Le Val d'Abondance

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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » jeu. 1 avr. 2021 19:44

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Le garzok laissa échapper un grognement réprobateur lorsqu'on serra ses fers bien plus qu'à son aise, mais se laissa conduire à terre escorté par les soldats déguisés. Devant lui s'étendit alors une mer blanche de tentes parfaitement alignées qui lui firent immédiatement comprendre à quel point ses chances d'en réchapper étaient minces. Le barbare n'avait jamais eu confiance en son plan, qui devait essentiellement servir à retarder l'inévitable, il prit donc une profonde inspiration est avança à terre sous bonne escorte. Là, une demi-douzaine de soldats vint à la rencontre du groupe fraîchement débarqué comprenant l'ancien second du navire, se présentant maintenant comme capitaine, qui demanda immédiatement à être conduit devant l'état-major. Celui qui semblait être le chef des gardes, répliqua qu'il devait d'abord demander aux gardes royaux et le faux capitaine lui confia la lettre écrite par le sergent d'Omyre. Juste avant que le garde ne s'éloignât, Kurgoth l'interpella.

"Hé, toi là, le chef, dis à tes hommes de desserrer mes fers. Ces bons à rien de marins viennent de me détacher du mât et j'ai déjà les mains bleues et une partie des poignets tranchés tellement ils ont serré ! Ça serait bien con que je crève de ça avant d'être interrogé, non ?"

Ne lui adressant qu'un visage écœuré, l'humain reprit son chemin tandis que ses sbires vinrent se poster aux côtés des prisonniers pour renforcer ceux qu'ils pensaient être leurs camarades revenus du front. Si tous dévisagèrent la peau-verte, l'un d'eux alla jusqu’à tapoter le masque de la liche en demandant ce qu'il cachait. Afin de jouer leurs rôles au mieux, Rougine répondit qu'il s'agissait d'un visage immonde tandis qu'Ezak maltraita quelque peu le mort-vivant. Kurgoth, que personne n'avait osé maltraité, sans doute impressionnés par sa carrure, se mordit discrètement l'intérieur de la lèvre jusqu'au sang. En attendant le retour de l'officier, le chevalier laissa son sang et sa salive s'accumuler dans sa gueule sans l'avaler avec l'intention de tout recracher lors de sa prochaine prise de parole afin de paraître en moins bon état qu'il ne l'était réellement.

[HRP: interpelle le chef du groupe de garde puis se mord la lèvre pour accumuler du sang et de la salive dans sa bouche.]
380mots

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » ven. 2 avr. 2021 05:12

L'astre du jour avait depuis longtemps passé la ligne d'horizon. Les étoiles innombrables apparaissaient enfin au dessus de l'océan et, après deux jours complets de voyage, le nouvel équipage de l'Azurion put apercevoir les premières lueurs de Viskori. Une aura rougeoyante englobait toute une partie vallonnée du littoral, où ils purent distinguer les ombres des voiles isolées.
Le vent s'était apaisé au crépuscule et l'écho de voix lointaines et diffuses leurs parvinrent, tandis que les mercenaires finissaient de s'équiper...

Après avoir échangé brièvement avec Azraël, le semi-elfe trouva Silmeria sur le pont et lui fit signe de le suivre. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, il la regarda de haut en bas.

« Toujours aussi élégante ; et délicate... »

Daemon ne put s'empêcher de passer une main sur l'hématome à sa gorge, témoin de leur précédente discussion. Une leçon amère et il savait dorénavant qu'on ne jouait pas avec Silmeria sans en payer le prix... Un prix qui aurait pu s'avérer plus élevé.
S'écraser devant elle n'était cependant pas au programme, ou pas totalement. Ils devaient parler boulot.

« Même si tu cherches à le nier, j'ai bien compris que ton objectif premier est le roi et j'ai peut-être les moyens de te l'apporter sur un plateau. Mais je n'oublie pas que tu es une envoyé de Xenair et nous de Karsinar ; les ententes entre les seigneurs de la cité Noires sont de notoriété publique et... agitées. Je ne voudrais pas qu'un élément imprévu interfère... Alors dis moi : le roi est-il bien ton objectif ? »

Silmeria leva les yeux au ciel, visiblement amusée par sa question, et répondit assez franchement que Xenair l'avait envoyé pour le roi. Pour ensuite lui demander, sur le ton de la raillerie, s'il craignait que Karsinar et Xenair se battent comme de vulgaires brigands pour la noble dépouille.

Après avoir simulé une exaspération passagère, Daemon reprit :

« J'aimerais que les choses soit claires... C'est tout. Pour revenir au sujet, il demeure une faille dans le plan : le temps. Si j'ai bien compris, les autres vont donner une lettre avec pour message la détention d'informations importantes et la mise en danger imminente du roi. Non ? »

Elle acquiesça, en se demandant s'il vont exposer ou non le roi, et c'était justement ce qui préoccupait le semi-elfe.

« Justement. Les autres seront menés au commandement, avec de la chance, et ils vont y semer une pagaille pas possible. L'agitation va se répandre dans le campement comme une traînée de souffre, et notre objectif deviendra hors d'atteinte. En plus de cela, trouver le roi... » Il montre le campement se dessiner sur les collines « ...sera comme trouver une aiguille dans une botte de foin. »

Des maigres informations qu'il avait pu soutiré des prisonniers, il savait que le campement était gigantesque et il en avait maintenant la confirmation. Solennel et sa garde étaient probablement au village de Viskori, dans la plus luxueuse demeure, mais ils ne pouvaient pas trop compter sur des suppositions.

« Nous devons agir vite, avant que le roi double sa garde ou décide de se dissimuler. Nous devons agir au moment même où il apprend la nouvelle. Alors voilà ce que je te propose. Ferme les yeux et imagine la lettre entre les mains du messager. Que va-t-il faire ? »

Silmeria entra alors dans son jeu et imagina qu'il irait rendre un rapport auprès des membres de l'état major ou des hauts gradés.

« Et ensuite, que feront les hauts gradés ? »

Elle lui répondit alors que si Ezak était bien l'auteur de la lettre, ils en riraient sûrement. Le semi-elfe retint sa respiration pour ne pas rire, sans y parvenir totalement... Alors, sans qu'il ne comprenne pourquoi, Silmeria observa le campement et devint grave, pour lui demander d'imaginer s'il était roi, qu'aurait fait Azra pour le protéger dans ce genre de situation. Une idée bien saugrenue pour Daemon, qui prit cependant la peine de répondre.

« Il me laisserait mourir en se disant qu'il pourrait de toute façon me relever... Mauvais exemple. »

Évidemment, elle doutait que l'état-major se comporte ainsi, mais elle lui fit comprendre qu'elle voyait où il voulait en venir. Le roi était au centre du campement ou dans une demeure fortifiée, et ils allaient devoir suivre les indices pour le localiser. Elle ne doutait cependant pas manquer de temps, car selon elle, le métier nécessitait patience et sang froid, et elle ne comptait pas tuer plus que nécessaire, contrairement à ceux qui se prétendaient au dessus de tous.
Daemon ne comprit pas à qui elle faisait référence... Erak ou Kurgoth, probablement... et ne chercha pas plus loin, se recentrant sur le sujet.

« En effet. Les gradés discuteront de cette nouvelle, ils auront sûrement quelques désaccords, mais ils donneront des ordres. Il enverront des émissaires pour accueillir nos comparses, mais aussi, et forcément, ils préviendront le roi ou sa garde. Nous devons suivre ce message.

Je peux lier mon ombre à une cible pour connaître en permanence la direction dans laquelle elle se trouve. J'avais prévu de lier la mienne à mon maître pour le retrouver si les choses venaient à se gâter, mais une autre idée m'est venue. Je vais lier mon ombre à Nienna, et elle fera de même. Ainsi nous pourrons nous retrouver. Il n'y a pas plus discrète qu'elle, et elle pourra suivre la lettre, l'envoyé et les directives des gradés. Elle pourra suivre le message jusqu'au roi même, et ensuite rester à ses côtés, de manière à ce que mon ombre s'étire en direction de son altesse...
Comprends-tu ? »


Silmeria acquiesça avec un sourire et le félicita de prendre son rôle au sérieux, ce qui déstabilisa Daemon comme un enfant comblé et peu habitué à recevoir des flatteries. Le travail propre et sans bavure était la signature de la Petite Plume de la Mort, et elle aussi tenait à s'assurer qu'ils étaient sur la même longueur d'onde.

« Plus vite nous aurons fini, plus vite je pourrais rejoindre mon maître. Je préfère éviter l'agitation et l'alarme, cela le mettrait en danger... »

Il continua alors, un dernier point restait à préciser dans le cas où son projet venait à tomber à l'eau. Car Nienna pouvait tout aussi se tromper, perdre sa cible...

« Je vais envoyer Nienna, et si elle faillit à localiser le roi, elle a pour ordre de me revenir. Ainsi, si elle échoue, nous le sauront. »

Un point le tracassait cependant, sans l'appui direct de son fantôme pour ouvrir la route, il craignait de se faire repérer lors de l'infiltration. Le sujet devait être abordé, mais montrer un signe de faiblesse devant l'elfe ne lui plaisait guère...

« Comme tu l'as déjà compris. Je n'ai pas autant d'expérience que toi pour ce genre de choses. Je te fais confiance pour l'infiltration, car Nienna ne sera plus là pour me couvrir. Je ne servirai que de boussole. »

Comme pour le réconforter, elle posa une main sur son épaule pour lui susurrer d'énigmatiques paroles sur la maitrise et le sang froid de l'assassin. Ce contact physique, aussi anodin fut-il, lui laissa croire que le froid qui persistait entre eux (et par sa faute) était levé.

« Ai-je gagné ta confiance ? »

Elle le lui accorda pleinement, avec un sourire amical, et l'espoir qu'il utilise son énergie contre leurs ennemis et non contre elle. Daemon fut un peu gêné par l'allusion, oscillant entre crainte et reconnaissance, et conclut :

« Chaque chose en son temps. »


La caraque accosta alors au port. Un long ponton en bois avançait au milieu des flots, où ils avaient jetés les amarres. L'endroit était partiellement désert, pour ne pas dire endormi. Les tentes blanches à fanions blancs et bleus se perdaient à perte de vue et s'ouvraient sur des allées sombres éclairés par quelques torches.

Le groupe avec les prisonniers descendit à terre et fut accueillit par une demi-douzaine de soldats qui vinrent à leur rencontre. Berth, l'ancien second de l'Azurion, se présenta alors à eux comme le nouveau capitaine, promut suite au décès de ce dernier.
Ce fut ce moment que choisirent Daemon et Silmeria pour se glisser hors du navire. Après avoir passé deux jours en mer, de retour sur la terre ferme, Daemon eut des difficultés à maintenir son équilibre intact et chancela de manière un peu ridicule jusqu'au premier coin baigné dans les ombres. D'ici, il ne pouvait pas entendre la discussion qui avait lieu, mais il pouvait parfaitement la deviner.
Le sergent d'Arkasse se faisait passer pour le second et agita une lettre sous les yeux des kendrans, en prétextant avoir une nouvelle urgente pour eux, ainsi que deux prisonniers à mettre au fer et à interroger. Kurgoth se manifesta d'ailleurs pour se plaindre de ses entraves, ce qui alarma le semi-elfe, mais cela ne dura pas. Ezak fit alors un excès de zèle et commença à malmener la liche, ce qui ne manqua pas d'agacer le semi-elfe...

(Il ne va pas comprendre quand je vais lui tomber dessus... Personne d'autre que moi à le droit de martyriser Azra.)

Un soldat se saisit alors de la lettre et s'éloigna dans le campement, et Silmeria lui indiqua que c'était l'homme qu'ils devaient suivre. Daemon acquiesça d'un signe de tête et, toujours à l’abri des regards, il demanda à son fantôme de se manifester.

« Nienna... »

L'hiniönne éthérée apparut à leurs côtés. Ils échangèrent leurs ombres en silence et elle disparut aussitôt, invisible, pour suivre de près le porteur de la lettre. D'un signe de tête, Silmeria l'invita à le suivre et ils s'introduisirent dans le dédale infini de tentes.


(((Utilisation du sort Espion rang 2 de Daemon sur Nienna, et Espion rang 4 de Nienna sur Daemon.
Nienna va suivre le messager de près sans se manifester, et Daemon va le suivre discrètement à distance, en s’aiguillant avec son ombre en cas de doute.)))

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 2 avr. 2021 09:50

Pour l’instant, les choses se présentaient sous de bons augures – pour toi ; tu n’osais prétendre à connaitre la situation de tes compagnons. Le voyage s’était enfin achevé et dans la clarté déclinante du jour, tu pouvais apercevoir comme des bosses pointues ; les dizaines de tentes qui constituaient le campement que vous vous étiez donné d’infiltrer. Pas besoin d’utiliser les canots de l’Azurion, ni même de craindre une nouvelle attaque marine ; vous accostâtes sans encombre directement dans le port. Alors que vous engagiez les manœuvres (mais comme vous vous y attendiez) une délégation vint à votre rencontre. Elle aida en premier l’amarrage du navire. Tu les observa depuis le pont, discrètement (car tu n’avais toujours pas ta place dans cesdites manœuvres qui concernaient de vrais marins, pas un barde égaré sur mer) et remarquas surtout leurs armures qui brillaient doucement sous le clair de lune. Leurs armes étaient belles aussi. L’ensemble parfaitement hétérogène était agréable à regarder.

(J’ai vraiment choisi le mauvais camp.)

Mais il était déjà temps de tester vos mensonges ; en tête descendirent le nouveau capitaine de l’Azurion (tu n’étais pas très à l’aise avec sa présence, ni sur ce qu’elle sous-entendait, rapport à l’issu de la bataille navale) et Ezak. Puis les hommes d’Ezak. Et enfin, Kurgoth et Azra enchaînés et fermement surveillés par des soldats dont tu faisais partie. Tu avais mis ton luth dans un sac en toile dans l’espoir qu’il passerait davantage inaperçu – un marin possédant un instrument n’était pas incongru, un soldat revenant de guerre l’était un peu plus. Tu faisais aussi tout ton possible pour rester stoïque et ne pas te gratter. L’uniforme que tu portais, bien que rapidement lavé à l’eau de mer, te démangeait avec force et empestait. Seule consolation : tu étais au premier rang pour observer un Garzok enchaîné.

De ton humble opinion, Berth fut entièrement convaincant et l’un des gardes constituant la délégation parti en direction de l’état-major pour vous annoncer. Kurgoth l’apostropha, mais évidemment, il ne reçut de la part de tous – toi y compris, que de l’indifférence. Il n’y avait plus qu’à patienter, n’est-ce pas ? Et espérer que la lettre d’Ezak aussi serait convaincante. Tes yeux commencèrent à scanner les environs pour, malgré l’obscurité, prendre tes repères. En fait, cette obscurité pourrait même t’être utile…

Attendre la réponse de l’état-major et surtout ne faire aucune bêtise. Quatre gardes viennent rejoindre vos rangs, deux pour chacun des prétendus prisonniers. Lorsque l’un d’eux, néanmoins, tapote sur le masque d’Azra, ton sang ne fait qu’un tour. Si les quelques heures passées en leur présence t’ont appris quelque chose à propos de tes compagnons, c’était leur propension à l’impulsivité. Mais tu espérais très fortement que la liche serait plus sage que disons… le Garzok. Qui venait d’être insulté par Eldros.

(Ça fait partie du plan, ça fait partie du plan…)

(Au moins, vous n’avez pas à mimer de la haine entre vous.)

Ezak humilia encore un peu plus Azra, mais tu reconnus dans son geste, une façon de dérober son visage du garde qui semblait un poil trop intéressé par lui-même. Alors que l’attente se poursuivait, tu jetas de fréquents coup d’œil (que tu faisais féroce et quelque peu dégoûté, pour faire bonne mesure) à Kurgoth qui ne parlait plus. Son silence était très étonnant pour sa grande gueule brûlée et tu espérais qu’il ne préparait rien de nuisible au plan.
Mikkah - Voleur Haffiz

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » ven. 2 avr. 2021 16:10

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)



La filature de Silmeria et Daemon commença dans le campement, aux suites du garde ayant reçu pour mission d’amener la missive d’Ezak prévue dans le plan à un gradé responsable qui saurait quoi en faire. NIenna prit de l’avance, invisible, et colla aux basques dudit soldat, alors que l’elfe blanche-grise-naine et le demi-emo-shaakt-humain parcouraient moins confortablement, et plus lentement pour rester discrets, les traverses des tentes remplies de tendeurs prêts à agripper leurs chevilles et à les faire choir ostensiblement. Et Silmeria en connaissait un brin, là-dessus. Heureusement, leur avancée prudente et silencieuse les prémunit de tout ça, avec la certitude de suivre la bonne personne jusqu’à bon port, puisque l’ombre de Daemon pointait vers le garde comme un téton de prostituée de Darhàm vers un navire pirate de retour au port après des mois de voyage en mer, et la promesse d’or « juteux » que ça inspirait.

Ça leur permit d’arriver pour la scène de la remise de ladite missive à un soldat à l’armure nettement plus travaillée et impressionnante que celle du garde du port :



Image



Ce dernier ouvrit la lettre, visiblement sûr de sa prérogative, et en parcourut le contenu, sans pouvoir masquer sa surprise. Il souffla quelque chose au garde en lui redonnant ladite lettre, et se mit en marche en direction du port. Un chuchotement que même l'ouïe attentive de l'elfe blanche ne put capter. Le messager, alerté, reprit sa route d’un pas alerte. Dans cette zone du campement, juchée sur une petite colline, les tentes étaient plus vastes, plus riches, et décorées de fanions plus nombreux. Le quartier d’état-major. Il était toutefois une note plutôt surprenante qu’ils purent constater, l’un et l’autre : le campement semblait calme. Trop calme. Vide, même. Un couvre-feu ? Cela n’expliquait pas l’absence de gens et gardes autour des feux de camp. Ni l’absence de ronflements dans les tentes qu’ils avaient longées. Que se passait-il ici ?


Au port, quelques minutes lourdes et longues passèrent. Le groupe était arrêté là, soumis entre les soldats déguisés d’Ezak et les gardes du port. Le silence était pesant, les respirations lourdes, les regards ombragés et soupçonneux, scrutateurs. Et enfin, un être arriva. Seul, armé d’une hallebarde impressionnante et vêtu d’une armure bien plus riche d’apparence que celle des gardes du port.



Image



Son visage était fermé, ses yeux intensément fixés sur chacun des êtres présents là. Il analysa l’expression de chaque personne présente là, et finit par prendre la parole d’un ton sec et impérieux.

« La lettre a été passée à qui de droit, et son contenu analysé. Nous veillons à ce que son contenu soit pris en compte. Je suis Sire Anton du Val, Garde Royal de sa Majesté Solennel IV. Nous allons recevoir les témoignages de vos prisonniers, mais séparément. Aussi vais-je séparer votre groupe en deux. Et vous demander préalablement à tous de poser vos armes au sol ici-même. Question de sécurité. Seuls les gardes affiliés au camp garderont les leurs. »

Il se tourna vers Eldros.

« Vous, là, vous accompagnerez cet orque aux tentes d’état-major sous bonne garde »

Il désigna quatre des six gardes restants pour accompagner ces deux-là, et pointa également quelques hommes d’Ezak déguisés en soldat.

« Vous, vous et vous aussi. »

Parmi ces hommes se tenaient celui avec la hache du garzok, qui hésitait à la laisser sur place comme demandé, cherchant le regard d’Ezak pour attendre une confirmation. Le Garde Royal poursuivit.

« Quant à vous tous, vous me suivez, je vais commettre un entretien préalable… »

Et il attendit que les armes soient déposées. Les gardes du port étaient attentifs, hallebarde en main, à ce que l’ordre soit respecté de chacun.


[HJ :

XP : (donnés à la fin de la situation)
Ezak : Une rune obtenue pour la qualité intrinsèque de ton RP.
Silmeria : 0,5 (aparté avec Daemon)
Daemon : 0,5 (aparté avec Silmeria)]

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » sam. 3 avr. 2021 16:52

Le porteur de la lettre s'engagea dans une allée rectiligne bordée de torches. À la faveur de l'obscurité, Daemon et Silmeria débutèrent la filature et coupèrent en travers du campement. Une progression prudente, évitant avec souplesse les cordes tendues entre les tentes qui obstruaient le passage comme autant de pièges où se prendre les pieds. La présence de Nienna n'était plus perceptible du semi-elfe, qui la devinait cependant avec la direction de son ombre portée.

L'ensemble du plan reposait sur sa nouvelle compagne, en laquelle Daemon avait déposé toute sa confiance, non sans appréhension, car elle sortait d'une errance solitaire de plusieurs millier d'années. L'hiniönne avait peu de connaissances sur ce monde et, peu réceptive, elle se perdait parfois dans une longue mélancolie...

Cela ne l'empêchait guère d'être efficace, car il retrouvèrent le messager en compagnie d'un homme équipé d'une armure prestigieuse. Ce dernier prenait connaissance de la lettre et une vive surprise s'afficha sur son visage. Ils échangèrent quelques mots qu'ils ne purent entendre, et se séparèrent, le porteur de la lettre reprenant son chemin vers le centre du campement, tandis que l'homme en armure se dirigeait vers le port.
Daemon vit son ombre s'incliner en direction du porteur. Alors qu'il s’apprêtait à poursuivre son chemin, Silmeria l'arrêta d'un geste de main. Imaginant que des ennemis approchaient, le semi-elfe se figea, sur ses gardes, mais contre toute attente l'elfe prit la parole, préoccupée. Selon elle, les environs étaient trop vides... Il réalisa alors ce quelle voulait dire. Nulle voix, nulle clameur ne résonnait dans la nuit. Aucun bruit, aucun ronflement émanait des tentes qu'ils avaient si minutieusement évité. Si une armée était réellement stationnée ici, même endormie, ils auraient eu des échos de sa présence. Hors le silence nocturne n'était pas troublé. Le calme régnait, inquiétant.

« C'est comme si le campement avait été déserté. » dit-il à voix basse.

Dans un sens, c'était une aubaine pour eux. Mais aucune explication logique lui vint pour autant. Si les osts des seigneurs kendrans s'étaient mises en route, pourquoi avoir laissé toute la logistique du voyage derrière eux ? Pourquoi le port et les feux de camp étaient désertés... ? Ils y avait quelque chose de louche derrière tout cela, et la préoccupation apparente de Silmeria était parfaitement justifiée.

« Ne nous alarmons pas prématurément. Progressons d'abord, nous trouverons peut-être des réponses. »

Silmeria acquiesça et ils poursuivirent jusqu'au pied d'une petite colline. À son sommet, des tentes aux grandes dimensions trônaient. Il devina sans peine de quel endroit il s'agissait, mais il ne partagea pas sa réflexion. S'approcher davantage allait être nécessaire, car même si Nienna captait des informations capitales, elle s'en tiendrait à sa mission, à moins qu'un péril imminent menace la vie son maître. Ils gravirent donc le dénivelé pour s'approcher des hautes tentes.

(((Si Daemon en a la possibilité, il se dissimulera dans une ombre avec le sort RP camouflage rang 2.)))
Modifié en dernier par Daemon le jeu. 8 avr. 2021 21:57, modifié 1 fois.

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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » mar. 6 avr. 2021 11:07

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Une fois le garde parti, de longues minutes passèrent sans que rien n'arrivât. Rien, ce fut justement ce que Kurgoth remarqua. Le camp était vide, dépeuplé. Lui, qui s'était attendu à ce que leur arrivée attirât les soldats avides de lui cracher dessus et le battre pour se donner du courage avant la bataille à venir, se tenait debout aux abords d'un camp fantôme silencieux et vide. Il songea alors au plan de Karsinar. Ce dernier, avait-il prévu de faire diversion pour vider le camp et laisser ses mercenaires traverser le camp presque sans opposition ou tout cela n'était-il qu'un heureux hasard? Une chose était sûre désormais, ils avaient perdu tout effet de surprise et le plan se retournait contre eux. Cette sensation redoubla d'intensité lorsqu'un garde royal finit par apparaître d'entre les tentes. Bien engoncé dans son armure rutilante richement décorée, il se présenta et décida se séparer les deux prisonniers et de faire déposer leurs armes aux faux marins. Kurgoth en était convaincu à présent, le plan se retournait contre eux. Ses prétendus alliés ne semblèrent pas se rendre compte de la situation, à l'image de Rougine qui laissa docilement tomber son arme et commença a pousser le barbare en lui intimant de rester tranquille. Ce dernier n'était cependant pas de cet avis, dans un camp vide, la meilleure solution était de changer le plan et tuer ces gardes avant qu'il n'approche d'un endroit d'où leurs cris d'alarme pourraient être entendus. Accordant le bénéfice du doute aux mercenaires, il tenta de leur faire comprendre à quel point le plan était vide, sans toutefois se révéler au garde royal afin de garder la surprise et l'initiative lors de l'affrontement. Ainsi, il vida sa bouche en crachant le contenu sur le pirate avant d'éclater d'un rire moqueur et déclarer :

"Vous avez entendu les matelots ? Vous ramenez des prisonniers avec des infos de première importance, mais ils vous demandent de déposer les armes. Je vous avais bien dit qu'on vous traiterait comme de la merde quoi que vous fassiez ! D'ailleurs messire, je dois vous remercier, désarmer la moitié de nos gardes ne rendra que plus simple le fait de nous échapper, si nous venions à changer d'avis, moi et mon camarade. Et puisqu'on en est aux confidences, je m'attendais à ce que notre arrivée attire un peu plus l'attention... Seulement six gardes pour nous accueillir dans un camp si grand ? Aucun curieux pour venir cracher à la gueule d'une peau-verte enchaînée afin de se donner du courage juste avant de se faire massacrer ? On dirait que les informations que nous avons tombent au pire moment si votre camp est à ce point désert !"

Le garde royal réagit aussitôt, intimant à la peau-verte de se taire. Le barbare avait vu juste. Le camp était vide et cela gênait le garde au plus haut point. Répondant aux menaces de l'humain, le chevalier fixa celui-ci de son regard sanglant et lui décocha avec un sourire grimaçant :

"Et si je continue de parler ? Tu viens de le dire, Duval, je suis vivant car tu veux mes infos donc tu me tueras pas. Et si tu penses me torturer, je suis passé par le temple de Thimoros à Omyre, rien de ce que ton cerveau d'humain ne pourrait imaginer n'égalera ce qu'on m'y a fait subir. Quant à tes quatre gardes, les matelots pourront te raconter comment j'ai décapité huit des leurs à moi seul avant de me rendre, penses-tu vraiment qu'ils seront suffisants pour me maîtriser ou m'interroger ?"

Trop fier, comme tous les siens, pour admettre d'être dénué de troupes, le garde ordonna de faire taire le garzok qui le dérangeait tant en dévoilant la précarité de ce camp. Rougine, sans doute habitué à obéir à son capitaine aussi bêtement qu'un soldat kendran, s'empressa d’obéir au garde royal et s'empara du nodachi de Kurgoth pour le frapper avec. Quant à lui, le sergent, sans doute trop fier de son plan pour accepter de reconnaître qu'il les handicapait à présent, tenta de convaincre le garde de les laisser garder leurs armes, arguant de la dangerosité des prisonniers, et de ne pas séparer le groupe, car cela réduirait les possibilités de réagir en cas de tentative d'évasion. Puisqu'il avait eu la brillante idée de se présenter comme second de l'Azurion, le garde répliqua en demandant ce qu'en pensait le capitaine du navire, tout en précisant que nul ne porterait d’armes à proximité de l'état-major et que cela n'était pas négociable. Ce plan s'était totalement retourné contre eux, Kurgoth en était convaincu, et leur seule chance de s'en tirer était de massacrer ces soldats pendant qu'ils étaient assez loin des leurs pour ne pas pouvoir donner l'alarme. Montrant l'étendue infinie de sa bêtise, le sergent se contenta de se tourner vers le pseudo-capitaine réanimé qui, ne s'attendant pas à devoir prendre la moindre décision, se mit aussitôt à transpirer et jeter des regards paniqués aux mercenaires qui l'entouraient. Kurgoth enrageait. Leur situation ne faisait qu'empirer et ceux qui l'accompagnaient agissaient de la pire manière possible, au point qu'ils allaient non seulement révéler la supercherie, mais surtout en laissant l'initiative à l'ennemi. Le garzok décida d'intervenir pour détourner l'attention du pitoyable marin en s'avançant vers le garde royal bousculant ceux sur son chemin.

"Vous m'aviez promis de me laisser partir une fois les infos balancées alors avançons ! J'veux me barrer d'ici avant qu'un des assassins me repère et me butte moi aussi !"

Les soldats du camp et Rougine, décidément trop attaché à son rôle de petit soldat, tentèrent de frapper le colosse mis en marche, mais se ratèrent lamentablement. Ce fut finalement les hommes d'Ezak qui, sur son signal, parvinrent à arrêter et mettre à genoux le barbare sous le poids de leur nombre, tandis que tous le pointaient de leurs armes à l'exception de Mikkah qui avait docilement lâché sa lance pour obéir à l'officier. Le sergent furieux tenta ensuite de mettre un coup de pied au visage de Kurgoth, mais rata son coup comme l'incapable qu'il était. Furieux, sans doute en bonne partie à cause de son échec ridicule, il vint se planter devant la peau-verte pour l'insulter et la menacer de mutilation à sa prochaine prise de parole. Le chevalier sentit ses poils se hérisser, comme lors de leur première rencontre. Il y avait dans cet être méprisant et ridicule quelque chose d'étrange qui semblait presque relever de la magie et cela énervait Kurgoth au plus haut point.

La rage et la haine que le barbare portait à cet humain dépassa toute autre considération et, concentrant ses forces, il commença, non sans difficulté, à se relever malgré les gardes entassés sur lui. Une fois sur ses deux pieds fermement plantés dans le sol, le garzok se releva de toute sa hauteur, dominant tous les êtres alentours, bien que toujours maintenu par les soldats d'Omyre au niveau des bras. Pendant la manœuvre, il n'avait pas quitté des yeux le sergent un seul instant, son regard sanglant étincelant de rage autant que les yeux du crâne malsain qu'il portait. Cela n'empêcha pas l'humain de le provoquer d'avantage, mais le garzok furieux, doutait de plus en plus des allégeances réelles de son interlocuteur. Les babines retroussées tel un animal prêt à mordre, le visage traversé de spasmes de rage, le barbare resta cependant silencieux.

Le garde royal intervint alors pour mettre fin au combat de regards haineux, avant de se tourner de nouveau vers le faux capitaine, toujours aussi paniqué. Cette fois-ci, le sergent se mit à chuchoter longuement à l'oreille du garde, lequel sembla un instant surpris, avant de finalement décider de laisser le groupe garder ses armes, jusqu'aux abords du camp de l'état-major. Alors que le groupe se remettait en marche, Kurgoth n'avait pas quitté des yeux Ezak qu'il dardait toujours d'un regard haineux, mais à présent suspicieux également.
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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » mer. 7 avr. 2021 17:55

Un homme imposant se présenta devant eux sous le nom d'Anton Duval, équipé d'une lourde et scintillante armure et accompagné d'une patrouille. Clairement, il devait s'agir de quelqu'un de haut placé. Peut-être un garde royal ? Il n'avait pas d'insigne mais la qualité de son équipement parlait d'elle-même...

Il informa qu'ils avaient reçu la lettre, la partie venait donc de débuter... Il demanda à accompagner et interroger les prisonniers, et à ce que ceux-ci soient débarrassé de leurs armes. C'était gênant... mais il était évident que ce type connaissait son métier. Il ne les laisserait pas passer sans ça.

Kurgoth commença assez vite à s'énerver, et Eldros ne parvenait pas à le contenir. Le garzok affirmait qu'ils avaient des informations pour dévoiler des assassins et qu'il fallait en parler sans tarder, mais Anton ne voulait rien entendre et les interventions d'Ezak et Eldros ne changèrent rien. Berth, peu habitué à son nouveau poste, perdait ses moyens. Mais intervenir alors qu'il était prisonnier risquerait de briser la couverture...

Finalement, ce fut Ezak qui intervint, faisant rosser par ses hommes le garzok avant d'aller voir le garde pour expliquer des choses à voix basse. Un comportement des plus étranges, mais qui sembla faire effet. Finalement, Anton accepta de leur laisser leurs armes jsuqu'à ce qu'ils arrivent à l'état major. Azra fut brutalement relevé et emmené avec le groupe. Tout en gardant la tête basse, il inspecta discrètement les alentours, cherchant à comprendre pourquoi le camp était si vide. Restait-il des traces ? Les soldats étaient-ils cachés ? Ou semblaient-ils être parti récemment, laissant derrière eux des feux encore chaud et du matériel abandonné ? Peut-être la bataille était-elle tout simplement sur le point de commencer...

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » mer. 7 avr. 2021 18:41

Ma tentative de détourner l’attention du soldat qui commençait à s’intéresser à Azra fonctionna parfaitement puisqu’il ne dit plus rien, se contentant de jeter un regard scrutateur sur la Liche, puis sur l’autre prisonnier, attentif au moindre soubresaut. D’ailleurs, c’était le jeu auquel tout le monde joua durant les longues minutes que nous passèrent en silence. Moi-même, je détaillai chacun des gardes venu nous retrouver. Armes, armures, attitudes. J’observais également beaucoup mes hommes, cherchant chez eux le moindre signe de nervosité. Ils étaient concentrés, probablement dans la même attente insupportable que même. J’observai également chacun des mercenaires. Nos deux prisonniers, Rougine puis Mikkah. Mon regard s’arrêta un moment sur ce dernier avec curiosité. La seule discussion que nous avions eue était celle de notre rencontre et avait été interrompue par la verdaille impolie. Je ne savais absolument rien de lui et à présent que je le regardais, habillé de ses vêtements kendrans, je me demandais ce qu’il faisait là. Dans ce rassemblement de fortes personnalités que nous formions, il avait réussi à s’arranger pour rester discret. C’était presqu’à croire qu’il n’avait pas sa place en ces lieux. Je trouvais ça louche... Ainsi, mes yeux restèrent fixés sur lui de longues secondes, suspicieux, essayant de se faire une idée du personnage et de ses intentions. Sans succès.

Lassé par ce casse-tête et ayant peur de retomber dans mes travers paranoïaque, je finis par détourner la tête pour essayer d’apercevoir ce qui se passait sur le camp. Silmeria et Daemon devaient déjà y être, en infiltration. J’essayai de plisser les yeux, malgré l'obscurité, pour tenter d’apercevoir leur mouvement ou celui d’une autre âme, kendranne celle-là, mais il n’y avait rien à part des tentes immobiles, des fanions dansant au vent, et les susurrements doucereux de ce dernier. Pas un seul mouvement visible ou audible, ni même à peine perceptible. J’avais un mauvais pressentiment pour la suite du plan.

Alors que les minutes commençaient à se faire vraiment longue, un homme arriva vers nous. Un Kendran de belle stature qui portait une armure complète aux ornements travaillés. Un travail d'orfèvre à n'en point douter. Lorsque je le vis, je me dis que celui-là devait être d’une autre importance que les autres gardes que nous avions vu jusqu’à lors. Ce n'était pas seulement son equipement, c'était aussi tout ce qui transpirait de lui. Une certaine confiance, un sens du devoir qui émane des personnes importantes. Il jeta sur chacun de nous un regard dans lequel il nous analysa un moment, sans rien dire. Puis, lorsqu’il nous eut tous observé, il se présenta comme le Sir Anton du Val, Garde Royal et c’est en cette qualité qu’il dissémina ses ordres. Il voulait que nous nous divisions en deux groupes. L’un avec la verdaille, Rougine et quelques-uns de mes hommes pour les tentes d’Etat-Major. Et l’autre, composé de tout le reste, qui devait le suivre lui, pour un entretien. Mais surtout, il exigeait que nous déposions tous nos armes.

La contenance de ces mots me crispa. Il était hors de question que je laisse mes armes et je ne voyais pas d’un bon œil le fait d’être séparé des autres. L’un de mes hommes, celui qui gardait l’arme du Garzok me regardait avec des yeux paniqués, ne sachant que faire. Je l’ignorai pour le moment. Je comptais bien à ce que l’on ne suive pas cet ordre et je réfléchissais à la façon de m’y prendre. Ce n’était pas le moment de perdre son sang-froid. Rougine avait lâché arme et bouclier et s’était mit en tête de pousser le Garzok qui, en réponse, lui dégueula dessus un mélange de glaires et de sang avant de se mettre à rire et à faire la malin en s’adressant à Duval. Je détournai sur lui un regard légèrement mélange de dégoût et de colère. Personne ne lui avait demandé de se faire remarquer. Son rôle était de la fermer et de se laisser conduire. Il commençait à me taper sur les nerfs celui-là !

( Pourquoi il ne ferme pas sa gueule ? )

C’est ce que le Garde Royal lui intima de faire, mais le Garzok joua la carte de la provocation, usant d’arguments pour que ses geôliers gardent leurs armes. Comment pouvait-on être si stupide ? Pourtant, de ces races inférieures qui méritaient le génocide, cela ne devait pas m’étonner. Je les connaissais bien, ces verts bon pour l’esclavage. Il n’y avait jadis que le Duc d’Orsan qui me paraissait mériter de fouler cette terre, mais ses manières, plus que corrects, étaient plus proches des humains que de ses comparses arriérés dont cet imbécile de Kurgoth faisait partie.

Quoi qu’il en fut, le Garde Royal ordonna au groupe qu’il avait constitué avec Eldros et mes hommes de le faire taire. C’est le pirata qui s’en chargea. J’avais vu qu’il partageait ma haine des peaux vertes. Il avait attrapé une arme pour le frapper. Je profitai de ce petit moment de répit pour mes oreilles sensibles à la voix disgracieuse de la bête pour intervenir auprès du Garde Royale.

« Sire Anton du Val, je suis le second de l’Azurion, nouvellement nommé. Je constate que vous avez bien reçu le message que j’ai rédigé sous ordre de mon capitaine. Permettez-moi, pour avoir voyagé avec ces déchets vivants, d’insister pour que nous gardions nos armes et que nous accompagnions tous, vous y compris, le Garzok et son acolyte adorateur de Phaistos, jusqu’aux tentes d’Etat-Major. Croyez-moi, comme je l’ai dit dans mon compte-rendu, ces individus sont dangereux, et nous avons peu de temps devant nous. Alors nous ne serons pas de trop pour aider, si jamais ils décident de se rebeller. Nous aurons l’occasion d’avoir un entretien une fois que nous aurons livré ces chiens là où ils sont attendus. »

Du Val fronça encore plus les sourcils, visiblement mécontent qu’un simple Second discute ses ordres. Il me le fit savoir, en appuyant sur l’intitulé de ma fonction.

"Si vous tenez vraiment à laisser vos deux prisonniers ensemble, c'est évident que ça sera risqué. Mais n'ayez crainte : nous savons nous défendre. Et c'est précisément pour ça qu'aucune arme n'approchera l'Etat-Major sauf les nôtres. Ce n'est pas de la méfiance, Second, c'est une consigne suivie par tous ici. Donc si vous venez avec, c'est désarmés. Mais permettez-moi d'insister une fois de plus sur mon choix d'un entretien préalable."

Je n’étais pas très content de la tournure que prenaient les choses. En même temps je ne voulais pas risquer de jouer le Second trop zélé, surtout après les remarques du Garde Royale. Raison pour laquelle je me tournai vers le Capitaine, sans doute un peu trop confiant après l’avoir vu jouer son rôle à la perfection quelques minutes plus tôt :

« Capitaine, vos ordres ? »

Ce fut un échec cuisant. Berth resta bloqué sur place ne sachant que répondre. Son regard parcouru l’assemblée, cherchant du réconfort dans celui de l’un de nous. Pire, l’imbécile s’était même mis à suer à grosses gouttes.

(Mais quel crétin !)

Je m’apprêtais à intervenir de nouveau pour tenter de régler la situation mais je me sentis bousculer fortement par l'arrière par le Garzok qui avait traversé le groupe comme si de rien était pour aller brailler de nouveau à l’attention du Garde Royale. À cet instant, je sentis la colère me monter à la tête. J’étais en énervé contre mes hommes qui n’avaient même pas agi, laissant le prisonnier se promener parmi une multitude de gens armés, et ainsi nous faire perdre en crédibilité. Mais je fus surtout très énervé contre la verdaille qui s’était permis de me bousculer et qui faisait encore des siennes, en rendant une situation déjà bien chaotique encore plus qu’elle ne l’était. Duval avait glissé sous sa gorge sa longue hallebarde et attendait de nous que nous le maitrisions.

Le visage rougi, je tournai un regard assassin vers mes hommes avant de faire un signe de tête en direction du Garzok. Sachant ce qu’ils avaient à faire, ils se jetèrent sur lui et l’immobilisèrent, le mettant à genoux. Je comptais faire cet ingérable qui prenait plus d’initiatives qu’il n’avait de prérogatives la fermer une fois pour toute. J’en avais marre de lui ! La claque dans le dos, le tonneau, le crachât dans la cabine du Capitaine Laeten, le mat sur mes hommes, la torture sur le pont... J’avais jusqu’à présent été conciliant et alors que nous arrivions au bout, il était parti une nouvelle fois dans ses frasques. Il était en train de tout gâcher cet animal !
En parlant d’animalité, voilà ce qui me revînt. Mes bas instincts prirent le dessus. Je m’approchai du Garzok soumis par mes hommes et j’envoyai mon talon en direction de sa gueule mais j’étais tellement furieux que dans mon élan, mon pied passa à côté, ce qui eut le don de m’énerver encore plus. Ma langue se délia alors, dans une violence, dans une vulgarité que je n’aurais pu avoir que pour cet être misérable ne méritait pas de respirer l’air des terres de mes ancêtres.

« Écoutes moi bien espèce de sale petit fils de pute ! Premièrement : Tu ne me touches pas ! Ça fait deux jours que je subis ta présence nauséabonde sans rien dire et j’en ai marre de t’entendre déblatérer de la merde. Tu es en vie à l’heure qu’il est parce que tu es sensé être utile. Alors maintenant tu fermes ta gueule et tu restes tranquille ! Parce que la prochaine que je t’entends respirer trop fort je te plante mon sabre dans les jambes pour que tu te traines comme la pauvre larve que tu es. Et là, la verdaille, saches que, je ne joue pas la comédie…T’es en territoire Kendran ici ! J’espère que tu as compris. »

Ces mots, cette violence, ce dégoût. Ils n’étaient pas ceux du Second de l’Azurion pour un prisonnier. C’était ceux du Sergent pour le vulgaire mercenaire, ceux d’Ezak d’Arkasse pour la verdaille insignifiante qui n’a rien à faire et qui n'a rien fait au monde. Je ne jouais vraiment pas la comédie... J’étais prêt à lui planter toutes les armes de mes hommes dans les membres si c’est ce qu’il fallait pour qu’il la ferme et qu’il respecte ce que nous avions convenue. Je n’allais pas lui laisser tout gâcher. Je l’interdisais.

Pris de fureur, le Garzok se redressa malgré tout le poids de mes hommes juché sur lui. Il me dépassait de deux têtes, nous remettant dans cette exacte situation dans laquelle nous nous étions trouvés dans le camp de Karsinar. Une nouvelle boucle venait de se nouer, mais cette fois, j’étais décidé à aller au bout s'il le fallait. Seul l’objectif importait et garder le Garzok en vie n’en faisait pas partie. Je ne ressentis aucune peur, je n’eus aucun recul, aucune hésitation. Au contraire, j’espérais presque qu’il se rebelle pour qu’il comprenne une fois pour toutes à qui il avait affaire.

« J’ai mal entendu. Tu as quelque chose à dire la verdaille ? »

(Aie le malheur de l'ouvrir... Allez parles ! Parles ! Parles ! )

Mais il n’en fit rien. Voilà comment un maître devait tenir en respect son chien.

C’est la voix du Garde Royale qui vînt interrompre notre règlement de compte :

"C'est bon, votre petit cirque est fini ? On peut poursuivre ?"

Mais il se retourna vers le Capitaine qui n’était toujours pas sorti de sa torpeur. Il me fallait agir vite alors je me rapprochai de du Val et me penchai à son oreille. Il parut d’abord surpris, mais il se détendit à mesure que je laissais aller mes mots.

« Ser Anton du Val, veuillez pardonner cette promiscuité soudaine, mais je préfère que ce que j’ai à vous dire ne soit pas entendu pour ne pas mettre la Capitaine dans l'embarras. Il a pris la place de feu-Riad Fer-Argent au pied levé et il semble qu’il ne soit pas encore prêt à assumer cette fonction devant une situation si urgente. Comme vous pouvez le voir, les hommes m’obéissent et reconnaissent en moi un vrai leader. Je ne suis pas du genre à trembler pour donner un ordre… Et aussi comme vous pouvez le voir ce Garzok est une force de la nature, très dangereux, capable à mains nues de faire plier les hommes les plus vaillants, même à plusieurs… Il vaudrait mieux que nous gardions nos armes pour le maîtriser. Il n’est pas dit qu’il ne se rebelle pas sur le chemin, quand il y aura moins d’hommes autour de lui, lorsque nous l’amènerons … Si vous n’êtes pas assurés, permettez au moins à nos hommes d’avoir leurs armes à proximité, gardées par les vôtres si vous préférez…Mais si malgré tout ça, vous ne voulez pas, nous suivrons vos ordres. Vous êtes le Garde Royale, nous obéirons. »

Mon argumentaire fonctionna, car enfin, il alla dans mon sens.

"Bien. Gardez vos armes sur vous, vous me les remettrez à l'entrée du camp de l'Etat-Major avant qu'on commence l'interrogatoire de vos prisonniers."

Il fit signe aux gardes d’encercler notre formation. Je me retournai pour jeter un regard haineux à Kurgoth qui me le rendit, sans jamais me quitter des yeux. J’étais sûr que nous allions avoir des comptes à régler lui et moi. Tôt ou tard. Je les laissai tous passer devant tandis que je me penchais cette fois vers Berth, encore animé de colère contre-lui.

« Quant à vous, vous venez à l’arrière avec moi. Je prends les commandes. »
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 8 avr. 2021 06:30, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » mer. 7 avr. 2021 19:19

La traque se faisait sous la bénédiction de l'obscurité, tous deux purent suivre l'homme porteur de la missive sans rencontrer de résistance ou de patrouille. Prenant grand soin d'enjamber chaque fil sournoisement tendus, les deux espions avançaient plus lentement que le garde mais ils parvenaient à ne pa s s'en éloigner.

Au bout d'un peu plus d'une centaine de mètres, il trouva un autre garde. Celui-ci portait une armure nettement plus travaillée, presque une création pour les défilés qu'un véritable usage martial. Elle alourdissait l'homme et leurs pas se fit entendre sans trop de difficulté, ils échangèrent quelques mots, mais la femme ne parvint pas à les entendre, il les avait murmurés trop bas comme s'il craignait que ses paroles ne soient interceptées par des oreilles trop curieuses.

(" Pourquoi est-ce qu'il murmure ? Il n'y a personne autour. ") Demandait Cèles.

Silmeria fronçait les yeux, la Faera disait vrai. Il n'y avait pas de patrouille, pas de gardes en faction à côté des feux et des oriflammes. Même le camp lui même semblait être vide. La jeune Hinïonne se demandait pour quelle raison, était-ce là les tentes des hommes partis en mer, demeurées vides jusque là ? Ou alors les troupes étaient en manœuvre et il n'était pas impossible que le Roi lui même se charge de diriger celle-ci. Si c'était le cas, sa présence au campement n'était pas assurée, et elle ne pourrait trahir sa présence en s'occupant d'abord d'une autre cible. Le roi devait tomber en premier, les autres tomberont comme lorsqu'on fait choir la plus haute pièce d'un château de carte. Silmeria bloqua Daemon qui la suivait de près de sa main. Elle se devait de partager son ressentiment :
" Ca me semble... Vide. " Ayant murmuré ces derniers mots comme une fatalité, la jeune femme reçu le même avis de son compagnon d'arme. Il suggéra de ne pas s'alarmer davantage, la mission continuait malgré cette singularité. Silmeria reconnaissait qu'il avait bien raison, tous deux continuèrent leur avancée, la femme alarmée espérait ne pas se jeter éperdument dans un pièce tendu par les Kendrans.

Elle s'imaginait déjà les pires scénarios existants, une trahison ? Un traitre dans leurs rangs ? Dans l'état major d'Omyre ? Etait-ce pour ça que les marins qu'elle avait interrogé avaient parlé sans même se faire prier ? Silmeria tendit l'oreille tout en suivant Daemon, elle observait les tentes pour espérer voir une ombre chinoise traverser la toile mais rien de bien évident ne l'aiguilla.

Le jeune semi-Shaakt avançait prudemment de quelques tentes pour se rapprocher de sa compagne éthérée, Silmeria jetait un regard aux alentours, mourant d'envie d'employer l'ombre noire pour inspecter les tentes autour d'eux.

(" Si ça se trouve, les tentes vont s'ouvrir d'un coup et un contingent de gardes vont nous tomber dessus... ")
(" Tu peux toujours laisser Daemon sur place et t'éclipser ? ") Suggéra Cèles.
Silmeria fronçait de nouveau les sourcils, secouant doucement la tête.
(" Tu vas nous faire une ride au front à force... ")
(" Non, je ne vais pas l'abandonner. ")

Silmeria ne travaillait pas souvent en duo, mais elle appréciait l'exercice de temps en temps, la chaîne de commandement était simple, c'était facile de déléguer et surtout se veiller mutuellement les uns sur les autres. Daemon était un étrange jeune homme mais il avait à coeur de remplir sa mission avec sérieux et ça, Silmeria l'appréciait grandement, elle préférait même sa présence que celle d'un autre mercenaire du navire. Reconnaissant sans trop s'en rendre compte qu'ils se ressemblaient tous deux, ils avançaient en silence. L'Hinïonne prêta alors l'oreille pour espérer entendre une information s'échapper d'une bouche ayant oublié de se montrer discrète.


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Suis Daemon

Dissimulation : Tant qu’on n’a pas connaissance de sa présence, l’assassin est indétectable.
Silencieux : Le ninja a la capacité d'être totalement silencieux dans ses déplacements, qu'il marche, coure ou saute, s'il prête attention à n'avoir sur lui aucun objet risquant de faire du bruit s'il est nonchalamment porté.
Ouïe d'elfe : Sensibles aux arts musicaux et aux bruits de la forêt, les elfes blancs sont dotés d'une ouïe fine, à la fois plus sensible et performante.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » jeu. 8 avr. 2021 13:15

La patience. Ça ne fait pas partie de mes vertus. Pourtant je sais que nous allons devoir attendre. Sans doute plusieurs fois. Ce sont de longues minutes qui passent avant qu’enfin quelque chose approche. J’ai le temps de remarquer que le camp autour du port semble désert. Si cela m’étonne, je me répète le conseil que je me suis formulé en posant le pied à terre: ne pas céder à la paranoïa. Je cherche donc toutes les raisons qui ferait d’un camp de cette taille un lieu abandonné. J’oublie rapidement les théories farfelues pour me fixer sur celle qui me parait le plus plausible, que les hommes qui patientaient ici sont à présent au fond de l’eau de la baie d’Oranan.

Revenons-en au garde qui approche, paré d’une armure rutilante, nulle doute qu’il ne s’agit pas d’une simple sentinelle. En effet, il se présente après nous avoir analysé comme étant le Sire Anton du Val, Garde Royal. Nous y voilà, le premier cordon sérieux de sécurité. Il explique comment les choses vont se dérouler, premièrement nous devons déposer nos armes. Une mesure qui ne me plait pas, que je trouve même étonnante, contrairement à la seconde quand il donne l’ordre de séparer les prisonniers. Je dois accompagné le Garzok à l’état Major alors que la Liche doit le suivre pour un entretien préalable. Au moins la lettre a eu l’effet attendu, les prisonniers ne sont pas exécutés. Ce n’est pas totalement ce à quoi je m’attendais mais en rejoignant la tente qui nous intéresse nous pourrons au moins nous assurer que le Roi sera présent. Quant au second groupe, ils parviendront à se débarrasser du garde royal une fois à l’abri des regards. Je n’en doute pas.

Je dépose alors mes armes sans attendre, obéissant à l’ordre d’un supérieur pour m’avancer vers l’immonde engeance Omyrhienne. Si il y a bien une chose qui peut tout faire rater, c’est lui. Il faut qu’il garde son calme, il n’a pas interêt à se jeter sur nos cibles en les apercevants.

« Allez avance ! Et ne tente rien de stupide ! »

Insistais-je sur ces derniers mots. Mais à quoi je m’attendais de la part d’une espèce à l’intelligence si limité. Il se permet de me cracher au visage un mélange de bave et de sang. Il pourrait s’arrêter là, faire passer ça pour de la haine à l’encontre de son geôlier mais non, c’est loin d’être son but, il n’est pas assez malin pour appréhender ce qu’est jouer un rôle. Il ouvre sa grande gueule pour faire le fier, provoquer le garde et insulter ceux qui lui ont mis les chaînes. Ce grand abruti ! Qui se permet de beugler à qui le veut que ce plan et son idée et que nous l’avons simplement repris. L’IMBÉCILE ! Se rend-il seulement compte que son plan aurait prit fin dès le moment où nous aurions poser le pied à terre sans la lettre qui le maintient en vie ? FOUTUE SOUS RACE ! Il n’est même pas capable de faire simplement ce qu’on lui demande, baisser la tête, fermer sa GUEULE, et plier l’échine pour être mené où nous voulons l’être. Quand Du Val me demande de le faire taire j’ai presque envie de le remercier et je n’ai pas besoin de faire semblant de le haïr pour m’emparer d’une des armes de l’orc et lui frapper la cheville et les joues à l’aide de la poignée. Probablement des pichenettes pour lui mais qui me permettent de ne pas exploser. J’en profites pour rappeler à Anton la nécessité de porter une arme pour surveiller une créature comme cette peau verte. Toujours dans la peau d’un soldat Kendran. Ezak poursuit ensuite avec l’argumentation d’un sous-officier. Le garde royal n’en démord pas, confiant en ses hommes pour arrêter le chien fou si il venait à se rebeller. Je trouve ça étrange, à sa place j’aurais apprécié avoir plus d’hommes armés pour stopper une brute. Nouveau regard sur le camp, sur les gardes présents. Est-il au courant ? Est-ce un piège ? Non. Non, je ne dois pas laisser la paranoïa troubler ma concentration.

Le sergent, coincé, est forcé de demander l’avis de son supérieur qui cède quasiment à la panique. Je maudit intérieurement le Garzok qui nous a mit en fâcheuse posture. Mais rien n’est encore perdu. La liche intervient à son tour, alors qu’il était rester silencieux jusqu’à maintenant, tentant vainement de raisonner son cadavre ambulant. La situation se détériore de secondes en secondes et je ne peux rien faire, intervenir ne fait pas partie de mes attributions de simple matelot. Mon regard se darde vers Ezak qui est le seul à pouvoir sauver la situation. Mais alors que je pensais que la face brûlée avait enfin compris où était sa place voilà qu’il se lève, bousculant ceux devant lui pour atteindre Du Val. Je reste un instant interdit. Stupéfait par tant de débilité. Une chance pour les orcs que la reproduction vienne d’un instinct bestial autrement ils n’auraient pas compris comment faire tant ils sont stupides. Ce sont des animaux, dont le seul raisonnement potable consiste à lever une arme puis baisser une arme avant de ramasser celle de l’ennemi vaincu comme trésor. Mon dégoût et ma rage sont intenses et à nouveau je cherche à atteindre la cheville de ce saboteur. Je le manque, sans doute encore trop étourdi par tant de sottises. Ce sont les hommes d’Ezak qui parviennent à le stopper. Il n’y à pas de mots pour décrire le sentiment que je ressens envers ce Garzok. Un sentiment plus fort que la haine. Un désir de le voir mourir dès maintenant. Ezak vocifère contre lui, dégageant à nouveau cet aura si particulière qui me fait frémir. Ne lui laissez pas une autre chance de nous faire échouer sergent. Nous avons été assez patient avec lui. TUEZ LE ! Tuez le, d’Arkasse ! Finissons en avec ce boulet que nous traînons depuis le camp de Karsinar ou il nous entraînera vers les abysses ! Je darde sur le sergent un regard encourageant, espérant lui faire comprendre mes pensées. L’orc se redresse alors, soulevant sa masse malgré les soldats qui le maintiennent. Quelle force prodigieuse ! Si seulement il était plus docile ! Il pourrait être tellement utile ! Au lieu de ça il continue ses provocations. Je m’étonne que Du Val ne se soit pas encore lassé de ce déchets. Enfin le Garzok reste silencieux et Ezak se rapproche alors de l’oreille du garde royal pour lui chuchoter quelques mots. Je l’imagine être entrain de le convaincre d’exécuter Kurgoth, la liche pouvant donner suffisamment d’informations utiles. Mais il n’en est rien, Anton accepte finalement que nous gardions nos armes. Je conserve le sabre de l’Hideux et ramasse mon épée et mon bouclier. Le Sergent s’est finalement montré à la hauteur de mes attentes et semble avoir prit le commandement du groupe. J’ai bien une idée de ce qu’il a pu murmurer à l’oreille de ce garde. Je reste à l’arrière de l’escorte et jette un regard à Ezak pour attirer son attention quand je me suis assuré que personne ne nous regarde. J’observe alors le navire par dessus mon épaule puis je désigne l’orc du menton avant de secouer doucement la tête de gauche à droite avec un faciès haineux. Le sergent me répond d’un hochement de tête, me laissant comprendre qu’il est du même avis. L’orc ne fera pas partie du voyage retour.

((Conserve ses armes + le nodachi de Kurgoth.))

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 9 avr. 2021 02:29

Les minutes s'enchaînaient. Ce n'était pas une attente agréable ; bien que tout le monde faisait bonne mine, il y avait une sorte de suspicion (légitimement fondée cela dit) de la part des vrais soldats kendrans à votre égard. Pour ta part, tu te tenais droit et essayais de n'attirer en rien l'attention sur toi. Tu permets néanmoins à tes yeux de vadrouiller. Ils s'arrêtèrent un instant sur Ezak et vos regards se croisèrent. Aussi parfait que tu l'avais jugé pour être héros de guerres et de chansons, tu n'avais pas eu l'occasion de l'approcher une seconde fois de toute votre mouvementée traversée. En fait, tu sentais surtout qu'il couvait en lui une certaine sauvagerie que tu commençais à haïr. Ces gens que tu fréquentais depuis ces jours, ces espèces de compagnons que tu devais supporter mettaient à mal ton idée de neutralité, que tous points de vue s'égalaient lorsqu'il leur était donné l'occasion  de s'exprimer. Mais ces gens là, c'était de plus en plus certain, étaient pourris jusqu'à la moelle.

Tu détournais le regard et bien que tu fis semblant de rien, tu sentais le regard du sergent peser sur toi. N'y tenant plus, tu tournais à nouveau la tête dans sa direction et lui offrit un sourire en coin que seul lui put apercevoir. Puis tu fixas de nouveau le regard sur l'horizon. Plus précisément, sur une tente. À mesure que tu la regardais, tu la trouvais un peu... vide. Tu regardas autour. Vide, c'était le mot. Tu prêtas l'oreille. Tu n'entendis pas davantage de signes de vies soldatesque que tu n'en avais vu. Un frisson te parcourut l'échine.

(Est-ce que c'est un piège ? Est-ce que l'état-major est même dans ce camp?)

Tu jetas un coup d'œil à tes compagnons pour savoir s'ils avaient aussi remarquer ce trop gros calme pour une si grande étendue de tentes. Un garde plus chatoyant dans son armure que les autres déjà présents, arriva à cet instant, mais tes pensées n'en furent pas distraites pour autant. Le Garde Royal au patronyme aussi pompeux que le titre vous informa que vous alliez être séparés en deux groupes et que vous aviez à faire tomber vos armes. Ton cœur n'en battit que plus vite.

Eldros obéit et, en bon petit soldat que tu étais censé être, tu fis tomber ta lance.  La vérité c'est que tu ne te voyais de toute façon pas t'en servir et que tes véritables armes étaient cachées sous tes vêtements. En fait, la question était de savoir si toute cette histoire ne serait pas à ton avantage. Avec ou sans arme, Kurgoth restait d'une force brute, mais en ce qui concernait les autres...

Ezak tenta de parlementer en tant que second du capitaine et en tant que second du capitaine, il fut plus ou moins ignoré par le Garde Royal qui s'adressa au capitaine. Lequel perdit tout moyen. Cette fois-ci, tu en étais sûr,  vous alliez crever. Mais le Garzok ouvrit sa grande gueule et fit jouer des muscles (les deux seules choses qu'il savait faire finalement) ce qui détourna l'attention. Tu en fus soulagé,  presque admiratif, c'est à dire, jusqu'au moment où tu te demandas si Kurgoth l'avait fait exprès ou s'il avait décidé de foncer dans le tas. Ezak avec ses hommes tenta de l'immobiliser - rectification, les hommes d'Ezak l'immobilisèrent et Ezak se ridiculisa (tu eu toute la peine du monde à ne pas sourire) - et il était clair que le sergent, lui, ne jouait plus la comédie. Finalement il se glissa près du Garde Royale et lui murmuras tu ne savais quoi qui convainquit ce dernier de vous laisser reprendre vos armes. Bon. Tu te penchas et ramassas ta lance.

La question demeurait : le camp était vide, vous étiez divisés et tu pouvais te retrouver dans un entretien seul avec les kendrans. Et si c'était le moment...?
Mikkah - Voleur Haffiz

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » ven. 9 avr. 2021 19:29

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)



Daemon et Silmeria profitèrent de l’avance confortable qu’ils avaient pour s’approprier un brin l’état des lieux. Ils aperçurent la disposition de la colline censée être celle de l’Etat-Major : plusieurs tentes circulaires en faisaient le tour, hormis à deux endroits qui formaient une sorte d’accès et de route pour accéder plus profondément à cette partie du camp, surveillée par de petites tentes rectangulaires. Une très grande tente était au centre de la formation, encadrée de quatre autres presque aussi spacieuses, toutes rectangulaires. Ils contournèrent quelques tentes dans l’ombre, dans un silence mortuaire, presque invisibles. Comme des ombres. Nul ne sembla les repérer, et ils arrivèrent, entre deux tentes rectangulaires, en vue de la grande tente centrale : Le messager venait d’y pénétrer. Silmeria, de son ouïe acérée, constata que ça parlait à l’intérieur, sans parvenir à capter le moindre mot pour autant. Quelques secondes plus tard, du mouvement se fit : Des hommes en armure dont ils ne distinguèrent pas l’identité quittèrent la grande tente du centre par l’entrée nord de celle-ci. Certains s’éloignèrent vers l’Est, d’autres poursuivirent d’un pas pressé vers le nord, vers le reste du campement encore inexploré des envoyés d’Omyre. D’autres sortirent par l’entrée Sud, dont le messager qu’ils reconnurent subrepticement, accompagnés d’autres gardes. Le plus gros des guerriers, femmes et hommes, au nord comme au sud, semblaient vêtus d’une manière similaire :


Image


Le corps de garde royaux de Solennel IV. Ses plus proches et fidèles protecteurs. C’est eux qui surveillaient cette partie essentielle du camp, bien moins déserte que les alentours, finalement. Même si les tentes circulaires sur le pourtour demeuraient silencieuses et inertes. Au sud, Silmeria et Daemon perçurent un brouhaha : les autres arrivaient.


Depuis le port, le groupe restant, nombreux et bien cernés par les gardes des quais, progressa dans le campement. Une longue allée vers l’Est, puis une remontée vers le nord, toujours par une allée espacée par l’organisation des tentes. Ils arrivèrent en vue de l’entrée sud du camp des officiers, parsemé de drapeaux bleus, blancs et or. Des chevaliers en armure lourde, parés de boucliers et d’épée, étaient présents, au nombre de dix (voir image ci-dessus).Deux personnes supplémentaires se démarquaient : Un porte-drapeau à l’armure lourde, qui tenait son casque en main. Et un colosse en armure d’acier et d’or aux cheveux blanchissants.


Image

Image


Le sieur Anton du Val alla vers lui et opina du chef en citant :

« Les voilà. Tous. »

Le colosse armuré les regarda tous d’un air si sérieux et profond qu’ils se sentirent presque analysés jusque dans leur fort intérieur. Les gardes du port barraient la retraite, à l’arrière de la formation. Enfin, le chevalier grisonnant prit la parole d’un ton dur.

« Je suis le Général Andelys, chargé de la protection rapprochée de sa Majesté le Roi Solennel IV. Nous avons bien reçu votre missive. Il va être maintenant temps de prouver votre bonne foi. Étrangers qui vous gaussez d’être nos alliés : confondez les dangers parmi vous. Faites poser un genou en terre à ce garzok et à cet homme que vous dénoncez afin que nous nous débarrassions d’eux. Ensuite, et seulement ensuite, nous pourrons discuter de votre sort à vous. »

Daemon et Silmeria, malgré l'ouïe fine de cette dernière, n'entendirent que des rumeurs floues de tout ça. Rien de précis. Quelque chose semblait… mal se passer. Curieusement.



[HJ : On peut encore partiellement gérer la situation par Discord. Les différentes interventions directes de votre part, en somme. (Pas ce soir pcq je suis pas là)

XP : Azra, Ezak, Kurgoth, Mikkah, Eldros : 3XP (première prise de contact avec le camp kendran)]

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » sam. 10 avr. 2021 21:56

Ils arrivèrent bientôt au niveau des tentes d'état-major, où toute une brochette de soldats les attendaient. Toujours des hommes en belles armures, dont l'un d'eux se présenta comme le général Andelys. Il avait bien reçu le message, et demanda de se débarrasser des traîtres. Le moment était venu. Le plan qui avait si péniblement abouti à cet instant allait pouvoir se révéler...

… dans les ténèbres d'un lointain château, Azra s'était avancé dans les ombres de la tour des damnés. Sans ses riches atours, il aurait presque pu passer pour l'un des serviteurs squelettes qui s'activaient à remettre les lieux en état. Regardant autour de lui, il identifia enfin celle qu'il venait voir. Elle était accoudée à une fenêtre et regardait pensivement ce qui l'entourait. Sa seigneurie devait lui sembler bien maigre... Azra s'inclina poliment et attendit qu'elle veuille bien se retourner.

« Ah... Premier messager... »

« La vue est à votre goût, Lord éternelle ? »

« Je ne sais pas. C'est si étrange... Je n'ai pas vraiment de souvenirs, juste des impressions. Je sais que quelqu'un d'autre a vécu ici il y a bien longtemps, et j'ai du mal à croire que ce soit moi. »

Azra ne répondit rien. Il avait vu Endor une fois... dans les souvenirs de Chandakar. Il avait vu la nuit où la Zéphanie originelle était morte. D'une certaine manière, il savait mieux que la jeune femme qui se tenait là à quel point ce château avait été imposant et puissant, à une époque. Un trône convoité de tous les nécromanciens, toléré par le pouvoir en place et aussi, il faut le dire, un peu redouté.

« Beaucoup de temps est passé... » se contenta-t-il de répondre.

« Ces gens comptent sur nous. Ils souhaitent vénérer leur dieu en paix. Mais avons-nous une chance de voir cela ? Sur le territoire de Kendra Kâr ? Avec l'ordre purificateur de Gaïa installé dans le duché d'à côté ? Nous avons revendiqué une ruine, mais lorsqu'elle ne le sera plus, nous serons en danger. »

« Voilà pourquoi il faut prendre les devants, Dame Zéphanie. »

« Si le Premier messager dit cela, c'est sans doute qu'il a une idée... »

La liche tapota pensivement son bâton :

« Les corbeaux ont croassé à mes oreilles des rumeurs de guerre. Kendra Kâr et Omyre se disputent le continent avec plus de férocité que jamais. Apparemment, une violente attaque se prépare sur Oranan. Nous sommes dans une période dangereuse, ce qui veut dire que c'est aussi une période d'opportunités. »

« Tu voudrais te rallier à l'un des camps ? C'est un pari dangereux. Les forces d'Omyre pillent et saccagent, elles sont l’antithèse de ce que nous représentons. Quand à Kendra Kâr... ils sont buttés. Pourront-ils vraiment un jour nous accepter ? »

« Je le pense. Si nous savons nous montrer convaincants. Si nous apportons une aide concrète, par exemple en sauvant quelques grands pontes d'une menace directe, alors qu'ils sont sous la menace et l'urgence de la guerre, ils seront plus coulants... »

Et puis, il avait des raisons personnelles, et un brin irrationnelles, de vouloir s'assurer que la ville même de Kendra Kâr ne soit jamais attaquée. Il y avait peut-être encore là-bas un vieux couple. Deux braves gens qu'il n'avait connu que quelques jours... mais qu'il comptait bien préserver de la guerre. Mais inutile d'y penser davantage. Ce genre de sentimentalisme ne menait à rien ! Alors il exposa son plan. Zéphanie était dubitative : il y avait tant de choses qui pouvaient échouer !

« Tu te mets toi-même gravement en danger... Sans autre support que ce Daemon qui, je te le rappelle, a déjà failli te trahir ! »

« J'en ai conscience. Mais, ma Dame, c'est un risque que je suis prêt à courir. Peu importe que le sois le « Premier messager » ou n'importe quoi ! Je ne vais pas m'asseoir ici et jouer les prophètes pour me faire aduler ! Puisque j'ai une famille, je me battrais pour elle. Je la protégerais... ou mourrais de la mort définitive en essayant. Il en sera selon la volonté du Corbeau. »

Elle sourit :

« Je te connais mieux que tu ne le penses. Tu ressembles beaucoup à ton ancêtre... tu es fourbe, menteur, hypocrite et tu ne penses qu'à toi-même... et pourtant, tu arrives à être en même temps dévoué, juste et honorable à ta manière. Tu es vraiment quelqu'un de paradoxal. »

Il n'y avait pas grand-chose à répondre à cela, aussi, il garda le silence. Il n'était pas sûr d'apprécier qu'elle le lise aussi bien, mais ce n'était finalement guère étonnant. Elle soupira :

« Tu me demandes mon avis parce que je dirige ce château, mais je sais bien qu'en définitive, avec ou sans mon accord, tu feras ce que bon te semble... »

« Je suis le Premier messager. Je ne gouverne rien, mais c'est moi qui montre la voix. Cela implique de faire preuve d'initiative. »

Alors, chose rare dans ce sombre château, un rire cristallin retentit. Celui de Lord Zéphanie l'éternelle, qui semblait sincèrement amusée !

« En fait, je comprends pourquoi tu aimes bien ce Daemon ! Vous vous ressemblez un peu... Hé bien soit. Mais si tu ne nous ramènes que des ennemis... alors disons que le Premier messager était peut-être quelqu'un d'autre que celui que nous pensions... ce qui impliquerait bien sûr de punir l'ancien imposteur. »

« Cela va de soit. »

Et c'est ainsi que le plan avait été arrêté. L'ordre se tiendrait prêt à intervenir pour la bataille si nécessaire. En attendant, Azra et Daemon allaient partir pour le camp d'Omyre, afin de trouver un moyen de porter atteinte par tous les moyens. Si seulement il pouvait emprisonner un des treize dans sa dague ! Voilà un cadeau qui ferait réfléchir Kendra Kâr ! Ils verraient bien. Il faudrait saisir les opportunités. Bien sûr, celle qui s'était présenté la dernière nuit, sur le bateau, avait été la plus belle de toute. Le seul qu'il rechignait à trahir... Ha ! Il le tuerait si le nécromancien le disait à haute voix, mais c'était manifestement un signe de Phaïtos ! Le dieu Corbeau était avec eux, et cela avait achevé de le convaincre qu'ils allaient réussir ! Continuer à saisir les opportunités qu'offrait le dieu, voilà la clé...

… et l'opportunité se présentait maintenant ! Devant ce général, il allait falloir frapper ! Ezak l'avait bien compris lui aussi. D'un coup, lui et ses hommes passèrent à l'attaque. Se débarrassant de ses liens, Azra hurla :

« Pour la gloire du Corbeau ! Mort à nos ennemis ! »

Avec un peu de chance, Daemon, s'il était assez proche, entendrait et reconnaîtrait le signal. Sinon... ce cri lui permettait au moins de faire enfin sortir ce qu'il avait si longtemps gardé enfoui en lui ! Déjà, la liche se débarrassait d'un mouvement de ses liens que les soldats d'Ezak avaient si obligeamment mal fermés pour saisir son bâton et invoquer Rendrak. Il rechignait à frapper Eldros qui, tout ennemi qu'il soit, n'en restait pas moins un fidèle de Phaïtos. Mais les hommes d'Ezak étaient déjà agglutinés autour de Kurgoth, aussi, le liykor se matérialisa dans le dos du fanatique pour porter une attaque non létale, mais capable de le mettre vite hors d'état de nuire...

(((Azra se débarrasse de ses chaînes et invoque Rendrak. Rendrak lance une Main du géant niv 5 pour empêcher Eldros de se servir de ses armes)))

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » sam. 10 avr. 2021 22:23

(Ô Phaïtos. Tu m’avais pourtant mis en garde. )

Je reste interdit quand le sergent bondit sur moi en dressant ses armes.

(J’ai commis une erreur. )

Je sens l’acier trancher ma chair, la surprise s’emparer de mon visage.

(J’ai accordé trop de confiance. )

Je lâche le sabre du Garzok, ainsi que mon bouclier qui s’écrase dans la terre labourée.

(J’ai fait preuve de trop de patience et de tolérance. )

Une seconde attaque s’abat sur ma main, causant à nouveau une vive douleur. La liche aussi se retourne contre son camp alors que les hommes d’Arkasse se jette sur la brute défigurée.

( Tu m’avais mis en garde contre tes faux messagers et j’ai manqué de discernement. )

Je pivote en saisissant mon bras blessé de ma main valide et tombe à genoux en me recroquevillant, à quatre pattes, hurlant de douleur. 

« AAAAAAH ! MON BRAS ! AAAAAAH ! »

Je laisse de faux sanglots s’emparer de ma voix, me donnant un air pathétique, le nouveau rôle à jouer pour me faire oublier lors de ce combat. Vaincre au sabre un combattant comme Ezak est impensable, il en va de même pour confronter ma magie balbutiante face à celle de la liche et espérer m’en sortir. Je reste à quatre pattes, continuant de gémir d’une douleur que je n’ai en vérité pas de peine à supporter. Ce groupe est composé en grande majorité de traître, qui l’eu crut ? Jamais je ne m’en serais douté. Quant est-il du larbin du Lord Azraël, s’est-il aussi retourné contre la plume noire ? Où est-elle aussi de mèche ? Et le barde ? Insignifiant depuis le départ, quel est son rôle dans tout ceci ? Inutile de se poser autant de question, la mission ne sera pas couronné de succès. Je me tord de douleur, toujours ventre à terre, espérant me faire ignorer.

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » dim. 11 avr. 2021 06:06

Alors que nous avancions de nouveau vers notre objectif, je vis le Quartier-Maître venir se poster à mes côtés. Il me désigna le bateau et secoua la tête en me montrant le Garzok. Il semblait ne pas vouloir de lui au retour. Ce qu’il ne comprenait pas encore, c’est qu’il n’y avait pas non plus de retour prévu pour lui. Il était l’une des cibles de ma mission personnelle. Celle qui devait me projeter sur le devant de la scène et le levé de rideau se rapprochait à grand pas. Ça allait bientôt être à moi.

Pour aller dans le sens du Quartier-Maître et pour qu’il n’ait pas plus de soupçons, je lui fis un signe de tête, le laissant comprendre que je le suivais avant de suivre les hommes de du Val vers le piège que j’avais soigneusement préparé dans la lettre que j’avais fait parvenir à l’Etat-Major. Une lettre dont, si certains avaient su la contenance, auraient probablement déjà regretté de m’avoir offert autant de prérogatives. Me laisser la seule responsabilité de son écriture sans jamais pensé à la vérifier, alors que j’avais insisté pour être la main qui la rédigerait... Quelle folie… Même le doublon, que j’avais écrit au cas où l’un d’eux voudrait vérifier n’avait pas servi. Ils m’avaient tellement fait confiance alors que je n’avais jamais caché la haine que j’avais pour eux. Que les êtres peuvent se montrer fascinants parfois….

Nous avions donc été guidées vers le piège tendu pour les engeances d’Oaxaca. Plusieurs officiers nous attendaient prêts à nous réceptionner. Il semblait que les ordres avaient étés passés. Le sir du Val se dirigea vers celui qui semblait être le plus gradé et il nous désigna à lui. C’était un colosse en armure lourde et dans la force de l’âge. Était-ce le Genéral Bogast ? Je ne le savais pas pour l'heure. Il nous demanda de prouver notre fidélité en nous occupant de mettre nos ennemis à genoux. Je pris celà pour un signal. L’heure était arrivée.

Je regardai Eldros près de moi, Mikkah, puis Azra et enfin Kurgoth avant de parcourir mes hommes du regard et de leur faire un léger signe de tête.

« Vous savez tous ce que vous avez à faire ! »

Puis un peu plus bas, dans une voix plus grave, qui traduisait déjà ma concentration pour l’acte odieux à venir.

« Morts à nos ennemis. »

La nuit dernière.

Alors que je viens de révéler à mes hommes de confiance quel est le véritable objectif, l’ambiance devient lourde. Mon quator se regarde, l’air perdu.

« Sergent, permettez vous que je puisse parler librement ? » C’est la voix d’Herkos un solide barbu qui s’élève D’un signe, je l’encourage à continuer.

« Pourquoi ? »

La question ne me surprend pas. De plus, elle est légitime.

« Parceque je refuse de vivre dans un monde à l’image d’Oaxaca. »

J’émets une pause, réfléchissant à mes mots.

« Lorsque je me suis réveillé dans le Bagne, mis aux fers, sans procès et sans explications, ma vie menacée, mon corps soumit aux jeux les plus cruels qu’avaient inventés nos geoliers, je me suis juré que peu importe leur identité, je leur ferais payer. Alors lorsque je me suis retrouvé face aux Treize, qui me transmettaient le message de la Reine : Servir ou mourir, je me suis tout de suite dis que j’utiliserais ce qu’elle m’offrait pour le retourner contre elle. Ainsi, cette catin qui se prend pour une Reine aurait su que nul ne s’en prend à Ezak d’Arkasse sans en payer un jour le prix. »

Un temps.

"Mais lorsque j’ai mis les pieds hors de cette prison, pour me retrouver plonger dans les ruelles d’Omyre… Lorsque j’ai constaté comment était géré cette ville, sa saleté, ses charniers improvisés servant de nourriture aux êtres les plus abjectes, les crimes perpétués impunément, les colonnes d'esclaves trainés sans ménagement et souvent issus de notre espèce, alors que les peaux vertes pullulent comme de la petite vermine agissant sans aucun respect des regles... Sans oublier les batailles qu'ils se livrent entre eux, celle qu'ils lancent contre les groupements humains, cet état de guerre civile perpétuel... Lorsque j'ai constaté tout ce désordre ! Cette histoire a dépassé ma propre personne. Je me suis rendu compte que la société telle qu’elle est conçue à Omyre serait une catastrophe pour Nirtim, pour tout ce que nos ancêtres humains ont bâtis jusqu'ici. Notre vie est courte contrairement aux races elfiques. Protéger l'héritage que nous a laissé nos aïeux est capital. Alors, oui, je refuse de vivre dans le monde de la Reine Noire car il est une menace pour le nôtre et j'exterminerais jusqu'au dernier de ses fidèles si il le faut."


« Cela veut-il dire que nous sommes du côté de Kendra-Kâr ? »


J’éclatai de rire à l’entente de ces mots. Les choses n’étaient jamais toutes blanches ni toutes noires. Le monde était si complexe, mais dans toute cette diversalité, je commençais à comprendre, où était ma place. Où devais-je plutôt dire, mes places ?


« Nous sommes du côté des d’Arkasse et Kendra-Kâr est un paradis bâti pour nous. »



Avant qu’ils ne partent, je leur avait lancé un dernier ordre.

« Dernière chose. Rasez-vous de près. »



Mes hommes étaient sortis. Il faisait nuit noire au dehors. Je commençais à ressentir la pression de l’évènement alors que je contemplais la lettre écrite de ma main.

Ceci est un message d’une urgence absolu et a pour sujet la sûreté du Royaume. Surtout garder votre calme en lisant cette lettre. Un complot est à l’œuvre en ce moment même pour éliminer le Roi, la Princesse et l’Etat-Major. De ceux qui m'accompagnent, le Garzok ainsi que le seul humain avec une barbe font partie des forces d’Oaxaca et ils sont dangereux. Tous ceux qui restent sont de notre côté. Il faudrait, dans la mesure du possible les neutraliser discrètement. Je suis actuellement accompagné de mes hommes, mais j'ai besoin vos renforts pour que ce soit fait rapidement. Amenez les vers « l'Etat-Major », en éloignant leurs cibles, pour leur tendre un piège. Une femme, ancienne Baronne de Bouhen nommée Silmeria, assassin de la Reine est en ce moment sur le camp à la recherche du Roi ou de la Princesse. Ce sont ses cibles principales ; évacuez les avec une solide garde. Il faut les protéger coûte que coûte.

Retour au présent.

D’un geste rapide, je levai mes lames pour les affaisser sur le bras du Quartier-Maître. Mes armes effilées allèrent ouvrir gravement le bras droit du pirate qui s’écroula sur le sol en hurlant. À côté, mes hommes firent fondre leurs lames sur le Garzok tandis que celui qui possédait son arme et les clés de ses menottes s’éloignai de sa position en s’écartant du groupe, et, tout cela, conformément au plan que j’avais dressé la veille...

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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » dim. 11 avr. 2021 15:29

-----K-----


Après quelques minutes de marche, le groupe arriva aux abords du quartier des officiers, lequel était bien trop gardé au goût de Kurgoth. Convaincu que ces abrutis avaient foiré le plan il n'attendait que de sentir ses chaînes se détacher pour faire un massacre, mais lorsque le général ennemi eut fini son discours et que le sergent eu ordonné à ses hommes de passer à l'action, le barbare ne sentit pas ses liens se desserrer. Il ne sentit que l'acier percer sa chair en deux points de ses jambes. Surpris, il eut le réflexe de se tourner, ce qui lui permit d'éviter trois attaques supplémentaires. Un instant sous le choc de la surprise, il vit Ezak élancer ses armes en direction du pirate et comprit alors que ses soupçons étaient plus que fondés. L'envoyé de Crean avait trahi le groupe et peut-être même son maître. Kurgoth se trouvait ainsi enchaîné, désarmé, entouré d'ennemis au milieu de leur camp. Il n'avait plus aucun moyen de s'en tirer, tout espoir était réduit à néant et la mort l'attendait. Le prêtre de Thimoros, qui avait enduré les pires horreurs pour s'accrocher à la vie envers et contre tout, sombra soudainement dans le désespoir le plus total. À chaque situation désespérée qu'il avait rencontré, il avait entrevu une possibilité de s'en tirer et l'avait exploité avec succès, mais ici, il ne vit rien. Cela ne pouvait être une épreuve de Thimoros, car le dieu de la guerre lui aurait envoyé de quoi le motiver à combattre. Son dieu tutélaire, s'était-il finalement lassé de lui ? Son échec face au nécromant sur le navire, avait-il attisé le courroux du dieu sombre qui décida de l'envoyer auprès de son frère ? Toutes ces pensées submergèrent la peau-verte en un instant avec une telle force que son âme se brisa.

La peur, ce sentiment, qui pousse les animaux à éviter les dangers pour rester en vie, avait guidé les pas du garzok toute sa vie durant. Ce fut en suivant sa peur de mourir qu'il quitta son clan alors qu'il devait être sacrifié à Thimoros. Ce fut par crainte du courroux divin de ce dernier qu'il devint son serviteur au temple d'Omyre. Ce fut par crainte de Romthaars’t qu'il y endura les pires sévices. Ce fut par crainte mourir, à nouveau, qu'il découvrit en lui une force exceptionnelle qui l'aida à tuer son mentor. Ce fut par crainte de mourir qu'il abandonna son groupe, une fois de plus, face à l'Aube Radieuse alors qu'il en était pourtant devenu le chef. Ce fut par crainte de succomber de fatigue qu'il refusa l'ordre de Khynt qui lui valu d’être traité en paria. Suite à cela, sa crainte de finir sa vie sans clan, comme un paria isolé, le poussa à prendre des risques inconsidérés dans la bataille du Nord de l'Ynorie où il impressionna Karsinar. Et maintenant, alors que la mort était inévitable pour lui, Kurgoth ne ressentait plus aucune peur. Ce sentiment qui avait guidé sa vie, qui prouvait à chaque être vivant qu'il vivait encore, avait disparu de l'âme du barbare.

Libéré de ces chaînes mentales, le garzok, qui n'était alors plus qu'un morceau de chair sur le point d'être découpé, fut soudain animé par autre chose, quelque chose de plus puissant que la peur: la rage. Celle-ci s'échappa de cette enveloppe charnelle comme la lave d'un volcan, explosant en un rugissant assourdissant, si puissant que le garzok s'en déchira presque les cordes vocales. Sans même qu'il ne s'en rendit compte, Kurgoth venait de briser ses liens, comme s'il avait été attaché par un simple brin d'herbe. Ses yeux, ainsi que ceux du crâne malsain qui pendait à son coup qui flamboyaient comme ils ne l'avait jamais fait auparavant, se posèrent alors sur le sergent, le responsable de cette situation. Cette rage indomptable qui animait alors le corps du chevalier se mût, en cet instant, en une soif irrépressible de vengeance.

"TRAÎTRE !"

Comme par instinct, le garzok écarta les bras et fonça tête baissée, comme Krungr le lui avait appris, déterminé à renverser le traître, le liykor squelette qui venait d'apparaître à ses côtés pour l'assister, et tous les misérables gardes qui auraient le malheur de se trouver sur le chemin cette créature démente.

[HRP: activation de Brutasse pour briser ses liens + Bélier rang 4 sur Ezak, Rendrak et 3 gardes qui se trouve en eux et Kurgoth. (pour les dégats, kurgoth vise la tête parce que vu la technique, ce serait con de viser ailleurs mais je préfère préciser)]
755mots
Modifié en dernier par TheGentleMad le mar. 13 avr. 2021 09:08, modifié 1 fois.

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » dim. 11 avr. 2021 16:36

La silhouette du porteur de la lettre disparut entre les tentes du haut commandement. L'état-major, composé de grande toiles, étaient encadré par des tentes circulaires, toutes silencieuses... Daemon et Silmeria décidèrent de gravir la colline, au risque d'être repérés, pour s'approcher autant qu'ils pussent pour glaner quelques informations.

Accroupis dans les ombres, ils devinèrent des voix en provenance de la toile centrale. Silmeria écoutait avec attention, et derrière elle, ses yeux mauves brillants dans la nuit, le semi-elfe l'observait avec la même attention. Le contenu de la lettre d'Ezak devait être discuté au même moment, et même si elle ne faisait guère mention de lui ou d'Azraël, il se méfiait de la suspicion maladive de l'assassine. Elle paraissait pourtant si petite, si fragile... Il déploya les doigts arachnéens de son gantelet en direction de con cou, avec l'envie de lui briser la nuque d'un geste bref. Mais il se résigna, se sachant incapable de la surprendre, surtout depuis leur échange sur le pont de l'Azurion. Oui, Silmeria se méfiait de lui autant qu'il la redoutait et c'était pour le mieux.

Les voix devinrent alors plus distinctes, ainsi que le tintement des armures. Un pan de la toile se souleva et des hommes sortirent en direction du port. Daemon effaça sa présence et observa le contingent de guerriers lourdement équipés au surcot bleu frappé du soleil d'or. Tandis qu'ils s'éloignaient, l'ombre de Daemon s'inclina sensiblement dans la direction opposée.

« Nienna s'enfonce encore dans le campement... » murmura-t-il.

Ils entreprirent de contourner la tente et aperçurent un groupe d'hommes s'éloigner hâtivement vers le nord. La filature reprenait... lorsqu'ils eurent les premiers échos du combat qui éclatait. La voix d'Ezak se fit entendre, puis celle du Seigneur Liche qui invoqua la gloire du Corbeau, mais ce fut le hurlement rageur de Kurgoth qui lui hérissa le poil. Ce n'était pas un cri de guerre, mais un beuglement empli d'un désespoir tonitruant. La crainte du semi-elfe se confirma lorsque le garzok déclama : « TRAITRE ». Il se figea et adressa un regard à l'hinïonne, attentive et visiblement aussi préoccupée que lui. Un doute chaotique s'emparait déjà d'elle. Son visage restait de marbre mais il put y déceler une tension insupportable, qui se muait progressivement en colère.

Un miasme de décrépitude s'étendit aux pieds de Silmeria qui, alors qu'elle ne l'avait pas quitté des yeux, pleurait des larmes noires comme de l'encre... Le semi-elfe resta tétanisé sans dissimuler son angoisse. La manifestation des fluides d'ombres ne l'impressionnait pas outre mesure, étant lui même fait du même bois, mais la sensation de péril imminent qui l'investissait, comme s'il s'était retrouvé subitement face à une bête sauvage, lui interdit tout mouvement.

Après un moment qui parut durer une éternité, bandées comme un arc, les épaules de Silmeria s'abaissèrent et elle essuya ses larmes noires. Daemon se laissa tomber sur l'herbe morte et souffla ; sans s'en rendre compte, il avait arrêté de respiré. Il reprit progressivement ses moyens et afficha une expression crédule, voire même affectée envers Silmeria.

« Es-tu certaine que ça va ? Nous pouvons toujours rebrousser chemin... »

Le visage livide, comme pris dans la glace, elle lui répondit que non, la mission continuait.

« Très bien, alors ne perdons pas de temps. »

Avec une voix douce qui entendait davantage la contenance que la sérénité, elle lui demanda alors de passer devant. De toute évidence elle se méfiait de lui et Daemon afficha une vive surprise, passablement outré. Il observa les alentours comme s'il cherchait des ennemis, puis répondit :

« Pourquoi ça ? Tu connais mieux le métier... »

« Pourtant c'est toi qui me guide, alors guide. »

Il soupira et bougonna silencieusement, en évitant soigneusement son regard, et ouvrit la marche sans tarder. Le temps leur était compté et ils devaient s'éloigner le plus rapidement possible avant qu'un autre beuglement ne suscite une crise chez l'hinïonne.
Son comportement ne présageait rien de bon, mais il savait dans quoi il s'engageait. Comme il l'avait imaginé, Silmeria préférait se concentrer sur leur mission, et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans le campement, le piège se refermait doucement. Elle l'ignorait encore, mais les dés étaient jetés.
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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » lun. 12 avr. 2021 04:29

Entre les tentes, ils se frayèrent un chemin en silence. Daemon était à la hauteur de ce qu'Ezak avait dit plus tôt dans la Capitainerie, il était d'une grande discrétion et sa discipline était totale. Ils s'arrêtèrent au pied d'une tente pour espionner le fameux échange entre le porteur de la missive et les occupants de la tente dans laquelle il venait d'être introduit.

La jeune femme fermait légèrement ses yeux pour mieux se concentrer sur son ouïe mais rien ne lui parvenait clairement, la tente obstruait les paroles parmi lesquelles se mêlait les bruits d'armure. Secouant la tête de dépit, Silmeria se disait :

(" Ils ont décidé de tous chuchoter ce soir ? C'est une maladie ou quoi. ") Le stress de la mission montait et il atteint des niveaux alarmants lorsqu'enfin, les soldats sortirent de la tente. Ils portaient tous une armure complète, le visage enfermé dans un casque à visière, une tunique arborant les couleurs du Royaume enfilée par dessus l'armure descendant jusqu'aux genoux. L'Hinïonne fronça les sourcils lorsqu'elle comprit qu'ils se séparèrent, certains filaient au nord tandis que d'autres se perdaient hors de vue des les dédales de tentes.

Daemon prit parole, anticipant la question qui brûlait déjà les lèvres de Silmeria. Nienna se dirigeait vers le Nord. C'était donc là qu'ils devaient se rendre. La Murène se demandait le temps d'une seconde pourquoi les hommes du roi se rendaient dans deux directions différentes. Une chose était sûre, ils marchaient au pas de gymnastique porter les nouvelles de la missive d'Ezak.

Plus bas dans le campement, quelques clameurs s'élevaient au cieux. Daemon était toujours en face de Silmeria, tous deux en chiens de faïence, une petite poignée de secondes passèrent, juste le temps de faire germer une graine dans l'esprit de la femme.
Son ouïe ne la trompait pas. Elle entendait bien les prémices d'un affrontement, Eldros gémissait et criait de douleur, la puissance voix caverneuse de la Liche scandait la gloire de son Dieu et la mort à ses ennemis. Mais ce fut le hurlement bestial et désespéré de Kurgoth qui vint bouleverser l'esprit de la femme.

(" Traître ? ")
(" Oh... Tu as entendu comme moi. ")

Les yeux de la femme filaient de gauche à droite sans parvenir à s'accrocher à quelque chose pendant une seconde avant de s'ancrer dans le regard de Daemon. Un doute horrible fit trésailler son échine qui se perla d'une sueur froide. (" Traître ? Il a du l'entendre comme moi. ")
(" Ca n'a pas l'air de l'affecter plus que ça. ")
(" Pourquoi il a crié ça... ")

Tout se mêlait dans son esprit. Contre qui Kurgoth pouvait-il crier ? Pourquoi Eldros était déjà en si mauvaise condition alors que le combat venait de commencer ? Les premiers éclats de voix et de métal se faisaient à peine entendre qu'il criait déjà. Ils semblaient en proie à un désespoir total, seul la voix d'outre tombe de la liche était nette et exempte de crainte.

Un frisson traversa ses côtes. Une nébuleuse d'adrénaline et de doute vint alors hanter sa tête et sa respiration s'entrecoupa à mesure que, subjuguée par ce qu'elle venait d'entendre, elle en oubliait presque de respirer. La colère gagnait son coeur, un traître parmi eux ?
Ce ne pouvait pas être Eldros, il semblait être une victime. Kurgoth avait crié si fort avec tant de colère fébrile...

(" Je crois... ")
(" C'est une putain de catastrophe ! ")
(" Je l'ai dit quand je suis arrivée à bord de la Baliste... Le Kendran ? Ezak ? ")
(" Barbichette aussi est Kendran... ")
(" Pourquoi il parle d'un traître ? ")
(" Quelqu'un devait... Avoir un double jeu. ")

Ses dents claquaient de nervosité. Elle observait Daemon dans les yeux, la colère grondant dans son âme, les Sylphes corrompues crachaient leurs miasmes empoisonnés de colère. Silmeria gardait une expression grave, hypnotisée par le violet des yeux du semi-Elfe, sous leurs bottes, l'herbe verte mourait de tant de colère expulsée par l'Hinïonne. De ses yeux bleu commençaient à couler de petites larmes noires, corrompue d'ombre, qui traçaient un sillon de ténèbres sur son visage.

(" Cèles... Pourquoi... ")

Silmeria clignait pour dissiper les larmes de colère.

(" Est-ce qu'il... ")

Elle en essuya une du revers de sa main, sans s'en rendre compte, l'autre main effleurait la garde de son arme.

(" Parle d'un traître... ")

Vint alors l'image d'Azra, ce Lord Nécromant chargé de secret. Il s'était opposé à Kurgoth, refusant au Garzok le droit de disposer de ses prisonniers. La Liche avait-elle d'autres plans ? N'avait-elle pas envoyée des assassins traquer Silmeria ? Daemon n'était-il pas venu se joindre à elle un peu trop facilement ? Pourquoi avait-il envoyé son bras droit accompagner la Murène ? Allait-il terminer le travail des assassins ? Était-ce pour ça qu'il avait voulu la défier ? Cachait-il sa force ? Ezak aussi avait voulu la défier, pourquoi ? Elle et Ezak partageaient des convictions différentes. Elle réalisait peu à peu. Le mépris des Garzok, le mépris d'Omyre, le mépris des dirigeants quand il prétextait que Karsinar n'était qu'à la tête d'une vulgaire meute de Garzok. Mais Azra ? Et Daemon ? Le jeune homme en face d'elle était-il à l'image de son maître ? Etait-il dans le coup ? Etait-il un traître ?

Ces mots résonnaient dans son esprit, polluant ses pensées.
(" Traître. Traître. Traître. ")

Le cheminement traversa les doutes et les interrogations qui avaient vaguement traversé son esprit jusque là. (" Pourquoi il disait que son maître me craignait ? Pourquoi il voulait me tester ? Pourquoi... ")

Elle semblait réaliser quelque chose d'insupportable à son esprit. (" Peut-être... Le sont-ils tous ? ")
(" Non. Non. Pas tous. Ils sont... ")
(" Non. ") Sentenca Cèles. (" Non, ils ne le sont pas tous. Il y a un barde discret, un Garzok typique, un homme d'équipage ambitieux et frustré, un gradé de la Reine qui méprise les sujets de cette dernière et... Une liche qui a affronté un garzok car elle est à l'encontre de leur mode de vie...")

(" Et son apprenti. ")

Silmeria relâcha les épaules devenue aussi tendues que du bois. Elle souffla doucement, le métal froid de la garde de la Tueuse de Mage avait mordu d'un croc glacé la jointure de son pouce qui passait sur sa robe. Une envie furieuse de rejoindre le groupe en détresse pour mieux comprendre la raison de leur malheur prit la jeune femme aux tripes mais il fallait garder le cap sur la mission. Daemon la dirigeait vers l'intérieur du campement.

("Oui. Son apprenti.)"

Silmeria secoua doucement la tête, elle fit de son mieux pour cerner et concentrer ses émotions et dit à Daemon, de sa voix la plus douce et posée.

" Passe devant. "

Celui-ci semblait être désarçonné et surpris. Il regarda à gauche et à droite comme s'il ne pouvait plus soutenir son regard et demanda :
" Pourquoi ça ? Tu connais mieux le métier ? "
Mais l'Hinïonne n'était pas prête à supporter sa présence derrière elle. " C'est toi qui me guide... Alors guide. " Sa voix venait de siffler. Le ton n'était pas aussi doux qu'elle l'aurait voulu mais les mots étaient dits et semblaient clairs. Daemon eut l'air visiblement agacé, boudeur comme à ce qui semblait être chez lui une habitude, s'exécuta. Silmeria resta derrière lui.

La colère lui avait donné un goût amer dans la gorge, elle déglutit non sans mal et de nouveau, les pensées fusaient dans son esprit déjà en proie à une paranoïa de plus en plus pensante. Sous cette chape de plomb qu'était ce doute et cette crainte d'être trahie au pire moment, Silmeria eut cette pensée fatidique.

(" Je... Je ne sais pas. Traître. C'est ce qu'il a dit. On connait toutes deux le code des Garzoks, il est sans équivoque... Daemon... Azra... Ezak... Ce barde dont j'ai oublié le nom... Tous des traîtres potentiels. Tous. Tous. Tous. ")

(" Qu'est ce qui nous a échappé ? ")
(" Sa lettre. Son plan. Ses messes basses. Eldros et lui avant que je n'arrive. Il semblait contrarié de me voir. Azra et lui dans la nuit. Il n'a rien annoncé à sa suite. Et pourquoi étaient-ils à l'abri des oreilles et des regards. Et pourquoi a-t-il sécurisé la Capitainerie ? Et pourquoi les deux se terraient dans la cale, dans les ombres ? Ils murmurent et parlent tout bas... Comme... ")
(" Comme les gardes ? ")
(" Je...")

Elle ouvrit grand les yeux tout en marchant silencieusement derrière le semi-Shaakt.
(" Il faut croire... Que j'ai été négligente. Mais on ne m'y reprendra plus... Son cri... Il était déchirant. Comme celui de Lys à l'époque. Comme quand nous affrontions les Shaakts... Quand ils m'ont tout pris. Ma Lys... Mes petites fleurs...")

(" Je... Sens que ton âme tremble.")
(" Tu sais... Ma jolie Cèles. Je pense qu'il faut voir les choses simplement. Tout n'est que mensonge. Tout est probablement une trahison. Et si je ne suis pas une traîtresse... C'est que tous les autres le sont probablement. ")


-----------------------------------------------------------------------------------------------
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Mikkah-El Sôdehbek » mar. 13 avr. 2021 06:30

Vous vous mîtes finalement en marche, sous la bonne garde des Kendrans, mais en ayant pu garder vos armes. En passant entre les tentes, ton impression sembla se confirmer : ce camp était bien trop désert pour ne pas laisser présager un piège. Avec habileté, tu ralentis le pas de façon à ce que tu te retrouvas tout derrière. Vous parvintes à votre destination et tu pus compter encore dix soldats en armures rutilantes. Un certain malaise se diffusa dans tout ton corps. Tes yeux scannèrent discrètement les environs pour repérer les possibles cachettes - car tu te doutais bien que si la fuite s'avérait nécessaire, elle ne se ferait pas d'un trait. Quelqu'un parla et de sa voix affermie - ainsi que de ses propos - tu en déduisis que vous étiez enfin face à votre interlocuteur principal - bien que tu ne pus le voir en détail à cause de ta position dans la troupe.

("Étrangers qui vous gaussez d'être nos alliés?" Qu'est-ce qu'il sous-entend par là ?!)

Tu n'eus même pas le temps d'avoir peur : le général Andelys venait déjà de vous ordonner de faire poser le genou à terre du garzok et d'un homme. Les pensées se bousculèrent dans ta tête : lequel, d'homme ? Azra ? (Ce n'en était pas vraiment pas.) Obéir aussitôt ? Et si Kurgoth décidait de se venger plus tard ?

(Ne réfléchis pas, mets-toi à l'abri !)

Au moment où Azra cria à la mort, tu lâchas ta lance et te lanças dans l'herbe, aussi loin que possible. Couché sur le sol, tu vis non pas seulement Azra qui se mettait en action, mais Ezak et ses hommes qui... semblèrent s'en prendre à Eldros? Cela ne faisait aucun sens. Tu observas le sergent d'Arkasse asséner un coup à ce dernier, jusqu'à faire jaillir le sang de son bras. Eldros hurla aussitôt de douleur ce qui te fis froncer les sourcils. Il était un peu trop douillet sur ce coup-là... La figure de Kurgoth se libérant brutalement de ses chaînes - pourtant censément plus resserrée que celles de la liche - et fonçant d'ailleurs sur cette dernière détournas ton attention momentanément.

(C'est maintenant qu'il faut changer de loyauté.)

Tu te relevas, le cœur battant. Tu comprenais bien les conseils de ta faëra : si tu attaquais ceux que les Kendrans jugeaient être les vrais ennemis, tu serais à même de changer de camp facilement. Le problème étant : qui étaient-ils ? Azra et Ezak n'avaient pas attaqué le Général, mais ce pouvait n'être qu'une diversion, Kurgoth était définitivement la cible à abattre, mais tout aussi certainement le guerrier dont tu voulais être le moins proche possible physiquement, restait... Tu pouvais aussi décider de fuir, mais te mettre possiblement à dos les Kendrans et Azra ne semblait pas être la meilleure option. Dans la confusion de tous ces cris et ces traîtrises, tu te glissas derrière Ezak pour l'assommer avec la partie pleine de ton luth.
Mikkah - Voleur Haffiz

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » mar. 13 avr. 2021 14:02

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)




Les deux infiltrés, s’ils se questionnèrent sur les cris de leurs alliés, n’allèrent pas leur porter secours. Ils mirent la priorité à la réussite de la mission avant tout, prouvant s’il le fallait que la solidarité n’était sans doute pas une valeur porteuse à Omyre, contrairement à l’efficacité froide et aux actions personnelles. En allant vers le nord, ils furent entourés de silence. Seul le combat derrière eux était bruyant et, SIlmeria put en juger, les pas fuyants partant au nord. Ils aperçurent tous deux la silhouette d’un garde royal isolé, pressant le pas pour rejoindre les confrères qui étaient partis un peu avant lui. Pourquoi ce retard ? Pourquoi cet empressement ? L’ombre de Daemon pointait vers ce même nord où ils allaient, suivant Nienna l’éclaireuse invisible. Une allée principale entre les tentes. Le groupe parti peu avant ne devait pas être loin, dans les ombres de la nuit. Devaient-ils se presser pour les rattraper, ou rester dans l’ombre à leur suite ?


Devant la colline de commandement, la situation vrillait à une vitesse folle. Après l’attaque d’Ezak et de ses hommes suivant les ordres du Général, le chaos se fit. Si les kendrans ne bougèrent pas d’un poil, guettant la situation et sa véracité, piques tournées vers les combattants, quels qu’ils soient, les envoyés officiels d’Omyre s’entredéchiraient avec rage.

À l’image de l’invocation du nécromancien, Rendrak, qui singea Ezak dans son attaque du fanatique de Phaïtos. Comme lui, il réussit à toucher la main d’Eldros, décidément malmenée, mais sans parvenir non plus à la trancher ou la broyer. Une nouvelle blessure s’y dessina, aussi grave que celles qu’il avait déjà. Sa chair en charpie le faisait souffrir au martyr, alors qu’il se laissa tomber au sol dans une position de soumission, de douleur, de reddition…

À l’image aussi de ce jeune chantre, Mikkah, qui n’avait pas été fort visible jusqu’à présent. Mikkah aux buts secrets, Mikkah qui n’osait s’impliquer. Hé bien ici il le fit, désignant son camp avec clarté. Après avoir lâché son arme et s’être aplati au sol dans les herbes, sous le regard surpris des gardes kendrans qui l’avaient vu faire, il s’en releva et, de son instrument de musique, tenta d’assommer Ezak. Un coup qui ne fit que rebondir sur le casque aux nuances violettes, dans un grand « BONG » aussi bruyant qu’insignifiant. Un bruit qui sonna l’alerte chez les soldats d’Ezak qui n’étaient pas aux prises avec le garzok. Deux d’entre eux se retournèrent vers le hafiz, le menaçant de leurs armes sans l’attaquer pour l’instant, préférant attendre sans doute les consignes de leur chef… Qui n’avait pas désigné ce jeune garçon comme une cible potentielle…

À l’image, finalement, de celui qui avait déjà causé tant de remous dans cette équipée, que ce soit en mer ou dans ce camp. Kurgoth, qui venait de se faire dûment assaillir par les soldats d’Ezak, partiellement blessé aux jambes. D’un cri terrifiant, sauvage, haineux, il força sur ses chaines et, d’une force née du désespoir et de la rage, éclata celles-ci avec force, les bracelets des menottes restant accrochés à ses bras, mais la chaine les retenant ensembles brisée. Le garzok s’élança dans une charge folle, les bras écartés, pour emporter avec lui le plus de cibles lui barrant la route vers Ezak. Les trois guerriers d’Ezak qu’il traversa furent projetés à la renverse, étourdis et groggys. Rendrak fut le suivant sur la liste, et se prit un point du garzok dans le casque, l’étourdissant mais sans qu’il subisse la moindre blessure. Et enfin, Ezak, se ramassa le crâne casqué de l’orque en plein dans la face. Le choc des casques résonna de nouveau. Cette fois, Ezak, sans subir la moindre blessure, sentit le coup passer pour autant : une impression de vertige s’empara de lui. Il était un peu sonné.

On aurait bien dit que tout cela ne faisait que commencer…


[HJ :
Blessures :
Eldros : 3 blessures à la main droite (deux graves, une légère)
Kurgoth : Une blessure légère sur la jambe gauche et une estafilade bénigne sur la jambe droite.
Rendrak : étourdi. (-5 aux jets de touche)
Ezak : étoudi (-5 aux jets de touche)

XP : à la fin de vos situations respectives.]

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » mar. 13 avr. 2021 14:37

(Ô Phaïtos. Devant ta grandeur je m’incline.)

Je rampe toujours au sol, la main droite douloureuse, mise à mal par les attaques subies. Je continue de gémir de douleur, feintant la reddition alors que les cris de rage guerrière se font entendre. Les pas lourds du Garzok passent à côté de moi, tous m’ignorent, ne voyant aucune menace en moi.

(Au nom de ta puissance, de ta gloire éternelle.)

Ma main sanglante fouille dans mon sac, dissimulé par mon corps recroquevillé, extirpant la fiole incendiaire que j’ai conservé et le briquet. J’ouvre la fiole, y glissant le morceau de tissu qui s’imbibe d’alcool odorant.

(Dans les flammes je ferais périr tes ennemis.)

Click. Click. J’use du briquet, faisant apparaître une simple flamme, éclairant l’obscurité de la cavité formé par mon corps blessé. Révélant mon visage au sourire cruel, au regard fou, tordu de douleur et d’une satisfaction morbide.

(Dans les flammes je t’apporte de nouveaux serviteurs ! )

J’entends un bruit creux de bois contre l’acier, puis de l’acier contre l’acier. Je saisis la fiole dans ma main gauche et me redresse, brandissant l’arme incendiaire pour me tourner vers l’amas de corps proche de moi. Repérant Ezak, étourdi, aux côtés de la créature nécromantique de la Liche.

« Dans les flammes je révélerais les trompeurs et les menteurs ! »

Et avec vigueur, je lance la fiole vers le sergent d’Arkasse, vers le traître, sans me soucier de la présence de l’orc, du barde ou des hommes d’Ezak poursuivant Kurgoth ou même la mienne. Peu importe qui subira la douleur de la brûlure.

« ET ILS SUBIRONT ALORS TOUS TON COURROUX ! O PUISSANT PHAITOS ! »

Je m’adresse alors d’une voix tonitruante, couvrant le bruit à venir du brasier. Le visage couvert de sang, déformé par la rage et la folie divine.


« Bande d’imbéciles ! Me tuer ne fera que me rendre plus fort ! Vous pensez que je crains la mort ?! Je suis son plus loyal serviteur ! Vous brulerez dans ces flammes ou dans celles de son puissant dragon noire ! Vous rejoindrez son royaume ! Vous le servirez ! C’est Phaïtos qui m’a guidé jusque ici ! C’est lui qui est derrière moi ! En m’affrontant vous l’affrontez aussi ! Vous ! Faux messager ! Vous ! Traitre d’Arkasse ! Vous ! Soldats d’un royaume condamné ! Vous devrez assumer les conséquences de vos actes ! »

Je dégaine mon arme et frappe sur ma poitrine de mon poing armés.

« VENEZ ! OSEZ AFFRONTER LE SERVITEUR D’UN DIEU ! AFFRONTEZ SA COLERE ! VOYEZ CE QUI VOUS ATTENDS ! »

Hurlais-je, fou de rage.

« ET VOUS FINIREZ TOUS PAR BRULER DANS LES FLAMMES DES ENFERS ! »


(( - lance une fiole incendiaire dans la direction d’Ezak.
- Tentative d’intimidation sur les autres ennemis qui nous entourent.
- Compétence de chevalier du chaos active. Semeur de zizanie : Lorsque le Chevalier du Chaos parvient à esquiver une attaque de mêlée, il a 20% de chance de rediriger l'attaque vers un allié de l'attaquant (jet de blessure initial) ou l'attaquant lui même (-2 au jet de blessure).))
Modifié en dernier par Eldros Rougine le ven. 16 avr. 2021 02:27, modifié 2 fois.

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » mar. 13 avr. 2021 20:40

La bataille qui s'engagea alors était aussi folle et désordonnée qu'il fallait s'y attendre. Un peu à l'écart, Azra était globalement assez bien préservé. Les autres, en revanche, accumulèrent des blessures. Eldros se recroquevilla par terre, le bras ravagé par les attaques d'Ezak et Rendrak.

Contre toute attente, Kurgoth fit littéralement exploser ses chaînes et, ignorant les hommes qui tentaient de le massacrer, chargea comme un fou, renversant tout le monde sur son passage et frappant de plein fouet le liykor et le maître d'arme. Et comme si ça ne suffisait pas, Mikkah, le petit barde, se décida à intervenir, tentant d'assommer le guerrier à coup de luth ! Sans succès, heureusement.

C'est ce moment que choisi Eldros pour exploser d'un triomphe malsain et dément, sortant ses fioles explosives pour la jeter au milieu de la mêlée, invoquant Phaïtos en hurlant pour appeler à la mort de tous, promettant de ressusciter lui-même. Il fallait au moins lui reconnaître un style bien tranché, et il tentait manifestement d'user du sortilège que lui avait enseigné Azra. Cela tira un grincement hautain de la liche :

« Que de vains mots, toi qui ne connaîs rien du Corbeau ! Ce n'est pas Sa volonté que tu exprimes, mais uniquement la tienne. Je vois bien bien en toi la dernière relique des anciens cultes décadents et pervers du dieu de la mort et de la justice... Tu penses pouvoir accomplir le même exploit que moi ? C'est ce que nous allons voir... »

Rendrak, titubant légèrement et remarquant les flammes qui montaient le long de ses pattes, garda son bouclier face à Kurgoth, tout en restant face au fanatique, lâchent un petit rire :

« Hu hu hu ! Quel vilain visage tu fais... Effaçons tout cela, veux-tu ? »

Et il projeta d'une puissante détente sa chaîne tout droit en direction du visage du fanatique. S'il atteignait sa cible, le terrible crochet de Phaïtos, le sinistre artefact du compagnon de feu Lord Kaïn, ne lui laisserait aucune chance. Néanmoins, Azra connaissait assez son compagnon pour voir la légère imprécision suite à la charge furieuse du garzok.

Celui-là, Azra le connaissait, et pourtant, à chaque fois, cette brute sans cervelle l'impressionnait davantage. Il semblait vouloir être la preuve vivante que le muscle peut compenser n'importe quoi. Une affirmation qu'Azra ne pouvait tolérer. Infusant l'une des âmes de sa dague dans ses fluides d'ombre, il en invoqua toute la puissance pour faire déferler son pouvoir en une attaque terrible destinée à en finir d'un coup...

(((Souffle de Thimoros rang 4 sur Kurgoth, Lien funeste de rang 5 sur la tête d'Eldros)))

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » mer. 14 avr. 2021 23:26

Si l'obscurité n'était pas un obstacle, un soldat pouvait apparaitre à tout moment entre les toiles, ou dans l'une d'elle, ce qui obligea Daemon à avancer prudemment. Aussi, le souvenir des larmes noires et de l'attitude glaciale de Silmeria ne le quittait plus... Elle se méfiait de lui et sa présence dans son dos (où plutôt l'absence de présence) le fit frissonner d'inquiétude. Il pestait intérieurement sur les autres mercenaires, notamment sur Ezak, dont il aurait pu se passer de sa partition. Une faille s'était ouverte dans son plan et il doutait de contenir l'engeance noire très longtemps.

Lorsqu'ils retrouvèrent la grande allée qui s'étirait vers le nord, il réalisa avoir perdu le groupe qu'ils suivaient avec l'ombre de Nienna. Seulement un homme s'éloignait, au loin, suivit par un retardataire empressé. Où était le groupe qu'ils suivaient ? Sur un chemin de traverse... ou dans une tente ? Ils ne percevaient pourtant aucune voix... Le campement était décidément trop calme et il ne parvenait pas à comprendre ce que trafiquaient les kendrans. L'alarme était donnée ; les environs auraient dû grouiller d'hommes en armes.

Alors qu'il réfléchissait en silence, une douleur fulgurante lui coupa le souffle. Sans s'annoncer, deux lames s'étaient figées dans son dos. Daemon se crispa et s'effondra au sol ; incapable de bouger, il devina de Silmeria ses jambes gracieuses le précéder. Étendu sur l'herbe, le semi-elfe s'agitait et convulsait. Les lames furent retirés délicatement, et l'assassine le retourna sur le dos. Elle le toisa longuement et Daemon ne la reconnu point. C'était comme si une autre personne se dressait devant lui. Une colère froide et malveillante l'habitait, comme il ne l'avait jamais vu. Ses mains délicates enserrèrent son visage.

« Tu pensais pouvoir me tromper ? Maintenant va et rampe, espèce de misérable vermine shaakt. »

Un flot noir s'échappa des lèvres de Daemon, qui ne la quittait pas des yeux. Entre deux hoquets incontrôlés, tandis qu'il se tordait de douleur, il hurla :

« NIIIEENNNNAAA !! »

Silmeria le toisa avec condescendance, avant de tordes ses lèvres de dégoût en l'imitant.

« Gnégnnééééaaaa... »
Modifié en dernier par Daemon le ven. 16 avr. 2021 01:12, modifié 6 fois.

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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » jeu. 15 avr. 2021 19:43

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Animé par sa rage, Kurgoth avait renversé sans la moindre difficulté les trois misérables gardes qui se trouvaient devant lui, avant de terminer sa course son crâne contre celui du traître et son poing écrasé sur la face du squelette. Mais ce dernier ne faisait déjà plus partie des préoccupations du barbare. Le chevalier n'avait en effet plus d'yeux que pour Ezak qu'il cherchait à présent à réduire en charpie, quoi qu'il lui en coûtât, puisqu'il se considérait comme déjà condamné. Il se concentra alors sur cette unique cible, faisant totalement abstraction des autres ennemis pour ne plus voir que celui qu'il ne comptait arrêter de frapper que lorsque sa tête ressemblerait à une bouillie rouge dégoulinante de cervelle et de sang parsemée d'éclats de crâne. Ignorant totalement les cris des autres mercenaires en train de s'affronter, il lance alors son poing massif vers la face de celui qu'il voulait réduire en purée.

[HRP: Brutasse reste activée parce que voilà + Acharnement bestial rang 4 + attaque simple sur Ezak]
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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » ven. 16 avr. 2021 02:39

Le jeune Shaakt n'avait pas opposé la moindre résistance, il ouvrait la voie, offrant à Silmeria son dos. La jeune femme essuyait les coulures noires persistantes sur ses joues, elle sentait sur sa peau la douce caresse du vent nocturne mais rien ne suffisait à apaiser son esprit. Tiraillé d'informations, de doutes, elle ne trouvait aucune solution et se sentait plongée malgré elle dans la honte de s'être faite rouler comme une novice. La honte, la colère, le sentiment d'impuissance, la sensation abominable d'être perdue, envoyée dans un plan dont elle ne contrôlait plus rien.

Cèles, sa Faera insistait sur un point, elle répéta : (" Ton âme tremble... ") de sa petite voix glaciale. C'était ce qu'elle avait cru être un mal de crâne à cause de la panique, mais il n'en était rien. Son esprit se rétractait, laissant la place à sa jumelle de l'ombre. Ses yeux se troublaient de larmes pures et cristallines, ses oreilles sifflaient et sa peau traversée de frissons laissait apparaître quelques gouttelettes d'une sueur froide. Passant de nombreuses fois sa main dans ses cheveux, elle craignait le malaise, elle avait peur de s'effondrer et d'être ainsi à la merci de Daemon.

(" Des traîtres. Des traîtres. Lui aussi c'est un traître ? J'aurai du le voir venir. Pourquoi il m'a été confié ? Ils devaient me surveiller même pendant l'infiltration ? C'est ça ? C'était une idée d'Ezak ? Eldros ? Ces deux là voulaient me voir ligotée, ils allaient me mettre à mort ? Ils allaient m'offrir ? Ils allaient faire quoi ? ")

Secouant la tête pour éloigner ses mèches de cheveux devant les yeux, elle avançait silencieusement, la mission était trop importante, elle savait qu'elle devrait régler ce problème après. (" Mais quand après ? Pourquoi il a voulu utiliser Nienna ? Il m'a dit que c'était un nouveau sort ? S'il avait menti ? Il a été envoyé par son maître ! Il savait que je ne me méfierai pas de lui. ")

Vient alors en son esprit l'image d'Ezak. Le Sergent de Crean, anobli par Oaxaca selon ses dires. Tout ce qui avait été suspect semblait se révéler à son esprit, trop tard, elle n'avait pas été clairvoyante, elle n'avait pas été assez vive d'esprit, elle n'avait pas été prudente. (" Il n'a pas reconnu ma plume. Un officier reconnait une plume de Xenair. Il n'a pas vu non plus mon dragon, j'ai du le mettre sous son nez. Il avait tellement de mépris pour le Garzok, mais... Et puis il m'a menacé dès le début lorsque je me suis amusée avec Azra ? Daemon aussi ! Et pourquoi Ezak n'a pas eu la même réaction quand j'ai reconnue avoir des informations qu'il n'avait pas ? Il est resté calme, indifférent ? Il avait son plan déjà établi. Et la liche, cet insupportable sac d'os putréfié vénérateur de cet oiseau de malheur, il ne m'a jamais approchée, il a affronté le Garzok mais il n'a pas tenu tête quand je torturais à bord de la Laide. Pourquoi ? Qu'est ce qu'il prépare. Qu'est ce qu'ils préparent. Et lui, Daemon... Il s'inquiétait d'avoir ma confiance et je lui ai dit sourire aux lèvres qu'il l'avait. Il me rend nerveuse, ses sourires, ses mimiques, il est malaisant, il est mauvais, il est caustique... ")
(" Et c'est un Shaakt... ") Avait grincé une voix lointaine, comme un écho dans sa tête. Silmeria eut un sursaut, elle avait eu l'impression que ces mots avaient été murmurés derrière elle mais ils avaient cette voix froide et claire, comme un verre qui se brise sur un marbre glacé, la voix de Hrist. Cette âme qu'elle avait cru évanouie mais qui revenait bien que tardivement. Silmeria ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait assisté à tout ce qu'elle avait vécu ces dernières heures, mais le lien si étroit des deux âmes n'avait rien épargné à Hrist, celle-ci frissonnait de colère envers Silmeria.

(" Heu... J'imagine que ce serait mal placé de demander si tu as bien dormi ? ")

Un frisson glacé traversait le dos de Silmeria, bien que la présence de sa jumelle ait cruellement manqué à la jeune femme, elle se sentait angoissée de la voir ainsi apparaître.
(" Alors... Comme ça l'heure est arrivée. Xenair dépêche sa tueuse pour aller cueillir le dernier souffle du roi... Et toi, toute sotte que tu es tu es là, en pleine croisière. A sympathiser, à discuter. Tu dévoiles toutes tes cartes devant ce Ezak, ce Daemon, tu es avenante, tu suis volontiers les directives qu'ils te donnent comme une espionne novice. ")

Rouge de honte, le sang tambourinait dans ses tempes. Silmeria sentait une incroyable nervosité monter en elle. Fallait-il vraiment lui répondre ?Hrist ne semblait pas vraiment à l'écoute d'éventuelles excuses, et étant probablement spectatrice déçue de ces jours passés, elle ne tolérerait aucun retour quant à son jugement.

(" J'ai lamentablement échoué... ") Dit-elle en baissant humblement la tête.
(" Sais-tu où ce jeune Shaakt te mène ? ")
(" Vu que tu es en forme, j'imagine que tu as bien dormi, en effet.") Ironisa Cèles, prise à partie dans cet échange verbal de mauvaise augure.
(" Je... ne sais pas. Il contrôle la mission. ")
(" Et bien je suis ravie de savoir qu'un jeune Shaakt, valet de nécromancien, inapte à l'espionnage puisse commander la plume noire. Il doit se sentir honoré d'avoir pareille assistance. Vraiment... Je pense que Xenair a fait une grossière erreur en te désignant. C'était moi qu'il fallait envoyer ! J'avais les ressources nécessaires ! Je n'aurai pas cédé devant les soldats pour peu qu'ils parlent un peu fort ! Je n'aurai pas montré mes talents à des sergents inconnus qui sont à peine capable de distinguer un symbole d'officier ! Je n'aurai pas sympathisé avec une de ces engeance insupportable de Shaakt ! Tu as oublié Lys ? Lila ? Nos soeurs sont mortes à cause des Shaakts, elles ont donné leur vie ! Leur putain d'existence pour toi, pour que tu restes en vie avec moi, pour que nous puissions faire quelque chose et toi... Ooooh... Toi. ")

Les larmes coulaient le long des joues de Silmeria, elles n'étaient pas noires, elles étaient claires, de véritables larmes de tristesse. Consciente d'avoir déçue Hrist qui observait en silence, elle ravala sa honte qui lui laissait un goût amer. (" Depuis combien de temps es-tu éveillée ? ") Demandait-elle sentant que la conversation lui échappait comme une vipère qui se tortillait de façon très déplaisante.
(" Depuis la prison. Te voir nous humilier ainsi était pire torture que celle que nous avions subie. ")

Dévastée, Silmeria relâcha ses épaules. Sa vue se troublait un instant pour mieux se clarifier. Ses yeux cessaient de pleurer, les sourcils fins de la jeune femme se penchaient autour d'un noeud soucieux et colérique. Elle laissa l'âme de Hrist prendre le relais, se poussant sur le côté comme pour laisser passer quelqu'un d'autre dans un couloir étroit. Hrist reprit totalement le contrôle du corps de Silmeria, les oreilles ne sifflaient plus, l'esprit était clarifié et elle avait chassé d'une main de certitude les doutes et suspicions que la jeune femme entretenait.

(" Il n'y a plus le moindre garde, tout le camp semble être animé autour de l'état major, ce ne serait pas surprenant que cette vermine nous éloigne de notre objectif, que ce soit par incompétence ou par sa volonté. N'est-il pas le triste valet de ce squelette ? Souviens-toi, ma douce, mon aimée, ma naïve petite Silmeria... Il a tiré la lame à ton encontre au premier jour et te voilà, à le suivre sagement... Un affront. J'espère que nos sœurs, où qu'elles soient ne voient pas cette infâmie. ")

Furieuse, Hrist tira les deux lames des fourreaux, la suie dont elles étaient recouvertes dissimulait leur éclat luisant et elle approcha de Daemon qui n'était qu'à quelques pas devant lui. (" Ils étaient tous prêts à prendre ta vie... Alors je vais prendre la leur. ")

Hrist frappa comme un serpent, rapide et silencieuse, la Tueuse de Mage perfora sans mal le dos du jeune homme suivie de la Vieille Rengaine, le jeune garçon bascula sa tête en arrière, ouvrant une bouche dont aucun son ne pu sortir, en état de choc, le Shaakt était mêlé entre la surprise, la douleur et une possible crainte de rencontrer le Dieu qu'il vénérait tant. L'Hinïonne lâcha ses armes et poussa sa victime en avant, il s'échoua presque silencieusement sur l'herbe. Elle prit le temps de retirer les lames, comme si elle savourait chaque centimètre de métal intrusif dans le corps tremblotant du Shaakt. Si la Tueuse de Mage ne laissa aucune trace de blessure, la Vieille Rengaine infusait déjà un poison sournois qui allait raidir son corps comme un poisson échoué, juste assez pour lui causer une gêne désagréable.

Non contente de son acte, elle retourna le jeune homme, elle voulait le voir, Hrist souhaitait le regarder droit dans les yeux, contempler la surprise qu'il n'avait pas eu lorsqu'il entendit ses compagnons crier de douleur et de terreur. Ce visage si impassible, presque jubilatoire de cette arrogante saloperie l'avait rendue ivre de colère. Elle voulait voir une émotion déformer ses traits, Hrist voulait le voir souffrir atrocement à défaut d'avoir pu feindre un doute ou une crainte au moment où son jeu d'acteur avait la plus grande importance.

(" Je me disais aussi... Tu étais là depuis quelques secondes et il n'y avait pas eu d'effusion de sang. ")

Elle décrocha sa ceinture et parvint à l'arracher à la taille du garçon étendu, elle jeta quelques mètres plus loin son sabre et les fioles inconnues qu'il portait à celle-ci. Hrist enferma ses doigts autour de la joue de Daemon créant une grimace chez le garçon, sa bouche ronde et plissée, presque anale ne se déformait pas tout de suite, il semblait subjugué et interloqué de ce changement de regard. Là où Silmeria avait des yeux doux et verts, Hrist avait des yeux fins, mesquins et une pupille dilatée comme un chat joueur.

« Tu pensais pouvoir me tromper ? Maintenant va et rampe, espèce de misérable vermine Shaakt. »

Après un long sommeil, Hrist trouva beaucoup d'émotion et de satisfaction à voir le sang couler de la bouche de sa victime pour teindre ses doigts blancs de la sève sanguine. Son corps fut traversé par des centaines de petites aiguilles tièdes et douces et elle sentait la chaleur lui revenir, comme si la colère glacée avait trouvé un peu de réconfort dans l'assaut qu'elle avait donné à ce qu'elle considérait être un ennemi mortel.

Il déploya ses lèvres et tâcha de crier le nom de sa compagne Ethérée, espérant pouvoir la récupérer. Amusée, Hrist se pencha sur lui et imita grossièrement sa supplique en resserrant davantage la pression de ses doigts avant de libérer le visage du Shaakt échoué.

(" Merci... ") Osa glisser Silmeria à sa Jumelle. Hrist ne répondit rien immédiatement, elle s'éloigna de la carcasse de sa victime en nettoyant ses lames sur le revers de sa Cape avant de les ranger soigneusement. (" Méticuleuse et froide, certaines chose ne changent pas. " ) Soufflait-elle, entre crainte et admiration.
(" Nous avons été assez moquée. Tu as entendu comme moi, il y a des traîtres. Bien que nous ayons notre petite idée, il est trop tôt pour affirmer quoique ce soit. Mais Xenair a donné un ordre... Une mission. Tu t'es entêtée à suivre une liste de cible très précise, sache que je n'aurai aucun scrupule à l'allonger. Eldros, Kurgoth, le Barde, Ezak, Azra, le Roi, la Princesse, les Généraux... Tous ceux qui oseront barrer mon chemin seront tués. Mais je suis bien contente que ce Shaakt soit à terre. Sa simple présence était une injure... ")

Hrist rebroussa chemin, elle prêtait l'oreille aux suppliques de Daemon mais celui-ci avait poussé son seul et ultime cri. (" Tu sais quoi, on peut estimer que tous les scénarios sont possibles et envisageables, mais faute d'en savoir davantage, je me refuse à prendre une décision bancale, tu as été négligente et biaisée par la ruse de nos ennemis, je te pardonne pour ça, mais laisse moi régler cette mission. Xenair a choisi notre présence pour remplir cet objectif et celui-ci nécessite un esprit bien moins malléable que le tien. ")

(" Je te trouve dure, Silmeria a quand même obtenu de bonnes informations, elle a pu interroger les prisonniers et si ce Ezak a eu des indices sur elle via sa façon de combattre, on peut en dire autant. ")
(" Et qu'est ce que ça nous apporte ? On a raté le seul détail important, pourquoi on nous poignarde en plein dos ! ")
(" Heu... C'est pas plutôt Daemon qui se demande ça ? ") Ironisa Cèles.
(" Tu as raison. ") Dit simplement Silmeria. (" J'ai omis de nombreux indices, je me suis laissée trop approcher, j'ai offert ma confiance que je croyais factice mais en vérité... J'ai complètement baissé ma garde. ")
(" Tire en des leçons. ") Dit Hrist avec un ton aussi soyeux qu'une lame de rasoir.
(" Je veux voir ça de me propres yeux. Nous sommes trahies ? Certes. Nous pensons savoir de qui il s'agit ? Bien entendu, mais l'heure n'est plus aux hypothèse, il faut des certitudes... Et des victimes. ")

L'Elfe rebroussa chemin, traversant les tentes prête à regagner la montée qui la conduirait aux tentes de commandement.

(" Je pense que Xenair a manqué d'inspiration pour sa liste de victimes... Je vais en inscrire d'autres du sang des traîtres et en finir une fois pour toute avec ces corbeaux de malheur. Aucun traître ne se tiendra au dessus de me représailles... ")

Hrist regagna les deux tentes de commandement et s'allongea sur le côté de l'une d'elle, sous le couvert de la nuit, elle caressa ses bracelets de l'ombre et laissa la sienne glisser comme un serpent noir dans la pénombre ambiante.
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Attaque furtive sur Daemon plus poison.
Eloigne sa ceinture de consommables.
Espionnage de l'ombre sur la tente de commandement centrale en passant par le combat des mercenaires.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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