Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

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Yuimen
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Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 16:00

Palais de la Roseraie de Soie


Image
Lieu de guilde des Amants de la Rose Sombre.

Perdue dans les Plaines d’Ynorie, non loin au nord du grand lac qui abreuve le pays, se trouve une forteresse imposante, toute dans le style architectural si cher à Oranan. Elle n’en est pas moins un palais paradoxal, alliant, à l’instar de la rose, une beauté délicate à des remparts imprenables. De hauts murs de pierre brute sans aspérité semblent le soulever de terre. L’unique entrée visible est une haute porte en arc de cercle, fermée d’une lourde herse, entourée de tourelles et rehaussée d’un chemin de garde extérieur.

Elle donne sur une cour centrale digne des plus grands stratèges militaires de la République. Celle-ci est cernée d’un chemin de ronde couvert par des toits de tuiles orangées, et ne donne l’accès aux bâtiments que via un escalier double.

L’intérieur de la demeure, interdit aux visiteurs non invités, est fastueux et richement décoré. Les salles sont nombreuses et les corps de bâtiment sont agencés en deux hautes et larges tours. Quelques annexes servent de logements aux serviteurs du lieu, ainsi que de geôles sordides.

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » sam. 25 mai 2019 18:16

Faëlis resta groggy pendant quelques instants, et même Aliéna n'eut pas le mauvais goût de parler. Elle devait être en train de réaliser que son compagnon pouvait lui attirer des ennuis... Mais l'elfe n'en avait que faire. Madoka lui proposa de chercher s'ils avaient un camp pour trouver des indices, mais il haussa les épaules, fataliste :

« C'était des professionnels. Ils n'auront laissé aucune trace. Rejoignons plutôt le palais pour lui donner une sépulture décente. »

Se pouvait-il que les assassins aient été envoyés par les amants de la rose sombre ? Cela semblait impensable. De toute évidence, sa mère était la mieux à même de l'éclairer et il n'aimait pas cette idée. Il se leva et envoya voler un caillou d'un coup de pied avec un cri de rage. Par Gaïa, Yuia et tous les dieux et déesses du monde ! Encore quelqu'un qui était mort pour lui ! Et cela n'avait rien d'un accident, cette fois-ci ! Ces assassins témoignaient d'une menace bien plus grande qu'il ne pouvait l'imaginer. Le Roi-serpent... Qui pouvait lui en vouloir spécifiquement à lui ?

Il ramassa un échantillon du poison utilisé par les tueurs. C'était la seule chose qu'il pouvait faire, même s'il n'avait que peu d'espoir que cela l'éclaire sur l'origine de ces individus.

Il se décida finalement à ramasser le corps de Kyrlin et ils marchèrent ensemble jusqu'au palais de la roseraie de la soie qui se dressait à moins d'un kilomètre de là. Il s'agissait d'une forteresse d'une certaine élégance, mais aussi farouchement défensive. Cependant, pour une fois, l'elfe n'avait guère l'humeur à détailler l'architecture. Il était fatigué, en colère, et trop de questions se bousculaient dans son esprit.

Des gardes étaient postés devant la porte. Portant le corps de l'elfe mort, Faëlis se présenta devant eux :

« J'ai été envoyé depuis Kendra Kâr, et je vous conjure de nous laisser entrer, au moins pour que ce malheureux, mort pour me sauver, ne soit pas laissé aux charognards des montagnes... »

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » sam. 25 mai 2019 22:45

Les toits, les étages puis les remparts se montrent peu à peu, chaque pas remontant le sentier dévoile un peu plus de cet édifice impressionnant dont le nom de forteresse serait plus adapté que palais. Il y a tant d’étages, tant d’asymétrie, tant d’éléments fragmentés reliés en désordre que déjà, je rêve d’en faire mon nouveau terrain de jeu. Connaître les coins et les recoins de ce monstre doit être aussi grisant que d’explorer les passages les plus méconnus d’Oranan. Des vents violents balayent le plateau où se niche l’imposante forteresse, formant des ondes vertes dans l’herbe haute.

La fin du trajet s’est fait dans un silence intense, à peine perturbé par le pas plus hasardeux de Faëlis en raison du corps qu’il porte à bout de bras. Il garde la tête baissée, les yeux dans le vide comme plongé dans des pensées lugubres, à en juger par les rictus de son visage. Plus que la peine, c’est la colère qui semble le motiver à avancer vers cette destination qui a coûté la vie à son compatriote.


La seule entrée visible est une large porte en arc de cercle fermée par une herse aux barreaux épais. Une entrée digne d’une forteresse bâtie pour tenir un siège. Faëlis me devance sans prévenir et s’adresse aux gardes d’une manière plus qu’étrange. Etrange car il semble en fait être attendu, ou du moins être envoyé précisément ici par quelqu’un à Kendra-Kar. Aucun nom, pas même le sien, n’est prononcé ; aucune raison ou information … et surtout, aucune hésitation ni tâtonnement dans sa voix et son attitude.
Il m’avait avoué ne pas pouvoir m’en dire beaucoup sur les motifs de ce voyage et je ne lui en avais pas tenu rigueur, bien au contraire, mais je sais maintenant pourquoi. A sa place mon esprit serait hanté par de multiples doutes et soupçons à l’égard de la personne m'ayant envoyé ici ; étant donné le guet-apens dont il a été victime en chemin.

Tout comme Aliéna, je reste silencieuse et en retrait. Le palais-forteresse titille ma curiosité ; tant que Faëlis ne met pas fin à notre association, je le suis comme son ombre.
Modifié en dernier par Madoka le mar. 13 août 2019 23:03, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » dim. 16 juin 2019 10:40

Message PNJ


Les deux gardes humains en livrée écarlate, armés de lourdes hallebardes et d’une épée à la ceinture, ne semblent pas apprécier l’arrivée de visiteurs inconnus. Ils avisent le cadavre et les trois arrivants avec circonspection avant que l’un d’eux ne s’exclame :

« Vous n’avez rien à faire ici. Déguerpissez avec ce cadavre avant que l’on ne prévienne les autorités d’Ynorie de vos descriptions, pour qu’ils lancent un avis de recherche pour meurtre. »

Une voie qui semblait close et farouchement gardée. Une silhouette se dessina cependant derrière les barreaux de la herse, s’approchant d’un pas vif. Il fit un signe de la main au garde, invisible à leurs yeux, qui s’occupait de la poulie, afin qu’il ouvre. Ses traits se dessinèrent plus précisément. Ceux d’un elfe noir aux cheveux blancs ébouriffés et aux yeux pâles et aveugles.


Image


Il n’en semblait pas moins bien conscient de la situation. Une fois la herse levée, il alla vers les visiteurs.

« Par Phaïtos, qu’est-il arrivé à ce malheureux ? Laissez-nous vous débarrasser de ce fardeau. »

Il fit une fois de plus un signe de la main aux gardes de la porte, qui s’exécutèrent docilement, non sans lui jeter un regard noir. Ils approchèrent Faëlis et le débarrassèrent du cadavre, qu’ils emmenèrent dans la Cour du Palais, au sein de l’enceinte de la forteresse. Le shaakt vous invita à les suivre.

« Je me nomme Onyx. Soyez les bienvenus au Palais de la Roseraie de Soie. Je vous en prie, racontez donc ce qui est arrivé à votre compagnon. »

Une dernière fois, il fit un geste de la main à l’attention d’un garde présent au sein de la cour, qui s’en alla prestement vers l’intérieur du bâtiment. Venait-il de donner l’alerte ? De lui confier la tâche de prévenir les responsables de l’endroit ?

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » dim. 16 juin 2019 15:58

Les gardes aux portes du palais réagirent durement. Rien d'étonnant à cela ! Si quelqu'un s'était présenté avec le corps d'un elfe mort devant lui, il se serait posé des questions, lui aussi ! Mais s'il avait depuis longtemps prévu de retrouver le demi-dieu Cromax, il s'attendait moins à débarquer chez lui après avoir été victime d'une tentative d'assassinat... Il se serait sans doute également posé des questions sur les deux superbes femmes qui accompagnaient le visiteur, mais c'était sans doute pour cela qu'il n'était pas garde. Il n'avait pas le cœur à leur en vouloir, mais pas davantage à tergiverser à l'entrée.

Les gardes étaient prêts à envoyer un message aux gardes ynoriens pour les accuser de meurtre ! Alors que dans une région aussi perdue, ils auraient pu abandonner le corps sans risquer de poursuite avant longtemps... L'elfe allait protester, quand la porte s'ouvrit devant eux. Un étrange personnage au visage tatoué s'avança. Un shaakt. Un peu surpris, Faëlis nota ses yeux aussi blancs que ses cheveux. Il était aveugle. Pourtant, il prit rapidement la mesure de la situation. Il demanda aux gardes d'emporter le corps tandis que lui-même les faisait entrer dans la cour en demandant ce qui s'était passé. Faëlis laissa le corps de Kyrlin à un garde, non sans avoir posé la main sur son front en récitant une brève prière à Gaïa. Alors qu'ils se dirigeaient vers les immenses bâtiments du palais, le jeune elfe expliqua :

« J'ai été envoyé de Kendra Kâr à la rencontre du sire Cromax. Je le connais déjà, il me reconnaîtra. En chemin, j'ai cependant appris que quelqu'un se faisait passer pour moi afin de m'éviter des assassins qui attendaient sur ma route. J'ai tenté de le rejoindre pour le sauver... mais trop tard, hélas. Vous pourrez trouver les cadavres des meurtriers plus bas sur la route. »

Il sortit la fiole avec l'échantillon de poison qu'il avait récupéré :

« Ils utilisaient ceci. Sans doute un poison mortel, mais il faudrait l'analyser... »

Comme l'elfe noir s'était présenté, sous le nom d'Onyx, il précisa :

« Voici Madoka, une guide de montagne qui m'a aidé à venir ici, et Aliéna, ma compagne de voyage... »

Ladite Aliéna inclina légèrement la tête, avant de se rappeler que leur interlocuteur semblait aveugle et de marmonner :

« Bien le bonjour... »
Modifié en dernier par Faëlis le mar. 3 sept. 2019 18:37, modifié 1 fois.

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » lun. 17 juin 2019 16:30

Les deux gardes, cependant, ne sont pas là pour tenir compte des individus qui se présentent à eux en invités implorant leur assistance. Sans sourciller, sans prendre le temps de se demander si l’Hinion est réellement attendu, ils serrent leur lourde hallebarde devant leur torse et frappent le sol, un geste sans équivoque. L’un d’eux nous menace haut et fort, nous signifiant qu’aucun de nous n’a à faire ici-même et que nous ferions mieux de déguerpir si nous ne voulions pas qu’ils préviennent les autorités d’Ynorie en nous accusant de meurtre.
La démesure de la menace en est presque caricaturale, tout juste apte à faire fuir un voyageur naïf et crédule. Mais même grandiloquent et exagéré, l’avertissement est clair ; notre entrée ne sera pas facile. Quelque chose dans ces murs doit rester invisible aux yeux de tous, même des personnes devant s’y rendre. Apparemment, la réputation qui dit que le palais n’est fréquenté que par ceux qui le connaissent déjà est un euphémisme à côté de ce que j’ai devant les yeux.
Je vois Faëlis se raidir sous une colère grondante d’amertume. Fils de nobles Hinions, il ne doit pas avoir l'habitude d'être retenu par des gardes au zèle agressifs. Un peu trop d'ailleurs, à mon humble avis.

Un détail chez ces gardes, pourtant, m’interpelle. Un détail cosmétique sans grande importance ; et remarqué que parce que je souhaite m'y rendre dans les prochains jours ; mais je ne peux m’empêcher de comparer leurs atours aux gardes du temple des plaisirs. La couleur est pour ainsi dire identique et la patte est proche ; deux similarités étonnantes qui s’arrêtent pour autant ici car de mémoire, les gardes du temple n’étaient pas aveuglément agressifs et les portes grandes ouvertes aux visiteurs.


Mais, contre toute attente et sans que l’Hinion ne soit obligé d’intervenir, la herse se lève. Les deux gardes, tout aussi surpris mais bien plus furieux que nous, se détournent un instant vers celui qui vient probablement de donner le contre-ordre d’ouvrir.
Je passe de longues secondes à toiser le nouveau venu tandis que le grincement et le cliquetis de la herse occupent l’ambiance tendue. J’ai déjà vu cet elfe noir quelque part, mais mes récents déboires avec ma mémoire me gênent à trier mes souvenirs d’un Shaakt aux cheveux blancs en désordre. Pourtant, le tatouage dessiné sur son visage et ses yeux pâles qu’on dirait aveugles ne sont sûrement pas légion chez les Shaakt de la région.

C’est lui qui s’avance vers nous une fois l’entrée dégagée de sa lourde grille, et aussitôt, évoque avec naturel le Dieu de la mort pour s’enquérir du sort du mort dans les bras de Faëlis ; demandant sans demander que ce dernier leur confie le corps, qu’ils puissent le débarrasser de ce fardeau. Des mots étranges à mes oreilles, n’ayant eu à me débarrasser que de corps gênants …
Il fait signe aux gardes de la porte de s’en occuper et leur attitude, bien qu’en apparence docile, me fait tiquer car le regard qu’ils jettent à celui qui les commande ne l’est absolument pas. C’est décidément un drôle d’endroit. Il y a d’un côté des gardes prompts à nous renvoyer à nos pénates sans discussion, et de l’autre un homme bienveillant envers des inconnus et le cadavre qu’ils transportent.
Un homme qui nous fait signe de le suivre.
Il se présente et ma machine à souvenirs dysfonctionnelle se remet en branle. Onyx ! Le Shaakt que j’ai vu pendant des semaines devant la milice d’Oranan à l’époque où des rumeurs de fin du monde envahissaient les esprits des habitants. Mon presque ami Morlet m’avait soutenu qu’il accueillait un à un les aventuriers venus des quatre coins du monde pour répondre à la sollicitation de la ville. Le monde est petit, me dis-je alors tout en marchant un pas derrière les deux hommes, m’amusant encore de la coïncidence jusqu’à le voir faire un signe à un autre garde qui s’empresse de rejoindre l’intérieur du bâtiment.

Mes vieilles habitudes prennent soudain le dessus, trop rompue à vivre autour de comploteurs malsains, je m’inquiète d’un rien, surtout du discret et bien plus encore de l’invisible. Je tourne en rond tout en avançant, m’attendant à voir débarquer un bataillon de gardes en vue d’aider Onyx à se débarrasser de son fardeau. Mais les rares gardes présents dans la cour vaquent à leurs occupations, aux fenêtres je ne distingue guère plus que des rideaux immobiles et aucun bruit de pas de course, pour l’instant, ne résonne dans le chemin de ronde.

J’entends sans écouter Faëlis raconter notre courte histoire et la raison première de sa venue, qui se trouve être ni plus ni moins que des retrouvailles avec Cromax, le nouveau propriétaire des lieux, si je me fie aux informations volées à mon maître … et soudain, un lien se créé entre cet endroit et le temple des plaisirs, autre que des gardes en livrée écarlate armés de hallebarde. Dans le mot que j’ai confié au capitaine de l'Allégresse pour l’elfe blanche qui dirige le Temple des Plaisirs, c’était un homme proche de l’ancien propriétaire des lieux qui avait tenté de nuire à la réputation du temple de Kendra Kar … une triste affaire de rancune et de vengeance en fin de compte, parce qu’un bâtiment a été racheté après la mort de son propriétaire.

Revenant à mon présent et ma réalité, j’entends Faëlis nous présenter, Aliéna et moi, au Shaakt. Reprenant mon rôle de guide de montagne, je fais l’impasse sur la gestuelle et réponds diligemment sans trop en faire.

« Comme il dit, Sieur Onyx. Enchantée. »
Modifié en dernier par Madoka le mar. 13 août 2019 23:05, modifié 2 fois.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » sam. 22 juin 2019 13:47

Message PNJ


Onyx semble surpris, ou tout du moins le feint-il, que Faëlis dise connaître Cromax et venir ici pour lui. Après avoir salué de la tête Madoka et Aliéna, il devient subitement plus sombre, et exprime son inquiétude quant à l’explication du meurtre de l’inconnu.

« Voilà qui est ennuyant. Bien peu savent que le Seigneur Cromax est ici. Pensez-vous que ce meurtre ait quelque chose à voir avec votre venue en ces lieux ? »

Il se tourna vers deux gardes restant dans la cour et, d’un geste, les envoya à l’extérieur du palais. S’enquérir des deux cadavres, sans doute. Il prit la fiole de poison des mains de l’elfe et l’inspecta.

« Je m’y connais… un peu dans le domaine des poisons. Je vais analyser cet échantillon, mais ça me prendra sans doute un certain temps. Quant à celui que vous êtes venu voir… »

Il s’arrêta, interrompu dans son élan par un bruit de porte résonnant dans la coursive de bois cernant la cour, au premier étage. Une silhouette connue venait de débarquer…

[HJ : suite dans le RP de Cromax]

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » sam. 22 juin 2019 14:46

Tina accepte mon invitation à se restaurer pendant que je m’occupe de cette nouvelle irruption au Palais, ne manquant pas de complimenter la qualité de ma compagnie en la comparant à celle des roses de ma demeure. Il est toujours agréable d’être vanté par des personnes elles-mêmes vantables. Et là je suis bien servi. Je lui jette une dernière œillade, mutine, avant de la laisser prendre la tangente et de moi-même suivre la femme du désert dans une pièce adjacente.

L’entretien qui suit, avec celle que j’apprends avec surprise être une des membres d’un ordre créé en mon nom, l’Ordre Pourpre, depuis la connaissance, encore peu répandue, de mon accès à la divinité partielle. J’ai vraiment du mal à concevoir qu’on puisse me considérer comme une divinité, ou même qu’un ordre puisse être rallié à ma cause libertaire. En soi, je ne condamne pas l’initiative : une telle cause est celle que je défendrai jusqu’à ma mort, et si je ne suis pas seul pour le faire, c’est encore mieux. Non, c’est vraiment la notion divine et religieuse derrière tout ça qui me trouble particulièrement. Que j’inspire, ça je suis prêt à l’accepter. Même à être le visage de la cause libertaire sur Yuimen, bien que l’honneur me semble grand. Mais qu’ils puissent me considérer comme un chef, comme un dieu… Là j’ai vraiment du mal. Ça me semble même aller à l’encontre même d’une idée de liberté individuelle totale. Mais l’heure n’est pas aux débats. Celle qui dit s’appeler Zaïda Kel Atamara, sœur de la femme dont j’ai procédé à l’accouchement au milieu du désert de l’Est d’Imiftil, du clan éponyme, m’annonce donc l’existence de ce groupe, l’Ordre Pourpre, et de son pied à terre sur une île au large de Tulorim : Tol’Lhein. L’Île Libre, dédiée à ces valeurs que je protège. Et ce clan, ce groupe, cet ordre m’attend pour officialiser sa présence en ce monde, pour commencer à rayonner et répandre en diverses contrées la parole de leur guide : moi.

Tourneboulé, je reste interdit de longues minutes à cette annonce, avant de me tourner vers elle pour lui promettre de venir sur Tol’Lhein et de les rencontrer, sitôt que les autres urgences nécessitant ma présence seront résolues. Elle m’assure qu’ils m’attendront, qu’importe le temps que je prendrai, et me remercie de l’avoir entendue. Je la congédie sans plus de formes, et elle se retire, me laissant dans une méditation introspective perplexe. Pendant de longues minutes, je pense à tout ce que cela pourra signifier pour moi, pour ma vie. Je me fais la promesse de ne pas laisser ces nouvelles responsabilités entraver ma propre liberté, tout en étant conscient de devoir à ces gens une présence, un accompagnement. Si dieu je dois être, alors je serai un dieu présent, loin des dieux élémentaires ne méritant pas plus que des fables en leur nom, brillant plus par leur absence que par leur divinité.

Après un temps relativement conséquent, je me lève enfin pour aller rejoindre Tina, mais me fais interrompre par l’irruption d’un Garde de la Rose, qui m’apostrophe subitement.

« Sire Chevalier, le ser Onyx m’envoie vous quérir : Trois visiteurs inconnus se sont présentés à l’entrée avec un cadavre. Il sollicite votre présence. »

Je le regarde, atterré. Cet endroit est un véritable fromage percé de toutes parts, malgré ses apparences de forteresse imprenable. La disparition de Hrist, l’arrivée impromptue de Tina dans mes draps, l’irruption de Zaïda Kel Attamara, et maintenant ce trio inconnu pourvu d’un cadavre non identifié ?! Est-ce vraiment ce qui m’attend en ce monde, désormais : être sans cesse interpelé de toutes parts pour des affaires dont j’ignore tout ? Je secoue la tête, un peu déboussolé, avant de le suivre en direction de la cour.

Nous sortons des bâtiments par une porte menant sur la coursive cernant la cour intérieure du Palais, de bois. De cette hauteur, je peux voir aisément tout ce qui se passe dans la cour, et y reconnais même un des visiteurs. Un elfe blanc dont j’ai fait la connaissance sur Elysian, Faëlis, et qui s’était intéressé de près aux affaires des Amants de la Rose Sombre. Je l’avais enjoint de prendre contact avec le Temple des Plaisirs, ce qui expliquerait sa présence ici : Pulinn l’aura peut-être redirigé vers moi pour que je me charge de le prendre en main, bien que je ne l’aie jamais réellement fait. Je ne connais pas les deux autres individus, cependant, même si le pouvoir de ma cape m’assure que l’ynorienne à ses côtés, une jeune femme à la longue chevelure noire et munie de gants à l’apparence hautement qualitative, comme faits d’eau, est elle aussi liée aux amants. Son visage me dit quelque chose, mais je ne parviens plus à identifier où j’ai pu la voir. Sans doute n’avons-nous pas alors conversé… La troisième personne est une jeune femme, aussi. Une humaine, d’après ses traits, mais à l’apparence particulière. Très jolie, déjà, elle est dotée d’une chevelure d’argent et d’or, des yeux d’une teinte toute particulière, roses aux reflets rouges, ainsi qu’une peau des plus pâles, qui semble être aussi douce au toucher qu’un abricot. Je descends rapidement les escaliers me séparant de la cour, toujours uniquement vêtu d’une tunique noire aux bords d’argent, et d’un simple pantalon de lin noir, tranchant avec le blanc immaculé de mes jambières et bottes. Arrivant dans la cour, je secoue d’une main distraite ma chevelure longue ressemblant plus à une crinière indomptée qu’à de vrais cheveux d’elfe soigneusement entretenus, les mèches blanches se confondant avec le noir de jais du reste de la chevelure. Et simplement paré à la ceinture de ma rapière, et d’un poignard intégralement bleuté, j’arrive près d’Onyx et de la curieuse compagnie.

« Bonjour, Faëlis. Quel bon vent t’amène ici, en ma demeure d’Ynorie ? »

Puis, je me tourne vers Madoka et Aliéna pour leur octroyer à toutes deux un élégant baisemain.

« Mesdames. Soyez les bienvenues. »

Je m’attarde cependant un instant sur l’Ynorienne, croisant son regard pour y chercher un souvenir commun.

« Nous connaissons-nous ? »

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » sam. 22 juin 2019 23:52

D’un mouvement de tête poli mais néanmoins distrait, il me salue en retour et redirige aussitôt son attention sur l’Hinion. Les coïncidences malvenues qui entourent cet assassinat le préoccupent grandement et il prend les choses en main, envoyant des gardes à l’extérieur sans qu’il ne donne de consignes ou qu’ils en demandent. Une telle discipline n’est pas courante, nous ne sommes pas au cœur d’une grandiose demeure d’un excentrique nanti.

Je les laisse à leur discussion et les hypothèses quant au lien avec cet endroit, que j’observe pour faire passer le temps, curieuse du nombre de gardes qui gravite autour de nous.

Un bruit de porte en hauteur fait taire la voix d’Onyx. A l’étage, à l’intérieur de la coursive qui entoure la cour, une haute silhouette se dessine en contre-jour et descend rapidement les escaliers. A en juger par les derniers mots du Shakkt, il s’agit du maître des lieux, le célèbre Cromax dont tout le monde parle sans jamais l’avoir connu.

Lorsqu’il arrive au bas des escaliers, que je l’observe de moins loin ; mes entrailles se figent et j’entends mon cœur battre à travers mes oreilles. Qu’avais-je dis dernièrement ? « Un Sindel, cela ne court pas les rues, j’irais à Kendra-Kar et trouverais quelqu’un qui le reconnaîtra … » Et le voilà, en chair et en muscles devant moi. Son visage est l’un des trois restés gravés dans ma mémoire qui hantent mes pensées, les dernières personnes vues avant que ma mémoire ne soit altérée par ma … par ma mort.
Je l’observe s’avancer droit vers nous, croise fugitivement son regard scrutateur et me souviens de ces billes noires insondables et fières. Son visage est le même, la peau lisse presque juvénile, ses lèvres fines et souples ; même les mèches blanche de sa longue chevelure noir intense sont identiques à mes souvenirs.


Qu’avais-je dans la tête quand, il y a des semaines de cela, je remplissais mon esprit de désir de savoir, de tout savoir, malgré le conseil des prêtres de ne pas le faire. Je me suis dit haut et fort que je voulais connaître les circonstances de ma mort, j’étais déterminée, j’étais persuadée que je serais capable de tout affronter, pire même, que j’en avais besoin, que je remuerais ciel et terre pour cela et y passerais une vie s’il le fallait … mais plusieurs vies n’auraient pas suffi à me préparer à ça. Inconsciemment, j’avais retardé le jour où ma grande quête commencerait, imaginant que le temps et les voyages constitueraient mon bouclier pour faire face à mon destin passé. Et le voilà qu’il se présente devant moi, par hasard.
"Le hasard n’existe pas en ce monde" disait mon ancien maître.

C’est insupportable, mon corps tout entier est tétanisé. Le peu de maîtrise qu’il me reste parvient tout juste à me maintenir debout. Sidérée, je le vois prendre ma main sans ressentir son poids, je le vois poser le bout de ses lèvres sur ma peau, l’effleurant à peine et pourtant, je ne sens rien, ni son contact, ni son souffle, ni le tremblement conséquent de ma propre main. Qu’avais-je dans la tête en m’imaginant rechercher ces trois inconnus pour leur demander … leur demander quoi au juste ? J’en ai perdu mes mots, le flux de mes pensées me donne le vertige.

Une pirouette et la fausse guide que je suis en profite pour faire ses adieux ?
Un miracle et je retrouve mon sang froid pour feinter de ne point le connaître ?
Ou une bonne dose de couilles au cul pour faire face à mon passé perdu ?

Lorsque nos yeux se croisent à nouveau, je le sens plus analytique encore. Il s’attarde un instant face à moi et me demande, le plus simplement du monde, si nous nous connaissons. Les mots résonnent dans ma tête comme un écho suppliciant et, tout à coup, une pensée naît dans mon esprit, jamais envisagée jusque là. Ces trois personnes dans ma mémoire peuvent tout aussi bien être des passants que mes meurtriers.
Ma bouche pâteuse enraie mes premiers mots.

« Je me … je me souviens de vous. » dis-je en retenant mon cœur de se cracher lui-même. « A Kendra-Kar, devant la maison des dépôts. Il y avait une enfant avec des bijoux, des colliers je crois, une autre elfe grise aux yeux noisettes et des mèches roses dans ses cheveux blanc et une Hinion aux yeux bleu-verts avec une queue de cheval. Mais mes souvenirs ne vont guère plus loin, dis-je en reprenant difficilement mon souffle, à cause de … quelque chose qui m’est arrivé. »

Tout mon être intérieur hurle son mécontentement face à ma médiocre détermination.
Modifié en dernier par Madoka le dim. 11 août 2019 22:33, modifié 2 fois.

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » dim. 23 juin 2019 16:27

Le shaakt était particulièrement intrigué par les révélations de Faëlis, et il proposa de prendre le poison pour l'étudier, tout en s'interrogeant sur la raison de cet assassinat, et s'il pouvait être lié à la venue du groupe en ces lieux. Le jeune homme lui remit la fiole sans faire d'histoire. C'était le seul indice qu'il pourrait avoir sur les assassins... Après un instant d'hésitation, il se résolu à répondre :

« Je ne pense pas que cela ait un rapport avec les Amants. Ces elfes venaient pour moi... mais j'ignore totalement leurs raisons. »

C'est alors que les portes du palais laissèrent place à quelqu'un qu'il reconnut aussitôt. Cromax ! Il l'avait enfin trouvé ! Pas à dire, il savait se faire désirer, celui-là... Tout vêtu de noir et de blanc, le sindel semblait presque un digne seigneur, quoiqu'un peu négligé sur la coiffure. Il le reconnut aussitôt, lui demandant quel bon vent l'amenait ici. Mais, remarquant Madoka, il s'intéressa aussitôt à elle, qu'il lui semblait avoir déjà rencontré. Vraiment ? Intéressant. Faëlis décida d'attendre la réponse de sa guide avant de prendre la parole.

Alors qu'il saluait les deux femmes avec la courtoisie qui convenait, l'ynorienne se confondit en propos dépourvus de sens sur des enfants et des colliers à Kendra Kâr. Une affaire dans laquelle le demi-dieu semblait avoir été impliqué. Elle était terriblement mal à l'aise, aussi, Faëlis se décida à intervenir. Enfin, à cause de ça et aussi à cause d'Aliéna qui marmonnait, derrière :

« Encore un elfe... est-ce que je vais finir par rencontrer de vrais hommes dans cette aventure ? »

L'elfe s'empresse de noyer ses mots en s'exclamant :

« Ah, je n'y tiens plus ! Messire Cromax ! Pensiez-vous pouvoir m'échapper si facilement ? Je n'ai toujours pas renoncé à vous traîner en pâture devant les rapaces de la cour de Kendra Kâr ! »

Riant, il se précipita pour serrer le sindel dans ses bras... et au passage lui glisser dans l'oreille la phrase mystérieuse qu'il avait été chargé de transmettre par le temple des plaisir :

« Elle s’éveille. La Rose, plus belle et sombre que jamais, dans son écrin de vermeil. Elle s’éveille, et tend ses épines de sang. Un sang rouge qui maculera le blanc. »

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » dim. 23 juin 2019 18:06

C’est l’ynorienne qui répond en premier à mes interrogations, réagissant à ma curieuse impression de l’avoir déjà vue quelque part. Elle avoue se souvenir de moi, et décrit la situation très précise où c’est arrivé. À Kendra Kâr, non loin de la Maison des Dépôts, en compagnie de deux autres elfes. Les noms me reviennent à mesure qu’elle parle, sans les citer elle-même. Aenaria. Sinaëthin. Mais la sensation qui se dégage de ce souvenir commun est désagréable. Trouble. Malsaine. Et cette sensation trouve son origine dans un mot, semblant anodin entre ses lèvres, mais qui résonne en moi comme une souffrance enfouie, rejetée, inconsciemment oubliée. Les colliers. Les fameux colliers de Crean Lorener et de Khynt, sur cette maudite île d’entraînement, qui n’existe plus aujourd’hui. Instinctivement, je porte une main tremblante à ma gorge, où les stigmates, les cicatrices de ce bijou démoniaque n’apparaissent plus, masquée par mon pouvoir de métamorphose, comme pour enterrer loin derrière tout souvenir de ces horreurs. Je pâlis quand elle évoque la difficulté de se souvenir précisément de cet événement, car de nouvelles images, bien plus précises, me viennent alors en tête. Celles de sa mort. De son sacrifice, refusant de laisser filer sa liberté au profit de l’île. De sa témérité, se jetant presque sur la lame de cet humanoïde-lézard aux écailles bleues, dont le nom s’est perdu dans ma mémoire. De sa tête qui roule au sol, détachée de son corps. Comme Salymïa, à l’époque, je me retrouve face à une personne dont j’ai vécu la mort. Une personne passée par-delà les règles du repos éternel pour revivre d’une foi nouvelle. Un frisson s’arrache à mon échine, alors que la main toujours sur la gorge, je murmure son nom…

« Madoka… »

Il est évident que je dois lui parler de tout ça, lui dire ce que je peux retirer de mes souvenirs, qui semble manquer aux siens, mais tout s’enchaîne vite, et après que l’humaine inconnue et séduisante ait lancé une remarque acide concernant la virilité des elfes, remarque qui usuellement aurait trouvé une réponse mutine et provocatrice chez moi, c’est Faëlis qui, s’emballant, s’exclame n’avoir pas plus pu tenir sans ma présence. Interloqué, je le regarde m’avouer vouloir me traîner en pâture devant la noblesse kendrane, projet ô combien horrifique pour moi, avant de s’approcher, rieur, pour me prendre dans ses bras. Je ne sais que faire de cette étreinte spontanée, que je tarde à lui rendre, alors que de son côté, de curieuses paroles naissent en murmure de ses lèvres proches de mon oreille…

« Elle s’éveille. La Rose, plus belle et sombre que jamais, dans son écrin de vermeil. Elle s’éveille, et tend ses épines de sang. Un sang rouge qui maculera le blanc. »

Après lui avoir sommairement rendu son étreinte, avec sympathie mais moins de chaleur que je n’aurais pu le faire dans une autre situation, je me détache de lui et le regarde, stupéfait de l’incongruité de la situation qui ne semble que vouloir se complexifier, au-delà de toute compréhension. Je tâche de lui sourire, répondant avec une légèreté sonnant faux :

« La noblesse kendrane ! Voilà un projet qu’il ne me tarde guère d’accomplir, quand bien même votre présence ici me ravit. Je… »

Je ne sais pas bien quoi dire, en vérité. Ses mots, curieux au possible, restent hermétiques à ma compréhension. Était-ce une énigme ? Un rituel de salutation hinïon ? Je reste un instant dans le vague avant de l’avouer oralement.

« Je ne perçois pas bien le sens caché de tes paroles, mon ami. Mais je gage que c’est quelque chose dont nous devrions parler dans un endroit plus… intime que cette cour. »

Je tourne vers Madoka un regard perturbé, sombre sans le vouloir, poursuivant :

« Et il n’y a pas que de ceux-ci qu’il me semble urgent de parler. Suivez-moi, je vous prie. »

Je les invite d’un geste à me suivre pour atteindre le rez-de-chaussée du bâtiment, pénétrant un couloir menant dans un salon de réception du palais, où nous serions mieux posés pour discuter de tout cela. Veillant à n’écarter personne de manière involontaire, j’apostrophe la jeune humaine pour l’inclure au groupe, lançant à l’envolée, un peu provocateur, sans que ça résonne vraiment très spontané en moi :

« Vous seriez surprise des qualités viriles de certains elfes, demoiselle. Supérieures en bien des points à celles de ceux de votre espèce. »

Mes pas nous mènent dans un petit salon douillet, à la vaste cheminée et aux fauteuils confortables couverts de velours rouge. Un salon qui donne sur les jardins de roses du Palais, où Tina se promène peut-être encore, si elle ne goûte pas aux plaisirs de la table dans la vaste salle à manger. J’invite les visiteurs à prendre place, et me tourne vers Faëlis.

« Que me disais-tu donc, dans la cour ? Parle sans crainte, ami, nous sommes ici entre gens de confiance, j’imagine ? »

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » lun. 24 juin 2019 22:13

La réaction du sindel fut un peu froide. La surprise se lisait dans ses yeux. Se pouvait-il qu'il ne comprenne pas les mots formulés ici ? C'est en tout cas ce qu'il laissa entendre, ce qui laissait Faëlis bien seul face à ses mots ! Il les invita à le rejoindre dans un lieu plus intime, car il y avait effectivement beaucoup à dire.

Ils entrèrent donc dans les salles du palais, parcourant des couloirs agréables à l’œil, que 'elfe n'avait cependant guère le goût à examiner, soucieux qu'il était des derniers événements. Il en profita pour tenter de répondre au commentaire d'Aliéna, qu'il avait manifestement fort bien perçu grâce à son ouïe d'elfe.

« Vous seriez surprise des qualités viriles de certains elfes, demoiselle. Supérieures en bien des points à celles de ceux de votre espèce. »

Voilà qui s'annonçait mal. Faëlis serra les dents en devinant la réponse. C'est qu'il connaissait à la connaître !

« Une réponse si molle n'a rien d'engageant sur la dureté de votre être... » lâcha-t-elle avec un petit sourire carnassier.

« Ne perdez point de temps à essayer d'inculquer les nobles arts de nos peuples à Aliéna, sire Cromax, son expertise de la dureté tient presque entièrement à l'épaisseur impénétrable de son crâne... »

« Tu parles du noble art de lécher les bottes au premier noble que tu croises avec des mots langoureux ? Tu n'as pas à avoir peur, je ne compte pas prendre ta place dans son lit. »

Faëlis ouvrit la bouche... et la referma sans réussir à formuler de réparti. Et il rougissait, en plus ! Malédiction, elle avait encore réussi à l'avoir ! Mais ce n'était que partie remise. La prochaine bataille sera sanglante !

Comme ils entraient dans un salon privé, il tenta de garder contenance en se laissant tomber dans un fauteuil, jambes croisées, et en picorant quelques grains de raisin dans une coupe à côté de lui. Comme Cromax lui demandait, imperturbable, des explications sur ses paroles, il ne put qu'émettre un sourire crispé :

« Je comptais sur vous pour m'éclairer. Tels sont les mots qui m'ont été transmis au temple de Kendra Kâr, où on m'a demandé de vous retrouver ici pour vous les porter. »

Il soupira en s'enfonçant, vautré dans le fauteuil avec une négligence en complet désaccord avec ses pensées inquiètes, qu'il laissa transparaître :

« J'ignore quel jeu se joue ici, mais quelque chose me dit que nous devrions tous faire attention à ces prémices. L'avenir le plus sombre est souvent celui qui se prépare en pleine lumière... »

À cela, Aliéna répondit par un reniflement hautain :

« L'avenir le plus sombre, on l'a déjà frôlé. Ça commence à être une habitude quand tu es dans les parages... Les complots, j'en ai eu ma dose, déjà, mais il y a une chose dont je suis sûr, c'est que ça ne vient pas de chez moi. S'il y a complot contre quelqu'un, c'est contre l'un de vous deux... ou les deux. »

Elle lança un regard acéré aux deux elfes :

« Alors si vous savez quelque chose, fini les cachotteries et bas les cartes, qu'on y voit clair ! »

Faëlis hocha la tête. Elle avait sans doute raison, mais il n'avait pas grand-chose à dire. Il se contenta de donner le peu d'informations qu'il avait :

« Mon sauveur avait été envoyé par ma mère pour se faire passer pour moi. Donc il y a un rapport avec la haute court de Cuilnen... mais pour ce que j'en sais, celle-ci n'a aucun rapport avec les Amants de la rose sombre. Je serais tenté de dire qu'il s'agit d'affaires différentes. Impossible d'en être sûr, cependant. »
Modifié en dernier par Faëlis le mar. 25 juin 2019 18:23, modifié 1 fois.

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » mar. 25 juin 2019 18:18

Il m’écoute avec attention, les jointures de ses fines lèvres se plissent imperceptiblement d’abord puis se figent, tout comme le reste de son visage tandis qu’il porte une main à son cou. Ses doigts tremblent. C’est n’est pas la réaction d’un passant à peine croisé, il a compris quelque chose. La soudaine pâleur de son teint n’est pas facile à déchiffrer et lorsqu’il murmure mon nom, ma gorge se noue. Je remonte l’enchainement des dernières minutes, le garde n’a pas pu donner nos noms … il s’en souvient, et cela le perturbe.
La peur et la paranoïa m’ont beaucoup poursuivi à mon réveil, mais j’ai su m’y confronter et les rejeter. Une plus faible que moi aurait pu penser être face à un assassin venant de réaliser son échec, et prendre peur. Mais pas moi, je chasse les présomptions de mon esprit et empêche mes yeux de fuir les siens. Une première étape est franchie, un nouvel élan vers l’insondable terme de ma soif de réponses, aussi difficiles soient-elles à entendre, aussi conséquentes soient-elles pour mon avenir. Je ne dois pas flancher à nouveau ; le sort est jeté et le hasard d’une rencontre a fait s’envoler le naïf espoir de prendre le temps de m’accommoder des révélations.

J’ouvre la bouche pour répondre lorsqu’une voix féminine retentit à nos côtés, aussitôt interrompu par Faëlis qui s’exprime avec une emphase retrouvée et s’anime d’extravagance elfique. Encore troublée et perdue dans mes pensées lugubres, je l’entends menacer Cromax de le traîner en pâture devant la cour de Kendra-Kar. Tout cela d’une voix trop forte et en se précipitant sans retenue dans ses bras.
Je recule aussitôt d’un pas, ne sachant si je dois classer cette nouvelle forme de civilité dans les habitudes étranges ou vraiment très étranges des elfes. Une salutation qui tombe cependant très mal et malgré la sympathie naissante que j’ai pour le noble rebelle, je lève vers lui un regard noir.

Ils échangent quelques mots mais l’ambiance n’est pas à la légèreté que chacun tente de feindre. Le gris ne s’y essaye lui non plus pas très longtemps et propose de continuer les discussions dans un endroit moins exposé. Et disant cela, il se tourne vers moi. Son regard sombre titille mes convictions de ne point me laisser aller aux pires suppositions. Ses paroles, en revanche, me rassurent car malgré l’interruption de mes deux camarades de route, il n’a pas l’intention de se défiler, bien au contraire. Tout comme moi, il tient à continuer à parler de notre précédente rencontre.

Il nous invite à le suivre à l’intérieur. Une suite impressionnante de tableaux de maîtres, de sculptures nous accompagne le long des couloirs du rez-de-chaussée, les ornements des murs sont détaillés à l’or, le sol semble de marbre et même les nombreuses portes sont richement ouvragées. Un faste qui en impose à la visiteuse que je suis, m’étant imaginée ce lieu moins digne d’un palais que d’une garnison.
De curieuses paroles émanent de chacun durant le trajet, faisant suite à la première pique d’Aliéna qui était au désespoir de croiser des vrais hommes. Un propos contextuellement déplacé à mon sens, que Cromax reprend avec une pointe de provocation inévitable ; et qui semble appâter pour de bon les pulsions de la jeune humaine. Le jeu de séduction incompréhensible qui se joue après entre Faëlis et elle me laisse encore une fois dubitative sur leur relation.

Nous arrivons finalement dans un petit salon intimiste et décoré de manière plus convenable. Une grande cheminée impose un caractère plus chaleureux à la pièce. Les fauteuils sont recouverts d’un velours rouge écarlate, semblable ou presque aux banquettes du temple des plaisirs.
En hôte bienveillant, Cromax nous invite à nous installer confortablement avant qu’il ne le fasse. De but en blanc, il redemande à Faëlis de répéter ce qu’il lui avait dit, escomptant que nous étions entre personne de confiance …

« Pour l’instant oui, j’imagine » Dis-je sans parvenir à contrôler parfaitement mon ton, trop sur la défensive.

Mais s’il en est un qui s’inquiète ne serait-ce qu’un peu de ma présence et de mes oreilles indiscrètes, il y en a un autre qui ne se pose plus la question, et je doute même qu’il se souvienne qu’une inconnue se trouve avec eux.
Un court instant, j’hésite à me rapprocher des ouvertures donnant sur un jardin de roses. Leurs histoires ne me concernent finalement pas et ma seule présence n’est dû qu’à la possibilité d’en savoir plus sur mon récent passé. Un court instant seulement, car même perturbée par d’insensées occurrences, je n’en reste pas moins une très indiscrète espionne dans l’âme.

Il m’est difficile de comprendre ce qui se passe cependant, Faëlis avoue que les paroles, que seul Cromax a pu entendre, ne sont pas de lui mais lui ont été transmises par un temple. Quel temple ? Mais sa récente expérience l’a rendu suspicieux et bien que sibylline à la première lecture, il est convaincu qu’il faut faire attention à la moindre alerte. L’humeur d’Aliéna ne tarde pas à entrer dans la danse, elle qui l’accompagne pourtant encore, se plaint d’être à nouveau confrontée à un sombre avenir à cause de lui. Son individualité se ressent dans ses propos, cherchant à s’exclure trop vite des complots à l’œuvre. Son agressivité naturelle est décuplée lorsqu’elle aboie l’ordre aux deux elfes de parler franchement. Si je me croyais sur la défensive en répondant à l’elfe gris … que dire de cette éloquente intervention.
Faëlis pourtant semble être convaincu de sa tirade. Il hoche la tête et résume brièvement la situation qui le concerne lui et son sauveur décédé, avouant penser qu’il s’agit là d’un acte lié à la haute cour de Cuilnen mais précisant avec ferveur qu’elle n’est pas liée aux Amants de la rose sombre. Un nom inconnu encore une fois mais qui semble rapprocher les deux elfes car, se disant, il porte un regard entendu à l’elfe gris plus pensif et méditatif que jamais. Ma présence a été source de questionnement pour ce dernier, l’idée de me voir soudainement comme une intruse indiscrète pourrait me coûter mes réponses.

« Pardonnez-moi. Tout ceci semble très confidentiel … voudriez-vous que je m’éloigne ? »
Modifié en dernier par Madoka le dim. 11 août 2019 22:40, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » lun. 1 juil. 2019 17:51

Alors que nous nous dirigeons vers le salon de réception, la compagne de Faëlis se targue d’une réponse sans nuance, provoquant un peu gratuitement sans montrer la moindre considération ou courtoisie de première rencontre. Une première impression en sa défaveur, à laquelle je ne prends même pas la peine de répondre, laissant Faëlis la remettre à sa place à sa manière. Elle a l’air bien futilement farouche, provoquant une nouvelle fois l’elfe blanc en sous-entendant une attirance de son compagnon pour moi. Là encore, je laisse dire, même s’il me brûle un instant les lèvres de lui rétorquer qu’il y avait bien assez de place pour eux deux dans mon lit.

Une fois dans le salon, Faëlis précise davantage le contexte de ses paroles de la cour. Il a reçu ce message au Temple des Plaisirs. Ma mine se ferme un peu, alors que des pensées contradictoires et un peu perdues tournent dans mon esprit. Le temple de Kendra Kâr. S’agit-il bien seulement du Temple des Plaisirs ? Sans doute, oui. Mais qui au temple aurait tenté de me transmettre de si obscures paroles ? Pulinn ? Elle n’est guère coutumière du fait, mais je vois mal qui d’autre. Et puis, quelle était la signification de tout ceci ? Faelis, de son côté, poursuit un moment, réfléchissant tout haut à ses propres hypothèses. Selon lui, il n’est pas exclu qu’il se trame de sombre desseins. Je suis tiré de mes pensées par l’intervention culottée de la prénommée Aliéna, qui rétorque agressivement qu’elle a eu sa dose de complots, nous accusant Faelis et moi d’en être les cibles probables, et nous ordonnant ensuite de déballer tout ce que nous sommes, selon elle, censé savoir. Je serre les poings, sentant le sang me monter au visage, et la moutarde au nez.

Si Faëlis répond docilement, citant la haute cour de Cuilnen et les Amants de la Rose Sombre et précisant qu’il s’agit vraisemblablement de deux affaires différentes, mais sans certitude, je ne peux me résoudre à laisser passer une telle bravade. Alors que de son côté Madoka s’excuse, demandant si nous voulons l’écarter pour parler de tout ça dans la confidentialité, je me tourne vers l’humaine aux cheveux clairs pour lui rétorquer, la dardant d’un regard noir et parlant d’un ton piquant :

« Que je sache, c’est vous qui êtes chez moi et non l’inverse. Si vous ne souhaitez pas être mêlée à tout ceci, je vous invite à quitter séant les lieux. Et si d’aventures vous restez, il va falloir apprendre à rester à votre place : celle d’une ignorante, apparemment. »

Sans plus perdre la moindre seconde en la considérant, lui laissant faire son choix, je me tourne vers Madoka, répondant d’un ton plus doux, masquant le début de vive colère ayant failli naître :

« Non, non, reste… heu… restez. Nous… J’ai des choses à te dire aussi. Après. »

Embarrassé, je détourne le regard pour le fixer sur Faëlis, revenant sur ses paroles en tachant de retrouver contenance.

« Les Amants de la Rose Sombre. Une rose, plus belle et sombre que jamais, tels ont été tes mots. Sans doute est-ce bien de cela que ça parle. Mais les épines de sang, des armes ? Des armes ensanglantées tournées vers le blanc… Kendra Kâr ? Ou Cuilnen, puisque tu la citais plus tôt. Mais pourquoi les Amants rentreraient-ils en guerre contre l’une de ces cités ? Ça n’a pas de sens… »

Je ne vois pourtant pas d’autre traduction pour le moment. Je dois, quoiqu’il arrive, m’assurer d’une chose, cependant :

« C’est Pulinn qui t’a transmis ce message ? Une autre personne ? »

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Tina
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » mar. 2 juil. 2019 02:11

[Avant]
[8]

S'il est une chose bien connue des tuloriens, c'est que peu importe si un endroit vous est familier ou non, il faut toujours y poser le pied avec légèreté et précaution. Et c'est ce que fait la jeune femme à peine sortie des appartements de Cromax. Il aurait été plus simple de demander à l'elfe noir ayant fait irruption dans la pièce de lui indiquer une direction, mais il s'est éclipsé de façon si rapide et discrète qu'elle n'en a pas eu le temps. La jeune femme adopte en conséquence une tactique simple : garder toujours une fenêtre en vue et si c'est impossible, toujours tourner du même côté. Elle n'a toutefois le loisir de s'essayer à cette stratégie que le temps de traverser un couloir, ses pas finissant arrêtés par du personnel en armes. Peut-être est-ce le shaakt qui a donné des indications en passant ou peut-être est-ce un nouveau pouvoir de son hôte les tenant informés, mais les gens qu'elle rencontre se montrent assez bien élevés pour lui indiquer la salle à manger ainsi que l'emplacement des jardins. Une main sur le cœur, la jeune femme effectue une salutation polie et teintée de gratitude avant de reprendre sa route.

Bien vite, le parfum de la nourriture achève de la guider. Son visage se pare d'un léger sourire lorsque sa venue interrompt momentanément le mouvement d'une fourchette vers une bouche. Elle découvre alors que la table est garnie de mets allant visiblement de plats de viande à des corbeilles de fruits et surtout, fait qui la surprend beaucoup, de petits pains mis en évidence sur leurs propres plateaux. Ce n'est pas un quignon, mais cela fera l'affaire. Son estomac se rappelle maladroitement à elle, la poussant à s'approcher de la tablée. Du bout des doigts, avec une élégance et une mesure savamment travaillées, elle prélève de quoi se sustenter et même une poignée de petits pains qu'elle enveloppe dans sa sacoche. Une habitude ou plutôt un réflexe. Jamais quelqu'un ayant un jour perdu la force de se mouvoir à cause d'un estomac vide n'oublie cette rude leçon.

Malgré les invitations muettes ou non des personnes présentes, Tina refuse de prendre place à table. Elle s'esquive, prétextant que la présence des fleurs ne peut qu'être un détail sublimant le repas qu'elle compte prendre, et rallie l'extérieur. Toutefois, elle ne s'avance pas sur les chemins clairs serpentant entre les différents parterres. Debout, immobile, la belle appose son regard vert d'eau sur ce qu'elle voit, inexpressive. Ses beaux yeux scrutent les pétales un moment tandis qu'elle porte un petit pain à ses lèvres. Elle s'efforce de mâcher et de déglutir sans perdre la vie végétale de vue. Il lui faut plusieurs longues secondes avant de se rendre à l'évidence. Peu importe le nombre de fois qu'elle s'y essaie, cela ne fonctionne pas. Aucun aliment si appétissant soit-il ne parvient à supplanter son ressenti négatif. La tulorienne inspire lentement, le vent lui apportant des relents affreux n'aidant en rien à retrouver le goût de ce qu'elle mange. La brune finit par tourner le dos à ce spectacle et s'éloigner de quelques pas, le temps que sa gorge se dénoue et qu'elle puisse enfin déguster son repas.

Son pain terminé, Tina se saisit d'une pomme qu'elle fait sauter dans sa paume en se retournant. Gracieusement, la jeune femme s'engage sur l'un des sentiers du jardin. Cromax ne lui a pas menti en parlant de roses, l'endroit en est inondé. Elles dégagent une odeur montant à la tête, leurs fleurs ouvertes, offertes et aguicheuses. La belle enserre son fruit d'une main, tendant l'autre vers une tige épaisse proche. Une rose demeure une rose. Tina s'érafle inévitablement l'index et observe la gouttelette sanguine se former sur sa peau claire.

"Fidèles à vous-mêmes, très chères.", souffle-t-elle en maculant lentement un pétale du coloris carmin.

Son joli minois se tourne légèrement vers le sol de terre d'où émergent les plantes, qu'elle contemple silencieusement, le visage impassible. Lorsqu'elle reporte son attention sur la rose qu'elle a marqué de son sang, sa main écorchée s'y dirige lentement. Elle la caresse du bout des doigts, mais lorsqu'elle va s'en saisir, un mouvement à la fenêtre presque face à elle lui fait suspendre son geste. Elle distingue brièvement la silhouette de son hôte, mais ce n'est pas la seule. La jeune femme affolée croisée plus tôt, peut-être ? S'ils sont ici, nul doute que leur discussion a du s'achever.

La tulorienne avise la fleur souillée un long moment, puis elle fait volte-face, sa chevelure sombre virevoltant avec elle. La pomme sortie retrouve sa place dans sa sacoche, aux côtés des autres vivres. Du pouce, elle frotte ses lèvres, retirant les quelques miettes qui s'y trouvaient encore. Elle progresse dans la forteresse en direction de la pièce aperçue, se laissant guider par des échos de voix dans le couloir. Ses pas légers et discrets lui permettent de percevoir des bribes de la conversation pendant qu'elle se rapproche. Et pour cause, il ne semble pas y avoir de porte lui barrant le passage. Laissant l'habitude prendre le pas, Tina longe la paroi du couloir doucement. Elle essaie de glaner quelque information lui permettant de savoir si la conversation est d'ordre privé ou non.

Une voix de femme, assez vindicative, ne ressemblant pas à celle de la messagère aperçue. Une voix masculine aussi, dotée d'un rythme trop doux pour être honnête. Celle de son partenaire d'enquête également, dont le ton pensif laisse entendre qu'un nouveau souci a du trouver refuge en ses murs. Tina esquisse un sourire compatissant en élevant la main devant son visage avec délicatesse et se décide à rejoindre ce petit groupe. S'il s'agit d'une réunion secrète, opter pour un espace sans portes closes n'est pas le plus adéquat. Tina s'avance en faisant l'effort de délibérément taper sa semelle par terre afin d'annoncer sa présence. Un aventurier de la trempe de Cromax peut avoir le sursaut... Douloureux. C'est en franchissant ces quelques pas que Tina constate s'être trompée sur le nombre de personnes présentes. Il y a deux femmes et non une seule.

"Ne me dites rien. D'autres mystères sont venus vous trouver.", plaisante la jolie brune en avisant Cromax.

Ses beaux yeux vert d'eau passent rapidement d'un visage à l'autre, découvrant au premier abord un elfe blanc à la chevelure dorée, une femme ressemblant aux habitants de l'Ynorie et une autre dotée d'une chevelure blanche qui ne s'accorde pas à la jeunesse de son visage. Le bout des doigts effleurant son buste, Tina effectue un léger mouvement en guise de salutation. Elle demeure cependant à distance respectable des uns et des autres, offrant à la ronde un doux sourire indulgent.

"Puis-je me joindre à vous ?"
Modifié en dernier par Tina le ven. 12 juil. 2019 14:09, modifié 1 fois.
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » mar. 2 juil. 2019 16:19

La tirade aboyée par la jeune femme n’est pas aussi facilement accueillie par notre hôte qui perd peu à peu de sa superbe. Etre ainsi accusé par une personne qui n’est au mieux qu’un visiteur n’est pas acceptable, et il lui fait remarquer en la toisant d’un regard noir sans nuance de provocation. Au choix pour cette dernière de quitter les lieux, ou de rester à sa place … qui sera celle d’une simple figure muette.
J’avoue ne pas m’émouvoir de la réaction de l’intéressée car, aussitôt après, il se tourne vers moi, et son visage marque un coup dur à mon propre combat intérieur. Sa voix est soudainement plus douce. Une volte-face impressionnante, marquant sans doute plus son mépris pour la jeune femme que son empathie à mon égard.
Pourtant, l’entendre me tutoyer par réflexe et se reprendre aussitôt me fait frémir. Je suis emportée par une soudaine prise de conscience. Je n'ai pas envisagé une seule fois à sa juste valeur l’embarras qui l’anime lorsqu’il ne fait qu’évoquer les choses qu’il a à me dire … ni celui de faire face à quelqu’un qui vous a oublié.

Toutefois, bien que confidentielle et surtout fort mystérieuse, il ne souhaite pas m’écarter de la discussion. Tandis qu’il parle et réfléchit de concert avec Faëlis ; je me demande si tout cela peut être lié de près ou de loin à notre passé commun ; si mon incompréhension ne tient qu’au vide qui remplace ma mémoire.
Une partie du message transmis par Faëlis est alors dévoilé et une nouvelle fois est faite mention des Amants de la rose sombre. "Une rose sombre parée d’épines de sang tournées vers le blanc". J’ai l’impression d’être face aux énigmes de mon ancien maître, ses haïkaï sans queue ni tête qui symbolisaient ses intermédiaires et les codes entre eux ; et dont j’avais été écartée malgré moi. Pourquoi prendre le risque que les diverses parties ne comprennent pas le message ou son importance ; ça je ne l’ai jamais compris … surtout quand il suffit de liquider les indésirables trop curieux desdits messages.
C’est ce qui se passe justement autour de moi, le sens échappe aux deux elfes dont la seule certitude est l’identification du groupe et la potentielle menace sur une ville comme Kendra Kar, souvent identifiée comme la cité blanche, ou Cuilnen dans les terres des Hinions.

Après une pause, Cromax s’interroge sur la personne à l’origine du message … et le nom prononcé est le premier qui j’identifie sans peine, un nom peu courant qui plus est. Mon soudain sursaut au fond du fauteuil me rappelle à mes pensées et m’envoie dans la discussion, intriguée et soucieuse.

« Dame Pulinn ? Une elfe blanche de Kendra-Kar, c’est elle dont ? … »

Mes derniers mots s’envolent sans voix pour les accompagner. Je tourne vivement la tête vers le jardin d’où provient un tapotement discret. J’observe du coin de l’œil la jeune femme entrer dans la pièce. Une jeune femme aux cheveux bruns et aux yeux verts clairs qui s’amuse avec élégance des nouveaux mystères venus trouver le Sindel. Elle est vêtue d'une robe rouge de qualité et très bien ajustée, épousant parfaitement les formes de la belle jeune femme. Ses longs cheveux ondulent autour d'un large décolleté. Le temps d’un battement de cil, je reste rêveusement attachée à un détail bombé de son anatomie, apte à faire oublier les tracas quotidiens.

((Bénie soit mère nature pour cette époustouflante vision.))

D’un geste amical, je la salue à mon tour et tourne mon regard vers Cromax qui, selon moi, est le seul à pouvoir décider de répondre favorablement ou non à sa demande de rejoindre le groupe. Ayant eu un aperçu du maintien de l’ordre qu’il y a ici, je gage qu’il savait la jeune femme déjà présente dans le jardin, et me risque à devancer sa réponse en reprenant le court de mes pensées, avant qu'elles ne se dispersent vers l'éclat nacré d'une opulente poitrine.

« Dame Pulinn … elle est un peu comme l’incarnation du blanc, vous ne trouvez pas ? Plutôt qu’un lieu, peut-être est-ce une personne que ce groupe vise ? »
Modifié en dernier par Madoka le mar. 13 août 2019 23:38, modifié 3 fois.

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » mer. 3 juil. 2019 18:08

Ses révélations n'aidèrent en rien. Madoka restait très silencieuse, tandis que Cromax s'occupa d'abord d'incendier Aliéna. La femme eux cheveux blancs ouvrit la bouche pour répondre puis, par un miracle qui faillit tirer une prière à l'elfe tant il semblait impossible, sembla comprendre qu'elle ne devait pas pousser. Elle croisa les bras et serra les dents sans rien ajouter.

Comme Madoka, visiblement mal à l'aise, envisageait de se retirer, il la convainquit de rester. Oui, il y avait clairement quelque chose entre eux, et Faëlis était curieux d'en apprendre plus... Cependant, le reste de la conversation tourna autour du message codé. Ils s'interrogeaient tous deux sur la possibilité qu'il ait été transmis par une certaine « Pulinn ». D'après Madoka, il s'agissait d'une elfe blanche.

Faëlis allait répondre quand une autre jeune femme entra. Opulente, plutôt grande pour une humaine, elle était vêtue d'une riche robe rouge et avait une démarche gracieuse et même surprenamment discrète. À vue de nez, ce devait être une whiel. Elle apostropha le sindel avec une pointe d'amusement, lui demandant si d'autres mystères étaient venus à sa rencontre, avant de proposer de se joindre à eux.

L'elfe se leva aussitôt pour lui dédier la gracieuse révérence de circonstance :

« Faëlis Nyris'Kasslian, de Cuilnen, pour vous servir, gente de dame. »

Aliéna lui dédia également un rapide signe de tête, sans dire un mot. Puis, il revint vers ses interlocuteurs :

« Pour répondre à votre question, j'ignore totalement qui est cette dame Pulinn. J'ai été abordé par une femme mure qui semblait plus une intermédiaire, mais il s'agissait bien d'une elfe blanche. Elle ne m'a pas donné son nom. »
Modifié en dernier par Faëlis le lun. 8 juil. 2019 18:12, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » dim. 7 juil. 2019 11:27

C’est le moment que choisit Tina pour reparaître parmi nous, en provenance des jardins comme je lui avais conseillé. Elle s’exclame, voyant la nouvelle situation qui se présente, et toutes ces nouvelles personnes arrivées, que d’autres mystères sont venus me trouver. Je ne peux empêcher un léger ricanement, tant elle a raison : cette journée est presque aberrante en nouveautés et mystères, entre les disparitions, les apparitions et les visites surprises. Et cette fameuse énigme rapportée de Kendra Kâr par Faëlis et sa clique. Pour toute réponse à la question de Tina, je lui désigne l’ensemble des canapés du salon, l’invitant tacitement à prendre place si elle le souhaite. Je note, au passage, la non-réponse de la compagne de l’elfe blanc, ayant décidé avec sagesse de fermer son clapet indûment agressif. Une bonne chose pour elle, en vérité.

L’archer-soigneur poursuit la conversation en confirmant mes doutes. S’il ignore qui est Pulinn, il précise cependant qu’elle est bien une elfe blanche. Curieux qu’il la considère comme une intermédiaire, vu sa stature au sein du Temple, mais soit. Dans tous les cas, nous n’avons pas les clés de ce que ça pourrait vouloir dire. Jusqu’à ce que Madoka intervienne à son tour, prouvant l’utilité de sa présence dans cette assemblée. Avouant connaître Pulinn, elle associe l’elfe magnifique à… une sorte d’incarnation du blanc, et poursuit en émettant l’hypothèse que c’est une personne qui est là en danger plutôt qu’un lieu comme une cité. Pulinn se sentirait en danger ? Si c’est le cas, c’est plus qu’inquiétant au su de ses capacités. Je fronce les sourcils, masquant difficilement mon trouble.

« Oui… Oui, elle pourrait user de ce type de vocabulaire si elle sentait un risque peser contre elle. Mais accuser les Amants ? Ça n’a pas vraiment de sens, elle en est l’une des dirigeantes. Tout comme moi… »

Du moins est-ce censé être mon grade au sein de l’association, quand bien même je n’en use pas. Je vais pour poursuivre, mais une subite irruption dans la pièce m’en empêche. Onyx vient de débouler, essoufflé et au visage marqué par l’urgence. Que se passe-t-il encore, bon sang ?! Entre deux respirations saccadées, il s’écrie :

« Messire Cromax, les Gardes, ils… »

Il n’a guère le temps de finir sa phrase. Avec une violence inouïe renforcée par l’effet de surprise, une pointe de hallebarde le traverse de part en part, sortant par son poitrail avant d’y disparaître l’instant d’après. Mes yeux sont deux boules rondes s’ouvrant sur cette nouvelle ignominie, et ma main va à ma ceinture pour se poser sur ma rapière… Je n’ai le temps de la dégainer que la hallebarde frappe une seconde fois, s’enfonçant dans la chair du shaakt de son tranchant, cette fois, à la jonction de son cou et de son épaule, tranchant muscles et os jusqu’à la clavicule.

« Onyx, non !! »

Mon fidèle gérant s’écroule aussitôt dans une mare de son propre sang, révélant à nos yeux son agresseur. Nul autre qu’un garde de la Rose, dans sa prestigieuse livrée rouge. Alors qu’il dégage son arme du moribond, d’autres s’allient à lui et le dépassent, pénétrant avec fracas dans la pièce, toutes armes dehors, et visiblement prêts à nous combattre. Je sens la colère, déjà initiée par cette peste d’Aliéna, monter en moi, alors que je dégaine ma rapière et ma métamorphe, pour l’instant sous sa forme de dague. Une seule parole nait de ma bouche, à l’attention de mes compagnons, avant que je n’aille fracasser ces enflures :

« Allez, n’en épargnez aucun ! »

Et j’aurai bien besoin de leur soutien pour me débarrasser de tous ces gardes nous assiégeant dans mon propre palais, alors que je n’ai que mes armes pour me défendre, non équipé de mes pièces d’armure. Ils paieront cette trahison. Il sera encore temps ensuite de comprendre le motif de leur action.


[Note HJ : je vous propose un petit combat libre, avec un délai d'une semaine pour le réaliser. Pour les éventuelles actions communes, on peut s'organiser sur le sujet de l'événement sur Discord. Le nombre de garde est indéterminé, vous pouvez en faire apparaître autant que vous souhaitez (bon, évitez de dépasser la vingtaine quand même) Les gardes sont de niveaux variables, entre 5 et 15, et manient hallebardes et épées.]

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » mer. 10 juil. 2019 16:46

Après quelques instants de réflexion, Cromax arriva à la conclusion que la femme qu'il avait rencontrée était bien cette Pulinn. D'après lui, une menace devait peser sur elle, mais laquelle ?

C'est alors que l'elfe noir qui les avait accueilli entra à grand bruit. Il tenta de les avertir de quelque chose... mais les événements le rattrapèrent, sous la forme d'une pointe qui lui transperça le corps. Comment une telle chose était-elle possible ? Ils étaient dans le palais, en sécurité, non ?

Non, car à ce moment-là, les gardes du palais entrèrent en force. Équipés de hallebardes et d'armures lourdes, ils se déversèrent dans le salon. Le demi-dieu tira son épée avec un cri de rage, exhortant le groupe à massacrer les agresseurs. Faëlis réagit avec un temps de retard, mais parvint finalement à saisir son arc. Aliéna, en revanche, était déjà passé devant lui, l'épée à la main, grinçant :

« Deux tentatives d'assassinat dans la même journée, ça commence à bien faire ! »

Mais son sourire carnassier exprimait moins la colère que la joie féroce du combat. Elle s'élança au côté du maître des lieux pour tenir le front, décidée à empêcher les gardes de déployer leur surnombre en entrant tous en même temps.

Faëlis se concentra. Les gardes étaient nombreux et lourdement équipés. Face à te telles armures, ses flèches seraient de peu d'utilité, mais sa magie pourrait l'être davantage. Son pouvoir de lumière glissa le long de ses bras et se répandit sur l'arc pour créer des projectiles de lumière. Calculant avec soin un tir multiple, il avisa ses compagnons qui tentaient de faire front alors qu'il restait lui-même en arrière. Ils étaient parfaitement bien placés...

Il lança les deux projectiles magiques en un éclair, et ils environnèrent leurs cibles d'une aura de lumière. Ses capacités étant limitées, il avait dû choisir avec soin, aussi, il s'était focalisé sur Tina, qui ne semblait pas faite pour le combat au corps-à-corps, et sur Aliéna... parce que si elle mourrait, il ne pourrait plus avoir le plaisir de se faire insulter à longueur de journée ? Bon, il faudrait se contenter de cette excuse.

De fait, la jeune femme se trouva assez vite en difficulté : son épée n'avait pas assez d'allonge face à une hallebarde et, sans armure, elle devait faire très attention. L'elfe encocha une flèche et visa le visage de l'homme. Le premier tir le manqua de peu. Le deuxième claqua sur l'armure. Mis sous pression, le garde tenta de se ruer avant que la troisième flèche ne soit tirer. C'était l'ouverture dont avait besoin Aliéna : elle parvint à se glisser sous sa garde et enfoncer sa lame entre deux plaques d'armure. À peine sa cible était-elle tombée à terre qu'un autre garde se ruait vers elle. Alors qu'à côté, Cromax faisait un massacre, elle fut forcée de reculer. Cependant, Faëlis veillait : il infusa une flèche d'une dose de magie et visa un bras exposé. Le tir n'avait pas pour but de tuer, mais cette vieille technique de « jet d'entrave » allait causer une blessure terriblement douloureuse.

De fait, le garde marqua un temps d'arrêt, donnant à la jeune femme le temps de ramasser une petite table raffinée pour... la tenir comme un bouclier ?

« Maintenant, tu vas moins rigoler, crétin ! » lança-t-elle, le visage tordu par un sourire maléfique.

Le garde, nullement impressionné, passa à l'attaque... mais d'un coup de table, elle détourna le coup et se glissa au corps-à-corps. L'homme tenta de reculer, mais il buta dans un de ses camarades et un coup d'épée précis lui ouvrit la gorge, avant de dévier l'attaque du suivant. Bon, manifestement, elle avait trouvé son arme ultime !

Plus loin, Madoka s'était elle aussi glissée avec agilité sous l'arme d'un garde avant de lui remonter dans le dos pour lui trancher la gorge. Simple, efficace... mais hélas, elle se trouva alors exposé à un autre assaillant. Elle était aux aguets cependant, et esquiva son attaque. Hélas, elle était maintenant acculée contre un mur, et chaque nouveau coup de pique risquait de la clouer au mur ! Ni une, ni deux, l'elfe encocha une flèche. Habitué à garder son calme en toutes circonstances, il ne se laissa pas aller à la peur de voir la guide mourir. Il ajusta avec soin et précision sa flèche... et lâcha la corde ! Le tir précis et imparable traversa littéralement la gorge de l'homme, laissant le temps à l'ynorienne de prendre du champ.

Cependant, le combat tournait quand même à leur désavantage. Les gardes les repoussaient, malgré déjà plusieurs pertes, ils commençaient à entrer en masse ! Cromax était encerclé et se battait comme un lion. Cependant, il avait tout un rang en face de lui et il reculait pas à pas. Comme Aliéna, il devait développer des trésors d'art martiaux pour faire face à des adversaires plus faibles, mais avec une bien plus longe allonge. Gardant son sang-froid et regardant autour de lui, Faëlis chercha une solution... Ah ! Parfait ! Il y avait d'autres tables ! Il n'allait pas en laisser le monopole à Aliéna ! Il jeta son arc de côté et se saisit donc de l'une d'elles, la plus grande qu'il puisse trouver, et banda ses muscles pour la soulever, renversant au passage chandeliers et vases qui se fracassèrent à grand bruit. Dommage, ils étaient plutôt beaux, mais c'était un cas de force majeure ! Par contre, bon sang que ce truc était lourd ! Avec un hurlement, il s'accroupit, la fit basculer au-dessus de lui et la souleva à bout de bras en criant :

« Crom', à terre ! »

Et, à peine le sindel avait-il roulé à terre qu'il balança la table de toutes ses forces ! Qui a dit que les archers ne peuvent lancer que des flèches ? Le coup était précis et renversa toute la ligne de garde ! Certes, avec leurs armures lourdes, ils ne craignaient pas grand-chose, mais leurs rangs étaient disloqués, et l'un d'eux se retrouva même piégé sous le meuble !

L'hinïon, cependant, tituba sous l'effort et posa un genou à terre. Réaliser de tels exploits faisait partie de son entraînement, mais sans échauffement, c'était déconseillé ! Hélas, c'est à ce moment-là, alors que tout le champ de bataille était dispersé, qu'un garde se précipita vers lui ! Voyant au dernier moment la pique qui fonçait dans sa direction, il plongea de côté. Un deuxième coup tenta de le clouer au sol et il roula à terre alors qu'il tentait d'invoquer un flash lumineux pour aveugler son ennemi. Sans succès ! C'était bien le moment pour que sa magie le lâche ! Sa main chercha frénétiquement son sabre, bien qu'il sache qu'il ne ferait pas le poids au corps-à-corps avec un de ces gaillards !

Les choses étaient mal engagées. Il reculait tant bien que mal quand... le garde s'écroula, la gorge ouverte d'un geste vif et précis. Madoka ! Il lui adressa un signe de tête de remerciement, mais, déjà, un cri à l'autre bout du champ de bataille l'averti d'un problème. Aliéna avait été blessée par la lame d'un garde ! Réagissant instantanément et efficacement grâce au lien magique qu'il avait invoqué en début de combat, Faëlis canalisa un flux de lumière, un souffle de Gaïa qui referma la plaie. Couvrant son adversaire d'injures fleuries, quoique clairement aux fleurs d'ortie, elle lui lança sa table à la figure avant de foncer en avant. Son épée darda et lui transperça le front tandis que, de l'autre main, elle récupérait sa protection, laminée à coup de hallebarde mais toujours efficace, avant de replonger dans la bataille.

Faëlis chercha Tina des yeux. La femme de Whiel essayait aussi de ne pas être trop au contact des gardes. Elle tentait de tenir à distance les ennemis avec une magie de flamme, mais elle aussi avait été blessée ! La pointe d'une hallebarde avait transpercé son épaule qui saignait abondamment. Ni une ni deux, Faëlis invoqua à nouveau sa magie de soin : le rayon lumineux, suivant la ligne invisible qui le reliait à la jeune femme, vint refermer le plus gros de la plaie.

Il n'eut pas le temps d'en voir plus : Aliéna avait de nouveau été blessé ! Un garde avait réussi à accrocher son bouclier improvisé avec sa hallebarde et à le lui arracher des mains, avant de la toucher au bras. Décidément, à ce rythme, il serait bientôt à sec de magie ! Il invoqua pourtant encore son pouvoir de guérison, apaisant la douleur. Elle hurla au garde :

« Espèce d'enfoiré ! Tu vas voir ! »

Et la fin du sortilège de Faëlis se perdit dans la nature alors qu'elle se changeait en célérian ! L'hinïon n'avait pas remarqué, jusqu'alors, que le bel oiseau bleu avait des serres plus acérée que dans tous les dessins qu'il avait pu voir... Le garde, qui portait un nouveau coup, frappa dans le vide et reçut le volatile en pleine face ! Il hurla alors que les serres lui griffaient le front et la joue. Cependant, Aliéna ne pouvait espérer le tuer ainsi. Mais ce n'était pas son but : elle en profita pour passer dans son dos et reprendre forme humaine. Son coup d'épée fut si vif que c'est à peine si Faëlis parvint à le suivre. Tout ce qu'il savait, c'est que le garde tomba derrière elle, la nuque brisée.

Ce fut l'un des derniers coups. Faëlis venait de ramasser son arc, mais les derniers gardes étaient à terre. La salle n'était plus qu'un chaos dévasté et le sol ruisselait de sang. C'était dégoûtant, inesthétique et morbide... mais ils étaient tous en vie !

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Tina
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » ven. 12 juil. 2019 14:08

[Avant]

[9]


L'arrivée de Tina est saluée d'un geste amical par la jeune femme du peuple d'Ynorie, d'un simple signe de tête de la part de celle à la chevelure blanche et d'une présentation en bonne et due forme par l'elfe blanc. Faëlis Nyris'Kassilian de Cuilnen, un nom assez long pour témoigner d'une ascendance particulière s'il en est, que la tulorienne accueille d'un signe de tête poli. Le maître des lieux répond à sa demande en l'invitant d'un geste à prendre place sur l'un des canapés de la pièce. Y trouvant là son invitation, la belle brune fait quelques pas dans les lieux, avisant un siège vide mais dans lequel elle ne prend pas place. Elle reste debout à côté, effleurant le dossier du bout des doigts propres en laissant son oeil de couturière en admirer la facture. Elle n'est pas distraite pour autant, ses oreilles lui apprenant que la discussion portait sur une Dame Pulinn, pouvant apparemment courir quelque risque. Il est également questions d'Amants, de dirigeants dont leur hôte prestigieux ferait partie.

Alors que ce dernier semble prendre un instant de réflexion avant de poursuivre, des bruits de course précèdent de peu l'irruption de l'elfe sombre que la jeune femme a déjà rencontré. Immédiatement, Tina enfonce ses doigts dans le tissu épais. Elle connaît cette expression, celle d'une crainte causée par une situation dangereuse mêlée à un devoir de prévenir les potentielles victimes. L'elfe évoque les gardes dans un souffle. Dans le suivant, un éclat métallique laisse la tulorienne brièvement interloquée, apparu et disparu de la poitrine du messager. Elle n'a pas même le temps de tout à fait comprendre la gravité de la situation que l'arme apparait de nouveau, frappant cruellement à la base du cou de la victime. Ce n'est qu'au cri de Cromax, hurlant le nom d'Onyx, que la couturière reprend ses esprits. Onyx. Elle aperçoit à la place du malheureux le visage de son jumeau. Un mélange d'effroi et de férocité la gagne en découvrant qu'un des gardes qu'elle a aperçu en allant quérir à manger, bardé de sa livrée rouge, est à l'origine du meurtre. Et qu'il n'est que le premier d'une meute !

Sur l'injonction de l'elfe célèbre, Faëlis, la jeune femme de Nirtim et l'autre à chevelure blanche font paraitre armes et magie. Ils sont aguerris, la tulorienne peut le voir. Elle, qui a toujours usé de diplomatie pour esquiver les ennuis, non. Une lueur la prend pour cible, mais seule une sensation de proximité avec quelqu'un l'étreint. La belle fait quelques pas en arrière, décidée à ne pas les gêner. Son cœur cogne rudement dans sa généreuse poitrine alors que le choc des armes se fait dans la pièce. Corde d'arc qui se tend et se détend, éclat de lames en parant une autre, apparition soudaine de l'ynorienne dans le dos d'un adversaire pour lui sectionner la gorge. La tulorienne est atterrée un instant lorsque l'odeur sanguine parvient jusqu'à elle. Momentanément incapable de réfléchir, elle voit avec stupéfaction l'elfe blanc se saisir d'une table et la lancer avec force, percutant toute une ligne de gardes.

La belle lève une main et du revers se gifle sèchement. Elle se refuse à n'être qu'une damoiselle en détresse ! La belle lève les mains, laissant la chaleur animant son torse s'y diriger. Elle ne peut pas se résoudre à blesser quelqu'un dans cette mêlée, trop peu confiante en sa maîtrise de ses pouvoirs, mais si elle pouvait en désarmer ne serait-ce qu'un ?

Est-ce l'éclat de sa magie ? Son geste ? L'un des gardes repoussé par Cromax est contraint de reculer de quelques pas, arrivant dans la pièce juste face à elle. Dérouté un instant, il l'aperçoit, se fige le temps d'un battement de cil, puis se lance vers elle, hallebarde brandie. Un coup large à hauteur de son abdomen la manque de peu. Elle ne doit cela qu'à sa légèreté de déplacement et son réflexe de reculer. La menace est trop proche pour qu'elle demeure concentrée sur sa force intérieure. Les petites flammèches entre ses doigts se dissipent avant d'avoir pris forme. La belle se sert du canapé comme obstacle qu'elle garde entre elle et l'homme, tournant prudemment autour pour gagner du temps, reprendre son souffle. Ses beaux yeux l'observent brièvement. N'est-ce pas celui qui insistait pour l'avoir à sa table ? Pourquoi se comporte-t-il ainsi ?

La belle écarquille les yeux quand le garde, lassé de lui courir après, prend appui sur le meuble, en saute le dossier et la force à reculer encore une fois. Tina agit par instinct, refusant de laisser l'homme prendre ses compagnons à revers et s'éloigne d'eux. Une goutte de sueur froide se fait sentir sur son dos à l'instant où la paroi de la pièce fait de même. Un nouveau moulinet la contraint à se jeter sur sa droite pour l'éviter. La belle perd l'équilibre et tombe à genoux au moment où un coup d'estoc fond sur elle. Une douleur fulgurante s'empare de son épaule près, trop près, de son cou, jetant un voile grisé sur son champ de vision et causant un sifflement strident dans ses tympans. Un coloris carmin glisse sur sa poitrine, maculant les billes de terre constituant auparavant ses colliers. Tina le sait. Si l'homme reprend ses appuis et retire son arme, elle est perdue. Alors elle ne réfléchit pas, elle réagit. Son bras valide s'élève d'un coup, sa main se refermant sur la hampe de la hallebarde. Elle s'y accroche avec la fermeté et le désespoir de quelqu'un qui pendrait au-dessus d'un gouffre. Le garde gronde, cherchant à la dégager. Pendant un court moment, leurs regards se croisent et l'assaillant tressaille. C'est suffisant pour que la belle laisse libre cours à sa magie. Les gantelets du garde chauffent à l'endroit où il tient sa hallebarde. Il change ses appuis dessus, grommelle, l'insulte si elle en croit ce que ses oreilles perçoivent par-dessus le brouhaha. Il est si distrait par ce qui lui arrive qu'il ne se rend compte que trop tard de la lame courte lui perçant la gorge. Son sang gicle, aspergeant le profil de la tulorienne.

Chancelante, Tina arrache le fer de sa plaie, laissant choir la hallebarde au sol, au milieu des perles de terre cuite et des traces sanguines. Prenant appui le long du mur, la belle brune se relève lentement, sentant la douleur se résorber quelque peu et une chaleur agréable atténuer le flot de sang glissant sur sa peau. D'un œil prudent, elle évalue la situation, offrant un petit sourire et un signe de tête à l'ynorienne proche. Ses compagnons ont du reculer dans le salon contre l'assaut frontal des gardes, mais les corps tombés au sol gênent suffisamment le passage, sans parler de la table lancée, pour leur donner l'avantage. Le bras droit de la tulorienne s'élève de nouveau en constatant qu'un garde à l'allure robuste tient ses appuis. Il riposte, ne prenant pas le risque d'ouvrir sa garde en attaquant. La jeune femme le regarde quelques secondes, consciente que son geste va avoir de terribles conséquences pour lui. S'en sent-elle coupable ?

Pas dans l'immédiat.

Elle concentre sa magie de feu, pose son regard sur cet homme faisant partie des derniers encore menaçants puis son arme. Elle perçoit son fluide agir. Les mouvements du porteur de livrée rouge se font plus maladroits, son maintien sur son arme moins ferme. Il tient bon jusqu'à ce que la douleur devienne trop forte et lui fasse lâcher prise avec un râle bestial. Il semble comprendre l'inéluctabilité de sa situation une fraction de seconde avant qu'une lame ne mette fin à sa fougue.

La forme tremblante de la jeune femme se détache de la paroi. Elle lève les pieds pour passer au-dessus de ses perles et contourne le corps de son agresseur. Distraitement, elle rassemble sa chevelure sur son épaule intacte, sifflant d'inconfort lorsque quelque mèches collées à sa plaie en sont extirpées et songeuse des explications qu'elle devra donner concernant celles bizarrement coupées.

Son regard balaie ses compagnons d'infortune, tous plus ou moins marqués par l'affrontement, puis il se pose sur les corps jonchant le sol. Lentement, avec grâce malgré la douleur irradiant de sa blessure qu'elle s'efforce de ne pas toucher, la jeune femme s'avance vers le charnier. Du pied et sans cérémonie, elle soulève et fait basculer un cadavre tombé sur le dénommé Onyx, le libérant de l'étau. Debout aux côtés de l'elfe sombre étendu, Tina regarde Cromax avec attention puis recule d'un pas. Elle sait que si les rôles étaient inversés, que c'était son Onyx gisant là, elle ne laisserait pas un parfait étranger ne serait-ce que se tenir à côté de lui.

La belle inspire lentement et souffle pareillement, attentive. La forteresse est grande. D'autres gardes hostiles peuvent arriver. Qui sait combien de temps ce calme d'après carnage va durer ?


Modifié en dernier par Tina le mer. 24 juil. 2019 17:28, modifié 1 fois.
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » dim. 14 juil. 2019 01:16

Tandis que Faëlis se présente avec grandiloquence à la jeune femme, Cromax lui désigne les fauteuils pour répondre à sa précédente requête. Aussitôt après, la discussion reprend son cours et bien que Faëlis avoue ne pas connaître Pulinn, il semble que Cromax soit de plus en plus convaincu que le message puisse venir d’elle … d’autant plus dans l’éventualité qu’elle soit la cible … et ce même si cette hypothèse impose un nouveau regard sur le dit message car il se trouve que Pulinn est l’une des dirigeante des Amants de la rose sombre, au même titre que Cromax.
Une révélation pour moi et une grande source d’inquiétude pour lui car si l’elfe blanche est bien « le blanc » en danger, lui a qui elle semble faire confiance ne tardera pas à l’être aussi. A l’abri dans sa forteresse, il profite d’un temps précieux pour démêler les métaphores et les sous-entendus du message. Car à moins de patauger dedans au point d’en devenir maladivement suspicieux, il faut du temps pour envisager la trahison des siens comme une éventualité à prendre en compte.

J’en suis à ces navrantes réflexions lorsque la porte s’ouvre avec fracas. Le shaakt nommé Onyx débarque en trombe dans la pièce, le visage crispé et peinant à reprendre sa respiration. Avalant sa propre respiration, il dit quelque chose à propos des gardes … lorsque la pointe d’une arme traverse sa poitrine par l’arrière. La surprise, plus que la douleur, se lit sur son visage alors que la lame disparaît et que le second coup lui tranche le côté du coup.
Je sursaute et reste coïte par la brusquerie de l’acte, ayant la seconde avant envisagé cette forteresse comme un endroit sûr. Le corps d’Onyx touche à peine le sol que plusieurs gardes l’enjambent et entrent en trombe, toutes armes dehors. Ils n’ont clairement pas l’intention de faire de prisonniers, ils s’engouffrent et chargent à l’intérieur de la pièce pour profiter de l’effet de surprise et tuer vite. Ivre de rage de n’avoir pu empêcher ce meurtre, Cromax dégaine et fonce droit sur le gros de la troupe, nous encourageant à faire de même. Une sommation qui ne donne pas lieu à la réflexion car très vite, les gardes se dispersent.


Je saute par-dessus l’accoudoir du fauteuil pour éviter la pointe d’une arme plus grande que moi. Elle s’enfonce dans le cuir, déstabilisant le garde pendant une seconde, ce qu’il me faut pour soulever le fauteuil par l’accoudoir et l’empêcher de réattaquer rapidement. Je n’ai jamais combattu un tel adversaire, protégé comme il l’est dans son armure, je ne sais comment l’atteindre et s’il parvient à se resservir de son arme gigantesque, je doute de parvenir à passer sa garde facilement. L’arme d’abord, me dis-je alors en profitant du fait que le bout en forme de demi-lune se coince dans le coussin renversé. Je donne un violent coup de pied dans la hampe. Le garde lâche son arme et dégaine son épée mais je suis déjà trop près et sous son épaule relevée pour brandir son épée. Je vise l’espace au niveau de l’aisselle mais le manque de peu, taillant la chair sans le blesser suffisamment pour qu’il soit à ma merci ; aussitôt il frappe mon dos de son coude, sans grande agilité car au lieu de cogner il me repousse à peine. Sans réfléchir ou lui laisser le temps de le faire, j’attrape la jointure de son armure au niveau du poignet et me sers de mon poids pour le retourner sur lui-même, forçant mon adversaire à se plier en avant et mettre genoux à terre. Il grogne et tente de ramasser son épée de l’autre main, mais trop tard. Ma dague se plante entre ses cervicales.

Contre de tels adversaires, je ne peux pas me permettre de m’amuser. Ils ont la force, l’armure et les armes ; des armes qu’on croirait faites pour faucher des géants mais difficilement maniables en cas d’obstacle. Je me dois de rester en mouvement, de me servir de ma souplesse et ma rapidité ; deux atouts qu’ils ne possèdent pas.

L’un d’eux a l’air d’avoir opté pour l’épée. Il se rue sur moi à peine ai-je réussi à me défaire du premier, et je vois derrière lui les yeux d’un autre garde ; parmi ceux qui tentent de faire reculer le Sindel déchaîné ; observer la manœuvre de son comparse à l’épée. Je roule au sol pour éviter le premier coup et me redresse d’un saut carpé aussitôt après, prête à combattre, tandis que le deuxième fait volte-face et s’avance vers nous. J’esquive un deuxième coup d’estoc de peu et tente une riposte qui échoue, ma lame ne faisant sur riper sur le métal de l’avant-bras au lieu de frapper sa main sans gants. J’ai peu de temps, je le sais, avant que le deuxième n’arrive et tente d’en gagner en reculant par deux fois. Je ne peux pas, je ne dois pas me précipiter comme j’aime le faire, par avec un adversaire avec une carapace si lourde … si je me rate, je me fais aplatir. Comprenant ce que j’essaye de faire, mon adversaire m’impose un rythme plus rapide et frappe avec le flan de sa lame pour me repousser contre le canapé. Presque acculée, je fais un pas en avant au lieu de reculer. Ses yeux marquent son hésitation, son incompréhension quant à ma feinte, mais ce n’en est pas une. Je me penche en avant et tourne sur moi-même sous sa lame et avant qu’il ne freine son élan, je pivote autour de lui, remonte furtivement dans son dos et lui tranche la gorge.

Le deuxième est sur moi, rapide et certain de pouvoir m’attaquer sans que je puisse riposter. Son arme est longue, mais son arme n’est pas maniable ; alors je tire fort sur les cheveux du mort en train de tomber à genoux et m’en sers, au pire de diversion, au mieux de bouclier humain. Le presque pire arrive car mon nouvel adversaire, plus habile qu’escompté, parvient à dévier la pointe de son arme pour suivre mon mouvement mais ses pieds lourds à porter trébuchent sur le corps de mon premier adversaire. La pointe frôle l’extérieur de ma cuisse mais le crochet me griffe profondément et réveille la douleur de ma récente blessure, à peine refermée. En reculant, ma botte glisse sur une flaque de sang. Je tombe en arrière comme un poids mort et me cogne la tête contre le pied du fauteuil renversé. N’étant tombé qu’à genoux, le garde se redresse rapidement. N’arrivant pas à prendre appui avec mes pieds, je me sors de là d’une roulade en arrière mais lorsque je me redresse, mon dos cogne contre le mur. Le garde prend son temps, son rictus malveillant me donne la chair de poule lorsqu’il voit mes mains vides. Il tient son arme en avant et la fait bouger de droite à gauche, lentement, comme pour me dire, sans utiliser de mot, que je suis piégée. Il joue avec moi. Ma jambe tremble quand je m’appuie trop longtemps dessus, mais c’est ma tête bourdonnante qui me pose le plus de problèmes, la peur l’emportant déjà sur la douleur, je n’ai pas les idées claires. Sadique jusqu’au bout, il donne deux coups de pointe successifs, me forçant à l’éviter en prenant appui sur ma jambe blessée. Il ricane de me voir chanceler et trembler. J’enrage de ne pouvoir chasser la douleur et la peur de ma tête en feu … encore quelques secondes, quelques secondes à serrer les dents, à respirer lentement pour chercher une autre sorte de feu en moi.

Je le vois serrer ses doigts autour de la hampe, j’avale ma salive et serre les poings, espérant gagner encore un peu de temps avant que … Il s’arrête net, les yeux écarquillés et la bouche entre-ouverte cherchant un souffle qui s’échappe. Une flèche venue de nulle part vient de lui transpercer la gorge de part en part. Je reste médusée tandis que son corps s’effondre et me dégage la vue. Faëlis est en face, l’arc encore levé et dressé vers nous. Maladroitement, j’esquisse un remerciement tandis qu’il se détourne vers le chaos qui règne dans la pièce.
Il tourne la tête de tous les côtés et brusquement, après avoir jeté son arc à la volée, il renverse la plus grande des tables et parvient à la porter à bout de bras au dessus de sa tête. Je ne comprends ce qu’il fait que lorsqu’il crie à l’attention de Cromax de se baisser avant de jeter la table en travers des rangs ennemis. Je hoquette de surprise, impressionnée par la force cachée sous ce noble masque d’élégance.
Mais aussi fort soit-il, l’effort et l’élan sont conséquents. Il titube et tombe à genoux alors qu’un garde épargné par la table se précipite vers lui.

J’arrache l’épée à la ceinture du cadavre à mes pieds et me précipite à mon tour, boitant d’une jambe et sautant de l’autre pour rejoindre celui qui m’a sauvé la vie, et qui n’a pas hésité à prendre des risques pour aider et protéger les autres. Le garde prend vite le dessus sur son ennemi sans arme, il le talonne de la pointe de son arme et avance tandis que Faëlis roule à terre et recule tant bien que mal. Le garde ne me voit pas arriver, il ne voit que sa proie. Alors qu’il lève les bras au dessus de lui, triomphant, je m’interpose et lui ouvre la gorge d’une oreille à l’autre. Guère plus loquace que moi, Faëlis me fait un signe de la tête que je lui rends avec plus de panache qu’une minute avant. Nous sommes quittes, si on peut dire, mais le combat n’est pas terminé. En bon protecteur qu’il est, il se remet debout et réagit instantanément au cri d’Aliéna.

Je n’ai guère le temps de souffler non plus. Un garde se détache de l’assaut contre Cromax et se précipite vers la jeune femme mise à mal par son adversaire. Grinçant des dents à l’idée même de faire ce que je m’apprête à faire, je donne un coup de pied dans un fauteuil pour entraver la course du garde, hurlant contre ma propre douleur à la cuisse, d’où je sens le sang gicler contre ma main. Il tombe en avant et se prend le ricochet du lancer de table de la jeune femme destiné à son premier adversaire. Il chute sur le dos, la gueule en sang et pousse un cri me maudissant lorsque je brandis l’épée au dessus de lui et l’enfonce brutalement dans la fissure de son armure au niveau de l’aine.

Un autre cri attire mon attention et celle de Faëlis. La jeune beauté brune est livrée à elle-même. Elle tient fermement l’arme de son adversaire, encore fichée dans le creux de son épaule. Elle lutte pour le retenir mais elle n’est pas de taille. Tandis que Faëlis se sert à nouveau de sa magie blanche pour l’aider comme il peut, je cherche frénétiquement une arme, mon arme, pour la rejoindre avant qu’elle s’épuise. La soigner ne suffira pas.

Le fauteuil renversé ! Je rejoins à quatre pattes l’endroit où mon combat à commencer et retrouve mon cimeterre, ainsi que ma dague à un pas de là dans une flaque de sang visqueux ; et à un autre pas de là, la botte sanglée de métal d’un autre garde. Je me jette sur la dague d’une roulade avant et me redresse à moitié dans le dos du garde tout de maille vêtu. Perturbé par mon action peu conventionnelle, il tourne sur lui-même et me retrouve debout de l’autre côté du fauteuil. Ma dague fermement en main, je serre les doigts et l’appelle dans ma tête, mon esprit uniquement concentré sur son nom. Cela faisait longtemps que je ne l’avais fait, m’étant promis de ne plus le faire sans raison valable … car il faut bien l’avouer, son pouvoir m’attire indéniablement mais me révulse par nature.
Les yeux exorbités du garde me confirment que l’âme de ma dague ne m’a pas laissé tomber. Invisible mais point silencieuse sur ce sol visqueux, je me hâte de rejoindre Tina encore aux prises avec son adversaire et ce, avant que le pouvoir de ma dague ne s’estompe. Trop occupé à jurer et insulter la jeune femme qui lui tient tête, il ne sent pas ma main dans sa tignasse et réalise trop tard que le mouvement en arrière signe son arrêt de mort. Je me sens redevenir visible lorsque la lame lui traverse la gorge. La jeune femme, chancelante mais courageuse, arrache la pointe de son épaule et se redresse pour me sourire. Un sourire timide et douloureux qui vaut mille mots, les mille mots que je dois pour ma part à Faëlis.

Lorsque je me retourne, Tina lève le bras vers le garde massif aux bottes sanglées. Il nous fait face mais ne bouge pas. Il y a dans son regard une sorte de dégoût à peine dissimulé par l’aigreur de voir tant de ses compagnons d’infortune à terre. Je sens que Tina use de sa magie, au picotement dans l’air et ses gestes contrôlant l’impalpable, mais je ne sais ce qu’elle lui fait. Il ne comprend sans doute pas pourquoi ni elle, ni moi n’avançons vers lui, pourquoi on l’observe sans bouger … ou peut être le comprend-il car, une seconde avant d’être fauché par la lame de Cromax, il tourne la tête, laissant en suspens son tout dernier geste.

Quand tout cesse enfin, je reste immobile, incapable de bouger tant mon corps est soudainement raide et ma respiration difficile. Tout est allé si vite que mon esprit s’est retranché au fond de moi et, maintenant, il s’ouvre enfin. Il s’ouvre au silence pesant qui envahit la pièce si bruyamment chaotique l’instant d’avant. Mes oreilles bourdonnent encore des fracas des lames entre elles, des cris hardis et des hurlements étouffés. J’observe la scène en respirant bruyamment, essoufflée et le corps endolori. Un carnage se trouve sous nos pieds, plus d’une dizaine de corps en tout dont certains semblent seulement endormis, d’autres ont perdu la tête et d’autres encore gisent dans leurs tripes, leur armure arrachée sous l’assaut d’un elfe fou de rage. De la pointe des pieds, j’enjambe les cadavres pour rejoindre un siège en état. J'attrape maladroitement plusieurs serviettes. D'une main, j'appuie rudement sur la vilaine plaie de ma cuisse et de l’autre, je retire le sang qui macule mon visage et imprègne chaque inspiration de son odeur.

Mon esprit s’ouvre à des questionnements étranges, sur la destinée et le hasard, ne sachant plus si me croire maître de mon destin tient de ma détermination ou de l’aveuglement. Une rencontre anodine m’a conduite jusqu’ici, là où se trouve une personne que je pensais ne jamais retrouver. Et que penser de notre arrivée à l’improviste, notre présence à ce moment précis …
Cromax, le temps d’un battement de cils a dû choisir de nous faire confiance ou pas. S’est-il posé la question avant de nous tourner le dos pour faire face à la traîtrise de ses propres gardes, ceux qui avaient en main sa sécurité.

Et maintenant …
Le regard perdu vers la porte d’entrée, je reste aux aguets et crains de voir arriver plus de gardes encore. Difficile de faire le point sur tout ce qui vient d’arriver ; notre venue a-t-elle était déterminante, les traîtres ont-ils eu peur que Cromax ne soit prévenu. Quant à la question de savoir si ce groupe des Amants est la menace que doit craindre le mystérieux blanc : je n’ai plus de doute.
Il était, il est l’un de leurs dirigeants … comment se sent-on quand on est trahi par les siens ? Est-ce ainsi que mon maître me voit maintenant qu’il sait que je l’ai fui ?
Modifié en dernier par Madoka le mar. 13 août 2019 23:41, modifié 4 fois.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » jeu. 18 juil. 2019 15:20

Sans plus tarder, je me lance dans la confrontation, mes deux armes dégainées. Si je ne prête guère attention à ce que font les autres de ma consigne impitoyable, je remarque que la compagne de Faëlis, cette humaine si sûre d’elle, fonce avec moi au corps à corps. Elle remonte un peu dans mon estime : elle semble plus utile quand elle se tait. Ou tout du moins volontaire. Je ne tarde pas à arriver au corps à corps. Les gardes m’ayant vu arriver, évidemment, se préparent à me recevoir en dressant un mur de leurs hallebardes, pointées vers moi. Mais je ne me laisse pas avoir comme un bleu : si au sein d’un combat en mêlée cette organisation peut faire énormément de dégâts, les adversaires s’y empalant, pris sur leur lancée sans pouvoir s’arrêter, il en va autrement pour un être unique fendu aux arts du combat. Ma lame changeante prend la forme d’une hache, tranchante et solide, de laquelle je donne un coup horizontal sur les extrémités des hallebardes me menaçant, balayant celles-ci sur le côté en me permettant de passer leur portée avantageuse en glissant le long de leur hampe. Un avantage qu’ils auraient pu avoir et qui se retournent désormais contre eux, puisqu’ils auront bien plus de mal à la manier si je suis proche d’eux. Ils n’ont cependant directement le temps de réagir : ma cible est toute indiquée, et passant leur ligne de force, je me fends en avant, rapière pointée droit vers la gorge de celui qui a encore la lame ensanglantée du meurtre vil d’Onyx.

Ses yeux s’agrandissent de stupeur alors que la pointe de mon arme traverse sa colonne vertébrale, coupant toute connexion au cerveau… Il meurt avant même d’avoir touché terre. Les autres n’ont eu le temps de réagir, empêtrés dans leurs armes. Certains font le choix de reculer pour continuer à manier leur hallebarde, d’autres ont lâché ces dernières pour se munir de l’épée engainée à leur flanc. Même si c’est fait plus par panique que par réflexion, ils adoptent ainsi la meilleure stratégie contre moi : diversifier les portées d’attaques, me forçant à prendre garde aux épéistes sans pouvoir réitérer un rapprochement des hallebardiers. Et du coup prendre le risque, en m’occupant des escrimeurs, de me prendre des coups des piques de leurs hallebardes.

Et ça ne manque pas. Si les épéistes finissent tous par rapidement tomber, emportés par une valse macabre initiée par mes lames meurtrières, qui tranchant une main ou se plantant dans une cuisse, qui perçant un poitrail ou un œil, je ne touche guère les hallebardiers, qui ont le temps et l’occasion de se réorganiser au milieu de cette fontaine de sang qui perle de leurs alliés. Et j’en paie le prix : si je parviens à éviter plusieurs de leurs coups, deux d’entre eux parviennent à me toucher, l’un dans le milieu du dos, l’autre sur le côté de la cuisse. Deux blessures douloureuses qui me font amèrement regretter de ne pas porter mes armures. Mais qui aurait pu penser que je me ferais attaquer ici, au Palais de la Roseraie de Soie, entre mes propres murs ? Une fugace pensée salée d’ironie me vient à l’esprit : n’est-ce pas précisément ce qui est arrivé à l’ancien propriétaire des lieux, le Ser Rewolf Grantier, lorsque je suis venu l’y tuer ? Je n’ai guère le temps de m’attarder sur ces songes d’un autre temps, cependant : je me retrouve cerné par un cercle de hallebardiers, gêné dans mes mouvements par les corps de trop nombreux gardes tombés sous mes coups et ceux de mes alliés. Je pivote sur moi-même, tâchant de tenir en respect tous ceux assez hardis pour tenter de me percer le cuir, mais j’ai un sérieux problème de positionnement.

(Alors laisse-moi t’aider…)

La voix de Lysis résonne dans mon esprit. J’ai presque perdu l’habitude de l’entendre, depuis que nous passons notre temps à être fusionnés l’un dans l’autre. Nos pensées sont généralement communes, sans que plus aucune distinction ne soit faite… Et pourtant, là, je sais que c’est sa conscience qui s’exprime. Et je vois directement où elle veut en venir. Nul pouvoir pyrotechnique ici : ce n’est rien de moins qu’une autre aptitude que cette fusion me confère qui forme le nouveau plan dans mon esprit, liée à ma divinité naissante. Je laisse un sourire naître sur mon visage, narquois, qui fait naître l’inquiétude dans les yeux des ennemis que je croise du regard. Avec le muutos de vent d’Elysian, je sais mes mouvements peu aisément perceptibles, surtout lorsqu’ils sont vifs. Et là, je vais leur proposer une célérité encore insoupçonnée : Mon corps devient intangible, incapable de subir la moindre blessure, mais également inapte à en causer la moindre. Et ainsi protégé, j’use de ce pratique pouvoir faerique qui me fait me déplacer si vite que l’on pourrait croire à une téléportation. Dans un nuage de muutos venteux, les formes imprécises et presque spectrales, bien que je ne disparaisse en rien, je me retrouve en un dixième de seconde dans le dos de certains. Le temps que ceux me faisant encore face s’en rendent compte, ma rapière et ma métamorphe elle aussi sous la forme d’une seconde rapière se plantent à travers deux gorges alors que je reprends ma consistance phyqique.

Deux nouveaux corps s’effondrent au sol, et les gardes de la rose se réorganisent en une ligne me faisant face. Au lieu d’être cerné, je suis maintenant face à quelques survivants qui ne se laisseront plus avoir par la stratégie de mon premier assaut. Les pieds baignant dans le sang de leurs camarades, la fureur de la bataille faisant foi, ils tiennent avec fermeté leurs armes, les mains bien écartées pour n’en perdre pas l’équilibre. Et alors qu’ils vont pour donner l’assaut contre moi, un assaut qui va m’être difficile d’éviter, j’entends dans mon dos la voix de l’elfe blanc me sommer de me baisser. Ni d’une, ni deux, je fais confiance à cette recommandation sans même en connaître l’origine, et me jette au sol, roulant sur moi-même pour n’être pas une cible trop facile. Je ne peux donc, l’instant d’après, qu’admirer avec une surprise non feinte une table me passer au-dessus pour venir s’écraser sur le rang de garde, qui s’effondrent en arrière comme les cartes d’un château déséquilibré. Voilà qui me sort d’une mauvaise passe avec efficacité. Sans attendre, je me relève d’un agile saut carpé, et octroie à mon allié elfique un regard reconnaissant, accompagné d’un clin d’œil. Mais il n’y a guère de temps à perdre : ils ont chu, et je compte bien en profiter pour agir moi-même tel que je l’ai recommandé : sans pitié. Je bondis vers leur position avant qu’ils aient eu le temps de se relever, et leur éclate la tronche de mes armes, arrachant leurs misérables vies à leurs misérables corps de la manière la plus sanglante qui soit. Mes coups sont sauvages, brutaux, meurtriers. Je ne leur laisse aucune chance de m’infliger la moindre blessure supplémentaire.

Quand je cesse enfin, ça fait longtemps qu’ils sont morts, et le calme retombe dans la salle. Le souffle court, tant de rage du combat que de l’effort physique, je me tourne vers ces invités que je ne connais que trop peu, finalement. M’ont-ils déjà vus dans une telle situation macabre, couvert de sang et de sueur, l’esprit animal en moi exacerbé au point d’en changer mes traits, lèvres retroussées, dents serrées. Faëlis, sans doute. Madoka aura, quant à elle, loupé ça. Mais elle ne semble de toute façon pas se rappeler de grand-chose me concernant. Tina ? À part mon anatomie de mi-nu dans un lit, elle ne connait rien de moi. Et c’est encore pire pour Aliéna, qui ne m’a jamais croisé avant ce moment. Je secoue la tête, les armes encore dégainées, comme pour reprendre consistance et leur adresse un regard satisfait. Tous sont en vie, et les rares blessures n’ont pas l’air grave. Il n’est guère temps de tergiverser cependant. Je remarque Tina s’inquiéter du sort d’Onyx. L’immobilité de son corps ne laisse aucune place au doute : il est mort. Je baisse les yeux sur lui, rengaine mes lames et mets un genou en terre près de son visage, posant une main sur ses yeux pour lui fermer les paupières une dernière fois… masquant ses pupilles aveugles qui voyaient, pourtant, bien plus loin que les miennes… Un court hommage, quelques secondes de silence, trop courtes sans doute pour réellement honorer sa mémoire, et je me relève, le regard déterminé.

« Je dois me rendre à Kendra Kâr. Il n’y a pas une minute à perdre : si eux ont trahi, ceux du temple l’ont pu aussi. Pulinn est en danger. »

Je regarde chacun, tour à tour.

« Et pour ça, j’ai besoin de toute l’aide possible. Je ne peux vous y contraindre, mais si vous décidez de me suivre, vous serez récompensés. »

Et pour transporter tout ce beau monde, il va falloir plusieurs types de transport. Je peux être l’un d’eux, indéniablement, mais pas pour autant de personnes, à compter qu’ils se dévouent tous. Par chance, j’ai plusieurs cordes à mon arc.

(Kad’n.)

L’atmos de Saldana est ici, au Palais de la Roseraie de Soie. Dans la cour arrière de la forteresse. Et son pilote, Kad’n Ballahr, est peut-être en danger. Je ne prends guère le temps de m’étendre en explications, consignant seulement ceux qui voudraient m’accompagner :

« Par ici. »

Je me hâte de quitter le petit salon et de parcourir les couloirs longs et vides me séparant de la petite cour arrière. Si nous croisons quelques gardes, dispersés, ils ne font guère long feu, qui percé d’une flèche de Faëlis, qui le cœur percé ou la gorge tranchée d’une de nos lames. Nous ne tardons guère à parvenir dans la cour arrière, où nonchalamment, Kad’n lustre le métal cuivré de la carrosserie de mon atmos. Il n’a pas été inquiété par les gardes de la rose, semblant absents de l’endroit. Il faut dire, vu le contingent qui nous a agressé dans le salon, il ne doit guère en rester beaucoup dans le palais. Onyx aurait pu me donner le nombre exact de leur présence, mais… il n’est plus là. Et je ne peux me fier à mes propres impressions : nonchalant jusqu’au bout, je n’ai jamais pris la peine de les compter. Pas même de faire leur connaissance… Est-ce cela qu’ils me font payer aujourd’hui ?

Mon ami saldanien ne semble guère au courant de ce qui se passe, et semble surpris de me voir débarquer là tout ensanglanté. Il se relève pour venir vers moi, mais je coupe toute parole de sa part.

« Vite, fais chauffer les machines, nous devons nous rendre au plus vite au cœur de Kendra Kâr, au Temple des Plaisirs. »

Il sait où ça se situe, ce n’est guère le premier trajet qu’il effectue entre le Palais et le Temple. Et, fidèle à lui-même, il s’exécute sans poser la moindre question, m’accordant une confiance complète. Je suis son Mukha. Le chef de son clan, de sa ville, même si je préfère le voir comme un ami fidèle, indigne du rang qu’ils me prêtent en ayant fui mes obligations, en les ayant déléguées à Sania. Je me tourne vers ceux qui m’ont suivi, et leur désigne le véhicule volant.

« C’est… un peu comme un cynore, mais en plus petit. Certains voyageront par ce biais, d’autres… prendront place sur mon dos. »

Nul besoin de tergiverser plus longtemps, ni d’expliquer cette affirmation un peu fantasque. Sans attendre, je me change en un majestueux dragon, cette même forme ayant impressionné le roi mourant d’Illyria, et ayant porté Hrist dans les cieux yuimeniens, la veille. Ce dragon d’argent au chef carmin. Aussitôt, je ploie l’échine pour que les volontaires y grimpent. En s’entassant dans l’atmos, ils pourraient y aller à trois en plus du pilote. Et deux places sur mon dos. Largement de quoi tous nous transporter, donc. Je laisse mes compagnons choisir, prêt à prendre mon envol vers la Cité Blanche.


[HJ : répartissez-vous comme vous voulez, pour ceux qui décident de poursuivre l’aventure et l’événement. Pour les autres, s’il y en a, je vous laisse retourner en libre ^^]

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » ven. 19 juil. 2019 10:44

Il y avait une bonne quinzaine de cadavres par terre, la plupart étant du fait de Cromax. Le fait qu'il n'y ait que quelques blessés de leur côté tenait du miracle, un miracle auquel l'elfe avait tout de même quelque peu contribué ! Sans perdre de temps, il alla trouver Tina, qui portait encore quelques égratignures.

« Ne bougez point, je vous prie. Si vous permettez... »

Il activa son pouvoir et produisit une lumière guérisseuse qui fit disparaître les dernières traces. Comme il remarquait que Madoka lui lançait un regard étrange, il en déduisit une pointe de jalousie. Ah ! Toujours aussi compliqué de gérer les choses quand il y a plusieurs femmes dans les environs ! Il s'approcha en proposant de la soigner, mais elle refusa avec une certaine brusquerie. Bon, il faudrait sans doute attendre quelques, le temps qu'elle comprenne qu'il n'avait aucune préférence particulière !

Le sindel aurait aussi besoin de quelques soins, mais il ne lui laissa guère le temps de les mettre en pratique, après une brève prière devant le corps du shaakt aveugle, il préparait déjà la suite de leurs aventures. De son côté, Faëlis n'eut d'abord pour seule pensée qu'un regret quant au fait que l'elfe noir ne pourrait jamais identifier le poison qu'il lui avait confié. Secouant la tête avec humeur, il chassa cette pensée plus digne de ses parents que de lui et dédia une courte prière au mort.

Puis, Cromax expliqua que Pulinn devait aussi être en danger et qu'il fallait se rendre à Kendra Kâr au plus vite. Ceux qui l’accompagnaient seraient récompensés. L'hinïon frappa sa cuirasse du poing :

« Ces trahisons et manigances menacent peut-être bien d'autres vies ! Les récompenses sont fortuites. Je suis avec vous. »

Il les conduisit ensuite vers l'arrière de la forteresse. Faëlis ne pouvait s'empêcher de regarder à chaque recoin, craignant de voir d'autres gardes cachés en embuscade, mais rien ne survint. Ils avaient sans doute rassemblé toutes leurs forces pour attaquer.

Ils arrivèrent finalement dans une cour où un homme du désert était occupé à entretenir un.. petit cynore ? L'engin cuivré n'était pas très grand, ailé et doté de hublots comme un bateau. Cromax confirma qu'il s'agissait d'un véhicule volant. Il invita ceux qui le souhaitaient à monter à l'intérieur, mais il n'y avait pas plus de deux places. Faëlis allait lui demander comment feraient les autres, mais le demi-dieu leur présenta alors un nouveau pouvoir fort surprenant : sous leurs yeux ébahis, il se changea en... une sorte de dragon argenté ! L'hinïon cligna des yeux, cherchant la supercherie, peut-être un sort d'illusion, comme il avait appris à déjouer au manoir hanté, mais non : c'était bien réel. Il s'approcha avec une pointe de fascination... qui lui tira bientôt un sourire :

« Ma foi, je me fiche que nous ne soyons pas en privé, sir Cromax, laissez-moi vous dire : j'ai toujours rêvé de vous monter ! »

Il adressa un clin d’œil coquin au dragon et éclata de rire et se dirigea vers le dragon. Une occasion de voler ainsi ne se présenterait pas deux fois ! Aliéna avait aussi fait son choix : elle inspectait l'engin volant avec intérêt :

« J'ai déjà volé de bien des manières, mais j'avoue que cette machine est inédite, pour moi. Je serais curieuse de voir comment ça marche... »


Tina l'accompagna à l'intérieur, tandis que Madoka sautait avec Faëlis sur le dos de la bête. Apparemment, elle tenait à passer derrière. Il la laissa bien volontier s'accrocher à ses épaules tandis que lui-même saisissait la crête dorsale du dragon. Il espérait bien contrecarrer la légère jalousie de sa compagne !

Et ils se mirent en route. Bien que sachant qu'ils allaient vers les dangers, l'elfe ne regretta à aucun moment d'avoir accepté de venir !

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Madoka
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » sam. 20 juil. 2019 22:26

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Encore dos à moi, j’observe aussi les mouvements d’épaules du Sindel qui met du temps à reprendre sa respiration et son calme. Mais qui l’en blâmerait ? Les corps par terre ne sont pour moi que des inconnus dont j’ai dû me défendre, le dilemme de prendre leur vie n’a pas été plus vivace que pour un cafard sortant de dessous mon lit.
Le regard reconnaissant qu’il pose sur moi et les autres répond à ma question de la confiance … il semble encore en état de la donner.

Dans mon dos, j’entends la voix du protecteur s’enquérir de l’état de la jeune femme brune et l’observe du coin de l’œil se servir de sa magie. Je repense à ma cuisse et mon épaule, inondés de chaleur pendant que je combattais l’archer sur la route du palais, comme pansés à distance ; rarement j’ai été amené à ressentir à la fois de la gratitude et du dégoût. Mon regard croise alors le sien et aussitôt, il s’approche. Obligé par je ne sais quel commandement à guérir toutes les écorchures du monde, il se propose de s’occuper de ma cuisse, me donnant l’impression que sa proposition n’est pas une question.

« Non ! Dis-je en cachant maladroitement ma contrariété. Ce n’est qu’une toute petite coupure. »

Et heureusement, Cromax se redresse au même moment après avoir rendu hommage à l’elfe noir aveugle, mort parce que resté fidèle. Ses paroles sont sans équivoque, nulle tergiversation ou discussion quant au message que nous essayions de déchiffrer. Des traîtres rodent dans les rangs de ces mystérieux Amants et il sait maintenant Pulinn en danger. L’elfe blanche qui m’a tant marqué au cours de nos rencontres, celle qui m’a donné goût à la curiosité et l’impulsion à devenir autre chose qu’une marionnette.
Il doit se rendre à Kendra-Kar au plus vite mais pour ce qui l’attend, il a besoin d’aide, d’alliés. Je reconnais un instant la manière de faire de Pulinn lorsqu’il nous assure que ceux qui le suivent seront récompensés. J’affiche un sourire en coin, amusée par le souvenir de la Dame au regard entendu lorsque je lui avouais que pour moi, toute relation est une transaction.
Et celle qui reste en suspens entre lui et moi est plus importante pour moi que n’importe qu’elle récompense. Je n’ai pas oublié et je gage que lui non plus. Nous avons à parler, ou plutôt, j’ai beaucoup à écouter.

« Où vous irez, j’irais »

Cela sonne étrangement à mes propres oreilles

Tous prêts à le suivre, nous nous hâtons. D’un geste ferme, je serre le nœud du linge autour de ma cuisse et lutte pour cacher mon inconfort. En me redressant, je me rends compte que ces quelques minutes au repos n’ont pas rendu service à ma jambe maintenant refroidie et raide. Au premier pas, mon genou se dérobe d’un coup et je titube maladroitement sur un bras inerte traînant là avant de cogner l’épaule de la jolie brune.

« Oh ! Pardon. Fais-je en cherchant meilleure position tandis que la jeune femme tend vers moi un bras pour me soutenir.
- Une jolie petite coupure, dit-elle d’un mince sourire qu’on dirait compatissant.
- Trois fois rien, vraiment. »

Mon regard insistant ne semble pas la convaincre pour autant car elle reste proche, un bras sous le mien, le regard en direction de nos trois compagnons déjà dans le couloir. Sa voix douce et chaude résonne dans ma tête, je l’entends je crois me demander si elle peut rester près de moi, pour m’aider ou pour l’aider elle, je ne sais pas trop. Ses lèvres bougent mais les mots restent flous, inconstants depuis ces quelques paroles :

« … Je vous dois déjà tant … » Le sens m’échappe d’abord, puis mon regard se pose sur son épaule, le sang répandu sur sa poitrine et me souviens alors du garde. A y réfléchir, je me suis précipitée sans arrières-pensées ou plan quant à l’utilité de l’aider. C’est nouveau … mais c’est aussi nouveau pour moi de laisser mon instinct et le naturel dicter mes actes. J’espère que l’influence de Faëlis n’est pas en train de me contaminer quand même.

« Oh … pour ça. Le hasard a fait que nous étions du même côté, c’était eux ou nous.
- Si vous voyez ce cher hasard, répond la jolie brune en me gratifiant d’un clin d’œil, remerciez-le de ma part.
- Je n’y manquerais pas, dis-je d’une voix charmeuse. Hâtons-nous ensemble »

Mes premiers pas sont fastidieux et son aide est appréciable le temps de trouver le bon rythme et d’adapter mon pas. Cromax et les autres ne sont qu’à quelques mètres maintenant, nous les suivons à l’ouïe car des gardes rôdent encore, trop lâches pour se mesurer au Sindel dont la puissance semble d’une autre engeance ; ou à l’affût de serviteurs fidèles comme feu Onyx.
Au croisement d’un escalier menant à l’étage, un garde resté camouflé sort de sa cachette dans leurs dos et ajuste une flèche à son arc. Silencieuse et rapide, je monte sur la deuxième marche et saisis son menton en faisant claquer ma langue d’un air réprobateur, avant de lui briser la nuque. Aucun autre garde ne croise notre chemin et très rapidement, nous arrivons à l’arrière du château.
Un homme à la peau matte et vêtu comme les hommes du désert se trouve là, devant un étrange engin cuivré ressemblant à un poisson mécanique avec … des ailes.

« Putain, pas ça » Marmonnais-je entre mes dents en entendant Cromax demander sans préambule à l’homme de faire chauffer les machines. Encore une invention qui défie les airs … mais à quoi je m’attendais, en fait, en le suivant ? Que l’urgence attendrait qu’on fasse le voyage à cheval ?

A peine ais-je le temps de serrer les fesses à l’idée de devoir entrer dans cet engin de malheur, que Cromax, énigmatique le temps d’une seconde, nous annonce que certains devront voyager sur son dos. Une seconde à peine car, dès la fin de sa phrase, son corps se retrouve nimbé d’une sorte d’aura étrange, déformant son corps. Je reste bouche bée lorsque je vois un dragon prendre forme sous mes yeux, immense, le corps argenté et le haut de la gueule couleur carmin.
Une beauté à couper le souffle. Si je n’avais pas vu Aliéna se changer en oiseau il y a quelques jours, je n’aurais jamais pu imaginer ce que je vois comme réel. Et pourtant, il est là. Je sens le courant d’air poussé par le mouvement de ses ailes s’abaissant, je sens son odeur, entend son souffle puissant et ressens la pression dans le sol de ses griffes qui s’y accrochent. Incroyable, majestueux … et vivant ! Faire confiance à une machine est contre-nature, et même si m’imaginer sur son dos me donne la chair de poule, j’ai fait mon choix.

« Hors de question que je monte là-dedans, dis-je à Tina en désignant le petit engin volant. Je tente ma chance sur le dragon. »

D’un signe de tête, elle acquiesce mais je ressens son étonnement. Dans mon dos, je l’entends me demander de ne pas trop forcer. Riant de bon cœur, je me retourne et réponds gaiement d’un clin d’œil pour donner l’impression d’être totalement sûre de moi.

« ça je n’sais pas faire »

D’une poigne forte, Faëlis m’aide à grimper sur le dos du dragon et déjà, je sens mon cœur battre la chamade. Chaque inspiration du géant se ressent à travers mon corps, sa peau est rude et musclée au contact et, tandis que je m’installe derrière Faëlis, je me peux m’empêcher de la toucher, la caresser pour, enfin, ne plus douter de sa réalité.

« J’espère que vous n’y verrez pas d’inconvénient, noble rebelle, mais je vais aussi me cramponner à vous. »

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Modifié en dernier par Madoka le mar. 13 août 2019 22:42, modifié 3 fois.

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Tina
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » mer. 24 juil. 2019 17:27

[Avant]
[10]

La tulorienne recule quelque peu, se laissant aller à observer un instant leur hôte s'agenouiller et clore les yeux de l'elfe sombre. Son attention en est cependant détournée par l'elfe blond lui indiquant de ne pas bouger. Elle n'a pas le temps de lui demander ce qu'il compte faire qu'une lueur douce enveloppe son épaule, ôtant toute trace de blessure de sa peau. Si elle n'était pas maculée de sang, il aurait été difficile de croire qu'elle a été blessée. Le soin n'ayant pas été douloureux ou brutal, Tina gage qu'il s'agit là d'un sort curatif. La brune fait de légers mouvements du bras, testant l'efficacité de la guérison. Pas la moindre once de tiraillement ou de gêne. Elle est un brin impressionnée, mais lorsque l'on a vu un autre elfe se déplacer à l'autre bout d'une pièce en un clin d'oeil ou revêtir son apparence, ce genre de magie est presque infantile en comparaison. Terriblement efficace cependant.

La jeune femme relève le nez vers Cromax lorsque ce dernier annonce devoir partir pour Kendra Kâr. Le nom de la cité provoque un désagréable frisson entre les omoplates de la belle. Négocier avec un kendran passe encore, pour la bonne cause, mais se rendre dans la cité qui héberge ces gens ? Tina inspire lentement, tentant de refouler les paroles dures de Mémé Samantha à leur sujet et d'y trouver une opportunité quelconque. Elle vient d'elle-même quand le célèbre aventurier leur promet quelque récompense en échange de leur aide. Quelques yus de plus ne seraient pas un mal, mais puisqu'elle a affaire à une célébrité, peut-être aura-t-il divers objets inutilisés à fournir. L'occasion est belle après tout. La tulorienne esquisse un sourire et effectue un léger signe de tête.

"Nous devions voyager de concert auparavant. Nul changement à mes yeux."

Le soigneur, après avoir vu son aide refusée par l'ynorienne, confirme son appui à Cromax. La femme assise fait de même. Leur hôte fait signe de la main, les incitant à les suivre. Tina s'apprête à marcher dans ses pas lorsqu'un mouvement étrangement raide de l'ynorienne attire son attention sur elle. L'instant d'après, la belle sent la poigne instinctive de l'autre jeune femme sur son bras puis son poids percuter son épaule. Ses beaux yeux clignent vivement à deux reprises, le temps qu'elle comprenne la situation. Le linge enserrant la cuisse de l'ynorienne lui apporte toutes les informations nécessaires. Elle tend immédiatement son autre bras, le gardant à proximité au cas où une nouvelle chute se profilerait. L'ynorienne bredouille et s'excuse. Pourquoi a-t-elle refusé l'aide du ser Faëlis si sa blessure est aussi handicapante ? Est-ce là lié à la célèbre fierté d'Ynorie ?

"Une jolie petite coupure.", fait-elle avec un sourire indulgent, avisant ostensiblement la plaie.

Son interlocutrice tente de la rassurer et de la persuader que c'est trois fois rien. Le regard appuyé qu'elle lui lance et le fait qu'elle bascule tout son poids sur sa jambe valide sont autant d'indices dont elle n'a pas l'air d'avoir conscience. Tina darde un regard vers leurs compagnons déjà bien avancés dans le couloir. Elles doivent les suivre, mais elle n'a aucune envie de froisser l'orgueil de la blessée. Si elle insiste pour l'aider, nul doute que l'ynorienne va se braquer. Elle a déjà renvoyé d'un geste le secours de l'elfe blanc, nul doute qu'elle ferait la même chose face à ce qui pourrait passer pour de la pitié. Tina décide donc de lui tendre une perche pour accepter son soutien sans avoir l'air de faire preuve de faiblesse.

"Ces émotions m'affaiblissent. Je vous dois déjà tant, je le sais. Mais permettez-moi de rester près de vous, je vous prie.", dit-elle en éraflant de l'ongle une trace sanguine séchée sur sa peau.

Elle lui a tout de même sauvé la vie en s'occupant de son agresseur. Pourtant, l'ynorienne ne revendique pas cet acte. Elle estime que c'est le hasard qui a permis cela en les plaçant toutes deux du même côté face à une menace commune.

"Si vous voyez ce cher hasard", répond la belle en faisant un petit clin d’œil complice, "remerciez-le de ma part."

Le ton qu'elle emploie pour lui assurer qu'elle n'y manquera pas a cette même note de complicité en retour. De concert, les deux jeunes femmes font quelques pas lents, le temps que l'ynorienne trouve un rythme adéquat. Le sérieux de la situation reprend vite ses droits, l'atmosphère lourde et tendue les environnant rapidement. Le trio de tête passe devant un escalier, ne remarquant pas la présence d'un archer les prenant pour cible. La belle brune entrouvre la bouche pour les avertir mais se ravise lorsque l'ynorienne prend les devants. Elle grimpe la seconde marche de l'escalier, surprenant le garde en lui attrapant le menton. Tina ferme les yeux dès qu'elle aperçoit la silhouette de la jeune femme se tendre. Un craquement à peine perceptible se fait, suivi du son d'un corps s'affalant par terre. La tulorienne ne dit pas un mot, se contentant d'offrir un signe de tête à sa sauveuse avant de reprendre son chemin.

Leurs pas les amènent à une cour où un homme du désert se trouve, devant un appareil étrange. Il est doté d'ailes, un peu comme le navire volant qu'elle a emprunté pour se rendre à Bouhen. Et la vision de la chose semble ne pas plaire à l'ynorienne d'après ses grommellements et son arrêt brutal. L'engin leur est brièvement présenté mais même Tina sait qu'il n'y a pas assez de place pour tous. Cromax dévoile alors une autre de ses facettes. La tulorienne a beau avoir une maîtrise d'elle-même exemplaire, elle demeure bouche bée en voyant l'elfe déjà grand croître en taille encore et encore, basculant d'une posture bipède à quadrupède. Des ailes, un long cou, une queue allongeant encore ses dimensions, des cornes et surtout une peau écailleuse. Un lézard gigantesque et volant. La belle brune déglutit lentement, son esprit cherchant à qualifier ce qu'elle voit.

Elle est ramenée sur Yuimen par la voix de l'ynorienne la prévenant qu'elle préfère encore tenter sa chance à dos de dragon que de prendre place dans l'appareil volant. Dragon. C'est un dragon. Tina acquiesce, se contentant de froncer légèrement les sourcils lorsque l'elfe blond affirme un peu trop fort avoir toujours rêvé de monter Cromax. Bizarrement, elle a la sensation d'avoir déjà entendu quelque chose de similaire quelque part. Elle secoue légèrement la tête et avise l'ynorienne, laissant son visage traduire une légère inquiétude. Après tout, chevaucher cette créature doit ressembler à de la monte à cheval, ce qui requiert des étriers ou de la force dans les cuisses. Ce n'est pas très raisonnable vu son état, mais qui est-elle pour la convaincre de changer d'avis ?

"Ne forcez pas trop.", se contente-t-elle de faire entendre.

La réponse se veut réconfortante et amusante, un rire précédant l'assurance qu'elle ne sait pas faire. Tina laisse échapper un léger souffle amusé puis prend place dans l'appareil, suivie par la jeune femme aux cheveux blancs. Celle-ci inspecte les alentours, visiblement curieuse. La tulorienne avise quant à elle l'homme du désert devant servir de pilote à la machine et lui offre un sourire désolé.

"Bonjour à vous, malgré les circonstances.", dit-elle, une main cherchant à effleurer ses colliers par habitude mais se figeant en constatant leur absence. "Les questions devront attendre un peu, cependant."

Rassemblant sa chevelure une nouvelle fois sur son épaule propre, la belle tourne le dos aux autres présents. Lorsque sa main plongée dans son corsage en sort l'une des perles de terre cuite de son collier, la jeune femme émet un souffle ennuyé. Évidemment, il a fallu que certaines aillent se coincer là. Elle pourrait attendre de prendre un bain pour les retirer, bien sûr. La sensation du sang séché agglomérant les quelques rescapées du bijou est particulièrement désagréable mais pas insupportable. Combien de temps avant d'en avoir la possibilité, là est la véritable question.

Tina pousse un souffle lent par le nez, n'ayant pas envie de s'adonner à une telle activité en public. Elle endurera. Du moins, elle essaiera.


Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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