct. 2020 03:39

Un paysage inconnu se reposait là, sous un soleil plus chaud qu’il ne l’avait jamais été. Les bouquets de cistes pourpres ou blancs chamarraient la rauque garrigue, que les lavandes embaumaient. Il soufflait par là-dessus un air sec, hilarant, qui nettoyait la route en dépoussiérant l'alentour. Au loin, l’on pouvait entendre - ou deviner du moins – les aboiements encourageants d’un chien de berger entraînant un troupeau dans les collines où d’anciennes terres cultivées laissées à l’abandon formaient désormais des pâtures disparates, mêlant une terre sèche et une végétation poussant par strates éparses. Le matorral s’étendait ainsi à perte de vue, laissant deviner au nord les traits flous d’une cité côtière, reposant sur les côtes d’un immense océan. Au sud, une masse sombre indistincte trahissait la présence d’une forêt lointaine, aux abords mystérieux.

Et au beau milieu de tout ça, Tips, gobelin émérite, ne savait foutre pas ce qu’il fichait là. Ni comment, encore moins, il y était arrivé. Assis à l’ombre d’un rocher isolé, ses yeux globuleux cherchaient un point de repère, visuel ou mnésique. Mais rien ne lui venait. Il avait bien le souvenir flou de la vaine chasse au saucisson, mais la piste n’était pas féconde, et dans ses poches, remuant d’une main hasardeuse, il ne remuait que quelques cailloux gravés dont il ignorait tout.

(Vers d’autres aventures, vers d’autres contrées merveilleuses, vers d’autres rencontres fantasques.)

Seule cette phrase résonnait dans sa caboche pas bien pleine, comme un abstract à l’avenir qu’un destin malicieux lui réservait. Et cherchant ainsi dans les limbes profonds de son esprit obscurci, il s’endormit, bercé par la chaleur et les songes, dans une sieste crapuleuse au confort relatif.
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Re: La Garrigue

Message par Gamemaster8 » sam. 31 oct. 2020 12:58

Intervention pré-quête pour Tips
Un tout petit caillou frappa le casque de Tips. Le choc fut insuffisant pour le blessé, mais probablement assez pour le reveiller. Quoiqu'il en soit, lorsqu'il se réveillera, il pourra voir à ses pieds un petit caillou. Sur celui-ci est ficelé un tout petit parchemin renfermant un message :

Nous, lutins de Tuiles aux rimes recherchons des gens vaillants et téméraires afin d’affronter les dangers de la forêt des aiguilles et y tracer une voie lutine qui partirait du village jusqu’à la boutique de Korer Haibon. Récompense généreuse promise. Pour vous rendre au village, informez-vous auprès des marchands de Tulorim.
Conseil de Tuiles-aux-rimes
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À votre service, pour le plaisir de rp !

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Tips
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Re: La Garrigue

Message par Tips » sam. 31 oct. 2020 20:34

Ping.

Comme une pièce qui tombait dans l’écuelle d’un mendiant nécessiteux faisant la manche à un carrefour de cette grande cité blanche tellement immense que Tips lui-même l’avait prise pour une montagne où nombreuses habitations en dur, un petit caillou tinta sur le casque déjà cabossé du gobelin ingénu plongé dans un sommeil cotonneux. Le bruit résonna dans sa caboche dont nombreux auraient dit qu’elle était creuse.

Ping… Ping… Ping…

Une paupière frétilla, très vite suivie de la seconde, pour dévoiler deux grands yeux ahuris. Mais qu’était-ce donc ce bruit ? Louchant tout autour de lui, il ne vit que poussières et herbes sèches, caillasses et pas grand-chose de plus. Se relevant péniblement de son petit séant, bougonnant d’avoir été ainsi interrompu, il donna un coup de pied rageur dans un petit roc qui s’était glissé là. Petit roc qui lui était destiné… Mais qu’il envoya bouler au loin.

Paf. Pif.

« Aïe ! »

Le caillou ainsi envolé s’était précipité, chance insolente ou maladresse invraisemblable, sur le nez d’un autre dormeur qui paissait paisiblement à l’ombre d’un olivier aux sèches ramures. L’homme, car il s’agissait d’un homme, se redressa en saisissant le petit gravier, sous le regard éberlué d’un Tips qui s’activa à se planquer comme il le pouvait sous le couvert de buissons épineux, sans quitter d’un œil la scène qui se déroulait devant lui. Le berger, comme il put le conclure en observant la livrée paysanne de l’être, de cuir de brebis usé, aux pans couverts de pelade laineuse, posé sur son torse aussi nu et bronzé qu’il n’était marqué par l’âge. La moustache de l’humain remua en remugles bougons, et il ramassa le petit caillou qui l’avait à son tour éveillé de son repos du brave. Un détail qui n’avait pas frappé le sekteg attira l’œil du paysan : un petit parchemin était attaché au caillot, qu’il délivra tout aussitôt. Déballant ainsi le message, il le parcourut du regard et, comme un bambin ne sachant lire qu’à moitié, articula tout haut son contenu en grommelant.

« No…nous, lu…luti…lutins ! Ah, lutins. De Tu… tuiles à… tuiles aux rimes. Hm, bon, nous, lutins de Tuile-aux-Rimes. Re. Rechhhh. Rechhhherchhhh… Recherchons des gens vaa…vaillaaaa… vaillants. Gnnn…gnnn… Hmmm. Affront… affronter blablabla… Forêt aux anguilles… Aux aiguilles plutôt. Patati… Récompense… Ouais. Encore une foutue arnaque pour aller se faire détrousser dans les bois, c’te saloperie là. Des lutins, té. On me la fait pas à moi, ah ! Pas vrai Bidochon ? »

Il se tourna vers un tierce personnage qui apparut à cet instant dans l’existence de Tips, puisqu’il ne l’avait pas vu avant, en la personne d’un baudet grisé aux longues oreilles, qui répondit au croquant d’un bête braiement dont lui seul avait le secret. En tout cas, Tips n’avait jamais entendu nulle part ailleurs ce type de cri étrange.

Ce qui suivit n’était pas très clair pour le mignon sekteg : le berger s’en alla sur le dos de sa monture, et au moins une heure avait passé alors que Tips n’avait toujours pas bougé, le regard miroitant une alléchante avidité. Les aventuriers. C’étaient eux, les destinataires de ce mot au caillou égaré, sans doute laissé chu par quelque oiseau voyageur maladroit. Les brillants, les grands, les musculeux et légendaires aventuriers. Contrairement à cet idiot de fermier, ils répondraient sans nul doute à l’appel de ces lutindétuilorimes. Et Tips savait une chose : il donnerait tout pour enfin les rencontrer, ses idoles de toujours. Il alla récupérer le mot dont il ne savait lire une once, le serra contre son petit cœur et, soupirant, se mit à marcher. Vers le sud. Facile : ça parlait d’une forêt. Il ne lui passa même pas par la tête que c’eut pu ne pas être la bonne. Enjoué par ce nouvel objectif, il marcha, marcha, à travers champs et chemins, sur les collines du Pays des Whiels.
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Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » ven. 25 déc. 2020 03:08

Dans le comté de Whiel, se trouvait un petit village d’un peu plus d'une centaine d’habitants. Il se situait dans la garrigue, à quelques heures de marche des premières fermes de la cité de Tulorim. Il portait le nom d’Etang-brûlé. Une appellation dont ses habitants étaient particulièrement fiers. Pourtant, aucuns d’eux n’étaient capables de remonter à ses origines. C’était un village tout ce qu’il y avait de plus commun. Avec ses paysans, ses maisons en bois, sa vie rude. Tout le monde se connaissait, était le cousin plus ou moins éloigné d’un tel. Un mode de vie qui pouvait sembler arriéré pour les citadins de Tulorim. Pourtant la vie n’était pas si désagréable en ces coins reculés. De l’avis des habitants du village, on y vivait bien mieux que « ce nid sale de crapule au service des hautes gens qu’est Tulorim. » Sans eux qui étaient la première force travailleuse du comté, il était à parier que la famine aurait été son lot quotidien.

C’est à quelques pas du village, un peu isolée des autres, que se trouvait l’habitation de Morrigane. Nul sentier ne menait à cette chaumière dont les pans extérieurs, colonisés par les plantes grimpantes, se fondaient naturellement dans les fourrées. Elle était solidement posée sur une petite butte entourée d’oliviers. L’endroit était parfait du point de vue de la magicienne. Il était assez éloigné des autres habitations pour ne pas avoir à subir les nuisances des activités journalières des autres villageois et assez proche pour dissuader les éventuels bandits, et autres animaux sauvages de passages, de venir fourrer leur nez trop près.

C’était une fin de matinée. À cette heure, l’habitation avait toutes ses portes et fenêtres ouvertes. C’était une coutume pratiquement obligatoire dans cette région où les chaleurs pouvaient vite devenir étouffantes. À l’intérieur, la magicienne rêvassait en ce calme début de journée. Elle était assise à sa table, une main sur l’un des nombreux grimoires qui la parcourait, et l’autre caressant la tête de son énorme chien posée sur ses genoux. Il s’appelait Léto, c’était un énorme dogue de Whiel, trapu mais vif. Entièrement noir aux poils et oreilles courtes et à la mâchoire puissante. Ce chien était généralement utilisé par les bergers de la région pour protéger les troupeaux des prédateurs. Sans bétail à protéger, il faisait un fabuleux chien de garde pour la magicienne.

Les yeux de cette dernière se perdaient à travers l’une de ses fenêtres ouvertes. Il suffisait de jeter un œil à l’endroit pour comprendre que l’on était dans l’habitat d’une magicienne. Il était envahi de grimoire, parchemins, alambics et autres artefacts magiques qui ne trouveraient aucune grâce aux yeux d’un non-initié. La dernière-née Desembrumes, elle, connaissait son sujet. Tous ces objets avaient pour elle une valeur inestimable. Si bien, que rares étaient ceux qui avaient pu mettre ne serait-ce qu’un orteil dans son antre. De nature maniaque, il était pour elle inconcevable que d’autres mains manient sa collection qu’elle avait acquise année après année, parfois à prix d’or. Ce qui était parfois difficile pour elle qui ne vivait presque exclusivement des décoctions qu’elle vendait à quelques contacts en ville.

C’est un mouvement brusque de Léto, se soustrayant à la main de sa maîtresse qui la sortit de ses rêveries. Intriguée, ses yeux revinrent à la réalité pour se poser sur le canidé. Les oreilles dressées et la tête relevée, il humait l’air avec tant de frénésie qu’elle savait qu’il y avait forcément quelque chose dans le coin, imperceptible pour ses sens d’humains.

« Va ! »


L’ordre sonna avec fermeté dans sa bouche et le dogue fila sur ses pattes puissantes à travers la porte. Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que l’importun se fasse dénicher.

« Oh là, oh là, mon grand ! »


Il avait attrapé une belle proie semblait t’il. La femme aux cheveux d’onyx se détendit quelque peu. Elle avait reconnu la voix de « la proie » en question. Avec langueur elle se leva de son siège et se dirigea vers la porte. Dehors, le spectacle aurait pu prêter à sourire pour d’aucuns trouvant ce genre de scène mignonne à voir. En effet, l’énorme molosse était pratiquement à cheval sur un homme grand aux longs cheveux châtains et lui léchait le visage de toute part. C’était Rodryk, le frère de Morrigane et Léto l’appréciait grandement. Ce qui devait être réciproque, car l’homme n’avait pas l’air de désapprouver ces marques d’affection baveuse dont il riait de ses grandes dents.

« Allez mon grand. C’est bon, tu m’as eu. »

Sur le pas de la porte Morrigane ne dit mot, se contentant d’observer la scène en attendant que les deux grands enfants aient finit de s’amuser. Lorsque que le grand gaillard dont les cheveux retombaient maintenant partiellement devant ses yeux bleu-gris se rendit compte qu’il était observé, il se releva, en s’époussetant les vêtements du mieux qu’il pu. Léto, lui, n’en avait pas fini. L’animal voulait jouer et le faisait savoir en poussant des jappements, et en donnant des coups de ses énormes pattes dans les flancs de l’homme.

« Léto assez ! » Siffla Morrigane de sa voix grave pour qu’il se calme enfin. Penaud, le dogue baissa la tête et s’éloigna pour aller se coucher en boule un peu plus loin.

« Toujours aussi vif, je ne l’ai même pas vu arriver. »
Commenta l’homme en regardant l’animal s’éloigner.

« C’est vrai que c’est un chasseur-né. »

« Peut-être bien meilleur que moi. »

« Peut-être… Tu viens d’arriver ? »

"À peine. Je n’ai pas encore pu poser mon pâquetage. Je te ramène ta paye. »


Morrigane alla à l’intérieur avec son frère sur les talons.

« Combien ?»

« Pas grand-chose »

« Quoi ?! »

« Regardes par toi-même ! »


Une fois à l’intérieur, Rodryk déposa une bourse bien maigre sur la table. À sa vue, Morrigane fit une grimace d’exaspération. Lourdement, elle s’assit sur sa chaise avant de retourner la tête vers son frère.

« Seulement ça ? Pour toute la fournée de décoctions ? »

« Le client à pas voulu donner plus. Il dit qu’on trouve maintenant moins cher sur le marché. »


La jeune femme se sentit vexée.

« Avec la même qualité ? Impossible ! Hé bien qu’il aille se fournir ailleurs ! C'est ça de donner du caviar à des cochons… »

« Morri… ça fait combien de temps que les parents sont morts ? »

La magicienne fronça les sourcils.

« C'est quoi le rapport ? »

« Réponds juste à ma question. »

« Je sais pas moi… Sept…Huit ans ? »

« Dix ! »


Morrigane resta quelques secondes coite, le temps d’assimiler l’information. Il était vrai qu’à la mort de leur parents tous les autres membres de la fratrie avaient quittés le village, sauf eux. Finalement, ils avaient su se rendre utile, se faire une place, jusqu’à devenir des personnalités incontournable du coin.

« D’accord. Ça fait une décennie. Où tu veux en venir ? »

« Bougeons de là ! Honnêtement ! La vie nous a été profitable ici, mais c’est clairement pas ici qu’on fera fortune "

« Tu es marrant toi ! Et tu veux aller où ? Tu crois vraiment que ce sera différent ailleurs ? »

Rodryk prit un siège et s’asseya face à sa sœur. Proche d’elle, il baissa le ton de sa voix.

« Ecoutes… J’ai vu Ardur en ville. Il mène la belle vie. Il pourrait nous introduire auprès de ses amis. Je lui en ai parlé et il est d’accord. »

Morrigane plissa légérement les yeux. Sa curiosité fut piquée. Cependant, elle n'eut pas le loisir de réagir plus. Une voix venue de l’extérieur, aux accents de panique, les interrompit.

« Mère !! Mère !! Morrigane !! »

Les Désembrumes se jetèrent un regard surpris mêlé d’incompréhensions avant de se diriger en hâte vers l’extérieur. Un jeune garçon était là, essoufflé par la course qu’il venait d’effectuer pour arriver jusque là. La magicienne le reconnut. C'était le fils d'un berger bien connu du village.

« Timmy ? Pourquoi tu fais ce raffut ? »

« Il faut…il faut… On a trouvé quelqu’un !... Il a besoin de vous ! Venez… Il est blessé. »

Rodryk prit les devants.

« Amènes nous à lui ! »

La magicienne suivit les deux hommes, bien qu’elle n’en eut pas l’envie. Elle avait conscience de la gravité de situation, mais cela ne la touchait pas, incapable qu'elle était d'avoir de la compassion. Après avoir couru quelques centaines de mètres, le trio arriva autour d’un petit attroupement d’une dizaine d’individus. Un homme était étendu entre tous les curieux, inconscient. Alors que Rodryk se pencha sur lui pour l’examiner, les yeux de la magicienne se mirent à parcourir le corps de l’individu. Il ne devait pas avoir plus de trente-ans. De longs cheveux châtains encadraient un visage dégoulinant de sueur. Son teint qui devait être naturellement hâlé avait viré au rouge, signe d’une insolation. Il ne semblait pas avoir d’effets personnels si ce n’était ses vêtements. D’ailleurs, ils étaient de meilleurs factures que ceux de ceux qui lui venaient en aide. Ses poignets arboraient des marques rougies par un frottement régulier. Quant à ses pieds, dénués de bottes, ils saignaient. Sans doute avait-il marché ainsi de nombreuses heures. Rodryk appuya sur le menton de l’inconnu pour regarder à l’intérieur de sa bouche.

« Il est déshydraté. » Commenta sobrement Morrigane à la vue de sa langue blanche.

« Mais personne n’a pensé à apporter à ce pauvre homme de l’eau ? » S’écria Rodryk dont la seule voix suffit à envoyer une paire d'homme en direction du puit.

...
Modifié en dernier par Morrigane le sam. 22 oct. 2022 18:23, modifié 4 fois.

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » mar. 29 déc. 2020 21:40

La fratrie Desembrumes s'était occupé de l'homme durant de longues minutes. Pendant qu'il se faisait coucher sur ce qu'il y avait de plus luxueux dans les parages, un tas de paille,. Morrigane était allé chercher des onguents qu'elle avait fabriqué elle même avec des plantes de la région. Elle les passèrent sur ses blessures aux pieds et les brulures que lui avait provoqué le soleil. Quand ils eurent finit, l’homme n’avait toujours pas repris connaissance. La fratrie Désembrume s’était éloigné de l’agitation crée par l'arrivée de l'etranger pour discuter.

" Tu as vu ?"

" Ses poignets ? Ouais… Il a été ligoté c’est sûr… »

" Je me demande comment il s’est retrouvé là. "

" C’est le gosse qui l’a trouvé, inconscient, à quelques encablures d’ici, en direction de l’Ouest. Je pense que je vais aller y jeter un œil."

" Je viens avec toi."


" Ne le prends pas mal Morri… Tu vas me ralentir.


"Je viens."
Conclut-elle fermement. "Tous ces idiots s’imaginent encore après tant d’années que je suis la guérisseuse du coin. Tout ça parce que j’ai quelques connaissances en herboristerie. Je ne veux pas être là si l’état du type s’aggrave. J’ai autre chose à faire que de tenter de maintenir en vie un type qui a déjà un pied dans la tombe."

Rodryk jeta un regard plein de reproches à sa sœur.

" Tu ne mérites vraiment pas l’amour que ces gens ont pour toi. Si ils savaient…"


Morrigane haussa les épaules, l'air blasé. Son frère était le seul au village à connaitre son secret. Et pourtant cet absence d’empathie s’appliquait également à lui. Ce qui ne l’empêchait pourtant pas d’être accolé à sa sœur. Depuis sa naissance, il ne l’avait pas quitté. Rodryk l’aimait sincèrement. Le contraire ne pouvait se vérifier. Si il était auprès d’elle, c’est qu’elle le jugeait utile. Depuis qu’elle était toute jeune, c’était le seul de ses frères à avoir accepté ce qu’elle était vraiment. Une humaine avec une gestion des sentiments complètement anormal. Il avait été le seul de toute la fratrie à tenter de la comprendre. Il avait toujours été là pour la protéger et pour la guider société. Il l’avait toujours vu comme une victime, une handicapée. Bien vite, aux yeux de la dernière-née Desembrumes il était devenu une figure incontournable dans sa vie. À défaut de l’aimer, elle reconnaissait qu’il lui était essentiel.

Quelques instants plus tard, les Désembrumes s’étaient bien rapidement éloignés du village. Rodryk qui était bon pisteur avait pris la tête de l’expédition et Morrigane le suivait sans mot dire. Il fallait dire qu’en les voyant, l’on comprenait rapidement lequel des deux était le plus à l’aise dans ce milieu. L’homme semblait confiant et extrêmement concentré sur sa tâche. Parfois, il s’arrêtait pour se baisser et inspecter des traces invisibles pour les yeux de la magicienne. Malgré cela, il devait quand même ralentir le pas pour qu’elle puisse suivre. Si cette dernière parvenait sur les premières minutes de marches à suivre le rythme de son ainé, elle eu tout de suite plus de mal lorsqu’ils quittèrent les sentiers pour des chemins non balisés. La guarigue n’était pas le lieu le plus approprié pour une randonnée. Le relief accidenté semblait avoir pactisé avec une flore agressive. Cactus, buisson infranchissables, bois secs à longues épines qui ne cessaient d'agripper les vêtements de la jeune femme. Contrairement à elle, son frère se mouvait avec une fluidité impressionnante pour son grand gabarit. De plus, la région était vallonnée. Et lorsque les montées et décentes commencèrent à se succéder, le souffle de la magicienne se faisait court. Quant au soleil du midi, particulièrement vivace en cette période de l’année, il n’aidait pas. La jeune brune transpirait des litres et elle dû plusieurs fois s’arrêter pour boire sous le regard mi-blasé mi-amusé de son frère qui ne cessait de répéter un : « Je te l’avais dis… »

Après une bonne heure de marche, ils tombèrent sur une corde que Morrigane aurait probablement ratée si elle n’était pas accompagnée de Rodryk. Elle était étendue sur le sol, sous un arbre qui l'abritait de son ombre.

« Je te parie que c’est la corde qui ligotait les poignets de notre homme. Il à dû s’aider de cet arbre pour s'en défaire. »


Et ils reprirent leur route. Il marchèrent encore quelques longues minutes jusqu’à ce que Rodryk s’arrête subitement au sommet d’une côte : « Merde… »
En contre-bas, deux corps gisaient sur le sol. Lorsqu’ils les rejoignirent, ils comprirent bien vite qu’il n’y avait plus rien à espérer d’eux. C’était deux hommes plutôt jeunes et bien constitués. Ils portaient des protections en cuir. Leurs armes, hors de leurs fourreaux, gisaient près d’eux. Rodryk se baissa sur eux pour les étudier un instant avant de faire signe à sa sœur de se rapprocher plus près, ce qu’elle fit.

« Tiens, regardes ces morsures. Et maintenant regardes ces épines. Aussi longues et fines, ça ne peut être qu’un asteria. »


« En pleine garrigue ? C’est tout de même improbable »

« Pas tant que ça. D’ici, la route principale n’est qu’a quelques minutes. Alors on ne doit pas être très loin des champs cultivés. D’ailleurs… »

Il quitta les corps de vue pour se déplacer un peu plus loin, toujours sous le regard attentif de Morrigane.

« Regardes ici ! Ce sont leurs empreintes et ils viennent directement de la route, par-là. Allons voir. »

En effet, ils ne mirent que quelques minutes pour tomber sur la route en question, après avoir passé une énième colline. Une carriole se trouvait là. L’une des roues avait cassé, la rendant inutilisable. Sa monture était aux abonnés absents. Rodryk fit le tour du véhicule minutieusement. Il en sortit des bottes de cuirs de très bonne qualités.

« Tiens donc… Ça pourrait être celles de notre homme ? »

« Hmm… Il y a des chances. » dit-il, le regard cherchant de tous les côtés.

« Qu’est-ce qui t’arrives ? »

« J’ai l’impression qu’il y a plus d’empreintes que nous n’avons trouvé d’hommes jusqu'ici… C’est bizarre… »

« C’est la route qui mène à Exech? Elle est quand même fréquentée. Peut-être que d’autres personnes se sont arrêtées pour les aider ? »


« Peut-être que tu as raison… »

La jeune femme fit également le tour du carrosse en réfléchissant. Elle essayait de mettre tous les éléments bout à bout dans son esprit.

« Alors… L’homme que nous avons trouvé au village serait parti d'ici ? Ca fait une sacrée distance surtout sans chaussures. Mais ça n’a pas beaucoup de sens. Pourquoi s’éloigner de la route ? »

« J’ai quelques idées… L’homme que nous avons trouvé devait être retenu de force. Ils devaient voyager de nuit pour ne pas attirer l’attention. La roue de la cariole se casse et notre homme en profite pour s’enfuir dans la confusion. Ses ravisseurs partent à sa poursuite et se font attaquer par un asteria en route. À supposer que c’était les seuls…. »

« Peut-être que les autres sont aussi partis à sa recherche et se sont perdus en chemin. »

« C’est possible…Ce serait pas la première fois qu’un étranger se perd par ici. Tout se ressemble dans le coin quand tu n’as pas l’habitude. »

« Si on veut des réponses il va falloir que celui qui l’a trouvé soit en mesure de parler. »

« Oui probablement. Allez rentrons, on a assez fait ici. »

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » jeu. 31 déc. 2020 04:55

Morrigane et Rodryk étaient rentrés sans encombre. Le chemin du retour fut plus long car la brune avait perdu bien des forces dans cet exercice qu’elle n’avait pas l’habitude de pratiquer. Il fallait dire qu’elle était plutôt sédentaire. Elle ne s’éloignait pas souvent de son village. Quand elle le faisait, c’était pour aller à Tulorim, une ou deux fois par année pour trouver de nouveaux contacts à qui vendre ses préparations. Un petit talent qu’elle tenait de sa mère, et qu’elle avait perpétué après sa mort.

Dès qu’ils furent rentrés Morrigane se dirigea vers son antre, laissant à son frère le soin d’aller s’enquérir de l’état du souffrant. Elle avait envie d’être seule. Bien qu’elle avait un don unique pour faire semblant d’être à l’aise socialement, elle avait besoin de son espace.
Lorsque le soir pointa son nez, Rodryk vint lui faire son rapport. Il trouva sa sœur assise à sa table, plongée dans la lecture d’un vieux grimoire de recettes de potions.

« Je sais que tu en as rien à faire mais sache que notre homme est vivant, conscient et qu’il se refait. »

« Formidable ! » ironisa la jeune femme en insistant sur chaque syllabe. « Qu’as-tu appris ? »

« Un cœur de pierre mais une curiosité à toute épreuve. »

« Fermes-la. Allez racontes. »

« Je dois me taire ou parler ? Je ne comprends pas », plaisanta le frère.

« Bon sang ! Rodryk ! » s’impatienta Morrigane face à la frustration qui commençait à poindre en elle.

Le chasseur ria seul de sa blague, avant de reprendre sur un ton plus sérieux :

« Il dit qu’il est le fils d’une petite famille marchande de Tulorim. Il était en visite sur les champs cultivés de son père quand des hommes armés ont pénétrés en fin de journée. Ils ont massacré tout le monde, sauf lui bien sûr. Ils l’ont ligoté, bâillonné, retiré ses chaussures dissuader ses envies de fuites et .... je crois que tu connais la suite.


« Qu’est-ce qu’ils lui voulaient ? »

« Il prétend qu’il ne sait pas. Peut-être voulaient-ils juste le rançonner. »

Morrigane réfléchit un instant, cette information provoqua chez elle un certain intérêt. Elle s’imagina un instant avec un bon pactole de yus. De quoi lui permettre de quitter cet endroit miteux.

« Ça vaut combien un gosse de bourges ? »

Rodryk ouvrit grand les yeux, choqué par ce que sa sœur venait de dire.

« Morrigane… »

« Ca va… J’étais pas sérieuse. »
Mentit-elle.

« C’est ça… Ca t'as traversé l'esprit»

« Je te dis que je plaisantais. » Commença t’elle à s’agacer. Ces discussions avec son frère, sur ce qui était convenable ou pas de faire, de dire, ou même de penser, avaient tendance à la frustrer énormément.

« Quoi qu’il en soit, j’ai envoyé quelqu’un prévenir les siens en ville. »

« J’espère qu’ils nous récompenseront pour avoir retrouvé leur chiot. »


Rodryk croisa les bras et fronça les sourcils.


« Il faut vraiment que tu apprennes à faire les choses sans être intéressée. Si tu n’y arrive pas fais semblant ! C’est ce que font les personnes normales. Ça s’appelle faire le bien.»


« Les personnes normales… » Morrigane se mit à rire faussement. « Tu parles de ces gens qui se font utilisés gracieusement, et finissent pauvres dans des villages perdus au milieu de nulle part ? »

« Elle a raison ta gonzesse ! »

Les Desembrumes sursautèrent. Dans l’entrebâillement de la porte, un homme tenait un arbalète chargé dans leur direction.

« Si l’un de vous cri, ou fait un mouvement brusque, je le plante. »

Il s’avança dans la pièce alors qu’un autre homme entra à sa suite. Celui-ci était muni d’une dague. Les deux hommes semblaient être des clichés de criminels. Ils portaient tous deux une barbe hirsute et sale. L’homme qui tenait l’arbalète avait de longs cheveux bruns qui lui tombait sur les épaules. Il portait une capuche sombre qui peinait à dissimuler ses yeux sombres injectés de sang. Il avait le corps fin, mais ses muscles laissaient deviner une activité physique régulière. L’homme à la dague, lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Il devaient être jumeaux.

« Il est où ? » demanda l’intrus à la dague.

« Qui ? »

« Fais pas le con toi ! Le mec dont vous parliez à l’instant. »


« Pas loin, dans le village… »

« Tu vas m’amener à lui, sans faire de vagues et vous aurez la vie sauve. »

« Ecoutez. Peut-être qu’on peut discuter et… »

« On a pas l’temps pour la parlotte ! Alors tu fais ce qu’il te dis ou je plante ce carreau entre les deux yeux de ta gonz… »
dit-il en visant la jeune femme.

« Non non non non ! C’est bon ! Laissez-la hors de ça. » s’empressa de dire Rodryk en faisant rempart de son corps et en levant les mains en signe de soumission. La panique l’avait gagné un instant, et cela s’était entendu au tremolo de sa voix suppliante.

Morrigane, elle, ne dit mot, ne bougea pas d’un pouce. Elle était toujours assise à sa table, plutôt confuse. Elle essayait de comprendre la situation. Au contraire de son frère, elle était extrêmement calme malgré la surprise. Ses sentiments inhibés ne lui permirent pas de ressentir la peur instinctivement. Cependant plus elle observait les armes des deux hommes, et plus l’information montait à son cerveau. Son cœur commença à s’emballer. Oui, elle commençait à avoir peur. Et pour quelqu’un comme elle, c’était un fait assez rare pour le souligner.

Rodryk disparu par la porte, l’homme à la dague le suivant de près. Celui qui avait l’arbalète referma la porte derrière lui. Il prit une chaise, la plaça contre elle, et il s’y assit, faisant face à Morrigane, l’arme pointée sur elle. Cette dernière avait les yeux exorbités. Elle était perdu dans un ailleurs qu’elle seule pouvait voir. Son esprit était en ébullition. Elle se faisait tous les scénarios possibles et imaginables dans son esprit. Elle avait d’abord espérée que Rodryk ne ferait pas de sentiments et donnerait la vie de celui que ces brigands étaient venus chercher. Cependant, elle trouvait son frère parfois tellement naïf, si bon. À présent que sa vie dépendait de ses agissements, elle se mît à douter de lui.

« Alors ma jolie. On est en tête à tête maintenant. »

Morrigane ne répondit pas, trop occupée qu’elle était à réfléchir à tous les tenants et aboutissants. Et pour dire quoi de toute façon ? Elle en était à l’étape ou elle se demandait si ils allaient vraiment les laisser vivants. Elle en doutait, fortement. Elle pensait que ce serait un agissement typique de Rodryk, pas celui de criminels endurcis.

« Merci de nous avoir ramener jusqu’ici avec ton compagnon. »

Cette fois, le regard de Morrigane alla se poser sur l’homme qui arborait un sourire satisfait sur le visage, dévoilant ses dents jaunes. La peur de la jeune femme commença à se muer en un autre sentiment. Le dégout. Tout dans cet homme la répugnait. Son aspect, son attitude, sa voix rocailleuse, son odeur. La peur qu’il lui faisait ressentir... Elle détestait tomber de sa froide supériorité, être sortit de force de sa zone de confort.

« Ah j’ai capter ton attention on dirait. On vous a vu venir fouiner près de la cariole. Et oui ! On était là, pas loin, à vous observer. À croire que ce sont les ancêtres eux-mêmes qui vous ont envoyé là-bas. Ah ah ah ah ! Comme c’était…»


« Tu pourrais au moins la fermer ? » La phrase était sortit toute seule. Sans aucun contrôle. Petit à petit, la colère vint se mélanger au bal des sentiments rares. Le sourire du brigand avait disparu.

« Qu’est-ce que tu dis ma jolie ? Je crois avoir mal compris »

À l’entente du surnom « ma jolie », la magicienne laissa aller sa colère.

« Je t’ai dit de la fermer ! »

Morrigane eut à peine finit sa phrase que le carreau quitta l’arbalète pour aller se planter derrière elle, dans le mur de la maison.

« Merde ! Raté ! La prochaine c’est pour ta poire. »
dit-il en commençant à placer un autre carreau.

Ce tir eut un effet terrible sur le psyché de de la magicienne. Pour elle, c’était devenu une certitude. Si elle ne faisait rien, elle allait mourir. Elle se leva de sa chaise et elle tendit la main en direction de l’intrus. Une sensation de chaleur irradia son corps dans son entièreté avant de se concentrer sur les bouts de ses doigts. À leurs extrémités une boule de feu se forma et fut projetée en direction du bandit. L’homme qui était en train de replacer son carreau la reçu en plein torse. Les flammes se rependirent sur le corps de l’homme qui se mit à crier. Sa barbe commençait à prendre feu et il du lâcher son arbalète pour éttoufer les flammes naissantes à coup de grandes claques. Ses poils, ses sourcils, et surtout la corde de son arbalète eurent le temps de partir en fumée lorsque les flammes s’évaporèrent. Fou de rage, l’homme se jeta vers la magicienne. Il sauta par-dessus la table pleine de grimoires et d’ustensiles, renversant par ce même mouvement tout ce qui s’y trouvait. Le jeune femme esquiva le la charge en plongeant sous la table. Plus rien ne la séparait de la porte désormais. Elle courut vers elle, dégagea la chaise, et commença à tirer la porte vers elle lorsque le bandit qui s’était relevé avec une extrême vivacité la plaqua si fort par derrière que son visage alla s’écraser contre la porte avec violence. La Desambrumes fut sonnée. Elle ne put réagir lorsque l’homme lui fit une clé de bras au niveau de la gorge. Il serrait si fort, que son intention était claire : La tuer. Trop petite et trop faible pour son adversaire, Morrigane ne pouvait plus faire grand-chose. Elle se débâtit, tenta de jouer des coudes, des pieds, mais rien n’y faisait. Tout à coup, la porte qu’elle avait débloquée s’ouvrit à la volée. Leto, le molosse apparu et sauta sur l’agresseur de sa maitresse avec une telle puissance qu’ils tombèrent tous à la renverse

Libérée de l’étreinte meurtrière, Morrigane pu enfin reprendre son souffle. L’air lui manquait cruellement dans les poumons. Elle avala de grandes volutes d’airs en se relevant, la main sur une gorge devenue douloureuse. Au sol, l’homme tentait de se défendre tant bien que mal face à Leto qui avait planté ses crocs dans son bras et le secouait avec rage, déchiquetant la chaire offerte. L’homme hurla sa souffrance ! Il attrapa une fiole tombé sur le sol et l’éclata sur la tete du chien qui tomba raide dans un petit cri de douleur. Morrigane voyant cela attrapa l’un des carreaux de l’ennemi qui avait roulé sur le sol et s’élança vers son agresseur. Avec rage elle tenta de la planter dans le cœur de l’homme qui, en tentant d’esquiver, la reçu dans l’épaule. À nouveau, il hurla !

« Sale garce ! »


Morrigane se releva pour fuir mais l’homme attrapa son pied de son bras encore valide, ce qui la fit chuter lourdement sur le sol. Grâce à sa poigne il la tira vers lui et se plaça au-dessus d’elle. Morrigane pouvait voir toute la rage qui se dessinait sur son visage. Il était déformer par la colère. Il avait les yeux rougies et de la bave sortait de sa mâchoire crispée. Son poing se leva, et il frappa si fort la tempe de Morrigane qu’elle crut s’évanouir. Le poing de l’homme se le va à nouveau et la jeune femme compris que cette fois elle n’y survivrai pas. Dans un ultime réflexe de survie, elle dirigea sa main en direction de l’homme. À nouveau la sensation de chaleur irradia son corps et ressortit par sa main levée. L’homme à bout pourtant reçu la boule de feu en plein visage. Cette fois, l’épaisse chevelure et la barbe de l’homme prirent feu. Dans des cris insupportable, il se roula sur le sol de douleur tentant d’éteindre les flammes. Il hurla de longues secondes alors que Morrigane encore sonnée par le coup de poing qu’elle avait reçu restait allongée sur le sol. Puis, il cru entendre le bruit d’un corps qui chute, et plus rien. Elle attendit encore quelques secondes, que ses esprits lui revienne. Avec difficulté, elle entreprit de lever avant que deux bras la saisirent brusquement. Par reflexe, elle tenta de se débattre.

« Morri ! C’est moi ! C’est Rodryk ! »

À l’entente de la voix, la jeune femme se calma. Épuisée elle se laisse tomber dans les bras de son frère.

« C’est fini. »

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » mer. 26 mai 2021 06:57

Cette nuit-là, Morrigane dormit comme un nourrisson. Le crâne douloureux, elle avait préféré laisser le désordre de la maison tel qu’il était, préférant le repos après que sa maison ait été débarrassée du cadavre à la tête fumante qui y était affalé ainsi que de celui de Leto qui avait péri dans la bataille. Une disparition que ne l'emeut guère.

Lorsqu’elle se réveilla au matin, avec la douloureuse impression que sa tête penchait plus d’un côté que de l’autre, elle gémit bruyamment. Elle n’était pas très résistante aux douleurs physiques et était plutôt e,cline à le montrer.. Sa maison était sans dessus-dessous après le combat de la veille. Ses livres étaient éparpillés dans toute la pièce. Il y avait sur le sol, des alambics cassés, des bocaux éventrés de substances que la jeune femme avait pris le temps de préparer. Cette vision d’horreur lui provoqua un choc aussi puissant que celui d’un séisme. Cette petite demeure avait été pendant des années le lieu aseptisé de ses différentes expériences, l’endroit où elle préparait les décoctions qui lui permettait de gagner quelques yus. En une soirée, deux individus avaient réussi à mettre son monde ordonné dans un chaos dont elle avait du mal à supporter la vue.

Elle se mit en tête de tout ranger, mais lorsqu’elle courba le dos pour ramasser un grimoire, elle crut que son cerveau allait exploser. Ce n’était clairement pas le moment pour ça.

En se relevant, elle posa alors, inutilement, dans un réflexe instinctif, une main sur son front en fermant les yeux pour essayer de calmer la douleur lancinante. Lorsqu’elle les rouvrit, sa vue tomba sur la couverture du grimoire qu’elle avait entre les mains. C’était un ouvrage qui traitait de différents sorts magiques. Celui-là, elle l’avait acquis à prix d’or. Elle se rassit sur son lit, en fixant le grimoire. Durant les dernières années qui s’étaient écoulées elle avait délaissé la pratique magique. Pourtant, depuis sa tendre jeunesse, c’était une chose qui l’avait toujours tenu à cœur. À l’époque, parcourir ces ouvrages traitants de magie et tenter d’en percer les mystères étaient pour elle un moyen de ne pas succomber à ses accès de comportements antisociaux. Parce qu’il fallait bien se nourrir, elle s’était détournée vers des connaissances plus lucratives : l’herboristerie, les décoctions. Des connaissances qui lui attirait, outre une miséreuse paye, la sympathie du village. De quoi obtenir des avantages en nature : œufs, viande, et autres produits que les villageois lui offraient en guise de remerciement.

À présent que la tête de la Desembrume lui rappelait sa fragilité humaine, elle regrettait de ne pas avoir été plus assidu dans la perfection de sa magie. Elle se disait que si elle avait pu mieux se défendre, elle n’en serait sans doute pas là, meurtrie, à souffrir à la moindre courbette. Cette simple réflexion suffit à lui faire ouvrir le livre. Il était titré : « Précis de théories et de pratiques de la magie élémentaire de flamme. » La jeune femme se plongea dans le sommaire en faisant défiler son index sur la liste des sorts. L’un d’eux attira particulièrement son attention. Feux-follets. Il était pour elle intéressant pour plusieurs raisons, mais surtout pour une en particulier. Elle lui permettrait de pouvoir se défendre seule. L’écrivain qui avait rédigé cet ouvrage proposait une méthode :

« Visualisez les boules enflammées entre vos paumes. Imaginez-les se gonfler à l’aide du fluide que vous leur instiguerez, doucement, goutte à goutte. Puis, lorsque vous aurez atteint le point d’équilibre, lâchez prise. Ce n’est qu’ainsi que le fluide peut se doter de sa vie propre. »


Les yeux de la brune se perdirent dans un ailleurs lointain.

( Le point d’équilibre ? )

Elle tentait déjà de visualiser comment elle allait s’y prendre, mais elle ne s’y essaierait pas pour l’heure. Son crâne la faisait horriblement souffrir et, pour ne rien arranger à ces maux, quelqu’un frappait déjà à la porte. Le pas lourd, la femme alla jusqu’à celle-ci et la tira vers elle. C’était Rodryk, venu s’enquérir de son état…


Les frère et sœur s'étaient éloignés de la demeure se diriger au sein du village. Morrigane voulait prendre l’air et marcher un peu. Le chasseur lui fit un résumé des derniers événements. C’est ainsi qu’il lui raconta comment il avait réussi à se défaire de son agresseur la veille. Il avait réussi à l’immobiliser en l'attaquant par surprise à la faveur de l'osbcurité de la nuit et il était à présent pieds et poings liés dans une vieille bicoque abandonnée juste à proximité d’un enclos abritant des porcins. Quant à l’homme qu’ils avaient trouvé au bord de la déshydratation complète, il voulait la rencontrer.

« Pourquoi faire ? » Questionna la magicienne.

« Pour te remercier. »

La jeune femme soupira. Avec le feu qui se répandait dans son crâne, elle avait plus de mal que d’habitude à jouer sa comédie quotidienne. Car il fallait savoir que durant toute cette conversation entre Morrigan et Rodryk, ils n’avaient cessé de se faire interrompre par les habitants du village qui venaient prendre des nouvelles de leur « Mère ». Comme à son habitude, la Desembrumes avait souri de toutes ses dents, plissée les yeux pour mimer la sympathie devant chacun d’entre eux. Elle avait échangé des futilités, les avait rassurés sur son état, parfois elle avait même dû redoubler de rire et d’assurance devant certains, un peu trop insistant avec leurs nombreux : « Vous êtes sûr que tout va bien ? » « Si vous avez besoin de quoi que ce soit… » « Que les ancêtres soient loués qu’il ne vous soit rien arrivé !... »

Ils arrivèrent finalement près du lieu de résidence de Rodryk. Une petite maison pas bien plus grande que celle de sa soeur. Celui qu'ils étaient venus voir était hébergé chez lui. Il se trouvait d’ailleurs à l’extérieur de la cabane, assis sur un rondin de bois, les yeux perdus dans le lointain. Morrigane l’observa un peu plus en détails que lorsqu’ils l’avaient trouvé. Elle n’avait pas jugé utile la première fois de s’attarder sur le visage d’un quasi-mort. Cet homme, proche de la fleur de l’âge avait les cheveux noirs, des yeux vert pâle, un bouc dont la symétrie trop parfaite laissait deviner un passage récent chez le barbier. Lui, ce n’était clairement pas un homme de la campagne, pensa Morrigane après l’avoir étudié succinctement.

Lorsque l’homme fut tiré de sa rêverie par l’arrivée des Desembrumes, son regard s’illumina. Il se leva, comme transporté et vint au contact de la magicienne pour lui attraper les mains.

« Vous êtes Morrigane ? Votre frère m’a vanté votre intelligence et votre courage mais jamais il ne m’a confié votre beauté."


Morrigane éprouva de la répugnance intérieure devant ce contact charnel non consenti, mais elle alla à l’encontre son instinct et referma ses mains sur celles du tactile avec chaleur feinte. Elle mima un petit rire gêné.

« Quel flatteur vous faites…heu… »

« Faustin Von Boeth."

Morrigane leva les sourcils de surprise, bien réelle, elle. C’était un nom de bourgeois ça.

« Hé bien mon cher Faustin, je suis ravie de constater que vous vous portez bien. Personne ne l’aurait cru hier. »

« Je suis encore faible mais je respire encore. Tout ça c’est grâce à vous. »

« Je vous laisse à vos amabilités. » Se contenta de dire Rodryk avant de les laisser seul.

Alors, la magicienne et le jeune bourgeois s’assirent. Là, l’homme raconta ce que le chasseur avait déjà rapporté à sa sœur mais avec quelques détails supplémentaires. Elle apprit donc que ce cher Faustin était en visite sur les terres de son père lorsqu’il s’était fait ravir. C’était une portion agricole sur laquelle ils s’adonnaient à la viticulture. Etant l’ainé mâle de la famille, il hériterait un jour des possessions de son géniteur. Il s’habituait donc déjà à cette tâche en supervisant les biens de « Papa » comme il aimait à le répéter. D’ailleurs, il semblait si fier de toutes ces choses auxquelles il n’avait pas participé. De nombreuses fois, il ne manqua pas d’insister sur la qualité du vin qu’ils produisaient.

« Ce n’est pas encore le meilleur, mais nous nous rapprochons chaque année des cuvées les plus en vues de la région. Nous exportons même, en Nirtim. »

Enfin, il raconta cette fin de journée horrible et traumatisante pour lui où une véritable escouade avait fait irruption sur ses terres, massacrant à tour de bras ceux qui s’y trouvaient.

« J’ai cru que ma dernière heure était arrivée mais ils me voulaient en vie »

Morrigane était perplexe compte tenue des informations qu’elle avait à présent. Elle ne manqua pas de faire entendre ses doutes.

« J’ai du mal à croire que quelqu’un d’aussi fortuné que vous décide de voyager sans protection sur ces terres. Fussent-elles les vôtres. »

« Vous avez bien raison. Ce n’est pas un risque que je prendrais. J’avais mes gardes personnels avec moi mais ces hommes n’étaient tout simplement pas à la hauteur. »

La suite de l’histoire, Morrigane la connaissait pour avoir déjà élucidé ce mystère avec Rodryk.

« Quoi qu’il en soit dès que l’on viendra me récupérer, je vous promets une belle récompense en guise de remerciement. »

La Desembrume fit preuve d’une fausse humilité, arguant qu’elle ne faisait pas ça pour les yus. Cependant, au fond d’elle-même, elle souhaita que les hommes de ce Von Boeth arrivent vite pour récupérer les sous et ainsi remplir une bourse miséreuse, mais ce n’était pas pour ce jour car Rodryk revint vers eux, le visage crispé dans une extrême inquiétude. Il était devenu blanc et il avait les yeux exorbités. Morrigane ne l’avait jamais vu comme ça même dans les pires moments. Elle comprit que quelque chose de très grave était arrivé. Elle se leva.

« C’est… c’est Randal. Tu sais ? Le… Le fils de … Tu sais … du… de… Le vieux Sigur. »

« Et alors quoi ? Il lui est arrivé quelque chose ? » demanda-t-elle.

L’homme du reprendre son souffle quelques secondes avant de répondre.

« C’est lui que j’ai envoyé en ville chercher de l’aide. On l’a retrouvé…. Mort. Deux flèches dans le dos. Il ne sera pas allé bien loin. »
« Quoi ? Mais ? Comment ça ? » commença à balbutier Faustin.

Morrigane se leva du rondin de bois sur lequel elle s’était assise.

« Dis en plus ! »

« Mais ne sais pas quoi te dire de plus ! Randal est là-bas, et a été assassiné putain ! »

Morrigane s’approcha de son frère et lui attrapa son visage entre ses mains. Elle avait accueilli la nouvelle avec un calme déconcertant. La mort de ce jeune Randall ne l’émut pas une seule seconde. Jamais disparation de quelqu’un ne l’avait touchée, pas même celle de ses propres géniteurs. Cependant, la vision de son frère la poussa à réagir. C’était lui son thermostat émotionnel, c’était par lui qu’elle lisait les émotions du monde, c’était son repère et son guide. Sur le visage de Rodryk elle lisait « danger » et ça lui suffisait à se sentir en insécurité. Son frère était cassé, et il fallait le réparer.

« Calmes toi ! J’ai besoin de toi ! Tu comprends ? J’ai besoin que tu sois là, avec moi ! »

Le visage de l’homme qui s’était méconnaissable à cause de la panique se détendit quelque peu. Il semblait ne plus voir que sa sœur devant lui, le regard plongé dans le sien, et cela suffit à lui remettre les idées en place.

« C’est horrible sœurette ! C’est vraiment un sentiment horrible, si tu comprenais… »

« Je le vois. Je te crois. Mais il faut que restes concentré… Et si c’était un coup des types qui en ont après Faustin ?"

« Quoi ? Mais ? Comment ça ? » s’exclama le concerné. Morrigane tourna sa tête dans sa direction.

« Ce jour-là dans la ferme, combien d’hommes s’en sont pris à vous ? »

« Je ne sais pas exactement. Je n’ai pas… »

« Plus de quatre ? » coupa Morrigane qui détestait les détours.

« Ils étaient au moins le double de ça je dirais. »

Elle se retourna vers Rodryk.

« Fais le compte. Il y avait d’abord les deux morts que nous avons triuvé, plus les deux autres qui nous ont suivis et attaqués. »

Le chasseur sembla soudainement comprendre.

« Oui… Qui nous dit que les hommes d’hier n’étaient que deux. »

Un silence de plomb s’abattit sur l’endroit avant qu’il ne soit chassé par la Desembrumes.

« Il faut interroger celui que l’on détient. »

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » mer. 26 mai 2021 07:57

[:attention:] Attention ! Ce rp est susceptible de choquer les âmes sensibles. Torture physique.


Morrigane et Rodryk se rendirent vers le lieu dans lequel était retenu le bandit. Ce dernier avait été solidement ligoté à un poteau, mains et poings liées, dans une cabane miteuse qui n’appartenait plus à personne. Elle avait le bois pourri et était si poussiéreuse que de nombreuses araignées avaient élus domicile à l’intérieur. C’est Rodryk qui y rentra pour interroger l’homme. Morrigane, elle, refusa d’y aller, préférant rester en retrait. Dehors elle écouta attentivement l’entrevue qui tourna rapidement court car l’homme refusa de dire quoi que ce soit d’utile si ce n’était que des insultes plus vulgaires les unes que les autres.

Lorsque Rodryk sortit de là, le visage blêmi, la jeune magicienne le pris à partie avec un ton rude.

« Tu penses vraiment que c’est en le traitant de cette façon que tu vas obtenir quelque chose de ce type ? Il faut l’obliger à parler !»

Le visage du chasseur qui était déjà blafard sembla le devenir encore plus. Les yeux exorbités, il jeta un regard en biais à sa sœur.

« Quoi ? Tu veux que je le torture peut-être ? »

Morrigane haussa les épaules négligemment signe que le sort du bandit lui importait peu.

« Je ne te demandes pas ça. Je te dis de le bousculer un peu. »

« Je ne suis pas comme ça. C’est au-dessus de mes forces. »

La magicienne posa ses deux mains avec douceur sur le bras de son frère plongeant un regard déterminé dans le sien. Elle, elle savait qu'elle pouvait le faire.

« Alors laisses-moi faire. »

Le Desembrume s’était figé sur place son regard emplit de doute planté dans celui de sa sœur. Il y avait dans cette tension tout un langage sans parole, dans lequel toute leur histoire commune était remise sur la table. Dans ces flots de souvenirs charroyés, certains passages concernaient la jeunesse de la jeune femme lorsqu’elle prenait du plaisir à torturer des êtres vivants. Sous l’influence de Rodryk et avec la prise de conscience sur la nécessité de rester dans les chemins balisés de la société, elle avait arrêté ce genre de pratiques. Le chasseur devait probablement, ici, avoir peur que cela la fasse replonger.

« Morrigane… Ce serait te mettre en danger. »

La jeune femme soupira bruyamment, agacée par cette tergiversation alors qu’elle était sûre d’elle.

« Je vais réussir à me contrôler. »

Le silence fut long. Rodryk semblait tiraillé. C’est Morrigane qui le brisa pour tenter d’affermir sa décision.

« Si tu veux tu resteras dehors à écouter. Si ça tourne mal tu interviens. D’accord ? »

L’homme acquiesça sans dire mot mais la perplexité se lisais sur son visage. Sans rien attendre de plus, Morrigane s’avança vers la cabane et y entra. Il faisait sombre à l’intérieur. Quelques trous sur les murs laissés par le temps, laissaient filtrés des rayons lumineux à l’intérieur desquelles dansaient des essaims de poussières semblables à des petits flocons de lumières. Ils allaient et venaient sur les restes de vies passées altérés par le temps qui s’entassaient un peu partout. Il y avait une table brisée en deux. Des chaises qui n’avaient plus toutes leurs pattes, des caisses de bois, des restes de jutes, qui avaient dû jadis servir de contenant à ustensiles divers et variés. Au milieu de tout ça, il y avait le bandit, poings et pied liés, attaché fermement à un poteau qui servait à maintenir la maison. Il avait le visage tuméfié. Lorsqu’il vit Morrigane et le côté de son crane gonflée à cause du coup qu’elle avait reçu la veille il éclata d’un rire gras.

« HAHAHAHA ! Putain ! L’enfoiréééééé ! Il ne t’a pas raté mon frangin ! »

La jeune femme lui jeta un regard neutre, sans lui répondre. Elle ne fut pas toucher par les propos du bandit. Elle était plutôt insensible à ce genre de provocations qui visent à toucher l’égo. Elle se baissa, juste pour ramasser un pied de chaise qui traînait là, sur le sol. Elle l’examina un instant. Le bois était pourri, nul doute qu’il ne résisterait pas longtemps à un choc puissant.

« Quoi tu as perdu ta langue ? »

La jeune femme avança vers l’homme et sans avertissement fracassa sur sa tête le pied de chaise qui explosa, projetant copeaux et poussière sur la tête et les épaules du bandit.

« Putain de salope ! »
Cria l’homme de douleur et de rage.

Elle chercha des yeux autre chose. De la patte de chaise, un clou avait été éjecté. Il était bien rouillé par le temps. Elle le ramassa et commença à rassembler d’autres clous sur le sol, le picorant de sa main. Pendant qu’elle faisait cela le bandit ne cessa pas de l’insulter, de la provoquer mais la magicienne ne semblait rien entendre tant elle restait impassible à tout cela. Elle n’avait rien à prouver à personne. Elle s’approcha de lui et, une fois cela fait, elle plaça l’un des clous sur sa cuisse et commença à l’enfoncer à la force de ses bras, tournant l’objet pour avoir plus de pénétration dans la chaire. L’homme tenta de résister, serrant les dents mais il finit par lâcher un cri en insultant la vertu de la magicienne. Classique. Puis elle refit la même chose quatre fois, avec des clous différents. Elle fit la chose tellement minutieusement qu’elle forma une ligne sur la jambe de l’homme. Bien droite. Pendant tout ceci elle fut tellement absorbée, comme peu de fois son esprit l’était, qu’elle en oublia pourquoi elle faisait cela.

Elle recula de quelques pas, et, voyant le résultat de son travail, puis la mine de l’homme qui l’observait dans une expression mêlant rage et souffrance, elle commença à éprouver un certain plaisir qui lui tira un petit rire.

« Ahahah… »

Son cerveau qui était régulièrement sous l’emprise de l’ennuie, était stimulé par l’interdit qu’elle venait de commettre. Elle s’approcha à nouveau de l’homme les yeux animés d’un vrai plaisir.

« Tu vas répondre à nos questions ? »

Elle espérait qu’il refuse.

« Vas te faire foutre, catin ! »

Pour faire ça : L’homme eu à peine finit que Morrigane planta un clou qu’elle avait dans la main dans l’œil de l’homme. Un cri qui surpassa tous les autres sortit de sa bouche. On eut cru que ses cordes vocales se déchirèrent. Morrigane éprouva un tel plaisir devant ce spectacle qu’elle eut envie de rire à nouveau. Mais cette fois elle se retînt. Elle ne voulait pas se laisser aller. Elle laissa l’homme à sa plainte, de longues minutes, en le regardant fixement. Pendant tout ce temps elle ne dit rien, se contentant de profiter de l’œuvre qui formait cette souffrance.

« Tu vas répondre à nos questions ? »

« Oui, oui.. »

Le visage de la magicienne changea. Elle fronça les sourcils, et se mordit la lèvre inférieure, plein de frustration. Elle se retînt un instant, quelques secondes, les muscles tremblants, mais, n’y tenant plus, elle lui enfonça le clou dans l’autre œil encore valide qui n’osait déjà plus la regarder. Un nouveau déchainement de cris horrible eu lieu et qui sonna l’entrée de Rodryk dans la cabane abandonnée devenue geôle puis salle de torture.

« Morrigane, c’est bon maintenant. »

La jeune femme se retourna le visage encoléré, pleine d’une nouvelle frustration. Elle ne voulait pas être interrompue.

« Mais pourquoi ?! »

Lorsque ses yeux tombèrent dans ceux de Rodryk, la transe dans laquelle elle commençait à plonger s’estompa. Elle se rendit compte qu’elle était en train de perdre le contrôle. Résolue à ne pas franchir le cap mais frustrée, elle se leva donc et sortit de la cabane.

« Il est à toi. »

Dehors, quelques villageois alertés par les cris eurent l’air surpris de voir la jeune femme sortir de la « geôle. ». Elle leur jeta à peine un regard. Une attitude bien lointaine de ses faux semblants habituels. Là, elle n’en était pas capable. Elle se dirigeait déjà chez elle, tremblante de manière presqu’imperceptible d’une certaine excitation. À peine fut elle entrée qu’elle ouvrit à nouveau son livre de sort magique. La seule manière pour elle de ne plus penser à ce qu’elle avait ressenti était de se plonger dans le travail, dans une autre stimulation. Mais elle eut de mal. Ce jour-là, elle eut beaucoup de mal.

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » jeu. 27 mai 2021 02:10

Les paumes ouvertes, Morrigane fit apparaître deux boules de flammes dans sa main. Les yeux perdus sur ces objets, elle se demandait comment arriver à leur donner une vie propre. Elle essaya d’instiguer les fluides lentement à l’intérieur des boules mais elles devinrent bleues, preuve qu’elles étaient juste plus chaudes. Morrigane réessaya, plusieurs fois, pour le même résultat. Elle ne comprenait pas. Cependant ce problème accaparait tellement son attention qu’elle ne s’énerva pas une seule fois, cherchant plutôt à trouver des solutions. Au contraire, elle était terriblement stimulée et elle s’amusait. Lors de sa dernière tentative elle reprit l’opération avec une telle concentration, un tel contrôle du débit dans la libération de son fluide qu’elle réussit. Deux boules de feux jaillirent de ses mains et elles pu les laisser là, flotter quelques secondes devant elle. Ravie, un sourire se dessina sur son visage alors que Rodryk rentra au même moment. Lorsqu’elle le vit, elle se rappela pourquoi elle avait si vite voulu se plonger dans la magie pour ne pas céder à ses comportements anti-sociaux. D’un geste elle fit s’évaporer les boules enflammées.

Le visage sombre, l’homme lui raconta dans les moindres détails ce que le prisonnier lui avait révélé. Il faisait partie d’un groupe de mercenaire engagé pour kidnapper Faustin. La garde de l’homme était de mèche et c’était la raison pour laquelle cela s’était si bien passé lors de leur attaque sur l’exploitation viticole. Comme ils le savaient déjà ils eurent un souci de véhicule lorsque la roue de la carriole se brisa.

« Le début on connait. Vas à l’essentiel. »

L’histoire fut la suivante. Les deux frères bandits avaient suivis Morrigane et Rodryk jusqu’au village après qu’ils eurent été vu, fouinant près de la carriole, mais ils n’étaient pas seuls. Deux autres hommes les accompagnaient. Ne sachant pas ce qu’ils allaient trouver dans le village ils laissèrent les deux autres en retrait convenant que s’ils ne revenaient pas ils iraient chercher du renfort. Leur campement n’était pas très loin, à une demi-journée, alors « la cavalerie » devait probablement déjà être là, ou au moins à proximité.

« Je comprends maintenant pourquoi Randall a été retrouvé mort. Ils ne voulaient pas nous laisser l’occasion d’appeler du monde en renfort. »

« Oui… D’ailleurs Ezhaï n’est pas non plus rentrer de la chasse. »

La magicienne aceeuillit la nouvelle avec une certaine inquiétude. Elle se sentait en danger.

« Ils vont nous exterminer. Comme ils l’ont fait pour les travailleurs de Faustin…. »

« Je ne sais pas quoi faire. »

« On a pas le choix. On va réagir. »

« J’y ai pensé. Je ne doute pas que les gens du village voudront défendre leurs vies. Mais nous sommes petits. Combien seront en mesure de se battre ? Une quinzaine ? Avec des fourches et des coutelas émoussés ? Avec des gens qui, pour la plupart, ne se sont jamais battus de leur vie ? Même si on avait l’avantage du nombre je ne suis pas sûr qu’on réussira contre des bandits."

La magicienne plissa les yeux aux propos de Rodryk, désabusée et intriguée par le fait que ce soit cette solution qui lui soit venu en tête quand elle avait parlé de réaction.

« Je ne parlais pas de se battre. On leur donne Faustin, comme ça, ils n’auront plus aucune raison de s’en prendre à nous. »

« Quoi ? Je ne ferais jamais ça ! »

Morrigane eut envie d’étrangler son frère. Elle ne comprenait pas les gens normaux. Pour elle, il n’y avait absolument aucun sens à se mettre ne serait-ce que quelques secondes en danger pour quelqu’un d’autre et en plus de cela, gracieusement.

« Toi tu es émotif. Moi, je suis pragmatique. Ce type, on le connait à peine. On ne va pas risquer la vie de tout un village pour celle d’un riche bourgeois inconnu jusqu’à hier ? »

« Comme si tu en avais quelque chose à faire de la vie des villageois. » râla le frère Desembrumes.

« Mais je tiens à la mienne pas toi ?»

Un grand silence s’imposa dans la maison. Une ou deux minutes passèrent durant laquelle les deux personnages réfléchissaient.

« Désolé Morrigane, mais ce ne serait pas juste pour lui... On va se battre. »

Morrigane regarda Rodryk d’un air sévère mais ne dit rien. Elle était complètement en désaccord avec son frère. Cependant, elle le connaissait et savait qu’il serait inutile d’essayer de le convaincre. Elle le connaissait bien et quand il pensait faire la chose « juste » , personne ne pouvait l’arrêter. Morrigane trouvait cela complètement insensé. Dans son monde à elle, une telle posture ne présentait aucun intérêt.

« Je vais réunir ceux qui sont aptes. » Dit-il en commençant à s’éloigner. « Ah et au fait, ça va ? »

Morrigane leva doucement les épaules, perplexe.

« Pourquoi ça n’irait pas ? »

« Tout à l’heure tu as faillis… te laisser emporter.»

« Pas besoin d’en parler. C’était rien. » mentit-elle. Elle n’avait pas envie de s’entendre faire la morale à cet instant. Il y avait des choses plus urgentes à régler.

L’homme resta un moment à l’observer avant de conclure.

« D’accord. »


Rodryk s’était déjà projeté dans le village pour réunhttps://univers.yuimen.net/posting.php?f=41&mode=reply&t=490&sid=44cae6fafdff5c4a3a6194fb9f1eacea#ir ceux qui étaient capable de tenir une fourche, un coutelas, un gourdin ou n’importe quoi leur permettant de se défendre. Dehors, le soleil se couchait, amenant avec son sommeil imminent des ombres de plus en plus pressantes. Probablement que les mots de Rodryk amèneraient cette même peur dans les entrailles des villageois. Morrigane avait profité que son frère soit occupé à réunir et prévenir les hommes pour jeter son corps dans les artères du petit village. La magicienne s’était invitée auprès de Faustin qui avait l’air préoccupé, à en juger par ses mouvements mal assurés et ses ongles rongés. Il était là où Morrigane l’avait laissé, mais cette fois, il était debout, faisant les quatre cent pas.

La brune, rusée, s’approcha de l’homme de son ton agréable soigneusement façonné. Elle savait que pour aborder un sujet difficile, il valait mieux l’amener avec douceur.

« Faustin ! Quel plaisir de vous croiser ! Comment vous sentez vous ? »

« Ca va… Je crois.»

Néanmoins, la magicienne ne tint pas longtemps sa posture. Il n’ y avait personne aux alentours, et elle ne comptait pas vivre avec ce Von Boeth alors, rien ne l’obligeait à lui paraître agréable. Elle abandonna donc son masque et les détours d’une conversation futile dans le but d’obtenir ce qu’elle voulait. La situation était de toute façon critique.

« Partez ou rendez-vous à vos ravisseurs ! »

Faustin ouvrit grand les paupières. Choqué et déstabilisé par les paroles et le soudain changement d'attitude de Morrigane.

« Quoi ? »

« Vous avez très bien entendu ! » Ici il y a des personnes qui ont une vie tranquille et qui n’ont rien cherché d’autre durant. Aujourd’hui, mon frère est prêt à les faire mourir pour vous. Ce n’est pas juste pour eux ! »

L’homme sembla vraiment touché par ces paroles. Il baissa la tête entre ses épaules devenues lourdes.

« Croyez-moi, je suis désolé, vraiment. Je n’ai pas voulus ça. Mais peux pas sciemment me livrer à ces criminels. Ils vont me tuer. »

« Ils veulent votre argent. Ils ne vous tueront pas. »

« Qu’est-ce que vous en savez ? » se rebiffa quelques peu le bourgeois.

« J’ai un cerveau, je réfléchis, et la chose me paraît évidente. Vous seriez mort comme vos employés si ça devait être le cas. »

Il y eu un grand silence dans lequel il semblait que Faustin se mit à réfléchir. Morrigane le fixait sans ciller en attendant qu’il dise quelque chose. Prête à réattaquer.

« Vous avez raison, je ne peux pas laisser des gens mourir pour moi. Je me battrais à leur côté. Mais je vous en supplie ne me demandez pas de me rendre. »

Morrigane leva le menton pour observer l’homme de biais. Rien qu’en observant son visage, elle comprit que jamais il ne se rendrait. Ses yeux suintaient de peur. Alors, sachant la cause perdue, la magicienne tourna sur ses talons et s’éloigna, sans aucun mot de plus, sans aucune forme de politesse. Elle n’aimait pas perdre son temps…

Le soir venu, quelques hommes s’étaient rassemblés, armés de leurs outils quotidiens. La petite quinzaine de braves était plutôt hétéroclite, allant des très jeunes aux hommes grisonnants, qui avaient encore assez de hargne pour s’imaginer faire jeu égal avec des bandits rompus à l’art du meurtre. Faustin était aussi parmi eux, comme il l’avait promis. Morrigane aussi, malgré les protestations de la majorité des hommes qui prétendaient que cela n’était pas là. Ils attendaient, certains tremblants, face à leur destinés armés de fourche, de faux, de coutelas, de gourdins, ce qu’ils avaient pu trouver sous la main. Rapidement, alors que la nuit commençait à poindre. C’est le moment que choisirent les bandits pour s’approcher. D’une colline proche, il purent voir les flambeaux scintillant descendre dans leur direction. Ils formaient eux aussi un groupe, d’une petite dizaine de combattants. À le différence qu’eux, étaient armés d’armes faites pour tuer. Epée, masse, hache. L’un d’eux, qui semblait être leur leader, montait un cheval en tête de fil. Les deux groupes armées firent jonction et alors, l’homme sur le cheval prit la parole, après les avoir tous jaugé.

« Bon. J’vais pas passer par quatre chemin ! Vous avez un mec qui nous intéresse. Livrez le et on épargne votre village. »

La voix de Rodryk s’éleva.

« Non. Vous avez tué l’un de nos fils, vous paierez pour ça. »

Le bandit secoua la tête dépit.

« Et vous vous avez pris la vie des jumeaux, deux de mes meilleurs gars, qui avaient leurs réputation… Croyez-moi, c’est plus qu’une fleur que je vous fait. Le petit Von Boeth va nous rapporter plus de fric que piller votre village miteux. Nous on gagne du temps et vous aussi… sur votre vie. »

« Nous sommes des hommes braves, comme nos ancêtres avant nous. Nous ne reculerons pas devant la mort. »

C’est le moment que choisis Morrigane pour intervenir.

« On vous le donne ! »

Une vague de stupeur envahi le petit groupe.

« Tu dis ? » répondit le chef bandit en mimant exagérément qu’il tendait une oreille.

« Faustin Von Boeth. On vous le donne, si vous nous épargnez ! »

« Mais… Quoi ? Non ! » s’exclama Rodryk le visage ahuri.

« Si ! C’est ce que nous allons faire ! » reprît la magicienne d’un ton dur.

« Je refuse de céder. »

« Ce n’est pas à toi de décider ! »

Le chef des bandits l’air passablement épuisé par la petite querelle fit de nouveau entendre sa voix puissante.

« Bon alors ! Vous allez vous mettre d’accord ? On n’a pas que ça à faire nous. On doit vous buter ou pas ?»

« Demandons à ceux qui sont présent leur avis sur la question. » Reprit Morrigane en jetant à Rodryk un regard de défi.

Et aussitôt dit, elle se tourna vers le groupe.

« Choisissez ! Leur livrer Von Boeth pour vos familles où risquer votre vie pour cet inconnu. »

Une poignée de seconde n’eut pas le temps de s’écouler que des bras se saisirent de Faustin qui, depuis le début, tentait de se dissimuler au milieu des hommes.

« Non ! Arrêtez ! Pitié ! »

Sans ménagement, l’homme fut jeté au pied des bandits par deux solides gaillards du village qui n’avaient manifestement pas envie de perdre la vie pour cet homme. Il tenta de se relever pour s’engouffrer au sein du petit groupe mais les hommes le repoussèrent violement en l’insultant.

« Mais casses toi ! »

« On ne veut pas de tes problèmes ! »

« Allez vas ! Vas ! Dépendeur d’andouille ! »

Deux bandits vinrent alors le maîtriser. Faustin se débâtit, hurlant de désespoir, les larmes aux yeux.

« Pitié ! Je vous en supplie ! Ne les laissez pas me prendre ! »

Un sérieux coup de poing dans le ventre vînt le plier en deux et étouffer ses jérémiades sous des gémissement plaintifs. Alors qu'il se faisait bâillonner et que ses mains étaient attachées à une longue corde que trainerait le cavalier, ce dernier s’adressa au villageois.

« Sage décision ! Remerciez cette femme. C’est grâce à sa jugeote que vous évitez une nuit d’horreur. »

Puis il fit pivoter sa monture.

« Allez ! On y va. »

La colonne s’éloigna alors aussi lentement qu’elle était arrivée, avec, cette fois, un prisonnier qui la suivait au son de ses plaintes désespérées. Morrigane regarda un instant Rodryk. L’homme était choqué, figé, et regarda s’éloigner la troupe l’air ému. La magicienne fit une moue dépréciative et se tourna vers les villageois. Ils avaient l’air soulagés pour la plupart. Le père de Tobias, tué par ces mêmes hommes, regardait les bandits s’en aller avec une certaine émotion. Lorsqu’il se détourna, son regard vint croiser celui de la magicienne. Elle devina sa pensée.

« L’un d’entre eux est encore prisonnier, faîtes ce que vous voulez de lui si cela peut apaiser votre peine. »

Ainsi, celle qui venait d’affirmer,son statut de chef de la communauté avait parlé. Elle tourna les talons et s’en alla, lassée de jouer le rôle d’une « Mère » bienveillante. Elle rentra vers son refuge, sans qu’aucun villageois n’ose venir lui parler sur le chemin au regard de la mine dure qu’elle arborait. Elle alla rapidement se cacher chez elle où, personne ne vînt la déranger. Pas même Rodryk qui, elle l’imaginait, devait calmer loin la colère qu’il avait pour elle. Son attitude avait profondément déçu Morrigane. Elle le trouvait irrationnel et cela la mettait profondément en danger.

Comme prise d’une nouvelle obsession, elle laissa ces réflexions à plus tard pour aller ouvrir de nouveau son grimoire de magie. Après une énième relecture de la page consacrée aux sorts et des conseils du rédacteur qu’elle contenait elle se remit à la pratique. Elle se concentra revenant à l’étape qu’elle maitrisait déjà. Deux énormes boules de feux apparurent dans chacune de ces paumes tendues. Elle essaya de se détacher de sa magie et elle recula, laissant les boules flotter devant elle. Mais elles ne bougèrent pas, flottant, immobile. Alors Morrigane essaya de se reconcentrer sur magie en essayant de ne faire qu’un avec ses fluides. Alors deux boules se mirent à s’animer suivant le regard de magicienne. Elle monta les yeux, les baissa, tourna sur elle-même, et les boules de flammes suivaient chacun de ses moindres mouvements. Alors à nouveau, elle tenta de se détacher de sa magie, et les boules s’arrêtèrent, flottant à mi-distance. La jeune femme réfléchissait un instant. Elle ne voyait pas comment faire pour insuffler un comportement autonome à sa magie. Prise de fatigue, la tête encore lancinante de l’enorme coup sur la tête reçu la veille elle préféra aller se coucher.

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Re: La Garrigue

Message par Syelsa » lun. 2 août 2021 13:10

Habitants des plaines


Sortie de la forêt, le climat chaud et les terres balayées par les vents venus de la mer laissent un paysage étrange, quoique bien différent des plaines près du Bois d’où je viens. Pas de plaines aux herbes rachitiques et à la flore maladives, mais e vastes étendues de roches et de buissons épineux, de cactus et de terres assommées par un soleil brûlant contre lequel mon cher chapeau me tient protégée. En grande partie en tout cas. Veillant à bien éviter les buissons et les chardons pour ne pas abîmer mes pieds dans cet endroit, je ne peux m’empêcher de ramasser quelques plantes étonnantes et des fleurs de cactus qui, je suis sûre, plairont beaucoup à Isqua. Malgré la chaleur, le voyage est agréable et les roches blanchies par le temps sont autant de terrain de jeu à escalader.

Les nuits sont fraîches, mais heureusement pas assez pour que je grelotte une fois emmitouflée dans ma robe, roulée en boule pour conserver ma chaleur. Çà et là, quelques animaux vadrouillent tandis que je m’efforce de méditer pour récupérer des journées de marche. Le soleil est réellement implacable ici et, comme les animaux, je cherche régulièrement des coins d’ombre durant la journée pour reprendre un peu de fraîcheur et d’eau avant de repartir. Le chemin plus à l’Ouest avait été plus frais, car passant par les champs et les plaines ombragées, mais celui-là est bien plus éreintant malgré le sentiment d’accomplissement qui m’envahit peu à peu. Il ne me reste qu’une halte à faire à Tulorim. L’herboriste n’a pas pu me donner certaines des plantes demandées par Isqua, notamment une plante ne poussant qu’en bord de mer et je vais devoir aller en ville pour essayer d’en trouver chez un marchand. J’ai peu d’espoir, mais qui ne tente rien n’obtient rien.

En traversant les étendues sauvages de cette région, je croise un berger conduisant un troupeau vers de plus verts pâturages. Le vieil homme me salue jovialement et partage avec moi un de ces repas, me présentant ce qu’il fait grâce au lait des animaux qu’il convoie régulièrement. Une boule de couleur blanchâtre à l’odeur forte qui me fait froncer le nez et lui tire un sourire. Le goût est à la hauteur de l’odeur, mais, étrangement, ce n’est pas mauvais, et même plutôt bon avec une tranche de pain et quelques fruits. Comme quoi tous les humains ne sont pas méchants ou agressifs. Cela me soulage un peu, mais il faut dire que je n’en ai pas rencontré beaucoup qui donnent une bonne impression en dehors des caravaniers et de ce berger. Comme si ceux qui vivaient de voyages et de longs trajets étaient plus ouverts que ceux ne vivant que dans un coin du monde.

J’accompagne le berger sur un bout de chemin avant de reprendre la direction du Nord. Il ne faut que quelques heures pour que quelque chose attire mon regard. Une forme est allongée sur le sol, près d’un rocher et des oiseaux au plumage sombre dessinent de larges cercles au-dessus. Curieuse, je m’approche pour découvrir un spectacle qui me serre la poitrine. Un centaure est allongé là, blessé à de nombreux endroits. Mort ? Je ne perds pas de temps et m’approche aussitôt, grimaçant en omettant de faire attention là où je marche, pour finalement atteindre le centaure. Une robe d’un brun foncé recouvre sa partie chevaline tandis que sa partie humaine ressemble fort aux habitants de la région. Une longue chevelure brune lui descend jusqu’en bas du dos et il est couvert de blessures plus ou moins graves. Il respire encore, heureusement. À ses pieds, une arme est posée, elle aussi couverte de sang. Je la pousse et examine les blessures du blessé. Blessé qui se redresse aussitôt que je pose une main sur lui. Son bras manque de me gifler et font décoller mon chapeau que je récupère aussitôt pour l’enfoncer sur mon crâne face à son regard aussi surpris que furieux.

- Arrière ou je t’occis !

- Cessez de bouger ! Vous êtes blessé, laissez-moi regarder !

- La douleur n’est rien ! Je refuse l’assistance d’un ennemi !

Je savais les centaures têtus et très portés sur leurs traditions et leur besoin de prouver leur valeur, mais aller jusqu’à refuser de l’aide…

- Je ne suis pas une ennemie. Vous êtes un fils de Yuimen, fier centaure, je ne vais pas vous laisser ainsi.

Il me fixe un instant de ces yeux si semblables aux humains tandis que j’ouvre ma sacoche pour préparer de quoi calmer la douleur et guérir ses blessures. Je ne pourrais guère faire plus que lui donner une chance de survivre, mais le laisser ainsi serait horrible. Les centaures ont suffisamment souffert durant leurs millénaires d’existence. Je lui tend mon outre d’eau tout en continuant à fouiller et un mince sourire m’échappe quand il s’en empare vivement. Le pauvre doit être assoiffé sous un tel soleil.

- Qui es-tu ?

- Une humble apprentie qui rentre chez elle, rien de plus.

- Ta peau… tes oreilles… tu n’es pas humaine.

Ce n’est pas vraiment une question, mais je me dois de répondre malgré tout.

- Je suis une Taurionne. Les humains nous appellent elfes verts ou elfes des bois.

- Je n’en avais jamais vu. Etrange…

Je ne retiens pas un léger rire à l’idée qu’un mi-homme mi-cheval me trouve étrange. Je lui donne quelque baies tout en utilisant mon restant de consoude sur ses plaies, ainsi qu’u peu de sauge. Prise une à une, les blessures sont relativement légères, mais leur nombre est important et sans soin il serait sans doute mort. Et si le saignement ne le tuait pas, la déshydratation l’aurait fait. Cela me prend un moment pour traiter toutes les blessures et vide complètement mes réserves de consoude. Je vais devoir en chercher de nouveau sur le chemin du retour. La respiration sifflante du centaure s’est apaisée et c’est l’essentiel.

- Comment vous sentez-vous ?

- Mieux, je te remercie.

- Vous m’en voyez ravie. Essayez de ne pas bouger pour le moment, mais vous devriez être bientôt sur pied… enfin sur sabots.

Cela a le mérite de lui faire hausser un de ses épais sourcils tandis qu’une esquisse de sourire déforme ses traits durs. Et dire que certains pensent qu’ils sont de simples sauvages dénués de sentiments...

- Comment vous êtes-vous blessés ?

- Une troupe de gnolls a attaqué notre tribu. Ils s’enhardissent depuis quelques temps alors nous leur avons donné la chasse après les avoir fait fuir. Trop pris par le combat je n’ai pas réalisé mon état et là où je me trouvais.

- Je vois… Réussirez-vous à retrouver les vôtres ?

- C’est déjà le cas.

Alors qu’il pointe du doigt une direction derrière nous, j’entends des bruits répétés en train d’approcher vivement. En tournant la tête, j’aperçois quelques autres centaures approcher et souris au centaure blessé.

- Effectivement. Il aurait été préférable que vous vous reposiez encore.

- Je suis solide et je ne crains pas la douleur. Mais je peux vous re… WELEHM ATTEND !

Je n’ai pas le temps de comprendre pourquoi il se met soudainement à hurler qu’une vive douleur s’abat sur l’arrière de mon crâne. C’est à peine si je sens le choc de ma tête contre le sol tandis que je perds connaissance, mon esprit filant à toute vitesse dans les ténèbres. La dernière chose que j’entends ce sont des vociférations indistinctes.

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Re: La Garrigue

Message par Syelsa » dim. 8 août 2021 16:20

Fils de Yuimen


J’ai la sensation de flotter. Parfois je perçois des lumières, des brides de sons qui me parviennent mais me semble plus lointain que le souffle du vent ou que le murmure d’une cascade. Je pense à Isqua et me demande si elle va me réveiller bientôt pour aller reprendre nos leçons. Une douleur lancinante apparaît soudainement, enfle tellement que j’ouvre les yeux, les fermant aussitôt lorsque la lumière me brûle la rétine. Un long gémissement m’échappe et mon bras couvre aussitôt mon visage. Je sens ma peau coller contre mon front en sueur et, doucement, écarte mon bras en clignant des yeux. Quelque chose de doux me recouvre jusqu’aux épaules et autre chose de mou est posé sous ma tête. Je ne sens pas ma robe, uniquement la douleur de ma tête qui ne semble pas vouloir se calmer.

Un bruit proche me fait redresser le buste. J’ai rarement regretté autant un geste instinctif. Le monde se met à tourner et se brouiller et la douleur emplit ma tête suffisamment fort pour me rallonger aussitôt en gémissant. C’est pire que la fois où je suis tombée du grand chêne ! Une violente nausée me prend, me causant des spasmes avant que de larges mains ne me replacent correctement, plaçant quelque chose de froid et humide sur mon front. Cela me soulage tellement que je lâche un soupir tandis que quelques gouttes glissent le long de mon visage. Je lutte un instant avant de parvenir à ouvrir les yeux pour ne voir qu’une forme floue avec de longs cheveux s’agiter à côté de moi. Des sons, des mots que je ne distingue pas se mettent à emplir le silence qui a été présent jusque-là, mais bien vite je ferme à nouveau les yeux pour replonger dans l’obscurité.

Le réveil suivant est plus simple. Toujours les sensations de douceur qui m’entourent, mais al douleur qui m’a accueillie a, elle, suffisamment diminue pour que je puisse réfléchir un peu. Je suis allongée dans une tente très haute et ce qui me recouvre ressemble à une fourrure. Prudemment, je me redresse, constatant que je suis intacte et toute nue sous la couverture. Ma tête me lance, mais j’ai beau vérifier, je ne sens aucune trace de blessure sur mon crâne. En fouillant du regard la tente, je n’aperçois rien de plus. Pas de trace de mes affaires, de mon chapeau ou de ma robe. Voilà qui m’ennuie. Doucement et avec précaution, je me relève et quitte la couche, m’arrêtant au moindre signe de tournis pour finalement atteindre la sortie de la tente.

Je tombe nez à nez avec un buste au-dessus duquel se tient une tête avec le visage surpris d’une femme aux longs cheveux de la couleur des corbeaux dont deux plumes blanches tranchent par leur pâleur, un crâne pendant le long d’une fine cordelette pour se loger sur sa poitrine pour seul vêtement. Sa partie équine est d’une couleur tout aussi sombre que ses cheveux, mais des signes semblent être peint sur ses jambes et sa croupe. Elle me regarde de haut en bas, un sourcil levé, avant de tourner la tête, mettant ses mains en coupe autour de sa bouche.

- BORAAAAAAAK !

Je grimace face à son cri tandis que de nombreux autres centaures que je commence à percevoir tournent la tête dans notre direction. Il y a plus d’une dizaine de grandes tentes tout autour de nous et je comprends que je suis probablement dans le camp d’une tribu de centaure. Je me souviens vaguement en avoir croisé un et l’avoir aidé, mais sans avoir la moindre idée de comment j’ai atterri ici et pourquoi j’ai aussi mal à la tête.

- T’es plus coriace que je ne le pensais, petite fougère. Tu devrais attendre à l’intérieur. Voir une femelle nue va attirer l’attention des mâles.

- Pourtant vous n’êtes pas plus vêtue que moi.

- Peut-être, mais je peux les vaincre à mains nues s’ils se montrent trop insistants, peux-tu en dire autant ?

Non, effectivement. Je retourne donc dans la tente, mais pas plus avancée qu’avant. Je n’ai toujours aucune idée de l’endroit où je suis et j’ai beau fouiller dans ma mémoire, rien concernant mon arrivée ici ne me revient en tête. Je me creuse les méninges pendant un certain temps, sans parvenir à faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. Le froissement du tissu de la tente me fait tourner la tête quand un centaure entre. Je le reconnais aussitôt et un sourire éclaire mon visage quand je vois qu’il tient mes affaires dans ses bras. Il me tend le tout sans rien dire et me laisse m’habiller. Je retrouve mon chapeau et ma robe avec plaisir et la magie qui pulse doucement de l’arcane me rassure un peu. La situation est trop bizarre pour que je ne sois pas un peu inquiète. Les centaures ne sont pas réputés pour leur sang-froid après tout. Ma sacoche est là elle aussi et son contenu intact.

- Merci de m’avoir ramené mes affaires.

- Je te devais bien cela, tu m’as sauvé la vie. Mon nom est Borak, je n’ai pas pensé à te le dire avant que mon frère ne t’assomme. Pardonne-le, il pensait à tort que tu me voulais du mal.

Ah, cela explique la perte de connaissance et le mal de tête. Fougueux et prompts à attaquer, ces centaures. Cela m’attriste que les Fils de Yuimen en soient venus à devenir aussi brutaux à force d’être traqués. Je ne vais pas m’ajouter à la liste de ceux qui les haïssent.

- Je comprends, ce n’est rien. Je ne suis pas prisonnière alors ?

- Prisonnière ? Non, rassure-toi. Pour être honnête, tu as suscité beaucoup d’intérêt de la part de certains des nôtres, mais il ne t’arrivera rien. Sauver un des nôtres est un geste que nous louons. Nous ne sommes pas si nombreux après tout. Cela a surpris, qu’une deux-jambes vienne en aide à l’un des nôtres.

- Vous êtes les Fils de Yuimen, ceux censés être le pont entre les hommes et la nature. Je n’allais pas laisser l’un d’entre vous mourir si je pouvais faire quelque chose.

Il me fixe avec un regard étrange. Surpris, sans aucun doute, mais pas seulement. Je ne fais que lui sourire en retour, ne réussissant pas à le faire monter jusqu’à mes oreilles. Je sais que les centaures ont dégénéré et sont devenus bien trop dangereux à présent, pour espérer qu’une quelconque entente puisse un jour se former. Un jour, ils s’éteindront sans doute, décimés par les Hommes, et cela me peine de voir les créations de Yuimen subir ce sort. Si je pouvais faire quelque chose je le ferais, mais je ne suis qu’une apprentie pas encore membre du Coven, Je ne peux qu’espérer réussir une telle tâche un jour. Et la réussir avant qu’il ne soit trop tard.

- Normalement, nous n’acceptons aucun étranger parmi nous, mais…

- Je ne vais pas rester. Je vous remercie de m’avoir veillée, mais j’ai encore une longue route à faire pour rentrer chez moi.

Il paraît presque soulagé en entendant cela. Sans doute voulait-il montrer une certaine reconnaissance, mais cela ne devait pas plaire au reste des siens et de toute façon ce que j’ai dit est vrai, je dois rentrer. Il me conseille tout de même de rester ici le reste de la journée, par précaution et j’accepte sans hésiter. J’ai suffisamment entendu Isqua répéter de ne jamais supposer qu’une blessure n’est pas grave, car c’est le meilleur moyen qu’elle empire. Donc je retourne sur la couche offerte pour la journée et veille à prendre autant de repos que possible avant que la nuit ne tombe. Borak et la centaure passent régulièrement pour s’assurer que tout va bien, sans jamais s’éterniser plus que cela. Je suis un peu déçue, moi qui aurais voulu en apprendre davantage sur les centaures via leur propre vision des choses, mais je suis obligée de faire avec.

Une fois la nuit tombée, je sors finalement, accompagné de Borak qui me guide à la lumière des étoiles et du croissant de lune peint sur le ciel nocturne. L’air est frais, vivifiant et je ne me sens pas mal malgré une petite raideur dans la nuque. D’un geste, il me montre la direction à prendre pour rejoindre la route menant à Tulorim.

- Tu seras en sécurité là-bas.

- Peut-être, mais je n’aime pas cet endroit, je ne vais pas y rester. Merci de m’avoir laissé me reposer.

Il hoche la tête et fait demi-tour d’un pas rapide. Je m’éloigne également après un signe de la main, repérant une étoile qui me guidera vers le Nord pour ensuite arriver à Tulorim. Il me suffira de trouver quelques herbes sur place et de partir au plus vite. Je n’ai vraiment pas hâte d’y être.

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Selen
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Re: La Garrigue

Message par Selen » sam. 15 janv. 2022 17:37

La première, et plus longue, partie du voyage allait se passer dans la familière garrigue de la Fédération. Un paysage sec aux dominantes ocre que j’avais appris à connaître et reconnaître pendant toute mon enfance. Je ne m’éloignai pas des routes principales traversant le pays, permettant ainsi d’avoir régulièrement des auberges sur le chemin. J’y logeai tous les soirs, laissant Aster se reposer et manger du foin de bonne qualité, alors que je me satisfaisais tant bien que mal de la pitance locale, souvent généreuse, mais trop couramment fade et peu riche en diversité.

Après une bonne semaine de trajet, nous passâmes à portée de Saman, une autre cité du peuple de Wiehl qui n’avait pas bonne réputation, sauf dans le domaine du commerce. Je ne m’y arrêtai pas : inutile de faire du tourisme alors que ce n’était pas là mon but. Ce soir-là, je logeai dans une auberge en bordure de la cité. Les mines étaient graves et les regards scrutateurs. Je ne me fis pas remarquer, préférant une solitude taiseuse à la recherche d’ennuis. Je n’avais pas besoin de ça.

Le lendemain, j’arrivai en vue des frontières du Royaume de Yarthiss. Prenant garde à ne pas trop pousser mon canasson, pour qu’il ait encore de l’énergie pour les quelques jours de voyage restants, j’y allai tout droit.

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » mer. 28 sept. 2022 00:01

La magicienne se leva de bonne heure bien avant les premières émanations du soleil avec une étrange sensation au creux du ventre qui chassa bien vite toute envie de prolonger le sommeil. Les derniers évènements lui revenaient en tête et la hantaient. Elle avait toujours cette impression d’être à découvert, comme si les parois du cocon dans lequel elle avait choisit de s’enfermer avait volé en éclat en deux jours. Sa maison désacralisée, son village visé, son frère, soutien de toutes ses années d’existence avait perdu sa fiabilité. Elle avait l’impression que sa vie était en danger et elle détestait ce sentiment.

Si une grande force la poussait à fuir, sa collection de livres qu’elle ne pourrait pas porter en une fois la retînt. C’était le fruit d’heures, de jours et de semaines de durs labeurs, mais elle avait besoin de s’éloigner, un temps. Déterminée à les conserver, elle les cacha dans plusieurs sacs ayant autrefois servis à contenir de la farine qu’elle alla enterrer derrière la maison. Une pelle avait été laissé là, près d’une terre dont l’aspect trahissait le travail récent. Léto, le compagnon canin de Morrigane avait été enterré à cet endroit. La magicienne découvrit le corps de l’animal à l’aide l’outil. La décomposition faisait son travail, en en croire l’odeur, et les vers voraces qui parcouraient les chaires du défunt animal. Morrigane élargit le trou dans lequel il reposerait dorénavant pour l’éternité pour y glisser les sacs remplis de grimoires. Elle se disait que personne n’irait fouiller le cratère mortuaire d’un cabot quelconque. Lorsqu’elle eut fini sa tâche elle alla faire son paquetage dans lequel elle emporta deux grimoires. Celui qui traitait de la magie élémentaire de flamme et un autre, qu’elle aimait particulièrement. « L’Histoire Générale de la Magie » d’un ancien professeur de l’Université de la Magie de Tulorim. Celui-là, elle avait dû économiser longtemps pour l’avoir. Elle attrapa sa bourse, son orbe noir et elle partit, sans même un sentiment de regret.

Elle traversa donc le village peu après que les premiers éclaircissements du ciel matinal. La plupart des villageois, soumis à la cadence de la nature étaient déjà levés, vaquant à leurs occupations journalières. Nul n’aurait su dire qu’ils avaient évité la veille un raid violent. Mis à part, peut-être, ce corps raide qui balançait, dans un rythme tranquille au bout de sa corde. Le bandit dont Morrigane avait crever les yeux avait été pendu un arbre durant la nuit. Celui où, généralement, les villageois pendaient les porcs par les pattes pour les saigner lors de quelques fêtes en hommage aux ancêtres. Le vieux Sigure` avait donc fait le choix d’assouvir sa vengeance. Morrigane se demandait si, ayant commis son crime expiatoire, il se sentait apaisé de la perte de son fils. Il n’était pas loin, accompagné de deux autres gaillards. Morrigane les veilla un instant. Tout en tirant sur une pipe bien chargée, ils observaient leur œuvre, et ne manquèrent pas de saluer la magicienne d’un signe de tête respectueux lorsqu’ils la virent. Ils arboraient un petit regard complice qui semblait faire d’elle la décisionnaire de leur acte barbare purgatoire au nom de la communauté...
Nul ne posa de questions sur son départ. Personne ne nota ce petit détail insignifiant aux yeux de tous. En effet, elle qui n’allait jamais plus d’une paire de fois en ville l’an y allait pour la troisième fois. Seul Rodryk et son amour démesuré pour elle auraient pu le percevoir. D’ailleurs, comme un coup du destin, les Desembrumes se croisèrent en bordure du village. L’homme revenait des fourrés et il eut l’air surpris lorsqu’il vit Morrigane bardé de son paquetage. Figé, il la dévisagea avant de faire entendre la question qui surgît au creux de son esprit.

« Tu vas où ? »

« Je pars. » répondit-elle en sachant pertinemment qu’elle ne répondait pas à la question posée.

« Mais… Où ça ? Et … Pourquoi ? »


La jeune femme ferma les yeux quelques secondes pour prendre sur elle et répondre à ces questions auxquelles elle ne voulait pas accorder trop de temps.

« Je vais à Tulorim parce que ici ma vie est en danger. »

Rodryk eut l’air surpris par ses paroles alors Morrigane préféra s’épancher plus que de lui laisser le loisir de poser une autre question.

« Depuis que nous vivons ici, nous avons eu cesse de voir nôtre village se réduire petit à petit jusqu’à devenir presqu’insignifiant. Nos frères et sœurs sont partis, et poursuivent chacun leurs routes loin d’ici. Il faut se rendre à l’évidence. Ce n’est plus le village de notre enfance, il a changé. Cela nous a rendu vulnérable. Nous l’avons vu hier, le nombre de personnes capables de le défendre est devenu dérisoire… En plus de cela, un groupe de bandit connaît maintenant notre position, et est au fait de cette faiblesse et il semblerait que leur camp soit plus proche de chez nous que la ville elle-même. Alors je n’ai pas envie d’attendre ici bien sagement le jour où ils seront en quête de proies faciles. Et enfin… T’es complètement parti en vrille ! » Tonna t’elle en avançant d’un pas dans sa direction comme si elle voulait lui assener un coup violent à travers ses paroles.

« C’était quoi ce cirque d’hier ? Tu voulais sacrifier ma vie pour un petit fils de bourge qui débarque de nulle part dans notre quotidien. Pourquoi ? Ça te donne l’impression d’être un héros ? Tu te sens un peu plus valorisé ? C’est de la pitié ? Quoi qu’il en soit, le résultat est que tu prends des décisions irrationnelles et je ne veux pas mourir à cause de l’une d’entre-elles. »

Rodryk resta un instant coït, l’air particulièrement troublé par ce qu’il venait d’entendre avant de répondre, la tête baissée.

« Oui. Tu as raison.Et hier, encore, c’est toi qui avait raison. J’ai pris le risque de mettre ta vie et celles des autres en danger. J’aurais dû prioriser notre village. »


Morrigana fit un pas de plus et leva un peu plus la voix, martellant ce qui pour elle était une évidence.
« Mais non ! Moi ! Seulement moi ! Pas le village ! Tu aurais dû me prioriser moi ! C’était ton rôle. Et si tu ne le tiens pas, tu m’es d’aucune utilité. »

Il semblait que les mots de la magicienne furent des poignards qui allèrent s’écraser contre la poitrine de Rodryk. Le visage du chasseur se déforma un instant dans une expression de souffrance extrême avant qu’il ne reprenne un peu de contenance, contrit d’émotions..

« Tu ne vas pas nous faire ça, seurette. »

Morrigane secoua la tête de dépit avant de reprendre sa route, croisant son frère, sans lui adresser un regard de plus, déterminée à s’en aller.

« Faut vraiment que tu sois désespéré pour tenter de jouer la carte de la sensibilité avec moi. »

Alors qu’elle dépassait son frère deux mains agrippèrent la sienne fermement. Elle se laissa faire.

« Je suis désolé vraiment , je ne le referais plus, dorénavant tu seras ma seule priorité, mais s’il te plaît ne m’abandonne pas petite sœur. »

Le chasseur s’agenouilla à ses pieds tenant sa main entre les siennes. Si d’aucuns étaient les spectateurs lointains de cette scène, sans doute auraient-ils conclus à une déclaration d’amour courtoise d’un jeune épris de sa belle.

Morrigane regarda un instant son frère à ses pieds se disant ne comprendrait définitivement jamais les normaux. Elle se demandait, pourquoi, alors qu’elle était si dure avec lui, il était toujours autant attaché à elle. Qu’est ce qu’elle pouvait bien lui apporté ? Elle devait le reconnaître, en presque trente années d’existence, jamais elle n’avait eu à ses côtés un être si dévoué à sa personne. Tous ceux qui l’avaient connus vraiment, sous son masque de normalité feinte, s’étaient éloignés. Rodryk revêtait donc un caractère plutôt exceptionnel qui le rendait utile.

« Très bien. Mais la prochaine fois que tu me fais un coup pareil. Tires une croix sur moi et de manière définitive. »

L’agenouillé releva un visage illuminé.

« Tu ne le regretteras pas. »

« J’en espère pas moins, mais nous partons toujours. »

Rodryk paru un instant interloqué.

« C’est quoi le plan ? »

« Tu ne disais pas qu’Ardur avait la belle vie ? On va lui rendre visite. Il nous aidera»

Le sourire de Rodryk se fit encore plus grand. Ses yeux pétillaient d’une joie nouvelle.

« Attends-moi, je vais chercher mes affaires »

Morrigane regarda un instant son frère avant de reprendre sa route.

« Manquerait plus que ça ! . Tu n’auras qu’à me rattraper. »

Et elle s’en alla vers sa destinée.

Morrigane
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Re: La Garrigue

Message par Morrigane » mer. 28 sept. 2022 01:15

Le village était à une bonne journée de marche de Tulorim. Pendant deux bonnes heures il fallait marcher sur un passage sans sentier qui menait à la route principale. Rodryk rejoignit Morrigane bien avant qu’elle ne passe cette étape. L’inefficacité et la lenteur de la magicienne en milieu sauvage n’était plus à démontrer.
C’était une route presque silencieuse qu’ils eurent tous les deux, sans encombre, ni surprise. Morrigane se demandait bien ce que devenait Ardur. Cela faisait plus d’une dizaine d’années qu’il avait quitté le village pour s’installer à Tulorim. Depuis ce temps elle ne l’avait pas revue, elle n’avait jamais songé à le faire, même lorsqu’elle passait par là pour vendre ses décoctions. Seul Rodryk qui allait à Tulorim plus souvent qu’elle avait des contacts réguliers avec lui. De ce qu’elle savait, il s’était fait une place dans la pègre locale. Il était même étonnant, du point de vue de la magicienne, qu’il soit encore en vie après tant d’années dans un tel milieu. Elle l’avait toujours trouvé bête sur les bords mais au moins devait-il être bon dans ce qu’il faisait.
À m-chemin, ils choisirent de se reposer une petite heure, à mi-chemin, à l’ombre du soleil qui semblait bruler la peau tant il faisait chaud.

Morrigane profita alors de cet instant pour pousser son apprentissage des sorts magiques. Assise sur une pierre restée fraîche, à l’ombre des arbres, elle tendit la main. Alors, une boule enflammée vint se former en son creux. Doucement, avec un soin particulier, elle retira sa main, peu à peu laissant la boule flottée face à elle. Encore une fois, rien ne la fît bouger. Elle resta immobile, se contentant juste de flotter. Alors la magicienne se concentra pour la faire disparaître et réessayer, encore, une fois , deux fois puis trois. Il n’y avait rien à faire. LA magicienne ne comprenait le conseil donner par l’auteur du grimoire. Comment pouvait-elle plus lâcher prise que ce qu’elle ne faisait ? Parce qu’elle se dit que ça l’aiderait probablement à être plus en phase avec son fluide elle se mit en plein soleil pour ressayer. Soit la boule se contentait de suivre son regard, soit elle restait immobile. Alors lorsqu’une énième fois elle réessaya et qu’elle vit cette boule toujours aussi dénué de volonté propre, elle fut prise d’une grande frustration.

« Mais pourquoi je n’y arrive pas bon sang ! »

« Sort de là ! Tu vas attraper une insolation. » hura Rodryk qui la zieutait à moitié affalé sous un arbre.

Les mots prononcés par le Desembrumes en cei instant précis eurent le dont de transformer la frustration de Morrigane en colère. Et alors qu’elle s’apprêtait à lui réclamer de cesser les commentaires inutiles qui troublaient sa concentration la boule se mit à s’animer. Surprise elle resta bouche bée, alors que la boule commençait à tournoyer calmement autour d’elle, et dévia même de sa trajectoire en spirale pour aller brûler une feuille d’arbuste propulsée par le vent qui avait tout doucement pris la direction de son épaule. Alors elle se mit à sourire de toutes ses dents, heureuse. Elle avait réussi. Il lui suffisait juste, de lâcher prise.

Le duo reprit sa route peu après. Ellefut calme, bien loin des agitations des derniers jours, et enfin, alors que le soleil amorçait une chute de plus en plus profonde, ils purent apercevoir au loin, les murs de la ville.

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Nhaundar
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Re: La Garrigue

Message par Nhaundar » sam. 9 déc. 2023 15:37

VIII 13 Bouleversements physiques.


Quelques heures se sont déjà déroulées depuis mon départ de Tuile-aux-Rimes. Ces aventures avec les lutins auront été plus palpitantes que je ne l’aurais pensé. La miniaturisation, l’énigme de l’ombre de Dicka, le village sombre avec ces étranges êtres humanoïdes, puis notre retour et la fête lutine, la troupe des lutinos, les nombreux apprentissages de sorts, des objets magiques uniques, un chien géant en guise de monture et surtout, surtout, cette liqueur mes aïeux ! Parmi les récompenses offertes par les lutins, il y a cette épée, mais si je ne suis pas un adepte du combat au corps-à-corps, je n’ai pas eu le cœur à refuser leur présent. Qu’importe, je trouverais bien un moyen de l’utiliser, surtout qu’ils semblaient avoir pleinement conscience de leur présent.

Me voilà à présent revenant à Tulorim, parcourant les terres au sud de la cité sur le dos d’un corgy assez grand pour porter un être humain sur son dos. Monter un chien géant est différent d’un cheval, ou même d’un renne qui plane. Cependant, Mange-botte a été élevé pour être une monture pour les lutins. La seule différence à présent, c’est sa taille !

Filant à travers de nombreux buissons, je n’arrive plus à percevoir les bruits qui m’entourent. Tout n’est que bruits de branches cassées ou de feuilles troublées par la ruée de Mange-botte, tant bien que je ne perçois la menace qui pèse sur nous que lorsqu’une imposante ombre s’abat.

Tel un coup porté avec force, je suis désarçonné de ma monture et termine en roulant au sol quelques mètres plus loin. Lorsque je me lève, quelque peu sonné par ma chute, je constate que Mange-botte est agressé par un cheval ailé, ou un aigle avec une paire de sabots en plus derrière un corps plus massif. Voici donc le fameux hippogriffe, menace du ciel et prédateur de bétail. Visiblement, il prend Mange-botte pour son nouveau repas. Un désir gustatif que je refuse catégoriquement. Sans plus attendre, je ramasse mon bâton près de moi et rassemble les fluides de feu et d’eau, pour former une boule de feu à destination de notre agresseur. Une violente douleur aux côtes, que j’ignorais jusqu’à présent, se présente à moi comme une attaque réussit du prédateur aérien. Sans être particulièrement fatale, elle a le mérite de sauver le responsable d’une brûlure dangereuse, sous des effluves de plumes brûlées.

Comprenant que la menace principale vient de moi, l’hippogriffe se rue dans ma direction, déployant ses ailes pour un meilleur contrôle de son déplacement. Je n’ai que le temps d’user d’un sort de terre pour recouvrir mon corps d’une multitude de plaques de pierre, avant qu’il ne soit sur moi. Ses serres en avant, il tente de m’agripper, mais plus lourd qu’il ne l’estimait grâce à l’usage de mon sort, il ne fait que me prendre par les bras avant de me laisser tomber quelques mètres plus loin. Me relevant, je constate un détail qui a son importance pour moi : ce fichu volatil a emporté on bâton avec lui. Faisant un arc de cercle en volant pour revenir sur moi, il lâche mon arme de prédilection, la laissant très loin de ma portée. Aller chercher mon arme pourrait donner le temps de mettre un terme définitif à ma relation nouvelle avec le corgy géant. A défaut, je dégaine le cadeau des lutins, bien que je ne sois pas formé à son maniement.

Filant à toute allure dans les airs, mon adversaire effectue un piqué dans ma direction, avant de finir sa charge aérienne à ras-de-sol. J’use de mes fluides pour lancer sur l’animal mon sort pour troubler ses sens. Cette fois-ci, la douleur ne m’affecte pas suffisamment pour manquer ma cible. Je le vois par son incapacité à voler soudainement droit. De même, lorsqu’il arrive sur moi il manque cruellement sa cible, mais s’apprête déjà à retenter sa chance en reprenant effectuant rapidement un demi-tour un peu maladroit. J’ai conscience des capacités offensives et défensives de mes sorts, mais au-delà de leurs fonctions initiales, la magie est magnifique car elle permet de s’adapter à de multiples situations. Alors que le prédateur se rapproche, j’use du minimum requis de ma magie de terrestre pour former un amas de terre tout autour de son être. Affligé par mon sort de confusion, il m’est facile d’atteindre ma cible et soudainement plus lourd et incapable de profiter de la portance des plumes de ses ailes, il s’écrase au sol, roulant sur plusieurs mètres.

Un voile de poussière obstrue mon champ de vision et me rend incapable d’attaquer. Une perte terrible, car mon sort ne va plus agir très longtemps, si ce n’est déjà le cas. Assez robuste l’hippogriffe n’est cependant pas mort de sa chute. Son cri retentit quelques secondes avant d’émerger du nuage. Courant sur ses quatre pattes, une aile déployée sur deux m’indique qu’il a néanmoins perdu la capacité de voler et il n’est pas difficile de voir qu’il a également recouvert toutes ses facultés. L’affrontement au corps-à- corps me sera très défavorable voir fatal. Je n’ai pas de force physique et aucune habileté avec mon arme. Je n’ai que le temps d’un sort pour agir et la moitié de mes réserves de magie entamées. Je fais rugir les fluides en moi, préparant d’avance le sort que je m’apprête à lancer, alors que le prédateur semi-ailé s’apprête à me dévorer. Bondissant sur moi, je déploie mon sort de terre et le canalise par habitude avec l'arme que je tiens. Je ne m’attends cependant pas à une réaction quelconque, pourtant, une étrange sensation émerge lorsque je la brandis. Réagissant à mon sort comme le fait mon bâton, la sensation est cependant encore plus importante. Mes fluides créent une colonne de terre particulièrement puissante qui frappe mon ennemi, stoppant son attaque et le propulsant plus loin.

Gémissant, il se relève difficilement, mais alors qu’il se met de nouveau à courir loin de moi pour me fuir me donne deux possibilités : tenter de l’achever pour éliminer la menace ou m’en quérir de l’état de Mange-botte. C’est vers le Corgy que mon attention se porte. Couché au sol, il a de nombreuses marques de griffures sur lui, mais un coup de bec l’a atteint sévèrement à la patte arrière. Sans plus attendre, j’utilise un fragment de mes fluides de lumière. Je dois conserver mes réserves pour faire appel aux esprits et une simple réussite de ma magie permettra de stabiliser l’état de ma monture. La plaie se résorbe en partie. La blessure nécessite encore des soins, mais il n’en mourra pas. Le sort d’appel aux esprits me permet de me connecter aux esprits ancestraux présents et de regagner mes réserves magiques. Lorsque je retrouve assez de magie en moi, je termine de soigner Mange-botte qui, une fois complètement rétablie, me remercie d’un important coup de langue. Il recule brusquement et couine lorsque je grogne face à la douleur qui se réveille par son affection. Je me réserve le même traitement et une fois en mesure de reprendre la route, je me précipite de monter sur lui, partant prestement non sans aller rechercher mon bâton, à la différence près, que je me prépare à dégainer mon épée au prochain danger.


VIII 15 Ecurie ou chenil ?

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