Plaines de Kôchii

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Kiyoheiki
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Kiyoheiki » jeu. 7 oct. 2021 21:39

~Auparavant~

~Affrontement Final 1~



En ce modeste endroit du monde, si paisible quelques semaines plus tôt, le chaos se déchaine. Les nuages larmoyants se mettent à gronder sous une impulsion magique, des éclairs ondulant au-dessus de nous. Le combat s'annonce rude, à la limite de l'impossible. La menace d'une Déesse noire, d'un Fléau draconique de même teinte et des nécromants à ses ordres me pousse à employer sagement ma magie lumineuse en prévision de son opposante. Presque en-dessous de ma forme, une modeste silhouette parvient à créer un exploit. Un rugissement terrible émane de la Mort ailée, interrompant son action et faisant tressaillir mon être. Son regard terrible se tourne vers qui je présume être à l'origine de l'impressionnant trait de lumière parvenu à détourner son attention. Et ce cri puissant déclenche finalement les hostilités entre les deux armées. Les troupes d'argent se ruent à l'assaut, quelques aventuriers parmi elles. La Sombre Dame hurle son ordre de combat à son tour, poussant les garzoks à charger également. Toutefois, mon regard violet décèle un manque de cohésion certain. Plusieurs poches de combattants refusent de prendre part au combat, certains reculant même pour laisser les plus vindicatifs et assoiffés de sang partir en tête. Je constate l'étrangeté de la situation quand les ennemis brillants ou d'Omyre s'affrontent en laissant une zone ouverte autour de la Reine noire, des quelques généraux et des aventuriers émergeant des rangs. Autour de nous, les cris de guerre s'élèvent de nouveau, vague écho de ceux présents dans la Plaine de Kôchi quelques minutes plus tôt.

Mon attention est attirée par une forme aux multiples ailes, s'abattant épée au clair sur le Dragon Noir. L'arme brille d'une magie brillante et pure, percutant la tête immense dans un éclat aveuglant. En réponse, le Fléau referme brutalement la mâchoire sur l'entité d'argent, emprisonnant le bas de sa forme entre ses crocs. Elle se débat, brisant et arrachant des dents titanesques de son épée et sa puissance, sans parvenir à se sortir de ce terrible piège. Sa voix s'élève alors en un cri aussi désespéré que déterminé, causant un écho dans ma perle dorée. Une brume l'enveloppe, se répandant autour du Dragon noir comme un drap éthéré. Et lorsque une pincée de gouttes célestes me contraint à brièvement cligner des yeux jusque-là rivés à ce combat de légende, tous deux ont disparu. Le Dévoreur de monde, responsable d'un cataclysme impossible à qualifier par de simples mots, vient d'être évincé de cet affrontement titanesque. Une lutte entre deux êtres de légende, qui n'a duré que le temps d'une poignée de battements de cœur. Aussitôt l'impensable miracle accompli, les voix de ses suivants exhortent les présents à venger ce sacrifice en s'opposant à la Déesse de la Guerre.

Mon regard violet se tourne vers l'intérieur de ce losange imprévu, constatant que trois des Treize restant se tiennent à ses côtés. L'instant d'après, Oaxaca porte la main à son col, faisant se matérialiser deux spectres sur le champ de bataille. Deux entités dont la colère et la rage sont palpable malgré leur état brumeux, squelettique et désincarné. Deux autres des Treize, aux âmes extraites d'un pendentif. Face à ce spectacle, un cri guerrier s'élève, incitant dans un langage direct et grossier les présents à prendre la Reine noire pour cible. Cependant, quelques-uns de ses généraux se trouvent entre elle et moi. Je prends le parti de les distraire, de sorte à laisser le champ libre aux autres. Ma magie se concentre envers le seigneur Tal'Raban et une Treize proche. S'il me faut me placer à portée d'eux, je préfère qu'ils aient du mal à me prendre pour cible. Lorsque je tente de perturber leurs sens à mon endroit, mes fluides me semblent instables, et la forme que je veux leur donner s'étiole, ne parvenant pas à perturber les sens de mes adversaires choisis. Les mains du premier nécromant se dressent, mais ils prennent pour cible l'un de ses anciens compagnons trop près de sa Reine. Aucun effet notable ne semble se faire, comme si même les puissants généraux n'étaient pas aussi maîtres de leur art que prévu.

Oaxaca se fait progressivement entourer par ses adversaires. Un ricanement de sa part et elle s'élève dans les cieux, faisant flotter des ombres autour d'elle telles des étoffes ou des serpents prêts à frapper. Oppressante malgré une mauvaise situation qui ferait frémir n'importe qui. Terrifiante dans sa sombre gloire. Armes et tentatives de coups filent vers elle, sans parvenir à l'atteindre. Lorsqu'elle ripostera, je devrai être attentif. Aussi, je laisse ma lueur m'envahir, accroitre mes sens et mes réflexes. La vue de cette Déesse semblant être galvanisée par les combats et la haine dirigée vers elle m'incite à reporter mon attention sur le puissant nécromant proche. Peut-être est-ce l'origine de cet indéfectible soutien envers celle qui semble prête à tout détruire.

"Est-ce la raison de votre loyauté ? Désirant repos et liberté, mais résigné, car l'Enfant de Divin puise sa force dans l'hostilité et le conflit l'entourant, prévenant toutes vos tentatives de vous rebeller ?"

"Ma loyauté va à la Mort. Votre mort à tous, hérétiques craignant le pouvoir divin de la Reine Noire."

Autour de nous, le combat continue. Peu de succès. Des généraux pris à parti, des sorts ou des attaques échouant contre l'ennemie des vivants. Sa puissance et son aisance sont plus que certaines. Et elle manie une force noire contre laquelle je suis mal préparé. Il me faut trouver une autre solution, des informations, la moindre piste qui puisse nous aider à la vaincre. Vivement, mes yeux balaient le champ de bataille. Si ceux des anciens Treize à son service savaient comment s'y prendre, ils auraient déjà tenté quelque chose. Il me faut localiser un être à la fois maître des arts sombres pour me donner des moyens de lutte, et connaissant assez Oaxaca pour avoir idée d'une faiblesse à exploiter. Je réalise alors l'absence d'une figure rencontrée plus tôt et dont les idéaux semblaient aller dans un sens adéquat. S'il voulait aider les morts à trouver le repos et un compromis auprès du Roi kendran, peut-être sera-t-il la clé de cette inextricable situation où Oaxaca continue de croître en détermination et pouvoir.

Vivement, faisant taire ce sentiment de conduite indigne quand ma présence est nécessaire, je prends une décision radicale. Ma forme serpentine se détourne du champ de bataille, filant en direction des ruines de Nayssan. Si les autres serviteurs de la Déesse ont été appelés vers elle, nul doute que le seigneur Herle Krishok doit aussi se mouvoir, contraint et forcé. Le regard dirigé vers le sol, je cherche ma cible de longs instants, pensant un court moment à mes compagnons luttant vaillamment derrière moi. Ce n'est pas un choix de lâche, c'est la tentative d'apporter une réelle solution. J'aperçois enfin celui que je cherche et plonge, m'arrêtant au-devant de lui et survolant les lieux. L'elfe blanc encapuchonné me fait face tandis que je m'adresse à lui.

"Seigneur Herle Krishok, ce Dragon vous savait proche. Il vient vous quérir."

Son bâton orné d'un crâne se tend immédiatement dans ma direction, avertissement évident.

"Nul ne peut se vanter de me quérir sans m'en donner la raison. Qui es-tu, Dragon ?"

Sa méfiance est visible et il ne me faut qu'un bref instant pour en comprendre la raison. Je me pose et hoche lentement la tête en signe de respect. Le temps me fait défaut, mais en ces circonstances, son appui m'est indispensable. Aussi, j'emploie de précieux instants à lui répondre.

"Le Dragon d'Or d'Ynorie, seigneur Krishok. Nous nous sommes déjà rencontrés. Au cœur des ruines de Nayssan, mon apparence d'alors était plus modeste. Des paroles adressés au Prince d'antan, une promesse d'aider son peuple. Et vous, à le libérer."

Regard violet rivé dans sa direction, je lui expose le motif de ma venue.

"Entre deux armées décimées, la Reine Noire se déchaine à la fois sur ses adversaires et ceux des siens qu'elle a trahi. Ses pouvoirs dépassent l'entendement de ce Dragon. Il vous demande humblement votre assistance, car son savoir est par trop lacunaire en matière de magie sombre."

J'abaisse la tête humblement afin d'appuyer mes propos, l'entendant me répondre avec une certaine froideur.

"J'ai respecté ma parole, et voici que vous m'en demandez encore plus ? J'ignore tout de ce qui se passe là-bas. Mon seul intérêt étant de voir mon souhait exaucé. J'ai été appelé par Oaxaca. Un dernier recours en ce qui la concerne. Elle se sent en danger. Mais même acculée, ses pouvoirs restent immenses. Vous ne pouvez rien contre elle."

Mes yeux remontent vers son visage. Ma gueule s'ouvre, lui relatant les événements aussi clairement mais succinctement que possible.

"La situation est... Unique. Le Dragon Noir a décimé les deux camps sans distinction, fauchant les âmes des présents. Seule une poignée de l'ensemble des combattants a survécu. Une armée d'argent et sa dirigeante sont apparus. Celle-ci a lutté contre le Fléau et tous deux ont disparu. Plusieurs généraux ont tourné le dos à la Reine Noire, certains se tiennent à l'écart et d'autres persistent à la soutenir. Sisstar et Gadory hantent les lieux.

Ce Dragon vous sait gré de la parole respectée, mais il sait aussi que si Oaxaca triomphe, elle vous punira comme elle l'a fait envers Karsinar. Votre souhait ne sera jamais accompli, et ce pour quoi vous avez œuvré n'aboutira pas. Ou finira détourné par les autres mages noirs lui étant fidèles.
"

"Le Dragon Noir est donc vaincu... Surprenant. Et mon assistant tué. L'imbécile n'a su voir l'opportunité que vous nous offriez. Si j'apparais sur ce champ de bataille, nombreux sont ceux qui tenteront de me tuer. A commencer par les Généraux qui sont restés fidèles à Oaxaca, sinon Oaxaca elle-même. Je comptais sur la durée de mon voyage jusque là pour me faire à l'idée de trépasser, une fois que vous seriez tous morts... Mais alors, peut-être existe-t-il une issue. Oaxaca ne peut être tuée, mais elle a déjà été enfermée par le passé. C'est la seule issue possible pour que votre camp survive à sa colère. Et avec lui, tous ceux qui l'auront trahie. Dites-moi... Qu'en est-il de Tal'Raban ?"

La façon qu'il a de prononcer le nom est teintée de sentiments. Crainte, respect, curiosité peut-être. L'être mentionné doit avoir une importance certaine pour mon interlocuteur. Aussi, cette fois encore, je prends soin de lui répondre avec le plus de précision possible.

"Le seigneur Tal'Raban... Il se tient aux côtés de la Reine Noire, désignant hérétiques ceux qui craignent le pouvoir divin de celle-ci. Puissant. Déterminé. Reprenant ses termes... Sa loyauté va à la Mort..."

Les nouvelles le font grimacer, le contrariant visiblement.

"Oaxaca n'est pas la Mort ! Il se leurre s'il voit en elle l'issue à notre pratique. Nous sommes liés à elle par la Mort, mais cette vie n'est que servitude. Que ne s'en rend-il pas compte ?"

J'abaisse légèrement l'avant de mon corps, prêt à le laisser monter et le regarde de mes yeux violets.

"La décision de vous montrer sur le champ de bataille est vôtre, seigneur Krishok. Sachez que ce Dragon se tiendra entre vous et les généraux adverses si votre choix est celui de la confrontation. Dans le cas contraire, il respectera votre prudence et le temps que vous souhaitez consacrer au deuil de vous-même. Il ne vous demandera alors que vos connaissances concernant les méthodes employées jadis ou ce qu'il nous est possible de faire afin d'emprisonner la Sombre Dame."

"Je vous accompagne, Dragon d'Or. Si mes pouvoirs seront sans doute impuissants face à la Dame d'Ombre, peut-être pourrai-je ramener Tal'Raban dans notre camp. Le camp de la survie face à la déchéance."

Le nécromant se fait pensif un instant avant de poursuivre.

"Nous n'étions pas présents lorsqu'elle fut emprisonnée. C'était le travail des enfants de Gaïa, des Gardiens de Yuimen, du Seigneur Koushuu. Des héros d'un autre temps. Morts ou disparus, abandonnant ces terres pour l'Île des Dieux. Ils ne viendront pas nous aider, tout cela doit venir de vous-même."

Herle Krishok pousse un soupir. La situation le touche, le rendant bien plus complexe qu'une simple marionnette assujettie à la Dame noire. Je ferme lentement les yeux, une goutte d'eau glissant de ma crinière pour venir légèrement piquer la blessure de ma paupière. Jamais je n'ai eu à lutter contre un adversaire semblant aussi invincible. Si cela doit venir de nous, comment exactement nous y prendre ? Se battre contre des soldats mortels n'a rien à voir avec un combat sans issue contre une entité dont la nature dépasse l'entendement. Les héros de jadis auraient du laisser ce savoir derrière eux, mais comment auraient-ils pu deviner que leur prisonnière finirait par se libérer pour menacer la vie elle-même ?

Mon corps s'abaisse encore, laissant à mon passager l'opportunité de prendre place en sécurité. Une fois installé, je me redresse et lui jette un bref regard par-dessus mon épaule.

"Ce Dragon vous remercie, seigneur Krishok. Il vous mènera vers le seigneur Tal'Raban. Puissent vos paroles ou vos actes avoir l'effet que vous espérez... Tenez-vous bien."

Mes pattes me propulsent dans les airs, en direction de la zone de combat. De loin, nous apercevons la Déesse écarter les bras. Quoi qu'elle fît, cela renverse la totalité des combattants du losange, et même certains guerriers luttant aux bords de celui-ci. Lorsque je reviens aux abords de l'endroit, la main de mon passager agrippée fermement à mes crins, c'est pour voir et entendre une femme s'écrier. Elle exhorte les détenteurs de magie à manier leurs sorts pour leur donner forme et buts voulus, car porteuse de la magie d'Aliaénon décuplée en puissance. Il nous faut contraindre Oaxaca, pour la survie de tous. Ce combat n'est depuis le carnage du Fléau plus celui de plusieurs peuples, c'est celui de l'existence contre le néant. Mon Devoir n'a jamais été plus clair quant à qui est la cible à abattre. Et pendant que le ser Cromax hurle aux autres combattants d'immobiliser la forme de la Déesse, je perds en altitude, me rapprochant du nécromant Tal'Raban.

Mon long corps s'érige en barrière entre ce dernier et la Déesse sombre, permettant à mon passager de descendre en sécurité. Son arrivée est accueillie par une tirade courroucée du Premier nécromant, auquel Herle Krishok répond avec calme et tentant de convaincre son interlocuteur de cesser ce combat qui ne les concerne pas. Puis, de toutes parts, les actes se manifestent. Des coups d'arme partent, la magie gronde. Le flanc d'Oaxaca explose sous une frappe dévastatrice, son corps ne tenant que grâce à la nature divine de qui le manie. La plaie suinte un instant puis se nécrose, me faisant réfléchir à mes prochains actes. Des fluides se concrétisent en entraves pour la Sombre dame, une bulle d'eau et de sang enferme sa tête. Et puis, sol et cieux s'allient, frappant durement le corps de la Déesse par dessous et repoussant les combattants la retenant physiquement, pourfendant la cible d'un éclair par-dessus. Une volonté unique d'en finir avec la responsable de la tragédie actuellement vécue. Je concentre mon esprit sur la forme de ma magie, la visualisant comme des instruments de chirurgie, destinés à ouvrir la chair flétrie et gangrénée de la Déesse pour extraire du corps l'âme divine qui le parasite comme une tumeur.

Mais alors que ma lumière se rassemble en un lent tourbillon autour de ma perle dorée, le corps brisé d'Oaxaca est de nouveau pris pour cible. La puissance d'Aliaénon accompagne un souffle usant des différentes plaies créées pour entrer dans le réceptacle à peine vivant. Le corps roux enfle d'instant en instant puis, comme une outre trop pleine, il éclate, aspergeant de sang et de morceaux de corps ceux qui se trouvent à proximité. Et de ce tas informe, peut-être autrefois mortel, une forme monte encore et encore, jusqu'à me faire face. Décharnée, grise telle un corps depuis longuement dénué de vie, une aura sanguine en simulacre de chevelure et de drapé. Nul visage sur sa tête, mais une bouche dentée comme un terrible gouffre, lançant un cri inqualifiable d'horreur. Sa main griffue se tend et je sens une brutale douleur entre mes bois. Une peine au-delà d'une sensation physique, comme une atteinte à l'essence même de mon être. Et tandis qu'une tornade de spectres et ombres se met à encercler l'effroyable apparition, ma magie lumineuse se lance à son tour à l'assaut de l'incarnation de son opposée. La neutraliser. La contraindre. L'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

Depuis ma perle, des filaments d'or s'infiltrent dans la forme hurlante, la faisant subitement taire et se tenir la tête à son tour. Ma volonté purificatrice ne la laisse pas indemne. Au-dessus de nous, une autre forme ailée apparait, mais je suis incapable de la regarder. Toute mon attention est rivée sur le corps grisâtre et décharné. Une sensation glaciale se propage dans l'ensemble de mon corps. Menacé. Ma forme serpentine se tord dans les airs, mes fils d'or se tendant entre elle et moi. Souffle court. Halètement vif quand je me force à inspirer. Mon oeil violet ne cesse de fixer le point où un filament doré s'enfonce dans sa forme. Je vole autour d'elle, cherchant à ne plus avoir son visage tourné vers moi. Guère plus vaillant qu'un animal tenu en longe ou un cerf-volant coincé entre des rafales et les mains de qui joue avec. Retenu par des fils que j'ai moi-même tissé. Ma silhouette draconique fait une embardée à l'idée que son attention se reporte sur moi. Fuir ? Tout me crie de le faire. Tous mes muscles tressautent, prêts à appuyer ma pensée. Mais le froid qui me parcourt les crispe. Ma gestuelle maladroite. Raide. Je ne peux pas fuir. Il faut... Faire face. Bloqué. Coincé face à un prédateur terrible, mon instinct prend le dessus. Tout donner pour subsister. Survivre... C'est l'abattre.

Ma voix m'échappe, animale, à vif, laissant filer un son entre grondement incontrôlable et sifflement strident. Brutal mouvement du chef. J'aperçois ces fils d'or me reliant à elle. Ma cible se trouve à l'autre bout. Ma lumière pulse depuis ma perle, ravivant la lueur des liens dorés. Des guides pour ma magie. Frapper avant qu'elle le fasse ! Sans retenue ! Dissiper les ténèbres !


~Suite~


- Utilisation de Trait de Lumière rang 4 sur Oaxaca. (4 PM)


[XP : 4 (combat historique) + 0,5 (discussion) + 1 rune Dai]

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Silmeria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Silmeria » ven. 8 oct. 2021 02:06

Je suivais le groupe en gardant un regard mauvais sur Ezak. Il n'avait pas mordu à ma provocation et par conséquent je n'avais pas beaucoup de raison de le tuer, d'enfoncer mes lames dans son dos gras et caoutchouteux qui m'était pourtant offert. Cette misérable vermine ne perdait rien pour attendre, je trouverai une solution, je trouve toujours des solutions quand il s'agit de faire payer quelqu'un. Notre petit groupe convergeait vers Oaxaca et ses Généraux, je me sentais assez mal de ne pas avoir pu mener à bien ces négociations ou faire gagner un peu de temps à la Reine Noire, je pensais que Tal'Raban et Crean aurait tôt fait de calmer les dissidents et que le groupe que je rejoindrais serait uni de solide mais il n'en était rien. C'était plus un conglomérat d'aventuriers tantôt en guenilles tantôt en armure, tous la mine basse, tous en deuil d'avoir perdu à ce jour tant de frères d'armes, et même les Garzoks partageaient cet air. Les rangs clairsemés des guerriers de Crean et de Karsinar affichaient une mine terne et aucun ne criaient victoire.

(" Et bien... Je dois reconnaître que c'est vraiment curieux, la guerre. ")
(" En général il n'y a rien de bien curieux. Deux dirigeants jetant des milliers de vie et une fortune en ressources se cogner dessus à leur place et le premier qui extermine l'autre remporte le tout. A la fois le paradis des héros pour ramasser la gloire et le paradis des pillards pour ramasser ce qu'il reste. Et pour les corbeaux, il suffit d'attendre que ce soit terminé. Tu vois, on peut tout simplifier mine de rien. ")
(" Je ne veux plus suivre Oaxaca. ") Disais-je d'une voix sûre.

Je n'avais pas vraiment pris la peine de me poser longtemps la question. Je suis une femme sans honneur la plupart du temps. Je tue mes victimes quand elles ne s'y attendent pas, j'utilise des poisons, des stratagèmes, je mens, je me falsifie, je me déguise, je perturbe, sabote, assassine... Et me voilà devenue Régicide. Lune est morte, les soeurs restent mortes, je ne suis pas guérie et voilà que je marche vers la mort.

Mais quelque chose... Me gêne. Je tue utile, enfin c'est ce que j'aime à croire et comme toute femme j'ai mes caprices et mes lubies, mais celle-ci, tout exterminer n'était pas quelque chose que je voyais de bien. Je n'ai rien contre la mort, qu'on ne se méprenne pas le moins du monde mais... Pas celle-ci. Je voyais comme une différence entre un bon massacre comme passer un village entier au fil de l'épée et cette hécatombe divine. Je crois qu'en réalité c'est une question de peur. La Mort divine me fait peur, j'ai assez dispensé la mort de ma main de femme mortelle pour savoir que c'est quelque chose de terrible alors si elle devait être dispensée par une main Divine... je crois que je préfère m'y opposer et en mourir que de regarder ça en ricanant sur un monticule de cadavres. J'ai dit.



Je traversais donc ce champs de bataille en silence, contournant les affrontements et les guerriers bruyants et trop voyants. J'aimais les ombres après tout et quand bien même nous étions en plein jour, j'ai toujours su me montrer discrète et silencieuse. J'enjambais les corps épars tout en plongeant la Tueuse de Mage dans la gourde, ayant déjà choisi le poison qui recouvrirait sa lame mortelle. " Léona... Mon petit trésor, ma jolie fleur, je te vois... " Avais-je murmuré comme une promesse pour la Jardinière d'Oaxaca.

----------------


Sortant de la fumée provoquée par le fumigène, je pointais Tal'Raban du doigt, il me fallait faire vite, la douleur qui martelait mes tempes était de plus en plus insoutenable.

" Seigneur Tal'Raban ! J'ai toujours suivi la voie de la Mort, comme vous. J'ai tué le Roi de Kendra Kar et vous m'accordiez votre confiance ainsi que votre Gentâme ! Alors entendez-moi, maintenant, je me dois d'être sûre du Général que j'ai en face de moi. Vous vous êtes persuadé qu'Oaxaca était digne de notre respect mais vous vous êtes fourvoyés. N'importe quel serviteur le verrait et le cacherait de peur de votre colère, mais je vous ferai face si besoin comme j'ai privé Léona de sa magie pour mieux vous faire entendre raison. " Je pointais maintenant mon sabre vers Léona pour l'empêcher de m'attaquer de nouveau, bien qu'elle soit privée de sa magie, j'étais sûre qu'elle avait dans ses griffes et sa peau pierreuse assez de force pour m'arracher un membre.

" Tal'Raban, je vous ai prêté serment en l'absence de Xenair. Souvenez-vous en je vous prie, et dites moi qui vous êtes. Le plus grand des Nécromanciens ? Le Grand Tal'Raban au pouvoir légendaire ? Un homme de cette envergure ne saurait dépendre de la présence d'une Déesse puisque vos pouvoirs viennent des Dieux de la Mort en personne... " Je m'approche de quelque pas pour lui faire complètement face.

" Un tel Seigneur, je ne saurai l'affronter sereinement. Mais si vous n'êtes devenu qu'un vulgaire pilleur de tombe, un amateur de cadavres putréfiés à la solde d'une Déesse qui vous méprise... Je n'aurai aucun scrupule à vous enlever votre magie et votre vie comme châtiment pour avoir gâché un si grand potentiel. "

Inspirant profondément pour dissimuler ma crainte, j'articulais enfin :

" Êtes-vous donc le puissant Seigneur que j'ai jadis considéré et respecté ? Êtes-vous bien Tal'Raban ? "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Maâra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Maâra » ven. 8 oct. 2021 14:30

Sous les éclairs et les grondements violents de l’orage invoqué par un allié, elle lève ses yeux gris vers l’imposant Dragon éternel. Dans les mains jointes de la Sindel nécromancienne brille une vive lueur, une lumière surnaturelle qui grandit devant ses yeux médusés. Elle serre les dents face à sa propre révulsion à tant de lumière, faible prix à payer pour stopper cette folie.
Un disque de lumière se forme et lorsqu’il atteint sa taille maximale, elle le propulse vers la gueule menaçante du Dragon. La demi-seconde que dure le jet lui semble une éternité ; tant de choses peuvent l’empêcher de réussir : sa faiblesse en tout premier lieu. Mais les livres des mages qui lui ont transmis malgré eux ce don pour contrôler les runes le disaient tous, nul maître des runes n’est plus fort que le pouvoir qu’elles possèdent. Sa seule détermination peut compenser sa faiblesse.

Elle ne voit plus qu’elle, cette lumière qui, soudain, percute l’œil gauche du Dragon Noir. Bouche bée, yeux écarquillés, mains toujours en l’air, elle halète et manque de s’effondrer en réalisant que La Voix s’est arrêtée ; s’est interrompue. Elle a réussi l’impensable, un exploit inimaginable. Elle n’a aucun moyen de connaître le sort des âmes volées mais celles des survivants sont sauves ; mais pour combien de temps ?

Un exploit dont l’origine n’est pas passé inaperçu du concerné, car un terrible rugissement détonne dans la gueule du Dragon Noir, tandis qu’il se tourne vers elle, insignifiant mortel qui a osé le défier.

((Ah ben bravo, j’te félicite ! tu nous l’as énervé ! ))

Tétanisée par la haine et le désir de mort du Dragon, elle rassemble ses esprits pour lui tenir tête une dernière fois, avant de mourir. Quelques secondes à peine la séparent de la mort et, enfin, elle réalise que sa peur de la Mort ne tenait qu’au jugement de son existence. Elle lève haut le menton et darde d’arrogance l’Inéluctabilité.
Elle n’a plus conscience de rien, si ce n’est ce dernier affront fait à la création de Celui qu’elle sert, de cette digne provocation qu’elle emportera aux portes des Enfers. Elle n’entend pas les cris et le mouvement des troupes armées vers l’affrontement final, elle n’entend pas le hurlement d’Oaxaca ; ne remarque pas la désolidarisation de nombreux orques envers leur Reine désavouée.


Mais au lieu de sa Mort, c’est une présence Divine qui apparaît devant ses yeux. Brytha, épée au clair, plonge depuis les Cieux et s’abat sur le Dragon Noir de toute sa puissance. L’onde de choc de la magie brute de son attaque manque de renverser la Sindel toute proche ; mais le Dragon ne semble que partiellement blessé et contre-attaque aussitôt, avec une rapidité stupéfiante. D’un coup sec de la gueule, il parvient à attraper la Déesse ailée.
Maâra reste immobile, sidérée de voir la Déesse à moitié broyée sous les dents du Dragon le combattre encore avec férocité, usant de magie et de force pour se défaire de son emprise, lui brisant et lui ôtant plusieurs dents qui retombent lourdement aux pieds des aventuriers. Mais la bête la domine encore, malgré les coups et les explosions magiques, elle ne faiblit pas et ne semble même pas en souffrir.
Alors la Déesse venue d’un autre monde, celle pour qui Maâra ressent une intense méfiance, hurle de colère, hurle son désespoir et sa dévotion. Autour d’elle se développe une brume épaisse sans couleur, qui s’étire rapidement et les entoure tous les deux jusqu’à les cacher à la vue de tous ; tandis que la terre sous leur pied se met à vrombir.

Puis, tout cesse. La brume se dissipe sur le néant. Plus un cri, plus un bruit, plus de Dragon, plus rien. Par son sacrifice, elle venait d’offrir aux peuples libres une infime chance de sauver leur monde.

Un ordre retentit alors de la bouche d’un des meneurs de l’armée grise et tout rebascule. Oaxaca et ses rares fidèles se dressent devant les aventuriers et ses anciens lieutenants.
Après un rapide coup d’œil autour d’elle, une réticence à l’affront direct s’impose à elle, trop de monde pour tenter d’utiliser son arc, trop de doute quant à la faculté d’Oaxaca à tant maitriser l’élément de son divin père qu’elle pourrait détourner ses sortilèges contre ses inopinés alliés. Elle tente donc de ranimer les corps les plus proches de la Déesse avec les âmes des guerriers qui meurent à quelques mètres de là … elle les ressent, elle les entend ; mais rien n’y fait, elle ne parvient pas à les faire revenir. Elle ne parvient pas à comprendre, sans doute est-ce en raison de son mental encore tourmenté par le regard assassin du Dragon.
Elle n’est pas la seule, semble-t-il, à flirter avec l’échec. Oaxaca, si certaine de son imminent triomphe se permet de jouer avec eux et leur nerf. Elle ricane, menaçante et sadique, face à leur tentatives infructueuses et s’élève au dessus des plus grands, les bras écartés et maniant des vagues d’ombres autour d’elle, plus menaçante encore, prête à leur démonter l’incommensurable fossé entre eux et elle.

Voyant cela, Maâra réfléchit à une solution pour l’interrompre et la faire redescendre. Elle cherche parmi le peu de rune qui lui reste celle d’air et tente de se concentrer malgré les cris, malgré le chaos, malgré le temps, malgré son impuissance … elle peine à lutter contre l’afflux de pensées. Dans sa main, la rune s’éveille. Dans son esprit, un tourbillon nait. Et un tourbillon se créé autour du corps de la Reine d’Omyre mais le résultat n’est pas là. Trop de doutes, Maâra le sent, pour parvenir à dompter tant d’instabilité.
Malgré tout, la Reine noire est attirée par une force inconnue vers la terre ferme ; mais les ombres sont toujours là, fluctuantes et menaçante. Elle les libère brusquement et aussitôt, les terres ravagées sont inondées par une vague de spectres d’orques, d’humains et de soldats de Brytha, tous plus terrifiants les uns que les autres, leur colère et leur rage amplifiées par la puissance d’Oaxaca.

Maâra, comme maudite et incapable de manier sa magie, observe la détermination des survivants dans ce chaos indescriptible. Jamais ils ne lâcheront le combat. De plus en plus en proie au doute quant à sa magie, elle s’en prend verbalement à Oaxaca, tant pour se motiver elle-même de ses dires que pour s’en convaincre.

« Ouvrez les yeux fille de Thimoros ! Sans le Dragon Noir, vous ne l’emporterez jamais. Ce monde n’est plus à votre portée. Les peuples libres, et les Garzoks que vous avez tant trahis, vous traqueront et vous vaincront. Yuimen ne vous appartiendra jamais. Votre place est sur Nyr’tel, avec les vôtres.
- Jamais vous ne pourrez m’exclure, répond Oaxaca pleine d’une colère discordante en écartant les bras. Dussé-je tous vous tuer un par un, je serai Reine ici, Déesse vivante régnant sur le Monde, exécutant mes opposants et élevant mes fidèles.»

Et afin de prouver à tous que nulles menaces infondées ne sont proférées ici, elle démontre à tous la réelle puissance d’une Déesse. Sans le moindre effort ou concentration de sa part, une vague invisible et brutale renverse littéralement tout le monde sur plusieurs mètres. Par chance, Maâra ne se blesse pas pendant la chute, mais lorsqu’elle se redresse, une vive douleur lui vrille l’intérieur de la tête, mettant à mal sa tentative pour se relever.
Au dessus d’eux, les dominant par sa posture, sa présence, son existence même et sa toute puissance, Oaxaca psalmodie, leur promettant milles supplices.


A cet instant, une barrière d’ombre sépare le groupe des aventuriers du reste du champ de bataille. Une voix vibrante et assurée tonne. Autoritaire, elle ordonne aux mages d’oublier leurs sorts et de donner une forme et un but à nos magies, qu’elle est capable de décuplée grâce à sa propre magie.
Une femme se trouve à l’opposé de Maâra, debout, inflexible, terrible à sa manière. Peu portée sur la confiance, Maâra hésite d’autant plus qu’elle peine encore à se convaincre que la Déesse ne détournera pas sa magie, tel un apôtre de l’obscurité. Mais la douleur, la sensation que quelque chose de pire s’annonce pour son salut la persuade d’agir car c’est peut être là leur dernière réelle chance de faire basculer le terme de cette promesse d’apocalypse.
Les mages se conforment tous aux nouvelles règles et soudain, les magies se déchainent. C’est un véritable torrent chaotique qui s’abat sur Oaxaca. La terre se soulève et s’élève, la lumière et l’ombre se mêlent aux éclairs … leurs pâles magies impuissantes deviennent dévastatrices, le corps d’Oaxaca est percé, découpé, agité et dépecé par leurs puissances décuplées.
Et alors que la terre se referme sur elle, que la lumière et l’ombre déchirent son corps, le vent s’y infiltre et la broie de l’intérieur, détruisant la moindre parcelle de ce réceptacle de chair et d’os.
Car simple réceptacle était ce corps. La véritable Oaxaca apparaît des restes noircis de son cocon charnel. Décharnée, mutilée, horrifique, presque intangible, elle se dresse déjà devant eux. Terrifiant, son visage n’est plus qu’une énorme mâchoire semblable à un vortex denté insatiable.

Maâra se tord de douleur, les mains sur les oreilles pour échapper au cri sanglant. Ce qu’elle lui fait n’a pas de nom, elle ne parvient pas à dompter la douleur, à l’apprivoiser ; cette douleur est indescriptible, décuplée par une terreur envahissante, vicieuse et fatale. Elle le ressent au plus profond d’elle bien que tout son être tente de le refouler. Elle a peur pour son âme à nouveau et cette fois, la Déesse a déjà la main mise sur Elle.
Maâra lutte contre cette image de toutes ses forces, de toute son âme ; elle refuse d’abandonner. Peu lui importe qu’elle meure aujourd’hui, mais pas comme ça.

Mais tout n’est pas fini. Des magies sont encore à l’œuvre et dans le ciel, une vision fait chanceler la Sindel. Brytha est réapparu, impossible ! Elle ne peut avoir vaincu le Dragon et revenir ainsi, triomphante et auréolée de puissance. Impossible !! Ses propre paroles lui reviennent en mémoire : elle ne doit pas vaincre, elle ne doit pas gagner en puissance !

A genoux dans le sang, la boue et les humeurs, elle regarde la rune dans sa main. Sa dernière chance, car elle ne peut faire confiance à sa magie. Mais cette fois, elle ne doutera pas.

((Entendez mon Appel, Créateur et Dieux de Yuimen, regardez ce qui se passe, voyez là la somme de toutes les erreurs commises. Elle n’est et ne sera JAMAIS reine ici. JAMAIS elle ne dominera ce monde, elle n’est adulée que de marionnettes et d’esclaves … nous ne sommes ni l’un ni l’autre. Nous sommes libres !
Elle n’est responsable que de ses actes, pas de son existence ! Réparez vos erreurs en l’invitant à vous rejoindre ou pleurez de voir ce monde disparaître pour la détruire. Dussions-nous être maudit pour cela, elle mourra aujourd’hui !!))


Un fragment du pouvoir du grand livre du destin se trouve dans sa main, un symbole dangereux qu’elle s’était un jour promis de ne pas utiliser, espérant se prémunir de faire la même erreur que ceux qui lui avaient transmis ce don sans le vouloir, ni le savoir.
L’heure n’est plus à la précaution. L’heure n’est plus … ils sont aux portes du néant. La victoire ou la Mort, c’est tout ce qui lui reste. Blotti dans son esprit torturé, son Faera pleure.


Les bras levés vers Oaxaca, elle presse la rune entre ses deux mains.

« ARI OAXACA LA DIVINE ! Tout jusqu’à son âme s’il le faut ! »



((utilisation de la rune détruire sur Oaxaca))


[XP : 4 (combat historique) + 1 rune Ni]
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » ven. 8 oct. 2021 15:34

La violence de la bataille reprend. Le cri de la charge. Le fracas du combat. Le rugissement du dragon. Le sacrifice d’une Déesse. La magie d’une autre. Je joins ma magie au reste de l’affrontement chaotique qui se prépare entre les deux armées. Entre l’apparition de fantômes aux silhouettes reconnaissables, à l’orage menaçant qui recouvre le ciel, aux charges téméraires des aventuriers. Ezak est l’un d’eux, filant comme une rafale de vent, porté par ma magie. Une magie que je m’octroie également pour me donner le plus de chance possible de vaincre tandis que je sens une magie protectrice de lumière m’entourer.

J’entends Ezak me demander un portail pour le mener à Oaxaca. J’ai foi en lui, il a une idée derrière la tête. Mais alors que je m’apprête à lui apporter ce qu’il souhaite une tête immense de dragon surgit du sol, prête à nous pulvériser. Mon souffle se coupe, mes muscles se tendent et ma magie me fait défaut. Je reprends mes esprits grâce à Faëlis derrière moi qui m’apprend qu’il s’agit d’une vision. En effet la gueule béante et mortelle disparaît en un instant. Je suis alors projeté au sol, heureusement sans être blessé et alors que je me redresse je reconnais une voix que je ne pensais pas réentendre un jour. De même qu’un étrange lien que je ressens avec ma magie, comme si j’étais sur Aliaénon. Je la sens bouillonnante, en attente, réagissant à mon moindre ordre conscient ou inconscient. Je sens mon âme subir une blessure mais celle-ci est vite écrasé par une présence qui ne s’était plus montré si vive depuis les Landes
Noires. Finarfin est là. Je sens son attention focalisée sur Simaya qui a également fait son apparition et qui d’une voix forte confirme ce que je ressentais, elle apporte avec elle la magie d’Aliaénon. Je libère ma magie qui jaillit de mes mains pour partir comme des projectiles de baliste vers une Déesse qui encaisse déjà plusieurs sorts l’ayant propulsée dans les airs et électrocutée. Elle retombe quand ma magie l’atteint, pénétrant ses narines, ses oreilles, ses plaies pour la détruire de l’intérieur et la faire littéralement exploser. La puissance de la magie d’Aliaénon.

Mais ce n’est pas terminé, du cadavre en morceaux s’élève une forme immonde et famélique au visage muni d’une gueule ronde garnies de petites dents. Elle pousse un cri d’horreur qui me fige de terreur alors que je sens mon esprit subir une nouvelle attaque et que j’aperçois du coin de l’oeil Sim’ qui s’effondre. J’entends la voix de Fin’ qui secoue mes entrailles. Hurlant de douleur et me suppliant de la sauver. Il me donne la force de vaincre ma peur pour agir. J’arme mon bras droit, prêt à se dresser en avant alors que les couleurs de mon tatouage se mettent à luire sous mon armure. De mon bras gauche je laisse échapper une dose de magie qui forme un portail devant moi. J’y enfonce mon bras droit avec force et rapidité pour atteindre la gueule immonde d’Oaxaca. Pour y enfoncer mon membre jusqu’à la glotte et saisir ce qui peut l’être. Bientôt elle subira le souffle de mon dragon.

(( Génère un portail face à la bouche d’Oaxaca pour enfoncer son bras à l’intérieur de la Déesse et saisir ce qu’il peut.))

(Capa active : Equilibriste. Retour de fluide. Plastron du Karathren. Chant de Leyna +5 au jet de touche. Furie +15 au jet de touche ( 3 tours.) Inspiration d’Heartless ( +7 au jet de touche). Immunité à l’ombre ( 1 tour.). Bonus d'initiative via la furie.
Pm : 8/15

Port d’un bouclier (- 10 au jet de touche adverse). Orage terrifiant ( -15 au jet de touche adverse). Furie ( - 15 au jet de touche adverse. 3 tours).
Enchantements : -6 aux dégâts d’ombre. -2 aux dégâts de feu. -2 aux dégâts de foudre.)


[XP: 4 (bataille historique)]
Modifié en dernier par Xël le ven. 8 oct. 2021 16:53, modifié 1 fois.

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Relonor
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Relonor » ven. 8 oct. 2021 16:02

C’est sous l’apparition soudaine d’un orage malveillant que la charge est donnée. Unis comme un seul homme et par une formation et un synchronisme parfait, les soldats d’argents s’avancent vers leurs ennemis, arme en main. En face, les orques de la déesse noire déferlent comme une énorme vague impitoyable. Se bousculant entre eux, piétinant ceux qui ont le malheur de tomber, le chaos règne dans les rangs avec un seul objectif, tout détruire au nom d’Oaxaca. Deux styles de combats sont visibles. D’une part la stratégie militaire, le déplacement orchestré pour maximiser l’efficacité des troupes, et de l’autre la brutalité à l’état pure, capable de briser les formations d’un simple coup de bras.

Centré sur la sombre déesse un vide se crée, ne laissant qu’un nombre limité de protagonistes. Parmi eux, c’est l’intervention de la déesse d’argent qui fait sensation. Elle se rue sur le dragon à une telle vitesse, que l’éclat de son épée laisse une traînée lumineuse, disparaissant en entrant au contact de la tête du dragon. Gorgée d’une magie démentielle capable d’ôter la vie de toute être présent, mais c’est à peine si ce monstre se soucis de la blessure. D’un claquement de sa gueule, il gobe la déesse comme un vulgaire insecte trop gênant. Cependant, aussi puissant qu’il puisse être, l’insecte n’en est pas moins un être divin. A l’intérieur de sa gueule, une succession d’explosions surgissent au travers de la dentition de la bête. Des dents se font emporter au loin, propulsées par la puissance divine de l’être emprisonné, qui ne parvient pas à se défaire de son geôlier.

Puis un cri retentit. Puissant de détermination, touchant tous les individus autours par son mélange de désespoir et de colère. De la gueule du dragon, une épaisse fumée s’en échappe, accentuée par la forte respiration de la bête ailée. Après avoir enveloppé la déesse, c’est le dragon qui est ensevelit de tout son être, revêtant un épais manteau de nuage. La terre se met à trembler, comme si la planète entière était prise de spasmes, annonçant la fin de ce monde. Puis tout s’arrête. Comme s’ils n’étaient plus, dragon et déesse n’avaient plus une seule marque de leurs présences. Seule une goutte d’argent tombe des cieux jusqu’au sol, comme une ultime larme de son sacrifice. Un sacrifice qui ne restera pas vain, car l’un de ses généraux pousse tous les êtres à se jeter sur la reine noire.

Autour d’Oaxaca, ses généraux les plus fidèles se dressent face à leurs agresseurs. Mais ce n’est pas tout. Ouvrant un bijou à son cou, deux esprits s’en extraient pour rejoindre le bouclier protecteur et prennent un aspect fantomatique. L’identité de ses êtres pour qui ne les connaît pas n’est pas chose aisée, cependant, la puissance qui émane d’eux permet d’entrevoir des individus particulièrement puissants de leurs vivants.

En face, l’ancien amiral de la déesse où se trouve l’elfe noir, hurla sa colère.

"A MORT ! BUTEZ-MOI CETTE REINE DES CONNASSES !"

Il charge, alors que son comparse reste là où il se trouve, imité par le général des nains et les siens, de l’autre côté du champ de bataille. Bien d’autres encore rejoignent l’effort face à la terrible menace qu’est Oaxaca, alors que la déesse est protégée par ses plus grands fidèles, ainsi qu’un garzock non loin de Relonor. La scène à de quoi surprendre, cependant l’elfe noir est obnubilé par un tourment intérieur. Depuis son échange avec la générale hinïonne, ses pensées ne cessent de le hanter.

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

Provoquant une contrariété dans les premiers instants, elles se sont lentement insinuées dans la tête du shaakt, gangrenant son esprit et accentuant sa colère. Haïssant tous les êtres qui ont le malheur de montrer une supériorité face à l’enchanteur, ce qui représente ici la quasi-totalité des êtres présents, ce sentiment corrompt ses pensées et lui donne une impression de faiblesse flagrante. Ici, il n’y a que des êtres qui se croient supérieur à une déesse et donc à Relonor également. C’est déjà trop pour le shaakt qui ne voit pas deux camps s’opposer, mais un amas considérable d’individus à éliminer. Ainsi, plus personne ne le méprisera. Pourtant, son esprit vacille complètement lorsqu’une elfe bleue vient chanter au plus près de ses oreilles. Un ultime affront qui donne qui offre au shaakt une cible, ou plutôt plusieurs, avec les compagnons de cette créature des mers à la voix si irritante. Regroupé devant lui, un groupe de trois agit contre la déesse à la chevelure de feu.

"Baalsameth, renforce ta magie !" Ordonne l’elfe noir qui serre la poigne de son épée, bien décidé à éliminer ces misérables individus.

Tandis qu’un chaos générale prend place sur la scène, à base de magie et d’aptitudes physiques aussi diverses que variés, ciblant Oaxaca semble immunisée aux attaques physiques. Les trois êtres devant Relonor continuent d’être aussi pénibles, à l’image de l’éarionne qui ne cesse d’être un danger pour les tympans du shaakt.

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

(Vous avez raison. Nul ne vous acceptera plus.)

Tel un vers qui s’enfonce dans les entrailles de la terre, cette maudite phrase prononcée par la générale hinïonne rend fou Relonor, les mains sur la tête à s’en griffer le visage, qui ne voit plus qu’un unique visage sur les êtres qui l’entourent. Tous portent les traits de l’elfe blanche, ainsi que son mépris des shaakts. Une hinïonne qui braille, une autre mi-elfe, mi-arbuste et une troisième avec un cache oeil. Alors que l’une des trois mêmes hinïonnes chante à la gloire de Moura, Relonor laisse finalement sa colère s’exprimer. Comme un animal sauvage qui n’a que trop longtemps été restreint, sa libération est explosif. D’abord un simple murmure lorsqu’il parle, sa voix devient plus forte jusqu’à hurler, en désirant se faire entendre jusqu’aux confins de Yuimen.

"Si personne ne m'accepteras, je ferais en sorte qu'il en soit de même pour tous ! Baalsameth, attaques les tous et toi, ferme ta putain de grande gueule de poiscaille !"

Joignant le geste à la parole, il vise le bras nu de la chanteuse. S’il ne parvient pas à l’atteindre, ce n’est pas le cas de son invocation qui touche la générale en peau de bois et noircit son buste.

La générale peau de bois n’apprécie visiblement pas la vengeance de l’elfe noir. Elle aurait pourtant dû s’y attendre après l’échange de coups, avant que toutes les âmes ne disparaissent. Ca et cette proposition de mettre fin à la vie de Relonor. Pourtant, ces trois différentes elfes blanches semblent surprises. Pendant que n’a-qu’un-œil use de son arbalète pour viser le shaakt, peau-de-bois gesticule pour vraisemblablement user de sa magie. Alors que son échec face à la beuglante fait grincer les dents du shaakt, pire encore que la mort elle-même, la générale avec le teint d’une noyée ne cesse de chanter en évoquant l’elfe noir.

"Et voilà qu'il dévoila son visage maudit !
Le fourbe mille fois honni !
Se qualifiant de banni,
Lui qui aurait pu rejoindre la confrérie,
Allait connaître de Moura la furie !"


Dans son flot incessant de rimes horripilantes, Relonor ne compte cependant pas se laisser faire.

"Baalsameth, empêche-les de m'atteindre et toi, ferme ta putain de grande gueule d'huître !"

Hurlant pour cesser cette atrocité vocale, c’est tout son être qui se voue à l’extinction de la beuglante. Sa frappe touche enfin sa cible et fait gicler le sang. Mais ces trois garces n’en sont pas devenues générales pour rien. N’a-qu’un-œil touche, non pas l’enchanteur, mais son invocation qui disparaît subitement en recevant le coup. La beuglante génère un puissant jet d’eau qui repousse l’elfe noir en laissant une blessure assez grave au torse en guise de souvenir. Au sol, il ne remarque pas le léger amas de boue de peau-de-bois, l’intervention d’Oaxaca prend le pas sur le reste.

"Jamais vous ne pourrez m’exclure ! Dussé-je tous vous tuer un par un, je serai Reine ici, Déesse vivante régnant sur le Monde, exécutant mes opposants et élevant mes fidèles. Ce petit jeu a assez duré, voyez maintenant le pouvoir d’une déesse !"

Ecartant les bras, elle provoque un souffle magique qui renverse tous les êtres présents. Atteignant jusqu’aux troupes qui nous entourent, cette démonstration magique est assez puissante pour faire déstabiliser Relonor, alors qu’il se trouve déjà au sol. Après ce choc, ses idées sont légèrement remisent en place. Les traits de visage de l’hinïonne s’effacent, déchirant l’illusion dans laquelle l’elfe noire s’est enfoncé. Chaque individu au sol se relève et de sa position éloignée, le shaakt perçoit que le mal qui l’atteint, est partagé par tous. Comme un début de maux de tête, l’enchanteur perçoit que cette blessure est engendrée par la déesse noire et perpétuant son incantation, elle s’accentuera avec le temps, engendrant une mort certaine à ceux qui y ont été touchés.

"Mages, oubliez vos sorts, donnez à votre magie la forme et les buts que vous lui souhaitez ! Je porte avec moi la magie d’Aliaénon, décuplée en puissance. Contraignez cette déesse sombre, pour la survie de tous !" Déclare une femme inconnue non loin de l’elfe noir.

A ces mots, une importante bulle noire se répand sur le champ de bataille entourant Oaxaca. Des mots qui laissent entrevoir des possibilités uniques pour les manieurs de magie et une chance pour le shaakt de semer la mort comme jamais auparavant.

"Laisse tomber ! Tu creuses ta propre tombe, tête de nœud ! Tu comprends pas ce qu'Oaxaca est en train de faire ?! Mytha, Leyna, on part chasser la baleine ! Et toi l'cinglé, dirige ta folie vers ceux qui te veulent vraiment du mal !" Hurle un homme possédant un cache-œil.

Ses camarades se désintéressant du shaakt, Relonor a donc tout le loisir de porter son intérêt, là où elle est nécessaire : Oaxaca.

(Ainsi, nos aptitudes magiques nous offrent un tout nouveau champ d’action. Il est certain que bon nombre de ces mages vont s’en servir contre Oaxaca, immunisée contre les attaques physiques. Qu’importe si j’étais dans une illusion, les mots de la générale ne portent en eux que la vérité. Nul part je n’aurais de lieu où je serai en sécurité si je trahis le clamp Omyrien. En revanche, si je parviens à participer à la mort de tous ces résidus de pseudo-guerrier vaillant, au moins je resterai dans l’histoire, effrayant chaque être vivant de la simple évocation de mon nom !)

Parmi les guerriers de mêlées, certains parviennent à l’atteindre gravement, en arrachant une partie de son être dans une explosion sanglante de chair. Nul ne pourrait survivre à un tel choc. Or, Oaxaca est une déesse et de surcroît, accompagné par des fidèles qui ne craignent pas la mort, à l’image de Relonor. Brandissant sa main portant le bouclier en l’air, il dirige son épée en direction de la déesse noire pour lui servir de ligne de visée. Canalisant sa magie, il suit à la lettre les consignes de la mage de l’ouest. Usant du maximum de ses fluides possible, il ordonne à sa magie de dérober la vitalité des êtres présents et guide ce flot de puissance dans la direction de son épée, pour accroître la puissance et la résistance magique d’Oaxaca. Cependant, loin d’obtenir son objectif, il parvient cependant en usant de ses fluides, à refermer les plaies d’Oaxaca qui jouit désormais de chair nécrosée.

Il n’est pas le seul à tenter d’user de ses nouveaux pouvoirs magiques et ceux qui en sont démunie cherche à s’accrocher à la déesse pour l’immobiliser. Un enchaînement de magie spectaculaire se génère à la fois dans lequel chacun y va de son intervention, influencé par la simple puissance de sa créativité. Un fouet à la lumière solaire vient attraper la déesse, une main sort du sol pour l’attraper sa cheville, des lianes poussent et arrachent ses vêtements, allant jusqu’à dévoiler sa poitrine et un étrange collier à son cou. Les pouvoirs des mages continuent à l’image de la sphère d’eau et de sang pour asphyxier la déesse, qui se voit brise dans un étau entre un sort terrestre et un du ciel. Le choc est violent, repousse tous ceux qui avaient tenté de l’arrêter et éclatant la bulle d’eau. Le déchaînement de magie atteint finalement son paroxysme, lorsqu’un amas d’air vient s’engouffrer en elle, gonflant son corps jusqu’à dépasser les limites possibles de son corps, en une explosion finale de chair et d’os.

Sauf que la déesse n’en serait pas une si cela suffisait pour trépasser. Touchée su durement par la magie, ce qui reste de son être ne permet plus de déterminer s’il s’agit d’une femme, d’un homme, ou même d’un être humain. Seule une silhouette humanoïde dans un restant de vêtement rouge, une tête avec rien de plus qu’un trou renfermé sur lui-même, telle était l’apparence actuelle d’Oaxaca, qui de son simple aspect, parvient à effrayer le shaakt et certainement tous les autres intervenants. Pas une frayeur qui naît lorsque quelqu’un nous surprend non, il s’agit-là d’une peur viscérale qui s’enfonce au plus profond de l’être, faisant frémir l’âme elle-même. Comme si l’essence même de la vie, ancrée en chacun des êtes vivants, venait pour la première fois de se rendre compte de la présence d’un prédateur naturel. Toujours présente, la magie d’Oaxaca atteignant les êtres s’aggrave de nouveau. Cependant, des individus, ou plutôt des créatures, n’avait pas encore usé de sa magie. Une liche, qu’on aurait pensée du côté de la déesse, appelle diverses créatures intangibles des ombres et les envoie tournoyer autour de la déesse, comme une tornade née du sol et désirant dévorer sa proie. Puis c’est au tour d’un dragon longiligne d’user de sa magie pour agresser celle que tant d’êtres cherchent à terrasser. Propulsant sa magie dans le corps de la déesse, celle-ci s’arrête de crier, préférant porter ses mains à la tête.

Pourtant, malgré tout ce déferlement magique, Oaxaca tient bon. Elle démontre par sa seule présence qu’aucun mortel n’a le pouvoir de mettre fin à son existence. Tandis que la bulle magique disparaît, privant ses adversaires d’un avantage conséquent, Brytha revient. Apportant avec elle un éclat brillant, celle qui laisse entendre avoir triomphé du terrible dragon, regarde sa consœur divine et son état lamentable face aux mortels.

(Non ! Cela ne peut s’achever ainsi ! Il ne manque rien pour tuer toutes ces misérables crevures. Il faut gagner du temps, juste un peu plus de temps.)

Dans le désir de faire croire à une faiblesse tant physique que mentale, Relonor se prépare à générer un obus magique pour au pire, gagner un peu de temps, au mieux, anéantir ses ennemis.

(Que fais-je ? Je n’aurais peut-être pas le temps de lancer mon sort ! Non, il y a bien mieux à faire !)

Arborant son sourire le plus carnassier, il tend son bras armé vers la déesse noire et manipule ses fluides aériens pour accroître la rapidité de la souveraine de l’effroi.
Furie zéphyrienne sur Oaxaca Rang 2 : 2 tours, +10/-5 aux jets de touche.
le lanceur accélère les mouvements de la cible du sort grâce à une poussée venteuse de sorte qu’il frappe en premier quoiqu’il advienne, augmentant aussi ses chances de toucher et d’esquiver.
PM : air 6/8 - ombre 4/4
Ecu moyen (-10 aux jets de touches adverses)

[XP : 4 (combat historique)]

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Jorus Kayne
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Jorus Kayne » ven. 8 oct. 2021 16:09

Finalement, les maigres discussions prennent fin. Les uns chargeant vers les autres, la magie de protection des mages les prépare à un affrontement violent et parmi eux, quelqu’un lance un rayon dans l’œil du dragon, qui se tait l’espace d’un instant, nous offrant un avant-goût de la terreur que son simple grondement de colère peut offrir. Les premiers coups venant d’être lancés, ils annoncent le début de l’ultime combat contre le dragon noir et sa sombre maîtresse. Un affrontement qui déterminera l’avenir de nos vies, ainsi que le sort de tout le Nirtim, pour ne pas dire de Yuimen tout entier, si Oaxaca parvient à sortir vainqueur de cet affrontement. Mais comment gagner ? Comment vaincre une déesse et son terrible dragon, lorsque nous n’avons avec nous, qu’une divinité aux objectifs secrets et son armée de soldats d’argents ? La solution réside-t-elle en nous ? Des soldats, mercenaires, aventuriers, pirates, saltimbanques qui a le malheur d’être au mauvais endroit au mauvais moment, ou peut-être est-ce là la simple définition d’un héros ? Quelqu’un qui se trouve en un endroit précis, à un moment donné et qui risque sa vie pour s’opposer au mal ?

"A l’assaut ! Pas de pitié !" Hurle la sombre déesse à ses troupes.

Pourtant, dans le camp Omyrien, nombreux sont ceux qui refusent de se soumettre, à l’image de ses propres généraux, trahissant la volonté de leur maîtresse, mais également des chefs garzocks qui refusent de se lancer dans la bataille. Les troupes qui acceptent finalement de se battre, affrontent les forces de Brytha, qui ont l’avantage de ne pas être affaiblis par des heures de combats. Qu’importe, c’est dans un espace autour des nombreux mercenaires, aventuriers et déesses que va se jouer la victoire d’aujourd’hui. Et celle dont le général ne m’inspire guère confiance par ses propos, va me surprendre, en s’attaquant sans hésiter à l’immense dragon. Sa lame, luisante d’un concentré de magie, vient transpercer la bête seule à être en mesure de recevoir un coup pareil, sans trépasser. Grondant de tout son être, il ne compte pas laisser son adversaire sans rien faire. D’un geste d’une vivacité surprenante pour une créature de son gabarit, il claque sa gueule d’un coup sec sur le corps de son ennemi divine, comme on le ferait pour un insecte un peu trop téméraire, écrasé entre deux grosses paluches. Prisonnière encore vivante, elle se débat face à son geôlier à l’aide de puissantes explosions de magie. Hormis quelques dents, le dragon ne cède pas sous la pression de l’être divin, dont personne n’envie le sort funeste. Pourtant, loin de se laisser faire, Brytha use de sa magie, dans un cri équilibré entre le désespoir et détermination, colère et ferveur. Une épaisse brume se répand, enveloppant l’énorme créature ailée. Cette expansion magique est accompagnée d’un tremblement de terre qui semble atteindre tout le continent tant il est puissant.

Comme si la déesse de l’équilibre voulait un juste-milieu avec magie visuellement spectaculaire, sans trop impacter sur l’environnement, tout s’arrête. Le sol redevient aussi solide et fixe qu’avant et la brume se dissipe lentement, ne laissant de la présence du dragon que d’importantes empruntes de son corps.

"Sus à la Reine Noire ! Mort à Oaxaca, pour le sacrifice de Brytha !" Hurle mon précédent interlocuteur de l’armée d’argent.

Ainsi, Brytha s’est sacrifiée pour le bien des peuples. Moi qui craignais le coût de leurs agissements contre Oaxaca, comme l’a mentionné celui qui mène désormais les troupes d’argents, je vois. Je vois désormais ce qui nous reste à faire si l’on souhaite renverser notre ennemi. Tous les êtres se lancent à l’assaut d’Oaxaca, dans l’espoir que nous parviendrons à mettre fin à ses plans diaboliques. Je ne suis pourtant pas aussi habile que mes camarades. Les récents combats m’ont démontré qu’il me reste un chemin important à parcourir avant de représenter un danger. Cependant, j’ai d’autres armes à ma disposition. Grâce à l’arbalète de Xenair, je suis en mesure de tirer des carreaux d’arbalètes, idéals ne serait-ce que pour mettre une pression supplémentaire à nos adversaires.

Pendant que je m’équipe de mon arme, Oaxaca ouvre son pendentif et laisse échapper deux âmes. Si elles n’ont plus rien d’humain, il n’est pas difficile de reconnaître l’effroi qu’au moins un des deux à fait naître de son vivant. Gadory qui s’était vu rejoindre les morts, qu’il utilisait selon son humeur, revient survoler le sol marécageux. Il est certain que l’autre spectre doit être un des lieutenants, précédemment trépassé.

"A MORT ! BUTEZ-MOI CETTE REINE DES CONNASSES !" Hurle un homme sous un tas d’armure à l’ouest.

Guidé par un chant entrainant et le spectre de Gadory étant déjà occupé, j’use de mon arbalète pour viser l’autre être fantomatique et lui opposer une gêne. Je fais malheureusement un excès de zèle et mon carreau atteint par mégarde, le mollet du meneur des guerriers d’argent, qui arrête sa course pour me regarder. Sans mot ni mouvement, il me scrute, se demandant probablement si je ne serais pas un agent d’Oaxaca.

(Non désolé, Jorus est juste pas doué !)

(Ha ça va hein ! Et pis c’est de sa faute à lui aussi !)

"Mais qu’elle idée de se mettre devant aussi !" Fais-je pour justifier mon terrible échec.

Malheureusement pour moi, ma cible première n’a pas manqué mon intention et c’est en me regardant qu’elle use de sa magie. Mes sens s’affaiblissent. Ma vue se trouble et je ne perçois à l’oreille, qu’un écho du combat qui a lieu tout autour de moi. Juste avant que cela n’arrive, j’ai vu Sibelle aux prises avec le spectre de Gadory. Dans mon état actuel, mieux vaut éviter de tirer à nouveau.

(Sachant ce dont tu es capable avec la pleine possession de tes moyens, c’est judicieux !)

C’est effectivement la meilleure chose à entreprendre. Autour de moi, mon environnement n’est pas d’une grande netteté. C’est à peine si j’arrive à discerner les individus lorsqu’ils se battent les uns sur les autres, alors tirer dans le tas… Pourtant, il y a bien une chose qui me paraît claire, même avec ma vue amoindrie. La tête du dragon noir s’extirpe du sol. Il est si près et si énorme que je n’ai aucune peine à cerner les détails de son être. Même le grondement de sa gueule son perceptible à travers de l’écho. Pire même, il donne à son grognement un effet plus terrible encore. Aucune chance que je puisse me tromper avec une autre créature. C’est bel et bien le dragon noir qui refait surface après avoir disparu sous le brouillard. Ainsi, même Brytha a échoué dans son combat face à son adversaire et son sacrifice rendu vain.

(Qu’est-il envisageable de réaliser lorsque le prédateur même de l’espoir est devant nous ? Que pouvons-nous faire devant un tel adversaire ? Que puis-je faire moi ?)

Pourtant, aussi terrible qu’il soit, la présence du dragon disparaît lorsque la voix de Faëlis me parvient. Il n’est tout simplement plus, comme s’il n’avait jamais réapparu. Bien que la terreur était tout ce qu’il y a de plus réelle, tout cela n’était qu’en fin de compte, qu’une simple illusion magique.

(Comment une telle chose peut-elle être que le simple fruit d’une magie illusoire ?)

(La magie prend bien des formes Jorus, entre les mains d’un mage compétent, elle peut être terriblement dangereuse.)

Pourtant, l’effroi n’est jamais très loin. Des ombres, des spectres et de nombreuses apparitions d’outre-tombe nous entourent. Quoi de mieux après avoir eu la présence illusoire du dragon noir, que d’affronter une déesse, entourée de nombreux êtres issus du royaume des morts. Autour de moi, nombreux sont ceux qui continuent de lutter contre la déesse noire. Bien que ma vue ne soit pas excellente, j’arrive à percevoir que l’armure d’Oaxaca semble souffrir de quelques désagréments, notamment lorsque le chef des troupes d’argents la pulvérise de sa lance. Non loin des spectres, un étrange orage vient abattre sa foudre et toucha l’un d’eux. Au travers de l’écho qui perturbe mon audition, j’entends une voix qui ne me plaît absolument pas.

"Jamais vous ne pourrez m’exclure ! Dussé-je tous vous tuer un par un, je serai Reine ici, Déesse vivante régnant sur le Monde, exécutant mes opposants et élevant mes fidèles. Ce petit jeu a assez duré, voyez maintenant le pouvoir d’une déesse !"

Trop rapide, trop soudain ou juste trop flou, quelque chose vient me percuter et me projette au sol, comme le reste des êtres dotés de jambes. Ce n’est qu’en me relevant en extrayant l’eau, qui s’est une nouvelle fois trouvé un passage jusqu’à mes poumons, que les choses commencent à devenir plus nettes et tout aussi effrayant. La reine noire d’Omyre se pavane les bras tendue et une douleur à la tête se fait sentir. Comme une légère migraine le lendemain d’une beuverie, dont j’aurais évité de trop me charger en alcool. Rien de trop inquiétant en soit.

(Pour une déesse, je m’attendais à quelque chose de plus puissant, j’en suis presque déçu !)

(Non Jorus, ce n’est pas qu’un simple mal de tête, c’est ton âme qui est touchée. Elle continue d’incanter sa magie et nul doute que ce mal s’aggravera. D’ici peu, vous ne sevrez plus en mesure de vous battre et si la magie pourrait vous soigner, ce dont je doute, il y a trop peu de guérisseurs pour que tous survivent ! Jorus, il faut l’arrêtez ! Vite !)

Après réflexion, c’était peut-être plus grave que ce que je l’imaginais et cette conclusion est partagée avec d’autres. Venant de l’Ouest, une femme aux traits reconnaissables apparaît. Simaya, la mage d’Aliaénon, aux pouvoirs surprenant. Un voile noir nous englobe comme une bulle atténuant la lumière et sa voix se fait entendre.

"Mages, oubliez vos sorts, donnez à votre magie la forme et les buts que vous lui souhaitez ! Je porte avec moi la magie d’Aliaénon, décuplée en puissance. Contraignez cette déesse sombre, pour la survie de tous !" Déclare une femme inconnue non loin de l’elfe noir.

Elle vient offrir aux utilisateurs de magie, la capacité de modeler leurs pouvoirs surnaturels comme bon leur semble. De ce que j’ai vu de la magie sur Aliaénon, espérons que cela ne se retourne pas contre nous. Malgré cela, pe ne suis pas peu fière d’avoir participé à son sauvetage lorsqu’elle a sacrifié sa vie pour sauver un maximum d’individus à la Tour d’Or. Puis c’est au tour de Cromax d’inviter ceux ne possédant pas de pouvoirs mystiques.

"Guerriers, Sans Magie, nos armes ne peuvent rien contre elle ! Ruez-vous sur elle, il faut l’immobiliser !"

Nombreux sont ceux qui répondent à son appel. Qu’il s’agisse de simples aventuriers, aux individus à l’apparence plus proche du camp adverse. Rassemblés, unis d’une même volonté de permettre aux mages d’user de leur pouvoir le temps que Simaya le permet, nous attrapons le corps d’Oaxaca pour l’immobiliser. Trop occupé à incanter sa terrible magie qui touche l’âme, elle se laisse faire, mais ne paraît pas gêner par les nombreux bras qui veulent l’ancrer au sol. Le monstrueux garzock que j‘ai affronté peu de temps auparavant, vient ficher une énorme hache dans le dos nu d’un colosse, qui se secoue pour projeter la hache comme le ferait un chien mouillé. A la différence de l’eau, c’est une gerbe de sang qui nous éclabousse. Un autre vient foutre sans difficulté, sa jambe dans le corps de la déesse, avant de provoquer une explosion de chair sanglante, dans un divin cri de souffrance. Pourtant, sa blessure vient rapidement se nécroser, l’empêchant d’empirer. Qu’importe, la magie de nos compagnons arrive.

Un fouet, brillant comme le soleil vient ligoter la déesse comme un saucisson. La terre elle-même vient attraper la souveraine des ombres à la cheville et des lianes viennent agripper et déchirer ce qui reste de ses vêtements, que son armure centrale protégeait, dévoilant sa poitrine glabre, ses seins touchés par le froid, pointant comme des lances, entourés des divins mamelons…

(C’est pas un peu fini oui ?)

Bref. C’est également son collier qui attirait mon attention. Réceptacle des âmes de deux des êtres les plus puissants, sous la coupe d’Oaxaca. Le lui délester pourrait nous permettre de supprimer deux gênes intangibles. La magie ne cesse de perdurer et une bulle d’eau et de sang vient se placer autour de la tête de notre cible commune pour l’étouffer. Puis un enchaînement de magie a lieu. La terre elle-même projette la déesse noire dans les cieux, en nous obligeant à relâcher prise, puis les cieux s’en mêlent et une puissante foudre la frappe, explosant la bulle de sang, avant que la terre ne vienne à nouveau la réclamer au sol. Son retour soudain nous projette en arrière, sans subir une nouvelle chute.

Hors de portée de notre ennemie, nous sommes aux premières loges pour assister aux pouvoirs de Xël. Car il n’y a que lui pour insuffler sa magie aérienne par tous les pores de la déesse, la faisant gonfler comme un vers aqueux, qui explose après avoir atteint les limites de son corps physique, terminant la pluie de chair et de sang. Seul son collier reste indemne, mais dénué de son cou pour le maintenir, il est également projeté. Pourtant ce n’était pas le moment choisi pour Oaxaca de mourir. Bien que les deux spectres serviteurs aient disparu, sa présence à elle est toujours de ce monde et plus effrayante que jamais. Un être ni vivant ni mort, ne possédant plus rien d’humain ou de féminin, affublé d’un maigre voile et d’un unique orifice denté pour composer son visage. Cette vision provoque un effroi terrible au plus profond de mon être, comme si je venais d’apprendre que la vie possédait elle aussi un prédateur et que ce dernier, avait très faim. Ses bras rachitiques se lèvent et ce mal de tête commence à prendre des proportions dangereuses.

Pourtant, il restait des êtres sont la magie n’avait pas encore fait son office. De nombreux esprits des ombres se mettent à danser autour de la souveraine de l’effroi, dans une tornade lugubre. Puis la magie du dernier dragon de Yuimen, on l’espère, s’infiltrent dans le corps d’Oaxaca pour la blesser si gravement, qu’elle se tient ce qui reste de sa tête entre ses mains. Aucun son de sa gueule, aucune confirmation que nous pourrions la tuer d’un moment à l’autre et dans le désespoir de ne pas y parvenir, Brytha réapparaît, visiblement victorieuse du terrible dragon noir, survolant son ennemie affaiblie par les mortels.

Nul ne sait ce qui va advenir de nos âmes dans les instants qui vont survenir et de mes petites dagues, je doute être d’une utilité suffisante pour pencher la balance de notre côté. Or, il y a une chose qui m’est possible : mettre la main sur son collier. Seul rescapé de sa précédente propriétaire, il pourrait, en plus de garder les âmes en lui, être doté d’un pouvoir qui protégerait sa maîtresse.

C’est avec un estomac rempli d’une peur indigeste, que je m’évertue à retrouver cette maudite babiole.
A la recherche du collier perdu.

[XP : 4 (bataille historique)+1 rune Taot]

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Akihito
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Akihito » ven. 8 oct. 2021 17:17

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

41 : Combat divin.

Le combat démarra, brutal, par la charge du Garzok à la hache qui rajouta une couche de fanatisme à son discours. Au dessus de leurs tête à tous, le nuage d’Orage d’Akihito se forma, sombre menace grondante, tonnant d’un avertissement clair et précis : l’élu de Valyus n’était plus là pour accorder sa pitié à qui que ce soit. Au même moment, la Grise Déesse entra finalement dans la danse, de même que ses troupes, qui chargèrent les troupes d’Omyre. Des troupes Garzoks qui furent amputées d’un grand nombre de leurs forces : celles de Karsinar refusèrent de prendre part au combat en l’honneur de la déesse qui avait attaqué leur chef de guerre pour avoir voulu venger leurs camarades injustement sacrifiés. Celles de Crean suivirent elles aussi ce mouvement, sous la demande ferme de leur général. Le Premier des Treize était le seul à savoir si les paroles du fulguromancien avaient influencées son choix, car il se retira sans dire un seul mot. A travers son casque à moitié arraché, le jeune homme eu un mince sourire : s’il mourrait aujourd’hui, ce ne serait pas de celle d’un homme l’ayant déjà vaincu par le passé.
Une série de collisions s’en suivit : celle des deux armées, dans un fracas d’acier et d’os qui tourna rapidement à l’avantage des troupes grises fraîches qui enfoncèrent les rangs omyriens déjà fatigués. Vint celui du Liykor squelettique de la liche, qui intercepta de son bouclier la charge du Garzok cuirassé. Arriva ensuite celui d’un disque noir, tournoyant, projeté depuis les mains de la magicienne aux côtés de Tobias Arthès qui cibla le dragon et son immense œil. Des dégâts superficiels, sans l’ombre d’un doute, mais qui eurent le mérite d’interrompre la mélopée du sombre messager de la mort. Qui participa au dernier choc, celui avec la déesse grise qui fonça vers sa gueule, lame au clair. Une vitesse prodigieuse… Qui fut outrepassée par le Dragon Noir, malgré ses dizaines de mètres de haut et sa masse titanesque.

Ses terrifiantes mâchoires claquèrent, emprisonnant Brytha dans une terrible étreinte au niveau de sa taille qui la broierait sans l’ombre d’un doute. Elle ne s’avoua cependant pas vaincu et une succession de flash grisâtres échappèrent de la gueule de mort. Tous plus puissants les uns que les autres, pulvérisant et brisant les crocs de l’être divin, qui tombèrent au sol. Mais… Ce n’était pas suffisant. L’engeance de Phaïtos continuait de mordre la déesse qui malgré toute sa force, ne parvenait pas à se défaire de cette emprise, ni à infliger des dégâts convaincants à la créature. Le seul espoir de l’Ynorien commençait à s’éteindre avant même d’avoir pu briller…

Si Akihito avait poussé par le passé des cris de rage, aucun n’était comparable à celui de Brytha. Un hurlement sourd, étouffé par les dents en partie brisée du Dragon, mais qui résonna dans toutes les poitrines du champ de bataille, et de cet espace clos autour des déesses et des aventuriers qu’avaient formées les armées. Une brume s’échappa du corps de la déesse de l’équilibre, un voile grisâtre qui recouvrit en une poignée de secondes elle et son adversaire titanesque, les cachant à la vue de tous. Puis le nuage se dissipa aussi vite qu’il était apparu, emportant avec lui les combattants divins. Brytha, dans un ultime sacrifice, avait emporté avec elle le messager de la mort.

(C’est… Fini ? Aussi simplement que ça ?)

Il était frappé d’incrédulité. L’apex predator avait été neutralisé aussi simplement, rapidement ? C’en était presque absurde. Bien qu’il ait nécessité le sacrifice d’une entité divine, et Akihito n’avait aucune foutue idée de ce qu’elle avait fait. Continuaient-ils leur combat autre part sur Yuimen ? Sur un autre monde ? Sur l’Ile des Dieux ? Impossible de le savoir. La disparition du mastodonte n’arrêta cependant pas les combats, car il restait toujours Oaxaca sur le champ de bataille. Ses fidèles se battaient pour elle, pas pour le Dragon noir. Rien n’était encore joué.
Devant lui, le Garozk cuirassé armait déjà sa hache, dans le but de balayer largement et avec fureur du tranchant de sa lame Yliria, la liche, son servant qui se relevait de l’impact et Akihito. Le pire était qu’il semblait viser les jambes d’Akihito, soit la partie la moins protégée de son corps avec ses bottes de foudre ! Il fallait l’arrêter dès que possible. Et avec autant d’épaisseur d’acier sur lui, les attaques armées étaient bien trop hasardeuses. La magie de foudre était le meilleur choix.

La liche eu visiblement le même raisonnement : de sa main, un souffle noir fusa en direction de la poitrine et transperça de part en part le colosse vert. Les effets ne se firent pas attendre : le coup amorcé de sa hache ne parti jamais, et à travers la fente de la visière, l’Ynorien vit la lueur dans les yeux du Garzok s’éteindre. Une fraction de seconde plus tard, la foudre d’Akihito illumina l’intérieur de ce même casque, ainsi que traversa sa poitrine de la même manière que le trait d’ombre juste avant. Dans un fracas de métal, leur adversaire s’effondra sur le tapis de Kendrans.

(… C’aura été rapide.)

(Espérons que la suite se déroule mieux.)

Avec son champ de vision libéré, il constata que deux silhouettes inquiétantes, fantomatiques, éthérées, avaient rejoints la reine sombre. Des spectres à l’aspect menaçant. Mais qui ne découragea pas un grand nombre des guerriers de la coalition alliée, Cromax en tête, de se ruer sur eux et leur maîtresse. Parmi ses ennemis, restait donc ces trois là, Khynt, Tal Raban et Leona : que de puissants mages. Posant le marteau à terre, Akihito glissa sa main libre dans son dos, se saisissant de la fiole bleutée que le père No Hell lui avait offerte, peu avant son départ d’Oranan. Une essence de glace, qu’il avait eu le temps d’identifier pendant le voyage : c’était un dérivé d’un fluide de glace d’une pureté absurde, qui une fois consommée, renforçait la résistance de celui qui l’ingérait contre les sorts. Amy lui avait indiqué que la cryomancie était très connue pour être une école de magie réputée pour ses protections magiques particulièrement efficaces. Akihito avait lui lu que les différentes protections élémentaires dont certains boutiquiers magiques paraient les armures étaient un dérivé de sorts de glace. Aussi, contre des adversaires usant principalement de magie, cette fiole était redoutable. La débouchant d’un pouce, il en absorba d’une traite le contenu.

« Boire de la banquise » est peut être l’expression la plus proche de ce que ressenti l’enchanteur, grimaçant en sentant sa gorge le brûler et ses dents crisser sous le froid mordant. Mais cette désagréable sensation disparut rapidement, alors qu’il voyait une mince pellicule de glace miroitante se former sur lui, sans gêner le moins du monde ses mouvements. Il était temps de s’occuper de la suite des événements.
Karsinar avait rejoint la bataille contre Oaxaca, complètement désarmé -encore que, Akihito n’avait pas envie de se faire cogner par les enclumes qui servaient de poings au Prédateur. Néanmoins, il ferait assurément plus de dégâts avec une arme dans ses immenses paluches. Avec le tapis de cadavre sous ses pieds, les armes n’étaient pas ce qui manquaient… Il se força à baisser les yeux pour y chercher une arme, évitant un maximum tout les visages figés dans des expressions terrifiées. Et il n’eut pas à chercher longtemps : la hache du Garzok fraîchement abattu semblait taillée pour un combattant de sa carrure, en plus d’être d’une qualité remarquable. L’enchanteur n’était pas du genre à piller les cadavres, ni à se moquer de ses adversaires… Mais celui-là l’avait mis hors de lui.

"T'avais mieux à faire, ouais : éviter de foncer tout seul comme un demeuré," asséna-t-il en se remémorant ses dernières paroles, comme quoi il avait mieux à faire que de s’en prendre à Yli. Appelant ses pouvoirs de foudre, il fit voler la hache avant de la faire flotter à travers le champ de bataille en direction du Prédateur, donnant de la voix. "KARSINAR ! ATTRAPEZ CA ET METTEZ LUI UN COUP DE MA PART !"

Dans un monde parfait, Karsinar aurait saisit la hache avant de fendre la poitrine en deux d’Oaxaca avec. Mais sur Yuimen, rien n’était simple. Et sur Yuimen, la nécromancie existait.

Malgré les terribles dégâts subit et sa mort indéniable, le propriétaire de la hache leva une main et intercepta son arme, s’aidant même de cette dernière pour se relever. Une scène surréaliste, alors qu’il se dirigeait d’un pas traînant vers la mêlée autour d’Oaxaca qui semblait faire fi des attaques physiques. Il allait prendre ses alliés à revers, et ça Akihito ne pouvait pas le permettre.

"Yli, il faut que…" dit Akihito en se retournant vers l’endroit où la semi-shaakte se trouvait pour trouver un espace vide de sa présence. Devant ses yeux, il ne voyait que le capitaine Heartless et ses compagnons, dont la prêtresse de Moura qui chantait, encore et toujours, galvanisant leur coalition, prônant la victoire de la déesse des flots sur Oaxaca. Mais aucune trace de la jeune fille. Pourtant, il sentait bien la présence de la marque du Tonnerre Volant présente sur son serre-tête, non loin de lui. Avait-elle trouvé un moyen de se rendre invisible ? Ou de rétrécir pour passer inaperçu ? Il n’en savait rien, et n’avait pas vraiment le luxe de se poser plus que ça la question.

Il soupira mentalement. Le luxe de se reposer, de se poser des questions. Depuis le début de la journée, il n’avait eu de cesse de se faire cette réflexion. Et ça commençait à lui peser…

Oaxaca, elle, commença à faire jouer son ascendance de fille du Dieu des fluides obscures, et nièce du Dieu des morts : les âmes nouvellement fauchées par la guerre faisant rage s’amassèrent autour d’elle et se mirent à errer à proximité, ce qui devait être terrifiant pour les malheureux autour d’elle. Akihito reporta donc son attention sur le Garzok qui fuyait. Sa résurrection n’annonçait rien de bon et il devait s’en occuper avec le mage squelettique tant qu’il était encore….

(Je suis tout seul, maintenant ?)

Ses alliés s’étaient tous précipités sur Oaxaca et les spectres qui semblaient tout aussi insensibles que la déesse aux armes blanches. Il recentra alors son attention sur eux, et sur Khynt. Le Garzok n’était pas la priorité : il pourrait facilement être mis hors d’état de nuire. Il fallait avant tout se focaliser sur la garde rapprochée d’Oaxaca.

Un nouveau nuage se forma juste au-dessus d’Oaxaca, et alors qu’Akihito refermait son poing, il s’ouvrit en trois puissants éclairs qui ciblèrent Khynt et les deux spectres. Un seul toucha, le spectre à l’apparence féminine, qui accusa le coup et fut interrompu dans son action, quelle qu’elle était. Au même moment, Yliria réapparut aux côtés de Cromax, brandissant deux runes qui transformèrent l’armure d’Oaxaca en glace avant que cette dernière ne vole en cristaux gelés sous l’assaut d’une nouvelle attaque. Son action téméraire payait, comme celle de tous. L’enchanteur commençait à y voir un espoir. Peut-être, que…

La déesse noire rugit de colère, menaçante. Une onde de choc se déploya, balayant tout le monde, alliés comme ennemis, qui furent jeter à terre, parmi les cadavres. Akihito regarda le ciel avec un air hébété, le visage mouillé par la pluie qui continuait de pleuvoir. Une position inconfortable, le bord saillant d’une armure de plates lui rentrant dans les côtes et le forçant à se lever avant qu’un mal lancinant ne se mette à lui lacérer le cerveau. Sa tête lui faisait mal… Mais la douleur ne semblait pas d’origine physique. Sans doute était-elle magique, voir pire : son âme même pouvait être toucher, et Oaxaca n’avait pas l’air de vouloir s’arrêter là, comme la douleur semblait progressivement s’accroitre.

Il porta un regard sur son bras gauche et vit sous les écailles de léviathan, sous le cuir et le tissu, la cicatrice qui parcourait sa peau. Celle d’un excès de magie, celle de la foudre charcutant sans pitié son corps. Mais qu’était un bras, quand on pouvait sauver Nirtim, Yuimen tout entier. Engloutissant une potion de magie, ses réserves fluidiques remplies à ras bord, Akihito se conditionna à encaisser la douleur à venir. Il allait peut-être brûler l’intégralité de son bras, faire courir la fureur de milles orages dans ses veines, mais Oaxaca allait goûter à sa colère. Et Valyus, Zewen ou qui que put être le Dieu providentiel qui l’écouta prit sa résolution avec sérieux et lui envoya les moyens de ses ambitions.

"Mages, oubliez vos sorts, donnez à votre magie la forme et les buts que vous lui souhaitez ! Je porte avec moi la magie d’Aliaénon, décuplée en puissance. Contraignez cette déesse sombre, pour la survie de tous !"

Une femme apparut de derrière Xenair, venue de l’ouest. Joignant le geste à la parole, elle déploya une sorte de sphère aux volutes obscures, englobant l’intégralité de leur combat. Aliaénon. Ce mot qu’Akihito ignorait il y a quelques jours, il le connaissait désormais. Le monde relié à Oranan par un fluide particulier, dans lequel Xël s’était aventuré. Il abritait des dragons, et cette femme prétendait qu’elle pouvait permettre aux mages de s’affranchir des limites de leur magie ? Pour la restreindre ?

Akihito n’avait rien à perdre. Ses yeux se tournèrent vers le ciel, une nouvelle fois, et le nuage d’orage tonnant. Une masse de foudre et d’énergie qui ne demandait qu’à s’exprimer. Ne manquait plus qu’à lui de lui fournir un médium pour se déchaîner. Tous les guerriers dépourvus de magie immobilisèrent Oaxaca, se jetant sur ses bras, ses jambes. D’autres comme Yliria la restreignirent avec leur magie, à l’aide de fouet de feu doré ou en condensant sang et eau autour du visage de la déesse, l’asphyxiant lentement. Puis vinrent les attaques.

Cela commença avec un guerrier kendran qui se matérialisa de nulle part dans le dos de la déesse, l’Ynorien ne savait comment, et lui arracha l’intégralité des côtes droite d’un coup de pied, répandant sang et viscères divines sur le sol. Mais il ne regardait pas distinctement, trop occupé à canaliser sa magie. Ils voulaient l’immobiliser ? Il avait le sort parfait pour ça. Lançant la vigne symbolisant l’Electrocution dans le nuage de foudre, il le maintint dans la masse sombre, la faisant se gorger d’énergie. Autant qu’il le pouvait. Modelant lentement la foudre à l’aide d’un autre de ses sorts, Arme magique, s’inspirant du fouet de la semi-shaakte. Puis, sentant qu’il ne pouvait plus retenir sa magie et atteignait son point critique…

" RAAAH ! "

… Il abattit son marteau, accompagnant de ce mouvement la lame de foudre ornée de vignes qui fendit le ciel droit sur Oaxaca. Coup du sort, une colonne de terre souleva la déesse dans le même mouvement, la portant plus vite à la rencontre de sa foudre. Elle se fracassa sur le corps déjà meurtri de la déesse, qui fut ensuite encastrée dans le sol par la même colonne de terre, repoussant tous les guerriers l’ayant maintenus jusque là. D’autres sorts s’abattirent, réduisant en charpie son enveloppe charnelle qui finit par littéralement exploser. Enfin, Oaxaca n’était plus.

C’était une victoire de courte durée.

Une silhouette cauchemardesque s’extirpa de la carcasse brisée, à la peau blafarde et rosée, portant une robe effilée de lambeaux qui semblait faire partie intégrante du corps. Le visage ressemblait à un orifice monstrueux, garnis de cheveux roses fins, cassant. Cette figure sans traits, ni yeux, ouvrit sa bouche garnis de dents pointues terrifiantes pour pousser un cri qui l’était encore plus. De la terreur, brut, jetée au visage de tous ceux qui l’entourait. Une terreur dépassant celle du malheureux enchanteur se trouvant face à un Crean invincible qu’il ne parvenait à toucher et qui les balayait un à un. Une terreur comparable, voir surpassant celle qui avait submergée Akihito en découvrant le Dragon noir juché sur les remparts de sa cité. Une terreur qui doucha sa colère, sa tristesse, sa détermination. Ses mains tremblantes commençaient à laisser glisser ses armes, alors qu’il baissait la tête, regardant le sol pour ne pas affronter l’objet de sa peur. Une nouvelle fois, la fuite lui vint comme sa seule solution, celle qu’il devait choisir à tout prix.

(Fuir… Mais fuir où ?)

Entouré par deux armées, il ne pouvait pas courir sans avoir à traverser une marée de soldats. Il pouvait encore utiliser une de ses marques, rejoindre sa mère, loin à l’Est, à Shory… Mais pour quoi ? Laisser Oaxaca massacrer tout le monde, pour ensuite le traquer pour l’avoir mutilée de sa foudre ?

Sa fuite, elle était devant lui. Sa fuite, c’était la raison de sa peur. Sa fuite, c’était Oaxaca, et sa mort. Alors après, il pourrait fuir.

Akihito releva difficilement les yeux, et vit une Oaxaca flottante à quelques mètres du sol, se tenant la tête entre les mains, entourés des âmes qui semblaient avoir changés de camp et avoir décidé de venger leurs sœurs, sacrifiées au Dragon noir. Le sergent Kiyoheïki lui faisait face, nimbé de lumière. Les volutes noires qui formaient le champ de la magie d’Aliaénon avaient disparus, rompant sans aucun doute l’amplification de leur magie. Et, surprenamment, Brytha dominait de ses paires d’ailes bicolores la scène. La déesse grise était de retour, et posait un regard indéchiffrable sur la scène. Allait-elle intervenir ? Et où était le Dragon noir ? Tant de questions. Si peu de temps pour y répondre, encore.

Fermant les yeux, Akihito se transforma en un pur courant de foudre, fondant dans les cieux. Il ne voulait pas courir vers la déesse qu’il avait juré d’abattre. Sa faible résolution de l’affronter ici et maintenant et de ne pas rester immobile ou pire, prendre les jambes à son cou, ne tiendrait pas à une charge volontaire dans sa direction. Pas alors qu’il devait pour ça courir sur les corps de dizaines de Kendrans, lui faisant perdre un temps précieux. Pas alors que sa tête lui lançait de plus en plus, et le rendrait peut être incapable de bouger avant même d’atteindre Oaxaca. L’espace d’un instant, il oublia la peur, et se gorgea d’une vision d’une Nirtim parcourue de nuage, de l’océan infini s’étendant à sa droite, les montagnes au nord, la chaine de Karathren se découpant au loin à l’est. Nirtim était belle. Yuimen était beau. Il ne pouvait pas laisser le monde être détruit par une déesse aussi folle.

Alors il descendit à une vitesse prodigieuse, atterrissant juste devant Yliria, la plus proche d’Oaxaca. Il ne toucha même pas le sol, matérialisant sous ses pieds à un mètre du sol un socle d’air sur lequel il prit appui, puis s’élança verticalement en direction d’une Oaxaca peu attentive. Il comptait la foudroyer en plein visage, mais un des portails de Xël se forma entre lui et sa cible, à travers les âmes tournoyantes. Qu’à cela ne tienne : sacrifiant son dernier socle, il prit une nouvelle impulsion dans les airs pour se propulser sur son flan, le marteau chargé de foudre. Face à une créature d’horreur, entourée d’âmes vengeresse, la terreur l’étreignit une fois encore. Il douta. En était-il…

(Arrête de te poser des questions Akihito, et frappe par tous les dieux !)

Le rugissement d’Amy lui fit reprendre ses esprits, et rugissant toute sa peur à son tour, il tendit son marteau à travers les âmes et voyant plus que sentant sa masse entrer en contact avec la Déesse, il lâcha sa foudre en plein dans ses côtes. Là où le cœur, si tant est qu’une déesse aussi cruelle en avait un, était logé.


HRP :
  • Utilisation de Choc des éclairs Rang 3 : 3 PM, 2 rendus si le sort passe.
  • Classe magie principale - Capa héroïque de Heartless - Chant de Leyna : 5 + 7 + 5 = +17 à la touche.
  • Sort lancé avec Marteau runique de Valyus (arme magique à deux mains) + Capacité héroïque de Heartless (Blessure grave à la tête) = +2 aux jets de blessure.
  • Grand bouclier (expert) + Orage terrifiant rang 3 + fiole d'esprit de l'Hiver = -30 au jet de touche contre Akihito contre les attaques physiques lancées sans arme de qualité Héroïque, -45 contre les sorts.
  • Statut :
    • 20/20 PE.
    • 16/16 PM.
    • Blessure grave à la tête (Esprit / âme).
    • Sous Dopage Rang 3 (2h30 restantes).


[XP : 4 (combat historique) + une rune Tek]

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Ezak
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Ezak » ven. 8 oct. 2021 19:16

Il y avait là un nombre impressionnant de personnes rassemblées autour d’Oaxaca. Beaucoup de visages inconnus pour moi, mais aussi d’autres qui l’étaient bien moins. Parmi ceux-là, Kurgoth, mais aussi Rougine qui, lui aussi, avait échappé à sa sentence. Jusqu’au bout Solennel aurait échoué. Il y avait également la présence des lieutenants d’Oaxaca. À leur vue, je ne pus m’empêcher de cracher sur le sol pour montrer mon irrespect envers ses pourritures…

Je fus néanmoins ravi d’apercevoir la silhouette d’Azra et de ne pas le comptabiliser au nombre des tombés. Avec Xël, en plus de lui, je savais avoir de solides alliés, de braves kendrans pour me soutenir. Nous n’eûmes néanmoins pas le temps d’arriver à leur niveau que les hostilités commencèrent. Le petit monde autour de la Déesse Noire s’agita et ce fut le moment qu’elle choisit pour sommer l’ordre d’attaquer. Les troupes de la Reine s’élancèrent, mais pas toutes, nombreuses furent celles qui restèrent en retrait. Les troupes de la déesse grise et celles de la Reine Noire s’entrechoquèrent. Il en fut de même du côté des divins lorsque Brytha, alla s’écraser contre le dragon noir dans une explosion magique qui résonna jusque dans mon poitrail.

Toute déesse qu’elle était, elle ne paraissait pas moins minuscule face au dragon qui la croqua comme une mouche. Elle se débâtit, la moitié du corps enfermé entre les dents du dragon, et puis, au bout de quelques secondes, dans un hurlement qui sembla recouvrir tout le champ de bataille, elle fit naître une brume, la même qui avait vu apparaître son armée. Lorsque que celle-ci se dissipa, aussi soudainement qu'elle avat apparu, il n’y avait plus ni dragon, ni déesse...

J’étais estomaqué, bouche bée devant ce que je venais de voir. Brytha, venait de nous sauver, de secourir notre monde. Les mots de son lieutenant remontèrent en moi et je compris qu’ils n’étaient pas des sons simplement jetés en l’air. Brytha, était la véritable sauveuse de ce monde et pour la première fois de ma vie, je me sentis touché par une divinité. Elle s’était sacrifiée pour nous, pour nous donner une chance. Le lieutenant en armure la voix emplie d’émotion hurla d'un cri qui m'électrisa.

« Sus à la Reine Noire ! Mort à Oaxaca, pour le sacrifice de Brytha ! »

Je fus porté par cet élan, ayant été témoin de ce miracle. Je m’élançai vers Oaxaca. Devant elle, deux spectres semblaient la protéger. Je m’élançai vers eux et sentis une aura lumineuse m’envelopper ainsi qu’une aura venteuse qui accru mon agilité. J’étais protégé par Xël, et aussi un autre, Faëlis ou Jorus, je n’aurais su le dire, mais il fit bien. Car après avoir évité mon attaque l’un des spectres tendit sa main vers moi pour me lancer un sort qui ne m’égratigna pas une seule seconde alors qu’une elfe portant une énorme hache arriva à mes côtés. Mais mes yeux se dirigeaient déjà vers la déesse noire. C’était elle l’ennemi le plus dangereux. Une chose à caractère divin contre laquelle nous avions bien peu de chance. Mais j’étais encore animé par le geste de la déesse Brytha, il vibrait à travers moi. Je le savais à présent, c’était en se battant pour mes convictions que je vaincrais, quitte à me sacrifier. J’hurlai à l’attention de Xel alors que je tentai une fois encore de transpercer le spectre.

« XËL AMÈNE MOI À LA REINE NOIRE ! »

Mais rien ne vint. Mes lames passèrent au travers du spectre sans lui causer le moindre tord et je n’aperçus pas de portail se former près de moi. Je tournai la tête pour apercevoir le mage, pétrifié, probablement sous l’influence d’une quelconque magie. Je jurai alors qu’Azra arriva à mes côtés. C’était lui le spécialiste de la mort. Cette affaire de spectre était la sienne. Je lui jetai un rapide regard.

« C’est pas un ennemi pour moi ça. Occupe t’en ! »

Je filai vers Oaxaca les lames pointées vers l’avant, poussée par la magie de Xël alors que d’innombrables spectres filaient partout aux alentours. Rien qui ne me perturba, j’avais le pouvoir de Vlash avec moi. Je ratai tout de même mon coup, en ayant la surprise de voir apparaître près de moi une Shaakt, qui, en plaquant ses mains sur l’armure de la déesse prononça des mots runiques qui transformèrent l’armure d’Oaxaca en glace. Le lieutenant de Brytha la brisa en plantant son épée dans son armure qui commença a se mouvoir en ombre. Il rétracta alors son geste et son arme reprit sa forme. Oaxaca, visiblement énervée de se faire ainsi attaquer de toute part se fit menaçante et je sentis mon esprit vaciller, pris pas une migraine soudaine. Elle faisait étalage de ses pouvoirs divins. Je m’apprêtais à attaquer de nouveau, mais une voix, comme sortie d’outre-tombe m’interpella. C’était celle de Simaya qui exhortait les possesseurs de magie à lui donner la forme qu’ils souhaitaient. Je crus d’abord halluciner, mais en regardant dans sa direction, il me sembla que je l’aperçus. Je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux en reconnaissant celle qui m’avait fait confiance quand le Gouverneur Teruki était prêt à me faire pendre. La seule qui, à l’époque avait crus en mes mots, lorsque j’avais avoué être sous les ordres d’Oaxaca dans le but de la détruire de l’intérieur. Celle qui m’avait sorti des geôles de Fan-Ming pour que je puisse accomplir ce dessein. Je lui devais autant qu’Andelys et Satina alors je n’eus aucun mal à lui faire confiance.Vint ensuite la voix de Cromax qui confirma que nos armes n’avaient pas le moindre effet sur Oaxaca.

Le souvenir d’Aliaenon en moi, je songeai à ma prothèse indestructible, celle qui, imprégnée de fluide obscur, m’offrait un pouvoir ponctuel. Poussée par la présence de la Sombreroc je l’activai, me changeant en ombre pour me retrouver dans le dos de la Reine Noire, traverser le corps d’Oaxaca de ma prothèse. Lorsque je repris consistance, son flanc droit explosa. Elle hurla, alors que je tombai à la renverse, couvert de cette explosion de chair. Mais la blessure que je lui avais infligée se referma aussitôt, laissant une chaire nécrosée là où je l’avais détruite. S’en suivit un déchaînement de violence que j‘eus à peine le temps de comprendre. Il semblait que les éléments du monde se déchaînaient sur Oaxaca alors que les guerriers, sous les conseils de Cromax, la maintenaient. La foudre lui tomba dessus, elle fut avalée par la terre, les vents se déchainèrent contre elle à tel point qu’à la fin il ne restait du corps d’Oaxaca qu’un amas de chair noirci qui explosa, me recouvrant encore plus de déchets organiques. Au sol, à ses pieds, je m’apprêtai à me relever, mais je fus bloqué par la nouvelle vision qui s’offrit à moi.

« AON ! »


[HRP :

Effets actifs : -Orage : (-15 aux jets de touche adverses.)
-Furie Zephyrienne de Xël (Attaque en premier, + 15 jets de touche, - 15 jets de touche adverse.)
-Inspiration du Baron des mers (+7 aux jets de touche)
-Équilibriste amélioré
-Immunisé à la peur(sauf contre Oaxaca.) (Armure)
-blessure graveà la tête
14/46 PE]



[XP : 4 (bataille historique)]
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 12 mai 2022 07:14, modifié 4 fois.

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Heartless
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Heartless » ven. 8 oct. 2021 20:35

Lorsque Sirius, Mythanorïe, Leyna, Perailhon, Xenaïr et le shaakt Relonor rejoignirent le centre de la bataille, ils comprirent instantanément que, quoi qu'il puisse arriver, celle-là était la dernière. Oaxaca, dans sa sombre majesté, était cernée de guerriers de tous bords, certains connus, d'autres inconnus, au milieu de la mêlée entre ses derniers loyalistes et l'armée grise de Brytha.

"A l’assaut ! Pas de pitié !" déclara la Déesse Noire, faisant écho au terrible rugissement du Dragon.

Alors que le final de la guerre grondait, fer contre fer, sorts contre sorts, la déesse Brytha se jeta sur la bête de Phaïtos. Un combat digne des sagas divines qui tourna bien vite à l'avantage du Dragon Noir, qui était parvenu, malgré un barrage de sorts enragés, à enserrer la divinité entre ses crocs. Ce qui se passa ensuite devait être vu pour être cru. Rassemblant les derniers vestiges de sa puissance, Brytha emporta la créature avec elle dans une explosion aveuglante. Lorsque la poussière se dissipa, il ne restait plus rien des deux combattants, si ce n'étaient quelques crocs brisés et une goutte d'argent en fusion solitaire, creusant le sol petit à petit, dernier vestige de la magicienne.

Le silence s'était fait roi du champ de bataille, car nul ici n'avait été témoin d'une telle chose de son vivant. Le sacrifice d'une déesse, et la défaite du mal primordial de Yuimen. Cependant, le conflit était loin d'être résolu. Un cri de bataille retentit du côté de l'armée grise, qui chargea d'un pas uni les masses garzorks. Un autre cri, bien moins solennel, avait émané de Perailhon.

"À MORT ! BUTEZ-MOI CETTE REINE DES CONNASSES !"

Venus de l'ouest, les confrères suivirent le carapacé dans sa charge. Autour d'Oaxaca, c'était une guerre différente qui se déroulait. Il n'y avait au centre du combat nul fantassin, nulle piétaille, seulement les serviteurs les plus loyaux de la Déesse et les rares individus assez courageux pour l'attaquer de face. En pénétrant dans ce cercle, Sirius ressentit la joie et la terreur de se voir côtoyer de si près une lutte historique. Seulement, il s'arrêta avant la mêlée générale qui faisait rage autour de l'ennemie. Ses dernières tentatives désespérées n'ayant pas accompli grand chose, il rechignait cette fois à mettre en danger ses compagnons. Chaque pas qu'il faisait était empli d'une terrible crainte que cette fois, il était allé trop loin, et que ses alliés souffriraient de l'avoir suivi. Il s'arrêta, chargea un trait dans son arbalète, et fit semblant de ne pas avoir peur alors qu'il se tournait vers Perailhon :

"Eh beh, ça en fait du beau monde ! Qui j'dois coucher en premier, à ton avis ?!"
"C’est elle qu’on doit crever comme une truie, bordel. Les autres ouvriront leurs putains d’yeux après !"
hurla le Sang-Pourpre en désignant Oaxaca.

Sirius, qui visait alors la plantureuse Leona, qui jusque-là avait séparé Oranan de ses renforts avec une immense barrière végétale, ravala sa salive et orienta son arme vers Oaxaca. Il redoubla d'arrogance, dans l'espoir de taire ses propres doutes.

"Vas-y Pépé, fais-toi plaisir, j'aimerais bien voir de quoi un prétendu "roi des mers" est capable !"

Alors que Perailho se ruait sur son ancienne maîtresse, Sirius décocha un carreau vers la divine. Contre toute attente, Oaxaca le reçut en plein torse, le trait passa même à travers son armure d'obsidienne. Seulement, pour une raison qui dépassait sans doute l'entendement des mortels, le projectile se désagrégea à son contact. Indemne, la conquérante avisa brièvement le borgne du regard. Ce n'était que le temps d'une seconde, mais cette seconde lui avait glacé le sang. Sirius repensa à leur première rencontre sur les rivages omyriens. Se souvenait-elle de lui ? Sans doute pas. Il serait mentir de prétendre que l'ambitieux Sirius Hartingard ne s'était jamais imaginé en pleine confrontation avec la terreur de Yuimen, mais jamais il n'aurait pu anticiper le malaise qu'il ressentait en cet instant précis. Au vu de comment elle endurait sans peine l'assaut d'une quinzaine de combattants héroïques, les semblables de Cromax, Sirat, Kiyoheiki, Ezak et Azraël, il se sentait insignifiant en comparaison. Un intrus dans les pages de l'Histoire, risquant à chaque instant d'être écrasé sous son poids.

Mais une chose l'empêchait très nettement de fuir. Il sentait derrière lui l'esprit combatif de l'oudio et de la dame bleue, qui n'avaient rien perdu de leur courage, même au milieu de cette scène apocalyptique. Leyna entonnait un chant si fier et énergisant qu'il était sans doute emprunt de magie, et Mythanorië, directe, n'avait d'yeux que pour le pendentif dont s'était servi Oaxaca pour ramener à elle les spectres de Sisstar et Gadory, tombés au combat, ranimés au service de leur maîtresse.

"Eh, Sirius ! Aller chiper la babiole au cou d'une garce noire, ça te dit ?"

Oaxaca se mit à léviter au-dessus de ses assaillants, et s'apprêtait à déchaîner un terrible sort. Mais c'était aussi l'occasion de tenter un autre tir sans risquer de blesser un allié quelconque. Sirius décocha un deuxième tir qui, cette fois, rata totalement la déesse. Ce n'était pas étonnant, sa réussite de la dernière fois était davantage due à la chance qu'à ses talents d'artilleur.

"Tu veux pas la Lune aussi, pendant qu'on y est ?!"

Oaxaca revint au sol pour déchaîner un festival de spectres sombres qui répandirent la confusion autour d'elle. Heureusement, Sirius et ses alliés étaient trop loin pour en subir les affres. Mais ils n'eurent pas le temps de planifier leur assaut, car Relonor, invoquant à ses côtés une créature enragée issue des sordides tréfonds de sa psyché, hurla :

"Si personne ne m'acceptera, je ferai en sorte qu'il en soit de même pour tous ! Baalsameth, attaques les tous et toi, ferme ta putain de grande gueule de poiscaille !"

Baalsameth attaque le groupe avec des volutes ténébreux. Une telle magie avait besoin d'un certain temps pour absorber la vie des êtres vivants, mais Leyna comme Sirius étaient trop endurcis pour se laisser affecter. Seulement, Mythanorïe, sans doute à cause de sa composition singulière, sentit son écorce flétrir et poussa un râle de douleur. Dans de telles circonstances, il était difficile d'appeler ce geste une trahison, mais c'était, sans aucun doute, un affront impardonnable. Le borgne était déterminé à rendre chaque mal infligé à ses deux alliées au centuple.

"Tu as osé, bâtard ?!" cria-t-il en décochant un troisième trait vers l'invocation.

Baalsameth fut abattu et disparut sur le coup, laissant Relonor seul face à l'ire de la Confrérie. Un coup tenté à la sauvette sur le bras de Leyna lui arraché un filet de son sang pourpre, mais rien qui ne puisse l'empêcher de continuer le combat. Les deux mages lancèrent l'eau et la terre à la poursuite de l'assaillant. Son corps fut entaillé par un geyser à haute pression provenant des mains de Leyna, mais avant qu'il ne puisse nuire à nouveau, Oaxaca déchaîna ses pouvoirs magiques. Tous, alliés comme ennemis, furent soufflés par sa puissance et tombèrent dans la boue. Tous finirent par se relever, incertains, mais ils avaient ressenti les effets pervers de cet assaut divin. Une douleur inexplicable les étreignait, comme si leur âme-même était en train de se faire étrangler par sa poigne de fer.

Cela ne faisait aucun doute, chaque guerrier le comprit à sa manière : Oaxaca se préparait à dévorer leur essence pour alimenter son pouvoir divin. C'était une énième violation des lois élémentaires de Yuimen, prouvant une fois encore que les dieux opéraient sur un tout autre plan. Avec la promesse d'une mort horrible pour tous ceux qui avaient le malheur de se trouver près d'Oaxaca à cet instant, le désespoir l'emportait peu à peu. Il l'aurait sans doute définitivement emporté sans l'intervention de Simaya Sombreroc, une magicienne originaire de la lointaine Aliaénon. Elle déploya autour de la bataille un dôme magique censé reproduire les conditions singulières de ce monde, un monde sur lequel les fluides semblaient obéir à d'autres lois. C'était la raison pour laquelle Sirat était parvenu à abattre les murs de Fan-Ming. Secondée par Cromax, elle encouragea tous les ennemis d'Oaxaca à donner le meilleur d'eux-mêmes. Seule la magie semblait capable de blesser la conquérante.

Sirius avisa la shaakt fou qui avait pris ces paroles à cœur, et qui délaissa totalement son combat pour envoyer ses fluides sombres vers la Reine Noire, espérant la galvaniser pour accélérer son apothéose.

"Laisse tomber ! Tu creuses ta propre tombe, tête de nœud ! Tu comprends pas ce qu'Oaxaca est en train de faire ?!"

Il pouvait le tuer, là, maintenant, mais cela ne rimait à rien. Il lui tourna le dos dans un geste de défiance, rangeant son arbalète pour la remplacer par la Corne des Profondeurs. Il s'adressa à ses compagnons, le pavillon noir flottant négligemment par-dessus son épaule. La seule chose qu'ils pouvaient encore faire était d'attaquer la divine.

"Mytha, Leyna, on part chasser la baleine ! Et toi l'cinglé, dirige ta folie vers ceux qui te veulent vraiment du mal !"

Répondant aux paroles du borgne, elles déchaînèrent une magie nouvelle, qui participa à un assaut combiné d'une violence inouïe à l'encontre d'Oaxaca. La tueuse aux cheveux flamboyants fut projetée, noyée, foudroyée et frappée de toute parts. Tous les aventuriers doués de magie déployèrent des fluides sauvages d'Aliaénon pour abattre la divine, tandis que les autres la maintenaient en place.

Au final, ceux qui n'avaient pas été rendus aveugles ou sourds par ces multiples déflagrations magiques purent voir l'enveloppe physique de la déesse écartelée voler littéralement en morceaux, dévoilant son enveloppe divine. Une forme odieuse, pâle et cadavérique, sans visage. Un trou béant et dentelé occupait le centre de sa tête, et il ne restait plus de la fière guerrière que quelques rousseurs éparses dans ce qu'il restait de sa chevelure, dispersée sur tout son corps, si bien qu'elle semblait porter une robe écarlate.

Alors que l'incertitude montait, Oaxaca poussa un cri strident qui emplit de terreur chaque cœur vaillant et affaiblit encore les âmes héroïques. Sirius se prit la tête dans les mains, hurlant d'une douleur primale. Pas physique, primale, comme si son corps n'avait aucune importance dans l'équation, et que la déesse pouvait s'attaquer directement à son âme. Simaya Sombreroc regarda le ciel. Son regard était vide. Abattue par les ténèbres oaxiennes et le poids de sa propre magie, elle s'écroula. Au-dessus d'elle, une créature surnaturelle, semblable à une femme cernée de trois paires d'ailes grises, lévita lentement vers le sol. Brytha semblait s'être remise de son altercation avec le Dragon Noir.

Il y eut un bref silence, le temps que chacun gère à sa manière la terreur inspirée par la forme primordiale d'Oaxaca et les doutes engendrés par cette lutte incertaine. Il était difficile de savoir ce qu'il était judicieux de faire en cet instant précis. Poser les armes, en espérant que Brytha porte le dernier coup ? S'éloigner du combat dans le but d'y survivre, quitte à tout abandonner ? Ou charger à corps perdu, en sachant que cela pouvait être le tout dernier geste d'une vie ?

Cette peur, Sirius l'avait déjà ressentie. Précisément sur Aliaénon, dont le souvenir lui était revenu suite à l'intervention de Sombreroc. À la fin du conflit, lorsque la démesure d'un titan bloquait le ciel, que la magie perdait tout contrôle et que le sol se dérobait sous ses pieds, Sirius eut un avant-goût de la terreur qu'il ressentait en ce moment-même. Il avait choisi de fuir, à l'époque. Il s'était engagé dans un conflit lointain, d'abord contraint par la force des choses, puis à la recherche de renommée. Mais à la toute fin, il s'était mis à fuir, sans savoir vers où. Il avait appris, sur ce monde lointain, la cruauté de la guerre, la sensation d'impuissance alors que tout échappait à son contrôle. Il voulait partir, dégoûté par la cruauté et l'hypocrisie qui s'étaient faites les maîtresses absolues de ce genre de scénario.

Dans ce capharnaüm, il était petit, faible, pas à sa place. Juste un rêveur qui voulait devenir un grand, mais qui n'était lui-même pas capable d'assumer la cruauté du monde. Dans la situation présente, fuir était dans sa nature. Il n'y avait pas de mal à ça. Cela ne faisait pas de lui un lâche pour autant. Qui aurait pu lui reprocher de tourner les talons à cet instant ? Sirius était bien conscient que même son égo ne pouvait justifier une telle folie. Et pourtant...

Leyna s'était avancée, le bras ensanglanté. Se dressant fièrement à ses côtés, elle avait ravalé sa peur. Derrière elle, Mythanorië était toujours d'assaut.

"Heartless ! Père ! Ensemble, portons la fureur de Moura !"

Au rythme de ses mouvements, des vagues s'élevèrent dans son dos, un furieux tsunami qui la poussait vers Oaxaca. Portée par l'écume, elle pointa sa dague d'ondyria vers la reine tyrannique. Alors qu'il la regardait partir, espérant rejoindre son père avant de finir sa charge, le borgne laissa s'échapper un petit rire. Comment pouvait-il rebrousser chemin et laisser dans son sillage une sœur d'outremer ? Il n'avait guère besoin de plus. Risquant un dernier regard sur le drapeau qui flottait dans son dos, symbole d'une vie passée à la recherche de gloire et non de calme, il s'arma encore une fois du Harpon des Profondeurs et se prépara à courir dans le sillage de Leyna, embrassant tant bien que mal le courant qu'elle avait engendré. Elle l'avait appelé par un nom qu'il était décidé à abandonner, mais rien que pour cette fois, il pouvait encore prétendre être l'irréductible Sirius Heartless. Le nom avait depuis gagné en ridicule, mais il représentait tout de même le jeune insolent qu'il avait été. Et c'était bien le jeune insolent qui s'attaquait aujourd'hui à la rebelle du panthéon yuiménien, dans le but de "sauver le monde". Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu s'écrire un dernier acte aussi cliché. Mais il ne s'en plaignait pas.

"CHARGEZ !!"

Il dirigea son unique œil vers la forme cauchemardesque d'Oaxaca. S'il pouvait rompre sa concentration, lui faire perdre le sens des priorités, ne fut-ce qu'un instant, il était déterminé à tenter sa chance, avec le même masque d'arrogance et de charme qui l'avait accompagné jusqu'à ce moment précis.

"HÉ, OAXACRASSE ! TU VEUX NOS ÂMES ? ÉTOUFFE-TOI AVEC !!"

Au moment de foncer vers son destin, Sirius espérait de tout son cœur qu'il avait encore assez de courage et de force en lui pour cet assaut.


- "Provocation" à l'encontre d'Oaxaca.
- Lancement de la CC "Charge d'estoc" au rang 4 (-8 PE) contre Oaxaca aux côtés de Leyna.
- Relance de la posture "Abstraction de la douleur" au rang 5 (-10 PE)
- PE restants : 28/60
- Capa héroïque "Inspiration" sur tous les alliés dans un rayon de 20m (+7 de touche aux alliés dans la zone, +1 de blessure si allié souffrant d'une blessure grave ou supérieure)
- Réduction des dégâts subis : -3 (Abstraction de la douleur)
- Blessure grave à la tête (20% de chances de s'aggraver d'un cran)
- Bonus au jet de touche : +10 (classe principale + collier)
- Aptitudes RP pertinentes (?) : Équilibriste amélioré, Nage améliorée



[XP : 1 (discussions)]
Modifié en dernier par Heartless le sam. 9 oct. 2021 10:58, modifié 1 fois.

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Sirat
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sirat » ven. 8 oct. 2021 23:05

En retrait, il put voir la magicienne sombre lancer l’assaut. Une vague verte s’abattit alors sur ses ennemis. Mais cette vague était amputée d’une partie de sa horde, qui venait enfin de comprendre que leur salut ne se trouvait pas dans l’ombre de la démone. Sirat vit K’nee et d’autres reculer. Leur regard se croisa, un regard entendu sur cette décision, mais un regard empli de peur. C'était la première fois qu’il la voyait comme ça. Mais voir tant des siens embrasser la mort, l’avait bouleversé.


Crean Lorener, marqua aussi sa défiance et le poing levé se recula avec ses hommes.


Un cycle venait de se tourner, il n’y aurait de retour possible pour personne.


Un sacré revers pour Oaxaca, mais sa furie et sa folie l’emprisonnait dans son aveuglement. Elle était sur de sa puissance, elle bombait sa poitrine fièrement et invectivait ses adversaires.


Même ses proches étaient désappointés par son attitude. Une frayeur indicible caressait comme un spectre dans les cœurs.


Pourtant, les armées grises et le reste de la charge se fracassèrent violemment, une complainte de mort raisonna dans la plaine.


l’orage redoublait d’intensité, le sang au sol devenait rivière puis torrent traversant les cadavres et glissait sur leur pas. Les bourrasques violentes giflaient les protagonistes se brisant sur leur corps et leurs armures.


Sirat ne fit rien, il restait calme au milieu des cadavres, observant, zélote imperturbable, le temps et le destin faire son office.


Zewen allait agir, il en était sûr. Le point culminant de son travail aidé sûrement par des zélotes dans divers camps avec leurs manipulations, allait enfin trouver une fin un aboutissement.


Un tremblement nerveux parcouru l'humoran, l’attente avait été longue.


Mais cette déesse attaqua le dragon et une danse mortelle se déroula au-dessus des regards médusés. Sirat priait, souhaitait, au plus profond de son coeur leur destruction à tout les deux.


Une étreinte ou nulle ne sortirait vainqueur. Dans une ellipse, ils disparurent dans le néant, ne laissant rien, rien d’autres que le vide et sur le sol de cadavre qu’une larme grise, pleur de cendre et des crocs du saurien. Dans cette tornade, naquit l'oeil du cyclone, un état hors du temps ou tous se trouvaient agard et perplexe devant le dénoument de ce combat.


Étais ce fini ? Se demanda le zélote. Le destin, s'était-il accompli ? En tout cas, il n'y avait plus de traces de ces deux protagonistes. Seuls restaient Oaxaca, terrifiante, impénétrable et fier sur son monticule de mort. Sa chevelure carmin virevoltait en dehors de son casque au gré du vent.


Sirat pensa, à tort, que sa mission était finie et voyant khynt ; il voulut satisfaire sa vengeance. La haine remonta en lui , nourrit par l’image de la trahison de l’apôtre. Le modifié qui en retour d’Aliénon l’avait vendu.


« Khynt ! Je t’attends viens assumer tes actes ton destin te fait face!! »


Il tenta une attaque psychique sur le trans-genre de métal. Mais rien ne se passa. Il était bien trop loin. Il avança de quelques pas bien déterminés à lui faire mordre la poussière. Mais un groupe faisait de même, chevalier nain et humain s’attaquait à sa proie. Qui osait lui voler, ses représailles ? Une rage indicible s’empara de lui, il voulait briser le sol et balayer son ennemi ainsi que ces vauriens. Mais il ne pouvait le faire, la donne avait changé, il ne pouvait punir s'il n’était pas guidé par Zewen.


« Laissez-moi Khynt ! Sa mort m’appartient ! Allez plutôt aider les autres. »


Il entra dans la tête du modifié avec sa magie, berçant ses sens, les déstructurant, il en résultat une confusion du général de la sorcière.


Un humain se retourna, l’air étonné.


« Vous en disposerez librement une fois neutralisé ».


Et il continua de se battre contre Khynt. Celui-ci avait créé une barrière de foudre tout autour de lui et les assaillants peinaient à y pénétrer.

Sirat était fou, on lui volait sa revanche. N’y avait-il pas le droit ? Il avait tant fait pour la cause de son maître. Il frappa sur le sol et sembla comme un dément, détraqué, hurlant en vain. Non, il comprit finalement, on ne lui volait rien, il n'y avait pas le droit. Son devoir de Zélote était plus important.

« Ainsi seigneur, vous m'enlever ma vengeance, Zewen mon maître vous me montrer que je me trompe de chemin en voulant satisfaire mes intérêts personnels »


Une détonation attira son regard vers la reine noire. Elle venait de jeter un sort et des méandres des entrailles de cette terre à jamais maudite, s’extirpa des âmes terrifiantes et fantômes des orques et des humains morts.


Il vit Sibelle tombé, son cœur se serra. Il ne l’avait pas revu depuis leur altercation.


Elle était à terre et au fond l’étreinte de son égoïsme et sa culpabilité pesa lourd sur son âme.


Instinctivement, il fit quelques pas vers elle. Mais il reteneint son geste après avoir fait quelques mètres.


« Très bien maître »



Il devait se concentrer sur l’objectif de son maître. En bon cerbère, il leva le regard vers sa proie puis vers tous ceux qui s’étaient écartés et restaient inertes à la situation.


« Crean il est temps d’assumer tes décisions, comme je l’ai fait quand tu m’as accroché ce collier à mon cou ! Tu ne peux te contenter de regarder ! Si aujourd’hui, ils perdent demain elle te traquera et t’asservira. Le destin te regarde ! Attaque-la ! »



Puis son regard se tourna sur les armées orques.



« Guerrier, aujourd’hui vous vous émancipez ! Aujourd’hui, le monde saura que l’on peut compter sur votre nation ! Aujourd’hui suivez celui qui chante ! Entrer dans l'histoire ! Faites renaître votre légende ! Attaquer ! »



Furieux, il se tourna vers la sorcière.



« Tu as bien trop blasphémé ! »



Il lança un flux de magie afin de tordre la réalité de la magicienne, de la briser et de la faire plier. Mais il ne se passa rien, son sort passa comme la brise sur la peau et l’armure d’Oaxaca. Pire, Crean ne bougea pas, il fit non de la tête et les troupes firent de même.


Pire, la magicienne écarta brutalement les bras, et une déflagration renversa tant les troupes orques que les armées grises, que tous les aventuriers et les treize. Tous furent durement projetés au sol, comme de vulgaire fétus de paille. Sirat avait rouler sur le sol, il se releva sans aucune douleur, mais fourbu.

Alors qu’il reprenait son souffle, il put ressentir un souffle noir s’imposer en lui, il traversait sa peau et caressait ses entrailles se glissant entre elles en les souillant de sa noirceur. La douleur qui en résulta lui fit porter la main à sa tête. La folle incantait un puissant sortilège



Ils n’avaient plus longtemps à vivre. Car quand la fille maudite, rejeton gâté, aurait fini de parler, ils mourront.



Alors, de l’Ouest, une silhouette féline apparut. Celle de Simaya. Une bulle noire enveloppa toute la zone de combat alors qu’elle s’écriait d’une voix puissante :



« Mages, oubliez vos sorts, donnez à votre magie la forme et les buts que vous lui souhaitez ! Je porte avec moi la magie d’Aliaénon, décuplée en puissance. Contraignez cette déesse sombre, pour la survie de tous ! »


Sirat eut son regard, qui s illumina. Il cria son nom pour qu’elle se concentre sur lui. Simaya, venait a lui et aux autres. Zewen était présent, il pouvait le ressentir. Dans l'air chargé d'eau, dans l'atmosphère baigné de souffre, il était partout. Et se signe final, montrait qu'il intercédait en leur faveur.


Il fit tournoyer son marteau avec un regain d'énergie et lança des incantations à Zewen, au sans visage et au destin. Son fléau tournoya et tournoya encore et encore. Il prenait de plus en plus de force, brassa le vent et se chargea d’énergie et d’un coup sec frappa le sol.

Oaxaca, qui subissait déjà les assauts consécutifs des aventuriers, se vit projeter dans les airs par une puissante colonne de terre qui se changea alors en deux énormes mains, celles de Zewen qui l’attrapèrent et la frappèrent contre le sol.


Suite à cela d’autres sorts vinrent détruire la déesse, la transpercer, l'expurger de sa haine.

Mais celle-ci n’était pas qu’une enveloppe mortelle et de son corps décharné et sanguinolent s’extirpa une chose que nulle ne pourrait décrire. Une abomination sans nom, un corps humain blafards suintant surmonté d’une gueule monstrueuse sertie de crocs. Une horreur qui terrifia l’assemblée. Sirat ne put soutenir cette vision qui brûla sa cornée et pétrifia son esprit. Une odeur pestilentielle s’infiltra dans ses narines. Il voulait vomir, fuir, se tuer… Il voulait mourir.


Il ne vit même pas la déesse grise renaître en spectatrice et en prédatrice se délectant de ce carnage. Elle était suspendue au-dessus deux et elle attendait.

Elle attendait quoi… Sirat se cachait le visage. Il luttait de toutes ses forces pour ne pas fléchir.


Fou il devait l’être, car contre toute attente, il rangea son marteau et courut en distordant le temps, bouclier à la main.


Une fois arriver, il sortit alors sa rune et la plaqua sur son écu en gueulant


Vi !!


Et il lança alors le bouclier rougeoyant, grenade infernale, en direction de la tête de la magicienne.
Hrp : distorsion temporelle 2 tour : premier cours et se rapproche prise d’élan.
Deuxième utilisation rune vi attaque sur bouclier et lancer de bouclier cc rang 4
Bénédiction de Ox +10

[XP : 4 (combat historique)]
Modifié en dernier par Sirat le mar. 9 nov. 2021 11:37, modifié 4 fois.
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Mythanorië
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Mythanorië » ven. 8 oct. 2021 23:25

*<---*

*7*

Notre étrange contingent composé du borgne, de la prêtresse, d'un Pérailhon remonté et d'un élégant assassin se fraye un passage juste à temps pour la fête. Une célébration bien morne, Oaxaca cernée par les survivants aussi charismatiques que nous qui étions tombés dans la boue et perclus de poussière. Le Fléau noir derrière elle psalmodie encore, ignorant aussi bien les peaux-vertes proches que les soldats couverts d'argent. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe, mais soudainement, une entité ailé fond sur la bête avec l'épée au poing. Elle le frappe, il riposte, une brume se lève et puis... Les deux disparaissent. D'un peu partout, des cris courroucés ou juste emplis d'envie d'en découdre. Le carapaçonné marin gronde aussi un ordre, exhortant à prendre la Déesse pour cible. Mes yeux clairs avisent le collier qu'elle extirpe de sa protection, les clignant plusieurs fois d'affilée lorsque deux spectres émergent comme répondant au geste. Et pas n'importe lesquels si j'en crois le côté oppressant qu'ils dégagent. Est-ce que ce bijou est une sorte de cage ? Capable de contenir des spectres ou des âmes jusqu'à ce qu'elle en ait besoin ?

Serpentins lovés autour de la garde de mon arme, j'avise d'abord l'assassin se tenant presque nonchalamment à la limite de la zone de combat. Lui qui voulait partir loin d'ici, estimant que sa place n'est pas en pleine lutte, se retrouve finalement au plus près de celle-ci. Je désigne la garce noire du chef et l'interpelle.

"Eh, l'assassin. Si on la distraie assez, vous vous sentez capable d'aller la délester de son collier ?"

C'est avec un calme étrangement déplacé qu'il me répond.

"Je ne compte pas intervenir dans cette bataille, ni dans un camp ni dans l’autre. Je ne suis ici que spectateur."

"Une raison particulière à cette passivité ?"

"Je suis vaincu. Je me suis rendu, ma place n’est plus ici."

Là encore, je ne parviens pas à m'empêcher de rouler des yeux. Pourquoi suis-je encore étonnée qu'on ne puisse pas compter sur qui que ce soit hors de la Confrérie dans les circonstances les plus terribles ? Il a toutes les cartes en main pour approcher de la garce sombre et lui dérober ce qui est sans doute un puissant objet, capable de le mettre lui-même à genoux, mais non. Je détourne mon attention de lui, me sentant galvanisée par le chant familier et puissant de Leyna' à côté de moi. Devant nous, entre deux tirades typiques de lui-même avec le général marin, Sirius tire un carreau qui fait mouche. En plein dans le torse de la rouquine, mais... Qui finit dissipé, comme détruit par le contact même de la cible. Enfin quelque chose qui me fait voir le borgne sous un angle plus favorable. Déterminée, je décide de mettre ses compétences à profit.

Tandis que je dégaine, avisant l'un des spectres proches, je m'écrie dans sa direction.

"Eh, Sirius ! Aller chiper la babiole au cou d'une garce noire, ça te dit ?"

Il me rétorque l'une de ses réparties qui me fait un instant sourire, mais bien vite, la vue d'Oaxaca repoussant tous ses assaillants d'une bourrasque de ténèbres me le fait perdre. Comment lutter contre ça ?! J'arrive déjà à peine à combattre efficacement des pirates sang-pourpre dans un lieu mal éclairé, mais là, c'est une maudite engeance divine qui se dresse devant nous ! Mes pensées sont brutalement interrompues par une voix à l'émotion indiscernable, mais bien trop proche de nous. Lame en main, je me tourne vers le shaakt qui avait relevé des squelettes plus tôt. Yeux écarquillés, je ressens une froideur douloureuse frapper mon torse et persister encore et encore. La sensation est si brutale et soudaine qu'un cri m'est arraché. Je tremble et mes serpentins libres agrippent un pan de ma tunique, tirant dessus avec violence. Mon écorce... Elle... Elle s'est flétrie, fanée, comme un végétal cueilli et laissé à la merci des intempéries trop longtemps. Par le passé, j'ai déjà subi moults blessures, mais jamais semblables à cela.

Brutalement, alors que Leyna' chante son ire envers le mage noir ayant attaqué en fourbe et cherchant à la frapper de son arme, je tends mes serpentins libres dans sa direction. Il ne blessera pas davantage un membre de mon équipage ! Mais si un carreau du borgne démolit la créature que j'ai à peine le temps d'apercevoir près du mage sombre et que la Prêtresse frappe durement son agresseur, mes fluides de terre échappent à mon contrôle. Ils ne font que créer un peu plus de cette terre détrempée qui nous entoure. Frustrée, je secoue la tête pour reprendre le dessus lorsque la voix courroucée de la rousse domine les lieux. Elle joint le geste à la parole. Le temps que mes yeux clignent, une brutale bourrasque me renverse par terre, me faisant pratiquement rouler dans le tas terrestre que j'ai ironiquement contribué à créer. Jamais je n'ai autant été malmenée. Je souhaiterais affronter dix fois un Sans-Pitié dangereux mais fondamentalement mortel que cette despote qui n'a rien à faire parmi les vivants.

Je cogne du plat des serpentins au sol et me remets lentement à genoux d'abord, ramassant mon chapeau expulsé par la déferlante. Entre la sensation de lourdeur dans mon torse et le soudain coup imprévisible, j'ai du mal à me relever. Et soudain, une nouvelle voix féminine et inconnue s'élève. Par Moura, combien de surprises vont encore nous tomber dessus ? Est-elle alliée ou ennemie ? Neutre aussi ? Non, car elle s'adresse aux porteurs de magie. J'ai du mal à tout saisir, mais je retiens l'essentiel : pendant un moment, nos fluides prendront la forme et les buts que nous leur ordonnerons. Un sourire en coin se glisse sur mes traits. Je passe le revers de ma main contre mon visage, chassant la terre fluide nichée sur ma joue. Non loin, Sirius interpelle la prêtresse et moi-même pour aller chasser la baleine. Pauvre bête. Être comparée à cette enflure de tyran femelle... Je ne prête attention aux paroles qu'il adresse au shaakt que pour brièvement poignarder ce dernier du regard. Si je survis à tout ceci, je m'assurerai que lui... Non.

Mais en attendant, mes yeux clairs reviennent à sa cible première : le collier pendant au cou de la créature. Donner corps à ma magie. Offrir un but... Je veux mettre la main sur cet objet, mais je suis trop loin. Alors ce sera à mes fluides de le faire à ma place, comme une extension de moi-même. Je me concentre pleinement sur cette tâche. Et soudain, la violence de la magie se déchaine. Pas simplement la mienne qui, bien que sous forme de main, se contente d'agripper la cheville de ma victime. Terre, foudre, ombre. Tour à tour ou en même temps, toutes prennent la sombre créature pour cible. Brisée son armure, transpercée sa silhouette, propulsée dans les airs avant d'être épinglée par un trait de foudre son enveloppe aux allures humaines. Pour finir par enfler, gonfler, comme une voile oubliée en pleine tempête. L'enveloppe s'étire, s'étend de plus en plus grossièrement jusqu'à... Éclater. Des morceaux sanglants sont propulsés, s'abattant sur les présents. Et parmi les fragments, j'aperçois l'éclat du bijou convoité. Son absence des mains de sa maîtresse fait tout bonnement disparaitre les spectres du champ de bataille.

Mon regard se rive sur le tas informe qui reste d'elle et, pendant de longues secondes, un sentiment incrédule et bercé d'espoir m'étreint. Mais cette mince lueur dans les ténèbres est soufflée sans ménagement. Stupeur, effroi. De la carcasse émerge une entité presque indéfinissable. Humanoïde, longiligne, aux teintes grisées et rouges. Pas de visage, mais une gueule béante d'où est émis un cri qui transperce mon être. Je grimace, plaquant la main libre contre ma tempe. Ma tête tambourine, lourde, comme assaillie par quelque chose d'invisible et d'inarrêtable. Le son insupportable cesse d'un coup, mais pas la douleur. Lorsque mes yeux clairs se posent sur la forme spectrale et hostile de la déesse, je suis brièvement tétanisée.

(Je... Je vais mourir...)

J'en ai la certitude. Rien ne peux stopper cette créature, surtout pas une brindille à moitié pourrie. Ma mâchoire se crispe, mes longs doigts d'écorce se serrent sur la garde de mon épée. Je tremble des racines à la canopée, incapable de m'en empêcher et peu à peu furieuse de me laisser ainsi dominer par ces sentiments. Où est passée la Mythanorië détachée du monde et observatrice ? Qu'est-ce que je fais ici au lieu de sillonner les mers avec mon équipage ?!

Mon équipage...

Nahöriel, Lydia... Samrik... C'est... C'est pour eux que je suis là, pour m'assurer qu'eux puissent fuir. Mais les connaissant, ils finiront par n'en faire qu'à leur tête. À chercher la vengeance pour nous tous. Je me mords la lèvre inférieure jusqu'à ce que de la sève s'en échappe. J'ai peur. J'ai terriblement peur de rencontrer ma fin à cet instant, mais plus encore, je suis terrorisée à l'idée de les abandonner. Ils ont besoin de moi, comme moi d'eux. Et je veux... Égoïstement... Revoir mon demi-garzok de maître d'armes. Mes jambes flageolent légèrement alors que je fais quelques pas, imitant Leyna' qui semblent prendre peu à peu le dessus sur sa crainte. Elle m'inspire à mon tour, galvanisant son géniteur et Sirius de sa foi en Moura, usant de sa magie d'eau. Si elle compte porter un assaut, je persiste quant à moi à penser au collier de la Déesse. Si elle pouvait y confiner des âmes, peut-être... Non, pas d'hésitation ! Personne ne répondra à mes questions ! Je dois mettre ma théorie à l'épreuve au plus vite !

Attrapant ma gourde, j'avale une rasade de potion pour soulager mon torse lourd, tout en commençant à me diriger à grands pas vers la zone où le pendentif a chu. Je ne remarque qu'à cet instant la présence de l'être ailé, volant au-dessus les lieux. Beaucoup de questions me viennent à l'esprit, mais je n'ai pas le loisir de m'y pencher. Déjà, je devine d'autres personnes se diriger aussi vers le point de chute. Je sais vouloir utiliser l'artefact contre Oaxaca, mais rien ne me dit que les autres ont les mêmes intentions. Mes serpentins se serrent durement sur la garde mon arme et je hâte le pas. Puisque je suis déjà là, aux portes des Enfers, je ne compte pas économiser mes forces pour atteindre mon but ! Moura soit avec moi !


*--->*

- Utilisation d'une grande potion de soin.
- Part à la recherche du collier d'Oaxie


[XP : 4 (combat historique) + 0,5 (discussion)]
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Thème musical

"Y'a pas à dire : la Mer, ça vous change quelqu'un !
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Sibelle
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sibelle » sam. 9 oct. 2021 02:34

Le rugissement du dragon servit de signal de départ pour un combat qui ne s’arrêterait que lorsqu’un des deux clans seraient disséminé, sinon les deux. Tous s’attendaient à une terrible guerre, mais aucun ne pouvait se douter de toute l’ampleur qu’elle avait. Les terres souillées de sang témoigneraient longtemps du carnage qui était en train de se dérouler. Et il n’y aurait peut-être aucun survivant pour raconter vraiment ce qui allait se dérouler. Il ne s’agissait plus d’une guerre pour acquérir un plus grand territoire, mais une guerre impitoyable pour sauver la vie sur Yuimen, peu importe la race. Car il était claire que Oaxaca ne sauverait aucune race, aucun peuple, elle se voyait reine d’un monde d’esclave qu’elle massacrerait à la première occasion.

Malgré tout, Sibelle ne perdait pas espoir puisqu’il y avait Brytha. Brytha la grise qui avait la réputation de rétablir l’équilibre. Celle-là même que Sirat craignait au point de s’associer à la reine noire. Bien qu’il avait accès au passé et qu’il croyait au destin, l’humoran s’était trompé sur toute la ligne cette fois et Sibelle savait qu’il avait déjà réalisé son erreur et qu’il mettrait tous ses efforts pour sauver Yuimen.

Et les troupes de Brytha chargèrent impitoyablement, alors que les aventuriers armés de leur courage, d’espoir et de leur instinct de survie arrivaient du sud pour certains et de l’ouest pour d’autres.

Alors que toutes les troupes convergeaient sur elle, Oaxaca hurla à ses lieutenants de donner l’assaut et d’attaquer sans pitié…. Sans pitié, deux mots que son dragon ne connaissait que trop bien ayant terrassé non pas que les ennemis d’Oaxaca, mais également les alliés. Et ça, les lieutenants d’Oaxaca n’étaient pas près de l’oublier. La majorité des orques se mirent en mouvement, mais d’autres restèrent sur place. Dégoûtés de cette reine et de son démon noir, plusieurs lieutenants se retirèrent du combat. Notamment Karsinar qui garda sa troupe près de lui. De même pour Crean Lorener qui écarta ses soldats du lieu d’assaut. D’autres capitaines et chef de clan refusèrent d’obtempérer aux ordres de destruction d’Oaxaca. Mais malheureusement, tous n’eurent pas cette lucidité d’abandonner cette marâtre et la suivirent malgré tout. L’affrontement eut donc lieu. La rencontre des deux armées fut violente, sanglante et sauvage. Une ambiance malsaine de terreur, de rage et même de peur, régnait en ce lieu où les combattants de deux camps s’affrontaient sans merci. Les uns trébuchant sur les cadavres de leur frères d’armes, d’autres découragés ou pris de panique demeurèrent au sol, blessé ne trouvant plus la force physique, mais surtout mentale de se relever et se battre. Au centre de ce chaos se trouvait le démon noir et sa maîtresse, les treize ainsi que certains aventuriers.

Les troupes de Brytha fraîchement arrivées dans le combat dominait nettement les garzoks qui combattaient depuis plusieurs heures.

Au centre du losange combattait l’invisible, Cromax, ainsi que Brytha de sa position aérienne. La déesse grise, tel un aigle attaquant sa proie, replia ses ailes et piqua sur l’infâme dragon noir. De son épée brandit en avant tel le bec d’un rapace, elle frappa la monstrueuse tête épineuse d’abominable monstre ailé. Ce dernier, à peine blessé, grogna de rage avant de riposter férocement, en ouvrant sa grande gueule pour la refermer avec puissance sur le corps plus frêle de Brytha. Le choc fut brutal, le craquement des os fut sinistre. La déesse, blessée mortellement n’abandonna pas pour autant. Investie pleinement par sa mission de rétablir l’ordre, elle tenta désespérément et en vain de s’extraire de l’emprise de la monstruosité noire. De la magie de lumière déferla, de longues dents noires tombèrent durement sur le sol carmin à l’odeur de fer, mais le dragon ne lâchait pas prise. Rien et personne ne pouvait sauver Brytha.

Et puis, un cri effroyable de douleur intense déchira le ciel. Un cri empreint de colère, mais aussi de détermination. Les yeux rivés sur cette scène aérienne, Sibelle vit une brume s’échapper du corps de Brytha. Cette brume grise pris de l’extension puis enveloppa la déesse ainsi que celui qui s’avérait être à la fois son geôlier et son bourreau. La terre trembla un moment avant de faire place au silence. Tous observèrent la brume se dissiper pour constater qu’une fois disparue, il ne restait rien. Pas de dragon, pas de Brytha, pas de cadavre, pas de sang… Rien ! La brume avait purifié ce charnier. N’ayant pu se défaire de l’emprise du dragon, Brytha l’avait emporté avec elle dans la mort. Son sacrifice fut malheureusement le seul moyen d’éliminer l’impitoyable bras droit d’Oaxaca.

Ce fut l’invisible qui brisa le silence, hurlant à tous d’attaquer la reine noire et de l’éliminer afin de venger Brytha et surtout afin que son sacrifice ne fût pas vain.

Bien que certains lieutenants avaient désertés, Oaxaca se trouvait tout de même entouré de Tal’Raban, Khynt et Leona. Non à bout de ses ressources, Oaxaca sortit un sombre pendentif et l’ouvrit. Deux formes spectrales en sortirent, celles de deux lieutenants tombés au combat un peu plus tôt : Sisstar et Gadory.

Sibelle sentit monter en elle une énergie nouvelle, comme un second souffle. Une motivation qui la poussait à repousser ses limites, à combattre cette maudite entité qui se disait reine.

Sans hésitation, avec force et détermination, Sibelle courut le plus rapidement possible pour rejoindre les deux spectres et les combattre jusqu’à la mort, s’il le fallait. Concentrée dans sa folle course, elle entendit tout de même Ezak hurler à Xël de l’emporter près de la reine noir après avoir attaqué le spectre noir de Gadory. Alors qu’elle arrivait à la hauteur de Gadory, Sibelle vit Ezak plonger droit sur celui-ci l’attaquant simultanément de la pointe de ses deux armes. Une redoutable attaque qui fut esquivé sans peine par Gadory. Alors que le spectre tendit sa main vers Ezak, ce dernier fonça en avant tentant de transpercer le spectre. Attaque qui se révéla aussi un échec. Sibelle arriva enfin à leur hauteur et sans perdre une seconde attaqua violemment le spectre, soulevant avec puissance la lourde hache de Karsinar, elle tenta d’abattre le dos de celle-ci sur le lieutenant d’Oaxaca. La hache traversa le spectre et s’abattit lourdement sur le sol. Gadory sous sa forme fantomatique semblait insensible aux attaques physiques. L’inverse n’était malheureusement pas vrai. Une main gigantesque et sombre étrangla le cou de Sibelle sans qu’elle puisse l’en empêcher. L’hinionne sentait la poigne du spectre se resserrer sur sa gorge, sans pouvoir s’extirper de cette douloureuse étreinte. Elle se débattait, cherchait son air,… en vain. Elle sentait ses forces s’amoindrir, mais elle persistait à tenter de se libérer. Tentatives qui se faisaient de moins en moins vigoureuses… Et puis, tel un chat blasé de jouer avec sa proie, Gadory la relâcha. Sibelle tomba au sol à bout de souffle, respirant avec peine, sa gorge tuméfiée à plusieurs endroits. Blessée gravement tant à son orgueil que physiquement, Sibelle ramassa le peu de force qui lui restait pour fouiller dans sa besace. Avec peine, et après plusieurs tentatives, elle réussit à ouvrit une première fiole et à l’envaler tout d’une traite. Le liquide pénétra d’abord difficilement dans la gorge meurtrie. Puis, sa blessure vraisemblablement stabilisée, elle réussit à s’emparer d’une deuxième fiole et l’engloutir. Toujours étalée sur le sol, elle attendit quelques instants avant de sentir une énergie nouvelle l’envahir.

Oaxaca, la mauvaise, la terrifiante, la maudite, (aucun attribut négatif fut assez puissant pour décrire un être d’une telle cruauté) libéra sa sombre puissance et fit apparaître des spectres terrifiants qui se nourrirent de l’énergie des gens présents dans le losange, allié ou ennemie. Oaxaca n’avait cure de ses alliés qui n’étaient en fait que de simples pantins qu’elle disposait selon son gré sans se préoccuper de leur bien-être. Sibelle, tout comme les autres aventuriers, n’en fut pas épargné et perdit de son efficacité.

Sibelle n’avait eu le temps de se relever qu’Oaxaca écarta brutalement ses bras, et tous les êtres vivants se trouvant dans le quadrilatère rejoignirent Sibelle au sol. La guerrière se releva comme tous les autres, mais non sans peine. Puis soudain, l’hinionne se tint la tête entre ses deux mains. Une douleur lancinante s’infiltrait dans sa tête, tentant de miner sa détermination ou de noircir son âme. Bien que la fin semblait proche, Sibelle persistait à garder sa position debout et tentait de dominer cette douleur magique. Résiliente, elle n’avait malgré tout pas l’intention d’abandonner.

Puis, alors que la victoire de la Reine Noire semble évidente, une fin et élégante silhouette fit son apparition tout à l’Ouest. Du premier coup d’œil Sibelle la reconnut, il s’agissait de Simaya Sombreroc, originaire de Aliaénon. Aidé de Xël et de quelques autres, Sibelle était venu à son secours et avait empêché que les pouvoirs de cette dame tombe entre de mauvaises mains. Yuimen était venu au secours d’Aliaénon à plusieurs reprises et voilà que Simaya leur renvoyait le remonte-charge. Une bulle noire se répandit sur toute la zone de combat, accompagnée de la voix forte de la belle blonde qui annonça aux mages d’utiliser la magie qu’elle venait de répandre afin d’y donner la forme souhaiter afin d’anéantir la veuve noire. Alors que Sibelle reprenait son souffle et se questionnait sur son utilité, puisque dépourvue de magie, elle entendit la voix de Cromax qui conseillait aux sans-magie de tenter d’immobiliser Oaxaca. Il venait à peine de terminer sa phrase que Sibelle était déjà en route dans le but d’utiliser toute sa puissance musculaire pour terrasser l’ennemie de tous.

Lorsque Jorus et Sibelle et d’autres aventuriers se trouvèrent à proximité d’Oaxaca, Cromax, quelques lieutenants et l’invisible l’avaient déjà immobilisée. Mais malgré tout, l’Oaxaca bénéficiait de fidèles qui tentèrent de venir à son secours. Un immense orque asséna un violent coup dans le dos de Karsinar. Bien que quelques heures plus tôt, Sibelle avait souhaité la mort de ce dernier, elle le considérait désormais comme un allié temporaire, puisqu’il avait eu suffisamment de lucidité pour retourner sa veste et se battre à leur côté. La hache pénétra dans la chair de Karsinar qui dut malgré lui lâcher sa prise sur la reine noire.

Un effroyable cri de douleur reporta l’attention de Sibelle sur la prisonnière. Cette dernière, affublée d’un trou béant dans son flanc droit pestait de rage, mais résistait toujours. Et puis, malheureusement, sa plaie se cicatrisa, et le trou se referma. Tous les aventuriers pourvus de pouvoirs magiques tentaient de lancer des sorts à Oaxaca, ses fidèles eux tentaient de la réparer. Mais la déesse résistait. Son apparence se dégradait, mais elle était toujours là, apparemment indestructible….et suffisamment puissante pour leur lancer une fois de plus ce noir sortilège qui affaiblissait leur esprit.
Tout espoir semblait perdu. Même l’apparition de Simaya et de ses énormes pouvoirs semblaient insuffisants pour détruire la pernicieuse dame noire.

(Cette fois c’est terminé. )

Sibelle venait tout juste de formuler cette pensée que du haut des cieux apparut une autre vision. Une aura salvatrice qui éclaira le champ de bataille tout entier et qui fit cesser immédiatement tout combat. Sa main protégeant ses yeux plissés instinctivement par l’importante luminosité, Sibelle tentait de voir l’intrigante apparition.

« Brytha ! »

La déesse qui était disparue dans une fumée grise, celle que Sibelle croyait morte entre les mâchoires du dragon noire, revenait toute lumineuse tel un ange pourvu d’un nombre important d’ailes.

Reprenant espoir, Sibelle jugea qu’ils devaient une fois de plus tenter d’immobiliser Oaxaca. Si elle ne possédait pas la puissance de Karsinar pour immobiliser la déesse, elle protègerait au moins ses arrières puisqu’il puisse accomplir sa tâche sans être importuné par l’immense orque qui l’avait attaqué plutôt.

Décidée de se débarrasser de l’importun, Sibelle profita de son dos tourné pour sauter dessus et le faire tomber. Son intention était d’abord de l’immobiliser au sol afin de l’empêcher de nuire aux autres aventuriers.
((( Sibelle saute dans le dos de Kurgoth afin de lui faire perdre l’équilibre.)))

[XP : 4 (Combat historique)]

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Yliria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yliria » sam. 9 oct. 2021 12:44

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Même en cet instant, le fanatisme aveugle et la bêtise ne semblaient pas avoir quitté certains des présents, à l’image du garzok qui, se permettant une ultime bravade, fonça sur nous comme une bête féroce, ignorant tout le reste si ce n’était sa soif de sang. C’était sans compter sur un allié inattendu. Le nécromant qui nous avait rejoint près de la Louve Noire envoya sa création squelettique qui intercepta le colosse armuré. Partout autour, le chaos commença et je fixai mes mains avec circonspection. Rien. Ma magie n’avait pas agi comme je l’entendais, contrairement à celle de Cherock et du nécromancien qui frappèrent violemment le Garzok qui s’échoua au sol, terrassé. Le rugissement du Dragon Noir me fit tourner la tête alors qu’il dardait un regard sur une elfe, au milieu du chaos. Chaos qui s’intensifia avec la charge des armées. Celle de Brytha et celle d’Oaxaca. La seconde fut abrogée, le doute s’étendant parmi les rangs Omyriens. Même le puissant général délaissa le combat pour se retirer, désobéissant sciemment aux autres de la déesse. Cela me tira un sourire. Alors certains n’étaient pas aussi abrutis par leur fanatisme que ce Garzok. Une bonne nouvelle alors que tout semblait perdu jusque-là.

Et les armées ne furent pas les seules à charger. La déesse Brytha fondit sur le Dragon Noir et le frappa de son arme. Mais le dragon, lui attrapa la Déesse qui hurla de douleur et de colère, frappant la bête en lui faisant éclater ses crocs. D’un œil, je compris qu’il fallait aider aussitôt, ou nous assisterions à la mort de la mauvaise déesse. Mais elle disparut, et avec elle le dragon. Il y eut un nuage de brume qui les entourèrent tous deux, puis ils disparurent, laissant un immense vide derrière eux. Seule une goutte d’argent tomba sur le sol.

« Sus à la Reine Noire ! Mort à Oaxaca, pour le sacrifice de Brytha ! »

L’n des généraux de Brytha venait de crier, bientôt suivi par un autre, un des généraux d’Oaxac, donnant le même ordre avec moins de retenue. L’heure n’était pas à l’hésitation. Et ce n’était pas l’apparition des spectres des Treize morts qui allait nous empêcher de finir le travail. Et pourtant, une fois de plus, ma magie me fit défaut. Je grognai de rage et laissai tomber cette idée. J’inspirai et laissai le pouvoir de mon masque me dérober à la vue de tous. J’abandonnai Cherock, resté derrière, j’ignorai les spectres et ceux qui les combattaient, je ne pensais qu’à une chose : arrêter Oaxaca. Tout en marchant et en veillant à ne pas chuter bêtement sur le champ jonché de cadavre, je sortis deux runes de ma besace. Je ne pouvais savoir ce que ces pierres auraient comme effets face à un être divin, mais il fallait tenter le tout pour le tout. Nombreux étaient ceux cherchant à attaquer la déesse, même Cromax se trouvait parmi eux, mais rien ne semblait réellement l’affecter. Elle se trouvait au-dessus du sol, faisant vibrer des volutes qui se transformèrent en âmes fondant sur tout ceux se trouvant autour d’elle, alliés comme ennemis. Encore une preuve que cette folle devait être arrêtée.

J’atteignis enfin le cercle autour d’Oaxaca, ignorant les âmes qui me traversaient, me répétant qu’elles n’étaient pas mes ennemis, seulement l’instrument d’une déesse folle. Je levai la main tandis qu’un guerrier me passa juste à côté au moment où je réapparaissais, et criai le nom des runes en visant Oaxaca. Ppimporte ce que cela frappait, pourvu que la déesse en pâtisse. Et cela fonctionna. Un froid intense figea mes doigts une fraction de seconde avant de fuser vers l’être divin dont l’armure se changea en glace, explosant bientôt par l’attaque du général de Brytha. Il aurait pu embrocher la déesse, mais son arme sembla se changer en ombre et il la retira. Un curieux phénomène qui ne me donnait pas envie de tenter cela avec ma rapière. Derrière, j’entendis le fracas des lames, celui des éclairs et de la pierre. Le combat faisait rage autour, mais seul Oaxaca était le véryitable ennemi. Elle disparue, tout rentrerait dans l’ordre… autant que possible.

- Jamais vous ne pourrez m’exclure ! Dussé-je tous vous tuer un par un, je serai Reine ici, Déesse vivante régnant sur le Monde, exécutant mes opposants et élevant mes fidèles. Ce petit jeu a assez duré, voyez maintenant le pouvoir d’une déesse !

Une force inouïe me repoussa en arrière et je tombai lourdement sur le dos, ma tête heurtant le plastron d’un corps inanimé. Je mis quelques secondes à reprendre mes esprits avant de me relever d’un bond, puis de grimacer. Une douleur lancinante enflait dans ma tête. Et la déesse incantait et la douleur semblait s’amplifier avec ses mots. Je serrai les poings et, alors que j’allais me ruer sur la déesse pour lui faire fermer sa gueule une bonne fois pour toute, une autre voix interpela ceux qui pouvait l’entendre.

- Mages, oubliez vos sorts, donnez à votre magie la forme et les buts que vous lui souhaitez ! Je porte avec moi la magie d’Aliaénon, décuplée en puissance. Contraignez cette déesse sombre, pour la survie de tous !

Qui ? Quoi ? Comment ? Je ne comprenais pas tout ce qu’elle racontait, Aliaénon me rappelant vaguement des mots prononcés par un autre. Mais peu importait. Alors on pouvait vraiment faire plus ? Autant essayer. Si ceux ne possédant pas de fluides se jetèrent sur Oaxaca, je cherchai à créer un lasso pour contraindre la déesse et il apparut dans mes mains. Mais alors que je voulais le lancer, Oaxaca récolta ce qu’elle avait semé. Tous les mages lancèrent leur magie et un déluge s’abattit sur elle. La terra jaillit pour la contraindre, le sang et l’eau l’asphyxièrent tandis qu’une colonne de terre propulsa la Déesse dans les airs, droit dans un éblouissant éclair qui la renvoya violemment sur le sol. Du corps de la déesse, il ne restait qu’une silhouette noircie et fumante, mais cela ne suffit pas et un dernier sort frappa, faisant exploser la carcasse en tous sens. Le collier maintenant les formes des spectres fila dans la mêlée proche et les deux spectres disparurent. Mais pas Oaxaca

S’élevant, une forme horrible prit place. Si le corps de la déesse n’était plus, elle était toujours vivante, devenu une abomination sans nom, affreuse, horrifique, la déesse de la terreur dans toute son horreur. Lorsqu’elle leva les bras, je posai un genou à terre, terrassée par la douleur qui me vrillait la tête. Un cri terrifiant sorti de cette bouche ornée de crocs au milieu d’un visage sans yeux ni nez. Un cri si horrible que je fermai les yeux en me tenant la tête, cherchant à me soustraire à cette vision, à cette monstruosité. La peur s’insinua dans mes veines et je voulus fuir, fuir loin, rentrer chez moi, quitter cet endroit de malheur à tout jamais. Je ne voulais pas mourir, pas comme ça, pas ici, au milieu d’un charnier. L’odeur de la mort et du sang, la douleur dans mon esprit, la terreur qui m’envahissaient me firent finalement me relever pour ficher le camp d’ici. Je n’avais qu’une chose à faire, juste presser ma boucle et je serai loin, en sécurité.

Le ciel se déchira par deux fois. D’abord, sous une clarté céleste qui me fit ouvrir les yeux pour les plisser, Brytha apparut, indemne, vivante et de retour, seule, sans le dragon. Mais ce ne fut pas elle qui me poussa à lutter. Dans un éclair, Cherock se matérialisa juste devant moi pour foncer sur Oaxaca, pour al vaincre pour de bon cette fois. Je ne pouvais pas fuir. Pas alors que nous pouvions réussir. Nous étions si proches du but. Je serrai le lasso puis le libérai, el faisant fondre sur Oaxaca, sur cet être qui avait déclenché toute cette horreur. Il fallait la restreindre pour de bon, l’empêcher de nuire à jamais.

***

HRP : Utilise le lasso solaire pour l’enrouler autour du corps d’Oaxaca et l’empêcher de bouger.


[XP : 4 (combat historique)]

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Cromax
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Cromax » sam. 9 oct. 2021 15:35

La fin d’une Ère – Deuxième partie.
La Voie Dorée





Alors que l’image de Brytha s’approchait, plus grande et lumineuse à mesure qu’elle s’avançait vers le champ de bataille, perçant les nuages de pluie pour faire émerger le soleil en rayons divins de pure lumière, le combat contre Oaxaca sous cette nouvelle forme inquiétante faisait rage. Ezak porta le premier coup, son avant-bras et son arme se couvrant de glace dure et froide pour frapper les haillons Oaxaca de cette arme cristalline temporaire. Le coup porta, mais il ne sut si la blessure était forte ou non. Car le tourbillon d’âmes qui tournoyait toujours autour d’elle grimpa encore le long de son corps immonde et rachitique, l’enveloppant complètement dans une tourmente d’âmes en furie dirigées par un puissant nécromant. Une liche du nom d’Azra. Maâra tenta elle aussi de runer la déesse. Une utilisation pertinente, qui déchira les chairs éthérées d’Oaxaca au niveau du flan, la blessant fortement, même si aucun sang ne coula de la blessure sale à voir.

Alors qu’Yliria lança son lasso autour de la tête d’Oaxaca, la tenant en laisse et l’empêchant de fuir en volant plus haut, la retenant douloureusement du fait de cette brulante lumière irritant sa gorge, Xël tenta un portail audacieux dans lequel il passa son bras. Il ne parvint pas à rentrer la main dans la bouche immonde de la Reine Noire, mais lui donna un bon coup de poing dans ce qui lui servait de mâchoire oblongue, repoussant ce visage hideux en arrière sous le choc.

À l’écart de ce combat épique, cette charge sur la divine sombre, Mythanorië et Jorus s’étaient lancés à la recherche du collier maudit qui avait sauté dans la mêlée subjuguée, toujours passive, au combat interrompu et aux regards plantés sur cette Brytha immense qui descendait des cieux. Si Jorus aperçut de loin ledit collier, il fut coiffé au poteau par l’oudyo, qui se rua sur le bijou avec ferveur, s’en emparant vaillamment. Elle put sentir entre ces doigts toute la malveillance de cet objet maudit. Dans un autre coin du losange final, Silmeria couvrait ses arrières en parlementant avec Tal’Raban, veillant sur Leona. Encouragé tant par Herle que par l’elfe blanche, il finit par céder.

« Aujourd’hui, Oaxaca est tombée. Elle a failli par orgueil et a révélé ses faiblesses. Je ne lui obéirai plus, et chercherai désormais à briser le lien qui nous unit à elle. »

Son regard se tourna vers son ancienne maîtresse. À son tour, il l’abandonnait sans remords. Leona elle-même semblait lasse de se battre. Sa protection de pierre tomba, et elle resta immobile, silencieuse et fermée.

Un souffle lumineux partit des mains de Faëlis pour tenter de soigner Xël. En vain, hélas : la blessure mentale qu’ils subissaient tous ne semblait pas pouvoir être soignée. Ni par la magie de lumière, ni par les potions consommées. Et la migraine saumâtre les frappait encore tous durement. Elle s’en irait avec le temps, après une bonne nuit de sommeil. Eldros aux mains de squelette lança un sortilège qui échoua sans rien donner, et usa de sa rune « Fermer » vers la zone en question. C’est Cromax qui fut touché, s’immobilisant subitement sans plus pouvoir bouger. Un état temporaire, heureusement, qui ne dura qu’une minute, l’empêchant d’attaquer ou de faire quoi que ce soit. Sarl, protectrice envers son compagnon prédateur, s’interposa entre lui et Kurgoth, et fit boire une potion de soin à Karsinar, qui la prit sans demander son reste. Mais le garzok mort-vivant avait une toute autre idée en tête : lancer sa hache glacée vers Brytha. Un lancer qui, malgré sa force surhumaine, passa complètement à côté de sa cible. La hache retomba au sol, s’y plantant non loin du lanceur alors que Sibelle jaillissait pour bondir sur le dos de l’orque, déséquilibrant ce dernier sans toutefois le faire tomber. Elle était désormais juchée sur son dos. Kurgoth entendit la voix de Tal’Raban dans sa tête qui lui lança une impérative supplique :

« Cela suffit ! Ramasse ton arme et reviens vers ton maître, créature. »

Relonor tenta de sauver les apparences en voulant faire que sa sombre déesse se ressaisisse. Il toucha son sort, renforçant la rapidité de la Reine Noire, sans cependant que c’eut le moindre impact sur le déroulement des choses. Car elle ne pouvait agir, contrainte et assaillie par de nombreuses attaques. Les lames des armes de Throgg’Inn, Pérussac, Perailhon et de l’Invisible général de Brytha s’abattirent sur Oaxaca. Le bouclier de Sirat vola dans les airs et percuta durement la tête de la déesse, la sonnant encore plus qu’elle n’était, avant de choir au sol au milieu des combattants. La lumière et la foudre s’abattirent sur elle, faisant de Kiyoheïki et de Cherock ses bourreaux. Le visage déformé se tordait encore plus, de douleur, de colère, d’impuissance. Si la vague de Leyna ne parvint pas, elle et son capitaine de guilde assaillirent toutefois la déesse. Leyna n’eut pas assez d’élan pour la rejoindre, mais Heartless ajouta sa lame à celles qui l’avaient frappée précédemment. Esseulé, Khynt recula vers les garzoks, prudent.

C’est alors que l’illusion fut rompue. L’illusion lancée par Tobias, seul témoin de ce qui était en train de passer, celui qui avait aux autres tout caché. En lieu et place de Brytha, qui s’effaça de la vue de tous, une masse dorée descendait des cieux. Ceux qui connaissaient les aynores purent reconnaître cette technologie, mais elle semblait ici magnifiée, perfectionnée.



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Immense, loin des pâles copies des elfes gris, l’engin volant descendait lentement vers la plaine. Tous les yeux étaient désormais rivés sur lui. Éblouissant, il écartait les nuages pour illuminer de nouveau la plaine, cerné de rayons dorés de soleil. Cela ne pouvait dire qu’une chose : Nyr Tel’Ermansi envoyait à son tour des émissaires.

L’aynore ne tarda pas à se poser, sur la droite du losange. Un énorme sas s’ouvrit, et six chevaliers en armure intégralement dorée en descendirent en pointe de lance.



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Ils étaient l’escorte de trois êtres sublimes. Deux étaient des elfes forés, au teint pâle et légèrement doré, aux yeux d’or et aux armures et habits scintillants. Un mâle, en habits, à la longue chevelure comme les blés.




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Et une femelle, en armure dorée, sainte combattante.




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Le dernier était un homme à la peau sombre, engoncé dans une armure blanc et or. Tous ceux qui l’aperçurent sentirent la paix en leur corps, en leur âme, et toute velléité de se battre fut résorbée au néant. Une aura lumineuse de paix cernait celui qui ne pouvait être que le Roi de Yuimen, Koushuu.




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Le premier elfe prit la parole d’une voix puissante mais calme, les mains jointes par les doigts dans une position de maîtrise et de pouvoir.

« Peuples mortels, sachez qu’aujourd’hui les Dieux ont entendu votre voix. Ils ont senti la souffrance et la mort se déchaîner, ils ont pris pitié de vous, ils ont compris votre volonté ferme de punir Oaxaca pour ses actes. Nous sommes les émissaires des dieux, je suis l’Envoyé de Zewen, sa bouche et son visage en ce monde. Et aujourd’hui sonne la Fin d’une Ere pour Yuimen. »

Il se tourna vers Oaxaca, toujours liée par le lasso d’or. Les âmes s’étaient tues, disparaissant. L’orage aussi.

« Oaxaca, fille de Thimoros, vous êtes accusée de maux majeurs sur cette terre. Le jugement de Zewen est implacable : vous devez quitter ce monde pour venir vivre sur Nyr’Tel Ermansi, à la place qui vous y attend : au sein de nos geôles divines, sous la surveillance de votre nouveau Gardien : Koushuu, Roi de Yuimen, Souverain de Kers et dieu mineur de l’Ordre. »

Le Roi de Yuimen s’avança parmi les aventuriers, fendant leurs rangs. Il approcha d’Yliria et, posément, lui fit comprendre qu’il souhaitait se saisir de son lasso solaire. Une demande à laquelle elle obtempéra sans ciller. La ramenant au sol sans qu’elle puisse y échapper, rompant tout sortilège de sa part et sauvant ainsi tous les êtres vivants présents là, il la traîna sans un mot vers l’Aynore, y pénétrant sans célébration ni détour. Oaxaca, soumise par les aventuriers, était défaite. Elle avait perdu. Tout. Et elle serait désormais prisonnière des dieux, pour l’éternité. La femme elfe parla alors :


« Je suis Artanis Caliawen, porte-parole des Dieux élémentaires. Vous qui vous êtes battus, vous qui avez survécu, vous, les âmes héroïques de ce monde, insensibles au Pouvoir des Ombres, vous serez récompensés pour votre bravoure. Pour votre fidélité. Pour vos actes. »

Les six gardes sortirent de leurs lourdes besaces des bourses de cuir clair au filin d’or. Une récompense pécuniaire pour tout un chacun. Voire plus ? Il était difficile de voir ce qu’elles contenaient (vous aurez le détail prochainement dans le sujet de l’event). L’Invisible s’avança vers elle, sans s’approcher trop, et déclama calmement :

« Ainsi voilà tout le pouvoir de vos dieux : vous traiter comme des mercenaires. Voilà qui est bien misérable face au Sacrifice de Brytha pour votre survie à tous. N’oubliez pas à qui vous devez la vie, dans vos pensées et vos prières. Nous n’avons, dans l’armée grise, aucune raison d’accepter de présent de votre part, émissaire. Aussi, nous nous retirons. Que ceux qui veulent dédier leur vie à votre sauveuse nous accompagnent. »

Il recula vers le Sud, et suivant son exemple, toute l’armée de Brytha se replia lentement. Une brume naquit, enveloppant l’armée à mesure qu’elle avançant dedans, la faisant disparaître. L’invitation avait été lancée, mais qui la suivrait ? La goutte d’argent qui avait percé le sol disparut avec eux, même si le bras rongé d’Eldros en resta recouvert.

Une fois l’événement passé dans un silence mortel uniquement brisé par les pas des sbires gris, de leurs chevaux et armures lourdes, l’émissaire des dieux qui avait tout suivi en laissant son regard d’or planer sur le dos de l’Invisible, reprit la parole.

« Les Dieux vous invitent également à nous suivre, sur notre Aynore. Nyr’Tel Ermansi vous est ouverte temporairement. Que ce soit pour escorter la sombre déesse, pour rencontrer vos divins ou juste visiter ce lieu de félicité, vous êtes les bienvenus. Ne tardez pas, cependant : nous devons ramener Oaxaca au plus vite là-haut. »

La « Bouche » de Zewen reprit la parole, désignant Kurgoth.

« Que quelqu’un le soigne de cet état. Il y a eu suffisamment de morts pour aujourd’hui. »

Les garzoks et le reste des armées liées à Oaxaca ou aux Treize reculèrent vers le nord, se dispersant. Les garzoks auraient désormais plusieurs voies à suivre. Libérés de leur maîtresse cruelle, ils devraient choisir leur vie. Nul n’avait plus en tout cas, Koushuu ou pas, envie de se battre. Car maintenant que la paix était revenue, il était temps de prendre la mesure du désastre qu’avait été cette bataille. Une horreur sans nom, une hécatombe comme jamais il n’en avait existé. Tout ça aurait un impact majeur sur la géopolitique du continent, sur les relations diplomatiques du monde entier.

Spectatrice jusque-là, la Princesse Satina et son escorte approchèrent du lieu où Oaxaca avait été vaincue. La mine grave, les visages fermés. La bataille était terminée, mais l’heure, pourtant, n’était pas aux réjouissances. Car partout autour, des milliers de cadavres recouvraient la plaine, engoncés dans leurs armures boueuses qui rouilleraient bien vite. Il faudrait des jours, des semaines, des mois pour tous les enlever de là. Leur offrir une mort décente sur des buchers géants. La terre ynorienne, elle, mettrait des années pour de nouveau voir fleurir plantes et cultures. Seules restaient les plantes de Leona, jungle carnivore qui pouvait s’étendre, encore.

C’était la Fin d’une Ere. Et puis le début d’une nouvelle.


[HJ : Voilà l’event terminé dans sa globalité. Vous pouvez poster votre ultime RP à la suite de cette mise à jour pour y réagir. Je suis disponible pour d’éventuelles discussions, apartés et autres interactions avec les pnj présents (les 13 survivants sont tous là, les elfes dorés, la princesse kendrane et son entourage, etc.). N’oubliez pas votre belle bourse remplie de surprises, et précisez si vous allez avec l’une ou l’autre des factions (Brytha, Elfes dorés, orques) ou si vous retournez à vos propres aventures.
Merci à tous d’avoir participé jusqu’au bout à tout ceci. Vous verrez prochainement apparaître toutes sortes de changements dans les sujets de lore concernant Nirtim, soyez-y attentifs. Je ferai également un résumé de toutes ces implications sur le background au sein du sujet des événements récents.]

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Daemon
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Daemon » mar. 12 oct. 2021 01:34

Trempé de sueur et de sang, les effluves violacées du souffle de Thimoros s'échappant encore d'entre ses lèvres, Daemon laissa tomber son cimeterre et porta une main à son torse. La douleur émergeait... et il chut à genoux tandis que la cavalerie du Duché le dépassait au galop. Les blessures subies lors des derniers affrontements ne pouvaient être sans conséquence, et une fois la tension retombée, la force qui le maintenait s'évapora.
Des ombres vinrent à sa rencontre et échangèrent des paroles sourdes, inaudibles, tant les sifflements qui l'assaillaient étaient étourdissants. Il leva la tête pour toiser les silhouettes indistinctes, les bras tremblants et le regard perdu dans le vide ; l'instant d'après, son esprit plongeait dans les ténèbres.


Un sommeil profond et sans rêve s'en suivit.

L'unique souvenir qu'il tint de cette absence fut un sentiment de détresse et la voix paniquée de Nienna, comme un appel à l'aide au milieu de la nuit. Ses paupières s'ouvrirent sur le visage fantomatique de la défunte, dont les cheveux tourbillonnaient au vent comme dans une tempête, et dans un premier temps, il ne comprit pas ce quelle disait tant cela lui parut absurde.

Une couverture nuageuse et sombre grondait au dessus de la plaine. Le semi-elfe utilisa son cimeterre pour se redresser et fit quelques pas ; des corps gisaient autour de lui, des centaines et des milliers de corps, à perte de vue... Il crut dans un premier temps avoir rejoint le domaine de son ultime seigneur, lorsqu'il croisa la route d'une créature : un automate de Kynth.

C'était impossible... Mais, même s'il ne voulait pas le croire, il dut se rendre à l'évidence : les murailles d'Oranan se dressaient à l'horizon. Les hommes et les nains étendus à ses pieds étaient les armées des Duchés et de Mertar, ces même armées qui se battaient quelques instants auparavant (combien, il ne pouvait le dire), leurs âmes s'étaient envolées comme on souffle sur une bougie, comme dans les dires de Nienna.

« C'est impossible... »

Nienna indiqua du doigt une forme sombre au loin, dont il put sentir émaner une magie noire et colossale. Le dragon noir était à l’œuvre et sa puissance était au-delà de toute ses craintes et espérances, plus encore que dans les légendes, la créature de Phaïtos avait engloutit toutes les armées regroupées sur la plaine, à l'exception de sa personne. Il devina cependant de l'agitation et, plus à l'est, une nouvelle armée dont il ignorait son appartenance.

« Nienna, explique moi ce qu'il se passe... » demanda-il d'une voix tremblante.

« Lors de votre pâmoison, un sortilège du dragon noir a invoqué un vent infernal qui a aspiré la vie de toutes les armées : humaines, naines, orques, à l'exception de celle des elfes blancs. Vous pouvez encore le sentir... »

En effet, Daemon pouvait ressentir la magie à l’œuvre comme un énorme gouffre s'étendant devant lui.

« Mais qui-sont-ils alors ? Ce ne sont pas les troupes d'Anorfain. »

« Je l'ignore. Les rares survivants se sont dirigés vers le Dragon, et puis cette étrange armée est apparue. » répondit Nienna. « Et il semble qu'un atout les accompagne. »

Daemon aperçu alors une forme lumineuse descendre des cieux à la rencontre du Dragon noir. Un hurlement terrible résonna, une grande lumière et puis... plus rien. Le vent maudit retomba et laissa la plaine silencieuse. L’apparition ainsi que le Dragon avaient tout bonnement disparus.

« Nous devons rejoindre Azra, j'imagine qu'il a doit encore se battre ! »

Nienna acquiesça et ils se précipitèrent au pas de course dans la direction supposée. Cependant, étant le dernier être vivant présent sur le champ de bataille, sa présence attira l'attention des automates de Kynth encore présents et des lumières rougeoyantes apparurent progressivement autour de lui.
Daemon s'échappa au pas de course tandis que les premiers projectiles volaient à sa rencontre. La plupart étaient trop peu perfectionnées pour le poursuivre et, bien que les archers demeuraient un problème, les machines aux allures d'insecte allaient en devenir un. Les lames disposées à la jonction du coude leur permettait d'adopter une course à quatre pattes, plus agile et plus rapide. Il parcourut la plaine de morts poursuivit par une meute, qui s'approchait toujours d'avantage et qui ne s’essoufflait pas. Bientôt le mur de ronces et de plantes vénéneuses se dressa devant lui.

« Bon sang ! » Il jeta un regard en arrière. « Nienna, ouvre un passage pendant que je m'occupe de ceux qui arrivent ! »

Le fantôme apparut distinctement et ouvrit les bras pour déployer ses fluides d'ombre. Les plantes noircirent et fanèrent à vue d’œil, écartant progressivement une brèche dans le piège mortel de Leona.
Les premiers automates bondirent sur le semi-elfe, qui roula pour esquiver leurs lames fourbes et les accueillit de la pointe de son cimeterre. Ce n'était pas la première fois qu'il avait affaire à eux, et il connaissait dorénavant leurs points faibles. Car aussi robuste étaient leurs constitutions, elles n'étaient pas moins exempte de faiblesses, à la jointure de leurs membres, de leurs articulations ; comme celle des armures lourdes, en sommes. Il arracha ainsi un membre antérieur à son premier ennemi qui chut sans parvenir à se redresser, et le second qui lui avait bondit dessus et avec qui une véritable lutte au corps à corps s'était engagé, reçu sa lame dans une jointure du torse, directement dans son cœur flamboyant, l'éteignant fatalement. Daemon se débarrassa de la carcasse inerte qui l'écrasait, et se précipita dans le corridor ouvert par Nienna.

Les autres automates n'avaient pourtant pas perdu sa trace et, malgré les appels du fantôme, l'un d'eux le rattrapa et entailla profondément sa cuisse. Le nécromancien chut et roula, tandis que les trois insectes métalliques l'encerclaient.
Une main sur sa jambe, l'autre épée au poing, Daemon se redressa doucement.

« Ne monopolise pas mes fluides, Nienna. Tu sais bien que la magie d'ombre n'aura aucun effet sur eux. »

« Vous croyez... » fit-elle en l'ignorant.

Des bras squelettiques sortirent de terre et enserrèrent les machines pour les précipiter au sol. Des grésillements paniqués et des grincements de fureur retentirent alors qu'elle se débattaient. L'une d'elle fut proprement démantelée et mise en pièce, mais les autres se défendaient. Les squelettes, moins robustes furent à leur tour démontés et volèrent en éclats, mais cela laissa le temps à Daemon d'approcher et de transpercer une seconde...

Il n'en restait donc qu'une, qui vrombissait et se préparait à l'attaque. Le semi-elfe avança doucement en claudiquant, et la machine bondit pour effectuer une parabole autour de lui. Elle passa rapidement derrière en le frappant de sa lame latérale, qu'il dévia d'une parade, mais sans avoir le temps de lui rendre la monnaie de sa pièce. Il dut attendre le second passage, dont la manœuvre était calquée sur la première, pour parer et trouver l'ouverture afin d'atteindre un membre inférieur. L'automate perdit son équilibre et roula dans la végétation. Avant qu'il ne se redresse, Daemon l’assommait déjà de coups jusqu'à ce des étincelles jaillissent de son corps...

À bout de souffle, il se redressa et avança en claudiquant vers l'autre partie de la plaine, où il pouvaient sentir une intense magie noire, une tenaille prenant son esprit en étaux.


XP : 2 (combat) + 0,5 (discussion)]

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Akihito
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Akihito » sam. 23 oct. 2021 19:40

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

42 : Le prix de la victoire.

Toutes les forces de la bataille convergèrent en un unique point, terrifiant, pour achever un combat qui les menaçaient tous. Lames, tridents, haches. Pirate, général Thorkin, humain des Duchés, ancien général de la Noire et officier de la Grise. Peu importe son origine ou son ancien camp chacun lança une ultime attaque, ouvrant de son arme la chair de la Déesse, faisant fit de la tempête d'âmes. Un objet vola et percuta la bouche d'Oaxaca peu de temps après le poing de Xël, surgissant de son portail. Cela entraina sa chute et au dernier moment, Akihito dût réorienter son sort. La lasso de feu doré d'Yliria aida le fulguromancien à repérer sa cible dans les ténèbres, car ce dernier était toujours entouré autour de son coup.

L'Ynorie prit alors sa revanche quand la foudre du Porteur de la Kizoku et la lumière de Dragon d'Or s'abattirent de concert sur la responsable de la mort de tant des leurs, dans un fracas magique venu du ciel. Retombant au sol, trébuchant, se relevant pour poursuivre le combat, Akihito était prêt à foudroyer autant qu'il le faudrait la déesse. Et.. Tout s'arrêta.

Au dessus du champ de bataille, la silhouette de Brytha disparue, comme un mirage, comme si elle n'avait jamais existée. Etait-ce une illusion ? Un autre tour de force magique de la part de la déesse des Brumes, disparaissant comme elle avait pu apparaître ? Quoi qu'il en était, loin au dessus de là où se trouvait la déesse, le ciel se creva et fit apparaitre un Aynore. Les Sindeldi se joignaient à la bataille !

(Mieux vaut tard que jamais.)

(Attend, Akihito, c'est pas eux. Regarde l'Aynore... Il est différent de ceux qu'on a pris avant.)

(Hein ? Qui ça peut être alors ?)

(Je... Tu vas voir. Mais la guerre est finie.)

Perplexe, Akihito regarda comme tout les autres sur le champ de bataille l'aéronef descendre des cieux. Amy avait raison : l'Aynore semblait encore plus hors de prix que les traditionnels aynores, à tel point que les extrémités des ailes étaient réhaussées d'or, la coque d'un blanc nacré. Et à mesure qu'il descendait, il semblait encore plus énorme que les transports Sindeldi. Quand il s'y posa, plusieurs hautes silhouettes chevalières équipées d'or en sortirent, armées de longues hallebardes. Deux elfes au visage découvert, à la chevelure d'or assortis à leurs habits ou armures, les suivaient. Encadrant une dernière silhouette. Un homme à l'armure éclatante contrastant avec sa peau sombre. Un homme qui, par sa seule présence, sembla annihiler toute velléité.

(Le Dieu Koushuu..)

Un Dieu. Un Dieu mettait enfin le pied sur Yuimen, venant mettre un terme à la guerre. Comme l'attesta l'homme elfe, qui parla d'une voix forte.

« Peuples mortels, sachez qu’aujourd’hui les Dieux ont entendu votre voix. Ils ont senti la souffrance et la mort se déchaîner, ils ont pris pitié de vous, ils ont compris votre volonté ferme de punir Oaxaca pour ses actes. Nous sommes les émissaires des dieux, je suis l’Envoyé de Zewen, sa bouche et son visage en ce monde. Et aujourd’hui sonne la Fin d’une Ere pour Yuimen. Oaxaca, fille de Thimoros, vous êtes accusée de maux majeurs sur cette terre. Le jugement de Zewen est implacable : vous devez quitter ce monde pour venir vivre sur Nyr’Tel Ermansi, à la place qui vous y attend : au sein de nos geôles divines, sous la surveillance de votre nouveau Gardien : Koushuu, Roi de Yuimen, Souverain de Kers et dieu mineur de l’Ordre. »

Le premier Roi de Yuimen s'avança vers la Déesse déchue et, sans un mot, tandis une main vers Yliria qui lui confia immédiatement son lasso de feu. Le Dieu n'eut aucun mal à s'approprier la magie de la semi-shaakte malgré tout ce qu'elle avait de particulière. Et tout aussi simplement, il entraîna une Oaxaca vaincue, blessée, humiliée, vers le vaisseau des Dieux. Vers l'île des Dieux, où elle serait isolée et ne pourrait plus faire de mal à qui que ce soit.
Akihito sentit le marteau glisser de ses mains, cognant l'épaulière d'un des soldats morts sur lequel il se tenait. C'était terminé. Oui. Mais à quel prix. Tant de personnes avaient péris, quittant la surface du monde à jamais. Parmi elles, une femme dont l'Ynorien refusait de prononcer le nom, s'accrochant à un espoir ténu. Infime. S'accrochant à ce qui lui restait.

Alors que le poids des sacrifices et des morts commençaient lentement à peser sur ses épaules, la deuxième elfe pris la parole. Elle s'appelait Artanis Caliawen, et si le premier était la voix de Zewen, elle était celle des Dieux élémentaires. Elle annonça tout d'abord que leur bravoure et leur loyauté ne sauraient être laissée sans récompense, et des bourses de soie précieuse furent distribuer à tous, adversaires comme alliés de la déesse vaincue. En son coeur, une petite fortune de yus accompagnés de plusieurs runes que l'enchanteur connaissait déjà pour la plupart. Une récompense à la hauteur de ce qu'il avait fait, bien qu'elle avait un goût amère pour le jeune homme : tous les yus du monde ne pourraient pas racheter ce qui avait été perdu sur ce champ de bataille. Et recevoir une poignée de pièces de la part d'êtres divins, qui auraient pu empêcher une partie de tout ça... Le commandant de Brytha partageait aussi son point de vue : ils étaient presque traités comme des mercenaires, et il rappela que celle qui les avaient tous sauvés, c'était Brytha, et non le panthéon élémentaire. Puis il se détourna, rejoignant son armée qui disparut peu de temps après dans les brumes, comme elle était arrivée. Le tatoueur hésita un instant à les suivre, mais...

Il ravala les sentiments qui l'envahissaient. Ce n'était ni le moment, ni le lieu. Puis la dénommée Artanis reprit la parole.

« Les Dieux vous invitent également à nous suivre, sur notre Aynore. Nyr’Tel Ermansi vous est ouverte temporairement. Que ce soit pour escorter la sombre déesse, pour rencontrer vos divins ou juste visiter ce lieu de félicité, vous êtes les bienvenus. Ne tardez pas, cependant : nous devons ramener Oaxaca au plus vite là-haut. »

Cette nouvelle plongea Akihito dans une profonde réflexion, malgré la fatigue. C'était une occasion inespérée de rencontrer les dieux, et surtout Valyus et Rana. Il n'aurait peut être pas une autre occasion si belle... Pourtant, il devait avoir certaines réponses à des questions, et la personne la plus à même de lui répondre, c'était la Artanis. Il s'approcha alors d'elle, la bourse toujours en main.

"Dame Caliawen, pardonnez moi, mais savez-vous pourquoi les Dieux ne sont pas intervenus ? J'ai bien conscience de la décision du Dieu Zewen sur leur interdiction d'intervenir sur notre monde, mais si Brytha n'avait pas été là... Le Dragon aurait poursuivi son massacre. Alors je ne sais que penser de cette invitation...

- Parce qu'ils n'en ont pas le droit. Leur intervention contre le Dragon Noir les aurait fait user de toute leur puissance, et vous y auriez laissé la vie. Tous. Brytha a réussi son objectif en intervenant. Désormais, le monde est totalement aux mortels, sans plus d'intervention divine ni de danger absolu. Ce sont vos actes contre Oaxaca qui ont décidé Zewen de nous faire venir, finalement. Vous ne devez cette victoire sur le divin qu'à vous, déclara-t-elle avant de le fixer intensément et de rajouter : Ne voyez aucun mal dans cette invitation, c'est un grand honneur qui vous est fait à tous. La possibilité de rencontrer les dieux. Ils sont eux-mêmes curieux de vous voir, de vous entendre. Vous êtes un fervent fidèle de Valyus, n'est-ce pas ? Un élu selon certains. Connaissant le maître de la foudre, il serait sûrement intrigué par votre parcours et fort intéressé par votre rencontre.

- Notre victoire n'est peut être dû qu'à nous, mais la défaite n'était jamais loin... Et j'imagine bien que l'intervention des Dieux aurait ravagé Nirtim."

Le deuxième point l'intriguait et l'intéressait, évidemment. Être le potentiel objet de l'attention d'un Dieu... Peu de personnes pouvaient s'en vanter.

"Un grand honneur, oui. Mais j'ignore si c'est ma place, avec les dégâts de cette guerre sur ma patrie... Combien de temps resterons nous sur l'île, ainsi que le trajet vers cette dernière ?

- Vous resterez le temps qui vous semblera juste. Nous vous redéposerons sur NIrtim sitôt que vous le voudrez. Il n'y a guère que quelques dizaines de minutes qui nous séparent actuellement de l'ïle volante de Nyr Tel'Ermansi.

- Je dois prendre quelques instants pour en parler avec certains avant de faire mon choix... La guerre a été impitoyable, et mon absence pourrait être malvenue."

L'elfe dorée hocha la tête, compréhensive, et lui assura que l'Aynore, s'il partait dans peu de temps, laissait suffisamment de temps pour qu'il puisse faire ce qu'il avait à faire. Autour de lui, les armées d'Omyre avaient commencées à se disperser, formant des groupes disparates autour de différents généraux, tels que Crean ou Karsinar. Personne ne pouvait prédire ce qu'allait devenir le vaste empire d'Omyre sans Oaxaca. Ils pouvaient tous se rassembler sous la coupe d'un ancien lieutenant de la déesse, comme Crean, bien que pour l'enchanteur la fin la plus probable serait celle d'un empire fragmenté entre ses anciens commandants les plus puissants. L'un d'eux d'ailleurs, le nécromancien Tal'Raban, était dans une discussion animée avec plusieurs aventuriers, dont Yliria. L'heure n'était plus au combat, aussi ne se fit-il pas plus de soucis que ça bien qu'il gardait du coin de l'oeil l'évolution de la discussion. Du moins, jusqu'à ce qu'un des anciens Treize ne viennent directement le voir.

"Vous avez ruiné nos plans jusqu'au bout, fulguromancien. Je devrais vous tuer pour vos actes... Mais je ne le ferai pas. Pas tout de suite. Mais ne vous retrouvez plus jamais sur mon chemin. Tenez. Ceci vous appartient."

La voix dépersonnalisée, métallique du Générale Khynt résonna, aux accents amères. Dans sa main, elle tenait l'aiguille qu'il avait laissé derrière lui, à son attention. L'aiguille de tatouage, l'une de celles qu'Elle lui avait offertes pendant son apprentissage. L'Ynorien sentit autant le besoin impérieux de la récupérer que l'angoisse et le malaise de porter sur lui quelque chose qui lui avait appartenu. Luttant contre ces envies contradictoires, il fit face à la mage et se servit d'elle pour penser à autre chose, rapidement.

"Je pensais honnêtement qu'un dialogue était possible avec vous, général. J'étais réellement prêt à partager mon savoir, mon don avec vous, si nous avions trouver un terrain d'entente. Mais vous avez pris le partie d'Oaxaca et du Dragon noir, dont le pouvoir n'était pas si absolu que ça. Et ne vous méprenez pas : j'ai ruiné et me suis opposé à votre déesse, pas à vous, répondit l'enchanteur d'une voix lente et calme. Si d'aventures vous êtes prêts à discuter et ne pas vouloir m'étriper à vue, gardez cette aiguille. Je vous retrouverai en temps et en heure, comme une balise. Sinon... Eh bien, notre prochaine rencontre sera alors le moment de voir qui de nous deux dompte le mieux la foudre.

- Je ne parlais pas de vous occire sitôt que je vous verrais. Juste de le faire si vous contrecarrer à nouveau mes plans. Quant à mes choix, je crois avoir suivi jusqu'au bout celle qui m'a redonné la possibilité de vivre à nouveau, de chercher la perfection. Leurs pouvoirs n'étaient pas absolus effectivement. Et j'enrage de m'être trompé. J'y croyais vraiment. Je garde l'aiguille, dans ce cas. Et je vous conseille de ne pas mesurer votre foudre à la mienne. Amicalement."

Et elle s'éloigna, mettant fin à leur brève discussion.

(Certains dictons dit qu'il faut rester proche de ses alliés, et encore plus de ses ennemis... Tu ne trouves pas que tu le prends un peu trop au pied de la lettre ?)

(Le futur de Nirtim est impossible à deviner, et l'Ynorie n'a plus ou peu d'armée quand les garzoks sont encore là par dizaines de milliers. Je préfère avoir le plus de cartes en main. Même si la mienne n'est plus très fournie...)

Il parlait du destin de l'Ynorie, et voilà qu'arrivaient les représentants du pays. Les Conseillers Muri, Tirama et Shimi venaient d'arriver, représentant ce qu'il restait du peuple Ynorien. L'enchanteur alla à leur rencontre, et s'inclina devant eux après avoir retiré son casque abimé. Rester en mouvement, parler. Pour ne pas penser à Elle.

"Conseillers. Comme vous pouvez le voir, la victoire est nôtre, mais nous avons bénéficier de l'aide ou du refus d'aide à la Déesse noire de bon nombre des 13. Seuls Tal ' Raban, Leona et Khynt lui sont resté fidèles. Les Ermansi nous proposent de les suivre et avoir l'opportunité de rencontrer les dieux... Je mentirais si je disais que je n'étais pas tenté... Mais ma présence ici vous sera peut être nécessaire... Je m'en remets à votre jugement et votre sagesse.

- Ce Dragon vous a fait défaut, Conseillers. Malgré sa protection, son Devoir n'a été que partiellement accompli, déclara le Dragon d'Or sous sa forme serpentine, visiblement abattu de ne pas avoir pu en faire plus.

- Tout dragon que vous êtes, ser d'Esh Elvohk, vous ne pouviez pas vous mesurer à la puissance dévastatrice du Dragon Noir. Personne ne le pouvait. Quant à appeler ceci une victoire... Oui, notre ennemie absolue est défaite, et c'est une bonne chose, mais rien ne m'inspire pourtant la victoire. Notre peuple, notre armée ont trop souffert, il y a eu trop de morts. Beaucoup trop de morts. Et voyez notre campagne : ravagée, piétinée, gorgée de sang et de morts. Nous serons chanceux si la maladie ne se répand pas dans la cité."

Puis se tournant vers Akihito, elle le laissa libre d'aller à la rencontre des Dieux : lui n'était ni maçon, ni guérisseur. Il ne serait d'aucune aide pour aider dans l'immédiat.

"Vous avez raison, Conseillère. Ce passage chez les Dieux me permettra peut être de rencontrer la Déesse Rana, dont la sagesse ne pourra que nous être bénéfique. Et si je peux me permettre... Oaxaca défaite, l'empire d'Omyre est instable et on ne peut pas savoir si l'un des treize en prendra la tête ou si chacun sécurisera son propre territoire. Pourquoi ne pas négocier avec certains d'entre eux ? Nous sommes actuellement très faibles et si a défaut d'en faire un allié, nous pouvions obtenir un cessez le feu avec le futur dirigeant du territoire frontalier au notre pour ne plus être en permanence sur les sentiers de la guerre..."

Sa proposition eut le mérite de faire réagir tout le monde : si le sergent de la milice et son supérieur étaient du même avis que lui, le conseiller Muri semblait lui fermement opposé à une telle idée, et pris un ton sec.

"Nous vous sommes reconnaissants de vos actions pour l'Ynorie, protecteurs. Mais frayer avec ces ennemis de toujours me semble aussi déplacé qu'insultant envers les morts de notre patrie. Nous défendrons ardemment nos frontières : il ne fait aucun doute que certains d'eux lorgnent encore dessus, sinon davantage qu'avant, depuis la disparition de leur dirigeante.

- Ma proposition n'est ni de leur pardonner, ni de nous allier avec eux, Général Muri. Et croyez moi quand je vous affirme que cette issue ne me plait pas plus qu'à vous. Mais je pense que nous insulterions bien plus nos morts en rendant leur sacrifice inutile si nous refusons de cesser cette guerre -même temporairement- par fierté. Notre pays est meurtrie et nos terres exsangues : si je tirerai ma lame sans hésiter pour les défendre à nouveau, j'espère simplement le faire le plus tard possible. Je reviendrai aussi vite que possible pour aider dans la mesure de mes moyens, et peut être avec les sages conseils de notre déesse. Mais avant de partir... Conseillers, puis-je vous demander une faveur ?

- Laquelle, Ser Yoichi ?" demanda la Conseillère, tout en indiquant au Dragon d'Or une liste non exhaustives des tâches à accomplir pour aider à la reconstruction d'Oranan. Akihito, lui, se maudit pour avec demandé cette faveur. Il avait finit par penser à Elle et maintenant qu'il avait commencé... Il continua, d'une voix qu'il voulait calme et maîtrisée, mais qui flancha à plusieurs reprises.

"Dans les rangs Kendran, il y a une jeune femme qui vivait à Oranan : An... la tatoueuse magique, dont vous avez peut-être entendu parler. Elle... Elle comptait beaucoup pour moi. Si vous parvenez à la retrouver dans ce charnier... j'aimerai m'en occuper personnellement, à mon retour. De même que pour le jeune porteur de potions, tombé devant la tente au moment du sortilège du Dragon Noir.

- Nous vous laisserons vous charger d'eux, ser Yoichi, si vous ne tardez pas trop à revenir de l'île des Dieux.

- Merci, conseillère..."

De son côté, le Dragon d'Or continuait de discuter de la suite des événements, mais semblait avoir une piètre estime de lui même, surtout en matière diplomatique que sur son rôle dans la bataille, qu'il jugeait insuffisant. Akihito ne pouvait pas le laisser dire ça, et tenta de lui remonter le moral avec le capitaine Tirama.

"Ne soyez pas trop dur avec vous même, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Même en sachant ce que le Messager de la mort préparait... nous n'aurions rien pu faire pour l'en empêcher. Ca a été un grand honneur de défendre notre patrie à vos côtés, ser Kiyoheïki.

- Vos dires réchauffent également le coeur de ce Dragon. Si vos pas doivent vous mener loin, vous trouverez toujours en ce dernier un être vers qui vous tourner en cas de nécessité. Ou même par simple souhait."

Akihito hocha la tête, puis pris congé des conseillers. Alors qu'il s'éloignait, une dernière pensée traversa son esprit, et il se retourna.

"Peut être que le Conseil d'Ynorie ou le Dragon d'Or souhaiterait que je sois porteur d'un message de leur part à l'intention de la déesse Rana ?

- Nous nous soumettons à sa sagesse si elle croit bon pouvoir nous conseiller, je n'ai pas la prétention de songer qu'un message de moi soit pertinent pour elle." déclara Nora Shimi, suivi du secouement de tête du sergent : il n'aurait pas à jouer les messagers.

Ayant peu ou prou fini de voir ceux qu'il devait voir, l'enchanteur rangea son équipement dans son dos, adressa une dernière prière silencieuse aux morts tombés au combat, puis se dirigea vers l'Aynore. C'était sans compter sur l'éclat de rire du capitaine pirate.

(Oh... C'est vrai. il y a lui, aussi.)

L'homme qu'il avait failli abattre. Il avait promis qu'il s'excuserait en bonne et due forme, aussi décida-t-il de faire un dernier crochet vers lui. Le souvenir était encore vivace dans son esprit, de même que les remords et la honte. Il s'approcha de l'homme, ne sachant trop que dire. Heartless s'en chargea pour lui et lui donna l'accolade, posant sa main sur l'épaule avec un grand sourire. Lui parvenait à voir le positif dans la victoire, et sa bonne humeur était trop communicative pour qu'il n'en soit pas affecté. Peut être ne lui en voulait-il pas, finalement...

"Faut avouer, t'es pas la moitié d'un mage."

... Ou pas. Le front du borgne percuta le visage du jeune homme, qui recula sous l'impact.

"Mais apprend à viser, quand même.

- J'y compte bien, répliqua le mage en se frottant le nez. Quand tout sera fini et si vous mouiller à l'avenir à Oranan, vous et vos ho... votre équipage serez mes invités. Encore merci capitaine."

Une proposition qu'accepta volontiers le marin, ce qui mit fin à l'échange entre les deux hommes. Allaient-ils seulement se revoir ? Zewen seul le savait. Cette expression le fit sourire, malgré la situation et son état de fatigue avancé.

(Peut être que je pourrais lui demander, tant que j'y suis. C'est pas tout les jours qu'on rencontre le père des Dieux.)

(Monte dans cet Aynore, au lieu de raconter tes bêtises. On va pas déranger un Dieu pour un truc aussi inutile,) tança gentiment Amy, soulagée de voir que son maître et ami était encore en mesure de sourire, même qu'un peu.

Alors qu'il se dirigeait enfin vers le transport qui lui permettrait de rencontrer les Dieux, un éclat blanchâtre l'attira. Les dents de l'Apex predator jonchaient le sol, n'ayant pas disparu avec son ancien propriétaire. Des fragments d'ivoire, allant de la taille d'un doigt à celle du bras tendu d’Akihito. Se baissant pour en ramasser un d'une cinquantaine de centimètres, il infusa une partie de ses fluides à l'intérieur, cherchant à déterminer la nature de cet ivoire et si il n'était pas maudit ou porteur d'un mal quelconque. Son analyse ne lui rapporta rien de probant : l'empreinte du Dragon était toujours là, indéniable : mais elle était endormie et pour l'instant, inoffensive. Après un instant de réflexion, Akihito décida de le glisser dans sa besace. Un tel matériau ne réapparaitrait probablement jamais et était d'une origine littéralement divine, il pourrait sans doute lui trouver une utilité.

En montant dans l'Aynore vers l'île des Dieux, Akihito remarqua des voyageurs qui ne pouvaient que le surprendre : outre l'autoproclamée femme de Cromax dont l'allégeance était douteuse, il y avait également d'autres personnes qui avaient clairement pris le parti d'Oaxaca dans la guerre, comme le Garzok à la hache ou Sirat. Le fait qu'ils puissent bénéficier de ce privilège alors qu'ils avaient œuvré à faire avancer les plans de la Déchue le dépassait, mais il n'avait ni la motivation, ni l'envie d'en débattre avec les Ermansi. Ne pouvant tout de même pas fermer les yeux sur leur présence, il chercha du regard un des elfes dorés et adressa quelques mots à Artanis, discrètement.

"Si je peux me permettre... Ces personnes étaient jusqu'à récemment ou sont toujours des partisans d'Oaxaca : Ils pourraient vouloir la libérer. Je doute qu'ils y arrivent avec vous et le Dieu Koushuu comme geôliers, mais je ne peux que vous conseiller de garder un oeil sur eux, par principe de précaution.

- Qu'ils aillent à l'encontre de la décision des Dieux au sein même de leur moyen de transport, et ils connaîtront leur courroux. Je doute qu'ils essaient, répliqua la femme d'une voix ferme et calme.

"Ils ont pourtant bien choisis de suivre une déesse qui était prête à les sacrifier sans remords. Le fanatisme pourrait bien les pousser à des actes aussi suicidaires qu'improbables.

- J'en prends note, humain."

(Humain ?) tiqua le jeune homme en s'éloignant. Le ton était emprunt d'une certaine condescendance envers lui, et l'agaça un peu avant d'abandonner ce sentiment. Il ne pouvait pas affirmer avec aplomb que vivre au contact des Dieux pendant des milliers d'années ne l'aurait pas rendu un peu hautain, lui aussi.

Avisant une banquette à l'écart, ses pas l'y menèrent et il s'effondra dessus, profitant enfin réellement d'un vrai moment de repos. Ils étaient en début d'après midi, la bataille ayant duré de nombreuses et longues heures. Son estomac avait beau protester et réclamer à manger, lui n'avait pas faim. Tout ce qu'il voulait, c'était se reposer. Oublier. Sombrer dans une torpeur qui chasserait ses soucis.
Les yeux fermés, il entendit une personne s'installer à côté de lui. Un léger poids s'appuya contre son épaule, et un oeil entrouvert lui confirma qu'il s'agissait bien d'Yliria qui se blottissait contre lui. Elle aussi avait été éprouvée et il accepta volontiers le sentiment de réconfort ténu mais réel que la simple présence d'une amie dégageait. Akihito réajusta son manteau pour offrir un oreiller un peu plus confortable que sa simple épaule à la jeune fille, puis ferma les yeux de nouveau. La discussion promise attendrait.


HRP :
  • Monte dans l'Aynore en direction de Nyr'Tel Ermansi.
  • Ramasse un éclat de dragon d'une quarantaine de centimètres.



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Sibelle
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sibelle » lun. 25 oct. 2021 01:49

Alors que Brytha s’approchait toute lumineuse et immense, le combat contre Oaxaca se poursuivait. Sibelle s’était élancée sur le garzok armuré afin de l’empêcher d’attaquer de nouveau Karsinar. La compagne de ce dernier s’était déjà placée devant son compagnon pour le soigner et le protéger. Quant au garzok, il avait apparemment trouvé une autre cible. Alors que Sibelle allait bondir sur lui, elle le vit lancer une hache glacée dans le ciel, tentant d’atteindre. Heureusement, l’arme tranchante rata sa cible, redescendit et se planta sur le sol à proximité de son propriétaire. Ce fut à ce moment que Sibelle atterrit sur le dos du garzok, réussissant à le déséquilibré. Costaud et d’un poids nettement supérieur à celui de la guerrière, il réussit à demeurer debout.

Et puis l’orque la somma de descendre, lui confirmant dédaigneusement qu’elle ne faisait pas le poids. Sibelle avait lâché prise et bondit au sol en effectuant un salto arrière, elle lui répondit d'un ton ferme :

"C,est aussi ce que m'avaient dit les 10 orques au Chateau Vandrak avant que je les tue."

Et ce fut à ce moment précis que Brytha disparut… ou plutôt son image…

(Ce n’était qu’une illusion ! )

Illusion fort bien réussie, puisque Sibelle comme bon nombre d’entre eux y avait cru. Mais le ciel n’était pas vide pour autant, un engin fait de voile et d’un métal doré descendit vers eux. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une image, mais bien d’un aynore. Sibelle n’en avait jamais vu d’aussi gros et si perfectionné.

Oaxaca désormais immobilisée, tous, concentraient leur attention sur l’impressionnante machine qui venait d’atterrir sur les plaines. Une grande porte s’ouvrit et des chevaliers en armures dorées en descendirent. Aux nombres de six, ils optèrent pour une formation en pointe afin sans doute d’offrir une protection aux trois êtres qui les suivaient.

Sibelle porta son attention sur l’elfe doré mâle qui venait tout juste de prendre la parole, d’un ton calme. Conscient de sa position de supériorité, cet être au teint pâle et dont les longs cheveux dorés descendaient au-delà de ses épaules se fit le porte-parole des dieux. Ces derniers ayant compris la souffrance des Yuimeniens et vus la mort s’étendre sur Yuimen, eurent pitié d’eux. Se présentant comme l’émissaire des dieux et l’envoyé de Zewen, il annonça la fin d’une Ère pour Yuimen. Il se tourna ensuite vers Oaxaca et prononça sa sentence. Elle allait quitter Yuimen pour rejoindre les geôles sur Nyr’Tel Ermansi.
Alors que l’elfe dorée demeurait muette aux côtés de son compatriote, le nouveau gardien de Oaxaca, un homme à la peau sombre, s’avança. Présenté comme le Roi de Yuimen, le dénommé Koushuu s’avança parmi les aventuriers. Sibelle ressentit soudainement la sérénité et la paix l’envahir, comme si une aura de lumière les enveloppait tous. S’approchant d’Yliria, le roi reprit en main le lasso solaire qui tenait Oaxaca prisonnière et la conduisit vers l’aynore sans qu’un mot fût prononcé.

Sibelle détacha son attention d’Oaxaca lorsqu’elle entendit la voix de la femme elfe. Cette dernière, Artanis Caliawen, se présentant comme étant porte-parole des Dieux élémentaires, leur annonça une récompense pour leur bravoure, leur fidélité et leurs actes.
Cela dit, les gardes sortirent de lourdes bourses de cuir.

(Une récompense…)

Pendant ce combat, et même après, Sibelle n’avait pas une seconde songé à la récompense. Il s’agissait de leur monde à sauver, de la vie des Yuimeniens… Oui, eux, ils avaient survécu, mais beaucoup avaient péri. La seule récompense aux yeux de Sibelle était le déclin et l’arrestation de la reine noire.
Une autre voix, ferme, légèrement colérique, où l’amertume était palpable se fit entendre. Il s’agissait de l’invisible. Il n’appréciait pas la façon dont les émissaires géraient la situation, tout en rappelant le sacrifice de Brytha. Il refusa toute récompense et partit, avec son armée grise.
Sibelle les regarda partir, hésitante. Elle comprenait leur point de vue et avait fait un pas vers l’avant pour les suivre. Mais elle s’était ensuite immobilisée. Elle avait d’abord des comptes à régler, des gens à rencontrer, ensuite, peut-être, elle irait rejoindre l’armée grise.
Une brume prit naissance, enveloppa l’armée grise, puis disparut.

L’elfe mâle les invita ensuite à embarquer dans l’aynore pour se rendre sur Nyr’Tel Ermansi. Sibelle n’éprouvait pas le besoin de rencontrer un dieu en particulier, mais elle ne pouvait manquer l’opportunité qui se présentait à elle de visiter cette île céleste.

Mais avant d’embarquer dans le véhicule volant, Sibelle devait s’entretenir avec des gens. Puisque Karsinar se trouvait à proximité, elle décida de commencer par lui.

--> discussion avec Karsinar
Modifié en dernier par Sibelle le mar. 26 oct. 2021 12:58, modifié 2 fois.

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Sibelle
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sibelle » mar. 26 oct. 2021 12:57

Conclusion de l'événement: Discussion avec Karsinar


Conservant son port de tête fière, Sibelle se dirigea vers Karsinar tout en le regardant droit dans les yeux. Il ne pouvait avoir de doute quant aux intentions de Sibelle, elle tenait à discuter avec lui.

Sa compagne Sarl à ses côtés, Karsinar se tourna vers l’elfe blanche, apparemment content de la voir, il prit l’initiative de la conversation.

« D'ennemie à alliée, tu as su trouver ta voie, elfe blanche. »

Sibelle lui sourit puis détacha la hache de Karsinar qu’elle avait fixé dans son dos et lui tendit. Ce dernier la prit immédiatement, reconnaissant de la retrouver.

« Cette arme vous appartient, je n'ai plus aucune raison de la garder. Et vous êtes plus à même de la manier que moi. »

L’elfe blanche était consciente de la qualité de cette arme, mais aussi de la difficulté de maîtriser son maniement. Elle n’avait qu’à saluer et rebrousser chemin, mais elle n’en fit rien. Silencieuse, elle se répéta les dernières paroles de Karsinar et après quelques secondes, perplexe, elle fit part de ses réflexions.

« Nous sommes devenus alliés, certes.... mais je n'ai pas changé de voie… c'est plutôt vous qui vous êtes ralliés à nous contre la reine noire. »

Affirma-t-elle calmement, sans aucune agressivité ni ironie. Sa remarque était juste. Ennemis, ils l’avaient en effet été au tout début des hostilités. Mais la situation avait changé dès que Karsinar s’était attaqué à Oaxaca au lieu de la défendre.

Il expliqua alors qu’il n’avait œuvré que pour son peuple garzok. Suite à la trahison d’Oaxaca, il n’avait de choix que de l’affronter. Cependant, il avait constaté que le regard de Sibelle à son égard avait changé. Qu’elle ne les regardait plus avec dédain.

Les paroles de Karsinar éclairèrent Sibelle et la firent sourire, elle répondit à son tour.

« En effet, j'avais mal cerné vos motivations. Je vous croyais à la solde d’Oaxaca coûte que coûte… Je suis ravie que ce ne soit pas le cas. N'ayez crainte, ce nouveau regard demeurera pour vous, votre peuple et les autres. Les terres de Yuimen sont suffisamment grandes pour accueillir tous les peuples. C'est d'ailleurs la diversité qui fera la force des Yuimenniens »

Il fit remarquer que les elfes blancs ne partageaient tous pas cette opinion. Il n’approfondit pas sa pensée, mais Sibelle la devinait. Bien qu’hinionne, elle-même, elle était consciente du sentiment de supériorité des elfes envers les autres races.

Alors qu’elle était demeurée muette pendant la discussion, Sarl se permit un commentaire à propos de la relation entre Sibelle et Sirat.

"N'en veuillez pas trop à votre compagnon poilu. Il n'a jamais voulu aller contre vous."

Sibelle sourit à Sarl.

« Sirat croit au destin, moi au hasard...Je lui en ai voulu de s'être lié à Oaxaca...je n'ai plus de raison de lui en vouloir à présent. »

Cela dit, elle aperçut l'humoran un peu plus loin. Elle conclut la discussion par un signe de tête qui lui fut rendu et se dirigea droit sur l’humoran.

--> discussion avec l'humoran


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Relonor
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Relonor » sam. 30 oct. 2021 16:03

Dans le même temps où Relonor canalise sa magie pour accélérer la rapidité de la terrible déesse, nombreux sont ceux qui font front commun dans le sens opposé, comme Brytha dans les cieux, qui se rapproche inéluctablement de son adversaire, aux prises avec bon nombre d’êtres qui se croient à la hauteur de la déesse. Prise dans un tourbillon d’âmes, nul ne sait si les coups portés lui infligent de sévères blessures, mais le doute ne se lit pas sur le visage de l’elfe noir. Que peuvent faire de simples mortels face à un être divin ? Seule, peut-être, une jeune femme à la peau noire, use d’un lasso brillant comme le soleil. Relonor s’en souvient, cette femme est la magicienne qui a porté des coups si terribles aux armées des morts-vivants. Un adversaire particulièrement dangereux. Cette mage parvient à faire mouche, en attrapant la déesse autour de la tête pour l’immobiliser.

Non loin de lui, un groupe attire son attention. Le puissant Tal’Raban, un des chefs avec Gadory, à diriger les troupes des morts avec lesquels s’est battus l’elfe noir, émet des propos à la limite de la décence.

"Aujourd’hui, Oaxaca est tombée. Elle a failli par orgueil et a révélé ses faiblesses. Je ne lui obéirai plus, et chercherai désormais à briser le lien qui nous unit à elle."

(Quel lâche ! Lui qui oeuvrait jusque-là pour sa souveraine, maintenant que la situation se complique davantage avec la présence de Brytha et la magie de ces misérables larves de pseudos héros, il abandonne son devoir !)

Tandis que le shaakt canalise sa magie sur la déesse, le sort de cette dernière s’aggrave une nouvelle fois, dans une proportion dangereuse pour n’importe quel être vivant. Non loin de la mêlée chaotique, un garzock lance sa hache en direction du véritable ennemi, Brytha. Il parvient à la lancer si fort que, malgré la hauteur que les sépare, seule le manque de précision l’empêche d’atteindre sa cible. Une énorme créature, comme un poulet géant doté de quatre pattes musclées pour un plus grand plaisir en bouche, vient s’agripper dans le dos du garzock et gêner ses mouvements. Il en sera inutile car Tal’Raban continue sa trahison, en usant de ses pouvoirs pour le rappeler à lui, dévoilant par là-même, sa nature morte de l’être vert à Relonor.

Ruée inlassablement de coups, Oaxaca laisse apparaître des signes flagrants de faiblesses. Un bouclier à la tête la force à s’écrouler au sol et un nouveau déchaînement de magie de lumière foudroyante s’abat encore une fois sur la déesse. Nombreux sont ceux qui se cachent à présent au sein des forces d’Omyre.

C’est à ce moment que la véritable nature de Brytha se révèle. Elle se dissipe rapidement, comme si sa présence n’était jamais revenue. Il serait facile de dire qu’il s’agit-là d’une magie pour apparaître ailleurs, ou une forme de déplacement si rapide, qu’aucun mortel ne serait en mesure de la suivre. Non. Ce n’était qu’en réalité qu’une simple illusion, un odieux mirage destiné à tromper la déesse noire et ses véritables fidèles. A sa place, un appareil volant à l’apparence digne des plus grands artisans du monde, se rapproche. Baigné d’une lumière radieuse, envoûtante et nimbé d’une aura qui chasse les nuages. Une présence mystique, puissante et qui coupe court à toute autre action, en s’attirant les regards de tous les mortels. Tout simplement, les dieux avaient envoyé des émissaires sur Yuimen.

Se posant à l’opposé de Relonor sur l’espace qui entoure le combat chaotique contre la déesse noire, une porte s’ouvre et six chevaliers en armure d’or descendent en premier, se positionnant pour accueillir trois êtres. Deux d’entre eux sont des elfes au teint pâle presque doré et des yeux jaune or, brillants presque comme les vêtements et armures qu’ils portent. L’un est un mâle, avec une longue chevelure qui rappelle l’éclat du soleil sur un champ de blés et porte de simples vêtements, bien que la confection semble valoir le prix d’une région entière. L’autre est une combattante, brillant d’un éclat guerrier. Le troisième et dernier est un homme à la peau foncée, protégé dans une toute aussi somptueuse armure d’or et de blanc. Le moindre désir de combattre et de perdurer l’affrontement jusqu’aux limites du raisonnable, se fait balayer lorsque les yeux se posent sur lui, ne laissant à la place de cet espace vide, un sentiment de paix provenant d’un être unique en ce monde, Koushuu, le roi de Yuimen.

C’est l’elfe aux cheveux de blés qui prend la parole devant cette immense assemblée, alors qu’ils luttaient à la mort quelques instants auparavant. Les mains collées l’une à l’autre devant lui, c’est d’une puissante voix maîtrisée qu’il s’exclame.

"Peuples mortels, sachez qu’aujourd’hui les Dieux ont entendu votre voix. Ils ont senti la souffrance et la mort se déchaîner, ils ont pris pitié de vous, ils ont compris votre volonté ferme de punir Oaxaca pour ses actes. Nous sommes les émissaires des dieux, je suis l’Envoyé de Zewen, sa bouche et son visage en ce monde. Et aujourd’hui sonne la Fin d’une Ere pour Yuimen." Puis il reprend à l’attention de la déesse noire, libérée de la tornade d’âme, mais toujours tenu par le lasso. "Oaxaca, fille de Thimoros, vous êtes accusée de maux majeurs sur cette terre. Le jugement de Zewen est implacable : vous devez quitter ce monde pour venir vivre sur Nyr’Tel Ermansi, à la place qui vous y attend : au sein de nos geôles divines, sous la surveillance de votre nouveau Gardien : Koushuu, Roi de Yuimen, Souverain de Kers et dieu mineur de l’Ordre."

Le roi à la peau sombre vient saisir le lasso qui enchaîne la reine noire d’Omyre. Tel un geôlier royal, il emporte avec lui la déesse défaite par les mortels, à l’intérieur de l’engin volant, désormais prisonnière des dieux à jamais. Alors que tous avaient les yeux rivés sur la dernière vision d’Oaxaca, l’elfe en armure de guerre s’exclame à son tour.

"Je suis Artanis Caliawen, porte-parole des Dieux élémentaires. Vous qui vous êtes battus, vous qui avez survécu, vous, les âmes héroïques de ce monde, insensibles au Pouvoir des Ombres, vous serez récompensés pour votre bravoure. Pour votre fidélité. Pour vos actes."

A ces mots, les gardes présentent de lourdes besaces de cuir, brodés de fil d’or.

(Des présents ? Pour notre fidélité ? Ils souhaitent même récompenser les partisans d’Oaxaca ? Qu’importe si ce n’est pas le cas, il ne s’agit pas de dieux, mais d’émissaires et de soldats, ils ne sauront pas faire la différence entre les alliés des ennemis.)

Alors que Relonor lorgne sur ces récompenses, imaginant les biens qu’il pourrait obtenir, le seul général de Brytha à avoir pris part au combat fait parler de lui.

"Ainsi voilà tout le pouvoir de vos dieux : vous traiter comme des mercenaires. Voilà qui est bien misérable face au Sacrifice de Brytha pour votre survie à tous. N’oubliez pas à qui vous devez la vie, dans vos pensées et vos prières. Nous n’avons, dans l’armée grise, aucune raison d’accepter de présent de votre part, émissaire. Aussi, nous nous retirons. Que ceux qui veulent dédier leur vie à votre sauveuse nous accompagnent."

L’invitation faite, il quitte le champ de cadavre par le sud, suivit du reste de l’armée, dans une brume similaire à celle par laquelle ils sont arrivés. De nouveau, le premier elfe prend la parole, mais avec une voix différente et invite à son tour les êtres présents à venir sur l’île des dieux, qu’importe s’ils veulent escorter Oaxaca, rencontrer les dieux ou simplement visiter ce lieu unique.

(Peuh ! )

Puis la voix de l’émissaire reprend la parole, avec sa voix précédente, intimant de restaurer l’âme du Garzock. Une voix puissante, pleine d’autorité. N’appartenant visiblement pas à l’individu, il est aisé que l’émissaire a servi d’enveloppe pour un dieu et qui d’autre que Zewen, le père des dieux pour cela. Suivant l’exemple de ces êtres, glorifiés dans l’exploit d’avoir arrêté une déesse, Relonor se faufile entre ceux qui ne le connaissent pas et s’en va essayer d’obtenir à son tour une partie des récompenses promises. Il en obtient un petit sac, contenant un peu plus d’une douzaine de pièces seulement, mais quelles pièces ! De l’or ! Uniquement des pièces d’or ! Une seule vaut mille yus et après comptage et recomptage, ce sont quinze pièces d’or qui viennent garnir sa bourse. Plus encore que cela, des runes sont offertes. Trois runes et d’instinct, l’elfe noir en comprend la signification : ombre, invoquer et détruire. L’absence de l’usage de sa capacité d’identification, impose l’implication de Zewen. Si quelqu’un peut tromper un dieu, ce n’est pas le cas du shaakt, qui comprend qu’il a lui aussi été récompensé pour sa loyauté envers la déesse.

(Intéressant !)

En repartant, il croise un humain allant dans le sens contraire. Bruns, les cheveux courts, des yeux verts, un ensemble d’armures légères d’assez bonnes qualités, de nombreuses armes sur lui, ainsi qu’une dent de dragon en main. Mais ce qui retient l’attention de l’elfe noir, c’est son regard hautain. Cette impression de supériorité qui émane de lui lorsqu’il remarque le shaakt. D’instinct, l’elfe noir ressent pour lui un mépris bien supérieur. Une animosité grandement amoindrie par la présence du roi de Yuimen. C’est comme s’ils étaient tous deux liés par quelque chose, des destins opposés, dans lequel il n’y aurait qu’un seul survivant. Les regards des deux mortels ne se quittent pas, une lutte visuelle jusqu’à que l’humain finisse par regarder devant lui, lorsqu’il passe au-delà de l’épaule du shaakt, qui affiche un rictus de pur mépris pour cet humain.

(Ils paieront tous pour ce jour !)


Nombre son ceux qui possèdent un fragment du dragon noir, relique précieuse de l’être du chaos ou trophée de victoire, chacun doit y aller selon son envie. Relonor fait de même, mais plus qu’un souvenir, il espère que ce morceau de dent, aussi simple qu’il puisse être, devienne une sorte de pont entre lui et la créature dont nul ne connaît le destin. Tandis que l’armée d’Omyre se replie vers le nord, brisant la réflexion de Relonor, l’avenir d’Omyre et des ennemis de Kendra Kâr devient une inquiétude pour lui.

(Qui va prendre la relève après la capture d’Oaxaca ? Qui sera en mesure de reprendre le flambeau, alors que la trahison a fait son lot dé récolte aujourd’hui ? Qui d’autre que le général de l’armée pour cela ?)

Cherchant du regard l’intéressé, il finit par le trouver après quelques questions forcées. Après tout, n’a-t-il pas été vu lutter en faveur d’Oaxaca contre d’innombrables ennemis ? Les armes rangées, Relonor va chercher l’attention du général et s’incline lorsque celui-ci se tourne vers lui. Brun, les cheveux très courts, un visage de l’ethnie des Wiehl, semblable à celui qu’il a rencontré et qui lui a imposé un mépris étrange. Pourtant, c’est un humain au regard acéré et à l’aura d’autorité, qui l’oblige au respect qui lui est dû.

"Seigneur Crean, notre reine n'est plus. Malgré mes maigres pouvoirs, j'ai tenté l'impossible, en vain. Qu'allons nous devenir ? Qu'elles voies s'offrent à nous maintenant que la déesse n'est plus aux commandes d'Omyre ? Lorsque les elfes dorés ne seront plus, les lames de nos ennemis pointeront à nouveau sur nous. En tant que général des armées, allez-vous prendre la succession et diriger la cité ?"

C’est le visage fermé, très certainement à cause de la défaite selon l’elfe noir, qu’il répond.

"Oui, reprendre le pouvoir à Omyre est une nécessité absolue. De trop nombreux traîtres en nos rangs pourraient vouloir s'approprier ce pouvoir. Karsinar, soutien des orques. Tal'Raban et ses morts. Je ferai tout pour être la nouvelle figure de proue d'Omyre, avec les alliés qui me restent."

(Les traîtres prendre le pouvoir ? Ainsi il y aura un affrontement pour prendre le contrôle de la cité et de ses dépendances.)

"Ainsi, il faut s’attendre à une lutte de pouvoir entre les différents lieutenants ! Comme vous le dites, nous ne pouvons nous permettre d’avoir des traîtres en tant que dirigeant."

(Les shaakts de Caix Imoros n’ont pas répondu à l’appel d’Oaxaca. Ils pourraient profiter de la défaite d’Omyre et de la faiblesse des hinïons après cette guerre pour étendre leur emprise.)

"Les shaakts nous ont trahit en ne se présentant pas et avec ce coup porté par les dieux, en prenant captive la reine noire, j’aurais tendance à penser qu’ils vont se mettre à agir dès qu’ils apprendront son absence et celui du dragon. Même si les hinïons, leurs ennemis de toujours, ont souffert durant cette guerre, je crains qu’ils ne projettent leurs envies sur Darhàm. Nous ne pouvons laisser cela arriver ! Il faut donc agir vite ! J’ai bien conscience qu’en tant qu’elfe noir, dans ces circonstances, je suis probablement vu comme un espion. Cependant, je suis persuadé que je peux y jouer un rôle." Il saisit la poignée de son arme, sans pour autant la dégainer. "Dite et j’obéirai, seigneur Crean ! Omyre ne doit pas arpenter la mauvaise voie !"

Le général répond sèchement qu’il se moque d’une bourgade comme Darhàm, pourrie jusqu’à l’os de ses misérables habitants. L’important étant de prendre le pouvoir d’Omyre et de le garder. Cependant, il consent que la trahison des elfes noirs ne saura être payée que dans le sang. Il estime qu’il y a peu de chances qu’ils s’intéressent à une ville à la surface, cependant, ils pourraient être intéressés par les esclaves et les ressources d’un pillage. Si cela devait arriver, il promet qu’ils subiront la colère toute-puissante d’Omyre. Il termine en expliquant à l’elfe noir de ne pas se précipiter et que le temps viendra. La priorité est de prendre en main la cité noire, le reste viendra. Pour atteindre ce but, tout allié sera le bienvenu, même un shaakt. Durant la prise de parole, Relonor soutient le regard de Crean et lorsque celui-ci énonce que l’elfe noir aussi pourra y jouer un rôle, il s’incline respectueusement.

"Dans ce cas, je vais travailler sur une nouvelle apparition de ma magie, survenue pendant cette bataille et également accentuer mes efforts aux maniements des armes. Je possède des hommes à Tulorim. A moins que vous n’ayez besoin d’un serviteur comme moi, je vais les rejoindre et réfléchir à comment je pourrais servir l’intérêt d’Omyre dans un avenir proche."

"Faites, oui. Si vous avez des problèmes à entrer à Omyre par la suite, ce qui pourrait arriver au vu de la félonie de Caïx Imoros, dites que vous me servez directement. Ca ne pourra que vous aider." Déclare le général, reconnaissant ainsi la valeur de Relonor.

L'échange semblant être sur la fin, et Relonor ne souhaitant pas prendre plus de temps au général, il soutient le regard une dernière fois, avant de s’éloigner.

"Il en sera ainsi seigneur Crean."

L’elfe noir observe au loin le vaisseau volant des dieux, ainsi que l’attroupement de ces pseudos héros pour y monter.

(Vont-ils tous pour voir les dieux ? Qu’ai-je à y faire personnellement ? Ce n’est pas en me présentant à Valshabarath que je lui rendrai grâce, mais en répandant le sang ! Quoi qu’après réflexion, les raisons de leur présence m’intriguent. Peut-être même que j’apprendrais pourquoi les shaakts ont refusé de participer à ce bain de sang, et peut-être même plus !)

Décidé, Relonor se dirige donc à son tour dans l’aéronef d’or des dieux.
Ramasse un morceau de dent de dragon avant de partir

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Sibelle
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sibelle » dim. 31 oct. 2021 02:05

Conclusion de l'événement: Discussion avec Sirat


D’un pas déterminé, Sibelle se rendit jusqu’à Sirat dardant son regard perçant sans celui de l’humoran. Elle put sentir l’émotion dans le regard de son ancien compagnon, mais non dans ces paroles, puisqu’il se contenta de prononcer cinq misérables mots : « Tu es vivante c’est bien »

Un peu vexée, la guerrière qui n’était à présent qu’à quelques pas du colosse lui rétorqua, sans le lâcher des yeux :
« C'est tout ? »

Cette réplique prit au dépourvu Sirat qui finit par répondre qu’il avait eu besoin d’elle et qu’elle ne l’avait pas suivi.
Sibelle avança un pas de plus, et sans perdre son sang-froid, elle répondit.

« J'avais également besoin de toi, et tu es parti. »

Le menton relevé, ses yeux pétillants, elle affichait une assurance, une maitrise d'elle, et un calme surprenant.
Sirat prit un petit moment à répondre, moment sans doute nécessaire pour calmer sa frustration. Il répondit enfin en faisant référence au destin, concluant que même s’ils avaient besoin l’un de l’autre le destin en avait voulu autrement. Il aurait aimé que Sibelle l’empêche de s’emporter afin de mieux servir Zewen. Il avait essayé seul sans succès. Il prit une grande respiration avant de demander à la guerrière quels étaient ses futurs projets.
Sibelle acquiesça à la première affirmation :

« Nous avons pris des chemins différents pour au final s'allier à la même cause et supprimer Oaxaca »

Elle franchit un pas supplémentaire, suffisamment proche pour sentir le souffle de l'humoran. L’hinionne était fébrile, mais jusqu’à présent, elle avait retenu ses émotions. Et puis la guerrière fit place à la femme...Doucement elle tendit sa main vers la crinière de l’humoran, et tendrement la caressa, se permettant même de repousser une mèche rebelle.

« Ta crinière flamboyante a laissé la place à une grisonnante, mais tu n'as pas perdu de ton charme, ni de ta beauté. »

Avec autant de délicatesse, sa main quitta la chevelure de l'humoran pour explorer les diverses cicatrices sur son visage.

« Je suis aussi bien contente de te savoir vivant. J'aurais été incapable de te tuer ou d'être témoin de ta mort sans intervenir. »


Elle retira enfin sa main, puis la guerrière reprit sa place.

« Je ne sais pas ce que je vais faire. Ici, il y a tant à faire... Des morts à enterrer, des blessés à soigner, les terres à nettoyer et ensuite à semer.... mais je ne suis ni agricultrice, ni soigneuse... mais bien guerrière, j'irai ou je peux être utile avec mes capacités. Mais pour les prochaines heures, je dois me reposer un peu. Je me sens fatiguée. »


Ce fut sourire aux lèvres que Sirat affirma se sentir plus libre. Il allait partir en Aynore pour se rendre sur Nyr’Tel Ermansi pour rencontrer Zewen. Il avait ensuite l’intention de guider les garzok sans clan afin de leur permettre d’écrire leur histoire. Il termina en l’invitant de l’accompagner, rajoutant qu’il avait encore besoin d’elle.

Sérieuse, Sibelle répondit :

« Je ne sais pas trop pourquoi je vais sur cette île, mais j'ai l'intuition que je dois y aller. Et ensuite, je ne sais pas. J'avoue avoir hésité à partir avec l'armée grise de Brytha... mais je vais récupérer d'abord et prendre des décisions par la suite... de toute façon, on finit toujours par nous retrouver. » Termina-t-elle avec un léger sourire.

Le visage de l’humoran se crispa légèrement à l’évocation de Brytha, ce dernier n’avait donc pas compris, malgré tout ce qui s’était passé, que Brytha avait grandement concouru à la défaite de la reine noire. N’appréciant pas l’armée de Brytha, il ne tenta pas de dissuader Sibelle de se joindre à eux, affirmant que la seule chose qui lui importait était qu’elle aille bien, bien qu’il croyait que ce n’était que des blasphémateurs et par conséquent ses ennemis et ceux des dieux.

À son tour, il caressa la joue de la guerrière qui frissonna au contact de l’immense main de l’humoran. Arrivant à la même conclusion que Sibelle, il lui donna raison : ils finissaient toujours par se retrouver.

Souriant à son tour, Sibelle s'approcha encore, posa sa tête dans le creux de l’épaule de l’humoran et encercla son corps de ses bras d'elfe. Elle resta ainsi un moment puis recula d'un pas et fit un clin d’œil à l’humoran. Elle était sur le point de se diriger vers l'aynore lorsque Ezak vient à eux.

-->discussion avec Ezak, Sirat et Heartless.

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Modifié en dernier par Sibelle le ven. 19 nov. 2021 01:46, modifié 1 fois.

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Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Eldros Rougine » dim. 31 oct. 2021 16:59

Est-ce une victoire ou une défaite ? Je n’en suis pas sûr. Oaxaca est vaincue, c’est certain, escortée vers l’île des Dieux pour y être une prisonnière éternelle. Ainsi, avec l’apparition de Brytha s’étant révélé être finalement qu’une illusion, Yuimen est désormais débarrassé de toute présence Divine comme le désirait Phaïtos, pour préparer son retour. Cela résonne comme une victoire et pourtant… Pourtant quelque chose me préoccupe, sans que je puisse mettre précisément un doigt dessus. Est-ce la présence des aventuriers ennemis ? La survie des Lieutenants déloyaux ? Je ne comprends pas. Le sentiment de victoire devrait être total. Il n’y a plus de Dieux usurpateurs sur Yuimen, mes ennemis sont morts par milliers, Kendra Kâr est affaibli et le chaos qui va découler de la disparition d’Oaxaca est l’occasion parfaite pour tirer son épingle du jeu.

Je devrais me concentrer là dessus dans un premier temps car je sens déjà les ambitions alourdir l’atmosphère. Je ne fais pas exception et mon regard se dépose sur chaque prétendant susceptible de revendiquer Omyre. Les Treize restant évidemment, y compris ceux qui ont ouvertement trahi Oaxaca. Comme ce Prédateur Ultime se révélant n’être finalement qu’un gros balourd pleurnichant la mort de ses larbins. Il serait tout de même assez fort pour rassembler les Garzoks par la force mais trop stupide pour comprendre l’avantage que je représenterais et surtout je n’ai aucun moyen de le convaincre. Je consacre à peine un regard à l’herbe sèche qu’est Leona, ayant abandonné avant même d’essayer. Lorener possède encore des hommes fidèles et une réputation qui lui permettrait de prendre l’ascendant sur les deux derniers Lieutenants qui sont restés loyaux à la Dame Noire: Tal’Raban et Khynt. Je sais peu de choses sur le premier si ce n’est qu’il est un puissant nécromancien ce qui, par expérience, me pousse à m’en méfier. Sans compter que rien ne laisse penser qu’il vénère le grand Phaïtos. Un voleur d’âme de plus, empêchant celles-ci d’atteindre les Enfers et le repos éternel. Reste Khynt, un assoiffé de savoir que je peux acheter avec ce que je possède, le dernier vestige de la Déesse grise enrobant mon bras sacrifié. Khynt me semble en effet être le candidat parfait, plus manoeuvrable que les autres mais aussi capable de comprendre l’interêt de m’avoir comme allié en cette nouvelle ère qui s’annonce trouble. La trêve qui s’annonce n’a rien de pacifique. La République, l’Empire, le Royaume, chacun à beaucoup perdu pour obtenir une conclusion qui s’avère, sans doute, amer pour ceux qui ont survécu. Chacun va reprendre la route de son foyer avec en tête une seule chose, finir ce qui a démarré sur ces plaines. Car aucun dirigeant ne sera assez bête pour confondre paix et pacifisme. La paix c’est préparer la guerre pour pouvoir détruire ce qui menace. Le pacifisme est la soumission à ce qui peut nous détruire.

C’est dans une optique de paix que je m’approche d’un pas décidé vers le Modifié, l’apostrophant sans pincettes:

« Vous. Qu’avez vous prévu à présent ? »

Il se tourne vers moi, commentant d’un ton colérique et amer:

"Rien de tout ce qui s'est passé n'était prévu, comment pourrais-je avoir prévu quelque chose dans ces dispositions. C'est une catastrophe que nous allons devoir enrayer. Reprendre le pouvoir à Omyre sous peine d'une guerre civile entre ces saloperies d'orques qui voudront savoir qui est le plus fort."

"Que racontez vous donc. Les armées ennemis sont défaites. Les Garzoks sont affaiblis. Vos troupes vous, ne connaissent pas la fatigue. Votre moment est venu."

Rétorquais-je sèchement. Je refuse de me faire allié d’une carcasse d’acier sans ambition. Khynt doit prendre le pouvoir pour que je puisse moi même poursuivre la volonté de Phaïtos.

"Non. Au risque de vous surprendre, les robots n'ont que faire d'occuper une cité vide de toute vie. Et le pillage leur est bien inutile. Ce ne sont pas là mes objectifs, ne me prenez pas pour Oaxaca ou Crean : je n'ai que faire de l'Ynorie. La stabilité et les ressources d'Omyre en revanche me sont nécessaires. Voilà pourquoi je compte œuvrer dans ce sens."

« Vos rivaux chercheront à vous détruire. Vous êtes sans doute le seul à avoir la soif de savoir pour percer le secret de ce qu’il reste du dragon noir et ce qu’il reste de Brytha. »

Dit-je en dressant son bras d’argent. Tendant l’appât pour ferrer le poisson. Il n’y résiste pas, son regard curieux inspecte ce qui reste de la Déesse Grise. J’avais raison, Khynt est prévisible, manipulable, maintenant qu’il a mordu, je ne le lâcherai plus.

"Fascinant... Cela provient de la goutte laissée par cette déesse impie. Si j'arrive à en tirer la moindre essence de son pouvoir divin... Êtes-vous prêt à m'en céder un morceau ? Ou de venir me voir dans des conditions plus... scientifiques ? Pour que j'analyse cela en détail."

"Je ne suis pas un cobaye que l'on découpe."

Rétorquais-je sèchement. Il est temps à présent de s’imposer. De montrer que je ne suis pas un vulgaire larbin. Que je lui suis égal si ce n’est supérieur. Je veux forger une alliance et non pas lui prêter allégeance.

"Assurez vous d'avoir la main sur la stabilité et les ressources d'Omyre sans vous faire évincer par vos anciens alliés et alors je reviendrais pour que nous puissions, ensemble, trouver un moyen de profiter de ce qu'il reste de cette Déesse impie."

"Mais qui croyez-vous être pour me parler ainsi ? Et me soumettre vos conditions ? Avec ou sans votre accord, je mènerai mes expériences à bien, dussé-je vous arracher ce bras de force. Vous n'êtes rien, n'oubliez jamais ça."

Vaine tentative d’humiliation. Je ne dois pas céder à l’intimidation. Il est sans aucun doute plus puissant que moi pour l’heure mais elle est loin d’égaler ma volonté. Je dois tenir tête à ses menaces car je possède quelque chose qu’elle n’a plus. La Foi. La présence d’un Dieu derrière moi, qui veille sur mon destin et je compte bien m’en servir.

« Et vous qu’êtes vous donc désormais sans votre Déesse ? Vous êtes seule et entourée d’ennemis désormais. Désirez vous un allié compétent qui partage votre désir de connaissance ou un ennemi de plus ? Si nous coopérons, nous pourrons percer tous les secrets de ce monde. »

Un sourire de fierté mal placé se dessine sur le visage androgyne du Modifié. Rien qui ne puisse m’impressionner. Je distingue derrière cette grimace un aveu de défaite. Une réponse juste de sa part aurait-été de m’arracher la tête. C’est dans doute ce que Lorener aurait fait. J’avais donc vu juste, une fois encore, en m’intéressant à ce qu’il y avait de plus féminin chez les trois Treize les plus intéressants. Un esprit qui se voulait fort mais qui est en réalité soumis à l’intelligence supérieur d’un homme. Khynt a compris que j’avais raison. Que ses ennemis seraient nombreux et que je n’étais pas un homme à sous-estimer malgré la tirade qui suit sa fausse confiance:

"Juste l'une des personnes les plus puissantes de ce monde, à la tête d'une armée incorruptible qui ne connaît pas la trahison. Et vous, qu'êtes-vous, à part un servant fanatique de Phaïtos ? Je n'ai rien contre une entente bénéfique avec vous, mais ne vous avisez plus jamais de me manquer de respect."

Ainsi elle se protège derrière ses machines et sa relative puissance. Il est temps de mettre fin à cette confrontation qui était nécessaire pour établir une base saine et d’énoncer les conditions de notre accord.

« Ma Foi m’apportera prochainement autant de puissance que vous en possédez. D’autant plus avec la benediction que Phaïtos m’a accordé et ce que j’ai sacrifié pour obtenir un fragment du pouvoir de Brytha. Entendons nous là dessus alors: un respect mutuel et un objectif commun. Notre alliance ne pourrait qu’être bénéfique. »

J’incline la tête et tend ma main squelettique pour conclure l’alliance d’une poignée de main.

"Bien. J'attends prochainement de vos nouvelles, alors. Lorsque nous aurons rétabli notre pouvoir à Omyre."

« Avez-vous un plan pour ceci ? »

Demandais-je après avoir acquiescer. Khynt reste fermé et rétorque qu’il n’a pas de plan pour l’heure et qu’il doit en référer à ses pairs encore fidèles. Mon regard scrute les alentours pour les repérer parmi les aventuriers. Je remarque alors la petite plume de Xenair auprès du Lord Nécromant. Ma mémoire me fait me souvenir de détails que j’avais mis de côté. A plusieurs reprises la petite elfe avait fait référence à des Murènes. Nous désignant même ainsi pour l’accompagner dans la tente de Karsinar. Il est temps de découvrir ce qu’il en est: un nom de code ? Un clan d’assassin ? Ça ne pouvait pas ne rien signifier.

« Je vais voir ce que je peux faire de mon côté. Nous nous reverrons bientôt. Il me tarde de découvrir ce que renferme l’argent de Brytha. »

Khynt incline doucement la tête et me laisse aller d’un pas fier vers l’assassine. Cette gamine prétentieuse sortie de nulle part en compagnie de ce capitaine bruyant. Elle avait tout de même été assez maline pour survivre. Elle dissimulait bien son jeu, derrière ses airs de sotte en manque d’attention. Je remarque également, à proximité de Tal’Raban, le Garzok qui m’avait tant écœuré lors de notre voyage en bateau. Lui, je suis certain de l’avoir aperçu s’écrouler sous les sorts ennemis avant de se relever. Je ne suis pas dupe, il y a de la magie derrière. Je ne doute pas que cet imbécile soit en partie mort et que le plus grand des nécromancien soit derrière son redressement si soudain. Je parviens à portée de voix de l’Hïnionne et déclare d’un ton froid:

« Alors finalement nous sommes les derniers survivants de notre petite équipe. »

Elle m’observe sans pouvoir dissimuler sa surprise, m’expliquant ses projets alors que je n’ai rien demandé.

" Je vais escorter, si on peut dire ça ainsi, les restes d'Oaxaca jusqu'aux Dieux. Xenair me cède sa place, que vas-tu faire ? "

Curiosité ? L’ai-je pris par surprise au point de se justifier ? Ne pas la sous-estimer. Ce serait une erreur, la même que j’aurais commise avec ce félon d’Arkasse. Le mieux à faire est d’être direct et franc.

« Je viens de sceller une alliance avec Khynt. Nous tenons à ce qu’Omyre ne tombe pas entre les mains de Clans Garzoks ou d’un Lieutenant d’Oaxaca ayant montré peu de fidélité ou d’efficacité . Et nous avons un objectif commun. Je viens chercher des alliés, je vous ai vu parler à Tal’Raban et vous avez souvent fait référence à des Murènes. Qu’est-ce donc ? »

" Les Murènes... C'est ma caste. Des assassins, des saboteurs, des espions... Ils sont dissimulés de Kendra Kâr jusqu'à Darhàm en passant par Omyre. Je ne pense pas que les traîtres ou toute personne ayant fait preuve de peu d'intérêt à notre cause soit actuellement en train de chercher à prendre le pouvoir, je crois plutôt que libérés de leur serment forcé, ils mettront les voiles et iront se cacher quelque part. "

J’avais donc, encore, vu juste. Une caste de l’ombre, usant de discrétion pour mener leurs plans à bien. Parfait. Une carte que je dois mettre dans ma manche. Je reste direct, ne voulant pas perdre plus de temps que nécessaire.

« Vraiment ? Vous sous-estimez l’ambition que peuvent avoir des personnes puissantes. Mais peu importe, vos Murènes, ainsi qu’un assassin expérimenté pourrait s’avérer utile pour maintenir la stabilité en Omyrhie. Qu’en dites vous ? »

" Les Murènes contrôlent une bonne partie des bas-fonds d'Omyre, une de mes secondes sera, j'en suis sûre, un atout de taille pour la ville, quant à moi, depuis mon nouveau titre de Régicide, je ferai en sorte de remplacer Xenair. Avec un peu de chance la transition se fera proprement. "

A mon tour d’être surpris.

« Est-ce un accord conclu ? »

" Il faudra plus qu'un échange au milieu des charniers pour convenir de quelque chose. Si tu tiens à rencontrer ma seconde... on se verra à Omyre. "

« Evidemment. Une telle entreprise nécessite des garanties. Accordons nous un rendez-vous à Omyre dans ce cas. Je suis certain qu’en unissant nos compétences et nos forces nous pourrons atteindre nos objectifs. »

Nous fixons donc un rendez-vous à la prochaine lune aux thermes d’Omyre. Un lieu qui ne me fait nullement penser à un endroit idyllique. Je m’imagine une fosse de fange où trempent des Garzoks crasseux. Peut être même un trou boueux d’où ils s’extirpent pour venir sur notre monde. Quoi qu’il en soit, l’assassine accepte d’en discuter plus tard, à moi de trouver les arguments nécessaires pour achever une nouvelle alliance bénéfique.

J’observe avec un certain mépris les aventuriers qui grimpent à bord de l’Aynore, impatient de rencontrer les Dieux.

(Je ne vous ferais pas un tel affront ô Phaïtos. Je sais que vous me montrerez le signe que j’attends quand vous accepterez de me recevoir.)

Je m’approche simplement de l’Ermansi pour recevoir la récompense. Une autre parmi les nombreuses que j’ai reçu. Je la saisis entre mes doigts squelettiques avant de m’éloigner du champs de bataille, aux côtés des troupes de Khynt. Le moment pour moi de rencontrer mon véneré Dieu n'est pas encore venu. En revanche, il est temps pour moi de m'élever parmi les hommes.

(( Accord avec Khynt. Récupération de la récompense. S’en va avec les troupes de Khynt.))


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Ezak
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Ezak » lun. 1 nov. 2021 05:48

Ma lame et mon avant-bras se recouvrirent de glace alors que ma main alla traverser le flot de fantômes qui dansaient la farandole autour de la Déesse Noire. Peut-être était-ce la sensation glacée, ou la peur, mais je pus sentir mes poils s’hérisser de mon bras à ma nuque, telle une vague courant sur mon épiderme. J’hurlai pour tenter de me donner un peu de courage. Un hurlement qui avait plus affaire avec l’effroi qu’à une quelconque hargne.

Une nouvelle fois, un déchaînement de violence s’abattît sur Oaxaca. Poing, lasso, fers, et même bouclier vinrent la frapper. Assaillie de toute part, elle ne pouvait faire grand-chose, se contentant de subir l ’étrange coalition qui s’était formée contre elle. Devant tant de mouvement, je ne pus que tomber à la renverse, échouant sur mon séant, spectateur de ce qui se passait. Mon regard retomba à nouveau sur l’image de Brytha. Oui, l’image. Car elle se dissipa peu à peu, pour laisser apparaître dans une clarté éblouissante, un aynore.

De tel, je n’en avais jamais vu. Et pourtant, le prototype de la Compagnie Air Gris qui avait été mis en place lors de la croisière qui avait mal tournée était déjà de belle facture. Mais ce que mes yeux voyaient à cet instant n’avait pas son pareil. L’engin, qui avait l’air d’être fait d’un alliage à base d’or, était d’une telle facture qu’il reluisait les rayons du soleil qui vinrent baigner la sanglante plaine de Kôchii.


Je crus d’abord à une quelconque hallucination, un vilain tour que me jouait mon cerveau, comme celui qui, quelques instants plus tôt, m’avait fait voir la Grande Brytha. Figé, je ne pus qu’être absorbé par la descente de l’appareil, et je ne fus pas le seul à être sous le joug de cet étrange charme puisque il semblait que tous, sans exception aucune, furent absorbés par cette image. On entendit plus un tintement de fer, plus un cri, alors que l’appareil se posa, gracile, sur la terre ferme. Il ne tarda pas à vomir son étrange équipage. Six soldats amurés d’or descendirent, escortant trois êtres dont la seule vision était…rassurantes. Il y avait là deux elfes, un homme et une femme, comme jamais je n’en avais vu, si ce n’était dans ma jeunesse, durant mon éducation, dans quelques illustrations de codex évoquant mythes et légendes. Tout chez eux semblait fait d’or. De la teinte de leur peau à ceux de leurs accoutrements. Le mâle, aux longs cheveux blonds, portait de riches habits, tandis que son alter ego, affichait fièrement une armure dorée. Un troisième homme, impressionnant en carrure, à la peau sombre, s’avançait avec eux. Je notai la beauté de son armure blanche et or. À sa simple vue, je me sentis bercé d’une douce aura apaisante qui m’enveloppa avec douceur. Je n’eus plus aucune envie de me battre. Je profitai de tout cet hébétement général pour me relever. Le temps pour l’elfe doré de prendre la parole.

Ainsi, il nous révéla être l’envoyé de Zewen le dieu des dieux. J’en fus surpris. En son nom, il prononça sa sentence divine : l’emprisonnement d’Oaxaca, qui allait être arrachée à notre monde sous la garde de Koushouu. Car c’était lui, le colosse en armure blanche, le fameux héros des contes kendrans. Je jetai sur lui un regard, mélange d’admiration, et de reconnaissance. Ce n’était pas tous les jours que nous faisions face à telle légende. Il s’avança sans ciller vers Oaxaca et demanda d’un geste le lasso qui la maintenait au cou par la Semi-Shaakt qui le lui donna sans broncher. Sans un mot, le légendaire fit demi-tour, amenant la Déesse Noire qui n’eut d’autres choix que de suivre son nouveau geôlier. J’observai le fléau de ce monde s’éloigner, disparaître de nos vues avec soulagement. Je sentis mes muscles se déraidir. Je ne pus que m’accroupir pour laisser ressortir toute la tension accumulée ces dernières heures. J’avais du mal à réaliser que le cauchemar dans lequel j’avais été plongé il y avait de cela de nombreuses années désormais, en m’éveillant dans le bagne, prenait fin, alors que quelques minutes plus tôt je pensais me diriger vers ma mort certaine.

L’autre elfe doré prit la parole. Celle-ci, se présenta comme l’émissaire des dieux élémentaires. De leur part, elle nous fit remettre des bourses, des récompenses pour ce que nous avions accompli. La main tendue, je récupérerai le bien distribué par les soldats en armure, hébété, pendant que le représentant de Brytha prenait ceci comme une offense. Ses mots montrèrent tout ce qu’il pensa des dieux qui, selon lui, nous traitaient comme des mercenaires, alors que sa déesse s’était sacrifiée pour nous. Il nous exhorta à la prier, et à le suivre si nous voulions lui dédier notre vie. Je le regardai partir, ne le quittant pas des yeux, lui et son armée. Je ne savais que penser. Je lui étais infiniment reconnaissant, à lui, à ses forces, à sa déesse. Elle avait réanimé ma flamme qui s’était éteinte, elle m’avait donné le courage, elle m’avait montré la voie. Certes, mais était-ce assez pour lui dédier toute une vie ? De l’autre côté, il y avait les dieux de ce monde qui, effectivement s’étaient montrés infiniment absents, l’une des raisons pour laquelle je les haïssais tant, mais pourtant, n’était-ce pas par eux et leur volonté que nous étions enfin débarrassés d’Oaxaca ? Je n’étais pas très à l’aise avec toutes ces choses divines, c’était un sujet que j’avais longtemps rejeté dans ma vie. Pourtant, à cette heure, j’étais plongé dans un tel trouble que je ne savais plus où j’en étais sur ce point. Une chose était sûre. Je devais rendre grâce à Brytha qui nous avait débarrassée du Dragon Noir, je devais rendre grâce à Koushouu qui serait notre rempart face à un éventuel retour d’Oaxaca. Le reste pouvait attendre. C’est pourquoi j’opposai une fin de non-recevoir lorsque l’émissaire de Zewen nous invita à la rencontre des dieux. Je n’avais rien à leur dire. Ni message d’amour, ni message de haine. Je me sentais effroyablement étranger à leurs affaires.

Les uns et les autres se mirent à bouger, peaux vertes, aventuriers, mercenaires, amis, ennemis. Chacun semblait se mouvoir dans ce moment étrange qui sonnait la fin d’une époque. Il semblait que nous étions à la croisée des chemins, là où il allait falloir faire des choix. Je me retrouvais pour la deuxième fois de ma vie, après m’être fait jeter hors de chez moi, désemparé, ne sachant que faire, ne sachant où aller. Tout ceci s’était fini si soudainement que j’avais encore l’impression d’être suspendu dans un univers onirique. Les yeux perdus, je tournai la tête pour apercevoir la Princesse cernée de son Etat-Major qui arrivait dans notre direction. À sa vue, me revint ce pourquoi je m’étais battu : les miens. Ces dernières années, c’était pour le salut de l’Ynorie et de Kendra-Kâr que j’avais œuvré. Des affaires Aliaénonienne à cette guerre, ce n’était pas de moi dont je m’étais préoccupé, mais des autres. Même à Omyre lorsque j’avais investi avec mes hommes le quartier communautaire humain que Gart et les siens tentaient de construire, c’était pour les protéger. Si les affaires divines me passaient par-dessus, celles des peuples humains me paraissaient beaucoup plus importantes. Il était là sous mes yeux, le monde dans lequel je vivais. Ce n’était pas un monde opaque caché derrière une brume épaisse, ou éloigné, caché dans les confins des nuages célestes. Il était étonnamment clair, brutal, sans filtre. Au pied de ma cité natale gisait un charnier, autour de la souveraine que j’avais choisi, il n’y avait plus qu’une poignée d’âmes. C’était ça, le monde dans lequel je vivais, cruel et impitoyable.

Je me dirigeai vers le corps physique d’Oaxaca duquel il ne restait pas grand-chose. Noirci et éclaté, son casque, affreusement défoncé trônait sur son corps en bouillie. J’avais déjà le regard tourné vers l’après, et il était hors de question que ses partisans aient quoi que ce soit d’elle pour symboliser ce jour et en faire une martyre. Mon acte était politique. De même, je ramassai deux dents du Feu-Dragon Noir, glissant dans ma besace l’une d’entre elle avant d’aller à l’encontre de la Princesse où Solennellement, je posai un genou à terre face à elle, tendant les objets.

« Votre Altesse, tenez. Les derniers reliquats de ce que furent Oaxaca et le dragon noir. Prenez les et exposez les à notre peuple, qu’il sache que tous ces sacrifices n’ont pas été fait en vain. »

Aucune satisfaction n’émanait de ma voix morne et triste. Ce n’était en rien une victoire, pas même une consolation. C’était juste de la politique, un grossier maquillage au mieux pour ramener au peuple autre chose que des morts, une sorte de victoire, avec la disparition d’Oaxaca et du Dragon Noir. Je baissai ensuite la tête, peu fière de ce que j'allais annoncer :

« Cependant, je regrette, mais j’ai été empêché de venger votre frère et Roi. »

Satina opina du chef, alors que du Val s’avança pour récupérer les précieuses reliques alors qu’elle commentait :

"Mon peuple sera témoin des horreurs de ce jour grâce à ces objets. L'espoir renaîtra en eux, suite au désespoir de la perte des leurs. N'ayez crainte, ser d'Arkasse : l'assassine n'était qu'un outil d'Oaxaca. C'est elle la véritable meurtrière de mon frère, et elle paiera chaque instant de sa vie cette ignominie."

C’est alors que le dénommé Faëlis, avec qui j’avais déjà eu des mots s’approcha également.

« Votre altesse, il se trouve que... la Régicide m'a demandé de vous transmettre ceci. »

À l’entente de ces mots, je levai un regard surpris alors que la Princesse s’empara de l’objet vivement, le visage emplit d’émotions. Le General Bogast alla de son petit commentaire.

"Vous avez de bien curieux choix de relations, elfe."

Je me relevai moi-même, me tournant légèrement vers Faelis, lui jetant un regard dédaigneux, me rappelant à quel point il voulait défendre la blanche au nom d’un soi-disant honneur.

« Je comprends mieux votre désir ardent de défendre des ennemis de notre peuple, elfe. »

Mais je me désintéressai déjà de lui, tournant déjà mon regard vers la Princesse. Je montrais ainsi à l’Hinnïon le peu de respect que j’avais pour sa personne. Peut-être avions nous été des alliés objectifs, mais cela s’arrêtait là. Je n’avais aucune espèce de sympathie pour ce qu’il représentait.

« Qu’importe alors ce second couteau insignifiant qu’est l’assassine. Je tourne maintenant mon regard vers l’avenir et le renouveau du Royaume. Je désir ardemment participer à son éclat. Un jour notre peuple, et notre armée brilleront à nouveau de milles feux. Il faudra des hommes et des femmes, de ceux qui, comme nous, ont vu de leurs yeux l’horreur, pour transmettre aux générations suivantes notre flamme. Permettez-moi de vous accompagner dans cette tâche. Ma place est ici, pas auprès des dieux, mais auprès des miens.»

L’Elfe se défendit en affirmant qu’elle ne lui avait pas laissé le choix. Il glissa également une petite phrase à mon égard, me jugeant mal poli mais me donna raison sur le fait que nous devions rendre espoir au peuple. Il parla aussi, de bannir la haine et de songer à la réconciliation pour les générations futures. En entendant ces mots j’eus du mal à garder contenance. Le petit idéaliste était de retour, faisant démonstration de son angélisme benêt, refusant de voir la réalité en face. Aucune espèce de paix n’était possible avec l’engeance d’Omyre. Leur culture était vouée à entrer en conflit avec la nôtre dans un choc des civilisations. Cela montrait bien sa méconnaissance de l’ennemi. Si je n’avais pas devant moi la Princesse, je jurais que je l’aurais secoué tel un prunier. De plus, cela faisait maintenant deux fois qu’il me manquait de respect. Je gageais qu’à la troisième je lui éclaterai toutes ses dents comme il le méritait.

"J'aurai besoin de tout le soutien possible, et vous suis reconnaissante du vôtre. J'ignore cependant la voie à prendre, les actions à mener. Notre retour à Kendra Kâr m'en apprendra plus, mais je dois d'abord rencontrer les responsables d'Oranan et leur présenter mes condoléances et mes regrets de notre aide trop peu puissante pour les avoir correctement protégés."
J’opinai du chef aux propos de la Princesse.

« Vous faites bien de vous enquérir de l’état de l’Ynorie. Il faudra fortifier notre alliance et j’ai moi-même, beaucoup d’inquiétude pour l’avenir ce pays qui coule aussi dans mes veines. Les d’Arkasse lui sont redevables. »


Évoquer mon patronyme et les conditions dans lesquelles il s’était retrouvé en ces présentes terres me rappela les allégations que Sirat avait lâchées contre mon père.Je me détournai donc vers Bogast, un regard inquiet.

« Justement, à ce propos. Vous êtes le General Bogast n’est-ce pas ? Nous n’avons pas eus l’occasion d’être présentés. Je suis Ezak, fils de Vandrak d’Arkasse. » disai-je en inclinant légèrement la tête en signe de respect pour son rang.

« Je… J’ai entendu des rumeurs concernant mon père et d’après son Altesse, vous seriez le mieux placé pour me renseigner. Certains racontent que mon paternelle aurait…. Ça m’arrache la langue de le dire… pactisé avec l’ennemi. Je vous en conjure, dites moi que ce ne sont là que des allégations qui visaient à me perturber. »

Ma voix se faisait basse, presque honteuse. Les mots que je venais de sortir m’avaient effectivement été très durs à formuler.

Le Général me répondit : "Certains sont partis dans la demeure de votre père, soi-disant prisonnier de l'ennemi. Mais je n'ai guère eu de nouvelles d'eux depuis, je ne sais rien de ce qui s'y est passé. Il me semble en avoir aperçu sur le champ de bataille, cependant : Une elfe blanche maniant deux armes, Sibelle ; un pirate borgne se faisant appeler Heartless ; l'humoran SIrat Ybelinor, honte de son père et fanatique zéwénien. Vous trouverez sans doute plus d'informations auprès d'eux. Et... Si vous les dénichez, dites leur donc de venir me voir, que je détienne enfin le fin mot de l'histoire."

Alors qu’il énumérait les identités de ces personnes, je jetai un regard aux alentours, pour les identifier. Je connaissais, bien entendu Sirat, bien que je fus étranger à son fanatisme religieux. Je ne lui connaissais pas un amour de la religion. Il m’avait plutôt semblé, à l’époque où je l’avais connu, que son intérêt se dirigeait plus vers les filles de joies et la boisson. Sans doute, cela lui était venu après les événements de l’Île volante. Quant à l’elfe blanche, si c’était bien celle que je pensais, elle maniait plutôt une énorme hache que je la voyais justement rendre à Karsinar... Intéressant… Je remarquai le pirate borgne également, on ne pouvait le rater. Il était dans une grande discussion avec Perhaillon. Encore deux vermines qui s’accoquinaient avec les Treize… C’était donc à ce genre d’individu peu recommandable qu’on avait confié la vie de mon paternel. Si j’avais été présent, je ne l’aurais pas permis.

Il poursuivit : "À propos... Je vous remercie personnellement de l'aide que vous avez apportée aux troupes de Bouhen que je dirigeais, à vous et à vos hommes, paix à leur âme."

Un voile d’ombre passa dans mon regard alors que je retournai sur le Général mon attention.

« Paix à leur âme. »

Puis je repris :

« Les propos que je vous rapporte sont, justement ceux de Sirat, mais je n’ai aucune confiance en cette… chose. Un type qui se disait mon ami et qui pourtant a foulé de manière belliqueuse la terre de mes ancêtres avant d’attenter à la vie de son Altesse. C’est impardonnable ! Et…Attendez ! Vous avez dit Ybelinor ? Comme le Comte ? Eh bah ça… Traitre à son sang en plus de ça ! »

Échauffé par les dernières nouvelles, je jetai un regard mauvais à Sirat qui semblait justement discuter avec Sibelle.

« Vous aurez bientôt vos réponses General. De ces mercenaires qui manquent à leurs devoirs ou de moi-même, j’en réponds.»

Et je m’éloignai, le pas déterminé. En me dirigeant vers mes cibles, marchant sur le corps de nombreux morts, je sentis la colère monter en moi. Je voyais les Treize, du moins, ce qui restait d’eux, çi et là discuter avec des aventuriers comme si de rien n’était. Ce qui se passait-là n’avait aucun sens. En effet, voir autour de moi, des personnes qui quelques minutes avant furent mes ennemis, gambader sans obtenir ce qu’ils méritaient me montait le nerfs. Pour moi, le constat était simple. C’était tous une bande d’hypocrites ! La seule chose qui les avaient fait se retourner contre Oaxaca était qu’elle menaçait leur vie mais je n’étais pas dupe. Enfin, quand ils s’étaient retournés contre elles… La moitié de ses effectifs avait suivi ses ordres, au risque de mourir eux même, tels des fanatiques. Et Lorener dans tout ça ? Il avait brillé par son absence. Il n’y avait pas de pire aveugles que celui qui ne voulait pas voir. La guerre était finit, mais les gens ne changeaient pas pour autant en un claquement de doigt, et les crimes avaient encore leurs victimes pour témoigner de ce qu’était leur essence. Combien de temps avant qu’Omyre se décide de poursuivre plus en avant sa conquête ? Ses représentants avaient suivi Oaxaca parce qu’elle les avait obligés ou parce qu’elle exaltait tous ce qu’ils représentait. J’en étais persuadé, pour la plupart, les ennemis d’aujourd’hui resteraient ceux de demain. Je jurai de ne pas oublier qui était qui.

Très remonté alors que je me dirigeai vers Sirat et Sibelle, mon attention fut détournée par Xël. Il venait d’amener Simaya à la délégation Ynorienne, probablement les membres du conseils. Il n’avait pas l’air heureux, le visage fermé. Je le croisai sur le chemin de son retour alors qu’il se dirigeait vers l’aynore des dieux. Lorsque j’arrivai à son niveau je jetai un coup de tête vers Simaya demandant d’une voix ferme :

« Comment elle va ? »

Lorsque je l’aborda, sans doute plus fermement que je ne le pensais, il fronça les sourcils. Affirmant qu’elle irait mieux après quelques heures avant de me demander si j’allais frapper quelqu’un. J’imaginai que je devais avoir le ton sec, et une attitude corporelle agressive.

« Faelis, Sirat Ybelinor, la Régicide une de ces pourritures de Treize… La question c’est plutôt à qui je n’ai pas envie de refaire le portrait. »


Dis-je sèchement avant de souffler longuement, comme pour expirer ma colère. Je me laissais emporté par mes ressentiments, et cela se déversait sur mes alliés. Ce n'était pas bien.

« Désolé. Je suis assez remonté. Certains s’en sortent beaucoup trop bien à mon goût. »

Xel était du même avis que moi. Il m’avoua même avoir dit à Xenaïr qu’il n’aurait aucun répit avant qu’il se mettre à le traquer lui et les autres Treize, ainsi que Sirat et Silmeria. J’étais d’accord avec lui, à peu de choses prêt. Herle s’était repenti officiellement et avait un début d’accord avec la couronne. Quant aux autres, leurs crimes étaient avérés, leur danger était réel pour l’avenir de Kendra-Kâr.

Je regardai autour de moi, il nous fallait rester discret sur le sujet. Les effets de surprise accordaient toujours de bons avantages à ceux que les mettaient en place. Une fois que je fus assuré qu’aucun ne nous épiait, je me rapprochai de Xël reprenant d’une voix basse.

« C’est très bien qu’ils le sachent. Ils n’auront pas de répits et je serais ravi de faire partie de votre petite entreprise. Seuls les morts connaissent la fin des guerres, mais certains idéalistes, comme votre ami Faelis, parlent déjà d’étouffer les rancœurs.»

Ceci dit, je repris ma position et me remis à parler à voix haute.

« Quand vous reviendrez à Kendra-Kâr, venez m’y trouver. J’y accompagne Son Altesse pour l’aider à y asseoir son pouvoir et à participer au renouveau de notre peuple. Nous parlerons plus librement de ce que nous pourrons mettre en place pour le succès de notre « projet ».


« Je ne reviendrais pas à Kendra Kâr tant que je n’aurais pas neutralisé les menaces qui rôdent autour de la cité. C’est une promesse que je me suis faite. Mais vous pouvez partager le message que ceux qui chercheront à nuire à la Reine Satina pour lui usurper son trône auront à faire à moi. Pour eux. Je reviendrais. »

Je restai interdit, fixant l’homme un long moment, dubitatif. Était-il seulement devenu fou ? Se rendait-il seulement compte de l’énormité qui venait de sortir de sa bouche ? Voulait-il vraiment se lancer dans une vengeance solitaire ? Tout de même, se rendait-il compte de ce qu’étaient les ennemis du Royaume, du pouvoir qu’ils avaient aujourd’hui, de ceux qu’ils risqueraient d’obtenir avec la chute de leur cheffe ? Du nombre d’effectifs qu’ils possédaient encore alors que nous n’avions plus rien. Prendre notre revanche pourrait prendre des années, voire des décennies, avant qu’une opportunité ne se dévoile. Et étant des hommes, à la faible longévité, peut-être même seraient-ce les générations suivantes qui goûteraient ce plaisir. Et surtout, avant de penser à l’attaque, nous devions songer à notre défense, et à notre reconstruction. Nous devions comprendre le monde de demain qui ne serait probablement plus celui de la veille. Nous devions installer les bases du renouveau, se battre d’abord pour que notre peuple ne sombre pas sur lui-même et après, nous pourrions parler de vengeance.

Un instant, je me mis à douter du bien-fondé d’un rapprochement avec le mage. Peut-être qu’il n’avait pas la tête sur les épaules et qu’il serait plus un problème qu’autre chose. Il me semblait qu’il n’était pas très rationnel. Mais alors que je sondais ce visage, je finis par le comprendre. Tel un miroir, il me renvoyait une image de moi pas si lointaine, lorsque je m’étais jeté sur Silmeria pour la punir de ses crimes odieux. À ce moment-là, je pensais ne plus rien avoir à perdre, ni à gagner. Je voulais juste apporter une certaine forme de justice dans ce monde envers ceux qui l’en avaient dépourvu. Entre temps, les choses avaient changées.. Nous étions débarrassés de la Reine Noire alors, il nous restait possiblement un avenir à construire.

J’ouvris la bouche pour formaliser mes pensées. Je voulais lui rappeler les mots qu’il avait eu à mon encontre lorsque j’avais perdu tout espoir. « Il reste encore quelqu’un à protéger ». À cet instant c’était de la princesse Satina qu’il parlait. Mais même là, il avait tort. C’est tout un peuple que nous avions à protéger, des milliers d’âmes. Voilà ce que je voulais lui dire, mais je me ravisai, car je devais me rendre à l’évidence, rien ne pourrait l’aider en cet instant, pas dans son état d’esprit. Ce n’était pas le moment d’avoir une conversation sensée avec un homme blessé et en colère. Comment lui en vouloir ? Je ne le comprenais que trop, j’avais le même désir de justice et de vengeance même si je gérais la chose différemment. Des années à jouer le larbin de la Reine Noire m’avaient appris la patience, le choix de l’instant. Compatissant, je posai une main amicale sur son épaule, avec un sourire compréhensif sur le visage.

« Prenez soin de vous. »

Et je m’éloignai, continuant ma route, avant qu’il ne m’interpelle.

« Attendez. Quand je me lancerais dans ma tâche, je vous ferais passer un message par l’orphelinat de Kendra Kâr. Je connais bien la gérante, n’hésitez pas à y faire un tour. »

J’hochai la tête. Nous verrions à ce moment-là, les tensions retombées.

« Entendu ! Je prendrais contact avec elle. »

Et je repris mon avancée vers mon objectif. Des réponses m’attendaient. Je ne mis guère plus que quelques secondes pour arriver sur l’elfe blanche et l’humoran. En arrivant à leur niveau, mon attitude se referma tout à coup. J’étais là pour une raison précise et officielle, pas pour tailler le bout de gras avec des mercenaires. Les bras croisés, visage fermé, je me mis à quelques pas de distance d’eux.

« Ce n’est pas que j’aimerais interrompre votre conversation, mais je suis missionné par le General Bogast pour tirer au clair une affaire. »

Je me tournai vers la dénommée Sibelle :

« Tenez madame, voici le fait : Le General Bogast vous a, semble-t-il, envoyé réaliser une mission. À savoir, sauver Vandrak d’Arkasse qui se trouve être mon père. Or, il attend toujours un rapport du résultat de votre mission. J’aimerais entendre de votre bouche le fin mot de cette histoire, sachant qu’elle me concerne directement et que je ne peux manifestement plus faire confiance aux propos de celui qui vous accompagne. »

Dit-il en jetant regard plein de reproche à Sirat.
L’elfe consentit à me répondre se justifiant tout à bord sur le fait qu’ils n’avaient pas encore fait leur rapport à cause des aléas de la guerre. C’était un fait, mais les propos qu’elle eut ensuite m’atteignirent comme un coup de poignard. Mon paternel n’avait jamais été en danger, pire encore, il s’était porté volontaire pour simuler une prise d’otage et ainsi attirer les forces envoyées par le General dans un guet-apens. Elle affirma comprendre ses actions, étant un marchand qui défendait ses intérêts. Et elle entreprit de dire deux noms, qui me finirent de m’achever : Karsinar et Sarl. D’après elle, ils n’avaient aucunement molesté mon père. J’en déduisis donc, que c’était avec eux que mon père s’était associé. De tous, il fallait que ce soient ces deux-là.
Sirat pris ensuite la parole avec un rictus, me demandant quel intérêt il y avait pour lui de mentir.

Je fus si abasourdi, que je m’en retrouvai décontenancé. Les informations avaient du mal à parvenir à mon cerveau, comme si je venais de subir un énorme coup sur la tête.

« Ses intérêts financiers…. »


Elle venait de confirmer les affirmations de Sirat. Pour moi, ce ne pouvait être possible, ils avaient mal compris, ou quelque chose leur avait échappé. Cela ne pouvait être que cette solution. Il y avait méprise, comme ce fut le cas sur ma personne à Fan-Ming, ou bien dans le camp du Val. Ils jugeaient sans avoir toutes les informations.
Je les regardai tour à tour.

« Attendez non ! Je connais les méthodes d’Omyre. Ils m’ont enrôlé en me mettant une lame sous la gorge, peut-être que c’était le cas de mon père… Serait-il possible qu’il fût menacé et que cela vous ai échappé ? Mon père n’est pas qu’un marchand, il ne peut pas…il vient de… d’une… c’est un d’Arkasse bon sang !»

Mes derniers mots étaient hésitants, tremblants, bas. Il y avait clairement un conflit entre l’image que je me faisais de lui et ce que l’on venait de m’annoncer. Entre ce que j’avais appris étant jeune de l’histoire de ma famille, et le portrait que l’on dépeignait là de mon patriarche. Je n’arrivais pas à surpasser cette frontière opaque que se dressait devant moi.
J’entendis la voix lointaine de Sirat affirmer que ce n’était pas grave et que je devais cesser de me tourmenter et lui demander moi-même ses raisons. Celle de Sibelle qui m’exhorta de l’écouter avant de le juger. Une troisième voix, me tira un peu de ma rêverie, c’était le pirate borgne qui approchait de nous.


"Vandrak était pris entre deux camps. Il s'est juste plié aux exigences du plus dangereux. C'est pas glorieux, mais j'comprends sa situation. Y'a que l'temps pour nous dire s'il sera vu en traître ou en héros."


Il s’approcha de moi avec un grand sourire.

"En c'qui me concerne, c'est qu'une question de perspective. Sacrée moustache, par contre."

Puis il continua à s’adresser aux deux autres sur une histoire de fâcherie qui ne me concernait point. Je mis du temps à assimiler toutes les informations, tant j’étais encore troublé par les mots qui étaient servis. Mais petit à petit, le sens me percutait. Il ne répondirent pas directement à ma question et il y avait dans leurs voix à tous les trois une sorte de compassion pour ma situation, une sorte de compréhension pour les actes de mon père. Sans doute essayaient-ils de me ménager. Toute cette pitié, dans leurs mots et leur attitude ne faisait que confirmer ce qui avait été dit. J’en fus profondément touché, je me sentis humilié devant le regard de ces personnes. Pris par une bouffée d’émotions, je dus réprimer les sensations qui m’assaillirent, par pudeur. Je ne supportais pas ces regards compatissants. Je me sentis blessé par ces paroles réconfortantes, alors que j’étais mis à nu face à mon nom et à sa honte évidente. Je n’en voulais pas de leurs compassions ! Après tout qu’est-ce que ces individus de basses-naissances pouvaient savoir de ce que ça représentait de porter sur ses épaules toute une lignée, toute une tradition. Un criminel des mers qui échangeait amicalement avec Perhaillon, une mercenaire qui copinait avec Karsinar et Sarl, un bâtard qui avait baissé son froc pour Oaxaca. Voilà devant quel genre d’individus était exposée ma honte. Quelle humiliation ! Me sentant ainsi, désarmé, mis à nu, avili, je ne pus que répliquer pour ne pas perdre la face, et garder un peu d’aplomb.
Je fronçai les sourcils et je leur jetai mon regard le plus dédaigneux.

« Je vous ai demandé des faits et vous me servez des banalités. Comme si j’en avais quelque chose à cirer de vos misérables avis, surtout venant du bétail d’Oaxaca..» Disai-je en terminant un regard particulièrement haineux envers Sirat.

Je tournai les talons m’éloignant vers l’Etat-major Kendran. Il sembla que mes oreilles perçurent un mouvement, comme si un de ces trois-là avait voulu s’en prendre à moi et se faisait arrêter brusquement par un autre. Tout en continuant ma route, sans me retourner je leur hélai :

« Ayez au moins la décence d’achever votre œuvre et de faire votre rapport au Général Bogast. »

En retour le pirate Hearthless me héla qu’on n'avait pas toujours le choix d’être honorable. Je ne lui répondis pas, terriblement secoué. Je marchais vers le General Bogast poussé par je ne savais quelle force, lutant contre la tempête qui avait lieu en moi. Le dos tourné au trio j’avais quitté mes traits d’orgueil tout à fait kendrans. Je n’étais plus qu’un homme abattu, aux traits tirés et à la mine grave lorsque je me présentai devant le Général.

« J’ai vos réponses Général Bogast. Tout ceci n’était qu’un guet-apens. Vandrak d’Arkasse a vendu son âme à Omyre pour pouvoir continuer ses activités marchandes. Il n’a jamais été en danger, ni Karsinar, ni Sarl, ne l’ont maltraité. Il les a aidés de son plein gré. Peut-être que les mercenaires auront la décence de venir vous le dire eux-mêmes. »


La fin de ma phrase était emplie d’émotions alors que je serrais les poings baissant un instant la tête. Ce que je m’apprêtais à dire me déchirait l’âme. Après un moment je relevai un regard presque implorant envers le General.

« Je dois avouer que je suis déchiré entre mes devoirs familiaux et ceux que j’ai envers mon peuple, mais, je vous en conjure, cela me tue de vous dire cela mais… il ne doit pas s’en sortir à si bon compte ! Vous avez pourtant voulu l’aider et par sa faute, tous les efforts que je fais pour laver le nom de ma famille de toute l’infamie qui lui incombe sont réduits à néant. C’est une honte et au nom des d’Arkasse je vous demande pardon ! Je ne veux plus être associé ni de près ni de loin à cet homme et si il le fallait je coulerais moi-même le sang qui coule dans mes veines pour m’en purifier. Ne cachez rien à nos alliés ynoriens ! Faites qu’il ne s’en sorte pas ! Ce serait trop facile. Il doit payer sa dette envers la République. »

Mes jambes manquèrent de me lâcher avant que je ne me reprenne. Ce n’était pas rien, je demandais tout bonnement le tête de mon père. Mais même à cet instant, malgré toute la déception que je ressentais, je sentais tout cet amour que lui avais toujours porté, présent au fond de moi. Mon âme ne cessait de se scinder.
Bogast prit une mine compatissante.

"On ne choisit hélas pas sa famille. Nous parlions plus tôt des Ybelinor, en voici un nouveau triste exemple. N'ayez crainte : nous ne jugeons pas un individu sur son ascendance. Pas Satina de Kendra Kâr, en tout cas, si je peux me permettre de parler en son nom. Désolé que vous l'ayez appris de cette manière, pour votre père..."

Il resta silencieux quelques secondes, avant de poursuivre : "J'espère également qu'ils me feront leur compte rendu complet au plus tôt, que nous puissions communiquer aux ynoriens les détails de ce qu'ils ont appris."

Je me contentai d’opiner du chef aux propos du General, trop sous le coup de l’émotion pour répondre quoi que ce soit. Sans doute poussé par ce violent torrent de sentiment, je ressentais ce besoin irrépressible de me démarquer de Vandrak. Si être le fils du déchu avait toujours été dur, être celui du traître me paraissait insupportable. Il fallait que je me démarque de lui. C’est sans doute poussé par cette idée que je me permis de transgresser la bienséance pour m’adresser à la Princesse, faisant deux pas dans sa direction.

« Votre Altesse, je vais sans doute vous sembler impétueux, mais avant que vous ne disiez quoi que ce soit, j’aimerais avoir l’occasion de parler librement. »

Je réfléchis un instant, avant de continuer.

« Sachez que je n’ai fait aucun calcul durant cette guerre. Certes, lorsque j’étais sur l’Azurion entouré d’assassins, j’ai agi avant tout pour que les frères royaux ne disparaissent pas tous deux et éviter ainsi une instabilité politique qu’’aurait causé votre absence de descendants. »

J’inspirai.

« Cela fait des années que je dois me battre pour faire entendre ma voix. J’ai été rejeté par mon père, taxé de fils indigne, rejeté par les ynoriens d’Aliaénon me taxant de traîtres et si d’autres m’ont aidés, c’était en mettant ma parole en doute, toujours ! Mais pas vous. Vous êtes la seule à m’avoir fait confiance directement, sans poser de questions, quand tant d’autres ont refusé de le faire. Vous me l’avez accordé encore durant la bataille, au point de donner à ma parole de l’importance, me demandant conseil au même titre que n’importe lequel de vos conseillers. Et loin de dédaigner mes mots, vous m’avez toujours écouté, même lorsque cela bousculait vos convictions. Vous m’avez plus été fidèle que je ne l’aurais dû l’ être envers vous et c’est un comble. »

J’émis une nouvelle pause, cherchant mes mots.

« Sachez que si j’ai traversé avec mes hommes une armée pour venir vous protéger, ce n’est pas seulement parce que vous meniez les nôtres au nom du pouvoir royale, mais c’était aussi parce que c’était votre personne et que je vous estime comme aujourd’hui, j’ai rarement estimé quiconque. Votre Altesse, je fais le serment que tant que je vivrais, je ne laisserai quiconque attenter à votre honneur, ni à votre vie. Je vous suivrai quels que soient les obstacles. Je vous serai fidèle et c’est à vous que je dédie ma vie et cela d’aujourd’hui jusqu’au seuil de ma mort."

J’inspirai de nouveau avant d’en arriver à la conclusion de mes propos.

« Et c’est pour cela que je vous demande de bien vouloir me rendre mes lettres de noblesses, comme vous me l’avez promis et de me permettre de faire partie de vos conseillers, comme j’ai pu l’être occasionnellement ce jour. Je jure que si vous en consentissiez, rien ne pourrait jamais me détourner de votre service. J’essaierai chaque jour de devenir meilleur pour être assez digne de vous et ne point ressembler à ce qu’est mon père aujourd’hui. »


La Princesse écouta mon long discours patiemment avant d’incliner la tête et de répondre posément, avec un maigre sourire.

"Ezak d'Arkasse, vous avez plus que quiconque mérité que je vous fasse confiance. Vous avez risqué votre vie et celle de vos hommes pour moi, et je serais bien ingrate que de n'en tenir pas compte. Dans mon cœur, vous êtes déjà Chevalier de la Cour kendrane. Nous officialiserons cela à notre retour à Kendra-Kâr, au vu et au su de tous. Votre nom sera lavé, chevalier. Soyez en assuré."



Chevalier...

Je fus quelques secondes interdit. Mon cœur manqua un battement, ou il en eut un supplémentaire, je n’aurais su le dire. La chose que j’avais tant cherché était là, à quelques encablures de moi. J’étais ému, bien que je le cachai avec habileté. La symbolique était importante pour moi. Enfin, les d’Arkasse retrouvaient leur place dans l’échiquier de la noblesse kendranne. La rupture avec mon père était consommée. Il l’avait plongé dans la déchéance et moi j’allais bientôt l’élever à nouveau. Pour moi aussi s’annonçait une nouvelle ère, pleine de responsabilités. J’inclinai la tête, profondément reconnaissant.

« Vous ne le regretterez pas. »

Ma joie fut tout de même tempérée. J’aurais cru que j’aurais exulté, fanfaronné comme cela m’arrivais bien souvent, même intérieurement. Mais trop de choses m’empêchaient de savourer le moment. Par eux même, mes yeux se détournèrent de la Princesse pour balayer le champ des morts de notre armée écroulée, sur les plaines de l’Ynorie. Il m’était difficile de ressentir une quelconque joie en ce jour. Qu’est-ce que cela voulait encore dire être kendran ? Qu’est-ce que cela serait au lendemain de cette bataille ? Mes yeux se dirigèrent où mes hommes étaient tombés, approximativement alors que mes pensées naviguaient toujours, comme obsédées par ma filiation. J’avais tant gagné, mais n’avais-je pas tant perdu également ?

« Si vous le permettez, je vais une dernière fois passer un peu de temps avec mes hommes pour les remercier et leur dire adieu.»


"Faites. Remerciez-les au nom de Kendra Kâr."


Me demanda la princesse. J’acquiesçai. J’étais au moins heureux d’une chose : Le Général Bogast et elle-même étaient conscients de ce qu’ils avaient fait. Je jurai de faire en sorte que leur mémoire soit honorée.
Sur ma route je croisai Azra, en position de prière, debout solennellement. En passant derrière lui, je posai une main sur son épaule.

« Prie aussi pour mes hommes disparus. J’allais justement leur dire adieu. »
Dis-je calmement.

Il hocha la tête : « Que le corbeau collectes vos âmes à tous. Que vous soyez vaillant héros ou simple soldat. Que vous soyez grands généraux ou dernier des archers. Que vous soyez venu pour la richesse, l'honneur ou pour défendre un proche. Que vous soyez ennemis ou alliés. Que vous soyez parti dans la paix ou la souffrance... Phaïtos a une place pour vous tous. Les peines, les angoisses, les craintes de la vie... Laissez tout cela derrière vous. Partez en paix, sans plus vous soucier du passé. Le Grand Corbeau accueil tous, sans discriminations. Marchez mains dans la main, car désormais, vous êtes tous égaux. Puisse les portes du repos vous être ouvertes. »

Durant toute sa prière, je me posai à ses côtés, dans une position de recueillement, respectueux de ses mots. Un geste dont je n’avais pas l’habitude. C’était une première pour moi mais je savais que chez certains de mes hommes, beaucoup priaient le dieu de la mort alors je leur rendis hommage. Ils le méritaient. Après un temps de silence, je me confiai au Lord.

« C’est bien la première fois de ma vie que je consens à respecter une prière. Avant ce jour, je haïssais les dieux. Aujourd’hui, je ne sais que penser d’eux. Dois-je les haïr pour nous avoir tant laissé subir ? Les remercier pour être intervenus finalement ? Louer plutôt Brytha pour le sacrifice qu’elle a su faire pour nous. Tant d’incertitudes se bousculent parmi les convictions que j’avais… »

Il me répondit que j’étais libre de penser ce que je voulais d’eux, et que cela n’avait pas d’importance car ils étaient les forces de la nature qui composent le monde. Il me recommandait néanmoins de ne pas trop me tourmenter et qu’un jour je trouverais une réponse qui serait mienne, quelle qu’elle pouvait être.

J’hochai la tête. Les discussions théologiques que je partageais avec Azra n’étaient jamais désagréable, bien que nos manières de penser divergeaient. J’appréciais celà. Sa dévotion me paraissait beaucoup plus ouverte que celle de certains religieux zélés.

« Sans doute as tu raison. Un jour je trouverais mes réponses. » Je quittai mon air grave pour tourner un léger sourire vers lui.

« Je suis néanmoins heureux de te voir entier Lord. J’espère que tu as pu faire valoir les droits de ta famille auprès des Duchés. »


Il haussa les épaules. Sa situation n’était pas encore bien définit. Puis il me demande si je resterais aux côtés de la Princesse.

J’agitai la tête l’air entendu.



« J’espère que les choses finiront par aller dans ton sens. Quant à moi, he bien… Je devrais être fait Chevalier de la cour kendranne dès notre retour. Alors oui, je lui resterai fidèle comme l’exigera mon rang. »




« Je suis heureux pour toi. Mon chemin me mène à la rencontre des dieux. Le tiens à la rencontre des humains. Puissions-nous nous croiser de nouveaux, sous de meilleurs auspices. En attendant... »
Il sortit un petit os et grava quelque chose dessus avant de me le tendre, en affirmant que je serais toujours bienvenue chez les Messagers du Corbeau.

Je pris l’objet et le lu. Dessus était marqué : « Ezak d'Arkasse, ami du Corbeau, par la voix du Premier messager. » Cela eut le don de me tirer un sourire, une deuxième fois. Décidément, la présence du Lord m’était bien agréable. Il était loin le temps de notre rencontre suspicieuse dans les Bois Sombres. Nous agissions officiellement pour Oaxaca, et nous avions combattu des forces de Brytha. Aujourd’hui aucune d’elles ne foulaient plus la terre de ce monde. La boucle était bouclée.


« Merci. De même pour toi, Lord. Tu devrais aller te rappeler au bon souvenir de la couronne, elle n’est pas ingrate, je peux le confirmer. Dis que tu viens de ma part. Et tu salueras Daemon de ma part.»

Je posai une main affectueuse sur son épaule.

« Adieu, mon ami. »

Et je m’éloignai, continuant mon cheminement. Après quelques pas m’éloignant toujours plus de la foule réunit, ils croisèrent ceux de Cromax. Lui et moi avions quelques petits détails à régler.



« Messire Cromax, vous avez évoqué des propos qui me paraissent bien floues tout à l’heure. Alors vous êtes aussi un ami de Puliin ? Comment se porte t’elle ? Cela fait bien des années que je n’ai pas eus l’occasion de lui rendre visite à Kendra-Kâr. »




"Vous êtes un Amant, n'est-ce pas ? Sachez alors que j'étais l'égal de Pulinn dans notre hiérarchie. Il y a eu un... gros changement. Nous avons été trahis de l'intérieur par deux membres éminents de l'ordre, Zarnam de Tulorim et celle que l'on surnommait la Rose Sombre. Cette dernière manipulait mentalement les gardes de la Rose pour les dresser contre nous. Ces deux-là sont morts, mais ils ont presque emporté Pulinn avec eux. Nous ne devons sa survie qu'à un don d'un objet magique puissant l'ayant ramenée à elle. Elle garde des séquelles, cependant : elle ne parlera plus jamais. Elle a donc décidé de s'en retourner en Anorfain, loin des machinations de la capitale kendrane... Quant à l'ordre, il est... dissous. Dissous tel qu'il était en tout cas. Je compte rassembler les anciens membres pour mener un nouveau combat... Et de manière plus transparente que ce qui se faisait jusqu'ici."


Je fus surpris de toutes ces infos. Il y avait tant de choses que j’ignorais. Je répondis l’air un peu hagard.

« Ciel…La pauvre. Cette nouvelle m’attriste. C’était bien l’une des rares alliées sur qui j’ai pu compter depuis que je fus livré à moi même. »



Je restai silencieux un moment réfléchissant à ce que Cromax venait de dire.

« Quel est ce combat qui vous tient tant à cœur ? »

Il rétorqua avec un sourire : "Défendre la liberté, me battre contre les régimes oppresseurs et libérer les opprimés. Et ce avec mes pouvoirs, des alliés puissants et de la conviction. Si cette cause vous parle, vous pourrez trouver les miens sur une île au large de Tulorim : Tol'Lhein."

J’opinais du chef. Ses volontés étaient nobles. La cause me parlait. C’était ce que j’avais essayé de faire aux côtés de Gart à Omyre, en m’installant dans le quartier communautaire d’humains.

« Je crains malheureusement d'avoir trop à faire pour me permettre de voyager dans l’immédiat. J’ai juré à la Princesse Satina que je serai à ses côtés lors des lourdes épreuves que devra traverser notre peuple dans cette nouvelle ère qui s’annonce. Mais lorsque vous serez prêt à reformer l’ordre faites appel à moi et je viendrai. Je ne devrais pas être très loin de la Cour désormais. J’essaierai de faire de mon mieux pour rendre grâce au travail commencé par Puliin dans la Cité Blanche. »


Il baissa la tête poliment. "Alors puissiez-vous passer au-delà de mes méfaits dans Kendra Kâr. Vous pouvez consulter le Lys, dans le Temple des Plaisirs. Un noble elfe blanc admis à la cour qui a repris les affaires de Pulinn. Il saura vous indiquer où me trouver, si vous le souhaitez."

Je plissais un instant les yeux tentant de saisir le sens des premières paroles de Cromax avant de reprendre.

« Rien que l’idée de me diriger dans ce lieu, sans y retrouver la gracieuse présence de Pulinn m’attriste. Mais j’irai Sir sindel, j’irai… Pour elle.»

Je tournai la tête vers la direction que j’empruntais avant d’être détourné par cette conversation.

« Je n’abuse pas plus longtemps de votre présence. À notre prochaine rencontre, et que cette fois là, elle se fasse en alliés. »

Conclus-je en tendant le bras au Sindel.

"Il n'en a jamais été autrement, pour ma part, ser Ezak. Que l'avenir puisse vous faire croiser à nouveau la délicieuse Pulinn. Qui sait... Bonne chance à Kendra Kâr."

J’inclinai la tête avant de reprendre ma route, une nouvelle fois. Cette fois il n’y avait plus d’obstacle sur mon chemin. Les voix des aventuriers ne parvinrent bientôt plus. Je goûtai avec plaisir cette solitude. J’avais besoin de cet instant de calme pour faire le point. J'étais passé par tant d'émotions contraires ces dernières minutes. Les pensées négatives avaient du mal à me quitter malgré le reste. Mon père, mes hommes, mes patries...

Chacun de mes pas furent trébuchant. Il était impossible de garder une démarche fière dans un champs de mort. Il y avait toujours ce membre malin et lâche qui venait aggriper la botte au moment où l’on relevait le pas. Ou cette armure trop glissante qui faisait déraper un pas qui pourtant s’était voulu assuré. Après quelques minutes de marche silencieuse je m’arrêtai, à peu près là où mes hommes s’étaient écroulés. Je regardai autour de moi cherchant de mes yeux si je pouvais reconnaître l’un d’entre eux, avant de me rendre compte de la stupidité de mon geste. Je pouffai d’un rire nerveux en posant une main sur mon visage dépité.

« Sombre crétin… »

Qu’est-ce que je m’étais imaginé ? Retrouver du monde dans ce charnier à ciel ouvert était illusoire. C’était ça, la définition de l’horreur. Les yeux rivés sur les masses écroulées, je songeai à mes hommes, qui avaient rejoint l’anonymat de cette foule de macchabées. Je leur jurai intérieurement que leur sacrifice ne serait pas vain. Sur leur cendre je jurai de dresser une nouvelle génération d’élites faites de jeunes kendrans. Oui, j’irai conter à cette jeunesse de mon pays, celle qui était encore trop jeune pour se battre ici, au nom de quelle horreur leurs pères, leurs mères, leurs frères et leurs soeurs avaient été sacrifiés. J'exalterai leur colère, leur fierté, leur orgeuil. Les ennemis de Kendra-Kâr pouvaient bien trembler, car un jour, ils auraient des comptes à rendre...



HRP :
- Fait don du casque d’Oaxaca défoncé et une dent de Dragon
à l’Etat-Major kendran



[XP : 3,5 (discussions)]
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 3 févr. 2022 05:30, modifié 4 fois.

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Sibelle
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sibelle » ven. 19 nov. 2021 01:45

Conclusion de l'événement: Discussion avec Sirat, Ezak et Sirius

Sibelle s’immobilisa et attendit patiemment que Ezak les rejoigne. Ce dernier affichait un air déterminé, les bras croisés sur son torse, jetant un regard mauvais à l’endroit de Sirat. Ce qui ne surprit pas vraiment Sibelle puisque l’humoran avait reviré sa veste une fois le combat engagé.

Sans préambule, le kendran annonça au couple mal assorti que le général Bogast l’avait envoyé les questionner. Puis s’adressant plus spécialement à Sibelle, il lui rappela qu’elle et ses compagnons avaient été envoyés en mission afin de sauver Vandrak d’Arkasse n’omettant pas de préciser qu’il s’agissait de son père. Adoptant un ton condescendant, il lui reprocha de ne pas avoir fait son rapport au général. Ne se sentant nullement fautive, elle l’écouta attentivement. Il ne réagit pas au reproche formulé à l’endroit de son compagnon. Elle examina attentivement Ezak, comme si elle cherchait à retrouver la ressemblance entre le fils qu'elle avait devant les yeux et le père qu'elle avait rencontré dans le château de celui-ci.

Puis, elle finit par répondre :

« À la fin de notre première mission, la guerre s'est aggravée, nous avons donc jugé plus important d'y participer que de rapporter ce qu'il en était d'une mission terminée. »

Elle avait parlé, d'une voix assurée, calme, dénudée d'agressivité.

« Mais je comprends que vous vous inquiétez pour votre père. En fait, votre père n'était aucunement en danger. Il s'était porté volontaire pour simuler sa prise d'otage afin de nous attirer dans un guet-apens. C'est un marchand, il a agi dans ses intérêts financiers. Et je le comprends dans un certain sens. Karsinar et Sarl n'ont aucunement attaqué votre père, pas plus que nous. Nous sommes repartis comme nous étions venus. »

Sibelle se tourna ensuite vers Sirat afin de voir s'il avait quelque chose à rajouter. Elle avait noté la pointe d'agressivité dans le regard de l'humain envers l'humoran, et n'en était pas surprise. Les actions prises par Sirat pouvaient sembler douteuses.
Sirat s’amusa de la méfiance que les gens ressentaient à son égard.

Le kendran fut abasourdi par les révélations de l’hinionne. Puis après quelques secondes de réflexion, il émit l’hypothèse farfelue que son père avait agi sous la contrainte. Il ne pouvait accepter qu’un Arkasse ait agi de la sorte.

Adoptant un air sévère, Sirat le pria d’arrêter de se tourmenter pour si peu et l’invita à aller rejoindre son père afin d’obtenir des explications.

Sibelle rajouta d'une voix calme : « Et écoute-le avant de le juger ... comme dit Sirat, tu comprendras mieux si c'est lui qui t'explique »

Sirius qui s’était approché d’eux, ne fit pas plus preuve de délicatesse qu’à l’accoutumée et s’immisça tout naturellement à la conversation, comme s’il y avait été convié. Selon sa version toute personnelle, Vandrak pris entre deux, avait choisi d’obéir au plus dangereux des deux.

Puis sans plus de cérémonie, le pirate regarda tour à tour la belle et la bête et leur demanda sans détour ce qu’il en était de leur relation.

De son côté, Ezak, refusant de voir la vérité en face, les insulta d’un air dédaigneux, rejetant leur dire comme s’il s’agissait de vulgaires commérages. Cela dit, il tourna les talons et s’éloigna. Après quelques pas, il leur fit une petite remontrance, celle d’aller faire rapport au Général Bogast.

N’écoutant que son impulsivité, l’humoran fit quelques pas en avant, voulant sans doute en découdre avec le kendran. Alors que Sibelle ne fit aucun geste pour l’arrêter dans son mouvement, Sirius lui s’en mêla. Il se plaça devant le colosse plaçant son bras devant l’humoran, sans se départir de sa bonne humeur. Sibelle acquiesça de la tête, lorsque Sirius dit, bien qu'en d’autres terme, que Bogast, n'avait qu'à aller à leur rencontre.

Une fois Ezak parti, et l’incident évité par Sirius, Sibelle se tourna vers celui-ci :

« Et ton navire ? Ton équipage ? »

Sibelle arrêta son souffle lorsque Heartless prononça le mot coulé, pour lâcher un soupir de soulagement lorsqu'il annonce que l'équipage était intact. Le pirate rajouta avoir compris que la gloire n’était pas ce qui était le plus important dans la vie. Puis après avoir regardé Sibelle et Sirat, il leur souhaitait le même sort.

Sibelle acquiesça une fois de plus lorsque Heartless exprima le souhait qu'elle et Sirat avaient saisi ce qui était important. Et sur un ton des plus sérieux, elle commenta

« Cette guerre, ces combats m'ont fait réaliser une fois de plus la fragilité de la vie. »

Et les yeux légèrement brillants, elle rajouta:

« Moi et Sirat nous nous sommes réconciliés...nos chemins vont se séparer de nouveau, mais nous savons qu'un jour ou l'autre nous allons nous retrouver. »

Puis, Sibelle vit le général Bogast près de la princesse et du reste des gens de Kendra Kâr, elle dit à ses compagnons.

« Je crois que nous avons tout de même le devoir d'aller faire notre rapport au Général. »

Cela dit, Sibelle partit dans cette direction, laissant la liberté à ses compagnons de la suivre ou non.


[XP : 0,5 (discussion)]

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Azra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Azra » ven. 26 nov. 2021 16:17

Et les âmes s'acharnèrent, sans laisser un instant de répit, elles enveloppaient la déesse, se refermaient sur elles, jusqu'à déchirer son flanc. Azra avait blessé une divinité ! Les aventuriers, seigneurs, généraux... attaquaient également, sans relâche, alors que le pouvoir divin les écrasait peu à peu. Il devint bien vite évident que la potion de soin n'aurait aucun effet. La blessure causée par une telle entité était au-delà des moyens de guérison des mortels.

Mais à ce moment là, Brytha s'évapora à nouveau dans les airs. Une illusion ! Une illusion qui laissa place à un gigantesque navire volant. Le combat se suspendit sous l'effet de la stupeur, alors que l'appareil se posait pour livrer place à un groupe d'elfe en tenus dorées et aux yeux étincelants. Dans toute son existence, Azra avait vu maint et maint choses extraordinaires, mais cela, il ne s'y attendait pas. S'il y avait bien une légende qui semblait lointaine et inaccessible, c'était celle des elfes dorés. Les ermansi, serviteurs des dieux...

L'un d'eux pris la parole, déclarant que les dieux avaient finalement décidé d'intervenir. La fureur du champ de bataille se calma, et tout combat cessa quand un personnage à la peau noir se présenta : Koushuu, le Roi de Yuimen, éternel ennemi d'Oaxaca, était venu également.

Oaxaca, blessée, fut rapidement maîtrisée. Tel était son destin : elle allait être traînée, prisonnière, vers l'île volante des dieux, pour ne plus pouvoir dévaster le monde. Quand aux aventuriers, ils allaient être récompensés, et se voyaient proposer une chance de monter à la rencontre des dieux. Le cœur d'Azra bondit. Impossible ! Il ne pouvait pas...

« Bien sûr que si, tu peux. Tu es l'héritier des anciens lords. Il est temps de suivre leur chemin, et d'aller à la rencontre de Phaïtos pour connaître ses directives de vive voix. Alors, tu seras réellement le Premier messager. »

Arek avait raison, il le savait... Mais c'était difficile à croire. Est-ce que tout cela n'allait pas trop loin ? Il avait besoin d'un peu de temps pour assimiler cela, mais il savait déjà qu'il monterait là-haut. Il s'en voudrait toute sa vie s'il ne le faisait pas. Mais pour l'instant, il se contenta de rejoindre Tobias, Maâra, Perrussac et le général Throgg. La liche s'inclina légèrement :

« Seigneur Perrussac, général... il semble que par quelques miracles, nous en soyons tous sortis vivants. Enfin, l'équilibre et la menace de la guerre et la souffrance vont peut-être pouvoir s'éloigner... Je reviens vers vous en tant que représentant des Messagers du Corbeau, installés au château d'Endor, pour demander : avons-nous gagné nos terres et le droit d'y vivre en paix ? Humains ou Torkhin, tous ont brillé par leur valeur et son pour nous des alliés honorables. Et malgré les craintes compréhensibles que vous pouviez avoir envers nos sombres pouvoirs, j'espère que cela pourra prochainement être réciproque. »

Maâra le soutenait, bien sûr mais, un peu plus étonnant, Tobias aussi était avec eux. Le nain et le duc étaient encore choqués parce qui venait d'arriver, mais ils assurèrent qu'ils les soutiendraient auprès du nouveau duc à venir. Plus étonnant, Tobias portait une demande de ni plus ni moins que Herle Krichock, qui demandait à ce que la magie noire soit autorisée à nouveau, sous peine de livrer une nouvelle guerre sans merci. Il semblait que Satina serait d'accord, pour peu qu'elle devienne effectivement reine. Azra soupira :

« Herle n'est pas un individu en lequel j'aurais confiance : son utilisation des arts noirs se fait à son seul profit. Mais il y a déjà eu assez de massacre, et tellement d'âmes que jamais notre ordre n'arrivera à prier pour elles toutes... En attendant, je vous remercie pour votre soutien. Pour ma part, je ne vais point tarder à me rendre là-haut, en quête de l'ultime bénédiction de Phaïtos. »

Car il était maintenant décidé, il devait s'y rendre...

C'est à ce moment là (par hasard ?), que Daemon apparu. Il avait finalement survécu ! Et il se demandait ce qui s'était passé. Tobias lui résuma simplement la situation. D'une voix sans émotion, Azra déclara à son compagnon :

« Le dragon noir n'est plus, emporté par Brytha. Ce n'est malheureusement sans doute pas une mauvaise chose : il était incontrôlable et dangereux. Nous devrions récupérer autant de ses reliques que possible pour les mettre en sûreté à Endor. »

Les officiers assurèrent de leur côté qu'ils allaient maintenant rentrer chez eux, après avoir honorés les morts. Ce à quoi Azra hocha la tête :

« Il est regrettable que nous ayons si peu de temps. Tant d'âmes nécessiteraient une longue cérémonie. Mais nous pouvons au moins leur offrir la bénédiction de Phaïtos. Pour qu'au moins celles qui n'ont pas été emportées par le dragon puisse gagner le repos. Après une telle bataille, le risque de prolifération des âmes en souffrance est grand... »

Il ajouta ensuite aux deux commandants :

« Savez-vous au moins où nous pourrons nous rendre pour contacter le nouveau maître de Luminion ? Sera-t-il du duché lui-même ? Ou est-ce que ce sera le roi des nains qui obtiendra la gouvernance ? »

Nulle n'avait la réponse, mais le prochain duc pourrait être un nain, effectivement.. Azra hocha la tête et les salua. Puis, il se tourna vers ses compagnons :

« Ramassons des reliques du dragon sacré. Et pour ma part, Maâra, tout comme vous, je compte ensuite monter là-haut. »

Le nécromancien rejoignit les restes de Rendrak, qui avait déjà philosophé tout ce qu'il pouvait, et acheva de le détruire pour récupérer ses équipement. Il ramassa ensuite le fragment de dent de dragon qui lui avait redonné courage, lors de la bataille.

Puis, il se tourna vers l'immense charnier et commença à prier. Il fut cependant interrompu par Ezak, fatigué, qui lui demanda de prier pour ses hommes, morts. Azra hocha la tête :

« Que le corbeau collectes vos âmes à tous. Que vous soyez vaillant héros ou simple soldat. Que vous soyez grands généraux ou dernier des archers. Que vous soyez venu pour la richesse, l'honneur ou pour défendre un proche. Que vous soyez ennemis ou alliés. Que vous soyez parti dans la paix ou la souffrance... Phaïtos a une place pour vous tous. Les peines, les angoisses, les craintes de la vie... laissez tout cela derrière vous. Partez en paix, sans plus vous soucier du passé. Le Grand Corbeau accueil tous, sans discriminations. Marchez mains dans la main, car désormais, vous êtes tous égaux. Puisse les portes du repos vous être ouvertes. »

Pour la première fois, Ezak pria. Cela le surpris lui-même. Il avait toujours détesté les dieux. Aujourd'hui, il était partagé entre de multiples questions : les louer ? les haïr ? Remercier Brytha ? Il ne savait quoi penser. Azra secoua la tête :

« Libre à toi de les considérer, les aimer, les haïr ou les louer. Ils sont les forces de la nature qui composent notre monde. Ce que tu penses d'eux n'a pas d'importance. Il n'y a pas de bonne réponse à tes questions, si ce n'est de ne pas trop te tourmenter sur ce qui te dépasse. Et si tu n'as pas de réponse maintenant... peut-être en trouveras-tu une plus tard. Une chose est sûr : si tu dois trouver une réponse, elle doit être la tienne, pas celle d'un autre. Je t'ai déjà expliquer comment je voyais les choses. A toi de voir comment tu les appréhendes. »

Il hocha la tête, faisant au passage savoir su'il était content de le voir entier, et qu'il espérait que les Messagers seraient enfin reconnus. Azra haussa les épaules :

« Nous avons obtenu un « peut-être »... j'imagine que c'est mieux que bien d'autres réponses possibles. Et toi, vas-tu rester avec la princesse ? »

C'était effectivement le cas. Azra se permit un hochement de tête :

« Je suis heureux pour toi. Mon chemin me mène à la rencontre des dieux. Le tiens à la rencontre des humains. Puissions-nous nous croiser de nouveaux, sous de meilleurs auspices. En attendant... »

Il sortit un petit os conservé d'un ancien squelette et grava quelques mots dessus : Ezak d'Arkasse, ami du Corbeau, par la voix du Premier messager. Et il le lui tendit :

« Prend ceci. Tu seras toujours le bienvenu chez les Messagers du Corbeau. »

Ezak l'invita à rejoindre la princesse, estimant qu'elle pourrait l'aider. Sur ce, ils se dirent adieux et se séparèrent, enfin amis. Ceci fait, Azra adressa un regard vers la princesse, entouré de ses gardes et généraux. Avec un peu de chance, ils ne feraient pas trop attention à lui. Andel'ys, au moins, avait montré quelques intérêts pour son aide. Aussi, il se dirigea vers eux et s'inclina devant la princesse :

« Votre altesse, la nouvelle de la mort de votre frère m'est parvenue. Il semble que ma mission soit finalement un échec... J'en suis désolé. Mais je suis sûr que Kendra Kâr saura se relever. Dans tous les cas, l'aide des Messagers du Corbeau vous est acquise, pour le peu qu'elle représente... »

Le cerbère Duval sembla vouloir s'offusquer de sa présence, mais la princesse l'arrêta aussitôt. Pour elle, Azra avait fait son possible pour aider dans la bataille, et était déchargé de toute obligation. Cela lui tira un haussement d'épaule :

« Je n'ai jamais eu d'autres obligations que celles que je me suis posé, et je ne me suis jamais estimé déchargé de quoique ce soit. Tout au plus dans l'incapacité de terminer ce que j'avais commencé. Mais le passé est le passé... Je souhaitais cependant savoir si, dans l'optique où vous deviendriez reine, ce que j'espère de tout cœur, il serait possible d'obtenir de votre part une reconnaissance de notre ordre comme une religion officielle et tolérée de Phaïtos sur les terres de Kendra Kâr. »

En guise de réponse, elle se borna, en bonne politicienne, à ne s'engager à rien. Déclarant simplement que même si elle devenait reine, elle n'aurait que peu de pouvoir sur la question. Ce serait à lui de se faire accepter par le peuple... Azra la remercia en s'inclinant et rejoignit le navire des elfes d'or.

(((Récupération d'un fragment de dent de dragon et des restes de Rendrak)))


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Faëlis
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Faëlis » ven. 3 déc. 2021 14:03

Sa magie ne pouvait hélas rien contre le terrible pouvoir d'une déesse, et l'elfe sentit qu'il était en train de défaillir. La vision et le pouvoir de la terrible divinité venaient à bout de son esprit, et il tomba à genoux...

C'est alors qu'une formidable lumière tomba des cieux. Son esprit embrumé n'avait pas tout de suite réalisé mais... oui ! Brytha n'était pas réelle ! Ce n'était qu'une illusion qui couvrait la venue d'un grand navire doré. Le combat perdit en intensité alors que l'immense navire descendait. Il ne ressemblait pas à un aynore sindel, mais alors...

Trois personnages en descendirent. Des personnages de légende dont la seule apparition arrêta définitivement les combats : Des elfes d'or, ainsi qu'un humain à la peau noire qui ressemblait aux dessins fait de la bataille de Pohélis. Koushuu, le Roi de Yuimen.

La bataille était terminée. Les dieux eux-mêmes s'étaient décidés à intervenir. Leurs émissaires étaient venus emporter Oaxaca pour l'enfermer loin du monde, afin qu'elle ne puisse plus semer le désordre. Faëlis laissa échapper un soupir de soulagement et baissa respectueusement la tête. Il n'y croyait plus, et pourtant c'était vrai : ils étaient sauvés.

De plus, alors que la déesse noire était enchaînée, ils proposèrent aux aventuriers d'être récompensés, et même de les suivre à la rencontre des dieux. Un honneur dont le jeune elfe ne se sentait pas vraiment digne mais... c'était une occasion de légende qui ne se présentait qu'une fois dans la vie. Cependant, il devait d'abord aller parler à la future reine de Kendra Kâr.

Mais avant qu'il n'arrive à elle, l'hinïon qu'il avait croisé, la tueuse d'Omyre, se présenta à lui, comme surgissant de nulle part à l'improviste. Elle lui tendit une bague en lui demandant de la porter à la princesse. Un peu sonné, il demanda :

« Je vous ai vu, sur Elysian... Vous étiez déjà une alliée d'Omyre ? Et que faite-vous en possession de cela ? »

La réponse était simple : elle était la régicide... L'elfe sentit son cœur se serrer. En d'autres circonstances, il aurait même pu attaquer... mais il était juste épuisé. Trop de morts aujourd'hui... Et avec son air distante, elle semblait penser la même chose.

« Puisse nos routes ne jamais se recroiser... Il y a déjà eu assez de souffrances pour aujourd'hui. J'espère qu'un jour, vous comprendrez que vous avez fait fausse route. »

Elle-même n'avait pas de réponse. Elle l'invita à prendre la chevalière, ce qu'il fit avant de se retirer. Un peu embarrassé par ce fardeau lourd de symbolique, Faëlis rejoignit la princesse. Le guerrier sombre qu'il avait entraperçu pendant la bataille était à genoux devant la princesse Satina, s'excusant de n'avoir pu tuer la régicide. Il lui avait néanmoins apporté le casque d'Oaxaca et une dent de dragon. Faëlis vint à son tour avec une profonde révérence :

« Votre altesse, il se trouve que... la Régicide m'a demandé de vous transmettre ceci. »

Gêné, et ne sachant à quoi s'attendre, il tendit le sceau royal. Le groupe eut un haussement de sourcil collectif, le général Bogast et le guerrier sombre semblait moyennement enthousiastes alors que la princesse ramassait l'anneau.

« Vous avez de bien curieux choix de relations, elfe... » fit remarquer le commandant.

« Je n'ai guère eu le choix. Elle m'a abordée et m'a donné ça. Honnêtement, au milieu de tout ce massacre, je n'avais guère le cœur à lancer une nouvelle bataille... »

Puis il renifla avec une pointe d'agacement :

« Malgré son manque de savoir-vivre, cet homme à raison. Il est urgent de rendre espoir au peuple, et de faire comprendre qu'une nouvelle ère s'ouvre à nous. Plus que jamais, il va falloir œuvrer à bannir la haine pour tenter d'apporter une réconciliation et éviter de nouveaux désastres. Si je peux vous aider en cela, ce sera un honneur pour moi. »

Pour la princesse, il était évident qu'elle et le royaume auraient besoin de soutien. À commencer par Oranan. L'elfe rebondit là-dessus :

« Voilà des paroles sages. Il est bon qu'Oranan et Kendra Kâr tourne le dos aux ombres de leur passé. Pour ma part, je ne peux parler au nom de mon peuple, mais je peux envoyer un message à la générale Keldanor, afin que vous puissiez commencer à assurer l'alliance de nos peuples. »

Elle comptait justement s'entretenir avec eux sur le chemin du retour, aussi, Faëlis hésita, dansant d'un pied sur l'autre, avant de déclarer :

« A mon retour du séjour des dieux, je compte bien revenir à Kendra Kâr vous assister. Jusqu'ici, ma vie à beaucoup tenue du vagabondage aventureux, j'espère pouvoir m'installer à la cours, avec votre permission. Malgré les pertes, souvenez-vous que votre courage vous a aussi acquis bien des alliés aujourd'hui. Si vous me le permettez, je travaillerai au service de la couronne et à maintenir l'unité séculaire entre kendran et hinïon. »

Si la demande était osée, elle sembla confirmer que cela serait possible. Enfin ! Enfin, il aurait un domaine à lui ! Faëlis posa un genou à terre :

« Grâce vous soit rendu. Je reviendrais à la cité blanche aussi vite que possible. »

Et il se rua vers l'aynore des elfes dorés.

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