Les Bouges

[Cromax]

La Cité des Ombres



Les Bouges

Jour 2 – Soirée.

Au Bordel, seuls restaient Mathis et Huyïn. Scarla de Montfort les observait, silencieuse, deviser avec la Maquerelle. Cette dernière répondit simplement au chat :

“Capacité parmi de nombreuses que j’ai découverte et apprise à maîtriser à la perfection. Ici, on sonde la magie en soi et on en découvre les directions et limites. Si chacun a la sienne propre, tous pourraient faire la même chose si nous pensions pareil.”

Elle laissa l’entente se faire entre les deux yuimeniens, proposant ensuite :

“Je vous invite à dormir – sans frais supplémentaires - au Temple ce soir. Ce n’est pas les chambres qui manqueront. Sans doute avez-vous besoin de repos avant d’affronter la suite de vos péripéties.”



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Plus loin, Blanche mena le petit groupe dans un recoin tranquille, visiblement peu fréquenté. Un cul de sac poussiéreux donnant uniquement sur la caverne au Bordel. Ezra poursuivit la litanie des siens :

“Et je prendrai le troisième.”

Blanche, ravie, éclata d’un rire cristallin et envoya un baiser de la main aux trois hères.

“Quant à moi, je vais me planquer ailleurs ! Dormez-bien, bande de moins que rien !”

Ezra soupira, s’asseyant au sol contre un roc, d’une manière visiblement inconfortable, mais... forcée en ce sens. Elle commenta :

“J’aime pas ça. Tout ça. La magie utilisée, le manque de présence de l’Ordre, les vôtres foutant la merde un peu partout. Ça pue. J’ai aucun contrôle sur tout ça, et ça m’énerve.”

Ils avaient de quoi se restaurer avant de dormir d’un sommeil peu confortable et peu reposant, parcouru, peut-être, de cauchemars des derniers jours.



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Le chef des Encoulés répondit à la question du borgne.

“Non, on s’appelle pas. Ou par des ‘Hep’, ‘Hey’ et autres appels. Y’a juste moi : j’suis le chef, donc on m’appelle chef. Z’avez envie d’une coule, vous et vos hommes ? Et... Vot’ dame ? Beau p’tit morceau”, commenta-t-il de manière vicelarde avec une bourrade dans le ventre du pirate.

Les verres servis abreuvaient sommairement les bandits, qui s’éparpillaient dans ce semblant de campement. Le chef avisa Hart, encore.

“Dites, faudrait leur dire de s’calmer un peu, à vos potes. Z’ont l’air tendus. Ça va être l’heure de s’reposer, pour nous. Vous restez pieuter ?”

Une proposition comme une autre...



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Dans le coin où se faisaient face les Maraudeurs Noirs et le Clan des Chaînes, l’intervention de Silmeria avait remué un peu les esprits. La meneuse des maraudeurs s’interrogea en s’adressant à Leyna et Drac :

“Qui est-elle ?”

Puis, vers elle, d’un ton flegmatique :

“Qui êtes-vous ? Vous semblez les connaître. D’où ? Pourquoi êtes-vous là ? Que préférez-vous entre ces trois propositions : vous lier à notre clan, payer pour notre protection au sein des Bouges, ou être dépouillée sur place et emprisonnée par les miens ?”

Drac, lui, s’était tourné vers ses cultistes improvisés. Celui que l’arbre avait pris comme servant personnel lui faisait face, regard fanatisé, remuant dans un bruit de chaines. D’une voix malsaine, il demanda :

“Ranta Pai, connaitrai-je bientôt la morsure promise ? Votre bénédiction ultime ? Que dois-je faire pour vous satisfaire ?”



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Akihito ne mit guère de temps à retrouver Naral, avançant d’un pas rapide. Il suivait sans chercher à se cacher le mage du Conseil et son bossu de compagnon. Via ponts sombres surplombant un vide sans fond, voies éclairées de violet magique, ils parvinrent à une sorte d’assemblée se tenant dans un nouveau monument aux mêmes propostions et architectures que les autres, mais circulaire et dénué de toit, cerné d’une colonnade. Naral s’appuya contre une des colonnes, attentif aux personnes présentes. Il y avait ici Zephyr Khatim, qu’ils avaient suivi et dont le compagnon bossu avait poursuivi sa route sans rester dans les parages. Théosien Bel’Art était là également, proche d’un autre conseiller avec qui il partageait des traits familiaux évidents :

Il y avait également un mage à la peau aussi sombre, mais doté d’oreilles d’elfe.

Trois femmes les accompagnaient. Une borgne aux cheveux blancs et à la peau foncée.

Une autre au teint hâlé, elle aussi pourvue de longues oreilles pointues.

Et une dernière, à la peau hâve, aux oreilles pointues, et arborant une paire de cornes.

Ils étaient disposés en demi-cercle et se tenaient prêts à parler. Celui qui semblait être le frère de Théosien prit la parole en premier.

“Confrères conseillers, l’heure est grave. Les frontières de la Cité inférieure ont été souillés de la magie des Tréfonds par l’évasion inattendue de deux femmes à la peau blanche, l’une ailée. Elles trainent derrière elles le mal, qui se répand comme une maladie dans son sillage. L’intégrité totale des Bouges est mise en doute, et avec elle la sécurité de nos quartiers. Nous sommes réunis ici pour discuter des mesures d’urgence à prendre. J’en appelle personnellement à la prudence : nous ignorons tout des raisons de cette évasion et de la nature de ce qui la suit.”

Une voix intervint : passant entre Akihito et Naral sans sembler leur prêter la moindre attention, mais attirant inévitablement les regards sur eux.

“Et vous comptez rester prudent en vous calfeutrant ici en attendant que ça nous tombe dessus ? Envoyons les Ascendants. Ils purgeront le problème sans tarder.”

Il avait les cheveux blancs, la peau mauve clair et une lueur violette brillait dans son regard.

La femme à la peau hâlée intervint, offusquée :

“Que font-ils ici ? Qui leur a permis ?”

Mais les autres ne tinrent pas compte de sa question. Théosien se défendit des autres propos du nouvel arrivant.

“Il ne s’agit pas de se cacher, mais d’observer sans agir, comme nous l’avons toujours fait. Surveiller, guetter l’avancée de cette corruption.”

La cornue prit la défense du premier.

“C’est trop risqué : cela pourrait causer notre perte, si nous ne prenons pas le problème à la racine. Les Ascendants sont faits pour ce genre de situation.”

Et la borgne de contredire :

“Mais le risque est grand de les perdre. Ou de les voir se retourner contre nous s’ils sont eux-mêmes corrompus. Ça aussi signerait notre perte. Je propose une approche plus active : formons une équipe qui sera chargée d’étudier de près le phénomène et ceux qui en sont touchés. Je me propose comme volontaire pour la mener, avant que vous n’objectiez un refus.”

Zephyr l’apostropha :

“Cela manquerait sans aucun doute de rigueur scientifique et d’objectivité. J’en serai également.”

Et la borgne de répondre :

“Je n’en attendais pas moins de votre part, sire Khatim. Mais avant cela, peut-être vos invités auraient quelque chose à nous signifier concernant tout ceci, sire Théosien ?”

Il regarda les deux yuimeniens avec un soupir, puis clama :

“Avancez. Dites-nous s’il existe une possibilité que ces dames blanches soient des vôtres, et si de telles capacités sont possibles de par votre monde.”

Naral eut un sourire sardonique et un regard vers Akihito, l’invitant à témoigner en premier.





[HJ : Mathis et Huyïn, simple post. Ezak et Xël, simple post pour passer la nuit, mais vous avez le droit de faire un aparté entre vous ou avec Ezra. Ou une discussion à trois. Avant le repos. Prévenez-moi. Hart, simple post. Drac, Leyna et Sil : simple post. Akihito, simple post.]



[XP :
Silmeria : 0,5 (arrivée remarquée)
Akihito : 0,5 (interventions), 2 (situation totale dans la salle d’analyse)
Hart : 0,5 (interventions et service)
Huyïn : 0,5 (interventions et musique)
Drac : 0,5 (retrouvailles et annonce)
Xël : 0,5 (proposition)
Ezak : noté quand complété.
Mathis :
Post 1 : 0,5 (assemblée)
Post 2 : 0,5 (assemblée)]

[Mathis]

Des yuimeniens, il ne restait que moi… et peut-être bien le woran, mais ça je ne le savais pas encore. La dame qui l’accompagnait, une joli femme au regard intelligent qui exposait son joli crâne, était sans doute une habitante de ce monde, elle observait ce qui se passait sans rien dire.

La Grande Maquerelle répondit aux questions du woran:

“Capacité parmi de nombreuses que j’ai découverte et apprise à maîtriser à la perfection. Ici, on sonde la magie en soi et on en découvre les directions et limites. Si chacun a la sienne propre, tous pourraient faire la même chose si nous pensions pareil.”


Une phrase intéressante bien qu’énigmatique. De ce que je pus en déduire, ce fut que les mages de ce monde ont la magie en eux comme les yuimeniens et non comme sur Aliaénon.

De mon côté, je fixai le compagnon poilu, et attendis sa réponse à ma proposition.

Je vis ses oreilles bouger ne sachant si c’était de bon augure ou non. Puis, après avoir légèrement incliné sa tête, il me répondit:

"Cannibales, groupes violents, Soleil noir. N'avez vous pas conscience du danger évoqué ou vous sentez vous assez puissant et confiant pour endosser un rôle d'escorte ?"

Après avoir joué quelques notes sur son instrument, il rajouta:

"Car vous le voyez, la lutte armée n'est pas vraiment dans... Mes cordes."

Ce fut sourire aux lèvres que je lui répondis:

"Raison de plus pour que je vous accompagne. Je me prénomme Mathis. "

La Grande Maquerelle intervint de nouveau.

“Je vous invite à dormir – sans frais supplémentaires - au Temple ce soir. Ce n’est pas les chambres qui manqueront. Sans doute avez-vous besoin de repos avant d’affronter la suite de vos péripéties.”

Je me tournai vers elle:

“J’accepte votre offre avec plaisir.”

Le gîte nous était offert gratuitement, par contre, je m’étais engagé à payer Rubis puisqu’elle m’avait tenue compagnie pendant le repas. Je m’approchai donc de la belle rouquine. Puis tout en lui présentant, le sabre dentelé placé sur mon flanc gauche et dévoilant mon lance-dard caché dans ma manche, je lui proposai mon paiement:

“ C'est le moment de payer mon dus pour votre compagnie… comme vous me l’avez fait remarquer j’ai plus d’armes que nécessaire… Je ne connais pas vos préférences. Je vous propose de choisir entre l’une de celles-ci, .

Poliment, elle refusa mon paiement. Je m’approchai d’elle afin qu’elle puisse juger de la qualité des armes que je lui offrais et je rétorquai:

“ J’insiste, c’était ce qui était convenu et j’ai passé un bon moment en votre compagnie.”

Elle jeta alors son dévolu sur le lance-dards. Je lui remis l’arme promis et l’aidai à l’installer sur son poignet, tout en l’observant. Je me réjouissais de la voir sourire, même si elle semblait légèrement confuse.

[Huyïn]

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-51-

Suite au départ des autres yuiméniens, seuls le blond et le Tigre demeurent dans les environs. La maîtresse des lieux, tout en gardant le félidé domestique dans les bras, lui apprend avoir découvert et développé cette capacité de contrôle seule. Selon ses dires, ici il faut sonder son potentiel pour l'exploiter et en découvrir les frontières. Mais à l'entendre, il semble que malgré la singularité des capacités, tous les ashaaris pourraient arriver au même résultat à condition de penser de la même façon. Se pourrait-il que ce soient les intentions qui façonnent leur magie et non les propriétés inhérentes à celle-ci ? Lui-même manie l'air et ne peut guère influencer la terre. Est-ce que les locaux ne sont limités dans leur aptitude à modifier la réalité que par la direction de leur volonté ? Intriguant.

Le Woran papillonne des oreilles à la proposition du blond, qui lui offre de les accompagner la de Montfort et lui, à la recherche du manquant Naral, et prétextant qu'une personne de plus de sera pas de trop pour traverser des lieux dangereux. Huyïn se remémore certains points désagréables, questionnant intérieurement les motivations de cet individu. Pourquoi irait-il se lancer à la recherche de qui il a implicitement rendu responsable de tout un tas de problème ? Le verrouillage de la porte du tailleur, sous-entendant un usage de magie par l'Hinïon, précédant la négation de tout lien avec eux. N'avait-il pas prétendu être totalement différent du reste, pour capter l'attention de la jeune Fanielle ? Dont il s'était détourné rapidement après l'ire de cette dernière, d'ailleurs. Est-il vraiment sage de se fier à lui ?

Curieux de se faire une idée, le Woran incline légèrement la tête en lorgnant vers le blond.

"Cannibales, groupes violents, Soleil noir. N'avez vous pas conscience du danger évoqué ou vous sentez vous assez puissant et confiant pour endosser un rôle d'escorte ?"

Le Woran fait jouer quelques cordes.

"Car vous le voyez, la lutte armée n'est pas vraiment dans... Mes cordes."

L'humain lui affirme que le danger est une raison de plus pour qu'il les accompagne puis... Il se présente. Encore. Spectacle de bonne foi pour le Temple ou simple oubli ? Et pour quelle raison rejoindre leur binôme plutôt que des yuiméniens qu'il connait visiblement déjà ? Des tensions entre eux, peut-être. Au mieux l'humain saura se défendre contre quelques périls à venir, au pire... Il fera office de distraction pour leur fournir un moyen d'esquiver de potentiels agresseurs.

Le Woran acquiesce à la proposition puis attend que Mathis se soit éloigné, possiblement pour profiter des chambres mises à leur disposition pour la nuit, pour s'adresser à la Maquerelle. Il est curieux de savoir si sa magie peut servir de base à l'acquisition de compétences démontrées par les locaux.

"Je dispose d'un... Don, moi-même. Si vous pouviez me donner quelques indications pour en évaluer le potentiel ou le sonder, comme évoqué, je ne pourrais que vous en être reconnaissant. Vu les risques possibles, tout savoir pouvant éviter un démembrement inopportun sera le bienvenu."

Et sur ce, il se met à jouer une autre mélodie, de nature un peu plus rythmée et surtout plus régulière. Le genre qu'il peut produire tout en conversant, car suffisamment élaborée pour être divertissante et pas assez pour nécessiter l'intégralité de son attention.


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[Akihito]

Rattraper Naral ne fut pas très compliqué : celui ci marchait tranquillement dans les couloirs, sans se cacher, à la suite du mage du Conseil. Je me portai à son niveau, sans un mot, préférant m'abandonner un instant à la contemplation du lieu dans lequel je me trouvais. Ici, la magie était abondante et exposée à chaque instant : le pont que nous franchissions au dessus d'un vide à la profondeur insondable était éclairé par une série de lumières fantomâtiques violettes. Je pouvais voir ici et là, dans le lointain, quelques îles-bâtiments flottant avec la même sorte d'énergie mauve qui semblait imprégné chaque chose ici, mages compris. C'était déroutant, mais fascinant en même temps.

(Oh tu sais, Yuimen n'est pas si différent.)

(Pardon ?)

(Tes yeux d'humain ne peuvent juste pas les voir, mais les fluides qui baignent Yuimen sont biens visibles pour nous les Faëras. Dans une certaine mesure.)

Etonné mais pas mécontent d'en apprendre plus sur mon monde natale, je me reconcentrai sur l'instant présent quand nos pas finirent par nous mener à un monument dans les mêmes proportions démesurées que les autres, à ceci près qu'il ne possèdait lui pas de toit. Une sorte de colisée, tout en arches hautes et garnis de gradins, où une assemblée avait déjà pris place. Tous des mages, à n'en pas douter. Ils arboraient pour la plupart des robes ostentatoires dans les tons mauve réhaussés d'or, avaient tous une manifestation quelconque de la magie dans leurs yeux ou dans leurs gestes. Je reconnaissais parmis eux Théosien, à proximité d'un autre homme dont le lien de parenté était évident.

“Confrères conseillers, l’heure est grave. Les frontières de la Cité inférieure ont été souillés de la magie des Tréfonds par l’évasion inattendue de deux femmes à la peau blanche, l’une ailée. Elles trainent derrière elles le mal, qui se répand comme une maladie dans son sillage. L’intégrité totale des Bouges est mise en doute, et avec elle la sécurité de nos quartiers. Nous sommes réunis ici pour discuter des mesures d’urgence à prendre. J’en appelle personnellement à la prudence : nous ignorons tout des raisons de cette évasion et de la nature de ce qui la suit.”

Deux femmes à la peau blanche ?

(Par les Dieux...)

(Attend, une d'elle est ailée apparemment, c'est peut être pas Silmeria et Hrist.)

(Ouais, sauf que je suis tenté d'associer n'importe quelle catastrophe déclenchée à cette cinglée.)

Pour l'instant, je préférai espérer fort, très fort que ce ne soit pas le cas, et me décalai d'un pas pour laisser passer un mage à l'apparence juvénile mais aux cheveux d'un blanc laiteux, un peu comme Yli. Il ne nous prêta pas beaucoup d'intention, à contrario de certaines personnes qui, attirée par son arrivée, s'offuquèrent de notre présence.

“Et vous comptez rester prudent en vous calfeutrant ici en attendant que ça nous tombe dessus ? Envoyons les Ascendants. Ils purgeront le problème sans tarder.

- Que font-ils ici ? Qui leur a permis ?” s'agaça une mage au teint comme tanné par le soleil et à la coiffe stylisée qui aurait fait pâlir de honte une noble oranaise.

Plusieurs arguments furent échanger, entre ceux préférant rester e observation sans se mouiller, et ceux préférant faire intervenir les Ascendants. Un nomqui me faisait penser aux Chevaliers des Cieux, mais ç'aurait été curieux que la SOMA puisse les mobiliser d'une quelconque manière. Une mage borgne à l'unique oeil mauve pris alors la parole.

“Je propose une approche plus active : formons une équipe qui sera chargée d’étudier de près le phénomène et ceux qui en sont touchés. Je me propose comme volontaire pour la mener, avant que vous n’objectiez un refus.”

- Cela manquerait sans aucun doute de rigueur scientifique et d’objectivité. J’en serai également. intervint Zéphyr.

- Je n’en attendais pas moins de votre part, sire Khatim. Mais avant cela, peut-être vos invités auraient quelque chose à nous signifier concernant tout ceci, sire Théosien ?”

Ce dernier nous regarda, comme réticent, avant de nous inviter à avancer pour savoir si ces "dames blanches" pouvaient venir de Yuimen et si elles étaient capables de faire ce dont on les accusait. Naral me regarda avec un sourire goguenard, me laissant entrer dans l'arène à sa place. Je lui rendis ce sourire mielleux et froid : il pouvait rouler des mécaniques s'il voulait, c'est moi qui menais la danse ici car j'avais les informations ; lui, non.

Je m'avançai donc à la rencontre du conseil, que je saluais d'une rapide révérence.

"Conseil de SOMA, je suis Akihito Yoïchi et comme vous le savez sans doute tous, je viens d'un autre monde. Avant de pouvoir statuer si oui ou non ces femmes viennent bien de notre monde, avez vous plus d'informations sur elles ? "Deux femmes à la peau blanche", c'est un peu trop vague et j'ai bien compris l'importance que vous donniez à l'exactitude des assertions et des hypothèses à formuler.

- Elles se ressemblent à tel point qu'on les dirait des copies l'une de l'autre. L'une vêtue de frusques obscures, armée de dagues, l'autre ailée, habillée de violet. La reconnaissez-vous ?”

je poussai un soupir en me frottant l'arête du nez de mes doigts. Le doute n'était plus permis. Je regrettai donc de ne pas l'avoir achevé dans cette cave.

"Je la connais, oui. Elle vient... Silmeria et Hrist viennent de notre monde, Yuimen. Au début Silmeria était la seule, mais depuis peu elle a développée la capacité de manifester physiquement Hrist, son alter égo. Si je devais les décrire en trois mots, ce serait impulsives, lunatiques et dangereuses. Des assassins extrêmement efficaces. Pour ce qui est de ce "mal" qui les suivent, je ne saurais pas dire si cela vient d'elles ou des Tréfonds : elles sont responsables de notre venue ici en partie, alors ça ne m'étonnerait qu'à moitié qu'elles aient des capacités que j'ignore. Dans tous les cas, vous y gagnerez à m'avoir dans votre équipe de recherches ou avec ces Ascendants. Aussi bien pour communiquer avec elle que lui faire la peau."

[Leyna]

Soudain, un forme blanche bondit devant eux. L'hinïonne qu'elle avait sauvée ! Elle semblait bien connaître Dracaena, et même faire preuve d'une certaine familiarité, tout en s'interrogeant sur les étranges compagnons. Leyna la salua :

« Madame. Ravie de voir que vous êtes finalement remise. »

Elle se tourna vers la cheffe des maraudeurs qui s'interrogeait :

« Elle vient du même endroit que nous. »

Comme la femme proposait le même deal qu'elle leur avait fait, la prêtresse leva légèrement les yeux au ciel et revint vers l'elfe blanche :

« L'invitation n'est guère rassurante, mais pour l'instant, nous n'avons pas eu à nous plaindre de leur hospitalité par rapport aux autres... résidents. Et vous ? Puisque vous semblez également être coincé dans ce sinistre quartier, avez-vous trouvé la piste d'une sortie ? »

[Cromax]

Entrefilet



Alors qu’Akihito s’esbroufait devant le conseil, Naral vint lui souffler à l’oreille.

“Hmmm. Elle est pas mal, la petite avec les cornes, non ? Vous ne préféreriez pas un des frères noirs, vous ?”

Difficile, dès lors, de garder un sérieux total, et une contenance convenable. Les visages des conseillers étaient pourtant graves. La même mage à la peau cuivrée et aux oreilles elfiques prit la parole :

“Ces personnes n’ont rien à faire ici, ni n’ont le droit d’entendre ce que nous avons à dire sur cette situation.”

Zephyr soupira, pointant l’évidence :

“Vous n’aidez en rien, là, conseillère Merove. Nous sommes au-delà de ça.”

Elle sembla mal le prendre, jetant un regard courroucé au mage pâle. Celui aux cheveux blancs qui était intervenu en profita pour s’imbriquer dans la brèche :

“Voyez : un danger imprévisible et incontrôlable. Assassin. Efficace. Et doté de pouvoirs inconnus jusqu’ici. Quel temps devrions-nous perdre en observations vaines ou en réclusions passives. Nous devons l’éliminer sans attendre. Et les... savoirs de ces deux étrangers nous y aideront. Si vous ne voulez pas tous les envoyer, ce qui serait selon moi un risque inconsidéré, laissez au moins un des ascendants les accompagner.”

La cornue pour qui Naral semblait en pincer poursuivit :

“Ne fut-ce que Quinus, si vous redoutez que les Ascendants soient corrompus.”

Et le mage à la peau sombre et aux oreilles d’elfe qui gardait les yeux fermés condamna posément la proposition :

“Non. Il n’est pas prêt. Son ascension n’a pas encore eu lieu.”

Théosien parla alors :

“Bien. Je crois que le mieux serait de joindre les propositions. Envoyons Damle Zirrith et ser Khatim à la tête d’une expédition formée de plusieurs des nôtres, de ces deux étrangers et de... Ter. Ça laissera le risque moindre quant au destin des autres Ascendants...”

Son – vraisemblablement - frère opina du chef. Personne n’eut quoique ce soit d’autre à opposer à ce plan. Naral s’avança, rayonnant :

“Hé bien, qu’attendons-nous ? Hihihi.”

Les regards se posèrent sur lui, sans commentaire.

[Capitaine Hart]

« Non, on s’appelle pas. Ou par des ‘hep’, ‘hey’, et d’autres. Y’a juste moi : j’suis le chef, donc on m’appelle chef. Z’avez envie d’une coule, vous et vos hommes ? Et… Vot’ dame ? Beau p’tit morceau. »

Et un petit coup dans le ventre pour pousser la plaisanterie. Qui ne m’amusait pas, malgré mon sourire gêné. Pas de la part de brigands qui cachaient leurs visages et détroussaient sans le moindre doute les malchanceux qui passaient par leur territoire.

« Dites, faudrait leur dire de s’calmer un peu, à vos potes. Z’ont l’air tendus. Ça va être l’heure de s’reposer, pour nous. Vous restez pieuter ?

Son offre ne me semblait pas être un piège, vues les circonstances. Piège ou pas, c’était une aubaine. Tout d’abord, j’ai gracieusement accepté son offre. Un message à deux destinataires, et un seul qui pouvait se douter de sa vraie signification.

« Savez quoi ? C’est pas une mauvaise idée. On va pieuter ici. »

J’ai soutenu Brianne du regard, ce message était pour elle.

« J’ai peine à garder l’œil ouvert, honnêtement. J’pense que c’est pareil pour mes gars. »

Puis je suis vite revenu sur le chef pour ne pas attiser le doute.

« Et tout bien réfléchi, je vais accepter ta généreuse proposition, chef. Amène les coules. Seb ! »

Le petit excité allait avoir l’occasion de faire quelque chose.

« Tu voudras bien les distribuer aux autres ? Ils pourront se décider au réveil. Ah, et dis à Brianne d’arrêter de dormir sur son épée, tu veux ? Elle s’est pas loupée, la dernière fois. »

Prévoyant la question stupide et compromettante qui allait venir, je l’ai coupé d’un bon coup dans le dos accompagné d’un rire gras.

« Sérieusement, dit-lui avant qu’elle se coupe. On est entre amis, ici. »

Sourire en coin vers le chef, lui donner l’impression d’être mon complice. J’ai avisé ma bouteille d’absinthe, enfin, ce qu’il en restait. Semblait-il qu’aucun de mes gars n’est allé demander sa boisson. À croire que Brianne connaissait mieux mes projets que moi-même. J’avais peu d’espoir de saouler le collectif des Encoulés, mais je pouvais encore tenter ma chance sur le plus important d’entre eux, monsieur Chef. Prétextant de lui offrir ma part, je lui ai proposé plus d’alcool.

« Tiens, pour marquer le coup. C’est la moindre des choses, vu comme t’as fait preuve d’hospitalité envers nous malgré les circonstances. Aux amis qui ne se connaissent ! »

Et avec ça, le plan était en marche. Je pariais sur la prudence et l’esprit affûté de Brianne. J’aurais aimé l’échafauder dans de meilleures conditions, mais c’était une occasion en or de prendre les Encoulés à leur propre jeu. Il ne restait qu’à feindre de rejoindre ces brigands dans le sommeil, et agir au moment le plus calme. Leur goût de l’anonymat allait être leur perte.

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Partage ce qu'il reste de l'alcool avec le chef pour tenter de le ramollir, envoie des messages ambivalents à mes camarades et fait semblant de dormir.

[Xël]

Ezak se désigne pour le second tour et Ezra pour le troisième. La décision est prise et sans surprise Blanche nous fausse compagnie avec ses provocations habituelles après nous avoir guidé dans un recoin peu fréquenté. Ezra s’installe en soupirant et avoue qu’elle n’aime pas ce qui se passe. Je pouvais la comprendre et j’imagine qu’elle était loin de se douter de ce qui se passait sous ses pieds. Je m’installe également pour partager un maigre repas, ne sachant pas quand nous pourrions refaire le plein de vivres. Je reste silencieux, perdu dans des pensées sombres avant de prendre ma garde.

Une longue garde a fixer le bout du tunnel obscur. A peine éclairé par la lueur de la lanterne qui j’espère va rester allumer encore longtemps. Le temps s’écoule en l’espace d’un instant mais pas assez vite pour que je pense aux choses vu ces derniers jours. La femme enchaînée, la bataille devant les portes du bastion, les corps écrasés par la tête de dragon. Quand la fatigue prend le pas sur les remords je réveille finalement Ezak pour lui laisser ma place, lui précisant qu’il n’y a rien à signaler et m’assurant qu’il a suffisamment pu se reposer. Il répond que oui en précisant que c’est l’avantage de pouvoir compter sur des compagnons de confiance. Il est vrai que j’ai également confiance en lui alors qu’au final je ne le connais que peu. Mais en une bataille nous avons partagé plus que ce que certains expérimentent en une vie. Je l’invite à discuter un peu de ce qu’on pense d’Ashaar, en commençant par évoquer le bouclier d’immortalité en le désignant comme une fumisterie.

"Totalement. Tout ce monde est basé sur une arnaque."

« J’ai le sentiment qu’ils sont enchaînés par leur immortalité … ils me font penser à des animaux apprivoisés. Enfermés dans un enclos, on gère leur natalité, leur alimentation … Qui peuvent être ces lumineux ? »

"Pas ceux qu'ils prétendent en tout cas. Il est facile de passer pour un dieu quand on est les seuls à pouvoir faire usage de magie, et quand vous avez plongés tous les autres dans l'obscurantisme."

Mon regard se pose longuement sur l’Ashaarienne assoupie. Je ressentais à la fois de la colère et de la peine à son propos. J’aimerais pouvoir lui montrer ce qu’est la surface mais j’ai bien compris que pour le moment elle n’est pas prête à le voir.

« Est-ce qu’on devrait faire quelque chose ? »

Ezak pense que oui mais que nous n’avons pas encore les moyens de le faire et rappelle notre priorité après un moment de silence. Nous devons rentrer chez nous et peut être que nous pourrons alors emmener les Ashaariens avec nous ou revenir les aider avec plus de moyens.

« Oh on sait quand même pas mal de trucs. On connait le noms des clans importants et leurs points forts. On sait que les mages d’ici sont puissants, assez pour ne pas craindre les chevaliers de l’Ordre et d’ailleurs on en a toujours pas croisé un seul… »

Je marque une pause avant de poursuivre:

« Est-ce que c’est vraiment notre rôle ? Est-ce qu’ils veulent vraiment de notre aide ? Je me dis qu’on ne provoquerait que plus de chaos et je ne tiens pas à impliquer d’autres Yuiméniens … Mais je suis d’accord avec toi nous avons une priorité et si les mages du SOMA n’ont pas de solution alors il faudra se tourner vers d’autres mages puissants. »

Et je dresse alors l’index vers le haut.

« Et trouver une façon de remonter. »

" Je ne suis pas condamné. Je peux remonter quand je veux. Et... toi aussi, non ?"

Dit-il en me dévisageant. Je pose une fois encore mon regard sur Ezra, m’assurant qu’elle est bien endormie avant de répondre avec un rire et d’un geste pour lui demander de garder le secret. Elle n’a pas besoin de savoir que je peux quitter les bouges dès que l’envie me prendrait. Nous échangeons encore quelques informations que nous avons découvert. Moi je lui parle des runes liés à Yuimen via Zewen, qui pourraient nous permettre de rentrer si je suis capable de rassembler les bonnes. Lui me parle de la dent de Dragon Noir qui à priori pourrait coucher définitivement un immortel et la description qu’il me fait ne me ravi pas.

"Dis-moi c'est quoi cette histoire avec le fait que Silmeria serait responsable de notre arrivée ici ? Et t'as une idée pourquoi l'autre type t'as accusé d'être avec les lumineux ? "

« Je ne pense pas que ce soit elle la responsable … Je ne vois pas comment elle en aurait eu la puissance, pour moi la source du sort vient d’Ashaar … »

Expliquais-je d’abord avant de poursuivre:

« Nous venions de vaincre le Dragon Noir et de le découper en plusieurs morceaux. Nous étions en train de discuter de quoi faire de la tête, les autres morceaux étant dispersés sur Aliaénon. Nous étions plutôt partant pour la donner aux Dieux de Yuimen sur leurs îles pour qu’ils trouvent un moyen de la sceller mais nous n’étions pas tous d’accord. »

Je me gratte la barbe, pensif.

« Je ne sais plus si c’est Silmeria ou sa jumelle qui tenait la tête mais elle avait l’air décidé à agir tout de suite en essayant d’user de la magie pour s’ouvrir un passage. Un vortex est apparu et nous nous sommes retrouvés dans cette cave. »

Je hausse les épaules et répond ensuite à la seconde question:

« Un des lumineux m’a touché. Ça a sans doute laissé une marque qu’il a pu détecter. »

Ne pas lui dire tout à fait la vérité ne me fait pas plaisir mais je ne peux pas fermer complètement la porte à mon accord avec le gardien du puits. Si le SOMA ne peut pas nous aider alors nous devrons nous tourner vers eux. Nous parlons encore de cette société de mage et de ce que nous allons devoir traverser pour les retrouver mais Ezak semble avoir confiance au plan de Blanche, précisant qu’elle viendra à sa rencontre, félicitant son efficacité.
Amusé, je rétorque qu’elle semble aussi efficace qu’imprévisible et promet au chevalier un verre si cela ne nous fait pas tuer.

Il conclut finalement en me rassurant que tout ira bien et m’invite à me reposer. J’incline la tête et vais me coucher à mon tour dans une position assez confortable pour m’endormir.

[Akihito]

Ma déclaration fut accueillie par plusieurs murmures, haussement de sourcils circonspects voir regards presque hostiles. Et tandis que je les regardais débattre…

« Hmmm. Elle est pas mal, la petite avec les cornes, non ? Vous ne préféreriez pas un des frères noirs, vous ? »

… La voix doucereuse de Naral vint me chuchoter de lubriques remarques, comme si de rien n’était. Ce type avait réussi l’exploit de passer de parfait inconnu au pervers indigne de la moindre confiance, le tout en moins de 5 minutes. J’étais sérieusement en train de revoir mon jugement sur de qui je devais le plus me méfier, entre lui et Silmeria. AU moins, je connaissais un peu la dernière.

J’écoutai sans rien dire les différents conseillers échanger, entre ceux estimant que nous n’avions rien à faire là –ils avaient raisons- et ceux considérant que notre présence était devenu un problème mineur –ce qui était vrai aussi. Le mage qui était arrivé en dernier et avait attiré l’attention sur nous pris ensuite la parole, proposant un compromis.


« Voyez : un danger imprévisible et incontrôlable. Assassin. Efficace. Et doté de pouvoirs inconnus jusqu’ici. Quel temps devrions-nous perdre en observations vaines ou en réclusions passives. Nous devons l’éliminer sans attendre. Et les... savoirs de ces deux étrangers nous y aideront. Si vous ne voulez pas tous les envoyer, ce qui serait selon moi un risque inconsidéré, laissez au moins un des ascendants les accompagner.

- Ne fut-ce que pour Quinus, si vous redoutez que les Ascendants soient corrompus, pointa la mage cornue dans une remarque dont les différents acteurs m’étaient toujours inconnus.

- Non. Il n’est pas encore prêt. Son ascension n’a pas encore eu lieu. »

Ces Ascendants m’intriguaient de plus en plus. Avec le peu d’informations que j’avais, je commençai à penser qu’il s’agissait d’une sorte de force d’élites de mage de la SOMA, dont le processus d’Ascension donnait une forme de puissance suffisamment particulière pour susciter la suspicion de corruption chez certains conseillers.

« Bien, je crois que le mieux serait de joindre les propositions, conclut Théosien avant de se tourner vers la mage à cornes. Envoyons Damle Zirrith et ser Khatim à la tête d’une expédition formée de plusieurs des nôtres, de ces deux étrangers et de… Ter. »

Le temps qu’il marqua me laissa penser qu’il s’agissait d’un des Ascendants.

« Ca laissera le risque moindre quant au destin des autres Ascendants… »

Un Ascendant qui avait l’air dispensable ? En tout cas, tout le monde approuva ou n’eut rien de pertinent à redire. Naral Shaam s’avança en réponse, très satisfait du tour des événements.

« Hé bien, qu’attendons nous ? Hihih. »

(Oooooh.)

Hors de question que je parte avec ce type.

« Conseiller Théosien, je pense qu’il est plus sûr que seulement l’un d’entre nous parte en expédition – moi. Je connais la personne que vous recherchez, et serait plus à même de réagir ou d’aiguiller l’équipe plutôt que le Ser Shaam. Celui-ci pourra rester ici pour poursuivre les expériences et vous fournir en informations précieuses sur notre monde : sauf erreur de ma part il a vécu bien plus longtemps que moi, et donc vu bien plus de choses. »

Je jetais un regard à l’elfe mauve, guettant sa réaction.

« Vous pouvez aussi voir cela comme un gage de sincérité de notre part : nous n’allons pas laisser un des nôtres derrière nous. »

[Silmeria]

Dracouille se montrait assez rassurant, la maraudeuse qui semblait gérer le groupe de ces drôles de lurons m'approcha pour m'alpaguer et me proposer trois options, rejoindre leur groupe.

Mouais, je balayais ces ploucs du regard et me disais que les Murènes avaient quand même sacrément plus de gueule. Payer pour qu'ils assurent ma protection ? Franch'ment ? Pourquoi pas, prenez tous un sousou et allez chasser les gardes pour moi, ça m'évitera une basse besogne.

Ou me faire dépouiller et emprisonner. Ahahaha. Mais non, j'avais clairement ni le temps ni l'envie de devoir m'occuper d'autant de prisonniers alors je pense que, sous la bénédiction de l'Elfe bleue que je saluais d'un modeste " L'Elfouille toute bleue et toute gentille ! T'es plus avec l'affreux Sirius ? " je me tournais vers la maraudeuse et dit en haussant les épaules :

" Baaaah... Toutes vos propositions sont intéressantes m'dame-j'connais-pas-ton-nom. Admettons, je rejoins votre groupe si ça vous fait plaisir, de toutes façons j'ai pas d'ennemis... Bon par contre la totalité de mes amis me déteste cordialement m'enfin c'autre chose. "

Je ne comprenais pas trop ce qu'elle voulait de moi. Elle recrute vraiment comme ça dans le rue le premier tout venant qui se pointe ? J'étais raide de crasse des tréfonds et j'avais encore la cendre de Drac sur la gueule, on était loin de s'imaginer qu'en temps normal je tuais des gens pour vivre.

Puis mon attention se portait sur le fanatique qui faisait face à Drac et demandait une morsure. Une morsure ? Celle du serpent ? " C'qui Rentai apai ? Api ? Rentai quelque chose. C'est le batracien cramoizmoiz ? "

[Dracaena Paletuv]

Je m'approchai de l'énergumène, la main levée, l'éloignant un peu du groupe de maraudeurs et de Silmeria. Je devais jouer le jeu à fond, ne pas rater mon coup: d'abord les désarmer. Voir ce type de prêt, me demander, l'esprit complètement siphonné, de lui accorder son rite bizarre... Bon sang d'bonne sève, heureus'ment que j'étais plus dans l'corps du loup géant, j'aurais probablement vomis un peu.

"Ta patience et ta fidélité seront récompensés mon enfant. Toi et les tiens, posez vos chaines à mes pieds, et prosternez vous. Le temps de la morsure est proche."

Ces mots sortaient de ma bouche un peu trop facilement, et je n'aimais pas ça. Ça me rappelait l'ancienne époque. Celle où j'étais comme eux... Celle où je croyais sincèr'ment à un pouvoir supérieur. A la bonté des divins. Celle où mon corps était encore pure. Innocent. Inconscient. Mais cette fois ci, être à la place du prêcheur douce, douce ironie.

Je restais sur mes gardes, tentant d'empêcher ce désir sadique, cette envie de vengeance par procuration de trop s'élever, tandis que je sentais ma sève bouillir dans tout mon corps. Tout n'était pas encore gagné. Les enchainés déchainés n'étaient pas encore mis hors d'état de nuire. Les maraudeurs n'étaient pas encore de confiance.

Et surtout...

Je n'avais pas encore pu m'entretenir tranquillement avec Silmeria. Pour savoir si elle nous avait bien envoyée ici. Pour savoir pourquoi elle l'aurait fait. Mais surtout... pour savoir ce qui lui était arrivé depuis que je l'avais laissé au boites de conserves noires. Parce que le nez d'un être de cher était peut être faillible, mais pas la sensibilités de mes tiges et mes racines: quand elle m'avait prise dans ses bras, je l'avais bien senti, que la terre sur elle avait un gout... bizarre.


Plus qu'à espérer que ça n'soit rien de trop grave.

[Ezak]

Squelette :

-Discussion avec Xël
-Tour de garde
-Discussion avec Ezra
-Repos

[Cromax]

La Cité des Ombres



Les Bouges

Jour 2 – Soirée.

Dans le monde magique de la SOMA, la réunion du Conseil tirait sur la fin. Les détails seraient sans doute vus en privé, et sans les oreilles curieuses des deux yuimeniens. Celui qui ressemblait à Théosien mit un point final en demandant à tous de se préparer pour l’expédition. Zéphyr Khatim fut celui qui se chargea des deux étrangers.

“Bien. Vous aurez le temps de décider entre vous qui nous accompagnera. Nous devons trouver précisément la position de ces deux femmes. Prenez du repos pendant ce temps, nous aurons besoin de vous en forme. Nous vous préviendrons quand nous partirons.”

Il les mena jusqu’à une... petite habitation qui ne semblait pas avoir été là jusqu’ici. Deux chambrées individuelles meublées confortablement, une salle commune confortable. Pas de nourriture, hélas : juste de l’eau pour se désaltérer. Zephyr se fendit d’un dernier commentaire à l’attention d’Akihito :

“Oh, et... ne nous prenez pas pour des imbéciles, ça jouera contre vous. Nous savons pertinemment que vous n’êtes pas liés par une appartenance commune, si ce n’est vos origines. Vous pourriez clairement laisser ‘un des vôtres’ derrière. Après tout... c’est sans doute ce que nous vous demanderons, si les deux responsables de cette anomalie sont de votre monde.”

Il les laissa à deux. Naral inspecta la bâtisse et y pénétra, s’asseyant sur un canapé avec un gobelet d’eau fraiche.

“Ainsi vous prendriez des risques pendant que je resterais ici à enquêter sur eux et un moyen de fuir de ce monde ? Bien. Ça me convient.”, dit-il avec assurance, un sourire de défi aux lèvres.



___________________________



Les coules furent distribuées à tous les compagnons du borgne. Il en reçut une aussi. Brianne allait sans doute dénoter, étant la seule femme dans ce groupe de brigands anonymes, mais ses compagnons passeraient inaperçus. Même pour le pirate, en vérité. Il dut débouchonner une autre bouteille d’absinthe pour son tête à tête avec le chef : les autres avaient évidemment tout bu. Sebastian eut l’air ravi de se voir confié cette tâche de messager auprès des leurs, et lorsqu’il fut parti délivrer coules et messages, Hart se retrouva en paix pour se reposer... ou faire semblant.

Dans son faux-semblant de sommeil, il perçut que les brigands n’étaient pas tous de repos. Certains montaient la garde tant aux alentours qu’au sein même du campement. Accueillants, peut-être, mais pas stupides pour autant : une mutinerie n’allait pas être si aisée.



___________________________



Mathis était libre de ses dettes, et le Temple des Hétaïres s’offrait à lui, promesse de repos avant le lendemain. Huyïn, lui, était resté en compagnie de la patronne, qui lui répondait posément. Aussi posément que son charactère expansif le permettait, en tout cas :

“Holà, je ne suis pas apte à déceler les limites de tes propres capacités. Peut-être si tu me montrait... Quant à les sonder soi-même, ma foi c’est un pélerinage intérieur et personnel. Chacun le mène à sa manière. Par la réflexion, par l’expérience, par le ressenti pur.”



____________________________



Entre les maraudeurs sur le qui-vive et les fanatiques des chaînes impatients, le trio de yuimeniens se trouvait un peu exposé. Trop pour espérer avoir une conversation paisible entre eux. La situation demandait résolution avant que la paix puisse retomber. La maraudeuse opina doucement du chef à la réponse de Silmeria, ne répondant aucunement à l’opportunité de se présenter. En lieu et place, elle répondit calmement :

“Bien. Alors montrez que vous êtes digne de notre Clan. Si vous venez du même endroit qu’eux, vous devez avoir quelque aptitude martiales.”

De son côté, Drac tentait d’amadouer les cinglés des chaînons. Obéissant aveuglément à l’avatar de celui qu’ils voyaient visiblement comme un dieu, ils posèrent aux pieds de l’arbre calciné leurs chaînes. Leurs armes, déjà, mais également les chaînes formant leurs aparâts et habits, dévoilant leurs corps nus. Des corps désagréables à regarder, pétris de cicatrices provenant autant de blessures externes que d’autoflagellation. Ni mâles ni femelles n’avait de téton ou de nombril, et les sexes étaient eux-mêmes curieux : simple fente sans surplus de chair pour les femmes, membre oblongue hermétique pour les hommes, sans trou ni gland. Pour ceux qui ne l’avaient pas tranché, en tout cas. Et les équeutés étaient majoritaires.

Alors qu’ils se vidaient de leurs chaînes, un événement surprit tout le monde. Au sol, des filaments blanchâtres et curieux, mous et visqueux, sortirent de la roche comme si elle était tout à coup spongieuse. Comme si elle elle saignait ces veines gluantes, suintait cette curieuse matière que les organes sensoriels racinaires de Dracaena condamnère aussitôt : c’était pas bon. Pas bon du tout. Et potentiellement dangereux, même.

Les membres du clan des chaînes hurlèrent presque aussitôt, s’écriant plusieurs injections en paniquant clairement.

“Aaaah ! La Mort Blanche !”

“La Fin, la FIn, la souffrance éternelle !”

“Vite, Ranta Pai. Libère-nous de ta morsure ! Occis les racines du mal !”

La cheffe des maraudeuses, de son côté, se replia sur les siens dans un commentaire que les yuimeniens purent entendre :

“Bon. On a assez trainé ici. On se fait la malle.”

Et sans demander leur reste, ils s’en allèrent en direction de leur camp... Et au pas de course.





[HJ : Aki, aparté possible avec Naral et finis ton post sur le repos. Hart : je te laisse mettre en action ton plan dans ton post. Huyin, on peut aparter avec la maquerelle, et vous pouvez éventuellement aparter entre vous si vous le souhaitez. Votre post se terminera par votre entrée dans le monde du sommeil. Drac, Sil, Leyna, choisissez que faire ou qui suivre dans un post unique. Ezak et Xël, cf. Post qui suit.]




[XP :
Mathis : 0,5 (don), 1 (ensemble de la situation)
Huyïn : noté quand complété.
Akihito : 0,5 (discussion), 0,5 (réunion)
Leyna : 0,5 (intervention)
Hart : 0,5 (plan échafaudé), 0,5 (situation)
Xël : 0,5 (aparté), 0,5 (nuit)
Silmeria : 0,5 (intervention)
Dracaena : 0,5 (intervention)
Ezak : noté quand complété]

[Cromax]

La Cité des Ombres



Les Bouges

Jour 3 – Matinée.

La nuit se passa calmement pour Ezak, Xël et Ezra. Ils ne furent aucunement dérangés : le coin était bel et bien tranquille et inhabité. À moins qu’ils eussent joué de chance ? Avec leur éveil revint également la personne de Blanche, qui annonça au trio :

“Vite. Il est temps de se mettre en route.”

Sans un mot de plus, et sans les laisser prendre le temps de se préparer correctement ou de manger un bout, elle ouvrit la marche, les forçant à se précipiter pour la suivre. Ils marchèrent ainsi de longues minutes durant. Une heure, au minimum, parmi le dédale des couloirs sombres des Bouges. Éclairés par la torche qu’Ezra portait. Blanche ne semblait pas en avoir besoin pour se repérer, cela dit.

Ils finirent par arriver dans un endroit curieux. Une grotte (comme souvent ici bas) très obscure (là aussi, normal), au plafond qui semblait percé d’une fracture amenant un rai de lumière aussi pur qu’éblouissant. D’une blancheur absolue. Debout près d’un roc plus haut qu’elle, une silhouette attendait. Une jeune femme blonde.

Vêtue de noir et de quelques notes violettes, elle maintenait entre ses doigts une flamme mauve lumineuse. Elle regardait en direction de leur petit groupe lorsqu’ils arrivèrent à vue. Blanche leur précisa :

“Restez ici : j’ai à parler avec elle.”

Un ordre bien sec. Sitôt fut-elle partie rejoindre son ancienne compagnie qu’Ezra pesta :

“On devrait la suivre. Ne pas lui laisser le temps de trop baver sur nous avant qu’on puisse en tirer des informations.”

Un choix qui leur était offert, donc : écouter Blanche, ou suivre le conseil d’Ezra.



[HJ : Terminez votre RP sur ce choix. Vous pouvez aparter entre vous, avec Ezra et/ou avec Blanche pendant l’heure de marche. Et entre vous trois pour décider quoi faire, à la fin.]

[Silmeria]

La maraudeuse semblait vaguement satisfaite de mon adhésion dans son clan, j'haussais les épaules, franchement c'était vraiment recruter du tout venant, si ça se trouve j'étais bonne à tout faire dans un groupe de mercenaires itinérant, m'enfin elle " recrutait " sans le savoir une régicide. Si seulement j'avais un peu d'égo je suis sûre que ça m'aurait froissé qu'elle ne cherche pas à en savoir davantage, mais le rôle du prétentieux borné et insupportable été déjà pris par Ezak dans notre joyeuse compagnie et il en faut pour tous les gouts, je prendrai donc le rôle de celle qui a la tête sur les épaules, respectueuse et juste, qui par sa parole et son aura fait entendre sa voix qui sera vue pour loi par tous ceux qui l'entoure.

A deux trois choses près.

En tout cas, les veines blanches poisseuses ne tardèrent pas à suinter comme beaucoup plus bas, ça c'était chiant, ça voulait dire que même révoquée, la corruption de Hrist en moi était source de cette prophétie. D'ailleurs si je pouvais, j'irais bien parler au vieux à la trogne étrange que j'ai vu, si ça ce trouve cet ahuri prie devant la fosse aux tréfonds depuis une éternité dans l'attente de voir ne serait-ce qu'un champignon schismatique et qu'il commençait à croire qu'il faisait ça en vain. Mais bon, peut-être que cette prophétie était vaguement prise au sérieux, l'aura de ce garde et cette magie de lumière qui puait à des kilomètres autour de lui... Est-ce que le brise magie est efficace sur ces gens ? J'devrais essayer de me trouver un petit cobaye bien docile pour essayer mon matériel, ça serait l'occasion de m'aérer un peu l'esprit.

Mais les veines poisseuses sous mes bottes m'interdisaient de prendre mon temps. Trouver une Déesse qui n'a pas sa place ici ? Ou qui ignore qu'elle est ici ? Trouver une Déesse qui s'ignore ? Mince c'était quoi déjà la condition de ma mission pour ramener les aventuriers sur Yuimen ? Je restais un instant à réfléchir mais finalement je me disais que ça me reviendrait un peu plus tard. Devant nous les maraudeurs fuyaient à leur camp quant aux fanatiques ils se prosternaient et imploraient Dracaena de contenir ce qu'ils appelaient la " Mort Blanche ". Qu'est-ce que mon gros ficus farfelu et tout fou avait fait ? Je ne me souvenais pas qu'il avait quelque chose comme ce serpent ou la moindre capacité d'invoquer quoique ce soit. Et puis je pense connaître assez Drac pour savoir qu'il ne se serait pas privé d'arborer un tel familier, un serpent rougis lui sied à merveille ! Mais je ne comprenais pas dans quoi mon gentil ficus s'était embarqué ? Qui étaient ces fanatiques et quelle était cette morsure ? Ils voulaient se faire mordre par le serpent ? Et accéder à quoi ? J'avais l'impression que les Bouges étaient un merveilleux vivier pour les prophétie et les religions, chose que les niveaux supérieurs ignoraient volontiers.

Je les regardais, affolés, complètement désemparés et je devinais que Drac allait être pris au dépourvu et que ça pourrait l'intriguer, il avait une curiosité folle et même si le monde entier lui criait le contraire, il serait bien fichu de tremper une racine dans ma corruption juste pour savoir si ça goûtait la fraise. Je lui fis un petit signe de la main en grimaçant comme pour lui faire comprendre qu'il fallait mieux se tirer de là, quelque part j'étais un peu responsable mais si je pouvais avoir un moment pour leur expliquer de quoi il s'agissait, ça pourrait être utile.

" Heu... Oui voilà, la Mort Blanche, voilà évidemment, très dangereux, catastrophique, la mort, cata-cata, bon, on y va ? Je suis sûre qu'on a beaucoup de choses à se dire. Il faudrait qu'on puisse discuter. Entre nous. Aventuriers de Yui... de Yuyu ! "

[Mathis]

Le woran avait accepté ma compagnie et j’irais donc dès le lendemain parcourir les bouges à la recherche de Naral. Je ne connaissais pas beaucoup cet elfe et je m’en méfiais un peu. Il faut dire que la première fois que je l’avais rencontré il était sous sa forme de dragon et qu’il m’avait barré le chemin. Si ce n’avait été de mon compagnon d’Aliéanon qui avait suspendu le temps, j’aurais probablement fini calciné.
Bref, cela c’était du passé, et le présent s’avérait plutôt déroutant.

J’allais profiter d’une bonne nuit de sommeil et le lendemain je quitterai ce lieu sûr laissant Praline derrière moi.

On m’escorta vers une chambre libre, mais j’y rentrai seul. J’y allais pour dormir cette fois.

Je m’endormis aussitôt la tête sur l’oreiller.

[Leyna]

L'elfe blanche ne répondit pas, mais la reconnaissait. Apparemment, elle n'aimait toujours pas le capitaine, mais leur relation avait l'air de plus en plus suspecte... Pendant ce temps, Drac cherchait à garder le contrôle des fanatiques, mais ils furent interrompus par un nouveau mystère ! Cela commençait à faire beaucoup !

Une substance blanche commença à suinter, et les maraudeurs prirent la fuite alors que les fanatiques hurlaient à la « mort blanche ». Quoique soit cette substance, cela semblait dangereux, et la prêtresse n'avait pas envie de l'expérimenter ! Comme la nouvelle yuiménienne le faisait remarquer, ils devraient partir pour discuter. Leyna approuva :

« Oui, il y a trop d'inconnus ici, et trop de dangers. J'espère que vous pourrez nous éclairer. Dracaena ? Je pense que nous devrions partir. »

Elle commença elle-même à emboîter le pas des maraudeurs.

[Capitaine Hart]

Allongé dans ma couche, je réfléchissais.

La situation était loin d’être idéale. J’avais sous-estimé le nombre d’Encoulés dans leur repaire, et surestimé leur butin. Ils m’entouraient, moi et mon groupe, et je n’avais pu leur communiquer que des bribes de mon plan en message codé. J’avais dû être le plus nébuleux possible pour échapper à la vigilance du chef, mais je ne pouvais pas m’attendre à ce que Brianne et ses gars sachent exactement ce que j’avais en tête. Mais au moins, je pensais avoir efficacement communiqué mon intention de leur faire une entourloupe.

Après avoir saoulé du mieux que je pouvais leur meneur avec mon reste d’absinthe et emporté ma chope avec moi, j’avais fait semblant de me coucher. J’étais certain que Brianne me guettait du coin de l’œil, à l’affût d’un quelconque signal. Il viendrait mais, pendant quelques minutes, le temps de s’assurer que les Encoulés qui ne montaient pas la garde gambadaient bien au pays des rêves, je réfléchissais.

Mes plans à moi, c’est toute une histoire. Ils se déroulent rarement comme prévu, presque jamais, même. Il fallait que je prenne en compte les scénarios probables. Le plan A allait foirer, le plan B allait suivre, le plan C aussi. Mais tant que le plan Z fonctionne, je gagne.

Récapitulons.

J’avais besoin de l’aide des Maraudeurs, ou plus précisément, d’Evanie la Sombre pour organiser un soulèvement des Bouges. Mais les Maraudeurs ne bougeraient pas se facilement. Ils pensaient en termes de risque et de récompense, comme des mercenaires. Les beaux discours du Capitaine Hart ne les convaincraient pas de se mettre le Soleil Noir à dos. Je devais d’abord gagner leur confiance. Hors de question de revenir avec un maigre tribut, et surtout, les Encoulés, tout ridicules qu’ils étaient, représentaient une aubaine.

Je comptais soumettre ces encagoulés et les présenter en offrande aux Maraudeurs, dans un premier temps. Je devais veiller en priorité au bien-être de mes alliés les plus vulnérables, Brianne et ses gars. Si la bouffe leur tombait dans les mains, leur loyauté était assurée. Et les Maraudeurs seraient contents de moi, leurs doutes, et ceux de Kothor, dissipés. Et j’allais présenter mon projet à Evanie.
Si elle n’était pas prête à impliquer ses hommes dans un conflit de grande envergure, nous allions nous servir des Encoulés pour préparer un terrain propice. Un groupe anonyme, insignifiant, suivi de personne, agissant secrètement de concert avec les Maraudeurs pour déstabiliser les agents des Surfaciens dans les Bouges. Les risques, minimes. Leur récompense, la liberté.

Les véritables Encoulés n’étaient pas nécessaires à l’exécution du plan, mais je voulais tout de même les rallier à ma cause. Le temps me manquait. Les Maraudeurs viendraient réclamer leur dû tôt ou tard, et ils n’avaient pas la moindre chance. Il me fallait les soumettre sans excès de violence. Et ça, c’était pas gagné.

Un grand hall perdu au milieu de nulle part, deux groupes. Le mien, le leur. Brianne a eu le jugé de répartir ses hommes aux extrémités afin de les entourer, ce qui simplifierait les choses. Nous allions retourner leur vêtement contre eux et semer la panique dans leurs rangs. Leur montrer la fragilité de leur petit groupe de brigands, pour ensuite leur proposer une autre voie. Mais il allait y avoir des coups. J’allais initier les hostilités, renverser quelques torches, assez pour que chacun ait du mal à discerner ses alliés de ses ennemis. Ensuite, les provoquer, tête nue. Narguer leur chef. Le tourner en ridicule tout en me protégeant de leurs assauts.

Mon plan était à double tranchant, bien sûr. Même si un bon observateur pouvait sans doute discerner les vrais Encoulés des faux, nous allions tous avoir du mal à se reconnaître dans la bagarre. Je courrais le risque de m’attaquer à mes propres hommes, et la distinction entre allié et ennemi ne serait claire qu’au moment où je me ferais agresser. C’était en quelques sortes une redite du combat dans les docks, où je me suis vite fait déborder par le nombre. Sauf que là, j’allais rester sur la défensive, laisser mes gars attaquer dans le dos ceux qui se risquaient à me frapper.

Je remuais ce plan dans tous les sens, mais même en imaginant que mes camarades se comportent tous de la meilleure manière possible, c’était une fantaisie bâtie sur un château de cartes. Sans moyen de facilement différencier les porteurs de coule, nous nous engagerions seulement dans une mêlée stupide et sanglante.

C’est dans ces moments qu’un trop plein d’alcool peut se révéler utile.

« Qu’est-ce que je suis con, quand-même. »

Je pestais alors que je me levais lentement sur mon fessier, observant les quelques gars qui surveillaient les dormeurs. J’avais vraiment les idées les plus connes. Retournant le concept encore et encore dans ma caboche, j’ai enfin pris ma décision.

Alors que je me saisissais de la bouteille d’absinthe que j’avais vidée avec l’aide des Encoulés, c’est un autre doute qui m’a saisit. Il n’était plus question de la viabilité du plan, j’avais décidé de la marche à suivre, aussi ridicule qu’elle puisse paraître, et notre temps était compté. Si bien, les Maraudeurs débarqueraient dans quelques minutes avec Kothor à leur tête.

Non, le doute qui m’étreignait dans ce petit moment de calme avant la tempête, c’était…

« Est-ce que c’est la bonne chose à faire ? »

Accomplir la basse besogne des Maraudeurs, trahir les Encoulés qui m’avaient offert l’hospitalité. Est-ce qu’en m’engageant sur la voie du trompeur, j’allais vraiment parvenir à la solution miracle, le chemin de moindre souffrance ? Je voulais combattre ce climat de cruauté et de chacun pour soi, mais il se pouvait que j’étais déjà en train de perdre face à la réalité. Est-ce que le capitaine fantasque survivrait à l’épreuve de la réalité ? En valait-il seulement la peine ?

Et puis, je me suis rappelé d’Exech. Ça m’a suffi.

Le Capitaine Hart allait foncer tête baissée et mettre un coup de boule à la réalité. C’était son unique raison d’être. Il était trop tard pour se dégonfler. Ce combat était destiné avant même mon arrivée à Ashaar. J’allais être mis à l’épreuve de mes convictions. Et ce combat absurde allait avoir le début qu’il méritait...

« Et une bouteille de pisse, une... »

Pas difficile de remplir la bouteille avec du bon jus de Wiehl. J’ai placé mon mât devant le goulot, et la nature a fait le reste. L’arme secrète d’un plan débile, certaines choses ne changeaient jamais. Je me suis levé, la bouteille à la main, puis j’ai avancé nonchalamment vers une torche allumée. Je n’allais pas la renverser tout de suite.

Avant ça, j’ai fait pleuvoir. Par petits coups sec, j’ai commencé à asperger les dormeurs du milieu, que je savais être des Encoulés, de mon cadeau, ignorant leurs protestations et leurs cris de dégoût, continuant sans un mot. Je comptais m’arrêter une fois ma bouteille et ma vessie vidées, ou dès le premier coup porté dans ma direction. S’il me restait du liquide, je comptais bien en faire goûter à chacun de mes assaillants. Oh, ça allait les rendre fous.

Un plan du vieux Sirius comme on n’en a pas fait depuis un moment. Brianne et ses hommes n’avaient plus qu’à cibler ceux qui puaient la pisse d’alcoolique. Et ceux qui seraient déjà imbibés de cette charmante odeur auraient grand mal à discerner son absence chez les autres.

Bien sûr, je ne pouvais pas m’empêcher de glousser de rire à chaque éclaboussure. C’était trop drôle. Un plan véritablement fini à la pisse.

« Héhé, héhéhéhéhé... HAHAHAHAHAHAHAHAHA ! »

Début du spectacle.

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Asperge de pisse les Encoulés qui ne dorment pas près des murs. Attaque simple aux poing sur le premier assaillant venu. Tente d'éviter les blessures léthales.
+2 de dégâts à mains nues avec Frappes lourdes, +5 au jet de touche (collier dominant), +5 au jet de touche en mêlée (classe principale)
Posture Instinct sauvage au niveau 5.
CC héroïque Inspiration pour ses alliés déguisés, effet RP du Pavillon Noir

[Dracaena Paletuv]

"Y a pas à dire: z'avez vraiment un corps super bizarre, vous les humains."


Elle ne m'avait pas répondu de suite. Au début, son regard avait été surpris, puis très vite indignée. Alors qu'au début, elle cherchait à cacher sa peau et certaines de ses parties à ma personne, lorsque l'indignation prit le dessus, elle n'avait plus aucune honte à essayer de montrer son corps. Au contraire, elle semblait l'afficher, comme si elle essayait de prouver un point.

Le ton qu'elle eu en me répondant, l'agacement de sa voix couvrit presque le bruit de la chute d'eau sous laquelle elle s'était installée. Je la revois encore prendre une grande inspiration avant de me lancer ses arguments fallacieux, ceux d'une personne qui résonnait comme si les êtres de chairs étaient le centre du monde.
Je me rappelle de son explication détaillée, et de la fierté mal placée qu'elle avait en décrivant son apparence. Et je me rappelle la montée de colère qu'elle eue lorsque je répondis que je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle en faisait tout un foin.

Ca avait dégénéré en bataille, et je me souviens de sa tentative de me noyer, ne comprenant pas que je ne respirais pas que par la bouche, moi.
C'était... amusant. Amusant qu'un souvenir d'elle me revienne, la, maintenant. Probablement parce que je l'associais le plus à la majorité de mes connaissances sur l'anatomie des sacs de viande. Et la, ce que je voyais devant moi, allait à l'encontre de tout ce qu'elle avait pu m'apprendre.

La horde de cinglés m'obéissaient au doigt et à l'oeil. Ils croyaient tout ce que que je disais, buvaient mes paroles comme la plus pure des eau. C'était... si écœurant. Voir cette absence de bon sens, cette foi aveugle , ça réveillait toutes les pires pensées en moi. Mais le pragmatisme était le pragmatisme, et je devais me satisfaire d'avoir réussi à les désarmer plus facilement que prévu. Par contre, je ne savais vraiment pas quoi penser de leur corps: ça ne ressemblait pas à tout ce que je connaissais.

Dès que je regardais plus en détail, il manquait clairement des bouts, de ça, de la. Peut être était-ce parce qu'il s'agissait d'une sous espèce d'humain? Peut être était ce spécifique au lieu? J'étais finalement plus perturbée par la remontée des souvenirs de mon ancienne "professeur" plutôt que par l'apparence des gus ici présent.

Mais alors que je me laissais aller à la nostalgie, prêt à faire un petit saut de le passé, me remémorer tout ce qu'elle m'avait appris, je sentis... quelque chose m'interrompre. Quelque chose de... de terrifiant. Mes racines se crispèrent. Une vague d'immondice traversa mon corps tout entier, des pieds aux branches.
Et je vis, avec horreur, une matière blanche sortir du sol. Et c'était... indescriptible. De la pire façon possible.

Les fous de la chaine se mirent tous à hurler, à paniquer, à me supplier de les protéger de cette "mort blanche".
Les maraudeurs sentaient venir le problème et commencèrent à partir, tout comme Leyna, qui m'appela pour que je la suive.
Quand à Silmeria, elle me faisait clair'ment signe de pas rester la. Elle avait de bon instincts, elle devait sentir elle aussi que truc était dangereux.

Et pourtant... aucun d'entre eux ne réalisaient que cette... chose jaillissant du sol était bien, bieeeeeeeeen pire que ce qu'ils imaginaient.
De par ma morphologie, je "goutait" continuellement ce sur quoi je marchais. Et même si ce truc blanc ne m'avait pas touché directement, il avait imprégné le sol de son "gout". Comme un aliment resté au contact d'un autre.

Et pourtant, ce simple résidu de gout était chargé de mort et de désolation.

Mais le pire, c'est que je pouvais clairement le sentir: il y en avait bien plus sous le sol qui arrivait. Une quantité terrifiante d'une matière terrifiante.


Il fallait fuir. Vite. Incroyablement vite.

Prit dans mon propre rôle, je hurlai:


"COUREZ MES ENFANTS, FUYEZ! ELLE ARRIVE TROP VITE POUR QUE JE VOUS MORDE! FUYEZ!!!!"



Puis, je tournai les talons, et je traçai en direction de mes deux compatriotes et des maraudeurs. Pendant que je courrais, l'élémentaire regardait derrière moi, prêt à enflammer la matière si elle s'approchait trop.
Une fois arrivée au niveau de la blanche et la bleue, je déclarai, ma voix trahissant la panique qui montait en moi:


"Faut qu'on se barre vite fait! Ce... truc! Y en a plus qui arrive, j'en suis sur! Le laisse surtout pas vous toucher!!!"



Et je continuai de courir en direction des maraudeurs. Avec de la chance, certains des cinglés derrière auront eu la jugeotte de nous suivre. Et vu qu'ils ont un nom pour ce truc blanc, ils pourraient probablement nous renseigner.

[Xël]

Je suis réveillé précipitamment, le genre de réveil que je n’apprécie pas. Surtout après ce rêve étrange mêlant carmin, violence et magie que je fais depuis ma première « nuit »
sur ce monde. Je crois d’ailleurs ne pas avoir entendu de cloche, nous sommes sans doute bien trop profond pour qu’elle résonne jusqu’ici.

Nulle danger pourtant. Seulement Blanche qui nous presse de reprendre la route. Je me redresse en ronchonnant et m’étire pour soulager les courbatures d’une nuit passée en armure, allongé sur une simple couverture posée sur la roche. Ezak me glisse discrètement de garder le secret concernant sa découverte sur la dent de dragon et j’acquiesce, ayant moi même des informations que je ne veux pas voir divulguer. Il part ensuite rattraper Blanche pour échanger quelques mots, suivi par Ezra. Je ferme la marche, suivant la lumière de la torche.

Nous marchons ainsi une bonne heure je dirais pendant laquelle je prends un encas en déambulant. Il n’y a rien qui différencie une galerie d’une autre et pourtant la sorcière semble connaître le lieu par coeur. Retrouver le chemin jusqu’au bordel serait pourtant utile et je trace alors avec ma botte des symboles dans la poussière en espérant que cela suffise à se guider.

Finalement nous parvenons à une nouvelle grotte éclairée d’une lueur blanche. Ici se tient une femme blonde jouant avec une flammèche mauve entre ses doigts. Blanche nous ordonne d’attendre le temps qu’elle parle avec elle tandis qu’Ezra se montre plutôt d’avis à se lier à la conversation. J’interviens:

« Pour l’instant elle a fait ce qu’elle a dit qu’elle ferait. Laissons la encore faire. Je suis d’avis d’attendre. »

[Cromax]

La Cité des Ombres



Les Bouges

Jour 2 – Soirée.

Hart avait donc... pissé dans sa bouteille vide. Et voilà qu’il éclaboussait les encoulés de son jus amer parfumé. Les victimes s’éveillèrent, puis les autres, épargnés. Il n’avait sans doute pas touché tous les encoulés originels. Et peut-être même pas épargné tous ses hommes dûment achetés aux Maraudeurs. Difficile à dire avec toutes ces cagoules de cuir. Il était désormais dans une posture délicate, à se préparer au pire. Un des éclaboussés s’écria :

“Bordel de bite ! A quoi tu joues ?! Tu tiens pas la bibine, mon gars ! Ça pue ton truc !”

S’il était évident pour Hart, le plan semblait l’être moins pour Brianne et les siens. Nul n’attaqua, pour l’heure. Tous semblaient... subjugués. Étonné par ce qui venait de se passer. Apparemment, se faire gicler un peu de liquide puant sur la tronche, c’était pas le pire, ici-bas.



_______________________________



Les cris de Dracaena finirent de sonner l’halali. Tous se carapatèrent de l’endroit souillé par cette peste blanchâtre répandant ses ligaments gluants au sol. LEs maraudeurs étaient ordonnés. Pas autant qu’une troupe militaire, mais au moins organisés : ils faisaient leur retraite ensemble, sans laisser quiconque derrière. Chez les enchaînés déchaînés... c’était tout autre chose : à l’aveu de faiblesse sous-entendu de leur guide spirituel, ils s’éparpillèrent dans tous les sens. Certains seulement suivirent les pas boisés de l’oudio et de ses compères. Ils ne mirent guère trop de temps à quitter la zone infectée : elle semblait se développer, mais moins vite qu’ils ne couraient.

D’un geste inconnu du trio, la meneuse des maraudeurs leur indiqua un ordre. Ils firent volte-face et cernèrent les fanatiques de la chaîne qui avaient osé les suivre. Désarmés par Drac, ils furent jetés à terre par la supériorité numérique et armée des maraudeurs. Il y en avait là une demi-douzaine, agenouillés et sous la menace des armes des maraudeurs noirs, dont le plus effronté fidèle de l’arbre. Ainsi que celui qu’ils avaient libéré de ses chaines. Tout s’était passé très vite. Trop pour qu’ils puissent s’y opposer s’ils l’avaient voulu. Peut-être n’en auraient-ils même pas été capables. La meneuse reluqua Dracaena et lui parla d’un ton posé :

“Bien. Les trois nouvelles recrues : attachez-moi ce beau monde. Notre camp attend notre retour impatiemment.”

Des liens leur furent lancés. C’était apparemment à Leyna, Silmeria et Drac de se taper l’approche des cinglés pour les contraindre.






[HJ : Drac, Leyna, Sil : simple post attendu. Hart, aparté possible. Aki, Ezak et Xël, Huyïn et Mathis, vous devrez poster pour samedi prochain, après les apartés qui vous concernent directement ou indirectement.]


[XP :
Silmeria : 0,5 (intervention)
Leyna : 0,5 (intervention)
Hart : 0,5 (plan)
Drac : 0,5 (intervention et fuite)]

[Leyna]

Le groupe recula en bon ordre devant la menace, heureusement assez lente. Leyna frissonna, avec une pensée pour les carcinos. Avait-elle trouvé l'équivalent local ? En tout c,s les adorateurs de Dracaena se dispersèrent à son appel et seuls quelques-uns les suivirent, qui furent aussitôt maîtrisés par les maraudeurs, décidés à les faire prisonniers.

Leyna usa de sa force pour les plaquer au sol :

« Attachez-les biens, lança-t-elle à l'elfe blanche. Au fait, quel est votre nom ? »

[Huyïn]

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-52-

Le blond parti, la gérante des lieux lui indique ne pas être en mesure de déceler elle-même la limite des capacités du Tigre. Pas sans une petite démonstration, en tous les cas. Elle lui dit ensuite qu'appréhender ses propres pouvoirs requiert une sorte de voyage intérieur, personnel donc possiblement unique. Il ne semble pas y avoir de méthode éprouvée pour y parvenir. Mais peut-être est-ce là simplement lié à Ashaar. Le Félin termine son morceau tranquillement puis s'adresse à la maîtresse du Temple, l'invitant finalement à trouver un lieu plus adéquat. Après tout, ils vont s'entretenir au sujet de la magie, ce qui pourrait s'avérer particulièrement inconfortable pour sa clientèle. Sa proposition est acceptée sobrement, puis quand elle se tourne, il quitte son rebord de fenêtre pour la suivre.

La maquerelle le conduit à un niveau en sous-sol, une sorte de salle commune sans doute destinée au partage des repas. L'atmosphère y est bien plus neutre, comme les coulisses d'une salle de spectacle présente au-dessus. Tout artiste a besoin d'un temps de repos entre les représentations et une gagneuse n'échappe pas à la règle, en particulier si elle doit tenir un rôle empli de charme en dépit des circonstances ou de la clientèle. La femme chauve lui indique une table et l'y invite. Huyïn y prend place et pose son luth dessus, bougeant ses doigts un court instant avant de s'exprimer.

"Vue ma curiosité, vous devez vous douter que je dispose également de capacités magiques. Il va m'être difficile d'en faire démonstration puisque j'ai du en user de façon urgente... Dans mon cas, il s'agit plutôt d'une manipulation de l'air."

"Intéressant. De quelle manière le manipules-tu ? Création de courant ? Déviations ? Suppression ?"

Huyïn désigne brièvement son torse pour mettre un peu d'emphase sur son explication. S'il veut possiblement développer un pouvoir semblable à celui de son interlocutrice, cacher des détails pourrait s'avérer contre-productif.

"Comme si mon corps abritait une forme brute de cette énergie, qui prend une forme aérienne une fois... manifestée hors de mon enveloppe."

Comprenant intuitivement que cela ne suffira pas à rendre le phénomène compréhensible, le Tigre fouille dans sa besace pour en extirper une plume de son nécessaire d'écriture. Il la pose sur la table, maintient la main vers celle-ci et emploie son Don affaibli pour la pousser à l'opposé. À la fin de la démonstration, la femme n'a guère l'air impressionnée. Et à raison.

"Un léger souffle. C'est tout ? Tu disais ne pouvoir en faire étalage..."

Le Woran songe brièvement au contenu de sa gourde, qu'il garde précieusement puisque ne disposant que d'une dose minimale. Devrait-il l'ingurgiter pour lui laisser faire l'expérience de son pouvoir, employé de manière offensive ? Pari risqué. Et s'il en avait besoin demain, pour échapper non pas à un mais deux bouchers en pagne ? Il décide alors sagement de n'en rien dévoiler.

"Exact. Je n'ai guère eu d'opportunité de l'exercer et sa forme brute est... Rapidement fatiguée. La forme que je maîtrise en temps normal est un souffle me prenant pour centre, et capable d'envoyer au loin ce qui m'entoure. Agresseur en pagne compris."

"Intéressant. Une sorte d'explosion d'air auto-centrée, en quelque sorte. Je... pourrais essayer quelque chose de ce genre. Et comment puis-je t'aider, le barde ?"

La question que le Tigre attendait depuis la démonstration dans le Temple, en lien avec une hypothèse qu'il aimerait confronter à une expérience. Bien concrète. Est-ce que posséder un Don, même de Yuimen, peut permettre de développer et d'employer des capacités ashaaris ? S'il entend et s'essaie à la méthode de la maquerelle, parviendra-t-il à lui aussi tenir ses opposants en respect ?

"Eh bien par exemple... En partageant à votre tour la façon dont vous réussissez ces... Prises à la gorge.", déclare-t-il sobrement, en récupérant la plume taillée. "Cela pourrait m'aider à concevoir ma version."

"Vous croyez que cela pourrait être compatible avec votre magie d'origine élémentaire ? Hé bien... Imaginez cela sur une personne, d'abord. Songez à une main qui vient l'étrangler, sans le soulever dans un premier temps. Puis ajustez la puissance et la difficulté : serrer davantage, tenter de soulever, essayer sur plusieurs..."

"Si elle peut repousser un individu, elle est en mesure d'appuyer sur la matière. Peut-être qu'en poussant depuis plusieurs points à la fois... Hm... Même si cela ne fonctionne pas, la piste aura été explorée.", dit-il posément.

Huyïn cherche un modèle pour appuyer sa pensée, à user de son imagination. Il se remémore le geste de Naral Shaam qui avait saisi au cou le garde irrespectueux de sa poigne ténébreuse. Il imite le geste de sa patte griffue, s'efforçant de visualiser une version faite d'air de cette même griffe. Le Woran met toute la force de son imagination à contribution. Et le résultat est... Inexistant, comme s'il n'avait effectivement que pensé à la chose sans s'y adonner. La femme chauve le regarde faire, et quand rien ne se produit, elle grimace.

"Va falloir de l'exercice, apparemment."

Le Tigre acquiesce. Il semble que s'appuyer sur une simple volonté, même concentrée, ne suffise pas à avoir une influence sur la réalité d'Ashaar. Peut-être lui manque-t-il quelque chose, ou alors la magie ashaari est la condition, le conduit pour y parvenir. Et il n'en dispose pas. Il n'a que son Don sur lequel s'appuyer.

"Effectivement. Je m'y attendais un peu. Peut-être que sans m'appuyer autant sur le visuel..."

Il réitère l'opération, mais cette fois sans doubler sa pensée avec un geste parasite. Il songe à la sensation que poser la patte sur de la matière procure, et s'efforce de persuader son esprit qu'il le concrétise, avec une patte griffue faite de vent. Une extension de sa personne. Le souffle de vent, inconsciemment employé sur la maîtresse des lieux, ne fait que lui soulever la tête. Elle opine cependant.

"Hm. Au moins je ressens un effet. C'est comme si tu tentais de me soulever. Peut-être qu'en essayant avec des objets plus petits, plus légers ? Et j't'interdis de conclure que je suis une grosse dame", lâche-t-elle avec une pointe d'humour.

Le Félin plisse les yeux avec une certaine satisfaction.

"Cela a trait à mon manque de puissance, pas à votre bien portance. Un trait remarquable cependant, compte tenu des... Circonstances.", déclare-t-il en hochant la tête. "D'autres conseils à me prodiguer avant qu'il faille nous séparer ?"

La Grande Maquerelle secoue la sienne avant de lui répondre.

"Bien. Si tu es si dépendant de ta puissance... garde-la pour le bon moment uniquement. Si j'avais un conseil à donner, ça serait celui-là. Faudrait pas se retrouver sans munition si l'ennemi prend l'avantage."

"Mon manque de... Mordant magique actuel est lié à une telle situation. Une leçon que je ne suis pas prêt d'oublier.", répond-il en récupérant puis rajustant son luth. "Je vous suis reconnaissant pour votre temps. Ce premier pas est très enrichissant."

Suite à l'échange, le Tigre est invité à aller prendre du repos dans l'une des pièces mise à disposition. Son regard vert pâle cherche brièvement la silhouette de la très discrète Scarla, avant de s'engouffrer dans la salle. Huyïn profite du moment tranquille pour s'asseoir sur le lit et disposer sa plume, un yu puis sa bourse dessus. Il s'adonne ensuite à la manipulation de son Don, comme il l'a tenté plus tôt. Quelque peu malhabile encore, il parvient toutefois à faire saisir et s'élever les objets à son gré. Il se rend bien vite compte que ses limites sont vite atteintes, et le poids qu'il peut soulever est faible. Mais assez cependant pour manipuler une petite masse et causer une distraction bienvenue.

Ses oreilles papillonnent lentement. Ces dernières heures lui ont prouvé que son Don, qu'il pensait un véritable atout, s'avère être d'un rudiment frustrant. Rentrer sur Yuimen et profiter des enseignements de l'Université des Sciences gagne en importance. Pas comme but, mais comme la première marche vers son propre sommet. Un socle sur lequel prendre appui et rapidement rendre désuet.

Huyïn émet un bâillement et s'ébroue, puis il avise la porte, place un tissu au sol devant et s'allonge sur le flanc dos à celle-ci, le luth entre les pattes. Dormir sur un matelas n'ayant jamais été une habitude, il n'a aucun souhait d'y déroger ici. Le sommeil le gagne rapidement, ses dernières pensées sautant d'un sujet à l'autre, pour finir sur l'étrange mélange d'un quartier plongé dans une pénombre de chaînes noires, abritant un oeil rouge suintant de fumée.




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PS : Post squelette complété ici