Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

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Aenaria
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Aenaria » ven. 30 avr. 2021 23:10

Enfer et damnation ! De là à dire que la chance nous avait quitté il n'y avait qu'un pas : la flèche de Faëlis siffla dans mes oreilles, mon épée ripa complètement sur l'armure de Crean, Xël était bloqué au sol et Cherock eut un geste inattendu qui lui couta énormément. En ouvrant sa garde, Crean le frappa d'un grand coup en plein torse, le propulsant en arrière inconscient. Non, non, non, la situation était en train de nous glisser entre les doigts. Et tout cela n'était encore que le gâteau, il manquait la cerise dessus et elle se posa dessus à la vitesse de l'éclair.

Six guerriers d'élite, lourdement armés, firent irruption dans la pièce comme si ils attendaient derrière la porte depuis le début de notre affrontement. Nous nous étions fait avoir en beauté et nous n'avions que peu d'options maintenant. Crean mit un terme à notre affrontement de la voix et du geste, il balaya ma lame du revers de la main et nous demanda de déposer les armes. Nous allions être faits prisonniers et probablement subir de la torture dans les heures à venir. Notre mission avait lamentablement échoué...

(C'est la panique Crysti ! Je ne veux pas revivre la même chose qu'à Omyre !)
(Ne t'imagines pas le pire, c'est le plus puissant des Treize, il a probablement des manières ce monsieur.)
(Et moi je te dis qu'on va prendre cher !)
(C'est ce que...)

***

(Elena ! Cherock a la poitrine en miettes, demande à ta Sindelle de le sauver sinon... Sinon !)
(Fûu ? Qu'est-ce que je peux faire pour l'aider ?)
(Sa ceinture ! Y a une bourse... avec dedans une sorte de sucrerie, rouge et blanche. Il faut en casser une moitié et lui faire sucer ou manger, ça pourrait le sauver !)
(On va tout faire pour garder ton maître envie, compte sur nous.)

***

(Excuse-moi, j'étais en pleine discussion avec une autre faera)
(Je suis en pleine panique interne et tu vas... discuter avec une autre faera ? Celle de qui ?)
(Celle de Cherock, une vieille connaissance. Il va très mal Naria, il faut l'aider au plus vite.)
(Dis-moi quoi faire.)

Crean demanda à Faëlis de soigner Cherock avant que nous rendions les armes.

- "Si tu permets, je vais m'occuper des blessures de Cherock."

Je mis de côté quelques secondes la sensation de panique qui m'envahissait peu à peu. Je devais sauver la vie de Cherock avant tout. Posant mon épée et mon bouclier aux pieds de Crean, rendant ainsi les armes et avouant ma défaite, je m'approchai rapidement du fulguromancien et m'accroupis entre le champ de vision de Crean et le corps de notre grand blessé.

(Je t'écoute.)
(Dans une bourse de sa ceinture, tu trouveras une sucrerie qu'il faut casser en deux et lui mettre dans la bouche pour que sa salive la fasse fondre.)

Je me mis à la recherche de cette sucrerie en espérant qu'elle soignerait Cherock mais je ne voyais pas trop comment cela était possible. Tâtonnant la ceinture de consommables, je mis la main sur une petite bourse que j'ouvris à la hâte. Mes doigts tombèrent sur une substance un peu collante et je sus que je venais de trouver ce que Crysti m'avait décrit. Récupérant cet amalgame de sucre maronasse, je le coupais en deux, remis un morceau dans la bourse et ouvrant la bouche de Cherock, je glissai l'autre morceau à l'intérieur avant de refermer sa mâchoire. Croisons les doigts pour qu'il agisse au plus vite et nous ramène notre mage de foudre.

Me relevant je captai le regard de Faëlis puis celui de Xël afin de leur envoyer un message avant que la panique ne s'empare de nouveau de ma personne.

(Les garçons, il va falloir que l'on réfléchisse si nous sommes interrogés. Nous devons tous raconter la même chose, notamment la raison pour laquelle nous sommes dans le Palais. Je vous proposerai des détails par la suite, attendons de voir ce qu'il se passe.)

Plus que jamais nous devions nous serrer les coudes et faire front ensemble si nous voulions nous en sortir vivant. C'était loin d'être gagné sans nos armes...

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » sam. 1 mai 2021 12:32

La Fin d’une Ere
(Mission « Roseraie de Soie (Aenaria, Xël, Faëlis, Cherock)



Désarmés, blessés, les aventuriers furent forcés de se rendre. Après un combat où ils avaient mis l’intégralité de leurs forces, ils n’avaient pas vaincu. Crean, blessé, était toujours debout. Chacun ici laissa Aenaria fouiller les affaires de Cherock pour lui casser du sucre sur le d… dans la bouche. Cela ne le tira guère pour l’instant de sa torpeur, mais les effets furent rapidement visibles, alors que sa poitrine défoncée se relevait, reprenant forme là où elle n’avait plus été qu’une masse informe et sanglante.

La suite fut assez classique, après une reddition. Quatre des hommes de Crean approchèrent les aventuriers, et les débarrassèrent de leurs armes et paquetages, laissant tout traîner sur le sol de la chambre que Lorener s’était appropriée. Ils attachèrent ensuit les mains des trois aventuriers dans leur dos à l’aide de menottes en acier, et les conduisirent à travers le palais vers les antres qui leur serviraient de cellules. Cherock était quant à lui transporté par deux des soldats d’élite de Crean. Ainsi, ils quittèrent la chambre, traversèrent le long couloir menant vers le nord, descendirent les escaliers et empruntèrent une porte menant vers la cour. Là, sous le regard de ceux que Cherock avait pu défier, monstres mécaniques et guerriers de Crean, ils traversèrent l’endroit pour se rendre à l’étage de la seconde aile via la traverse de la cour. Là-bas, ils furent chacun séparé dans une pièce différente où attendait une cage où ils furent enfermés. Une cage où se tenir debout n’était pas confortable, légèrement trop basse. Une cage où s’allonger était impossible, trop étroite. Une cage faite d’un métal sombre résonnant d’une magie évidente. Et les faeras le sentirent directement : à l’intérieur, leurs pouvoirs étaient inutilisables. Elles étaient forcées de rester dans un objet de leur maître pour être à l’abri de l’effet néfaste de celles-ci, incapables d’en sortir. Qu’en était-il, dès lors, de leurs pouvoirs à eux, aventuriers ?

Ils furent ainsi laissés, seuls, pendant plusieurs minutes. Le décor de chaque pièce était identique : celui d’une chambre modeste, quoique confortable. Literie et meubles d’appoint. Les quartiers des serviteurs du palais. Puis, chacun reçut une visite.


***

Xël eut la visite de Crean en personne. Toujours en armure, visiblement soigné de ses quelques blessures du combat, il ne portait cependant plus son casque. Il s’assit silencieusement sur une chaise face à la cage et observa un instant le mage d’air de ses yeux attentifs. Il paraissait surprenamment… beaucoup plus humain, tout d’un coup. Un homme, sans artifice ni cicatrices voyantes. D’un âge mur, même. Mais au regard empreint d’une détermination sans faille.

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Après un instant, il prit la parole posément.

« Pourquoi faut-il toujours que je te retrouve sur mon chemin, mage ? »

***

Aenaria reçut cette même visite, d’un Crean Lorener décasqué. Il resta debout, chez elle. Fixe face à la cage, le regard dur. Il s’adressa à elle d’une voix profonde et calme.

« Qui êtes-vous ? Qui vous envoie, et qu’espériez-vous réaliser en lançant cette attaque ? »


***


Faëlis, lui, reçut une visite toute autre. Un être encapuchonné à la peau sombre, aux traits féminins et aux yeux d’un blanc pur. Le corps de celui qui ne pouvait être que Khynt semblait modifié de nombreuses améliorations robotiques.


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Il s’adressa à l’elfe d’une voix dont on ne pouvait déterminer le genre. Ni grave ni aigüe. Ni ferme ni volatile.

« Un plan audacieux, mais nettement insuffisant. Pourquoi seulement quatre ? Comment êtes-vous parvenus jusqu’ici ? Les portails magiques ? N’ayez crainte de répondre. Ici, les murs n’ont pas d’oreilles. »

C’était un chouïa malaisant, en vérité, que de se tenir devant ce 13.

***

Cherock ne sut le temps qui était passé depuis son départ dans les lymbes de l’inconscience. Lorsqu’il s’éveilla, tout l’inconfort de sa posture assise contre les barreaux d’une cage lui parvint. Mais il était en vie. Et soigné, totalement, de ses blessures. Face à la cage, un être singulier était assis sur une chaise de bois. Un être qu’il reconnut sans l’avoir pourtant jamais vu : Khynt. Ce ne pouvait être que lui. Ou elle. L’être laissa l’ynorien s’éveiller petit à petit, et lorsqu’il lui sembla qu’il avait récupérer ses sens, il parla.

« Présentez-vous, étranger. Manieur de foudre. Présentez-vous à moi, et n’omettez rien. »







[HJ : Les différentes discussions se feront par apartés sur Discord selon vos disponibilités pour samedi prochain.
Blessures :
Aenaria : brûlure légère à la main droite.
Xël : Blessure légère à la jambe gauche.


XP :
Tous : 4XP : combat contre Crean.
Aenaria : 0,5 XP (soin)]

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Xël
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Xël » jeu. 6 mai 2021 06:02

Je suis étrangement serein. Je ne peux pas l’expliquer. Peut être parce que la suite des événements ne laisse pas de place au doute, à l’angoisse ou que sais-je. Nous avons échoués et maintenant nous allions en payer le prix. Peut être qu’au fond de moi je me préparais à cette possibilité. Un homme de Crean s’empare de mon bâton pour le laisser tomber sur le sol dans un bruit mat, accompagné rapidement du vacarme des armes de mes compagnons qui rencontrent avec fracas le plancher de la chambre. On me sépare aussi de mon sac avant de m’attacher les mains dans le dos. Je dirige mon regard vers Aenaria en percevant son message magique. La raison de notre présence ici est évidente, quel serait l’interêt de mentir ou de s’accorder sur une version ?

Un combattant me tire le bras, me mettant en marche. Je grimace légèrement en sentant la douleur dans ma jambe gauche mais elle devient vite supportable, effacé par le soulagement de voir la poitrine de Cherock reprendre une forme moins abstraite. Attentif, je mémorise le chemin que nous prenons pour quitter l’aile du palais. Nous traversons la cour sous le regard des autres guerriers de Lorener pour rejoindre l’autre partie du palais. Nous sommes ensuite séparés avant d’entrer dans une petite chambre, probablement destiné aux serviteurs. Un ameublement modeste, un lit, une petite armoire et une cage. Ah. J’imagine qu’elle ne fait pas partie des meubles présents à l’origine. On m’y fait entrer avant de m’y laisser seul. Trop petite pour rester debout, trop étroite pour m’allonger, je fais au mieux pour trouver une position confortable, assis dans un coin. Il y a quelque chose de bien plus dérangeant que le format de ma cellule, le metal sombre qui la compose résonne d’une magie étrange qui semble bloquer mes pouvoirs.

Je n’attends pas très longtemps avant de recevoir de la visite. Crean en personne pénètre dans la chambre, toujours paré de son armure mais sans son casque. Je ne peux pas dissimuler ma surprise. Il a un visage auquel je ne m’attendais pas. Âgé, dénué de cicatrices ou de runes comme le visage de ses hommes. Il a une apparence bien plus humaine que je m’imaginais. Des cheveux grisonnants, un visage anguleux et un regard à la détermination sans faille. Il s’installe sur une chaise pour m’observer longuement, attentif. Je fais de même, attendant qu’il brise le silence. Il prend finalement la parole, posément, pour me demander pourquoi je suis toujours sur son chemin.

« Tu exagères. Ce n’est que la deuxième fois que nous nous croisons. Je cherche simplement à protéger mes proches. »

Mon ton est serein, détendue sans pour autant être résigné. Je suis tranquille alors même qu’il rétorque d’une voix sèche de répondre à sa question.

"Je viens de répondre. Les routes que tu empreintes te mènent à Kendra Kâr. Alors forcément, tu me retrouves sur le chemin."

Il fronce les sourcils en maugréant que c’est apparement la fois de trop. Il pose deux autres questions qui me font hausser un sourcil. Il veut savoir qui m’envoie et de qui je tiens l’information qu’il se trouve ici.

"Tu sais déjà qui m'envoie. Je ne pense pas pouvoir t'apprendre quelque chose que tu ne sais pas encore."

Dis-je sincèrement. Je ne suis pas un puits de renseignements, mon esprit était simplement concentré sur le fait de vaincre les Treize. Est-ce que c’est ça qui m’a mené à la défaite ? Ou y a t-il autre chose ? Rarement ma magie m’avait autant fait faux bond. Crean serre les mâchoires et m’ordonne sèchement de répondre. Je réponds après un soupire las, presque dérangé d’être ainsi perturbé dans ma réflexion.

"C'est Kendra Kâr qui m'a convaincu de venir t'arrêter. J'ignore d'où ils tiennent leurs informations."

Il ne semble pas satisfait et poursuit d’un ton ferme.

"Qui, à Kendra Kâr ? Et qu'espéraient-ils, en n'envoyant que quatre aventuriers au casse-pipe ?"

"Le Roi lui même. T'arrêter, évidemment."

"Alors il m'aura grandement sous-estimé. Et toi aussi. Comment êtes-vous entrés dans ce palais ? Tes maudits portails ?"

Mon regard quitte le sien un instant, fixant le sol de ma cage avant d’en observer les barreaux. C’est vrai. Nous l’avons sous estimé, nous pensions pouvoir nous défaire de lui à quatre et Solennel et son état major pensaient sans doute aussi que c’était possible.

"Je l'admets. Je pensais vraiment être capable de te battre. Oui. Ils sont assez pratique."

Répondis-je ensuite à la seconde question avec un mince sourire. Si je peux éviter de lui apprendre l’existence du passage secret alors je ne dois pas m’en priver. Lorener m’observe en silence et il se passe quelques instant où nous nous observons dans le blanc des yeux. Difficile de dire ce qu’il pense à cet instant. Moi, je m’interroge sur les choix et les actions qui m’ont mené jusqu’ici. Remontant les dernières années en un éclair. Le combat contre Crean qui vient à peine de se terminer, mon voyage jusqu’au palais, celui jusqu’au camp du Val, l’affrontement des créatures immondes du laboratoire abandonné, mon combat contre les assassins Shaakts, mon entrainement à Bouhèn, l’attaque de l’officier contrôlé par l’Ombre, l’embuscade sur la route, l’avertissement d’Alena, mon premier combat contre Lorener aux côtés de Perussac et du Général Nain, le sommet du mur d’Ynorie, le tournoi de Kendra Kâr, la destruction de la Tour d’Or, de la tour d’Orsan, l’assaut contre le dragon noire, la mort définitive de Vallel, la traversée des Landes Noires, ma formation au monastère de Khan, le voyage à travers les montagnes, ma lutte contre le Troll, les évènements dans la Forêt d’Emeraude, la bataille évitée de justesse, le combat contre le colosse dans la clairière, mon saut au dessus de la lave dans l’ancienne cité de Messaliah, le désert d’Arothiir, la mort de Finarfin, mon retour sur Aliaénon après de nombreuses batailles, celle de Fan-Ming, celle d’Esseroth, mon premier pas sur cette autre monde, mon inscription par erreur à cette quête. Tout ces évènements, ces choses vécues, gravés dans ma mémoire à jamais. Ils ont un point de départ, devant les portes d’Oranan. Le jour où on m’a dirigé vers la milice et le fluide menant à Aliaénon.

"Est-ce que tu crois au destin Crean Lorener ?"

Il s’appuie au dossier de sa chaise, pensif.

"Au... destin ? En quoi est-ce intéressant pour toi de le savoir ?"

« Je n'étais rien. Personne. Puis j’ai croisé la route de Vallel. Presque par hasard. J’ai croisé la route de Naral. J’ai cru au début qu’il était aussi un lieutenant de ta reine. Puis je te croise toi. Tu demandais pourquoi je suis sur ton chemin... mais je me demande si il n’y a pas quelque chose qui me mets systématiquement sur votre route, à toi et les autres lieutenants... »

Ecoeuré rien qu’en entendant son nom, il précise que Naral n’est qu’un traître et qu’il ne fait pas partie des leurs. Une réaction qui ne manque pas de m’amuser.

« Ouais... Je ne l’aime pas non plus. »

"Quant au fait de nous croiser, bon nombre de personnes peuvent s'en gausser : nous étalons notre pouvoir pour faire prospérer notre empire et instaurer un nouvel ordre mondial. Le contraire, de la part de frontaliers, serait surprenant. Ne te prends pas pour une sorte d'élu envoyé pour nous occire, kendran. Il n'en est rien. Ton échec d'aujourd'hui n'en est qu'une preuve supplémentaire."

Je réponds, plus sérieux.

« Il ne s’agit pas de juste vous croiser et je ne pense pas être un élu. Seulement j’étais là pour empêcher Vallel de prendre Fan-Ming, puis j’étais encore là quand il a voulu faire sortir ses créatures de la Tour d’Orsan. J’étais là pour l’ensevelir sous cette tour à jamais. Ensuite j’étais présent à Luminion et je dois dire que depuis je ne peux pas te faire sortir de mon esprit. Un rappel constant que tu existes et que je dois faire en sorte de t’arrêter. Il y a une partie de moi qui le cherche, je l’admets encore mais... rien ne me poussait au départ à vous croiser. J’avais à peine conscience de votre existence... »

Il prends une inspiration bruyante avant de déclarer.

"L'assassin de Vallel. Hm. Ne me donnez pas plus de raisons de vous occire : j'en ai déjà bien assez. Votre tête me rapportera gros, une fois la bataille gagnée."

Je hausse les sourcils. Etonné.

« Un assassin ? Non, je ne suis pas un assassin. Nous étions face à face. Conscients de la présence de l’autre. Je l’ai battu, voilà tout. »

Je marque une pause avant de demander, curieux.

« Qu espères tu tirer de ma tête ? »

Un maigre sourire fendille son visage. Je ne pensais pas qu’il était capable de sourire.

"De l'or : tu viens d'avouer l'avoir occis. Ma Reine saura évaluer le prix de ton trépas. Et moi j'aurai la satisfaction de te voir mort. Nous nous demandions lequel d'entre vous renvoyer à vos maîtres, et dans quel état. Mais je viens de décider que toi, je te garderais. Tu auras la plus belle vue sur notre victoire, Xël. Et tu me supplieras de t'achever, lorsque mes armes seront rougies du sang des tiens."

Je ne pensais pas que l’or pouvait l’intéresser et je me demande bien ce qu’un type comme Crean pouvait s’offrir avec des montagnes d’or. Des objets d’arts ? Des maisons de campagnes ? Des collections d’armures ? Des filles peut être ? Je m’étonne de l’imaginer épris d’une passion onéreuse pour au final lui rappeler qu’il n’a pas répondu à ma question sur le destin. Sirat dirait que c’est le destin qui a fait que nos routes se croisent et s’entrecroisent. Peut être est-ce simplement le destin qui m’a fait échouer aujourd’hui. Il hausse un sourcil.

"Sur le destin ? J'y ai répondu par mes mots, mais si tu veux la traduction : je crois Mon destin. Pas en celui des misérables vers qui se dressent sur mon chemin, soi-disant animé d'une mission divine, pour ralentir ma progression inéluctable. Est-ce plus clair, ainsi, mage aux portails ?"

Je prends un air un peu navré, me grattant la joue à l’aide de mon épaule.

« Non pas vraiment. »

Le destin serait individuel et pas plus global selon lui ? J’avoue que je l’ignore. Sirat le sait peut être... Je crains que je n’aurais jamais l’occasion de lui demander. Crean réagit en ricanant avant de se lever pour passer derrière son siège. Il pose les mains sur le dossier pour me demander si j’ai un dernier mot.

« Que va-t-il arriver aux autres ? »

Même si la réponse est évidente et que nous y étions préparés, je ne peux m’empêcher de penser à eux. D’un air sadique il me donne la réponse que j’attendais. La mort, la torture et à travers l’un d’eux un message à l’attention de Kendra Kâr.

« Et si vous les laissiez partir plutôt ? »

Tentais-je, un peu sur un air de plaisanterie. Il prend un air étonné.

"Oh non, vous m'avez fait un beau cadeau en venant ici en mon domaine. Et je compte bien en profiter. Je n'ai nulle envie de vous voir tous quatre parader en vous gaussant d'avoir réchappé à ma capture. Je verrai s'ils peuvent être utiles. Sans quoi, ils mourront."

Il relâche le siège et fait demi-tour vers la porte tandis que je pose une nouvelle question.

« Que voudrais tu en échange ? »

Crean se retourne, dardant vers moi un regard aiguisé tout en répondant que je ne peux rien obtenir qui l’intéresse. Je m’y attendais et fait tout de suite une seconde demande plus raisonnable.

« Dans ce cas pourrais-je au moins avoir une dernière volonté, sans rapport avec ma libération ou celle des autres ? »

Il secoue la tête, puis se hasarde.

"Dis toujours. On ne sait jamais."

« Comme ma condamnation semble inévitable... quand le moment sera venu, accepteras-tu de me combattre une dernière fois ? Juste nous deux cette fois, en face à face. Ainsi je pourrais au moins mourir en me battant. »

"C'est... Honorable, comme vous dites. Tentant, en ce qui me concerne. J'y réfléchirai."

J’incline la tête en guise de remerciements et le laisse partir pour de bon. Je n’ai donc plus qu’à attendre que l’heure du combat sonne à nouveau. Plongé dans l’obscurité de la pièce, épuisé, je parviens à trouver le sommeil.

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Akihito
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Akihito » ven. 7 mai 2021 11:42

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

22 : Aller de Klakhyss en Oannès.

Impact. Douleur. Sucre. Barreaux.

Lorsqu’Akihito ouvrit les yeux, ce furent les mots qui lui vinrent en tête. Victime d'une douleur fulgurante à la poitrine, il tenta de précipitamment se redresser, une main sur l'origine de cette sensation déchirante. Mal lui en prit : un violent choc sur sa tête lui fit s'écrouler de nouveau au sol, se prenant le dessus du crâne entre ses mains. Ce qui n'arrangea pas ses maux de têtes.

(Akihito ! Rana toute puissante, tu reviens enfin à toi !)

(Amy... Où est ce que je suis par Valyus... Qu'est-ce qui s'est passé...)

(Tu... Tu es passé à ça de mourir... Quand tu as chargé Crean Lorener, tu...)

Sa Faëra lui raconta les événements qui se produisirent, et ses paroles ravivèrent les souvenirs précédents sa perte de conscience. Sa tentative de bluff n'avait pas marché. Au contraire, elle s'était soldée par un incroyable échec. L'enchanteur n'avait jamais pris son adversaire pour un opposant à sa hauteur et savait bien qu'il était surclassé sur le plan martial, mais force était de remarquer qu'il l'avait tout de même sous-estimé. Calmement, le général Oaxien avait reculé d'un pas pour se mettre de nouveau à une distance de frappe optimale, puis avait envoyé sa lourde tête blindée enfoncer sa poitrine. Et sa poitrine n'avait pas soutenu le choc.

Les deux attaques de Crean sur Xël avait laissé espérer Akihito sur sa capacité à encaisser au moins un coup du colosse.

(Quel sombre con...)

La sensation, le bruit de sa cage thoracique se fragmentant en des dizaines de débris. La respiration sifflante provoquée par ces mêmes débris perforant ses poumons. Sa vision troublée fixant le plafond alors qu'il était projeté au sol par la seule force de l'attaque. Et la douleur. La douleur irradiante, bien plus insoutenable que ce qu'il avait pu vivre jusque là, plus intense encore que son bras charcuté par les éclairs au temple de Kendra-Kâr. Tout cela lui revint en mémoire, la cause de son inconscience.

Une main sur le torse, l'Ynorien ne put retenir les relents de son estomac brûlant sa gorge et recracha un long filet de bile, sur le sol. Entre les barreaux. Il resta de longues minutes, à tenter de chasser aussi bien cette douleur que celle fantomatique de sa poitrine. Il retrouva peu à peu ses esprits et les paroles d'Amy l'atteignirent de nouveau. S'il ne trouvait pas de blessures sur son corps, c'est parce que la Faëra était entrée en contact avec celle d'Aenaria.

(C'est une vieille connaissance, que j'ai déjà rencontrée à une époque où elle ne suivait pas cette Sindelle. je lui ai demandé de dire à sa Maîtresse de te faire manger une partie du sucre d'orge d'Anthelia...)

(Amy... Tu m'as sauvé la vie...)

La Faëra se manifesta dans ses pensées, jeune fille à la chevelure bleutée et pourpre. De même que ses ailes et ses yeux. Il n'avait pas besoin de cette indication colorée pour savoir que son amie était inquiète pour lui : c'était marqué sur son visage.

(De tout les Porteurs, tu es celui qui passe le plus clair de son temps à me donner des sueurs froides. Je comprend mieux pourquoi ton futur est aussi trouble,) réprimanda l'être de vent.

(... Qu'est ce qui s'est passé, ensuite ?)

Changeant volontiers de conversation, Amy lui raconta rapidement ce qui s'était passé par la suite : des gardes de Crean étaient entrés dans la chambre, mettant un terme au combat. Puis, son groupe avait été escorté à travers tout le palais dans une autre aile où ils étaient désormais enfermés, dans des cages d'acier. Un acier enchanté, qui scellait une partie des pouvoirs mêmes de la Faëra : elle qui pouvait traverser librement la matière, elle ne pouvait s'échapper de cet espace clôt. Akihito comprenait mieux à quoi il s'était cogné... Et pourquoi son substrat de vomissement s'était logé entre des barreaux.

(Et c'est pas le pire... On a de la visite.)

Le tatoueur regretta immédiatement son ton inquiet à ces paroles, et jeta un regard alarmé autour de lui. La petite chambre, sommaire mais équipé soigneusement du nécessaire, était occupée par une autre personne que lui. Assise sur une chaise de bois, elle le dévisageait de ses deux yeux d'un blanc nacré, iréel.

Khynt.

Qui d'autre ? Qui d'autre pouvait dégager cette aura pesante qu'un des généraux d'Oaxaca ? Avoir ce visage androgyne aux reflets métalliques, cette peau sombre ? Le fulguromancien ne savait que peu de chose de ce Général, mais il n'avait aucun doute sur l'identité de celui qui ouvrit la bouche. Une voix.... Atone. Ni masculine, ni féminine.

"Présentez-vous, étranger. Manieur de foudre. Présentez-vous à moi, et n’omettez rien."

Se présenter ? C'était une question bien étrange. Il n'était pas une célébrité, loin de là, mais il doutait que son existence ai pu passer inaperçue aux yeux des espions de la Reine Noire. Peut-être n'avaient-ils pas eu l'occasion de récolter des informations nécessaires depuis leur défaite. Amy n'avait pas pu lui être d'une grand aide sur ce point, le temps ayant toujours été une notion toute relative pour elle comme pour son espèce.

L'enchanteur se redressa et tenta de s'adosser le moins douloureusement possible contre les barreaux de sa cage. Tout en s'humectant les lèvres encore sucrées de son médicament miraculeux, il réfléchit un bref instant à la manière de s'adresser au général d'Oaxaca. La bravade était inutile, de même que la colère ou la haine : il n'était pas vraiment en état de provoquer qui que ce soit, désarmé et surtout après ses prouesses guerrières risibles. Mais comme il n'avait rien à perdre... Il se décida à jouer carte sur table et être honnête... Du moins, pour l'instant.

"Je... Je suis Akihito d'Oranan, fils de Marcus Yoichi. Et comme vous venez de le dire, un fulguromancien et suivant de la Loi de Valyus. Je suis aussi le Porteur de la Kizoku-Rana. Et depuis peu, on me nomme également Elu de Valyus. Si je suis ici, c'est pour défendre ma patrie."

Sa première phrase fut un peu décousue, preuve qu'il n'était pas encore tout à fait réveiller. Il secoua un instant la tête pour se refocaliser et soutint le regard neutre de son interrogateur. Ou interrogatrice ? Peu importait. Il s'arrêta là, attendant de voir comment la conversation allait évoluer.

"Quels sont les noms et identité de ceux qui vous ont envoyés ici ? Et en quoi pensez-vous défendre votre patrie en nous attaquant ici plutôt qu'en défendant les vôtres, à Oranan ?"

Une question qui était basique, simple, frontale, mais qui l'arrangeait quelque part : Khynt n'avait pas l'air de vouloir y aller par quatre chemins. Restait à lui de lui donner ce qu'elle voulait sans trahir l'implication de Kendra-Kâr ou la présence du passage souterrain.

"J'ai été mandaté par le conseil d'Oranan. Et si je ne suis pas toujours d'accord sur le constat que la meilleure défense, c'est l'attaque, faire tomber Crean avant la bataille me semblait être une contribution à la défense de ma patrie bien plus efficace que de me retrouver sur les remparts.

- Et comment le Conseil d'Ynorie pourrait être au courant de notre position, ici dans le Palais de la Roseraie de Soie ? Ils semblent s'être fourvoyés durement en vous confiant, à tous les quatre, cette tâche... Vous semblez... si faibles.

- Je n'en sais rien. Cromax, le propriétaire des lieux, sans doute ? répondit l'enchanteur en haussant les épaules. Nous avons sous-estimé votre général, c'est un fait. Mais nous ne sommes pas faibles pour autant. Du moins, pas pour le commun des mortels.

- Je ne me soucie guère du commun des mortels. Si vous en faisiez partie, je ne vous aurais pas même adressé un mot."

Khynt n'avait vraisemblablement que peu d'estime pour son prisonnier. Ce dernier s'y attendait, mais c'était vraiment flagrant et ça réduisait grandement ses possibilités d'interactions avec elle. Puis elle évoqua Cromax avec une expression... Différente, sur le visage, ce qui était assez saisissant à voir sur le sien. La Générale voulair savoir si il l'avait déjà rencontré.

"Pas que je sache. J'ignore à quoi il ressemble, alors peut-être est-ce le cas sans que je m'en sois aperçu.

- Un Sindel. Chevelure noire aux mèches blanches. Il manie deux lames. Vous vous en seriez rendu compte. Lui non plus n'est pas du commun des mortels, avant d'ajouter avec curiosité en penchant la tête sur le côté : Pourquoi avoir cité son nom aux guerriers de Crean ?

- Si la moitié de ce qu'on raconte sur lui est vrai, c'est sûr. Et non, pas de Sindel avec des mèches pareilles. Un épéiste à deux lames peu commun, oui, mais lui avait les cheveux blancs."

A la seconde question, il haussa légèrement le sourcil par réflexe, avant de se réprimer : Khynt risquait fort de mal le prendre.

"Parce que leur annoncé que nous étions là pour la tête de leur chef était le meilleur moyen de les faire prévenir ce dernier. Je devais servir de diversion, alors me faire passer pour un éclaireur au service du maître des lieux aurait moins éveillé les soupçons.

- Je ne comprends pas bien les raisons de votre choix, mais soit... j'imagine qu'on n'a guère le temps de trop réfléchir face aux guerriers d'Elite de Crean Lorener. D'ailleurs, et je gage que ça peut vous surprendre : nous n'avons guère de crainte concernant Cromax. Tout comme moi, il est lié à Oaxaca. Dans notre camp.

- Cromax est lié à Oaxaca ? Venant d'un personnage aussi sulfureux... Je ne suis qu'à moitié surpris."

Une nouvelle qui ferait sans doute froid au dos à l'état major. Et à voir le regard attentif de Khynt, elle espérait une quelconque réaction. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Et pourtant... Pourtant, il avait lui aussi froid dans le dos, à cette annonce. Cromax était un demi-dieu, et jusqu'à là sans le considérer comme un allié de l'Ynorie, Akihito l'avait toujours considéré comme un partie neutre, puisqu'il avait chassé un ancien corrompu de la République en s'installant dans le Palais. Et une entité aussi puissante n'était réellement pas quelque chose qu'on pouvait ignorer. Si jamais il sortait vivant de cette cellule, il allait devoir transmettre cette information à quelques hauts placés.

(... A moins que Khynt n'essaye de me manipuler et me mente ?)

C'était aussi tout à fait probable. Et avec cette seule courte conversation, il ne pouvait pas juger de la propension à la Générale de mentir. En tout cas, le sourire cruelle qu'elle afficha ne l'aidait pas à se faire une idée.

"Et vous, quels alliés possédez-vous pour cette guerre ? Quelles forces d'élite, quels héros ? Vous quatre, et les pauvres cavaliers calfeutrés de l'attaque du camp ? Est-ce là tout ce dont Kendra-Kâr est capable ?

- Nous, on a une Yliria."

La confusion visible chez son interrogatrice l'amusa alors qu'Amy le tançait vertement en disant qu'il venait de peindre une cible dans le dos de la jeune fille. Lui n'était pas de cet avis : d'abord, il était impossible qu'ils sachent ou se doutent que la fameuse Yliria soit une jeune adolescente semi-shaakte dans les rangs de Kendra-Kâr : et quand bien même ils le sauraient, il était tout aussi probable que cette "réputation" dissuade ou rende plus prudents ses adversaires.

"Une... quoi ? Suis-je censé connaître tous vos icônes aventuriers ? Vos généraux impétueux ? Vos champions ? Ils ne sont que faiblesse, ils n'ont aucun nom à mes yeux. Yliria ou un autre, ils périront tous, et nous en sortirons grandis.

- Très bien, Générale Khynt. Mais si nous sommes aussi si faibles que vous le dites, pourquoi me demander qui sont nos héros, nos forces d'élites ? Vous semblez croire que vous allez nous écraser facilement, alors il est inutile de me le demander, non ?

- C'était rhétorique. Pour vous montrer à quel point vous êtes dans l'impasse. Nos forces sont nombreuses, entraînées, préparées. Chaque homme aura à se défaire de plusieurs de nos créatures pour espérer rentabiliser la vie qu'il perdra forcément. Seriez-vous capable de porter ce message à votre misérable conseil de pleutres, Akihito fils de Marcus ? L'échec de votre petite incursion, et la chute inexorable de votre capitale et de tous ceux qui la défendront. Sauriez-vous faire cela pour moi ?"

Akihito soupira. Cette discussion ne mènerait à rien, finalement. S'il avait été intrigué par ce membre des 13 si particulier, il s'avérait qu'il n'obtiendrait rien de différent de s'il avait été interrogé par un quelconque tortionnaire.

"Ca aussi, c'est une question rhétorique ? Est ce que j'ai seulement le choix ?

- Non, ce n'était pas rhétorique. Je souhaitais juste jauger votre conviction d'échec, et votre volonté de vous en tirer par ce service rendu.

- Nous avons sous-estimé Crean, comme vous nous sous-estimez : ne croyez pas que vous nous vaincrez aussi facilement. Et évidemment que je veux m'en tirer.

"Dans ce cas convainquez moi de votre résolution à vivre, ynorien. Car nous avons quatre prisonniers. Trois de trop."

Un fin sourire étira les lèvres d’Akihito. Enfin, ils y étaient.

"Alors vous en avez un devant vous."


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Akihito
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Akihito » ven. 7 mai 2021 11:46

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

23 : Le devoir du protecteur.

La réaction ne se fit pas attendre. Khynt resta interdite, dévisageant le jeune homme emprisonné sans réellement comprendre ce qui pouvait le pousser à prononcer ces paroles qui n'avaient aucun sens pour elle. Amy, de son côté, passa de l'inquiétude à la colère.

(C'est hors de question !)

(Parce que j'ai une meilleure option peut-être ?)

(Bien sûr, abruti ! Survivre ! Essayez de te tirer de ce bourbier ! Pas te jeter volontairement dans la gueule du loup !)

(Amy.)

(...)

(Tu sais pertinemment que je peux pas faire mourir les autres à ma place.)

(...)

Quand Akihito s'était engagé dans cette opération, il y était allé avec la ferme attention de protéger sa famille, ses amis, sa patrie. Et aussi avec la volonté de revenir vivant, pour ne pas attrister ces mêmes personnes dont il voulait être le bouclier. Mais un bouclier pouvait se briser; l'enchanteur avait eu conscience des risques, et de la potentielle issue létale pour lui.
Ils étaient quatre à s'être infiltrés : un seul pouvait partir. Et il ne pourrait plus se regarder en face, se proclamer protecteur de qui que ce soit s'il fallait sacrifier trois de ses compagnons pour cela. Ainsi, il tiendrait et son serment envers la Kizoku, et son engagement envers les préceptes de Valyus. En tant que Porteur : faire ce qui lui semblait juste, suivra sa propre Voie. En tant que fidèle, potentiel Elu du dieu de la Foudre et de la Protection : "Tu protégeras les tiens des périls et des offenses".

"Vraiment ? Vous condamneriez-vous pour que l'un d'eux survive ? Qui devrait être porteur du message, selon vous ?

- Qu'importe lequel sert de messager : je n'accepterai jamais de sacrifier 3 des miens pour ma propre survie. Quel piètre protecteur je serais.

- Alors vous mourrez comme un protecteur, assura la Générale avant de se lever, puis de pencher la tête de nouveau sur le côté. Une dernière parole ?

- Pourrais-je choisir ma mort ? Être exécuté sommairement n'est pas vraiment une fin enviable. Et puis, j'ai toujours voulu affronter un fulguromancien de votre trempe.

- Choisir votre mort ? En m'affrontant en duel ? Pourquoi vous donnerais-je ce privilège ? Quel mérite pouvez-vous vendre pour mériter cela ?

- - Eh bien, vous pourrez vous vanter d'avoir tué un champion divin du Dieu de la foudre. Et si la gloire ne vous intéresse pas, je suis aussi le seul possesseur d'une magie très particulière. On dit que vous êtes une savante, peut être que ça, ça vous intéressera le temps d'un affrontement."

Le mot "savante" fit tiquer son interlocutrice, qui se crispa. Cet agacement visible surprit Akihito, qui en ignorait la raison. Ne se considérait-elle pas comme une chercheuse ? La raison devait être ailleurs, car Khynt reprit rapidement son masque d'impassibilité toute relative pour s'intéresser sur la magie qu'il venait d'évoquer.

"Magie, et tatouage. Je tatoue en utilisant les fluides, que je charge ensuite d'un sort. A ma connaissance, je suis le premier à faire ce genre de chose. Et je n'en suis qu'au balbutiements.

- Intéressant.. lâcha-t-elle presque sans se retenir, alors qu'à travers ses yeux entièrement nacrée, une nouvelle émotion semblait poindre : l'intérêt. Seriez-vous prêt à m'en conter les secrets, en échange de votre... survie à tout ceci ?

- Lorsque vous dites "votre"... Vous parlez de la mienne, ou de celle de mon groupe ?

- La vôtre uniquement, ne soyez pas trop gourmand.

- Et en échange de la survie d'un autre de mes compagnons ?

- Votre survie n'est-elle pas nécessaire aux explications ? s'étonna-t-elle.

- Je parlerai plutôt de "sursis". La survie pour un de mes compagnons supplémentaires, et un sursis pour moi le temps que mes explications vous satisfasses et que j'ai étanché votre curiosité."

Un silence se fit, alors que Khynt semblait considérer sa proposition. L'interrogatoire semblait désormais loin, et Akihito avait emmené son interlocutrice sur un terrain où il avait un peu plus de poids : il avait quelque chose que Khynt souhaitait, ce qui lui donnait du poids dans les négociations. Un poids tout relatif, mais c'était mieux que rien. Preuve de l'attention qu'elle lui accordait, l'étrange visage androgyne et les deux orbites blanches se penchèrent vers lui, le scrutant intensément.

"Nous... pourrions l'envisager. Vous pourriez même être amené à racheter votre survie, si vous me satisfaites. Lequel ?

- Peu importe. Ils méritent tous de rester en vie. Rappelez vous, je suis un protecteur. Il soutint le regard de la membre des Treize. Le regard blanc se plongeant dans celui bicolore. J'aurais préféré vous rencontrer dans des conditions différentes. Pourquoi ma magie vous intéresse-t-elle autant ? Ca aurait un lien avec votre... Apparence ?

- Si vous n'en choisissez pas un, tous mourront. Quant à notre rencontre... Hé bien il ne fallait pas faire partie d'une expédition visant à attenter à ma vie. Sans doute cela aurait-il été différent si vous ne vous présentiez pas comme un ennemi."

Un instant flotta, avant qu'elle n'ajoute :

"L'apparence n'est rien. Seule la capacité, l'aptitude, compte. Tout ce qui peut améliorer un être m'intéresse, quel qu'en soit le moyen. Tout ce qui peut le rendre... parfait."

En choisir un... c'était une tâche qu'il répugnait à faire. Il ne prenait pas ce choix comme en sauver un, mais plutôt comme en condamner deux. Mais s'il fallait en choisir un...

"...L'hinïon, dans ce cas. Il m'a sauvé la vie, contre Crean. Lui rendre la pareille me semble légitime."

a la seconde partie de sa réponse, il rétorqua :

"Vous prendre la vie n'a jamais été mon objectif. Pour Crean Lorener, si, puisque j'ai des griefs à son égard... mais vous, tant que je vous empéchais de vous en prendre à l'Ynorie, ça m'allais. Le moyen importait peu."

la voix de Khynt se fit alors plus cordiale. La barrière du geôlier s'était semble-t-il estompé, ce qui rendit Akihito encore plus prudent. La magnanimité de la fulguromancienne ne devait pas lui faire baisser sa garde, aussi continua-t-il sur le même ton neutre.

"Oui, je parlais d'apparence car c'est ce qui découle de votre recherche d'aptitude, semble-t-il. Je comprend mieux désormais votre intérêt.

- Soit. Je prends note de votre choix. Quant à vous... je vous maintiendrai enfermé jusqu'au terme de la bataille et vous y resterez sagement. Je ne peux me permettre que vous interfériez avec les projets de la Reine Noire. Vous avez compris que mon lien à elle est plus puissant que tout ce que vous pourriez concevoir. A moins bien sûr que vous n'ayiez une meilleure idée...

Akihito soupira. Cette discussion ne mènerait à rien, finalement. S'il avait été intrigué par ce membre des 13 si particulier, il s'avérait qu'il n'obtiendrait rien de différent de s'il avait été interrogé par un quelconque tortionnaire.

- Euhm... Sauf erreur de ma part, vous n'avez pas évoqué ce lien. Tout ce que je sais, c'est que vous avez été ramené à la vie en même temps qu'elle et les Treize. Pour ce qui est de ma captivité... Cette cage est vraiment nécessaire ? Quand bien même je réussirais à sortir de ce bâtiment sans arme, je me ferait cueillir à coup sûr en tentant de traverser les quelques milliers de vos soldats qui l'entourent. Et à moins que vous ayez envie de débattre magie avec moi vivant dans ma crasse...

- Je croyais que notre statut envers la Divine Oaxaca était plus répandu. Soit. Dites-vous simplement que nous, 13, sommes liés étroitement à son pouvoir. Quant à la cage, bien sûr qu'elle est nécessaire, pour l'heure. Votre petit groupe semble à même de voyager comme bon lui semble, il serait vraiment stupide de notre part de vous laisser la liberté d'agir comme bon vous semble.

- - C'est un pouvoir que seul l'aéromancien de notre groupe possède, mais dont nous autres somme dépourvu. Crean est au courant, puisqu'il a reconnu ses portails. Nous autres n'avons pas cette capacité de nous déplacer aussi librement.

(Et puisque Xël a eu la magistrale idée de se présenté comme tel... Ce n'est pas comme si c'était un secret.)

- Vous n'en restez pas moins des prisonniers dotés de pouvoirs nous étant inconnus pour l'instant.

"Plus pour longtemps dans mon cas. Mais soit. Merci de votre... Magnanimité à mon égard, Générale.

- Bien. Dans ce cas je vais vous laisser mûrir les regrets de votre vaine tentative. Je reviendrai prochainement vers vous."

Sans un mot de plus, Khynt sortit de la petite pièce. Akihito attendit d'entendre s'évanouir le moindre bruit pour finalement pousser un soupir de soulagement. Il avait un sacré mal de crâne, la conversation ayant poussé son cerveau encore un peu secoué par le combat dans ses derniers retranchement. Il s'allongea en profitant de la diagonale de la cage, juste assez grande pour qu'avec les jambes repliées, il puisse s'étendre. Il resta ainsi de longues minutes, faisant le point sur sa situation. Il avait obtenu un sursis, semblait-il. Amy finit par le reconnaître aussi, du bout de ses petites lèvres faites de fluide. Le destin vers lequel se dirigeait son Maître ne lui plaisait visiblement et raisonnablement pas, mais elle ne pouvait s'en plaindre : elle l'avait aussi soutenu dans son entreprise de s'en prendre à Crean, alors elle ne pouvait le blâmer de son inconscience.

Il finit par se redresser, la cage étant finalement trop étroite pour qu'être allongé soit vraiment agréable. Il s'intéressa aussi un peu à cette dernière, qui bloquait la magie, semblait-il. Il n'avait pas connaissance d'un matériau naturel avec de telles propriétés, et les barreaux semblaient être fait d'acier. Un acier de très bonne qualité, mais tout ce qu'il y avait de plus normal pour autant. Il posa sa main dessus, espérant que ses sens d'Enchanteur l'aideraient à comprendre un peu mieux sa prison.

Et étonnamment, cela marcha : la sensation était diffuse, mais il pouvait clairement comprendre l'enchantement contenu dans les barreaux : un puissant effet inhibiteur de magie. Ca, c'était la bonne nouvelle. Car la mauvaise... C'est que l'enchantement était incrusté dans le métal même.

(C'eut été dans l'ensemble de la cage, comme un circuit magique circulant pour inhiber ma magie, j'aurais peut-être pu faire quelque chose. Mais là...)

Il devait se rendre à l'évidence qu'il ne pourrait pas s'échapper de sa prison. Pas avec sa magie. Et il ne possédait rien de plus sur lui que son armure et sa ceinture, à laquelle les potions et les runes étaient accrochées. Runes qui semblaient bien inutiles, également. Mais il les laissa à portée de main tout de même, dans le doute. Pouvaient-elles seulement marcher ? Son analyse de la cage n'était pas assez performante pour lui donner une idée de l'ampleur de l'enchantement. Les barreaux étaient assez espacés pour qu'il tende une main à travers jusqu'à la moitié de son avant bras. Avec une rune dans la main, il pourrait peut être passer outre l'enchantement. Sans trop y croire, il tenta de lancer un sort également. Mais s'il sentait toujours les fluides parcourant son corps, ils se bloquèrent à la limite de la cage, à travers son bras. Il ne pouvait rien faire de plus, tant que la source de magie n'était pas à l'extérieur de la cage.

Et ça lui donna une idée. Détachant de son cou le médaillon de Faerunne, il le glissa entre les barreaux de la cage et tenta de ressentir le transfert magique encore présent à l'intérieur. Il y était ! C'était un Transfert magique du Cercle Protecteur, vieux de presque cinq jours. Il ne lui restait que deux, peut-être trois jours d'existence avant qu'il ne se dissipe : mais c'était un soulagement de savoir que même dans une telle situation, il n'était pas sans défense.

Jetant un coup d'oeil au reste de son équipement, il se rendit à l'évidence que le reste passerait difficilement les barreaux, à l'exception de son manteau qui contenait un Choc de Valyus. L'Ynorien le retira tout de même, là aussi dans le cas où il aurait besoin de l'utiliser. Il s'en recouvrit comme d'une couverture et s'assit dans sa petite cellule. Il ignorait ce que le futur lui réservait, ni combien de temps il allait moisir dans cette cage, avec une petite flaque de sa bile sous lui -bientôt rejointe par autre chose, si on le laissait tel quel. Mais il devait récupérer ses forces, car chaque moment allait être décisif dans les prochains jours.


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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » ven. 7 mai 2021 16:42

Cherock fut assez vite rafistolé. En attendant, leurs armes et paquetages furent confisqués, et ils furent conduit à travers le palais. Dans la cours, les soldats s'accumulaient, ainsi que des monstruosités d'acier et de foudre. De telles choses pouvaient-elles seulement avoir une conscience ? Faëlis frémit en songeant à l'idée d'être à la place des soldats tués par ces choses. Entre le guerrier et son ennemi, il y avait au moins un lien qui les unissait. Même quand l'autre vous haïssait, il y avait au moins cela : il accordait de la valeur à votre vie, même si c'était une valeur malsaine. Ces choses se contentaient probablement de broyer, simples machines à distribuer la mort, sans même une pensée pour leurs proies. C'était peut-être encore plus terrifiant que les sinistres guerriers noirs de Crean aux visages de zombies.

Ils furent traînés vers des pièces séparées. L'elfe adressa un dernier regard abattu à ses compagnons. Il avait aussi failli envers eux. Il s'était engagé à les protéger, et il avait lamentablement échoué. Il se laissa tomber dans la cage qu'on lui avait préparée, sanctuaire d'un confort bien maigre bien qu'ironiquement dans une chambre modeste mais des plus sympathiques.

Pourtant, il n'avait guère l'humeur à l'apprécier. Le petit nobliaux qui avait voulu fuir le faste d'une vie facile pour enfin avoir l'impression de valoir quelque chose par lui-même avait de puis longtemps compris que l'aventure était quelque chose de dangereux. Il avait affronté bien des dangers, et, même s'il n'avait rien d'un brave au courage d'exception, il avait toujours fait de son mieux pour ne pas mettre en danger ses compagnons. Hélas, le prix à payer s'était très vite montré, puisque sa première compagne était certainement morte... Il s'était juré que cela ne se reproduirait plus... mais le destin en avait décidé autrement. Le dieux s'acharnaient à lui mettre l'échec en face. Et puis...

(Aliéna... je suis désolé, je ne tiendrais pas ma promesse...)

Non, il ne reviendrait pas. Bon, elle s'en remettrait bien. Elle trouverait d'autres hommes, forte et entreprenante comme elle était. Qui sait ? Peut-être ce bref coup de passion lui était déjà passé ? Il devrait sans doute s'en attristé, mais la perspective que cette tête de mule soit sincèrement attachée à lui serait plus terrifiante qu'autre chose : elle serait fichue d'essayer de le sauver ! Non, il était bien mieux qu'elle l'oublie. Lui, le « parangon des elfes », appellation stupide d'une famille bouffie d’orgueil, allait mourir misérablement, seul et oublié de tous... et c'était peut-être la meilleure chose à faire. Entre son demi-frère dément, les complots qui lui tournaient autour... il n'amenait que des souffrances à ses compagnons. D'ailleurs, qu'en était-il du Sans-nom ? Avait-il seulement survécu, lui aussi ? Il semblait avoir plus de ressources qu'il ne 'lavait dit. C'était assez étrange quand on y pensait... en tout cas, il ne pouvait qu'espérer qu'il avait survécu. Cela ferait au moins une bonne action réussie dans ces dernières journées.

Se recroquevillant comme il pouvait dans sa cage trop petite, il prit sa tête entre ses mains et resta silencieux. Jusqu'à ce qu'un bruit le tir de ce début de torpeur. Quelqu'un était entré ! Un... être étrange. Homme ? Femme ? Au corps en grande partie métallique, étrangement assemblé, fait de formes organiques et géométriques, et aux yeux étincelants de lumière électrique. Il était étrangement beau, du moins selon du définition du beau qui devait exister mais que même l'esthète en Faëlis avait besoin d'une observation approfondie pour la comprendre. Le résultat était assez dérangeant, déstabilisant... il ne pouvait s'agir que de Khynt le modifié, inventeur génial et détraqué d'Oaxaca.

Celui-ci s'étonnait de leur plan, qu'il jugeait suicidaire, à raison semblait-il... mais il souhaitait savoir comment ils avaient fait. L'elfe fixa pendant un instant sans répondre ce visage de métal figé, observant et analysant les formes étranges qui le composaient. Vraiment étrange... et, il devait le reconnaître, intéressant. Même si cette créature était un ennemi, un être à abattre, il reconnaissait au moins une créature unique et indiscutablement singulière et remarquable.

« Vous avez un style... atypique. Ce mélange de formes déchiquetées et de courbes harmonieuses... C'est un résultat... intéressant. Désolé de n'avoir point d'autre mots »

Il soupira :

« J'ai bien peur que vous n'ayez bien résumé la situation : oui nous sommes passé par des portails, et oui, nous étions quatre, si on excepte l'armée que vous n'avez pas pu manquer à l'extérieur, qui devait faire diversion. Et oui, comme vous l'avez fait remarquer, c'était largement insuffisant. Nous comptions sur l'effet de surprise. Raté... »

Puis, après réflexion, il ajouta :

« D'ailleurs à propos de l'armée... il y a eu beaucoup de flammes. C'était vous ? J'avais entendu dire que vous ne maîtrisiez que la foudre... et il n'y avait pas de manieur de fluides de feu dans nos troupes. »

Son visage parvint à marquer des expressions, ce qui était pour le moins surprenant. Néanmoins, comme il insistait, il demanda à savoir qui était l'armée qui avait attaquée. Il attendait encore un rapport et ne savait rien de ce qui s'était passé. Ses phrases étaient courtes et soigneusement mesurées.

« De simples soldats kendrans cherchant une revanche... Et comme je vous l'ai dit, ils cherchaient à faire diversion : les portails ont une portée très limitée, apparemment. Après, ce n'est pas moi le mage, je ne pourrais vous en dire plus. »

Il plissa les yeux, cherchant s'il y avait moyen d'entrer en contact avec cette créature :

« Vous parvenez même à avoir des expressions ? Ça m'a l'air bien pensé et très efficace, votre système... »

Ce commentaire sembla l'agacer encore. Apparemment, les apparences étaient pour lui, ou elle, secondaires. Il insista pour en apprendre plus, ce qui ne fit aucunement perdre son calme à l'elfe.

« Oh... vous n'êtes donc pas modifié pour les apparences ? Alors pourquoi faire cela ? Pour la puissance ? Pour se sentir différent ? »

Il bascula la tête en arrière contre un barreau quelques instants, avant de replonger les yeux dans le regard énigmatique de l'entité :

« J'imagine que ces questions n'ont guère de sens alors que nous savons tous les deux que je ne sortirait pas vivant d'ici, ou au mieux en piteux état... Je suis curieux, malgré tout. Même si, à ce titre, mes questions ont aussi peu de valeur que les vôtres. Si vous tenez à savoir, nous étions des mercenaires accompagnant des troupes de duchés pour les aider à se venger de la bataille du col de Luminion. »

Elle assura qu'elle cherchait à atteindre la puissance, effectivement, et la perfection. Cela attira l'oreille de Faëlis, qui avait déjà entendu bien des discours à ce sujet. Autre point intéressant, il avait déjà interrogé d'autres membres du groupes, apparemment... Ce n'était pas surprenant, mais il allait falloir composer avec. L'elfe ignorait ce que les autres avaient dit, mais si leurs récits ne concordaient pas...

Et tout cas, l'étrange créature assurait qu'il avait une chance de s'en sortir... une promesse facile, mais il n'aurait rien d'autre. Il préféra pousser sur l'autre sujet et diluer les autres questions :

« Oh, non, nous avons été recruté par l'armée kendrane à un niveau plus global. Dans le cadre de la bataille qui doit avoir lieu bientôt. Des grands pontes nous ont promis paiement, et j’espérais personnellement gagner en influence. Je n'ai pas cherché plus loin... »

Puis, il embraya :

« La puissance ? La perfections ? Voilà des sujets que je connais bien... Ma famille s'acharne et s'écharpe sur ce genre de problème depuis des années. Ils ont chacun leur définition... Et après tout, qu'est-ce que la perfection ? L'oiseau pourrait dire que la perfection est de savoir arpenter les cieux et dominer son monde. Lorsqu'il tombera dans le fleuve, le poisson se moquera volontiers, assurant qu'un être parfait se doit de savoir respirer sous l'eau. Ces discussions m'ont toujours fascinées... Du coup, dans le cas, improbable, ou je repartirais, je serais curieux de leur apporter l'avis méconnu d'un, ou d'une, spécialiste comme vous ! »

Il ou elle sembla vaguement amadoué par ces propos, mais restait tout de même sur son sujet. Il n'était pas contre le fait de s'associer à lui... mais ne comptait bien sûr rien faire aussi vite. Il lui offrait surtout la possibilité de partir... pour avertir l'armée de leur échec. Un retour peu glorieux... mais déjà une chance inespérée. L'elfe en était troublé. Abandonner ses amis était inconcevable, mais rester ici et mourir pour rien ne valait guère mieux. Le « jeune » Faëlis voulait se battre, refuser ce marcher pour faire quelque chose... le Nyris'kassilian en lui rétorquait, cyniquement, que ce n'était pas pour rien qu'il y avait si peu de héros en vie.

« Pourquoi m'offrir une chance que vous leur refusez ? »

Cela état dû à quelqu'un du groupe qui, apparemment, était prêt à se sacrifier, se sentant redevable... La mine de l'elfe s'assombrit quand il devina qui. Cherock avait voulu le remercier... mais de quoi ? En définitive, c'était avec lui qu'il avait le plus durement échoué. Défait, le jeune homme prêta à peine attention à la question insistante de son interlocuteur, au point de même donner son nom complet.

« Moi ? Faëlis Nyris'kassilian... je faisais parti d'un groupe charger de s'assurer que votre armée n'intervienne pas. Un bel échec, vous ne trouvez pas ? »

Il était bien d'accord pour dire qu'ils n'avaient guère de chances de réussir. Voilà au moins un sujet sur lequel ils se rejoignaient. L'elfe baissa les yeux... pour ce qui était de répondre à la dernière question, l’identité de ses compagnons, il n'avait pas grand-chose à dire, en vrai :

« Des mercenaires comme moi, je suppose. Je ne les connaissais pas avant cette mission. J'imagine que c'est pour cela que nous avons été jugés dispensables... »

Il eut un pauvre sourire :

« Finalement, il semble que vous répondez vous-même à vos propres questions. Est-ce que c'est ça, l'expression de la perfection ? »

Elle balaya sa remarque d'un revers de la main, lui assurant qu'il devait plutôt y voir un nouveau départ, et qu'ils auraient sûrement bien des choses à partager... et c'était bien la plus sinistre des perspectives ! Pourtant... c'était peut-être une issue.

« Si vous le pensez... pourquoi ne pas me garder moi, et les libérer eux, ou au moins certains d'entre eux ? Ils pourront tout aussi bien transmettre le message. Pour ma part, je n'ai plus vraiment envie d'avoir affaire à l'armée de Kendra Kâr... »

Elle se pencha en avant, demandant pourquoi ne pas vouloir repartir et pourquoi le garder lui. Avait-il seulement quelque-chose à apporter ? Voilà bien une question épineuse...

« Je pourrais retourner la question : pourquoi les garder eux ? Vous seront-ils utiles ? Pour autre-chose que leur conversation ? Vous êtes bien plus puissant que moi, et je ne vois pas e que quiconque pourrait vous apporter... mais je peux toujours tenter. »

Elle ne leur voyait en effet pas d'autre utilité que d'être éliminé. Ces propos répugnants tirèrent un grognement à l'elfe :

« Si vous n'avez rien d'autre à proposer que leur mort... alors en effet, j'ai bien peur de ne jamais rien avoir d'utile à vous proposer. Ni mes pouvoirs de lumière, ni mes talents d'archer qui ont réussi à blesser même le grand Crean Lorener... »

Mais non, c'était apparemment hors de question, et la « treize » se permis même d'ajouter quelques menaces. Faëlis secoua la tête, dépité :

« Non, je n'ai pas les moyens de marchander. Alors soit, faites comme vous l'entendez... Je n'ai effectivement aucun moyen de vous forcer. Ma propre attitude envers vous dépendra aussi de tout cela... en attendant cette éventuelle rencontre future, je suppose que nous n'avons plus rien à nous dire. »

La créature se retira, et l'elfe resta seul. Ainsi cette mission allait se terminer. Sans gloire, juste condamné à partir comme un pleutre en laissant ses compagnons à la mort. Quelle honte ! Quelle disgrâce ! La colère bouillonna en lui tandis qu'il se rêvait achevant enfin leurs ennemis. Il savait qu'il ne pouvait pas. Il n'était qu'un protecteur. Sa force venait de ses alliés et il avait échoué à les protéger. Il était et resterait un simple petit courtisan. Pour la première fois, il lui sembla que la vie n'avait plus tant d'importance. Il allait rejoindre les troupes et livrer bataille, c'était tout ce qu'il pouvait encore faire. Il allait attendre les troupes de Crean et Khynt et leur faire une guerre sans merci...

Jusqu'à sa mort.

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Aenaria
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Aenaria » sam. 8 mai 2021 12:40

Nous fûmes rapidement délestés de nos paquetages, mis au fer, et conduits à travers un labyrinthe de couloirs. Une fois arrivés à destination, nous fûmes séparés chacun dans une pièce différente. La pièce dans laquelle je finis ma route était une chambre, avec juste le nécessaire pour dormir, les quartiers des serviteurs de toute évidence. Ils avaient été pour l’occasion transformé en résidence secondaire pour les pauvres bougres que nous étions.

Une résidence secondaire de luxe : elle prenait la forme d’une cage où personne ne pouvait tenir debout dans notre groupe, je pris soudain peur pour Cherock qui devait recouvrir de ses blessures en ce moment même, du moins je l’espérais. Je fus mise de force dans cette cage et je dus trouver une position la plus agréable possible. Ne cherchant pas longtemps, je me mis en position de méditation, en tailleur afin de réfléchir à la suite.

(Naria, je ne peux pas sortir de ton alliance.)
(Quoi ?)
(Cette cage doit être faite d’un métal magique qui nous empêche de voyager au travers. Je peux encore communiquer avec toi, c’est le plus important.)

Je ne pouvais parler télépathiquement qu’avec ma faera au sein de cette cage, inutile donc de lancer un SOS vers du monde en dehors, il ne serait pas entendu. Nos chances de survie s’amenuisaient donc. Soupirant de dépit, je n’avais plus qu’à attendre la suite. Chaque membre de notre commando aurait bientôt la visite d’un interrogateur afin de nous tirer les vers du nez. Il y avait une chance que non seulement cette cage bloque la magie mais aussi nous la relance dessus si elle en était chargée… Des spéculations qui devraient être vérifiées, je me plongeai donc dans mes réflexions tout en tentant de chercher une faille dans cette cage.

Après un petit moment, j’entendis la porte de ma chambre s’ouvrir sur un personnage en armure que je connaissais maintenant mais qui cette fois-ci était décasqué, Crean Lorener. Il se planta debout devant moi avant de lancer ces quelques mots.

« Qui êtes-vous ? Qui vous envoie, et qu’espériez-vous réaliser en lançant cette attaque ? »

Prenant un ton le plus cordial et respectueux au possible, je répondis tranquillement à Crean Lorener. D'abord la carte du bluff.

- « Initialement, je voulais voyager afin de retrouver un ami qui occupait les lieux. Vous le connaissez peut-être, un sindel comme moi répondant au nom de Cromax. Ce Palais lui appartient et vous occupez les lieux, avez-vous son autorisation ? »

Et maintenant la carte de la sincérité.

- « Au final, j'ai appris ce qu'il se passait ici et j'ai choisi de participer à une expédition pour reprendre le Palais et aider Kendra Kâr dans ce sens. »

Gardant son calme également, il rétorque :

« Je me passe bien de l'autorisation de ce Cromax pour occuper les lieux. Répondez à toutes mes questions je vous prie. Qui êtes-vous ? Et espériez-vous vraiment reprendre un palais comme celui-ci, cerné d'une armée entière, avec quatre mercenaires et une poignée de cavaliers ? »

Oups, j'avais oublié de me présenter. Baissant la tête respectueusement en guise d'excuse, je m'exécutai.

- « Veuillez excuser mon affront, cette cage me fait perdre mes moyens. Je me nomme Aenaria Imfilem, une guerrière de Balsinh. »

Nous avions de l'espoir au départ, mais une fois à l'intérieur du palais la tâche fut plus ardue que prévu et nous avons clairement manqué de chance, crédibilité ? Je me ferais rire au nez d'avoir eu une telle couardise.

- « Nous ne savions pas que l'armée serait présente en intégralité dans le palais et en aussi grand nombre. Nous pensions être suffisamment forts pour agir de la sorte. Nous espérions vous vaincre ainsi que Khynt, que nous savons être en ces murs. »

Un maigre sourire mauvais couvre le visage de Crean, qui répond calmement :

- « Khynt est en train de s'occuper de l'un de vos compagnons en ce moment même. Au moins avez-vous réussi cela : vous nous avez trouvés. Pour tout le reste, vous avez durement échoué. C'est le message que nous voulons faire passer désormais à vos commanditaires. Votre échec. Votre... mort ? Ce dernier point dépendra de vos réponses à nos questions. Qui sont-ils précisément, d'ailleurs, ces commanditaires ? »

(Réfléchis Aenaria, réfléchis un peu et choisis ton destin.)
(Ta vie est entre tes mains, je te suivrais peu importe ton choix.)

C’était maintenant ou jamais, il voulait que je sois sincère, autant l’être jusqu’au bout. Si cela pouvait me sauver la vie et celles de mes compagnons, mieux valait répondre avec respect et en disant la vérité. Gardant toujours un ton calme malgré la peur que la cage dans laquelle j’étais pouvait instiguer dans mon cœur, je continuais calmement notre discussion, si on pouvait la considérer comme telle.

- « Effectivement, nous avons trouvé les personnes que nous cherchions et nous avons, disons-le, lamentablement échoué dans nos missions. Nous ne pensions pas tomber contre aussi fort, nous avons clairement sous-estimé votre puissance ou même surestimé la nôtre. Vous nous avez vaincu avec une grande facilité, avec un peu plus de préparation notre passe d’armes aurait pu se dérouler différemment. Qui peut vraiment le dire ? »

Faire amende honorable, dire que nous étions des pucerons face à lui, reconnaître sa suprématie martiale, sans trop en mettre. Je n’étais pas en train de lui passer de la pommade non plus, il pourrait mal le prendre. Passons à nos commanditaires, devais-je jouer avec les mots au risque d’être torturé ou bien devais-je jouer cartes sur table sans garder un atout dans ma manche ? Mon choix se porta sur l’option B.

- « Je pense que vous avez parfaitement connaissance de nos commanditaires, il n’y a que peu de personnes qui sont en capacité de faire appel à des mercenaires pour lancer des attaques sur un lieu occupé par une armée ennemi. Nous avons répondu à un appel lancé par le roi de Kendra Kâr, Solennel. »

Il croise les doigts.

- « Bien, bien. Vous avez donc conscience que vos jours sont comptés, j'imagine. Nous comptons envoyer un message à Solennel, comme je vous le disais. Peut-être accompagné de la tête d'un de vous, pour marquer le coup. Laquelle trônerait au mieux dans ce paquet, selon vous ? Lequel d'entre vous, mort, aurait le plus... d'impact sur le roi kendran ? »

Stupéfaite, les yeux grands ouverts, Crean me demandait de choisir quelle vie parmi notre groupe avait le plus de valeur aux yeux du roi. Je n'avais aucun lien avec le roi, pour les autres je ne les connaissais pas.

- « Je n'espère la mort de personne parmi mes compagnons d'armes. Je ne connais absolument pas leurs liens avec la royauté kendrane, moi-même je n'en avais aucun avant d'accepter cette mission. La mort de l'un de nous est-elle vraiment nécessaire ? »

Il lève un sourcil, comme s'il était surpris.

- « Rien n'est nécessaire. Mais vous ne vous attendiez quand même pas à sortir indemne d'ici ? Pourquoi ne vous ferais-je pas tuer ? Ne serait-ce pas prendre le risque de vous voir à nouveau un jour en travers de mon chemin ?

- Je n'avais évidemment aucun espoir de sortir indemne de ce lieu, je m'attendais à subir de graves blessures, encore plus en étant maintenant dans cette cellule. »

Tout en disant cela, je montrai les barreaux de ma prison.

- « Nous méritons la mort pour avoir tenté de vous ôter la vôtre, cela est certain. Il va y avoir des centaines de morts sur les champs de bataille à venir dans les plaines kendranes, la possibilité de croiser de nouveau le fer contre nous sur place, ne serait-elle pas plus attrayante à un meutre froid et cruel ?

- C'eut certainement été plus valeureux de votre part de vous battre sur un champ de bataille que de m'attaquer ici, dans ma propre chambre. Mais vous avez choisi votre... destin. »

Il commença à tourner autour de la cage, d'un pas lent.

- « A propos de destin... Vous disiez plus tôt vouloir vous entretenir avec Cromax. Votre... ami, c'est bien cela ? Que lui vouliez-vous ? »

Baissant la tête en signe d'approbation à ses propos sur le combat, j'attendis la fin de ses propos pour garder ma posture respectueuse envers mon geôlier.

- « Je reconnais en vous un tacticien hors pair juste en vous écoutant. Votre science du combat semble complète et un affrontement en milieu ouvert serait bien différent entre nous. »

Ses propos sur le destin m'avaient quelque peu désarçonnée, autant en apprendre le plus possible.

- « Je crois au destin, je sais que rien n'arrive par hasard dans notre monde... Pour ce qui est de Cromax, je ne sais si il me considère comme une amie, mais j'ai noué des liens profonds avec lui en prenant ce palais à ses côtés. J'avais espéré le revoir pour prendre de ses nouvelles et savoir si je pouvais lui apporter mon aide avant de retrouver la trace d'un autre sindel...

- Une simple visite de courtoisie, donc... Hé bien sachez qu'il n'est guère ici. Nul ne sait, d'ailleurs, où il peut se trouver. Vous dites être proches. Bien, bien. Alors saviez-vous qu'il avait rejoint les rangs d'Oaxaca ? Qu'il s'est lié à elle comme je le suis moi-même ? Vous dites n'avoir aucun lien avec le Royaume kendran. Pourquoi vous dressez-vous, donc, contre nous ? »

Mes yeux s'ouvrirent de plus en plus grands au fur et à mesure que Crean lâchait des informations sur Cromax. Les questions se précipitaient dans ma tête et fusèrent hors de mon esprit plus vite que je l'aurais cru.

- « Lié à Oaxaca ? Comment ? Quand ? Et pourquoi ? »

Puis remarquant mon erreur, je baissai de nouveau la tête en signe de respect.

- « Veuillez m'excusez de toutes ses questions, je suis assez surprise par ce que vous m'annoncez. Je ne le pensai pas se mettre une chaîne autour du cou de la sorte, lui qui aime tant sa liberté. D'ailleurs, j'y pense, je ne connais que peu de choses vous concernant, serait-ce indiscret de ma part que de vous demander pourquoi avez-vous un jour fait le choix de rejoindre le camp d'Oaxaca ? »

Et maintenant, mes liens avec le royaume kendran.

- « Je ne sais si vous connaissez le fonctionnement de la formation des soldats sindeldi, mais nous avons la possibilité de voyager pendant 5 ans d'entrer dans la vie active et j'ai passé un temps appréciable dans la cité blanche avant de rentrer chez moi. J'ai un pied-à-terre dans la capitale kendrane depuis quelques temps maintenant avec des personnes qui me sont chers. Je suis du genre à me fourrer dans des situations compliquées afin de défendre une cause que je trouve noble et juste. La cause que je défends en ces lieux ne vous semblera peut être pas juste, c'est ma vision sindelonormée du monde qui veut ça, du moins je pense. »

Crean poursuit lentement son tour de la cage.

- « Je ne connais pas les détails de l'alliance entre Cromax et la Reine Noire. Sans doute hait-il autant qu'elle les carcans imbéciles et racistes que les kendrans imposent à leur peuple. Ces idéaux même que vous semblez apprécier, malgré votre espèce différente. Quant à moi, je n'ai pas vraiment... choisi de rejoindre Oaxaca. J'étais autrefois d'Oranan. J'y occupais un poste majeur, mais j'ai été trahi et maudit par les miens. Les nécromanciens nous ayant ramené des enfers ont su lire la rancœur en moi : je ne vis désormais plus que pour me venger de ces ynoriens m'ayant dépossédé de tout. Et pour ma Reine, qui me permet d'assouvir cette vengeance. »

Il s'arrête, serrant les poings. Puis après quelques secondes, se détend.

- « Vos bons moments dans la cité blanche ne sont qu'hypocrisie. Si vous étiez née plus sombre, ou d'une autre espèce, peut-être vous auraient-ils accueillis à coup de piques et d'épées. Et c'est cela, encore une fois, que vous défendez malgré votre origine. Alors la justice de votre cause... Effectivement je n'en comprends rien. Comment décririez-vous vous-même cette cause ?

- Je ne savais que votre histoire était pleine de souffrance, j'en suis profondément désolée. Je comprends parfaitement votre désir de vengeance, il m'anime également... »

Je pensais à mon frère qui était toujours libre pour le moment, je devais survivre pour sa tête au bout de mon épée.

- « Si je regarde ma situation, soyons francs, je suis une cause perdue. Je suis désarmée, aux fers, dans une cage où je ne peux me tenir qu'assise. La notion du bien et du mal dépend clairement de l'éducation que nous avons reçu. Quelque chose pourra me paraître injuste et vous paraître tout à fait normal. Tout est question de point de vue. Pour moi une cause juste, c'est défendre ses opinions, c'est de revendiquer des droits et des libertés, c'est de protéger une population innocente face à une armée qui déferle sur ses terres dans le but de prendre le pouvoir... Les kendrans ne m'ont jamais fait de mal, ils m'ont même aidé par le passé, ou tout du moins une personne que je connais bien, de là à dire que je leur suis redevable, il n'y a qu'un pas. Je cherche de nobles causes à défendre, en tant que paladine, cela fait parti des valeurs que je défends au quotidien. Je peux toutefois comprendre et j'accepte le fait que cela vous paraisse totalement incompréhensible. »

Il répète tes paroles avec une voix sombre, comme pour lui-même.

- « Protéger une population innocente face à une armée qui déferle sur ses terres... »

Il haussa la voix pour poursuivre à ton égard.

- « Alors vous pourriez juger plus durement l'histoire de votre peuple. Ainsi que celle de Kendra Kâr, qui aujourd'hui est l'alliée de l'Ynorie, mais qui l'a envahie par le passé sans autre but que le pouvoir. Un peuple à l'histoire remplie de guerres et de massacres. Mais cessons-là tout discours idéologique : je constate que ça ne mènera à rien. La guerre est là, de toute façon. Et nous la mènerons. Quant à vous... Vous périrez sous peu, puisque telle est la justice que vous défendez. »

- J'en viens à me demander si notre petite discussion était vraiment utile car j'ai la vague impression que votre avis était déjà tranché sur la question de ma survie ou non. Je suis navrée de le constater mais j'aurais dû m'en douter. Si ma vie doit se finir ici, pourrais-je formuler une requête ?

- Détrompez-vous. Vos camarades ont su, pour certains, trouver les mots qu'il fallait pour subsister... ne fut-ce que quelques instants de plus. Dites-moi, elfe, quel serait cette requête ?

- Ma méconnaissance de votre personne et de vos idéaux n'a pas joué en ma faveur... Il est tout de même étrange que Xël s'en sorte vivant étant donné votre aversion profonde pour le faiseur de portails. »

Si ma vie devait bientôt finir, autant tenter le tout pour le tout.

- « J'aimerais être la seule à mourir si cela était possible, ma mort ne servira à rien pour les kendrans, elle ne sera pas symbolique mais si elle peut protéger mes camarades, qu'il en soit ainsi. »

Il termina son tour de cage silencieusement, en t'écoutant puis en réfléchissant, puis te fit face, te regardant dans les yeux.

- « Votre demande est noble, mais je ne peux fermer les yeux sur votre tentative commune. Sachez néanmoins que l'autre elfe survivra, et portera la nouvelle de vos décès auprès du roi kendran. Xël Almaran ne sera pas exécuté ici, quant à lui. Je l'apporterai devant ma Reine pour qu'elle le juge et le punisse de ses actes passés : le meurtre de Vallel et l'attaque sur ce palais. Vous ne mourrez qu'aux côtés du fulguromancien, qui s'est sacrifié pour sauver l'elfe blanc. »

Ainsi donc seul Faelis allait survivre dans notre expedition. Le plus proche du roi, c'est lui de toute évidence.

-« Une vaine négociation me semble donc inutile si nos sorts sont déjà scellés…

- Qui sait. J'aurais pu me montrer plus... magnanime, face à davantage de courage et d'arguments. Profitez de vos dernières heures, elfe. Au nom de vos idéaux. »

Il fit volte-face et s'en alla vers la porte, quittant la pièce sauf si tu as une dernière chose à dire.

- « Si vous pensez sérieusement que nous manquons de courage, vous vous trompez. Nous avons été assez courageux pour tenter une mission suicidaire pour vous débusquer, vous et Khynt. Je trouve que c'est une belle preuve de courage, voire même de folie si vous voulez mon avis. Il n'y avait qu'un groupe de fous pour tenter une mission pareille... Mes idéaux me permettront de rejoindre les guerriers les plus braves de mon peuple car je serais morte en les défendant. »

Il hausse les épaules.

- « Vous confondez courage et témérité. »

Et sans plus un mot, il passe la porte.

- « Si il pense sérieusement que le courage c’est de se mesurer à plus petit que soit, c’est une bêtise ! »

Je crachai sur le sol alors qu’une larme venait de rouler le long de ma joue. J’allais bientôt mourir, je le savais maintenant que ce temps approchait plus vite que prévu.

(Que puis-je faire pour apaiser ta peine ?)
(Me parler de temps de paix, de temps heureux avec ma mère.)
(Ça je peux le faire. Est-ce que tu te souviens de la grande fête de Balsinh quand…)

J’espérais que les propos ininterrompus de ma faera me permettrait de ne pas perdre la face et encore moins mon esprit avant de passer à l’échafaud.

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Cromax
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » sam. 8 mai 2021 13:57

La Fin d’une Ere
(Mission « Roseraie de Soie (Aenaria, Xël, Faëlis, Cherock)



Leur solitude dura jusqu’au lendemain en fin de matinée. Là, des soldats de Crean en nombre vinrent les chercher dans les petites chambres des serviteurs du palais. Ils déplacèrent les cages plutôt que de les en libérer, et finirent par les aligner dans la cour. Il n’y avait plus là qu’une troupe de guerriers de Crean Lorener, ainsi que les deux généraux d’Oaxaca, Crean et Khynt, chacun monté sur un canasson postant un caparaçon de ses couleurs. Si Khynt resta perchée, Crean descendit de sa monture et défila devant les quatre cages.

La première contenait Xël. Crean s’adressa à lui d’une voix forte et ferme, comme s’il prononçait un jugement :

« Xël Almaran, comme convenu, vous aurez une vue imprenable pour admirer la mort des vôtres, avant d’être livré à Oaxaca en personne pour qu’elle vous châtie de vos crimes. »

Les guerriers en armure lourde et noire munies de piques s’emparèrent de la cage et la hissèrent sur une charrette, qui démarra sans attendre, quittant l’enceinte du palais pour prendre la direction du camp… Ou de ce qu’il en restait : les garzoks avaient démonté les tentes et autres aménagements, et se tenaient prêts, en légions, à partir. La plaine entourant le Palais n’était plus que dévastation et déchets abandonnés là, traces de feux de camp et autres tonneaux vidés de leur contenu. La charrette contenant Xël fut alignée avec d’autres, couvertes de bâches en tissu, masquant leur contenu. Des provisions ? Des créatures de Khynt ? D’autres surprises pour la bataille à venir ?

Dans la cour, Crean avança et poursuivit ses condamnations. Il passa devant la cage de l’elfe grise.

« Aenaria Imfilem. Vous êtes condamnée à mort séance tenante pour avoir attaqué deux généraux d’Oaxaca. La sentence est inéluctable. »

Il ouvrit la cage et agrippa l’elfe gris par la nuque sans qu’elle puisse y faire quoique ce soit. Il l’envoya au sol avec brutalité, et alors qu’elle pouvait à peine songer à se relever, il arma sa masse immense dans les airs. Le silence complet se fit, comme pour accueillir le son mat du choc, suivi du craquement du crâne de l’elfe, explosant sous le choc. Aenaria mourut instantanément, son corps inerte abandonné de toute vie. Une mort affreuse. Monstrueuse. Sans l’ombre d’une pitié. Crean Lorener récupéra son marteau de guerre, et comme si de rien n’était, poursuivit. Il atteint la cage de Cherock.

« Cherock O’Fall. Vous deviez subir le même sort que votre alliée. Il semblerait cependant que votre mise à mort ait été reculée par un accord avec le Général Khynt. Nous ne pouvons vous libérer pour autant : aussi vous resterez enfermé ici jusqu’à ce que nous revenions victorieux de la bataille. À vous de… survivre jusque là. »

Personne ne le garderait. Personne ne lui donnerait à manger ou à boire : il aurait comme seule compagnie le cadavre d’Aenaria non loin, dans la cour, à la merci des intempéries. Khynt le regarda et opina du chef avant de tourner la tête vers Faëlis, devant la cage duquel Crean arriva alors.

« Faëlis Nyris'Kassilian, vous avez été choisi pour faire passer le message de l’échec de votre mission auprès des hautes sphères kendranes. Soyez témoin du sort de vos compagnons, et n’omettez aucun détail à vos maîtres lorsque vous leur ferez votre rapport. »

Il ouvrit la cage, se saisit de l’elfe par la nuque comme il l’avait fait avec Aenaria. Mais au lieu de le projeter par terre, il le poussa en avant vers la sortie. De nombreuses mains se saisirent de lui, des guerriers de Crean, le tirant, le bousculant, le faisant choir et le relevant brutalement, jusqu’à ce qu’il soit sorti de l’enceinte du palais, désarmé et porteur d’un funeste message… Il devrait se rendre à destination seul, et à pieds, apparemment. Une punition en soi. Son paquetage ne lui avait pas été rendu, ni aucune de ses armes. La survie allait être rude, jusqu’à l’armée kendrane. Ou jusqu’à l’armée naine en tout cas, dont il pouvait approximativement situer la progression dans la campagne ynorienne, à au moins deux voire trois jours de marche de là.

Une fois ceci fait, Crean grimpa sur son cheval de guerre et prit la suite de Khynt vers leurs armées prêtes à déverser leur haine sur les kendrans et ynoriens. Nul ne resta dans le Palais de la Roseraie de Soie. Cherock y fut abandonné, désarmé de même, et sans paquetage, dans le fond de sa cage. Avec le corps de l’elfe grise non loin, au crâne défoncé.




[HJ : C’était ici votre dernière mise à jour en tant que groupe. Les futures consignes vous seront remises par MP sur Discord à partir de la semaine prochaine, après que vous ayez fait un post pour régler les présentes situations. Aenaria, je te laisse jouer ton personnage jusqu’à son exécution… Et sa faera vivante suite à celle-ci. Cherock : toute action tentée de ta part devra être validée sur discord. Faëlis, tu peux RP ton voyage rude pour rejoindre l’armée naine librement dans le sujet des « Plaines de Kôchii » (contourner le Lac de Nostyla parle nord, puis aller vers le sud des plaines pour trouver l’armée. Xël, tu peux RP jusqu’à la mise en route des troupes. Pareillement, toute tentative de ta part devra être résolue par MP sur discord.

La suite de vos consignes arrivera par MP sur Discord dès votre RP posté. Je noterai l’XP gagnée à la fin de votre post RP en fonction de ce que vous gagnez.
La première partie de l’event est terminée pour vous, et vous êtes désormais dans une phase semi-dirigée via consignes discord, jusqu’à l’arrivée de la seconde partie de l’event.

Blessures :
Xël : Blessure légère à la jambe gauche.


XP :
Tous : 0,5 (aparté)
Cherock : 1 (événement traumatisant)]

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Xël
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Xël » dim. 9 mai 2021 15:29

Je me réveille tôt. Gêné par ma position dans ma cage, juste assez reposé pour me remettre de mon épuisement. Mon esprit toujours aussi résigné, attendant la sentence attendu. Je le sens dresser des barrières, des murs étanches aux émotions vives. Je me prépare à mourir et surtout à voir mourir les autres. J’ai toujours au fond de moi l’espoir vain que les autres s’en sortent. Quel maudit sentiment que cet espoir n’apportant que son contraire. Je passe le reste de la matinée à observer les rayons du soleil glisser sur le mur de la chambre jusqu’à ce qu’enfin on vienne me chercher.

Les hommes de Crean se saisissent de la cage pour la déplacer plutôt que de m’en faire sortir. Ils me mènent dans la cour intérieur, m’alignant avec les cages des autres mercenaires. Je remarque avec soulagement que Cherock est en vie, un sentiment bien stupide étant donné qu’il est sans doute à quelques instants de perdre la vie. Je tourne mon regard vers les grands victorieux de cette mission, Crean Lorener et Khynt, à n’en pas douter. C’est la première fois que mon regard se pose sur lui... elle ? Difficile à dire d’ici tant son aspect est étrange. Impossible à décrire, une chair qui parait faite d’acier, un regard blanc, plutôt frêle. Elle reste sur sa monture alors que Lorener pose pied à terre pour s’approcher de moi et prononcer mon jugement. Comme il me l’avait annoncé, il va m’amener avec lui pour être témoin de la bataille entre nos royaumes. Puis il m’amènera devant sa reine pour qu’elle me châtie de mes crimes à son encontre. J’incline la tête en dardant un regard combatif dans le sien pour lui rappeler mon souhait de mourir en me battant, me battant contre lui.

Les guerriers saisissent à nouveau la cage pour me mettre sur une charrette qui se met en route pour quitter le palais alors que Lorener poursuit ses condamnations. Il condamne Aenaria à mort et sans attendre ouvre sa cage pour la saisir par la nuque. Mon estomac se tord. Voilà l’instant que je redoute tant, voir mes compagnons mourir. Je sens les barrières de mon esprit s’ériger pour m’épargner la scène mais mon regard reste figé sur la masse de Crean qui s’élève dans les airs. Impossible de m’en détourner. Mes mâchoires se serrent à m’en faire mal aux dents, mes poings liés se contractent mais inutile d’espérer quoi que ce soit. L’arme s’abat sur la crâne de l’elfe grise avec un fracas terrible alors que la charrette quitte le palais. Le bruit des os brisés et de la chair en bouillie résonne dans ma tête, encore et encore, se fondant avec un souvenir similaire dans le désert d’Arothiir. Ma vision se trouble alors que je sens la charrette s’arrêter. Je sens mon souffle se ralentir alors que le bruit de l’exécution laisse place à un bourdonnement. Mon corps est sur le point de lâcher, je peux le ressentir, incapable d’accepter une punition si atroce infligé aux autres. Je suis tiraillé entre la rage et la résignation. Puis soudain une pression sur mes épaules, une accolade amicale, un silence apaisant dans un décor épuré, brillant d’une lumière dorée. Au dessus de moi des volutes de pierres d’or soutenus par des rangées de colonnes entre lesquelles sont déposés des bassins. Devant mon visage s’agite une chevelure de paille, sèche, blonde, décoiffés qui s’écarte pour me laisser apparaître face à moi le visage lunaire de mon ami.

« Fin’... »

Lâchais-je, larmoyant, dépassé par mes émotions. Je le serre à nouveau dans mes bras, cherchant un réconfort que je ne peux trouver nulle part pour calmer ma frustration d’ être impuissant.

« Ça va aller Xël. Tu sais où nous sommes ? »

Je regarde autour de nous et même si je n’ai aucun souvenir du lieu où je me trouve les souvenirs de Finarfin fondues dans les miens m’apportent la réponse.

« Le temple de Nagorin. »

Il se défait de mon étreinte pour désigner l’ensemble du temple d’un geste.

« Je ne trouvais pas dans ton esprit un endroit assez agréable pour te calmer alors j’ai cherché dans le mien. C’est ici que j’ai trouvé de l’apaisement après avoir vu Esseroth en proie à la destruction. »

Quand j’ai échoué à la défendre.

Le visage de l’Esserothéen s’illumine d’un mince sourire.

« Nous ne pouvions qu’échouer, nous n’étions pas des soldats. Je dois te montrer autre chose... »

Poursuit-il avec un sourire plus mince encore bien qu’encourageant. Je hausse un sourcil, quitter ce temple qui m’apporte un peu de réconfort pour supporter ce à quoi je viens d’assister ? Pourquoi ? Non, je suis bien ici, en bonne compagnie. La seule idée de partir me refait surgir l’image du torse écrasé de Fin’ et le bruit du crâne écrasé d’Aenaria.

« Ça va aller Xël. Mais je dois te montrer, absolument. »

Il me donne une tape dans l’épaule, identique à celle que je lui assenais sur Aliaénon.

« Allez. Tu es prêt ? »

Je plonge mes yeux dans son regard endormi et incline la tête. Instantanément tout change, le décor se transforme. Les murs luisants d’or deviennent des bois feuillus et me voilà en plein coeur de la forêt d’émeraude. Dans la clairière où se dresse le titan. Finarfin désigne quelque chose du doigt, détournant mon regard du colosse pour observer le bout de son index et le suivre jusqu’à ce qu’il me montre. Moi. Immobile, coincé par la magie pesant sur la clairière, comme de nombreuses autres personnes. A ce moment je n’avais pas eu la vue d’ensemble que j’ai maintenant. Celle d’une clairière aux mille statues, simplement capable de bouger les yeux et d’observer le combat en cours.

« La situation était aussi désespérée. Est-ce que tu t’en souviens ? »

Biensûr que je m’en souviens, ça avait duré plusieurs jours. J’ai un pincement au coeur en revoyant la Reine de Treeof se battre avec hargne contre la liche.

« Est-ce qu’elle s’est résignée, Elle ? »

Je secoue doucement la tête.

« Elle voulait vous sauver, coûte que coûte, protéger les siens. Tu étais tant concentré sur le fait de vaincre Crean que tu as oublié ce que tu t’es juré de faire. »

Je hausse un sourcil, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. A nouveau il m’offre un sourire apaisant et l’environnement autour de nous se transforme, effaçant les arbres pour nous transporter dans une pièce en ruines, composée de pierre froide et sombre qui tremblent de plus en plus fort. Au sol sont fixées des tables en acier et les murs sont garnis d’outils dont certains gisent sur le sol aux côtés de débris de roche, enfin au fond de la salle repose une immense machine où git le corps d’Endar. Dans le mur un immense trou où passe à toute vitesse deux dragons, un mauve poursuivie par un noir. Je reconnais sans peine le laboratoire au sommet de la tour d’Orsan alors qu’elle était en train de s’effondrer. Elle se met d’ailleurs à pencher dangereusement et j’aperçois mon moi du passé s’accrocher de toutes ses forces à une table en libérant sa magie.

« Tu étais prêt à mourir ce jour là. Je m’en souviens très bien. »

Je m’avance vers l’ouverture donnant sur le vide, observant bien plus bas les autres aventuriers qui tentent de s’enfuir avant d’être écrasés.

« Mais c’était dans le but de sauver les autres. Ce n’était pas une mort vaine. Encore moins un abandon. »

Je darde mon regard vers moi qui lâche prise en criant d’effort pour libérer toute sa magie, ralentissant la chute inexorable du bâtiment qui se disloque dans les airs alors que moi aussi je suis entrain de chuter.

« Pourquoi tu me fais revivre ce moment ? »

« Pour te faire réaliser que ce n’est pas dans ton habitude de baisser les bras. »

« La situation était différente. »

« Tu voulais les protéger, les sauver et tu étais prêt à te sacrifier pour ça. Ta motivation était différente. »

Je crois que je commence à voir où il veut en venir.

« Tu veux dire que j’ai échoué parce que mon but n’était pas de protéger mais de détruire ? »

Il hausse brièvement les épaules et la pièce autour de nous change encore pour devenir une salle spacieuse au centre duquel trône une large table éclairée par la lumière pénétrant par les larges fenêtres donnant sur une plaine d’Or. La beauté du paysage ne dure qu’un court instant avant que le moment que je redoute tant se produise. J’en veux à Fin’ de me faire revivre ce moment, quand le Titan s’est extirpé de la terre pour tout dévaster, attrapant la Tour d’Or pour l’arracher comme de la mauvaise herbe. Je revis le moment de panique derrière moi tandis que Simaya bloque le temps pour nous laisser le temps de nous échapper.

« Ici c’est le temps lui même que tu as défié. Tu savais que tu n’aurais pas le temps d’ouvrir ton portail et de t’échapper avec elle mais tu te refusais à l’abandonner. Sans Jorus tu serais mort mais tu l’aurais sauvé elle et les autres. »

Je m’observe ouvrir mon portail et laisser Ibn, Jorus et Sheeala y entrer pour rejoindre la salle du fluide. Finarfin me met un coup de coude alors que mon coeur se serre encore en regardant la harpie.

« Tu es bien content de l’avoir sauvé. »

Je plisse mon regard.

Tu t’es rincé l’oeil petit coquin ?!

Il lâche un léger rire avant de reprendre plus sérieusement.

« J’ai un dernier souvenir à te montrer. »

Aussitôt me voilà au sommet du plateau surplombant le défilé derrière le mur d’Ynorie, non loin de Luminion.

« Ici aussi tu as refusé d’abandonner. »

« Je comprends ce que tu veux me dire mais les choses sont différentes. J’avais ma magie pour m’aider, maintenant je n’ai plus rien. »

« Tu l’as toujours, elle est simplement bloquée par cette cage. Je refuse de te voir te défaire de ta volonté en attendant de mourir. C’est hors de question, ça ne te ressemble pas. »

« Je n’ai aucune chance de m’échapper. C’est fini. J’ai perdu. »

« C’est faux. Il y a forcément une solution. Aucune cage ne pourrait retenir ta volonté. Sauve tes proches. Accroches toi à ça. »

Je glisse mon regard vers le Xël du passé, une fois encore. Prêt à en découdre, sous les commentaires encourageant de Fin ‘.

« Des situations comme celle que tu vis maintenant tu en as connu des dizaines et tu t’en es toujours sorti et tu as permis à d’autres de survivre. Ceux qui t’accompagnaient sont sans doute mort mais il reste des gens à sauver, un royaume à préserver. »

Je m’observe descendre du plateau rocheux et me frayer un chemin pour rejoindre le coeur de la bataille alors que mon ami poursuit.

« Simaya, Sheeala, Perussac, même le Sans Visage, aucun n’a choisi la résignation au moment où c’était difficile. Beaucoup de gens comptent sur toi, tu n’as pas réussi à neutraliser Crean et Khynt mais tu es en vie alors continue de te battre. Tu m’entends ! Ressaisis toi ! »

Il m’attrape par les épaules pour me secouer et je me retrouve dans ma cage, la jambe encore engourdie. J’inspire un grand coup comme si je sortais d’une longue apnée. L’émotion de l’exécution est passée, je regarde autour de moi, étourdi comme après une sieste trop longue. Je me redresse et observe le camp et le convoi avec un regard nouveau. Fin’ a raison. Je suis encore en vie et abandonné est indigne de moi, indigne des décisions que j’ai prise en m’engageant dans la guerre contre Oaxaca, indigne de mon ami qui s’est fondu dans mon esprit en me faisant don de son pouvoir immense. Alors que les charrettes se mettent en route je sens mon corps réagir.

La douleur, la tristesse, la culpabilité, le regret, la colère, toutes mes émotions alimentent le feu de détermination qui se ranime dans ma poitrine, faisant brûler une flamme dans mon regard alors que je me redresse dans ma cage. Crean, je te jure que je vais sortir d’ici et quand nous nous croiserons à nouveau, je serais assez puissant pour défendre mes proches. Maintenant ça va chier.


[XP : 0,5 (introspection/rêve/vision)]

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » jeu. 13 mai 2021 16:54

Au petit matin, un simulacre de tribunal fut organisé. Crean Lorener tenait toujours Xël en cage, en revanche, il tira Aenaria de la sienne et la jeta à terre. Faëlis tendit une main :

« Non ! »

Mais il état trop tard. D'un coup de son lourd marteau de guerre, il l'avait abattu. Quand à Cherock, il avait apparemment passé un marché avec Khynt pour survivre... difficile de le lui reprocher. Faëlis, pour sa part, fut tiré de sa cage et jeté à l'extérieur du camp comme un déchet. Sans ses affaires, ni aucune arme, il ne pouvait plus faire grand-chose d'autre que s'enfuir en courant...

À peine arrivé dans la forêt, la première chose qu'il fit fut d'arracher un gros morceau d'écorce et de ramasser une pierre qu'il tailla pour y écrire ces mots :

« Message de Faëlis. Expédition de la Roseraie de soie est un échec. Nombreuses victimes. Préparez-vous à l'arrivée de l'armée Crean et Khynt. »

Puis, invoquant sa magie, il fit s'envoler le message pour qu'il parte en direction de la cible qu'il lui avait donné : le général Andel'ys. Il allait s'enfoncer dans la forêt quand une voix étrange retentit dans son esprit. Il lui sembla un instant qu'une vision impossible se formait devant ses yeux. Comme une sorte de fée bleue. L'elfe cligna des yeux, incertain de ce qu'il voyait. Esr-ce que la folie de ces dernières heures lui avaient retourné l'esprit ?

L'apparition se mit à parler. Elle expliqua être envoyée par Cherock pour l'avertir que le palais n'était plus gardé. L'armée s'était mise en marche et avait abandonné l'un de ses prisonniers derrière elle. En passant par le passage secret, peut-être pourrait-il s'y glisser pour le libérer... et donner une sépulture décente à Aenaria.

Comment pourrait-il refuser ? Le magicien s'était sacrifié pour lui, et il était partiellement responsable de leur situation par son incompétence. Il hocha la tête :

« J'ignore si je pourrais repasser la porte seul, mais je vais essayer de trouver un moyen, tu as ma promesse. »

Alors, il ramassa quelques branches dures et se dirigea vers le passage qu'ils avaient emprunté et rebouché. Il se glissa dans les profondeurs, éclairé par sa lumière intérieure, jusqu'à la porte. Il lui fallut de longues minutes d'effort, et l'utilisation de son pouvoir de lumière pour rester en forme mais, à force de la secouer, de faire glisser le loquet et de glisser du pied ses branches dans quelques centimètres, il parvint finalement à la soulever et à se glisser à l'intérieur.

Il passa une tête et regarda les fenêtres traîtresses qui les avaient si cruellement desservies. Là-bas, il y avait effectivement la cage de Cherock. Il avait été abandonné ici, apparemment sans gardes. Cela semblait presque trop beau... Enfin, encore fallait-il quelque chose pour ouvrir cette fichue cage...

Il fouilla la salle d’entraînement sans rien trouver qui pourrait l'aider à le libérer. Il s'engagea donc dans l'escalier, à l’affût, l'oreille tendu. Cela faisait étrange d'entendre un palais aussi silencieux. C'était ce silence qu'on aurait attendu d'une ruine envahie de végétation, mais il n'en était rien. Le palais était en parfait état, tout juste abandonné. Pas un son, rien...

Il monta à l'étage, jusqu'à l'appartement de Crean Lorener. Celui-ci était déjà pas mal retourné, aussi, il fit bientôt une trouvaille inespérée : des coffres contenant l'ensemble de leur équipement ! Seul celui de Xël manquait à l'appel, sans doute emporté avec lui par l'armée.

L'elfe renfila son armure, récupéra son arc, ses flèches... et en quelques minutes il était rééquipé de pied en cape ! Mais surtout, en sortant ses affaire, il tomba sur le don d'Aaria, qu'il avait jadis ramené d'Elysian... et son regard s'éclaira. Il avait oublié cet objet sacré ! Par les dieux, oui ! C'était exactement ce dont ils avaient besoin !

Euphorique, il redescendit presque trop vite l’escalier, se reprenant pour se calmer. Il fallait rester prudent ! Il avait eu une chance inouïe, ce n'était pas le moment de la gâcher.

C'est donc après être revenu dans la salle d'arme et avoir soigneusement inspecté les alentours pour s'assurer qu'il ne voyait aucun garde, même sur les balustrades, qu'il se décida à entrer dans la cours. Là, il rejoignit la cage et tira son sabre en soufflant :

« Cherock ! C'est moi ! Je vais essayer de te sortir de là... »

Et il commença à s'activer sur le cadenas de la pointe de son arme. Tant pis s'il la brisait dans l'affaire. Le plus important était de sortir son compagnon de là. Le mécanisme était cependant solide, et le semi-ynorien, affichant un faible sourire, lui proposa plutôt d'aller chercher son marteau de guerre.

« Bonne idée ! »

L'elfe remonta vers la chambre pour récupérer l'arme et redescendre. Toujours aucune trace d'activité. Il renonça donc à toute discrétion et frappa de toutes ses forces sur le cadenas. Encore un coup... encore un coup ! Cela n'aurait pas dû être compliqué, mais les derniers jours avaient été éprouvants et le bras du jeune homme commençait à faiblir. Il avait déjà peur à l'idée de ce qu'il verrait la prochaine fois qu'il regarderait dans un miroir...

Et, enfin, le cadenas se brisa... et c''est à ce moment là qu'une voix familière se fit entendre derrière lui. Le Sans-nom de la Rose était là, regardant sombrement Aenaria en demandant ce qui s'était passé. Bouche béé, Faëlis resta figé quelques instants.

« On s'est fait écraser, voilà ce qui s'est passé, lâcha-t-il avec humeur. Et vous ? Vous étiez avec l'armée ? Ils s'en sont sorti ? On a vu des flammes... »

Cherock n'était pas en reste, également assez remonté. La réponse ne se fit pas attendre... et il changea d'apparence pour adopter un visage bien connu. Bouche béé, Faëlis contempla Cromax qui promettait que les cavaliers s'étaient enfui. Il était venu en recevant le message envoyé par l'archer afin de les aider. L'elfe regarda l'ancien maître des Amants en silence, et rougissant légèrement à la pensée de ce qui s'était passé récemment entre eux. Difficile de dire s'il était déçu que le Sans-nom n'ait été qu'une identité de façade... ou plutôt de découvrir tant de cachotteries !

« Je... voilà bien une surprise, Cromax... J'ai un moyen de sauver Aenaria, cependant. »

(((Envoie d'un message à l'armée de Kendra Kâr)))
Modifié en dernier par Faëlis le mer. 19 mai 2021 12:52, modifié 1 fois.

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Aenaria
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Aenaria » ven. 14 mai 2021 18:12

Je tins en haleine ma maîtresse pendant de longues heures, lui changeant les idées, la gardant le plus calme possible, un honneur pour moi car j’espérais tout comme elle une forme de sursis, un peu plus de temps avec elle. Je n’avais pas envie de la quitter aussi tôt dans notre relation, nous avions encore tant de choses à partager elle et moi…

Sa détermination, son courage, sa bienveillance, son altruisme, toutes ses belles qualités qui faisaient d’elle un être vivant généreux, à l’image de sa mère que j’avais côtoyé durant de longues années. Mais elle pouvait se montrer tempétueuse, colérique, un peu tête brûlée, jalouse, des défauts typiquement humains mais qui faisaient d’elle un être entier.

Ma sindel finit par entrer dans un demi-sommeil, lui permettant d’oublier un peu la sentence qui avait été prononcée par le premier des Treize. Pendant ce temps, je fis des tentatives désespérées pour sortir de cette maudite cage afin d’aller chercher de l’aide à la vitesse de la lumière. Le métal de la geôle de ma maîtresse avait dû être enchanté afin d’empêcher toute forme de magie d’en sortir, pas de chance pour moi.

Des heures après la visite de Crean, notre duo fut visité par ses soldats qui vinrent, je le crus à tort nous libérer de cette maudite cage. Au lieu de ça, ils déplacèrent la cage dans la cour principale du Palais, les alignant les unes à côté des autres. Je pus ainsi voir l’état des membres de l’expédition : Xël était à droite de Naria, en bonne santé, Cherock à sa gauche avait recouvert le plus clair de ses forces et Faëlis semblait être en bon état également.

Dans la cour, je vis également une petite troupe de guerriers accompagnant Crean et Khynt chacun assis sur un cheval portant leurs couleurs respectives. Le Premier descendit et s’approcha de la cage de l’aéromancien. Il fit résonner sa voix dans la cour expliquant qu’il pourrait voir la mort de siens avant d’être livré à Oaxaca. La simple évocation de ce nom me tira une grimace fort peu sympathique, car je connaissais la réputation de la demoiselle.

La cage fut alors soulevée pour être disposée sur une charrette qui sortit rapidement de l’enceinte du Palais et Crean avança alors vers ma sindel. Je croisais les doigts espérant que la sentence n’allait pas tomber de suite, qu’elle suivrait également Xël. Je retins ma respiration quelques secondes mais mon espoir retomba car sa condamnation à mort. Sa voix résonna alors dans ma tête.

(Crystallia)
(Oui…)

Crean ouvrit la cage et agrippa Aenaria par la nuque la faisant sortir violemment et lui fit faire quelques pas.

(Peu importe ce que tu verras ici, ce que tu ressentiras en me voyant mourir, n’oublie pas ton devoir, tout comme je n’ai jamais oublié le mien. Choisis-toi un maître bon qui saura t’apprécier à ta juste valeur. Ne me pleure pas trop longtemps et s’il-te-plaît, fais quelque chose pour moi.)
(Tout ce que tu voudras.)

Elle fut brutalement jetée au sol comme une malpropre, tombant lourdement, retenant un cri de douleur.

(Annonce à Ehemdim et aux Sages que je suis morte. Si ils doivent l’apprendre de la bouche de quelqu’un, je veux que ce soit par toi.)
(Il sera fait selon tes désirs Naria…)
(Ne m’oublie pas Crystallia…)
(Jamais…)

Je pouvais sentir les tremolos dans ma voix au même où la masse de Crean explosa le crâne de ma maîtresse.

(NNNNOOOOONNNN !!!!)

Je savais que sa mort devait arriver mais je n’étais pas prête à l’affronter. Je venais de perdre le deuxième membre de la famille Imfilem en moins de d’une année. Le sort s’acharnait sur moi ! La mère avait été assassinée par son fils et maintenant la fille avait été condamnée à mort par le Premier des treize pour avoir voulu défendre ses idéaux. C’était lui qui méritait de mourir, pas elle, pas cette belle âme qui avait encore toute la vie devant elle.

(Pourquoi suis-je encore une fois impuissante à sauver ma maîtresse ?)

Tournant la tête vers la cour, je me rendis compte qu’il n’y avait plus personnes à part Cherock qui était le seul être vivant présent. Regardant l’humain puis ma maîtresse, je compris alors ce que Crean avait pu faire au mage de foudre : le laisser mourir à petit feu sur place avec le cadavre d’Aenaria sous les yeux. Un châtiment pire que la mort que d’être laissé là…

Ma douleur était tellement grande en cet instant pour la mort d’Aenaria, qui je le savais allait bientôt rejoindre Fania, Zotar et Gameleb auprès de sa déesse lunaire. La vie pouvait être tellement injuste, inhumaine et destructrice. De la peine, de la tristesse, un sentiment de perte immense, un grand vide, voilà ce qu’il y avait à la place de mon cœur même si beaucoup pensait que nous n’avions pas de cœur.

Regardant une dernière fois en direction de Cherock et compatissant avec sa peine, je jetai un dernier regard vers mon ancienne maîtresse, avant de remplir la mission qu’elle m’avait confié.

- "Elena... Elena... Tu m'entends ?"

De la surprise, de l'étonnement, une probabilité infime... Une voix résonna dans la cour, celle du fulguromancien qui était encore dans sa cage magique, m'appelant à l'aide, ou du moins une ancienne moi. Il connaissait mon existence, je pouvais me montrer à lui sans problème sous une forme basique, celle de la petite fée bleutée que tous mes maîtres connaissaient.

- "Me voilà Cherock..."

Ma voix était encore remplie de sanglots car j'avais dû rebrousser chemin pour m'adresser à l'humain plus facilement.

- "Elena... Je suis désolé... Je ne pouvais en choisir qu'un.... Je sais que c'est grâce à toi qu'Amy a pu contacter Aenaria et qu'elle a pu me guérir. Et je t'en suis éternellement reconnaissant... Mais pourrais-tu me rendre un dernier service ? Et... Si c'est trop dur pour toi... Je comprendrais."

Je reçue en plein visage la phrase d'excuse de l'humain, il n'avait pu en choisir qu'un et ce un était Faëlis. Ma maîtresse aurait pu vivre plus longtemps, elle aurait pu rentrer à Kendra Kâr saine et sauve... Ou bien cela aurait pu être Xël au sol ou Faëlis... Aenaria était morte en suivant ses idéeaux, je ne devais pas rejeter ma colère sur un homme qui avait sauvé un autre être vivant.

- "Tu as du faire un choix en ton âme et conscience... J'y ai perdu ma maîtresse, le deuxième membre d'une même famille... "

Mes pensées volèrent vers Fania qui avait été une maîtresse tendre et aimante, envers ses parents, son mari et ses enfants. Je chassai rapidement ce triste souvenir de ma mémoire et répondit à l'humain.

- "J'ai fait ce qu'il fallait, entre faera on s'entraide pour nos maîtres respectifs lorsque cela est possible. Pour ton service, tout dépendra de quoi il retourne ?

- ... Faëlis. Il a pu s'en sortir, et Crean et Khynt ne semble pas être au courant du passage souterrain. Si tu pouvais lui demander de revenir par ce passage, il pourrait peut être me tirer de là. Et à deux... On pourra donner une sépulture décente à Aenaria. Puis, la venger"

A l'annonce du nom de la seule personne qui avait pu s'en sortir, mon sang ne fit qu'un tour enfin, la magie dans mon corps. Néanmoins, en restant attentive aux propos de l'humain, je sentis ma peine s'alléger quelque peu.

- "Ton geste envers ma maîtresse me touche. Je t'aiderai donc dans ta quête. Mais et toi ?

- Faëlis a su montrer une force insoupçonnée, tu l'as bien vu. Si mes armes sont toujours là, ou avec une des armes de la salle d'entraïnement, il pourrait bien pouvoir faire sauter le loquet. s'il n'y arrive pas... Eh bien, au moins Aenaria reposera en paix, bien que je ne sache rien des rites funéraires sindeldi. Et Faëlis pourra toujours trouver un peu de nourriture dans ce foutu palais, pour me faire tenir et lui permettre de rentrer plus facilement.

- Bien. Tiens le plus possible Cherock. Aenaria te dirait de méditer pour préserver ton corps, ton attente peut être longue avant l'arrivée de Faelis. Je vole vers lui au plus vite."

Regardant une dernière fois le corps sans vie d'Aenaria, je partis aussi vite que possible a la recherche de Faelis.


***



Après plusieurs heures de recherches, je retrouvai la trace de l'hinion qui semblait fatigué et essoufflé d'avoir couru sans s'arrêter afin de fuir le palais au plus vite. Me glissant à sa hauteur, je dus prendre une décision importante, celle de me montrer à une personne qui ne me connaissait pas mais qui pouvait potentiellement aider ma maîtresse. Il pratiquait la magie, il avait peut être déjà eu connaissance de l'existence des faeras sinon il me prendrait simplement pour une apparition magique portant un message. Je n'avais pas le choix, la vie de Cherock était en jeu. Prenant mon courage à deux mains, j'apparus sous la forme d'une fée bleue juste devant Faëlis.

- "Bonjour Faëlis. J'ai besoin de ton aide. C'est Cherock qui m'envoie. Il me demande de t'informer qu'il n'y a plus personne dans le palais, que tu peux reprendre le passage souterrain pour le rejoindre et le libérer. Il souhaite avec ton aide donner une sépulture descente à Aenaria. Est-ce que tu peux l'aider ?"

J'étais maintenant dans l'attente de sa réponse.

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Akihito
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Akihito » mar. 18 mai 2021 22:57

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

24 : Partir avec fracas.

Il n'eut pas a attendre longtemps, bien que tout semblait incroyablement long, dans cette cage. Le sommeil vint difficilement, interrompu à de nombreuses reprises par des bruits suspects, la douleur de sa position inconfortable, ou tout simplement les jeux de son esprit. Il maitrisait pour l'heure son système digestif, ayant tout de même pu se soulager à travers les barreaux et suffisamment loin pour que la flaque ne l'atteigne pas. Il en supportait déjà l'odeur, alors s'il pouvait en supporter le contact... Il ne s'en porterait que mieux.

Ses pensées dérivèrent vers ses compagnons. Avaient-ils pu, comme lui, marchander un peu ? Avoir un sursis ? Et qu'en était-il des autres équipes ? Eux avaient magistralement échoué à prendre la tête de leurs deux cibles, une évidence. Le groupe parti chasser Karsinar et Perailhon affrontaient eux aussi deux puissants adversaires, mais à la renommée moindre que celle de Crean : peut être avaient-ils une chance.

Le groupe s'occupant de la Mer verte et des nécromants... Celui de ser Kiyoheiki et Yliria. Leur mission était la moins éloignée, aussi peut-être avaient-ils déjà
résolus ce mystère. L'enchanteur espérait que malgré ses doutes, aucun des terribles 13 Nécromants ne seraient sur place, sans quoi la tâche allait s'avérer encore plus ardue.

(j'espère qu'elle s'en sort.)

Yliria était forte, assurément. Mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle, quelque part : elle avait beau être venu en connaissance de cause, c'était une jeune fille instable - et à raison. Si la nouvelle de sa capture lui parvenait, sachant désormais qu'elle nourrissait probablement bien plus qu'une simple amitié à son égard, qui sait de quoi elle serait capable.

(C'est une tête brûlée doublée d'une tête de mule, ça ne m'étonnerait pas qu'elle se mette en tête de traverser tête baissée l'armée d'Omyre pour sauver ta tête. Et t'en coller une, au passage.)

(T'as d'autres jeux de mots en "tête" sous la main ?)

(Eh je fais ce que je peux pour te distraire, alors sois un peu bon public ?)

Malgré sa situation précaire, il trouva la force de rire un peu : une action aussi téméraire... C'était définitivement quelque chose que la semi-shaakte pourrait sortir.
Evidemment, ses pensées dérivèrent aussi vers Anthelia, bien que teintées de moins d'inquiétude. Elle était avec l'armée, entourée d'un grand nombre de soldats. Elle risquait bien moins sa vie qu'Yliria qui faisait partie d'un commando.

Et alors qu'il trouvait du réconfort à se plonger dans ses souvenirs avec la tatoueuse, la porte de sa cellule s'ouvrit avec grand bruit. Sans un mot, plusieurs des gardes d'élite de Crean entrèrent et sans effort apparent, soulevèrent sans ménagement sa cage. un moyen de transport assurément rude qui le brinquebala entre les parois métalliques, lui valant une jolie bosse à l'arrière du crâne. Il traversa rapidement une série de couloirs et arriva avec son "escorte" dans la cour où il avait fait irruption en sautant à travers la fenêtre. Il n'y avait plus de trace du colosse métallique de Khynt, mais cette dernière était présente, juchée sur un cheval aux côtés de Crean. Derrière eux, les portes ouvertes laissaient apercevoir l'armée en rang, prête à partir, ainsi que plusieurs charrettes bâchées. Sa cage alla rapidement rejoindre celle de ses compagnons, et les quatre s'échangèrent tout à tour des regards longs, graves. Akihito était le seul libre de ses mains, sans doute car il avait été jeté dans sa geôle inconscient. Puis, le lourd pas qui avait résonné dans sa tête pendant ses rares instants de sommeil battirent le pavé. Crean était prêt à rendre son jugement. Enfin, jugement... C'était tout relatif, du point de vue d’Akihito.

Xël s'en tirait... Presque bien. Il avait obtenu un sursis à sa façon, et par un moyen que l'Ynorien ignorait. Quoi que ce soit, c'était assez important pour que la Reine Noire en personne soit présente. Ce qui fit questionner Akihito sur la pertinence d'une telle décision. Et alors que la cage de l'aéromancien était en train d'être chargée à l'arrière d'une des charrettes, le titan s'approcha de la prison d'Aenaria.

« Aenaria Imfilem. Vous êtes condamnée à mort séance tenante pour avoir attaqué deux généraux d’Oaxaca. La sentence est irrévocable. »

Tout s'enchaîna très vite. Le loquet qui s'ouvre. La puissante main cuirassée qui se referme sur la nuque frêle de la Sindelle, puis l'envoie rouler au sol. La tête du marteau qui s'élève, et s'abat. Fracasse le crâne de celle qui avait accompagnée le jeune homme pendant ce court mais intense voyage.

il avait expérimenté la douleur de cette même masse, sa poitrine lui faisait mal rien qu'à la voir et ses yeux ne cessaient de fuir instinctivement l'arme de malheur. Pourtant. Pourtant, Akihito ne pouvait éloigner trop longtemps ses yeux de ce qu'il se passait. Le rationnel en lui savait qu'après cette tentative d'assassinat raté, ce n'était que la suite logique des choses, qu'il s'y était préparé dans la cage. Mais la raison et la peur ne faisait que bien peu de poids face à la colère et l'impuissance qui dévorait sa peau. La mâchoire crispée, les phalanges blanchies autour des barreaux qu'il avait serré sans s'en rendre compte, il vit le bourreau de son amie s'approcher de sa cage. Terrible. Imposant. Inéluctable.

« Akihito Yoichi. Vous deviez subir le même sort que votre alliée. Il semblerait cependant que votre mise à mort ait été reculée par un accord avec le Général Khynt. Nous ne pouvons vous libérer pour autant : aussi vous resterez enfermé ici jusqu’à ce que nous revenions victorieux de la bataille. À vous de… survivre jusque là. »

On ne faisait que peu de cas de lui. Il jeta un regard à la Générale... Le Général...? A Khynt, dans l'espoir de trouver une raison à cette décision insensée. S'il voulait son savoir sur les tatouages arcaniques, pourquoi l'abandonner ainsi à une mort très probable ? Sans eau ni nourriture, comment allait-il pouvoir survivre durant les jours qu'allaient durer la bataille et les voyages allers et retours ? Il avait entendu parler de personnes se privant de nourriture en forme de protestation passive, et qui restaient ainsi durant deux, voir trois semaines. Mais ils pouvaient boire. Et lui, non. C'était le sort que semblait approuver Khynt. Elle n'était pas si différente des autres, en fin de compte. Trop en colère pour entendre les mots exact du général suprême à Faëlis, il le vit néanmoins être libéré, puis relâché sans ménagement hors du palais. Sans armes, sans provisions. Au moins Khynt avait-elle tenu sa promesse en relâchant l'Hinïon.

Sans un regard au cadavre ou au fulguromancien encore emprisonné, la cour se vida peu à peu de ses habitants. Le corps sans vie d'Aenaria gisait à quelques mètres de lui, le sang suivant lentement le tracé des pavés et se dirigeant inexorablement vers Akihito. Ce dernier luttait déjà pour garder le peu qu'il avait encore dans son estomac à l'intérieur de son corps, il n'avait pas en plus besoin d'observer le fleuve carmin se diriger vers lui. Dans sa tête, Amy tentait toujours de maintenir son moral à un niveau acceptable, malgré la nervosité dans sa voix. Et ça marchait un peu en quelques sorte. Il imaginait que les paroles de la Faëra de la Sindelle avait dû l'aider à affronter son destin...

Faëra qui était elle aussi emprisonnée dans la cage... Jusqu'à ce qu'elle ai été ouverte pour brutalement exécuter sa résidente. La voix d’Akihito s'éleva. D'abord rauque, d'une rage et d'une tristesse contenue, elle se fit plus nette alors qu'au lieu de combattre ces émotions, il les accueillait comme un combustible de sa motivation et de sa volonté de survivre. Pour faire payer Crean.

"Hitomi... Hitomi... Tu m'entends ?

- Me voilà, Akihito..."

Elle apparu sous la forme d'une petite forme ailée bleutée, féminine, ressemblant beaucoup à Amy. Elle ne pleurait pas car il doutait que ces êtres de magie en était capable, mais elle l'aurait volontiers fait si elle le pouvait, selon lui.

"Hitomi... Je suis désolé... Je ne pouvais en choisir qu'un...

- Tu as du faire un choix en ton âme et conscience... J'y ai perdu ma maîtresse, le deuxième membre d'une même famille... "

Il savait, au plus profond de lui, que c'était inutile de s'en vouloir. il avait déjà réussit à sauver la vie de Faëlis, alors qu'ils devaient tous y passer. S'il avait choisit Aenaria, c'aurait été l'Hinïon qui serait mort. Mais la culpabilité le rongeait tout de même.

"Je sais que c'est grâce à toi qu'Amy a pu contacter Aenaria et qu'elle a pu me guérir. Et je t'en suis éternellement reconnaissant... Mais pourrais-tu me rendre un dernier service ? Et... Si c'est trop dur pour toi... Je comprendrais."

Elle hésita un instant, avant d'accepter. Invoquant une solidarité faërique, mais qui s'arrêterait si sa demande était trop irraisonnable.

"... Faëlis. Il a pu s'en sortir, et Crean et Khynt ne semble pas être au courant du passage souterrain. Si tu pouvais lui demander de revenir par ce passage, il pourrait peut être me tirer de là. Et à deux... On pourra donner une sépulture décente à Aenaria. Puis, la venger.

- Ton geste envers ma maîtresse me touche. Je t'aiderai donc dans ta quête. Mais et toi ?

- Faëlis a su montrer une force insoupçonnée, tu l'as bien vu. Si mes armes sont toujours là, ou avec une des armes de la salle d'entraïnement, il pourrait bien pouvoir faire sauter le loquet. s'il n'y arrive pas... Eh bien, au moins Aenaria reposera en paix, bien que je ne sache rien des rites funéraires sindeldi. Et Faëlis pourra toujours trouver un peu de nourriture dans ce foutu palais, pour me faire tenir et lui permettre de rentrer plus facilement.

- Bien. Tiens le plus possible Akihito. Aenaria te dirait de méditer pour préserver ton corps, ton attente peut être longue avant l'arrivée de Faelis. Je vole vers lui au plus vite."

Dans un flash bleuté, la Faëra disparut, partant à la recherche de Faëlis. Akihito, de son côté, tenta de trouver un moyen de rendre l'attente la plus supportable possible. Le printemps avait beau être encore à ses débuts, le soleil était lui bien présent et chaud. Une température qui était sans aucun doute agréable, mais qui le devenait nettement moins lorsqu'on était exposé à l'astre lumineux sans ombre pendant plusieurs heures. La faim commençait à tenailler Akihito, de plus en plus. Il n'avait pas mangé depuis leur dernier repas juste avant l'assaut, ce qui devait remonter à deux jours. Sa seule nourriture était les potions a sa ceinture, mais elle ne devait pas caler bien plus que de l'eau. Et après avoir essayé pour apaiser sa gorge parcheminée et les maux de têtes renforcés par l'odeur de sang du cadavre de la pauvre Sindeldi, il put confirmé que s'il ne mourrait pas de soif, il allait souffrir de la faim à rester plusieurs jours ainsi. Alors lorsqu'il entendit des pas en armure dans son dos, il tourna un oeil hagard. Qui cela pouvait-il être ? Faëlis ? Il avait pu revenir ? Ou était-ce un retardataire ? Dans le doute, Akihito serra dans sa main son médaillon : Qui que soit la personne si elle voulait faire du zèle auprès de Crean et l'achever, il allait vendre cher sa peau.

heureusement pour lui, c'est la silhouette armurée et familière de Faëlis qui déboula dans la cour. L'enchanteur lâcha un soupir de soulagement et un maigre sourire orna son visage : Hitomi avait pu le trouver.

"Content de voir un visage connu..."

l'Hinïon commença à s'acharner sur le loquet avec sa lame, mais le prisonnier commençait à douter de l'utilité de la chose.

"Faëlis, mieux vaut chercher quelque chose de plus lourd pour défoncer le loquet. Avec ta force, ça devrait le faire : tu as trouvé mon marteau ? Peut être qu'il est toujours dans la chambre de Crean.

- Bonne idée !"

Et l'elfe parti d'une traite, avec un certain empressement. Allait-il trouver l'arme ? Crean avait sa propre arme qui était à n'en pas douter de tout premier ordre. Mais une relique pareille pouvait aussi bien l'intéresser comme trophée, ou Valyus savait quelle raison. Au bout de plusieurs minutes, Faëlis revint avec le Marteau runique dans les mains, ce qui fit pousser un soupir de soulagement au jeune homme. L'arme était devenu très importante sentimentalement pour l'Enchanteur, et il était rassuré de savoir qu'elle n'était pas entre les mains de l'armée d'Oaxaca. L'Hinïon banda des muscles, et frappa un énorme coup sur le loquet, qui trembla sous l'impact. Un deuxième coup acheva de déformer le loquet, ce qui libéra enfin Akihito. Ce dernier ne se fit pas prier pour dégager sa porte de prison d'un solide coup de pied et en sorti, dépliant ses muscles endoloris.

Et le duo n'était pas au bout de ses surprises. Car une autre silhouette armurée familière émergea du bâtiment, et elle n'était autre que celle du mystérieux Kendran qui les avaient guidés ici. Il regarda le corps sans vie d'Aenaria, et demanda d'une voix sombre ce qu'il s'était passé. Faëlis se montra... Evasif, et concis : ils avaient été vaincus. Puis, il s'enquit de comment s'était déroulée la suite des évènements de son côté, avec le contingent de Perussac. Cela fit remonter tous les doutes qu’Akihito nourrissait à l'encontre de cette personne, encore plus maintenant qu'il se montrait ici. Seul. Pile au moment où Faëlis le délivrait.

Défaisant son manteau, Akihito recouvrit le corps d'Aenaria. Sa vue était le signe le plus retentissant de leur échec, et elle méritait un minimum de respect que Crean ne lui avait pas octroyé en l'exécutant. Puis, il se tourna vers l'homme. Désormais capable d'employer sa magie, il était prêt à l'attaquer s'il le fallait.

"Qui êtes vous ? On ne sait pas qui vous êtes, vous connaissez la présence d'un passage secret chez un partisan d'Oaxaca, vous disparaissez avec une magie qui nous est inconnue. Jusqu'à présent, je n'en avait pas tenu rigueur car ça ne me concernait pas, et que vous sembliez connaître Faëlis et Aenaria. Mais maintenant que vous vous pointez comme une fleur après tout ce qui s'est passé, pile quand Faëlis me libère... Un simple sourire évasif ne va pas me satisfaire."

Ses propos étaient teintés d'une menace à peine voilée, sa voix froide. Son amie avait été exécutée sous ses yeux, il avait frôlé la mort lui même, n'avait pas mangé depuis des jours... En un mot comme en cent, il n'était pas de bonne humeur. Et comptait bien savoir de quel côté il allait ranger le mystérieux épéiste.


HRP :



[XP : 0,5 (discussion avec la faera) + 2 (enfermement et libération)]

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Faëlis
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » lun. 31 mai 2021 21:46

Cromax expliqua avoir le même moyen, ramené d'Elysian, pour sauver la jeune femme. Mais Cherock ne l'entendait pas de cette oreille.

Le prisonnier fraîchement délivrer explosa alors, accusant le sindel de les avoir livré à leurs ennemis. Et il avait de bonnes raisons de le penser : Khynt lui-même avait affirmé que l'ancien chef des Amants de la Rose Sombre avait prêté serment à Oaxaca.

Impossible ! L'elfe blanc resta planté là, paralysé de stupeur. Il devait y avoir un malentendu... C'était tout simplement aberrant !

« Pourquoi... pourquoi ? Nous avons combattu ensemble les ténèbres sur Elysian ! Nous avons repoussé les complots de votre organisation... aviez-vous été découvert ? Est-ce pour cela qu'ils cherchaient à vous éliminer ? »

L'idée qu'il se soit retrouvé embrigadé à défendre un serviteur d'Omyre contre ceux qui l'avaient démasqué était tout simplement révoltante. Il serra les poings, impuissant :

« Vous devez nous fournir des explications, en effet ! À quoi rime cette mascarade ? Pourquoi nous envoyer à la mort et ensuite revenir nous chercher ? »

Billonnant de rage, il désigna Aenaria :

« Ramenez-là... car à mon sens vous êtes plus responsable de sa mort que nous ! »

Évidemment, il ne sembla guère apprécier, affirmant qu'il les avait cru capable de vaincre. Pour sa part, il n'adorait que la liberté et se refusait à servir quelque camp que ce soit. Ce genre de discours lui ressemblait plus. Il préférait parler par ses actes, et, de fait, il usa de sa relique pour ramener l'elfe à la vie. Puis, il demanda à Faëlis de terminer de la soigner. Celui-ci se précipita :

« Cela est vrai... je ne vous ai jamais vu faire le mal... Khynt aurait donc menti ? Mais pourquoi ? »

Tout en disant cela, il commença à invoquer ses pouvoirs pour soigner la moribonde, en même temps que Cherock lui donnait une potion... Elle reprit bientôt des couleurs. Elle respirait ! Soulagé, Faëlis commença enfin à se détendre. Il écouta les deux autres, notamment Cromax qui se justifiait, et assurait qu'il n'était pas avec Oaxaca et demandait également où était Xël. Il confirma la réponse de Cherock :

« Oui, il a été emporté. Il faut aller le chercher ! Ils ont l'intention de l'exécuter après la bataille ! Ensemble, on a peut-être une chance ! »

Maintenant qu'Aenaria était relevée, il reprenait courage. Tout n'était pas perdu ! Mais le sindel secoua la tête : il serait risqué de tous s'y rendre. Il préférait y aller seul, ou avec seulement un compagnon qui sache être discret. Faëlis devait bien reconnaître que la discrétion n'était pas son fort. D'autant qu'il était le mieux à même de veiller sur Aenaria le temps qu'elle soit complètement remise.

Cherock, en revanche, bien que toujours assez peu convaincu, souhaitait se porter volontaire, l'hinïon répondit donc à la blessée :

« Pour ce qui est de l'équipement, tout est là-haut, je vais vous le chercher. Quant à Xël, laissons-les gérer cette mission. Pour ma part, je vous accompagnerais sur le retour. Vous avez besoin de repos et ma magie pourra vous y aider. Même si je répugne à l'idée de laisser Xël en danger, je crains que nous ne soyons une gêne pour cette mission. Rentrons vers l'armée des nains. »

Il se tourna vers Cherock :

« D'ailleurs, les armes de notre compagnon se trouvent aussi là-haut, vous devriez peut-être les lui rapporter. »

Ainsi, le groupe se mit d'accord : Cherock et Cromax allaient partir sauver Xël tandis que Faëlis allait ramener Aenaria au camp. Le sindel les averti néanmoins de la présence de gobelins aux alentours de l'armée en marche... L'hinïon hocha la tête et le remercia. Puis, il aida la blessée à se relever :

« Venez. Allons chercher vos armes et mettons-nous en route au plus vite. »

Il se tourna une dernière fois vers les deux autres :

« Bonne chance. Vous en aurez plus besoin que nous... »

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Akihito
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Akihito » ven. 4 juin 2021 11:07

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

25 : L'homme des légendes.

L'ambiance, déjà peu propice aux joyeusetés, ne s'améliora pas avec la question cinglante d’Akihito. Le nouveau venu grimaça, et expliqua être ici après avoir reçu le message de Faëlis. Quant à son identité... Sa peau commença a se déformer, bougeant comme des vagues alors qu'elle s'éclaircissait, tournant vers le gris. Ses cheveux blonds blanchirent jusqu'à en devenir blancs, avant que par endroits la couleur ne tourne au noir de jais. La stature correcte du guerrier s'allongea enfin, de même que ses traits. Le Kendran n'était plus, par il ne savait quelle magie. En lieu et place, un Sindel au charisme magnétique, mais dont l'apparence souleva de terribles doutes chez l'enchanteur. Doutes qui se confirmèrent lorsque Faëlis prononça son nom.

"Je... voilà bien une surprise, Cromax..."

Cromax. Le propriétaire des lieux. Celui que ni Crean, ni Khynt ne craignait car il aurait fait un pacte avec la Reine Noire. Celui là même qui les avait envoyer attaquer ceux qui déclamaient qu'il était dans leur camp.
Le sang d’Akihito se figea un instant avant de traverser ses veines comme un torrent furieux.

"Vous !"

Le Sindel se dirigeait vers le corps d'Aenaria. Elle qui était morte dans cette entreprise qui semblait désormais insensée. Elle qui avait été envoyée ici par Cromax. Se relevant, Akihito fit opposition de son corps au Sindel et ne put empêcher les éclairs de crépiter dans sa main. Affaibli comme il était et face à un combattant peut être même plus fort que Crean, il n'avait aucune chance. Mais quoi qu'il comptait faire au corps de son amie, il n'allait pas le laisser agir sans rien faire.

"Nous envoyer à l'abattoir face à vos copains des 13 ne vous suffisait pas, Cromax ? Il fallait que vous finissiez le travail en nous révélant votre double jeu ? Khynt m'a dit que vous aviez passer un pacte avec Oaxaca. Je ne savais pas quoi en penser, mais ça me semble très clair maintenant."

Sa voix se noua dans sa gorge : il avait peur de Cromax et de sa puissance sans doute démesurée, il était fatigué de tout ça, il enrageait de s'être fait berné. Mais il devait quand même protéger ce qui restait d'Aenaria Imfilem.

"Vous ne la toucherez pas."

Cromax le dévisagea, répondant à Faëlis comme quoi il avait un moyen de sauver Aenaria. Quelque chose qu'ils semblaient avoir tout les deux reçus d'Elysian. Une personne ? Une ville ? L'origine importait peu, si ça pouvait ramener parmi les vivants Aenaria. En revanche, il ne faisait absolument pas confiance à Cromax.

"Je n'ai aucune justification à vous donner. Vous avez décidé d'aller chercher la bête dans son repaire. Tout ce que j'ai fait, moi, c'est vous donner une voie d'entrée. Et sauver les vies innocentes que vous mettiez en jeu. Je ne suis pour rien dans votre échec.

- Oh que si, vous en avez. On a décidé de se jeter dans la gueule du loup, mais c'est vous qui vous nous y avez guidés. Vers des adversaires qui étaient bien trop fort pour nous, et vous le SAVIEZ."

Il appuya sur le dernier mot, avant de reprendre.

"Et si les vies du commandant de Perussac et de ses hommes ont effectivement été en jeu, de qui venait le plan ? Vous foutez pas de moi. J'ai aucune chance de mettre la raclée que vous mériteriez, mais ne comptez pas sur moi pour vous laisser vous pavaner en n'assumant aucun de vos actes. Je vous accuse d'être à la solde d'Oaxaca, et vous ne prenez même pas la peine de vous défendre là dessus."

Il soutint le regard du Sindel, qui disait vouloir sauver Aenaria, l'accusant même au passage de l'avoir laissé mourir sous ses yeux.

"Désolé d'avoir du choisir qui devait vivre parmi mes compagnons pour condamner les autres - moi compris, ironisa l'Ynorien. Vous voulez la ramener à la vie ? Parfait. Laissez Faëlis le faire dans ce cas puisqu'il a ce même "souvenir". Lui a ma confiance. Vous, non."

Faëlis entra dans la danse. Les révélations qu’Akihito avait martelée semblaient être une découverte pour lui, et il avait l'air de lui en vouloir presque personnellement. Et ce que n'avait pas prévu Akihito, c'est que sous le choc, il décide tout simplement de refuser de sauver la Sindelle. Un chemin de pensée qu'il ne comprenait pas, mais il n'eut pas l'occasion de réfléchir plus que ça sur la chose.

D'une bourrade à la force insoupçonnée, Cromax poussa l'Ynorien sur le côté et se pencha sur le corps décapité d'Aenaria. Enragé, Akihito tendit sa main vers le sbire d'Oaxaaca avec la ferme intention de le foudroyer, ou d'user tous ses fluides dans le processus. Et l'impensable se produit. Un bijou à l'orfèvrerie singulière, se mit à briller d'un vive éclat qui aveugla un bref instant le jeune homme. Quand il rouvrit les yeux, le visage lourdement contusionné d'Aenaria était de nouveau rattaché au corps de la SIndelle. Une guérison aussi lourde, intervenant des heures après la mort ? C'était bien la première fois qu’Akihito entendait parler de ça. Amy semblait elle aussi dépassée, malgré ses milliers d'années d'existence. La poitrine de la SIndelle se soulevait avec peine, et ses yeux s'ouvrirent avec un air perdu imprimé dedans. Ses paupières papillonnaient, renforçant son état d'hébétement.

(Aenaria...!)

Il se laissa tomber à côté d'elle et porta la main à sa ceinture, cherchant une de ses potions de guérisons les plus puissantes alors que Cromax affirmait ne pas avoir de quoi la soigner outre sa résurrection. L'enchanteur souleva doucement la tête de la blessée et lui fit boire lentement la potion, résorbant à vue d'oeil les terribles stygmates de l'exécution. Faëlis le rejoignit juste après et commença à user de sa magie pour l'aider à récupérer. Cromax, lui, regardait tout ça en s'expliquant. Il se revendiquait comme un être libre, sans camp. Ni celui de Kendra-Kâr, et encore moins celui d'Oaxaca. Il jeta un nouveau regard courroucé à Akihito.

"Comment aurais-je pu deviner vos capacités : vous aviez l'air confiants. Andelys m'avait signalé envoyer des aventuriers puissants. Quant à ces histoires d'appartenance à un camp ou un autre, je vous laisse croire et dire ce que vous voulez. Pour moi, ce sont les actes qui comptent, pas les mots.

- Vous..."

La colère retombait désormais chez Akihito, qui se rendait compte que son comportement agressif n'avait pas été le plus approprié en présence d'une telle puissance, et les mots, les explications de Cromax faisaient, quelque part, sens. Il prit un instant pour répondre, d'une voix plus calme. Adoucie, mais aux relents de ressentiments toujours présents.

"... Vous avez raison. On pensait avoir nos chances. On a compris notre erreur chèrement... Mais ça n'excuse pas vos mystères. Vous seriez le genre de mercenaire ultime, libre de choisir le camp qu'il aide suivant ses convictions ? C'est votre choix. Mais je suis comme vous : je ne juge une personne qu'à ses actes. Et si je vous suis reconnaissant pour avoir sauvé Aenaria, je ne m'excuserai pas sur mes propos. Vous jouez sur les deux tableaux en alternance, alors ne vous étonnez pas qu'en apprenant ça, vos alliés du moment l'ai en travers de la gorge après vous avoir fait pleinement confiance. Encore plus au coeur d'une guerre, et d'une opération extrêmement dangereuse."

Il jeta un oeil à la SIndelle qui reprenait peu à peu connaissance, reprit son manteau et le plia pour le loger sous sa tête avant de se relever. il regarda Cromax, et se fit enfin un avis sur lui.

(Ce n'est pas mon ennemi. Mais ça ne sera jamais mon allié.)

(Un jugement bien sage,) approuva sa Faëra.

"Merci. Pour elle.

- Khynt n'a pas menti. Elle vous a simplement déclaré ce qu'elle croit être vrai, éluda Cromax, avant de s'adresser plus directement à lui : Je ne vous demande aucune excuse, et je n'ai que faire de ce que vous pourriez penser de mes actes ou allégeances. Sachez toutefois que je ne suis ni avec Oaxaca, ni avec Kendra Kâr. Je ne fais que défendre mes idéaux, loin de toute obligation de loyauté et d'obéissance."

Aenaria était une de ses amies, selon ses dires. Et vu ses positions, il n'avait pas l'air d'avoir le coeur assez sur la main pour utiliser des artefacts aussi puissants de résurrection sur des personnes qu'il n'estimait pas assez. Puis, il s'enquit de Xêl, ne le voyant pas ici avec eux.

"Emporté par Crean et son armée. Il semble bénéficier d'un "traitement de faveur" puisqu'il sera jugé en présence d'Oaxaca, ou par la Reine elle même. J'ignore ce qu'il a fait, mais les généraux ont l'air de vouloir en faire une affaire personnelle."

d'un geste, il pointa les trois cages vides alignées.

"Ces saloperies scellent toute magie de ce qui peut se trouver à l'intérieur. Les fluides eux mêmes en sont prisonniers.

- Oui, il a été emporté. Il faut aller le chercher ! Ils ont l'intention de l'exécuter après la bataille ! Ensemble, on a peut-être une chance !

- Il faut effectivement le sortir de là au plus vite. J'ignore ce que Crean a en tête pour lui, mais je ne donne pas cher de sa peau. Ta volonté est forte, Faëlis, mais attaquer l'armée entière de deux des treize me parait fort peu judicieux. Je peux tenter d’œuvrer à sa libération seul, discrètement. Et vous pourriez rejoindre l'armée des nains qui se dirigent vers une bataille qui semble désormais inévitable. Emmenez Aenaria avec vous et prenez soin d'elle. A moins que l'un de vous veuille m'accompagner et ait en sa possession des moyens efficaces pour le libérer."

Malgré son inimitié envers Cromax, Akihito désirait quand même sauver Xël. Pour ça, il allait devoir à nouveau se plonger au coeur du danger et peut être se retrouver une fois de plus nez à nez avec Crean. Une perspective qui ne lui plaisait guère, d'autant plus qu'il ne savait pas vraiment s'il pourrait être d'une quelconque utilité au Sindel dans sa tentative de libération. Néanmoins, c'était simplement contre ses principes de ne pas proposer son aide pour venir en aide à un allié et ami en grand péril.

"J'en suis, s'il faut aider Xël. Mais j'ignore comment vous comptez procéder, et je ne veux pas être un poids. Je peux me montrer assez discret, aussi rapide qu'un cheval au galop, les nuages que j'invoque pourront de nouveau semer le trouble dans le camp. Et si ça tourne au vinaigre, j'ai de quoi me mettre à l'abri en me déplaçant instantanément hors de portée. Je ne peux que le faire seul, en revanche."

Il réfléchit un instant de plus, avant de conclure.

"Voilà à peu près de quoi je suis capable pour une infiltration. A vous de voir si vous les jugez utiles pour ce que vous avez en tête."

C'est à ce moment là qu'Aenaria choisit pour pleinement reprendre conscience. Et elle reconnut elle aussi le Sindel, confirmant les dires de ce dernier : ils étaient bels bien amis.

"Ravie de revoir tous les deux aussi, dit-elle à ses deux compagnons d'infortune. J'ai bien cru que mon heure était arrivée pour de bon. Je vous dois mon salut à tous les trois, peu importe le plan, où vous irez, je vous suivrai les amis. ajouta la Sindelle avant de s'enquérir de l'endroit où son équipement avait été stocké.

- Pour ce qui est de l'équipement, tout est là-haut, je vais vous le chercher. Quant à Xël, laissons-les gérer cette mission. Pour ma part, je vous accompagnerais sur le retour. Vous avez besoin de repos et ma magie pourra vous y aider. Même si je répugne à l'idée de laisser Xël en danger, je crains que nous ne soyons une gêne pour cette mission. Rentrons vers l'armée des nains.

- Ton entrain fait plaisir à entendre, Aenaria. Mais je partage l'avis de Faëlis : il faut que tu te reposes. Je partirai avec vous si Cromax ne juge pas ma présence nécessaire dans la libération de Xël.

- J'accepte ton aide, Akihito. Puisses-tu constater mes actes. Allons chercher son matériel, oui. Il en aura sans doute grand besoin si nous parvenons à le libérer."

Puis, vers Aenaria et Faëis, il ajouta :

"Soyez prudents, tous deux. Il ne fait guère bon se promener en Ynorie, dernièrement. Des clans gobelins lévitent autour des armées d'Oaxaca pour piller et assassiner les égarés."

La suite des préparatifs se fit en une dizaine de minutes : sous les indications de Cromax et de Faëlis, Akihito récupéra d'abord ses affaires, bouclant avec un certain soulagement la Kizoku autour de sa taille. Puis il fit un détour par une des salles à manger du palais, se constituant un repas plus que bienvenu. Pain presque frais, fruits, charcuterie... Les occupants du palais étaient partis en laissant des vivres trainer un peu partout. Précipitation, négligence ? Peu importait la raison, c'était l'estomac d’Akihito qui était content, et il en mis un peu de côté pour la suite du voyage.

(Tu te souviens quand je te disais que la façon dont Cromax avait disparu devant le passage secret m'était familière ?)

(Mmmh ?)

(Ca m'a pris du temps, mais j'ai un début de réponse. Il a une Faëra, lui aussi. Mais elle a l'air très... Différente. un peu comme si elle avait pris un peu de ce Cromax, et vice versa.)

(Une sorte de symbiose ?) demanda Akihito, intrigué.

(Sous certaines conditions très particulières, Faëra et maître peuvent fusionner un bref instant. Mais là, ca a l'air bien plus fort et permanent. Donc une symbiose, oui... Ca me semble absurde, mais j'ai pas d'autre explication.)

Au lieu de s'éclaircir, le voile de mystère autour du Sindel s'épaississait. Ce qui frustrait Amy et blasait Akihito, qui abandonnait peu à peu l'idée de comprendre comment il pouvait bien fonctionner.

Retrouvant Faëlis et Aenaria, il serra l'avant bras de l'Hinïon avec force : il avait enfin le temps de le remercier.

"Merci, Faëlis. Ton sort de lumière m'a grandement aidé, au tout début du combat contre Crean. Sans lui... Eh bien, j'aurais eu le torse en miettes bien plus vite. On se retrouve bientôt. Tout les quatre."

Les trois compagnons se souhaitèrent bonne chance, avant qu’Akihito ne se retourne vers Cromax. Il vérifia que tout était en place : il laissait là le bouclier pour voyager léger tout en pouvant porter ce qui avait été laissé derrière par Xël.IL avait retiré son casque et sa cotte de maille trop voyants et bruyants, ne gardant que ses bottes et sa cotte d'écailles. Il avait besoin des capacités des deux protections qui lui restaient.

"Je suis prêt. Vous avez des montures cachés pas très loin ?"

Le sourire en coin qu'il eu pour réponse n'était pas, mais alors pas du tout à son goût. Le corps elfique commença alors à enfler, s'épaissir, puis il tomba en avant et se réceptionna sur ses mains. Mains au bout de bras démesurément longs, aussi grands que ses jambes. Les habits disparurent, remplacés par un poil épais, d'un noir ébène. Le torse s'allongea. Les doigts fusionnèrent et se rigidifièrent. La crinière noire et blanche s'étendit. Du dos, deux excroissances se déployèrent de sous la peau, se parant de plumes. En une poignée de secondes, le Sindel s'était transformé en un cheval ailé de jais. L'enchanteur, comme sa Faëra, restèrent pantois.

(Qu'un Shaman se transforme en animal, à la limite, mais qu'est ce que c'est que ce truc ?)

(Je... Je sais pas. Et je ne ressent toujours pas le moindre fluide en lui, c'est à devenir fou.)

Akihito s'approcha de l'étalon, l'ébahissement se muant peu à peu en une curiosité mêlée de confusion.

"Euh... Cromax ? C'est vous ? Euh, enfin, oui évidemment, mais euh, c'est vraiment une bonne idée ?

- Demandez à Faëlis s'il est désagréable de me monter... Mais ne tardez pas : votre ami est toujours la proie de Crean Lorener."

Akihito haussa un sourcil, pas sûr de savoir ce que l'elfe voulait dire. Il semblait bien connaître l'Hinïion, donc peut être avaient-ils déjà eu l'occasion de voler ensemble. Néanmoins, il acquiesça.

"Vous avez raison. allons-y."

Il enfourcha Cromax et l'idée de "chevaucher" une personne comme ça le destabilisa... Avant qu'une autre idée ne fasse son chemin dans son esprit.

(Attend, Faëlis qui le monte... Il voulait dire le monter dans le sens de..?)

Un cri, une brusque saccade et il fut catapulté dans les airs, trop occupé à s'accrocher à l'équidé céleste pour pousser plus loin sa réflexion.


HRP :



[XP : 0,5 (discussion avec Cromax, Faëlis et Aenaria) + 0,5 (préparatifs)]

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Xël
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Xël » mar. 16 août 2022 10:10

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Les cages sont toujours là, vides de leurs prisonniers. Au sol on devine encore la tâche de sang séchée sur les dalles blanches laissée par l’exécution d’Aenaria. Je reste silencieux en balayant la cour du regard, constatant que l’endroit est désert, à l’abandon. Il n’y a même pas les restes fumants d’un brasero éteint. Nulle âme ne vit ici, c’est une crypte où est enterré l’espoir du succès d’une mission et un rappel de sa tragique conséquence. La voix d’Amélie se glisse jusqu’à mes oreilles bourdonnantes, comme un lointain écho, demandant l’endroit où nous sommes.

« La Roseraie. »

Répondis-je laconiquement en m’approchant d’une cage ouverte alors que la barde s’étonne de ce nom, n’ayant rien entendu à son propos concernant la bataille aux portes d’Oranan.

« C’est parce que seul ceux qui se sont tenus dans cette cour pourraient te raconter ce qui s’est passé ici. »

Je m’accroupis pour passer une main sur la tâche cramoisie, observant ensuite mon gant et massant la poussière entre mes doigts comme si je pouvais encore sentir la viscosité du sang. On m’avait affirmé que grâce à la magie de Cromax elle avait survécu mais j’avais encore du mal à le croire, dans quel état pouvait-elle être après s’être fait écrabouiller le crâne comme un fruit mure.

« Vous en faite partie ? »

Je hoche doucement la tête avant de me redresser, levant les yeux vers les étages supérieur et de prendre la direction de la salle d’armes par laquelle nous avons pénétré le palais. J’avance d’un pas lent, prudent même, avec la crainte de réveiller des fantômes du combat qui s’est tenu dans la chambre à l’étage. Amélie me suit, serrant son instrument contre elle et observant les alentours avec un air inquiet. Je pousse la porte qui mène à l’intérieur et pose mon regard sur le passage dissimulé avant d’en dire plus à celle qui m’accompagne.

« Avant la bataille, le Roi a envoyé plusieurs groupes d’aventuriers pour effectuer des missions secrètes. Celle de mon groupe était d’infiltrer ce palais pour vaincre Crean Lorener et Khynt. »

Elle garde le silence, contemplant le plafond et les murs comme si nous venions de trouver des ruines sacrées. Je découvre les lieux en même temps qu’elle étant donné que la dernière fois nous avions emprunté le toit pour trouver la chambre qui nous intéressait. En parcourant les couloirs je remarque que les lieux ont étés visités , dépossédés des tableaux, bibelots, tapisseries, tapis et autres richesses. Certaines pièces sont saccagées et ils n’y restent que des meubles brisés ou couvertures déchirées. Nous trouvons un escalier en colimaçon qui grimpe vers l’étage et je poursuis la narration de l’histoire alors que nous montons les marches.

« Nous nous sommes fait repérer une fois que nous avons infiltré le palais mais nous avons quand même réussi à prendre Lorener par surprise. »

Elle reste silencieuse mais je ressens qu’elle est attentive alors que je raconte notre combat, notre défaite et ce qui a suivi.
Je pousse quelques portes au hasard, trouvant des appartements dans le même état que les pièces à l’étage en dessous jusqu’à retrouver ceux où ça c’est passé.

« C’est ici. »

Dis-je dans un souffle en pénétrant la salle portant encore les stigmates de notre lutte. Les traces de calcination, la coiffeuse en miettes, les flèches de Faëlis sur le sol ou plantées dans le mur. Une soudaine douleur se réveille dans ma jambe comme si elle se brisait à nouveau même si ça ne dure qu’un infime moment.
Je me dirige vers le balcon, marchant sur les éclats de la fenêtre brisée. La vue sur la plaine est imprenable. Celle-ci ne s’est pas encore remise de la présence du campement Garzok et on distingue plus de boue que de brins d’herbes alors que des relents du charnier à l’ouest parviennent à mes narines, poussés par les vents venant de l’océan.

« Pourquoi revenir ici ? »

Demande Amélie, à la fois confuse et satisfaite de découvrir ce lieu qui doit pour elle être inspirant. Je ne réponds pas tout de suite, cherchant moi même la réponse. Une erreur m’a conduit ici mais c’est autre chose qui m’a poussé à explorer le palais.

« Je ne sais pas. »

La réponse semble la surprendre mais je n’en ai pas d’autre à fournir. Je sens qu’elle me fixe alors que mon regard parcours l’horizon.

« Je vais vous laisser seul un peu. »

Dit-elle avant de s’éloigner en sortant de quoi écrire.

Je vagabonde dans la pièce, m’imprégnant des souvenirs du combat pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’un vacarme ressemblant au tonnerre ne fasse trembler les murs suivi de l’appel à l’aide d’Amélie. Je sursaute et me précipite dans le couloir alors qu’un nouveau bruit ne secoue le palais, me forçant à arrêter ma course pour me tenir au mur.

« Amélie ! »

« Xël ! A l’aide ! »

Je me remets à courir, suivant l’appel au secours qui vient du fond du couloir. J’aperçois Amélie, galopant à toute jambe avec un visage proche de l’effroi, déboulant d’un coin en tendant une main vers moi comme un dernier espoir de s’en sortir. Je comprends instinctivement que je dois agir si je ne veux pas la perdre ici, alors que le bourdonnement d’un nouveau coup de tonnerre menace du pire. Je libère ma magie, générant un portail sur son chemin dans lequel elle s’engouffre pour atterrir dans mes bras tandis que surgit au bout du couloir une créature que je peux directement associer à Khynt. Faites d’acier et de câbles, parcouru d’un flux électrique, d’une taille imposante l’obligeant à se baisser pour emprunter le couloir. Elle percute avec violence le mur comme si elle venait de se projeter à l’aide de ressors. Le mur se fissure, se brise, ouvrant une partie du couloir vers le vide et les plaines aux pieds de la falaise où est bâtit la Roseraie. La machine se redresse rapidement et pointe une lumière clignotante dans notre direction en provoquant un bruit d’engrenages et de ferraille.

« Va te mettre à l’abri ! »

Ordonnais-je fermement à Amélie en la poussant vivement vers l’escalier alors qu’une lumière rouge venant du bras dressé de la machine se fixe sur ma poitrine. Je m’attends au pire et rassemble mes fluides pour me construire une armure capable de repousser les projectiles. Elle m’expédie une nuée de dards d’aciers qui sont repoussés par ma magie, tapissant les murs, le sol et le plafond du couloir. Plus vive que ce à quoi sa stature le laisse penser, elle bondit de nouveau, engloutissant la distance qui nous sépare en un éclair. Je m’évite un choc mortel grâce à un cyclone puissant qui repousse l’assaut et fait trembler à mon tour le bâtiment. La création de Khynt est projetée contre le mur malgré son poids, y creusant un trou béant avant de s’écraser dans la cour du palais.

Je m’interroge sur sa présence pendant qu’elle se relève. Un oubli ? Un gardien ? Ou alors est-ce un rebut ? Une machine que le Modifié a laissé ici parce que inachevée ? Ça expliquerait les défauts qu’elle semble avoir. Cette lanterne puissante sur son visage qui ressemble à un oeil de cyclope, qui s’éteint et s’allume sans arrêt. Ainsi que son deuxième bras qui reste inanimé et se balance au gré des mouvements de la machine. Enfin, les plaques d’acier qui lui servent d’armures sont rayées, cabossée, voir trouées à certains endroits, laissant apparaître derrière son plastron un coeur lumineux prit de pulsations irrégulières. J’ai le souvenir de l’insecte mécanique vaincu sur le plateau de Luminion, enchevêtrements de câbles et pièces métalliques graisseuses qui faisaient bouger ces machines à tuer, protégés par des plaques d’acier que j’avais du mal à arracher malgré des bourrasques tempétueuses.

Un orbe magique se façonne dans ma main, emprisonnant la puissance nécessaire pour ouvrir une brèche jusqu’au point faible du tas de ferraille qui tourne son visage dans ma direction en terminant de mettre son lourd corps sur pied. Je bondis tout en brandissant mon bras tandis qu’elle saisit du sien un débris du mur pour me l’envoyer. Mon armure magique agit encore, repoussant le bout de mur qui est renvoyé à l’expéditeur qui, déséquilibré, ne se protège pas de mon attaque. La sphère explose au contact de l’armure animée, rependant le souffle magistral qui y était enfermé. Les fenêtres donnant vue sur la cour éclatent quand l’onde de choc les atteints, étage par étage, laissant retomber une pluie de verres et de bois sur le combat. Mais le monstre de métal ne connait pas la douleur et elle réplique immédiatement, projetant des arcs électriques qui me frappent à travers l’armure à l’exception de mes bras, protégés par l’enchantement de mon épaulière. Mais mon bras droit n’est pas indemne pour autant, ayant subit le contre-coup de mon sort précédent. Je ressens une vive douleur et suis tout juste capable de la bouger. Je retombe sur le sol, usant d’un coussin d’air pour ne pas me blesser d’avantage.

La magie se charge dans mes jambes, me permettant d’esquiver le bras qui tente de m’écrabouiller, causant un cratère dans les dalles de la cour. Je prépare un nouveau sort, visant le trou béant qui se trouve dans la cuirasse de la machine. Mais elle bondit avant que mon vent infernal ne s’échappe de mon bras, évitant le souffle qui dévaste la salle d’armes où se trouve le passage secret, et creuse un accès au jardin qui se trouve de l’autre côté. La lumière rouge se pointe à nouveau sur moi avant qu’une pluie de pointes métalliques ne soit à nouveau repousser par mon sort d’air. Je génère un portail l’instant d’après pour m’y échapper avant d’être écrasé sous le poids de l’engin de mort qui creuse un nouveau cratère. Nouveau bond de la machine qui projette une gerbe de pierres. Je brandis mon bouclier et le renforce de ma magie pour accueillir la charge dévastatrice. Le poing d’acier se confronte à la pellicule grise qui me protège, un choc qui fait tout de même trembler le sol sous nos pieds et qui en fissurent les dalles et les murs à proximité. Elle réarme son bras tandis qu’un nouveau flux de volutes aériennes me recouvre pour m’aider dans le combat au corps à corps qui se dessine. D’un pas de côté, j’esquive une nouvelle frappe qui écrase le sol avant de riposter d’une munition élémentaire vers son coeur. La machine se protège en relevant son bras avant d’armer sa jambe qui se charge de magie électrique. Je présage du pire et bondis dans un portail qui m’emmène au dessus de la bête de métal avant que son pied ne s’écrase sur le sol en générant une vague d’énergie électrique qui termine de retourner les dalles de la cour. Nouveau sort, nouvelle parade de la créature qui recule tout de même face à la force du vent.
Je ne parviendrais pas à toucher son coeur tant que je ne lui arracherais pas son bras. Je pose délicatement pied à terre et dresse mon bouclier pour me protéger d’une autre nuée d’arcs foudroyants. Cette fois je ne subis pas de dégâts et je parviens même à en dévier un qui frappe le bras inanimé. L’éclair le parcourt de haut en bas et il se produit alors une chose que je n’attendais pas. Le bras se remet à bouger et frappe mon bouclier en libérant un sort qui m’atteint durement, crispant mes muscles et me causant une douleur qui m’arrache un grognement. J’écarquille les yeux alors que le second bras me percute sans que je ne puisse bouger.

Je ressens le lourd choc qui m’aurait broyé si ma magie ne m’avait pas protégé. Je traverse la cour et la salle d’armes dans un vol plané jusqu’à atterrir dans les roses du jardin, arrachant quelques bosquets qui amortissent ma chute. Étourdis, les muscles encore douloureux, je pousse des quintes de toux en cherchant un peu d’air. La machine, elle, se met en marche pour venir vers moi, parcourant de son oeil clignotant la roseraie en piteux état pour me retrouver dans ce mélange de pétales et de tiges épineuses. J’en profites pour me remettre du vol vertigineux que je viens d’accomplir et me concentre pour remplir mes réserves de magie et de combativité. Je laisse le tatouage sur mon bras se gorger de magie avant de me redresser et de siffler dans la direction de mon ennemi, attirant l’oeil clignotant qui se darde vers moi. Je pense que si cette machine avait un visage, il exprimerait la surprise en voyant un dragon d’air se ruer dans sa direction en poussant un cri similaire. Le sort lui frappe son crâne en forme de casque sans qu’il puisse parer. Sa tête s’arrache de son corps, n’y laissant qu’une multitude de câbles arrachés qui retombe sur le col de son plastron. Ça ne suffit pas pour la vaincre, elle continue de s’approcher et en atteignant l’herbe des jardins elle lève son pied, préparant une nouvelle vague dévastatrice. Je prépare de quoi la contrer, libérant un flux de fluides magiques qui s’enroulent autour de mon corps avant d’être libéré. Mon cyclone rencontre sa vague d’énergie en provoquant un vacarme et un souffle qui brise les fenêtres du côté de ce bâtiment, carbonise les roses encore sur pied avant que le vent ne les arraches de terre. Le choc entre les sorts met un temps à se disperser complètement, résonnant encore dans les airs alors que le combat reprend avec d’autant plus d’intensité et de complexité, la machine aveugle frappant maintenant aléatoirement autour d’elle, pulvérisant encore par inadvertance un pan de mur à côté de nous. Je projette un nouveau vent infernal qui lui touche l’épaule, arrachant son bras auparavant inerte. Elle réplique, utilise les ressors dans ses jambes pour charger dans ma direction. Ma magie me pousse sur le côté mais son passage parvient tout de même à me renverser. Son bras restant se lève au dessus de ma tête et s’écrase juste à côté de moi. Je suis projeté dans les airs avec des gerbes de terres et de branches tandis que pour m’atteindre à l’aveugle elle projette ses dards métalliques dans plusieurs directions. Mon armure d’alizés me préserve à nouveau de me faire transpercer par des pointes d’acier mais transforme le sol en champs d’épieux mortelles.

J’atterris doucement sur le sol grâce à ma magie et riposte d’une tempête qui touche cette fois son torse. Je vois son cœur s’emballer à travers le trou dans son armure, tournoyer et briller avec plus d’intensité alors que la machine est prise de frénésie me donnant l’impression qu’elle va exploser. Nouvelle sphère, nouvelle attaque, après qu’une nouvelle salve de dards nettoie le mobilier dans une salle adjacente. Je me retrouve à nouveau au corps à corps, avec le risque qu’à tout instant une gifle de métal ne me fauche. Des arcs électriques s’échappent du torse, m’arrachant un rugissement de douleur qui se mue en effort quand je frappe le golem de Khynt en plein cœur. Ma main traverse la cuirasse, je sens l’os de mon bras se briser alors que le dos de l’armure explose en milliers de morceaux qui se mélangent à ceux encore scintillants du cœur de la machine. Celle-ci s’éteint instantanément, raidissant son bras restant et ses jambes avant de tomber en arrière en emportant mon bras coincé, provoquant un nouveau son métallique quand mon armure cogne contre ce qui reste de la sienne.

Le vacarme de mon sort se diffuse dans les airs et revient en écho avant de disparaître pour ne laisser que le silence qui régnait ici avant la découverte de ce monstre d’acier. Je fournis un dernier effort pour extirper ma main du plastron avant de me laisse glisser vers le sol puis de m’affaler contre la machine vaincue. La fin du combat marque le début de la souffrance. Je peux sentir chaque blessure que j’ai subis, mes côtes me font souffrir, mon dos est douloureux, une migraine commence à me lanciner les tempes. Je sens mon bras cassé, les brûlures que m’ont causés les éclairs. J’ajoute à ça la fatigue du combat et de la magie du portail que j’ai utilisé pour venir jusqu’ici avec Amélie. Amélie ! Penser à elle me fait rouvrir brusquement les yeux. Est-ce qu’elle va bien ?

Je me sers de mon bras valide pour m’accrocher au robot afin de me redresser pour guetter les environs à la recherche de la barde en espérant qu’elle a eu le temps de se mettre à l’abri. Mais il suffit de quelques secondes pour que je sois rassuré.

« Putain ! C’était trop génial ! »

S’exclame t-elle depuis une fenêtre brisée. Des débris de verre et de bois parsèment ses cheveux mais elle semble en pleine forme à en croire ses cris d’excitations ponctués d’injures. Je l’entends décrire mes actions, assurer qu’elle va en faire une chanson incroyable avant de m’affaler à nouveau, à bout de force et que mes yeux se ferment.

« Monsieur Xël ! Bougez pas j’arrive ! »


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Modifié en dernier par Xël le ven. 26 août 2022 14:05, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Xël » ven. 26 août 2022 14:01

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Je me réveille au son d’une mélodie grattée sur les cordes d’un instrument. Je sens la chaleur confinée d’une couverture, un oreiller doux sous ma tête, un matelas moelleux sous mon corps. Les premières douleurs ne tardent pas à se faire sentir. Une lancinante dans mon bras me fait gémir alors que j’essaie de le bouger et me fait oublier mes autres blessures aux côtes, aux bras, aux jambes, à la tête, au dos. Tout mon corps me fait mal comme si une grosse machine m’était rentré dedans…



J’ouvre les yeux pour distinguer où je me trouve, une chambre, plutôt luxueuse malgré la poussière que je vois sur la table de chevet. Mon esprit embrumé se remet doucement et je comprends que je suis toujours dans le palais de la Roseraie. La chambre est sans doute une des rare qui n’est pas dévastée, les meubles sont toujours en place et sur les murs éclairés par les flammes dansantes de la cheminée sont accrochés divers tableaux. Je vois un paravent encore debout et devine derrière qu’il y a de quoi se nettoyer. La chambre est semblable à celle que Lorener occupait à mieux y regarder, bien que plus petite. Dans un coin de la pièce, à proximité du foyer, se trouve un petit coin salon avec des fauteuils et canapés rouges. Sur l’un d’eux est assise Amélie qui pince les cordes de sa guitare en fredonnant des paroles assez bas pour qu’elles me soient inaudibles. Elle s’arrête quand elle m’entend gémir en me remettant assis dans le lit. Un grand lit à baldaquin aux draps de satin rouges et alors que ceux-ci retombent pendant que je me mets péniblement assis je remarque que je ne porte ni armures, ni vêtements. Je suis nu comme un ver, le seul bout de tissu que je porte est celui qui est autour de mon cou, une écharpe dans laquelle Amélie glisse mon bras droit sans prévenir après que je lui ai demandé où étaient mes vêtements. J’ai un hoquet de douleur alors qu’elle rétorque:

« Je pouvais pas vous transporter avec votre armure ! Vous m’avez vu ? Elle pèse au moins une tonne ! J’ai déjà eu du mal à vous traîner jusque ici. »

« Mon armure d’accord mais le reste ?! »

Rétorquais-je vivement, encore sous le coup de la douleur soudaine qu’elle m’a infligée. Elle rougit et répond béatement que c’était pour me laver.

« Alors me tutoyer c’est impossible mais pour voir ma … »

« Oh ça va ! »

Coupe-t-elle sèchement avant de poursuivre.

« Je vous ai pas tripoté ! C’est dingue d’être si pudique ! De rien surtout ! »

Elle se redresse et retourne sur le fauteuil de velours, l’air vexé.

« Oui… merci… »

Dis-je sincèrement après un court moment de silence.

« Où elle était cette machine ? »

« Devant cette chambre. »

Je me lève de mon lit et enfile difficilement de quoi me couvrir avant d’explorer la pièce, sans doute celle qu’occupait Khynt. J’ouvre au hasard les tiroirs et les armoires en me demandant ce que je pourrais y trouver avant de me trouver face à un miroir, simplement habillé d’un bas court, torse nu. En un combat je suis parvenu à me refaire un lot de blessures qui laisseront leurs marques alors que la magie de Faëlis avait rendue ma peau neuve. Un vilain hématome tâche ma poitrine et des brûlures en formes d’éclairs se sont dessinées sur mes bras. Une fois l’inspection de mon corps terminé je vais m’installer à mon tour sur un canapé.

« Vous… Tu. Tu pourrais m’apprendre ce sort avec la sphère ? »

Je hausse un sourcil à sa demande avant de secouer doucement la tête.

« Non il est trop dangereux, c’est ça qui m’a cassé le bras. »

Elle m’observe surprise avant d’incliner la tête un peu déçue. Je poursuis:

« Mais on peut essayer d’en apprendre un autre tous les deux, ensemble. »

Elle retrouve son sourire et pose son instrument avant de se redresser.

« Je suis prête ! »

Je lâche un rire avant de lui faire signe de se rasseoir.

« Commençons par en parler. J’ai entendu dire que certains mages sont capables de se protéger des autres éléments grâce à un bouclier élémentaire. J’aimerais réussir à faire de même. Toi, comment tu imagines un tel sort ? »

Elle se réinstalle, croise les jambes et se masse le menton avec un air pensif tout en déclarant:

« J’imagine ça comme un large bouclier devant moi. »

Je l’encourage à poursuivre d’un signe de tête et elle continue le fil de sa réflexion, me décrivant la forme, la couleur, la manière dont il la protégerait.

« Très bien. Maintenant je voudrais que tu me dises de quel manière tu façonnerais ce bouclier. »

Elle incline la tête, sérieuse, puis m’explique tout en faisant les gestes qu’elle tendrait les mains devant elle pour libérer sa magie. Je l’invite alors à essayer. Elle se relève et tend ses mains en prenant une expression concentrée.

« Tes fluides magiques les laisser faire tu dois. »

« Hein ? »

« Comme si c’était une simple respiration. La magie est une partie de toi. »

Elle incline la tête et se laisser aller, au bout de quelques tentatives ratées elle parvient à fabriquer un cercle aux contours irréguliers. Amélie le maintient quelques secondes avec difficulté avant de le laisser disparaître et de s’affaler sur le fauteuil.

« Trop crevant ! J’en peux plus ! »

Après un rire léger je donne quelques conseils. Le premier étant d’éviter de libérer des fluides magiques en continu. Je la guide vers une solution qui me paraît plus adapté non seulement au mage mais également au combat. Tout comme pour l’aura venteuse ou la furie zephyrienne, il n’est pas question d’émettre un flux sans interruption mais plutôt de concentrer une grande quantité de magie qui s’écoulera peu à peu.

« Essayons ensemble. Imaginons un ballon qu’on gonflerait d’air avec nous au centre. »

« D’accord… »

Dit-elle un peu hésitante.

« C’est important de pouvoir visualiser le résultat que le l’on veut pour pouvoir lancer notre sort. »

« Oui. Oui. Je vois. Un ballon qu’il faut gonfler. »

« Bien. Dans ce cas visualise le et on s’entraînera pendant le voyage. »

Elle incline la tête et me demande ce que je vais faire pour mon bras. Je réponds après un instant de réflexion.

« Nous ferons un détour demain par Oranan. Je trouverais sûrement quelqu’un capable de me soigner ça. Ensuite nous reviendrons ici pour reprendre notre route. Ça nous prendra deux jours de plus mais c’est plus prudent. »

« C’est quand même vachement pratique. »

« Et oui. Maintenant reposons nous. »

Je retourne dans le lit alors qu’elle s’allonge sur le canapé, insistant qu’elle ne veut pas du lit parce qu’elle le trouve bizarre et ne préfère pas imaginer ce qu’il s’est passé dedans.


>>>

( Début d’apprentissage du sort bouclier élémentaire.)

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Silmeria
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Re: Le Palais de la Roseraie de Soie (Guilde des Amants de la Rose Sombre)

Message par Silmeria » lun. 5 sept. 2022 04:24

" Regardez quand même... C'est magnifique. Très tape à l'œil, mais bon... C'est quand même du Cromast tout craché. On va vraiment finir par croire qu'il a quelque chose à compenser. "

J'inspirais l'air frais de la plaine, laissant tomber la grande bure qui me calfeutrait. J'avais pris soin de me travestir en vieux camelot pour la route qui me conduisait à cette demeure que j'avais jadis visité. Je ne sais pas trop ce que j'espérais, peut-être de trouver Cromast, peut-être de ne pas le trouver. Nos agissements lors de la bataille étaient tous deux troubles, je ne savais pas plus quel rôle il occupait que le mien. C'était presque naturellement que je me dirigeais vers ce Palais. Du bout de la botte, je chassais les haillons malodorants et si infestés de vermine qu'ils semblaient bouger tout seul. A plein poumon, je profitais de la fraîcheur du soir, de la douceur du jour qui peu à peu déclinait, laissant la place à la pénombre qui enveloppait les plaines d'un manteau rassurant. Il faut dire que je comptais profiter de la noirceur de la nuit pour éviter de croiser quelqu'un... Se maculer de matière fécale sur des haillons puants tirés aux cadavres est un excellent moyen de se faire éviter par les voyageurs trop curieux ou les gardes qui n'ont pas envie d'attraper des tiques, mais j'avais sous-estimé notre époque. Les centaines de voyageurs qui se pressaient sur les routes, parfois seuls ou en famille. La guerre avait apporté son lot de désolation sur les plaines, mais les récoltes ravagées continueraient de semer la mort par la faim. Certains déjà aguerris le savaient et se montraient déjà prêts à égorger pour une poignée de lentilles et de toutes façons... Quel tribunal irait les juger ? Et quel bourreau irait les pendre ? Les troupes s'étaient retirés, certaines pacifiquement, d'autres n'avaient pas manqué de piller et massacrer ce qui se trouvait sur leur route.

" Une pomme ? " Demandais-je en tirant de ma besace un fruit que je portais à mes lèvres.
" Gnn... " Pour toute réponse, un gémissement de grand constipé. Manifestement mon nouvel ami n'avait la bouche sucrée. Nous venions tout juste de nous rencontrer, j'étais là, toute innocente, appuyée sur mon bâton, occupée à observer la magnificence de la demeure qui se tenait fièrement au loin, je ne les avais pas considérés comme une menace, à dire vrai, je pensais qu'ils m'éviteraient mais ces idiots en ont décidé autrement.

" N'empêche... Attaquer comme ça une pauvre femme sans défense, à trois contre une en plus. C'est vraiment pas un comportement chevaleresque. " Je me penchais sur celui qui m'avait exhorté de lui céder mes biens sans leur tenir tête. Visiblement mon coup avait manqué de profondeur et il n'était pas tout à fait mort, mais sous la lueur terne du jour déclinant, je pouvais voir à la grimace qui déformait sous visage que la douleur gagnait tout son abdomen.

" Tu perds ton temps... Il n'y a pas de sang à contenir. " Disais-je en agitant la lame argentée - la Tueuse de Mages En attrapant son poignet pour dégager la main qui comprimait sa plaie imaginaire, je sentais son coeur battre, sa sueur perler, ses tremblements gagner ses muscles. Il relevait maladroitement le visage pour me regarder, sa bouche cherchait à articuler quelque chose mais il n'en sortait que des balbutiements paniqués et incompréhensibles.
Bien sûr, je n'avais pas répondu à leur menace, j'étais restée immobile, peut-être ont-ils pris ça pour de la peur ? Lorsque le plus grand est venu saisir mon bâton, pensant que je m'en servirai pour les tenir à distance il n'a pas vu mon autre main, celle-ci belle et bien armée. Il est tombé bien vite sous le coup de dague qui avait percé sa poitrine, le second lui n'a pas eu beaucoup plus de chance, il avait pourtant chercher à m'écraser le crâne d'un coup de gourdin, mais la frappe maladroite et oblique n'a fendu que de l'air tandis que la lame magique lui traversait le visage sans lui laisser la moindre chance. Celui qui s'étendait à mes bottes et que je suspecte être le chef de la bande lui a cherché à éviter le coup plutôt que de venger ses compères. Instinct de survie ? Lâcheté ? Allait-il fuir ou cherchait-il à contre attaquer, à reculer d'un pas pour mieux appréhender ce qui se trouvait devant lui ? On ne le saura jamais.

De toutes façons, je ne pense pas que les fossés soient à un cadavre près ces jours-ci. Chaque village avait ses fosses, entre lesquelles s'élevaient des piles de haillons fumants que l'on brûlait à la hâte. Lorsque j'étais à mi-chemin, je m'étais approchée d'un petit groupe de gens qui regardaient en silence tandis que des hommes masqués attrapaient les corps d'adultes et d'enfants par les bras et les jambes et les balançaient dans la tombe commune. L'un des enfants que l'on charriait ouvrit la bouche, comme pour crier. Une mère du groupe essaya de courir vers lui mais les autres l'en empêchèrent. Il ne s'agissait que des gaz de putréfaction, parfois on a l'impression de voir une poitrine se soulever ou un bras bouger... Mais il ne s'agit que de la putréfaction en marche. Il n'y avait plus rien à sauver sur ces terres.

Je laissais donc mon ami s'éteindre, à la merci de tout ce qui voudrait abréger ses souffrances si la faucheuse ne l'emportait pas avant. Je marchais, libérée de mes haillons pour me rendre jusqu'aux grandes portes du domaine. A mesure que la demeure grandissait, je me demandais si je faisais le bon choix. Il était encore temps pour moi de reculer, de changer d'itinéraire, d'aller ailleurs pour tenter ce que j'avais à faire. Mais... Je n'en fis rien. Je me contentais d'avancer. Bêtement. J'étais prête à me faire chasser ou dénoncer, il y avait bien des scénarios encore moins enviables mais je préférais ne pas les prendre en compte.

Cèles m'alertait, répétant ô combien ce plan était bancal, mais c'était le seul que j'avais actuellement, il me fallait une retraite, un endroit sûr où préparer mon départ. Je ne comptais pas retourner à Omyre. Xenair avait choisi l'exil, j'avais été tentée de prendre sa place à Omyre mais... La nuit m'avait apporté une solution différente. Quelque chose qui me surprenait encore, rien que d'y penser. C'était l'occasion unique, inespérée, la perspective d'un nouveau départ.

J'approchais de la grande herse, les mains en évidence.

" Gardes, je suis venu demander asile, votre Maître, Cromax me connait sous le nom de... " Inspirant profondément, je prononçais alors le nom suivant " Lenneth."
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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