Le Val d'Abondance

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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » ven. 7 mai 2021 00:04

Avançant douloureusement, la jeune femme maintenait une pression de sa main vers son cœur, la magie semblait la ronger peu à peu comme un feu de paille mal éteint. Silmeria gardait ses émotions les plus neutres possibles, il ne fallait pas que les Sylphes corrompues déversent des flots de colère et de fiel ce qui n'arrangerait en rien sa situation. Lançant quelques coups d'œil par dessus son épaule à mesure qu'elle se traînait entre les tentes, elle ne vit rien mais ce furent ses oreilles qui lui envoyèrent des signaux alarmants. Il n'y avait plus d'affrontement, plus d'exclamation qu'elles soient de colère ou de détresse. Quelques éclats de voix imperceptibles mais rien qu'elle ne puisse employer à comprendre quelque chose.

Hrist s'était échouée dans l'Ombre Noire, elle alimentait tellement de fiel et de hargne que le contrecoup de fatigue et la blessure avaient été trop pour son esprit et celui-ci avait besoin de repos. Cèles quant à elle s'alarmait. Elle avait constaté la faiblesse soudaine de sa porteuse et Silmeria, déjà gravement affaiblie par les six mois de torture Shaakt auxquels elle venait d'échapper avant de se lancer dans cette mission n'arrangeait rien à l'affaire. Les mois de malnutrition et le choc de la magie de l'ombre l'avaient rendue si faible qu'elle peinerait même à tirer son arme. Concentrant ses efforts sur une marche silencieuse et la plus rapide possible, Silmeria observait les traces dans l'herbe qui pourraient l'aiguiller à remonter le chemin jusque là emprunté et la conduire au port. Elle aurait probablement une chance d'y trouver une infirmerie, si les marins revenus de guerre avaient besoin de soin immédiats, les kendrans auraient installé différents postes de soin pour sauver leurs hommes. Bien qu'elle n'y croyait pas beaucoup plus, elle eut un léger sourire crispé en pensant à l'ironie de la chose, la femme venue tuer le roi qui se soignait à ses frais dans son propre camp. Mais elle avait été trahie. Xenair avait été trahi. Par extension Oaxaca, quant à Crean, soit il était très fier d'avoir nommé une vermine officier soit il était lui même dans le complot. Mais l'Hinïonne n'y croyait pas plus que ça, elle ne voyait pas un des quatorze trahir la Reine Noire.

" N'empêche... C'était vraiment une mission merdique... Je comprends pourquoi je préfère travailler seule. " lâchait-elle, amère sur les bords.
(" Hm, tu sais, s'ils ne se battent plus, l'un des traîtres va sûrement empresser les autres de te retrouver. Surtout si c'est Ezak, il ne manquera pas une occasion de se venger de toi. ")
(" Déjà... Un bisou magique sur la blessure. Quand ça ira mieux on tâchera d'analyser ça. Mais je suis d'accord avec toi. Je pense qu'il crève d'envie de voir les membres fidèles à Oaxaca pendus. C'est juste qu'il était incapable de le faire lui même. Il n'y a pas beaucoup d'honneur à implorer l'aide d'un camp ennemi. Il a voulu éviter l'affrontement entre nous par le déshonneur. Mais... Hm. Il aura les deux. L'affrontement et le déshonneur. Tôt ou tard... Je suis plus patiente que Hrist et cette triste histoire m'apprendra à faire confiance aux autres. ")
(" Tu comprends pourquoi elle est si amère et dure ? Elle a accordé sa confiance comme toi, mais aux mauvaises personnes. On aura de la chance si on s'en sort, pour l'heure, je comprends que tu cherches à venger ton honneur mais... ")
(" Mon quoi ? ")
(" Ton honn... Très drôle. Mais admettons. Tu respectes quand même un certain code, une éthique, une éventuelle marche à suivre. Comme Ezak au final. Je pense juste qu'il est profondément blessé intérieurement et que ça le pousse à faire ces choix là, il est intiment persuadé que c'est là une juste cause et qu'il n'en mesure pas encore l'impact que ça va avoir. ")
(" Ca dépend... Il pourrait se faire exécuter quand même. Après tout ça serait quand même un peu facile de n'appartenir à aucun corps militaire de Kendra Kâr et d'arriver pour dénoncer les autres mercenaires. ")
(" C'est un peu plus complexe. Il s'agit quand même de sauver le roi et quelque part... Regarde-nous. Ni toi ni Hrist n'êtes en état de remplir la mission. Déjà que de base, tuer le roi n'est pas forcément une mission de débutant." )
(" Déshonneur et mort... Je ne pense pas qu'il puisse y trouver autre chose. Si je survis à ça... ")
(" Oui, je pense qu'ils l'ont tous compris. Ils devront vivre en regardant sans cesse derrière eux, éviter les coins sombres et trouver assez de goûteurs pour vivre assez longtemps. Mais c'est pour ça qu'il faut te presser, ils vont justement essayer de te mettre la main dessus et ils passeront sans doute pas à côté de l'occasion. Si Daemon n'est pas mort il aura sans doute fait savoir à qui veut l'entendre que son spectre a pu te toucher et que tu es vulnérable. ")
(" Ah... Daemon et son maître aussi. ")

Cèles roula ses yeux éthérés comme par dépit. Elle craignait de voir Silmeria ressembler davantage à Hrist. Si les deux n'étaient que des enveloppes hivernales aux yeux tristes, elle aurait l'impression d'être échouée dans le corps d'une inconnue. Elle espérait secrètement que quelque chose de bien arriverait et que ça amortirait la chute jusque là infinie de son humeur maussade.

De son côté, Hrist se rassurait en voyant quelque chose qui échappait à Cèles. Silmeria se raccrochait à la vie malgré son désir éternel d'en finir. Elle avait oublié sa mission pour se concentrer sur elle, dans cette étincelle égoïste, Hrist voyait là quelque chose de très prometteur. Une indépendance.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 7 mai 2021 01:01

Il faisait noir et tu aurais bien aimé être seul à arpenter l'espace entre ces tentes. Mais tu marchais d'un pas relativement ferme - bien que tu fisses attention où tu posais les pieds - comme pour donner l'impression de contrôler ton errance. Rapidement, tu repéras du mouvement, d'autres gens. Vous finites par vous retrouver au même endroit. Il y avait deux autres gardes qui semblaient escorter une personne qui n'avait pas du tout d'armure. Mais à sa présence, son bâton et l'air général de sa figure, tu en déduisis qu'il devait être un conseiller du Roi ou un magicien pour se trouver sur un camp militaire. La dernière personne était - était-ce même une personne ? L'important personnage s'adressa à elle :

« Êtes-vous certaine de l’avoir mise hors d’état de nuire ? Que signifie cette absence ? »

(Regarde le sol.)

Du bout du pied, tu tâtas l'herbe noire comme le charbon et elle crissa. C'était comme si on avait improvisé un feu de camp - ou qu'une boule de feu s'était abattue sur cet endroit, très circonscrit de fait.

(Tu penses qu'ils parlent de Silmeria ?)

Est-ce que c'était là que Silmeria avait pris en traître Daemon ? À moins que ce fut le fait de ce fantôme qui, apparemment, s'en était pris à Silmeria et l'aurait vaincue. Tu peinais à y croire ; tu avais vu ce dont elle était capable durant le trajet en mer. À quel point, surtout, elle pouvait filer entre les doigts. Le fantôme répondit à la question, cependant, et tu eus confirmation qu'il s'agissait bien de Silmeria - et que ce fantôme prétendait en effet l'avoir suffisamment battue pour qu'elle en fût à se traîner quelque part. D'ailleurs, en même temps que le fantôme s'élevait dans les airs, les quatre gardes furent envoyés chercher l'elfe perfide et ça, c'était une bonne nouvelle pour toi. Tu préférais que les gens à qui tu parlais ou dont tu croisais le chemin ne se rencontrassent pas entre eux. Ils pourraient discuter de toi...

« Et vous, qui êtes-vous ? Que cherchez-vous ? »

Tu mis quelques secondes à comprendre que l'important personnage s'adressait à toi et encore quelques secondes à répondre. Il était clair que Daemon avait été attaqué par Silmeria. Mais il n'était pas clair si Daemon était bien considéré comme un allié du Roi. Ou même si ce bonhomme était un allié du roi. Si ton attitude n'était pas hostile, ta réponse se fit quelque peu réservée.

"Je cherche un ami. Je l'ai entendu crier et je le crois blessé."

Tu vis ton interlocuteur froncer les sourcils. Peut-être ne savait-il pas tout de ce qu'il s'était passé ?

"Oui. Il va bien, nous prenons soin de lui. Si c'est votre ami, vous devez aussi être le nôtre. Faites-vous partie des traîtres d'Omyre ? Votre... description n'était pas mentionnée sur la lettre."

Avant la fin de sa phrase, tu avais lâché un profond soupir de soulagement qui ne pouvait donner lieu à penser qu'il était feint. Tu tenais honnêtement à Daemon (après tout, il était probablement ton seul véritable allié). En revanche, il était désormais temps de te justifier. La tournure de la phrase, cependant, te laissais à penser que l'homme pouvait être convaincu assez facilement. Tu fis une sorte de moue, les sourcils légèrement froncés comme si tu étais étonné - ou pas tant que ça en fait.

"Ah bon ? Enfin, non, ça ne m'étonne pas. Je ne suis qu'un barde après tout, même pas un soldat. Daemon n'a pas pris la peine de m'informer de tout le plan. Remarquez, ce n'était pas une mauvaise idée, si ceux d'Omyre avait eu le moindre soupçon sur moi..."

Tu frissonnas de peur, n'achevant pas ta phrase. Tes yeux se portèrent sur le ciel, dans la direction où Nienna était partie. Il était temps de changer de conversation - donner l'impression que tu te forçais à te justifier ne ferait qu'éveiller la suspicion.

"Si je comprends bien ce qu'il se passe, c'est Silmeria qui a attaqué Daemon ? Et elle se sera ensuite enfuie comme une lâche, bien entendu. Celle-là, si je la retrouve... Le Roi est-il bien en sécurité, d'ailleurs ?"

L'homme opina du chef.

"L'esprit aurait mis l'assassine hors d'état de nuire. Elle n'a pas pu fuir loin. Mais oui, c'est ce qui s'est passé. Le Roi est bien entendu en sécurité."

(Bien. Il n'a fait aucune remarque sur ton allégeance.)

Tu hochas la tête et fis mine de réfléchir - ou de surveiller les alentours. Tes yeux se portèrent sur la tente générale (peut-être était-ce là que Daemon avait été emporté ?) avant de revenir se poser sur ton interlocuteur. Tu avais peur de revoir Daemon en présence d'autrui - il pourrait laisser échapper que ta version n'était pas exactement la bonne. Mais tu n'avais pas non plus envie qu'on lui rapportât tes paroles sans ta présence. Tu ne savais pas quel genre de lien il entretenait avec Azra et tu ne voulais pas prendre le risque qu'Azra lui racontât le combat et tes... maladresses.

"Vous avez besoin d'aide ?"

Peut-être que si tu pouvais repartir, seul, de ton côté...

"Non, ne vous inquiétez pas, nous avons la situation en main. Je vous invite cependant à rester auprès de moi pour identifier l'assassine lorsque nous l'aurons trouvée."

"Bien sûr."

Si tu pouvais aider à la capture de l'espionne, à coup sûr, tu gagnerais définitivement leur confiance. Ton regard ne cessait d'examiner les alentours. Le camp était très calme (d'ailleurs, il l'était trop : le combat plus bas aurait-il enfin pris fin?) et cela te mettait encore plus les nerfs à vif. Si Silmeria décidait, pour une quelconque raison, de t'emporter dans la tombe avec elle, tu ne pourrais pas faire grand chose pour t'y opposer. Du mouvement près de la grande tente, soudain, attira ton attention. Tu vis des gens en sortir et, plissant les yeux, tu reconnus une silhouette. Un franc sourire se dessina sur ton visage.

"Daemon ! Gaïa soit louée, tu es en vie ! J'ai accouru dès que je t'ai entendu crier, mais... Ouais, disons que je n'ai pas réussi à te trouver."
Mikkah - Voleur Haffiz

Multi : Kay de Kallah

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » ven. 7 mai 2021 12:36

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)




Alors que tout prenait une tournure plus calme, un tumulte de sabots fracassant le sol dans une folle chevauchée vint briser le retour au silence. Bien vite, toute la colline des officiers et ses alentours directs furent envahis par la cavalerie de l’armée kendrane. Une partie du moins. Appelés en renfort quelques temps plus tôt grâce à l’intervention de Nienna, ils étaient enfin arrivés. En retard, bien sûr, pour respecter leur réputation proverbiale. Mais désormais, il n’y avait plus aucune chance pour les membres fidèles de l’équipe d’Omyre pour agir. Débarrassés de leurs armes, Kurgoth et Eldros furent emmenés séant vers le nord. Les gardes royaux, aidés par Nienna et Azra, découvrirent rapidement une Silmeria fort diminuée par une blessure magique de grande ampleur. À son tour, l’assassine de Xenair se fit arrêter et escorter vers le nord.

Andelys ordonna à Anton du Val et ses gardes d’aller arrêter les marins fidèles à Omyre sur l’Azurion, contrairement aux indications que lui avait faites Ezak. Ils en profitèrent pour désarmer et ramener le dernier homme du d’Arkasse, encore posté là-bas. Aucun d’eux ne put apercevoir le roi, qui se fit lui aussi exfiltrer parmi une escorte de cavaliers, ainsi que sa sœur, la princesse Satina. Seule Nienna avait été amenée à les croiser tous deux.

Lorsque le calme revint enfin, et que toutes les menaces furent éradiquées, Ezak, Mikkah, Azra, Daemon, Nienna, les cinq relevés d’Azra et les hommes survivants d’Ezak furent escortés vers la tente principale de ce camp de commandement, désarmés. Il leur fut indiqué d’y rester jusqu’à ce que leur situation soit éclaircie. Ils purent y trouver de quoi se poser, chaises de camp en bois, tables avec menues restaurations. La tente était bien entendu cernée de gardes. Une vingtaine de minutes après les arrestations, Andelys et du Val pénétrèrent la tente. Le garde d’élite du Roi prit la parole d’un ton protocolaire :

« Messieurs, veuillez chacun décliner votre identité, aussi complètement que possible. Ainsi que vos motivations actuelles, et votre rapport à Oaxaca et son armée. »

Ils n’étaient pas dupes : si de tels individus avaient été enrôlés par la Reine Noire, il devait bien y avoir une raison, quand bien même s’étaient-ils révélés traîtres à ses idéaux. Les blessés graves parmi les hommes d’Ezak furent amenés à l’infirmerie, avec peu de chance d’en sortir. Rendrak fut carrément abandonné au sol devant la bute de commandement, ainsi que pas mal des équipements, qui furent récupérés plus tard par des gardes royaux.

Tout au nord du camp, proche des écuries où les cavaliers firent paître leurs canassons, Silmeria, Eldros et Kurgoth furent enchainés lourdement et enfermés dans trois cages à l’intérieur d’une tente. Mains menottées et accrochées aux barreaux, pieds enchainés et collier de métal doté de piques sur le côté intérieur de sorte de s’assurer qu’ils ne tentent pas de bouger. Tous trois blessés, gravement pour Silmeria et Kurgoth, ils n’auraient pas intérêt à bouger. L'orque avait été soigné substantiellement. Juste assez pour ne pas mourir de ses blessures, mais pas sufisamment pour se battre à nouveau. La tente était elle-même surveillée de l’intérieur par quatre gardes. Ceux-ci seraient relevés toutes les heures, chacun à leur tour, et eurent pour ordre de ne répondre à aucune provocation ou supplique des trois prisonniers qui avaient été débarrassés de tout leur équipement : armures, armes, bourses et paquetage. Il ne leur restait que leurs habits, pour peu qu’ils en aient eu sous leurs protections. La nuit se poursuivit ainsi, monotone, sans soin prodigué à leur encontre. Kurgoth ne se réveilla de son trouble qu’aux aurores, découvrant avec surprise sa position… Et sa vie maintenue malgré la douleur et l’affect de la blessure magique toujours présents.



[HJ : C’était ici votre dernière mise à jour en tant que groupe. Les futures consignes vous seront remises par MP sur Discord à partir de la semaine prochaine, après que vous ayez fait un post pour régler les présentes situations. Les « traîtres » vont devoir répondre à Anton, et il leur sera possible d’engager un aparté avec les deux gradés présents (en groupe tous ensemble ou en « privé » avec l’un d’eux.
Silmeria et Eldros peuvent faire un aparté nocturne, depuis leur cage. Et Kurgoth pourra les rejoindre une fois le matin levé.
Attention, comme je l’ai indiqué, il n’y aura plus de màj pour le groupe : la suite de vos consignes auront lieu par MP. J’éditerai au fur et à mesure vos posts pour y ajouter l’XP qu’ils vous rapportent. Je reste bien entendu disponible pour répondre à vos questions.

Blessures :
Eldros : 3 blessures à la main droite (deux graves, une légère)
Kurgoth : Une blessure légère sur la jambe gauche et une estafilade bénigne sur la jambe droite. Une blessure grave de magie d’ombre sur le torse et une identique sur le bras droit. Une blessure grave à la gorge, une blessure légère au visage. Blessure d’ombre incapacitante à la tête et au torse.
Rendrak : Hors combat : blessures incapacitantes sur tout le corps.
Ezak : Blessure légère à la tête.
Daemon : une blessure grave et une blessure légère dans le dos, toutes deux recousues et désinfectées. Poison de Silmeria toujours actif.
Silmeria : une blessure incapacitante d’obscurité au torse.
Deux soldats d’Ezak morts. Quatre autres disloqués (blessures incapacitantes sur tout le corps) mais vivants. Les enflammés ont fini de s’éteindre.


XP :
Eldros : 0,5 (reddition)
Azra : 0,5 (Recherche de Silmeria)
Ezak : 1 (apartés)
Daemon : 1,5 (apartés)
Kurgoth : 0,5 (rêve)
Silmeria : 0,5 (tentative de fuite)
Mikkah : 0,5 (aparté)]

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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » dim. 9 mai 2021 00:08

La triste conclusion de cette histoire venait de tomber lourdement sur les épaules de l'elfe blanche. La cavalerie du Roi avait envahi les lieux, lui coupant toute retraite et avancée. Les gardes ne mirent pas beaucoup plus de temps pour la trouver et ils n'avaient plus qu'à la ramasser sans recevoir davantage de résistance que des grognements et un flots d'injures aussi grossières que scandaleuses dans la bouche d'une jeune femme. Tout espoir de remplir la mission venait de lui échapper. Le Roi était éloigné des assassins et potentiels traitres, la princesse, bien qu'elle ne soit pas sa cible également. La garde avait été probablement renforcée et il y avait fort à parier qu'ils soient tous désormais hors de portée. Les traîtres du groupe avaient bien rempli leurs objectifs mercenaires et voilà que les derniers fidèles à Omyre étaient enfermés dans des cages, comme des animaux après avoir été dépourvus de leur équipement. On lui supprimait ses reliques, son arsenal, son paquetage et lourdement ferrée jusqu'au cou, elle était condamnée à croupir dans sa cage jusqu'à ce qu'on décide de son sort.

L'Hinïonne ne se fit pas beaucoup d'illusion. En temps de guerre et face à une situation aussi alarmante qu'une tentative d'assassinat du Roi lui même, les assassins envoyés seront exécutés. Silmeria se demandait même si les traîtres n'allaient pas eux même subir le même sort, comment croire un sergent d'Oaxaca, une liche et son servant sous simple prétexte qu'ils clament être de leur côté ?

Sous leur tente, quatre gardes régulièrement relevés surveillaient les prisonniers en silence. Eldros et Kurgoth, eux même privés de leur équipement gisaient en silence. La main d'Eldros était en charpie, il avait du arrêter de nombreux assauts avec pour seule défense sa main et ses adversaires ne l'avaient pas épargné. C'était presque un miracle qu'il ait encore tous ses doigts. Kurgoth, le solide Garzok quant à lui ne semblait pas boucher, il était complètement évanoui, aucun signe sous les paupières ou à la commissure des lèvres ne laissait entendre qu'il vivait encore, seuls ses reniflements trahissaient un souffle fugace à travers ses grosses narines.

Eldros semblait prier, il avait conservé cet air pieu et noble, concentré et dans une semi conscience, il priait peut-être un Dieu bien qu'elle ne se souvenait pas de lui comme d'un fervent croyant, il avait du craindre les moqueries de Carcasse sur le navire et dissimulé sa foi à tous. Ce ne fut qu'après un long moment d'absence qu'il prit parole, il s'adressa à sa voisine d'une voix posée, sereine et très calme.

« J’imagine que le larbin était un traître également. »

Eldros mettait le point sans trop s'en rendre compte sur la source des problèmes de Silmeria. Le larbin était en effet un traître, bien qu'elle s'en soit rendu compte, son fantôme invisible avait été à un endroit auquel elle ne s'attendait pas. Elle était persuadée selon les dires dudit larbin que le fantôme suivait les soldats en route vers le Nord, mais elle était à des mille et des cents de s'imaginer qu'en réalité, l'invocation était avec eux depuis le début. Elle se souvenait surtout de comment elle avait pourfendu le misérable dans le dos pour l'abandonner à son triste sort, ignorant qu'il serait prit immédiatement en charge pour être secouru à cause de son satané fantôme.

" S'il aime les trous du cul, je lui en ai rajouté deux dans le dos. Il est servi. " Dit-elle d'une voix malsaine.

Eldros poussa un reniflement dédaigneux devant la vulgarité de ses propos avant de penser à voix haute.

« D’Arkasse, la liche, son larbin, le barde. Karsinar a bien choisi ses mercenaires. » Enuméra-t-il. Quelque part, il fallait reconnaître que pour un général qu'on appelle le Prédateur Suprême, il avait nettement manqué de flair.

" Xenair non plus ne l'a pas vu venir. Et moi non plus... " avait-elle soufflé comme un regret.

" J'aurai du punir Carcasse dès ses premières épouvantables remarques. Mais j'aime à croire qu'il n'est jamais trop tard. " D'un ton plus cassant. Elle serrait les poings, regrettant en effet de ne pas avoir tué Ezak à la minute où il avait osé tirer les lames à son encontre, lui ainsi que tous ses hommes.

« Nous nous sommes fait avoir. Il faut l’admettre. J’ai mal interprété les signes. La vengeance viendra en temps et en heure, frappant de ses ailes gigantesques et purifiant ces terres de son feu. Ils ont trahis sa gardienne, blessé son plus fidèle serviteur. Phaïtos m’est venu en aide durant le combat... J’ai encore prié et sa réponse est claire... »

Il concluait alors d’une voix caverneuse.

« C’est son dragon qui va venir châtier les misérables. » tout en relevant la tête afin de jauger la réaction des gardes. Silmeria comprit qu'en effet, elle avait à faire à un fervent croyant de Phaïtos. Les fanatiques aimaient voir les réactions des autres après un sermon ou une menace à peine dissimulée de mort atroce d'une main divine. Mais les gardes ne se laissèrent pas impressionner davantage. Au contraire, ils restèrent stoïques et presque impassibles.

" Oh... Je sais pas si je suis rassurée du coup. Un des traîtres a été blessé ? " Avait-elle demandé d'une certaine ironie, mais sa curiosité la rattrapa bien vite, elle espérait qu'il lui annonce un mort chez leurs ennemis mais puisqu'il ne s'était pas manifesté quand elle avait avoué sa haine pour Ezak, il devait être encore bien vivant.

« Hm. J’ai brisé plusieurs hommes d’Ezak, d’autres ont brûlés, l’invocation de la liche est en mille morceaux mais les autres s’en sortiront. »

Il pose son regard sur Kurgoth.

« C’est une force de la nature. Il a tenu longtemps. Les Garzoks sont stupides mais leurs forces en font d’excellents outils. »

" C'est bien dommage... Il ne reste plus qu'à faire preuve de patience. " Elle ferma les yeux et laissa les ombres bercer son corps pour quitter cette enveloppe charnelle, mais une demande d'Eldros renvoya son ombre dans son corps originel.

« En effet. Qu’est-ce qui vous a mise dans cet état ? »

" Un fantôme en colère. Celui de Daemon. Après avoir compris qu'il m'éloignait du Roi, j'ai enfoncé deux lames entre ses côtes. Puis je me suis rapprochée des tentes de commandement pour y employer mon espionnage magique et alors que je ne bougeais pas, son fantôme en a profité. "
Sa poitrine brûlait encore, comme une désagréable sensation de feu couvant sous sa peau. Elle avait vu pire, certes, mais l'expérience de la magie dévorant son corps était des plus désagréable et le choc ne semblait pas vouloir s'estomper malgré le temps qui passait.

« C’est regrettable. Moi qui espérait vous donner le temps suffisant pour atteindre le Roi. »

" Je ne vois pas comment ils auraient pu synchroniser leur plan avec les soldats et l'état-major. En fait, je me demande même si Daemon n'a pas pu prévenir quelqu'un sur place avec son invocation. Quatre traitres quand même... une opération de grande envergure, il y a fort à parier que... "

Elle garda un moment le silence. " Que des assassins soient également infiltrés dans l'entourage de Karsinar. Les traîtres n'auraient pas laissé passer l'occasion de supprimer un tel Général. "

« La missive. C’est avec ça qu’il a prévenu l’Etat Major. C’est évident. Quel idiot j’ai été d’accorder ma confiance. » Il avait raison sur un point, mais il était très surprenant qu'une simple missive ait permis à tout le camp d'être sur le qui vive. Beaucoup de détails manquaient, comment Daemon faisait pour éloigner leur duo du Roi sans prendre le risque de tomber dessus ? Comment était-il possible que la synchronisation eut été quasiment parfaite ? Il devait bien y avoir autre chose.

" Peu importe. Ezak, Azra, Daemon et le barde. Il a un prénom d'ailleurs ? Que je sache à quel nom mettre sa tête à prix pour mes petites Murènes. "

« Vos... Murènes... ? » Demandait-il manifestement déboussolé par l'intervention de la jeune femme.

" Oui, les poissons de mauvaise humeur qui vivent dans les rochers. " Elle avait gardé le silence, ne souhaitant pas parler de sa caste d'assassins devant les gardes. Il restait ses compagnes, Lylia et Katalina ainsi que Von Klaash à préserver.

Elle garda un court instant son éveil, mais puisque le fanatique avait replongé dans son mutisme, elle se laissa porter par les fluides sombres et envoya son ombre explorer les environs. La plupart des tentes aux alentours avaient été retirées, ne restait de leur présence que l'herbe couchée épousant les formes rondes ou de rectangles. Quelques chevaux broutaient dans leurs enclos, il y avait de nombreuses allées et venues autour des postes de garde se réchauffant autour des feux. Silmeria s'approcha pour essayer de comprendre quelque chose, aurait-elle des informations capitales qu'un soldat aurait laissé échapper ?

" Vous avez vu ce monstre, le Garzok ? Il a écrasé le crâne d'un homme à main nue... Une abomination. Comment on pourrait espérer avoir la paix tant que ces saloperies vivent sur la même terre que nous. "
" La faute à leurs Dieux maudits ça... Qui vénère la mort j'vous jure. Celui qui vénère ces Dieux horribles ne vivent que pour la souffrance et la mort. "
" Ces Dieux ont un rôle important, enfin Phaïtos, il charrie les âmes pour empêcher qu'on se retrouve avec des fantômes et des mauvais esprits. "
" Oui, mais Thimoros ? Son frère dément. Ses adorateurs pathétiques ne vivent que pour la guerre et la mort. C'est insupportable ces fanatiques, j'les exterminerai bien tous jusqu'au dernier. "
" Par contre, vous avez vu la petite elfe ? J'me la réserverai bien pour la nuit elle. "
" Ah ça tu l'as dit. Elle mériterait bien qu'on s'y frotte un peu à ses jolis nichons. "

L'ombre de Silmeria était restée interdite, faute de pouvoir garder des yeux grands ouverts d'une consternation certaine, la femme recula de quelque pas jusqu'à ce qu'un cantinier interpelle le soldat manifestement très intéressé par la poitrine de l'Hinïonne. Jean-Livio était son prénom. Silmeria n'avait pas tellement apprécié être comparée à autre chose que ce qu'elle était vraiment, une tueuse dérangée bourrée de troubles et avec un penchant certain pour le désespoir et la cruauté. Animée d'une indignation nouvelle, elle retourna dans son corps pour y réfléchir un long moment. Sa réflexion ne fut interrompue que par Kurgoth à son réveil qui décida de s'adresser immédiatement aux gardes devant lui.

"Imbéciles, vous auriez dû m'achever là-bas. Même le meilleur de vos tortionnaires de me fera rien avouer, minables." Et il avait probablement raison. Silmeria avait rarement contemplé tel Garzok. Celui-ci avait été malmené et le ton plus faible que d'ordinaire trahissait que les blessures pesaient encore assez lourd sur son esprit et son physique. Silmeria prit parole pour lui signaler sa présence, ainsi que celle d'Eldros.

" Du calme, jolie princesse. Nous sommes accueillis par la Royauté dans un charmant petit chalet avec vue. Le petit déjeuner est proposé à heure fixe. Profites-en. "

Il ne réagit pas tout de suite, il lui fallu un moment à jouer des yeux pour tâcher de distinguer à travers le sang et les larmes ce qui se dessinait dans ces deux cages identiques à la sienne.

"Tiens donc? Vous faisiez pas partie des traîtres, vous deux? Vous aviez pourtant l'air de bien vous entendre avec le sergent..."

Encore que pour elle, la question pouvait se poser mais il aurait certainement dû voir Eldros se battre avec lui, à moins que l'affrontement ait été excessivement confus. Elle prit une voix légèrement interloquée :
" Partie des traîtres ? Non pas vraiment, il fallait bien au moins quelques fidèles à Omyre. "

Et c'était vrai. Ils étaient trop peu pour remplir pareille mission. Les traîtres avaient entravés leurs seules chances de succès et tout ça sans qu'ils puissent faire quelque chose pour parvenir malgré ça à leurs fins. Silmeria était amère, légèrement plus qu'à l'accoutumée. Mais ainsi mise au pied du mur, ses sens oubliaient le danger et comme à chaque fois, elle comptait bien en emporter quelques uns dans sa chute. Son mépris de la vie, de la solidarité et cette attraction malsaine pour l'autodestruction commençait à s'animer et bientôt, l'Elfe fit apparaître une nouvelle facette de sa personnalité.

" Gardes, je me doute bien que vous êtes là pour surveiller et pas pour répondre à nos demandes, mais bon, puisque ma mission est annulée et échouée... Il n'y a pas de raison que mon espion, Jean-Livio puisse continuer à s'en sortir, après tout il a promis de mourir pour Oaxaca, comme nous tous. "

Deux des gardes s'échangent un regard, mais ne rétorquent rien sur le temps de leur garde.

" D'ailleurs son rôle était simple, il devait trouver de quoi empoisonner les montures. Un bel échec de sa part. " Quelques cliquetis de chaînes venaient ponctuer sa phrase. Si ce Jean-Livio était si intéressé par sa poitrine, il aurait peut-être l'occasion de pouvoir l'observer davantage, lui même enchaîné dans une cage à côté d'elle.

" Et vous savez, je l'ai connu ivre mort dans une de mes maisons à Kendra Kâr. Il se faisait soigner la pire chaude-pisse que les guérisseurs avaient pu voir. Ah il a manqué d'y passer. A force de fouiller dans la gueuse pas très fraîche. Alors comme il était redevable à ma Caste, il a commencé par donner quelques informations sur les déplacements de l'armée et des approvisionnements. Ensuite, il voulait se sortir de cette situation car il avait peur de se faire prendre, et enfin il a rendu assez de services à mes assassins pour que j'accepte de le mettre à contribution pour cette ultime mission. Mais bon, il s'est montré inutile malgré sa remarquable capacité à rester discret. Il aurait pu aller loin mais que voulez-vous. A la guerre comme à la guerre... "

Manifestement, la fameuse discipline de fer que vantait l'horrible Ezak Carcasse n'était pas à toute épreuve. Un des gardes déjà fatigué de ses remarques lança un colérique : "Ferme-la, sorcière. Ca nous fera des vacances."

" Déjà qu'il a pas pu empoisonner les chevaux... J'imagine qu'il sera incapable de tuer le diplomate que j'avais mis à prix. Il a un nom à la con. Ah, Ergos Latrille. Mettez le en sécurité quand même on sait jamais " Avait-elle dit à demi-voix, comme sur le ton de la réflexion.
Quant à ce fameux sobriquet, la sorcière, Silmeria n'avait jamais compris d'où il venait. Peut-être était-ce sa manie de cligner ici et là et parfois à proximité de quelqu'un pour le supprimer d'un clin d'oeil, peut-être simplement parce que les hommes craignaient une femme quelque peu cultivée qui maîtrisait quelque peu l'alchimie et les poisons.
" Et je ne suis pas une sorcière, en vrai. Bon j'utilise un peu de magie à mes heures mais c'est à but purement scientifique "

Ce à quoi elle écopa d'un grossier : "Ta gueule."

" Après c'est vous qui voyez, si ça se trouve vos canassons avalent des poisons en ce moment et vous vous coltinerez le trajet à pied comme des bouseux avec le poids de votre poney sur la conscience et en priant que personne ne découvre que le diplomate est mort parce que vous étiez trop bête pour donner l'alerte. Après tout, qu'est-ce qu'un espion à la solde de Xenair dans le campement ? " Peu impressionnable face à ces gardes, elle continuait, de toutes façons persuadée que les chanteurs amateurs retournaient leurs vestes dès qu'on les confrontait, elle se mettait dans la peau de celle qui avouait tout à tour de bras sans aucun regret, de toutes façons c'est ainsi qu'ils devaient la voir, déjà vaincue et échouée.


" Qu'importe après tout. Ah au fait, vous savez que la liche compte invoquer un amalgame alpha dans votre campement ? Imaginez un peu les morts sortir de terre et s'amalgamer en une énorme monstruosité avide de sang et de chair, le métal ne lui fait pas grand chose et malgré son poids de quelques centaines de kilos pour plusieurs mètres de haut, elle va drôlement vite. Mais c'est quand même assez exceptionnel ça, de vous voir faire confiance à une liche défraichie et de me traiter de sorcière. Vous devez entendre parler de votre promotion assez souvent, non ? " Avec un peu de chance, un de ces hommes avait déjà affronté une créature morte vivante, ces monstres infects au visage vaguement humain mais dont le regard se perd dans le vide et qui n'ont qu'un but un seul, tuer. Bien sûr, n'importe quel garde est confronté à un moment de sa vie, que ce soit en ville ou en campagne à croiser un mort vivant, ces saloperies s'insinuent partout et il est très confortable aux nécromanciens d'en invoquer, mais les amalgames étaient d'une toute autre catégorie d'horreur. Elle en avait vu un mort par le passé. Elle s'était sentie minuscule face à cet amas de chairs et de membres qui s'entremêlaient. A sa base il y avait des dizaines de jambes pliées dans toutes les directions, sales, décharnées et usées. Elle avait peine à croire qu'elles aient pu un jour soutenir le poids qu'était la montagne et bras et de troncs difformes, des têtes ahuries sortaient ici et là, on y trouvait des bras armés, des bras griffus, des lances enfoncées dans sa masse et le doute perpétuel qui subjuge tous ceux qui admiraient le corps, où s'arrêtait l'immondice ?

Un garde approcha brusquement, son souffle résonnait dans le heaume et il frappa d'estoc de la base de sa hallebarde le flanc de la jeune femme immobile.
"On t'a dit de te taire !"

La douleur avait réveillé celle de la magie mais la tueuse en avait vu d'autres, elle ne voulait pas laisser croire à ce triste rustre qu'elle se laisserait impressionner pour si peu.
" Hey ! C'était ma côte préférée. Et puis franchement, je vous donne des informations, vous pourriez au moins avoir la décence de ne pas m'en coller une. Une femme désarmée quand même. "

"Vas-y, ouvre-là encore, pétasse." Il réitéra son geste en visant exactement le même point. La côte de la Murène était douloureuse et son souffle momentanément coupé, mais elle prit grand soin à ne rien montrer. S'il enrageait, elle se refusait de lui donner la satisfaction de montrer qu'il avait réussi à lui faire mal, même temporairement.

« Pourquoi conserver des prisonniers mourants dans une cage ? Comptez vous nous interroger ? Si c’est le cas je doute qu’ils survivent bien longtemps dans ces conditions. Quant à moi je serais vide de mon sang dans plusieurs heures. Quel est le but de tout ceci ? » Intervint Eldros, celui-ci avait encore joué le jeu du médiateur, il espérait calmer les esprits comme lors de ses querelles avec Ezak. Si seulement il avait su, il aurait plutôt encouragé Silmeria à lui trancher la gorge à même la Capitainerie.

" Aïïe ! Mais quelle brute ! " Elle essaya de se masser le flanc en y frottant son coude mais il manquait quelques centimètres pour que l'opération soit un réel succès.

"Putain..." Avait lâché le garde en un souffle entre ses dents.

" Tu vois, je t'avais dit que c'était pas juste des armures de décoration, tu me dois cinq Yus. " Souffla-t-elle à son tour en direction de son voisin de cage, Eldros.

Elle crut n'avoir qu'un grognement emprunt de lassitude comme réponse, mais finalement il céda et dit d'un air morne : « Je ne me doutais pas que vos facultés à être insupportable perdurerait en cage, au seuil de la mort. »

" Au seuil de la mort ? On va mourir ? " Répéta-t-elle en feignant l'ignorance et la surprise tout en adressant un oeil curieux aux gardes, comme si elle attendait que l'un d'eux confirme sa version des faits.

« Nous serons tous purifiés. » Dit-il, très terre à terre, toujours aussi sourd à ses moqueries. Silmeria était curieuse, elle avait rencontré des fanatiques tout au long de sa vie mais le plus souvent ils étaient nettement plus enclins à montrer leurs travers que de les cacher, comme le faisait Eldros. Il avait dissimulé et ses croyances et sa foi certaine à l'équipage. Etait-ce par peur des représailles ? Avait-il fait quelque chose de grave qui méritait qu'il soit sous la couverture d'un simple matelot ? Une chose de sûre, il n'en avait pas le profil. Silmeria lança une pique à la fois moqueuse et blasphématrice pour jauger son curieux compagnon d'infortune.

" Hey Eldros... Imagine que tu sois devant Phaïtos et qu'en fait... Ce soit une femme. Tu te sentirais pas un peu bête ? "

« Ne soyez pas stupide. Phaïtos n’est ni un homme, ni une femme. C’est un Dieu. » Avait-il rétorqué d'un ton calme. Il semblait ne pas être de ceux à se laisser tomber dans un duel sous prétexte que l'autre souhaite l'y pousser. Aussi, la femme insista, après tout, ce n'est pas comme si elle avait beaucoup mieux à faire de son temps libre. Autant profiter un peu : " Non mais avec un peu d'imagination. Ca n'ébranlerai pas un peu ta foi ? Imagine qu'il ait une voix de petite fille quand il parle ? "

"Dans vos ordres... y'a l'interdiction de la bâillonner?" Kurgoth venait de se manifester, il semblait complètement léthargique et aurait sans doute préféré mille fois que personne ne l'ouvre pour retrouver ses esprits avec cette perte de connaissance qui avait durée toute la nuit.

" Je vous sens terriblement maussades tous. Vous savez ce qui serait génial ? Qu'on fasse venir le barde. Ca vous dirait ? Une petite sérénade bien mièvre pour adoucir vos esprits endurcis. " Moqueuse jusqu'au bout, elle proposa aux gardes de ramener un des traîtres jusqu'à eux, d'ailleurs il y avait fort à parier que lesdits traîtres mourraient d'envie de les voir dans pareille condition. Quelle jubilation cela aurait été pour Ezak de voir Eldros, Kurgoth et Silmeria aux fers. Le pauvre garçon aurait probablement jouit sur place et serait parti ailleurs faire ce qu'il sait faire de mieux, à savoir se rendre insupportable et mourrait tôt ou tard d'un coup d'épée vengeur dans le dos... Fantasmant sur cette image qu'elle trouvait magnifique, elle se demandait si Ezak était du genre à couiner lors des tortures ou si celui-ci était plutôt du genre à retenir ses cris de douleur au profit de grognement rauques et de respiration haletée. Elle opta pour la première option. Elle s'imaginait Ezak, assis sur une chaise à subir sa torture, dépourvu de ses hommes et de ses effets, il ne serait plus qu'un simple assemblage de chaires, ni plus sergent ni plus humain entre ses doigts glacés de tueuse assoiffée de mort. Un autre garde entra, ce qui mit fin à ses doux rêves. Il venait remplacer l'homme qui avait perdu son sang froid et celui-ci quitta la tente sans même accorder un regard aux prisonniers, ulcéré jusqu'à l'os qu'il devait être.

" Je crois qu'il part chercher le barde. " Souffla-t-elle à Eldros.
Après quelques secondes qu'elle passa à scruter l'entrée de la tente sous ses barreaux de fer, elle ajouta sobrement : " J'ai hâte. "

« Que cherchez vous à faire ? Me faire perdre mon calme ? Me faire douter dans ma foi ? Vous n’y parviendrez pas. Je ne suis pas une sentinelle décérébré. Alors cessez donc vos vaines tentatives. » Eldros la fit presque sursauter, elle ne s'attendait pas à une réaction de la part de l'homme et à dire vrai, elle commençait presque à l'oublier, de nouveau plongée dans un rêve de torture avec cette fois-ci Daemon.

" Allons allons, tu ne voudrais tout de même pas que ce soit le dernier souvenir qu'on ait de toi. Un fanatique bougon et boudeur. Non vraiment c'est un réel intérêt. La foi m'a toujours fascinée. " Bien qu'elle fut vaguement honnête quant à son intérêt, il ne répondit pas. Tous entrèrent dans un mutisme profond et en quelques minutes, les prisonniers furent entièrement plongés dans leurs songes.

Silmeria trompa la douleur en plongeant de nouveau son corps dans l'ombre noire afin d'échapper à la douleur pensante sur sa poitrine. Elle laissa l'ombre s'échouer dans un nuage de ténèbres, se sentant plus légère, libre, elle rêva.

Cèles quant à elle se demandait si l'issue de cette histoire allait avoir un sens moins sordide. Hrist quant à elle était persuadée qu'elle serait pendue, probablement au cours de la matinée. Le soleil venait de se lever et ses rayons perçaient la toile de la tente à mesure que l'Astre montait au ciel.
L'ombre de Silmeria aurait pu avoir un sourire si celle-ci avait eu un visage. Dans ses rêves, elle arrachait un à un les os d'Azra pour les briser afin d'utiliser les morceaux tranchants et pointus pour les enfoncer dans le corps de Daemon. Elle aurait gavé ses prisonniers tour à tour de gruau et d'eau croupie pour récupérer leurs selles et infecter les blessures de leurs propres excréments. A Daemon, elle lui aurait arraché les yeux et fait couler de l'urine bouillante dans les orbites. A Ezak elle aurait supprimé les membres et l'aurait laissé vivre, échoué à l'ombre du palais de Kendra Kâr afin de lui rappeler à jamais sa situation, sa place, son existence même...

Elle fit le plus beaux des rêves.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » lun. 10 mai 2021 18:04

-----K-----


Les mâchoires squelettiques furent détourner de leur cible juste avant de se refermer sur Kurgoth par le poing d'un garzok colossal. Le chevalier reconnut immédiatement son dieu tutélaire qui, après avoir fait fuir son frère, se tourna vers lui et l'attrapa au niveau de la gorge. D'une voix grave qui résonnait dans les ténèbres, il déclara :

"Qui t'as autorisé à mourir ? Retourne là-bas et bats-toi pour ma fille ! Offre-moi à voir un massacre digne de ce nom, et ne t'avise pas de mourir à nouveau avant que j'en aie fini avec toi !"

Sans plus de procès, ou même laisser à son prêtre l'occasion de présenter la moindre excuse, le dieu sombre le rejeta violemment au sol.


Kurgoth se réveilla alors en sursaut, sentant immédiatement les pointes d'acier de son collier rentrer dans sa nuque. Sentant également ses membres menottés, sans vraiment que sa vue floue ne lui permette encore de distinguer ce qui se trouvait devant lui, il dit en un souffle :

"Imbéciles, vous auriez dû m'achever là-bas. Même le meilleur de vos tortionnaires de me fera rien avouer, minables."

Une voix féminine avec un air moqueur se fit entendre à côté de lui. Bien qu'il ne saisit pas tout ce qui lui était dit, il tourna la tête dans cette direction. Durant les quelques instants qui lui furent nécessaires au plein recouvrement de ses sens, le garzok vit les ombres devant lui prendre peu à peu les formes de cages, de gardes humains, ainsi que de Silmeria et Rougine. Un peu surpris de les voir attachés à ses côtés alors qu'ils s'entendaient si bien avec le traître, il demanda :

"Tiens donc ? Vous faisiez pas partie des traîtres, vous deux? Vous aviez pourtant l'air de bien vous entendre avec le sergent..."

Après avoir reçu sa réponse négative, le garzok se détourna de l'elfe qui se mit à parler encore et encore. Les oreilles bourdonnantes, il ne saisit presque rien de son discours qui semblait fait pour provoquer les garde, vu la réaction de l'un d'eux. Kurgoth lui, n'était pas en état de se permettre tant de risques. Non seulement, il voulait éviter le courroux de son dieu tutélaire, mais il sentait bien qu'il était incapable de se défendre de quelque manière que ce soit. Sa tête comme prise dans un étau, il se sentait trembler à chaque mouvement, étant incapable de contrôler proprement ses mouvements, ou même d'entendre ou voir de manière claire et distincte. Durant ce moment d’introspection sur sa situation, il réalisa également qu'il avait été dépouillé de tout équipement. Finalement fatigué du débit de paroles ininterrompu de l'elfe qui ne faisait qu’amplifier le bourdonnement sonore qui résonnait dans sa tête, il finit par demander d'une voix faible à ses gardes:

"Dans vos ordres... y'a l'interdiction de la bâillonner ?"

Aucun ne répondit. Aucun ne la fit taire. Kurgoth prit donc son mal en patience, après tout, il avait enduré pire torture. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était réfléchir, chercher un moyen de retrouver les armées de la cheffe de guerre suprême et se battre pour elle, comme Thimoros le lui avait ordonné.

[HRP: Regrette son réveil.]
546mots

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » mar. 11 mai 2021 08:47

Bientôt, un tumulte se fit entendre, de plus en plus proche pendant que le sol se gargarisait sous nos pieds de manière de plus en plus pressant. Bientôt, une cavalerie nombreuse déboula, submergeant la colline sur laquelle nous nous trouvions telle une vague de tempête jetée avidement sur les côtes. En un battement d’œil, nous furent cernés de toute part. Si j’étais immobile, mes yeux ne savaient où se diriger tant il y avait de mouvements d’hommes montés, galvanisé par la volonté de sauver leur Roi. Rapidement, les lieux furent assainis, débarrassés de la présence du Quartier-Maître fanatique et du corps du Garzok. Je les regardai partir, le regard dédaigneux, le seul qu’il était possible de délivrer à de telles engeances. Echec. Les minutes passèrent et bientôt une rumeur traversa le champs d’homme pour parvenir à nos oreilles.

« On l’a. »

Ainsi ils avaient aussi attrapé l’Irrévérencieuse. Un sourire s’étira sur mon visage. Sa fierté devait en avoir pris un coup. Mât. Et les noirs perdirent. Je pouvais fermer ce chapitre. Quant aux trois ils n’allaient pas avoir voix au suivant.

À partir de cet instant tout se passa rapidement et surtout contrairement à tout ce que j’avais espéré. Le Général donna des ordres mais pas ceux auxquels je m’attendais. Avec assurance, il ordonna de faire arrêter les hommes de l’équipage de Rougine présent sur l’Azurion et de ramener l’incendiaire que j’avais laissé sur place. En quelques secondes mes espoirs furent douchés. Je ne m’y attendais pas. Pas après les mots du General. Ainsi, il ne me donna même pas l’occasion d’expliquer quel était mon plan. Je me sentis trahi. Mais je n’eus pas le temps de me mettre en colère. J’étais hébété. Que se passait-il ? Allions nous, nous aussi goûter au préliminaires du fer et à l’étreinte passionné de la corde ?
Démunis, sans aucun pouvoir et marge de manœuvre. Je n’étais soudain plus si maître de mon destin. Une vengeance de Zewen pour mes nombreux blasphèmes ? Mes yeux fixés sur la figure du général, le virent sans le voir alors qu’il donnait ses ordres. Chacun de ses gestes étaient assurés Le poids de l’expérience se sentait sur chacun d’eux. Probablement que si nous l’avions éliminé, la Cité Blanche aurait perdu un puissant atout. Au bout d’un moment, Deamon Mikkah et le spectre d’une femme escortés par des grades furent amenés à nous. Lorsque je vis le jeune haffiz, je fronçais les sourcils. Je ne comprenais pas pourquoi il n’avait pas été traité comme les autres.

J’imaginais qu’il avait dû jouer l’innocence avec les autres gardes. J’eus envie de me jeter sur lui et de lui refaire le portrait, mais j’attendis encore. J’allais le confondre devant ses mensonges mais devant les mêmes personnes. JE me disais que peut être que nous aurions eu l’occasion de le rouer de coup jusqu’à ce que mort s’en suive en guise de punition pour ses crimes. Mais l’heure n’était pas au lynchage, j’étais préoccupé par les ordres du General.
Car il nous fit mener à la tente principale du camp à l’intérieur de laquelle nous furent prié de rester. Je n’étais pas dupe. Ce n’étaient pas les fers qui faisaient les prisonniers. Ce sont les geôliers. La tente était cernée de gardes qui jetaient sur nous des regards attentifs. J’avais un * mauvais pressentiment. Je n’aimais pas la tournure que prenait les évènements. Prenant les devants, je me dirigeai vers Berth. Lui qui fut, avec Azra, le seul témoin de mes véritables intentions.

"Bien... Je crois qu'on peut dire qu'on a réussi ce pourquoi on était venu... Merci pour votre aide."

"Ouais. On peut dire ça. Désolé pour ma réaction sur les quais... Je ne savais que faire pour vous être le plus utile."

Je levai les épaules, signe que je ne lui en tenait pas rigueur.

« Disons que je ne vous ai pas aidé... »

Puis , j’en vînt au fait.

"Vous pouvez me parler du General Andelys et du Ser Anton du Val ? "

Le Second fit une moue.

"J'les connais pas trop, pour tout vous dire. du Val à l'air d'être un membre de la garde du palais. Puis le Général s'occupe sans doute des troupes d'infanterie, pas de la marine."

Je croisai les bras avant de faire part de mes inquiétudes suite à l’attitude du Genéral.

" J'ai peur qu'ils ne nous fassent pas de cadeau. J'espère que vous saurez défendre notre cause à Azra Deamon et moi. Vous étiez présent lors de notre conversation. Ne leur cachez rien."

"J'leur dirai, oui. Faites-moi un signe si je dois intervenir en votre faveur. J'leur cacherai rien, pour sûr."


Un léger sourire se forma sur mes lèvres.

"J'apprécie."

Je lui donnai une tape amicale dans le dos et m’éloignai. C’est ce moment que choisit Daemon pour m’aborder.

« Il va mourir bientôt. Tu en as conscience ? »

Je ne pus cacher ma surprise à l’entente de ces mots. Cela devait être un truc de avec la magie nécromancien. J’imaginais mal Azra donner la mort à ces hommes après nous qu’ils nous aient aidés. Le Lord avait plus de principe que moi. Je jetai un regard au condamné à mort me demandant si lui-même savait que sa vie était éphémère.

"Non... Je ne le savais pas."

Je redirigea mon regard sur Daemon. Il était plus pâle que d’habitude et avait l’air aussi plus aminci. Il venait surement den baver. Après tout, Silmeria était avec lui. Je connaissais ses talents pour les avoirs éprouvés.

"Tu m’as l'air de ne pas être passé loin de la mort toi aussi"

Daemon détourna le regard, et abaissa la voix : « Oui. Silmeria a flairé l'entourloupe... Je n'ai rien vu venir. Sans Nienna, ma mission aurait été un échec. »


Je levai un sourcil.

"C'est qui Nienna ?"


« Une servante et amie... »
répondit Daemon, énigmatique et avec un sourire en coin.

J’imaginais que ça devait être la spectre qui l’accompagnait et qui était à présent disparu. Je levai les épaules, passant à autre chose. J’avais l’esprit bien trop préoccupé pour jouer aux énigmes avec le semi-elfe.

« En tout cas, rien ne se passe comme prévu. À l’heure qu’il est nous devions déjà être reparti avec mes hommes pour le camp de Karsinar. Quelle plaie !»


« Mes intentions étaient les mêmes... mais j'ai encore à faire. Je ne peux pas partir d'ici sans témoigner mes sentiments à Silmeria. Pas après ce qu'elle a fait. »

Je fus surpris que le semi-elfe eut envie de prendre un tel risque comme moi. C’était la marque d’un esprit audacieux. Mais j’étais aussi surpris de tant d’obsessions pour la chienne de Xenaïr. Quel était l’intérêt ? Les trois Oaxiens allaient de toute façon se faire exécuter. Néanmoins je le comprenais. Bien que je faisais passer cela sous le couvert d’idéaux, ma guerre contre Omyre aussi et surtout personnelle.

« Ce n’est qu’un second couteau, une loque paumée et soumise tout juste bonne à obéir à ses supérieurs. Moi, c’est à eux que je veux témoigner de mes sentiments. Cette belle bande d'enfoirés de Treize. »

« Je pense qu'ils apprécieront ce que nous venons de faire. »

Certes, mais j’en voulais plus. Je voulais les humilier. Je voulais les voir tomber. Mais oui, j’imaginais que le Premier des Treize serait dans l’embarras lorsqu’il devrait expliqué que l’homme qu’il à envoyer pour « aider » le plan de Karsinar, son « Champion » l’avait fait capoter. J'en jubilais. Mais pour ça il fallait que je fasse savoir que j’avais été un traître, et ce n’était pas enfermé dans une tente que j’aurais pu faire de mon nom, l’appellation la plus détestée d’Omyre. Je rêvais toujours de devenir le cauchemar de l’Omyrhie.

« Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de parler. Pour être honnête, je n'avais pas confiance en toi. Même après que tu te sois rallié à Azra... Surtout après que tu te sois rallié à Azra ! Je suis rassuré qu'il ne se soit pas trompé à ton sujet. Merci pour ton aide. »

Puis, il arbora un sourire malicieux :. « Mais la prochaine fois, tâche d'être plus efficace... surtout face à un vulgaire pirate et un garzok enchaîné... »

Si les premiers mots du Shaakt passèrent sur moi comme de l’eau, les derniers provoquèrent mon irritation. Je goûtai fort peu à son humour alors que je venais de perdre *un tiers de mes hommes. Ces Omyriens auraient probablement tous brulés dans les flamme de la fiole de Rougine si cet imbécile de Mikkah n’avait pas intervenu. Il les avait sauvé et rendu le combat plus difficile en le faisant duré plus que nécessaire puisque le bénéfice de la surprise était passé. Mon regard se dirigea vers le haffiz. Je lui en voulais. Je voyais encore cet homme immoler et perdre la vie sans n’avoir rien pu faire d’autre que de hurler pour expurger sa souffrance.

« Pour ça, il faudra remercier ton ami le barde, le chien d’Oaxaca. »

Le demi-elfe jeta un regard au haffiz. « Bof... Vraiment ? Le musicien ? Il est agréable, pas franchement dangereux. »

Et pourtant il pouvait l’être, par sa fourberie.

« Un lâche qui m’a attaqué dans le dos. Tuer un de mes hommes et brûlé trois autres. »

Je levai les épaules.

« T’attaches pas trop à lui. »

Daemon leva la tête de surprise.

« Vraiment ?! Intéressant... »

Je regardai un instant Daemon. L’enfoiré en avait rien à cirer. J’eus un rire sarcastique.

« Comme tu dis. »

Je me plongeai alors dans le mutisme attendant simplement la suite. Il n’y avait de toute façon que cela à faire. Au bout d’un quart d’heure , des pas à l’extérieur de la tente nous indiquèrent que des hommes approchaient. C’étaient du Val et Andelys ils avaient des question à posés. Moi aussi ! Je ne pris même pas la peine de répondre à la question de du Val.

« Pourquoi ce clébard d’Oaxaca n’est pas emprisonné avec les autres ? » dis-je en désignant Mikkah.

du Val fronça les sourcils et rétorqua durement : "Contentez-vous de répondre aux questions."

Le jeune homme s’approcha alors, plaintif insistant pour s’excuser auprès de moi. Il prétendait avoir mal maîtrisé son sort et avoir visé Rougine. Admettons. Et pour le coup derrière la tête ? C’était une mauvaise maîtrise de ses bras, de son cerveau ou des deux en même temps ? Je lui jetai un regard mauvais. Je n’étais pas né de la dernière pluie et je ne comptais pas croire si facile ce petit menteur. Mais j’avais d’autres problèmes. Je devais répondre aux questions des gradés. Cette situation me rappelait fortement Fan-Ming où mes aveux avaient étés suivis d’une condamnation à mort par le gouverneur Teruki.

« Et voilà ça recommence… »

J’étais déjà dépité. J’avais cette bizarre sensation que mon avenir était dores et déjà scellé.

« Je suis Ezak d’Arkasse. Comme je l’ai dit mes motivations sont de protéger Kendra-Kâr, la famille Royale et de mener Omyre à sa perte. La famille d’Arkasse se doit de se tenir aux côtés de la couronne, comme avant... Quant à mes... rapports avec Oaxaca…
»

J’hésitai un instant. Je savais que c’était la partie la plus dure. Mais devais-je mentir ? Non si je mentais et que cela se découvrait j’aurais assurément agrévé ma situation. Il valait mieux jouer certes sur table et tout déballé une fois pour toute.

« Je suis Sergent de son armée, Champion de Crean Lorener ayant hérité de ces titres après avoir été désigné comme l’un des vainqueurs de la dernière fournée du Bagne Maudit. Une prison où les Treize testent les compétences de ceux qu’ils désirent enrôler pour en faire leurs officiers. On y entre pas sur la base du volontariat… »

Les deux gradés grimacèrent à mes aveux.

Mes trois autres comparses se présentèrent alors. Et les gradés grimacèrent aux mots d’Azra et encore plus à ceux de Daemon qui avait décidé de ne pas se montrer coopératif. Seul Mikkah n’eut pas droit à déformation du visage de la part de nos inteogateurs. Celui-ci prétendait vouloir voir la Reine Noire à genoux devant le Roi. Mais quel idiot irait croire ça ? Je fis savoir le fond de ma pensée.

« Et me frapper dans le dos c’était une manière d’aider le Roi à mettre Oaxaca à genoux je suppose ? Un peu comme pour votre sort qui a "malencontreusement" touché mes hommes.... » Dis-je d’une voix pleine de sarcasmes.

"Il suffit !" hurla Duval.

Puis le Genéral d’Andelys répondit à chacun de nous et lorsque vînt mon tour j’eus l’impression de vivre une descente mortelle.

"Un... gradé de l'un des treize généraux de la Reine Noire. J'imagine que vous attendez que nous effacions ça de votre ardoise suite à ce que vous avez fait ce soir ?"

Comme lorsque je fus en face des Treize dans le bagne, je sentis une peur profonde, comme une vague, s’écraser sur le rempart que formait mon armure magique. Alors je me rendis compte de l’image que j’avais pour ces gens. À quelle point ma situation était problématique. J’avais une « ardoise » à régler. Et à côté de mon patronyme était affilié celui d’Oaxaca. Je ne vais pas mentir. Je n’avais pas cru que ce serait facile mais je me disais que si j’arrivais à protéger le Roi, sa sœur, à lui livrer une fugitive qu’il recherche depuis des années, en la personne de Silmeria, je me disais que, peut-être que tout ça m’aurait permis de m’assurer le pardon voire plus, une récompense. La seule qui comptait vraiment pour moi, celle de pouvoir faire ma famille retrouver son rang. Ainsi j’aurais été le sauveur des d’Arkasse. Mais tous les rêves n’étaient peut-être pas fait pour être réalisé.

"Sachez toutefois que vos cas sont actuellement peu clairs. Sa majesté m'a ordonné de vous maintenir sous surveillance jusqu'à l'issue de la bataille. Il se penchera ensuite sur le cas de chacun de vous, à la lumière de ce que vous venez de me dire... Ou allez me dire prochainement
"

Et là… Et là… Je crus revivre mon cauchemar. Me revint alors les cris du gouverneur lorsqu’il se « pencha sur mon cas » à « la lumière de ce que je venais de dire ». Comment l’avait-il formulé déjà ? Ah oui. « Tuez le ! Tuez le ! » Je revu le petit visage du gouverneur plein de colère hurler ma mort. Et mon esprit fit un parallèle. J’imaginais les mêmes paroles de la bouche de Solennel. Quoi ? En quoi cela n’avait-il pas de sens ? Faire un exemple avec un enfant du pays, au nom connu. Ainsi il montrerait à son peuple ce qu’il en coûte aux « traîtres » au Royaume. Je revis le cauchemar que j’avais fait deux jours plus tôt dans lequels Kendrans, Ynoriens et Omyrien me jetaient insultes, crachats, malédictions alors que je me dirigeais, mené sans ménagement aucun vers l’échafaud. Car bien que je prétendais ne pas avoir peur de la mort, j’avais une phobie. Celle de mourir en ayant jeté le déshonneur sur mon nom. Ainsi je n’aurais pas, comme je l’eux voulu, été celui qui aurait redressé ma famille, mais plutôt celui qui l’aurait achevé. Vandrak aurait perdu les titres et les terres et quant à son fils, il aurait perdu le prestige et l’honneur du nom. Ainsi les d’Arkasse aurait disparu et serait resté pour l’éternité affilié à celui de la Reine Noire. Quelle infamie ! Mon armure ne put rien contre l’emotion qui me submergea. Efficace contre la peur, elle ne l’était pas face au désespoir. Alors je perdis pied, retombant dans ma paranoïa. Et moi qui chantait le poing dur. J’avais mis fin à ma lignée. Je me sentais terriblement coupable.

J’étais probablement trop de mauvaise foi sur le moment pour me rendre compte que trainais cette culpabilité depuis le moment où, sur l’Azurion, j’avais décidé de retirer mon armure avec ce besoin irrépressible de me laver, jusque sous les ongles, du sang des Kendrans et Ynoriens que je venais de massacrer. Moi qui avait l’habitude de vivre avec ma sauvagerie. Moi qui aimait le sang et la violence d’une certaine manière. Ce jour-là, en désirant me laver, j’avais voulus aussi me purifier de ce sentiment de déshonneur qui m’étreignait. Car ce jour-là, pour la première fois, j’avais tué pour le nom d’Oaxaca. Jusqu’alors mes lames n’avaient pris la vie que de ses fidèles. Sur la joncque et sur l’Azurion j’avais acté dans le sang mon appartenance à la Reine Noire. Et ça, ça valait bien plus que toutes les imbécilités de pacte de sang de Karsinar, que toutes mes paroles en l’air lâchées avec dédains lorsque je fis mine de faire allégeance devant Lorener. J’étais devenu un exclu , et je le resterais probablement post-mortem. J’avais mis fin à ma lignée.


J’éclatai de rire. Un rire qui traduisait ma nervosité. Un rire de plusieurs années de reniements de moi-même. Un rire de plusieurs années volées. Un rire amer. Tandis que mes yeux devinrent humides sur le coup de cette émotion terrible. Ciel ! J’avais mis fin à ma lignée.

J’étais incapable de dire si j’étais triste ou en colère. Cela faisait déjà bien longtemps que je n’étais plus en phase avec ce que je ressentais, complètment en décalage. J’étais à côté de moi-même et mon armure qui ne faisait que retardé mes peurs y était aussi pour quelque chose.

Mon ton fut d’abord ahuri et mes mots filèrent.

« Quelle ardoise ? Je n’ai rien réalisé pour le compte d’Oaxaca si ce n’est de vous protéger ! Je suis qu’un homme enlevé en pleine rue dans la cité blanche qui été ramené dans une prison dans les sous-sols de la Tour Noire pour se faire torturer mentalement et physiquement. Et qui, après avoir survécu, on a laissé le choix entre se faire tuer et servir. Alors j’ai choisis de servir Kendra-Kâr et Oranan en attendant le jour où je pourrais me venger. Ils ont menacé ma vie, celle de mon père Vandrak d’Arkasse, de mon frère Elan, disparu depuis… »


L’émotion me quitta un instant laissant place à plus de colère. Mes mots se firent plus dur, plus cassants pleins de reproches.

« Aaaaaah… Je vois. Peut-être auriez-vous préférez que je meurs avec honneur ? Ainsi peut-être que Omyre aurait pu fêter en ce moment même le fait d’avoir mis fin à une dynastie Kendranne et d’avoir éliminé les têtes pensantes de son armée. »

Je pus voir Duval s’offusquer de plus en plus à mesure que je parlais. Mais j’en avais pas finis. Je laissa aller mon ressentiment.

« Vous avez devant vous un jeune homme héritier d’une famille qu’un roi à décidé d’exproprier de ses titres et ses terres. Prix d’une profonde injustice ! Ce même jeune homme vient aujourd’hui défendre la vie des enfants de celui qui a plongé toute sa lignée dans la honte. »

Je pointai mon doigt sur Azra.

« Vous avez devant vous un manieur de magie sombre qui avait tout à fait sa place dans les rangs d’Oaxaca et qui a plutôt choisis de servir Kendra-Kâr. Nous sommes des « exclus » du Royaume et pourtant nous avons choisis de le protéger. »

Encoléré, mes paroles fusèrent encore et encore. J’étais de plus en plus amère
!

« Alors vous savez quoi ? Effacez mon "ardoise" ou ne le faites pas. Ma famille est habitué aux injustices venant de celle de ceux qui dirigent notre peuple et cela ne m’a pas empêché de les sauver. Traitez moi de traitre à ma patrie si vous le voulez ! Si ça peut alléger votre conscience. Je peux me dresser devant vous sans avoir honte !Je suis même plutôt fier d’avoir fait ce que j’ai fais et ça vous ne me le retirez jamais. Par contre je ne subirais plus la honte du rejet par les miens alors que j’ai donné ma vie pour les défendre. Alors exécutez moi dès ce soir ! Je pars la tête haute et avec mon honneur sauf. »


Mais je ne trompais pas mon monde. Pas même ma propre personne. Ces mots bien dit avec émotions, avec colères, étaient ceux d’un homme désespéré. Je gardais aucune fierté, je n’avais pas la tête haute. J’étais juste pitoyable. Mon flot de paroles étant tari, j’allai m’asseoir, pris d’un soudain vertige. De ceux qui vous agrippent lorsque vous voyez votre vie vous échapper. Azra et Daemon prirent ensuite la parole.

Mais je n’écoutais pas. Je n’entendais pas. J’étais au fond d’un puit ne sachant que faire. Je crus vaguement entendre que le Lord affirmait qu’il ne me rejetterais pas, qu’il m’offrirait l’asile mais je n’étais même pas en capacité de de traiter l’information. J’étais sûr que si je n’avais pas mon armure, j’aurais probablement été au sol, en train de me battre avec mes angoisses ou plutôt de me faire marcher dessus pas elles. J’avais eus le courage de sauver un Roi, et pourtant j’étais toujours autant rongées par mes crises paranoïaques. Mais n’était-elles ici, l’expression de mes culpabilités. C’est la voix du Duval scandalisé après des paroles de Daemon qui me sortit de ma torpeur.
.

« C’est une honte, vous n’avez… »

Andelys le coupa et s’approcha de nous trois. Il souffla longuement et parla d’une voix posée. Il se tourna vers moi :

« Écoute, mon gars. Il a jamais été question de te rejeter ou quoique ce soit dans le genre. J’entends que vous avez des histoires tragiques et pleines de sens pour vos actes de ce soir… »

Il jeta un coup d’œil à Azra, avant de reprendre à mon attention.

« Et il est encore moins question de vous ôter la vie. Vos actions ont été d’une grande aide pour garantir la sécurité du roi, c’est indéniable. Et les questions que nous vous avons posées n’étaient que légitimes. Nous ne savons rien de vous, sinon vos actes présents. Il est normal que nous souhaitions savoir à qui nous avons à faire. »

Il tourna le regard vers Daemon, et tout en gardant son calme, se fit plus ferme.

« Si vous n’aviez pas été là, si vous n’aviez pas tendu cette lettre, personne ne peut dire ce qui serait arrivé. Le Roi est en sécurité, bien escorté. Sans votre arrivée sur les quais, l’assassine n’aurait peut-être jamais pu arriver jusqu’au camp du Roi. Sans votre aide sur le navire, ils n’auraient pas navigué jusqu’ici, que ce soit le fanatique des dieux sombres ou l’orque à la force incroyable. Nous ne faisons, le seigneur du Val et moi-même, que vous relayer l’ordre que sa Majesté nous a transmis, à savoir vous préserver ici sans que vous ne manquiez de rien le temps qu’une enquête soit menée. Car des points nébuleux, il en reste : Comment vous êtes-vous approprié ce navire kendran ? Oaxaca a-t-elle pu envoyer d’autres assassins par une autre voie ? Qui sont ces trois tueurs enfermés là-bas ? Et pour savoir tout ça, nous avons besoin que vous restiez disponibles, à notre portée. Le fait que cela ne puisse pas se faire avant la grande bataille de cette ère me désole autant que vous : je ne crache jamais sur de l’aide supplémentaire, s’il m’en vient. Mais c’est comme ça, la décision royale a été prise, et je vous conjure de patienter ici, à l’abri. »

Puis ce fut au tour de Anton du Val qui se dressa face à Daemon et indiqua d’une voix autoritaire :

« Sachez que si votre fantôme quitte cette tente, vous serez mis aux arrêts. Il n’y a aucun moyen pour que vous soyez mis en contact avec les prisonniers. »

Andelys se tourna vers lui, et posa une main sur son épaule, avant de se tourner vers nous.

« Anton du Val sera votre hôte, pendant cette période. Ne lui faites pas vivre un enfer, et tout se passera bien. Vous serez récompensés à la hauteur de vos actes patriotes. Le Roi saura reconnaître ses alliés. »

À l’entente des mots du General, je relevai la tête et acquiesçai doucement pour montrer que j’avais compris. Je tentai de reprendre mes esprits frottant mes paumes contre mon visage. Toujours autant submergés par mes passions, j’avais perdu pied. Je me sentais honteux. Toujours assis je me redressai un peu plus pour retrouver un peu plus de dignité alors que Deamon faisait entendre ses mots.


« Vous présumez beaucoup de choses... Pour ce qui est de l'Azurion, ce n'est pas compliqué. Nous avons participé à la bataille du port d'Oranan, abordé un bâtiment et massacré tout son équipage… »


Je sursauta. Duval sursauta. Azra, lui, dû en faire autant puisqu’il coupa brusquement son suivant et expliquer lui-même les évènements qui eurent lieu en mer et ses intentions. Probablement pour détourner l’attention. Dès qu’il eut finit, j’en fis de même préférant mettre fin à une conversation qui était en train de nous échapper. Je préférais qu’on y mette un terme sur le champ.


« Général je pense que nos esprits à tous sont échauffés par les événements. Peut-être devrions nous remettre cette discussion à plus tard. Lorsque la pression sera redescendue. Faites moi parvenir un nécessaire à écriture et je vous ferais un rapport complet qui répondra à toutes vos questions.»


Andelys sembla apprécier mon attitude puisqu’il me remercia d’un léger signe de tête. Le silence retomba mais du Val ne tenant plus explosa.

"Vous signifiez donc ici que vous avez pris les vies de l'intégralité d'un équipage en pleine bataille alors que depuis le début vous étiez en nombre largement suffisant pour enrayer la menace dans l'oeuf ?"

Il nous disigna tous de son geste accusateurs. Nous, les Quatres mais aussi mes hommes. L’un des marins amené par Azra en profita alors pour délier sa langue ?

"Ouais ! Et leur liche nécromancienne a égorgé les prisonniers. Ceux qui n'ont pas été torturés et exécuté pour un sombre rituel envers les dieux noirs, en tout cas. Tout ça pour nous relever, mi-morts, pour qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil jusqu'à ce qu'il décide de nous tuer pour de bon !"

Beth perdit des couleurs à l’attente des mots de son camarade marin.

"Chut ! Tais-toi donc !"

Il se tourna vers Duval.

"Ils l'ont certes fait, mais pour sauvegarder leur majesté le Roi et la Princesse, ainsi que tout l'état-major. Ils se sont montrés bons avec nous, nous promettant le salut et la sauvegarde de notre nation..."

Duval vira au rouge ! Il semblait sur le point d’exploser. C’est une main du General Andelys qui, se posant sur son épaule, parvint à le calmer.

"Comme le Ser d'Arkasse vient de le dire, ils ont vécu de rudes moments, et leur esprit est trop agité pour l'heure. Nous ne pouvons juger leurs actes à chaud de la sorte, et encore moins tirer de conclusions les concernant. Remettons cette discussion à plus tard tel que le Souverain nous l'a demandé. Au calme."

Tout en pressant l'épaule de Duval, il le mena vers la sortie.

"D'ici là, messieurs, tenez-vous à carreau, je vous en supplie. Reposez-vous, restaurez-vous."

Et ils partirent tous deux.

Je me relevai après le départ des officiers, encore hébété par tout ce qui venait de se passer. Je me rapprochai du barde. Je devais encore régler quelque chose avec lui. Je m’arrêtai à son niveau, sans le regarder, les yeux fixés droit devant moi.

"Si ce que tu prétends est vrai réponds au moins à ces questions : Pourquoi m'avoir attaqué dans le dos ? Pourquoi ne pas avoir attaqué Rougine et le Garzok si tu étais vraiment de notre côté ? Pourquoi es tu arrivé dans la camp de Karsinar en compagnie de Kurgoth ?"

Le barde se défendit en racontant qu’il cherchait à ne pas se faire remarquer d’Eldros, sa véritable cible mais qu’il prenait toute la responsabilité de ses actes. Enfin, concernant le Garzok il prétendait l’avoir amadoué par sa stupidité. Alors je tournai enfin la tête pour confronter le regard du ménestrel. Je ne le crus pas sur tout. Incapable de faire confiance que j’étais à un être que je connaissais à peine et qui venait de tuer parmi mes rangs. Mais il me semblait qu’il était sincère, en majorité. Ma colère envers lui s’amenuisa quelques peu.

« Bien... Bien. D’accord. Au moins tu as la noblesse de prendre la responsabilité de tes actes.... Je te pardonnerais barde. Mais pas ce soir, mon âme est encore lourde. »

Puis après une pause je repris :

« Et s’il te plaît, ne me nomme plus Sergent. J’ai toujours détesté cette appellation et elle n’a plus lieu d’être. »

Mikkah hocha gravement la tête avant de m’assurer qu’il ferait comme je voulais. Sans plus de cérémonie, je m’éloignai de lui, allant cette fois vers Azra.

« On a deux problèmes. Un. Il faut que tu calmes ton suivant. Deux. Il m’a dit tout à l’heure que Berth était condamné. C’est aussi le cas pour les autres ? »

Le Lord me fit un sermon sur la mort, me disant que nous étions de toute façon tous condamnés à mourir. Puis il me dit que je devais moi-même me calmer pour ne pas tout faire échouer. Je le vais un sourcils à ses premiers propos.

« Écoutes, je suis pas venu te faire la morale ou quoi que ce soit d’autres mais du Val ne va sûrement pas apprécier de trouver des cadavres de Kendrans parmi nous. Il vaut mieux le lui dire quitte à ça qu’il repique une crise. Je vais écrire un rapport. Tu veux que je le notifie ? »

Azra me répondit qu'il trouvait cela trop impersonnel. Il voulait leur organiser une cérémonie pour qu'ils puissent atteindre la mort comme il se devait. selon lui. Une cérémonie... Je restai un moment interdit, trouvant que cela relevait du caprice. Mais je finis par me faire une raison, acceptant l’idée que j’avais à faire à un monde qui m’était totalement étranger. Et puis je ne voulais pas froisser mon nouvel allié. Alors j’hochai la tête montrant que j’étais compréhensif.

« Je te laisses gérer ça alors. »

Puis après une pause je repris, gêné :

« Quant a mes éclats... Écoutes. Ce que tu as vu tout à l’heure... Ça m’arrive parfois... Et quand je n’ai pas mon armure c’est encore pire. J’ai déjà assez honte que vous ayez été témoin de ça. Alors est-ce que tu pourrais, s’il te plaît, éviter d’en rajouter ? »

Azra hocha la tête, alors je posai une main sur son épaule avant de m’éloigner.

« Merci, mon ami. »

Et je m’éloignai en direction de mes hommes pour m’enquérir de leur état et discuter avec eux. C’est alors qu’Azra, conformément à ce qu’il venait d’annoncer, s’adressai aux marins.

Il leur fit un discours, les remerciant pour leur aide mais en leur disant qu’il était temps pour eux de mourir.

Berth visiblement scandalisé s’écria :

"Quoi ? Est-ce à cause de ce que cet abruti a dit ?"

Dit-il en désignant le marin qui avait vendu Azra précédemment.

"Punissez-le lui, mais pas les autres. Pas moi ! On vous a servi comme demandé. On a suivi votre plan à la lettre. Pour rester en vie !"

Azra répliqua en disant qu’il y avait eu méprise. Que la vie offerte n’avait été qu’un sursis. »

Berth sembla presque s’étouffer, devenant rouge et suant tant il était ému.

"Hmmf. Mais nous nous étions rendus ! Nous étions prisonniers. C'est vous qui nous avez tués, vous seul !"

Azra tenta de leur expliquer que si il ne les avaient pas tués ils auraient été torturés et sacrifiés comme les autres survivant mais cela ne suffit pas.

Berth estomaqué tomba à genoux :

"Vous ne valez pas mieux qu'eux. Vous êtes un meurtrier. Vous nous avez tués...Meurtrier..."

Alors les quatre autres marins coururent en direction d’Azra poings dressés pour le rouer de coup mais ils n’eurent pas le temps d’arriver jusqu’à lui qu’ils tombèrent tous instantanément raide mort.

Devant cette vision, je ne pus que poser ma main sur mon front, dépité. Voilà que la situation que je voulais éviter venait d’arriver. Un silence de mort régnait sous la tente dans laquelle on peut entendre mon soupir aussi agacé que blasé. J’étais las de tous ces rebondissements. Je me tournai, vers mes hommes, il fallait agir vite.

"Mettez les tous dans une position de sommeil. Et faîtes de même. Au moins pour me laisser le temps de signifier dans le rapport que je dois faire à Andelys que ces hommes sont condamnés et vont mourir ce soir dans leur sommeil."


Alors que mes hommes s’activaient, Azra intervint, me demandant de signifier que nos ennemis les avaient empoisonnés d’un poison sans antidote pour les maintenir sous contrôle. Je soupirais une nouvelle fois longuement, très blasé.

"C'est une bonne idée. Je vais faire ça."

En effet, je comptais mettre ça sur le dos de la chienne de Xenaïr. Personne ne chercherait à savoir si elle était vraiment coupable. Deamon commenta alors le fait qu'ils devaient une nouvelle fois s'en remettre à moi et me faire confiance. J'hochai la tête pour signifier que je prenais mon rôle avec importance en soupirant une nouvelle fois. J'allai à l'entrée de la tente récupérer le nécéssaire à écriture que j'avais demandé avant de m'asseoir à une table pour m'atteler à la tâche. Le jeune haffiz approcha de moi. Il me suggéra respectueusement de garder mon idée première, qui, selon lui, était meilleure étant donné que Duval était au courant que les cinq marins étaient des réanimés d’Azra.

« Hmmm… Réfléchissons à ça. » dis-je en posant ma main sur mon épaule.

« Le Garde Royale n’est certes pas dupe, mais ce n’est pas tant ce trait de caractère qui m’inquiète chez lui. Il m’a l’air tout à fait … Kendran. Fier, orgueilleux et avec un profond mépris pour tout ce qui touche de près ou de loin aux domaines sombres. S’il est aussi néophyte que je le suis en nécromancie, et je gage qu’il l’est, il doit croire en ce moment, comme moi-même je l’eus cru, que ces hommes ont été « juste » réanimés. Et qu’importe au final, j’ai peur qu’il soit aussi de ceux qui choisissent de comprendre la version qui les confortent le plus dans leurs convictions. Sans compter que… Nous serons jugées au cas par cas par le Roi sur foi de ce que Duval lui aura dit et le cas du Lord est de loin le plus difficile de nous tous. C’est un nécromancien et une Liche et ont sait tous ce qu’en pensent les Kendrans. Alors, je ne suis pas sûr que la preuve matérielle de sa culpabilité dans le meurtre de cinq soldats kendrans mort sur un camp qui vient de subir une tentative d’assassinat arrange son cas. C’est pour lui que je fais ça, pas pour nous. Je saurais leur raconter une belle histoire. Qu’ils la croient ou pas, ils ne pourront rien prouver si tout le monde ici garde le silence sur ce qui s’est passé. »


Je finis en fixant mon regard dans le sien d'un air entendu, avant de reprendre ma tâche. L'écriture du rapport :


Général Andelys,

Comme convenu voici un rapport que j’espère le plus exhaustif que possible concernant la situation.

Commençons par les identités des personnes que vous détenez :
Le Garzok se nomme Kurgoth. Il semble qu’il ait un lien avec Khynt, mais j’ignore lequel.
L’humain se nomme Eldros-Rougine. Pirate, Quartier-Maître de La Baliste dirigée par la Capitaine Laeten. Les hommes que vous avez arrêtés sur le navire font également parti de son équipage. La Baliste attend en ce moment même notre retour, au large des côtes.
L’elfe blanche se présente sous plusieurs appellations : La Lame Perfide, la petite ombre de la mort, Rose, la Plume Noire, Hrist. Elle a été Baronne de Bouhen et est une fugitive recherchée par le Royaume. Elle est instructrice de la Milice d’Omyre et une envoyée de Xenaïr. Elle peut se téléporter à vue.


La plupart des personnes ayant débarqués sur le camp de Viskory cette nuit ont été engagés par Karsinar dans le camp Viskory. La tentative d’assassinat est un plan mis en place par lui, avec l’aide d’une Lykior Sombre du nom de Sarl. Nos ordres étaient les suivants : ramener la tête du Roi et des membres de l’Etat-Major et pour cela nous devions participer à la bataille navale sur le port d’Oranan. Nous avons donc prit le départ du camp de la plaine de Kochii depuis La Baliste, bien vite rejoints par la Laide-les-Maines, équipage affilié à l’envoyée de Xenaïr, Silmeria. Cet équipage prend ses ordres auprès d’un certain Von Klaash. Ce sont donc deux effectifs de pirates complets qui isolèrent et tombèrent sur l’Azurion. Mes hommes et moi étions donc en large minorité durant le voyage. Ce pourquoi j’ai décidé d’attendre une arrivée sur site pour changer le rapport de force et pouvoir piéger les ennemis du Royaume. Ce n’est que tardivement que j’ai découvert les intentions du Lord Azrael et de son suivant Daemon après que l’ennemi ait obtenu l’information de la présence de la Princesse Satina, ce qui me poussa à tenter de trouver un moyen de la protéger pour m’assurer que lignée royale ne disparaisse pas brutalement. C’est pour cela que je tentai de rallier le Lord à ma cause, je doutais de son allégeance à la Reine Noire Noire compte tenu de ses efforts pour protéger Oranan des mouvements offensifs Oaxien, sur un autre monde, Aliaénon. Sachez à cet effet, que je n’eus pas besoin de rallier le Lord à ma cause, car il l’était déjà et se préparait lui-même de son côté à faire sorte de protéger les cibles de Sarl et Karsinar. À partir de là, nous avons tenté de coordonner nos actions. Le Lord Azrael a donc ressuscité des marins de l’Azurion pour augmenter notre nombre. Malheureusement, Silméria, envoyée pour nous superviser, n’avait pas confiance en nos marins. Alors pour les maîtriser elle leur fit ingurgiter un poison dont elle promit d'avoir l’antidote. J’eus la confirmation, lors d’une conversation privée avec elle dans le but de lui soutirer des informations que qu’elle avait mentit. Cette experte en poison n’avait pas prévu d’antidote et a dosé le poison en faisant en sorte que qu’il agisse après l’opération. J’ai donc le regret de vous annoncer les cinq marins de l’Azurion avec nous sont condamnés à mourir. Je n’ai pu me résoudre à leur dire la vérité, ni à vous devant eux. J'estime qu'ils méritent de mourrir dans leur sommeil, en ayant le sentiment du devoir accompli envers le Royaume. Sachez en outre que son forfait ne s'arrête pas là, puisqu'elle a, ainsi que le Garzok, fait torturer et sacrifier de nombreux kendrans s'étant rendus et s'étant constitués prisonniers. Passé ces nouvelles dommageables, veuillez en accueillir une autre , que j’obtins de la dite elfe. La Reine Noire aurait un nouveau Général du nom de Cromax. Sachez également que je soupçonne l’existence de tensions entre certains des Généraux compte tenu de leur manque de coordination. Enfin, je me dois de m’attarder sur un individu dont le nom n’apparaît pas, jusqu’à présent, dans ce rapport. : Mikkah le barde. Je suis incapable de vérifier les informations le concernant. Si je me porte garant pour le Lord et son suivant, je ne peux en faire autant au sujet de ménestrel. Il ne fait officiellement pas partie du groupe venu sauver Kendrâ-Kâr. Il est arrivé à Karsinar accompagné et porté par Kurgoth. Il n’a, à ma connaissance jamais manifesté la moindre hostilité envers Omyre, n’a pas porté le moindre coup contre eux lors du combat contrairement à Deamon, Azra et moi qui avons souffert de nos luttes respectives. Ses seuls coups avérés ont été envers mes hommes et moi qui à cet instant avaient dévoilés leur véritable allégeance. Il en tua d’ailleurs un, immolé par les flammes. Aucun membre de notre groupe ne peut affirmer quel est son allégeance. Il pourrait-être un assassin de la Reine Noire ou un espion. Je suggère de l’isoler et de le faire interroger minutieusement.

En espérant avoir pu répondre à toutes vos interrogations. Nous nous tenons à votre disposition pour toutes questions supplémentaires auxquelles nous nous promettons de répondre avec la plus grande sincérité.

Je vous prie d’accepter mes salutations les plus distinguées Général,

Ezak d’Arkasse.



La lettre écrite, j'allai la mener à un des gardes à l'exterieur, lui disant que le General Andelys l'attendait. Ce n'est qu'après avoir accomplis ma tâche que je me permis de me restaurer très succinctement avant de m'allonger sur un banc, trop fatigué pour pester sur ces conditions. C'était un long voyage qui prenait fin, un chapitre de ma vie. Et pour l'heure je n'avais pas la tête à en faire le bilan. Une chose était sûr. En cette nuit, le Sergent d'Oaxaca était mort. Qui lui succéderait ?

[HRP : Marins mort placés en position de sommeil; Envoi du rapport à Andelys, restauration et repos.]
Modifié en dernier par Ezak le sam. 23 oct. 2021 06:52, modifié 4 fois.

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » mar. 11 mai 2021 17:28

Le temps de l’action laisse place à la réflexion et à l’observation. Au final, malgré la surprise de la trahison et notre sous nombre je m’en tire extrêmement bien.

(Gloire à toi ô Phaïtos pour m’avoir protégé. )

Une main en sale état, certes, mais ce n’est rien comparé à l’état des hommes qui gisent à mes pieds. Un coup d’oeil autour de moi me provoque un sourire satisfait alors qu’Ezak donne l’ordre à ses hommes de lâcher les armes. La haine, la frustration qu’ils ressentent me galvanise. Peu de temps pour montrer ma satisfaction à les voir ainsi, incapables de venger leurs compagnons d’armes pour répondre à l’appel du général. Je suis mise à mal par les gardes qui m’attrapent rudement pour me défaire de mon équipement.

« Allez-y. Prenez tout ceci. Mais vous ne pourrez pas me déposséder de ma foi et c’est elle qui causera votre perte. »

Rétorquais-je d’une voix forte et d’un ton confiant.

« Quant à toi Liche, nous servons le même Dieu. Qu’adviendra-il de toi quand Phaïtos se rendra compte que tu préfère préserver des vies plutôt que de lui offrir ? Penses-y, il n’est pas trop tard pour que je te remette sur le droit chemin. Pour m’avoir appris à mieux utiliser ma magie je peux faire ça pour toi en retour. Observes ton invocation et regarde dans quel état tu l’as mis en le faisant combattre un allié. »

Les gardes me poussent à l’écart et j’en profite pour une dernière provocation, écrasant la main déjà brisé d’un sbire d’Arkasse. La victoire serait totale si nous avions entre les mains la tête du roi. Mes ennemis se sont jetés dans les bras inhospitaliers de l’armée Kendranne. Je doute qu’ils les accueillent avec hospitalité. J’espère avoir semé le doute dans l’esprit de la Liche mais j’ai pris soin de parler distinctement pour que le Général et ses hommes entendent également. Je n’ai plus qu’a laisser pousser les graines de la discorde.

Menés au nord du camp, nous sommes, moi et le Garzok, enchaînés et jetés dans des cages comme des animaux. Je contiens ma colère, bien conscient que grâce à ma ferveur envers Phaïtos les rôles s’inverseront bientôt. Nous retrouvons l’elfe blanche qui semble souffrante, elle aussi prise au piège et sans doute surprise par le larbin d’Azraël.

Je me détourne d’elle et ferme les yeux, ne perdant pas de temps pour prier afin de remercier Phaïtos de son aide, le pouvoir qu’il m’a accordé à causé tant de dégâts et pourtant ce n’est qu’une infime partie de ce à quoi j’aspire.

(Montrez moi la voie ô Phaïtos.)

Et derrière mes paupières closes se mettent à défiler les visions divines. Des images brusques, floues, entrecoupées de ténèbres. J’aperçois le camp en proie aux flammes comme quand j’étais sur le navire. La mer en feu, la plaine calcinée. Tout n’est que mort, tout n’est que désolation. Les armures Kendranne gisent par terre, reposant sur des tas de cendre fumant. Puis j’en aperçois la raison, une ombre immense glisse sur le sol. Mes yeux se lèvent alors vers les cieux où se déploient deux grandes ailes dont les battements provoquent des bourrasques arrachant les tentes enflammées, une masse sombre dissimulant la lumière du jour, poussant un jet de flamme embrasant jusqu’à la roche. Je m’élève au dessus du brasier, contemplant l’oeuvre de la création de Phaïtos. Je monte encore et encore, m’extasiant devant la région devenue stérile par la magie sombre, puis je perçois le continent se recouvrant lentement d’un linceul de ténèbres.

Je sens mon esprit revenir dans mon corps, en témoigne la douleur que ma main me transmet. Mais je garde les yeux clos, regardant avec interêt les dernières projections de cette vision.

( J’ai compris ô puissant Phaïtos. )

Il faut répandre le chaos, la désolation, et alors sa création la plus magnifique viendra purifier les âmes tourmentées, les menants aux Enfers pour y reposer en paix.

(Je vais te servir. Répandre la décrépitude, la maladie et la mort. Je t’en conjure ô grand Phaïtos, prête moi encore un peu de ton pouvoir pour souiller ces terres. Que l’herbe devienne grise, que les cours d’eaux se teintent de noir, que les arbres pourrissent et s’effondrent. Je reprendrais ceci en ton nom ô puissant Phaïtos ! Laisse moi être l’instrument de ton courroux ! )

J’inspire profondément et expire avec sérénité avant d’enfin ouvrir les yeux. Mon méfait accompli il est temps de rassembler quelques pièces du puzzle. La première est de confirmer le nombre de traître. Je me tourne vers la Plume Noire pour lui adresser la parole d’une voix posée, calme et sereine.

« J’imagine que le larbin était un traître également. »

Elle va répondre affirmativement par une tournure de phrase vulgaire qui me fait pousser un reniflement dédaigneux. Dire que certains osent prétendre que les elfes sont plus raffinés que les humains.

« D’Arkasse, la liche, son larbin, le barde. Karsinar a bien choisi ses mercenaires. »

" Xenair non plus ne l'a pas vu venir. Et moi non plus... "

Souffle-t-elle comme un regret.

" J'aurai du punir Carcasse dès ses premières épouvantables remarques. Mais j'aime à croire qu'il n'est jamais trop tard. "

« Nous nous sommes fait avoir. Il faut l’admettre. J’ai mal interprété les signes. La vengeance viendra en temps et en heure, frappant de ses ailes gigantesques et purifiant ces terres de son feu. Ils ont trahis sa gardienne, blessé son plus fidèle serviteur. Phaïtos m’est venu en aide durant le combat... J’ai encore prié et sa réponse est claire... »

Je conclue d’une voix caverneuse.

« C’est son dragon qui va venir châtier les misérables. »

Je darde mon regard sur les gardes, observant leurs réactions. L’idée que le dragon noir d’Oaxaca se mêle à la bataille doit probablement les terrifier mais ils restent stoïques, obéissant aux ordre de ne pas répondre à nos provocations. Les sots, vous me libèrerez de mes liens en espérant rester en vie. Evidemment, même l’elfe n’est pas rassurée face à mes déclarations mais s’enquiert également de savoir si il y a des blessés parmi les traîtres. Mon regard se pose sur l’orc inconscient après avoir fait un bref rapport sur les pertes de nos ennemis.

« C’est une force de la nature. Il a tenu longtemps. Les Garzoks sont stupides mais leurs forces en font d’excellents outils. »

Je suis forcé d’admettre que sans sa présence j’aurais eu bien du mal à m’en sortir.

" C'est bien dommage... Il ne reste plus qu'à faire preuve de patience. "

« En effet. Qu’est-ce qui vous a mise dans cet état ? »

Loin d’être inquiet, j’essaie simplement de juger des compétences de nos ennemis encore en vie. Je doute que ce soit un garde qui lui a fait subir une blessure invisible.

" Un fantôme en colère. Après avoir compris qu'il m'éloignait du Roi, j'ai enfoncé deux lames entre ses côtes. Puis je me suis rapprochée des tentes de commandement pour y employer mon espionnage magique et alors que je ne bougeais pas, son fantôme en a profité. "

J’imagine qu’elle parle du larbin, il a donc un fantôme à ses côtés. Une autre âme qui devrait rejoindre les Terres Damnés. Ces Nécromanciens sont véritablement des pilleurs. Je ne laisse pas apparaître ma colère et poursuit calmement.

« C’est regrettable. Moi qui espérait vous donner le temps suffisant pour atteindre le Roi. »

" Je ne vois pas comment ils auraient pu synchroniser leur plan avec les soldats et l'état-major. En fait, je me demande même si Daemon n'a pas pu prévenir quelqu'un sur place avec son invocation.
Quatre traitres quand même... une opération de grande envergure, il y a fort à parier que... "


Elle garda un moment le silence.

" Que des assassins soient également infiltrés dans l'entourage de Karsinar. Les traîtres n'auraient pas laissé passer l'occasion de supprimer un tel Général. "

Je range sa théorie dans un coin de ma tête, présentant peu d’intérêt pour l’heure. Je poursuis ma réflexion à voix haute.

« La missive. C’est avec ça qu’il a prévenu l’Etat Major. C’est évident. Quel idiot j’ai été d’accorder ma confiance. »

De toute manière le petit futé avait sans doute prévu un double à me faire lire.

" Peu importe. Ezak, Azra, Daemon et le barde. Il a un prénom d'ailleurs ? Que je sache à quel nom mettre sa tête à prix pour mes petites Murènes. "

Je hausse un sourcil, ne pouvant dissimuler mon étonnement.

« Vos... Murènes... ? »

" Oui, les poissons de mauvaise humeur qui vivent dans les rochers. "

Cette maudite se moque de moi. Est-ce son moyen de ne pas perdre la face devant son état lamentable et son pathétique échec ? Vaincu par un Shaakt, elle qui les haït tant, elle doit s’en sentir malade. Je garde le silence, laissant un air de dédain se dessiner sur ma face. Je fais bien car elle aussi se décide à se taire, plongeant la tente dans un silence propice au repos. Je clos mes paupières, reposant mon esprit, mon corps étant trop contraint par les chaînes et la douleur de ma main.

Plus tard le Garzok se réveille. J’en suis étonné, Phaïtos à d’évidence prévu quelque chose pour lui. Me servir ? M’être utile ? Trop tôt pour le dire. En tout cas il n’attend pas de reprendre ses esprits pour l’ouvrir, rependant son haleine de renard crevé dans cet espace confiné pour assurer qu’ils auraient mieux fait de l’achever. Il brise en tout cas le silence paisible de la tente et déclenche par la même occasion un regrettable monologue de l’Hinionne minuscule. J’ignore ce qu’elle cherche véritablement à faire. S’amuser ? Faire craquer les gardes ? Tester leur patience ou la notre ? Elle a au moins le mérite de réussir, l’un d’eux ouvre la bouche pour lui ordonner de la fermer. Evidemment elle ne le fait pas, trop contente d’avoir ouvert une faille dans un gardien. Elle s’y engouffre, poursuivant son jacassement et cherchant grossièrement à semer le doute dans l’esprit de nos geôlier et évidemment l’un d’eux fini par agir en frappant l’assassine ce qui ne suffit pas à la faire taire, hélas. Je pousse un soupir las, tout ça n’a aucun intérêt, ils n’ont probablement pas l’influence pour faire bouger la balance dans le jugement des traîtres de Karsinar et en plus ce n’est pas la priorité pour le moment. La priorité est de s’assurer que la mission soit un succès et que quand le destructeur emporte un maximum de vie en plus de celle du Roi quand il sera là. Pour ça, nous devons sortir d’ici et j’ai besoin de ses deux imbéciles. Je décide donc de réagir d’une voix calme quand elle subit un second coup.

« Pourquoi conserver des prisonniers mourants dans une cage ? Comptez vous nous interroger ? Si c’est le cas je doute qu’ils survivent bien longtemps dans ces conditions. Quant à moi je serais vide de mon sang dans plusieurs heures. Quel est le but de tout ceci ? »

Le garde reprend contenance, lâchant simplement un juron avant de reprendre son poste. L’idiote se permet encore une plaisanterie qui me tire un grognement las.

" Tu vois, je t'avais dit que c'était pas juste des armures de décoration, tu me dois cinq Yus. "

« Je ne me doutais pas que vos facultés à être insupportable perdurerait en cage, au seuil de la mort. »

J’ignore comment me servir utilement de cette compétence qu’elle maîtrise assurément bien.

" Veille de la mort ? On va mourir ? "

« Nous serons tous purifiés. »

Personne n’en rechapera et nous irons enrichir le pouvoir de Phaïtos. Elle continue de parler et je comprends qu’elle cherche simplement à tester les limites de ceux qui l’entoure, dont la mienne et elle pense que le meilleur moyen de me mettre en rage et de proférer des hérésies. Quelle être pathétique.

« Ne soyez pas stupide. Phaïtos n’est ni un homme, ni une femme. C’est un Dieu. »

Elle va poursuivre mais tout comme d’Arkasse le pensait de moi, je ne suis pas comme eux, prompt à réagir sans réfléchir à la première provocation, surtout aussi basse. Las, je pousse un soupir et garde le silence. Voyant qu’elle n’a aucun effet sur moi elle change à nouveau de cible, accentuant sans cesse la tension à l’intérieur de la tente jusqu’à ce que les gardes se relèvent, réduisant à néant tout l’effort qu’elle s’est donné. Risible. Calmement j’essaie de la raisonner.

« Que cherchez vous à faire ? Me faire perdre mon calme ? Me faire douter dans ma foi ? Vous n’y parviendrez pas. Je ne suis pas une sentinelle décérébré. Alors cessez donc vos vaines tentatives. »

Elle tente encore mais elle comprend sans doute que c’est inefficace ce qui plonge à nouveau la tente dans un silence reposant. Il est important de se reposer pour affronter le prochain jour.

(Tente d’enfoncer Azra. Utilisation de la capa rp du chevalier du chaos pour souiller la terre de la tente. Cherche à répandre la rumeur que le dragon noire va venir frapper le camp prochainement. Essaie de se reposer.)

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 14 mai 2021 02:20

Tu te précipitas à la rencontre de Daemon qui sortait, quelque peu vacillant, de la grande tente. Ta voix sonnait sincère et tu étais incapable de dire dans quelle mesure, elle reflétait tes vrais sentiments. Daemon t'accueillit avec un sourire quoique tout son visage reflétât la fatigue. Il te demanda ce que tu faisais là et tu sentis une sueur froide passer brièvement dans ton dos. À quel point était-il ignorant de tes actes ? Tu fronças les sourcils, mais c'était d'inquiétude - du moins était-ce ce que ton visage exprimait.

"Je viens de te le dire... Dis-moi, tu es sûr que tu es en état de marcher ?"

Daemon eut en premier un mouvement de recul - afin de répondre.

« Les choses ne se sont pas passés comme prévu. Enfin, comme nous l'avions prévu, si tu vois ce que je veux dire. »

"Oui, en effet..."

Mais ta voix s'éteint alors qu'il se rapprocher de nouveau de toi - trop près pour ne pas susciter un certain inconfort. Mais au lieu d'avoir le réflexe de faire un pas en arrière, tu penchas la tête et examinas ton allié sous toutes les coutures et sans aucune vergogne. Tes yeux s'arrêtèrent surtout sur les bandages qui barraient sa poitrine. Puis tes yeux revinrent sur ceux de Daemon.

"Je n'ai pas croisé Silmeria. Mais on m'a dit qu'un fantôme l'avait quelque peu malmenée. J'espère vraiment qu'on va la retrouver pour lui faire payer ce qu'elle t'a fait."

Tu constatas avec étonnement que tu ressentais presque la même haine que tu avais insufflée dans ta voix. Parce que tu te souciais sincèrement de Daemon ? Ou parce que tu ne supportais pas l'idée que cette prodigieuse assassine rôdait dans le coin et qu'elle frapperait trop vite pour que tu puisses la convaincre de tes mots. Tu remarquas à peine que Daemon s'était figé à l'évocation de Silmeria. Mais il reprit vite contenance, clamant à qui voulait l'entendre qu'il la défigurerait trop pour qu'elle pût se reconnaitre de nouveau - et tu rigolas légèrement en l'entendant. Ce n'était pas un rire méchant, tu trouvais Daemon d'une naïveté adorable.

« Tu es sincères en me disant tout ça ? Le sort des autres ne t'importe-t-il pas ? »

Tu repris ton sérieux aussitôt. Ta voix se fit plus vite méchante que tu ne l'aurais voulu quand tu répondis :

"Quels autres ? Les deux forcenés d'Omyre ou celui qui prend autant de plaisir qu'eux à tuer ?"

Tu eus un ricanement amer. C'étaient peut-être tes paroles les plus sincères de la soirée.

"Leur sort m'importerait peut-être davantage si le mien les avait intéressé en premier lieu."

Tu ne t'étais jamais attendu à ce que le sergent ou Rougine te prissent en considération. Mais tu n'avais pas davantage d'amitié pour l'un ou pour l'autre. Les morts accidentelles que tu avais causées te rongeaient, mais non pas la peine que le d'Arkasse avait pu ressentir. En ne disant rien de son plan, il avait achevé de te convaincre : tu n'étais ni dans son camp, ni dans celui auquel il s'opposait. Tu étais dans le tien et tu comptais bien le rester.

Daemon sembla te comprendre. Il te dit qu'il ne te restait qu'à chanter "leur" défaite et "votre" victoire. Cela avait trop peu de sens pour toi pour que tu pusses répondre. Tu te contentas de hocher la tête. Le quarteron d'elfe voulut alors quitter son chemin. Tu le suivis, mais sans le coller, pour ne pas qu'il se sentît oppressé. Il rejoignit Azra et le fantôme et tu écoutas leur conversation, mais à nouveau à distance, pour ne pas t'imposer. Tu n'en perdis pas une miette, cependant. Les louanges d'Azra te tirèrent un sourire. Mais encore une fois, tu ne savais pas si tu étais fier pour Daemon ou que tu voyais l'opportunité d'avoir un allié plus puissant... Mais la discussion ne put s'éterniser : les kendrans arrivaient, vous vous retrouvâtes tous dans la même tente. Tu fermas brièvement les yeux à l'entrée d'Ezak, en sachant à quoi t'attendre...

« Pourquoi ce chien d’Oaxaca n’est pas emprisonné avec les autres ? »

Tu n'eus même pas le temps de répliquer que Du Val le rabroua sèchement. Oh. Tout n'était pas perdu. Bien que tu restasses en face des deux agents du roi, ton regard se tourna vers Ezak. Tu pris une voix douce et à la fois penaude, tandis que ton visage exprimait humilité et regret.

"Non, il a raison, mes actions n'ont pas été des plus claires. En fait je voudrais m'excuser..."

Tu t'arrêtas, te mordis la lèvre, visiblement contrit.

"Je suis sincèrement désolé pour tes hommes. J'ai mal maîtrisé mon sort et ils en ont payé le prix." Tu ajoutas très rapidement comme une réflexion pour toi-même : "Contrairement à Eldros. Je l'ai complètement raté, lui."

Ezak te lança un regard mauvais, mais ne répondis pas. Cela aussi était bon signe. Le sergent se présenta, comme demandé, ainsi qu'Azra. Daemon se fit davantage flou. Les regards se tournèrent vers toi et tu eus, l'espace d'une seconde, un flash et le souvenir des présentations devant Karsinar. La peur que tu avais éprouvée alors avait bien plus grande que le stress qui te tordait les entrailles et pourtant, pourtant ce moment-là semblait encore plus déterminant. Ce qui était hilarant : tes motivations, en soi, n'avaient pas changé.

"Je me nomme Mikkah-El Sôdehbek et je ne suis qu'un simple barde. Quand les rumeurs de cette guerre me sont parvenues, j'ai tenté de l'approcher afin de pouvoir en transmettre le récit aux prochaines générations. Si j'y suis entré par l'armée d'Omyre, croyez bien que c'est un malheureux hasard et un réflexe de survie. Je ne me considère pas comme un observateur neutre : je veux voir le Roi mettre la Reine Noire à genoux devant lui." finis-tu avec une certaine détermination.

« Et me frapper dans le dos c’était une manière d’aider le Roi à mettre Oaxaca à genoux je suppose ? Comme pour votre sort qui a « malencontreusement » touché mes hommes.... » répliqua aussitôt Ezak avec sarcasme.

Tu fis un immense effort pour ne pas tiquer. Du moins, pour ne pas révéler par ton visage que ce n'était pas du regret que tu éprouvais à son égard, mais de l'exaspération. Fort heureusement, du Val intervint là encore et toujours en ta faveur. Monter du Val contre Ezak était une bonne stratégie. Tu te contentas donc d'une sorte de hochement de tête humble. Andelys ne fit aucun commentaire sur ta prise de parole. Tu commençais à respirer de nouveau. D'autant plus qu'Ezak s'emporta et que Daemon faisait la forte tête.

(Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi Ezak et Eldros ne s'entendent pas. Ils ont tous les deux l'art du... dramatique.)

(Je te conseille de ne pas rester trop proche de Daemon. S'il finit par s'attirer des ennuis, tu ne voudras pas lui être associé. En fait, tu aurais dû plutôt te rapprocher d'Azra. Il a l'air plus raisonnable.)

(Certes. Mais c'est bien pour ça que j'ai peur qu'il ne voit clair dans mon jeu.)

Cette fois-ci, ce fut Andelys qui mit fin à la conversation. Son langage s'était même fait plus familier. Tu t'en réjouirais ouvertement si tu ne devais pas à tout prix garder une attitude humble voire piteuse pour espérer tous les adoucir. Tu te crispas presque insensiblement quand Andelys annonça que vous étiez prisonniers de cette tente pour une durée indéterminée - il appela cela être les hôtes de du Val, mais tu n'avais plus qu'une envie : prendre tes jambes à ton coup. Tu n'étais pas certain qu'une fois ces deux-là partis, Ezak résistât à l'envie de voir ta tête rouler loin de ton corps. Tu étais aussi nerveux pour Daemon et tu espérais bien qu'il ne braverait pas ouvertement l'interdiction qu'il venait de lui être lancée.

« Vous présumez beaucoup de choses... Pour ce qui est de l'Azurion, ce n'est pas compliqué. Nous avons participé à la bataille du port d'Oranan, abordé un bâtiment et massacré tout son équipage. »

(OH LE CON !)

(OH LE CON !)

Azra coupa son disciple bien à propos, mais il était certain que les dommages étaient faits.

(Romps tout lien avec lui ! Maintenant ! Tu n'as jamais vu cet elfe de ta vie !)

(Siliwiih, calme-toi s'il te plaît. Je pense qu'on est tous équitablement dans la merde, malheureusement.)

Ezak tenta de rattraper lui aussi le coup et proposa un rapport écrit. Il remontait dans ton estime. Écrire permettait d'avoir davantage de temps pour réfléchir. Réfléchir permettait... d'arrondir les angles, dirions-nous. Anton et Andelys s'en furent. Tu te permis un soupir. Manger. Tu n'avais rien de mieux à faire et ça pourrait t'éviter de penser. Mais alors que tu voulais te déplacer, Ezak s'approcha de toi. Il ne te regarda pas dans les yeux, mais il ne semblait plus en colère. Pour être honnête, il semblait même un peu perdu. Tu déglutis. Tu pris la décision de fixer l'homme, tout en gardant ton visage impassible. Tes mots se formèrent dans ta tête plus prudemment encore qu'avec Daemon. Il n'était pas question de dire la vérité car, toute vraie qu'elle fût, elle n'était pas crédible. Et il n'était pas question de mentir non plus. Tu ne pouvais que broder autour de la vérité.

"Je n'aurais pas pu te faire de mal. Pas avec mon luth. Je voulais me rapprocher d'Eldros sans éveiller ses soupçons, à cause de ses fioles incendiaires."

Un léger soupir, ta tête s'abaissa pour regarder tes mains - avec lesquelles tu avais fait de la magie.

"J'ai très mal géré et j'en prends tout le blâme." Tu redressas la tête pour regarder Ezak dans les yeux. "Par contre, ta dernière question ? Sergent, avec tout mon respect, plus un Garzok est une brute, plus il se laisse facilement duper. J'avais besoin d'un garde du corps et deux flatteries me l'ont acquis."

Ezak mit du temps à répondre et tu commenças à craindre que ton charme t'avait faillit. Mais finalement, il déclara qu'il te pardonnerait. Pas ce soir, mais un jour. Tu dus te faire violence pour ne pas sourire à toute dent à cette victoire. Tu te contentas d'un simple :

"C'est compréhensible." en hochant gravement la tête.

Ezak te dit enfin qu'il ne voulait plus être appelé de sergent. Tout pour te le mettre dans ta poche !

"Je ferai comme tu veux."

(Sergent.)


Vous vous séparâtes et tu pus enfin partir en quête de nourriture. Tu remarquas que tes mains tremblaient légèrement et que les morceaux d'uniformes que tu portais était détrempé d'humidité sous tes aisselles. Tu avais honnêtement l'impression d'avoir échappé de justesse à la peine capitale. Tu envisageais le futur d'un oeil plus optimiste. Tu trouvas des fruits et leur jus sucré était tout ce dont tu rêvais. Repérant Daemon, tu lui en tendis un. Des éclats de voix résonnaient dans la tente entre Berth et Azra, mais que t'en curait-il ? Rien, jusqu'à ce que les hommes de l'Azurion voulussent s'attaquer à Azra et que ce dernier les renvoya aussi sec aux Enfers d'où il avait tirés. Cinq cadavres de Kendrans tombèrent sur le sol.

(Je commence à penser que tu aurais dû attaquer Ezak pour de vrai. Qui sait, vous auriez pu gagner.)

(Vraiment, Siliwiih, la ferme.)

Alors que les hommes d'Ezak mettait les ex Kendrans en position de sommeil et que Ezak lui-même s'installait à l'écriture du rapport, tu t'approchas de lui et fis entendre ta voix - en tout humilité bien sûr.

"Si je puis me permettre, je pense que ta première idée était la bonne. Il me semble que du Val n'est pas dupe sur le fait que ces soldats ont été réanimés par le nécromancien. Il suffit donc de dire que cette réanimation était temporaire et qu'Azraël ne pouvait pas faire plus que de calculer pour qu'ils s'en retournent chez les Morts durant leur sommeil."
Mikkah - Voleur Haffiz

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » ven. 14 mai 2021 14:43

La Fin d’une Ere
(Eldros, Kurgoth, Silmeria)



La matinée passa, morne, entre les changements de gardes et les bruits d’hommes au travail à l’extérieur. Quelque chose se passait dans le camp, c’était sûr. Ils entendirent même à un moment une vaste cavalcade, suivie d’un long silence. La cavalerie était-elle partie ? C’était fort à parier. Quoiqu’il en soit, sur les coups de la mi-journée, alors que les chaînes et piques irritaient la peau des trois prisonniers douloureusement, un personnage entra dans la tente. Habillé noblement, d’un certain âge, arborant une barbe aussi grise que ses cheveux. Silmeria mit quelques secondes à le reconnaître : il fallait dire que les années avaient passé depuis leur dernière rencontre.


Image


Deux gardes l’accompagnaient, en plus des quatre en poste. Ceux-ci portaient deux lourds sacs contenant des objets métalliques qui tintaient à chaque pas. L’inconnu se posta face aux trois cages et commença à parler d’une voix calme.

« Ergos Latrille, Diplomate kendran, mais aussi votre allié. Gloire à la Reine noire. »

Alors qu’il parlait, les deux gardes s’occupèrent d’ouvrir les cages et de détacher les prisonniers. Aucun des quatre surveillants ne broncha. Le sieur Latrille poursuivit.

« J’ai eu un mal de chien à mettre en poste six de mes hommes en même temps. Et vous ne m’avez pas facilité la vie, baronne : Grâce à vous j’ai subi un interrogatoire. Je m’en suis tiré en affirmant que vous souhaitiez sûrement vous venger de moi, rappelant que j’étais celui qui vous avait démise de vos fonctions à Keresztur. Tenez. »

Il donna une fiole de potion rouge à Silmeria, et deux à Kurgoth. Des énormes potions de soin qui leur garantirait une guérison partielle de leurs blessures incapacitantes. Il regarda Eldros d’un air désolé.

« Je n’ai guère pu en récupérer davantage sans paraître suspect. Cela vous offre juste la possibilité de quitter le camp pour rejoindre une planque, où qu’elle soit. Plusieurs opportunités s’offrent à vous : voler un cheval de l’intendance encore en travail pour le démontage du camp et fuir vers le nord, retraverser tout le camp vers le sud-ouest pour reprendre l’Azurion et fuir via la voie des mers, ou privilégier la voie la plus discrète et quitter le camp à pieds immédiatement. Le Roi et le restant des armées sont partis ce matin vers le nord, aux suites des fantassins. Il n’y a plus ici que des intendants et des gardes qui patrouillent, notamment autour de cette tente et sur le port. Et entre les deux. Dans tous les cas, vous êtes attendus sur le camp de siège d’Oranan par… un contact. Ne manquez pas ce rendez-vous… Avant que la bataille ne commence. »


Il ouvrit les deux sacs que ses gardes avaient amenés : ils contenaient tout le matériel qui leur avait été enlevé, sans exception. Même la hache de Kurgoth que portait l’un des hommes d’Ezak. Les six gardes présents dans la tente s’assemblèrent près de lui.

« Équipez-vous et partez. Vous devrez massacrer les gardes autour de cette tente de manière brutale et rapide, afin qu’ils ne préviennent pas d’autres. Vous pouvez compter sur ces six là pour vous accompagner. Moi, je m’éclipserai plus tard. »




[HJ : Les six gardes e livrée kendrane vous aideront à fuir, que ce soit pour combattre les gardes ou pour naviguer sur l’Azurion. Vous êtes en semi-dirigé, donc vous gérez ça comme vous voulez, en le nombre de posts que vous souhaitez. Prévenez-moi en MP via discord, ou sur votre groupe à trois, dès que vous avez posté : j’ajouterai directement le nombre d’XP gagné en bas de chaque post. Je vous reprends en dirigé une fois que vous serez au camp de siège d’Oranan, pour votre « rendez-vous ».

Blessures (après potions offertes) :
Eldros : 3 blessures à la main droite (deux graves, une légère)
Kurgoth : Une blessure légère sur la jambe gauche et une estafilade bénigne sur la jambe droite. Une blessure grave de magie d’ombre sur le torse et une identique sur le bras droit. Une blessure grave à la gorge, une blessure légère au visage. Blessure d’ombre grave à la tête et au torse.
Silmeria : une blessure grave d’obscurité au torse.


XP :
Silmeria : 0,5 (aparté) + 0,5 (espionnage et provocations)
Eldros : 0,5 (aparté) + 0,5 (pourrir la terre, supporter Silmeria)
Kurgoth : 1 (mourir pour mieux vivre) + 0,5 (supporter Silmeria)]

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » ven. 14 mai 2021 17:33

Leurs armes furent promptement ramassée, et Azra se glissa auprès de Rendrak. Le liykor était tellement en miette qu'il ne pouvait même plus parler. Pire encore : bien que le lien qui les unisse soit toujours là, il semblait plus ténu, comme étrangement distendu. Le nécromancien réalisa qu'il n'était plus capable de le désinvoquer... la créature était coincée dans un corps brisé, incapable même de parler, et il n'y pouvait rien. Un cœur fantôme se serra dans la poitrine de son invocateur. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Pouvait-il seulement encore se régénérer ?

Plus loin, Eldros l’interpella alors qu'il était emmené par les gardes, déclarant qu'un vrai élu devrait emporter des vies au lieu de les protéger. Un de ces jours, il allait falloir régler une bonne fois pour toute cette histoire d'élu... de la seule manière possible.

Avant qu'il puisse poser plus de questions, il fut emmener par des gardes pour retrouver Silmeria. Guidé par sa connaissance de la cible autant que par son ombre espionne, il la trouva incroyablement vite. Il n'y eut même pas de combat : elle gisait non loin d'une tente, agonisante, son corps portant les stigmates d'une blessure par magie noire. Les soldats l'embarquèrent rapidement. Mais que s'était-il passer ici ? Et où était Daemon ?

Cela faisait bien trop de questions et peu de réponses ! Et déjà, les soldats l'emmenaient vers une tente d'état-major. Là, enfin, il retrouva Daemon... gravement blessé. S'était-il battu avec Silmeria ? Cela semblait absurde, dément... et réflexion faite c'était donc tout-à-fait probable de sa part. Quelle folie ! Il s'empressa de lui demander :

« Pourquoi es-tu blessé ? Que s'est-il passé ? »

Apparemment, les échos du combat avaient averti Silmeria. Mais alors...

« Tu as livré un combat contre Silméria ? Seul ? Je l'ai vu gravement blessée ! »

Il précisa que ce n'était pas lui, mais Nienna, son fantôme, qui avait agit. Azra balaya l'argument d'un revers de main :

« Les agissements d'un compagnon rejaillissent sur son nécromancien. J'ai de la peine à y croire... Je m'attendait au plus terrible combat de ma vie pour vaincre cette tueuse... et c'est toi qui l'as remporté ! Daemon... malgré tes folies, tu es véritablement devenu un pilier de l'ordre. Tes exploits ne sont plus à démontrer... si notre mission est un succès, je veillerais personnellement à ce que cela soit reconnu de tous les Messagers. »

Il sembla sincèrement touché, ne sachant quoi répondre à part balbutier des remerciements et se tourner bien vite vers sa compagne pour lui demander de confirmer que le roi était en sécurité, ce qu'elle fit assez vite. Apparemment, elle avait parlé à un mage du nom de Bogast qui avait accepté de l'écouter. Il restait inquiet du sort de la tueuse qui avait failli l'éliminer. Mais Azra le rassura :

« Elle n'est plus en état de se battre, et les kendrans l'ont emportés. C'est terminé. »

Cependant, ils furent bientôt interrompu par leurs hôtes qui arrivaient, Azra lui balança une tape derrière la tête :

« Du calme ! Nous avons plus important maintenant. Nous avons une mission à remplir... »

Le général et le chef de la garde royal étaient entrés pour demander qui ils étaient et quelles étaient leurs motivations. Ezak et Mikkah étaient là aussi, et manifestement en train de se disputer sur le rôle assez trouble du jeune barde. Le maître d'arme se présenta à son tour, et Azra suivit :

« On me connaît sous le nom de Lord Azraël, le Premier messager du Corbeau. Je suis le chef d'un culte vénérant Phaïtos sous une forme plus... positive. J'ai déjà combattu Omyre par le passé. Tout comme Ezak, j'ai fait face aux forces de la reine noir sur le monde d'Aliaénon. Si vous pouvez contacté le sergent Kiyoheiki, de la milice d'Oranan, il pourra en témoigner, car il est au courant de ma mission actuelle, tout comme de celles, passées, pour l'Ynorie. Quant à mes raisons... Notre ordre s'est installé dans les ruines d'Endor et... nous aimerions que ce lieu soit reconnu comme notre domaine indépendant. Le tout assorti, bien sûr, d'une alliance officielle avec Kendra Kâr, afin que nous puissions mener notre culte sans être mis en danger.  »

Daemon, comme toujours décidé à prendre les pires décisions, décida de provoquer un peu leur interlocuteur, et Azra dut se retenir de lui mettre une taloche. Mikkah assura de son côté être un simple barde venu commenter l'histoire, ce qui attira les foudres d'Ezak, peu impressionné par ses interventions durant le combat. Sans surprise, Anton du Val s'énerva. À la grande surprise du nécromancien, Andelys expliqua que les duchés allaient de toute façon prendre leur indépendance. Il n'était pas convaincu par leurs propos et souhaitait les conserver en sécurité jusqu'à la fin de la bataille. Voilà qui était pour le moins contrariant...

Alors qu'Ezak partait dans un nouveau discours débordant d'émotions comme cela semblait une habitude inconnue jusqu'alors de sa part, il déclara préférer être exécuté sur le champ plutôt que d'être rejeté à nouveau. Entre-temps, Azra lança un regard féroce à Daemon et un commentaire :

« N'oublie pas ta promesse... et soit coopératif avec nos alliés de Kendra Kâr. L'avenir de l'ordre se joue ici, si tu faillies à notre cause... »

Il laissa la menace en suspend avant de se retourner vers le général :

« S'il le faut, je me contenterais d'un traité d'amitié. Quand à m'écarter de la bataille, ce serait passer à côté d'une occasion inespérée. Ma dague est une arme capable de capturer les âmes... peut-être l'une des seuls armes capable de venir définitivement à bout des lieutenants d'Oaxaca. C'est une occasion à ne pas rater. »

Puis, il se tourna vers le Ezak larmoyant :

« Dans le pire des cas, souviens-toi qu'il y a un kendran qui ne te rejettera pas : moi. Le château d'Endor t'es ouvert. C'est le moins que je puisse faire car sans ton aide, je n'aurais peut-être pas réussi cette mission. »

Et, enfin, il revint vers le général :

« Car oui, je suis kendran. Je n'ai jamais réellement été au service de vos ennemis. Et si vous vous demandez pourquoi une liche peut préférer se passer du soutient de la reine noir... cela tient à peu de choses. Disons qu'il y a deux ans, un gamin des rues, adeptes de Phaïtos, à joué les mercenaires pour la milice de Kendra Kâr. Il a même vaincu le roi des rats, une création des treize qui avait provoquée une épidémie de folie dans la ville. Plus tard, il a été arrêté pour avoir saccagé un cortège dédié à Zewen... et pourtant, la justice de Kendra Kâr prit une décision qui le surpris : au lieu de l'envoyer en prison, elle le plaça dans une famille d'accueil. Deux adorables vieillards qui ne méritaient certainement pas un fils aussi minable et pathétique... Je me suis enfuis. J'ignore s'ils vivent encore. Je suppose que oui. S'ils savaient, ils auraient honte de ce que je suis devenu... mieux vaut qu'ils continuent à me croire perdu. Mais jamais je ne laisserais les armées noires s'approcher de ces parents, ni de la juge qui m'a donné une chance. »

Le pauvre garde semblait dépassé, et ce fut finalement le général qui intervint pour calmer les esprits. Il assura Ezak qu'ils lui étaient reconnaissants, mais menaça Daemon de le mettre au fer qu'il envoyait son fantôme vérifier les prisonniers. Le semi-shaakt, fidèle à sa réputation, commença à raconter leur aventure, parlant de la bataille, de la prise de l'Azurion. Azra le coupa brutalement :

« Veuillez excuser le manque de diplomatie de mon serviteur, qui est très bon pour mentir mais beaucoup moins pour négocier et autres arts subtiles... Il a parfois tendance à oublier que c'est moi, la voix officielle de l'ordre... »

Il appuya ses paroles d'un regard dur : c'était le dernier avertissement avant la mise à mort. Il n'avait pas oublié la trahison face à Kadria et avait déjà averti que ce serait la dernière...

« Nous comptions infiltrer les rangs de l'armée d'Omyre dans l'espoir de... tester ma dague sur certains des treize. Malheureusement, nous nous sommes trouvé emporté dans cette mission d'assassinat. Nous n'avons eu d'autre choix que de gérer au mieux. L'Azurion était perdu, avec ou sans nous. La plupart des matelots ont été tués ou torturés à mort par la tueuse et le garzok... Si nous ne voulions pas être découvert, il nous fallait agir avec prudence. Berth ici présent est malheureusement victime de ses circonstances... »

Il adressa un regard au second :

« Au moins, grâce à vous, notre mission est un succès. La famille royale et l'état-major sont sain et sauf. Je sais que c'est peu de choses, mais j'espère que vous y trouverez réconfort. »

Cela ne sembla guère convenir au garde qui explosa de colère, estimant qu'ils auraient dû éliminer la menace avant d'avoir à participer au massacre d'un navire. Azra allait répliquer qu'ils auraient au contraire été bien incapable de vaincre la troupe sans l'aide des kendrans, flattant au passage cet imbécile, mais il fut coupé par l'un des matelots qui appuya les paroles en expliquant comme le nécromancien les avait exécuté et relevé d'entre les morts ! La liche fut proche de lui couper la parole pour de bon, mais cela serait revenu à signer leur arrêt de mort. Heureusement, Berth intervint pour les défendre, et le général sembla se laisser convaincre. Il écarta le garde et demanda aux prisonniers de se tenir tranquilles et de se restaurer en attendant les prochaines consignes du roi. Une attente qui s'annonçait pénible, mais il faudrait en passer par là...

« Merci, Berth. Un homme comme vous n'a pas à craindre la mort. J'ai conscience que cela a été difficile, mais vous pourrez fièrement rencontrer Phaïtos, en sachant que vous êtes allé au-delà de la mort pour sauver d'innombrables vies de la souffrance. »

Ezak discuta avec Mikkah pendant quelques temps, puis, revint vers lui. Il s'interrogeait sur le sort des matelots et sur un moyen de contrôler le plus rébarbatif. Azra haussa les épaules :

« Nous sommes tous condamnés. C'est l'essence même de la vie... Eux, ils sont différents : ils sont déjà morts. Mais ils ont eu un sursis, une deuxième chance. Je pourrais l'interrompre... mais à quoi bon ? Ce sursis touche à son terme. Notre destin ne tient maintenant qu'à nous. Et disant cela... tu devrais modérer tes éclats. Nous avons fait le plus difficile, il serait dommage d'échouer maintenant sur un coup de nerf alors que nous avons enfin l'occasion de briller, au moins un peu, aux yeux de Kendra Kâr. »

Ezak s'inquiétait, à raison, de ce qui arriverait si Du Val découvrait le corps des matelots en revenant. Il se proposa de lui transmettre un rapport, mais le nécromancien le coupa d'un geste :

« Non, trop impersonnel pour quelque chose d'aussi important que le passage de l'autre côté... Nous devons leur demander d'organiser une cérémonie. Je la présiderais moi-même. »

Il sembla accepter, et s'excusa à demi de sa conduite, honteux. Azra hocha la tête, sans rien ajouter. Il n'était pas le plus équilibré lui-même, il pouvait donc le comprendre ! Ezak posa une main sur son épaule et remerciement et s'éloigna un peu. Dans la foulée, Azra se présenta devant les anciens matelots et déclara :

« Vous avez accompli l'impossible : même dans la mort, vous avez sauvé votre roi... mais la mort est notre destin à tous. Même moi je devrais m'y soumettre un jour. Pour votre part, elle a été contrariée un temps, mais cela ne peut durer. Je suis désolé, mais il est temps pour vous de rejoindre le repos, dans l'attente de votre réincarnation ans une vie que je vous souhaite meilleure. »

Berth paniqua, demandant si c'était à cause de la trahison de l'autre, mais Azra secoua la tête :

« Non, vous m'avez mal compris : comme je vous l'avais dit, ce n'était qu'un sursis, et la possibilité de sauver votre roi plutôt que de simplement mourir dans une bataille perdue d'avance. Mais le pouvoir qui vous maintient en vie n'est pas éternel, et il s'achèvera bientôt. »

En retour, il l'accusa de les avoir tuer alors qu'ils s'étaient rendus, aussi, il fallait manifestement remettre les choses au point :

« Et croyez-vous que les omyriens se seraient satisfait de cela ? Les seuls prisonniers vivants ont et torturés et exécutés. Si vous avez été préservé, c'était justement grâce à la promesse que permettait votre mort. Même ainsi, j'ai dû insister auprès du reste des assassins pour vous garder en vie. N'avez-vous pas entendu les hurlements sur le pont ? Ou sur l'autre navire ? C'était uniquement pour cela qu'ils gardaient des prisonniers. »

Mais ils ne l'écoutaient pas. Ils se précipitaient déjà tous sur lui... et s'effondrèrent aussitôt. Ils étaient mort sur le coup, terrassé d'une pensée par le nécromancien. Ezak se prit la tête dans les mains. Ainsi, leur mission allait finalement être un échec... Il demanda bien vite à ses hommes de les mettre en position de sommeil, tandis qu'il allait écrire un rapport annonçant qu'ils étaient condamnés. Cela donna une idée à Azra :

« Tu n'as qu'à expliquer qu'ils avaient été empoisonnés par les omyriens pour être maintenu sous contrôle, prétextant un antidote inexistant qui pourrait les sauver, afin de les contrôler. »

Il acquiesça et se mit au travail. Daemon lâcha laconiquement que son maître devrait s faire à l'idée qu'il n'était plus kendran, et qu'il serait sans doute toujours rejeté, tout en essayant de faire les poches aux hommes. Azra l'arrêta d'un geste :

« Tu crois m'apprendre quelque chose ? Mais ce n'est pas pour moi que je fais ça. Je le fais pour vous tous ! Et ne fait pas ça, la situation va déjà être assez compliquée à cacher ! »

Il se résolu à obéir, préférant aller ce coucher... ce qui était sans doute mieux pour tout le monde, en effet.

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » dim. 16 mai 2021 01:07

J’ouvre à nouveau les yeux, irrité douloureusement par le collier que j’ai au cou. Je grogne en tentant de trouver une position pour ma tête qui soit plus confortable. Quant à ma main, qu’en dire... l’avantage c’est qu’elle est assez engourdie pour rendre la douleur supportable bien que la sensation soit désagréable, elle a perdu de sa couleur chair pour tirer vers le bleu pâle. Une situation préoccupante, si je ne m’en occupe pas bientôt je devrais tout simplement m’en séparer. Peu importe, ce n’est pas une main en moins qui n’empêchera d’accomplir la quête divine que m’a confié Phaïtos.

(Si c’est là ton épreuve je la surmonterais avec vigueur ! )

Mes yeux se ferment à nouveau et je me plonge dans les visions que me confère ma piété. Elles sont de plus en plus nombreuses et intenses, apaisent mon esprit et permettent à mon corps de trouver un peu de repos. Je sais qu’elles me montrent la voie à suivre. Je m’y vois victorieux, entouré d’ombres qui me protègent. J’apparais face à moi, entouré d’une fumée sombre qui s’élève par dessus mon épaule avant de tourner autour de moi, s’allongeant pour former un serpent ténébreux. Est-ce ma part sombre ? La magie endormie au fond de moi qui cherche à se déchaîner. Possible. Je peux ressentir la même rage que j’accumule dans ma poitrine. Oui... je la sens... cette pulsion de mort. Cette force incontrôlable... Je dois la laisser sortir, la laisser se déchaîner. Pourtant, loin d’être agressive, elle forme comme un mur devant mon reflet avant de se répandre d’un coup comme si elle s’était étalée d’un coup, me noyant dans l’obscurité totale. Des ténèbres apaisantes qui me protègent. Que veut me faire comprendre ce fluide qui vit en moi ? Que les ténèbres sont mon allié ? Qu’elle me protège ? Une forme distincte se détache de la fumée qui m’entoure dont les traits encore plus sombre me permette de déceler une silhouette de ma taille mais bien plus robuste, qui absorbe la fumée noir au fur et à mesure qu’elle s’approche, dissimulant son visage dans le voile de ténèbres. Mais je le reconnais sans peine, cette armure d’olath, cette arme sanguine, ce bouclier, ce pendentif à tête de corbeau, cette bague noire. C’est l’homme que je vois dans mes visions, autrement dit, c’est moi. L’homme que je suis destiné à devenir, le serviteur parfait de Phaïtos, un exemple de piété, de puissance et de mort.

(Je n’ai pas oublié à quoi j’aspire ô Phaïtos. Je n’ai pas oublié mon destin. Guide moi puissant Dieu des Enfers.)

En guise de réponse c’est mon reflet qui réagit, ou plutôt sa magie. L’ombre qui vit en nous laisse échapper des volutes par les failles de son armure, venant lécher son cou, son menton, ses joues avant de glisser sur les plaques de son équipement jusqu’à le recouvrir totalement, puis c’est autour de lui qu’elle commence à s’étendre. Une nouvelle fois les ténèbres me happent un instant avant de s’effacer, me remettant face à un Eldros qui a atteint son but.

(Est-ce une chose que tu essaie de m’enseigner ? )

Il acquiesce avant de recommencer sa démonstration, laissant sa magie répandre l’obscurité pour y disparaître. Oui. Je pense avoir compris. Laisser la magie s’emparer de la lumière qui m’entoure, me protégeant dans la pénombre, l’obscurité est mon allié. Mon reflet en armure tend une main vers moi, une invitation à essayer alors qu’il s’extirpe à nouveau des ombres. Je me tente à l’exercice, dans les méandres de mon esprit, je laisse aller le fluide noir qui circule en moi, le laissant s’emparer de mon corps, se libérer de son abri de chair et d’os pour l’envelopper, glisser sur elle comme une brume protectrice avant de se répandre, absorbant la lumière environnante jusqu’à happer mon reflet qui m’adresse un sourire cruel.

Un vacarme à l’extérieur de la tente me fait reprendre conscience, une sensation glacée à ma main blessée me fait baisser le regard et je remarque que ma magie sombre se résorbe, entrant dans mes plaies ouvertes pour se dissimuler. Je fronce les sourcils, cette vision avait elle été plus réelle que les autres ?

(Bientôt. Patience...)

Pensais-je à l’attention de la chose tapie au fond de ma poitrine. Le bruit qui me tire de ma méditation ne semble être que des galops de chevaux mais rien n’arrive nous concernant. Nous attendons jusqu’à la mi-journée alors qu’un homme d’âge avancé pénètre dans la tente en compagnie de deux gardes portant des sacs que je pense rempli d’outils destinés à nous arracher des réponses. Mais il n’en est rien. Il se poste face à nous et se présente alors que les deux hommes qui l’accompagne déposent les sacs et ouvrent nos cages sous mon regard surpris. Ergos Latrille, son nom me fait immédiatement tiqué et j’adresse alors un regard à l’Hinionne. Un regard que je porte rarement à quelqu’un ou quelque chose. Je suis impressionné, elle avait donc un contact au sein du camp, tout son cirque était donc dans le but de signaler sa présence et demander son aide ? Derrière son air de gamine insouciante elle est donc bien plus maline qu’elle le laisse croire. Depuis le départ je me suis trompé en voulant me servir d’Ezak. Elle devient à cet instant, réellement digne d’interêt. Non seulement le diplomate nous libère mais il confie également des potions pour permettre aux deux autres prisonniers de stabiliser leurs blessures. Il se justifie auprès de moi, regrettant de ne pas pu avoir en récupérer d’avantage. Peu importe, maintenant que nous sommes libres, plus rien ne saurait me remettre en cage. Enfin, après nous avoir donné les différents moyens de s’échapper il révèle contenu des sacs. Notre équipement au complet. Decidemment, ce Latrille est un homme efficace.

Frottant mon cou et mes poignets pour chasser l’engourdissement je m’adresse en même temps à notre allié inattendu.

« J’imagine que vous n’avez pas eu l’occasion de libérer les pirates qui étaient sur l’Azurion. »

Il hausse les épaules et rétorque qu’il ne sait pas où ils sont en supposant qu’ils soient encore en vie. Il me conseille de les oublier, assurant que ses hommes peuvent manoeuvrer le navire. Ce n’est peut être pas plus mal, la mort de ses hommes devrait convaincre Laeten de faire passer le mot concernant la trahison du Sergent et de ses sbires, ils ne pourront plus prendre la mer sereinement. L’orc va pousser un grognement, conseillant de partir par la mer, enfin une remarque qui a du sens. Puis faisant craquer ses articulations il rappelle rapidement qu’il n’est qu’une brute sans cervelle en demandant si Ergos à besoin d’une correction pour ne pas paraître suspect. Le diplomate lui assure que ce n’est pas nécessaire. Je lâche quand à moi un soupir las.

« Je suis aussi d’avis de prendre la mer. La Baliste attend sans doute encore au large. »

A bord, le jeune guérisseur pourra s’occuper de ma main et je pourrais enfin me reposer convenablement et préparer ma vengeance. Je ramasse mon équipement et entreprends de l’enfiler tout en grognant de douleur en me servant de ma main, laissant Silmeria discuter avec son sbire et profiter de leurs retrouvailles en posant des questions qui importent peu comme le rétorque le diplomate, impatient.

"Je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe sur ce campement. Concocter un plan pour vous sortir de là a déjà été assez complexe. Ensuite... Vous posez beaucoup trop de questions en des environnements inadéquats. Cela ne m'étonne guère que vous ayez échoué."

« J’allais justement dire que cela à peu d’importance. Dépêchons nous de rejoindre le port. Merci pour votre aide, je saurais m’en souvenir. »

Oh oui... Je me souviendrais à qui penser si j’ai un jour besoin d’un contact au sein de ce qui restera du royaume où si j’ai besoin d’échanger des renseignements importants contre un service. A présent, trop de vies ont étés épargnés, Phaïtos réclame des âmes.

A nouveau équipé, je demande aux autres de se tenir prêt et quitte la tente d’un pas assuré. Je ne fais que quelques pas avant que les gardes ne réagissent et m’ordonnent de m’arrêter. J’obéis, restant immobile alors qu’ils se rassemblent pour m’encercler et pointer leurs lances vers moi.

« Toi ! Comment es-tu sorti de ta cage ? Rends toi ! Tu es encerclé !»

Je prends une lente inspiration avant d’expirer calmement, maitrisant la magie qui se débat sous ma peau pour se déchaîner. D’une voix assuré je rétorque.

« Me rendre ? Tout ce qui m’encercle c’est la peur... et des hommes morts. »

Pensent ils vraiment pouvoir me vaincre ? Alors que j’ai la bénédiction de Phaïtos, qu’il me guide dans mes visions et me permets d’utiliser le don de sa magie. L’obscurité jaillit de ma peau, m’entourant totalement. Je remarque que les ténèbres ne sont pas aussi épaisses et étendus que dans ma vision mais elle suffit largement pour surprendre les gardes et bien que je sois aveuglé par l’obscurité, j’entends déjà les gémissements d’agonie de mes ennemis et le bruit sourd de la chair tombant sur le sol.

(( tentative d’apprentissage du sort Voile de ténèbres : Crée une zone sur le terrain couverte d’ombres absorbant la moindre source de lumière et aveuglant les personnes qui s’y trouvent (niveau/2 pour le jet de touche pour toutes les personnes dans la zone d’ombre). Dure tout le combat. ))


[XP : 0,5 (emprisonnement et libération)]

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » dim. 16 mai 2021 18:12

Visiblement épuisé et le visage hâve, Daemon sortit de la tente en compagnie des deux soldats kendrans. Son torse était nu et sanglé d'un généreux bandage, et le contact avec l'air nocturne le fit frissonner. Il ne s'en formalisa pas pour autant. Nienna avait — semble-t-il — réussi à blesser Silmeria et il tenait à lui témoigner tout son respect : à coup de pieds dans le ventre...
Il observa la direction de son ombre qui déjouait les loi de l'optique, quand il entendit une voix le héler. On prononçait son nom.

« Daemon ! Gaïa soit louée, tu es en vie ! J'ai accouru dès que je t'ai entendu crier, mais... Ouais, disons que je n'ai pas réussi à te trouver. »

Mikkah accourait dans sa direction, lui aussi escorté par des gardes. Le jeune homme était sauf, sans aucune blessure apparente. Il l'accueillit avec surprise, sans savoir comment réagir. Si il était présent ici, c'était que les autres en avaient fini avec Kurgoth et Eldros... Cependant, pourquoi l'auraient-ils laissé hors de vue ? Quelque chose clochait.

« Mikkah ? Qu'est ce que tu fais ici ? Enfin... »

Le barde marqua un haussement de sourcil, comme si la question de Daemon était incongrue. Puis il l'étudia de la tête aux pieds, et sembla s'affecter de son état. Entre inquiétude et agacement, le jeune homme lui répondit :

« Je viens de te le dire... Dis-moi, tu es sûr que tu es en état de marcher ? »

Daemon eut un mouvement de recul. Le jeune barde était déjà venu à son aide sur la jonque et de cette aide inespérée, il n'avait vu un coup du sort. Un hasard parmi d'autres sur le champ de bataille. Était ce réellement le cas ? Le haffiz était-il réellement sincère lorsqu'il s'inquiétait pour lui ? Ou le manipulait-il pour se trouver un protecteur ? Le semi-elfe pouvait habituellement lire avec aisance dans les affects d’autrui, séparant ainsi le grain et l’ivraie, la fausseté et la sincérité. Pourtant, l'inquiétude de Mikkah à son égard semblait sincère, vraiment sincère... trop sincère.

« Les choses ne se sont pas passés comme prévu. Enfin, comme nous l'avions prévu, si tu vois ce que je veux dire. » finit-il par dire, en s'approchant suffisamment près de Mikkah pour provoquer chez lui un inconfort.

La voix de Mikkah s'éteignit alors, comme s'il eut été désarmé, et il acquiesça simplement. Mais alors qu'il croyait avoir mis un terme à son petit jeu, contre toute attente, le jeune homme ne fuit guère cette proximité et en profita pour le détailler, l'examiner sous toutes les coutures et sans aucune vergogne.

« Je n'ai pas croisé Silmeria. Mais on m'a dit qu'un fantôme l'avait quelque peu malmenée. J'espère vraiment qu'on va la retrouver pour lui faire payer ce qu'elle t'a fait. »

Pris à son propre jeu, Daemon resta immobile et frissonna. Mikkah était peut-être sincère, finalement. Cependant, lorsque l'évocation du nom de Silmeria arriva à ses oreilles, il subit comme une décharge.

« Oh que oui ! Elle ne se reconnaîtra plus dans un miroir quand j'en aurais fini avec elle. »

À son assertion vengeresse, Mikkah laissa échapper un rire qui le coupa dans sa fougue retrouvé. Son comportement le troublait davantage qu'il ne pouvait l'admettre.

« Tu es sincères en me disant tout ça ? Le sort des autres ne t'importe-t-il pas ? »

« Quels autres? »

Le jeune homme avait abandonné son attitude mielleuse pour un timbre plus dur, plein de ressentiment.

« Les deux forcenés d'Omyre ou celui qui prend autant de plaisir qu'eux à tuer? » dit-il avec un rire amère. « Leur sort m'importerait peut-être davantage si le mien les avait intéressé en premier lieu. »

Daemon acquiesça en silence. Il n'y a pas si longtemps que ça, son point de vue aurait sûrement été similaire. Cette sensation d'être une ombre, de ne pas exister aux yeux des autres.

« C'est compréhensible... Il ne te reste plus qu'à chanter leur défaite, et notre victoire auprès des hommes du roi. »



Ils partirent alors en direction des grandes tentes de commandement. L'ombre indiquant la présence de Nienna indiquait une direction plus au sud, et après avoir passé le sommet de la colline, tandis que les hommes du roi et leurs torches grouillaient aux alentours, il retrouva Azra en compagnie de Nienna, qui flottait paisiblement à ses côtés.

Azraël semblait pensif et lorsqu'il le vit, sa première question fut de lui demander comment il avait été blessé.

« Vous avez été trop impatient... Des échos de votre combat nous sont parvenus, et Silmeria n'a pas tardé à se retourner contre moi. Je n'ai rien vu venir. »

Une vive surprise sembla investir la liche, qui demanda précipitamment.

« Tu as livré un combat contre Silméria ? Seul ? Je l'ai vu gravement blessée ! »

Daemon regarda ailleurs, presque boudeur, pour rétorquer avec amertume...

« Non. Je viens de le dire. Je n'ai rien vu venir. Elle m'a littéralement poignardé dans le dos. Mais la rumeur cours qu'un fantôme en serait venu à bout. »

Il adressa un regard à Nienna, dont la présence était encore effacé, jamais encline à prendre la parole d'elle même. Le fantôme se tourna vers eux et, comme si elle cherchait un souvenir lointain, elle répondit le regard dans le vide.

« Silmeria a été négligente... » avoua-t-elle. « Elle s'est isolée pour utiliser son bracelet, ce qui m'a permis de la terrasser d'un unique sortilège. »

Le sentiment de culpabilité et de déshonneur de Daemon était semble-t-il manifeste, car son seigneur le rassura avec de grands gestes théatraux.

« Les agissements d'un compagnon rejaillissent sur son nécromancien. J'ai de la peine à y croire... Je m'attendait au plus terrible combat de ma vie pour vaincre cette tueuse... et c'est toi qui l'as remporté ! Daemon... malgré tes folies, tu es véritablement devenu un pilier de l'ordre. Tes exploits ne sont plus à démontrer... si notre mission est un succès, je veillerais personnellement à ce que cela soit reconnu de tous les Messagers. »

L'engouement de la liche laissa le semi-elfe ébaubi, elle ne l'avait guère habitué aux compliment lors de leurs pérégrinations.

« Je... Je ne sais pas quoi dire. Cela me touche, merci Azraël. »

Il s'inclina respectueusement, puis il se tourna vers Nienna.

« Je te remercie d'avoir convaincu les soldats de me venir en aide... Le roi est-il sauf ? »

« Il s'est dissimulé dans une tente à la réception de la lettre. Son altesse n'était pas très réceptive à mon apparition, mais Bogast, le mage, fut une bonne oreille. »

« Et Silmeria ? Où est-elle ? »

« Elle n'est plus en état de se battre, et les kendrans l'ont emportés. C'est terminé. »

« Rah ! Où ça ?! Elle va regretté de m'avoir manqué ! »

Daemon s'alarma et regarda dans toutes les directions, en quête des prisonniers ou d'un attroupement de kendrans. Il n'allait pas les laisser s'en sortir ainsi, oh que non ! La torture faisait partie de ses interdits, mais ne manquerait pas de s'autoriser une petite entorse à la règle pour venger l'humiliation qu'il venait de subir.
Azra lui fit une tape dans le dos, et rétorqua :

« Du calme ! Nous avons plus important maintenant. Nous avons une mission à remplir... »

Le Premier Messager ne perdait pas de vu la situation et l'aspect le plus délicat de leur intervention dans le campement kendran : la justification de la présence de deux nécromanciens, dont une liche. Ils allaient devoir s'expliquer devant les généraux du roi, et ils étaient d'ailleurs invités à prendre place une des grande tente de la colline. Cette partie du plan, ils ne l'avaient guère évoqué en détail, davantage par crainte que par négligence. L'association de la cause d'Ezak à la leur étant récente, avant cela, les nécromanciens avaient pertinemment conscience de s'engager dans une mission suicide. Finalement, les événements furent moins périlleux qu'ils ne l'avaient imaginés, même s'il avait bien faillit y laisser sa peau... et cela devint sa principale préoccupation.

Silmeria, Silmeria, Silmeria... Ce nom résonnait comme une cloche dans l'obscurité. Les plus vils instincts shaakts du semi-elfe firent surface...




Alors qu'ils approchaient de la tente lourdement gardée dans laquelle ils étaient conviés, il aperçu Ezak discuter avec Berth. Le guerrier blond semblait intact et en bonne forme, malgré quelques traces de sang sur son visage signifiant qu'il avait pris une part active au combat. Le second de l'Azurion reçut une tape dans le dos et s'éloigna, et Daemon en profita pour aller à la rencontre de cet allier avec qui il n'avait pas eu l'occasion de discuter à visage découvert.

« Il va mourir bientôt. Tu en as conscience ? » dit-il en regardant Berth.

Ezak marqua sa surprise et répondit qu'il l'ignorait, avec un air désolé pour le second. Puis il l'observa, et ajouta :

« Tu as l'air de pas être passé loin de la mort toi aussi »

Le petit son de cloche siffla aux oreilles du semi-elfe, qui détourna le regard et abaissa la voix :

« Oui. Silmeria a flairé l'entourloupe... Je n'ai rien vu venir. Sans Nienna, ma mission aurait été un échec. »

Le jeune homme leva un sourcil, sans comprendre à qui il faisait allusion, pour demander qui était Nienna.

« Une servante et amie... » répondit Daemon, énigmatique et avec un sourire au coin des lèvres.

Un haussement d'épaule lui répondit. Ezak ne chercha visiblement pas à en comprendre davantage, trop soucieux des événements récents.

« En tout cas, rien ne se passe comme prévu. À l’heure qu’il est nous devions déjà être reparti avec mes hommes pour le camp de Karsinar. Quelle plaie. »

Daemon ne sut quoi penser de sa remarque. Il partageait aussi l'idée de retourner dans le campement de Karsinar pour y contrecarrer les plans de la reine noire, mais l'impatience du sergent était trop exagéré. Ils devaient encore assurer les kendrans de leurs bons services, et la cloche continuait de retentir dans son esprit.

« Mes intentions étaient les mêmes... mais j'ai encore à faire. Je ne peux pas partir d'ici sans témoigner mes sentiments à Silmeria. Pas après ce qu'elle a fait. »

Ezak le regarda sans régir, pour replonger dans ses préoccupations intérieures.

« C’est un second couteau. Moi je veux témoigner de mes sentiments aux Treizes. »

Visiblement, l'issue de la guerre prenait une tournure très personnelle chez lui. Daemon aurait pu croire qu'il connaissait les treize, ce qui était probablement le cas, puisqu'il avait un titre au sein de leurs armées. Son envie d'en découdre était viscérale, à peine eut-il constaté une victoire, qu'il pensait déjà à la bataille suivante.

« Je pense qu'ils apprécieront ce que nous venons de faire. »

Daemon marqua une pause, avant de reprendre, plus sereinement.

« Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de parler. Pour être honnête, je n'avais pas confiance en toi. Même après que tu te sois rallié à Azra... Surtout après que tu te sois rallié à Azra ! Je suis rassuré qu'il ne se soit pas trompé à ton sujet. Merci pour ton aide. »

Puis, retrouvant son sourire vicieux.

« Mais la prochaine fois, tâche d'être plus efficace... surtout face à un vulgaire pirate et un garzok enchaîné... »

Ezak fronça un sourcil et, alors que Mikkah pénétrait dans la tente, il dirigea un regard haineux à son égard.

« Pour ça, il faudra remercier ton ami le barde, le chien d’Oaxaca. »

Suivant le regard du sergent, Daemon fronça les sourcils à son tour et se demanda à quoi il pouvait bien faire référence. Il y avait plus vil serviteur d'Oaxaca que le jeune haffiz égaré.

« Bof... Vraiment ? Le musicien ? Il est agréable, pas franchement dangereux. »

Pourtant Ezak serra les dents et répliqua aussi tranchant que le sabre qu'il ne portait plus à la ceinture.

« Un lâche qui m’a attaqué dans le dos. Tuer un de mes hommes et brûler trois autres. »

La déclaration du sergent manqua de soulever un sursaut à Daemon, qui visualisait ses souvenirs encore récents du barde soucieux et tendre à son égard ; et son attitude devait visiblement le trahir, car Ezak ajouta à son égard.

« T’attaches pas trop à lui. »

Le jeune homme du désert était-il réellement ce qu'il prétendait être... Le regard mauve de Daemon se plissa, et il se fit réflexif.

« Vraiment ?! Intéressant... »

Un rire sarcastique lui répondit.

« Comme tu dis. »




Sans rien ajouter, Daemon se dirigea vers la tente et fut intercepté par les soldats qui réclamèrent son cimeterre, en prétextant que tout étranger devait être désarmé. Daemon grogna mais accepta de leur céder son arme, du moment qu'ils n'ait pas à se séparer de son gantelet.

Dans la tente, Mikkah et Azra attendaient paisiblement, ainsi que les hommes d'Ezak et les marins ressuscités. Un modeste buffet avait été mis à leur disposition, et Daemon se saisit de quelques denrées pour se poser à l'écart. Les minutes s'écoulèrent et au bout d'une longue attente, deux hommes en armures vinrent à leur rencontre. Après avoir observer l'assemblée, le premier demanda à chacun de décliner son identité et leurs intentions.

Un bref silence investit les lieux, et Ezak se manifesta alors, bruyamment et avec colère.

« Pourquoi ce chien d'Oaxaca n'est pas emprisonné avec les autres ? »

Le gradé fronça les sourcils, et lui demanda de répondre simplement aux questions. Mikkah prit alors une attitude penaude, et s'excusa envers le sergent, en prétextant avoir mal maîtrisé son sortilège et regrettant les conséquences de son échec. Il était vrai qu'il s'essayait à la maîtrise des fluides, Daemon avait échangé avec lui à ce sujet, sur l'Azurion. Cependant, le semi-elfe ne vint pas à son secours. Les dires d'Ezak étaient apparemment véridiques, un de ses hommes avait perdu la vie suite aux actions du jeune barde, et il était maintenant curieux de voir par quel stratagème il allait s'en sortir.
Ezak décida alors de jeter l'éponge, pour un temps, et se présenta comme héritier de la famille d'Arkasse, apparemment kendranne, et sergent et champion de la légion de Crean, suite à sa mésaventure dans un « bagne maudit ». Il aurait été enrôlé dans les armées oaxienne suite à cette mésaventure, et non par la base du volontariat, selon ses dires. Ce qui pouvait expliquer l'aversion qu'il entretenait envers ses anciens employeurs.
Son maître, le seigneur liche, se présenta ensuite comme chef d'un culte vénérant Phaïtos sous une forme plus positive, voulant se distinguer des arts noirs d'Omyre, qu'il prétendit avoir affronté à maintes reprises par le passé. Il évoqua aussi son appartenance à Endor, et réclama, sans liminaire, vouloir que ce lieu soit reconnu comme domaine indépendant.
Pour venir compléter la présentation du nécromancien, Daemon se leva pour participer à la conversation. Son regard était vif et nerveux, malgré la fatigue qui se lisait sur son visage.

« Daemon di Phyrexian. Je suis le suivant et disciple du Seigneur Azraël... » dit-il en indiquant la liche d'un signe de main.

« Un nécromancien de l'ordre des Messagers du Corbeau, originaire des contrés de Dahràm. Mes motivations ne regardent que moi et restent à ma discrétion... Sachez cependant que nos ennemis sont communs. Depuis des milliers d'années nous tenons Oaxaca et sa perversion comme adversaire, et la résurrection de notre ordre enfin effective signera sa fin. »

Abandonnant son sourire plein de malice, il se tourna vers le général pour lui demander :

« Où sont les prisonniers Omyriens ? J'aimerais m'entretenir avec l'une d'elle... »

Un regard lui fut adressé, mais aucune réponse. Sûrement attendait-il que chacun ait décliné son identité. Mikkah prit alors la parole et se déclara comme simple barde venu observer les affres de la guerre avec neutralité, pour ensuite en faire des chansons. Il chercha aussi à se dédouaner de soupçons relatifs à sa présence au sein des armés Omyriennes, qu'il tenait à un misérable coup du sort, soulignant ensuite sa volonté de voir le roi mettre à genoux la reine noire... Ezak en profita pour l'accuser encore, mais le dénommé Duval l'arrêta instamment.

L'autre général, Andelys, se tourna vers Azra et jugea sa demande légèrement disproportionnée aux vues des ses récents services dans l'armée oaxienne, et il ajouta que le Duché de Luminion n'était plus sous la gouvernance du roi. Les duchés étaient dorénavant indépendants, et pour pareille demande, il fallait convaincre le Duc. Une nouvelle d'importance qui fascina Daemon, sans qu'il ne put en savoir davantage, car il se tourna ensuite vers lui et lui demanda de ne pas ignorer ce qui lui était demander. Ses intentions devaient être déclinés, et s'il souhaitait joindre les prisonniers, il pouvait toujours leur transmettre un message. La rogne de Daemon s'accentua, tout comme le tintement des cloches. Ce fut au tour d'Ezak de se faire passer un savon, son passé étant trop lourd pour être ignoré.
De toute évidence, les kendrans ne leurs faisaient guère confiance et ils allaient être maintenus dans cette tente jusqu'à ce qu'un jugement à leur sujet soit rendu. Une situation qui révolta aussitôt Daemon. Après avoir pris autant de risques pour s'infiltrer et contrecarrer la tentative d'assassinat, après avoir souillé son âme en pactisant avec Karsinar, après avoir subit l'attaque en traître de Silmeria, le manque de considération des généraux Kendrans l'irrita et il n'allait guère tarder à le faire savoir...

Un rire nerveux monta. La réflexion d'Andelys avait désarçonné l'ex-sergent, qui fit état de son ardoise. Daemon leva les yeux au ciel en écoutant les pleurnicheries d'Ezak, qui se répandait en complaintes sur l'injustice du sort envers lui et sa famille... Il ne le savait pas aussi désespérant.

Il essuya alors une remarque acerbe d'Azra, qui le mit en garde sur son comportement. Le semi-elfe le fusilla du regard, et décida de l'ignorer pour s'adresser directement à Andelys :

« Nous n'avons pas à prouver notre allégeance à Kendra Kar, ni à qui que ce soit ! Nos actes parlent d'eux même. Nienna ne s'est-elle pas révélé à son altesse pour le prévenir ? Qu'imaginez vous ? Le tuer aurait été un jeu d'enfant ! Sans notre intervention, vos cadavres joncheraient le sol en ce moment même.

Quant à ma motivation actuelle, elle est de trouver mes prisonniers. L'assassine peut se changer en ombre et la peau-verte arrache des mâts à main nue, une geôle ne les retiendra pas longtemps...

Nienna ? »


Une volute blanche prit forme et l'hinïonne fantomatique se présenta d'une révérence.

« Mon maître... »

« Je vais avoir besoin de tes services. »

Alors que la situation dégénérait de toute part, Andelys s'avança lourdement et déploya sa masse de guerre pour l’abattre au sol. Le silence ce fit. Il s'adressa d'abord à Ezak et tenta de le rassurer et de rassurer chacun, soulignant qu'ils avaient conscience de leurs actions. Puis il se tourna vers Daemon.

« Si vous n’aviez pas été là, si vous n’aviez pas tendu cette lettre, personne ne peut dire ce qui serait arrivé. Le Roi est en sécurité, bien escorté. Sans votre arrivée sur les quais, l’assassine n’aurait peut-être jamais pu arriver jusqu’au camp du Roi. Sans votre aide sur le navire, ils n’auraient pas navigué jusqu’ici, que ce soit le fanatique des dieux sombres ou l’orque à la force incroyable. Nous ne faisons, le seigneur du Val et moi-même, que vous relayer l’ordre que sa Majesté nous a transmis, à savoir vous préserver ici sans que vous ne manquiez de rien le temps qu’une enquête soit menée. Car des points nébuleux, il en reste : Comment vous êtes-vous approprié ce navire kendran ? Oaxaca a-t-elle pu envoyer d’autres assassins par une autre voie ? Qui sont ces trois tueurs enfermés là-bas ? Et pour savoir tout ça, nous avons besoin que vous restiez disponibles, à notre portée. Le fait que cela ne puisse pas se faire avant la grande bataille de cette ère me désole autant que vous : je ne crache jamais sur de l’aide supplémentaire, s’il m’en vient. Mais c’est comme ça, la décision royale a été prise, et je vous conjure de patienter ici, à l’abri. »

Anton du Val put enfin en placer une : il se dressa face à Daemon et indiqua d’une voix autoritaire :

« Sachez que si votre fantôme quitte cette tente, vous serez mis aux arrêts. Il n’y a aucun moyen pour que vous soyez mis en contact avec les prisonniers. »

Le semi-elfe le regarda longuement, sans réagir. Puis il sembla se résigner et se tourna vers Nienna pour lui adresser un signe. L'esprit acquiesça, s'inclina et disparut, invisible. Le semi-elfe fit de nouveau face à Duval et se fendit d'un sourire forcé et mauvais.

Puis, toisant l'imposant Andelrys et sa masse de guerre :

« Vous présumez beaucoup de choses... Pour ce qui est de l'Azurion, ce n'est pas compliqué. Nous avons participé à la bataille du port d'Oranan, abordé un bâtiment et massacré tout son équipage. »

Azra le coupa alors avec précipitation.

« Veuillez excuser le manque de diplomatie de mon serviteur, qui est très bon pour mentir mais beaucoup moins pour négocier et autres arts subtiles... Il a parfois tendance à oublier que c'est moi, la voix officielle de l'ordre... »

Alors que la liche s'évertuait à le rabaisser, il croisa son regard dur et put sentir le froid de la mort l'investir. Le Premier Messager n'était visiblement pas d'humeur et Daemon dut se contraindre à ne rien ajouter de plus. Puisque personne ne tolérait son avis, il croisa les bras et s'enferma dans le mutisme.
Azra continua alors à plaider leur cause et évoqua les marins ressuscités, et Ezak demanda de reporter la conversation sous le prétexte que les esprits s'échauffaient. Ce qui ne manquait pas de vérité, car un des marins ressuscité commençait à s'agiter. Andelys accepta alors la demande d'Ezak, en leur demandant de bien réfléchir car ils allaient devoir répondre du massacre de l'équipage de la caraque.

L'ex-sergent acquiesça avec humilié, en répondant qu'un rapport lui serait donné, puis les deux généraux quittèrent la tente. Le calme aurait pu revenir, mais les discussions allèrent de bon train. Azra échangeait avec les kendrans par lesquels il était lié, et vint finalement leur annoncer que le sortilège de résurrection n'était qu'un sursit, qu'ils n'allaient guère reprendre leurs vies, puisqu'il n'allaient pas tarder à rejoindre le domaine de Phaïtos. Cette nouvelle révolta les kendrans qui sombrèrent dans le désespoir et attaquèrent le nécromancien. La situation lui échappant totalement, Azra n'eut d'autre choix que d'annuler son sortilège et les cinq kendrans, coupés dans leur élan vengeur, s'écoulèrent sans vie.

Daemon, qui avait assisté à la discussion à distance, décida d'y aller de son petit commentaire.

« Il serait temps de se faire à l'idée, Azra. Tu n'es plus un kendran. La méfiance et la peur les habitera toujours, tu n'y peux rien. »

Il fit le tours des cadavres en les détaillant avec intérêt et commença à leur faire les poches.

Azra l'arrêta d'un geste :

« Tu crois m'apprendre quelque chose ? Mais ce n'est pas pour moi que je fais ça. Je le fais pour vous tous ! Et ne fait pas ça, la situation va déjà être assez compliquée à cacher ! »

« Oui, ce ne sera pas évident. » dit-il en se relevant. « Ezak, notre sort est entre tes mains. Nous devons encore une fois te faire confiance. De mon côté, je suis trop épuisé pour réfléchir. Je dois me reposer... »

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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » lun. 17 mai 2021 00:08

Lovée dans l'ombre noire, comme un cocon malfaisant dans une encre profonde, Silmeria, Hrist et Cèles dormaient en silence. Le bienfait qu'apportait l'inconscience quasi complète offrait aux âmes le luxe inespéré de pouvoir méditer et reposer les esprits échauffés par les dernières catastrophes. Les idées germaient, mouraient presque immédiatement. Silmeria organisait ses pensées encore confuse, Hrist elle prévoyait les pires souffrances pour ses ennemis et Cèles, quant à elle, raisonnait les deux âmes. Les pulsions délirantes de l'une et la froideur pinçante de l'autre lui donnait beaucoup de fil à retordre. Silmeria avait accumulé les provocations, était-ce parce qu'elle se sentait blessée et aux aboies ? Cèles raisonnait... Elle savait que le nom d'Ergos Latrille était probablement connu mais elle n'avait aucune idée de si cet homme avait déjà été accusé de trahison et pendu depuis des années ou s'il était bel et bien présent sur le campement. Elle craignait que le comportement destructeur de Silmeria n'emporte sa raison et sa logique, comme tout bon autocrate, elle comptait bien emporter dans sa chute tout ce qui passerait à sa portée.

Un grondement lourd fit trembler le sol comme martelé par des milliers de sabots en même temps, la cavalerie partait. Il y avait fort à parier que dans cette multitude de soldat montés se trouve le Roi et la Princesse. Désormais hors de portée des deux femmes. Les fluides de Cèles prirent la forme d'une petite femme qui observait dans l'ombre noire les deux âmes comme endormie, baignées de ténèbres et elle ressenti beaucoup de tristesse. Elle savait à quel point la mort du Roi était importante pour l'une comme pour l'autre. Qu'avec cet objectif commun, les deux âmes cohabitaient sans heurts. Elle observait l'ombre de Silmeria, échouée et blessée dans sa chair, l'aimant tendrement pour être douce et amusante, n'aimant pas la mort à outrance, ne mettant sur ses listes que le minimum de tête. Puis observa l'ombre frémissante de Hrist, l'aimant elle aussi, cette fois pour sa passion dévorante, son abandon total à ses objectifs et son sens du sacrifice. Elle aussi dormait dans l'ombre, blessée dans l'âme.

Après tout ce qu'elle avait enduré, la mort de toutes ses soeurs. Lune qui les avait abandonnées aux Shaakt. Le conseil du Roi ayant décidé de ne pas s'embarrasser d'assassins comme elle. Tous condamnés depuis bien longtemps à mort, bien que la sentence de Silmeria avait pris du retard. Rongée par la colère, la désolation, la tristesse, l'amertume, l'âme de la jeune Hinïonne, autrefois si douce sombrait dans la noirceur la plus totale. Son esprit rongé par la malice et la fureur, la femme avait beaucoup changé et n'était plus celle qui autrefois avait donné son nom à Cèles, Céleste pour la beauté de cette petite boule de fluides d'ombres et de glace... Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus admiré la beauté des étoiles, la mine basse, triste, invariablement fixée sur la boue et la poussière.

Deux gardes quittèrent la tente remplacés par deux autres qui escortaient un homme. Cet homme lui disait vaguement quelque chose, elle clignait des yeux pour mieux distinguer. Ses traits avaient été usés par les temps, cela faisait déjà... Quelques années. Sa notion du temps n'était pas des plus affûtée. Mais il s'agissait bien de lui, elle lui envoya un sourire presque sincère car quelque part, elle savait qu'elle accueillait un vieil ami.

Il se présenta aux autres qui n'avaient pas encore eu à faire à lui, il était toujours aussi minutieux et franc dans ses propos, il avait organisé leur évasion malgré dit-il, les complications orchestrées par les provocations de celle qu'il appelait la Baronne. Visiblement contrarié de cette situation, il leur exposa son plan tandis que les deux gardes l'accompagnant libéraient les prisonniers de leurs fers.

" Mon cher ami... tu as été bien long. Je savais que tu ne saurai te retenir de venir me voir après mes petites provocations. Jean-Livio va bien ? Quant à toi je me doutais bien que tu saurais trouver une solution adéquate... j'imagine que c'est devenu naturel chez toi, un peu comme ça l'est de venir me sauver. "

Après s'être massé la gorge et dégourdi ses membres, elle profita de la potion de soin qui lui était offerte, la douleur n'avait pas manqué de lui rappeler qu'elle était toujours présente à la sortie de sa méditation dans les ombres. Elle posa ses lèvres au goulot de la potion et la but en longue gorgée, le liquide lui donnait l'impression d'étancher sa soif, ses douleurs et enfin, calmait le feu cruel qui couvait en son sein. La douleur était toujours présente mais celle-ci n'avait bientôt plus que la désagréable sensation d'être une grosse irritation à sa poitrine. Consciente qu'il faudra soigner davantage les vestiges de magie noire, elle était néanmoins rassurée de ne pas avoir le souffle coupé à chacun de ses mouvements, malgré la douleur musculaire et la légère gêne respiratoire, Silmeria savait qu'elle pourrait en faire temporairement abstraction le temps d'un éventuel combat.

" Je vais avoir besoin de rendre un rapport à Xenair, est-ce lui ton contact ? À dire vrai je ne me souviens plus pour qui tu travailles, mon cher ami ? " Elle appuyait le dernier mot comme par provocation amicale, bien que la plupart des gens répugnent à considérer l'Hinïonne comme une amie, il lui sauvait la vie pour la seconde fois, c'était bien le début d'une relation au moins vaguement cordiale.

Il va garda un silence pesant au début, attendant que les deux autres aient fait leur réflexion. Après y avoir répondu, il se tourna vers Silmeria, assez sérieux :

"Contentez-vous de suivre mes consignes, amie. Et je n'ai aucune idée de ce qu'il est advenu de ce... Jean-Livio après qu'il ait été mis aux arrêts. Je ne goûte guère à la plaisanterie, c'eut pu être l'un de mes hommes."

À ces mots, elle calma son air amusé et moqueur. Elle réitéra sa demande : " Et concernant Xenair ? Quant a nos amis venus en même temps que nous... sont ils toujours là ? " Elle ne pouvait s'empêcher d'accorder une pensée à ces quatre traîtres, bien qu'elle ne souhaitait pas les retrouver tout de suite, elle préférait faire preuve de patience et négliger l'effet de surprise qu'aurait sa venue à leur encontre pour une pensée plus rationnelle, déjà se soigner et revenir fin prête à faire payer le prix fort aux traitres.


Impatient, il rétorqua rapidement : "Je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe sur ce campement. Concocter un plan pour vous sortir de là a déjà été assez complexe. Ensuite... Vous posez beaucoup trop de questions en des environnements inadéquats. Cela ne m'étonne guère que vous ayez échoué."
« J’allais justement dire que cela à peu d’importance. Dépêchons nous de rejoindre le port. Merci pour votre aide, je saurais m’en souvenir. »
"Je suis d'accord avec Rougine. Avant de partir cependant, comment pourra-t-on reconnaître le contact qui nous attends à Oranan?"

Plongeant ses yeux dans ceux du Garzok, il rétorqua : "Il sera le seul à attendre des mercenaires envoyés en territoire ennemi pour une mission suicidaire."

" Chic, ça nous changera... " dit-elle pleine d'ironie. Penchée sur un sac grand ouvert, elle y retrouvait ses effets les plus précieux. Elle fouillait parmi les affaires des autres mercenaires et enfin, elle la vit. Une longue lame fine, la garde tressée d'argent oxydé, une longue plume dorée à sa garde. Les larmes aux yeux elle saisit la Tueuse de Mage et la porta à ses lèvres pour l'embrasser de nombreuses fois.
" Vouiiiiiiiiiii. " Emit-elle dans un couinement amusant. La disposant proprement sur ses genoux, elle termina de nouer les gardes corrompues des Sylphes à ses poignets, noua sa ceinture et fixa les armes à celle-ci dans une précision et une vitesse qui trahissait une longue habitude.
(" Et toi... Où vais-je te mettre aujourd'hui... Ah, le bras, ça changera un peu. ") Elle enroula la lame de Kiraes, le serpent cruel, le long de son bras afin de la tirer immédiatement en cas de besoin. Les deux autres s'équipaient également, Kurgoth devait être plus que ravi de retrouver sa hache.

Tous deux désirèrent prendre le large à bord de l'Azurion, par conséquent il leur faudrait passer par le campement après avoir éliminé les gardes en faction autour de la tente. Silmeria n'était pas des plus enchantée par cette idée, elle aurait bien préféré prendre un cheval pour chevaucher jusqu'à Omyre pour rendre son rapport à Xenair, prévenir Crean de l'ignoble trahison d'Ezak et mettre quelques têtes à prix auprès de Katalina qui se chargerait de répandre la nouvelle dans toutes les maisons des Murènes. Tandis qu'elle se demandait si c'était une riche idée que d'aller à Omyre, bien trop loin selon elle du point de rendez-vous donné par Ergos Latrille. Il lui fallait raisonner.

(" Vraiment... C'est peut-être pas la priorité, et puis si ça se trouve tous les généraux ont déserté la Tour Noire, on passera peut-être à côté en évitant Oranan. ")
(" Et trouver un messager ne devrait pas être trop compliqué une fois sur place. Je suis de l'avis de Cèles. Xenair devra attendre, Crean également, de toutes façons, ils sont peut-être tous morts. ")
(" Il va où ce con ? ") Demanda Cèles en voyant Eldros quitter la tente avec beaucoup d'aisance.
(" Pourquoi ils seraient morts ? ")
(" Je ne pense pas que la trahison se soit arrêtée à nous. Les traîtres ne se sont pas décidés en chemin, et ils sont passés devant Karsinar et Perailhon, il est assez surprenant qu'ils aient laissé des Généraux aussi importants vivre sans même tenter quoique ce soit. ")
(" Hé ho. Il est sorti ! ")
(" Une action de grande ampleur... Pour contrecarrer l'assaut massif en désorganisant les rangs de l'armée d'Omyre... ")
(" Si on ose considérer qu'ils aient été organisé un jour, oui. ")

« Toi ! Comment es-tu sorti de ta cage ? Rends toi ! Tu es encerclé !» Un des gardes venait de brailler. Silmeria fronça les sourcils, ne voyant plus Eldros dans la tente. Cèles manqua de l'insulter pour la peine.

La voix de Rougine se fit entendre jusque dans la tente. Galvanisé par son combat de la veille, l'homme montrait une facette sans retenue et manifestait son adoration pour le chaos et les Dieux sombres. Il offrait là une distraction suffisante pour rassembler les gardes, laissant aux six gardes de Latrille, Kurgoth et Silmeria de quoi agir le plus proprement possible.

« Me rendre ? Tout ce qui m’encercle c’est la peur... et des hommes morts. »

(" Laisse moi la suite... ") La voix de Hrist avait l'éclat d'un verre brisé sur du marbre. Douce, tranchante et cristalline.

Kurgoth arborait son armure massive, enfilée sans le moindre mal malgré ses blessures, encore taché de sang et plus faible qu'à l'accoutumée, il murmura à Silmeria " Ce prétentieux, il mériterait presque qu'on le laisse là à détourner leur attention pendant qu'on file au navire."

Silmeria va tourner le regard vers le Garzok. Sa pupille semblait se dilater d'un noir profond. Sa voix n'etait plus rieuse mais hivernale. " Je pensais qu'un prêtre de Thimoros ne saurait refuser un combat. "

Il réagit brièvement face au changement soudain de comportement de la femme. Un sourire carnassier déforma ses traits et avança vers les hommes qui lui tournaient le dos. Hrist sentit couler le long de ses joues les larmes noires. La corruption avançait.
Les soldats du diplomate sortirent en même temps que Kurgoth, Hrist ferma la marche après s'être assurée que personne n'oubliait rien dans la tente. Le colosse brûlé frappa un coup incroyablement puissant qui pourfendit quatre gardes rassemblés côte à côte, menaçant Eldros de leurs lances. Trois d'eux tombèrent dans un froissement de métal et de viande crue. Le dernier, mal tué, avait tourné un visage ahuri face au monstre qui était dressé de toute sa taille face à lui. Une hallebarde termina le travail, éteignant l'étincelle de peur dans ses yeux à jamais. Un autre coup de hallebarde, porté par un garde tua net le cinquième soldat qui faisait face à Eldros, décontenancé par ce chaos soudain, il avait manqué de réagir face à la menace qui venait de derrière eux. Le sixième et dernier homme fit volte face pour ne perdre de vue ni Eldros, ni Kurgoth et les soldats renégats qui l'accompagnaient. Il tenait ses adversaires en respect de sa lance mais n'entendit pas l'Hinïonne. La pointe argentée de la Tueuse de Mage venait de percer sa poitrine. Il fit tomber sa lance à terre. Hrist resta immobile derrière lui, elle maintenait une main sur sa poitrine pour calmer sa douleur, l'autre fermement calée sur la garde argentée, elle ne bougea pas d'un iota. L'homme dans sa chute senti la lame trancher son être sans laisser la moindre trace.

Elle essuya ses larmes noires d'un revers de la manche et d'un geste lent, rangea sa lame à sa ceinture. Demeurant silencieuse, elle observait l'homme tombé sur le côté, les yeux grands ouverts. Elle appuya de sa botte sur l'épaule déchue du soldat pour lui offrir le ciel comme dernier souvenir. Le soldat gardait les yeux grands ouverts, le visage crispé de surprise à jamais imprimé sur ses traits. Il était déjà loin...


[XP : 0,5 (libération) + 0,5 (discussion) + 1 (combat contre les gardes)]
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » lun. 17 mai 2021 20:22

-----K-----


De longues heures passèrent sans que rien ne se passât, à l'exception du bruit de nombreux sabots battant le sol, mais cela ne dura guère. Alors que le soleil semblait frapper le sommet de la tente, indiquant la mi-journée, un vieil humain aux habits nobles entra dans la tente flanqué de deux gardes chargés comme des mulets. Ergos Latrille se présenta, clamant son allégeance à la reine noire tandis que ses deux soldats ouvrirent les cages pour libérer les prisonniers sans qu'aucun autre garde ne bronchât. Le garzok ne put retenir un soupir lorsque leur libérateur se plaignit des actions inconsidérées de l'elfe, apparemment baronne. Lorsque l'humain lui tendit deux potions de soin, Kurgoth profita d’être dépouillé de son matériel pour se les verser sur le crâne et le torse, savourant l'effet apaisant qui faisait au passage diminuer ses blessures. Tout en s'étirant, il écoutait les différents plans d'évasions proposés par le diplomate, bien qu'il préférait d'emblée le retour en bateau, quand bien même il n'avait aucune attirance pour la mer. Lorsque les gardes dévoilèrent l'équipement des prisonniers dans leurs sacs, le pirate demanda ce qu'il était advenu de ses camarades, mais tous comprirent qu'il faudrait les remplacer par les six gardes présents avec eux, dont le vieil homme garantissait les compétences. Tout en s'équipant, Kurgoth grogna :

"Dans ce cas, allons au navire avec ces hommes. Une fois à bord et en mer, nous serons bien plus en sécurité que si nous partons à cheval ou à pied."

Après avoir fait craquer ses articulations, il ajouta à l'adresse de leur libérateur :

"Combien de gardes autour de la tente ? Je vous amoche pour que nous ne soyez pas trop suspect ?"

Son interlocuteur ne parut pas apprécier cette proposition censée le rendre moins suspect, reprochant même aux prisonniers leur manque de gratitude alors même qu'il venait de leur intimer de se dépêcher. Le barbare, qui ne cherchait même plus à comprendre les humains, ne prêta cependant pas attention à cette remarque, mais retint qu'il n'y avait que six gardes autour de la tente et que le pirate partageait son avis de rentrer par les flots aussi vite que possible. Alors que l'elfe continuait à demander des informations que l'humain n'avait pas, le garzok demanda :

"Je suis d'accord avec Rougine. Avant de partir cependant, comment pourra-t-on reconnaître le contact qui nous attend à Oranan ?"

D'un ton toujours aussi froid, le noble répondit en fixant du regard la peau-verte qu'ils ne pourraient se tromper de contact en arrivant au camp. N'étant pas un habitué de ce genre de missions, le chevalier haussa des épaules puis s'approcha du bord de la tente, s'apprêtant à sortir. Le pirate passa alors devant lui, intimant aux deux prisonniers de se tenir prêts, pour sortir de la tente dans le plus grand des calmes. Kurgoth resta muet devant tant de bêtise, car à peine sorti, l'humain se retrouvait déjà entouré des gardes prêt à donner l'alerte. Pour toute réponse à leurs injonctions, il se dit entouré uniquement de peur et d'hommes morts et lança un sort qui les enveloppa dans les ténèbres. Le garzok qui détestait cette manie des humains à se donner en spectacle en permanence se tourna un instant vers l'elfe plutôt que de charger immédiatement en direction des gardes.

"Ce prétentieux, il mériterait presque qu'on le laisse là à détourner leur attention pendant qu'on file au navire."

Sous ses yeux, les pupilles de l'elfe se dilatèrent d'une manière trop magique pour être rassurant alors qu'elle lui rappela d'un ton froid son rôle de prêtre de Thimoros. À la fois gêné par son étrange changement d'expression, et amusé par ra réponse, il laissa un sourire carnassier déformer son visage avant de refermer sa visière et monter à l'assaut, suivi de près par l’elfe et les soldats. Étant donné la précarité de leur situation, ils n'avaient d'autre choix que d'abattre tous les ennemis aussi vite que possible, ceux-ci pouvant donner l'alerte à tout moment. Dans ce but, le chevalier tenta de moissonner autant de têtes que possible, comme il l'avait fait lors de l'abordage de l'Azurion. Si sa kitranche parvint à décapiter trois soldats pris au dépourvu, gelant au passage les cous tranchés et empêchant la moindre effusion de sang, Kurgoth sentit son bras droit blessé se tordre en fin de course après le troisième choc et dévier de sa trajectoire. Ainsi, loin de trancher le cou de sa quatrième cible, il ne parvint qu'à faire glisser son arme sur son casque, celle-ci ayant au passage perdu toute sa vélocité. Heureusement pour lui, et le pirate suicidaire, les gardes de Latrille et l'elfe arrivèrent pour mettre à mort les soldats encore en vie avant qu'ils n'eurent l'occasion de pousser le moindre cri. Kurgoth était furieux. Les blessures qui recouvraient son corps l'empêchaient de se battre correctement et il détestait cela. Serrant son bras blessé et tremblant de son bras valide, le garzok qui s'était juré devant de Thimoros de ne plus jamais être faible fit volte-face et se dirigea vers le port en grognant.

"Bon, maintenant, direction le port."
903mots

[XP : 0,5 (discussion avec Latrille) + 1 (Combat aisé contre les gardes)]

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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » mar. 18 mai 2021 18:12

Les six gardes gisaient au sol, sans vie. Dans un empressement soudain, animé par une chance inespérée de vivre et de pouvoir continuer leur mission, Eldros et le Garzok se dirigèrent vers le port sans attendre. L'Hinïonne ne partageait pas vraiment ce délice de cette libération, elle savait que l'inévitable arriverait bien tôt ou tard et se demandait si elle voulait continuer cette course effrénée bien longtemps. La nuit passée dans cette cage lui avait ouvert des perspectives différentes, elle levait les yeux, contemplant la beauté du ciel bleu et se rappelait que sur un autre plan, sombre et froid, attendaient toutes celles qu'elle aimait vraiment. Ne sachant s'il s'agissait là d'une punition Divine ou d'une malédiction, elle se raccrochait à l'espoir insensé de rencontrer le Roi et l'opportunité qu'elle aurait alors de lui faire payer cette tristesse insupportable à traîner qu'on lui avait injecté très jeune, comme une dose de poison dans les artères.

Sa reconnaissance pour Ergos Latrille, toujours dans la tente prit alors une tournure plus amère. Il était diplomate depuis si longtemps au service du Roi, pourquoi n'avait-il pas eu la consigne de pouvoir le tuer, lui et ses hommes sont constamment auprès de son Altesse et de sa cour, les occasions de pouvoir faire quelque chose ne devait pas manquer. Or il parlait hautement et toisait de haut la jeune femme venue de si loin pour se salir les mains et au lieu de ça, rencontrât une odieuse trahison, plongée dans un complot qui les dépassait sûrement tous. Hrist avait une envie terrible de cligner à l'intérieur de la tente pour tuer Latrille et lui faire payer ses airs supérieurs, lui qui était confortablement placé et jouissait des largesses des deux camps.

" Un beau jour... " Rêva-t-elle en observant la lame argentée de la Tueuse de Mage. Elle venait de se réchauffer dans la chair tiède et molle d'un homme mais n'était pas collante de sang. C'était peut-être là ce qu'elle aimait, vivre discrètement, comme un fantôme et ne jamais sentir coller à elle des sentiments ou des relations, à la différence du sang, ce dernier était plus facile à oublier.

Elle avança avec langueur sur les traces de son groupe. Il restait si peu d'hommes fidèles à Omyre, elle avait hâte d'en savoir plus et de rencontrer le mystérieux contact au siège d'Oranan. Ayant rattrapé au bout de quelques mètres le groupe armé qui filait vers le port, Hrist entendit un hennissement. A vingt mètres d'eux, derrière une colonne de tentes en démontage se tenait une charrette harnachée à deux solides chevaux. Un cocher était assis devant buvant à gueule renversée dans une gourde tandis qu'un autre, plus jeune et probablement son commis terminait de fermer l'arrière de la charrette pleine de ballots et de matériel.

Hrist pointera du bout de son doigt les deux hommes et la charrette et dit : " La route qui conduit au port est en pente, non ? J'ai peut-être de quoi gagner un peu de temps. " Eldros, attiré par la remarque observa silencieusement la tente un court instant avant de convenir, d'une signe de tête, que l'idée lui allait également. Hrist désigna deux gardes du doigt :
" Vous êtes les plus à même de les approcher discrètement. " Elle glissa son doigt sous sa gorge et mima une mise à mort en le faisant courir le long de son cou blanc d'un geste souple. Les deux gardes eurent un mouvement de tête synchronisé et allèrent à la rencontre du cocher et de son commis. Ils se dirigèrent d'un pas très naturel vers les deux intendants, échangèrent quelques mots avec eux. Soudainement, un garde frappa de sa hallebarde l'homme qui chargeait la charrette, le cocher quant à lui fut attrapé sans ménagement par la manche et envoyé au sol. Le garde renégat frappa plusieurs coups avant qu'il ne puisse crier et le cocher étendu au sol cessa de bouger. Elle approcha calmement, préférant éviter les mouvements trop manifestes et bruyant. Le commis était face au sol, inerte, son maître face aux cieux, la bouche laissant échapper un long filet de sang. Sa tenue blanche rougissait à mesure que ses fluides coulaient hors de son abdomen. Kurgoth n'était pas du genre à s'arrêter pour apprécier la poésie de la mort, il lança un sévère :
"Entassez vous derrière et accrochez vous. Je ralentirai pour personne." et grimpa à la place du cocher pour aussitôt claquer la bride et faire avancer les montures, au pas d'abord puis gagnée frénétiquement par la pression qu'infligeait le garzok aux rennes de la charrette, avançaient à vive allure à travers le campement.

Grâce à la charrette, ils gagneraient facilement le port du Val et plus vite ils seront à bord du navire, plus vite ils iraient à Oranan pour rencontrer leurs destins. Les gardes de Latrille étaient empêtrés dans les ballots et l'un d'eux posa de côté sa hallebarde pour en expédier quelques un par dessus bord. A travers le campement, ils virent quelques intendants interloqués lever sur eux des regards médusés mais aucun ne les prirent en chasse. La présence des soldats portant les armes de Kendra Kâr devait semer la confusion malgré le puissant Garzok en armure qui harcelait les montures pour les faire avancer plus vite. Derrière, les chocs et les rebonds se firent de plus en plus forts et Hrist s'accrocha fermement à la bordure de la charrette, son poids trop léger l'empêchait de se trouver rivée au plancher et elle fut grandement malmenée par cette course folle dans le camp démonté. Elle reconnut la zone de commandement, la disposition des tentes marquait encore l'herbe, plus claire que celle qui n'était pas privée de soleil. La paille parfois encore intact laissait un pochoir naturel que le vent irait charrier en soufflant. La pente donnant sur le port était avalée en un rien de temps, le navire qui se dessinait plus haut était maintenant très clairement visible, situé à peine à une trentaine de mètres.

Les chevaux ralentirent légèrement, la charrette grinçait de toute part le métal des essieux criait sous le poids de son chargement. C'est face à ce spectacle qu'une dizaine de gardes en faction au port se rassemblaient pour observer dans une incompréhension totale pourquoi un Garzok en colère monté sur une charrette bondée avançait vers eux à grande allure. Kurgoth se tourna et beugla : " Préparez-vous à sauter, maintenant ! "
Il tira les rennes comme un fou furieux, cabrant presque les montures face aux gardes mais sous l'inertie du chargement, un essieu décida de rendre l'âme et les gardes qui commençaient à menacer les chevaux de leurs lances furent pris de court et se dispersèrent. Hrist quant à elle décida de rester à bord de la charrette le plus longtemps possible, jusqu'à ce que le bois ne cède sous ses jambes, signe que l'essieu abandonnait sa roue.

Elle cligna sur un trio de soldats. Son ombre apparut sur le côté du garde qu'elle avait visé, il ne vit pas la menace et se fit perforer le cœur sans comprendre ce qui venait de lui arriver. Le second des hommes tenait sa hallebarde vers le groupe, comme pour former à quelques hommes une ligne de lances infranchissables. Le heaume se tourna vers la Murène, sans perdre sa position de garde, lui aussi tomba sous une attaque de la femme sans avoir pu se défendre. La Tueuse de Mage fendit son heaume sans laisser la moindre égratignure. Prit à des spasmes, il tomba à genoux et ne lâcha pas sa lance, bien que celle-ci pointait désormais vers le sol abandonnant toutes ses menaces envers les fidèles d'Omyre.

Quant au troisième, visiblement plus réactif que ses compères déchus avait tiré son épée et lâché sa lance pour mieux appréhender la menace qu'offrait l'Hinïonne et ses apparitions chaotiques. Il frappa avec force sur la femme qui, blessée, avait vu ses reflexes et sa vitesse diminuer. Le coup porta exactement là où elle se trouvait mais sans aucune résistance, à l'ombre du navire qui cachait le soleil Hrist avait disparu dans les ombres. Décontenancé par cette disparition, le garde se tourna brusquement et fit de nouveau face à la Murène qui venait d'apparaître. Le coup précipité du garde manqua de précision et son adversaire évita l'attaque descendante d'un pas de côté, cueillit l'homme en lui enfonçant la Tueuse de Mage sous le menton et la retira instantanément. Il tomba raide.

De leur côté, les autres fidèles d'Omyre prirent possession des lieux, Eldros enfonçait sa lame dans le visage d'un garde, surpris par la charrette qui s'était retrouvé coincé sous celle-ci. Dans ce désordre de corps et de ballots, les chevaux parvinrent à se redresser et à déplacer la charrette sur quelques mètres plus loin, labourant le sol, traînant avec elle le cadavre coincé du garde de Kendra Kar. Le colosse Garzok lui chargea avec force et une vitesse dont elle le soupçonnait incapable, entre les lances qui le menaçaient, il percuta un des gardes avec une telle violence que le soldat s'en retrouva projeté contre la coque du navire, un plouf sonore signifiant qu'il venait d'échouer dans l'eau. Hrist ne se fit pas beaucoup d'illusion sur son sort, un homme en armure n'est pas capable de pouvoir nager pour gagner la rive, sans parler de la force qu'il faudrait pour se hisser dans une armure pleine d'eau. Les autres fauchés par son élan tombèrent à terre laissant Kurgoth intact, aucun d'eux n'avait pu le blesser ou même tenter de lui porter un coup. La surprise était totale. Les gardes renégats tuèrent leur lot de soldats, laissant deux survivants en déroute qui filèrent jusqu'au camp pour rassembler des renforts.

Hrist fut la première à monter, surplombant ainsi le port, elle se fit une brève idée de là où les survivants se rendaient, elle attendait donc de voir les secours provenir du même endroit. Eldros et la gardes grimpèrent suivi par Kurgoth. L'effervescence se fit sans tarder, Eldros dispensait ses consignes remplissant ainsi son rôle de marin .

------------------------

[XP : 2 (évasion)]
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » mer. 19 mai 2021 13:31

La Fin d’une Ere
(Ezak, Azra, Daemon, Mikkah)




La nuit passa sans plus de remous. Au petit matin, alors que des sons d’ouvriers s’échinant à démonter le campement entouraient la colline de commandement, Anton du Val arriva dans la tente escorté de deux gardes, avec son habituel air pincé et sérieux.

« Bonne journée à tous. Conformément à mes consignes royales, je vais aujourd’hui me charger d’interroger chacun de vous pour qu’il me fasse le récit complet de son histoire l’ayant mené ici, en ce camp. J’en ignore la raison, mais le Général Andelys a insisté pour que je commence par le dénommé Mikkah-El Sôdehbek. Qu'il s’avance. »

De gré ou de force, le jeune barde fut mené dans l’une des tentes formant le pourtour du camp des officiers, face à du Val et entouré par les deux gardes. Le Garde Royal plongea son regard inquisiteur dans les yeux du barde.

« Vous vous êtes montré conciliant lors du pré-entretien d’hier, ne faisant pas de vague, comparé à vos comparses. Que pouvez-vous dire sur eux, leur comportement et leurs actions depuis que vous les avez rencontrés ? »


Dans la tente où les autres restaient, il ne passa guère plus d’une minute lorsque l’entrée s’agita pour laisser passer deux personnes, que chacun reconnut ici avec évidence. Ou du moins se douta de l’identité. Le premier n’était autre que le Général Andelys croisé la veille, et la seconde était une jeune femme au port altier, aux cheveux sombres et aux yeux d’un bleu céruléen.


Image


Un fin diadème d’or et d’opale cernait son front. La princesse Satina, car il s’agissait bien de sa majesté, avança d’un pas prudent dans la tente et fit face aux quelques mercenaires présents. Elle prit la parole d’une voix basse, mais déterminée.

« Aventuriers, le Général Andelys m’a conté votre aventure. J’ai pu lire le rapport rédigé par le Sieur d’Arkasse. Vous me voyez ici désolée des décisions de mon frère et roi. Il faut le comprendre : la loi est son guide, et nul ne peut s’y soustraire. De mon côté, je crois que nécessité fait loi, et que vos actes et desseins ont largement prouvé votre soutien de notre famille à mes yeux. C’est pourquoi j’ai décidé de passer outre les ordres de mon frère, vous concernant. Je vous rends armes et liberté. Joignez vos forces à la bataille à venir, nous en avons plus que jamais besoin. Et ainsi, vous trouverez sans aucun doute grâce aux yeux du Roi. »

Andelys s’approcha et posa un lourd sac de toile (qu’un individu lambda, même musclé, eut du mal à soulever) sur la première table libre qu’il rencontra. Le sac s’ouvrit et révéla toutes les armes abandonnées sur le champ de bataille la veille. Toutes celles des traîtres, en tout cas, car manquait l’équipement d’Eldros, de Kurgoth et de Silmeria. Il s’en alla près de l’entrée de la tente et jeta un coup d’œil dehors, avant de préciser à l’attention de tous :

« La voie est libre. Nous avons dû… temporairement neutraliser les gardes de du Val : il n’aurait pas compris nos actes. Le Roi et l’armée sont partis vers Oranan pour défendre la cité de ses envahisseurs. Partez au Nord, à leur suite, mais faites-vous discrets dans un premier temps. Lorsque l’hallali sonnera, montrez-vous et prouvez votre allégeance aux yeux de tous. Vous êtes les héros dont Kendra Kâr et Oranan ont besoin, dans cette confrontation. »

Il engloba toute la troupe du regard, puis conclut :

« Ne nous décevez pas. »

La princesse opina de la tête, silencieuse, laissant les uns et les autres rétorquer. Mais guère trop longtemps : le temps leur était compté.


[HJ : Mikkah, aparté via discord. Les autres : postez vos réactions/questions sur le discord pour avoir d’éventuelles réponses. Puis vous ferez le RP furtif de votre départ du camp en libre. Quand ça sera fait, indiquez-moi ça sur discord que je vous attribue les XP. Suite à ça, vous serez en phase libre de voyage entre vous pour remonter jusqu’à Oranan et… jusqu’à la seconde partie de l’événement. Je vous octroierai vos XP au fur et à mesure de vos posts.

XP :
Ezak : 2 (conversations) + 1 (situation) + 0,5 (rapport)
Mikkah : 1 (conversations) + 1 (situation)
Azra : 1 (conversations) + 1 (situation) + 0,5 (gestion des marins relevés)
Daemon : 2 (conversations) + 1 (situation)]

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » dim. 23 mai 2021 09:21

Le voile se dissipe, révélant les corps sans vie des gardes et sans attendre nous prenons la direction du port provisoire. Phaïtos réclame encore des âmes, plus de vies doivent s’éteindre avant que je quitte ce campement. Mais peu de vies semblent encore être présentes. Les tentes sont en grande partie démontées, laissant des zones d’herbes jaunies dans le val, témoins de leurs présences. C’est justement au bout d’une colonne de tentes entrain d’être démontées que l’assassine minuscule désigne une charrette assez grande pour transporter notre groupe. Comme elle le signale, de quoi nous faire gagner un peu de temps. J’incline la tête, appréciant l’idée alors que deux hommes du diplomate s’occupent des intendants. Après une approche discrète ils se débarrassent d’eux en quelques instants, nous laissant le champs libre pour monter à bord. Encore des morts. Je veux plus de morts. Le Garzok s’empare des rênes et après une mise en garde il fait avancer les deux chevaux qui rapidement prennent une bonne allure.

La charrette parcourt le camp, semant des caisses de fournitures et des toiles de tentes sur sa route pour se défaire d’un peu de poids sous les yeux médusés des soldats encore présents. Je grimace à chaque irrégularité de la voie, m’accrochant avec hargne de ma main blessée pour ne pas basculer.

Finalement je l’aperçois à nouveau, l’Azurion, la sortie de cette mascarade qu’est cette mission, qu’est la trahison ridicule de la moitié du groupe se soldant par la mort ou le démembrement de nombreux de mes ennemis. Le châtiment frappera le crâne des survivants en temps et en heure. Pour l’instant ma priorité est de quitter ce camp et cela se fera grâce à l’Azurion. Des gardes s’attroupent d’ailleurs devant le navire, curieux de voir une charrette débouler à toute vitesse j’imagine. Elle peine d’ailleurs à finir sa course, tremble et grince de partout et il est clair qu’elle ne tiendra plus très longtemps. Le Garzok nous invite soudainement à sauter alors qu’il tire sur les rênes comme un forcené, faisant crier les chevaux et les mécanismes de notre moyen de transport. Je saute en ressentant le mouvement de bascule du chariot, poussant dans mes cuisses pour me retrouver le plus loin possible de l’écrasement. Heureusement j’évite également qu’un garde du diplomate ne me tombe aussi dessus. Le choc avec le sol est rude mais je ne subis pas de blessure supplémentaire alors que ceux qui se dressaient face à nous sont déjà en fâcheuse posture. Je dégaine ma lame après m’être redressé et fonce vers la passerelle, profitant de la diversion des autres. Je passe derrière le chariot renversé et y découvre un soldat Kendran coincé dessous, à moitié suffocant, le
bord de la rambarde lui écrasant la poitrine, les bras incapables de soulever une telle masse. Il m’observe avec un air de chien apeuré, réclamant de l’aide à travers son regard. Une occasion trop belle de prendre une vie de plus. Je lève ma lame et la plante dans son visage. Une mort sans douleur, rapide, sans même une haine particulière à son égard. Tout le disposait clairement à ce sacrifice. Sans plus de cérémonies je me précipite sur le navire à la suite de l’elfe blanche qui ne tarde pas à recommencer ses remarques stupides.

" Je ne suis pas experte, mais ne sommes-nous pas dans le mauvais sens ? "

« Ne vous occupez pas de ça ! »

Rétorquais-je tout en tranchant l’amarre arrière avant de pointer les renforts qui s’approchent du port. Je me dirige vers la barre tout en donnant les directives aux hommes à bord.

« Levez l’ancre ! Hissez la grande voile ! Préparez vous à couper l’amarre de proue ! »

Les ordres fusent et les hommes s’exécutent rapidement tandis que je barre vers le large, éloignant la poupe du navire du quai. Il est temps de partir et tant pis si certains n’ont pas eu le temps de monter à bord. Je donne finalement l’ordre de larguer la dernière amarre, laissant l’Azurion dériver vers les eaux plus profondes de l’Aeronland. Plus calmement, je donne les consignes pour lever les gréements tout en redressant le bateau, mettant le cap vers le large pour retrouver La Baliste.

[XP : 2 (évasion)]

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TheGentleMad
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Re: Le Val d'Abondance

Message par TheGentleMad » dim. 23 mai 2021 19:40

-----K-----


Alors qu'il avançait à pas rapides, il entendit marmonner dans son dos, puis n'entendit plus le cliquetis des armures des soldats les accompagnant, comme si tous s'étaient arrêtés. Se retournant, il vit deux d'entre eux se faufiler entre les tentes, suivant une direction pointée par l'elfe. Il rejoignit le groupe juste à temps pour voir les deux soldats mettre à mort deux de leurs anciens camarades à côté d'une charrette. Comprenant l'idée de l'assassine, s'avança pour prendre les rênes sans perdre de temps en déclarant :

"Entassez-vous derrière et accrochez vous. Je ralentirai pour personne."

Le groupe était prévenu, si l'un deux tombait, il resterait sur place. Une fois assis à l'avant, il jeta un œil en arrière puis, constatant que tous étaient montés, fit claquer la bride avec force sur le flanc des animaux qui se mirent aussitôt en marche. Durant le trajet, il continua de fouetter les montures afin de les faire aller aussi vite que possible. Malgré les anfractuosités du terrain, Kurgoth parvint à mener la carriole à toute allure jusqu'au port. Là, il vit un groupe de gardes patrouiller autour du navire qui était encore le seul à quai. Conscient de l'urgence de la situation, il fonça droit sur les gardes, s’assit à une extrémité du banc du conducteur et se retourna vers ses compagnons juste avant l'instant fatidique.

"Préparez-vous à sauter... Maintenant !"

Sitôt le signal donné, le barbare tira fortement sur les rênes pour forcer les chevaux à prendre un virage très serré. A cette allure, cependant, cela fit déraper la charrette droit sur les gardes qui commençaient à se disperser pour l'éviter. Après un instant à racler le sol, l'une des roues finit par se briser, emportant le véhicule dans un tonneau qui fit également basculer les animaux de trait. Le chevalier, lui, roula sur l'angle où il s'était assis en prévision de la cascade et atterrit lourdement sur le cul qui donna instantanément à la terre son empreinte. Une fois relevé, il vit les soldats ennemis se rassembler entre eux et le navire. Profitant qu'ils soient tous amassés au même endroit, il décida de se frayer un chemin à sa manière : foncer tête baissée et les bras écartés. Après avoir ainsi renversé cinq soldats en traversant le groupe, il les menaça de son arme pendant que les évadés montaient à bord. Il se positionna ensuite sur la passerelle permettant de monter à bord prêt à découper quiconque approcherait, bien que les soldats s'en allèrent chercher du renfort. Finalement, et heureusement pour lui, le pirate donna l'ordre de larguer le dernier amarre avant que les premiers renforts ne les atteignirent. Kurgoth coupa alors la corde d'un grand coup de kitranche qui resta plantée dans le bastingage puis se saisit de la passerelle pour la balancer sur les kendrans qui se mettaient déjà en position pour les arroser de flèches.
499mots

[XP : 0,5 (pilotage) + 2 (évasion)]

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » sam. 29 mai 2021 16:45

Le lendemain matin, Anton du Val revint les trouver afin de les interroger. Voulant sans doute commencer en douceur, il commença par emporter le ménestrel avec lui. Les autres se préparaient à une attente pénible et Azra commençait à tapoter avec agacement ses phalanges sur sa rotule lorsque la tente s'ouvrit du nouveau. Il allait faire remarquer que l'interrogatoire avait été rapide, mais à leur surprise à tous, ce fut le général Andelys qui entra, accompagné d'une jeune femme. À son diadème et son maintient, Azra devina sans peine à qui ils avaient affaire. La princesse Satina de Kendra Kâr en personne !

Celle-ci expliqua avoir été touchée par leur aventure, et souhaitait, avec l'aide du général, leur donner une chance de prouver leur valeur à la bataille. Ils avaient apporté leur équipement et neutralisés les gardes pour leur donner le temps de partir avant le retour de Du Val...

Voilà bien une bonne nouvelle ! Mais Azra se contenta d'abord d'observer,devinant qu'Ezak serait prompte à réagir ! Effectivement, leur compagnon s'avança pour saluer et remercier la princesse. Il souhaitait avant tout savoir s'il pourrait récupérer ses titres de noblesse et comment rejoindre l'armée. Bien sûr, les réponses restèrent évasives, mais elles semblaient malgré tout positives.

Lorsque cette discussion fut achevée, Azra s'avança à son tour pour s'incliner légèrement :

« Au nom des Messagers du Corbeau, je vous remercie pour les risques que vous prenez, princesse. Puisse le dieu de la mort vous laisser le loisir d'une vie longue et heureuse, et vous garantir une réincarnation meilleure encore. Vôtre ouverture d'esprit vous honore, et vous avez ma promesse que je me battrais avec acharnement. Cependant, j'ai appris que même en cas de victoire, l'empire kendran serait démantelé ? Cela doit-être une terrible décision pour votre frère... »

Il appris ainsi que c'était là le prix pour obtenir l'aide des nains... étrange. Les petits hommes étaient-ils las de la proximité de Kendra Kâr ? Voilà qui allait être problématique... En tout cas, il n'y pouvait pas grand-chose. Il ajouta donc :

« Qu'il en soit ainsi. J'avais cependant une autre requête. Mon... compagnon gît un peu plus loin, et je crains que vous n'ayez rien pour le soigner. Pourrais-je aller le récupérer ? Et, Ezak, tes hommes pourraient-ils transporter son équipement le temps que je lui redonne corps ? »

Elle sembla un peu surprise mais le laissa faire. Il salua donc appuyant les propos de Daemon :

« Les ombres du Corbeau vous accompagneront et vous soutiendront. »

Puis, il sortit de la tente pour aller chercher Rendrak en compagnie des hommes d'Ezak. N'ayant plus guère d'autre solution, il fracassa d'un coup de botte ce qui restait du crâne pour le faire disparaître dans un nuage de cendre... Il faudrait le faire revenir au plus vite. En attendant, les soldats chargèrent son équipement et le nécromancien rejoignit ses compagnons pour se mettre en route.


[XP : 0,5 (entrevue avec la princesse) + 0,5 (achever Rendrak)]

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » sam. 29 mai 2021 18:22

La nuit fut longue. Un peu trop à mon goût. Je ne dormis pas assez, l’esprit bien trop embrumé par le vertige de ma situation. Mon repos nocturne fut donc comme pratiquement tous ceux de ces dernières années, plein de soucis. Au moins, la magie de mon armure m’évitait les cauchemars.

C’est donc la mine renfrognée que je me levai au matin, le goût amer de la défaite en bouche et la cire au coin de l’œil. À l’extérieur de la tente, tout autour de nous, un certain nombre de mouvements de plus en plus nombreux commençaient à se faire entendre. Il semblait que certains s’activaient à démonter les tentes ici et là. Les troupes devaient amorcer leur avancée vers le lieu de la bataille.

J’avais au fond de moi un profond sentiment de déception. La Guerre se ferait sans moi. Ou devais-je plutôt dire, en dépit de moi. Malgré mes actions. Philosophant intérieurement sur mon infortune perpétuelle, je ne dis pas un mot, n’échangeai pas un seul regard, affalé sur mon banc sur le flanc, la tête reposée sur mon poing, attendant que l’on vienne régir ma vie… Encore.

L’attente ne fut pas longue. Du Val, entra dans la pièce, de son même air de soldat intransigeant que la veille. À peine l’eus-je vue que je soupirai. Vu son caractère, je savais déjà qu’il allait nous faire passer un mauvais moment et l’idée de devoir rester à proximité de lui, sous sa surveillance à subir ses interrogations durant des jours entiers ne m’animait que moyennement... Je jetai à peine un regard sur lui lorsqu’il qu’il annonça venir pour nous faire passer l'interrogatoire avant de repartir avec Mikkah. Ordre du Général, dont le Garde Royale semblait ignorer les motivations. Je regardai le duo s’éloigner avec une certaine attention. Il semblait que le Général Andelys avait donné assez de crédit à ma parole pour suivre les recommandations de mon rapport concernant le barde.

(Enfin un homme de raison ! )

Au bout de quelque longues secondes deux silhouettes pénétrèrent par l’ouverture que venait d’emprunter le Garde Royale et le haffiz. C’était le Général Andelys, accompagné d’une jeune femme brune, dont le port altier trahissait l’origine. Nul doute, c’était la Princesse Satina. Lorsque je compris à qui j’avais à faire, je me levai d’un trait et m’inclinai, comme il était d’usage, face à la sœur de celui que je disais reconnaître comme mon souverain.

La surprise fut réelle. Je n’en croyais pas mes yeux. Il y avait dans sa présence quelque chose qui me fascinait. Certes, c’était probablement l’une des plus belles femmes qui m’eut été de voir, mais passons ces considérations renvoyant aux bas instincts terrestres. C’était le ciel qui m’intéressait. La Princesse et sa classe sociale, son rang, ce qu’elle symbolisait.

Mon père, Vandrak d’Arkasse, avait fait en sorte que mon frère et moi ayons une éducation digne de nobles kendrans, bien que nous ne le fussions plus. J’appris tout de l’histoire de ma famille, l’illustre. J’explorai chaque fondement de mes racines Kendranes. Je fis miens les légendes, les valeurs, les savoir, les us. Bien que vivant en Ynorie, je ne me rendais pas à l’école publique que mon père honnissait. C’est un concept difficile à intégrer pour un traditionaliste kendran dont la vision qu’il avait de l’éducation ne pouvait qu’être élitiste. J’avais les plus grands précepteurs de Kendra-Kâr que mon paternel payait une fortune pour qu’ils viennent au domaine nous enseigner. Et bien sûr, si l’on me légua les hauts faits, les victoires, les distinctions, la valeur de mon sang, jamais on ne me parla de chute et d’infamie. Des mots qui, pour moi ne pouvaient pas même effleurer la lueur de notre nom. Si bien, que durant de nombreuses années, peut-être bien les dix premières de ma vie, voir au-delà, je crus fermement appartenir à la noblesse. Et plus je grandissais, plus je vivais mal le fait de vivre en Ynorie loin de « mon monde » avec une mère trop morte pour pouvoir me léguer et faire aimer sa culture. Je fis même un rejet identitaire pendant quelque temps. D’autant qu’être un métis kendran, avec la culture qui va avec, en Ynorie, n’était pas chose aisée. J’en avais que faire de la République, du pouvoir démocratique appartenant au peuple. Je rêvais du Palais Royale, de tournois, de réceptions où seraient présentes ces familles aux histoires les plus prestigieuses et qui formaient à elles seules le socle sur lequel reposait tout un Royaume. Comme je me sentais, privilégie de faire partie de ce petit microcosme illuminé par les éclats de la proche couronne, symbole de notre souveraineté. Si proche… Alors quel fut l’effondrement de mon monde lorsque que je fus assez grand sortir de mes illusions enfantines. Je vécus donc la chute du déclassement social deux fois ; par l’héritage et puis par la désillusion. Alors je grandis dans mon Ynorie, ma terre maternelle, en ayant le regard rivé sur Kendrâ-Kâr ma patrie éternelle, rêvant d’y faire à nouveau scintiller le nom des d’Arkasse.

Alors être là, et avoir devant moi la Princesse Satina accompagnée du Général de l’infanterie était comme le séisme que j’avais attendu toute ma vie. Il me semblait que je n’étais qu’à une marche du cercle qui m’avait été refusé.

Mais plus que sa présence encore, ce furent ses mots qui me marquèrent. La Princesse, après avoir entendu notre histoire et lu mon rapport avait choisi de nous libérer. Elle n’était pas de l’avis de son frère qui obéissait strictement à la loi. Elle trouvait que nos actes se suffisaient à eux-mêmes et ainsi, elle allait contre l’ordre son ordre.

Le General Andelys posa un énorme sac de toile sur la table dans lequel se trouvait nos armes entremêlées. Il nous conseilla de nous dépêcher de rejoindre l’armée du Roi au Nord pour défendre Oranan. Nous devions le faire en restant discret, puis lorsque viendrait la bataille nous nous bâterions avec les nôtres pour leur prouver notre allégeance. Pendant qu’il nous expliquait tout cela, j’avais, pressé de saisir de cette chance, extirpé mes armes du sac. Lorsque le Général finis, je m’adressai d’abord à la Princesse. Protocolaire.

« Votre Altesse… » Prononçai-je avant de marquer un temps de respect.

« Vous prenez le risque d’aller à l’encontre des ordres de votre frère et Roi pour nous permettre de participer à une guerre dans laquelle l’impact de notre présence sera probablement limité. Néanmoins, en faisant cela, vous nous évitez le déshonneur de l’Arrière. Ce geste vous honore et est le signe d’une grande noblesse d’âme. Je regrette d’autant moins d’avoir pris ces risques pour votre personne.»

Je m’avançai vers elle, sabre à la main.

« Ces dernières années j’ai été contraint de porter le titre déshonorant de Champion du Premier des Treize. Pour me purifier de cette infamie, permettez-moi, Votre Altesse, de devenir le vôtre et de défendre vos intérêts dorénavant. »

Je m’incline légèrement et lui présente mon sabre, les deux mains tendues, symboliquement. La Princesse eut un rapide étonnement. Elle m’affirma que son frère me rendrait mes armes de noblesses si je me démarquais durant la bataille à venir et que s’il advenait que ce ne serait pas le cas, elle le ferait elle-même. Néanmoins, elle regrettait de ne rien pouvoir promettre de manière officielle sur l’instant. Elle espérait que je comprenais.

Je me redressai alors et hochai la tête avec un sourire. Comment aurait-il pu en être autrement ? Promesse officieuse venait d’être faite, de la bouche de la deuxième personne la plus importante du Royaume, que les d’Arkasse, à l’issue de cette guerre, retrouveraient le rang qui était le leur, et cela, à travers ma personne. Ce qui ferait de moi, de facto, le chef de famille. Bien entendu pour cela, il fallait que je prouve ma valeur. Mais esiste-il plus valeureux que ce d’Arkasse-çi ? Je gage que non. Rien ne pourrait gâcher le goût que prenait cette journée.

« Alors s’il me faut les gagner, alors je prouverais ma valeur sur le champ de bataille. »

Je me tournai vers le Général Andelys.

« Et qu’en est-il de vous Général ? Vous n’accompagnez pas le Roi ? »

L’intéressé me répondit d’une voix franche : "Si fait. Je dois partir à sa suite dès aujourd'hui."

Alors déjà orienté sur la suite des opérations je rebondis.

" Auriez-vous des montures dont nous pourrions tirer profit ?"

Le Général se tâta un moment le menton avant de répondre :

"Il y a bien les chevaux de l'intendance qui restent à l'écurie, mais... ça ne serait pas discret de leur réquisitionner. Et pas malin de leur voler. Ne vous inquiétiez pas : vous devez suivre une armée à la trace. Et une armée, c'est lent. Vous n'aurez aucun problème à les maintenir proches de vous."

J’acquiesçai doucement à ces propos. Il avait raison, il ne serait certainement pas dans notre intérêt de mal se faire voir des forces Royales, surtout pas maintenant que cette guerre revêtait pour moi de nouveaux enjeux. Je me tournai vers mes hommes.

« Récupérez vos armes et prenez des provisions en quantité. »

Alors ils s’activèrent, pendant qu’Azra prenait la parole pour s’adresser à la Princesse.

Ils parlèrent géopolitique alors l’affaire m’intéressait. Le Royaume avait vraisemblablement perdu ses Duchés, prix de l’alliance avec les peuplades naines. Je me rappelais que ce fut un sujet bouillant dans les couloirs de la Tour Noire lors de ma convalescence. Cette alliance avait conduit à l’échec de Lorener dans les Duchés. L’une de ces bonnes nouvelles que je n’avais pas pu fêter à l’époque. Le Lord demanda également à la Princesse l’autorisation de s’occuper de Rendrak et aussi à ce que mes hommes lui apportent son aide pour porter son équipement. J’en désignai cinq alors que Daemon termina la conversation en remerciant à son tour la Princesse et s’excusant auprès d’Andelys pour son attitude de la veille. Dès qu’il eut fini, je m’adressai à tous.

« Bien. Hâtons-nous messieurs ! »

Avant de m’incliner vers la Princesse

« Votre Altesse… »

Puis de faire un signe de tête en direction d’Andelys.

« Général. »

Et je quittai la tente, enfin seul maître de ma destinée.

HRP :

Si possible ajouter à mon équipement rp le nécessaire à écriture récupérer dans la tente
D’ailleurs je viens de remarquer aussi que je suis sensé avoir les 4 fioles incendiaires laissées généreusement par mon frère Eldros Rougine. Ainsi que un briquet et amadou



[XP : 0,5 (conversation) + 0,5 (prisonnier ?)]
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 24 juin 2021 15:07, modifié 1 fois.

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Daemon
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Daemon » lun. 7 juin 2021 23:48

À travers la toile, Daemon devina que le soleil était déjà haut. Après une nuit longue et fiévreuse, il s'éveilla à même le sol. Il ne se souvenait plus du moment exact où il s'était endormi, mais les souvenirs de la veille refirent surface en même temps que la douleur lancinante dans son dos. Azra se tenait en veille, non loin, comme toujours. Une nouvelle journée débutait et le semi-elfe se félicita d'être encore vivant, pour le moment.

Des bruits se faisaient entendre au dehors, des voix d'hommes et des bruits ligneux ; le campement avait quitté la torpeur de la nuit. Les hommes d'Ezak échangeait à voix basse, tandis que chacun se demandait ce que le sort lui réservait. Il aperçut Mikkah dans un coin, lové contre son instrument, ainsi qu'Ezak, éveillé, les traits tirés et fatigués.

Un homme pénétra dans la tente et Daemon se détourna de la lumière qui s'insinuait en travers l'ouverture. Apparut dans l'aube éblouissante le fameux Anton du Val avec son air impérieux. Il les salua aimablement et avec précaution, porteur de la volonté royale, mais ses manières affables se changèrent rapidement en ordres. Il désirait d'interroger une à une les personnes présentes. Mikkah était le premier sur la liste, selon la volonté du seigneur Andelys.

Après que le jeune haffiz eut quitté les lieux, le silence s'installa, hormis Azra qui pianotait nerveusement des doigts. Alors que chacun se demandait ce que cela signifiait, d'autre personnes pénétrèrent dans les lieux. Ils reconnurent sans peine le général Andelys et son imposante armure, qui fut suivit par une dame pleine de manières et dont chacun devina l'identité au comportement du général en sa présence. La princesse aux cheveux de jais et aux yeux azuréens prit la parole et regretta la méfiance de son frère envers eux. Sans détour, elle avoua avoir lu le rapport d'Ezak et croire en chacun de ses dires. Contrairement à son frère, elle reconnaissait leurs actes et désirait leur venir en aide, quitte à s'opposer aux ordres. Elle voulait croire en eux et les invitait à rejoindre la bataille qui allait se jouer aux portes d'Oranan.

Ezak sembla ému par l'intervention de la princesse et mit son épée à son service d'une manière très chevaleresque. Après avoir religieusement attendu que la place se libère, Azra lui présenta des remerciements sinistres, qui se voulaient pourtant aimables.
Daemon secoua sa cape et approcha en toisant Andelys de ses grands yeux mauves, sans rien dire. Puis, à la suite d'Azra, il se présenta à la princesse :

« Votre Altesse. » dit-il en s'inclinant, tandis que le spectre de Nienna se dessinait derrière lui. « Votre générosité nous comble. Je suis heureux que la suspicion et la défiance ne vous ont pas emporté. Les ombres d'Endor sont vos alliés, n'en doutez point. »

Il se tourna alors vers le général.

« Veuillez excuser mon comportement de la veille. J'étais encore trop éprouvé... et je désirai ardemment achever notre tâche. »

La princesse acquiesça plein de pudeur, et le vieux général se fit compréhensif sur les échauffements de la veille. Il était vrai qu'ils revenaient de loin.

Sans plus de remerciements, il sortirent au dehors avant que les hommes du roi comprennent ce qui se tramait. Il suivirent Ezak et ses hommes, mais Azra insista pour rejoindre la dépouille de Rendrak, abandonnée la veille dans l'allée principale. Personne ce s'était soucié du tas d'ossements démantelés et immobiles. D'un geste bref, le nécromancien lui brisa le crâne et les os se changèrent en poussière noire.

« Nous voici parti pour une longue marche... encore. Sans Rendrak pour porter nos bagages, avec les siens par dessus le marché. » grogna Daemon.

Il se saisit des pièces d'armure du Lickor, et les enfila par dessus ses protections.

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » lun. 14 juin 2021 20:46

Ils quittèrent donc le camp pour se diriger plein nord. Azra avait suffisamment l'habitude de marcher pour sentir cela comme un poids retiré de ses épaules. Il se permit même de siffloter quelques instants. L'armée était facile à suivre : elle laissait une large bande terre piétinée, jusqu'à devenir de la boue.
Le premier soir, Azra s'attaqua à la résurrection de Rendrak. Il devait être possible de le ramener, il allait juste falloir recourir à plus de technique... Le nécromancien avait repéré des os de bêtes laissées par l'armée, des carcasses à demi-enfouies, vestiges d'un quelconque repas. Il commença par tracer dans la terre une croix censée représenter un corbeau stylisé. Il lança ensuite un appel à l'aide de son casque, et quelques corbeaux vinrent se poser... aucun n'avait trois yeux malheureusement. Tant pis, c'était déjà ça. Il se sentait déjà dans l'ambiance. Maintenant, il lui fallait quelque chose qui évoque Rendrak... Il y avait réfléchi et il tira de sa poche ce vieil objet momifié qu'il gardait depuis si longtemps : le nœud de queues du Roi des rats. C'était son pouvoir qui avait tué le liykor, qui avait imprégné ses os de noirceur... Azra le déposa au centre de la croix et s'agenouilla. Il commença à agiter les mains dans un mouvement qui devait sembler absurde, répétitif et inutile pour un observateur extérieur, mais qui tissait en réalité un invisible filet de ténèbres. Après quelques minutes, il fut satisfait de son ouvrage et le laissa dériver à côté de lui.
Puis, il posa la main sur le nœuds et cria :

« Rendrak ! Je t'appelle par ton nom ! Viens, mon compagnon ! Des limbes de l'oublie le t'appelle, Rendrak ! Je t'appelle par ton nom ! »

Les corbeaux s'agitèrent, une ombre sembla s'étendre sur le site du rituel, obscurcissant encore plus la nuit. Point de bougies ici. Point de bougies pour le plus noir des rituels. Mais Azra voyait quand même... Il saisit le filet et le lança pour capter et concentrer l'âme qui avait répondu.

« Os de la terre ! Une nouvelle vie vous attend ! Os de la terre, je vous appelle, moi, le Lord nécromant ! Par la grâce de Phaïtos, que les ténèbres vous unissent ! Muscles invisibles, ligaments d'ombres ! Par ma volonté, vous voilà assemblés ! »

Les ossements noircirent, commençant à se déterrer et à se remodeler. Certains tombèrent en poussière pour mieux se reformer. Ils s'élevèrent et commencèrent à s'assembler...

« Rendrak ! Je t'appelle ici-même, par le pouvoir de ton nom ! »

… jusqu'à reprendre la forme du grand liykor, qui lâcha :

« Oui, ça va, j'ai compris ! Bordel, c'est pas trop tôt. »

Azra abaissa les bras, épuisé comme jamais par une invocation, mais riant. Alors que les corbeaux s'envolaient, il ramassa le nœud et serra Rendrak dans ses bras :

« Pour une fois, c'est toi qui m'a fichu la frousse, vieux frère ! »

Mais c'était passé. Maintenant, même si leur lien était toujours distendu, ils étaient malgré tout réuni ! Ils allèrent chercher l'équipement que potait Daemon pour rendre sur armure et son arme au Liykor.

Le lendemain matin, Azra priait en silence aux côté de son compagnon retrouvé lorsqu'Ezak vint l'interrompre en lui demandait s'il le dérangeait. Sans aucun doute, mais...

« Rien que je ne puisse remettre à plus tard. Phaïtos attend les âmes pendant des décennies, il pourra bien attendre mes prières quelques heures ! »

Avec une hésitation un brin hargneuse, il décréta qu'il souhaitait le comprendre et comprendre son dieu... Voilà qui était nouveau ! Azra prit une minute pour réfléchir, puis déclara posément :

« C'est une question à laquelle on ne peut répondre simplement. Phaïtos est, pour moi, l'expression de l'ultime justice du monde. Les pauvres comme les riches, les humbles comme les puissants... nous sommes tous a égalité devant lui. C'est une justice qui ne juge pas : personne n'est bon ni mauvais. Nous avons une vie qui est appelé à s'achever, et elle est par conséquent un trésor dont on doit pouvoir faire ce que l'on veut. Je respecte Phaïtos non pour sa nature divine, pour vénérable qu'elle soit, mais surtout pour ce qu'il implique : une ultime privation de toute liberté qui donne son sens et son goût à la liberté que nous recherchons dans notre vie. Cette nature paradoxale... ne cessera jamais de me fasciner. »

Il s'étonna, faisant remarquer qu'il semblait immortel, ce qui introduisait une forme d'injustice. La liche laissa échapper un petit rire :

« Le crois-tu vraiment ? Immortel ? Cela voudrait dire que je vivrais pour l'éternité ? Cent ans ? Mille ans ? Dix mille ans ? Un million d'années ? Un milliard ? Un million de milliards ? Même après ces temps qui défient l'imagination, je n'aurais toujours pas approché de l'éternité. L'éternité est trop longue, tout fini toujours par s'y produire, même un événement aussi improbable que la mort des immortels. »

Il se leva et écarta les bras :

« Tel que tu me vois, je n'ai que dix-huit ans. Peut-être ma condition actuelle me permettra-t-elle de vivre bien plus longtemps, ou peut-être pas. Peut-être que quelqu'un me tuera. Peut-être que j'aurais un accident. Et même si je vie plus longtemps... hé bien les elfes vivent longtemps. Sont-ils pour toi des immortels ? Des éternels ? Non. Ils mourront tous un jour. Et moi aussi. J'ai juste une chance de vivre plus longtemps. C'est beaucoup. Et pourtant ce n'est encore rien au regard de l'éternité. »

Amer, il déclara qu'il l'enviait malgré tout, condamné qu'il était pour sa part à courir après une vie trop courte pour tenter de lui donner un sens. Azra secoua la tête :

« Je ne m'en réjouis pas, personnellement. Toute bénédiction à un prix et je pressens que je devrais le payer. Si tu espères le don de la vie dans la mort, peut-être Phaïtos pourra-t-il te l'accorder... mais peut-être apprendras-tu à le regretter. Mais dans tous les cas, comme je l'ai dis, nous pouvons toujours essayer de faire de notre mieux. Tu peux choisir ta voie. C'est ton choix et uniquement le tien. Il faudra en accepter les conséquences, qu'elles soient positives ou négatives... »

Comme il s'étonnait de le voir si peu soucieux des plaisirs de l'alimentation comme de la chair, le squelette haussa les épaules :

« Je n'étais qu'un mendiant, un paria infecté de magie noire. La nourriture et la boisson ? J'en manquais tous les jours. Les femmes ? Elles n'étaient guère intéressée par un traîne-misère comme moi ! On ne peut regretter ce qu'on n'a jamais eu. »

Il tenta de plaisanter un peu pour détendre l'atmosphère, mais il n'y avait pas grand-chose à détendre du côté d'Azra. Ni en muscles ni en pensées. Il était en paix avec sa nature depuis longtemps. Ezak se permit cependant de s'étonner qu'il soutienne un roi qu'il trouvait ingrat.

« Je ne fais que servir mes propres intérêts. Le roi n'est pas parfait, mais je préfère un opposé fiable à quelqu'un qui me ressemble mais est imprévisible. Et puis, il y a des gens à Kendra Kâr que je souhaitais aussi protéger. Je leur devais bien ça. À Omyre, je n'ai trouvé que de la violence et de la cruauté. Pour l'instant, je n'ai pas de regret, nous verrons ensuite. Et toi ? Tu me semblais assez... satisfait de la dernière entrevue... »

Ses derniers mots étaient teintés de sous-entendus amusés, en se souvenant de la fascination dans les yeux du maître d'arme devant la princesse. Ezak confirma être le plus heureux des hommes, et effectivement, il était rayonnant ! Tant mieux. Il l'avait bien mérité, et il serait plus utile ainsi dans les affrontements à venir.

« Voilà qui est donc pour le mieux ! Il ne nous reste plus qu'à survivre à la bataille à venir... D'ailleurs à ce propos, un maître d'arme comme toi pourrait sûrement nous apprendre à Rendrak et à moi de quoi affronter une armée entière, non ? »

Ezak connaissait effectivement quelques techniques qui pourraient être utiles, mais se demandait si le nécromancien pourrait suivre le rythme de ses entraînements. Entendant cela, Rendrak se leva en ricanant :

« On va être deux élèves, alors la question se pose aussi pour toi, hu hu ! »

Souriant, il écarta les mains, estimant qu'il y avait encore du temps pour commencer :

« Prêt pour une première leçon ? »

Azra fit mine de faire craquer ses phalanges tandis que Rendrak s'ébrouait :

« Et comment ! »

Ezak fit venir ses hommes et demanda à tout le monde de se répartir en groupe. Il leur fit alors la démonstration d'une technique. Il réalisa une série de mouvements fluides, passant de l'un à l'autre en portant des coups qui, s'ils avaient été destinés à tuer, les auraient effectivement balayer en quelques instants !

Il expliqua qu'il s'agissait d'une sorte de danse, dont il fallait réfléchir les mouvements à l'avance. Il compara cela à la « quadrille ». Ce qui laissa perplexe pas mal de monde ici. Malgré le peu d'expressivité des mort-vivants, il réalisa bien vite que ses explications étaient un peu trop « nobles ». Il tenta donc de les ramener au niveau de tout le monde, et leur proposa de s'assembler en groupes pour tenter.

Face à deux hommes, Azra rabaissa son masque pour ne pas trop les perturber, puis se mit en position de combat. Il prit le temps de réfléchir à l’enchaînement tout en murmurant :

« N'hésitez pas à vous défendre... faisons ça en condition réelles... »

Et il fonça en avant, portant un coup du tranchant de la main vers un des soldats... et l'autre le frappa en retour. Évidemment. Bon, il voyait l'angle dont il avait profité... Il tenta donc une nouvelle attaque en se gardant de ce côté... sans succès.

Plus loin, Rendrak était en train de traumatiser ses « compagnons de jeu ». Il ne réussissait pas plus que son maître mais semblait déjà bien s'amuser à tenter toutes les attaques les plus vicieuses en profitant de sa force et de sa vitesse.

L'un des soldats d'Ezak essaya à son tour, et Azra put le contrer sans difficulté. Mais c'était là quelque chose de normal : au corps à corps contre deux adversaire, attaquer frontalement était toujours une erreur fatale, non ?

À côté, Rendrak lui cria :

« Alors, tu sais pas danser, Azra ? Regarde ! »

Il entreprit alors une attaque bizarre, contournant un adversaire, frappant dans une rotation qui manqua ensuite l'autre de peu. Il commençait à comprendre lui ! Oui, il fallait monter le bon enchaînement... Le nécromancien essaya encore et encore, commençant à comprendre la philosophie tout en prévision que demandait cette technique. Anticiper les mouvements des adversaires pour tous les surprendre. Trouver le seul angle auquel aucun ne s'attendrait... Ce n'était pas chose facile, mais il commençait à deviner. Mais au bout d'une heure d'essais infructueux, il préféra abandonner... pour l'instant.

(((Début d'apprentissage de l'enchainement brutal)))


[XP : 0,5 (résurrection de Rendrak) + 0,5 (discussion avec Ezak)]
Modifié en dernier par Azra le mar. 22 juin 2021 21:05, modifié 1 fois.

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » ven. 18 juin 2021 22:27

Et nous avions pris la route du nord, suivant les traces laissées par l’armée kendrane derrière elle. Mes pas devaient difficilement marquer leur empreinte tant j’avançais avec légèreté, le poids de trois ans de mensonges envolés. Je me sentais heureux. Je voguais sur un petit nuage devant les promesses que me faisait miroiter l’avenir. J’avais la sensation qu’un nouveau cycle commençait pour moi. Libéré du poids d’Oaxaca, il ne me restait plus qu’à conquérir à la force de mes bras ce que je désirais. Cela faisait si longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant. Cela devait se voir à ma démarche conquérante et à mon nez qui pointait plus haut qu’à l’accoutumé. Si cela était possible... La tête dans les nuages, je ne m’occupai de rien, pas même de mes compagnons. Si bien que je ne vis pas le désarroi sur le visage de quelques-uns d’entre eux. Ce n’est que sur les coups de midi, alors que nous avions décidé d’une pause pour nous permettre de retrouver quelques forces que je m’en aperçus. Edris avait le visage grave, les yeux rivés sur le sol. Meredor, lui, semblait exceptionnellement nerveux. Quant à Isham il ne put me cacher l’amertume de son regard. Je m’approchai du premier des trois qui était un peu en retrait par rapport aux autres.

« Qu’est-ce qui vous arrive à tous ? On aurait pu croire que la potence vous attend au bout du chemin. »

L’homme, sans même relever la tête vers moi me répondit, la voix ternie par ses sentiments.

«Hmmm… Certains d'entre nous sont préoccupés. » Lâcha-t-il avec gravité.

Je lui jetai un regard interrogateur.

« Et laisses moi deviner… Tu en fais partie ? »

Il acquiesça doucement et silencieusement.

« Quel est le problème au juste ?»

« On a trahi Oaxaca... »

Je levai les bras et les yeux au ciel.

« Tu vas quand même pas me dire que vous avez soudainement un problème avec ça ? »

« Non… Mais non ! Ce n’est pas ce que vous croyez ! C’est juste que…Avec les gars…On a surtout peur des représailles. »

« Ah… » lâchai-je, avant qu’un silence de quelques secondes s’installe le temps que je m’asseye auprès de lui.

« C’est vrai. La Reine Noire est capable de frapper partout en Nirtim. J’ai moi-même vu jusqu’à quel point. Les Treize ont réussi à m’atteindre jusqu’à Kendra-Kâr…. »


Edris pouffa avec amertume avant que sa mine ne se renfrogne un peu plus.

« J’ai bêtement cru que vous alliez tenter de me rassurer. »

« Ce n’est pas vraiment mon genre de me voiler la face… Mais si tu regardes les choses de manière un peu objective tu te rendras compte que tous ceux qui savent pour nôtre trahison sont probablement morts désormais. Alors nous avons au moins jusqu’à la bataille avant que les forces de la noire ne l'apprennent. D’ici là, vos vies ne sont pas en danger. Et… J’espère bien qu’à la fin de cette guerre nous n’auront plus besoin de craindre de représailles. Dans le cas contraire c’est que nous l’aurons perdu et dans ce cas, qu’importe, nous serons morts.»

« Hmmm… Vous avez probablement raison. »

« Non. J’ai sans doute raison ! Cependant si je peux me permettre, l’attitude que tu as n’est pas la bonne. Suis-je en train de perdre mon temps et mon énergie à imaginer de possibles représailles de la noire ? Le camp d’Oaxaca bénéficie d’un capitale peur que ne possède pas le nôtre mais c’est seulement parce qu’il ne s’en est pas donné les moyens. Nous allons faire en sorte que cela change et devenir des monstres pour eux. On t’a déjà fait ouïr des contes lorsque tu étais plus jeune j’imagine. Dans ceux-ci, les monstres avaient-ils peur ? Ou c'e sont eux qui provoquaient cette terreur ? »

Je finis ma phrase dans un sourire confiant. Était-ce mon propre courage ? Ou était-ce celui procuré par mon armure. Probablement que j’étais juste poussé par ma haine des Omyrihiens. En effet, je comptais bien leur faire subir ce que j’avais appris parmi eux. J’en brûlais d’envie même. Edris hocha la tête un instant avant de se reprendre.

« Je comprends. Vous avez raison Sergent. »

Je posai ma main sur mon front en soupirant fortement.

«Ciel ! Il faudra songer à ne plus employer ce titre désuet. »

« Alors comment devons-nous vous nommer ? »

« Vous m’appellerez par mon titre lorsque j’en aurais un. À l’issue de cette guerre, espérons-le… Et souhaitons également que ce ne soit pas « Feu. »
Conclus-je en me relevant avant de m’éloigner. Il cria alors dans mon dos :

« Et que dîtes-vous de chef ? »

«Si cela vous sied. »
Dis-je en secouant ma main négligemment au-dessus de mon épaule sans même me retourner ou encore arrêter ma course. Quel intérêt de s’attribuer un titre que je n’avais pas si ce n’était pour flatter mon égo. J’étais juste Ezak d’Arkasse et après avoir sacrifié trois années de ma vie à jouer un rôle, ça me paraissait suffisamment bien pour le moment. J’avais une totale liberté et je comptais bien en profiter.

Lorsque nous reprîmes la route, je n’étais plus tout à fait dans les mêmes dispositions et la petite discussion avec Edris m’avait fait revenir à la réalité. Bien que je l’avais repris sur ses inquiétudes, il avait raison sur une chose : Oaxaca n’était pas vaincue et bien que j’avais contrecarré son plan, il restait une guerre à mener. Une guerre à l’issue incertaine dont nous n’étions pas obligés de sortir vainqueur. D’autant qu’étant éloigné des décisionnaires, je n’avais aucune conscience des forces en présence. Mise à part la certitude que les forces de mon ancienne Reine étaient extrêmement nombreuses. Car j’avais vu la flotte de Perhaillon, les troupes de Karsinar, et j’avais vécu bien assez longtemps dans la fourmilière d’Omyre pour me rendre compte de la réserve, toute races confondues, qu’elle avait. Je ne devais donc pas prendre cela à la légère. Il me fallait rester concentré. De plus, oui, probablement, allait-elle répondre. Alors ce serait réponse contre réponse. J’avais déjà envoyé un premier message, et elle en aurait déjà un deuxième si le Roi malavisé ne m’avait pas empêché d’effectuer mon retour vengeur auprès de Karsinar. Mais peu importe, j’avais assez de hargne pour faire face à la rage des clébards d’Omyre...

Alors que nous marchions, mon esprit s’était laissé vagabonder vers l’échauffourée de le veille. J’étais assez en colère lorsque je me remémorais l’opération de la veille. Beaucoup trop de choses avaient échappées à mon contrôle. Certes, quant à l’objectif, c’était une réussite magistrale. L’Etat-Major n’avait essuyé aucune perte. Cependant, mon manque de clairvoyance et mon impréparation avaient fini par me mettre moi et mes alliés dans une situation dangereuse. Le perfectionniste que j’étais s’en trouvait blessé et frustré. Sans Azra, j’aurais probablement perdu contre la verdaille, incapable que j’étais de percer son armure. Cette simple pensée suffisait à me mettre en rage. Quand même ! Ezak d’Arkasse, terrassé par une sale peau verte ? Exécrable ! À vomir ! Il me fallait trouver une solution pour que plus jamais je ne me retrouve dans une telle situation.


Alors, mon esprit obsédé guida mes yeux sur l’armure de mes hommes marchant à mes côtés. Je les regardais attentivement. Venait de naître dans mes tréfonds intérieurs une idée. Nul besoin de transpercer une armure si je pouvais simplement l’enlever. Alors j’observai chaque pièce d’armure de chaque membre du groupe. Glissant sur chacun d’entre eux un regard si scrutateur que s’ils l’avaient remarqués se seraient probablement sentis mal à l’aise. Casque, plastron, protection de bras, tout y passa. Je réfléchissais à une méthode pour défaire ces pièces avec mes armes. Un coup net et précis sur les attaches, le choix d’un angle particulier pour que la lame puisse faire don travail… Il me semblait que le plus difficile était de réaliser tout cela en un seul mouvement pour ne pas risquer de subir une contre-attaque malheureuse. Cela n’avait rien à avoir avec l’exercice de blesser et tuer un ennemi. Cela demandait une toute autre précision mais ça se tentait. Je me promis d’essayer cela lors du soir venu…

C’est un peu avant la tombée de la nuit que nous montions le camp. Le soleil déclinait, mais nous devions tout de même avoir une bonne heure devant nous avant que la luminosité ne soit trop faible. Je laissai mes hommes s’occuper des divers préparations pour le campement tandis que j’embarquai Mérédor avec moi. Ce solide Whiellois, bien bâti avait bien assez de vigueur et de volonté pour tenir un petit entraînement après une longue marche.
Armes en main nous improvisèrent un petit échange durant lequel j’essayai de toucher les lanières de son plastron situé sur les hanches, ainsi que celle qui servait à maintenir son casque et tout cela avec mes armes dans leurs fourreaux pour éviter de blesser. Cet exercice était difficile. Garder une concentration nécessaire pour frapper les sangles en cuir tout en se prémunissant d’une attaque était effectivement difficile. Le fait d’attaquer avec une intention qui n’était pas létale, me perturbait, de manière assez curieuse. Je pris énormément de coups lors de cet échange, plus qu’à l’accoutumé. Je découvrais des difficultés nouvelles. Si toucher la lanière d’un casque était difficile, pouvoir faire tomber un plastron était plus difficile. Sur l’armure de Mérédore, sur chaque flanc trois sangles servaient à maintenir le tout. Alors dans ce cas précis, il me fallait être encore plus concentré. Frappé avec assez de force et de précision pour sectionner les trois sangles d’un coup et me servir de mon ambidextrie pour frapper efficacement chaque côté. Chose corsée quand j’avais pris l’habitude de frapper de mes deux lames sur une même partie. C’est après avoir reçu un sacré coup près de la tempe après une énième tentative que je mis fin à l’entraînement, un peu sonné.

« Bon sang ! T’y vas pas de main morte toi ! »

« On arrête déjà ? Si vous voulez la prochaine fois je pourrais retenir plus mes coups. » Me répondit le gaillard. À son ton et à son léger sourire, je compris qu’il se payait ma tête. Alors je lui décochai un coup-de-poing sur l’épaule qui ne fit pas broncher l’homme avant de lui lâcher un : « Crétin ! » Qui lui tira un énorme sourire.

« Je crois qu’on va arrêter là pour aujourd’hui. Sinon tu vas me dévisser la tête. » dis-je en passant un peu d’eau de ma gourde sur l’emplacement du choc avant de la tendre à l’homme qui en avala deux bonne rasade. Je le regardai faire avant d’entamer :

" Edris m’a dit que vous avez peur. »

Il parut presque surpris.

« Et je devrais avoir peur de quoi ? »

« De la Reine Noire, par exemple. »

« Pwarf ! C’est pas mon cas. »

« Pourtant, ça n’avait pas l’air d’être la grande forme ce matin. C’était quoi le soucis ? »

« Disons pour faire simple que je suis Whiellois et que mes ancêtres m’auraient sûrement collé une raclée s'ils me voyaient me battre pour des Kendrans. »

Logique. Je comprenais mieux que quiconque la poids de la culture.

« Tu regrettes de m’avoir suivi ? »

« Absolument pas. Edris nous avait prévenues sur le fait que ce serait pour la gloire et rien d'autre et que ce serait possiblement un aller simple. C’est juste que ce n’est pas exactement le genre de voyage que j’imaginais... Peu importe, nous étions tous fiers de suivre le vainqueur du Bagne, et je le suis encore pour ma part. »

« Il faut que tu comprennes que nous combattons pour Kendra-Kâr certes, mais notre but est plus grand et voit beaucoup plus loin que le sort de la Cité Blanche. Il va même au-delà de cette guerre et prend ses racines bien avant notre naissance. Nous sommes des héritiers. Nous combattons pour un modèle et un héritage qui permettra à nos civilisations humaines de se perpétuer. Nous combattons pour notre race qui soyons francs, est complètement mal traitée à Omyre. Combien d’humains sont en esclavage là-bas ? Combien sont devenus des biens meubles, des objets sexuels, des consommables. S’ il y a un quartier où les humains ce sont réunis là-bas ce n’est pas pour rien. Nous sommes inadaptés aux modes de vies décadents des Garzoks et tant des nôtres se trompent en voulant suivre la voie de la Noire. D’ailleurs qu’elle parvienne à en attirer autant est tout à fait scandaleux. Il y a un problème, chez nous et il va falloir que nous nous regardions en face, nous aussi, pour comprendre pourquoi tant des nôtres se battent pour cette catin. Combien de Garzok se battent pour nous en retour ? Personnellement, j’en ai jamais vu. C’est une race infiniment inférieure à la nôtre certes, mais ils ne renient pas leur culture, eux. »

« Et alors ? Quelle est la solution ? »

« Faire subir à cette verdaille ce qu’elle nous fait depuis si longtemps serait un bon début. Esclavage, torture et extermination de cette vermine bonne à nourrir les corbeaux, les vers et les chiens. On répond au mal par le mal. Vous le savez aussi bien que moi. La démonstration de force, et la soumission de l’autre il n’y a que ce langage-là qu’ils comprennent. Alors parlons leur langue. »

Un sourire s’étira sur le visage de Meredor.

« À vous entendre... Vous étiez parfaitement taillé pour Omyre. »

Je fronçai les sourcils face à cette boutade qui ne me plaisait que moyennement.

« Fermes là ! Je croirais entendre ce maudit Gart. Allez ! Rejoignons les autres. »

Et nous rapprochâmes du camp, tandis qu’au loin, le Lord entamait un sombre rituel.

HRP :

-Commencement de l’apprentissage de la CC verrou caché



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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » sam. 19 juin 2021 07:33

Lorsque le matin fit son apparition, le petit groupe que nous formions se préparait tranquillement à prendre la route. Rien ne pressait ! Nôtre petit groupe irait logiquement plus vite qu'une armée nombreuse. Ce n'était pas la même logistique. Certains, pour s’occuper, affutaient leurs armes, d’autres profitaient de cet instant de calme pour se sustenter tandis qu'une autre partie encore semblait méditer. C’était le cas d’Azra et Rendrak. J’observais le maître et sa créature un moment, intrigué et quelque peu fasciné par une telle concentration sur soi, ou peu importe ce sur quoi ils se concentraient réellement. Je décidai de prendre le temps de discuter avec mes alliés. Depuis notre libération par la Princesse Satina, je n’avais pas pu prendre la température. Grande erreur ! Il fallait pouvoir échanger pour maintenir le lien qui unissait le groupe. J’avais pu le constater la veille avec l’humeur négative de mes hommes. La discussion avait un grand pouvoir. C’était d’ailleurs grâce à cela qu’Azra et moi avions pu accorder nos instruments sur l’Azurion.


M’approchant du nécromancien, je lui délivrai ces mots : « Je te dérange, Lord ? »

Le Necromant sorti de sa méditation qui n’était en fait qu’une prière. Les deux morts rendaient en fait hommage à leur dieu, mais Azra m’affirma qu’il pouvait remettre ça a plus tard. J’inclinai la tête à la mention de Phaïtos. Ma première pensée fut négative, en concordance avec ma détestation des dévots, mais il allait bien falloir que je fasse des efforts vis-à-vis d’Azra si je voulais que notre alliance soit durable. Avoir du monde sur qui compter était également essentiel. C’etat probablement ce qui avait manqué au groupe d’Omyre pour pouvoir esperer nous contrecarrer.

« Maintenant que nous sommes alliés, il va bien falloir que je finisse par te comprendre…. »

Je serrais un moment les poings, me faisant violence pour sortir ce que je m’apprêtais à dire.

« Parle moi de ton dieu et du rapport que tu entretiens avec lui. »

Le nécromant réfléchissa un instant. Sans doute était-il surpris par ma demande. Déjà sur Aliaénon j’avais affirmé devant lui mes pensées à propos des dévots et de leurs dieux. Lorsque le Lord parla, ce fut pour me dire que Phaïtos representait une forme de justice suprême car il méttait les vivants à égalité face à la mort. Je fus un peu surpris de cette réponse et la raison était évidente. Elle se tenait en double, devant moi, représenté par le nécromant et Rendrak.

« Pourtant, il y a une certaine forme d’injustice. Regarde-toi… Tu es déjà mort. Alors je suppose que ça fait de toi un immortel, non ? "

Azrael se mit à rire avant d’arguer que tout avait une fin, peu importe la longueur que prenait l’existence. Pour exemple, il prit les elfes et me demanda si à cause de leur exceptionnelle longévité, je les considérais comme des êtres éternels.

« Les elfes ne sont pas immortels certes, mais pour moi c’est tout comme. Je les envie. Et si ce n’est ton apparence, je t’envie aussi en quelques sortes. Peu importe quand arrivera à votre fin, vous pouvez vous imaginer avoir tout le temps pour vous accomplir. Et moi ? Je suis obligé de courir contre le peu de temps que m’offre la vie pour tenter de lui donner un sens. »

Le nécromant secoua la tête : Il affirma que ce qu’il voyait comme une bénédiction emmenait son lot de sacrifices mais qu’un chacun était libre de choisir son destin. Ce qu’il avait fait.

« Hmm… Regrettes-tu la voie que tu as entrepris ? Tout de même, ça ne te manque pas les choses de la vie ? La nourriture, la boisson, le plaisir de la chair ? »

Il haussa ses épaules squelettiques. Visiblement, rien de tout ce que j’évoquais ne le frustrait. Étant un mendiant, il manquait de nourriture et de boisson, et sa situation sociale ne faisait pas de lui un homme désirable pour les femmes.
Je regardai un instant Azra le visage grave. Je fus surpris par la noirceur de son histoire personnelle et je ne pus m’empêcher de ressentir une certaine tristesse pour lui, moi, qui n’avait manqué de rien de matériel dans ma vie. Toute son apparence venait de prendre un nouveau sens pour moi. Et en effet, alors que je le regardais vint se superposer sur sa face, le visage de ce jeune homme maigre et creux que je rencontrai dans les Bois Sombres d’Omyre. Je comprenais mieux son apparence et son origine.

Pour ne pas trop me laisser aller à mon empathie, je ne pus m’empêcher de faire une boutade pour tenter de dédramatiser la situation.

« Dommage... Maintenant que nous sommes amis j’aurais pu faire de toi un tombeur de ces dames. Mais ça va être difficile de les convaincre avec la tête que tu as maintenant. » Dis-je sur le ton de la plaisanterie avant de reprendre un peu plus sérieusement après quelques secondes :

« Tu as tout le profil d’un exclu. Et pourtant te voilà, à aller défendre les intérêts d’un Roi ingrat. Pas de regret ? »

Le Lord me rétorqua qu’il n’en avait pas. Il préférait avoir affaire au Roi de Kendra-Kâr, fut-t-il différent de lui, qu’à un Omyrihien qui ne connaissait que la violence. Décidément, cet Azra ne cessait de m’étonner. Il n’avait pas l’apparence de sa personnalité. Il continua en me demandant ce que j’en pensais, sous-entendant ensuite que j’avais l’air plus que satisfait de la rencontre récente avec la Princesse Satina. Et comment !
Je riai un instant aux propos du Lord comprenant là où le taquin voulait en venir avant de reprendre sérieusement.

« Satisfait ? C’est un euphémisme. C’était tout à fait exaltant ! » Affirmai-je tout sourire les yeux brillants dans le vague en me rappelant cette rencontre récente avec la deuxième personne la plus importante de Kendra-Kâr, mais qui à mes yeux était la première compte tenu de ce qu'elle avait fait pour moi et ce qu'elle m'avaitt promis à demi-mots : mon anoblissement..

La Liche me sortit de ma rêverie pour me demander si je pouvais, en ma qualité de maître d’armes, leur apprendre à lui et Rendrak une technique permettant d’affronter un grand groupe de guerriers. Je réfléchis un instant la main sur le menton.

« Hmm... Pourquoi pas. J’ai bien une technique efficace contre les ennemis en surnombre. De quoi sortir d’une situation critique sur les champs de bataille. On s’entraînera après les journées de marche avec mes hommes. » Puis avec un léger sourire taquin : « Tu vas tenir le rythme ? »

C’est le moment que choisis Rendrak pour intervenir en se levant.

"On va être deux élèves... alors la question se pose aussi pour toi, hu hu !"

« Je devrais pouvoir gérer deux sac d’os. » dis-je le regard plein de malice. J’écartais les bras en regardant autour de nous. Nous n’étions pas tout à fait sur le départ.

« Je pense qu’on a un peu de temps devant nous avant de partir. Il est encore tôt. Prêt pour une première leçon ? »

Ils l'étaient. J’émis un sourire devant l’attitude volontaire et amicale de mes amis nécrotiques. Nous étions bien loin des rapports conflictuels entre Omyrihiens. Je trouvais cela agréable. Malgré nos différences sociales, physiques, nous nous respections l’un, l’autre. Le respect c’est important. Il fallait dire que notre histoire commune nous avait rapprochés. Même Rendrak me paraissait sympathique, lui que je trouvais d’ordinaire trop bavard et un peu trop familier envers ma personne. Je fis signe à mon quator favori de venir nous rejoindre ? Eux aussi devaient rester affûter et je comptais m’en servir pour la démonstration. Le restant de mes hommes, curieux vînt aux alentours observer la leçon donné par leur ex-sergent. Je sortis Mongoor de son fourreau, et uniquement lui. C’était ma plus vieille pièce, mon sabre tutélaire. Celui que j’aimais à manier le plus et je n’avais pas besoin de deux armes en main pour cet apprentissage. Lorsque mes hommes se placèrent près des Corbeaux, formant un cercle autour de moi, j’entamai ma petite présentation.

« Bien… Ce que je vais vous apprendre est un enchainement qui poussé à sa limite peut-être d’une efficacité redoutable. Voyez ! »

Je n’avais pas fini ma phrase que déjà, je partis dans mon enchaînement chorégraphié, fendant l’air rapidement, à quelques centimètres de chacun des six hommes m’entourant , virevoltant et tournoyant avec furie pour finir mon dernier coup, à quelques centimètres du crâne d’Azra.



« Voilà ce qui est possible de faire si on pousse vraiment cet enchaînement à la limite. » Je me redressai, quittant ma posture de combat jambes fléchies, et éloignant ma lame d’Azra un sourire confiant aux lèvres.


« En fait, c’est plus facile que ça en a l’air. C’est comme une danse de salon. L’essentiel est de déjà avoir une chorégraphie en tête avant même le premier mouvement. La fluidité fera le reste. Et pour l’obtenir, il n’y a pas vraiment de secrets. Il faut répéter encore et encore jusqu’à ce que chacun des enchaînements devienne une seconde nature. C’est le corps qui commande pas la tête. La plupart de mes mouvements sont calqués sur la quadrille, une danse qui se pratique chez la noblesse Ken…dranne.…mais…à voir vos expressions…vous ne savez pas de quoi je parle… Bon.»


Dis-je alors que mon visage se décomposait peu à peu, perplexe. Il m’arrivait d’oublier parfois que je n’avais pas la même éducation ni les mêmes références que les personnes d’ origine roturières.
Je repris contenance en sortant du cercle tout en m’adressant à mes alliés corbeaux.

« Passons à la pratique. »

Je séparai les hommes en deux groupes. Azra avec deux de mes hommes, et Rendrak avec les deux autres du quator. Bouclier sortis, chacun des duos faisait aux deux morts-vivants.


« À vous d’essayer. Et surtout n’oubliez pas. Pensez déjà votre enchainement, c’est une bonne béquille. »

Alors les deux morts-vivants se mirent à s’entraîner avec mes hommes. Je les regardai un instant faire avant de former un groupe avec le restant de mes forces. J’allais moi aussi profiter de ce temps pour parfaire mes techniques. Je disposai alors mes quatre hommes autour de moi. Pourquoi quatre ? Mes hommes ne portaient pas de protections uniformes. Ce qui me permettait de m’offrir une diversité plus large de formes d’armure et de types d’attaches. Tour à tour, j’attaquai chacun d’entre eux qui n’avaient comme consigne que de se protéger. Les premiers coups ne furent pas terribles. Sur les quatre attaques seules une toucha les attaches d’un plastron. Alors je réessayai, augmentant mon taux de réussite à chaque nouvelle tentative. Bientôt, j’arrivai à toucher entre deux et trois fois sur quatre à chacun de mes coups. Une fois, j’arrivai même à faire un sans-faute, mais cet exploit fut bien isolé. Ce fut d’ailleurs à ce moment que je me permis de jeter un œil sur le travail de mes nouveaux élèves. Rendrak était bien meilleur au jeu de l’enchaînement que son maître. Il provoqua même ce dernier :

« Alors, tu ne sais pas danser, Azra ? Regarde ! »

Et il réalisa un enchaînement surprenant, pas mal exécuté. Je ne pus m’empêcher de lâcher un rire.

« Oui voilà Rendrak ! T'es sur la bonne voie ! »

Et je me replongeai dans mon propre exercice. Je commençais à prendre le pli en ce qu’il s’agissait des attaches d’armure de torses, j’avais un problème nettement plus élevé en ce qui concernait les casques. La surface d’un torse et d’une tête n’avaient rien à avoir entre-elles. Pas plus leur hauteur, et leur mobilité. Il me fallait plus pratiquer. Nous arrêtâmes sur mon ordre, ayant besoin de me reposer un peu. Alors j’allai m’asseoir sur une souche d’arbre, attendant que finisse les autres.




HRP :

Poursuite de l’apprentissage de la CC : Verrou caché



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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » lun. 21 juin 2021 16:10

L’entraînement se tassa petit à petit. Azra vint s’asseoir près de moi. Il était assez épuisé. Il affirma que malgré son statut de mort-vivant, il pouvait aussi fatiguer. Je trouvai tout cela étrange, mais je n’essayai pas plus de comprendre le domaine de la mort. Il enchaîna ensuite sur quelque chose de plus personnel, s’interrogeant sur le fait que j’ai pu passer de fils de famille noble kendranne en disgrâce à un officier de la Reine Noire.
Je ne pus m’empêcher de lâcher une interjection en détournant le regard pour mieux me plonger dans mes souvenirs.

« Lorsque j’ai été contraint de quitter le domaine de mon père, je devais avoir seize ou dix-sept ans. Ayant bénéficié d’une bonne formation et étant plutôt bon avec les armes, j ’ai fait du mercenariat un temps pour pouvoir continuer à vivre. Mes talents ont dû parvenir aux oreilles des Treize parce qu’ils se sont intéressés à ma personne. Je revenais à peine d’une histoire incroyable sur une île volante lorsque j’ai été enlevé par eux, en plein Kendra-Kâr. J’imagine qu’un guerrier kendran issu d’une famille déchue de sa noblesse et lui-même rejeté par son père faisait un profil idéal pour rejoindre les exclus de la Reine Noire… » Dis-je en finissant ma phrase sur une note amère.

« Je me suis réveillé enfermé dans une cellule, aux côtés d’un cadavre et avec une voix étrange dans la tête qui me commandait de faire couler le sang. Je croiyais devenir fou. J'étais en colère contre le monde dans son entièreté. Je venais de perdre beaucoup de proches lors de mes missions de mercenariat. J’étais vraiment éprouvé mentalement et physiquement et j'avais été séparé de la femme dont je m’étais entiché. La seule peut-être qui arrivait à calmer mes passions. Pour moi, c'était la goutte d'eau. Là-bas, je suis devenu une bête... Je te le dis à toi, mais je nierais avoir eu ces propos. Mais ces salopards ont probablement réussi à faire de moi un véritable Omyrihien...et cette partie de moi-même, sauvage et cruelle, ne me quittera probablement jamais. Enfin… Quoi qu'il en soit, lorsque j’ai eu la totalité des Treize face à moi, avec Lorener me proposant de servir Oaxaca en étant anobli, ou d'être exécuté, j’ai choisis la première option, mais avec la ferme intention de les trahir au moment importun… »

Un sourire se dévoila sur mon visage. « Je crois que l’on peut dire que ça a été fait avec succès ! Karsinar, Lorener et Xenair ont été couverts de ridicules par notre action. Quelle extase ! »

Et alors que je prononçais ces mots, les images de la veille me revinrent. Celles de l’instant où je scellai mon statut de parjure. Alors je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Et plus je riais, plus je riais encore jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
"Bon sang ! Je... Je revois encore le Quartier-Maître hurler le visage déformé par la surprise, la blessure de la trahison, et la douleur de mes lames sur son bras. " Je parodiai de manière ridicule le cri du pirate en tenant mon bras avant de repartir dans une nouvelle salve de rire, pleurant à grosse goutte cette fois tant j'étais hilare.

" Et tu veux savoir la meilleure ? Juste avant ça, il me faisait des signes discret dans votre dos pour que nous abandonnions le Garzok. »


Je me calmai un instant, reprenant mon souffle.

« Ces Omyrihiens sont tellement naïfs ! Les nôtres les ont tellement associés au mal absolu qu'ils sont intimement persuadé d'être les plus machiavéliques. Alors ils n'imaginent pas que quelqu'un puisse se servir de leurs méthodes contre eux et leur mettre un couteau bien placé dans le dos, là où ils ne s'y attendent pas. Ils m'ont formé et ils sont tombés sur leur maître. »
Dis -je en dévoilant toutes mes dents dans un sourire transpirant la confiance.

« J'ai quand même le regret de ne pas avoir vu une dernière fois le visage trahi de l'elfe blanche. J'aurais aimé lui rappeler avant qu'on lui passe la corde autour du cou, à quel point elle n'était rien. Elle, qui avait eu la prétention de vouloir commander à un d'Arkasse. J'espère qu'elle se balance bien au bout de sa corde dans son nouveau rôle de pendule." Concluais-je en mimant tout sourire de mon index un mouvement de balancement, comme si je battais la mesure. J'étais si heureux du déroulé des derniers événements que je me sentais d’humeur fanfaronne.

"Tu sais… Le pire dans tout ça, c'est qu'à l’époque de mon emprisonnement, je n'avais aucune conscience politique. Certes, j'ai toujours haï Omyre par hértage, sans la connaître vraiment. Tout simplement parce qu'étant jeune, j'étais effrayé par ces Garzoks qui ne cessaient de commettre des raids sur nos terres comme tout Ynorien grandissant avec cette menace proche et constante. Je ne m'occupais guère plus d'Oaxaca à part ça. J'étais profondément égoïste, tourné vers moi-même et seul mon confort m'importait... Paradoxalement c’est Omyre qui m’a fait ! Ces trois dernières années ont été le fruit d'une profonde introspection. En me forçant à fréquenter les forces de la Reine Noire avec un couteau sous la gorge, les Treize m'ont obligé à réfléchir à mes valeurs. Encore plus lorsque Lorener m'a envoyé sur Aliaenon pour participer à la destruction de ma terre maternelle. Et c'est en partant pour cette mission que je rencontrai un jeune nécromancien qui avait encore la peau sur les os, en grande difficulté dans les Bois d'Omyre. La suite, tu la connais. " Conclus-je avec un sourire entendu.

Azra me mit en garde en affirmant que je ne devais pas me réjouir. Pour lui Silmeria était increvable. Il était persuadé qu’elle trouverait un moyen de s’en sortir et que nous devrions faire attention à nos arrières quelque temps. Décidément, il semblait vraiment la craindre. Je haussai les épaules, absolument pas convaincu. Certes, elle était une bonne combattante, j’avais pu le vérifier. Cependant, cela ne la rendait pas imperméable à la mort. Elle et Rougine devaient être déjà exécutés à cette heure, rejoignant leur ami Kurgoth mort au combat. Il était inconcevable qu’ils soient encore en vie. Pas après une tentative d’assassinat sur la Couronne. Mais le Lord éluda vite le sujet pour m’interroger sur ce qu’il pouvait m’offrir pour l’apprentissage que je leur offrais à lui et Rendrak.

« En retour, apprends-moi quelque chose, de guerrier à guerrier. »

Le nécromant me répliqua qu’il n’était pas un guerrier, mais un adepte de Phaïtos embrassant la mort avant de me demander de l'attaquer. Je levai un sourcil devant cette demande qui fut lancée, sans transition aucune.

« D’accord l’adepte de Phaïtos. Si c’est que tu désires ! »

Je me levai face à lui, j’agrippai mon sabre sans la sortir de son fourreau, et dans un mouvement que je voulus rapide, je fendis l’air en direction de son flanc. Alors il me surprit. Un adversaire classique aurait tenté d’esquiver où de parer l’attaque. Le Lord, lui, contre tout instinct de survie, se précipita presque sur ma lame, réduisant l’amplitude de mon mouvement. Et alors que le fourreau le percuta moins violemment que ce que j’aurais voulus, sa main vint s’arrêter à un souffle de ma gorge.

« Bravo, tu m'as touché... et toi tu es mort. »

Il recula et m’expliqua qu’en ayant peur ni des blessures ni de la mort, il était possible de surprendre son adversaire. Le sang-froid était une caractéristique capitale dans la maîtrise de cette technique. Je hochai la tête, convaincu.

« C’est un bien beau mouvement. Apprends-moi.»

Il prit son rôle au sérieux et m’expliqua assez bien les différents aspects de cette technique. Elle s’articulait en deux temps. Un premier mouvement dont l’important était de limiter la force de frappe de l’adversaire, et un deuxième, une frappe précise sur une partie du corps normalement couverte par le mouvement d’attaque. Il fallait être vif d’esprit, et dans l’exécution. Le genre d’attaque que j’appréciais particulièrement.

J’essayai le mouvement plusieurs fois en compagnie de mes hommes. Il semblait que le plus compliqué était de se battre contre son instinct. Il n’était pas facile de se jeter sur une arme adverse, le corps avait des réticences contre ce mouvement contre-nature. J’essayai le mouvement plusieurs fois. Si grâce à mon armure je ne ressentais pas la peur, l’instinct prenait souvent le dessus. Il fallait surtout accepter l’idée de se faire mal soi-même. J’eus du mal. Si bien qu’après plusieurs essais j’abandonnai. J'avais du mal à me mettre dans l'esprit, surtout lorsque je me retrouvai face à cette brute de Mérédor, ce qui me poussait à être encore plus vigilant. Embrasser la mort... Il n'y avait qu'un nécromant pour trouver cela simple.

Je regardai le ciel. Le soleil n’avait pas attendu sur nous et il filait, déjà bien plus haut que ce qu'il aurait dû être pour notre départ.

« Bon… Je m'entraînerais volontiers plus longtemps mais je crois qu’on devrait y aller. L’armée doit déjà être en marche. Ne la laissons pas nous distancer. »


HRP :

- Début apprentissage de la CC la différence d'un pas.



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