Plaines de Kôchii

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Cromax
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Cromax » sam. 23 janv. 2021 13:18

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)



Chacun à son tour, les membres de l’expédition omyrienne signèrent leur arrêt de mort leur pacte de sang en s’ouvrant la main (ou celle de leur commissionnaire). Karsinar, nanti d’un sourire carnassier, approuva sentencieusement. Il s’empara de la donation libre de Kurgoth en lui jetant un regard dont le garzok ne sut s’il était reconnaissant ou non, mais qui avait le mérite d’être insistant. Comme porteur d’un espoir secret. Il conclut cette réunion de sa voix grave :

« Ne me décevez pas. »

Et s’en retourna sans attendre dans sa vaste tente de commandement. Seule resta Sarl aux côtés des aventuriers. Elle attendit le départ du maître des bêtes pour parler à nouveau.

« Dans une heure, retrouvez-moi le long de la côte, sur notre port d’embarquement, prêts à partir. D’ici là, faites comme bon vous semble : équipez-vous dans les différentes tentes logistiques, dissertez entre vous d’un plan d’action ou accompagnez-moi si vous avez des questions. Passée cette heure, il sera trop tard pour vous demander ce que vous fichez là. »

Sans attendre une minute, elle s’en alla vers le garzok qui gardait l’entrée du camp des officiers. Celui-ci lui laissa libre passage, et invita les aventuriers à quitter la place séant. Libre à eux d’agir, maintenant.

***
Une heure plus tard, elle était bien au rendez-vous. Si Eldros n’avait pas encore saisi l’astuce, il sut maintenant que c’était la Baliste, le navire de son capitaine, qui avait été réquisitionné pour leur mission. Sarl attendit que les six volontaires soient présents pour rappeler l’objectif.

« Ce navire sera celui avec lequel vous entrerez dans la bataille navale du Port d’Oranan. Votre but sera de vous emparer d’un navire kendran officiel pour pouvoir vous approcher sans risque de donner l’alerte de leur port temporaire, sur la côte de Viskori, au sud. Le reste du plan est vôtre : vous déterminerez la meilleure manière pour vous d’arriver à votre but : le massacre unilatéral de l’état-major kendran et de tous les responsables militaires ou politiques que vous trouverez. Entendez bien que la réussite de cet objectif prime sur votre survie, mais les vainqueurs sortiront couvert de la gloire de leurs actes, surtout si vous ramenez les trophées tant désirés. Le Seigneur Karsinar et moi-même comptons sur votre esprit d’adaptabilité en cas de coquille dans le plan. Raison pour laquelle nous n’envoyons pas de simples guerriers. Vous êtes aventuriers, mercenaires, vous savez vous débrouiller. »

Elle pointa alors le pont du navire, prêt à mettre les voiles, invitant muettement les six héros d’Omyre à y monter sans plus attendre.


[HJ : Vous avez une heure libre pour vaquer à vos dernières occupations : ravitaillement en matériels divers (objets RP, potions, équipements de qualité « bonne » au max sont disponible sur le campement contre vos précieux sous-sous.
Vous avez le droit de faire des apartés entre vous sur Discord pour les intégrer dans votre post. A deux, trois ou même quatre, si vous le souhaitez. Pareillement, Sarl est disponible pour la discussion si vous la suivez ou la rejoignez plus tôt que prévu, idem en aparté sur Discord.
Terminez votre RP de cette semaine avec l’embarquement sur la Baliste au sein de ce sujet RP. J’ouvrirai le sujet de ladite Baliste pour la prochaine màj, qui aura lieu pour vous le Vendredi 29/01. Veillez donc à avoir tous RP pour 10h à cette date-là.
Le vendredi sera dorénavant votre jour de màj, d’une semaine à l’autre.]

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Azra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Azra » sam. 23 janv. 2021 13:50

Les autres prêtèrent serment un à un, même Daemon qui semblait moyennement rassuré. Ensuite, la liykor les invita à se rendre d'ici une heure aux navires. Qu'il en soit ainsi...

Ezak avait bien reconnu le nécromancien, et il s'approcha pour lui demander ironiquement si ce dernier avait une passion secrète pour lui, pour se retrouver ainsi de nouveau sur la même route. Lorsqu'ils furent un peu plus tranquilles, Azra se tourna vers lui et haussa les épaules :

« Je pourrais en dire autant de toi, Ezak d'Arkasse. Il semble que partout où il y a la guerre, tu ne rôdes jamais loin ! J'étais venu pour quérir le soutien d'Omyre pour moi et les miens... il semble que je n'écope que d'une mission suicide. Cela va finir par devenir une habitude de la part de la cité noire ! »

Il laissa échapper un petit rire :

« Cela promet d'être intéressant... »

« Que veux-tu que je te dise ? Ma reine aime le sang et l Premier aime me mettre dans des situations embarrassantes... » s'amusa-t-il.

Il était assez curieux de savoir qui était les gens d'Azra, mais ce dernier n'était pas sûr de vouloir trop en révéler à ce tueur. Prudence est mère de sûreté... Il montra également sa jambe en métal, une prothèse redoutable dont il valait mieux ne pas se demander comment il l'avait acquise. En tout cas, il était claire qu'ils en avaient tous les deux bavé, sur Aliaénon. Cependant, il ne savait toujours pas trop comment cerner le nécromancien, ce qui leur faisait au moins un point commun.

« Mes objectifs, dis-tu ? Hé bien, comme je l'ai dit, je cherche des alliés puissants pour garantir notre survie d'adorateurs de Phaïtos. C'est tout ce qu'il y a à savoir, hein ? Après tout, tes motivations n'ont pas toujours été très claires non plus... »

Comme de bien entendu, il se moqua ouvertement de sa foi, tout en admettant qu'en semblables circonstances, il aurait peut-être été pareil. Quant à ses objectifs... il éluda purement et simplement la question, affirmant qu'il avait couvert le nécromancien auprès de la dame noire et qu'il lui était donc redevable pour cela autant que pour l'aide qu'il lui avait apporté contre les garzok du bois sombre. Il espérait bien être aidé en retour...

« Au moins, il y a des choses qui ne changent pas, hein ? soupira Azra devant ces termes évasifs et ces menaces à peine voilée. Bah, je suis sûr que je trouverais bien moyen de t'aider ou de te faire honneur, nous verrons bien... »

Rien n'était moins sûr, mais l'homme avait quelque chose d'indiscutablement charismatique. Même s'il semblait profondément enfoncé dans les ténèbres, il rayonnait d'une lumière presque aussi douloureuse que celle d'un prêtre de Gaïa...

« Bon, nous avons un bateau à prendre, non ? »

L'autre éclata de rire, déclarant qu'il était sincèrement heureux que leur « idylle » soit toujours la même et qu'il était content de combattre à nouveau à ses côtés. Il avait quelques dernières affaires à régler, cependant, aussi, il laissa le nécromancien planté là. À ce moment-là, Arek se manifesta subitement :

(Vous êtes si différent... moi même je ne comprends pas ce qui vous rapproche.)

(Peut-être juste le fait que nous soyons deux ennemis manifestes qui pourtant ne se croisent qu'en alliés. Peut-être la conviction...)

Il ne parvint pas à terminer sa pensée. Aussi, Arek la termina pour lui :

(Oui. La conviction que tôt ou tard, cela terminera mal.)

N'ayant rien à acheter, Azra se rendit directement au navire.

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Ezak
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Ezak » sam. 23 janv. 2021 23:24

Azra ne me répondit pas tout de suite, laissant le soin aux autres de finir de pactiser avec Karsinar. Je les regardais donc faire. Le Garzok-qui-méprisait-la-hiérarchie passa après moi, offrant ce qui devait être une peau d’ours au Général. Puis vint le jeune humain qui l’accompagnait et qui avait l’air de s’être perdu au sein de notre groupe d'individus qui transpirait de noirceur. Mais peut-être le méjugeais-je. Et enfin, le demi-shaakt d’Azra qui passa en dernier. Karsinar conclut ce petit rituel sur une recommandation aux allures de menaces. Nous ne devions pas le décevoir. Je gageai qu’il ne le serait pas. J’avais quelques petites idées que je pouvais mettre en place, mais je laissais encore mes différentes stratégies murir à l’abri des oreilles étrangères.
La Lykior nous donna rendez-vous sur la côte, une heure plus tard. Je laissai comprendre que c’était entendu en hochant très brièvement la tête lorsque son regard croisa le mien.

C'est cet instant que choisis Azra pour me répondre.

« Je pourrais en dire autant de toi, Ezak d'Arkasse. Il semble que partout où il y a la guerre, tu ne rôde jamais loin ! J'étais venu pour quérir le soutien d'Omyre pour moi et les miens... il semble que je n'écope que d'une mission suicide. Cela va finir par devenir une habitude de la part de la cité noire ! »


Il se mit à rire.

« Cela promet d'être intéressant... »

J’écoutai Azra, mon esquisse de sourire toujours figé sur mon visage. Il semblait s’amuser de cette situation. J’étais d’accord avec lui. Les situations dans lesquelles nous nous retrouvions sans cesse avaient leurs drôleries.

« Que veux-tu que je te dise ? Ma reine aime le sang et le Premier aime me mettre dans des situations embarrassantes… » souriais-je pleins de sous-entendus sur nos aventures passées.

Je rebondis tout de même sur ce qu’il venait de dire, car une chose avait retenu mon attention. En effet, il ne semblait pas se représenter tout seul. Il parlait en son nom mais aussi au nom des siens.

« Les tiens ? »

Je jetai un regard interrogatif au Semi-Shaakt qui l’accompagnait. Je me remémorais comme il s’était fondu dans l’ombre sur Aliaénon alors que juste ses yeux pourpres transperçaient les ténèbres . Il avait, de fait, quelques... talents obscurs. Je m’en amusai, heureux pour l’heure de pouvoir échanger avec légèreté. J’imaginais que l’ambiance serait bientôt trop lourde.

« Vous formez quoi au juste ? Un collectif de phénomènes de foire ?"

Azra répondit à ma boutade puisqu’il fit preuve d’autodérision, en acceptant qu’on puisse le voir ainsi, et il m’invita même à le joindre lorsque je le pourrais. Néanmoins, il repris plus sérieusement à propos de son compagnon, m’informant qu’ils faisaient partis d’une organisation qui se cherchait des alliées. Sous-entendait il qu’il avait des problèmes ? Je pensais que cela devenait intéressant.
J’émets un rire franc au petit trait d’humour d’Azra. Je rentrai dans son jeu, faisant également preuve d’autodérision. J’avais comme lui, perdu un peu de chairs. Pour le lui montrer, je me baissai pour retrousser le haut de ma botte, dévoilant brièvement le fer de ma jambe gauche.

« Je crois que j’ai quelques…qualités qui rajouterait de la bizarrerie à ta petite bande. » m’amusai-je.

Je crus apercevoir dans son attitude physique un intérêt réel pour ce qu’il vit. Mais j le laissai à peine exprimer son attention que je rebondis à nouveau sur ce qu’il venait de dévoiler, bien déterminé à en savoir plus. J’allais peut-être enfin pouvoir comprendre le mystère Azra et pour y arriver, je comptais bien mettre les pieds dans le plat mi doux-mi amer que nous partagions depuis plus d’une paire d’année maintenant.

« Vous cherchez des alliés hein… ? Pourquoi faire ? Je n’ai jamais réussi à saisir tes objectifs. En chair ou en os tu m’es toujours resté hermétique. Briserais tu la glace cette fois ? »

Le Lord, se montra bien évasif, se contentant d’affirmer qu’ils n’étaient que des adorateurs cherchant la survie. Je levai les yeux au ciel de manière ostensible lorsque je l’entendis mentionner le dieu de la mort. Il y vais deux raisons à cela. Les dévots m’exaspéraient et m’exaspéreront probablement toujours. Et puis, je voyais bien qu’il ne me disait pas tout. D’ailleurs, il s’en cachait à peine puisqu’il m’accusa à mon tour de n’avoir jamais été clair. Je ne pouvais que lui donner raison. Sur ce point l’un valait l’autre.


« Ah oui ! Ton dieu… Je m’apprêtais à te dire qu’après tout ça peut-être que je glisserais un mot au Premier en ta faveur mais si c’est pour ton fameux maître… Je crois que je préfère encore te voir empêtrer dans tes soucis jusqu’au cou. Enfin… jusqu’aux vertèbres… »


Je le détaillai de haut en bas. Cela m’apparaissait encore étrange de parler à un être décharné, surtout en me disant que je l’avais connu vivant. Il me rappelait tant Maxasnith sur l’île maudite. Peut-être même etait-ce souvenir de celui que j’eus considéré, qui m’empêchait de le mépriser complétement.

« Comment t’en vouloir ? Si j’étais comme toi, peut-être lui porterais-je aussi un amour inconditionnel. »

Je réfléchis un instant avant de répondre à ce qui était selon moi une question déguisée.

« Quant à mes objectifs… Saches juste pour que tout soit enfin réglé entre-nous qu’après t’avoir sauver la tête dans les Bois Sombres, je t’ai couvert sur Aliaénon, à un moment où les yeux de la reine commençaient à se diriger vers ta nécrotique présence. En d’autres termes, tu m’es doublement redevable et j’espère bien que tu m’apporteras ton aide lorsque je te le demanderais. »

Effectivement, j’avais pris des risques pour lui. Je pensais vraiment qu’il m’en devait une. Pourtant, j’avais lancé ces mots sans aucunes animosités, avec sympathie mais aussi avec une certaine pointe de mystère. Celui-là même qui régissait nos rapports depuis le jour ou nous avions combattu côte-à-côte contre ces fanatiques de Brytha. Chacun gardait ses secrets. Depuis lors, rien n’avait changé. Et c’est justement la remarque que me fis Azra après voir soupiré – je ne savais comment d’ailleurs – bruyamment, avant de me promettre sans le faire réellement de me rendre la pareille. L’opacité de la situation semblait l’agacer, puisqu’il mit fin à notre conversation en m’invitant à se rendre au bateau. Devant son soupire appuyé je ne pus qu’éclater d’un rire franc. Il y avait effectivement de quoi s’arracher les cheveux. C’était tout de même intriguant… Avec cet homme j’avais l’impression de revivre sans cesse la même histoire, de refaire les mêmes dialogues. C’était comme si le destin avait ses propres plans et qu’il ne lâchait pas l’affaire tant qu’il n’aurait pas obtenu ce qu’il voulait. Azra devait s’en rendre compte autant que moi…

« Pourquoi devrait-on changer quoi que ce soit à cette si belle idylle que nous vivons toi et moi ? »

En attendant, avant de le suivre, j’avais quelques dispositions à prendre pour ce qui serait peut-être la mission la plus dure et la plus osée que l’on ne m’avait jamais confié.

« Je dois encore régler quelques affaires. Rejoignons nous là-bas. »

Avant de m’en aller, je posai une main franche sur son épaule dépourvue de muscle. Au contact, j’eus un léger frisson en ressentant les os sous ma paume.

« Crois-le ou pas mais je suis content de t’avoir à mes côtés le sac d’os. »

En effet, pour avoir combattu à ses côtés je savais de quoi il était capable. J’imaginais que depuis, grâce à ses nouveaux attributs, il avait acquis quelques compétences en plus. Et puis il y avait ce petit quelque chose qui me le rendait sympathique. Honnêtement, je ne savais dire quoi. Peut-être était-ce lien indéchiffrable qui nous unissait. Je laissai ces réflexions à un autre temps. Pour l’heure, il me fallait me préparer pour mettre fin à toute cette histoire.

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Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Eldros Rougine » dim. 24 janv. 2021 10:08

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Le prédateur ultime nous octroie une ultime menace dissimulée derrière un ordre banal avant de disparaître dans sa tente. Je ne m’en préoccupe pas, je suis à ma place, les signes ne trompent pas. Mon regard est d’ailleurs encore braqué sur l’un d’eux, cette étrange silhouette masquée. Je l’ai vu, cette main décharnée, squelettique. Il n’a pas pu voler ce don à Phaïtos, impossible ! Mon vénéré dieu le lui à confié, c’est certain ! Il ne peut pas être non plus une engeance nécromantique, trop parfait. Et je doute que la personne inintéressante qui l’accompagne soit capable d’une telle prouesse magique.

Je dois suivre ce signe, suivre et servir la liche jusqu’à ce qu’à mon tour Phaïtos reconnaisse la valeur de ma foi.

(Ô Phaïtos je ne te décevrais pas, la mort va frapper avec toute sa grâce. )

Nous quittons le camp pour revenir au milieu du vacarme et de la puanteur des Garzoks. Je songe à ma mission, au plan prévu. Il n’existe pas mille manières de mettre un camp à feu et à sang. Il y a très justement le sang par le fer et le feu par les flammes. Si le premier doit servir pour prendre les cibles qui nous sont désignées le second peut servir à causer la diversion possible pour mener notre plan à bien. Je ne doute pas que le plan de Karsinar consistant simplement à foncer dans le tas convient sans doute à un esprit simple comme celui de l’orc qui nous accompagne mais je doute fort que nous parvenions à avancer plus d’une dizaine de mètres et en plus, vers quelle direction ? Comment savoir où sera le roi ? Ses conseillers ? Ses Généraux ? Non, ce plan est ridicule et ma première tâche difficile consiste à persuader ceux qui sont convaincus du contraire.

Je m’arrête devant une tente s’apparentant à ce qui pourrait être une boutique, une planche posée sur deux trépieds en guise de comptoir, recouvert par une toile sale et aux fournitures basiques entassées de façon anarchique sans se soucier de leurs utilités. Des couvertures trainants dans la boue, des torches reposants sous les trous dans la tente. Je soupire, las, en étant témoin de tant de bêtise. Le stand est tenu par un garzok au regard idiot, poussant un grognement en guise de bienvenue. Je lui désigne ce que je désire du doigt, ne parlant que quand c’est nécessaire, ne montrant en aucun cas le mépris qui fait bouillir mes entrailles, gardant en tête qu’il fait le triple de mon poids et le double de ma taille. Je lui prends une couverture, insistant pour en avoir une qui n’est pas trempée, des fioles vides, plusieurs briquets et de l’amadou. Tout ça pour une somme modique, je soupçonne le garzok de ne pas savoir compter mais je ne vais pas prendre la peine de le lui faire remarquer. Je récupère les affaires et me dirige vers le port où nous avons rendez-vous.

En m’approchant je distingue le navire que nous allons prendre pour s’élancer vers la bataille. Encore un signe. La Baliste mouille non loin du quai, prête à nous recevoir. L’aide de Laeten me sera précieuse et la présence de l’équipage qui m’apprécie grâce à mes faux semblant me donne un avantage certain. Si un aventurier s’avise de me menacer, il aura vite fait de passer par dessus bord. J’écoute distraitement les mots de la bête sauvage qui nous donne les dernières consignes avant de monter à bord du navire.

(( Achat d'une couverture, de 5 fioles vides et de 3 briquets+ amadou ))

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TheGentleMad
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Re: Plaines de Kôchii

Message par TheGentleMad » lun. 25 janv. 2021 19:00

-----K-----


Après avoir remarqué le regard appuyé du maître des bêtes suite à son offrande, Kurgoth regarda le jeune barde et le semi-elfe mélanger leur sang avec le prédateur ultime tout en léchant goulûment celui qui coulait encore sur sa paume. Karsinar conclut alors la discussion avant de disparaître dans sa tente. Sarl donna une heure aux aventuriers pour faire leurs derniers achats puis la rejoindre sur la côte avant de quitter le camp des officiers. Alors que chacun part de son côté, le barbare rattrapa rapidement la liykor pour lui demander où il pourrait laisser Vagun'kal, ne se voyant pas embarquer sa monture et sa charrette au milieu d'une bataille navale. Sarl proposa de l'amener aux écuries du camp et Kurgoth lui confia ainsi sa monture après avoir flatté une dernière fois son encolure.

Alors qu'il se dirigeait vers la côte en réfléchissant à un plan d'action, l'attention du chevalier fut attirée par une exclamation tranchant avec les grognements du camp. Tournant la tête, il reconnut le semi-elfe avec qui il devait faire équipe. Celui-ci semblait sur le point de se faire tailler en pièces par l'un des marchands du camp. Afin d'éviter de perdre une partie de sa maigre équipe avant même le début de la mission suicide, le prêtre de Thimoros décida d'intervenir. Arrivant par-derrière, il posa sa lourde main sur les fines épaules de l'aventurier et grogna :

"Paye ce qu'il te demande. Tu mourras bientôt, ne sois pas si pressé."

Le semi-elfe obtempéra, puis remercia Kurgoth d'avoir calmé la situation. Bien qu'il ne comprit pas vraiment pourquoi se faisait remercier puisque d'après lui, c'était bien l'elfe qui cherchait les ennuis, il reconnut dans ses mains une gemme mauve semblable à la sienne. Comme Daemon lui montrait la gemme avec laquelle il avait essayé de payer, le barbare répondit :

"J'ai la même gemme. Je ne sais pas si elle vaut grand chose, uniquement qu'elle a à voir avec un certain Naral Shaam, un dragon mauve et une île au Naora."

Se mettant à trembler, son interlocuteur rangea brusquement la gemme dans son sac avant de demander frénétiquement au garzok de confirmer ce qu'il venait de dire. Ne comprenant pas la raison de cette agitation, le chevalier se contenta de hausser un sourcil en grognant :

"C'est ce qu'à dit le vieil Occulus... Tu connais ce Naral Shaam ?"

Le semi-elfe connaissait en effet celui qu'il décrivit comme un elfe aux cheveux mauves capable de devenir un gigantesque dragon de la même couleur. Lui, la liche et le sergent auraient ainsi rencontré dans un autre monde ce personnage censé traverser les mondes et traiter avec les dieux. Ne comprenant pas vraiment pourquoi Daemon lui conseillait à ce point la prudence, Kurgoth, qui voulait simplement découvrir le secret de sa gemme, haussa les épaules et répliqua :

"Tant qu'il me dit à quoi sert cette gemme..."

Son interlocuteur s'emporta alors, l'exhortant à davantage se soucier de la présence sur Yuimen du dragon que de la gemme. Mais le barbare ne voyait pas la puissance du dragon comme un danger particulièrement préoccupant, lui rêvait de prouver sa force afin de côtoyer Oaxaca et ses lieutenants.

"Tout dragon qu'il soit, la cheffe de guerre suprême le tuera s'il se met sur son chemin. N'as-tu donc jamais entendu parler de son dragon noir qui est craint par les dieux eux-mêmes ?"

Le regard du semi-elfe devint soudainement noir tandis qu'il déclarait que le dragon noir n'appartenait qu'à Phaïtos lui-même. Comprenant immédiatement qu'il s'adressait à un fanatique du frère de son propre dieu tutélaire, Kurgoth préféra couper court à la conversation plutôt que l'envenimer. Juste avant de s'éloigner, il conclut :

"Qui de mieux que la nièce du grand dévoreur des enfers pour s'occuper de sa création en son absence ? Et si ça ne te convient pas, va le dire à Sisstar."

Lorsque tous les aventuriers arrivèrent sur la côte, Sarl désigna le navire que les aventuriers devraient utiliser pour capturer le navire kendran prévu dans le plan. Elle rappela ensuite que le massacre de l'état-major prime sur tout le reste, y compris leurs vies, et leur rappela qu'elle et Karsinar attendaient d'eux qu'il s'adaptent si tout ne se passait pas comme prévu. Kurgoth profita de l'occasion pour s'avancer et prendre la parole après la liykor.

"En parlant de déviation au plan, bien que foncer dans le tas pour ne laisser derrière nous qu'une traînée de sang et de tripes m'enchante, je vois deux problèmes cruciaux à ce plan. Premièrement, cela risque d'alerter nos cibles, hors leur fuite constituerait un échec complet de notre mission. Ensuite, nous sommes déjà peu nombreux. Retourner au navire après le massacre sera sans doute difficile, évitons d'avoir des morts dès l'entrée dans celui-ci."

Durant cette dernière phrase, le chevalier regardait plus particulièrement Mikkah et Eldros. Pointant son doigt en direction des humains, il continua de sa voix caverneuse :

"En récupérant l'équipement des marins que nous aborderons, vous pourrez facilement vous faire passer pour nos ennemis... Et si on trouve de quoi cacher intégralement sa peau, le semi-elfe pourrait aussi. Je suis bien trop massif pour me déguiser ainsi et le sac d'os est sans doute trop maigre pour convaincre."

Kurgoth sortit alors de son sac sa corde et sa chaîne.

"En revanche, nous pourrons facilement jouer les prisonniers capturés. Vous n'aurez qu'à prétendre nous avoir attrapés durant la bataille et nous ramener pour fournir des informations à l'état-major. Une fois dans la tente en présence des généraux, nous n'auront qu'à nous débarrasser en un instant des liens volontairement lâches et récupérer les armes que vous aurez transporté afin que chaque paire de bras aide au massacre."

Sentant les regards sceptiques peser sur lui, le garzok conclut d'un ton provocateur.

"Bien sûr, rien n'assure la réussite de ce plan, mais chaque mètre parcouru à travers le camp sans combattre, diminue le risque de fuite de nos cibles ainsi que celui de mourir... Et si certains préfèrent continuer de prendre tous les garzoks pour des abrutis, j'attends votre plan génial sur-le-champ ou que vous cessiez vos regards méprisants avant que ma hache ne vous les efface de force."
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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Mikkah-El Sôdehbek » mer. 27 janv. 2021 12:30

Vous aviez une heure devant vous. Une heure pour faire vos dernières emplettes, faire connaissance peut-être... Une heure pour que tu fasses tes adieux à la vie. Tu en étais de plus en plus convaincu : tu ne survivrais pas à cette mission. Pas si tu suivais cette bande d'assoiffés de sang jusqu'au bout. Tu te mordillais les lèvres. Tout cela ne correspondait pas beaucoup à ton plan initial. Mais tu ne te voyais pas aller demander à Karsinar - ou juste à la liykor qui l'accompagnait - de changer de mission Néanmoins, quelque chose détourna ton attention : Ezak et le squelette s'étaient mis à discuter. Le premier t'attirait par son charisme, le deuxième par le mélange de fascination et de dégoût qu'il t'inspirait. Tu fis passer ton luth sur ton ventre et, te mettant à quelques pas d'eux, faisant mine d'accorder ton instrument, tu écoutas avec beaucoup d'intérêt.

Ce pendant, tu vis le demi-elfe qui accompagnait le squelette ("Lord Azrael" semblait-il) aller parler à Sarl. Tu l'avais repéré, lui aussi, et tu ne le quittais pas des yeux. Lorsque Karsinar avait écrabouillé la tête de ce pauvre shaakt sans plus de regard que pour une limace, il avait détourné le sien. Cela t'intriguait d'autant plus dans cette assemblée qui semblait ne désirer que le feu et les massacres. Sans lâcher ton luth et quelques résonances de cordes par-ci par-là, tu te coulas à ses côtés, juste avant qu'il ne parte.

"On peut aimer la mort sans l'horreur, qu'en penses-tu ? Je m'appelle Mikkah." ajoutas-tu en déportant ton attention loin de sa personne, comme si tu ne souhaitais pas le déranger plus avant - ou qu'il ne t'intéressait plus.

La conversation entre Azrael et Ezak s'achevait et tu devais prendre une décision : suivre l'un ou l'autre. Tu te souvenais de la recommandation de Kurgoth en entrant dans le camp ; si tu te sentais relativement en sécurité ici, tu avais peur, dès les barricades franchies, de devoir courir jusqu'au port comme un poulet poursuivi par des garzoks affamés. Tu étais donc d'avis de suivre quelqu'un qui en imposerait davantage que ta menue personne. Finalement, le choix s'opéra sur le squelette ; il avait l'air de se diriger vers le port tout de go. Tu lui emboîtas donc le pas, la tête baissée vers ton instrument que tu ne quittais pas des doigts - cela t'aidait à calmer tes nerfs - mais tes yeux rivés sur ton environnement. Vous arrivâtes au port. En avance. Brusquement, tu décidas d'ouvrir la conversation. De manière saugrenue.

"Ce n'est pas trop inconfortable d'avoir la p... que les os ?"

(Mikkah, qu'est-ce que tu fais ?)

(Aucune idée.)

Tu décidas de t'éloigner de quelques pas, n'assumant pas beaucoup ta façon de "faire connaissance". Les autres arrivèrent petit à petit alors que tu élaborais une languissante mélodie - une sorte de requiem en avance. Sarl la liykor vous montra le bateau que vous alliez utiliser. Et vous rappela - si besoin était - que votre vie ne passait pas avant la mission. Après sa déclaration, Kurgoth s'avança. Le garzok avait un plan. Étonnant.

En fait, tu ravalas ton mépris assez vite. Kurgoth s'exprima de façon tout à fait correcte et son plan n'était pas bête. Surtout la partie où votre réussite reposerait sur la non-fuite de vos ennemis donc le non-combat de votre côté. Ça, ça t'intéressait hautement. Une autre partie du plan t'était séduisante : vous faire passer pour vos ennemis. Un plan s'élaborait dans ta tête.

"Je suis d'accord avec Kurgoth. Même si c'est une mission suicidaire, rien ne sert de nous suicider. Autant essayer de réussir."
Mikkah - Voleur Haffiz

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Daemon
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Daemon » ven. 29 janv. 2021 00:15

Le pacte de sang effectué, Karsinar accepta l'offrande du garzoke défiguré et rejoignit sa tente de commandement. La lickor ajouta alors qu'ils devaient se tenir prêt à embarquer dans l'heure, soit juste le temps de se ravitailler. La porte de l'enceinte fut de nouveau ouverte et les mercenaires sortirent sans attendre. Azra échangeait quelques mots avec Ezak, alors Daemon en profita pour obtenir quelques renseignements de Sarl, la lickor.

« Nous sortons d'une retraite reculée et hormis quelques traces sur la route, nous ne savons rien de la situation. Qu'en est-il ? Des batailles ont eu lieu ?Vous tenez le siège depuis longtemps ? »

Elle fut abasourdi par son ignorance. Deux batailles majeures avait déjà eu lieu ces derniers mois, l'une menant à la capture de tout le nord Ynonien, l'autre qui visait le Duché de Luminion et qui n'a pas abouti. Le blocus terrestre avait donc été mis en place, il ne leur restait plus qu'à couper la liaison restante du port d'Oranan. Elle montra alors les dents, pleine de mépris envers les kendrans qui venaient fourrer leur nez où il ne fallait pas.

« Haha... J'ai eu vent de quelques rumeurs, mais vous savez, nous recevons peu de voyageurs dans notre crypte. » répondit-il en se tenant la tête. « Je comprends mieux l'intérêt de notre mission. Une fois les kendrans en déroute, ils n'auront d'autres choix que de repartir d'où ils viennent. »

Elle prolongea sa phrase en ajoutant que le désordre les rendrait plus faciles à vaincre. Une perspective qui l'enchantait, elle avoua même envier l'objectif de leur mission, rêvant d'ajouter la tête du roi de Kendra-Kar à ses trophées de chasse.
Aussi, se léchant les babines, elle demanda où se situait la crypte qu'il avait évoquée. Daemon se fendit d'un sourire, légèrement méfiant envers la curiosité de la lickor, dont la sournoiserie manifeste ne lui inspirait guère confiance.

« Dans les montagnes... loin de tout. »

Une lueur maligne brilla dans les yeux de Sarl, qui ajouta qu'il devait être ennuyeux d'être ainsi loin de tout.

« Mais plus proche de notre dieu, même si Phaïtos ne tardera pas à investir ces terres. Le seigneur Karsimar semble brûler d'impatience et le siège sera bref... j'imagine. »

Elle haussa les épaules. Selon elle les ynoriens étaient faibles et ne pouvaient tenir tête à son général. Avec les siens (les lickors noirs), elle ne doutait pas qu'ils se rendraient rapidement, rongés par la peur. Les forces Kendrans demeuraient le seul obstacle, qui ne semblait guerre l'inquiéter. Selon elle la plaine serait bientôt jonchée de cadavres, pour Phaïtos...

« Une bonne chose... » lui assura Daemon. « Pareille offrande ne saurait être négligée. »

Il s'inclina légèrement en signe de respect, en tenant sa main encore dégoulinante de sang.

« Je dois maintenant me préparer. »

Un hochement de tête de Sarl conclut la conversation. Azra chuchotait toujours avec Ezak, il décida alors de ne pas l'attendre. Alors qu'il s’apprêtait à partir, une voix l'interpella :

« On peut aimer la mort sans l'horreur, qu'en penses-tu ? Je m'appelle Mikkah. »

Le jeune haffiz se tenait derrière lui, un luth entre les mains. Daemon jeta un œil à la dépouille sanguinolente du shaakt et comprit que sa réaction n'était pas passé inaperçu. Ce n'était pourtant pas un reproche que Mikkah lui adressait ; une candeur touchante émanait de lui.

« La mort peut aussi être décente... Enfin on va devoir s'y habituer. Moi c'est Daemon. C'est une guitare que tu tiens ? Tu es musicien ? »

Il lui répondit que non, ce n'était pas une guitare mais un luth, et qu'il était bel et bien musicien. Daemon le fixa un instant, avec visiblement plusieurs questions en tête, avant de se résigner.

« Voilà qui devrait égailler notre départ. » répondit-il en essayant de se montrer affable.





Une fois sorti de l'enceinte, le ravitaillement devint sa première préoccupation. Son compère n'avait pas ce souci, mais des jours de voyage à travers les terres sauvages avaient complètement vidé son sac. Il évolua sur les allées en évitant de se faire bousculer, jusqu'à trouver une grande tente, celle-ci sévèrement gardée, où un attroupement de peaux-vertes attendait pour récupérer leurs rations. Une fois le champ libre, il se pointa devant l'officier attablé aux vestiges d'une remorque.

« Vous auriez du matos et des provisions pour les premiers soins ? »

Le garzoke leva un sourcil et se contenta de rester muet, sans le quitter des yeux.

« Vous avez fourni au moins une dizaine de garzokes avant moi ! »

L'officier leva son autre sourcil, sans pour autant daigner lui répondre. Le semi-elfe leva les yeux au ciel et posa lourdement son sac, plein de reproches, tandis qu'il cherchait sa bourse. Une fois le tintement des pièces sonnantes et trébuchantes arrivé aux oreilles du garzoke, il se décida à prendre la parole.

« Une ration, c'est ça ? »

« Et de quoi soigner aussi... »

Un baluchon de tissu sale atterrit devant lui, et l'officier ouvrit un petit coffre plein de petites fioles. Daemon en demanda deux, soucieux d'être prévoyant, et commença à compter ses yus. Évidemment on lui demanda un prix au-dessus de la valeur des potions douteuse, et au-dessus de ses moyens.

« Deux cents yus pour les deux potions ! Ça ne sert à rien de négocier, je n'ai que ça ! »

L'officier fit mine de reprendre ses fioles et Daemon du fouiller encore dans ses effets, jusqu'à trouver une gemme mauve qu'il examina à la lueur du soleil. Il l'avait trouvé au château si ses souvenirs étaient bons. Son éclat était particulier, comme si un soupçon de magie s'en dégageait. Cela n'échappa pas à l'officier qui conclut les deux cents yus plus la pierre.

« Non, certainement pas. Cette gemme vaut davantage que ces deux potions ! »

« Oh non, je ne crois pas. Le marché est déjà conclu. »


Le garzoke adressa un signe de main aux gardes stationnés derrière qui avancèrent de quelques pas. Cela fut au tour de Daemon de lever un sourcil. La vue de la pierre avait apparemment soulevé quelques convoitises.
Main sur la garde de son sabre, il reprit les négociations.

« Deux cents yus ! Pas une pièce de plus !! » cria-t-il.

Une imposante main gantée se posa sur l'épaule de Daemon, qui découvrit le garzoke au visage brûlé présent au conseil. L'agitation avait attiré son attention et il l'intimait brusquement à payer, la mort les attendant autre part. Constatant que sa présence intimidait l'officier, Daemon se saisit du baluchon ainsi que les deux potions, et déposa ses yus sans la gemme, pour disparaître avant que l'officier réalise être floué.
Rangeant le tout au fond de sa sacoche, il remercia le garzoke avec la tronche calciné.

« Merci l'ami. Je n'aurais pas du sortir cette pierre, les négociations allaient mal finir... » fit-il en montrant la gemme.

Le garzoke s'intéressa à la gemme et déclara avoir la même, sans savoir si elle avait une valeur, seulement qu'elle avait un rapport avec Naral Shaam et une île au Naora. Les mains du semi-elfe devinrent tremblantes et il rangea aussitôt la gemme dans son sac.

« Tu as dit Naral Shaam !? Le dragon mauve ? »

Un grognement lui répondit. Apparemment c'était ce qu'avait dit un vieil oculus, pour lui demander s'il connaissait Naral Shaam.

« Je l'ai rencontré... sur un autre monde que Yuimen. Tu comprends ma surprise. Entendre son nom, ici... Naral Shaam.
Naral Shaam est un dragon mauve, gigantesque ! J'ai voyagé sur son dos avec Azra, mon compagnon de voyage, et Ezak, le guerrier blond présent au conseil. Naral revêt aussi une apparence elfique, aux cheveux mauves, comme ses écailles. Soit prudent, c'est un personnage puissant et indéchiffrable. Il arpente les mondes, il traite avec les dieux. »


Le garzoke ne sembla pas s'en affecter et rétorqua simplement :

« Tant qu'il me dit à quoi sert cette gemme. »

« Par Cromax, ne te soucie pas de cette gemme, mais de la présence de Naral sur cette terre. »

À cela, il lui rétorqua que la chef de guerre suprême le tuera s'il se met sur son chemin. Il parlait évidemment d'Oaxaca, fille de Thimoros. Puis il ajouta qu'elle avait un dragon noir que même les dieux redoutaient.
Daemon marqua un instant de silence, laissant libre cours à l'agitation du camp, et adressa un regard noir au défiguré.

« Le dragon noir est issu des enfers et a pour seul maître le grand Phaïtos. Il est la mort, l'incarnation de la mort sur cette terre, en aucun cas le vassal d'Oaxaca. »

Le garzoke ne réagit point, seulement pour ajouter qu'il n'y avait pas mieux que la nièce de Phaïtos pour garder sa création, puis il repartit comme il était venu.
Daemon reprit son calme et, jetant un coup d’œil derrière son épaule, regrettant de s'être ainsi emporté, il s'éloigna en vitesse. Il avait juré à Azra de ne plus de faire de vagues. Ce n'était pas le moment de se mettre des compagnons à dos. La mission était déjà suffisamment périlleuse comme ça.

Il devait d'ailleurs s'y préparer... La main plongée dans son sac, il tira une fiole au contenu noirâtre. L'idée de l'absorber ne l'enchantait guère, mais il devait se charger de magie, s'il attendait trop, les effets secondaires pourraient poser problème.





Il rejoignit le reste de l'équipe juste à temps pour le départ. Un somptueux deux-mâts aux voiles hissées mouillait dans le port, prêt à prendre le départ. Sarl résuma de nouveau leur mission en insistant sur la confiance qu'ils leur portaient. S'ils avaient fait appel à des aventuriers, c'était pour leur capacité d'adaptation en cas d'accroc.
Kurgoth, le garzoke défiguré, rebondit alors sur la déclaration pour proposer une variante du plan. Selon lui, un assaut agressif après avoir débarqué dans l'avant-poste ennemi était trop incertain et risquerait de faire fuir leurs cibles. Il sortit alors cordes et chaînes et proposa de se faire passer pour prisonnier, ainsi que la liche, afin d'infiltrer la base aux yeux de tous. L'idée était bonne, du en juger Daemon, hormis le détail consistant à le recouvrir intégralement d'équipements pour dissimuler son ascendance shaakt.

« Ma peau est claire, inutile de la dissimuler. Pour mes yeux, ils peuvent attirer l'attention, mais je sais me faire discret... Je suis d'accord avec ta proposition. Mieux vaut parer à toutes les éventualités, nous ne savons pas ce qui nous attend au débarquement. »

(((Utilisation de une fiole d'obscurité 1/4)))
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Ezak
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Ezak » ven. 29 janv. 2021 05:55

Je m’étais enfoncé dans le camp, bien décidé à bien me préparer pour ce qui nous attendait. Ainsi je me dirigea vers un Garzok qui, entouré de meules, enclumes et de toutes sorte de métaux ne pouvait être que forgeron. Il me jeta à peine un regard lorsque j’arrivai, bien occupé qu’il était dans sa besogne. Il était pressé, et moi aussi, ce qui rendit nôtre échange efficace. Il écouta mes demandes avant de récupérer les armes qui je lui donnai, avant de m’en fournir d’autres. Puis alors que je commençai à m’éloigner il m’interpela. Je me retournai, blasé.

« Hm ? »

« Vous devriez enchanter vos protections Sergent. »


Ce que je me dépêchai de faire sous ces conseils avisés. Je me rendis ensuite dans une tente sous laquelle un Garzok préparait des décoctions dans d’énormes marmites. Là, j’achetai quelques potions que je glissai dans une gourde magique qu’il me vendit, après avoir plusieurs fois expliqué son fonctionnement. J’avouai avoir encore du mal avec la magie. Tout ceci me paraissait tellement étrange. Enfin, lorsque j’eus réalisé tous mes achats, je me dirigeai vers mes hommes restés à l’extérieur. Je réunis les meilleurs d’entre eux sous les conseils d’Edris, mon homme de confiance. Mes critères étaient simples : bon combattant, loyauté à tout épreuve à mon égard et qui ne s’attend pas à autre chose que de mourir. Il rassembla une quinzaine d’individus fait de ce bois rares et je leur ordonnai de me suivre avant d’ordonner au reste du groupe d’attendre ici mon retour. Je me dirigeai donc vers point de rendez-vous, accompagné de ma fidèle garde. Lorsque j’aperçus notre groupe réuni, j’ordonnai à mes hommes de rester en retrait. Ils n’avaient pas besoin de connaître les détails sensibles tant que nous étions sur terre. Lorsque j’arrivai à leur niveau, la Lykior nous rappela nos objectifs. Ceci ressemblait fort à une tentative pour nous faire passer un message clair : réussir ou mourir. C’est le moment que choisis Kurgoth , car tel était le nom qui sortit de la bouche de l’humain qui l’accompagnait, pour nous proposer un plan. J’écoutai attentivement. IL y avait de l’idée, mais quelques défauts selon moi. Je m’éclaircis la gorge avant de prendre la parole à mon tour.


« L’idée part d’une bonne intention mais je trouve qu’il nous expose beaucoup trop. Pour moi, se promener avec Garzok et Liche dans un camp où se trouve les personnalités les plus influentes de Nirtim ce serait attirer inutilement l’attention sur nous. De plus, on aura affaire à des officiers, donc aux personnes les mieux renseignés de nos ennemis, et au risque de vous vexer, pour ceux d’en face, vous n’êtes personne. Avec moi, un gradé de l’armée, le stratagème marcherait peut-être, mais là, j’ai de sérieux doutes… »


Je réfléchis un instant avant de reprendre.


« Cependant, je te suis sur deux choses la verdaille. Premièrement, on ne peut pas plonger à l’aveugle en espérant tomber sur le roi des Kendrans par le plus grand des hasard. Deuxièmement, toi et le Lord Azrael ne pourront se camoufler parmi nous. Ce pourquoi je pense que vous devrez rester cacher dans le navire en attendant que, nous, les humains, puissions arpenter le camp afin de connaître la position du Roi, ainsi que celle de tous les autres personnages importants qui pourraient y demeurer. Alors là, avec l’avantage de l’information, nous pourrons unir nos forces pour semer l’effroi dans leur rang."


J’hésitai à poursuivre, me demandant si l’on ne s’avançait pas trop à établir un plan. J’étais persuadé que quoi que l’on ferait, rien ne se passerait comme prévu. Mais je me laissai convaincre que d’élaborer des hypothèses n’engageaient à rien.

« Pour moi, l’idéal serait de frapper en une fois, à un moment où ils seraient tous rassemblés. J’imagine qu’ils ne manqueront pas de le faire pour discuter stratégies et logistiques. Mais on peut imaginer aussi que votre groupe pourrait frapper ailleurs. Deux frappes. Plus de désordres et de confusion. Après tout, votre physique hideux peut aussi être un atout dans ce cas… Enfin, tout ça n’est que supputations. Je suppose qu’on peut encore tous en discuter. »


J’haussai les épaules avant de continuer.


«Quoi qu’il en soit, sachez que pour prendre la vie du Roi kendran je suis prêt à n’envisager qu’un aller-simple. La vengeance et la gloire en valent le coup. Mais vous être tous dans les mêmes dispositions, n’est-ce pas ? »

J’avais lâché mes derniers mots dans un sourire alors mes yeux s’animaient d’une lueur de défi. J’allais encore défier les dieux. Le destin et la mort. Zewen, Phaïstos… Je comptais bien les mettre à l’épreuve. Je profitai de ma brève sérénité. Je savais que lorsque je me délesterais de mes écailles, il me faudrait à nouveau combattre la peur.

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Yūgure Kuranashi
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yūgure Kuranashi » ven. 19 févr. 2021 19:57

Précédemment.

A la suite de nombreuses heures de marche, Yūgure pénétra dans les plaines de Kôchii et rejoint la grand route qui menait au sud. Il découvrit alors un nouveau type de paysage puisque devant lui s’étendaient de vastes de champs de blé et d’orge dont le vent faisait danser les tiges. Dans certaines parcelles, le semi-elfe observa des paysans inspecter la croissance et la qualité de leurs céréales. Manifestement et en vue de leur calme, l’incursion des garzoks ne s’était pas encore enfoncée assez profondément dans le pays pour atteindre ces terres. Par conséquent, Yūgure pouvait finalement se détendre un peu et observer le paysage en toute tranquillité. Il appréciait également la douce brise qui caressait son visage et venait soulever sa longue chevelure.

Alors que la journée n’allait pas tarder à prendre fin, le semi-elfe parvint aux abords d’une auberge et décida de s’arrêter pour y séjourner. En passant le pas de la porte, il remarqua que la salle était presque vide. Assis au fond, deux hommes dont l’allure laissait présager qu’ils étaient des paysans prenaient leur repas. Au centre de la salle se trouvait le comptoir. Ce dernier était fermé et de forme rectangulaire, l’aubergiste se tenant au milieu. Face à lui, posé sur un tabouret se trouvait un individu de grande taille et particulièrement élancé. Il avait de longues oreilles fines et pointues et sa chevelure était sombre comme la nuit, bien que parfaitement soyeuse. Yūgure, voyant qu’il partageait quelques caractéristiques avec lui comprit qu’il s’agissait d’un elfe. C’était la toute première fois qu’il en voyait un et cela l’enthousiasma au plus haut point. Il se voyait déjà engager la conversation et espérait ainsi en apprendre sur ses origines. En se rapprochant, il remarqua que l’elfe était vêtu d’une tunique particulièrement élaborée. Elle était couleur d’argent et brodée de lapis. Les pierres précieuses étaient elles-mêmes entourées de différents motifs floraux qui mettaient parfaitement en valeur leur bleu brillant. Une fois arrivé aux abords du comptoir, Yūgure se saisit d’un tabouret et s’assit à côté de l’elfe. Il comprit alors qu’il ne descendait certainement pas de son espèce en vue de sa peau qui était bien trop claire. Il s’agissait en fait d’un Hinïon. Ce dernier, voyant le semi-elfe s’asseoir à ses côtés, le dévisagea.

« Eh bien, il est assez rare de croiser un Sindel si loin de Sarindel. » dit-il avant de scruter Yūgure de la tête aux pieds. «Et de si petite taille, par dessus le marché. Allons étranger, que viens-tu faire en cette contrée ? »

« C’est à dire... »

L’elfe blanc se pencha alors et prit le temps de regarder plus longuement celui qui se tenait à ses côtés. Il remarqua alors les yeux bridés de Yūgure mais également qu’il portait une tenue typique d’Ynorie.

« Ah ! Je crois comprendre. C’est un sujet qui fâche. Allons, je ne t’en tiendrais pas rigueur. Je croyais mourir d’ennui ici, alors je ne vais pas cracher sur un compagnon de beuverie. »

Il y eut un moment de silence, de ceux qui font peser un sérieux malaise.

« Bien… Tu n’es pas très bavard à ce que je vois. Qu’importe ! Tavernier, sers lui donc un saké. Cela lui déliera sûrement la langue ! » s’exclama l’elfe, particulièrement enjoué.

L’aubergiste s’exécuta, il posa face à Yūgure un petit gobelet en bois qu’il remplit à ras bord. Le semi-elfe resta le fixer un moment.

« Eh bien… Qu’attends-tu ? N’aie crainte, il est d’une qualité acceptable. Il n’a rien d’un tord boyaux ! »

Yūgure se saisit donc du petit gobelet et avala d’une traite le saké qu’il contenait. Une fois le verre reposé lui vint une quinte de toux qui résonna dans toute la salle.

« Ah ! Toi, tu n’as pas l’habitude de boire ! » Dit l’elfe en gloussant. « Allons, ce n’est rien. Prends en un autre, on s’y habitue vite ! Bien… Tu dois te sentir mieux maintenant. Alors étranger, tu dois bien avoir un nom ? »

«  Yū… Yūgure » répondit péniblement le semi-elfe qui était soudainement prit d’un hoquet.

L’Hinïon porta alors son regard sur l’aubergiste qui avait le dos tourné et semblait ne rien avoir entendu. Il reprit en chuchotant :

« Eloignons-nous un peu, veux-tu ? La plupart des gens du coin n’ont pas l’esprit très ouvert. Mieux vaut que nous discutions à l’abri des oreilles indiscrètes. »

Tous deux se levèrent alors et se dirigèrent vers un coin de la salle assez éloigné pour que personne ne puisse les entendre. Ils prirent place autour d’une petite table. L’elfe reprit alors la conversation :

« Alors Yūgure… Tu as de la chance d’être tombé sur moi. Comme je te le disais, beaucoup de gens n’aiment guère ceux de ton ‘espèce’. Moi, cela m’indiffère. En fait non, c’est même le contraire : cela m’intéresse ! Ton histoire doit valoir le coup d’être racontée. »

« Tu l’as dit toi même, c’est un sujet qui fâche… » Lui rétorqua Yūgure.

« Ah, certes… Si nous apprenons à nous connaître et que je gagne ta confiance, alors peut-être voudras-tu bien me la raconter. Mais pour ça, encore faudrait-il que tu connaisses mon nom ! Je me nomme Imilfed et je suis apprenti forgeron à Viskori. Je reviens tout juste d’Oranan où je suis allé chercher une commande pour mon maître. Et toi, où te rends-tu ? »

« A Viskori, justement. »

« Ah, ça pour une coïncidence ! Nous voyagerons ensemble alors. Et une fois arrivés, je te ferai faire le tour du village. C’est un endroit charmant, bien que les gens y sont quelque peu… Disons qu’ils ne sont pas tous très recommandables. »

« Eh bien Imilfed, me voilà ravi. Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas exactement comment m’y rendre. J’ai beaucoup de chance d’être tombé sur toi. »

« Alors nous sommes deux ! Il n’est pas très plaisant de voyager seul. En plus, cela va avec son lot de risques. Allons, buvons encore, et mangeons. Il nous reste encore beaucoup de temps avant que le soleil ne se lève. Dis-moi, tu n’auras pas besoin de toute la nuit pour te reposer ? »

« Non. A ce niveau, je suis comme toi. »

« Parfait ! Tavernier, viens donc par ici ! »

Alors les deux nouveaux compagnons de voyage se firent un joyeux festin. Imilfed était tellement heureux de ne plus voyager seul qu’il prit tout à ses frais. Ce dernier fit longuement part à Yūgure des us et coutumes de son peuple et le semi-elfe en fut ravi. Il se dit que les Sindeldi avaient peut-être des manières similaires mais n’osa cependant pas aborder le sujet. Au terme de plusieurs heures de conversation, ils prirent finalement chacun une chambre pour pouvoir y méditer en paix. Ils avaient auparavant convenu qu’ils partiraient aux premières lueurs du jour afin de gagner Viskori au plus vite.

Suite.

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Phyress
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Phyress » ven. 30 avr. 2021 03:23

Les gardes firent le tour du village pour récupérer de quoi constituer Phyress prisonnière le temps du voyage jusqu'à la Capitale. Puisque Luk, le forgeron était mort, ils trouvèrent auprès des fermiers des lacets de cuir assez longs pour lui lier les poignets et l'attacher à la selle du cheval du gradé qui avait sauvé la vie de la jeune femme en lui accordant un sursis. La mine basse, vaincue, la jeune Kendranne tremblait de peur et de froid. Elle ne revenait pas de se retrouver au milieu de pareil désastre, comment un acte comme le sien se retournait contre elle par un coquin de sort.

Les Samouraïs sortirent Phyress du village sans attendre qu'un villageois trop téméraire tente de faire justice à coup de bêche ou de gourdin. Elle ne voyait pas une seule seconde les soldats la protéger de l'ire de la foule à laquelle elle se voyait déjà destinée à Oranan. Son cerveau encore trop embrouillé, elle ne parvenait même pas à imaginer ce qu'elle pourrait bien expliquer pour plaider son innocence. Il n'y avait que l'honnêteté pour espérer s'en sortir mais cette vérité était si horrible. Comment pourrait-elle espérer se faire pardonner de cet acte à la base humain qui n'avait été qu'un crime, un infanticide et en temps de guerre, la jeune archère se doutait bien qu'ils ne passeraient pas longtemps à décider du sort de la femme, qu'elle serait conduite sans attendre à l'échafaud et probablement exécutée sans attendre. Sans aucun espoir de rédemption se dessinant à l'horizon, la jeune femme avança avec la mollesse des condamnés à mort, tirée par le sergent et sa monture.

Ils marchèrent un long moment, les soldats faisaient de nombreuses haltes pour s'assurer que les routes désertées par la guerre n'étaient pas piégées. La présence des gobelins jusqu'au village avait fait redoubler de prudence ces hommes qu'elle devinait aguerri par de nombreux combats. Quelque part, elle était admirative, le sergent contrôlait d'une main de fer la discipline et les hommes exécutaient les consignes sans attendre et avec une efficacité stupéfiante. Se consolant en se disant qu'avec une telle force et un si grand courage, ces hommes pourraient gagner sans mal la guerre contre les monstres venus d'Omyre, mais cette pensée ne suffit pas à lui mettre du baume au coeur, elle savait qu'elle même serait considérée comme un monstre.

Ainsi s'achevait son aventure, elle qui était partie pleine de promesses, de rêves se retrouvait désarmée, tirée comme une vulgaire voleuse derrière un groupe de soldats qui la conduisaient jusqu'à son lieu de mise à mort.
La présence des monstres d'Oaxaca avait radicalement changé le paysage. Les champs sous la pluie étaient complètement désertés, les routes où l'eau cousait serré étaient vides. Les rares maisons devant lesquelles ils passèrent étaient fermées, inhabitées si on en jugeait qu'aucune fumée ne sortait des cheminées. Mais ce que la jeune femme jugeait le plus terrifiant et évocateur, c'était les moulins. Certains étaient arrêtés, d'autres tournaient lentement mais le plus terrible à ces yeux étaient les moulins déchaînés qui battaient le vide d'une force prodigieuse, dans leur antre la roue de pierre grondait sans rien moudre.

Ces étendues autrefois animées par les paysans, marchands, camelots se pressant sur les routes pour rejoindre la capitale ou quelques villages et marchés n'était plus qu'une étendue triste et oubliée. Peut-être que d'ici quelques heures, quelques jours ces plaines se verraient rougies du sang de terribles batailles ou mourraient pas centaines et millier hommes, elfes et monstres dans une lutte sans merci.

La nuit tombait déjà, Les soldats avaient trouvé un abri de berger. L'endroit était petit, quelques pierres montées grossièrement pour constituer quatre murs épais, aucune fenêtre, une porte très basse pour toute entrée. Si étroite que les hommes ne purent y entrer qu'un a un et en se baissant tellement qu'ils donnaient l'impression de ramper.
Phyress ne vit pas l'intérieur de ce petit édifice, mais elle sentait très vite qu'un feu s'allumait à l'intérieur, l'odeur des fumées et de la sève séchée vint lui entêter l'esprit et lui rappeler à quel point elle avait faim et froid. Assise au pied du cheval, à même la boue, la femme grelottait de tout son être. Il pleuvait sans discontinuer depuis leur départ, littéralement trempée jusqu'aux os, elle ne parvenait pas à se réchauffer même en se frottant vigoureusement les membres. Le cheval émanait une tiédeur à peine agréable sous la gifle incessante que lui infligeait la pluie froide. Quelques éclats de voix lui provenait de l'abri de berger, mais personne ne vint la voir avant ce qui lui sembla être deux bonnes heures. Un soldat sorti, elle reconnu le dénommé Taram qui avait manqué de lui trancher la tête. Il avança vers elle un linge à la main et attira son attention d'un coup de botte sur la cuisse. La jeune femme avait gardé le visage baissé, le menton rivé à la poitrine pour empêcher l'eau de lui couler entre les seins et de la refroidir davantage.
" Tiens, misérable. Le sergent veut que tu avales quelque chose. "

Elle ne répondit rien, préférant ne pas croiser son regard, elle craignait cet homme qui, avide de vengeance pourrait voir dans ses yeux de la défiance et la tuer sur place, seule, dans la boue...
" Si ça ne tenait qu'à moi... " Il laissa tomber un morceau de pain noir à même le sol, dans une flaque boueuse avant de le fouler du pied. " Régale-toi bien avec ça. " Et il parti en ricanant. La jeune femme laissa une petite larme couler mais resta silencieuse. Elle se concentrait sur le fait de ne pas hurler, quelque part elle aurait préféré être tuée sans attendre, elle refusait qu'on puisse exposer son corps comme un exemple d'autorité et de justice. Et si sa mère avait quitté le petit village et qu'elle se trouvait elle même à Oranan ? Elle verrait sa vie dont elle n'avait plus de nouvelles condamnées, morte, tristement pendue au bout d'une corde les doigts noircis et la bouche gonflée comme une langue de veau, infestée de mouche qui bourdonneraient dans ses yeux ternes.

Elle tendit un doigt, cherchant à récupérer un morceau de pain que la botte avait épargné. Le reste n'était qu'une compote de mie déjà gonflée d'eau et elle se résigna à mordre mollement dans la croûte détrempée, le pain avait un goût de terre, d'eau et d'un désespoir infini. Mais quelque chose d'autre attira son attention.

Un ricanement.

Dans les fourrés situés à quelques mètres d'elle. Sa vue se troubla un court moment. Est-ce que le scénario allait se répéter ?

" Qu'est-ce que j'ai fait aux Dieux... "

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Phyress
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Phyress » lun. 3 mai 2021 19:05

Phyress retrouva sa respiration au bout d'une bonne minute à avoir scruté les buissons, la paupière tremblotante, les doigts noués autour de la bribe qui retenait ses poignets au cheval. Plus aucun bruit. La jeune femme qui s'était redressée se laissa glisser en position assise, les fesses dans la boue faute de plus confortable à leur offrir. Située sous le cheval pour se préserver des intempéries, elle priait secrètement pour que celui-ci ne lui urine pas dessus, car elle avait beau avoir de la patience mais il ne fallait pas exagérer.

Dans l'abri à mouton, le feu envoyait des éclats de lumière douce, chaude mais rappelait à la jeune femme que cette chaleur pourtant tant convoitée lui était inaccessible. Gisant dans la boue, le ventre creux et un morceau de pain détrempé devant elle se trouant à mesure que les goutes de pluies venaient le poignarder, elle se repassait les derniers évènement d'un oeil morne.

(" Aider son prochain, c'est toujours une source de joie, de camaraderie, de reconnaissance et de nouvelles rencontres. ")
(" Oh ça va hein... ")
(" Je ne l'ai pas inventé, c'est de toi que je le tiens. ")
(" Je sais... Mais on arrivera à Oranan et au moins dans les geôles il y aura un toit... ")
(" Tu sais, la ville est en état de siège, tu étais trop perturbée pour écouter les conversations des soldats mais ils entreprennent de passer par la mer. Visiblement ils sont très à cheval sur la justice, enfin, surtout cet officier. D'ordinaire jamais une escouade ne se serait embarrassée par une prisonnière dans une situation comme celle-ci. Tu as beaucoup de chance dans ton malheur. Ils vont prendre la mer avec un réseau d'ancien contrebandiers qui ont trouvé un rôle aux yeux de la justice, pour racheter leur crime, ils passent la nourriture et de quoi aider à la ville à tenir durant le siège. Mais c'est laborieux et si ça se trouve, le magistrat lui même a été évacué ailleurs. ")
(" Tu crois qu'on fait tout ça pour rien ? Il serait évacué où le magistrat ? Kendra Kâr ?")
(" Par exemple. ")

Les yeux de Phyress s'emplirent de larmes. Elle allait être transportée du nord au sud du royaume pour un crime et risquait de se retrouver devant quelqu'un qu'elle connaissait, quelqu'un qui aurait le souvenir de la jeune femme qu'elle était, joviale, amusante et déterminée à apprendre plein de choses et à honorer sa famille. Son père, garde de la ville et sa mère, tisserande au village. Et qu'entendraient-ils, ces braves gens qui pourraient la reconnaître ? Un meurtre de trois enfants ? Elle n'avait pas une grande habitude des exécutions publiques, mais elle savait que le bourreau qui rappelait les crimes omettait souvent la défense du condamné, il était inutile de rappeler un côté humain, il fallait tuer des monstres publiquement pour rappeler que la ville protégeait ses citoyens, on ne confiait pas des histoires comme la sienne à l'ire de la foule. On se contenterait simplement de raconter qu'elle a tué dans le dos trois enfant, puis elle aurait probablement le temps d'entendre les injures, les cris de justice et quelques tomates moisies au visage avant que " probablement " on repousse le tabouret de ses pieds et que la corde ne fasse le reste.

Un ricanement dans les fourrés lui rappela qu'un danger rôdait toujours dans les ombres, bien que celui-ci n'était peut-être que l'œuvre de son esprit traumatisé de l'attaque des gobelins, elle tâcha tout de même d'appeler les soldats le plus discrètement possible.

Par discrètement, elle ne trouvait rien de mieux que de pincer ses lèvres et siffler maladroitement comme un chat.
" Psssssssssssssssst !! PSSSSSSSSSSST ! Mais ils entendent rien, ces cons. "
Lys sentenca d'un ton glacial : (" Entre la pluie, le vent, les pierres, leur bavardage... C'est étonnant. ")

Phyress ramassa à pleine main une poignée de boue et lanca sur l'édifice mais manqua la porte. Elle s'y reprit à plusieurs fois avant de parvenir à envoyer une galette à travers la petite porte. Puis une autre, juste assez pour attirer l'attention du groupe. L'un des hommes sortit à quatre pattes par l'entrée réservée aux moutons. Phyress eut un frisson de peur lorsqu'elle reconnu Taram qui venait à elle.

Elle s'avança un peu pour se glisser hors de la maigre protection qu'offrait le cheval et dit toute paniquée : " J'ai entendu des bruits, c'était les mêmes que dans la maison, je vous." Un revers de la main interrompit la jeune femme qui tomba à la renverse, se tenant la joue endolorie, la bouche encore ouverte de stupéfaction. L'homme envoya quelques coups de botte à la jeune femme qui se roula en foetus par crainte d'être battue sévèrement.
" Ne... Recommence... Jamais... Tu restes ici, comme une chienne et j'espère que demain tu seras crevée de froid que je puisse t'abandonner à même la fosse. "

Alors qu'elle était recroquevillée pour protéger sa tête, elle encaissait les coups de botte vengeurs mais son attention fut portée sur un autre bruit suivi d'un mouvement. Cette fois-ci, il ne s'agissait plus d'un simple ricanement mais d'un grondement lourd et profond. Dans les fourrés à une quinzaine de mètres du cheval et d'elle même, deux yeux jaunes apparurent.

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Re: Plaines de Kôchii

Message par Phyress » jeu. 6 mai 2021 01:23

Taram s'acharnait sur elle comme s'il avait décidé de venger lui même les enfants pour le crime de Phyress. La jeune femme raide de peur à la vue des yeux luisants dans les fourrés avait mis quelques secondes avant de réaliser que le Samouraï, de peur des représailles de son officier supérieur, s'était ravisé à la tuer mais ces nombreux coups de botte avaient été une source de grande satisfaction pour le soldat. Celui-ci regagnait l'abri de berger, tournant le dos à une jeune femme roulée sur le sol boueux. Phyress rendu pâle par ce qu'elle venait de subir et ce qu'elle voyait...

Un corps massif et trapu galopait vers elle. Deux yeux jaunes filaient dans l'obscurité et le pas lourd malgré la vitesse de la chose faisait trembler le sol à tel point qu'elle ressentait les vibrations de l'animal résonner entre ses mains à plat dans la boue. Il s'agissait d'un énorme sanglier, bien plus gros et puissant que ceux que Phyress avait pu voir ramenés de la chasse dans sa jeunesse. De plus, celui-ci avait la gueule pleine de cornes pointues qui poussaient dans toutes les directions, s'arrêtant au garrot. Le choc avec le cheval se fit avant même qu'elle ne puisse trouver le courage de hurler de peur. La monture percutée de plein fouet accusait un envol qui semblait être au ralenti avant de retomber raide mort et de tout son poids sur Phyress. Elle avait cherché à éviter le cheval mais sa position allongée et empêtrée dans la boue avait ralenti ses mouvements, son corps presque entier était coincé sous le cheval mort, ne restant que le haut des épaules et la tête qu'elle peinait à maintenir hors de la boue tant ses muscles la faisait souffrir. Le porcin percuta ensuite Taram qui avait juste eu le temps de se retourner, pire encore, il semblât à Phyress que le Samouraï avait été empalé dans les nombreuses défenses de ce monstre et voilà que l'animal écrasait sa triste victime contre la pierre de l'abri de berger. Taram poussa son dernier souffle.

Le reste de ses souvenirs étaient confus, comme un rêve quasi éveillé où s'entremêlaient des sons incompréhensibles. Lys quant à elle était plus attentive, elle voyait de ses petits yeux ethérés que l'abri avait été malmené dès le premier coup de défense et avait laissé s'effondrer une partie de la toiture de fortune sur les soldats. Pragmatique, elle savait que c'était sans espoir pour eux, l'animal recula et administra avec seulement un mètre d'élan un autre coup dans la façade. Le corps écrasé de Taram gisait à l'entrée et rendait la sortie difficile. A l'intérieur, une pierre tombée sur le feu avait projeté des braises et de la fumée partout, les soldats tirèrent leurs lames mais celles-ci, trop grandes pour être manœuvrées efficacement dans un milieu aussi étroit, ils n'eurent pas l'occasion de s'en servir. Au troisième coup, l'abri s'écroula complètement.

C'était à ce moment que les gobelins ressortirent des fourrés. Ces derniers investirent complètement les lieux, sautant sur le cheval enfonçant davantage Phyress dans la boue devenue presque caoutchouteuse sous le poids écrasant. Ses cheveux trempés et boueux collaient à son visage et faute de main libre pour s'essuyer, la jeune femme ne vit qu'une compote d'image impossible à analyser, les seules informations cohérente qui venaient à son esprit étaient celles que lui donnait Lys qui s'alarmait de ce nombre de gobelins.

(" J'en compte huit. Non. Neuf, et c'est seulement parce que je ne compte pas vite. Et il y a un qui est énoooorme... C'est pas possible, ça doit être un garzok. Il fait au moins huit pieds de haut... ")

Une autre créature faisait en effet son apparition. Une bête humanoïde, bipède tout du moins. Grande comme un cheval de guerre, il avançait de façon lente et hésitante, c'était les gobelins qui l'encourageait à avancer ses deux jambes musclées et interminables, il approcha du tas de pierre et aida les gobelins à soulever les morceaux les plus lourds avec une facilité ahurissante, il soulevait des blocs d'une cinquantaine de kilo à bout de bras, les bras lestes comme s'il ne s'agissait que de vulgaires fagots de paille. Les gobelins criant à répétition encourageaient la créature jusqu'à ce qu'il parvienne à donner accès à un des samouraï coincé sous la roche. Là, un gobelin armé d'une lance termina le travail, malgré la saturation des hurlements, elle entendit très clairement le son inimitable du fer s'enfonçant dans la chair à travers une armure. Un raclement dur subtilement conclu par un bruit mat et humide. Le bruit significatif recommença jusqu'à ce que l'homme piégé rende son dernier souffle. L'opération recommença encore et encore jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pierre à soulever et d'homme à achever. Après un pillage en règle, les gobelins se disputaient les meilleurs morceaux d'armure ou les lames tranchantes comme de vraies trésors. Devant les yeux que Phyress tâchait de maintenir hors de la boue, deux grands pieds noirs aux ongles secs et jaunis apparurent. Relevant les épaules pour essayer de voir clairement ce qui se tenait devant elle, la jeune archère cru distinguer la forme de ce colosse étrange qui la regardait en silence. Presque entièrement nu à l'exception d'un pagne sale, la créature n'avait pas une musculature très imposante, mais ces muscles dessinés au couteau et aussi secs que la compassion de Taram devaient lui procurer une force surhumaine que les gobelins avaient trouvé très utile de mettre à leur service. Elle ne pouvait pas voir beaucoup plus haut que ses mains pendues dans le vide au bout de bras infinis, il y avait chez cette créature quelque chose proche de l'araignée, de très longs membres compactant un corps massif. Lys informa Phyress qu'en plus du pagne, il portait un sac de toile sur la tête, celui-ci noué autour du cou de façon très grossière, probablement pour que le sac ne bouge pas trop et que les trous faits au couteau restent bien devant les yeux de la chose.

Succombant peu à peu au choc et au manque d'oxygène rendu par la respiration de plus en plus difficile, Phyress vit flou, trouble et pour finir, elle ne parvint pas à échapper aux frelons blancs de l'évanouissement qui bourdonnaient devant son visage embourbé de boue. Sous le choc et incapable d'avoir quelques idées claires, elle laissa s'échouer sa tête dans la boue et ferma les yeux.

Alors qu'elle était inconsciente, les gobelins se rassemblaient autour d'elle. L'un d'eux se mit à genoux à côté de sa tête, armé d'un couteau il observait les petites bulles qui remontaient à la surface de la boue et exclama : " Regardez, le Brok'nud a tué le cheval mais elle, elle vit encore. Si ça s'trouve ses jambes sont fichues, on pourra les manger. "

" Qui sait, elle est peut-être plus tendre que ces hommes là, mais moi je veux le cheval ! J'adore la viande bien rouge et sanguinolente, surtout qu'elle doit être encore chaude... Je me réserve le foie ! Encore chaud, je rêve depuis des nuits de croquer un foie chaud. "
" Je garde le coeur ! "

Un chuintement de lame se fit entendre mais une voix plus forte se manifesta et calma les ardeurs, aussi bien criminelles que gourmandes.

" Azrak va porter le cheval, et vous deux porterez la prisonnière. Le soldat la bastonnait et je suis curieux de savoir pourquoi. On ne laisse rien derrière nous, prenez toutes les armes et armure possible, tranchez les membres, on finira de partager ça une fois au campement. "
" Oui Morbac ! "

Avec une certaine nonchalance, le colosse simplet dénommé Azrak souleva le cheval comme un rien et deux paires de bras saisirent Phyress pour l'emmener au loin...

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Re: Plaines de Kôchii

Message par Phyress » jeu. 13 mai 2021 02:23

De fil en aiguille
La femme-femelle de Morbac



Ses yeux s'ouvrirent.

Elle avait été extirpée de son sommeil par des éclaboussures. La douleur assommante qu'elle ressentait partout et qui écrasait son corps lui envoya un terrible mal de crâne et ses yeux mirent du temps à comprendre ce qui se dressait devant elle. Brouillés de larmes et de saleté, Phyress voulait les essuyer mais quelque chose entravait ses mains. Après avoir battu des cils plusieurs fois, sa vue était enfin dégagée. Devant elle se dressait un gobelin, le pénis à la main qui urinait dans sa direction. Lorsque le petit être vit qu'elle se réveillait enfin, il arma son jet sur la jeune femme qui eut tout juste le temps de détourner le regard, le jet odorant du gobelin vint couler sur sa nuque glacée de sueur. Le liquide chaud, presque épais coulait le long de son dos et même si la chaleur semblait douce et bienvenue, elle ne pu réprimander un malaise soudain. La créature ricana en se retournant et s'en alla plus loin. Phyress rendit une bonne dose de bile, son mal de tête menaçant de l'envoyer dans un malaise si elle bougeait trop vite.

Allongée sur le flanc, elle se sentait lourde, collée au sol. Ses mains entravées dans le dos l'empêchait de s'essuyer le visage et de décoller ses cheveux collés au front et aux joues. Lys s'éveilla à son tour. Elle aida la jeune femme à comprendre sa situation.

Enfermée dans une cage rudimentaire, faite de bois et de bandes de cuir, Phyress observa longuement et en silence ce qui l'entourait. Il n'y avait rien de familier à ses yeux, un gigantesque foyer crépitant jusqu'aux cieux où s'étaient rassemblés un très grand nombre de gobelins, des oriflammes à l'effigie de la Ville Noire et de clans de monstres dont elle ne connaissait rien.

Le regard morne, elle ne semblait pas réaliser. Ce fut Lys qui articula ce qui s'avérait être la pire crainte de la jeune femme.
(" Nous sommes à Oranan... Enfin, à la sortie de la ville. Un campement des Gobelins en périphérie de celui du général Karsinar. Quand nous sommes arrivées ici, les gobelins ont attaché tes poignets et nous ont mise dans cette cage. ")
Sa bouche était sèche comme un sabot. Sa langue dû se décoller littéralement pour amorcer le processus de salivation afin qu'elle puisse déglutir et essayer de marmonner quelque chose. Mais sa tête était trop lourde, son corps trop faible, son dos trop douloureux et ses mains trop fermement attachées.

Autour du feu, les gobelins chantaient un air entrainant et malsain. Ils brandissaient leurs armes au cieux en scandant les Dieux. Elle ne comprit pas tout de suite les paroles, mais lorsque ses oreilles parvinrent à chasser les bruits parasites et à comprendre ce qu'ils répétaient, un frisson glacé parcourut son échine.



Oh oh, Karsinar entends-tu
Vo-oh-ciférer ces chiens qu’on tue ?
Oh oh, Karsinar vois-tu
Comme on dépouille leurs temples et leurs statues ?

Hauts sont les feux des villages en poussière !
Beaux sont les dieux de la Mort et la Guerre !

Occis-les tous
Avale leur cœur et leur foie et leurs yeux
Digère et pousse
Pour les chier en briques sur leur chef-lieu.


Autour de sa cage, quelques gobelins ivres morts avançaient difficilement en se retenant à ce qu'ils pouvaient. Ils chantonnaient un air différent, nettement plus trivial " ... égorgeons-geon-geon, étripons-pon-pon. Hic. Un bon carnage y'a rien d'meilleur. "

Le gobelin qui avait uriné sur la jeune femme revint accompagné cette fois-ci de deux autres de ses congénères. La jeune archère redouta qu'il ait pris goût à lui uriner dessus et qu'il ait ramené des amis pour s'amuser à la souiller davantage. Mais il n'en fut rien. Le pisseur s'arrêta devant la cage et ses compères ouvrirent son enclos en dénouant une longue bande de cuir noir.

" Allez bout d'viande. Il est l'heure d'voir Morbac ! Quoi ? T'es sourde ? Allez, tirez moi c'te vermine de son tour. " Une petite main verte et griffue vint saisir une poignée de ses cheveux et elle fut arrachée à sa torpeur sans ménagement. Lourdement laissée à retomber de tout son poids à même le sol boueux, Phyress se retrouva couverte de boue, d'urine, trempée de sueur d'avoir tant souffert et elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était également couverte de sang - Le sien ainsi que celui du cheval mort qui l'avait écrasée et mise dans cette situation inconfortable.

" R'gardez ça, elle peut plus bouger ses guibolles ? Beh on va l'y envoyer d'force j'vous le dis, pas vrai les gars ! "

Le pisseur déroula de sa ceinture une longue tresse de cuir noir. Il arma son bras en arrière et flagella l'air ainsi que le dos de Phyress. La douleur avait été électrique. Un véritable choc, lourd, cinglant, bien que le coup n'ait pas percé sa tenue, la peau en dessus avait senti la morsure du cuir contre ses chairs. Elle fit de son mieux pour articuler ses jambes mais la douleur ravivée lui paralysa la cuisse. Tout ce qu'elle parvint à faire, c'était ramper. Tel un vers. Une échouée. La petite blonde rampait dans la boue sous les rires des gobelins qui profitaient du spectacle. Elle fut dirigée à coup de pieds dans les flancs et lorsque, épuisée, elle ralentissait son avancée, le fouet vint alors la rappeler à l'ordre et puisant dans des réserves de courage et d'énergie qu'elle ne suspectait pas, la jeune femme avança, les larmes aux yeux, la morve au nez, elle gémissait, grimaçant et contractant tous ses muscles. Ruisselante de sueur noire de boue et de sang, le dos brûlant et couvert de bleus, l'odeur atroce de l'ammoniaque que laissait l'urine du pisseur au nez, elle parvint jusqu'à une tente noire. A son entrée, deux torches creusées dans des crânes d'animaux qu'elle ne put reconnaître. L'intérieur était couvert de tapis en cuir et fourrure d'animaux, plus jetés au sol qu'arrangés dans un souci du détail, la tente était tiède, vaguement éclairée et remarquablement spacieuse bien que basse.

" Morbac, on t'a ramené ton jouet, comme tu as d'mandé. "

Devant elle, un gobelin se démarquait. Il portait une armure imposante, on devinait que son plastron avait été jadis ouvragé avec soin, mais les combats et l'usure avaient émoussé les détails et finitions que les forgerons qui avaient travaillé sur cette pièce avaient mis tant de temps à réaliser. Un grand col de fourrure dépassait de l'armure, si large et touffu qu'il paraissait avoir des épaules trop larges desquelles de longs bras fins tombaient. Son visage était allongé, laissant deux grandes dents dépasser de la mâchoire inférieure. Il portait de nombreux tatouages sur le visage et ses yeux n'étaient pas aussi noirs de menaces que ceux de ses congénères. Derrière lui était assis le colosse simplet qu'elle reconnut sans mal. Cette force de la nature avait soulevé le cheval comme un rien, soulevé les pierres de l'abris comme de vulgaires feuilles et bien qu'il soit manifestement incapable de prendre une décision tout seul, il avait la force de dix hommes et pourrait tuer Phyress d'une main.

Le gobelin nommé Morbac avait une stature différente des autres, il se dégageait quelque chose de lui, comme une sensation de puissance, un aura de chef. C'est les bras posés sur les hanches qu'il la toisait de toute sa hauteur, elle qui était gémissante et tremblante de peur à ses pieds.

" Pourquoi les guerriers te tenaient prisonnières ? Et pourquoi l'homme te roustait-il ? "
" Répond et ne fais pas attendre Morbac ! " Entendit-il juste avant un énième coup de cuir. Son corps se raidit, les nerfs à bout de force plongèrent Phyress dans une profonde crise d'angoisse. Sa respiration se bloqua, comme si une boule de fer brûlante empêchait ses poumons de s'ouvrir dans sa poitrine. Ses épaules voûtées tremblaient comme une feuille, ses doigts se crispaient dans le vide et recroquevillée sur elle même, elle vit les yeux entreouverts que malgré toutes ces heures à pleurer, son corps lui offrait encore des larmes à échouer sur le cuir mat. Reniflant à outrance, elle parvint à articuler quelques propos inaudibles, une compote de son qui risquerait d'agacer grandement les gobelins autour d'elle.

" Morbac est magnanime. Sortez tous. Je reste avec Azrak pour interroger la prisonnière. "

Le pisseur et sa clique s'éclipsèrent sans protester. Morbac quant à lui fit quelque chose de stupéfiant. Phyress avait entendu de nombreuses histoires sur les gobelins et les garzoks. Ils étaient considérés comme des créatures maléfiques, cruelles et mauvaise et depuis l'aube des temps, humains et monstres se livraient à une guerre perpétuelle. Mais celui-ci ne semblait pas porter l'héritage de la haine pourtant bien présent chez ses congénères. Il posa la main sur la chevelure moite et sale de Phyress et caressa doucement son crâne. Au début, elle fut encore plus tendue, mais sous la douceur de ce geste et la surprise, son corps se détendit vaguement, laissant une incroyable panique en son coeur. Etait-ce une torture ? Essayait-il de la rassurer pour mieux lui faire mal ?

" Alors, dis moi pourquoi. " Sa voix était profonde, vaguement rauque et nasillarde, il y avait au fond de celle-ci comme une note de musique apaisante. Phyress releva ses yeux rougis sur son mystérieux ravisseur. Celui-ci s'était mis à genoux et l'observait en silence, il semblait plein de compassion mais n'avait pas renoncé à vouloir entendre la raison de son arrestation.

" J'ai... Fait quelque chose de mal. " parvint-elle à prononcer. Elle déglutit, ce qui lui rappela à quel point elle avait soif et que sa gorge était sèche comme l'enfer.

" Allez, femme-femelle. Dis-moi. "

Phyress parvint à articuler son histoire. Sa voix vrillait et elle reprit son récit à de nombreuses reprises. Les larmes et l'histoire ne firent aucune réaction chez Morbac, ce gobelin lourd de mystères. Mais lorsque sa voix brisée eut terminé de raconter pourquoi les gobelins avaient trouvé une jeune femme se faire battre par des samouraïs, Morbac demanda à Azrak quelque chose à boire.

L'être au fond de la tente s'anima, il se leva doucement en détachant lentement ses bras aussi longs que Phyress et ses jambes interminables. Voûté pour ne pas frotter sa tête au haut de la tente, il plongea une corne creusée dans un baril et le ressorti le bras luisant d'un liquide qu'elle ne connaissait pas. Azrak approcha Phyress lui tendant le breuvage, il avait toujours un sac de toile au visage. La jeune femme interloquée de cette créature prit avec crainte la boisson et sitôt entre ses doigts tremblants, Azrak s'en alla s'assoir là où il se trouvait quelques secondes plus tôt.

Le liquide ambré était doux, un alcool fort aux arômes de miel. Elle comprit qu'il n'était pas probable que ce soit là quelque chose de confectionné par des gobelins, plutôt un butin de pillage. L'alcool se fit vite un chemin pour embrouiller davantage son esprit et la jeune femme somnolait après quelques gorgées. Son instinct de survie était embrouillé, fallait-il boire vite pour satisfaire sa soif ou s'en méfier ? Etait-ce là un jeu sadique auquel Morbac se livrait ?

" Quel est ton art, femme-femelle ? "

La jeune femme se mordit la lèvre, il lui était impensable de dire qu'elle était archère, il ne lui restait qu'à confier qu'elle connaissait la couture, art issu de sa mère, tisserande.
" Je suis... Une humble tisserande. D'un petit village. "

Morbac se frotta le dessous du menton d'un air pensif.
" Femme-femelle, je te laisserai la vie sauve si tu m'es utile. Tu es mon esclave désormais. "

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Re: Plaines de Kôchii

Message par Phyress » lun. 17 mai 2021 19:40

Phyress avait pu se hisser sur ses jambes tremblotantes, son nerf sciatique lui envoyait des éclairs de douleur à chacun de ses mouvements et elle réalisa bien vite que n'importe quelle position, qu'elle soit couchée, assise ou debout était un véritable calvaire pour la jeune femme. Se traînant plus qu'autre chose derrière Morbac et Azrak, sous les regards inquisiteurs des gobelins, ils arrivèrent au grand feu de joie des Sektegs. Morbac monta habilement sur une caisse renversée pour l'occasion et de sa hauteur, dit tout fort :

J’ai rêvé d’une fosse immensément profonde ! Jonchée de cadavres flasques et purulents où la chair avariée de ces déchets immondes se noyait dans les flots de leur propre sang !
J’ai rêvé de l’ultime vengeance achevée dans l’horreur et la souffrance où des millions d’êtres brassés, broyés et déchirés, symbolisaient l’ampleur de mon infinie puissance !


Les Sektegs levèrent leurs armes en hurlant de joie, certains sautillaient sur place comme de jeunes enfants gâtés, d'autres tapaient leurs Kikoup sur les flancs de leurs armures sales en criant de rage. Tous manifestaient une immense émotion, un mélange curieux de joie, de colère et de rage complété par une admiration surprenante pour Morbac. Phyress avait toujours cru et imaginé que les gobelins se livraient à des guerres intestines sans merci et qu'ils ne parvenaient jamais à trouver un chef bien longtemps. Alors quand la jeune Kendranne voyait ces monstres encenser Morbac, elle réalisa que son manque d'expérience en la matière était criant. Déjà fatiguée de sa position, elle essaya de prendre appuis sur un baril tandis que Morbac galvanisé par les cris de son public enchaîna :


Je me suis vu, moi l’être suprême, dressé sur le trône de la victoire finale, bras bien levé, et visage blême, illuminer mes frères d’un récit transcendantal. Et cette masse insignifiante, ce troupeau d’esclaves dressés, tous mes choses, mes chiens, mes jouets, mes pantins, servir ma cause et nourrir mes desseins.

Azrak saisit fermement mais avec une infinie douceur Phyress par les épaules, il l'avança de sorte à ce qu'elle soit également illuminée par les flammes dansantes du brasier. Les yeux encore à vif d'avoir tant pleuré, elle fermait les paupières pour se protéger des flammes à l'éclat si vif.

" Voici la Femme-femelle ! Elle confectionnera à Morbac la tenue de chairs qui lui apportera sa toute puissance, ainsi mes frères, nous marcherons avec les Treize, nous seront égaux et choisis par la Reine Noire ! "

Agressée par les cris et les exclamations, Phyress ne comprenait rien, les informations trop confuses devenaient trop dures à traiter et elle ne pouvait que cligner des yeux d'un air hagard, essayer de ne pas tomber dans les pommes et se tenir maladroitement debout malgré l'étreinte d'Azrak. C'était dans cette mi conscience proche du souvenir que laisse un bref réveil nocturne que Phyress fut conduite à la forge par Azrak suivie de Morbac et de nombreux gobelins curieux. Un petit gobelin au teint plus gris que vert travaillait, le corps ruisselant de sueur. La bouche des fours vomissait une chaleur étouffante qui picotait le visage de la jeune femme et lui brûlait les yeux.

" Voilà la Femme-femelle. Attache la solidement à Azrak ! "
" Oui, Ô Morbac ! " Dit-il en lâchant presque immédiatement ses outils. Le gobelin recula entre les nombreuses chaînes qui pendaient au plafond, enjamba une pile de pièces de métal destinées à la fonte et tira de sous une table une longue chaîne noire dans laquelle était emmêlé une longue bande de cuir. Il l'inspecta longuement entre ses mains griffues et noire de suies et fit une moue satisfaite. De chaque côté de la chaîne se trouvait un anneau de fer qui s'ouvrait et se fermait au moyen d'un loquet primaire mais solide. La cheville de Phyress fut ainsi scellée et liée à celle d'Azrak. Le colosse ne disait rien, il restait là, immobile, les bras ballants, seule sa poitrine se soulevait sous l'effet de sa respiration et un léger sifflement sortait du sac de toile à mesure qu'il respirait. Phyress était partagée entre l'effroi et la fascination. Un tel colosse aurait pu lui briser le crâne sans mal, ses mains étaient d'épais battoir aux longs doigts noueux comme des racines. Morbac était satisfait. Il salua le forgeron qui s'inclina à de nombreuses reprises, trop pour un simple chef de clan. (" Je dois reconnaître qu'il est intriguant. Très différent des gobelins qu'on a coutume de rencontrer. Il doit être un Chef puissant pour avoir comme objectif de séduire les Généraux et la Reine Noire Oaxaca. ")

La simple pensée de croiser un des Généraux d'Omyre électrisa Phyress et celle-ci senti son esprit ravivé par une crainte plus grande encore que celle de mourir écrasée par Azrak. Trainant une patte blessée et alourdie par les fers, Azrak se pencha sur elle et la souleva comme une brindille, transie de peur, Phyress n'osa pas bouger, il portait la jeune femme comme une demoiselle en détresse avec légèreté et délicatesse, chose qu'elle ne concevait toujours pas de la part de cette créature. Elle fut conduite jusqu'à la tente de Morbac, fidèle à une habitude régulière, Azrak alla s'assoir derrière le siège de Morbac qui dominait l'entrée de sa tente, relâchant Phyress une fois à terre. Elle se laissa glisser hors de l'emprise d'Azrak avec une crainte infinie.
(" Mais qu'est ce que c'est au juste ? On dirait qu'il est... Gentil ? ")

A ses mots, Lys manqua de s'étouffer mais à défaut d'avoir une gorge, elle se contenta de ricaner.
(" Gentil ? Je ne suis pas sûre que c'est un bon mot pour eux. Disons qu'il a le cerveau aussi vide que notre estomac et qu'il répond docilement à Morbac. ")

Derrière eux, Morbac criait quelques consignes en faisant de grands gestes. Une fois terminé, il s'installa confortablement sur son siège, trônant comme le Chef qu'il était sur ses sujets. Derrière lui, Azrak et Phyress s'observaient à la dérobée dans un malaise certain.
(" Je veux dire, il n'est pas animé par l'envie de faire du mal. Il n'a rien de pervers, de mauvais. Ou en tout cas ce n'est pas manifeste. ")
(" Mais ce n'est JAMAIS manifeste. Combien de femme se font tuer un jour par un mari pourtant très doux et gentil ? Combien de voisins se disent très très très étonnés que leur voisin gentil et doux enculait des chats morts dans sa cave les soirs de pleine lune ? Combien de soldats, gentils et doux se disaient que c'était pas si grave de violer une petite dans une meule de foin parce qu'ils finiraient par l'empaler sur une lance histoire que ça ne se sache jamais. Combien de..")
(" Oui, ça va. J'ai compris. Très subtil merci bien. Mais ce que je veux dire, c'est que je ne vois pas en lui quelque chose de très menaçant. ")
(" Et bien tu es bien naïve, si tu es attachée à cette chose c'est pour mieux te faire écraser, manger, dépecer en cas de problème. Et au moins avec un tel gardien, tu es sûre de ne pas te faire enlever par les autres gobelins. ")
(" Je ne pense pas qu'ils osent... Tu as vu comme ils acclamaient Morbac ? Il doit être puissant, bien plus puissant que les autres. Il parlait des Treize mais je ne les connais pas si bien... ")
(" Il n'y a pas grand chose à savoir, si ce n'est qu'il n'est pas bon d'être face à eux. Tu vois notre Azrak ? Il est peut-être le fruit de l'esprit des Nécromanciens de la Reine, ceux là même qui la ressuscitèrent jadis. Ils vivent dans la grande tour noire d'Omyre, il y a les Nécromanciens dont le plus infâme est Tal'Raban. Le préféré d'Oaxaca après Crean, je crois. Un bouffon à la charge des espions nommé Aerq, un colosse marin, Perailhon qui dompte les mers et les océans comme personne et l'Assassin Xenair... Ce sont les plus dangereux mais avant d'en croiser un... ")
(" Si ça se trouve ils sont déjà ici, au siège d'Oranan. ") Dit-elle, la mine triste, enfonçant son visage entre ses genoux, les muscles tendus, un éclair de douleur lui raidit la cuisse mais elle serra les dents, de toutes façons il lui était improbable de trouver une position confortable dans cette situation. Un gobelin entra dans la tente, il portait entre ses mains un grand sac propre et une amphore. S'inclinant de nombreuses fois en saluant Morbac, il plaça devant le Chef Sekteg un trépied qu'il coiffa d'un plateau de bois. De son sac il sorti de nombreuses victuailles, l'odeur des mets enivra Phyress et son estomac se tordit de douleur tant il criait famine. Morbac s'empiffrait, il gobait des pommes de terre, des fruits crus et enfonçait dans sa gueule des pilons de poulet dorés dont il ne ressortait qu'un os propre. Devant lui, le gobelin qui lui apportait son repas attendait sagement. Morbac fit un signe de la main, d'un air distrait et le commis s'approcha de Phyress pour lui envoyer une gourde de cuir au sol.

" Il faut que la femme-femelle prenne des forces, demain elle commencera son œuvre pour Morbac. " Dit-il sans se tourner vers elle.
" Qu'est-ce que vous voulez, au juste ? " Articula-t-elle timidement en saisissant la gourde entre ses doigts fragiles.
" Demain, femme-femelle. Demain. La femme-femelle doit prendre des forces. Elle dormira en sécurité avec Azrak. Un bon traitement. Morbac est magnanime et bon. " Toujours sans se retourner. Il baffrait son plateau avec des doigts luisant de gras. Commençant enfin à envoyer derrière son épaule des restes dépiautés. Une carcasse de poulet mal finie, des légumes tièdes, quelques pommes avec des tâches brunes, une poire à demi croquée et un morceau de saucisson sec comme un bout de bois.

Phyress ramassait les victuailles avec avidité, oubliant définitivement son amour propre, l'estomac lui dictait sa conduite et celui-ci avait grand faim. Azrak poussa un gémissement idiot en tournant la tête vers Phyress, les bras chargés de nourriture.
" Tu... Tu as faim toi aussi ? " Demanda-t-elle tout bas.
Azrak poussa un gémissement plaintif en posant sa main gigantesque sur son ventre, comme pour lui signifier que celui-ci était vide.
"Fouuuugni ? "
" Oui... Tiens. Toi aussi tu dois avoir faim. "

Phyress tendit la carcasse de poulet, quelques pommes de terre et le saucisson qu'elle avait pu récupérer. Azrak les posa avec grand soin au creux de sa main et les observa en silence un long moment. De son côté, Phyress ouvrit la gourde et posa sur son goulot une narine curieuse.
(" Je ne sens rien, c'est de l'eau ? ")
(" Non, un soin. Pour ta jambe. Tu as eu un cheval sur le dos je te rappelle, et même si c'était juste l'encolure qui t'écrasait, ta jambe a un muscle froissé et tu ne tiendra pas debout longtemps si tu ne te soignes pas. A mon avis tu ferais mieux d'avaler ça sans tarder le temps que ça agisse, il faudra bien la nuit pour que ton muscles et ton nerf s'en remette correctement. ")
(" Je pourrai marcher sans aide ? ") Demanda Phyress, la perspective de pouvoir se mouvoir sans aide était une bénédiction pour la jeune femme, elle ne se faisait guère d'illusion, ainsi blessée elle était à la merci de tous. Sur ses deux jambes, elle l'était quand même, mais au moins elle se sentirait moins vulnérable.

Le liquide magique lui offrit une sensation nouvelle, il chassait la tension de ses épaules, la douleur sur sa jambe qui ne semblait plus "tirer de l'intérieur". Avec ça et l'estomac plein de fruits délicieusement sucrés et d'un morceau de saucisson que lui avait tendu Azrak en couinant : " Gnohoho. " Phyress mesurait sa chance. Elle ignorait encore pourquoi Morbac avait jeté son dévolu sur elle, mais la jeune femme n'était pas torturée, bien que séquestrée et sentant l'urine de gobelin, elle était en vie, avait de la nourriture presque décente si on oubliait le fait que c'était les restes de Morbac, mais une chose était sûre, celui-ci était puissant. Il avait à sa botte de nombreux Gobelins qui lui obéissaient sans poser de question, sans contester et quant à ses projets, Phyress essayait de comprendre ce qu'il entendait par " une tenue de chairs ". Lys quant à elle avait compris ce que Morbac désirait mais préférait laisser Phyress dans l'ignorance, au moins pour cette nuit.

Après son repas, Morbac quitta la tente et laissa Azrak et Phyress seuls. Le colosse se montra un peu plus communicatif et articula de nouveau " Gnohoho ? "
Il se pencha et tendit son bras infini jusqu'à un caisson de bois fermé derrière lequel il ferma ses doigts sur un morceau de feuille et du charbon. Il intensifia ses " Gn " et tendit la feuille, vierge sinon blanche à Phyress. Les sourcils froncés, écrasée par la fatigue, la jeune femme répéta
" Gnohoho ? "
Il eut un affreux mouvement de tête en avant et en arrière " Gnohoho ! "
Elle saisit la feuille ce qui déclencha chez lui une grande frénésie, il gesticula dans tous les sens, labourant le tapis de sol de ses grandes jambes et tendit à Phyress le charbon.
" Qu'est-ce que... Tu.. tu veux un dessin ? "
(" Tu ne devrais pas te priver d'un sommeil pour ces... Fantaisies, si ? " )
" Mais un dessin de quoi ? "
" Gnogoho ! Gnago ! Ho !"
" Tiens, c'est un mouton. Bêêêêê."
" Gnoho ho ho ! " Dit-il en secouant la tête dans tous les sens.
" Mais je ne sais pas ce que c'est un gnohoho moi. Ca a quatre pattes ? Trois ? Une crête ? Une cheminée ? Des palmes ? Oui ? Non ? "
Phyress griffonna dans tous les sens et lorsque la précieuse feuille fut irrémédiablement perdue, Azrak entra en transe :
" Ghonohnon ! Foudimou ! Fougnigni ! Gnohohoho ! "
" Mais ça ressemble à rien... "

Il fit mine à Phyress de se taire en pointant sa bouche du doigt. Se penchant de nouveau pour saisir quelque chose derrière le caisson de bois.
" C'est ta cachette à trésor ? Une autre feuille ? "
" Gno."
" Tout à fait..." Ironisa-t-elle.

Azrak tenait entre ses doigts une petite forme couleur ambre et la tendit à Phyress. "Gnohoho, Fougni ! "
(" Mais... C'est une rune ! Il a une rune sur lui !")
" C'est pour moi ? "
Il laissa tomber le précieux trésor entre les petites mains de Phyress et sans dire dire d'autre, s'étendit sur le côté et ne bougea plus. Derrière le sac de toile, Phyress ne vit plus le petit éclat que renvoyait ses yeux, Azrak s'endormait et il était grand temps pour elle de l'imiter.
Modifié en dernier par Phyress le mer. 22 sept. 2021 15:19, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » mer. 26 mai 2021 14:42

La marrée de Garzok avance à marche forcée et mes quelques tentatives d’utiliser ma magie sont vaines mais pas de quoi entamer ma determination. Après tout je m’attendais à ce genre de résultats. Je me rassure en me disant qu’au moins je n’ai pas besoin de marcher sans m’arrêter pendant des heures. En parlant de temps qui passe, voilà un moment que je n’ai pas eu l’occasion de m’occuper de mes besoins naturels et même si ceux-ci ne sont pas encore sur le point de me faire perdre la bataille mon corps me fait quand même remarquer que ça devient préoccupant. Le moment que choisit un orc avec une tête plutôt sympathique pour m’approcher. Il me tend une assiette de pelures de patates crues que j’observe avec un air dubitatif, face à son insistance et ses regards inquiets autour de lui je me tourne pour la prendre dans mes mains liés tout en le remerciant.

« Merci. Dis ... j’ai une envie pressante... comment ça se passe ? »

Il me demande de parler moins fort, m’expliquant qu’il n’est pas censé m’approcher et encore moins me donner de quoi manger. Je hausse un sourcil, pourquoi le faire alors ? Serait-ce ... de la gentillesse ? De la part d’un Garzok ? Je n’ai côtoyé cet espèce qu’à travers les batailles. J’ai même du mal à imaginer qu’ils sont capables de produire autre chose que de la violence. Il lève finalement un doigt avant de s’en aller pour revenir plus tard avec un seau qu’il pose à côté de la cage. Je l’observe, surpris, avant de montrer mes mains. Même avec beaucoup de dextérité, réussir à sortir mon tube de mon armure et viser le seau serait un exploit digne d’entrer dans les légendes. J’incline tout de même la tête pour le remercier.

« J’peux pas retirer mon armure avec ça aux poignets... Je ne tenterais rien... la cage bloque toute ma magie. »

Comme je m’y attendais il ne possède pas les moyens de me libérer de mes chaînes et que si il se fait prendre à traîner ici ça va mal finir pour lui. Avec un air désolé il se tourne pour partir. Pourquoi prend-il autant de risques ? Ça n’a pas de sens. Il devrait se réjouir de me voir ainsi, impuissant, à sa merci.

« Attends ! »

Glissais-je aussi discrètement que possible. Il se crispe et m’observe, visiblement inquiet de se faire prendre.

« Reprends tout ça. Je veux pas t’attirer d’ennuis. »

Dis-je, sincère. Peut être que ce n’est qu’un piège, une astuce de Crean pour me torturer un peu l’esprit. Ou alors peut être que les Garzoks ne sont pas tous des bêtes sanguinaires. Aucune idée ne me paraît réellement plausible mais le fait est que... je ne peux pas me résoudre à attirer des ennuis à une créature qui prend des risques pour moi. Il refuse d’un signe de la main en me faisant comprendre qu’on ne me servira rien d’autre à manger.

« Je vais appeler ton Géneral. Alors reprends ça pour ne pas qu’il pose des questions. Allez. »

Ennuyé, il récupère le seau et m’encourage encore à garder les pelures de patates, faciles à cacher. J’incline la tête pour ne pas lui faire courir de risques plus longtemps et attends qu’il soit hors de portée pour demander aux gardes qui entourent la charrette que j’aimerais voir Lorener.

J’attends un bon moment avant de voir son armure s’approcher de ma cage, il tourne sa tête vers moi et demande sans élan comment je me porte.

« Je sais bien que nous sommes ennemis. Mais si nos rôles étaient inversés je ne vous laisserais pas vous faire dessus. »

Il rétorque que c’est peut être pour cette raison que je suis enfermé et pas lui. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il sous entend mais après un instant de réflexion il me répond que je vais devoir attendre la pause comme tout le monde.

« Merci. »

Dis-je simplement. Je savais qu’il ne me laisserait pas me vautrer dans ma pisse. Crean est un homme étonnant, sans pitié certes, mais qui porte toujours certaines valeurs. Le voyant toujours à côté de moi malgré mon silence j’en profite pour l’interroger.

« Combien y a t-il de jours de voyage jusqu’à Oranan ? »

"Ne t'occupe pas de ça. Tu verras bien quand tu y seras."

« Ca fait combien de temps maintenant que vous avez perdu votre corps d’Ynorien ? »

Demandais-je avec curiosité. Il répond après un profond soupire.

"Qu'importe le temps. C'était une autre vie. Mais pas assez longtemps pour que j'oublie..."

« Il y a quelque années je n’aurais pas pu comprendre la raison d’une rancune si tenace... »

Alors qu’à présent, j’admets que je pourrais porter une longue rancune envers un bon nombre de noms. Lorener pour commencer, mais aussi les autres lieutenants que j’ai eu la malchance de croiser. Eux ou leurs créatures. Même le souvenir de Vallel fait vibrer mon coeur de colère alors qu’il est définitivement mit hors d’état de nuire. Naral également, bien que mes sentiments envers lui soient moins forts que ceux à l’encontre des Treize. Pourtant Crean rétorque que je ne peux pas comprendre, que je suis encore en vie et que je n’ai pas été tué par les mains de ceux pour qui je me bats.

« Est-ce qu’ils ne sont pas morts depuis longtemps ceux qui t’on prit la vie ? »

"Qu'importe leur trépas : ils ne sont que le symbole de cette nation qui m'a trahie. Le symbole de ce que je hais."

Dit-il avec colère. C’est donc une souffrance sincère qui guide cette force de la nature. Bizarrement, je me sens mal à l’aise de lui avoir causé cette douleur.

« Désolé. Je ne voulais pas remuer de vieux souvenirs. »

Il lève une main pour assurer que ça n'est rien.

"Ils sont toujours à vif. Toujours. Tenez-vous à carreau."

Puis il rompt le contact en accélérant sa monture, me laissant à nouveau seul jusqu’à la fameuse pause que je finis par attendre avec impatience. Ce sont deux hommes de Crean qui viennent me chercher pour me sortir de la cage et m’emmener dans un buisson. Hors de ma prison, je peux à nouveau ressentir ma magie agir normalement. Une sensation plus agréable encore que le moment où ils me détachent les mains et me défroquent pour que je puisse me soulager. Je réalise alors, détaché, hors de ma cage, à l’écart des troupes. Il serait facile pour moi de m’échapper. Presque trop facile.

Je ramasse une touffe d’herbe séché que je roule pour tresser une sorte de corde afin de me torcher. Par chance, mes récents repas m’ont gratifié d’un bronze peu salissant comme on adore en avoir. Je secoue ensuite mon bout pour ne pas finir avec une goutte dans mes bas et présente mes mains devant moi à mes gardiens.

Non. Aucune tentative pour m’échapper. Ce n’est pas la crainte d’un piège ou la peur d’échouer. En réalité... je ne veux pas briser la confiance que m’a accordé Lorener pour me laisser sortir. Il ne m’a pas traité comme un animal et je le remercie en faisant comme il m’a demandé. Je me tiens à carreau. Quand je frapperais, je ne le ferais plus par surprise.


[XP : 0,5 (discussion avec l’orque), 0,5 (discussion avec Crean) + 0,5 (besoins)]

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Hatsu Ôkami
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Hatsu Ôkami » dim. 13 juin 2021 18:12

Veillant à s’éloigner de la masse de l’armée descendant sur les plaines de son pays, l’ynorienne cessa de prendre son temps et fit voler Kinome aussi vite qu’il le pouvait. Elle angoissait soudainement à l’idée qu’Oranan ne soit plus qu’un tas de cendre à son arrivée. Si une telle armée se déplaçait librement sur les terres de la République, peut-être que sa ville n’était plus qu’un souvenir. Elle se secoua et focalisa son attention sur le trajet, ses yeux fixant le sol s’étendant sous elle. Elle se morigénait intérieurement d’avoir pris autant de temps pour rentrer, mais après la défaite d’Omyre à Luminion, elle pensait Oranan en sûreté. Visiblement elle avait fait fausse route et elle espérait ne pas avoir à payer le prix de son erreur. Elle ferma les yeux et pria Rana en espérant que sa famille aille bien, qu’elle soit saine et sauve, en sûreté.

Alors qu’elle descendait pour trouver un endroit calme et sûr pour passer la nuit, du mouvement attira son attention. Elle plissa les yeux et fit rapidement plonger Kinome vers le sol tandis qu’elle se saisissait de son arc. Elle pouvait facilement suivre des yeux la petite silhouette qui courrait dans la plaine, poursuivi par un groupe de petits êtres verts, armés jusqu’aux dents. Fichus Segteks ! Hatsu ne perdit pas de temps et tira sur celui le plus proche de la petite qui tentait de fuir. Il bascula brutalement en arrière et les segteks s’arrêtèrent tandis que le griffon passait au-dessus d’eux. Elle les entendit crier dans leur langue gutturale alors que Kinome faisait un virage serré pour faire demi-tour. Les gobelins s’éparpillèrent et certains, armés de lance, pointèrent leurs armes vers le ciel. Hatsu retint à peine un froncement de sourcils dédaigneux face à leur pitoyable tentative d’arrêter Kinome qui les ignora superbement pour atterrir plus loin, vers là où la petite humaine se dirigeait. Hatsu sauta aussitôt au sol et courut vers l’enfant qui s’était arrêté en voyant l’animal.

Portant les traits de son peuple, l’enfant avait le visage maculé de sang et de larmes et ses vêtements étaient couverts de suie et d’hémoglobine. Elle fixa Hatsu avec un regard empli de terreur avant que la jeune femme ne la prenne dans ses bras.

- Tout va bien. Tout va bien, je vais t’aider. Ne bouge pas.

L’archère la sentit trembler, gémir et pleurer contre elle alors qu’elle se mettait à courir vers Kinome, l’enfant dans ses bras s’accrochant désespérément à ses vêtements. Elle pouvait entendre les gobelins leur courir s en hurlant alors qu’elle juchait l’enfant sur le dos de Kinome malgré le regard agacé de ce dernier. Ignorant l’agacement du griffon, elle sauta sur son dos et le fit courir pour décoller, tenant contre elle l’enfant qui ne cessait de trembler, de pleurer en appelant ses parents. Hatsu sentit une boule lui remonter dans la gorge. L’envie d’aller massacrer ces gobelins la démangeait, mais elle devait mettre d’abord la petite en sécurité. C’était la priorité. Elle caressa ses cheveux poisseux et lui promit que tout irait bien, même si elle savait bien que ce n’étaient que des mots.

Probablement épuisée par la course et toutes les émotions qu’elle avait pu vivre, et malgré son évidente peur, la petite s’endormit contre Hatsu. Cette dernière scrutait le et finit par apercevoir un village réduit en cendre. Probablement l’endroit d’où venait la petite. L’envie d’aller chercher d’éventuels survivants la tiraillait, mais elle ne pouvait risquer d’atterrir. Elles étaient en sécurité dans le ciel et mettre en danger l’enfant en retournant sur le lieu même de nombreux traumatismes était la pire chose à faire. La mort dans l’âme, elle continua sa route vers la capitale de la République, espérant de tout cœur que l’enfant avait de la famille là-bas.

Kinome finit par atterrir près d’un bosquet alors que le jour descendait. Hatsu s’empressa d’allonger l’enfant sur une couche aussi confortable que possible, à l’abri des yeux d’éventuels ennemis. Elle eut du mal à fermer l’œil, cette nuit-là, inquiète pour sa famille, sa cité, son pays. Lorsqu’elle se réveilla, ce furent deux petites pupilles surmontées d’une chevelure sombre et sale qui l’accueillirent. Ayant mal au dos en ayant dormi adossée contre un arbre, elle grogna et s’étira avant d’observer le visage toujours crasseux de l’enfant qui se tenait là, incertaine, le visage rongé par la tristesse. De sa voix la plus douce, elle attira son attention.

- Moi c’est Hatsu. Comment tu t’appelles ?

- Saori…

- Est-ce que tu as faim, Saori ?

Elle hocha la tête et Hatsu entrepris de leur préparer un repas avec ce qu’elle avait. Elle ne fit pas de feu, réduisant ses possibilités, mais l’idée de se faire repérer de loin ne l’enchantait guère. La petite ne fit pas la fine bouche et dévora tout ce que Hatsu pouvait lui donner. Hatsu avait envie de savoir ce qu’il s’était passé pour elle, mais n’avait nullement envie de la faire pleurer ou de l’assommer de questions qui allait forcément lui faire revivre des souvenirs douloureux. Elles mangèrent en Silence, Hatsu surveillant les alentours d’un œil aiguisé tandis que Kinome, toujours allongé, observait curieusement l’enfant qui finit par ouvrir la bouche pour autre chose qu’engloutir les quelques réserves de Hatsu.

- C’est quoi ?

- Oh, c’est un griffon. Son nom est Kinome.

- Il fait peur.

Hatsu retint difficilement un sourire face à la franchise de l’enfant qui jetait des regards en biais à Kinome qui se lavait une aile. Se sentant observer, il plongea son regard dans celui de l’enfant et pencha la tête, montrant qu’il était intrigué. Elle était sûre que Kinome ne lui ferait pas de mal en le voyant observer le petit être qui ressemblait à l’archère. Il semblait plus curieux qu’autre chose, même si l’enfant ne s’approchait pas de lui. Hatsu rangea leur bivouac, puis s’assit à nouveau face à Saori. Elle voulait qu’elle comprenne ce qui allait se passer ensuite.

- Saori. Je me rends à Oranan. Est-ce que tu as de la famille là-bas ?

- Je ne sais pas… j’étais avec papa et maman…

Les larmes qui embuèrent aussitôt les yeux de l’enfant serrèrent le cœur de l’ynorienne qui enlaça fermement l’enfant qui lui rendit en s’agrippant à ses vêtements. Elle ne savait pas trop quoi dire pour calmer les pleurs de l’enfant désormais orpheline et sentait que rien de ce qu’elle pourrait dire n’allait réussir à la consoler. Son monde venait d’être violemment détruit et rien ne serait jamais plus comme avant. Sa petite voix finit par émerger, encore blanche d’avoir pleuré.

- Je peux venir avec vous ? J'ai peur toute seule...

Hatsu lui assura qu’elle pouvait et la petite s’accrocha encore davantage à elle. Elle lui caressa les cheveux, lui promettant un bain, un lit et toutes sortes de choses qui la réconforteraient un peu. Elle espérait simplement qu’Oranan était encore debout et qu’elle n’allait pas l’envoyer dans un charnier.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
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Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Eldros Rougine » jeu. 17 juin 2021 18:48

La suite du voyage se passa sans encombres. Sans grands heurts de la part de nos invités malgré que le coq était tout de même venu me trouver pour se plaindre de l’elfe blanche qui s’était allègrement servie dans nos réserves. Je l’avais rassuré calmement, lui rappelant que nous disposions d’une marge plus que confortable de vivres et que nous n’étions pas en haute mer pour des semaines. Il avait reniflé avec dédain et je comprenais bien que sa colère était aussi lié à l’impolitesse d’un tel geste. Il n’avait cependant pas insisté et je me réjouissais d’apprendre qu’aucun tonneau n’était jeté par dessus bord par un excès de stupidité venant du Garzok. Celui-ci s’était d’ailleurs tenu étonnamment tranquille, se remettant sans doute de ses blessures en vue de la bataille à venir. En parlant de blessure, Velley, comme promis, s’était occupé avec une attention plus magique de la mienne, d’une manière moins confiante qu’a son habitude quand il s’agit de rafistoler la chair humaine. Cela avait fonctionné et bien que ma main garde encore les stigmates de ces vilaines coupures elle a retrouvé sa dextérité passé.

En vérité, ces quelques jours de mer avaient même été agréable malgré le louvoiement nécessaire pour avancer à contre vent. Le temps avait été clément, nous n’avions croisé ni monstres marins, ni navires ennemis. Le seul point gris à tout ceci était le Second qui n’avait cessé de m’adresser un regard mauvais. La rage étreint ma poitrine en songeant à lui et pour cause il était venu me trouver au cours du voyage, rappelant qu’il m’avait dit de me méfier d’Arkasse, mettant sur mon dos la mort d’excellents marins alors que moi j’étais encore sur La Baliste.

« Eux avaient prouvés leur utilité. Ils avaient mérités le droit d’arpenter ce pont. Vous, non. Vous êtes juste bon à gratter du papier et compter des tonneaux et des caisses. Le Capitaine vous a laissé une chance, sous prétexte que vous nous avez permis d’attraper une grosse prise, et c’est un désastre. Continuez de vous pavaner Rougine mais je trouverais bientôt un argument à présenter à Laeten pour qu’il vous jette par dessus bord. »

M’avait-il craché au visage avec hargne. Une hargne à laquelle j’avais répondu d’un regard meurtrier. Il était désormais clair qu’il y en avait un de nous en trop sur La Baliste et que ce conflit sous cape ne serait résolu que par la mort ou l’éviction de l’un d’entre nous. Mais le court trajet entre le Val et le port d’Oranan ne pouvait pas suffire pour ça car lui comme moi nous devions admettre que nous faisions correctement notre travail.

C’est au cours de la nuit que nous arrivons en vue de la cité assiégée, provoquant chez l’assassine une drôle de réaction consistant à attaquer le bois du navire. Etrangement, son geste aussi idiot qu’improbable est retenu par la patte épaisse de Kurgoth qui semble avoir compris ce que sont les bonnes manières. Nous accostons proches des côtes et rejoignons la terre ferme en chaloupe. Avec à son bord le capitaine Jiat Laeten, accompagné de deux matelots qui pagaient, Kurgoth, Silmeria et moi même. Une fois dans le camp ceinturant la cité, Laeten s’adresse à nous trois, supposant que nous avons des comptes à rendre auprès de notre commanditaire et que de son côté ll va s’informer de ce qui est prévu pour les forces venant de Darhàm. Il s’éloigne alors tandis que nous sommes approchés par un émissaire qui nous mène à la tente de Karsinar.


[XP : 0,5 (fin du voyage marin)]

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » mar. 22 juin 2021 07:54

Alors que je me résous enfin à mettre en bouche un bout de peau de patate cru que je mâche péniblement pour étancher ma faim. Un Garzok semble me prendre pour cible, prétextant un regard de travers. Moi qui ne l’avait jusque ici pas remarquer je lui jette désormais un regard à la fois étonné et amusé.
Les hommes de Crean s’interposent et l’orc abandonne après m’avoir jeté un objet. Une médaillon qui accroche mon regard. Ce n’est pas la première fois que je le vois et même si mon esprit m’affirme que je l’ai déjà vu et que c’est récent il refuse de me dire d’où me vient ce souvenir. La peau prenant une texture de plus en plus écoeurante je fini par cesser de mastiquer alors que le Garzok s’éloigne et qu’un autre évènement trouble la pause. Un départ d’incendie, rapidement suivi d’un orage qui éclate au dessus de nos têtes.

« C’est quoi ce bordel ? »

Murmurais-je en me redressant dans ma cage. Puis s’abattent les éclairs, nombreux et éblouissants, m’obligeant à cacher ma vue à l’aide de mes avants bras jusqu’à ce que le son singulier d’un loquet qui lâche se fasse entendre, celui de ma cage.

Alors au final le destin est vraiment quelque chose, voilà qu’il ne me laisse même pas moisir jusqu’à la fin du voyage. Il choisit de me libérer. A travers la fumée et la lumière je distingue celui qui me libère et reconnait Cherock avant d’aviser les soldats qui se précipitent vers nous. Je m’extirpe de ma cellule tout en fixant un point éloigné à l’écart du convoi et en concentrant mes fluides, excités à l’idée de pouvoir agir à nouveau. Un portail se façonne devant nous pour nous mener à l’écart du combat.

« On s’évade ? »

Dis-je avec un peu trop d’entrain, laissant couler la pâte d’épluchures et de bave que j’avais dans la bouche. La situation m’avait fait oublié que j’en avais le bec rempli. Cherock prend le temps de me rendre mon bâton. Un cadeau précieux, offert par Sheeala, le retrouver me redonne un sursaut d’énergie et de vigueur malgré mes fesses engourdies. C’est cependant un moment d’inattention qui suffit pour qu’un combattant ne riposte et manque d’égorger le fulguromancien. Il parvient à le repousser d’un coup de pied et m’ordonne de m’enfuir, sans doute pour me couvrir. C’est inconcevable que je laisse celui qui m’a sortir de ma cage risquer ainsi sa vie. Laissant ma magie agir, elle se libère, ajoutant aux flammes et aux éclairs une tornade qui s’élève du sol, repoussant le guerrier voulant s’en prendre à Cherock. Nous disparaissons derrière un mur opaque et agité, nous isolant tous les deux avec mon portail. J’aide l’Ynorien à se relever en criant pour couvrir le vacarme du vent.

« Rien ne passera à travers mais ça ne va pas durer éternellement ! Dépêchons nous ! »

Je passe en premier, atterrissant dans les hautes herbes à bonne distance du convoi Omyrhien. J’ai du mal à croire ce qui vient de se passer et pourtant… Je viens bien d’échapper aux serres de deux lieutenants d’Oaxaca. Je manque d’avaler de travers en voyant l’orc grisâtre qui surgit d’entre les touffes d’herbes peu après que Cherock passe le portail. Plus surprenant encore, il change d’apparence pour prendre celle d’un elfe gris. Je comprends rapidement qu’il est un allié quand il montre sa satisfaction pour l’action mené. Il demande également avec un regard complice à l’Ynorien si nous pouvons rejoindre un endroit sûr où si il doit nous emmener.

« J’ai besoin d’une minute et nous pourrons rejoindre Oranan. Vous venez avec nous ? »

Dis-je après m’être secoué la tête. Je commence à me concentrer malgré la mise en garde du tatoueur qui rappelle que nous sommes encore proche des Garzoks mais l’elfe gris nous rassure, si l’un d’eux s’approche il finira carbonisé. Il me répond ensuite qu’il ne peut pas venir avec nous mais qu’il est bien heureux que nous nous en sortions tous les quatre. Que vient-il de dire ? Je n’ai pas le temps de demander qu’il se présente devant ma face ahuri comme étant Cromax et qu’il est également charmant. J’observe les deux, l’un après l’autre, pas certain de tout comprendre alors que Cherock nous conseille de rejoindre Andelys. Cependant, le nom de Cromax me dit quelque chose et c’est après un rire léger que j’attrape la main qu’il me tend.

« Cromax ? Le dragon partouzeur des sept sabres ? Vraiment enchanté de vous rencontrer ! Ça c’est quelque chose ! »

Je me tourne vers Cherock ensuite:

« Je ne suis pas sûr de tout comprendre ... Aenaria serait en vie ? J’ai vu sa tête écrasée sous la masse de Crean. En tout cas je peux nous amener à un lieu que je connais, pas à une personne. D’ici je pourrais nous mener au camp du Val ou à l’ancien camp des nains, mais j’imagine que celui-ci est vide maintenant. »

Nos échanges se poursuivent et j’apprends par Cromax qu’Aenaria est bien vivante, ramenée à la vie par un objet qu’il a acquis au cours de ses aventures. La décision est prise de se passer de mes portails pour être menés vers l’armée naine. Le partouzeur se change alors en destrier ailé, me rappelant celui du Sans-Visage sur Aliaénon. Je grimpe sur son dos quand il m’y invite. Après avoir chevauché le même genre de créature, un hippogriffe, plusieurs dragons et même, d’une certaine manière, une harpie, on peut dire que j’ai l’habitude. Cherock se décide également, visiblement moins à l’aise sur une monture volante, en percevant les cris d’alerte venant des Garzoks. Notre monture ne se fait pas prier et nous décollons, fendant les cieux pour s’enfuir de cette colonne infernale.


XP : 1 (Fuite de la cage) + 0.5 (Discussion sur la suite des événements)

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Yliria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yliria » mer. 23 juin 2021 21:41

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En Marche

Jamais je n’aurai cru pouvoir aussi simplement m’adresser à un mage noir. Et certainement pas avec un des treize de la Reine Noire. Si Gadory semblait avoir eu pour projet de recevoir ma rapière entre les deux yeux, Herle avait été plus que conciliant et j’en étais soulagée. Je n’étais pas naïve au point de ne pas me méfier de ce soudain revirement, mais il avait bien plus à gagner en respectant sa parole qu’en la trahissant. Lorsqu’il eut enfin pris les livres, il nous indiqua la sortie et je hochai la tête. Jorus finit par sortir de sa cachette, attirant le regard surpris, ou méfiant, des deux nécromanciens, mais ils ne firent rien de plus et nous pûmes repartir sans encombre de la salle, passant entre les quatre statues et le Prince elfique qui resta là, immobile, à nous suivre de ses orbites creuses. Je laissai mes compagnons passer devant à mesure que nous avancions, jetant un bref coup d’œil derrière nous, vers les centaines de morts alignés là, juste au cas où, mais ils ne bougèrent pas et je quittai finalement la pièce.

Remonter des profondeurs ne prit pas tant de temps que nous y enfoncer. Les lueurs sinistres ne nous affectaient plus et les créatures créées par la magie noire ne firent rien pour nous empêcher de passer. Ils étaient pourtant très nombreux, mais rien ne se produisit et nous pûmes les dépasser sans encombre. Je soupirai et retirai la main de la poignée de mon arme une fois les portes de cette deuxième salle franchie. Le Gentâme était toujours là, immobile et silencieux et le voir déclencha un picotement dans mon avant-bras, que je massai par réflexe en fixant l’étrange créature. Je m’arrêtai une seconde, puis continuai finalement mon chemin. Les questions se bousculaient dans ma tête, mais mieux valait ne pas en poser une seule de plus. Je me contentai de hocher la tête dans sa direction avant de quitter finalement les lieux, suivant mes compagnons dans les escaliers, sentant peu à peu l’air frais me parvenir.
Une fois dehors, j’inspirai à plein poumons, soupirant de bien-être pour être enfin sortie de cet endroit. L’obscurité ambiante se dissolvait peu à peu dans la clarté naissante du jour alors que le soleil perçait l’horizon derrière moi. Je me sentais bien, vraiment bien, à présent. Je m’arrêtai, un peu surprise par la sensation qui me submergeait. Calme, plénitude, rien d’autre. Tout cela était étrange, irréel, mais je ne m’en inquiétai pas. En fait, je ne m’inquiétai plus de rien. Je perçus le mouvement de mes compagnons qui me regardaient étrangement et, alors que j’allais leur demander si j’avais quelque chose sur la figure pour qu’ils me fixent ainsi, je sentis quelque chose s’agiter en moi. D’aussi loin que je m’en souvienne, il y avait toujours eu cette énergie que j’apparentai au feu, logée dans ma poitrine. La lumière s’y était faite une place également et chaque fois que j’usai de magie, elle semblait venir de là, comme si c’était ici qu’elle logeait. Et je sentis, sans comprendre pourquoi, ni le craindre, que quelque chose changeait. Irrémédiablement.

Avec un calme que je ne pouvais comprendre moi-même, je fixai ma main alors qu’elle irradiait de lumière. Pas la lumière blanche habituelle, plutôt une lumière dorée qui semblait recouvrir tout mon corps. Et je le sentis, le noyau de ma magie se mettre à bouillir, mes fluides s’agiter brutalement, me coupant la respiration sous l’effet, sans qu’aucune douleur ne se manifeste pourtant. Non, tout allait bien. Je ne sus combien de temps cela dura, mais l’effet pourtant si plaisant, finit par s’estomper et je pris mon souffle en tournant la tête vers le soleil dont le contact semblait… différent. C’était difficile à décrire avec des mots, mais voir cet astre monter dans le ciel m’emplissait de davantage de plénitude qu’avant, comme si sa seule présence au sein de la voûte céleste m’offrait plus que seulement sa lumière et sa chaleur. Je posai mon poing fermé contre ma poitrine et fermai les yeux un instant pour les ouvrir brusquement et fixer, incrédule, ma main. Quelque chose n’allait pas. Ma magie… elle n’était plus là… il y avait bien des fluides qui circulaient dans mon corps, mais ce n’étaient plus les mêmes.

- Je vais bien, tout va bien.

M’adressai-je à mes compagnons, ou à moi-même ? Je n’en étais pas certaine, mais je repris vite mes esprits et retournai près de nos montures. Les questions fusaient dans ma tête. Des questions auxquelles Alyah restait étonnamment muette tandis que j’approchai la petite jument qui était restée là, docile. Je lui caressai doucement le flanc, puis la tête. Tobias voulait que l’on rentre au plus vite au camp et j’étais d’accord, mais je craignais un peu pour la santé de l’animal. Elle avait passé la nuit au calme, certes, mais elle était vieille et je doutai qu’elle puisse suivre le rythme de l’étalon de Kiyoheiki ou des chevaux de Jorus et Tobias. Je la bichonnai quelques instants me mis en selle lorsque les autres se préparèrent à partir. Je lui flattai l’encolure et l’éperonnai doucement pour la faire avancer. Lorsque les autres se mirent à partir au galop, j’hésitai, mais elle le fit d’elle-même et je me penchai en avant en mimant les gestes des trois autres. Ssussun suivant toujours je lui demandai de s’occuper de la jument, de chasser sa fatigue et de la soigner si jamais elle venait à se blesser. Et ce fut là qu’Alyah sortit de sa torpeur.

(Désolée, Yliria, j’étais perdue dans mes pensées.)

(Profondes tes pensées… As-tu une idée de ce qu’il s’est passé ? Quelque chose ne va pas.)

(Oh non, tout va bien, ne t’en fais pas.)

(Quoi ? Mais… mes fluides ils sont… différents.)

(J’ai senti cela, oui. Il va falloir que tu découvres ce qui s’est passé. Une fois arrivé au camp, nous verrons cela, je ne tiens pas à ce que tu fasses de la magie à cheval alors que tes fluides ont décidé de s’exalter de façon soudaine.)

Je hochai la tête, ayant pensé la même chose. Quoiqu’il se soit passé, ça faisait partie intégrante de mon être, mais il valait mieux rester prudent. Meno savait que les accidents magiques pouvaient être catastrophiques. Pourtant, alors même que je comprenais l’idée, le simple fait d’attendre m’ennuyai prodigieusement et je sondai ma magie. Je fermai les yeux, laissai mes fluides circuler dans mon corps tandis que le soleil me réchauffait doucement. En lieu et place du feu et de la lumière, c’était comme si le soleil lui-même avait élu domicile dans mon corps. Brûlant, brillant. Je ne comprenais pas vraiment et Alyah finit par cracher le morceau face à ma perplexité.

(J’aurai préféré que tu étudies ça toi-même en prenant ton temps, mais au vu des circonstances… tes fluides, ils ont fusionné.)

(Fusionné ?)

(Ils se sont mélangés pour n‘en former qu’un seul, unique. Littéralement unique. Tu dois être la seule sur Yuimen à posséder un fluide de ce type.)

Je ne savais quoi répondre et restait perdue dans mes pensées, essayant de comprendre ce qu’il se passait sans vraiment y parvenir. Alyah assura que tout allait bien, mais il fallait que je comprenne. Je détestai être dans l’ignorance de quelque chose qui me concernait directement. Je restai tellement repliée sur moi-même que ce fut Alyah qui dût me dire que nous avions atteint l’armée de Kendra-Kâr. Elle était visiblement en marche et il n’avait fallu que quelques heures pour la rejoindre, bien loin des eux jours qu’il nous avait fallu à l’aller. Je m’assurais que Ginko allait bien et lui donnait à boire en lui caressant doucement le flanc tandis que Tobias demandait à voir le comte au plus vite. On nous fit attendre et cela m’énerva aussitôt. C’était urgent pourtant ! Je pris mon mal en patience, mais elle avait ses limites, surtout avec quelqu’un comme le comte. J’espérai qu’il n’allait pas être l’abruti fini que je craignais qu’il serait.
XP : 0.5 (Conversation faërique) + 0.5 (Voyage rapide) + 1 (Création des fluides solaires)

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Yliria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yliria » mer. 23 juin 2021 21:48

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Le comte finit par arriver, attendant sagement que l’armée fasse une pause dans sa marche, nous faisant perdre un temps précieux alors qu’il aurait pu bouger bien plus tôt. Comment ce genre d’homme pouvait être ainsi considéré pour être dans les petits papiers d’un monarque alors qu’il n’avait visiblement rien à faire là ? Il ne nous accorda qu’un bref regard méprisant et je serrai la mâchoire, déjà agacer avant même qu’il n’ouvre la bouche, ce qui ne s’arrangea pas lorsqu’il le fit. Et lui fit bien comprendre à Tobias que le rapport n’atteindrait pas le Roi directement, mais passerai par lui. Je craignais que Tobias ne cède, ce qui allait clairement nous retomber dessus car je n’imaginai pas le comte faire preuve de la moindre ouverture d’esprit, alors je pris la parole, attirant l’attention du comte.

- Avant tout je pense que le roi devrait être au courant qu'Omyre a envoyé des assassins s'en prendre à lui avant le début de la bataille qui s'annonce. Et nous devons le voir en personne pour une affaire qui pourrait tout simplement détruire l'entièreté de son Royaume, et ce, peu importe l'issue de la guerre. Il a besoin d'avoir toutes les informations que nous possédons et que nous sommes les seuls à pouvoir retransmettre dans leur intégralité et tel que nous les avons obtenues. Nous n'aurions pas à le déranger si ce n'était pas d'une importance capitale et je suis persuadée qu'il comprendra pourquoi nous avons voulu le voir directement lorsqu'il aura pris connaissance de tout ce que nous avons découvert. Nous devons le voir, il en va de la survie de tout Kendra-Kâr.

Le comte, évidemment, était toujours un imbécile. Rien de bien différent d'avant, mais j'avais vraiment risqué ma vie pour ce genre d'homme ? Je serrai les poings alors qu'il redemandait à Tobias son rapport en s'étonnant davantage du fait que nous étions au courant de la tentative d'attaque sur le Roi plutôt que tout le reste. Tobias, restant assez vague, décrivit très bien l'urgence et la dangerosité de la situation pour que le comte cesse d'être un insupportable peigne-cul et ne nous amène près du Roi. Et alors que je pensais que nous allions pouvoir progresser, Jorus ouvrit la bouche. J'avais parfois été déçue par certaines personnes, mais ce que je ressentis en entendant Jorus déblatérer son discours allait bien au-delà de cela. Je me tournai vers lui, médusée et blessée, alors que, agenouillé devant le comte, il osait dire que nous étions des traîtres, que nous avions fait le mauvais choix, que nous avions échoué. Lorsqu'il eut enfin fini, je tremblai de rage en regardant cette ordure qui était supposément un frère d’armes.

- De tous les abrutis que j'ai croisé sur Yuimen, t'es clairement le Roi incontesté, Jorus. Redescend de ton foutu piédestal avant de croire pouvoir te mesurer à deux des nécromanciens les plus puissants de Yuimen alors que t'es pas fichu de tuer un simple mort-vivant sans te faire arracher la moitié du visage ! Ils avaient une armée ! Une PUTAIN d’armée ! Tu serais mort, Jorus, et nous avec et personne n'aurait su pour cette armée qui les aurait attaqués dans le dos si nous avions simplement agit sans réfléchir. À quoi bon mourir si cela ne change rien, tu peux me le dire ? Et tu oses nous dire que nous avons trahi ? Alors que nous empêchons deux nécromants de créer un ost de morts ? Que nous sauvons des milliers de vies ? Que nous affaiblissons les forces d'Oaxaca sans même avoir à combattre ? Comme tu l'a dit, t'es qu'un gueux, Jorus, si t'as même pas conscience de ce qui s'est joué là-bas et si tu penses que nous avons échoué. J’ai bien plus de raisons que toi de haïr Oaxaca, ses shaakts et ses hordes, mais je suis visiblement plus mature et réfléchie qu’un débile inepte dans ton genre. Tu ne mérites pas le pendentif que tu portes autour du cou si ta seule volonté est de tuer ce que tu ne peux comprendre, sans chercher à voir au-delà de ce que tu as sous le nez. Tu vas me le rendre, ou je le prendrai par la force et t’es clairement pas capable de m’en empêcher, Jorus Kayne.

Je tendis la main, retenant les tremblements de rage qui la secouait.

- Ton pendentif Jorus, tout de suite. Et ne crois pas que j’hésiterai une seule seconde à te l’arracher après t’avoir fait comprendre à quel point tu n’avais aucune chance face aux deux nécromants des Treize.

J'attendis que Jorus réagisse tandis que Tobias, puis Kiyoheiki, tentèrent de rectifier son incommensurable connerie. Lorsqu'il leva les yeux et me fixa sans ciller, je sentis une bouffée de haine remonter. Je l'avais considéré comme un frère d'armes sans aucune arrière-pensée et il nous trahissait à la première occasion, pour son propre bénéfice. Lorsqu'il enleva son pendentif pour me le remettre en osant se foutre de moi, je retins de justesse mon poing de le frapper en plein visage.

- Ne me cherche pas Jorus, tu n'es pas capable de me tenir tête et tu en as parfaitement conscience. Et tu n'as pas le droit de prononcer ses mots quand tu n'en comprends pas les tenants et aboutissants. J'espère que tu réussiras à dormir en vivant comme un lâche et un traître à présent. Profite bien de ton petit moment de gloire et que nos routes ne se croisent jamais à nouveau...

Et tandis que le comte poursuivait sa lancée pour nous insulter et nous dénigrer davantage alors que Jorus lui léchait les bottes de manière ostentatoire, je rangeai le pendentif dans mon sac et m'adressai au comte.

- Résumez la situation comme cela vous arrange, cela ne m'importe plus. J'en ai terminé avec vous, les Kendrans. Je ne risquerai pas ma vie à nouveau pour des gens comme vous, qui se complaisent dans leur haine, leur médiocrité et leurs œillères en étant moins ouvert au dialogue que ceux qu'ils traitent de monstres. Je me battrai pour le salut des autres peuples, mais certainement pas pour le vôtre.

Finalement je me tournai vers Tobias et Kiyoheiki.

- J'ai apprécié travailler avec vous, même si ce fut bref. Oh et, Tobias, votre don, cultivez-le, il vous sera utile. Trouvez-vous un professeur et vous ferez des merveilles, j'en suis sûre. Bonne chance à vous deux, puissent Gaïa et Meno veillez sur vous dans ce qui va suivre.

Je leur souris une dernière fois, puis m'éloignai sans un regard en arrière. Je marchai d’un ps lent, incertaine. Qu’est-ce que j’allais faire à présent ? J’avais une soudaine et très forte envie de rentrer. Ma main tripota ma boucle d’oreille et j’allais tenter d’utiliser son pouvoir lorsqu’on m’appela. Je me retournai alors que Kiyoheiki et Tobias me rejoignaient. Je suivis le regard de l'Ynorien et hochai la tête pour nous éloigner un peu, histoire de ne pas être entendue, puis soupirai.

- Si vous souhaitez faire payer à Jorus, je ne suis pas vraiment intéressée. Je vais juste rentrer chez moi... À moins que vous ayez une idée en tête pour essayer de rattraper le fiasco de cet imbécile ?

Ce que répondit Kiyoheiki avait du sens. Je n'avais pas non plus envie que tout ce que nous avions fait soit réduit à néant face à l'incompétence et au racisme d'un type trop imbu de lui-même pour voir plus loin que le bout de son nez. La façon qu’avait le sergent de rester calme et de proférer des insulte de façon aussi polie forçait le respect. Le mien en tout cas. J’étais bien incapable de réagir aussi calmement face à une telle situation. J’étais bein d’accord avec lui et son idée faisait sens. Quant à trouver quelqu'un d'autre pour faire passer le message...

- Je n'y avais pas pensé, j'étais trop énervée pour réfléchir…

Je soupirai à nouveau, me passant une main sur le visage

- Je ne sais pas à qui on peut s'adresser. Il y avait bien ces hommes présents avec le comte lorsque le Roi a fait son discours, des généraux je crois, peut-être que l'un d'entre eux sera plus ouvert à notre demande.

Rien n'était moins sûr, les Kendrans semblaient visiblement tous être des trous du cul de ce que j'avais pu en voir.

- J'imagine qu'on peut tenter le coup. Et si au passage on peut emmerder ce comte, je ne vais pas me priver.

Les noms de Bogast ou Andelys ne me disaient pas grand-chose, mais je hochai la tête à l'intervention de Tobias qui était un soldat de Kendra-Kâr, après tout. Lui devait connaître ce genre de chose mieux que quiconque dans notre trio.

- Je serai bien incapable de différencier un blason d'un autre, donc j'imagine qu'on peut te laisser t'occuper de ça. il faut faire vite, cela dit. Si le comte décide de raconter sa version des faits au Roi, ce sera terminé...

Alyah se manifesta de manière un peu abrupte et j'eus du mal à ne pas bêtement lui répondre à haute voix devant Tobias. J'allais lui dire d'attendre, mais quand elle me retranscrit ce que la faera de Jorus venait de lui dire, je manquai de perdre le peu de sang-froid que j'avais réussi à conserver.

(Pardon ?)

(Oh hey, je n'y suis pour rien, calme tes nerfs.)

(Il est où cet abruti congénital ?)

Elle m'indiqua la direction et j'inspirai. J'allais lui dire deux mots à cet abruti. Mais avant.

- Essayons de trouver Andelys. Il faudrait demander où on peut le trouver.

Parfois je me surprenais, à être plus fine que je ne le pensais, à demander aux deux autres de me suivre pour tomber "par hasard" sur Jorus alors qu'il était réfugié dans un coin isolé en bordure de l'armée. Et je le vis, sa dague pointée sur son cou comme s'il allait s'ouvrir lui-même la gorge. Je ne réfléchis pas vraiment en me ruant à sa hauteur, écartant son bras d'une main, lui envoyant mon poing dans la figure de l'autre, suffisamment fort pour qu'il le sente, j'espère.

- Non mais qu'est-ce que tu fous JORUS ! T'as quinze secondes pour t'expliquer avant que je ne t'en colle une autre !

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Silmeria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Silmeria » ven. 25 juin 2021 03:01

Tous entrèrent, accueillis par le Prédateur hideux du nom de Karsinar. Hrist méprisait ce général, bien qu'elle ne le connaissait pas le moins du monde, celui-ci était massif, brutal, n'avait aucune finesse et par conséquence n'était aux yeux de la Murène qu'une brute bonne à cogner ce qui lui opposait résistance, elle imaginait même le colosse éclatant d'un rire décérébré au milieu des combats. Il n'y eut rien d'étonnant à ce qu'elle reconnaisse Xenair et sa discrétion habituelle, silencieux, comme tapis dans l'ombre à l'affut d'une proie. Ignorant le Général Brutasse, elle s'en alla ployer le genou devant son Maître, humblement, elle tira de son fourreau la Tueuse de Mage dont la plume de Xenair était accrochée à la garde argentée et la déposa entre elle et son maître.

" Maître Xenair, nous avons essuyé une trahison. J'ai pu approcher le Roi au campement du Val mais les traîtres avaient déjà pu prévenir les Kendrans qui ont eu le temps de protéger leur souverain. Je n'ai pu ramener grâce à l'aide de Latrille que ces deux fidèles à notre cause. Je crains que le reste du groupe ne soit constitué de que traîtres et de sympathisants au royaume de Kendra Kâr. "

De leur côté, Eldros et Kurgoth appuyèrent ses propos mais le firent auprès de Karsinar. Bien que la Murène eut la tête baissée, elle grimaça en se murmurant " Ainsi soit-il". Leur allégeance pour Karsinar marquerait la fin de leur entente, elle ne tolérait guère plus les sympathisants que le général lui même. D'ailleurs, emporté d'une colère bestiale, il fit ce qu'elle attendait de la part d'un colosse dépourvu de matière grise, à savoir fermer les poings et cogner la première chose venue, à savoir la table qui lui faisait office de bureau et de table à manger - Elle résista contre toute attente à la puissance du choc. Celui-ci grognait, pestait en prétextant que les parjures s'en voudraient à jamais d'avoir trahi le pacte de sang sensé prouver leur allégeance. Fort heureusement, son Maître était plus calme, il répondit à sa tueuse :

"Tout ceci est fort fâcheux. Mais pas irréparable. Seriez-vous prête à faire une nouvelle tentative d'assassinat contre Solennel lors de la bataille ? A mes côtés, cette fois."

Hrist baissa de nouveau la tête, elle ne s'imaginait pas que l'assassin d'Oaxaca lui offre d'œuvrer avec elle pour compléter pareille mission. C'était enfin l'occasion, la Providence, elle offrait à Hrist l'occasion unique de pouvoir se venger du Roi et de se faire une place à jamais parmi les plus puissants assassins du Royaume.
" Je serai à vos côtés, Maître. J'aimerai avoir cette fois-ci un avantage certain. Il va sans dire que... Même si Eldros et Kurgoth meurent d'envie de tuer le Sergent et ses Corbeaux, si j'ai l'occasion d'en tuer un, je la saisirai. Je veux m'équiper en conséquence en potions et...

Le reste de ses mots fut avalé par les clameurs de ses compagnons. Tous réclamaient du sang et demandaient quelle serait leur prochaine affectation au sein de l'armée noire.

"Vous en demandez beaucoup. Vous me suivrez après cette entrevue. Je vous pourvoirai, en échange du prix de ces précieuses ressources."


Hrist relevant le visage vers Xenair dit : " Je n'ai rien d'autre à ajouter. Si ce n'est... "

Tournant doucement le visage vers Karsinar : " Général Karsinar, j'espère que votre envie de plaire à la Reine valait la peine d'engager des inconnus plutôt que de laisser aux assassins l'occasion de réussir cette mission du premier coup. Nous n'avons fait qu'accumuler les ennemis durant cette mission, j'espère que vous vous en tiendrez désormais à dresser des Lykors. " Elle détourna le regard, comme si elle n'attendait pas de réponse de la part du Prédateur. Elle avait finalement craché son fiel, son venin, la Murène était de nouveau dans son élément, la discorde. Bien sûr, elle se doutait bien que de l'un ou l'autre, la sanction tomberait sans attendre, Xenair la gifla, lui faisant un rappel à l'ordre comme quoi ses agents se devaient d'être irréprochables en matière de respect de la hiérarchie. Karsinar quant à lui était passé par de nombreuses couleurs mais n'avait pas cédé à la colère, aussi elle évita un flot d'insultes et d'odieuses menaces, bien qu'elle aurait préféré pousser à bout ce colosse pour avoir une chance de peut-être, ne plus jamais entendre parler de lui. Doux fantasme qu'elle oublia bien vite, elle se doutait que Xenair aurait calmé le jeu et qu'Eldros et Kurgoth, en dépit de leurs aventures passées n'auraient probablement pas levé le petit doigt pour interférer entre elle et Karsinar, et risquer de passer pour une éventuelle traîtresse en ce moment était des plus maladroit.

Elle baissa de nouveau la tête devant Xenair et cette fois-ci se glissa derrière lui et envoya à Karsinar deux tonnes de mépris dans son regard - une tonne par oeil - encore une fois, les deux aventuriers, Kurgoth et Eldros feignirent l'ignorance et aucun ne releva l'affront envoyé par la Murène. Ils parlèrent stratégie sur la façon de prendre la ville d'Oranan jusqu'à ce que Karsinar décide de faire entrer un nouvel agent en lice. Un dénommé Sirat, connu comme celui-qui chante et porteur de la marque du dragon. Hrist leva un sourcil curieux en voyant un être hybride entrer, elle l'identifia comme un semi-Lykor tigré, bien qu'elle n'était pas tout à fait sûre des ingrédients disgracieux de ce mélange suspect. Elle aurait bien moqué son entrée ou pesté sur l'existence d'un nouvel envoyé de Karsinar et du risque que celui-ci aussi soit un traître, mais elle estimait qu'il valait mieux garder son fiel pour plus tard. Toutefois, Kurgoth dont le surnom du nouvel arrivant disait quelque chose décida de prendre parole en confrontant les deux Généraux :

" Messires, des rumeurs qui sont arrivées à mes oreilles. Celui-qui-chante est un paria à qui nul de ne doit adresser la parole. Si c'est bien lui, que fait-il ici? " Hrist eut un petit hoquet de rire, voyant déjà en ce dénommé Sirat un traître potentiel et une autre excellente idée de Karsinar pour aggraver davantage la situation complexe dans laquelle ils se trouvaient déjà.

" Quant à toi, paria, d'où connais-tu ces traîtres? Et comment peux-tu avoir une marque du dragon tout en étant un paria? Tu est encore un traître au service de cette vermine kendranne? Tes amis ont rejoint leur maître après nous avoir vendu, inutile de les chercher ici! "

Mais Sirat ne se laissa pas démonter, il resta calme et expliqua sa situation, son rôle de fervent de Zewen et sa mission qui lui était propre, faisant qu'il n'appartenait à aucun camp. Hrist gardait sa main à portée de la lame, elle visualisait déjà les ombres entourant Sirat, prête à apparaître d'un clignement derrière l'homme-bête afin de le fendre en deux de sa lame. Mais Xenair ne trahissait aucune émotion, aucun signe de sa part ou celle de Karsinar, bien qu'elle n'attendait pas de la part du Prédateur Suprême un ordre quelconque. Mais le plaidoyer de Sirat aux accusations de Kurgoth se révéla instructif, il commença à énumérer les noms et les rôles de nombre de mercenaires au sein de l'armée Kendranne. Son attention fut piquée au vif en entendant le nom de Heartless.

" As-tu dit Heartless ? " Avait-elle lancé à Sirat d'un air beaucoup moins calme que ce qu'elle avait imaginé. " Maître, m'autoriserez vous, après notre traque à traquer et éliminer toutes les cibles mentionnées par cet individu ? "

Intérieurement, elle n'en revenait toujours pas. Alors Sirius n'était pas mort ? (" C'est impossible... Je l'ai enfermé, torturé, empoisonné, abandonné sur une île. Recapturé, retorturé, enfermé et enrôlé dans l'équipage de Von Klaash et... Mais bordel, combien de fois je vais devoir le tuer ? Je n'y comprends plus rien. C'est pire que la vermine, et moi qui pensait qu'Ezak était tenace... ")

" Du moment que cela ne te détourne pas de ton objectif premier, Plume. " Dit-il simplement, appuyé d'un signe de tête.
" Rien ne saura m'en détourner. Devrions-nous déjà nous préparer ? " Hrist savait que la mission à suivre serait plus compliquée, le Roi allait avoir sa garde rapprochée en alerte et s'il n'était pas trop sot, ne s'éloignerait pas de sa précieuse cavalerie qui reste un atout majeur de son armée. Elle dressait dans sa tête quelques idées pour mieux appréhender la situation à venir, il était peu probable que Xenair et elle puisse l'approcher sans avoir l'appui d'un force de frappe significative. Il faudrait probablement enfoncer les lignes de son armée de façon à mettre sa cavalerie en déroute et enfin pouvoir approcher de Solennel, probablement à cheval. Les idées fusaient dans son esprit et elle aurait besoin de s'entretenir avec son Maître pour y voir plus clair, celui-ci avait peut-être un plan à ce sujet.
"Allons-y, oui. Comme vous l'avez entendu, je dois moi aussi me rendre à l'Est pour prendre mes fonctions."

Xenair quitta la tente, suivi de Hrist qui pour tout salut à ses compagnons exagéra une révérence appuyée d'un grand sourire étincelant. (" Comme je les déteste... ")

XP : 1 (Rapports et discussions diverses)
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » ven. 25 juin 2021 09:36

Voler est une sensation particulière. Loin de la stabilité de la terre ferme, de l’équilibre que l’on possède au sol, épris d’un vertige constant qui est aussi fascinant qu’effrayant. Repérer l’armée naine depuis là-haut n’a rien de difficile, une colonne impressionnante marchant de manière ordonné, des boucs imposants, des chariots, des armes de guerre …

Cromax se pose à bonne distance pour reprendre la forme de Charmant.

"Je vais présenter mes respects au Général Throg'Inn. Je vous rejoindrai ensuite dans le cortège. Quand vous serez prêts à retrouver Faëlis et Aenaria, prévenez-moi."

Déclare-il avant de s’éloigner. Je rejoins également le convoi en compagnie du fulguromancien. Sans lui je serais encore coincé dans une cage. Au final nous nous en tirons bien, sans aucune victime, simplement un échec et une certaine humiliation. Je sais ce qu’il m’attend à présent si mon chemin croise à nouveau celui du Premier des Treize. Je doute qu’il s’embêtera à me mener devant sa reine pour un jugement, peut être acceptera il de me combattre en duel, l’idée m’avait paru ne pas le laisser insensible.

Au fur et à mesure des pas nous nous séparons moi et l’Ynorien. Lui semblant occupé à examiner son armure alors que je cherche à retrouver le Général nain en remontant les troupes. Je ne tarde pas à le repérer, montant un bouc imposant. Je presse le pas pour arriver à sa hauteur, à priori Cromax a déjà terminé de présenter ses respects.

« Général. On vous à déjà fait part de notre échec ? »

"Absolument pas ! Mais puisque vous êtes là, vous allez me raconter, n'est-ce pas ? Tout ce que je sais, c'est que Pérussac et ses cavaliers sont revenus indemnes. Rien que ça, ça tient presque d'une intervention de Valyus."

« Je suis content de savoir que Perussac et ses hommes vont bien. De notre côté nous avons réussi à nous infiltrer jusqu’à la chambre de Lorener puis… puis il nous a mit une branlée. »

Apprendre que Robert et ses hommes sont toujours de ce monde m’enlève un poids de mes épaules. L’angoisse qu’ils aient perdu la vie pour rien disparaît mais ça ne retire rien à la honte d’avoir subis une telle raclée de la part du Lieutenant Oaxcien. Le nain secoue la tête du haut de sa monture, affirmant que Lorener est un sacré combattant, un guerrier inégalable ai-je envie de rajouter. J’aurais du mal à cacher la fascination et le respect que j’ai pour sa force. Cependant le Général reste confiant et déclare:

« Qu'à cela ne tienne : on verra comment il se débrouille avec une armée de nains robustes sur la tronche ! »

« Comme vous dites. Nous avons eu de la chance de nous en sortir vivant. Perussac n’est pas avec vous ? »

"Il est avec sa compagnie, plus à l'avant. Il nous sert d'avant-garde."

« Je le trouve très téméraire. »

D’un air sombre, le nain répond que c’est un homme dangereux qui cherche vengeance et qui n’a plus rien à perdre.

« J’espère qu’il l’obtiendra sans y perdre la vie. »

Nous restons tous les deux silencieux pendant un instant, perdus dans nos réflexions. Si j’ignore à quoi il pense en fixant ainsi sa monture, mes pensés sont tournés vers la bataille à venir et mon rôle dans celle-ci. Est-ce que je dois rester ici ? Apporter mon aide à Perussac dans l’avant garde ? Je suis un piètre cavalier. Rester avec les nains alors ? Je ne connais pas leur manière de combattre et comme je l’ai appris au cours des batailles passées ma magie peut se révéler dévastatrice pour mes alliés. Oranan ou alors retourner auprès de l’armée de Kendra Kâr ? Ce serait plus logique. Après tout je me suis entraîné à Bouhen, je suis venu avec eux, j’ai monté le camp avec eux… Personne ne doit être au courant là bas que nous avons échoué dans notre tentative. Je songe à mes compagnons d’armes avec qui j’ai découvert le laboratoire abandonné. C’est décidé, c’est avec eux que je dois livrer bataille, sous les ordres du Général Bogast qui m’a entrainé.

« Je ne sais pas trop comment me rendre utile. Je pense trouver un moyen de retrouver mon régiment. Avez vous un message à transmettre du côté de Kendra Kar ? »

Il hausse un sourcil.

"A part qu'on sera en temps et en heure à l'endroit prévu, rien de particulier, non. Quant à vous... Hé bien ça m'étonnera toujours, mais vos portails sont bien pratiques pour aller où vous le souhaitez."

Je précise avec un mince sourire que le fonctionnement de mon don offert par Fin’ n’est pas aussi facile mais que c’est en effet bien pratique.

« Je transmettrais les informations. Je vous souhaite bonne chance Général. Au plaisir de vous revoir dans une ambiance plus festive. »

Il m’accorde un sourire et un signe de tête amicale et je ralentis alors l’allure pour le laisser s’éloigner. Avant de partir il reste des choses à faire, premièrement je n’ai pas oublié l’idée qui m’est venu pendant mon combat contre Lorener, me servir de ma magie comme d’un bouclier pour absorber un choc. Si théoriquement créer une aura capable d’atténuer un impact à la manière d’un ralentissement de chute est envisageable, il reste à le mettre en pratique. Ensuite je n’ai pas oublié cette compétence que possède Cherock, ses tatouages arcaniques. En posséder un me serait bien utile. Reste à savoir ce que je pourrais me faire tatouer, un symbole désignant le vent ou un animal totem ? Une tornade ? Un ouragan ? Un griffon ? Un hippogriffe ? Y a t-il une chose capable de représenter à la fois la puissance incontrôlable et destructrice de ma magie aérienne ? Je vais devoir y réfléchir.

Mais d’abord, le sort. Tout en suivant la marche je me concentre, visualisant la manière de procéder pour parvenir à encaisser un choc. L’étape facile est de laisser ma magie me recouvrir. Le sort d’aura venteuse m’y a habitué. Pour économiser ma magie et mon énergie je ne recouvre que ma main gauche d’une fine particule de fluide. Je visualise à présent mon sort de ralentissement de chute me permettant de tomber de plusieurs mètres sans subir de dégâts. J’imprègne mon flux magique de ce désir avant de frapper mes deux mains l’une contre l’autre. Le claquement est atténué mais je sens tout de même l’impact entre mes paumes. Je recommence, augmentant la concentration de magie dans mon aura pour épaissir la couche d’air censé me protéger. Nouvel essai, nouvel échec, le sort se diffuse sans même ralentir ma frappe, comme si je séparais de la mousse. Après d’autres nombreux essais je comprends que l’aura n’est peut être pas la bonne solution, je devrais essayer de traiter la solution différemment.

Je pousse un long soupir, un peu décourager par les heures passées sans résultat encourageant. Mon regard se promène le long des troupes naines et j’ai un regain de volonté quand il se pose sur le lourd bouclier d’un guerrier barbu. Je repense alors à mon entraînement avec Bogast et le sort me permettant d’atténuer la puissance d’un sort, cette paroi à la forme de cuvette que j’ai dû donner à ma magie pour absorber la puissance de ses sorts. Je pourrais faire pareil avec des coups physiques.

Je m’y mets après avoir mangé un morceau proposé par un nain qui m’observe curieusement depuis que j’ai commencé à m’entraîner. Cette fois mes fluides recouvrent ma main et forment un bouclier, une couche protectrice que je rends plus tangible grâce à la concentration de magie, je ne me retiens pas sur la quantité que je libère, je sais bien que faire une telle chose est plus couteux en énergie que ma précédente manière de faire. Je frappe ensuite mes deux mains l’une contre l’autre et cette fois ça fonctionne. Tout comme le sort de Bogast s’était fait absorber par le sort qu’il m’avait appris, ma seconde main est absorbée par ce bouclier, diffusant le choc dans de multiples directions pour m’en protéger.

« Ah ! Ça y est ! Oui ! »

Criais-je tout excité, m’attirant des regards curieux ou agacé des nains autour de moi qui m’ont entendu taper dans mes mains toute la journée.

« J’ai réussi ! »

M’expliquais-je avec un grand sourire, ne provoquant que des râles et soupires étouffés par leurs barbes épaisses.

((Suite de l’apprentissage du sort Instinct de survie))

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Sirat
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sirat » ven. 25 juin 2021 20:55

Sirat venait de sauter, il roula sur les quais de manière peu orthodoxe sous les regards des lykors un peu médusés par ce changement de situation. L’humoral se redressa en leur faisant face. Il ne se retournerait plus.

Conduisez-moi à Karsinar et Sarl

Escorté par les loups, il remonta jusqu’au Castel.

Karsinar était descendu dans la salle principale du castel, la grande salle à manger, en compagnie de Sarl. Il émit un sourire carnassier en voyant revenir à lui le Zélote.

"Alors, lion, on a changé d'avis ?"

Sirat prit une chaise sans rien demandé et s’y installa.

Non, mon idée était déjà faite. Je voulais essayer de leur faire comprendre, mais j’ai échoué. Peut-être était-ce déjà voué à l’échec avant même que je tente ma chance.

Il soupira et balança sa tête en arrière, il observa le plafond avant de se redresser et de reprendre.

Je ne deviens pas un sbire de khynt ou de karsinar tiens le toi pour dit. Je vous aide, car je suis persuadé qu’un mal grandit à l’ombre des querelles d’aujourd’hui et seule ta maîtresse est en mesure de les combattre. Pour cela, elle doit gagner cette guerre.

Il jeta un vif coup d’œil sur la table.

Y a pas de quoi se désaltérer ici-bas ?

"J'ai aucun intérêt à faire de toi un soldat, le lion. Te savoir dans notre camp me suffit amplement. Et si tu dis vouloir qu'Oaxaca remporte, je veux bien te croire. T'auras aucun ordre de ma part, tant que tu joues bien notre jeu. Mais si tu retourne ta veste, tu m'auras sur le dos."

Il désigne un pichet de vin du doigt, plus loin sur la table. Sarl te questionne néanmoins, prudente :

"Pourquoi être venu jusqu'ici avec eux, si vous croyez à une victoire nécessaire d'Oaxaca ?"

Il opina du chef à la réponse de karsinar tout en se servant du vin. Il bu et sa resservi à la suite avant de répondre à Sarl.

Je ne la voyais pas ainsi au moment de ma venue, je savais que je devais venir, mais je ne connaissais pas encore mon implication. C’est en venant que je l’ai comprise, qu’elle m’est apparue.


Il bu

Bref, vous avez un zélote dans votre camp.

Il se resservit une troisième fois.

Par contre, pour conseil, vu que vous m’en avez donné un, je vous rends l’appareil. Épargner la population au maximum, kendra-kar joue sur cela pour vous discréditer.

Il reposa son verre vide.

Bon, on a une ville à prendre et une magicienne à rencontré non ?

Karsinar regarda Sirat boire de tout son soûl, et commenta :

Nous n'avons pas pour objectif de détruire la civilisation ynorienne. Nous ne visons que leur armée. Et les armées de leurs alliés. Pour eux, il n'y aura pas de pitié.

Il inspira fortement.

Vous avez raison, nous devons y aller. Retrouver le cœur de nos troupes. Mais vous ne rencontrerez pas Oaxaca. Pas tout de suite du moins. Que préférez-vous, Zélote : rester parmi les miens ou trouver une autre place dans l'armée d'Omyre ?

Sirat regardait son verre vide et jouait avec le faisant tourner avec son doigt. L’ivresse ne venait pas, elle ne viendrait pas et il le savait. Boire, il aurait aimé le faire pour s'enivrer, pour s’échapper de sa condition, mais il ne le faisait que mécaniquement, quelle tristesse pensa-t-il. il se redressa.

Pourtant, j’aurais besoin de lui délivrer mon message à un moment ou à un autre. Mais cela peut attendre, effectivement.

Il se rapprocha d’eux avec ses affaires.

J’avoue bien vous aimer, Karsinar et Sarl aussi.

Il esquissa un sourire.

Mais vos hommes n’ont peut-être pas apprécié ma prestation du grenier. Prendre place dans l’armée d’Omyre nous prendrait-elle du temps ?


Il faut à peine quelques jours pour rejoindre notre campement principal aux portes d'Oranan. Nous comptions y partir tout de suite. Venez-vous avec nous ?"

Il prit ses affaires plus déterminé que jamais. Plus rien ne l'empêcherait de servir Zewen.

Ils sortirent et prirent des loups Omyre . Sirat leur en demanda un et pris place sur celui-ci. Ils prirent la direction du sud accompagnés de lykor. La nuit tirait sur sa fin. Sa musique de criquet et de crapaud terminait son final et au loin à l’est les premières lueurs dû soleil apparaissaient.

Ils avaient passé la nuit à se battre et à parlementer. Sirat mit son casque et se laissa porter. La fatigue tendait ses bras alors il décida de relâcher son corps. À l’abri des regards sous son armure, il ferma les yeux.

Un grondement lui fit ouvrir les yeux. Le soleil était bien monté, mais n’était pas encore au Zénith.
Devant les yeux ébahis de Sirat, apparut alors toute la magnificence d’une armée Garzok puissante et hurlante. La horde de Karsinar se dressait devant lui. Elle recouvrait la plaine d’écailles métalliques, enchevêtrement d’armes et d’étendards.
À quelques mètres se trouvait sur leurs loups Sarl et Karsinar, Sirat fit avancer le siens pour s’approcher du prédateur ultime.

Je vous envie toi et Sarl, j'aurais aimé avoir la même chose, mon destin est peut-être de rester seul

Vous n'êtes pas seul, Zélote. Et elle comprendra vos actes, un jour.

Oui ou je trouverais celle qui n’aura pas besoin d’explications.

Peu importe, il faut vaincre, mais la tâche sera ardue.

Ils ne répondirent pas et continuèrent la route en silence.


Le soir seul dans sa tente, petite désuète, l’humoran déposa ses affaires et prit le temps de prier. Il avait glané une bougie. Il inspira et souffla doucement. Le camp n’était jamais calme, il se souvenait des galeries des terres arides d’Omyre. Il se sentait presque chez lui. L’idée Astérock raisonna une nouvelle fois à son esprit. Il esquissa un sourire pour lui-même. Il disposa quelques pierres et bouts de bois sur le sol terreux.

Zewen, maître du temps et des fluides, ton humble serviteur t’es reconnaissant.

La flamme fluctua légèrement, une brise la caressa et plus rien.

Je suis prêt, plus rien ne me détournera de notre but.

Une brindille bougea, une fourmi, un insecte. Il ramassa le sable et en fit une petite colline avec ses mains. il prit la bougie et y versa de la cire.

Je dois aider cette armée, providence divine.

La lave coulait sur le volcan éphémère, sur le versant sud, la coulée s’étirant peu à peu. Il interprétait son dessin.

Il inspira, fit brûler des brindilles qu’il avait cueilli au petit matin. Il les secoua dans l'air.

Maître montre moi.

Puis laissa retomber le silence. Il attendait les yeux fermés bercés par les bruits de la horde au-dehors.

Une voix l’extirpa de sa médiation.

Il ouvrit un œil pour découvrir un garzok adolescent. Jeune adulte, il était déjà puissant. Une longue chevelure ondulée encadrait un regard fier.

C’est toi qui chante. Chante pour moi.


Sirat eut un sourire, il avait sa réponse.

Oui, je vais chanter petit, il se leva d’un bond le regard fanatique

Je vais te donner la force et la puissance.

La peau verte le dévisagea, regrettait il d’être entré dans la tente de ce fou.

Comment t’appelle tu

Silos

Ce n'est pas un nom commun.

Je sais fit il en posant son regard sur le sol.

Tu es parfait petit, providentielle.

Il riait,heureux, de sa trouvaille il allait faire de Silos un pilier pour le re nouveau d’Atserock

Que fais-tu dans cette armée ?

Je suis au tambour j’ai pas le droit d’être honoré par un kikoup

Pourquoi cela ?

Je suis un bâtard.

Il éclata de joie alors que Silos se fermait peu à peu.

Merveilleux, merveilleux, tu connais Asterock petit

Ce sont des ruines dans les montagnes ?

Plus que cela, tu vas faire partie de leur renaissance

Tu es fou, je suis tambour.


Je te fais devenir guerrier et tu feras ce que je te dis.

Tu peux rien pour moi.

Marché conclu ? Sa voix était fébrile.

Silos hésita ses yeux dévisageaient l’humoran, son regard était éclairé comme un fou, mais il n'avait rien à perdre alors il fit un léger hochement de tête

D’accord, fit-il doucement


Il posa ses Mains lourdes sur les épaules solides de Silos


Silos mon ami, tu vas rencontrer ton destin. Suis moi !

Ils sortirent de la petite tente. Sirat était à côté du garzok, celui-ci malgré son jeune âge était aussi grand que lui, sa musculature était encore fine. Son visage avait les traits de ses pères, mais moins prononcé. Il avançait pourtant à reculons poussé par l humoran.
Le camp grouillait de soldats et de garzok. Ça parlait, buvait et égrenait avec insouciance les derniers moments avant l'orage qui s’approchait irrémédiablement.

Tu dois sortir de l’anonymat.

Silos craignait déjà ce qui allait se passer.

Dans ce dédale de tente, de voix, d’armes et autres, il s’arrêta face à un groupe bivouaquant tous accroupis devant un feu et un agneau rôti.

Un garzok se redressa voyant l humoran. Colosse vert aux crocs protubérants, il arborait plusieurs cicatrices sur le torse et se laissait montré comme le chef de ce petit groupe. Il cria à l’encontre du zélote.

“Qui chante” ! Paria, reste pas là avec ton bâtard.

Il eut comme réponse le rire de ses compatriotes et le regard aiguisé du zélote qui intérieurement jubilait.

Voilà ton adversaire Silos lui murmura-t-il.

Silos essaya de se dérober, mais sirat resserra sa prise sur son bras

Tu es fou “qui chante” c’est Grob fils de Kram, un général.

Non, je ne suis pas fou, je vais chanter pour toi et tu prendras ta place. Silos le guide.

Il se retourna vers les braillards laissant Silos à sa peur et sa perplexité.

Grob ! Silos me dit que tu glousses comme ta mère au lit.

Quoi ?!

Silos regarda Sirat

Tu veux me faire tuer en fait, c’est ton projet.

Fais face et bat toi, ton avenir se trouve là !

Grob bouscula tout ce qui était sur son passage pour venir attraper Silos par le col et le jeter à terre.

Toi ! Tu n’es pas un guerrier et tu m’insultes !

Silos se releva.

Je suis un guerrier !

Et il frappa en retour Grob qui recula surpris que le jeune tambour se rebelle.
Il essaya sa lèvre avec un rictus sadique alors qu'un cercle de curieux, avide de spectacle de gladiateur, se façonnait autour d’eux.

Sirat souriait, il ne s’était pas trompé

Il était temps pour l’humoran de mettre son plan à exécution. Le bruit, la foule, le gênait, mais il devait apprendre dans ces conditions. Si le chant encourageait les fluides, ils devraient faire bien plus.

Il essaya de se concentrer et de puiser au fond de lui. Il cherchait Silos entre les cris et les hurlements.

Le jeune essuyait une rafale de coups de la part de Grob qui était épais comme un tronc d’arbre.

il ne suffisait pas de chanter cette fois ci, mais toute la théorie de sirat résidait sur les flux magiques qui ondulaient tout autour de lui et la possibilité d’envoyer une aura, comme sa cape le faisait, comme l’unique l’avait conçu. Cette vague devait aller vers un allié ou un ennemi. En l’occurrence, il avait choisi Silos.

Mais cela ne marchait pas ou peu, car le jeune garzok se faisait dérouiller. Il avait vu en lui un guide pour son peuple, mais si il échouait à le mettre sur le chemin, il ne deviendrait rien.

Sirat tenta de se reprendre, il imagina une vague, une étreinte venant de son âme et s’éloignant pour toucher les deux garzok. Silos devait vaincre et Grob perdre.

Enfin, l’adolescent para un coup et en renvoya un violent qui fit reculer Grob.

L’avait-il vraiment aidé ? Il ne savait pas. Il suait à grosse goutte, tandis qu’il sentait les fourmillements de la magie parcourir son corps. Grob n’était pas à terre et il se relevait plus déterminé que jamais. La cohue autour redoublait d’intensité.

il devait échouer , Grob devait perdre, Silos devait vaincre. Sirat pria Zewen, il ferma les yeux inspira profondément, il vit une couleur au fond de lui, une couleur étrange, une mélasse noire et visqueuse, il la dirigea vers Grob. Qui échoua son coup et frappa dans le vide.

Silos prenait confiance, Sirat chantait pour lui.

Il murmura quelques incantations à la gloire de zewen, poème cabalistique, murmure digéré incompréhensible. Mais la masse était trop occupé à regarder le combat et ils ne remarquèrent pas le Zélote. Silos frappa à deux reprises, deux coups qui firent mouche. Grob tituba avant de tomber sur son postérieur, le regard étonné. le bâtard était debout, le visage tuméfié, un silence perplexe fit place au bruit.

Grob se releva et approcha de Silos. Son regard fermé se fissura d’un sourire, il lui tendit son arme, un kikoup, lame solide scintillante dans la nuit à la lumière des torches..

Tu te bats bien. Grob sera fier de combattre avec toi.

Silos prit le kikoup, il resta prudent, mais un sentiment de fierté grandissait en lui.

Tandis que des cris scandant le nom de l’adolescent et des rires enflammaient l’arène.

Sirat était fatigué, mais avait il été réellement une aide. Il respirait fortement quand un Garzok puissant s’approcha dans son dos.

A quoi tu joues Sirat

Il se retourna et vit Bra, plus grand et fort que jamais. Ses tresses retombaient sur ses trapèzes et un sourire laissait sortir ses dents.

Bra ! lacha l’humoran avec un peu d'étonnement et d’épuisement.

J’oriente l’avenir mon ami.

Ouai le bruit court que tu tourne en boucle avec Asterock

Ce n'est pas une lubie.

Bra leva les sourcils en l’air en grognant doucement.

Toi, ton peuple et ta sœur vous êtes à l’aube d’une nouvelle ère, Asterok sera de nouveau grande, il le faut pour Yuimen

Il haussa les épaules.

Je demande à voir, mais l’instant présent, c’est le combat Sirat celui qui chante et comment pourrais tu y faire face si tu es fatigué.


La mort ne me fait pas peur.

Ne crains pas la mort, mais ma sœur si elle apprend que tu joues dans des greniers avec des elfes.


Ta sœur est là ?!

Non Zewen te protège petit chat.

Fit-il en ricanant

Sirat accompagnait son sourire avec un geste amical sur l’épaule de son ami. Ils passèrent le reste de la nuit ensemble, à boire, manger et parler.

K’nee ne fut pas abordé, Sirat se garda de demander où elle était. Il observait Silos prendre place parmi la horde du coin de l'œil. Bra l’avait sauvé et accueilli parmi les siens, il le considérait comme son frère et c’est aussi pour lui et sa sœur qu’il voulait faire renaître Asterock. La nuit s'écoula au fragrance de vin et de grillade.

Au matin, l’armée reprit sa marche, inarrêtable machine. Bra avait rejoint les siens et Sirat suivait Karsinar et Sarl avec son loup.

Après un bivouac, il chercha Silos, celui-ci avait pris place avec les autres guerriers, encore anonyme il allait cependant pouvoir faire ses preuves.

Du haut de son loup, il s’approcha de lui.

Alors gamin ça va ?

Silos le regarda, son visage était encore gonflé de la bagarre du soir.

Oui

tu me dois un service.

Il tarda à répondre, plongeant son regard vers le sol.

Je crois.

Sirat fit un sourire paternaliste.

a la fin de la guerre, va a Asterock, seul ou accompagné, promet le moi.

Pourquoi ?

Une fois, là-bas, tu trouveras pourquoi, promets moi.

Bien

Sirat était déjà parti sur son loup, rejoignant l’état-major. Il laissait Silos à ses interrogations et à son destin. Mais peu à peu, il plantait les graines de son idée.
Les deux autres jours se firent sans heurt. Sirat observait son protégé de loin et buvait une chopine de temps à autre avec Bra.

Le jour vint où l'armée avait rejoint une autre encore plus grande pour s’unifier dans une masse mouvante gigantesque.

Karsinar lui demanda d’attendre à l’entrée d’une tente. Derrière la porte, il entendait des murmures, une gifle, mais le tout était bien couvert par le bruissement des hommes dans la plaine.
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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » sam. 26 juin 2021 09:20

Attenuer le choc d’un applaudissement c’est bien beau mais ça n’a rien de comparable avec un coup, un vrai. Encore moins comparé à celui que m’a collé Crean, y penser me rappelle la douleur que j’ai ressenti au moment où ma rotule à exploser. Je dois donc passer l’épreuve à chaud et justement, j’aperçois devant moi Charmant, l’elfe gris capable de changer de forme à sa guise.

« Plutôt pratique comme don. »

Glissais-je, souriant, en m’approchant de lui. Paisible, il me répond amicalement qu’il ne s’en était jamais autant servi.

« Pourquoi ne pas être venu avec nous à l’intérieur du palais ? »

Lui demandais-je avec curiosité. Ce pouvoir aurait pu nous être utile. Cependant il n’y a aucune reproche dans mon ton ou mon attitude. Il inspire avant de répondre :

"Oui, ça... Cherock s'en est aussi inquiété. Moins posément que toi. Je ne suis pas venu tout simplement parce qu'officiellement, je suis l'allié de Crean et Khynt. C'est ce qu'ils croient, en tout cas. Et c'est ce qu'ils doivent continuer de croire."

Il hausse les épaules.

"J'aurais pu venir transformé... L'idée ne m'a pas frôlé l'esprit : pour moi je devais avant tout protéger les cavaliers de Pérussac. Je faisais confiance à votre force de frappe."

« Les flammes c’était toi ? »

Demandais-je en me rappelant l’immense mur de feu qui a embrasé le camp Garzok. Il répond que oui même si c’est plus compliqué que ça. Je ne peux m’empêcher de faire une moue impressionné. La pyromancienne que j’ai affronté dans l’arène de Kendra Kâr était déjà assez puissante et pourtant elle n’avait pas réussi à atteindre une telle hauteur avec ses murs de flammes. Je poursuis ensuite avec un ton plus grave.

« Nous avons tous eu un excès de confiance je crois. Ça aurait pu nous coûter plus cher. Mais du coup je me pose une question. Je sais ce qui motive Crean à se battre, je sais ce qui me pousse à le faire, mais toi… Qu’est ce qui te motive à choisir un camp plutôt qu’un autre ? »

Il commence par rétorquer que maintenant nous savons à qui nous avons à faire au sujet de Crean Lorener puis il reste un instant pensif, réfléchissant à ce qu’il va me répondre avant de déclarer:

"Il est erroné de penser que je suis d'un camp ou d'un autre. J'ai autant de raisons de détester Oaxaca que Kendra Kar. Je ne me bats que pour défendre des valeurs. La liberté, la vie, l'amitié. Ça sonne un peu bête comme ça, mais ces trois choses sont en danger dans de telles périodes. J'essaie avant tout d'éviter le pire, par dépit de ne pouvoir faire mieux."

« Une tâche qui parait compliqué avec la bataille qui se prépare. J’imagine qu’elle ne peut plus être évitée. »

"J'en ai bien peur. Chacun de nous aura son rôle à y jouer, pour faire au mieux ce nos convictions. Une chose est sûre, cependant : Nirtim n'aura plus le même visage après cette bataille. Pour le meilleur comme pour le pire."

Je pousse un soupire angoissé. L’idée de voir les cités de Nirtim être ravagée comme l’a été Esseroth me terrifie. Je ne peux pas le permettre.

« Tu va rester auprès des nains ? »

Il secoue la tête et répond que cette fois il se montrera sous son vrai visage mais si il ignore encore de quel manière puis il me demande avec qui je vais livrer bataille.

« Je me suis entraîné avec le Général Bogast et les troupes de Bouhen, c’est eux que je devrais retrouver… »

A ma grande surprise, Cromax semble le connaître et Il me demande avec un sourire sincère de lui passer le bonjour, expliquant qu’ils ont parcouru ensemble des terres aux mille dangers.

« Tu pourrais venir avec moi… »

Dis-je en haussant les épaules mais il secoue la tête.

« Non. Nos vies ont évolué d'une telle manière qu'il ne souhaiterait sans doute pas être face à moi. Il sert ceux qui me recherchent pour meurtre... Peut-être qu'après la bataille, tout sera différent. Peut-être que nous pourrons tous nous attabler ensemble et boire et manger sans se soucier de rien... »

« Ça finira peut-être en orgie. »

Une référence à sa réputation de partouzeur, plus une blague qu’une vraie proposition mais c’est un dénouement qui ne semble pas le déranger.

« J’ai un service à te demander. »

Il m’encourage à poursuivre d’un signe de tète et je lui demande alors de me mettre un coup de poing. Nous nous arrêtons de marcher et je prépare mon sort alors qu’il m’observe, surpris, avant de hausser les épaules et de me décocher une patate en pleine mâchoire. Ma magie forme un bouclier juste à temps, absorbant la force de son coup, m’évitant sans aucun doute une vilaine blessure. Je masse ma joue à peine douloureuse tout en affichant un sourire radieux à Cromax qui m’observe avec un drôle d’air, se demandant sans doute si ça me suffit.

« Haha ! Ça a fonctionné ! Merci ! »

"Ca... en a eu l'air, oui. Surprenant."

Nous poursuivons la route jusqu’au soir où nous préparons un campement de fortune pour passer la nuit.

((Fin d’apprentissage du sort Instinct de Survie))

XP : 0.5 (Discussion avec Cromax) + 2 (Apprentissage auto didacte réussi de Instinct de Survie)

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Sirat
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sirat » dim. 27 juin 2021 16:20

Il attendait patiemment, il regardait le loup que lui avait prêté Karsinar. La bête était immense , son pelage noir luisait, ses yeux acérés regardaient l’humoran. Sirat entra dans la pièce, appelé par Karsinar. Devant lui se tenait Xénair, un homme du désert, bardé de vêtements amples et de qualité, il toisa le zélote derrière son turban. Il y avait une femme aux regards assassins qui caressait une dague tout en le dévisageant de ses yeux prune , un garzok immensse, puissant comme cinq des siens et un humain aux faux airs de Sirius des cheveux blonds et une barbe finement taillé, mais aux regards méprisant. Il fit un signe de tête pour saluer tout le monde. Il n'était pas le bienvenu, il le ressentait, mais peu lui importait.
Autant Sirat ne connaissait pas la jeune femme à la joue empourprée autant le garzok et l’humain, il les avait vue dans sa vision. Il les regarda calmement avec son visage scarifié.

Vous deux, je vous ai vue embarquer en compagnie d’Azra, Daemon et Ezak. Où sont ils maintenant ?

Il n’y pas de réponses, seulement un regard de dédain pesant sur sa personne venu de cette jeune femme élancé. La garzok devait au moins mesurer deux mètres, massif, il gonfla le torse et beugla. Il traita Sirat de paria, un doux nom qui commençait a se rependre. Il appela les autres par le titre de traître. Il s’en doutait, Azra avait déjà un discours discordant et Ezak l’étonnement l’avait empoigné quand il l’avait vue. Il fut lui-même accusé de traîtrise par la peau verte.

Sirat plissa les yeux.

L’ambiance était lourde de suspicion. Sirat esquissa un simple sourire et calmement, il répondit.

Je suis un paria finalement dans les deux camps et peut-être car je sers Zewen. Pour la marque du dragon, c’est une longue et douloureuse histoire, mais je suis marqué cet ainsi. Cela ne change rien pour vous, je ne suis pas votre hiérarchie ni ne souhaite le devenir ou me hisser dans celle-ci. Nous avons un objectif commun : la victoire de votre reine. Pour ma part, je suis persuadé qu’elle seule peut vaincre un péril encore plus grand qui menace Yuimen. Peut-être est-ce son destin finalement…

Il resta un instant pensif puis reprit.

Azra n’est pas mon ami, j'ai combattu contre lui en Aliaénon, Daemon est son suivant, nous ne servons pas le même dieu. Quant à Ezak je n’ai pas grand-chose à dire sur lui, mais si je le croise et qu’il se met en travers de ma route, je le tuerai.

Il regarda l’assemblé.

Bien, je comprends vos doutes, mais nous avons peu de temps, voilà ce que je sais, des mercenaires engagés pour les missions. Il y a Xel, il faut se méfier de ses faux airs de Bohémiens, lorsque je l’ai revu il avait revêtu l’armure d’un des corps d’armée. C’est un mage puissant et surtout passionné, il tentera l’impossible donc il est à prendre très au sérieux. Il y a Kyoheiki, je l’ai lui aussi combattu en Aliaenon, il peut se transformer en dragon. Il y avait Aenaria j’ai combattu à ses côtés, mais elle avait changé, elle était plus mature quand je l’ai revu.

Il regarda Karsinar

Il y aura Sibelle, fière, farouche et puissante avec ses lames, Heartless pirate et corsaire, je ne connais pas l’étendue de ses pouvoirs, mais il a résisté à plusieurs lykors et à Karsinar. Silma, hérault de Yuia, elle a un lien avec une chouette et c’est une excellente archère, Karsinar peut en témoigner.Il y avait en plus de vos trois traîtres une elfe noire, un Hinion et trois humains. Je ne connaissais pas ces gars.

Hrist réagit immédiatement à l'entente du nom Heartless. Elle avança, sans pour autant dépasser son maître. " As-tu dit Heartless ? Puis à Xenair. " Maître, m'autoriserez vous, après notre traque à traquer et éliminer toutes les cibles mentionnées par cet individu ?

Il semblait que le pirate comptât avec cette femme une ennemie de choix et Sirat avait réveillé de vieilles rancœurs.

Xenair lui répondit calmement. Il semblait ne pas faire un seul geste de trop. Sirat était sur que cet homme devait être un puissant adversaire et il devait se méfier de sa suivante, il l’appella Plume, ainsi, s’appelait elle ainsi. Quel prénom étrange se dit-il.

Karsinar, à l'évocation de la maîtrise archère de Siiwih, grogna, et rétorqua
: "Si nos troupes ne comptaient que les fanatiques de notre Reine, nous serions moitié moins nombreux que ce que nous sommes, Kurgoth le Brave. Certains ici œuvrent pour des causes qui leur son propre et rejoignent celles que notre camp défend. C'est ce que Kendra Kâr ne fera jamais : mettre de l'eau dans son vin. Accepter la différence d'opinions. Unis, quel que soit notre ogirine, nous sommes plus forts."

Ainsi le Garzok s’appelait Kurgoth

l’humain se racla la gorge, attirant l’attention pour poser sur lui et ignorant délibérément Sirat. Il demanda une vue globale des forces en présence.

kurgoth se tourna vers l’humoran et lui répondit qu’il n’aurait sa confiance que si il mettait à mort Azra,Ezak et Daemon.

Il se tourna ensuite vers Karsinar et lui demanda vers qui il devait aller pour se battre.

Karinar soupira lourdement à la question de l’humain puis répondit sporadiquement : le gros des troupes était concentré sur la Plaine de Kôchii, dirigé par les généraux Aerq, Leona, Sisstar et Xenair. La cité d'Oranan restera en blocus total, et son armée ainsi que les troupes du général Perailhon se tiendront à distance du combat. Une armée dirigée par les généraux Lorener et Khynt flanqueront l'armée de Kendra Kär et ses alliés, rejoints par l'armée de shaakts de Caïx Imoros.

Sirat serra les poings en entendant le nom de Khynt.

Il intima à Kurgoth d’aller vers l’est et de prendre ses ordres auprès de Sisstar. Surat décida qu’il allait en faire de même. Alors que Karsinar allait quitter la tente.
Plume miment une révérence insolente, suivit son maître.

Eldros reprendra la parole une fois Xenair et Silmeria sortit proposant une idée tactique sur la possibilité d'armer les navires. Apparemment, celui-ci était marin. Karsinar balaya cette idée.

Sirat observa Kurgoth avec envie et malice, il voyait en lui un parfait candidat pour Asterock. Il suffisait de le convaincre. Mais cela pouvait attendre.

Je vous suis, vers l’est dans le combat.

Il se tourna vers Karsinar.

Faites sauter les murs, mais faites attention cette situation ressemble étrangement à celle de Vallel et il avait été trahi par Naral. Soyez vigilant et que Zewen vous guide.

Il suivit le groupe qui allait vers l’est. Laissant l’humain avec Karsinar. le seul qu’il ne savait pas nommer. Il allait rejoindre le gros des troupes maintenant. Son loup l’attendait, il monta dessus et commença à essayer de trouver les autres.
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